Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-08-18
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 août 1885 18 août 1885
Description : 1885/08/18 (N5639). 1885/08/18 (N5639).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7539303h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
Nf) 5639 — Mardi 18 Août 4885
Le numéro : lOc. - Départements 1 .5 c.
lef Fructidor an93 — N- 5639
JùJ!/rnnSTRATIOH -
33, RUE DE VALOIS, 18
ABONNEMENTS
TARIS
ÎTrols roois JO »
Six mais ..20 d
DÉPARTEMENTS'
Trois mois. 13 SO
Six moi s. 22 4
A3scsser lettres et mandats .1 11
JL M. ERNEST LEFÈVHS
J.:tIMINISTI'UEUl',,'GW:Nr
,
T P D A BDITT
: JLi • Jw JSi JLl
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RéSaclion.
De re à 6 heures du soir
48» JRUE DE VALOIS 1 18
Les manuscrits non insères ne seront jpas renlua
ANNONCES
| I lnr. Ch. IAGRANGE, CERF et ce
C\ .^•irJace de la Bourse, 6
LA RELIGION AU DEHORS
* On a annoncé le massacre de dix
mille chrétiens au Tonkin. Le chiffre
est probablement exagéré, car, lorsqu'il
s'agit de chrétiens et surtout de catho-
liques, on en massacre beaucoup plus
dans les gazettes que dans la réalité.
L'Eglise pousse à un degré incroyable
le génie de la réclame, et elle multiplie
ses martyrs avec autant de facilité que
Jésus multipliait les pains.
Quoi qu'il en soit, si on n'a pas en-
core massacré des quantités de catho-
liques, on en massacrera certainement.
Opprimés pendant longtemps, ils ne
sauront pas se maîtriser après la vic-
toire. Forcément humbles durant de
longues années, ils deviendront inso-
lents. Le catholicisme ne peut rien
souffrir auprès de lui. Mais comme ces
catholiques ne pourront pas être suffi-
samment protégés par nos troupes, tôt
ou tard il leur arrivera malheur.
C'est là encore un des côtés déplora-
bles de nos expéditions lointaines, un
des vices de notre système colonial.
Nos guerres d'invasion entraînent avec
elles des guerres religieuses. Nous ne
nous présentons pas seulement comme
Français dans les pays que nous vou-
lons conquérir, mais aussi comme ca-
tholiques. Notre drapeau cache la croix
des missionnaires. Nous trouvons
moyen de nous faire d'abord haïr
somme étrangers et ensuite détester
comme chrétiens.
Au Tonkin, comme ailleurs, il nous
faudra défendre nos intérêts et l'intérêt
de la religion. Comme partout, le zèle
des missionnaires nous créera des diffi-
sultés. Peut-être suscitera-t-il des guer-
res, provoquera-t-il des violences. Et
.nos généraux le serviront d'autant plus
volontiers qu'ils sont, pour la plupart,
prléanisles, bien pensants et fort dé-
vots.
Voilà une source de plus d'inquiétu-
aes et de luttes perpétuelles ; une charge
de plus que nous aurons à supporter.
Hélas ! il faudra désormais l'ajouter à
toutes les autres, qui ne sont pas min-
ces. Quand je pense à ce que nous avons
à faire dans l'extrême Orient, j'en fré-
mis, et le traité avec la Chine, lui-
taaême, m'apparaît comme ajoutant en-
core quelque chose aux difficultés au
giilieu desquelles nous nous débattons.
Ne sommes-nous pas contraints à proté-
ger la frontière du Céleste-Empire, à la
faire respecter et à la défendre ? Ne va-
t-il pas devenir nécessaire de construire
des forts à toutes les trouées des mon-
tagnes ; de relier ces forts par des rou-
tes stratégiques ; de construire des che-
mins de fer pour mettre en communica-
tion ces routes et ces forts avec les
ports du littoral ?
Mais avant d'en venir là, nous de-
vons rétablir la paix dans le pays. Ce
n'est pas peu de chose. Les Tonkinois
ruinés par la guerre se sont à leur tour
faits brigands. Ne pouvant plus vivre de
leur propriété, ils vivent de celle des
'autres. Leurs bandes parcourent la
pays ; elles se cachent le long des ri-
vières et arrêtent les jonques qui les
descendent ou les remontent ; elles ex-
ploitent les chemins ou tout ce qui en
lient lieu.
Pour pacifier le Tonkin, qui est plus
difficile à pacifier que la Vendée, il fau-
drait un nouveau Hoche : un homme
ferme, humais, grand général, ayant
en mêins temps le mépris philosophi-
que des religions. Ce Hoche, où est-
il ? où le rencontrer? Je ne le vois pas
encore. il se cache. Mais si nous avions
la chance de mettre la main sur nn
homme pareil, est-ce au Tonkin que
nous devrions l'envoyer? Faudrait-il
l'exposer à la fièvre, à la dyssenterie, à
la typhoïde, au choléra inutilement?
Ponr ma part, je demanderais qu'on lui
donnât un commandement sur la fron-
tière allemande et qu'on surveillât sa
santé.
Nos meilleurs généraux, gardons-les
en France. C'est la sagesse qui le con-
seille. Cela nous condamne, il est vrai,
à n'avoir là-bas que des généraux de
second ordre. C'est là le malheur, car
la besogne sera toujours trop difficile
et trop grande pour eux. Ils s'y épui-
seront sans réussir. Mais qui pourrait
se flatter do réussir dans un pays im-
mense où notre armée sera toujours
insuffisante, où il faudrait jeter sans
compter les millions pour le rendre
productif et habitable?
Ah! ne recommençons plus ces dé-
plorables entreprises qui compliquent
la question coloniale de la question mi-
litaire et la question militaire de la
question religieuse ! Ne recommen-
çons plus ces tentatives qui font que
la paix engendre la lutte et que la
fin n'est qu'un début! Nous possé-
dons le Tonkin ; il nous reste à le con-
quérir. Quand nous l'aurons conquis,
il faudra le coloniser. Or, comme me le
disait l'autre jour, un paysan des en-
virons de Paris : Si nous avons tant be-
soin de coloniser, monsieur, pourquoi
ne colonisons-nous pas la Lorraine et
l'Alsace ?
EDOUARD LOCKROY,
On nous télégraphie du Caire que le
paiement des indemnités d'Alexandrie a
commencé hier, dimanche.
1 » ■
RELEVEMENT INDUSTRIEL
C'est un point acquis, pour tous les
hommes de bonne foi et qui ne se conten-
tent pas de belles phrases et de vues su-
perficielles, que la crise industrielle et
commerciale qui pèse depuis trop long-
temps sur la France est le résultat, non
de telle ou telle politique, de telle ou telle
institution, mais d'une certaine situation
économique, contre laquelle toutes les
constitutions du monde, fussent-elles mo-
narchiques, ne pourraient rien. Ajoutons
que ce malaise est en train de se dissiper,
au moins en ce qui coccerue notre pays,
car l'Angleterre, au contraire, est plus
atteinte en ce moment qu'elle ne l'a ja-
mais été depuis vingt ans. Il y a un excel-
lent baromètre de la fortune publique :
c'est le tableau que publie le ministère
des finances du rendement des impôts et
revenus indirects. Celui des sept premiers
mois de 1885, comparés aux mois corres-
pondants de 1884 vient de paraître.
L'enregistrement a donné 315,517,000
francs ; soit un excédent de 1,681,500 fr.
Le timbre a produit 89,832,500 fr., soit
un excédent de 87,500 fr. Le rendement
des douanes a été de 169,834,000 fr., en
augmentation de 2,478,000 fr. Les postes,
les sucres donnent également un excédent.
Il n'y a diminution que sur les contribu-
tions indirectes, les vins, le télégraphe.
