Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1885-07-20
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 juillet 1885 20 juillet 1885
Description : 1885/07/20 (N5610). 1885/07/20 (N5610).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75392747
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
Ne 56tO — Lundi 20 Juillet i885
le numéro s fOe. - [Départements : 15 c. \2 Thermidor an 93 - N" 5610
.ADMINISTRATION
48, RUE DE VALOIS, la
ABONNEMENTS
TARIS
*roîs mois. 10 P
ut mois «20 »
DEPARTEMENTS
Trois mois 13 50
Six mois 22 a
Adresser lettres et mandats
A M. ERNESE LEFÈVRE
^ADMIÎïrSTlUTETTR. GEKAK2
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Ré1h ià6 heures du soir
18, JLTJB DE VALOXS, .1S
les manuscritsaoninséres ne seront,pas renlt.
ANNONCES
, 3PT. Ch.. IAGRAN&E, CERF et G®
UN CARUhAL EXCOMMUXIE
Il y avait, l'année dernière, des élec-
tions à Bragayrac, qui est une com-
mune de l'ai rondissement de Muret
(Haute-Garonne). Le curé s'en mêla en
chaire. Ça ne vous étonne pas, les cu-
rés se privant peu d'intervenir dans les
élections. Maisjja va vous étonner. Le
curé de Bragayrac prit parti - pour les
candidats républicains!
Un curé qui se distingue à ce point
des autres curés ; un curé qui, nourri
et logé par la République, ne fait pas
la guerre à la République, c'est une
monstruosité qui aurait dû attirer sur
l'abbé Philbert la grande foudre du
ciel; le ciel négligeant son devoir,
l'abbé Philbert dut se contenter de la
petite foudre de l'archevêché.
Le cardinal archevêque de Toulouse
enjoighit au curé de Bragayrac d'avoir
à quitter immédiatement sa cure. Le
curé répondit à l'archevêque : - J'y
suis, fy reste.
Les élections se firent. Les républi-
cains eurent le dessus. Fureur des
réactionnaires. Rixes dans les rues.
Plusieurs blessés et un tué.
Ce tué laissait une veuve. Les réac-
tionnaires la chauffèrent. Elle prit un
fusil à deux coups et s'alla poster sur
une route où devait passer l'abbé Phil-
bert. On put la désarmer à temps.
L'assassinat manqué s'ajouta à l'exas-
pération des vaincus. Ils ameutèrent
les curés des environs, de vrais curés,
îeux-là, et tous ensemble appelèrent
archevêque à leur secours.
Mais que pouvait an archevêque,
même cardinal? Dans le bon vieux
temps, il aurait eu à sa disposition des
gens armés qui seraient allés saisir le
curé récalcitrant, qui l'auraient traîné
à Toulouse et qui l'auraient logé dans
an doux irt-pace où il serait mort de
faim. Mais 1 infâme Révolution a dé-
pouillé les archevêques de ce moyen
d'apprendre à vivre aux gens.
Ne pouvant rien sur un curé qui se
souciait de l'interdiction archiépisco-
p h le autant qu'un poisson d'une pomme,
1 archevêque espéra avoir plus d'action
s ir les paroissiens. Le 47 juillet, il dé-
ndit, non seulement aux habitants de
;kag-ayrac, mais à tous ceux de son
ocès-i, de « recourir audit M. Phil-
rt pour les baptêmes, les mariages,
a confession et tous les autres actes
,ii ministère pastoral ». Cela « sous
peine d'excommunication ». La mè ne
peine était pour quiconque entrerait
dans l'église pendant que ledit Philbert
dirait la messe. « Les mariages aux-
quels il prétendrait assister eu qualité
de propre curé seraient nuls et et de
uul effet devant l'Eglise et devant
Dieu. » En terminant, le cardinal-ar-
chevêque de Toulouse « conjuriit ses
très chersT fils de mettre, par leur do-
cilité et leur piété, un peu de baume
sur la blessure dont souffrait son cœur
d'évêque et de père ».
