Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-08-22
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 août 1885 22 août 1885
Description : 1885/08/22 (N5643). 1885/08/22 (N5643).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75393075
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
f*o 5643 — Samedi 22 Août 1885
lie numéro s £ Oc. — Départements : là; c*
5 Fructidor an 93 — Na 564a
ADMINISTRATION
53, RUE DE VALOIS, 35
JLB ORNEMENTS
"PARIS
Trais mois 10 w
Sixzaois.■••■■••20 »
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Sixmois••••••«■ S2 jb
A3resser letlres et manttats
A 31. EKNESI LETÈVRS
■^•n^TTVrRTTtATE'Dg.GESAin!
) REDACTION
jS'aicesser a.u. Secrétaire de la Ré3actios
De Si à & heures du soif
AStJNnBDB VALOIS, 15
les manuscrits non insérés ne seront pas rendag
? ANNONCES
~f. Ch. IAGRANGE, CERF et C.
j/!ace de la Bourse, S
LES FINANCES
Nous sommes bien loin d'approuver
le système financier auquel on nous a
soumis, encore moins le système des
aventures coloniales qui a causé le dé-
ficit. Au début, et pendant la période
prospère de 1875 à 1881, le gouverne-
ment a voulu courir deux lièvres à la
fois : inaugurer d'immenses travaux
publics et dégrever les impôts. Certes,
pendant ce temps, il a entrepris des
choses utiles et qu'on ne saurait lui
reprocher. Il a doté la caisse des che-
mins vicinaux; il a créé des écoles; il a
augmenté le budget de l'instruction
publique; il a réorganisé l'armée, et
tout aurait été pour le mieux s'il s'était
arrêté là. Mais il a voulu aller plus loin
ensuite. Il a venu entreprendre des
conquêtes le lendemain même du jour
où il avait diminué les revenus de l'Etat.
C'est cette faute qui pèse lourdement
sur nous aujourd'hui.
Si nous n'avions pas eu de Tonkin
et de Madagascar, notre budget serait
en équilibre ; les adversaires de la Ré-
publique n'auraient rien à lui repro-
cher. Des réformes auraient été menées
a bien et la situation électorale de la
chambre qui s'en va serait admirable.
Y Elle ne l'est pas, hélas ! et nous ne
voyons que trop pourquoi.
Beaucoup de républicains ont signalé
les fautes commises. Divers journalistes
et divers orateurs ont combattu notre
système financier et notre politique de
conquête. Rien n'était plus naturel de
leur part. Aucun n'avait trempé dans
les folies des précédents régimes ; au-
cun n'avait applaudi, soit à l'expédition
de Chine, soit à l'expédition du Mexi-
que ; aucun ne s'était associé aux cri-
mes de l'empire ; aucun n'avait encou-
ragé les tentatives réactionnaires de
l'Assemblée nationale; aucun n'avait
profité des tripotages de la monarchie
de Juillet. Ils venaient. simplement, au
nom de la politique radicale, combattre
une autre politique suivie par des répu-
blicains.
Seuls ils avaient le droit d'élever la
voix, de blâmer et de récriminer. I!s
étaient indemnes du passé. Ce n'était
point à eux qu'on pouvait reprocher
ou des entreprises lointaines ou la
dilapidation de nos finances. Ils étaient
donc dans leur rôle aussi bien quand
ils réprouvaient l'idée d'aller au Ton-
kin que lorsqu'ils '* s'élevaient contre la
politique des emprunts et des budgets
extraordinaires.
Tout autre était la situation des mo-
narchistes, bonapartistes, légitimistes
ou orléanistes. Ceux-là n'étaient point.
indemnes du passé. Ceux-là avaient
donné tous les mauvais exemples ;
ceux-là étaient les préparateurs, ou
pour mieux dire les créateurs du dé-
ficit. Cependant, ils criaient plus haut
que tout le monde, et c'était sur le
mode lyrique qu'ils reprochaient au
régime actuel les fautes qu'ils avaient
eux-mêmes commises.
Je ne veux pas rappeler ici les défi-
cits causés par l'expédition du Mexi-
que, notre fuite honteuse de ce pays,
la mort de Maximilien, le crime d'atta-
quer une République qui avait pour
elle le droit et la justice ; je no veux
pas parler des catastrophes de 1870
qui ont amené le démembrement de la
France et qui sont dues à la complicité
des orléanistes et des bonapartistes.
Non. Cette histoire est dans toutes les
mémoires, et il serait superflu de la
raconter à nouveau. Je veux parler seu-
lement de cette politique des emprunts
et du budget extraordinaire que les
réactionnaires attaquent avec tant de
fureur.
A qui donc devons-nous l'idée pre-
mière de ce budget extraordinaire et des
emprunts? A qui sommes-nous rede-
vables de cette charge? Est-ce à l'ad-
ministration républicaine? Est-ce au
gouvernement républicain? Il faudrait,
en vérité, pour le soutenir, avoir oublié
l'histoire de ces dernières années, une
histoire qui nous touche presque, l'his-
toire d'hier.
Ceux qui ont préparé le budget ex-
traordinaire et qui ont forcé le gouver-
nement à ces emprunts successifs dé-
passant le milliard, ce sont précisément
les membres de l'Assemblée nationale
dont se composait la majorité. Par les
lois do 1875, ils nous ont obligés à une
dépense de 900 millions. Et de quelle
façon, encore,, ont-ils ordonné et voté
cette dépCQigs!, -
Tout le monde se souvient que, lors-
que l'Assemblée nationale fut prête à
expirer, se voyant conspuée par le pays
tout entier, elle imagina, pour se sau-
ver, d'en appeler aux intérêts matériels.
M. Caillaux, alors ministre des travaux
publics, proposa la construction de
3,000 kilomètres de chemins de fer,
électoraux.
Ce fut un scandale. L'Assemblée
vota, malgré les clameurs et les huées
de tous ceux qui connaissaient la ma-
tière. Que lui importait? Il ne s'agissait
que de tromper les populations, que
d'organiser la candidature officielle. Et
le but inavoué de l'opération sauta aux
yeux quand on vit que les mêmes
hommes qui venaient de promettre une
si grande quantité de chemins de fer à
la fois n'avaient pas inscrit au budget
un demi-centime pour subvenir à cette
effroyable dépense.
L'ignoble tentative électorale ne
sauva pas - heureusement— l'Assem-
blée; mais la promesse de grandes voies
de circulation était faite au pays, et
cette promesse, il fallait la tenir. M.
Caillaux, encore ministre malgré la
mauvaise situation de son parti, pro-
posa, pour amorcer les 3,000 kilo-
mètres, d'inscrire au budget une somme
de 40 millions. Cette somme, où la
prit-il? Sur le budget ordinaire ? Point.
M. Caillaux l'obtint au moyen d'émis-
sions d'obligations, au moyen d'em-
prunts. Il inaugura donc ainsi, avec la
droite, la politique des emprunts et des
budgets extraordinaires.
Comment donc les réactionnaires
viennent-ils aujourd'hui reprocher à la
République ses budgets extraordinaires
et ses emprunts? Ce sont eux qui ont
ouvert les voies toutes larges et qui y
ont poussé les gouvernements qui leur
ont succédé. Ce sont eux qui ont in-
venté le système !
Ils l'ont inventé parce qu'ils avaient
besoin de l'argent de la France pour
leurs intérêts personnels ou électoraux.