Ce mécompte est de 9,570,100 fr.; si on
le défalque des 12,392,300 fr. de ionis
résultant des autres chiffres, il reste une
augmentation de 2,822,300 fr., qui doit
être portée à plus de 8 millions et demi,
pour la raison qu'on va voir.
L'année 1884 était bissextile; il faut donc
déduire des recouvrements des sept pre-
miers mois de 1884, les recettes réalisées
le 29 février de ladite année, lesquelles
s'élèvent à 5,280,517 fr.
Si l'on songe au chômage qui a chassé
des grandes villes les ouvriers que l'in-
dustrie du bâtiment y appelait (Paris rien
que de ce chef a perdu 100,000 habitants),
si l'on songe au choléra qui a effrayé
l'étranger l'année dernière, au phylloxéra
et à tant d'autres causes, on ne peut que
se réjouir de ces résultats.
Les statistiques suivantes qui nous sont
fournies par l'administration des douanes
ne sont pas moins rassurantes.
IMPORTITIONS 1883 1884
Objets d'alimenta-
tion 772.288.003 774.459.004
Produits naturels et
matières nécessai-
res à l'industrie. 1.292.892.000 1.293.341.000
Objets fabriqués. 343.872.000 360.258.000
Autres marchandi-
ses 108.627.000 103.264.000
Total. 2.517.G79.000 2.333.322.000
EXPORTATIONS
Objets d'alimenta-
tion 393.684.000 413.376.000
Procluits naturels et
matières nécessai-
res à l'industrie. 369.527.000 359.643.S00
Objet3 fabriqués. 923.094.000 879.178.000
Autres marchandi-
ses 98.127.000 83.111.000
Total. 1.786.432.080 1.T39.308.000
Voici les résultats de notre commerce
extérieur pendant les mois de juillet 1884
et 1885 :
JUILLET
IMPORTATIONS 1885 1884
Objets d'alimentation.. 108.674.000 107.365.000
Produits naturels et
matières nécessaires
à. l'industl'ie. i49.453.000 151.589.000
Objets fabriqués. 48.491.000 52.478 000
Autres marchandises.. 17.999.000 11.906.900
Total. 324.617.000 323.335.000
EXPORTATIONS
Objets d'alimentation.. 29.340.000 44.506.000
Produits naturels et
matières nécessaires
à l'industrie. 49.142.00» 47.598.000
Objets [fabriqués 126.202.000 113.061.000
Autres marchandises.. 13.525.000 12.003.000
Total. 218.209.000 2il.tG8.000
Ce qui ressort de plus important de ces
chiffres, c'est que nos importations ont
diminué et que nos exportations ont aug-
menté, symptôme on ne peut plus rassu-
rant. C'est pour les objets fabriqués qu'il
est le plus sensible. L'élévation n'est pas
moindre de 13 millions pour le mois der-
nier et elle coïncide avec une diminution
de 4 millions sur les importations de pro-
duits similaires. Notre industrie, on le
voit, a repris courage, elle s'est perfec-
tionnée, elle a renouvelé son outillage, et
chaque jour la met mieux à même de
lutter contre la concurrence étrangère.
FRÉDÉRIC MONTARGJS.
4b
M. Goblet, ministre de l'instruction pu-
blique, des beaux-arts et des cultes, part
aujourd'hui lundi pour se rendre au con-
seil général de la Somme.
e
L'agence Havas nous transmet la dé-
pêche suivante qu'elle reçoit de Toulouse,
15 août :
Aujourd'hui a eu lieu, aux Folies-Toulou-
saines, à l'occasion du 15 août, Un banquet
bonapartiste.
A la sortie, une rixe s'est produite. Le
commissaire du 4e arrondissement est inter-
venu pour rétablir l'ordre,
Un des perturbateurs s'étant réfugié dans
la salle du banquet après avoir été appréhen-
dé au corps, le commissaire do policé s'est
mis à sa poursuite; mais à peine était-il en-
tré dans la salle qn'il a été assailli par les
convives qui l'ont frappé et ont déchiré ses
habits en criant : » A bas la République : A
bas la police ! o
Le commissaire de police est parvenu à se
dégager et a pu empêcher la roule, qui vou-
lait le délivrer" -de- pénétrer dans la salle.
Grâce à son sangfroid, l'ordre a été ainsi ré-
tabli.
♦
Les délégués du conseil municipal :
MM. Michelin, Rousselle, Robinet, Pi-
chon, Chautemps, Desprès, Cattiaux,
sont revenus hier de Londres à Paris.
Ces délégués, qui ont été particulière-
ment bien reçus par la municipalité de
Londres, ont visité tous les grands établis-
sements hospitaliers de cette capitale.
- 4>
UNE LETTRE DE LA MONTAGNE
1
C'est une lettre-circulaire adressée
sous bande, aux fidèles, par une des
nombreuses maisons concurrentes susci-
tées par la prospérité croissante de la
vraie Notre-Dame de la Salette. Celle
qui "va parler ici, car c'est une monta-
gne qui parle en ce pays des miracles,
celle qui va parler a le malheur d'être
au coin du quai, dans le département
de l'Aisne, et non dans celui de l'Isère,
où est la vraie Salette, l'unique, la seule.
Elle s'exprime ainsi :
Cher lecteur,
Un regard bienveillant, s'il vous plaît, sur
ces quelques lignes, et voua saurez qui je suis,
et ce que je désire.
Qui JE sut% i le suis une humble et mo-
deste chapelle, bâtie par la générosité de pieux
fidèles. Mon âge est peu avancé et n - compte
que quatorze printemps. Mon nom est Notre-
Dame-de-la-Salette du Nord. Le lieu d'habi-
tation que j'ai choisi est une montagne située
au cœur du la Thiérache, sur les bord, de
l'Oise, près des communes de Noyai et Proix,
canton de Guise.
Je vous ai dit mon nom, mon âge, le lieu de
mon domicile; ces détails suffisent, vous me
connaissez.
CK QUE JB DÉSIRE ? Oserais-je vous l'avouer?
Je désirerais grandir. C'est un peu d'orgueil,
direz-vous. Pourtant, bon lecteur, si vous
daignez écouter mes raisons,vous me pardon-
nerez. Voyez, je vous prie. J'arrive à l'adoles-
cence et la proportion de ma taille est encore
la même qu'au premier jour de ma naissance.
Et puis mon enceinte est si étroite : le prêtre
peut à peine y célébrer les saints mystères et
v distribuer commodément à mes pèlerins te
pain ecelésisslique.
J'ai exprime mon désir ; mais le vôtre,
chers pèlerins, le vôtre qui s'identifie avec le
mien, pourrais-je l'oublier? Sur le plateau de
ma montagne n'êtes-vous pas exposés à tous
les désagréments d'un lieu à ciel ouvert ?
Ardeur du soleil, inconvénient de la pluie,
fureur des vents, vous avez tout à braver.
Vous demandez donc, et je demande instam-
ment pour vous des abris, mais de vastes
abris qui puissent vous protéger, où vous
puissiez trouver le repos dans vos fatigues et
plus de facilité pour le recueillement dans la
orière.
Ces désirs, indulgent lecteur, je souhaite
ardemment de les voir réaliser. Mais, pour y
réussir, ma faiblesse est impuissante. Vous
seul, dans la mesure de vos ressources, pouvez
opérer ce prodige.
Êtes-vous riche ? Un petit prélèvement, s'il
vous plaît, sur votre superflu. Êtes-vous pau-
vres ? Une petite économie sur votre indi-
gence. Ces petites offrandes, surnaturalisées
par votre pieuse intention, deviendront des
eurons qui fourairont un jour votre cou-
ronne de gloire.
