Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-08-12
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 août 1885 12 août 1885
Description : 1885/08/12 (N5633). 1885/08/12 (N5633).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75392977
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
i *
ND 5633 — Mercredi 12 Août 1885 De numéro: lOc. — Départements s ILCÎ c. 25 iwrmidor an 93 — N* 5633
ADMINISTRATIOlf
as. RUE DE VALOIS, 23
ABONNEMENTS
r "PARIS 1 DÉPARTEMENTS1
!!Kkîs mois 10 i> ] Trois mois. 13 50
g-j-g- TOftis. 20 » i Six moi s 27 a
Adresser lettres et mandats
A H. ERNEST LEPÈYRB *
4âBMEKISTRATEXIR-GÉRAtn!
LE RAPPEL
REDACTION
S'adresser au Secrétaire cle la Rédaction,
»e & à 6 heures du soir
48, HUE DE VALOIS, 48
SCef manuserHs noninsérés ne serct-,^- J. xeMfll
ANNONCES
M'. Ch. LAGRANGE, CERF et ce
,^«I»]ace de la Bourse, 6
Comment les monarchies finissent
Au moment où les monarchistes
vont tenter un suprême assaut contre
la République, il nous semble bon de
leur rappeler un autre assaut dont
l'anniversaire tombe aujourd'hui. Au
moment où ils vont tâcher que la mo-
narchie recommence, il ne nous dé-
plaît pas de leur rappeler comment elle
finit.
Quand, le mois dernier, le pays a
célébré l'anniversaire de la prise de la
Bastille, les royalistes se sont écriés :
— Qu'est-ce que c'est que ça, la prise
de la Bastille? La Bastille n'a pas été
prise! Est-ce qu'elle a été défendue?
Par qui l'aurait-elle été ? Elle avait pour
garnison quatre Suisses et trois inva-
lides. Ses canons étaient en carton. Il
n'y a pas eu un coup de fusil. Lorsque
les émeutiers sont arrivés au pied du
mur, ils ont trouvé le pont-levis baissé,
la porte ouverte toute grande et, sur le
seuil, le gouverneur Delaunay, qui
leur a dit gracieusement ; Messieurs,
prenez donc la peine d'entrer.
Pourquoi, ce qu'ils disent du 14 juil-
let, les royalistes ne le disent-ils pas
du 10 août? Nous serions les premiers
à leur accorder que les Tuileries n'ont
pas été défendues — par les royalistes.
Le roi avait fait appel à la noblesse ;
doux mille cartes avaient été distribuées
güx royalistes les plus prouvés, à ceux
'$ur qui l'on pouvait compter, à ceux
qui avaient juré de se faire tuer sur les
marches; de ces deux mille invités,
cent vingt acceptèrent l'invitation. Se
taire tuer sur les marches est un enga-
gement qu'on prend beaucoup plus
qu'on ne le tient. Nous l'avons vu le
& septembre 1870. De tous ceux qui
avaient juré de se faire tuer pour l'em-
pire, aucun n'a été trouvé sur les mar-
ches, ni au Sénat, ni à la Chambre, ni
à l'Hôtel de Ville, ni à la préfecture de
police, ni aux Tuileries, a Filons sur
Belgique » a été le mot de la fin. Les
bonapartistes se sont conformés reli-
gieusement au glorieux empereur qui
leur avait donné, à Sedan, l'exemple
de ne pas se faire tuer. Tous ont ré-
pondu comme le pèri- d'Admète quand
son fils lui demande de mourir à sa
place : — « Vivre est doux. »
Ce n'est pas non plus par le roi que
les Tuileries ont été défendues. Il com-
mença bien par dire : « Je consens que
mes amis me défendent; nous périrons
ou nous nous sauverons ensemble. »
Mais lorsque la reine lui offrit un pis-
tolet, il le refusa et il n'eut rien de plus
pressé que d'abandonner ses défenseurs
pour se réfugier à l'Assemblée. Sur la
route, il se conduisit d'une façon dont
je trouve un épisode dans un journal
anti-républicain. Je copie : « Tandis
que le département s'efforce d'ouvrir
au roi et à la reine un passage à tra-
vers la foule et que les suisses forment
la haie non sans peine, le roi se trouve
un instant à découvert, et en butte à
des apostrophes diverses. Un homme
crie qu'il veut lui parler : - Sacredieu!
dit-il, donnez-moi la main, et f. !
soyez sûr que vous tenez celle d'un
honnête homme et non d'un assassin,
et, malgré tous vos torts, je réponds
de la sûreté de vos jours. Je vais vous
conduire à l'Assemblée nationale. Mais
pour votre femme, elle n'entrera pas.
C'est une sacrée g. qui a fait le mal-
heur des Français. » Eh bien, quelle
fut la réponse du roi à cet homme qui
lui disait en face, et devant la reine,
que la reine était une sacrée g.?
« Le roi serra la main de l'homme et
parut avoir de la confiance en lui. » Je
répète que je copie.
- - -
Ce n'est donc pas plus le roi que la
noblesse qui a défendu les Tuileries.
Mais elles avaient d'autres défenseurs :
les Suisses. La défense fut à outrance.
Les fusils parlèrent et les canons rugi-
rent. Le .peuple eut quinze cents tués
et quatre mille blessés, — mais il tua
la royauté.
Le jour même, l'Assemblée décré-
tait : —« Le peuple français est invité à
former une Convention. — Le chef du
pouvoir exécutif est provisoirement
suspendu de ses fonctions, jusqu'à ce
- que la Convention nationale ait pro-
noncé sur les mesures à adopter pour
assurer la souveraineté du peuple et le
règne de la liberté et de l'égalité. — Le
roi et sa famille seront logés au Luxem-
bourg. » Louis XVI ne rentra jamais
aux Tuileries. Du Luxembourg il fut
transféré au Temple, et il ne revit les
Tuileries que de la place de la Révolu-
tion.
La royauté y rentra vingt-deux ans
après, ramenée par les Cosaques. Elle
en fut expulsée presque aussitôt. Elle y
revint cent jours après, ramenée par.
les Prussiens. Ni les Prussiens ni les
Cosaques ne l'y ramèneront plus. Les
Tuileries ont cessé d'être. Elles sont
tombées en poussière. C'est le complé-
ment de la démolition de la Bastille.
La monarchie, disparue sous sa forme
prison; a disparu sous sa forme palais.
Elle ne reparaîtra sous aucune for-
me, pas plus sous la forme royauté que
sous la forme empire. Il n'y aura plus
désormais qu'un souverain : le peuple.
AUGUSTE VACQUERIB.
I l H llll
Le ministre de la guerre a reçu, les 9 et
10 août, des télégrammes du général de
Courcy, qui répondent à plusieurs dépê-
ches arrivées tardivement, par suite d'in-
terruption dans la ligne télégraphique.
Ces télégrammes sont en grande partie
relatifs aux mesures à prendre pour l'éta-
blissement du protectorat dans l'Annam.
Au Tonkin, les chefs des Pavillons-Noirs
ont disparu; leurs bandes sont, pour le
moment, dispersées.
Le commandant Tisseyre a été nommé
membre de la commission de délimitation
des frontières du Tonkin.
Plusieurs cas de choléra se sont mani-
festés à l'hôpital d'Haïphong.
Le général de Courcy signale, en outre,
une dépêche de l'évêque de Qui-nhone qui
annonce le massacre de cinq missionnaires
et d'un grand nombre de chrétiens dans
les provinces de Bin-dinh et de Phu-yen.