La République, qui a commis, il est
vrai, des fautes, ne s'est pas conduite
de cette façon. Avec l'argent de la
France, elle a porté à 136 millions le
budget de l'instruction, elle a construit
des écoles pour 300 millions, elle a ou-
vert des chemins vicinaux pour 500
millions. Ce sont là des dépenses fruc-
tueuses qui enrichiront les générations
futures. Elles nous rapporteront plus
en bénéfices réels et en solide gloire
que les expéditions du Tonkia et de
Madagascar réunies.
EDOUARD LOCKROY»
ÉTAT DES PARTIS
Nous montrions, il y a deux jours, la
constance de l'attachement du pays à
l'idée républicaine, telle qu'elle se révèle
par la série des manifestations électorales
successives qui se sont produites durant
la législation actuelle, comme durant les
précédentes.
Nous voulons aujourd'hui montrer, à
la veille de la grande consultation du
4 octobre, quel état de choses ces mani-
festations successives ont créé dans les
départements au point de vue de la force
respective des partis et particulièrement
de la puissance des républicains.
Nous prendrons comme base d'appré-
ciation la composition des trois représen-
tations les plus importantes, celles à la
Chambre, au Sénat et au conseil général.
En ce qui concerne la députation d'a-
bord, nous constatons qu'il y a 49 dépar-
tements sur 90 dont les représentants à la
Chambre sont tous républicains.
Il y a ensuite 20 départements dont
tous les députés moins un sont républi-
cains.
Dans 12 départements la députation est
partagée entre républicains et réaction-
naires; mais les républicains y ont la
majorité.
Dans 8 départements seulement la dépu-
tion est en majorité réactionnaire.
Enfin dans un seul, Belfort, la députa-
tion est entièrement réactionnaire ; mais
elle ne comprend qu'un membre.
Si nous passons au Sénat, nous consta-
tons des résultats plus écrasants encore :
Sur 90 départements, il y en a 70 dont
les sénateurs sont tous républicains ; 5
dont la représentation sénatoriale est en
majorité réactionnaire et 15 dont tous les
sénateurs sont réactionnaires.
Enfin, si nous considérons les conseils
généraux, l'élection des présidents de ces
assemblées qui vient d'avoir lieu révèle ce
fait que la majorité est républicaine dans
79 départements sur 90.
Il n'y a que onze départements où les
réactionnaires aient pu faire élire des
présidents réactionnaires.
Ces simples chiffres sont plus éloquents
que tous les commentaires et ils suffisent à
prouver de quelle force les républicains
disposent aujourd'hui dans le pays. Ils
possèdent la majorité dans les quatre cin-
quièmes des départements. A part un ou
deux départements, c'est dans l'Ouest que
la réaction a trouvé son dernier refuge; il
- Q.. cwelques départements^ comme la
Loire-Inférieure, les Côtes-du-Nord, le
Morbihan, la Vendée, où les corps élec-
tifs de tous les ordres appartiennent en-
core aux adversaires de la République.
Mais quand on considère les progrès faits
depuis quinze ans par l'idée républicaine,
on est en droit d'espérer que cette région
d'ailleurs très restreinte, cessera bientôt
de former une tache noire sur la carte
électorale de la France, et que les répu-
blicains réussiront à y conquérir la ma-
jorité de manière à établir l'unité politi-
que de la France.
trnmmrnm—m—W■ ■ ■■■! ■———mmmm—mmmm
Les ministres présents à Paris ont tenu,
hier dans l'après-midi, un conseil de ca-
binet au ministère des affaires étran-
gères. Dans cette réunion, ils se sont oc-
cupés des funérailles de l'amiral Courbet
et étudié la question de savoir si le
Bayard doit venir sur la côte de Pro-
vence ou être envoyé dans un des ports
du Nord.
Les ministres présents étaient : MM. AI-
lain-Targé. le général Campenon, l'amiral
Galiber, Pierre Legrand et Demôle.
Ils ont décidé que le Bayard ne sera pas
dirigé sur l'un des ports de l'Atlantique,"
mais sur Hyères. Les restes de l'amiral
seront débarqués vers le 23, à sept kilo-
mètres environ de cette ville, à la pres-
qu'île de Giens, près des Salins. Une pre-
mière cérémonie y sera célébrée.
Le corps no passera pas par Marseille,
afin d'y éviter en ce moment une trop
grande agglomération. Les funérailles au-
ront lieu à Paris le 27 ou le 28.
M. Allain-Targé, ministre de l'intérieur,
a rendu compte du voyage qu'il a fait au
Mans, dimanche dernier, avec le général
Campenon, à l'occasion de l'inauguration
de la statue du général Chanzy. Il a fait
connaître également l'impression générale
qui ressort des premières séances tenues
par les conseils généraux.
Il a, en outre, communiqué les rapports
des préfets relatifs au mouvement électo-
ral. Ces documents sont unanimes à cons-
tater qu'il s'est produit une accalmie dans
le plus grand nombre des départements.
La lutte a perdu son caractère aigu et
l'union se fait presque partout entre les
diverses fractions du parti républicain.
Les ministres ont résolu de donner des
ordres à leurs agents pour leur recomman-
der, pendant la période électorale qui va
s'ouvrir, tout excès de zèle ainsi que toute
défaillance.
Le 2* bureau de l'état-major général du
ministre de la guerre a commencé hier
l'examen et le classement des proposi-
tions faites au sujet des officiers qui ont
demandé à faire partie de la mission mi-
litaire chargée de la réorganisation de
l'armée annamite.
Voici, à cet égard, les mesures dès à
présent arrêtées.
Trente-six anciens officiers de l'armée
française, ayant démissionné depuis peu
de temps, seront attachés à l'armée anna-
mite; ils seront payés sur le budget an-
namite.
- Les sous-lieutenants toucheront 500 fr.;
les capitaines 700, et les officiers supé-
rieurs 1,000. En cas d'accident, ces offi-
ciers n'auront droit à aucune retraite,
mais à une indemnité fixe de 20,000 fr.
En outre, six officiers en activité de
service seront envoyés en mission dans
l'Annam. Ces officiers seront simplement
placés hors cadres dans l'armée fran-
çaise.
00
PAS DE BLANC-SEING
Une promesse de dévouement sans
bornes à l'empereur, voilà ce qui sous
le dernier régime remplaçait pour la
plupart des candidats ofhciels les idées
et les programmes. Comment gouver-
nerait l'empereur? Ferait-il la paix ?
ferait-il la guerre? S'arrangerait-il
d'une liberté de tolérance ou revien-
drait-il au despotisme pur et simple du
début? Serait-il pour le pape ou pour
l'Italie? Ouvrirait-il brusquement aux
produits étrangers nos marchés natio-
naux ou relèverait-il les barrières fis-
cales? Autant de questions indiscrètes
qu'un loyal député officielne devait pas
aborder. L'empereur * ferait ce qu'il
voudrait, et, pour ce contrôleur peu gê-
nant, il ferait toujours pour le mieux.
Un jour il dirait noir, un jour blanc, et,
pour le satisfait immuable du palais
Bourbon, il aurait chaque fois raison.
Il n'est pas nécessaire de-rappeler où
nous ont menés ces belles pratiques,
cette perpétuelle complaisance des ma-
jorités « de gouvernement » de ce
temps-là. Et cependant, il semblerait
en vérité que ces leçons terribles fus-
sent un peu oubliées, puisque, sans
que personne puisse savoir ni qui sera
au gouvernement après la rentrée, ni
ce que fera le gouvernement, nous en-
tendons répéter, comme un mot d'or-
dre, sur divers points du territoire,
cette formule absurde : « Nommez une
majorité de gouvernement ».
