Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-08-10
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 août 1885 10 août 1885
Description : 1885/08/10 (N5631). 1885/08/10 (N5631).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7539295d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
N° 5631 - Lundi 10 Août 1885 le numéro : lOc. — Départements : iS c. 23 rhermidor an 93 — NG 5631
ADMINISTRATION
*8, JRXIB DE VALOIS, 13
ABOïïKEMENTS
rAnIS
Trois mois li) ii
Trois mois .10 »
Sixmois*»••••■• Jd »
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Six moi s 22 à
Adresser lettres et man-Ms ( : "-'
i, M. ERNEST LEFÈVBS - *
JÎDMiriSTRAISUrcGÏÏKASI
01
REDACTION
- tamsser au. Secrétaire ae la RéJaction.
2>e £ à6 heures du soir
ÎS, HUE 3>E VAIOIS, 18
es manuscrits non insères ne seront as reaisJ
ANNONCES
.ÏPC. COi. XAGRANGE, CERF et C®
-..; .4). place de la. Bourse. 6
LES LIST ES RllCTIiMIRES
Rien ne jette un jour plus agréable
Sur la façon dont les bonapartistes
s'entendent avec les royalistes, et s'en-
tendent entre eux, que la petite his-
toire qui vient d'être racontée par
M. Robert Mitchell.
M. Robert Mitchell est un homme
d'esprit, bien qu'il croie, par instants,
à la possibilité d'une résurrection de
l'empire. Il a un talent de parole qu'il
met actuellement au service du parti
qu'une Assemblée royaliste a déclaré
responsable de la ruine, de la défaite et
du démembrement de la France.
Dans les premiers jours de juillet, il
s'agissait de faire la liste -- des candidats
réactionnaires dans le département du
Nord. Le comité central impérialiste,
qui siège à Paris, fut informé que la
liste du Nord « sacrifiait absolument »
l'impérialisme. Il n'y avait qu'une
chose à faire : dépêcher M. Robert Mit-
cheli à Lille. Orphée domptait les ti-
gres ; M^Robert Mitchell dompterait
les royalistes, qui, à ses premiers ac-
cents, viendraient ramper à ses pieds
et les lui lécher amoureusement.
Chose étrange! les royalistes de Lille
résistèrent aux accents de M. Mitchell.
Il eut beau leur chanter que le grand
parti conservateur ne pourrait venir à
bout de cette infâme République que
par l'accord des comités royalistes de
province avec le comité impérialiste.de
Paris, et qu'ils auraient dû s'aboucher
avec le due de Padoue. - Nous ne
nous sommes pas même abouchés avec
le comte de Paris ! répondirent-ils.
C'est comme cela? dit l'envoyé du
somité bonapartiste. Eh bien, je
vais m'adresser au peuple! Et il an-
nonça trois réunions publiques.
Le comité royaliste trembla. Il appela
à son secours, devinez qui? un bona-
partiste. Un bonapartiste? Oui, M. Paul
de Cassagnac. Ce qui ajoute à la chose,
c'est que M. Paul de Cassagnac est
vice-président du comité central impé-
liste. M. Paul de Cassagnac écrivit :
- « J'affirme que M. Robert Mitcheli
n'a pas été autorisé par le comité cen-
tral impérialiste dont je suis vice-
président. C'est en son nom personnel
qu'il a agi et non pas en notre nom.
Le comité central est absolument étran-
ger à ses agissements. »
Mais alors M. Mitchell avait donc
menti en disant qu'il avait mandat du
comité central impérialiste? Il ne vou-
lut pas rester sous le coup d'une telle
injure, et il demanda au comité une
attestation qui lui fut immédiatement
envoyée en ces termes : — « Le comité
central impérialiste vous avait chargé
de vous entendre avec les comités élec-
toraux du département du Nord pour
arrêter le nombre des candidats impé-
rialistes qui doivent figurer sur la liste
commune. Nous vous remercions des
efforts que vous avez tentés pour arri-
ver à une entente sur des bases équita-
bles. » Signé : « Le président du comité
central : A. DE PADOUE. » — Désavoué
par le vice-président, avoué et remercié
par le président, voilà un drôle de
comité.
Les trois réunions annoncées eurent
lieu. L'effet en fut tel que le comité
royaliste « comprit qu'il était temps de
faire les concessions qu'on lui deman-
dait ». Nouveaux remerciements de
M. de Padoue à Orphée: - « Monsieur
et cher collaborateur, le comité vous
remercie des succès que vous avez
obtenus à Roubaix, à Watterloo, à
Tourcoing; et, puisque vous avez an-
noncé pour lundi une nouvelle confé-
rence, il vous demande de continuer à
affirmer la vitalité du parti impérialiste
dans le département du Nord. » Voilà,
certes, un orateur qui peut se dire plus
qu'autorisé, encouragé, invité, excité
à parler. Tout à coup, M. de Padoue
lui a crié : — Taisez-vous!
Il lui a été signifié d'avoir à « cesser
le cours de ses conférences ». On a dai-
gné lui permettre celle qui était affi-
chée, mais à la condition qu'il y dirait
le contraire de ce qu'il avait dit dans
les autres.
Que s'était-il donc passé? Que M.
Paul de Cassagnac s'était fâché et avait
menacé de sa démission. Le président
du comité central avait obéi au vice-
président. Le comité central avait fait
amende honorable. M. Robert Mitcheli
fait ramper les comités départemen-
taux; M.Paul de Cassagnac fait ramper
le comité central. M. Robert Mitchell
est un Orphée de province ; M. Paul de
Cassagnac est l'Orphée de Paris.
Ce n'est pas seulement la victoire de
M. de Cassagnac, c'est aussi la victoire
du comité royaliste. M. Mitchell était
chargé d'exiger huit candidats impéria-
listes sur quinze. « Maintenez ce chif-
fre », lui écrivait le comité de Paris ;
un seul candidat de moins, « la liste
ne serait plus une liste de conciliation,
mais une liste de soumission ». M. Mit-
chell renié, c'est la soumission des bo-
napartistes.
Au moins l'accord est-il enfin conclu !
Oui, répondent les uns. Non, répond
M. Mitchell. Et toutes ces querelles
entre bonapartistes et royalistes, entre
bonapartistes et bonapartistes, disent
de quel ordre, de quelle paix publique,
de quelle union, de quelle tranquillité,
de quelle sécurité nous jouirions si
jamais un accès de démence du suf-
frage universel donnait la majorité
à la réaction.
AUGUSTE VACQUERIE.
4> ,..
C'est aujourd'hui que les électeurs sé-
natoriaux de la Seine vont nommer le
successeur de Victor Hugo.
• Que la banlieue veuille être représen-
tée, rien de plus légitime. Mais M. Son-
goon, comme il l'a fort bien dit dans la
circulaire que nous avons publiée hier,
est aussi apte à la représenter que M.
Daix.
Dans les conditions où elle s'est pro-
duite, la candidature de M. Daix n'est pas
seulement une candidature de banlieue,
elle est une candidature de division. Elle
sépare le département de la Seine en
deux, elle oppose une de ses moitiés à
l'autre, et l'autre est la capitale.