Voici le baume que les très chers fils
ont mis sur la blessure du cœur pater-
nel :
La réponse à la circulaire cardina-
lesque a été faite par le maire de Bragay-
rac au nom du conseil municipal et
par le président de la fabrique au nom
de ses collègues. Cette réponse est ho-
mérique. L'Iliade ne met pas dans la
bouche des Grecs et des Troyens prêts
à se colleter d'injures plus réussies.
— Vous croyez, simple cardinal que
vous êtes, que nous allons vous aban-
donner notre curé parce qu'il est ré-
publicain? Vous croyez que nous allons
le sacrifier aux curés qui vous plai-
sent, dont un est « le névropathe doyen
de Saint-Lys», un autre est « concus-
sionnaire », un autre « a des façons
malpropres de don Juan », un qua-
trième' « bat les filles à coups d'osten-
soir ». Vous croyez que nous allons
vous aider à satisfaire « un ramassis
d'assassins et de courtisanes »? Pour un
homme d'esprit, vraiment, vous nous
étonnez. « Eminence, vous en serez
pour vos frais. Il est vrai, vous nous
priverez des saintes huiles, au détri-
ment des mourants ; nous nous en con-
solerons. n
Ce ne sont encore que des paroles;
mais voici l'acte :
— « Eminence, c'est nous qui vous
excommunions, vous défendant à ja-
ma s, dans la mesure de notre droit,
l'entrée de notre église, qui a été bâtie,
en partie, avec les de âers du père de
l'un de nous, à la tête de notre admi-
nistration pendant trente-cinq ans. »
Le conseil municipal et la fabrique
insistent :
- « Nous terminons notre lettre,
paysans que nous sommes, comme
vous terminez la vôtre, sans aucune
formule de politesse. Allez où vous
voudrez, mais ne venez pas chez nous ;
l'homme rouge qui a mis deux fois
notre commune à feu et à sang pour
des motifs misérables saura qu'on lui
préfère le pauvre petit curé de cam-
pagne qui, au péril de sa vie, a défendu
l'Egiise et son pays. »
Un archevêque excommunié par ses
paroissiens ; c'est là qu'en est arrivée
la popularité du haut clergé. On peut
trouver un peu vifs les considérants et
les termes de l'excommunication. Mais à
qui la faute si l'irritation finit par ne
plus pouvoir se modérer? Comment les
plus patients ne perdraient-ils pas le
sang-froid en voyant le haut clergé
encourager la politique des curés si elle
est réactionnaire et la punir si elle est
républicaine? Est-ce que l'évêque des
curés qui sont intervenus si scanda-
leusement dans les élections sénato-
riales du Finistère les a interdits
ou seulement réprimandés 1 Ce n'est
pas pour avoir fait de la propagande
électorale que le curé de Bragayrac
a été frappé par l'archevêque de Tou-
louse, c'est pour avoir fait de la pro-
pagande électorale républicaine; c'est
la République que l'archevêque a
frappée. La République qui le
paye, la République qui lui fournit
gratis un archevêché, des cathédrales
et je ne sais combien d'églises;
la République qui lui fait, à lui, à ses
pareils et à leurs prêtres, quarante
millions de rentes. Et ces gens-là s'éton-
nent que par moments on leur parle
autrement qu'à genoux !
AUGUSTE VACQuaRIB.
COULISSES DES CHAMBRES
Deux groupes parlementaires adhérents
au comité électoral dit comité national
républicain se sont réunis hier pour pren-
dre connaissance du manifeste élaboré
par ce comité.
Le centre gauche du Sénat a reçu com-
munication de ce man feste par M. Le-
noêl. Après cette lecture, une discussion
s'est engagée.
Un certain nombre de membres parmi
lesquels MM. Bardoux, Calmon, de Mar-
cère, ont fait des réserves sur les termes
de l'adresse aux électeurs. Ils ont fait ob-
server que cette adresse s'exprimait trop
nettement en faveur de lois que des mem-
bres républicains modérés n'avaient pas
votées; que, d'autre part, elle ne s'expli-
quait pas d'une façon précise contre les
exagérations de la loi sur le recrutement
de 1 armée; qu'enfin elle ne parlait pas de
certaines modifications au régime fiscal,
modifications .que ces membres croient
devoir faire connaître dès aujourd'hui.