Ou cela ne veut rien dire, ou bien
c'est une majorité disposée à l'appro-
bation systématique qîis Ton conseille
aux électeurs de choisir.
Ce n'est d'ailleurs pas la première
fois, malheureusement, qu'une concep-
tion aussi fausse, aussi déplorable,
germe dans l'esprit de certains répu-
blicains. Tout le monde doit encore se
rappeler l'étonnement produit lors des
dernières élections générales, par le
manifeste d'un comité bellevillois. Les
rédacteurs do ce manifeste avaient cru
devoir, en offrant à M. Gambetta le
renouvellement de son mandat, déve-
lopper une théorie assez étrange, con-
cluant à un blanc-seing pur et simple
donné à leur élu. Cette innovation a
trouvé, à l'époque, peu d'approbation,
et cependant il s'agissait de donner ce
blanc-seing à un homme dont les ser-
vicès passés étaient considérables.
Mais que dire de ceux qui réclament
aujourd'hui la même confiance illimi-
tée, de ceux qui, en se faisant élire
comme « hommes de gouvernement »
sans programme, sans garanties, récla-
ment, en fait, le droit d'approuver
n'importe quelle politique, dirigée par
n'importe qui, en d'autres termes, ré-
clament un blanc-seing?
Prophétiser les résultats du pro-
chain appel fait au pays est une chose
trop facile pour n'être pas ridicule :
nous ne le ferons pas. Mais nous se-
rions bien surpris si les mêmes élec-
teurs qui, il y a quatre ans, n'ont pas
approuvé la théorie du blanc-seing,
exceptionnellement proposée pour un
homme dont les services aussi étaient
exceptionnels, la trouvaient aujour-
d'hui bonne à appliquer à deux cents
Tonkinois plus ou moins inconnus et
dont les votes passés ne démontrent
qu'imparfaitement la clairvoyance et la
sagesse. Sous l'appellation équivoque
« d'homme de gouvernement » plusieurs
peut-être réussiraient à enlever dos
suffrages. Ils n'y réussiront plus quand,
avec quelques instants de réflexion,
les électeurs auront compris que nom-
mer une majorité « de gouvernement »
pour un gouvernement qui n'existe pas
encore, c'est nommer une majorité
libre de tout engagement, c'est donner
un blanc seing à leurs élus.
Au reste, il faut rendre cette justice
au cabinet actuel, dont M. le ministre
de l'intérieur a été l'organe l'autre jour,
qu'il semble avoir des idées beaucoup
plus correctes sur le caractère des élec-
teurs et des élus. M. Allain-Targé a
très exactement résumé la question en
insistant sur la nécessité du contrôle
vigilant des députés sur le gouverne-
ment et du contrôle de l'opinion sur les
députés. Nous sommes ici dans la vé-
rité démocratique et parlementaire
dont il semble étonnant? qu'on songe à
s'écarter. Il n'y a plus trace, dans ce
langage orthodoxe, de blanc-seing à
donner à des approbateurs systémati-
ques qualifiés pour le besoin du mo-
ment « d'hommes de gouvernement ».
On retrouve là les doctrines connues du
parti républicain et même du parti libé-
ral; on comprend, et tous les éléeteurs
comprendront.
Le suffrage universel a déjà donné
trop de preuves de tact et de perspica-
cité pour ne pas s'apercevoir que les
hommes qui se présentent à lui pour
former « une majorité de gouverne-
ment » sont les mêmes qui n'ont pas
de programme à lui soumettre et qui
s'efforcent d'échapper à tout engage-
ment précis. Le suffrage universel ne
livrera pas au hasard des fantaisies
d'un ministère inconnu les destinées
du pays. Le suffrage universel sera plus
prudent, plus avisé que les prétendus
« sages » qui se font ses conseillers. Il
.comprendra qu'une majorité vouée à
l'approbation systématique, une majo-
rité de gouvernement prête à dire
amen à toutes les folies, est une majo-
rité qui ne peut être .élue que sur un
blanc-seing. Le suffrage universel ne
donnera pas de blanc-seing [
A. G.\ULIBR.¡
.& '«p
LES WORKHOUSES
La huitième commission du conseil
municipal qui vient de passer quelques
jours à Londres n'a pas borné son atten-
tion aux hôpitaux ; elle s'est préoccupée
de tous les établissements rentrant dans
ce que nous appelons l'assistance pu-
blique. Elle a visité, entre autres instituts,
le workhouse de l'Union de Saint-Georges,
Hanovre-Square.
En Angleterre chaque paroisse ou com-
mune est tenue de secourir ses pauvres.
A côté de la vesfry, sorte de conseil
financier, et de la Board of tvorks, comité
de travaux publics, il y a des guardians of
the poor, auxquels échoit tout ce qui con-
cerna les nécessiteux.
A Londres, qui n'est pas une ville,
comme chacun sait, mais une réunion
d'une multitude de paroisses, on a essayé
d'unifier toutes ces petites administra-
tions particulières, et il y a un Metropoli-
tan Asylums Bawd, composé de délégués
de chaque Board particulier et de mem-
bres nommés par le Local governrnent
Board, comme qui dirait parje ministère
de l'intérieur. Cette administration cen-
trale est pourvue d'un fonds résultant de
la cotisation de chaque paroisse. Quand
une paroisse n'est pas assez riche pour
avoir son ivo khouse, elle peut s'entendre
avec ses voisines et fonder un établisse- j
ment à frais communs. C'est ce qu'on
nomme une union.
Pour être admis au workhouse, plusieurs
conditions sont exigées. Il faut d'abord
être de la paroisse; il faut en outre un
certificat du relieving officer spécifiant que
le demandeur est indigent. L'appréciation
de ce dernier élément ne laisse pas d'être
assez délicate dans la pratique. Dernière-
ment un officer a refusé l'approbation à
une mère qui demandait des remèdes
pour son enfant atteint de diarrhée, sous
prétexte que son mari travaillait et devait
suffire à l'entretien du ménage. L'enfant
mourut et Yofficer est poursuivi pour ho-
micide par imprudence.
L'indigent admis passe d'abord par la
salle de bains. Cette précaution serait ex-
cellente si le même bain ne servait à qua-
tre ou cinq personnes, ce qui est de la
propreté à rebours. L'indigent quitte en-
suite ses habits et revêt l'uniforme du
wúrkhouse. Il est astreint au travail, sauf
le cas d'impossibilité matérielle. Il paye
sa nourriture en faisant de l'étoupe, en
cassant des pierres, en lavant les murs,
enfin en faisant une œuvre quelconque de
ses dix doigts. Cette nourriture n'a rien
de somptueux; matin et soir, l'indigent
reçoit 180 grammes de pain, 60 gr. de
beurre et 56„centigr. de thé. Le dîner se
compose de viande-trois fois par semaine,
le reste du temps de poisson, de soupe, de
légumes. En résumé, on donne à l'indi-
gent juste ce qu'il lui faut pour ne pas
mourir de faim; on l'oblige à un travail
continu, fatigant, de façon à éloigner les
paresseux.
Parallèlement aux workhouses il résulte
une autre institution, l'out-door relief, qui
correspond à notre assistance à domicile
et qui consiste dans l'allocation de sub-
sides en argent ou en vivres, proportion-
nellement aux besoins de l'indigent et à
son salaire quotidien.