La candidature de M. Songeon est une
candidature pour la République; la candi-
dature de M. Daix est une candidature
contre Paris. Tous les républicains doi-
vent voter pour M. Sçmgeon.
COULISSES DES CHAMBRES
M. Adam, de Seine-et-Marne, dont nous
avons annoncé la mort, est le dixième sé-
nateur décédé depuis le renouvellement
du 25 janvier dernier. Il y a actuellement
au Sénat quatre sièges vacants : celui du
général Chabaud-Latour, inamovible, qui
a été rattaché au département du Puy-de-
Dôme, celui de Victor Hugo, et celui de
MM. Ribière et Adam. Aux termes de la
nouvelle législation, aucun siège ne peut
rester vacant plus de trois mois au Sénat.
L'élection du successeur de Victor
Hugo à Paris a lieu aujourd'hui diman-
che, Le 23 août prochain, le Puy-de-
Dôme et l'Yonne éliront les remplaçants
du général Chabaud-Latour et de M. Ri-
bière. Il ne restera plus à convoquer que
les électeurs de Seine-et-Marne pour rem-
placer M. Adam.
A propos de ces vacances répétées, il
nous a paru curieux de rechercher les
modifications que le Sénat a subies de-
puis son origine jusqu'à ce jour.
Sur 300 membres qu'il comprend, le
Sénat n'en compte plus aujourd'hui que
115 qui datent de l'origine même. Elu le
30 janvier 1876, le Sénat a donc perdu en
dix ans IS5 de ses membres, soit par dé-
cès, soit par démission, soit enfin et sur-
tout par l'effet des renouvellements suc-
cessifs de 1879, 1832 et 1885.
Sur les 115 membres datant de la créa-
tion du Sénat, il y a 74 républicains et
31 réactionnaires. Ces 145 membres se
partagent en 72 sénateurs des départe-
ments et 43 inamovibles. C'est surtout,
on le voit, sur les représentants des dé-
partements que les changements ont
porté en plus grand nombre, puisque sur
200 membres que comprend cette caté-
gorie, 128 ont été remplacés.
La majorité des représentants des dé-
partements, appartenaient, en effet, à l'o-
rigine à l'opinion réactionnaire. Mais aux
renouvellements triennaux de 1879, 82 et
85 les électeurs se sont chargés de rendre
la plupart de ces membres à la vie privée
et de leur donner des successeurs répu-
blicains.
C'est ainsi que le Sénat qui, au début de
son fonctionnement, avait une forte ma-
jorité réactionnaire ne compte plus au-
jourd'hui que 65 membres de droite contre
235 républicains.
o i———i
Le président de la République et Mme
Grévy, M. et Mme Wilson, accompagnés
de M. Fourneret et du colonel Cance, sont
partis hier matin, pour Mont-sous-Vau-
drey, par le train de 9 h. 55.
Le général Pittié, le lieutenant-colonel
Dessirier et le lieutenant-colonel Fayet ont
accompagné le président de la République
jusqu'à la gare où se trouvaient également
M. le préfet de police et M. Caubet.
Le président de la République et les
personnes qui l'accompagnaient sont ar-
rivés à cinq heures trente du soir à leur
destination.
A l'arrivée du train, M. Partet, maire, a
adressé le discours suivant au président
de la République :
La municipalité do Mont-sous-Vaudrey est
très heureuse de saluer votre retour au milieu
de vos chers et dévoués concitoyens. Elle
vient encore témoigner de sa fidélité à nos
institutions démocratiques, au fonctionnement
desquelles vous présidez avec une sagesse
qui vous mérite la reconnaissance de tous
les républicains.
Ces institutions auront à subir bientôt de-
vant le pays une nouvelle épreuve d'où elles
sortiront triomphantes, parce qu'elles sont
l'expression môme do la souveraineté du
peuple qui ne peut abdiquer volontairement,
parce que les intérêts légitimes trouvent plus
tacitement auprès d'elles une satisfaction tout
au moins relative, parce qu'enfla leur mobi-
lité au gré de l'opinion publique pertuet la
réalisation paisible de tous les progrès
arrivés à maturité.
La seule condition indispensable au succès,
c'est le rapprochement des républicains par
une estime et une tolérance réciproques, la
prépondérance du sentiment de fraternité et
la modération dans les désirs.
Ces quâités, qui sont la marque distinctive
des natures d'élite, les républicains sauront
les posséder au moment de l'épreuve pour
assurer à la République le triomphe le plus
éclatant.
Le président de la République a ré-
pondu :
Je remercie M. le maire des bonnes paroles
qu'il m'adresse, ainsi que la municipalité de
l'empressement qu'elle met à me recevoir. Je
pense, comme vous, que la République est
assise sur des bases solides et que les élec-
tions la consolideront encore.
La cérémonie s'est terminée aux cris
de : Vive le président! vive la Républi-
que l
LA CONTRE-EPREUVE
Bien que l'on soit maintenant fixé
sur la date des élections, qu'il n'y ait
aucune sut-prise à redouter pour per-
sonne et que le délai à courir j usqu'au
jour du vote soit encore assez long, le
choix des députés est une chose trop
importante pour que l'on ne mette pas
à profit tous les instants. Si, sous pré-
texte qu'on a plus de trois semaines
pour réfléchir, on se laissait aller à la
négligeuc-e, tout le bénéfice de la me-
sure prise par le gouvernement serait
perdu et tous les inconvénients que
comportaient les dates plus prochaines
du 30 août et du 7 septembre repa-
raîtraient.
Mais se mettre à l'œuvre le plus
promptement possible, ce n'est pas se
presser outre mesure, au risque de faire
des sottises. Il importe encore plus de
bien faire que de faire vite.
La plupail des députés sortants,
pour ne pas dire isollicitant un
nouveau mandat, il est évident que la
première question que les comités au-
ront ô, se poser et que les électeurs
auront à résoudra sera celle-ci : Nos
députés doivent-ils ou ne doivent-ils
pas être réélus? Si, sur ce point délicat,
on ne consulte que les intéressés, la
réponse n'est guère douteuse, mais elle
n'aura pas grande autorité.
Dans leurs circulaires, dans leurs
manifestes - à supposer qu'ils ne se
contentent pas du manifeste-omnibus
de la rue de Babylone — les députés
les plus compromis feront, pour se
poser en serviteurs intelligents et fi iè-
lesde la démocratie, des efforts déses-
pérés. Les plus habiles, les plus ma-
lins pourraient finir par en imposer :
aussi semble-t-il que nul électeur avisé
ne prendra garde, un seul instant, à
ces apologies trop personnelles pour
n'être pas à bon droit suspectes. Qu'on
laisse donc discourir ces avocats de
leur propre cause, mais qu'on ne les
écoute pas.
Il est d'autant moins utile de leur
prêter une attention qu'ils ne méritent
pas, que d'autres moyens, d'une certi-
tude très suffisante, - s'offrent aux ci-
toyens appelés à juger des mérites ou
des démérites de la Chambre défunte.