Ltfs membres du groupe qui avaient
assisté aux délibérations du comité élec-
toral ont ensuite fourni des explications
contradictoires.
En résumé, la majorité du contre gauche
s'est prononcée pour la thèse soutenue
par MM. Bardoux, de Marcère et Galmon,
et a refusé de donner son adhésion au
manifeste.
L'union républicaine de la Chambre
s'est également réunie. M. Liouville a lu
le manifeste adopté par le comité. Une
discussion s'est ensuite engagée entre
MM. Paul Bert , Thomson, GoreoLin-
Guyho, etc.
Le groupe avait décidé de garder le
secret sur sa délibération.
—o—
La commission de la Chambre chargée
d'examiner le projet relatif à l'assainisse-
ment de la Seine par le déversement des
eaux d'égout sur des terrains empruntés
à la forêt de Saint-Germain a adopté hier
le rapport du docteur Bourneville, qui
conclut à l'adoption du projet.
Deux mo dfications ont été apportées
au projet du gouvernement. La commis-
sion a adopté un amendement de M. Le-
baudy tendant à exempter de 1 irrigation
300 hectares boisés de la forêt de Saint-
Germain et un autre amendement de
M. Maze déterminant les conditions dans
lesquel es l'ir.igation doit avoir lieu et
interdisant notamment la formation de
mares stagnantes.
L'amendement de M. Maze porte, en
outre, que trois experts nommés par le
ministre de l'agriculture, le conseil géné-
ral de Seine et-Oise et le conseil général
de la Seine seront chargés de veiller à
l'exécution de ces prescriptions.
La commission du classement des che-
mins de fer à laquelle a été renvoyé le
projet de loi relatif à rétablissement du
métropulitain s'est réunie hier au palais
Bourbon.
M. Pradon, qui avait été chargé de faire
une étude préliminaire de cette question,
a demandé l'ajournement du projet pour
que le gouvernement fit procéder à une
nouvelle enquête. ,
M. Picard, directeur des chemins de fer,
qui assistait à la réunion, a combattu la
demande d'ajournement.
La commission a remis sa décision à sa
prochaine réunion.
AU SÉNAT
La première partie de la séance a
été consacrée à la discussion d'un pro-
jet de loi d'intérêt local. Il s'agissait
d'un petit chemin de fer à construire
de Laqueuille au Mont-Dore et dont le
projet d'établissement avait été adopté
par la Chambre. La Chambre avait-elle
eu tort de consentir à cette dépense et
le Sénat a-t-il raison de la repousser?
Nous l'ignorons et. en fait de questions
locales, nous ne croyons pas qu'on
puisse arriver à des solutions raisonna-
bles ailleurs que dans les milieux où
ces questions sont connues et peuvent
être étudiées comme il convient. Mais
si nous faisons allusion à ce petit dé-
bat, c'est qu'il a été pour M. Tirard,
1 ex-ministre des finances du cabinet
tonkinois, l'occasion de prendre, un
peu tard en vérité, la défense du Tré-
sor public.
M. Tirard a combattu et fait repous-
ser, malgré M. Bardoux, ce projet ap-
porté par son suecesseur et qui grévait
nos finances de quatre millions. C'est
très bien si la dépense était inutile.
Mais, en voyant ce beau zèle pour les
minces économies, nous ne pouvons
pas ne pas nous rappeler le temps,
encore peu éloigné de nous, où le mê-
me M. Tirard déclarait avec emphase
qu'il se ferait gloire de dépenser des
centaines de millions sans compterl
Sans compter t le mot est inoubliable
et, si c'est en se reportant à ces lar-
gesses tonkinoises que M. Tirard a
pu dire l'autre jour que ses col-
lègues et lui avaient fait leur devoir
jusqu'au bout, il est permis de penser
quu sera à peu près seul de son avis.