Il ne semble pas qu'un esprit de soli-
darité bien large préside à toutes ces ins-
titutions. La philanthropie est pour les
Anglais une affaire de décence, de conve-
nance sociale, beaucoup plus que de
pitié. Le pauvre y est vaguement consi-
déré comme une espèce de malfaiteur. On
le nourrit tant bien que mal, mais on est
de l'avis d'Herbert Spencer, à savoir que
la plus grand service que les indigents
puissent rendre à la société, c'est de dis-
paraître le plus vite possible sans laisser
de postérité. Cette conception est peut-
être très scientifique, mais en France nous
avons le cœur un peu plus tendre, et nous
avons écrit le mot fraternité sur notre
drapeau,
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
————————— ——————————
Le Grand concours national de tir
M. le général Gervais, chef de cabinet
du général Campenon et délégué du mi-
nistre de la guerre, accompagné du co-
lonel Larmier, des lieutenants-colonels
Dufort, Caris et Reibel ; des commandants
Delmas, Mathis et Cromback, ce dernier
directeur de l'Ecole de gymnastique de
Joinville-le-Pont; de M. le capitaine Bros-
selard, officier d'ordonnance du ministre
de la guerre, et d'un grand nombre d'of-
ficiers de toutes armes, arrive au stand à
onze heures.
Les artilleurs de Vincennes, en position
sur la lisière du bois, tirent le canon, et
la musique du 124° de ligne, installée
dans un kiosque, joue la Marseillaise.
Le général Gervais est reçu à l'entrée
du stand par M. Paul Déroulède, président
de la Ligue des Patriotes et commissaire
général du Concours national de tir, qui
est entouré de tous les membres du co-
mité d'organisation.
Après la visite aux cinq pavillons de tir,
on se rend au banquet dressé sous une
tente en plein air. Le général Gervais
préside, ayant à sa droite M. Paul Dérou-
lède et à sa gaucho M. Delamain, prési-
dent de la fédération des sociétés de tir
du Sud-Ouest, maire de Jarnac.
Mme Edmond Adam, présidente du
comité de souscription, est assise en face
de M. le général Gervais; à sa droite M.
Edmond Dolfus, président de la société
de tir « France », et à sa gauche M. le co-
lonel Larmier.
La presse de Paris est représentée au
grand complet.
Au dessert, M. Paul Déroulède pro-
nonce un discours patriotique. Il offre,
au nom de la Ligue des patriotes, une
coupe d'honneur à Mme Edmond Adam,
« pour le dévouement qu'elle a apporté à
l'œuvre du second concours national de
tir, dont l'initiative appartient tout entière
à la femme patriote qu'on peut appeler la
quêteuse de la Patrie, l'aumônière de la
France D. (Applaudissements.)
M. Déroulède salue ensuite les délégués
des sociétés de tir de Belgique et de Suisse
qui viennent pour la première fois prendre
part au concours.
Il se défend, en terminant, d'être le
provocateur dangereux que disent ceux
qui méconnaissent la Ligue des patriotes.
Il porte un toast à la France et à l'indé-
pendance de la patrie. (Nouveaux applau-
dissements.)
En quelques mots émus, Mme Edmond
Adam remercie M. Paul Déroulède, la
Ligue des patriotes et les tireurs de
France : « Ce que j'ai fait, dit-elle, est
bien peu de chose. En quêtant pour le
second concours national u? tir. je me
suis souvenu des femmes gaulois?s qui,
dans la mêlée, lorsque le courage faibliS"
sait, faisaient avancer les chariots pour
décider de la victoire. Je n'ai pas dout6
de la victoire.
a Dans cette coupe dont vous venez de
m'honorer, je bois à nptre France bien
aimée.» (Bravos répétés.)
M. Candelier, président de la fédération
des sociétés de tir du Nord, offre à Mme
Edmond Adam un superbe bouquet aux
couleurs nationales, au nom de tous les
tireurs de France; puis M. Delamain, pré-
sident du concours, boit à la Ligue des
patriotes.
M. Edmond Dolfus lève son verre en
l'honneur de la presse française, « dont la
concours ne manque jamais lorsqu'il s'a..
git d'une œuvre patriotique ».
Après une courte réponse de notre con-
frère de l'Evènement, M. Barthélemy, M.
Desmarés, président de la société de tir de
Bruxelles les « Carabiniers », remercie, au
nom des tireurs belges, les organisateurs
du concours qui ont invité ses frères
d'armes à lutter d'adresse, dans ce pacifi-
que tournoi, avec les meilleurs tireurs da
la France et de la Suisse.
M.Desmarés affirme à nouveau les sym<
pathies du peuple belge pour le peuple
français, et il boit « au président de la Ré..
publique française, à la France et à ses --
énergiques patriotes. » (Longs applaudis<
sements.)
Le banquet se termine par un toast de
M. Decourcelle, trésorier général du co-
mité de souscription, qui boit au Parle-
ment et au conseil municipal de Paris, en
les remerciant des subventions qu'ils ont
accordées à la Ligue des Patriotes pour
organiser les concours de tir dans toute la
France. (On applaudit.)
On s'est ensuite rendu au pavillon Ver-
cingétorix, où le premier coup de feu a été
tiré, à la carabine Flobert, par Mme Ed-
mond Adam.
Le second concours national de tir était
ouvert.
AMÉDÉE BLOMEAU.
L abondance des matières nous
oblige à remettre à demain la suite
de notre feuilleton
LA BANDE
DES
GOPURGHIGS
Roman parisien
PAR
EDGAR MONTEIL
On mande de Bombay que le procès de
Kanovics, cet homme dont nous avons
annoncé l'arrestation et que les Anglais
supposent être un espion russe, s'est
terminé le 19 août devant le juge d'ins-
truction, à Cochin.
Le prisonnier, n'étant pas à même de
fournir la caution demandée, a été COlle
damné à six mois de prison.
Il résulte de l'interrogatoire de Kano-
vics qu'il a été récemment en Egypte ; il
a raconté quelques-uns des incidents qui
ont marqué la vie d'Olivier Pain qu'il
connaissait, mais il a refusé de dire quand
il l'avait vu pour la dernière fois.
Quelques personnes de Bombay se sont
rendues à Cochinpoar établir l'identité du
prisonnier. Son signalement, prétend la
dépêche qui parvient de Bombay, répond
parfaitement à celui d'Olivier Pain, tel
que le donne sir E. Baring. Toutefois, les
témoignages entendus ne sont pas suffi-
sants pour permettre une affirmation.
L'examen médical auquel a été soumis
Kanovics révèle diverses partieularités.
entre autres que sa taille est déjetée par
suite d'une déviation de la hanche droite.
Ce dernier détail suffirait à prouver que
le prisonnier n'est pas Olivier Pain, dont
la taille très droite, n'était, on le sait, dé-
jetée par aucune espèce de déviation.
w i 11 --— » ■
LES ON-DIT
Les délégués français en ce moment en
Hongrie seront de retour à Paris après-
demain, dimanche.
9
Ii.
Enfre bonapartistes.
Le Peuple racontait avant-hier que, fore
de la réunion tenue dans les bureaux du
Petit Caporal, M. de Cassagnac avait ac-
cusé M. Robert Mitchell d'avoir « touché
des fonds à la caisse da Gambetta » et
qu'il l'avait traité de « déserteur de la
cause, d'homme dans lequel, en un mot,
il ne faut avoir nulle confiance. »
A cette occasion, M. Robert Mitchell
adresse au journal le Peuple la lettre sui-
vante :
Par!?, 19 aoàt,
Monsieur et cher confrère,
Votre journal m'apprend que, sans aucune
provocation de ma part, M. de Cassagnac
m'a fort maltraité dans une réunion à huis*
eloa.
le n'en ai point souci et ne songe pas à
m'en émouvoir.