8,000 chrétiens se sont réfugiés sur les
concessions de Qui-nhoae, qui est occupée
par nous.
Le général Prudhomme est parti pour
Qui-nhone.
————————— - -
Oh î le pauvre héron ! dit Casilda en re-
gardant don Guritan :
Oh ! le pauvre héron ! près de l'eau qui le tente
Il se tient ; il attrape, après un jour d'attente.
Un bonjour, un bonsoir, souvent un mot bien sec,
Et s'en va tout joyeux cette pâture au bec.
Quand les réactionnaires attrapent une
nomination de conseiller général, ils sont
joyeux comme le pauvre héron, ils pous-
sent des cris de triomphe, ils déclarent
que la République est perdue et que le
pays ne veut plus en entendre parler.
Hier, il y avait quatre conseillers géné-
raux à élire.
Un pour le canton d'Attigny (Arden-
nes). — Résultat :
Massé, républicain. 849 voix
Flamenville, réaction.. 550
Le candidat républicain est élu.
Un pour le canton de Toucy (Yonne).
— Résultat :
Paul Bert, républicain 822 voix
Duguyot, républicain 569
Roche, réaction. 1.159
Il y a ballottage. Mais la République
a 1,491 voix, tandis que la réaction n'en
a que 1,157. On voit laquelle des deux
aura le dernier mot.
Un pour le canton d'Ouzouer-le-Mar-
ché (Loir-et-Cher). — Résultat :
Croissandeau, rép. 940 voix
Macrez, rép. 523
Petit, réactionnaire. 641
Il y a ballottage. Mais la République a
1,464 voix et la réaction 641. Ces chiffres
vous prédisent votre sort final, messieurs
les réactionnaires.
Un pour le canton de la Ferté-sous-
Jouarre (Seine-et-Marne). — Résultat :
Laîné, républicain 1,939 voix.
Et le candidat réactionnaire ?
Il n'y en avait pas. Ici, la réaction n'a-
vait pas même osé se montrer.
Ainsi, sur quatre élections, deux répu-
blicains élus, et deux qui le seront diman-
che. C'est-à-dire quatre sur quatre.
C'est ainsi que la réaction progresse.
C'est ainsi que le pays ne veut plus enten-
dre parler de la République. — A. V.
SOUSCRIPTION
POUR LB
MONUMENT DE VICTOR HUGO
Quatrième liste
Emile Bellier (Ue de la Réunion) 200 »
Monpillard. 5 »
Henri Degrée, à Dijon. 3 »
Courtois, à Saint-Dizier (Haute-
Marne), somme transmise par le
Petit J ourna l. 5 »
Henri Fiechter, déporté amnistié 1 »
Mme Neil, née Loustaunau. » 50
Adolphe Arnal, à Alais (Gard).. 5 »
Jules Renard, directeur de l'é-
cole Karguentah, à Oran (Algérie) 10 »
Reliquat d'une souscription faite
aux facultés et écoles de Toulouse
pour une couronne, somme versée
par M. Lafont. - 68 65
Un receveur de l'enregistrement
de la Somme. - - 5 »
Marius Legros, premier adjoint
au maire, à Equihen, commune
d'Outraau (Pas-de-Calais) 3 25
Docteur Marcellin Cazaux, rédac-
teur en chef du Journal des Eaux-
Bonnes. 10 »
Lucien Chédeville, 23, rue Mo-
lière 2 »
Les instituteurs et institutrices
de la ville de Paris (2e versement). 146 10
A. Pointe,70, rue des Martyrs.. 2 n
Mme Félicie Henri. 30 »
Victor de Lacroix, à Mulhouse
(Alsace) 20 »»
Léon Dicrx. 10 »
Pierre Legrand, ministre du
commerce. 100 a
Boudret, à Charleville (Arden-
nes). 3 »
Labordère 10 »
Jean-Baptiste Martel.. - 5 »
Henri Giraud, pharmacien à
Oran (Algérie).,. 20 »
Jules Labbé, professeur. 10 »
Breuillé, 64, boulevard Voltaire 20 »
Produit d'une souscription faite
par les habitants de la rue Victor-
Hugo, à Dijon, somme transmise
par le Progrès de la Côte-d'Or 24 25
M. et me Cochet, admirateurs
de Victor Hugo 2 »
La commission municipale de
la commune mixte de Bordj-bou-
Arréridj, somme transmise par M.
E. Prunier 100 »
Cinq enfants qui aimaient bien
le bon grand-père Victor Hugo et
qui le pleurent comme un père.. 5 »
Albert Grévy 20 »
Pagnant .5 »
Souscriptions recueillies par le
Groupe fraternel républicain des
anciens défenseurs de la patrie :
Béchevot, conseiller municipal
de Vincennes, 5 fr.; M. et Mené
Georges, M, et Mme Chêné, Jac-
ques, chacun 2 fr-; Tliouvenot,
1 fr. 50; Cravoisier, Grandjacques,
Charbonnier, Boyé, Dubos, Saltel,
Henry, Delapotterie, Guilmin, La-
barre, M. et Mme Desjardins, Mo-
reau, Kermin, Meirat, Paimbœuf
et Vagné, chacun 1 fr.; Langlois,
Peney, Tixier père, Louis Tixier,
Paul Tixier, Croisa, Keller, Ga-
vard, Dolbet, Schang, M. et Mme
Depost, Crauche, Soibinet, Bisson,
Gaillard et un Lorrain, chacun
50 c.; Tricot, 25 c. Ensemble. 3G 75
Caucurte. 20 »
Georges Dreyfus, 101, boulevard
Malesherbes. - 100 »
Fabre des Essards 5 »
Conté, coiffeur, à Cordes (Tarn). 2 »
Prévillat, capitaine en retraite
à Montredoll (Bouches-du-Rhône). 5 »
Les élèves du lycée de Vanvcs,
à Vanves (Seine). 22 30
La loge l'Union de Paris. 75 »
Gerveaud, facteur, à Montflan-
rmin n.nt-et.-Garonne.^ 5 »
Il - "-- - - - - 1
Souscriptions recueillies par le
Radical au Centre, à Limoges :
Le Radical du Centre, 20 fr.; MM.
Rançon, maire à Limoges, 5 fr.;
Béchade, rédacteur en chef du
Radical du Centre, 5 fr.; Valéry,
administrateur, 5 fr.; Bardy, em-
ployé, 2 fr.; Barrière, conseiller
municipal, 2 fr.; Raymond, doc-
teur en médecine, 5 fr.; Tarrade,
adjoint au maire, 5 fr.; un ou-
vrier sans travail, 25 c. ; une veuve
25 c.; une admiratrice de Victor
Hugo, 2 fr,; Despaux, adjoint au
maire, 5 fr.; Le Flâneur, 2 fr.