Pour s'éclairer, les électeurs ont un
guide plus sûr que les explications em-
barrassées ou les promesses douteuses
de ceux qui plaident devant eux les
circonstances atténuantes. Que s'agit-il
de savoir ? Si la Chambre a, en thèse
générale, bien servi la République. Or,
si la réponse doit être affirmative, si,
par conséquent, les mêmes hommes
doivent être choisis pour continuer la
même politique excellente, il n'est pas
douteux que le ton des monarchistes a
dû baisser en proportion des progrès
que cette politique faisait faire à la dé-
mocratie. Eh bien 1 ce résultat est-il
obtenu ? Si l'on compare les professions
de foi des réactionnaires aux deux dates
de 1881 et de 1885, on voit que leur
assurance a beaucoup augmenté et
qu'ils tentent la lutte sur des points
où ils n'osaient plus se montrer. Ceci
est un fait. Donc, c'est un fait aussi
que ceux-là se trompent et cherchent
à tromper le pays qui représentent la
Chambre de 1887 comme ayant fait ce
qu'elle avait à faire, comme n'ayant
pas compromis la situation générale.
Donc enfin, les électeurs risqueraient
fort de se tromper s'ils consentaient à
les renommer et s'ils ne soumettaient
pas leurs déclarations à la contre-épreuve
que nous indiquons ici.
A. GULISA.
—— ma i i —
Par décret en date du 7 août, rendu sur
le rapport du président du conseil, garde
des sceaux, ministre de la justice, et in-
séré au Journal officiel, M. Forrichon, pro-
cureur général près la cour d'appel de
Bourges, est nommé secrétaire général du
ministère de la jussice.
Le Journal ofifciel reproduit, à celte oc-
casion, d'après le Bulletin des Lois, un dé-
cret en date du 25 avril modifiant l'ar-
ticle 3 du décret du 30 décembre 1884,
concernant l'organisation de l'administra-
tion centrale du ministère de la justice.
Ce décret est ainsi conçu :
L'article 3 du décret du 30 décembre 1884
est ainsi modifié :
« Les traitements et les classes du person-
nel de l'administration sont thés aiuii qu'il
suit :
» Un secrétair' général, s'il n'y a pas de
sous-secrétaire d'Etat : 20,000 fr.»
UN POÊTE CORDONNIER
Les journaux russes nous ont apporté
dernièrement une nouvelle bizarre; le
comte Léon Tolstoï, l'auteur bien connu
d'Anna Karéme, des Etudes sur le christia-
nisme et de livres nombreux traduits dans
toutes les langue» civilisées, venait d'a-
bandonner la littératura et de monter
dans un des principaux quartiers de Saint-
Pétersbourg un magasin de cordonnerie.
Léon Tolstoï est un des principaux écri-
vains russes de ce temps-ci, un de ceux
qui peuvent le mieux consoler leur pays
de la perte de Pouchkine, de Gogol, de
Tourguénieff. Imaginez qu'on annonce en
France que M. Renan ou M. Augier ont
échangé leur plume contra ua tire-point
et qu'ils entreprennent une concurrence
aux maisons Latour ou Herber; vous aurez
une idée de l'émoi causé en Europe par la
nouvelle des journaux en question.
Renseignements pris, le fait-divers con-
tient du vrai et du faux. Il est vrai que le
comte Tolstoï est un cordonnier émérite;
mais il n'est pas vrai qu'il ait renoncé à
écrire ; il fait des souliers, ou plutôt des
bottes. Ce qui ne veut pas dire qu'il ait
dit adieu aux romans. Encore ne tra-
vaille-t-il que pour lui, tout au plus pour
ses amis, ses parents et quelques jolies
femmes, histoire d'avoir l'occasion de
leur prendre mesure. Il ne tient pas bou-
tique, il ne paye pas patente et jusqu'à
nouvel ordre est décidé à ne faire com-
merce que d'esprit, de talent, d'imagina-
tion. Léon Tolstoï était et demeure avant
tout un philosophe et un romancier de
profession ; il demande tout simplement
la permission d'être bottier à ses moments
perdus.
Cette décision n'est pas le fait d'un pur
caprice. L'écrivain russe estime en pre-
mier lieu, avec Rousseau, qu'il est bon
que l'homme mène de front les travaux
du corps avec ceux de l'esprit, et que si l'i-
déal de l'ouvrier est de s'élever à l'artiste,
il n'est pas mauvais non plus, pour des
raisons d'équilibre, que l'artiste se montre
ouvrier par quelque côté.
Il estime en outre que, dans un pays
comme la Russie, en proie à une foule de
préjugés plus surannés les uns que les
autres, on ne saurait trop relever le tra-
vail manuel. Il paraît qu'en Russie l'opi-
nion publique, laquelle se compose en
majorité d'agriculteurs et d'ouvriers, con-
sidère les agriculteurs et les ouvriers
comme de simples manœuvres à peine
au-dessous des animaux, intermédiaires
entre l'homme et la bête, très au-dessous,
en tout cas, du moindre scribe qui écri-
vaille et paperasse dans un bureau. Tolstoï
a voulu, par son exemple, donner à ces
humbles et trop modestes travailleurs la
conscience de leur valeur, les hausser à
leurs propres yeux, et il s'est mis à faire
ses bottes à la ville comme à la campagne
il rentre ses moissons.
Quoi qu'il advienne de cette expé-
rience, après Hans Sachs, à la fois cor-
donnier et poète, après Tolstoï, l'expres-
sion « écrire comme un gniat a va devenir
un compliment.
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
o
Nous recevons de Saint-Pierre (Martic
nique) la lettre suivante :
Saint-Pierre, 24 juillet 1885.
Monsieur Auguste Vacquerie,
J'ai l'honneur de vous annoncer que mon
pays n'est pas resté indifférent aux regrets
universels que Victor Hugo a laissés en s'en
allant dans un monde meilleur, et à tout ce
que la France a fait pour perpétuer son sou-
venir.
Les deux conseils municipaux de Forl-de-
France et de Saint-Pierre, à l'unanimité, ont
décidé que deux des principales rues de cea
deux villes portant le nom de Grande-Rue se-
raient appelées désormais : rue de Victor
Hugo.
Le 12 de ce mois, la ville de Fort de-France
a consacré son vote par une grande fête pu-
blique pour la pose des plaques portant la
nom du grand poète.
Et, le 21 courant, jour de Saint-Victor, la
ville de Saint-Pierre a eu sa îôte, où rien n'a
été négligé pour rendre cette solennité digne
de l'homme et des regrets qu'il laisse aprèi
lui.
Votre très dévolié.
ALEX. vnRDZT.
LES ON-DIT
Le conseil municipal de UlicU-7 <^1 le •
conseil général de la Seine avaient émis
le vœu de voir donner le nom de Victor
Hugo aux nouvelles écoles de Clichy : ce
vœu vient d'être sanctionné par un décret
du président de la République.
-
« 3
Hier, à deux heures, a eu lieu à la cha<
pelle américaine de la rue de Berry, le
service funèbre organisé en l'honneur du
général Grant.
Toute la légation, tout le personnel du
consulat, ainsi que la plupart des Améri-
cains, actuellement à Paris, assistaient à
cette cérémonie.