M. de Cassagnac, en d'autres temps, a
grossièrement outragé M. Rouher, le duc da
t adoue, M. Jolibois et M. Iules Amigues, dont
y contestait la moralité.
S'être part, il me retient qu'il s'est porté
lie numéro s £ Oc. — Départements : là; c*
5 Fructidor an 93 — Na 564a
ADMINISTRATION
53, RUE DE VALOIS, 35
JLB ORNEMENTS
"PARIS
Trais mois 10 w
Sixzaois.■••■■••20 »
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Sixmois••••••«■ S2 jb
A3resser letlres et manttats
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) REDACTION
jS'aicesser a.u. Secrétaire de la Ré3actios
De Si à & heures du soif
AStJNnBDB VALOIS, 15
les manuscrits non insérés ne seront pas rendag
? ANNONCES
~f. Ch. IAGRANGE, CERF et C.
j/!ace de la Bourse, S
LES FINANCES
Nous sommes bien loin d'approuver
le système financier auquel on nous a
soumis, encore moins le système des
aventures coloniales qui a causé le dé-
ficit. Au début, et pendant la période
prospère de 1875 à 1881, le gouverne-
ment a voulu courir deux lièvres à la
fois : inaugurer d'immenses travaux
publics et dégrever les impôts. Certes,
pendant ce temps, il a entrepris des
choses utiles et qu'on ne saurait lui
reprocher. Il a doté la caisse des che-
mins vicinaux; il a créé des écoles; il a
augmenté le budget de l'instruction
publique; il a réorganisé l'armée, et
tout aurait été pour le mieux s'il s'était
arrêté là. Mais il a voulu aller plus loin
ensuite. Il a venu entreprendre des
conquêtes le lendemain même du jour
où il avait diminué les revenus de l'Etat.
C'est cette faute qui pèse lourdement
sur nous aujourd'hui.
Si nous n'avions pas eu de Tonkin
et de Madagascar, notre budget serait
en équilibre ; les adversaires de la Ré-
publique n'auraient rien à lui repro-
cher. Des réformes auraient été menées
a bien et la situation électorale de la
chambre qui s'en va serait admirable.
Y Elle ne l'est pas, hélas ! et nous ne
voyons que trop pourquoi.
Beaucoup de républicains ont signalé
les fautes commises. Divers journalistes
et divers orateurs ont combattu notre
système financier et notre politique de
conquête. Rien n'était plus naturel de
leur part. Aucun n'avait trempé dans
les folies des précédents régimes ; au-
cun n'avait applaudi, soit à l'expédition
de Chine, soit à l'expédition du Mexi-
que ; aucun ne s'était associé aux cri-
mes de l'empire ; aucun n'avait encou-
ragé les tentatives réactionnaires de
l'Assemblée nationale; aucun n'avait
profité des tripotages de la monarchie
de Juillet. Ils venaient. simplement, au
nom de la politique radicale, combattre
une autre politique suivie par des répu-
blicains.
Seuls ils avaient le droit d'élever la
voix, de blâmer et de récriminer. I!s
étaient indemnes du passé. Ce n'était
point à eux qu'on pouvait reprocher
ou des entreprises lointaines ou la
dilapidation de nos finances. Ils étaient
donc dans leur rôle aussi bien quand
ils réprouvaient l'idée d'aller au Ton-
kin que lorsqu'ils '* s'élevaient contre la
politique des emprunts et des budgets
extraordinaires.
Tout autre était la situation des mo-
narchistes, bonapartistes, légitimistes
ou orléanistes. Ceux-là n'étaient point.
indemnes du passé. Ceux-là avaient
donné tous les mauvais exemples ;
ceux-là étaient les préparateurs, ou
pour mieux dire les créateurs du dé-
ficit. Cependant, ils criaient plus haut
que tout le monde, et c'était sur le
mode lyrique qu'ils reprochaient au
régime actuel les fautes qu'ils avaient
eux-mêmes commises.
Je ne veux pas rappeler ici les défi-
cits causés par l'expédition du Mexi-
que, notre fuite honteuse de ce pays,
la mort de Maximilien, le crime d'atta-
quer une République qui avait pour
elle le droit et la justice ; je no veux
pas parler des catastrophes de 1870
qui ont amené le démembrement de la
France et qui sont dues à la complicité
des orléanistes et des bonapartistes.
Non. Cette histoire est dans toutes les
mémoires, et il serait superflu de la
raconter à nouveau. Je veux parler seu-
lement de cette politique des emprunts
et du budget extraordinaire que les
réactionnaires attaquent avec tant de
fureur.
A qui donc devons-nous l'idée pre-
mière de ce budget extraordinaire et des
emprunts? A qui sommes-nous rede-
vables de cette charge? Est-ce à l'ad-
ministration républicaine? Est-ce au
gouvernement républicain? Il faudrait,
en vérité, pour le soutenir, avoir oublié
l'histoire de ces dernières années, une
histoire qui nous touche presque, l'his-
toire d'hier.
Ceux qui ont préparé le budget ex-
traordinaire et qui ont forcé le gouver-
nement à ces emprunts successifs dé-
passant le milliard, ce sont précisément
les membres de l'Assemblée nationale
dont se composait la majorité. Par les
lois do 1875, ils nous ont obligés à une
dépense de 900 millions. Et de quelle
façon, encore,, ont-ils ordonné et voté
cette dépCQigs!, -
Tout le monde se souvient que, lors-
que l'Assemblée nationale fut prête à
expirer, se voyant conspuée par le pays
tout entier, elle imagina, pour se sau-
ver, d'en appeler aux intérêts matériels.
M. Caillaux, alors ministre des travaux
publics, proposa la construction de
3,000 kilomètres de chemins de fer,
électoraux.
Ce fut un scandale. L'Assemblée
vota, malgré les clameurs et les huées
de tous ceux qui connaissaient la ma-
tière. Que lui importait? Il ne s'agissait
que de tromper les populations, que
d'organiser la candidature officielle. Et
le but inavoué de l'opération sauta aux
yeux quand on vit que les mêmes
hommes qui venaient de promettre une
si grande quantité de chemins de fer à
la fois n'avaient pas inscrit au budget
un demi-centime pour subvenir à cette
effroyable dépense.
L'ignoble tentative électorale ne
sauva pas - heureusement— l'Assem-
blée; mais la promesse de grandes voies
de circulation était faite au pays, et
cette promesse, il fallait la tenir. M.
Caillaux, encore ministre malgré la
mauvaise situation de son parti, pro-
posa, pour amorcer les 3,000 kilo-
mètres, d'inscrire au budget une somme
de 40 millions. Cette somme, où la
prit-il? Sur le budget ordinaire ? Point.
M. Caillaux l'obtint au moyen d'émis-
sions d'obligations, au moyen d'em-
prunts. Il inaugura donc ainsi, avec la
droite, la politique des emprunts et des
budgets extraordinaires.
Comment donc les réactionnaires
viennent-ils aujourd'hui reprocher à la
République ses budgets extraordinaires
et ses emprunts? Ce sont eux qui ont
ouvert les voies toutes larges et qui y
ont poussé les gouvernements qui leur
ont succédé. Ce sont eux qui ont in-
venté le système !
Ils l'ont inventé parce qu'ils avaient
besoin de l'argent de la France pour
leurs intérêts personnels ou électoraux.
La République, qui a commis, il est
vrai, des fautes, ne s'est pas conduite
de cette façon. Avec l'argent de la
France, elle a porté à 136 millions le
budget de l'instruction, elle a construit
des écoles pour 300 millions, elle a ou-
vert des chemins vicinaux pour 500
millions. Ce sont là des dépenses fruc-
tueuses qui enrichiront les générations
futures. Elles nous rapporteront plus
en bénéfices réels et en solide gloire
que les expéditions du Tonkia et de
Madagascar réunies.