MM. les conseillers municipaux
Chalard, 2 fr.; Boisseuil, 2 fr.;
Chabrol, 2 fr.; Boyron, 2 fr.; Sou-
danas, 5 fr.; Gros, 2 fr.; Daniel
Lamayière , 5 fr. ; Dautremont,
2 fr.; Gardelle, 2 fr.; Pittault, 2 fr.;
Soumy, 2 fr.; Barjaud de Lafond,
5 fr.; Jouhandeau, 1 fr.; Mollat,5 Ir.;
Saraudy, 2 fr.; un groupe d'anciens
proscrits de la Hte-Vienne, 20 fr.;
Mme Robert, direct, d'école, 2fr.;
Savy, employé, 1 fr.; Ponty, 1 fr.;
Lesage, rue du Saint-Esprit, 3 fr.;
Mlle Julia Bardy, institutrice à
Saint-Yrieix, 1 fr.; Mlle Mélanie
Bardy, institutrice à Saint-Yrieix,
i fr.; Tallaud, 0 fr. 50; Marot père
et fils, 0 fr. 50; un groupe d'étu-
diants en médecine et pharmacie
de limoges, 20 fr. 50; Lagruc, 1 fr.;
Brun, 0 fr. 50; René Tandeau,
0 fr. 50, ensemble * 166 »
Roubinet. i »
La Solidarité. 8 50
Pierre Roche. 1 »
Laj cr t. » 50
Robert Roulhac.< » 50
Buisson » 50
LafoM. et » 50
Berry. 1 »
Diot, menuisier. » 50
Mme veuve Rouzoul, à Pootar-
lier (Doubs) 2 »
Reliquat d'une souscription faite
par la Cité, société de gymnasti-
que et de tir du 1er arrondisse-
ment pour offrir une couronne au
Grand Maître. 36 25
Jules Clare tie. 100 »
L'Association des élèves et des
anciens élèves de la faculté des
lettres de Paris : Reliquat d'une
souscription pour offrir une cou-
ronne à Victor Hugo. 22 i5
Reçu de la municipalité du 4a
arrondissement, MM. Maris, 10 fr.;
Moutardier, 1 fr.; Mathou, 5 fr.;
Gueit-Dessus, maire, 5 fr.; Gaitet,
Oulmann, Ricbourg, adjoints au
au maire, chacun 5 fr. Ensemble 34 »
(La fin à demain.)
-'———'———— 4>
On nous télégraphie de Buda-Pesth que
le ministre du commerce hongrois a donné
un déjeuner de gala en l'honneur de la
délégation française.
De nombreux toasts ont été portés à la
Hongrie par les Français, et à la France
par les Hongrois.
M. Maurice Jokai a fait ressortir chaleu-
reusement la communauté d'intérêts qui
existe entre la France et la Hongrie.
Les membres de la délégation française
ont rendu hommage au développement
rapide de la Hongrie, et ont manifesté
leur admiration pour la belle organisation
de l'exposition. Ils ont renouvelé leurs
remerciements pour l'accueil sympathique
qu ils ont reçu.
Le Théâtre national a joué dans la soi-
rée des pièces françaises.
Puis a eu lieu la réception du Club des
écrivains dans le parc du Muséum, éclairé
à la lumière électrique.
—
PROCÉDÉS RAISONNABLES
En rendant compte de son mandat,
M. Edouard Lockroy disait l'autre jour
que l'insuffisance de nos consuls, obli-
gés souvent de se renseigner auprès
des consuls étrangers, était l'un des
grands obstacles à l'expansion de nos
relations commerciales.
Cette idée que nous rencontrons dans
un discours particulièrement pratique,
nous la retrouvons dans une notice ex-
plicative accompagnant une publica-
tion toute spéciale et très intéressante
de la maison Chaix, et dirigée par M.
Bianconi. Il s'agit de cartes, dites com-
merciales, indiquant toutes les pro-
ductions agricoles ou industrielles,
etc., etc., auxquelles est joint un texte
donnant, sur la population, tous les
renseignements essentiels, ainsi que sur
la législation, et fournissant aussi d'u-
tiles indications sur les produits à im-
porter et les industries à créer.
Rien de plus complet, comme on
voit, au point de vue commercial, et
aussi rien de plus nouveau. La livrai-
son que nous avons sous les yeux, celle
de la Turquie d'Europe, justifie parfai-
tement les souscriptions dont la publi-
cation a été l'objet dans deux ou trois
ministères. Il faut espérer que ces en-
couragements officiels, donnés parfois
un peu légèrement, ne sont ici que le
prélude de la faveur publique. L'auteur
la mérite par la parfaite connaissance
du sujet et par le soin avec lequel il l'a
traité.
La notice dont nous avons parlé pro-
pose la création, dans chaque grande
région commerciale, d'un agent rele-
vant directement du ministère du com-
merce, dix-neuf en tout, coûtant
570,000 fr., dont les chambres de com-
merce offrent de payer 470,000 fr., soit
la plus grosse part. Ces agents quasi
gratuits pour le Trésor, auraient pour
mission de faire ce que nos consuls,
trop occupés ou ignorants de la langue
du pays, ne peuvent jamais faire.
Cet agent aurait pour mission de se dépla.
cer a6n d'étudier le pays dans toutes ses par-
ties les plus intéressantes et les moins con-
nues ; d'envoyer des rapports mensuels sur
la situation commerciale de chaque centre
important de la région ; de répondre à tous
les négociants qui, par l'entremise du minis-
tère du commerce ou des chambres de com-
merce, lui auraient fait parvenir des deman-
des; de signaler les d -bouchés nouveaux à
notre commerce. Il donnerait des détails pré-
cis sur les transports et leurs prix ; il indi-
querait les prix réels des produits du pays,
alors qu'ils n'ont pas encore pa-sé par les
mains des intermédiaires de la localité, les
produits manufacturés qui peuvent être in-
troduits dans le pays, et comment on doit
s'y prendre pour le faire avec avantage, etc.
Les rapports de cet agent seraient imprimés
et distribués aux chambres de commerce, où
les négociants viendraient les consulter. Mais
il serait indispensable que l'agent commercial
connût déjà la région qui doit former sa cir-
conscription et la langue ou les langues qui
s y parlent, ou bien qu'il se fût déjà occupé
de commerce dans ces parJges.
Si l'on jette les yeux sur les rensei-
gnements multiples à fournir par ces
agents dans l'univers entier et si l'on
met en regard des cent mille francs que
tous ensemble coûteraient au budget
le demi-milliard improductivement gas-
pillé par les politiques d'aventure, on
sent redoubler contre eux sa colère et
son indignation. N'en déplaise à M.
Jules Ferry, ce n'est pas à coups de
canon qu'on s'ouvre des débouchés
commerciaux, et la moindre réforme
du genre de celle que nous indiquons
aurait le double mérite de donner, à
beaucoup moins de frais, des résultats
plus certains et plus durables.
A. GAULIER..
■" ^——————
L'AFFAIRE PEL
C'est demain mercredi que commen-
cent devant la cour d'assises de Seine-etc.
Marne, présidée par M. le conseiller Bar-
dette, les débats de la seconde affaire de
l'horloger Pel.
Notre rédacteur judiciaire est parti hier
soir pour Melun, d'où il nous a ;r<*ssera
une première lettre, que nous publierons
dans notre premier numéro.
«1> « «i
LES ON-DIT
Les délégués du conseil municipal de
Paris sont partis hier matin par la gare
du Nord, se rendant à Londres.
La délégation, composée de MM. Mi-
chelin, président; Robinet, vice-président;
Strauss, Piehon, Desprès, etc., va étudier
sur place les diverses questions relatives
à l'organisation de l'assistance publique
en Angleterre, et particulièrement la
question des asiles de nuit.
On sait quels services rendent ces éta.-
blissements à la population indigente de
Londres; il s'agirait d'en fonder de sem-
blables à Paris.
Aujourd'hui, en effet, l'Assistance pu-
blique ne possède pas d'asiles de nuit;
ceux qui existent dans notre capitale sont
dus à l'initiative privée.
*
«F «
Hier a eu lieu à l'Hôtel de Ville le dépôf
des esquisses du concours ouvert à tou
les artistes français pour l'érection d'un
monument national à Jean-Jacques Rous-
seau.