Cette voix qui vous implore n'est pas la
mienne, mais celle de Notre-Dame de la Sa-
lette. Ecoutez-la, je vous en supplie, et la
vierge miséricordieuse des Alpes jse plaira à
vous bénir, vous et vos familles, et à bénir
aussi la France, cette patrie qui nous est si
chère.
Veuillez bien, cher lecteur, agréer les hom-
mages les plus respectueux et les plus recon-
naissants de votre petite, de votre bien hum-
ble et très indigne servante.
La chapelle de Notre-Dame de la Salette
du Nord, près Noyai, par Guise.
Croit-on que les faiseurs de pareils
boniments pousseraient plus loin l'inep-
tie si le Concordat était dénoncé et le
budget des cultes supprimé? Ils en sont
à faire écrire une montagne qui n'en
peut mais et à soutirer, en 0 termes gro-
tesques, l'argent des pauvres diables.
Que pourraient-ils de plus, sous le ré-
gime de la séparation, les deux prêtres
qui signent cette pièce et qui, très pro-
bablement, sont payés sur le budget de
la République?
A. GiUUHR.
■
, —i.
INAUGURATION
DE LA STATUE DU GÉNÉRAL CHANZY
Les fêtes qui ont commencé samedi au
Mans et qui ont continué hier dimanche,
à l'occasion de l'inauguration du monu-
ment du général Chanzy, ont été extrê-
mement brillantes.
Depuis plusieurs jours, la ville est le
rendez-vous d'une foule de notabilités de
de toutes sortes, parmi lesquelles on re-
marque une grande quantité d'anciens
combattants de l'armée de la Loire. Voici,
dans l'ordre où elles nous parviennent, les
dépêches relatives à cette solennité pa-
triotique : - v
Le Mans, 16 août.
Le général Campenon, ministre de la
guerre, et M. Aîlain-Targé, ministre de l'in-
térieur, sont arrivés ici par le train de
il h. 44.
Le ministre de l'intérieur est monté dans
la voiture du préfet de la Sarthe et le géné-
ral Campenon a pris place dans la voiture du
général Thomassin, commandant le corps
d'armée.
L'inauguration de la statue du général
Chanzy aura lieu à deux heures.
Le Mans, 16 août.
L'inauguration du monument du général
Chanzy a eu lieu à deux heures, par un temps
splendide, devant une foule immense, en pré-
sence du général Campenon, des amiraux
Jauréguiberry, Jaurès.
Des discours ont été prononcés par M.lle
ministre de la guerre, l'amiral Jauréguiberry
et M. Cordelet, sénateur.
Le général Campenon a rappelé qu'à l'épo-
que de nos plus grands revers, quand le sol
de la patrie était envahi, foulé par l'étranger,
le général Chanzy fut un de ceux chez les-
quels la foi dans les destinées de la patrie ne
s'est pas démentie un seul instant. fi sut faire
partager cette foi à sa jeune armée, dans les
rangs de laqua! le il accueillit des hommes de
toutes les opinions qui s'uuucnt dans un sen-
timent unanime, celui de la résisuQpe à l'in-
vasion. (Salve d'applaudissements.)
L'armée française est un tout dont les par-
ties vibrent à l'unisson.
Ces temps sont loin de nous, a ajouté le
général Campenon, mais le gouvernement de
la République a le devoir de ne pas les laisser
tomber dans l'oubli. Au jour du danger, le
pays a le droit de compter sur le concours
unanime de tous les citoyens. (Applaudisse-
ments. )
Le ministre a terminé en adressant, au
nom de l'armée, un salut à la statue du gé-
néral Chanzy.
Après le discours de M. Jauréguiberry, M.
Cordelet, sénateur, maire du Mans, a pris au
nom de la ville possession du monument.
Le général Campenon a remis la croix d'of-
ficier de la Légion d'honneur à M. Minot,
chef d'escadron de gendarmerie à Alencon,
la croix de chevalier à M. Ginestet, chef de
division à la compagnie de l'Ouest. Il a en-
suite distribué plusieurs médailles militaires.
Le défilé des troupes a eu lieu ensuite dans
un ordre parfait, au son de la Marseillaise.
Le général Campenon, après une courte
visite à la préfecture, est reparti pour Paris
à 3 h. 37.
Le Mans, 16 août, 4 h. 30 soir.
Un incident s'est produit au début de la
cérémonie d'inauguration du monument.
L'attaché militaire près l'ambassade de
Russie y assistait en uniforme. A sa vue, la
foule des assistants a applaudi bruyamment
en criant : « Vive la Russie! »
Le Mans, 16 août.
A quatre heures de l'après-midi a eu lieu
la manifestation au. monument élevé à Pont-
lieue, en l'honneur des victimes de la guerre.
M. Rubillard, sénateur, a prononcé une
allocution patriotique, qui a été bien accueil-
lie des assistants. Ceux-ci, au nombre de
4,000 environ, se sont ensuite séparés sans
incident.
Le banquet, qui aura lieu à six heures, sera
présidé par M. Cordelet, sénateur.
C'est devant une foule évaluée à plus
de 20,000 personnes que les officiers d'ar-
tillerie et de cavalerie ont exécuté, sa-
medi, un brillant carrousel, sous les quin-
conces des Jacobins à l'occasion de l'inau-
guration du monument de Chanzy.
Le général Thomassin, commandant le
4e corps, entouré de toute la municipalité
et ayant près de lui M. Cordelet, sénateur
et maire du Mans, présidait ce divertisse-
ment, dont voici le programme :
Premier quadrille (couleur bleue). — Pre-
mier demi quadrille : MM. de Saint-Sauveur,
Barbier, de Cazes, Viai.
Deuxième demi-quadrille : MM. Dulac
Cottu, Espivent de la Villeboisnet, de Brvl
dArcy.
Deuxième quadrille (couleur verte). — Pre-
mier demi-quadrille : MM. Foiret, Davril, Fri-
chement, de Loustal.
Deuxième demi-quadrille : MM. Marande,
Crepey, Dupuis, de Beauvais.
Troisième quadrille (couleur jaune). —
Premier demi-quadrille : MM. de Laage, de
Meux, de la Villestreux, d'Alès, Lemet.
Quatrième quadrille (couleur rouge). -
Premier demi-quadrille : MM. Gayet, Bate-
reau, Metzer, de Villeneuve.
Deuxième d .imi-quadrille : MM. Phelip,
Basson, Ducrest de Villeneuve, de Guibsrt.
Carrousel de troupe. — M. Brenne, capi-
taine-instructeur au 28 dragons.
Premier peloton : M. Doncœur; deuxième
peloton, M. Perlat; troisième peloton, M. Mau-
rer; quatrième peloton, M. James.
Saut de la haie par MM. les officiers.
Les jeux de tête, de bague, le saut des
haies, les voiles, tous les exercices enfin
ont été admirablement réussis et chaleu-
reusement applaudis par la foule. Les
lauréats de ce carrousel sont AIM, Dulac,
officier de dragons, et Sévérot, officier de
chasseurs.
On trouvera plus loin le texte du dis
cours prononcé par l'amiral Jauréguiberr*
à l'inauguration du monument.,
LES ON-DIT
Hier soir, ceux qui allaient respirer ui
peu d'air aux Champs-Elysées et au boit
de Boulogne respiraient un air nauséa-
bond.
Quand donc cessera-t-on d'empester
Paris?
e
Le monde des artistes demande si l'on
VII abandonner à une destruction certaine
les beiue neintures de Théodore Chassé-
nau, à la COiu ie,; comptes.
Ces peintures pour.ta.;.'ont très bien être
détachées du mur, comme bn a fait pour •
celles de Pompéi.