EDOUARD LOCKROY»
ÉTAT DES PARTIS
Nous montrions, il y a deux jours, la
constance de l'attachement du pays à
l'idée républicaine, telle qu'elle se révèle
par la série des manifestations électorales
successives qui se sont produites durant
la législation actuelle, comme durant les
précédentes.
Nous voulons aujourd'hui montrer, à
la veille de la grande consultation du
4 octobre, quel état de choses ces mani-
festations successives ont créé dans les
départements au point de vue de la force
respective des partis et particulièrement
de la puissance des républicains.
Nous prendrons comme base d'appré-
ciation la composition des trois représen-
tations les plus importantes, celles à la
Chambre, au Sénat et au conseil général.
En ce qui concerne la députation d'a-
bord, nous constatons qu'il y a 49 dépar-
tements sur 90 dont les représentants à la
Chambre sont tous républicains.
Il y a ensuite 20 départements dont
tous les députés moins un sont républi-
cains.
Dans 12 départements la députation est
partagée entre républicains et réaction-
naires; mais les républicains y ont la
majorité.
Dans 8 départements seulement la dépu-
tion est en majorité réactionnaire.
Enfin dans un seul, Belfort, la députa-
tion est entièrement réactionnaire ; mais
elle ne comprend qu'un membre.
Si nous passons au Sénat, nous consta-
tons des résultats plus écrasants encore :
Sur 90 départements, il y en a 70 dont
les sénateurs sont tous républicains ; 5
dont la représentation sénatoriale est en
majorité réactionnaire et 15 dont tous les
sénateurs sont réactionnaires.
Enfin, si nous considérons les conseils
généraux, l'élection des présidents de ces
assemblées qui vient d'avoir lieu révèle ce
fait que la majorité est républicaine dans
79 départements sur 90.
Il n'y a que onze départements où les
réactionnaires aient pu faire élire des
présidents réactionnaires.
Ces simples chiffres sont plus éloquents
que tous les commentaires et ils suffisent à
prouver de quelle force les républicains
disposent aujourd'hui dans le pays. Ils
possèdent la majorité dans les quatre cin-
quièmes des départements. A part un ou
deux départements, c'est dans l'Ouest que
la réaction a trouvé son dernier refuge; il
- Q.. cwelques départements^ comme la
Loire-Inférieure, les Côtes-du-Nord, le
Morbihan, la Vendée, où les corps élec-
tifs de tous les ordres appartiennent en-
core aux adversaires de la République.
Mais quand on considère les progrès faits
depuis quinze ans par l'idée républicaine,
on est en droit d'espérer que cette région
d'ailleurs très restreinte, cessera bientôt
de former une tache noire sur la carte
électorale de la France, et que les répu-
blicains réussiront à y conquérir la ma-
jorité de manière à établir l'unité politi-
que de la France.
trnmmrnm—m—W■ ■ ■■■! ■———mmmm—mmmm
Les ministres présents à Paris ont tenu,
hier dans l'après-midi, un conseil de ca-
binet au ministère des affaires étran-
gères. Dans cette réunion, ils se sont oc-
cupés des funérailles de l'amiral Courbet
et étudié la question de savoir si le
Bayard doit venir sur la côte de Pro-
vence ou être envoyé dans un des ports
du Nord.
Les ministres présents étaient : MM. AI-
lain-Targé. le général Campenon, l'amiral
Galiber, Pierre Legrand et Demôle.
Ils ont décidé que le Bayard ne sera pas
dirigé sur l'un des ports de l'Atlantique,"
mais sur Hyères. Les restes de l'amiral
seront débarqués vers le 23, à sept kilo-
mètres environ de cette ville, à la pres-
qu'île de Giens, près des Salins. Une pre-
mière cérémonie y sera célébrée.
Le corps no passera pas par Marseille,
afin d'y éviter en ce moment une trop
grande agglomération. Les funérailles au-
ront lieu à Paris le 27 ou le 28.
M. Allain-Targé, ministre de l'intérieur,
a rendu compte du voyage qu'il a fait au
Mans, dimanche dernier, avec le général
Campenon, à l'occasion de l'inauguration
de la statue du général Chanzy. Il a fait
connaître également l'impression générale
qui ressort des premières séances tenues
par les conseils généraux.
Il a, en outre, communiqué les rapports
des préfets relatifs au mouvement électo-
ral. Ces documents sont unanimes à cons-
tater qu'il s'est produit une accalmie dans
le plus grand nombre des départements.
La lutte a perdu son caractère aigu et
l'union se fait presque partout entre les
diverses fractions du parti républicain.
Les ministres ont résolu de donner des
ordres à leurs agents pour leur recomman-
der, pendant la période électorale qui va
s'ouvrir, tout excès de zèle ainsi que toute
défaillance.
Le 2* bureau de l'état-major général du
ministre de la guerre a commencé hier
l'examen et le classement des proposi-
tions faites au sujet des officiers qui ont
demandé à faire partie de la mission mi-
litaire chargée de la réorganisation de
l'armée annamite.
Voici, à cet égard, les mesures dès à
présent arrêtées.
Trente-six anciens officiers de l'armée
française, ayant démissionné depuis peu
de temps, seront attachés à l'armée anna-
mite; ils seront payés sur le budget an-
namite.
- Les sous-lieutenants toucheront 500 fr.;
les capitaines 700, et les officiers supé-
rieurs 1,000. En cas d'accident, ces offi-
ciers n'auront droit à aucune retraite,
mais à une indemnité fixe de 20,000 fr.
En outre, six officiers en activité de
service seront envoyés en mission dans
l'Annam. Ces officiers seront simplement
placés hors cadres dans l'armée fran-
çaise.
00
PAS DE BLANC-SEING
Une promesse de dévouement sans
bornes à l'empereur, voilà ce qui sous
le dernier régime remplaçait pour la
plupart des candidats ofhciels les idées
et les programmes. Comment gouver-
nerait l'empereur? Ferait-il la paix ?
ferait-il la guerre? S'arrangerait-il
d'une liberté de tolérance ou revien-
drait-il au despotisme pur et simple du
début? Serait-il pour le pape ou pour
l'Italie? Ouvrirait-il brusquement aux
produits étrangers nos marchés natio-
naux ou relèverait-il les barrières fis-
cales? Autant de questions indiscrètes
qu'un loyal député officielne devait pas
aborder. L'empereur * ferait ce qu'il
voudrait, et, pour ce contrôleur peu gê-
nant, il ferait toujours pour le mieux.
Un jour il dirait noir, un jour blanc, et,
pour le satisfait immuable du palais
Bourbon, il aurait chaque fois raison.
Il n'est pas nécessaire de-rappeler où
nous ont menés ces belles pratiques,
cette perpétuelle complaisance des ma-
jorités « de gouvernement » de ce
temps-là. Et cependant, il semblerait
en vérité que ces leçons terribles fus-
sent un peu oubliées, puisque, sans
que personne puisse savoir ni qui sera
au gouvernement après la rentrée, ni
ce que fera le gouvernement, nous en-
tendons répéter, comme un mot d'or-
dre, sur divers points du territoire,
cette formule absurde : « Nommez une
majorité de gouvernement ».
Ou cela ne veut rien dire, ou bien
c'est une majorité disposée à l'appro-
bation systématique qîis Ton conseille
aux électeurs de choisir.