Le drapeau de l'Union, voilé de crêpes,
flotte aux fenêtres des appartements Oc.
cupés par les nationaux des Etats-Unis.
m
.0
Le sculpteur Syamour, dont on are..
marqué deux bustes au dernier Salon,
celui du président de la République et
celui de Mme Clémenceau, vient de ter-
miner le buste de M. Auguste Vacquerie.
<3!
«60
Les concours ne s'arrêtent jamais à DO.
tre Ecole des beaux-arts. Hiver, été, bon
an, mal an, la machine marche toujours.
Voici le résultat du concours d'esquis-
ses à deux degrés (deuxième épreuve) :
Seconde médaille : M. Creswell, éleva
de MM. Boulanger et J. Lefebvre.
Troisième médaille : MM. Croizé et De-
vambez, élèves de MM. Boulanger et J*
Lefebvre.
Mention : M. Marioton, élève de MM,
Gérôme et Maillart.
«
C CI
Voici, par ordre de mérite, les noms dei
élèves admis à la suite du dernier con-
cours dans la section des sciences de
l'Ecole normale supérieure : 1 Le Danté,
2 Bourlet, 3 Masure, 4 Lavenir, 5 Nezès,
Feuilleton du RAPPEL
DU 10 AOUT
26
LA BANDE
DES
COPURCHICS
ItOMAN PARISIEN
yi
Bdatfemolselle Elvire — (Suite)
-::. En place pour le quadrille 1 s'écria-
mn.
— Si nous y allions d'un petit pas? de-
manda Maillochon.
— Non, dit Guibolmar, ce sont de bra-
é
Beproduclion interdite.
Voir le fiaanef du 13 juillet au 9 août,
ves gens, il ne faut pas dépasser les
bornes.
- En place ! En place t
- On crie comme à Bullier, dit Coq-
signo, nous pourrions danser de même.
m
— Il ne faut pas aller jusqu'au « cra-
pand enthousiasmé », dit Peinturlure.
mais nous pourrions esquisser le pas du
« lézard au soleil ».
— Eh bien, voyons, dit M. Fagotin en
passant près de sa fille, tu danses tou-
jours, tu n'est pas plus pressée que ça de
t'éclipser?
— Non, non, je veux danser jusqu'à la
fin et ne pas manquer une des figures du
cotillon.
•— Et ton pauvre mari? Les femmes
sont toutes comme ça, aucune ne nous
prend en pitié. Elles croient que les hom-
mes sont comme elles, ma parole d'hon-
neur, et cependant ce n'est pas la même
chose.
On commençait le quadrille quand on
entendit Mme Blériotte s'écrier ;
- Té f ma fille? où est ma fille?
On interrompit la daase^ on se re-
garda, on chercha\.,
— Elle a disparu 1 s'écria Mme Blériotte.
Té ! cette idée! Elvire! Elvire 1
— Où peut-elle être? s'écria M. Blé-
riotte. Camboulives? Où est-il donc aussi
celui-là, qu'il ne nous aide pas à la cher-
cher ?
Et voilà la noce qui se met à fureter
dans tous les coins, sous les tables, der-
rière les rideaux, en appelant :
- Elvire! Elvire f
Les garçons de l'établissement s'en mê-
laient.
- Ah ! ça, on ne la trouvera donc pas,
disait M. Blériotte.
— Elle n'est nulle part ! s'écria Mme
Blériotte qui venait d'achever une tournée
générale d'inspection,
— Mais, dit tout à coup le maître
d'hôtel, est-ce que ce ne serait pas cette
demoiselle qui vient de se faire servir des
écrevisses ?
— Des écrevisses t Té, cette idée ! dit
Mme Blériotte. Où ça?
- Par ici, madame.
Toute la noce emboîta le pas au maître
d'hôtel, Mme Blériotte marchant la pre-
mière.
— C'est ici. dit le maître d'hôtel, en
montrant la porte du cabinet où on avait
surpris Guibolmar en compagnie d'une
dame.
Mme Blériotte ouvrit délibérément.
— Té 1 les voilà ! s'écria-t-elle.
Elvire partit d'un grand éclat de rire.
El,e était assise à côté de Camboulives
qui, de sa main, lui faisait manger des
écrevisses à la bordelaise pour qu'elle ne
quittât pas ses gants.
— Il ne faut pas vous gêner I s'écria
M. Blériotte. Voilà un quart d'heure que
toutes les personnes de la noce vous cher-
chent.
La moitié des gens de la noce riaient,
les mariés surtout ; mais quelques ma-
mans dont la jeunesse avait probablement
été chargée d'électricité renfrognaient
leur fronts.
— J'ai voulu savoir comment ça faisait
de manger des écrevisses en cabinet par-
ticulier, dit Elvire, eh bien, c'est très
amusant.
- Té, cette idéel dit Mme Blériotte. Ça
ne se fait pas, ces affaires-là.
— Pourquoi donc? demanda le marié.
S'ils se sont amusés pendant cinq mi-
mii.es,
- Mais enfin 1.
— J'aurais voulu être à sa place, disait
une jeune fille à une autre.
- Moi, je n'aurais pas assez de toupet.
- Aht çat s'écria Camboulives, est-ce
que notre plaisanterie innocente va vous
empêcher de danser, par hasard?
— Non, dit la mariée, certainement.
Donne le signal à l'orchestre, papa.
Et le quadrille recommença.
— Vous savez, dit Elvire à Camboulives,
si vous m'amusez toujours comme ce soir,
je vous aimerai.
— Amuse-la beaucoup, dit Maillochon,
qui entendit Elvire, elle est assez jolie
pour que tu l'épouses un jour.
TU
Le déjeuner chez Bonliatl
Il était six heures du matin. Les Copur-
chics g hermétiquement boutonnés dans
laurs pardessus, sortaient de chez Véfour
en envoyant un dernier coup d'œil à quel-
ques voitures emportant de jolies fillettes
aux traits tirés, qui, chaudes des émotions
du bal et des paroles flatteuses prononcées
à leurs oreilles, notamment par les Copur,
chies. allaient achever, la tête sur l'oreil-
ler, les rêves entrevus.
- Il était tout à fait charmant, dit Pein-
turlure, ce bal de noce. Je gobe le papa
Fagotin, moi. Je dois le revoir. Je lui a^
promis de faire son portrait.
— Il aura un beau chef-d'œuvre !
— Il le fera tirer en chromo et le don-
nera en prime à ses clients.
— Nous en a-t-il raconté, hein, quand.
il y a une heure, le marié et sa compagne
ont embrassé tout le monde avant de ren-
trer chez euxl
— Et c'ét iit gentil, la manière dont elle
a fait ça, cette jeune femme. Elle aurait
pu filer bêtement à l'anglaise; non, elle a
dit : « J'ai été heureuse aujourd'hui avec
vous, je veux tous vous embrasser. » Mille
souhaits de bonheur l'ont accompagnée,*
et au sortir d'un souper réellement biea
servi, tous ces souhaits devaient être si Il)
cères.