Les compositions épiques de la Gùe.
et de la Paix, les panneaux allégoriques
et les grisailles qui décorent la Cour des
comptes sont des morceaux qui méritent
d'être arrachés à la lente destruction qui
les menace.
-
& g*
Notre confrère M. Emile Gautier, l'un
des condamnés du procès des anarchistes
de Lyon, vient d'être mis en liberté.
Sa grâce a été signée par le président
de la République sur la proposition du
ministre de l'intérieur.
ft
Nous avons parlé des faits graves qui S3
sont passés dans le 66 arrondissement et
auxquels M. D. a été mêlé.
Le Siècle annonce que M. le préfet de
police vient de relever M. D. de ses
fonctions de médecin du service.
M. Marmottan, maire, et la municipa-
lité du 160 arrondissement ont organisé une
grande fête foraine au profit de la Caisse
des écoles et des orphelins de l'arron-
dissement.
Cette fête, qui doit durer quinze jours,
a commencé hier au Point-du-Jour. De
nombreux divertissements, des concerts,
des lancemeuts de ballons, sont sur le
programme.
La foule était énorme ; les Parisiens ne
laissent jamais échapper l'occasion de s'a-
muser en faisant le bien.
Peuilleton du RAPPEL
DU 18 AOUT
34
LA BANDE
DES
COPURCHICS
ROMAN TARI SIEN
IX
Le Cochon-fidèle
(Suite)
Les Copùrchics allaient sortir, lorsqu'un
teune étudiant entra.
- Cochegrue 1 s'écrièrent les Copur-
chics. Ah! tu arrives à propos pour que
nous prenions une chope avec toi.
— Je l'entends ainsi, dit Cochegrue,
Reproduction interdite.
Voir le Rappel du 13 juillet au 17 août,
puisque je vous trouve sur mes domaines.
Pater Armandus, des chopes. Ah ça! il y
a des têtes ici que je ne connais pas. Il
n'y a pas de mouchards parmi ces con-
sommateurs, au moins? S'il y a des mou-
chards, je me fiche d'eux. Je les ai à la
campagne, les mouchards, et la rousse,
et l'empire. A nous ces chopes, et à la
santé de la République.
— Vive la République! crièrent Copur-
chies et Bistouris.
— A bas l'empire 1 à bas l'empereur!
cria Cochegrue.
Et montant sur une table, il éleva son
verre :
— 0 cadavres, parlez! quels sont vos assassins?
Quelles mains ont plongé ces stylets dans vos seins?
Toi d'abord, que je vois dans cette ombre apparaître,
Ton nom?—-Religion. — Ton meurtrier? - Le- prêtre.
- Vous, vos noms?—Probité, Pudeur, Raison, Vertu.
- Et qui vous égorgea? - L'Eglise. -Toi, qu'es-tu?
- Je suis la Foi publique. — Et qui t'a poignardée?
- Le Sermeat. - Toi qui dors de ton sang inondée?
- Mon nom était Justice.—Et quel est ton bourreau?
- Le Juge. - Et toi, géant, sans glaive à ton fourreau,
Et dont la boue éteint l'auréole enflammée?
- Je m'appelle Austerlitz. - Qui t'a tué? - L'arniée.
— Bravo ! bravo l cria-t-on.
- Vive Victor Hugo!
- Crions encore en Clloeur * Vive la
lépublique !
r-Oui, criez à huis clos, dit un con-
sommateur, vous n'oseriez pas crier dans
la rue.
— Nous n'oserions pas! dit Cochegrue.
Vous êtes donc un mouchard, vous ? Pater
Armandus, tu reçois des mouchards ici ?
— Je suis étudiant comme vous, dit
le consommateur en jetant sa carte de
visite, mais je n'aime pas- les manifesta-
tions puériles.
— Eh bien! dit Cochegrue, je vous
parie, si vous voulez, d'aller crier plu-
sieurs fois : « Vive la République! » au
nez des sergos.
- Vous vous feriez arrêter.
- Et je ne serai pas arrêté;
- Je tiens le pari.
- Des chopes pour la société.
- C'est tenu.
- Eh bien, sortons ensemble. Il est
une heure et demie du matin, c'est l'heure
où les agents aiment le moins le tapage
et on risque le plus d'être arrêté. Allons
sur le boul'Miche.
— Bona dies, pater Armandus.,
— Ave, répondit le patron du Cochon-
Fidèle.
Ils sortirent de l'établissement. Coqsi-
gno se déroba avec Nichonnette.
Cochegrue prit la tète de la bande.
4 Cochegrue était seigneur de la rue des.
Cordiers, ce pourquoi il était de Corderoi.
Il appartenait à la bande des Copurcbics,
mais comme Camboulives, par ses ami-
tiés, car il ne portait pas leur costume et
ne partageait pas leur vie commune.
Il habitait rue des Cordiers et mangeait,
buvait et travaillait au Cochon-Fidèle. Un
peu plus âgé que les autres, il ne songeait
plus qu'à piocher, et pour prouver qu'il
travaillait, il ne quittait jamais son Tri-
pier qui gonflait sa poche, en pendant des
papiers sur lesquels il griffonnait qui bour-
raient l'autre poche.
Aussitôt sur le boul'Miche, il aborda
deux sergents de ville.
— Allez donc vitement rue Jacques,
leur dit-il, il y a là-bas une bande de gens
en blouse qui crient : Vive la Ilépu-
blique!
Il parlait à voix basse, mais il criait :
Vive la République ! à tue-tête.
— Où ça? demandèrent les agents.
— Rue Jacques. Ils sont nombreux et
ils crient, àles entendre d'une lieue : Vive
la République l
— Ne criez pas si fort vous-même.
- Moi? Oh ( ce n'est rien à côté d'eux,
allez ! il faut les entendre gueuler : Vive
la République! vive la République!
—■ Ah! vous allez vous taire, à la fin?
— Oui, mais voyez donc qui sont ces
gens-là. Il y a autour d'eux un grand
attroupement.
— îfous allons voir, dirent les agents
en se dirigeant vers la rue Jacques.
- Eh bien, dit Cochegrue, ai-je gagné?
— Je vais payer, dit l'étudiant.
- Pas ce soir, dit Cochegrue, mais
demain, au Cochon-Fidèle.
:
X
La Belle Gabriclle
En montant chez eux, les Copurchics
heurtèrent à l'huis de Guibolmar pour
savoir s'il était couché.
— Une fugue, murmura Mailloohon.'
Guibolmar était chez Mme de Bordes.
Il avait recommencé son petit manège
de la rue de Varenne, et déjà se trouvait
aux pieds de Mme de Bordes.
— Ah ! ma belle Gabrielle, ma belle
à moi, disait-il, veux-tu voir un homme
moulu ? Regarde-moi.
— Tu as une bosse sur !s front, mon
Marc.
— Ma bosse n'est rien, dit Marc Ré-
gnier, mais les côtes et les jambes !. ,
- Tu t'es battu?
- Une mêlée terrible !
Et Marc lui raconta la bataille dn Vieux
Chêne.
— Tu es fou! s'écria Gabrielle de Bor-
des, d'aller dans des endroits où ne va
que le rebut de la population parisienne.
- Il faut faire comme les camarades.
- Pas du tout, dit Gabrielle. Les cama-
rades!. les camarades 1. Qu'est-ce que
c'est que les camarades !.
— Des amis.
— Des amis qui ne penseront guère à
toi le jour où tu finiras tes études et où
ils termineront les leurs. Je ne veux pas
que tu recommences, moi ! Et tu vas me
promettre de ne plus retourner dans ces
mauvais lieux.
— Je te le promets.
- Et tu souffres?
— Pas précisément. Ce n'est qu'en fai-
sant certains mouvements.