En tout cas, il est heureux pour l'ex-
ministre qu'il n'ait plus de comptes à
rendre au suffrage universel ni même
au suffrage restreint Sénateur inamo-
vible, il peut, à volonté et indéfi iinient,
refuser toutes les dépenses utiles ou
approuver tous les gaspillages. Faut-il
s etonuer s'il se decerue à lui-même et
à ses amis les compliments et les té-
m içnages de satisfaction qu'il ne peut
plus attendre d'aucun électeur?
Après le rejet du projet d'intérêt
local en question, la discussion a été
ouverte sur le projet reiatif aux caisses
des chemins vicinaux et des écoles. M.
Fresneau a longuement parlé contre ce
projet, qui, on le sait, est plu-, aisé à
attaquer qu'à défendre. Tenté sans
doute par cette facilité relative, un
autre orateur de la droite, M. B avior,
un nouvel élu, a répété les arguments
de M. Fresneau sans y rien ajouter.
L'orateur a commencé son discours en
remontant à l'année 1815. Effrayés de
l'espace qu'il avait à parcourir, la plu-
part des membres présents ont pris la
fuite. Il est bien resté une centaine
d'auditeurs épars dans la salle, encore
tout au plus. C est donc en présence
d'une forte majorité de fauteuils vides
que M. Biavier a achevé son discours
de début. La harangue de M. Fresneau
suffisait.
Au moment où M. Blavier finit son
discours, la fantaisie prend à quelques
personnes de faire le rapide dénom-
rement des sénateurs restés en séance.
A cause des entrées et des sorties qui
se succédaient sans interruption, on ne
put se mettre d'accord sur un même
chiffre. Deux nombres également fati-
diques sont affirmés par un nombre
égal de partisans : 89 et 93. Qu'on opte
pour l'une ou l'autre de ces supputa-
tions, que le Sénat légifère sous l'in-
fluence de l'un ou l'autre chiffre, il est
certain que le quorum serait plus régu-
lier. Mais ne soyons pas sévère pour les
Luxembourgeois : qu'ils s'absentent,
qu'ils se reposent et qu'ils laissent, le
plus promptement possible, reposer
également le pays.
La suite de la discussion estrenvoyée
à mardi.
A. GVULIHR.
Les ministres se sont réunis hier matin,
à l'Elysée, sous la présidence de M. Jules
Grévy.
Le ministre de la marine a reçu de
bonnes nouvelles du Sénégal. La colonne
du commandant Combes a réussi à secou-
rir et ravitailler celle du capitaine Louvel
qui, comme on le sait, a été attaquée le
31. mai par Samory, entre Niagassola et
Tiguire.
L'amiral Galiber croit que la dépense
qui sera nécessitée par la réfection de
notre matériel naval dépassera de beau-
coup la somme de 30 millions indiquée au
Sénat par l'amiral Peyron. Il communi-
que d'ailleurs, à ce sujet, une note dé-
taillée à la commission des finances.
Le ministre des affaires étrangères a
donné lecture des dernières dépêches
qu'il a reçues relativement aux affaires de
l'Afghanistan. L'impression qui en résulte
est généralement optimiste.
La ratification par le Parlement français
du traité de paix avec la Chine a été noti-
fiée au Tsong-li-Yamen.
En conséquence, les rapports officiels
vont être prochainement rétablis entre
les deux gouvernements.
C'est le ministre de Chine à Berlin qui,
tout en conservant ses fonctions actuelles,
sera tr^s probablement chargé de gérer
la légation de Paris. Il est attendu dans
les premiers jours d'août. 11 pourra ainsi
remettre ses lettres de créance avant le
dép trt du président de la République pour
Mont-sous-Vaudrey.
M. de Freycinei a reçu de M. Cambon
un rapport relatif a la célébratio 1 de la
fête nationale dans la Régence. Notre mi-
nistre résident à Tunis insiste sur la
grande part qu'y ont prise les Italiens. On
eu peut conclure que le souvenir des der-
niers incidents que l'on sait est complète-
ment effacé.
La conférence monétaire internationale
s'ouvrira le lundi 20 juillet. Elle sera pré-
sidée par M. Duclerc, dont les idées sont
absolument en concordance avec celles du
ministre des finances.