Ce n'est d'ailleurs pas la première
fois, malheureusement, qu'une concep-
tion aussi fausse, aussi déplorable,
germe dans l'esprit de certains répu-
blicains. Tout le monde doit encore se
rappeler l'étonnement produit lors des
dernières élections générales, par le
manifeste d'un comité bellevillois. Les
rédacteurs do ce manifeste avaient cru
devoir, en offrant à M. Gambetta le
renouvellement de son mandat, déve-
lopper une théorie assez étrange, con-
cluant à un blanc-seing pur et simple
donné à leur élu. Cette innovation a
trouvé, à l'époque, peu d'approbation,
et cependant il s'agissait de donner ce
blanc-seing à un homme dont les ser-
vicès passés étaient considérables.
Mais que dire de ceux qui réclament
aujourd'hui la même confiance illimi-
tée, de ceux qui, en se faisant élire
comme « hommes de gouvernement »
sans programme, sans garanties, récla-
ment, en fait, le droit d'approuver
n'importe quelle politique, dirigée par
n'importe qui, en d'autres termes, ré-
clament un blanc-seing?
Prophétiser les résultats du pro-
chain appel fait au pays est une chose
trop facile pour n'être pas ridicule :
nous ne le ferons pas. Mais nous se-
rions bien surpris si les mêmes élec-
teurs qui, il y a quatre ans, n'ont pas
approuvé la théorie du blanc-seing,
exceptionnellement proposée pour un
homme dont les services aussi étaient
exceptionnels, la trouvaient aujour-
d'hui bonne à appliquer à deux cents
Tonkinois plus ou moins inconnus et
dont les votes passés ne démontrent
qu'imparfaitement la clairvoyance et la
sagesse. Sous l'appellation équivoque
« d'homme de gouvernement » plusieurs
peut-être réussiraient à enlever dos
suffrages. Ils n'y réussiront plus quand,
avec quelques instants de réflexion,
les électeurs auront compris que nom-
mer une majorité « de gouvernement »
pour un gouvernement qui n'existe pas
encore, c'est nommer une majorité
libre de tout engagement, c'est donner
un blanc seing à leurs élus.
Au reste, il faut rendre cette justice
au cabinet actuel, dont M. le ministre
de l'intérieur a été l'organe l'autre jour,
qu'il semble avoir des idées beaucoup
plus correctes sur le caractère des élec-
teurs et des élus. M. Allain-Targé a
très exactement résumé la question en
insistant sur la nécessité du contrôle
vigilant des députés sur le gouverne-
ment et du contrôle de l'opinion sur les
députés. Nous sommes ici dans la vé-
rité démocratique et parlementaire
dont il semble étonnant? qu'on songe à
s'écarter. Il n'y a plus trace, dans ce
langage orthodoxe, de blanc-seing à
donner à des approbateurs systémati-
ques qualifiés pour le besoin du mo-
ment « d'hommes de gouvernement ».
On retrouve là les doctrines connues du
parti républicain et même du parti libé-
ral; on comprend, et tous les éléeteurs
comprendront.
Le suffrage universel a déjà donné
trop de preuves de tact et de perspica-
cité pour ne pas s'apercevoir que les
hommes qui se présentent à lui pour
former « une majorité de gouverne-
ment » sont les mêmes qui n'ont pas
de programme à lui soumettre et qui
s'efforcent d'échapper à tout engage-
ment précis. Le suffrage universel ne
livrera pas au hasard des fantaisies
d'un ministère inconnu les destinées
du pays. Le suffrage universel sera plus
prudent, plus avisé que les prétendus
« sages » qui se font ses conseillers. Il
.comprendra qu'une majorité vouée à
l'approbation systématique, une majo-
rité de gouvernement prête à dire
amen à toutes les folies, est une majo-
rité qui ne peut être .élue que sur un
blanc-seing. Le suffrage universel ne
donnera pas de blanc-seing [
A. G.\ULIBR.¡
.& '«p
LES WORKHOUSES
La huitième commission du conseil
municipal qui vient de passer quelques
jours à Londres n'a pas borné son atten-
tion aux hôpitaux ; elle s'est préoccupée
de tous les établissements rentrant dans
ce que nous appelons l'assistance pu-
blique. Elle a visité, entre autres instituts,
le workhouse de l'Union de Saint-Georges,
Hanovre-Square.
En Angleterre chaque paroisse ou com-
mune est tenue de secourir ses pauvres.
A côté de la vesfry, sorte de conseil
financier, et de la Board of tvorks, comité
de travaux publics, il y a des guardians of
the poor, auxquels échoit tout ce qui con-
cerna les nécessiteux.
A Londres, qui n'est pas une ville,
comme chacun sait, mais une réunion
d'une multitude de paroisses, on a essayé
d'unifier toutes ces petites administra-
tions particulières, et il y a un Metropoli-
tan Asylums Bawd, composé de délégués
de chaque Board particulier et de mem-
bres nommés par le Local governrnent
Board, comme qui dirait parje ministère
de l'intérieur. Cette administration cen-
trale est pourvue d'un fonds résultant de
la cotisation de chaque paroisse. Quand
une paroisse n'est pas assez riche pour
avoir son ivo khouse, elle peut s'entendre
avec ses voisines et fonder un établisse- j
ment à frais communs. C'est ce qu'on
nomme une union.
Pour être admis au workhouse, plusieurs
conditions sont exigées. Il faut d'abord
être de la paroisse; il faut en outre un
certificat du relieving officer spécifiant que
le demandeur est indigent. L'appréciation
de ce dernier élément ne laisse pas d'être
assez délicate dans la pratique. Dernière-
ment un officer a refusé l'approbation à
une mère qui demandait des remèdes
pour son enfant atteint de diarrhée, sous
prétexte que son mari travaillait et devait
suffire à l'entretien du ménage. L'enfant
mourut et Yofficer est poursuivi pour ho-
micide par imprudence.
L'indigent admis passe d'abord par la
salle de bains. Cette précaution serait ex-
cellente si le même bain ne servait à qua-
tre ou cinq personnes, ce qui est de la
propreté à rebours. L'indigent quitte en-
suite ses habits et revêt l'uniforme du
wúrkhouse. Il est astreint au travail, sauf
le cas d'impossibilité matérielle. Il paye
sa nourriture en faisant de l'étoupe, en
cassant des pierres, en lavant les murs,
enfin en faisant une œuvre quelconque de
ses dix doigts. Cette nourriture n'a rien
de somptueux; matin et soir, l'indigent
reçoit 180 grammes de pain, 60 gr. de
beurre et 56„centigr. de thé. Le dîner se
compose de viande-trois fois par semaine,
le reste du temps de poisson, de soupe, de
légumes. En résumé, on donne à l'indi-
gent juste ce qu'il lui faut pour ne pas
mourir de faim; on l'oblige à un travail
continu, fatigant, de façon à éloigner les
paresseux.
Parallèlement aux workhouses il résulte
une autre institution, l'out-door relief, qui
correspond à notre assistance à domicile
et qui consiste dans l'allocation de sub-
sides en argent ou en vivres, proportion-
nellement aux besoins de l'indigent et à
son salaire quotidien.