— Mon pauvre! tu es tout meurtri
EDGAR MONTEIL.
(A suivre.}
Le numéro : lOc. - Départements 1 .5 c.
lef Fructidor an93 — N- 5639
JùJ!/rnnSTRATIOH -
33, RUE DE VALOIS, 18
ABONNEMENTS
TARIS
ÎTrols roois JO »
Six mais ..20 d
DÉPARTEMENTS'
Trois mois. 13 SO
Six moi s. 22 4
A3scsser lettres et mandats .1 11
JL M. ERNEST LEFÈVHS
J.:tIMINISTI'UEUl',,'GW:Nr
,
T P D A BDITT
: JLi • Jw JSi JLl
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RéSaclion.
De re à 6 heures du soir
48» JRUE DE VALOIS 1 18
Les manuscrits non insères ne seront jpas renlua
ANNONCES
| I lnr. Ch. IAGRANGE, CERF et ce
C\ .^•irJace de la Bourse, 6
LA RELIGION AU DEHORS
* On a annoncé le massacre de dix
mille chrétiens au Tonkin. Le chiffre
est probablement exagéré, car, lorsqu'il
s'agit de chrétiens et surtout de catho-
liques, on en massacre beaucoup plus
dans les gazettes que dans la réalité.
L'Eglise pousse à un degré incroyable
le génie de la réclame, et elle multiplie
ses martyrs avec autant de facilité que
Jésus multipliait les pains.
Quoi qu'il en soit, si on n'a pas en-
core massacré des quantités de catho-
liques, on en massacrera certainement.
Opprimés pendant longtemps, ils ne
sauront pas se maîtriser après la vic-
toire. Forcément humbles durant de
longues années, ils deviendront inso-
lents. Le catholicisme ne peut rien
souffrir auprès de lui. Mais comme ces
catholiques ne pourront pas être suffi-
samment protégés par nos troupes, tôt
ou tard il leur arrivera malheur.
C'est là encore un des côtés déplora-
bles de nos expéditions lointaines, un
des vices de notre système colonial.
Nos guerres d'invasion entraînent avec
elles des guerres religieuses. Nous ne
nous présentons pas seulement comme
Français dans les pays que nous vou-
lons conquérir, mais aussi comme ca-
tholiques. Notre drapeau cache la croix
des missionnaires. Nous trouvons
moyen de nous faire d'abord haïr
somme étrangers et ensuite détester
comme chrétiens.
Au Tonkin, comme ailleurs, il nous
faudra défendre nos intérêts et l'intérêt
de la religion. Comme partout, le zèle
des missionnaires nous créera des diffi-
sultés. Peut-être suscitera-t-il des guer-
res, provoquera-t-il des violences. Et
.nos généraux le serviront d'autant plus
volontiers qu'ils sont, pour la plupart,
prléanisles, bien pensants et fort dé-
vots.
Voilà une source de plus d'inquiétu-
aes et de luttes perpétuelles ; une charge
de plus que nous aurons à supporter.
Hélas ! il faudra désormais l'ajouter à
toutes les autres, qui ne sont pas min-
ces. Quand je pense à ce que nous avons
à faire dans l'extrême Orient, j'en fré-
mis, et le traité avec la Chine, lui-
taaême, m'apparaît comme ajoutant en-
core quelque chose aux difficultés au
giilieu desquelles nous nous débattons.
Ne sommes-nous pas contraints à proté-
ger la frontière du Céleste-Empire, à la
faire respecter et à la défendre ? Ne va-
t-il pas devenir nécessaire de construire
des forts à toutes les trouées des mon-
tagnes ; de relier ces forts par des rou-
tes stratégiques ; de construire des che-
mins de fer pour mettre en communica-
tion ces routes et ces forts avec les
ports du littoral ?
Mais avant d'en venir là, nous de-
vons rétablir la paix dans le pays. Ce
n'est pas peu de chose. Les Tonkinois
ruinés par la guerre se sont à leur tour
faits brigands. Ne pouvant plus vivre de
leur propriété, ils vivent de celle des
'autres. Leurs bandes parcourent la
pays ; elles se cachent le long des ri-
vières et arrêtent les jonques qui les
descendent ou les remontent ; elles ex-
ploitent les chemins ou tout ce qui en
lient lieu.
Pour pacifier le Tonkin, qui est plus
difficile à pacifier que la Vendée, il fau-
drait un nouveau Hoche : un homme
ferme, humais, grand général, ayant
en mêins temps le mépris philosophi-
que des religions. Ce Hoche, où est-
il ? où le rencontrer? Je ne le vois pas
encore. il se cache. Mais si nous avions
la chance de mettre la main sur nn
homme pareil, est-ce au Tonkin que
nous devrions l'envoyer? Faudrait-il
l'exposer à la fièvre, à la dyssenterie, à
la typhoïde, au choléra inutilement?
Ponr ma part, je demanderais qu'on lui
donnât un commandement sur la fron-
tière allemande et qu'on surveillât sa
santé.
Nos meilleurs généraux, gardons-les
en France. C'est la sagesse qui le con-
seille. Cela nous condamne, il est vrai,
à n'avoir là-bas que des généraux de
second ordre. C'est là le malheur, car
la besogne sera toujours trop difficile
et trop grande pour eux. Ils s'y épui-
seront sans réussir. Mais qui pourrait
se flatter do réussir dans un pays im-
mense où notre armée sera toujours
insuffisante, où il faudrait jeter sans
compter les millions pour le rendre
productif et habitable?
Ah! ne recommençons plus ces dé-
plorables entreprises qui compliquent
la question coloniale de la question mi-
litaire et la question militaire de la
question religieuse ! Ne recommen-
çons plus ces tentatives qui font que
la paix engendre la lutte et que la
fin n'est qu'un début! Nous possé-
dons le Tonkin ; il nous reste à le con-
quérir. Quand nous l'aurons conquis,
il faudra le coloniser. Or, comme me le
disait l'autre jour, un paysan des en-
virons de Paris : Si nous avons tant be-
soin de coloniser, monsieur, pourquoi
ne colonisons-nous pas la Lorraine et
l'Alsace ?
EDOUARD LOCKROY,
On nous télégraphie du Caire que le
paiement des indemnités d'Alexandrie a
commencé hier, dimanche.
1 » ■
RELEVEMENT INDUSTRIEL
C'est un point acquis, pour tous les
hommes de bonne foi et qui ne se conten-
tent pas de belles phrases et de vues su-
perficielles, que la crise industrielle et
commerciale qui pèse depuis trop long-
temps sur la France est le résultat, non
de telle ou telle politique, de telle ou telle
institution, mais d'une certaine situation
économique, contre laquelle toutes les
constitutions du monde, fussent-elles mo-
narchiques, ne pourraient rien. Ajoutons
que ce malaise est en train de se dissiper,
au moins en ce qui coccerue notre pays,
car l'Angleterre, au contraire, est plus
atteinte en ce moment qu'elle ne l'a ja-
mais été depuis vingt ans. Il y a un excel-
lent baromètre de la fortune publique :
c'est le tableau que publie le ministère
des finances du rendement des impôts et
revenus indirects. Celui des sept premiers
mois de 1885, comparés aux mois corres-
pondants de 1884 vient de paraître.
L'enregistrement a donné 315,517,000
francs ; soit un excédent de 1,681,500 fr.
Le timbre a produit 89,832,500 fr., soit
un excédent de 87,500 fr. Le rendement
des douanes a été de 169,834,000 fr., en
augmentation de 2,478,000 fr. Les postes,
les sucres donnent également un excédent.
Il n'y a diminution que sur les contribu-
tions indirectes, les vins, le télégraphe.