Déposées dans la salle Saint-Jean, ces
esquisses feront l'objet d'une exposition
publique que l'on pourra visiter gratui-
tement.
Le programme du concours, en ce qui
concerne la composition du jury, attri-
buant aux concurrents le droit de dési-
gner un certain nombre de jurés, l'élec-
Peuilleton du RAPPEL
DU 12 AOOT
-.-,.,.#>- >":"P'
28
LA BANDE
DES
CO PUR CHI CS
H.OMAN PARISIEN
VII
lté déjeuner ehez Bonball
( Suite )
Guibolmar était pressé de rentrer place
du Panthéon, afin de pouvoir s'esquiver
jusqu'au boulevard Montparnasse.
Quand il fut débarrassé de ses amis, il
se hâta de filer et reprit ses habits de Co-
purchic dans ce réduit ignoré de sa bande
où il les avait laissés.
Reproduction interdite.
Voir le Rappel du 13 juillet au 11 ullfl
Là, un petit mot d'une écriture aimée
lui disait :
« Cette nuit. »
Il baisa amoureusement ces deux mots
et, en courant, revint au phalanstère.
Maillochon seul s'était aperçu de son
absence.
— Nous avons donc un amour sérieux?
dit-il.
Guibolmar ne répondit rien, mais fron-
ça les sourcils, et ses amis, ne voulant
pas le contrarier, ne lui ea soufflèrent
plus mot.
- Nous allons sortir, dit Maillochon,
frappe le gong.
Guibolmar frappa trois coups, puis
trois, et encore trois autres.
Aussitôt toutes les fenêtres à côté de la
sienne et à l'étage supérieur s'entrebâil-
lèrent, une tête passa par chacune de ces
fenêtres, les bouches de toutes ces têtes
s'ouvrirent à la fois, et de toutes ces bou-
ches sortit le même cri :
— Joie !
Et les fenêtres se refermèrent; les bou-
ches aussi.
Les voisins savaient quel spectacle les
attendait chaque fois qu'ils entendaient
résonner le gong, et le quartier présentait
alors un singulier aspect avec les curieux
passant la moitié du corps par les fenê-
tres, si bien que ceux qui croyaient uni-
quement jouir du soectacle des étudiante j
se donnaient eux aussi en pâture aux
yeux.
Le phalanstère était connu. Quoique
toute la maison fût habitée bourgeoise-
ment en dehors des deux derniers étages
occupés par les étudiants, dans la rue
Clotaire et la rue de la Vieille-Estrapade,
le numéro 9 de la place du Panthéon n'é-
tait dénommé par tous que « le phalans-
tère », depuis que les Copurchics l'avaient
ainsi baptisé.
— Voilà le phalanstère qui va sortir,
disait-on quand on entendait le gong.
- Sont-ils drôles! s'écriait-on.
Et ce n'était même pas toujours moral;
car une jeune ouvrière qui tirait son ai-
guille du matin au soir, la pauvrette, se
disait quelquefois :
— Ils s'amusent, ceux-là, ils sont gais.
Et elle enviait les femmes qu'elle voyait
apparaître derrière les étudiants.
— Oh ! en voilà une qui doit être poitri-
naire, dit-elle ce matin-là. -
C'était l'Absinthe que Maillochon avait
retrouvée, fidèle au poste, comme elle
disait, mais pour la dernière fois.
— Je vois, dit-elle à Maillochon, que tu
as pitié de moi, et je t'en suis reconnais-
sante. Tu es bon1. Ça remue toujours
quelque chose en nous de rencontrer de
la bonté. Mais quoi 1 tu ne m'aimes pas
plus que les autres, je n'ai aucune raison
de rester à ta charge. Et puis, vois-tu, tu
me sèvres d'absinthe, et ça me manque.
— Tuveux de l'absinthe dans du Sèvres ?
fit Coqsigno.
— Demeure donc tranquille, dit Maillo-
chon. Je t'aime bien.
— Merci, dit-elle. Je te quitterai demain
mafin, mais quand tu voudras m'embras-
ser, tu n'auras qu'à me faire signe du
bout du doigt.
— Partons-nous? demanda Peinturlure.
Il faut que nous allions chercher Cambou-
lives qui doit être à se parfumer.
Ils sortirent, s'inclinèrent devant le
Panthéon, firent la niquenette à Rouge-
.Lanterne, et saluèrent l'Ecole de Droit.
— Nous aurons bientôt nos examens,
dit Maillochon, le moment serait peut-
être bien choisi pour se remettre au tra-
vail.
— Nous avons encore un mois, dit
Peinturlure. Nous songerons à travailler
dans trois semaines.
Quand ils arrivèrent chez Camboulives,
ils trouvèrent avec lui la belle Amelina.
— Bonjour, charmante, lui dit Guibol-
mar.
— Ah! n est-ce pas, dit Camboulives à
ses amis, qu'il n'y a pas de femmes à notre
déjeuner et que je ne puis l'emmener?
— £ t l'Absinthe qui nous attend au bas
de l'escaiK°i\ dit Maillochon, vais-je la
mettre à la peCjte table?
- Tu vois, dit Amelina, je ne serai pas
la seule.
— Comment, s'écria Guibolmar, cet
affreux Camboulives hésitait !
Ils arrivèrent chez Bonbail en même
temps que les Bistouris.
— Ils ont des femmes ! s'écrièrent
ceux-ci.
— Oh t fit Coûtant, ça ne va pas se
passer comme ça. Du moment que quel-
ques-uns des déjeuneurs ont des femmes,
il faut que tous en possèdent.
- Oui t oui!
— Le déjeuner est-il sur le feu ? de-
manda Maillochon.
— Non, répondit la voix sopranique du
père Bonbail, je ne mettrai les biftecks
qu'au moment où vous commencerez les
huîtres 1
— Alors, vous êtes libres, messieurs,
dit Maillochon, d'aller chercher des com-
pagnes.
Il n'en fallut pas davantage. Copurchics
et Bistouris s'élancèrent dans les hôtels
garnis du voisinage, les battirent comme
chiens en broussailles, et ramenèrent ce
qu'ils dénichèrent, des femmes jolies et
des femmes passables, une bossue absolu-
ment laide, qui était connue dans le La-
tium sous le nom de Roule-ta-Bosse, et
une droite absolument vieille qui jouissait j
également d'une , notoriété considérable J
dans la même contrée sous le sobriquet
de Mouton.
Quand ils eurent tous rappliqué chez
Bonbail, un grave inconvénient se pré-
senta. Ils avaient commandé un déjeuner
pour quinze, et ils étaient seize, et elles,
elles étaient seize aussi, total trente-deux.
Le père Bonbail avait bien des biftecks
pour tous en les coupant en deux, mais
il n'y avait ni assez d'huîtres ni assez de
homards.
— Savez-vous ce qu'il faut faire? de-
manda Voissière.
— Donne l'essor à ton idée.
— Nous sommes à deux pas des Halles,
nous allons y aller en corps et rapporter
des provisions nouvelles.
— En avant!
Ils se mirent à la file, marchant deux
par deux, après avoir placé au premier
rang Camboulives et Amelina, parce que
celle-ci représentait le mieux le beau
sexe.
Quand cette bande défila sur le pont
Neuf, on commença à la regarder avec
curiosité, mais quand elle apparut aux
Halles et qu'on vit entrer ce monde dans
les pavillons pour acheter des huîtres et
des homards, son succès fut immense.