Le gouvernement va demander un cré-
dit pour l'application de la loi sur les ré-
cidivistes. Ce crédit sera divisé en deux
parties : 400,000 fr. pour le ministère de
l'intérieur et 800,000 fr. pour te ministère
de la marine. En attendant que lei attri-
bution, des eux départements soient
tranchées, le premier se chargera de l'en-
tretien des récidivistes jusqu h la date de
leur embarquement, et le second de leur
transport ainsi que de leur installation à
la Guyane.
Les ministres se sont longuement occu-
pés de la question de l'admission tem-
poraire des foutes et des filés de co-
ton. Ils ont décidé que le statu quo se-
rait au moins conservé jusqu'à nouvel
ordre.
Le ministre de l'intérieur a présenté à
la signature de M. Jules Grévy un mouve-
ment administratif qui est peu étendu.
M. Deffès, préfet des Pyrénées-Orien-
tales, est nommé préfet des Basses-Pyré-
nées, en remplacement de M. Robert (H
Massy, qui est mis e t disponibilité. Soli
successeur à Perpignan est M. Jouclal
Peloux, préfet des Basses-Alpes.
Le ministre du commerce demandera
un crédit supplémentaire ponr permettre
de ramener en France les restes du doc
teur Thuillier, mort en Egypte en soi-
gnant les malades de fa dernière épidémie
cholérique.
Le docteur Thuillier faisait partie de la
mission scientifique envoyée par le goug
vernement français.
——————— ———————
UNE HAINE NATIONALE
Il est incontestable que depuis quelque
temps la France éprouvait un vague ma*
laise. Les uns l'attribuaient à la criSG
agricole, les autres à la stagnation de*
affaires, aux expéditions lointaines, etc.
Un journal italien, la fii/orma, vient de
nous donner la clef du problème. Ce donfi
souffre la France, c* st d'un sentiment
qui s'appelle l'envie, et l'objet de son en-
vie est un Italien, il signor Rubattino.
Ce nom est celui d'un entrepreneur d.,
transports maritimes qu fit quelque bruit
il y a cinq ou six ans, à l'époque de l'ex-
pédition de Tunis. Depuis, M. Rubattino
est mort, mais il parait que par delà la
tombe il c ontinue à être notre bête noiroq
Si nous en croyons le journal transalpin.
son fantôme vient nous hanter dans nos
veilles et nos rêves ; nous le voyons per-
pétuellement à notre gauche, comme la
précipice de Blaise Pascal, et il n'est pas
un négociant de la rue de., Francs-Bour*
geois qui, en se mettant a table, ne voiat
sa place occupée par ce nouveau Banco*
Il parait que nous suçons cette hainet
avec le lait ; elle fait partie de l'enseigne*
ment des écoles primaires, au même titre
que l'abécédaire et les quatre règle".
Si le cabinet Ferry est tombé, c'est qu'on
le suspectait de vouloir réagir contre
cette antipathie nationale, et nul n'i*
gnore que, des bancs le> plus extrômç
droite aux dernières travées de l'extrême-
gauche, il n'est pas un orale irà laCham»
bre qui ne conclue ses discours par ses
mots :« Et j'estime en outre qu'il faut dé*
molir M. Rubattino. » Cette formule re.
vient régulièrement comme 1 eDelenda est
Carthago de Caton. M. Germain nous l'a
encore servie pas plus tard que lundi der*
nier,à propos de l'impôt sur f alcool,et ella
est tombée des lèvres de M. Bisseuil dang
la discussion sur la péréquation de l'iŒf»
pôt foncier. -
Ce n'est pas tout. La Riforrna, qui sans
doute possède un fil spécial. affirme, dans!
le compte-rendu, daté du 13,iu'elle publia
sur notre fête du 14 juillet, que le cri
« A bas Rubattino ! » a été poussé mard.
dans toute l'étendue du territoire française
Les autres années, on « h intait : « Il n'a(
pas de parapluie », a E i r'venant d' Su-
resnes o , « Mad'moiseile, écoutez-mot
donc »; il y a vingt ans, le cri à la modor,,
était : « As-tu vu ambert? » Cette annécî
c'était is« A bas RubattilJo! »
Tous ces détails rn'avaie it échappé. Il
n'est rien de tel décidément pour vouslj
renseigner sur ce qui se passe en France,
que la lecture des journaux étrangers.,
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
LES ON-DIT
Dans sa séance d'hier, l'Académie déâ
beaux-arts a procédé à l'élection d'un
membre dans la section d'architectureK
en remplacement de M. Ballu, décédé.