— Camboulives, nous te remercions, dit
Maillochon, de nous avoir fait inviter A.
cette noce,
* EDGAR MONTEIL.
:,-'
r-
- [A suwre.\
ADMINISTRATION
*8, JRXIB DE VALOIS, 13
ABOïïKEMENTS
rAnIS
Trois mois li) ii
Trois mois .10 »
Sixmois*»••••■• Jd »
DEPARTEMENTS
Trois mois. 13 50
Six moi s 22 à
Adresser lettres et man-Ms ( : "-'
i, M. ERNEST LEFÈVBS - *
JÎDMiriSTRAISUrcGÏÏKASI
01
REDACTION
- tamsser au. Secrétaire ae la RéJaction.
2>e £ à6 heures du soir
ÎS, HUE 3>E VAIOIS, 18
es manuscrits non insères ne seront as reaisJ
ANNONCES
.ÏPC. COi. XAGRANGE, CERF et C®
-..; .4). place de la. Bourse. 6
LES LIST ES RllCTIiMIRES
Rien ne jette un jour plus agréable
Sur la façon dont les bonapartistes
s'entendent avec les royalistes, et s'en-
tendent entre eux, que la petite his-
toire qui vient d'être racontée par
M. Robert Mitchell.
M. Robert Mitchell est un homme
d'esprit, bien qu'il croie, par instants,
à la possibilité d'une résurrection de
l'empire. Il a un talent de parole qu'il
met actuellement au service du parti
qu'une Assemblée royaliste a déclaré
responsable de la ruine, de la défaite et
du démembrement de la France.
Dans les premiers jours de juillet, il
s'agissait de faire la liste -- des candidats
réactionnaires dans le département du
Nord. Le comité central impérialiste,
qui siège à Paris, fut informé que la
liste du Nord « sacrifiait absolument »
l'impérialisme. Il n'y avait qu'une
chose à faire : dépêcher M. Robert Mit-
cheli à Lille. Orphée domptait les ti-
gres ; M^Robert Mitchell dompterait
les royalistes, qui, à ses premiers ac-
cents, viendraient ramper à ses pieds
et les lui lécher amoureusement.
Chose étrange! les royalistes de Lille
résistèrent aux accents de M. Mitchell.
Il eut beau leur chanter que le grand
parti conservateur ne pourrait venir à
bout de cette infâme République que
par l'accord des comités royalistes de
province avec le comité impérialiste.de
Paris, et qu'ils auraient dû s'aboucher
avec le due de Padoue. - Nous ne
nous sommes pas même abouchés avec
le comte de Paris ! répondirent-ils.
C'est comme cela? dit l'envoyé du
somité bonapartiste. Eh bien, je
vais m'adresser au peuple! Et il an-
nonça trois réunions publiques.
Le comité royaliste trembla. Il appela
à son secours, devinez qui? un bona-
partiste. Un bonapartiste? Oui, M. Paul
de Cassagnac. Ce qui ajoute à la chose,
c'est que M. Paul de Cassagnac est
vice-président du comité central impé-
liste. M. Paul de Cassagnac écrivit :
- « J'affirme que M. Robert Mitcheli
n'a pas été autorisé par le comité cen-
tral impérialiste dont je suis vice-
président. C'est en son nom personnel
qu'il a agi et non pas en notre nom.
Le comité central est absolument étran-
ger à ses agissements. »
Mais alors M. Mitchell avait donc
menti en disant qu'il avait mandat du
comité central impérialiste? Il ne vou-
lut pas rester sous le coup d'une telle
injure, et il demanda au comité une
attestation qui lui fut immédiatement
envoyée en ces termes : — « Le comité
central impérialiste vous avait chargé
de vous entendre avec les comités élec-
toraux du département du Nord pour
arrêter le nombre des candidats impé-
rialistes qui doivent figurer sur la liste
commune. Nous vous remercions des
efforts que vous avez tentés pour arri-
ver à une entente sur des bases équita-
bles. » Signé : « Le président du comité
central : A. DE PADOUE. » — Désavoué
par le vice-président, avoué et remercié
par le président, voilà un drôle de
comité.
Les trois réunions annoncées eurent
lieu. L'effet en fut tel que le comité
royaliste « comprit qu'il était temps de
faire les concessions qu'on lui deman-
dait ». Nouveaux remerciements de
M. de Padoue à Orphée: - « Monsieur
et cher collaborateur, le comité vous
remercie des succès que vous avez
obtenus à Roubaix, à Watterloo, à
Tourcoing; et, puisque vous avez an-
noncé pour lundi une nouvelle confé-
rence, il vous demande de continuer à
affirmer la vitalité du parti impérialiste
dans le département du Nord. » Voilà,
certes, un orateur qui peut se dire plus
qu'autorisé, encouragé, invité, excité
à parler. Tout à coup, M. de Padoue
lui a crié : — Taisez-vous!
Il lui a été signifié d'avoir à « cesser
le cours de ses conférences ». On a dai-
gné lui permettre celle qui était affi-
chée, mais à la condition qu'il y dirait
le contraire de ce qu'il avait dit dans
les autres.
Que s'était-il donc passé? Que M.
Paul de Cassagnac s'était fâché et avait
menacé de sa démission. Le président
du comité central avait obéi au vice-
président. Le comité central avait fait
amende honorable. M. Robert Mitcheli
fait ramper les comités départemen-
taux; M.Paul de Cassagnac fait ramper
le comité central. M. Robert Mitchell
est un Orphée de province ; M. Paul de
Cassagnac est l'Orphée de Paris.
Ce n'est pas seulement la victoire de
M. de Cassagnac, c'est aussi la victoire
du comité royaliste. M. Mitchell était
chargé d'exiger huit candidats impéria-
listes sur quinze. « Maintenez ce chif-
fre », lui écrivait le comité de Paris ;
un seul candidat de moins, « la liste
ne serait plus une liste de conciliation,
mais une liste de soumission ». M. Mit-
chell renié, c'est la soumission des bo-
napartistes.
Au moins l'accord est-il enfin conclu !
Oui, répondent les uns. Non, répond
M. Mitchell. Et toutes ces querelles
entre bonapartistes et royalistes, entre
bonapartistes et bonapartistes, disent
de quel ordre, de quelle paix publique,
de quelle union, de quelle tranquillité,
de quelle sécurité nous jouirions si
jamais un accès de démence du suf-
frage universel donnait la majorité
à la réaction.
AUGUSTE VACQUERIE.
4> ,..
C'est aujourd'hui que les électeurs sé-
natoriaux de la Seine vont nommer le
successeur de Victor Hugo.
• Que la banlieue veuille être représen-
tée, rien de plus légitime. Mais M. Son-
goon, comme il l'a fort bien dit dans la
circulaire que nous avons publiée hier,
est aussi apte à la représenter que M.
Daix.
Dans les conditions où elle s'est pro-
duite, la candidature de M. Daix n'est pas
seulement une candidature de banlieue,
elle est une candidature de division. Elle
sépare le département de la Seine en
deux, elle oppose une de ses moitiés à
l'autre, et l'autre est la capitale.