1 EDGAR MONTEIL.
(A suivra) ï
ND 5633 — Mercredi 12 Août 1885 De numéro: lOc. — Départements s ILCÎ c. 25 iwrmidor an 93 — N* 5633
ADMINISTRATIOlf
as. RUE DE VALOIS, 23
ABONNEMENTS
r "PARIS 1 DÉPARTEMENTS1
!!Kkîs mois 10 i> ] Trois mois. 13 50
g-j-g- TOftis. 20 » i Six moi s 27 a
Adresser lettres et mandats
A H. ERNEST LEPÈYRB *
4âBMEKISTRATEXIR-GÉRAtn!
LE RAPPEL
REDACTION
S'adresser au Secrétaire cle la Rédaction,
»e & à 6 heures du soir
48, HUE DE VALOIS, 48
SCef manuserHs noninsérés ne serct-,^- J. xeMfll
ANNONCES
M'. Ch. LAGRANGE, CERF et ce
,^«I»]ace de la Bourse, 6
Comment les monarchies finissent
Au moment où les monarchistes
vont tenter un suprême assaut contre
la République, il nous semble bon de
leur rappeler un autre assaut dont
l'anniversaire tombe aujourd'hui. Au
moment où ils vont tâcher que la mo-
narchie recommence, il ne nous dé-
plaît pas de leur rappeler comment elle
finit.
Quand, le mois dernier, le pays a
célébré l'anniversaire de la prise de la
Bastille, les royalistes se sont écriés :
— Qu'est-ce que c'est que ça, la prise
de la Bastille? La Bastille n'a pas été
prise! Est-ce qu'elle a été défendue?
Par qui l'aurait-elle été ? Elle avait pour
garnison quatre Suisses et trois inva-
lides. Ses canons étaient en carton. Il
n'y a pas eu un coup de fusil. Lorsque
les émeutiers sont arrivés au pied du
mur, ils ont trouvé le pont-levis baissé,
la porte ouverte toute grande et, sur le
seuil, le gouverneur Delaunay, qui
leur a dit gracieusement ; Messieurs,
prenez donc la peine d'entrer.
Pourquoi, ce qu'ils disent du 14 juil-
let, les royalistes ne le disent-ils pas
du 10 août? Nous serions les premiers
à leur accorder que les Tuileries n'ont
pas été défendues — par les royalistes.
Le roi avait fait appel à la noblesse ;
doux mille cartes avaient été distribuées
güx royalistes les plus prouvés, à ceux
'$ur qui l'on pouvait compter, à ceux
qui avaient juré de se faire tuer sur les
marches; de ces deux mille invités,
cent vingt acceptèrent l'invitation. Se
taire tuer sur les marches est un enga-
gement qu'on prend beaucoup plus
qu'on ne le tient. Nous l'avons vu le
& septembre 1870. De tous ceux qui
avaient juré de se faire tuer pour l'em-
pire, aucun n'a été trouvé sur les mar-
ches, ni au Sénat, ni à la Chambre, ni
à l'Hôtel de Ville, ni à la préfecture de
police, ni aux Tuileries, a Filons sur
Belgique » a été le mot de la fin. Les
bonapartistes se sont conformés reli-
gieusement au glorieux empereur qui
leur avait donné, à Sedan, l'exemple
de ne pas se faire tuer. Tous ont ré-
pondu comme le pèri- d'Admète quand
son fils lui demande de mourir à sa
place : — « Vivre est doux. »
Ce n'est pas non plus par le roi que
les Tuileries ont été défendues. Il com-
mença bien par dire : « Je consens que
mes amis me défendent; nous périrons
ou nous nous sauverons ensemble. »
Mais lorsque la reine lui offrit un pis-
tolet, il le refusa et il n'eut rien de plus
pressé que d'abandonner ses défenseurs
pour se réfugier à l'Assemblée. Sur la
route, il se conduisit d'une façon dont
je trouve un épisode dans un journal
anti-républicain. Je copie : « Tandis
que le département s'efforce d'ouvrir
au roi et à la reine un passage à tra-
vers la foule et que les suisses forment
la haie non sans peine, le roi se trouve
un instant à découvert, et en butte à
des apostrophes diverses. Un homme
crie qu'il veut lui parler : - Sacredieu!
dit-il, donnez-moi la main, et f. !
soyez sûr que vous tenez celle d'un
honnête homme et non d'un assassin,
et, malgré tous vos torts, je réponds
de la sûreté de vos jours. Je vais vous
conduire à l'Assemblée nationale. Mais
pour votre femme, elle n'entrera pas.
C'est une sacrée g. qui a fait le mal-
heur des Français. » Eh bien, quelle
fut la réponse du roi à cet homme qui
lui disait en face, et devant la reine,
que la reine était une sacrée g.?
« Le roi serra la main de l'homme et
parut avoir de la confiance en lui. » Je
répète que je copie.
- - -
Ce n'est donc pas plus le roi que la
noblesse qui a défendu les Tuileries.
Mais elles avaient d'autres défenseurs :
les Suisses. La défense fut à outrance.
Les fusils parlèrent et les canons rugi-
rent. Le .peuple eut quinze cents tués
et quatre mille blessés, — mais il tua
la royauté.
Le jour même, l'Assemblée décré-
tait : —« Le peuple français est invité à
former une Convention. — Le chef du
pouvoir exécutif est provisoirement
suspendu de ses fonctions, jusqu'à ce
- que la Convention nationale ait pro-
noncé sur les mesures à adopter pour
assurer la souveraineté du peuple et le
règne de la liberté et de l'égalité. — Le
roi et sa famille seront logés au Luxem-
bourg. » Louis XVI ne rentra jamais
aux Tuileries. Du Luxembourg il fut
transféré au Temple, et il ne revit les
Tuileries que de la place de la Révolu-
tion.
La royauté y rentra vingt-deux ans
après, ramenée par les Cosaques. Elle
en fut expulsée presque aussitôt. Elle y
revint cent jours après, ramenée par.
les Prussiens. Ni les Prussiens ni les
Cosaques ne l'y ramèneront plus. Les
Tuileries ont cessé d'être. Elles sont
tombées en poussière. C'est le complé-
ment de la démolition de la Bastille.
La monarchie, disparue sous sa forme
prison; a disparu sous sa forme palais.
Elle ne reparaîtra sous aucune for-
me, pas plus sous la forme royauté que
sous la forme empire. Il n'y aura plus
désormais qu'un souverain : le peuple.
AUGUSTE VACQUERIB.
I l H llll
Le ministre de la guerre a reçu, les 9 et
10 août, des télégrammes du général de
Courcy, qui répondent à plusieurs dépê-
ches arrivées tardivement, par suite d'in-
terruption dans la ligne télégraphique.
Ces télégrammes sont en grande partie
relatifs aux mesures à prendre pour l'éta-
blissement du protectorat dans l'Annam.
Au Tonkin, les chefs des Pavillons-Noirs
ont disparu; leurs bandes sont, pour le
moment, dispersées.
Le commandant Tisseyre a été nommé
membre de la commission de délimitation
des frontières du Tonkin.
Plusieurs cas de choléra se sont mani-
festés à l'hôpital d'Haïphong.
Le général de Courcy signale, en outre,
une dépêche de l'évêque de Qui-nhone qui
annonce le massacre de cinq missionnaires
et d'un grand nombre de chrétiens dans
les provinces de Bin-dinh et de Phu-yen.
8,000 chrétiens se sont réfugiés sur les
concessions de Qui-nhoae, qui est occupée
par nous.