Ce mécompte est de 9,570,100 fr.; si on
le défalque des 12,392,300 fr. de ionis
résultant des autres chiffres, il reste une
augmentation de 2,822,300 fr., qui doit
être portée à plus de 8 millions et demi,
pour la raison qu'on va voir.
L'année 1884 était bissextile; il faut donc
déduire des recouvrements des sept pre-
miers mois de 1884, les recettes réalisées
le 29 février de ladite année, lesquelles
s'élèvent à 5,280,517 fr.
Si l'on songe au chômage qui a chassé
des grandes villes les ouvriers que l'in-
dustrie du bâtiment y appelait (Paris rien
que de ce chef a perdu 100,000 habitants),
si l'on songe au choléra qui a effrayé
l'étranger l'année dernière, au phylloxéra
et à tant d'autres causes, on ne peut que
se réjouir de ces résultats.
Les statistiques suivantes qui nous sont
fournies par l'administration des douanes
ne sont pas moins rassurantes.
IMPORTITIONS 1883 1884
Objets d'alimenta-
tion 772.288.003 774.459.004
Produits naturels et
matières nécessai-
res à l'industrie. 1.292.892.000 1.293.341.000
Objets fabriqués. 343.872.000 360.258.000
Autres marchandi-
ses 108.627.000 103.264.000
Total. 2.517.G79.000 2.333.322.000
EXPORTATIONS
Objets d'alimenta-
tion 393.684.000 413.376.000
Procluits naturels et
matières nécessai-
res à l'industrie. 369.527.000 359.643.S00
Objet3 fabriqués. 923.094.000 879.178.000
Autres marchandi-
ses 98.127.000 83.111.000
Total. 1.786.432.080 1.T39.308.000
Voici les résultats de notre commerce
extérieur pendant les mois de juillet 1884
et 1885 :
JUILLET
IMPORTATIONS 1885 1884
Objets d'alimentation.. 108.674.000 107.365.000
Produits naturels et
matières nécessaires
à. l'industl'ie. i49.453.000 151.589.000
Objets fabriqués. 48.491.000 52.478 000
Autres marchandises.. 17.999.000 11.906.900
Total. 324.617.000 323.335.000
EXPORTATIONS
Objets d'alimentation.. 29.340.000 44.506.000
Produits naturels et
matières nécessaires
à l'industrie. 49.142.00» 47.598.000
Objets [fabriqués 126.202.000 113.061.000
Autres marchandises.. 13.525.000 12.003.000
Total. 218.209.000 2il.tG8.000
Ce qui ressort de plus important de ces
chiffres, c'est que nos importations ont
diminué et que nos exportations ont aug-
menté, symptôme on ne peut plus rassu-
rant. C'est pour les objets fabriqués qu'il
est le plus sensible. L'élévation n'est pas
moindre de 13 millions pour le mois der-
nier et elle coïncide avec une diminution
de 4 millions sur les importations de pro-
duits similaires. Notre industrie, on le
voit, a repris courage, elle s'est perfec-
tionnée, elle a renouvelé son outillage, et
chaque jour la met mieux à même de
lutter contre la concurrence étrangère.
FRÉDÉRIC MONTARGJS.
4b
M. Goblet, ministre de l'instruction pu-
blique, des beaux-arts et des cultes, part
aujourd'hui lundi pour se rendre au con-
seil général de la Somme.
e
L'agence Havas nous transmet la dé-
pêche suivante qu'elle reçoit de Toulouse,
15 août :
Aujourd'hui a eu lieu, aux Folies-Toulou-
saines, à l'occasion du 15 août, Un banquet
bonapartiste.
A la sortie, une rixe s'est produite. Le
commissaire du 4e arrondissement est inter-
venu pour rétablir l'ordre,
Un des perturbateurs s'étant réfugié dans
la salle du banquet après avoir été appréhen-
dé au corps, le commissaire do policé s'est
mis à sa poursuite; mais à peine était-il en-
tré dans la salle qn'il a été assailli par les
convives qui l'ont frappé et ont déchiré ses
habits en criant : » A bas la République : A
bas la police ! o
Le commissaire de police est parvenu à se
dégager et a pu empêcher la roule, qui vou-
lait le délivrer" -de- pénétrer dans la salle.
Grâce à son sangfroid, l'ordre a été ainsi ré-
tabli.
♦
Les délégués du conseil municipal :
MM. Michelin, Rousselle, Robinet, Pi-
chon, Chautemps, Desprès, Cattiaux,
sont revenus hier de Londres à Paris.
Ces délégués, qui ont été particulière-
ment bien reçus par la municipalité de
Londres, ont visité tous les grands établis-
sements hospitaliers de cette capitale.
- 4>
UNE LETTRE DE LA MONTAGNE
1
C'est une lettre-circulaire adressée
sous bande, aux fidèles, par une des
nombreuses maisons concurrentes susci-
tées par la prospérité croissante de la
vraie Notre-Dame de la Salette. Celle
qui "va parler ici, car c'est une monta-
gne qui parle en ce pays des miracles,
celle qui va parler a le malheur d'être
au coin du quai, dans le département
de l'Aisne, et non dans celui de l'Isère,
où est la vraie Salette, l'unique, la seule.
Elle s'exprime ainsi :
Cher lecteur,
Un regard bienveillant, s'il vous plaît, sur
ces quelques lignes, et voua saurez qui je suis,
et ce que je désire.
Qui JE sut% i le suis une humble et mo-
deste chapelle, bâtie par la générosité de pieux
fidèles. Mon âge est peu avancé et n - compte
que quatorze printemps. Mon nom est Notre-
Dame-de-la-Salette du Nord. Le lieu d'habi-
tation que j'ai choisi est une montagne située
au cœur du la Thiérache, sur les bord, de
l'Oise, près des communes de Noyai et Proix,
canton de Guise.
Je vous ai dit mon nom, mon âge, le lieu de
mon domicile; ces détails suffisent, vous me
connaissez.
CK QUE JB DÉSIRE ? Oserais-je vous l'avouer?
Je désirerais grandir. C'est un peu d'orgueil,
direz-vous. Pourtant, bon lecteur, si vous
daignez écouter mes raisons,vous me pardon-
nerez. Voyez, je vous prie. J'arrive à l'adoles-
cence et la proportion de ma taille est encore
la même qu'au premier jour de ma naissance.
Et puis mon enceinte est si étroite : le prêtre
peut à peine y célébrer les saints mystères et
v distribuer commodément à mes pèlerins te
pain ecelésisslique.
J'ai exprime mon désir ; mais le vôtre,
chers pèlerins, le vôtre qui s'identifie avec le
mien, pourrais-je l'oublier? Sur le plateau de
ma montagne n'êtes-vous pas exposés à tous
les désagréments d'un lieu à ciel ouvert ?
Ardeur du soleil, inconvénient de la pluie,
fureur des vents, vous avez tout à braver.
Vous demandez donc, et je demande instam-
ment pour vous des abris, mais de vastes
abris qui puissent vous protéger, où vous
puissiez trouver le repos dans vos fatigues et
plus de facilité pour le recueillement dans la
orière.
Ces désirs, indulgent lecteur, je souhaite
ardemment de les voir réaliser. Mais, pour y
réussir, ma faiblesse est impuissante. Vous
seul, dans la mesure de vos ressources, pouvez
opérer ce prodige.
Êtes-vous riche ? Un petit prélèvement, s'il
vous plaît, sur votre superflu. Êtes-vous pau-
vres ? Une petite économie sur votre indi-
gence. Ces petites offrandes, surnaturalisées
par votre pieuse intention, deviendront des
eurons qui fourairont un jour votre cou-
ronne de gloire.