La candidature de M. Songeon est une
candidature pour la République; la candi-
dature de M. Daix est une candidature
contre Paris. Tous les républicains doi-
vent voter pour M. Sçmgeon.
COULISSES DES CHAMBRES
M. Adam, de Seine-et-Marne, dont nous
avons annoncé la mort, est le dixième sé-
nateur décédé depuis le renouvellement
du 25 janvier dernier. Il y a actuellement
au Sénat quatre sièges vacants : celui du
général Chabaud-Latour, inamovible, qui
a été rattaché au département du Puy-de-
Dôme, celui de Victor Hugo, et celui de
MM. Ribière et Adam. Aux termes de la
nouvelle législation, aucun siège ne peut
rester vacant plus de trois mois au Sénat.
L'élection du successeur de Victor
Hugo à Paris a lieu aujourd'hui diman-
che, Le 23 août prochain, le Puy-de-
Dôme et l'Yonne éliront les remplaçants
du général Chabaud-Latour et de M. Ri-
bière. Il ne restera plus à convoquer que
les électeurs de Seine-et-Marne pour rem-
placer M. Adam.
A propos de ces vacances répétées, il
nous a paru curieux de rechercher les
modifications que le Sénat a subies de-
puis son origine jusqu'à ce jour.
Sur 300 membres qu'il comprend, le
Sénat n'en compte plus aujourd'hui que
115 qui datent de l'origine même. Elu le
30 janvier 1876, le Sénat a donc perdu en
dix ans IS5 de ses membres, soit par dé-
cès, soit par démission, soit enfin et sur-
tout par l'effet des renouvellements suc-
cessifs de 1879, 1832 et 1885.
Sur les 115 membres datant de la créa-
tion du Sénat, il y a 74 républicains et
31 réactionnaires. Ces 145 membres se
partagent en 72 sénateurs des départe-
ments et 43 inamovibles. C'est surtout,
on le voit, sur les représentants des dé-
partements que les changements ont
porté en plus grand nombre, puisque sur
200 membres que comprend cette caté-
gorie, 128 ont été remplacés.
La majorité des représentants des dé-
partements, appartenaient, en effet, à l'o-
rigine à l'opinion réactionnaire. Mais aux
renouvellements triennaux de 1879, 82 et
85 les électeurs se sont chargés de rendre
la plupart de ces membres à la vie privée
et de leur donner des successeurs répu-
blicains.
C'est ainsi que le Sénat qui, au début de
son fonctionnement, avait une forte ma-
jorité réactionnaire ne compte plus au-
jourd'hui que 65 membres de droite contre
235 républicains.
o i———i
Le président de la République et Mme
Grévy, M. et Mme Wilson, accompagnés
de M. Fourneret et du colonel Cance, sont
partis hier matin, pour Mont-sous-Vau-
drey, par le train de 9 h. 55.
Le général Pittié, le lieutenant-colonel
Dessirier et le lieutenant-colonel Fayet ont
accompagné le président de la République
jusqu'à la gare où se trouvaient également
M. le préfet de police et M. Caubet.
Le président de la République et les
personnes qui l'accompagnaient sont ar-
rivés à cinq heures trente du soir à leur
destination.
A l'arrivée du train, M. Partet, maire, a
adressé le discours suivant au président
de la République :
La municipalité do Mont-sous-Vaudrey est
très heureuse de saluer votre retour au milieu
de vos chers et dévoués concitoyens. Elle
vient encore témoigner de sa fidélité à nos
institutions démocratiques, au fonctionnement
desquelles vous présidez avec une sagesse
qui vous mérite la reconnaissance de tous
les républicains.
Ces institutions auront à subir bientôt de-
vant le pays une nouvelle épreuve d'où elles
sortiront triomphantes, parce qu'elles sont
l'expression môme do la souveraineté du
peuple qui ne peut abdiquer volontairement,
parce que les intérêts légitimes trouvent plus
tacitement auprès d'elles une satisfaction tout
au moins relative, parce qu'enfla leur mobi-
lité au gré de l'opinion publique pertuet la
réalisation paisible de tous les progrès
arrivés à maturité.
La seule condition indispensable au succès,
c'est le rapprochement des républicains par
une estime et une tolérance réciproques, la
prépondérance du sentiment de fraternité et
la modération dans les désirs.
Ces quâités, qui sont la marque distinctive
des natures d'élite, les républicains sauront
les posséder au moment de l'épreuve pour
assurer à la République le triomphe le plus
éclatant.
Le président de la République a ré-
pondu :
Je remercie M. le maire des bonnes paroles
qu'il m'adresse, ainsi que la municipalité de
l'empressement qu'elle met à me recevoir. Je
pense, comme vous, que la République est
assise sur des bases solides et que les élec-
tions la consolideront encore.
La cérémonie s'est terminée aux cris
de : Vive le président! vive la Républi-
que l
LA CONTRE-EPREUVE
Bien que l'on soit maintenant fixé
sur la date des élections, qu'il n'y ait
aucune sut-prise à redouter pour per-
sonne et que le délai à courir j usqu'au
jour du vote soit encore assez long, le
choix des députés est une chose trop
importante pour que l'on ne mette pas
à profit tous les instants. Si, sous pré-
texte qu'on a plus de trois semaines
pour réfléchir, on se laissait aller à la
négligeuc-e, tout le bénéfice de la me-
sure prise par le gouvernement serait
perdu et tous les inconvénients que
comportaient les dates plus prochaines
du 30 août et du 7 septembre repa-
raîtraient.
Mais se mettre à l'œuvre le plus
promptement possible, ce n'est pas se
presser outre mesure, au risque de faire
des sottises. Il importe encore plus de
bien faire que de faire vite.
La plupail des députés sortants,
pour ne pas dire isollicitant un
nouveau mandat, il est évident que la
première question que les comités au-
ront ô, se poser et que les électeurs
auront à résoudra sera celle-ci : Nos
députés doivent-ils ou ne doivent-ils
pas être réélus? Si, sur ce point délicat,
on ne consulte que les intéressés, la
réponse n'est guère douteuse, mais elle
n'aura pas grande autorité.
Dans leurs circulaires, dans leurs
manifestes - à supposer qu'ils ne se
contentent pas du manifeste-omnibus
de la rue de Babylone — les députés
les plus compromis feront, pour se
poser en serviteurs intelligents et fi iè-
lesde la démocratie, des efforts déses-
pérés. Les plus habiles, les plus ma-
lins pourraient finir par en imposer :
aussi semble-t-il que nul électeur avisé
ne prendra garde, un seul instant, à
ces apologies trop personnelles pour
n'être pas à bon droit suspectes. Qu'on
laisse donc discourir ces avocats de
leur propre cause, mais qu'on ne les
écoute pas.
Il est d'autant moins utile de leur
prêter une attention qu'ils ne méritent
pas, que d'autres moyens, d'une certi-
tude très suffisante, - s'offrent aux ci-
toyens appelés à juger des mérites ou
des démérites de la Chambre défunte.