Le général Prudhomme est parti pour
Qui-nhone.
————————— - -
Oh î le pauvre héron ! dit Casilda en re-
gardant don Guritan :
Oh ! le pauvre héron ! près de l'eau qui le tente
Il se tient ; il attrape, après un jour d'attente.
Un bonjour, un bonsoir, souvent un mot bien sec,
Et s'en va tout joyeux cette pâture au bec.
Quand les réactionnaires attrapent une
nomination de conseiller général, ils sont
joyeux comme le pauvre héron, ils pous-
sent des cris de triomphe, ils déclarent
que la République est perdue et que le
pays ne veut plus en entendre parler.
Hier, il y avait quatre conseillers géné-
raux à élire.
Un pour le canton d'Attigny (Arden-
nes). — Résultat :
Massé, républicain. 849 voix
Flamenville, réaction.. 550
Le candidat républicain est élu.
Un pour le canton de Toucy (Yonne).
— Résultat :
Paul Bert, républicain 822 voix
Duguyot, républicain 569
Roche, réaction. 1.159
Il y a ballottage. Mais la République
a 1,491 voix, tandis que la réaction n'en
a que 1,157. On voit laquelle des deux
aura le dernier mot.
Un pour le canton d'Ouzouer-le-Mar-
ché (Loir-et-Cher). — Résultat :
Croissandeau, rép. 940 voix
Macrez, rép. 523
Petit, réactionnaire. 641
Il y a ballottage. Mais la République a
1,464 voix et la réaction 641. Ces chiffres
vous prédisent votre sort final, messieurs
les réactionnaires.
Un pour le canton de la Ferté-sous-
Jouarre (Seine-et-Marne). — Résultat :
Laîné, républicain 1,939 voix.
Et le candidat réactionnaire ?
Il n'y en avait pas. Ici, la réaction n'a-
vait pas même osé se montrer.
Ainsi, sur quatre élections, deux répu-
blicains élus, et deux qui le seront diman-
che. C'est-à-dire quatre sur quatre.
C'est ainsi que la réaction progresse.
C'est ainsi que le pays ne veut plus enten-
dre parler de la République. — A. V.
SOUSCRIPTION
POUR LB
MONUMENT DE VICTOR HUGO
Quatrième liste
Emile Bellier (Ue de la Réunion) 200 »
Monpillard. 5 »
Henri Degrée, à Dijon. 3 »
Courtois, à Saint-Dizier (Haute-
Marne), somme transmise par le
Petit J ourna l. 5 »
Henri Fiechter, déporté amnistié 1 »
Mme Neil, née Loustaunau. » 50
Adolphe Arnal, à Alais (Gard).. 5 »
Jules Renard, directeur de l'é-
cole Karguentah, à Oran (Algérie) 10 »
Reliquat d'une souscription faite
aux facultés et écoles de Toulouse
pour une couronne, somme versée
par M. Lafont. - 68 65
Un receveur de l'enregistrement
de la Somme. - - 5 »
Marius Legros, premier adjoint
au maire, à Equihen, commune
d'Outraau (Pas-de-Calais) 3 25
Docteur Marcellin Cazaux, rédac-
teur en chef du Journal des Eaux-
Bonnes. 10 »
Lucien Chédeville, 23, rue Mo-
lière 2 »
Les instituteurs et institutrices
de la ville de Paris (2e versement). 146 10
A. Pointe,70, rue des Martyrs.. 2 n
Mme Félicie Henri. 30 »
Victor de Lacroix, à Mulhouse
(Alsace) 20 »»
Léon Dicrx. 10 »
Pierre Legrand, ministre du
commerce. 100 a
Boudret, à Charleville (Arden-
nes). 3 »
Labordère 10 »
Jean-Baptiste Martel.. - 5 »
Henri Giraud, pharmacien à
Oran (Algérie).,. 20 »
Jules Labbé, professeur. 10 »
Breuillé, 64, boulevard Voltaire 20 »
Produit d'une souscription faite
par les habitants de la rue Victor-
Hugo, à Dijon, somme transmise
par le Progrès de la Côte-d'Or 24 25
M. et me Cochet, admirateurs
de Victor Hugo 2 »
La commission municipale de
la commune mixte de Bordj-bou-
Arréridj, somme transmise par M.
E. Prunier 100 »
Cinq enfants qui aimaient bien
le bon grand-père Victor Hugo et
qui le pleurent comme un père.. 5 »
Albert Grévy 20 »
Pagnant .5 »
Souscriptions recueillies par le
Groupe fraternel républicain des
anciens défenseurs de la patrie :
Béchevot, conseiller municipal
de Vincennes, 5 fr.; M. et Mené
Georges, M, et Mme Chêné, Jac-
ques, chacun 2 fr-; Tliouvenot,
1 fr. 50; Cravoisier, Grandjacques,
Charbonnier, Boyé, Dubos, Saltel,
Henry, Delapotterie, Guilmin, La-
barre, M. et Mme Desjardins, Mo-
reau, Kermin, Meirat, Paimbœuf
et Vagné, chacun 1 fr.; Langlois,
Peney, Tixier père, Louis Tixier,
Paul Tixier, Croisa, Keller, Ga-
vard, Dolbet, Schang, M. et Mme
Depost, Crauche, Soibinet, Bisson,
Gaillard et un Lorrain, chacun
50 c.; Tricot, 25 c. Ensemble. 3G 75
Caucurte. 20 »
Georges Dreyfus, 101, boulevard
Malesherbes. - 100 »
Fabre des Essards 5 »
Conté, coiffeur, à Cordes (Tarn). 2 »
Prévillat, capitaine en retraite
à Montredoll (Bouches-du-Rhône). 5 »
Les élèves du lycée de Vanvcs,
à Vanves (Seine). 22 30
La loge l'Union de Paris. 75 »
Gerveaud, facteur, à Montflan-
rmin n.nt-et.-Garonne.^ 5 »
Il - "-- - - - - 1
Souscriptions recueillies par le
Radical au Centre, à Limoges :
Le Radical du Centre, 20 fr.; MM.
Rançon, maire à Limoges, 5 fr.;
Béchade, rédacteur en chef du
Radical du Centre, 5 fr.; Valéry,
administrateur, 5 fr.; Bardy, em-
ployé, 2 fr.; Barrière, conseiller
municipal, 2 fr.; Raymond, doc-
teur en médecine, 5 fr.; Tarrade,
adjoint au maire, 5 fr.; un ou-
vrier sans travail, 25 c. ; une veuve
25 c.; une admiratrice de Victor
Hugo, 2 fr,; Despaux, adjoint au
maire, 5 fr.; Le Flâneur, 2 fr.