Cette voix qui vous implore n'est pas la
mienne, mais celle de Notre-Dame de la Sa-
lette. Ecoutez-la, je vous en supplie, et la
vierge miséricordieuse des Alpes jse plaira à
vous bénir, vous et vos familles, et à bénir
aussi la France, cette patrie qui nous est si
chère.
Veuillez bien, cher lecteur, agréer les hom-
mages les plus respectueux et les plus recon-
naissants de votre petite, de votre bien hum-
ble et très indigne servante.
La chapelle de Notre-Dame de la Salette
du Nord, près Noyai, par Guise.
Croit-on que les faiseurs de pareils
boniments pousseraient plus loin l'inep-
tie si le Concordat était dénoncé et le
budget des cultes supprimé? Ils en sont
à faire écrire une montagne qui n'en
peut mais et à soutirer, en 0 termes gro-
tesques, l'argent des pauvres diables.
Que pourraient-ils de plus, sous le ré-
gime de la séparation, les deux prêtres
qui signent cette pièce et qui, très pro-
bablement, sont payés sur le budget de
la République?
A. GiUUHR.
■
, —i.
INAUGURATION
DE LA STATUE DU GÉNÉRAL CHANZY
Les fêtes qui ont commencé samedi au
Mans et qui ont continué hier dimanche,
à l'occasion de l'inauguration du monu-
ment du général Chanzy, ont été extrê-
mement brillantes.
Depuis plusieurs jours, la ville est le
rendez-vous d'une foule de notabilités de
de toutes sortes, parmi lesquelles on re-
marque une grande quantité d'anciens
combattants de l'armée de la Loire. Voici,
dans l'ordre où elles nous parviennent, les
dépêches relatives à cette solennité pa-
triotique : - v
Le Mans, 16 août.
Le général Campenon, ministre de la
guerre, et M. Aîlain-Targé, ministre de l'in-
térieur, sont arrivés ici par le train de
il h. 44.
Le ministre de l'intérieur est monté dans
la voiture du préfet de la Sarthe et le géné-
ral Campenon a pris place dans la voiture du
général Thomassin, commandant le corps
d'armée.
L'inauguration de la statue du général
Chanzy aura lieu à deux heures.
Le Mans, 16 août.
L'inauguration du monument du général
Chanzy a eu lieu à deux heures, par un temps
splendide, devant une foule immense, en pré-
sence du général Campenon, des amiraux
Jauréguiberry, Jaurès.
Des discours ont été prononcés par M.lle
ministre de la guerre, l'amiral Jauréguiberry
et M. Cordelet, sénateur.
Le général Campenon a rappelé qu'à l'épo-
que de nos plus grands revers, quand le sol
de la patrie était envahi, foulé par l'étranger,
le général Chanzy fut un de ceux chez les-
quels la foi dans les destinées de la patrie ne
s'est pas démentie un seul instant. fi sut faire
partager cette foi à sa jeune armée, dans les
rangs de laqua! le il accueillit des hommes de
toutes les opinions qui s'uuucnt dans un sen-
timent unanime, celui de la résisuQpe à l'in-
vasion. (Salve d'applaudissements.)
L'armée française est un tout dont les par-
ties vibrent à l'unisson.
Ces temps sont loin de nous, a ajouté le
général Campenon, mais le gouvernement de
la République a le devoir de ne pas les laisser
tomber dans l'oubli. Au jour du danger, le
pays a le droit de compter sur le concours
unanime de tous les citoyens. (Applaudisse-
ments. )
Le ministre a terminé en adressant, au
nom de l'armée, un salut à la statue du gé-
néral Chanzy.
Après le discours de M. Jauréguiberry, M.
Cordelet, sénateur, maire du Mans, a pris au
nom de la ville possession du monument.
Le général Campenon a remis la croix d'of-
ficier de la Légion d'honneur à M. Minot,
chef d'escadron de gendarmerie à Alencon,
la croix de chevalier à M. Ginestet, chef de
division à la compagnie de l'Ouest. Il a en-
suite distribué plusieurs médailles militaires.
Le défilé des troupes a eu lieu ensuite dans
un ordre parfait, au son de la Marseillaise.
Le général Campenon, après une courte
visite à la préfecture, est reparti pour Paris
à 3 h. 37.
Le Mans, 16 août, 4 h. 30 soir.
Un incident s'est produit au début de la
cérémonie d'inauguration du monument.
L'attaché militaire près l'ambassade de
Russie y assistait en uniforme. A sa vue, la
foule des assistants a applaudi bruyamment
en criant : « Vive la Russie! »
Le Mans, 16 août.
A quatre heures de l'après-midi a eu lieu
la manifestation au. monument élevé à Pont-
lieue, en l'honneur des victimes de la guerre.
M. Rubillard, sénateur, a prononcé une
allocution patriotique, qui a été bien accueil-
lie des assistants. Ceux-ci, au nombre de
4,000 environ, se sont ensuite séparés sans
incident.
Le banquet, qui aura lieu à six heures, sera
présidé par M. Cordelet, sénateur.
C'est devant une foule évaluée à plus
de 20,000 personnes que les officiers d'ar-
tillerie et de cavalerie ont exécuté, sa-
medi, un brillant carrousel, sous les quin-
conces des Jacobins à l'occasion de l'inau-
guration du monument de Chanzy.
Le général Thomassin, commandant le
4e corps, entouré de toute la municipalité
et ayant près de lui M. Cordelet, sénateur
et maire du Mans, présidait ce divertisse-
ment, dont voici le programme :
Premier quadrille (couleur bleue). — Pre-
mier demi quadrille : MM. de Saint-Sauveur,
Barbier, de Cazes, Viai.
Deuxième demi-quadrille : MM. Dulac
Cottu, Espivent de la Villeboisnet, de Brvl
dArcy.
Deuxième quadrille (couleur verte). — Pre-
mier demi-quadrille : MM. Foiret, Davril, Fri-
chement, de Loustal.
Deuxième demi-quadrille : MM. Marande,
Crepey, Dupuis, de Beauvais.
Troisième quadrille (couleur jaune). —
Premier demi-quadrille : MM. de Laage, de
Meux, de la Villestreux, d'Alès, Lemet.
Quatrième quadrille (couleur rouge). -
Premier demi-quadrille : MM. Gayet, Bate-
reau, Metzer, de Villeneuve.
Deuxième d .imi-quadrille : MM. Phelip,
Basson, Ducrest de Villeneuve, de Guibsrt.
Carrousel de troupe. — M. Brenne, capi-
taine-instructeur au 28 dragons.
Premier peloton : M. Doncœur; deuxième
peloton, M. Perlat; troisième peloton, M. Mau-
rer; quatrième peloton, M. James.
Saut de la haie par MM. les officiers.
Les jeux de tête, de bague, le saut des
haies, les voiles, tous les exercices enfin
ont été admirablement réussis et chaleu-
reusement applaudis par la foule. Les
lauréats de ce carrousel sont AIM, Dulac,
officier de dragons, et Sévérot, officier de
chasseurs.
On trouvera plus loin le texte du dis
cours prononcé par l'amiral Jauréguiberr*
à l'inauguration du monument.,
LES ON-DIT
Hier soir, ceux qui allaient respirer ui
peu d'air aux Champs-Elysées et au boit
de Boulogne respiraient un air nauséa-
bond.
Quand donc cessera-t-on d'empester
Paris?
e
Le monde des artistes demande si l'on
VII abandonner à une destruction certaine
les beiue neintures de Théodore Chassé-
nau, à la COiu ie,; comptes.
Ces peintures pour.ta.;.'ont très bien être
détachées du mur, comme bn a fait pour •
celles de Pompéi.
Les compositions épiques de la Gùe.
et de la Paix, les panneaux allégoriques
et les grisailles qui décorent la Cour des
comptes sont des morceaux qui méritent
d'être arrachés à la lente destruction qui
les menace.