Il ne semble pas qu'un esprit de soli-
darité bien large préside à toutes ces ins-
titutions. La philanthropie est pour les
Anglais une affaire de décence, de conve-
nance sociale, beaucoup plus que de
pitié. Le pauvre y est vaguement consi-
déré comme une espèce de malfaiteur. On
le nourrit tant bien que mal, mais on est
de l'avis d'Herbert Spencer, à savoir que
la plus grand service que les indigents
puissent rendre à la société, c'est de dis-
paraître le plus vite possible sans laisser
de postérité. Cette conception est peut-
être très scientifique, mais en France nous
avons le cœur un peu plus tendre, et nous
avons écrit le mot fraternité sur notre
drapeau,
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
————————— ——————————
Le Grand concours national de tir
M. le général Gervais, chef de cabinet
du général Campenon et délégué du mi-
nistre de la guerre, accompagné du co-
lonel Larmier, des lieutenants-colonels
Dufort, Caris et Reibel ; des commandants
Delmas, Mathis et Cromback, ce dernier
directeur de l'Ecole de gymnastique de
Joinville-le-Pont; de M. le capitaine Bros-
selard, officier d'ordonnance du ministre
de la guerre, et d'un grand nombre d'of-
ficiers de toutes armes, arrive au stand à
onze heures.
Les artilleurs de Vincennes, en position
sur la lisière du bois, tirent le canon, et
la musique du 124° de ligne, installée
dans un kiosque, joue la Marseillaise.
Le général Gervais est reçu à l'entrée
du stand par M. Paul Déroulède, président
de la Ligue des Patriotes et commissaire
général du Concours national de tir, qui
est entouré de tous les membres du co-
mité d'organisation.
Après la visite aux cinq pavillons de tir,
on se rend au banquet dressé sous une
tente en plein air. Le général Gervais
préside, ayant à sa droite M. Paul Dérou-
lède et à sa gaucho M. Delamain, prési-
dent de la fédération des sociétés de tir
du Sud-Ouest, maire de Jarnac.
Mme Edmond Adam, présidente du
comité de souscription, est assise en face
de M. le général Gervais; à sa droite M.
Edmond Dolfus, président de la société
de tir « France », et à sa gauche M. le co-
lonel Larmier.
La presse de Paris est représentée au
grand complet.
Au dessert, M. Paul Déroulède pro-
nonce un discours patriotique. Il offre,
au nom de la Ligue des patriotes, une
coupe d'honneur à Mme Edmond Adam,
« pour le dévouement qu'elle a apporté à
l'œuvre du second concours national de
tir, dont l'initiative appartient tout entière
à la femme patriote qu'on peut appeler la
quêteuse de la Patrie, l'aumônière de la
France D. (Applaudissements.)
M. Déroulède salue ensuite les délégués
des sociétés de tir de Belgique et de Suisse
qui viennent pour la première fois prendre
part au concours.
Il se défend, en terminant, d'être le
provocateur dangereux que disent ceux
qui méconnaissent la Ligue des patriotes.
Il porte un toast à la France et à l'indé-
pendance de la patrie. (Nouveaux applau-
dissements.)
En quelques mots émus, Mme Edmond
Adam remercie M. Paul Déroulède, la
Ligue des patriotes et les tireurs de
France : « Ce que j'ai fait, dit-elle, est
bien peu de chose. En quêtant pour le
second concours national u? tir. je me
suis souvenu des femmes gaulois?s qui,
dans la mêlée, lorsque le courage faibliS"
sait, faisaient avancer les chariots pour
décider de la victoire. Je n'ai pas dout6
de la victoire.
a Dans cette coupe dont vous venez de
m'honorer, je bois à nptre France bien
aimée.» (Bravos répétés.)
M. Candelier, président de la fédération
des sociétés de tir du Nord, offre à Mme
Edmond Adam un superbe bouquet aux
couleurs nationales, au nom de tous les
tireurs de France; puis M. Delamain, pré-
sident du concours, boit à la Ligue des
patriotes.
M. Edmond Dolfus lève son verre en
l'honneur de la presse française, « dont la
concours ne manque jamais lorsqu'il s'a..
git d'une œuvre patriotique ».
Après une courte réponse de notre con-
frère de l'Evènement, M. Barthélemy, M.
Desmarés, président de la société de tir de
Bruxelles les « Carabiniers », remercie, au
nom des tireurs belges, les organisateurs
du concours qui ont invité ses frères
d'armes à lutter d'adresse, dans ce pacifi-
que tournoi, avec les meilleurs tireurs da
la France et de la Suisse.
M.Desmarés affirme à nouveau les sym<
pathies du peuple belge pour le peuple
français, et il boit « au président de la Ré..
publique française, à la France et à ses --
énergiques patriotes. » (Longs applaudis<
sements.)
Le banquet se termine par un toast de
M. Decourcelle, trésorier général du co-
mité de souscription, qui boit au Parle-
ment et au conseil municipal de Paris, en
les remerciant des subventions qu'ils ont
accordées à la Ligue des Patriotes pour
organiser les concours de tir dans toute la
France. (On applaudit.)
On s'est ensuite rendu au pavillon Ver-
cingétorix, où le premier coup de feu a été
tiré, à la carabine Flobert, par Mme Ed-
mond Adam.
Le second concours national de tir était
ouvert.
AMÉDÉE BLOMEAU.
L abondance des matières nous
oblige à remettre à demain la suite
de notre feuilleton
LA BANDE
DES
GOPURGHIGS
Roman parisien
PAR
EDGAR MONTEIL
On mande de Bombay que le procès de
Kanovics, cet homme dont nous avons
annoncé l'arrestation et que les Anglais
supposent être un espion russe, s'est
terminé le 19 août devant le juge d'ins-
truction, à Cochin.
Le prisonnier, n'étant pas à même de
fournir la caution demandée, a été COlle
damné à six mois de prison.
Il résulte de l'interrogatoire de Kano-
vics qu'il a été récemment en Egypte ; il
a raconté quelques-uns des incidents qui
ont marqué la vie d'Olivier Pain qu'il
connaissait, mais il a refusé de dire quand
il l'avait vu pour la dernière fois.
Quelques personnes de Bombay se sont
rendues à Cochinpoar établir l'identité du
prisonnier. Son signalement, prétend la
dépêche qui parvient de Bombay, répond
parfaitement à celui d'Olivier Pain, tel
que le donne sir E. Baring. Toutefois, les
témoignages entendus ne sont pas suffi-
sants pour permettre une affirmation.
L'examen médical auquel a été soumis
Kanovics révèle diverses partieularités.
entre autres que sa taille est déjetée par
suite d'une déviation de la hanche droite.
Ce dernier détail suffirait à prouver que
le prisonnier n'est pas Olivier Pain, dont
la taille très droite, n'était, on le sait, dé-
jetée par aucune espèce de déviation.
w i 11 --— » ■
LES ON-DIT
Les délégués français en ce moment en
Hongrie seront de retour à Paris après-
demain, dimanche.
9
Ii.
Enfre bonapartistes.
Le Peuple racontait avant-hier que, fore
de la réunion tenue dans les bureaux du
Petit Caporal, M. de Cassagnac avait ac-
cusé M. Robert Mitchell d'avoir « touché
des fonds à la caisse da Gambetta » et
qu'il l'avait traité de « déserteur de la
cause, d'homme dans lequel, en un mot,
il ne faut avoir nulle confiance. »
A cette occasion, M. Robert Mitchell
adresse au journal le Peuple la lettre sui-
vante :
Par!?, 19 aoàt,
Monsieur et cher confrère,
Votre journal m'apprend que, sans aucune
provocation de ma part, M. de Cassagnac
m'a fort maltraité dans une réunion à huis*
eloa.
le n'en ai point souci et ne songe pas à
m'en émouvoir.
M. de Cassagnac, en d'autres temps, a
grossièrement outragé M. Rouher, le duc da
t adoue, M. Jolibois et M. Iules Amigues, dont
y contestait la moralité.
S'être part, il me retient qu'il s'est porté
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