MM. les conseillers municipaux
Chalard, 2 fr.; Boisseuil, 2 fr.;
Chabrol, 2 fr.; Boyron, 2 fr.; Sou-
danas, 5 fr.; Gros, 2 fr.; Daniel
Lamayière , 5 fr. ; Dautremont,
2 fr.; Gardelle, 2 fr.; Pittault, 2 fr.;
Soumy, 2 fr.; Barjaud de Lafond,
5 fr.; Jouhandeau, 1 fr.; Mollat,5 Ir.;
Saraudy, 2 fr.; un groupe d'anciens
proscrits de la Hte-Vienne, 20 fr.;
Mme Robert, direct, d'école, 2fr.;
Savy, employé, 1 fr.; Ponty, 1 fr.;
Lesage, rue du Saint-Esprit, 3 fr.;
Mlle Julia Bardy, institutrice à
Saint-Yrieix, 1 fr.; Mlle Mélanie
Bardy, institutrice à Saint-Yrieix,
i fr.; Tallaud, 0 fr. 50; Marot père
et fils, 0 fr. 50; un groupe d'étu-
diants en médecine et pharmacie
de limoges, 20 fr. 50; Lagruc, 1 fr.;
Brun, 0 fr. 50; René Tandeau,
0 fr. 50, ensemble * 166 »
Roubinet. i »
La Solidarité. 8 50
Pierre Roche. 1 »
Laj cr t. » 50
Robert Roulhac.< » 50
Buisson » 50
LafoM. et » 50
Berry. 1 »
Diot, menuisier. » 50
Mme veuve Rouzoul, à Pootar-
lier (Doubs) 2 »
Reliquat d'une souscription faite
par la Cité, société de gymnasti-
que et de tir du 1er arrondisse-
ment pour offrir une couronne au
Grand Maître. 36 25
Jules Clare tie. 100 »
L'Association des élèves et des
anciens élèves de la faculté des
lettres de Paris : Reliquat d'une
souscription pour offrir une cou-
ronne à Victor Hugo. 22 i5
Reçu de la municipalité du 4a
arrondissement, MM. Maris, 10 fr.;
Moutardier, 1 fr.; Mathou, 5 fr.;
Gueit-Dessus, maire, 5 fr.; Gaitet,
Oulmann, Ricbourg, adjoints au
au maire, chacun 5 fr. Ensemble 34 »
(La fin à demain.)
-'———'———— 4>
On nous télégraphie de Buda-Pesth que
le ministre du commerce hongrois a donné
un déjeuner de gala en l'honneur de la
délégation française.
De nombreux toasts ont été portés à la
Hongrie par les Français, et à la France
par les Hongrois.
M. Maurice Jokai a fait ressortir chaleu-
reusement la communauté d'intérêts qui
existe entre la France et la Hongrie.
Les membres de la délégation française
ont rendu hommage au développement
rapide de la Hongrie, et ont manifesté
leur admiration pour la belle organisation
de l'exposition. Ils ont renouvelé leurs
remerciements pour l'accueil sympathique
qu ils ont reçu.
Le Théâtre national a joué dans la soi-
rée des pièces françaises.
Puis a eu lieu la réception du Club des
écrivains dans le parc du Muséum, éclairé
à la lumière électrique.
—
PROCÉDÉS RAISONNABLES
En rendant compte de son mandat,
M. Edouard Lockroy disait l'autre jour
que l'insuffisance de nos consuls, obli-
gés souvent de se renseigner auprès
des consuls étrangers, était l'un des
grands obstacles à l'expansion de nos
relations commerciales.
Cette idée que nous rencontrons dans
un discours particulièrement pratique,
nous la retrouvons dans une notice ex-
plicative accompagnant une publica-
tion toute spéciale et très intéressante
de la maison Chaix, et dirigée par M.
Bianconi. Il s'agit de cartes, dites com-
merciales, indiquant toutes les pro-
ductions agricoles ou industrielles,
etc., etc., auxquelles est joint un texte
donnant, sur la population, tous les
renseignements essentiels, ainsi que sur
la législation, et fournissant aussi d'u-
tiles indications sur les produits à im-
porter et les industries à créer.
Rien de plus complet, comme on
voit, au point de vue commercial, et
aussi rien de plus nouveau. La livrai-
son que nous avons sous les yeux, celle
de la Turquie d'Europe, justifie parfai-
tement les souscriptions dont la publi-
cation a été l'objet dans deux ou trois
ministères. Il faut espérer que ces en-
couragements officiels, donnés parfois
un peu légèrement, ne sont ici que le
prélude de la faveur publique. L'auteur
la mérite par la parfaite connaissance
du sujet et par le soin avec lequel il l'a
traité.
La notice dont nous avons parlé pro-
pose la création, dans chaque grande
région commerciale, d'un agent rele-
vant directement du ministère du com-
merce, dix-neuf en tout, coûtant
570,000 fr., dont les chambres de com-
merce offrent de payer 470,000 fr., soit
la plus grosse part. Ces agents quasi
gratuits pour le Trésor, auraient pour
mission de faire ce que nos consuls,
trop occupés ou ignorants de la langue
du pays, ne peuvent jamais faire.
Cet agent aurait pour mission de se dépla.
cer a6n d'étudier le pays dans toutes ses par-
ties les plus intéressantes et les moins con-
nues ; d'envoyer des rapports mensuels sur
la situation commerciale de chaque centre
important de la région ; de répondre à tous
les négociants qui, par l'entremise du minis-
tère du commerce ou des chambres de com-
merce, lui auraient fait parvenir des deman-
des; de signaler les d -bouchés nouveaux à
notre commerce. Il donnerait des détails pré-
cis sur les transports et leurs prix ; il indi-
querait les prix réels des produits du pays,
alors qu'ils n'ont pas encore pa-sé par les
mains des intermédiaires de la localité, les
produits manufacturés qui peuvent être in-
troduits dans le pays, et comment on doit
s'y prendre pour le faire avec avantage, etc.
Les rapports de cet agent seraient imprimés
et distribués aux chambres de commerce, où
les négociants viendraient les consulter. Mais
il serait indispensable que l'agent commercial
connût déjà la région qui doit former sa cir-
conscription et la langue ou les langues qui
s y parlent, ou bien qu'il se fût déjà occupé
de commerce dans ces parJges.
Si l'on jette les yeux sur les rensei-
gnements multiples à fournir par ces
agents dans l'univers entier et si l'on
met en regard des cent mille francs que
tous ensemble coûteraient au budget
le demi-milliard improductivement gas-
pillé par les politiques d'aventure, on
sent redoubler contre eux sa colère et
son indignation. N'en déplaise à M.
Jules Ferry, ce n'est pas à coups de
canon qu'on s'ouvre des débouchés
commerciaux, et la moindre réforme
du genre de celle que nous indiquons
aurait le double mérite de donner, à
beaucoup moins de frais, des résultats
plus certains et plus durables.
A. GAULIER..
■" ^——————
L'AFFAIRE PEL
C'est demain mercredi que commen-
cent devant la cour d'assises de Seine-etc.
Marne, présidée par M. le conseiller Bar-
dette, les débats de la seconde affaire de
l'horloger Pel.
Notre rédacteur judiciaire est parti hier
soir pour Melun, d'où il nous a ;r<*ssera
une première lettre, que nous publierons
dans notre premier numéro.
«1> « «i
LES ON-DIT
Les délégués du conseil municipal de
Paris sont partis hier matin par la gare
du Nord, se rendant à Londres.
La délégation, composée de MM. Mi-
chelin, président; Robinet, vice-président;
Strauss, Piehon, Desprès, etc., va étudier
sur place les diverses questions relatives
à l'organisation de l'assistance publique
en Angleterre, et particulièrement la
question des asiles de nuit.
On sait quels services rendent ces éta.-
blissements à la population indigente de
Londres; il s'agirait d'en fonder de sem-
blables à Paris.
Aujourd'hui, en effet, l'Assistance pu-
blique ne possède pas d'asiles de nuit;
ceux qui existent dans notre capitale sont
dus à l'initiative privée.
*
«F «
Hier a eu lieu à l'Hôtel de Ville le dépôf
des esquisses du concours ouvert à tou
les artistes français pour l'érection d'un
monument national à Jean-Jacques Rous-
seau.