-
& g*
Notre confrère M. Emile Gautier, l'un
des condamnés du procès des anarchistes
de Lyon, vient d'être mis en liberté.
Sa grâce a été signée par le président
de la République sur la proposition du
ministre de l'intérieur.
ft
Nous avons parlé des faits graves qui S3
sont passés dans le 66 arrondissement et
auxquels M. D. a été mêlé.
Le Siècle annonce que M. le préfet de
police vient de relever M. D. de ses
fonctions de médecin du service.
M. Marmottan, maire, et la municipa-
lité du 160 arrondissement ont organisé une
grande fête foraine au profit de la Caisse
des écoles et des orphelins de l'arron-
dissement.
Cette fête, qui doit durer quinze jours,
a commencé hier au Point-du-Jour. De
nombreux divertissements, des concerts,
des lancemeuts de ballons, sont sur le
programme.
La foule était énorme ; les Parisiens ne
laissent jamais échapper l'occasion de s'a-
muser en faisant le bien.
Peuilleton du RAPPEL
DU 18 AOUT
34
LA BANDE
DES
COPURCHICS
ROMAN TARI SIEN
IX
Le Cochon-fidèle
(Suite)
Les Copùrchics allaient sortir, lorsqu'un
teune étudiant entra.
- Cochegrue 1 s'écrièrent les Copur-
chics. Ah! tu arrives à propos pour que
nous prenions une chope avec toi.
— Je l'entends ainsi, dit Cochegrue,
Reproduction interdite.
Voir le Rappel du 13 juillet au 17 août,
puisque je vous trouve sur mes domaines.
Pater Armandus, des chopes. Ah ça! il y
a des têtes ici que je ne connais pas. Il
n'y a pas de mouchards parmi ces con-
sommateurs, au moins? S'il y a des mou-
chards, je me fiche d'eux. Je les ai à la
campagne, les mouchards, et la rousse,
et l'empire. A nous ces chopes, et à la
santé de la République.
— Vive la République! crièrent Copur-
chies et Bistouris.
— A bas l'empire 1 à bas l'empereur!
cria Cochegrue.
Et montant sur une table, il éleva son
verre :
— 0 cadavres, parlez! quels sont vos assassins?
Quelles mains ont plongé ces stylets dans vos seins?
Toi d'abord, que je vois dans cette ombre apparaître,
Ton nom?—-Religion. — Ton meurtrier? - Le- prêtre.
- Vous, vos noms?—Probité, Pudeur, Raison, Vertu.
- Et qui vous égorgea? - L'Eglise. -Toi, qu'es-tu?
- Je suis la Foi publique. — Et qui t'a poignardée?
- Le Sermeat. - Toi qui dors de ton sang inondée?
- Mon nom était Justice.—Et quel est ton bourreau?
- Le Juge. - Et toi, géant, sans glaive à ton fourreau,
Et dont la boue éteint l'auréole enflammée?
- Je m'appelle Austerlitz. - Qui t'a tué? - L'arniée.
— Bravo ! bravo l cria-t-on.
- Vive Victor Hugo!
- Crions encore en Clloeur * Vive la
lépublique !
r-Oui, criez à huis clos, dit un con-
sommateur, vous n'oseriez pas crier dans
la rue.
— Nous n'oserions pas! dit Cochegrue.
Vous êtes donc un mouchard, vous ? Pater
Armandus, tu reçois des mouchards ici ?
— Je suis étudiant comme vous, dit
le consommateur en jetant sa carte de
visite, mais je n'aime pas- les manifesta-
tions puériles.
— Eh bien! dit Cochegrue, je vous
parie, si vous voulez, d'aller crier plu-
sieurs fois : « Vive la République! » au
nez des sergos.
- Vous vous feriez arrêter.
- Et je ne serai pas arrêté;
- Je tiens le pari.
- Des chopes pour la société.
- C'est tenu.
- Eh bien, sortons ensemble. Il est
une heure et demie du matin, c'est l'heure
où les agents aiment le moins le tapage
et on risque le plus d'être arrêté. Allons
sur le boul'Miche.
— Bona dies, pater Armandus.,
— Ave, répondit le patron du Cochon-
Fidèle.
Ils sortirent de l'établissement. Coqsi-
gno se déroba avec Nichonnette.
Cochegrue prit la tète de la bande.
4 Cochegrue était seigneur de la rue des.
Cordiers, ce pourquoi il était de Corderoi.
Il appartenait à la bande des Copurcbics,
mais comme Camboulives, par ses ami-
tiés, car il ne portait pas leur costume et
ne partageait pas leur vie commune.
Il habitait rue des Cordiers et mangeait,
buvait et travaillait au Cochon-Fidèle. Un
peu plus âgé que les autres, il ne songeait
plus qu'à piocher, et pour prouver qu'il
travaillait, il ne quittait jamais son Tri-
pier qui gonflait sa poche, en pendant des
papiers sur lesquels il griffonnait qui bour-
raient l'autre poche.
Aussitôt sur le boul'Miche, il aborda
deux sergents de ville.
— Allez donc vitement rue Jacques,
leur dit-il, il y a là-bas une bande de gens
en blouse qui crient : Vive la Ilépu-
blique!
Il parlait à voix basse, mais il criait :
Vive la République ! à tue-tête.
— Où ça? demandèrent les agents.
— Rue Jacques. Ils sont nombreux et
ils crient, àles entendre d'une lieue : Vive
la République l
— Ne criez pas si fort vous-même.
- Moi? Oh ( ce n'est rien à côté d'eux,
allez ! il faut les entendre gueuler : Vive
la République! vive la République!
—■ Ah! vous allez vous taire, à la fin?
— Oui, mais voyez donc qui sont ces
gens-là. Il y a autour d'eux un grand
attroupement.
— îfous allons voir, dirent les agents
en se dirigeant vers la rue Jacques.
- Eh bien, dit Cochegrue, ai-je gagné?
— Je vais payer, dit l'étudiant.
- Pas ce soir, dit Cochegrue, mais
demain, au Cochon-Fidèle.
:
X
La Belle Gabriclle
En montant chez eux, les Copurchics
heurtèrent à l'huis de Guibolmar pour
savoir s'il était couché.
— Une fugue, murmura Mailloohon.'
Guibolmar était chez Mme de Bordes.
Il avait recommencé son petit manège
de la rue de Varenne, et déjà se trouvait
aux pieds de Mme de Bordes.
— Ah ! ma belle Gabrielle, ma belle
à moi, disait-il, veux-tu voir un homme
moulu ? Regarde-moi.
— Tu as une bosse sur !s front, mon
Marc.
— Ma bosse n'est rien, dit Marc Ré-
gnier, mais les côtes et les jambes !. ,
- Tu t'es battu?
- Une mêlée terrible !
Et Marc lui raconta la bataille dn Vieux
Chêne.
— Tu es fou! s'écria Gabrielle de Bor-
des, d'aller dans des endroits où ne va
que le rebut de la population parisienne.
- Il faut faire comme les camarades.
- Pas du tout, dit Gabrielle. Les cama-
rades!. les camarades 1. Qu'est-ce que
c'est que les camarades !.
— Des amis.
— Des amis qui ne penseront guère à
toi le jour où tu finiras tes études et où
ils termineront les leurs. Je ne veux pas
que tu recommences, moi ! Et tu vas me
promettre de ne plus retourner dans ces
mauvais lieux.
— Je te le promets.
- Et tu souffres?
— Pas précisément. Ce n'est qu'en fai-
sant certains mouvements.
— Mon pauvre! tu es tout meurtri
EDGAR MONTEIL.
(A suivre.}
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