Pour s'éclairer, les électeurs ont un
guide plus sûr que les explications em-
barrassées ou les promesses douteuses
de ceux qui plaident devant eux les
circonstances atténuantes. Que s'agit-il
de savoir ? Si la Chambre a, en thèse
générale, bien servi la République. Or,
si la réponse doit être affirmative, si,
par conséquent, les mêmes hommes
doivent être choisis pour continuer la
même politique excellente, il n'est pas
douteux que le ton des monarchistes a
dû baisser en proportion des progrès
que cette politique faisait faire à la dé-
mocratie. Eh bien 1 ce résultat est-il
obtenu ? Si l'on compare les professions
de foi des réactionnaires aux deux dates
de 1881 et de 1885, on voit que leur
assurance a beaucoup augmenté et
qu'ils tentent la lutte sur des points
où ils n'osaient plus se montrer. Ceci
est un fait. Donc, c'est un fait aussi
que ceux-là se trompent et cherchent
à tromper le pays qui représentent la
Chambre de 1887 comme ayant fait ce
qu'elle avait à faire, comme n'ayant
pas compromis la situation générale.
Donc enfin, les électeurs risqueraient
fort de se tromper s'ils consentaient à
les renommer et s'ils ne soumettaient
pas leurs déclarations à la contre-épreuve
que nous indiquons ici.
A. GULISA.
—— ma i i —
Par décret en date du 7 août, rendu sur
le rapport du président du conseil, garde
des sceaux, ministre de la justice, et in-
séré au Journal officiel, M. Forrichon, pro-
cureur général près la cour d'appel de
Bourges, est nommé secrétaire général du
ministère de la jussice.
Le Journal ofifciel reproduit, à celte oc-
casion, d'après le Bulletin des Lois, un dé-
cret en date du 25 avril modifiant l'ar-
ticle 3 du décret du 30 décembre 1884,
concernant l'organisation de l'administra-
tion centrale du ministère de la justice.
Ce décret est ainsi conçu :
L'article 3 du décret du 30 décembre 1884
est ainsi modifié :
« Les traitements et les classes du person-
nel de l'administration sont thés aiuii qu'il
suit :
» Un secrétair' général, s'il n'y a pas de
sous-secrétaire d'Etat : 20,000 fr.»
UN POÊTE CORDONNIER
Les journaux russes nous ont apporté
dernièrement une nouvelle bizarre; le
comte Léon Tolstoï, l'auteur bien connu
d'Anna Karéme, des Etudes sur le christia-
nisme et de livres nombreux traduits dans
toutes les langue» civilisées, venait d'a-
bandonner la littératura et de monter
dans un des principaux quartiers de Saint-
Pétersbourg un magasin de cordonnerie.
Léon Tolstoï est un des principaux écri-
vains russes de ce temps-ci, un de ceux
qui peuvent le mieux consoler leur pays
de la perte de Pouchkine, de Gogol, de
Tourguénieff. Imaginez qu'on annonce en
France que M. Renan ou M. Augier ont
échangé leur plume contra ua tire-point
et qu'ils entreprennent une concurrence
aux maisons Latour ou Herber; vous aurez
une idée de l'émoi causé en Europe par la
nouvelle des journaux en question.
Renseignements pris, le fait-divers con-
tient du vrai et du faux. Il est vrai que le
comte Tolstoï est un cordonnier émérite;
mais il n'est pas vrai qu'il ait renoncé à
écrire ; il fait des souliers, ou plutôt des
bottes. Ce qui ne veut pas dire qu'il ait
dit adieu aux romans. Encore ne tra-
vaille-t-il que pour lui, tout au plus pour
ses amis, ses parents et quelques jolies
femmes, histoire d'avoir l'occasion de
leur prendre mesure. Il ne tient pas bou-
tique, il ne paye pas patente et jusqu'à
nouvel ordre est décidé à ne faire com-
merce que d'esprit, de talent, d'imagina-
tion. Léon Tolstoï était et demeure avant
tout un philosophe et un romancier de
profession ; il demande tout simplement
la permission d'être bottier à ses moments
perdus.
Cette décision n'est pas le fait d'un pur
caprice. L'écrivain russe estime en pre-
mier lieu, avec Rousseau, qu'il est bon
que l'homme mène de front les travaux
du corps avec ceux de l'esprit, et que si l'i-
déal de l'ouvrier est de s'élever à l'artiste,
il n'est pas mauvais non plus, pour des
raisons d'équilibre, que l'artiste se montre
ouvrier par quelque côté.
Il estime en outre que, dans un pays
comme la Russie, en proie à une foule de
préjugés plus surannés les uns que les
autres, on ne saurait trop relever le tra-
vail manuel. Il paraît qu'en Russie l'opi-
nion publique, laquelle se compose en
majorité d'agriculteurs et d'ouvriers, con-
sidère les agriculteurs et les ouvriers
comme de simples manœuvres à peine
au-dessous des animaux, intermédiaires
entre l'homme et la bête, très au-dessous,
en tout cas, du moindre scribe qui écri-
vaille et paperasse dans un bureau. Tolstoï
a voulu, par son exemple, donner à ces
humbles et trop modestes travailleurs la
conscience de leur valeur, les hausser à
leurs propres yeux, et il s'est mis à faire
ses bottes à la ville comme à la campagne
il rentre ses moissons.
Quoi qu'il advienne de cette expé-
rience, après Hans Sachs, à la fois cor-
donnier et poète, après Tolstoï, l'expres-
sion « écrire comme un gniat a va devenir
un compliment.
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
o
Nous recevons de Saint-Pierre (Martic
nique) la lettre suivante :
Saint-Pierre, 24 juillet 1885.
Monsieur Auguste Vacquerie,
J'ai l'honneur de vous annoncer que mon
pays n'est pas resté indifférent aux regrets
universels que Victor Hugo a laissés en s'en
allant dans un monde meilleur, et à tout ce
que la France a fait pour perpétuer son sou-
venir.
Les deux conseils municipaux de Forl-de-
France et de Saint-Pierre, à l'unanimité, ont
décidé que deux des principales rues de cea
deux villes portant le nom de Grande-Rue se-
raient appelées désormais : rue de Victor
Hugo.
Le 12 de ce mois, la ville de Fort de-France
a consacré son vote par une grande fête pu-
blique pour la pose des plaques portant la
nom du grand poète.
Et, le 21 courant, jour de Saint-Victor, la
ville de Saint-Pierre a eu sa îôte, où rien n'a
été négligé pour rendre cette solennité digne
de l'homme et des regrets qu'il laisse aprèi
lui.
Votre très dévolié.
ALEX. vnRDZT.
LES ON-DIT
Le conseil municipal de UlicU-7 <^1 le •
conseil général de la Seine avaient émis
le vœu de voir donner le nom de Victor
Hugo aux nouvelles écoles de Clichy : ce
vœu vient d'être sanctionné par un décret
du président de la République.
-
« 3
Hier, à deux heures, a eu lieu à la cha<
pelle américaine de la rue de Berry, le
service funèbre organisé en l'honneur du
général Grant.
Toute la légation, tout le personnel du
consulat, ainsi que la plupart des Améri-
cains, actuellement à Paris, assistaient à
cette cérémonie.