Déposées dans la salle Saint-Jean, ces
esquisses feront l'objet d'une exposition
publique que l'on pourra visiter gratui-
tement.
Le programme du concours, en ce qui
concerne la composition du jury, attri-
buant aux concurrents le droit de dési-
gner un certain nombre de jurés, l'élec-
Peuilleton du RAPPEL
DU 12 AOOT
-.-,.,.#>- >":"P'
28
LA BANDE
DES
CO PUR CHI CS
H.OMAN PARISIEN
VII
lté déjeuner ehez Bonball
( Suite )
Guibolmar était pressé de rentrer place
du Panthéon, afin de pouvoir s'esquiver
jusqu'au boulevard Montparnasse.
Quand il fut débarrassé de ses amis, il
se hâta de filer et reprit ses habits de Co-
purchic dans ce réduit ignoré de sa bande
où il les avait laissés.
Reproduction interdite.
Voir le Rappel du 13 juillet au 11 ullfl
Là, un petit mot d'une écriture aimée
lui disait :
« Cette nuit. »
Il baisa amoureusement ces deux mots
et, en courant, revint au phalanstère.
Maillochon seul s'était aperçu de son
absence.
— Nous avons donc un amour sérieux?
dit-il.
Guibolmar ne répondit rien, mais fron-
ça les sourcils, et ses amis, ne voulant
pas le contrarier, ne lui ea soufflèrent
plus mot.
- Nous allons sortir, dit Maillochon,
frappe le gong.
Guibolmar frappa trois coups, puis
trois, et encore trois autres.
Aussitôt toutes les fenêtres à côté de la
sienne et à l'étage supérieur s'entrebâil-
lèrent, une tête passa par chacune de ces
fenêtres, les bouches de toutes ces têtes
s'ouvrirent à la fois, et de toutes ces bou-
ches sortit le même cri :
— Joie !
Et les fenêtres se refermèrent; les bou-
ches aussi.
Les voisins savaient quel spectacle les
attendait chaque fois qu'ils entendaient
résonner le gong, et le quartier présentait
alors un singulier aspect avec les curieux
passant la moitié du corps par les fenê-
tres, si bien que ceux qui croyaient uni-
quement jouir du soectacle des étudiante j
se donnaient eux aussi en pâture aux
yeux.
Le phalanstère était connu. Quoique
toute la maison fût habitée bourgeoise-
ment en dehors des deux derniers étages
occupés par les étudiants, dans la rue
Clotaire et la rue de la Vieille-Estrapade,
le numéro 9 de la place du Panthéon n'é-
tait dénommé par tous que « le phalans-
tère », depuis que les Copurchics l'avaient
ainsi baptisé.
— Voilà le phalanstère qui va sortir,
disait-on quand on entendait le gong.
- Sont-ils drôles! s'écriait-on.
Et ce n'était même pas toujours moral;
car une jeune ouvrière qui tirait son ai-
guille du matin au soir, la pauvrette, se
disait quelquefois :
— Ils s'amusent, ceux-là, ils sont gais.
Et elle enviait les femmes qu'elle voyait
apparaître derrière les étudiants.
— Oh ! en voilà une qui doit être poitri-
naire, dit-elle ce matin-là. -
C'était l'Absinthe que Maillochon avait
retrouvée, fidèle au poste, comme elle
disait, mais pour la dernière fois.
— Je vois, dit-elle à Maillochon, que tu
as pitié de moi, et je t'en suis reconnais-
sante. Tu es bon1. Ça remue toujours
quelque chose en nous de rencontrer de
la bonté. Mais quoi 1 tu ne m'aimes pas
plus que les autres, je n'ai aucune raison
de rester à ta charge. Et puis, vois-tu, tu
me sèvres d'absinthe, et ça me manque.
— Tuveux de l'absinthe dans du Sèvres ?
fit Coqsigno.
— Demeure donc tranquille, dit Maillo-
chon. Je t'aime bien.
— Merci, dit-elle. Je te quitterai demain
mafin, mais quand tu voudras m'embras-
ser, tu n'auras qu'à me faire signe du
bout du doigt.
— Partons-nous? demanda Peinturlure.
Il faut que nous allions chercher Cambou-
lives qui doit être à se parfumer.
Ils sortirent, s'inclinèrent devant le
Panthéon, firent la niquenette à Rouge-
.Lanterne, et saluèrent l'Ecole de Droit.
— Nous aurons bientôt nos examens,
dit Maillochon, le moment serait peut-
être bien choisi pour se remettre au tra-
vail.
— Nous avons encore un mois, dit
Peinturlure. Nous songerons à travailler
dans trois semaines.
Quand ils arrivèrent chez Camboulives,
ils trouvèrent avec lui la belle Amelina.
— Bonjour, charmante, lui dit Guibol-
mar.
— Ah! n est-ce pas, dit Camboulives à
ses amis, qu'il n'y a pas de femmes à notre
déjeuner et que je ne puis l'emmener?
— £ t l'Absinthe qui nous attend au bas
de l'escaiK°i\ dit Maillochon, vais-je la
mettre à la peCjte table?
- Tu vois, dit Amelina, je ne serai pas
la seule.
— Comment, s'écria Guibolmar, cet
affreux Camboulives hésitait !
Ils arrivèrent chez Bonbail en même
temps que les Bistouris.
— Ils ont des femmes ! s'écrièrent
ceux-ci.
— Oh t fit Coûtant, ça ne va pas se
passer comme ça. Du moment que quel-
ques-uns des déjeuneurs ont des femmes,
il faut que tous en possèdent.
- Oui t oui!
— Le déjeuner est-il sur le feu ? de-
manda Maillochon.
— Non, répondit la voix sopranique du
père Bonbail, je ne mettrai les biftecks
qu'au moment où vous commencerez les
huîtres 1
— Alors, vous êtes libres, messieurs,
dit Maillochon, d'aller chercher des com-
pagnes.
Il n'en fallut pas davantage. Copurchics
et Bistouris s'élancèrent dans les hôtels
garnis du voisinage, les battirent comme
chiens en broussailles, et ramenèrent ce
qu'ils dénichèrent, des femmes jolies et
des femmes passables, une bossue absolu-
ment laide, qui était connue dans le La-
tium sous le nom de Roule-ta-Bosse, et
une droite absolument vieille qui jouissait j
également d'une , notoriété considérable J
dans la même contrée sous le sobriquet
de Mouton.
Quand ils eurent tous rappliqué chez
Bonbail, un grave inconvénient se pré-
senta. Ils avaient commandé un déjeuner
pour quinze, et ils étaient seize, et elles,
elles étaient seize aussi, total trente-deux.
Le père Bonbail avait bien des biftecks
pour tous en les coupant en deux, mais
il n'y avait ni assez d'huîtres ni assez de
homards.
— Savez-vous ce qu'il faut faire? de-
manda Voissière.
— Donne l'essor à ton idée.
— Nous sommes à deux pas des Halles,
nous allons y aller en corps et rapporter
des provisions nouvelles.
— En avant!
Ils se mirent à la file, marchant deux
par deux, après avoir placé au premier
rang Camboulives et Amelina, parce que
celle-ci représentait le mieux le beau
sexe.
Quand cette bande défila sur le pont
Neuf, on commença à la regarder avec
curiosité, mais quand elle apparut aux
Halles et qu'on vit entrer ce monde dans
les pavillons pour acheter des huîtres et
des homards, son succès fut immense.
1 EDGAR MONTEIL.
(A suivra) ï
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