Le drapeau de l'Union, voilé de crêpes,
flotte aux fenêtres des appartements Oc.
cupés par les nationaux des Etats-Unis.
m
.0
Le sculpteur Syamour, dont on are..
marqué deux bustes au dernier Salon,
celui du président de la République et
celui de Mme Clémenceau, vient de ter-
miner le buste de M. Auguste Vacquerie.
<3!
«60
Les concours ne s'arrêtent jamais à DO.
tre Ecole des beaux-arts. Hiver, été, bon
an, mal an, la machine marche toujours.
Voici le résultat du concours d'esquis-
ses à deux degrés (deuxième épreuve) :
Seconde médaille : M. Creswell, éleva
de MM. Boulanger et J. Lefebvre.
Troisième médaille : MM. Croizé et De-
vambez, élèves de MM. Boulanger et J*
Lefebvre.
Mention : M. Marioton, élève de MM,
Gérôme et Maillart.
«
C CI
Voici, par ordre de mérite, les noms dei
élèves admis à la suite du dernier con-
cours dans la section des sciences de
l'Ecole normale supérieure : 1 Le Danté,
2 Bourlet, 3 Masure, 4 Lavenir, 5 Nezès,
Feuilleton du RAPPEL
DU 10 AOUT
26
LA BANDE
DES
COPURCHICS
ItOMAN PARISIEN
yi
Bdatfemolselle Elvire — (Suite)
-::. En place pour le quadrille 1 s'écria-
mn.
— Si nous y allions d'un petit pas? de-
manda Maillochon.
— Non, dit Guibolmar, ce sont de bra-
é
Beproduclion interdite.
Voir le fiaanef du 13 juillet au 9 août,
ves gens, il ne faut pas dépasser les
bornes.
- En place ! En place t
- On crie comme à Bullier, dit Coq-
signo, nous pourrions danser de même.
m
— Il ne faut pas aller jusqu'au « cra-
pand enthousiasmé », dit Peinturlure.
mais nous pourrions esquisser le pas du
« lézard au soleil ».
— Eh bien, voyons, dit M. Fagotin en
passant près de sa fille, tu danses tou-
jours, tu n'est pas plus pressée que ça de
t'éclipser?
— Non, non, je veux danser jusqu'à la
fin et ne pas manquer une des figures du
cotillon.
•— Et ton pauvre mari? Les femmes
sont toutes comme ça, aucune ne nous
prend en pitié. Elles croient que les hom-
mes sont comme elles, ma parole d'hon-
neur, et cependant ce n'est pas la même
chose.
On commençait le quadrille quand on
entendit Mme Blériotte s'écrier ;
- Té f ma fille? où est ma fille?
On interrompit la daase^ on se re-
garda, on chercha\.,
— Elle a disparu 1 s'écria Mme Blériotte.
Té ! cette idée! Elvire! Elvire 1
— Où peut-elle être? s'écria M. Blé-
riotte. Camboulives? Où est-il donc aussi
celui-là, qu'il ne nous aide pas à la cher-
cher ?
Et voilà la noce qui se met à fureter
dans tous les coins, sous les tables, der-
rière les rideaux, en appelant :
- Elvire! Elvire f
Les garçons de l'établissement s'en mê-
laient.
- Ah ! ça, on ne la trouvera donc pas,
disait M. Blériotte.
— Elle n'est nulle part ! s'écria Mme
Blériotte qui venait d'achever une tournée
générale d'inspection,
— Mais, dit tout à coup le maître
d'hôtel, est-ce que ce ne serait pas cette
demoiselle qui vient de se faire servir des
écrevisses ?
— Des écrevisses t Té, cette idée ! dit
Mme Blériotte. Où ça?
- Par ici, madame.
Toute la noce emboîta le pas au maître
d'hôtel, Mme Blériotte marchant la pre-
mière.
— C'est ici. dit le maître d'hôtel, en
montrant la porte du cabinet où on avait
surpris Guibolmar en compagnie d'une
dame.
Mme Blériotte ouvrit délibérément.
— Té 1 les voilà ! s'écria-t-elle.
Elvire partit d'un grand éclat de rire.
El,e était assise à côté de Camboulives
qui, de sa main, lui faisait manger des
écrevisses à la bordelaise pour qu'elle ne
quittât pas ses gants.
— Il ne faut pas vous gêner I s'écria
M. Blériotte. Voilà un quart d'heure que
toutes les personnes de la noce vous cher-
chent.
La moitié des gens de la noce riaient,
les mariés surtout ; mais quelques ma-
mans dont la jeunesse avait probablement
été chargée d'électricité renfrognaient
leur fronts.
— J'ai voulu savoir comment ça faisait
de manger des écrevisses en cabinet par-
ticulier, dit Elvire, eh bien, c'est très
amusant.
- Té, cette idéel dit Mme Blériotte. Ça
ne se fait pas, ces affaires-là.
— Pourquoi donc? demanda le marié.
S'ils se sont amusés pendant cinq mi-
mii.es,
- Mais enfin 1.
— J'aurais voulu être à sa place, disait
une jeune fille à une autre.
- Moi, je n'aurais pas assez de toupet.
- Aht çat s'écria Camboulives, est-ce
que notre plaisanterie innocente va vous
empêcher de danser, par hasard?
— Non, dit la mariée, certainement.
Donne le signal à l'orchestre, papa.
Et le quadrille recommença.
— Vous savez, dit Elvire à Camboulives,
si vous m'amusez toujours comme ce soir,
je vous aimerai.
— Amuse-la beaucoup, dit Maillochon,
qui entendit Elvire, elle est assez jolie
pour que tu l'épouses un jour.
TU
Le déjeuner chez Bonliatl
Il était six heures du matin. Les Copur-
chics g hermétiquement boutonnés dans
laurs pardessus, sortaient de chez Véfour
en envoyant un dernier coup d'œil à quel-
ques voitures emportant de jolies fillettes
aux traits tirés, qui, chaudes des émotions
du bal et des paroles flatteuses prononcées
à leurs oreilles, notamment par les Copur,
chies. allaient achever, la tête sur l'oreil-
ler, les rêves entrevus.
- Il était tout à fait charmant, dit Pein-
turlure, ce bal de noce. Je gobe le papa
Fagotin, moi. Je dois le revoir. Je lui a^
promis de faire son portrait.
— Il aura un beau chef-d'œuvre !
— Il le fera tirer en chromo et le don-
nera en prime à ses clients.
— Nous en a-t-il raconté, hein, quand.
il y a une heure, le marié et sa compagne
ont embrassé tout le monde avant de ren-
trer chez euxl
— Et c'ét iit gentil, la manière dont elle
a fait ça, cette jeune femme. Elle aurait
pu filer bêtement à l'anglaise; non, elle a
dit : « J'ai été heureuse aujourd'hui avec
vous, je veux tous vous embrasser. » Mille
souhaits de bonheur l'ont accompagnée,*
et au sortir d'un souper réellement biea
servi, tous ces souhaits devaient être si Il)
cères.
— Camboulives, nous te remercions, dit
Maillochon, de nous avoir fait inviter A.
cette noce,
* EDGAR MONTEIL.
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r-
- [A suwre.\
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