Les candidats étaient : MM. Daumetk
Feuilleton du RAPFE&
DU 20 JUILLET
8
LA BANDE
DES
COPURCHICS
R.OMAN PARISIEN
n
"aliyu. — (Suite)
- Vous parlez avec une voluhilitéu.
Laissez moi placer un mot.
M. Blériotte interrompit sa fille en de-
mandant à Camboulives :
— Prenez-vous un cigare?
— Certainement, dit Camboulives.
Elvire s'était tue, et elle n'ouvrit pres-
que plus la bouche de la soirée, car si elle
se montrait d'une loquacité suffisante
avec ses amis, elle se retirait en elle-même
devant ses parents, et c'est ce qui faisait
trouver à Mme Blériotte que sa fille était
tamartinienne.
Reproduction interdite.
Voir le Rappel du .13 au 19 juillet»
— Voyons, es-tu très ému?.. commença
Blériotte en s'adressant à Camboulives.
— Emu? pour quelle raison?
— Mais quand on sait qu'on va risquer
sa vie dans quelques heures, il me semble
qu'on ne doit pas être aussi calme que
l'huile dans sa bouteille.
- Si vous croyez que je m'inquiète
pour si peu de chose! dit Camboulives. Je
transpercerai mon adversaire comme un
gigot que l'on embroche.
— Alors tu peux faire ma partie de pi-
quet, comme à l'ordinaire.
7- Asseyons-nous et donnez les cartes.
La partie étant commencée, Mlle Elvire
se plaça près de la table, une broderie
sur ses genoux, et tout à coup Cambou-
lives sentit un coup de pied sur ses
mollets.
- Aïe ! fit-il.
— Qu'est-ce? demanda Blériotte.
— Rien, dit Camboulives, je me suis
aperçu que j'avais mal joué.
Pour le récompenser de sa discrétion,
Mlle Elvire lui allongea un deuxième coup
de pied, puis un troisième, et comme
Camboulives se garait du mieux qu'il pou-
vait, elle mit le talon de sa bottine sur
l'orteil du malheureux et appuya si fort
qu'il jeta les cartes en poussant un cri.
— Qu'as-tu donc? demanda Blériotte.
— J'ai oublié l'heure, s'écria Cambou-
lives, et j'ai rendez-vous ce soir avec mes
témoins. Je vous quitte. Adieu. Il faut que
je sache si je me bats demain, vous com-
prenez.
— C'est le moins que tu puisses faire de
t'inquiéter de ça, dit Blériotte.
— J'ai la jambe en capitolade, souffla
Camboulives dans l'oreille d'Elvire.
— Ça vous apprendra, dit-elle.
— Té 1 quoi, vous nous quittez déjà, dit
Mme Blérioite en rentrant.
— Il faut même que je me dépêche, dit
Camboulives.
— Et ne manque pas de nous envoyer
de tes nouvelles demain matin, dit Blé-
riotte, nous serons inquiets, très inquiets.
— Soyez calmes, adieu.
Camboulives se sauva en grattant ses
mollets.
— Cette petite Elvire. elle m'a joliment
arrangé, murmura-t-il. Mais le leur ai-je
mis carrément, avec mon histoire de duel.
Tas de bourgeois, va ! Je vous en raconte-
rais bien d'autres si Elvire n'était pas si
jolie et si elle n'avait pas toute la forttine
que vous lui laisserez. J'épouserai Etvire,
mais quel démon j'aurai dans mon mé-
nage! Voyons, voyons, il n'est qun dix
heures. Qu'est-ce que je vais faire jusqu'à
deux heures du matin? Si je rejoignes les
Copurchics? Ils doivent être à Bullier.--
Il est vrai qu'avec une jambe dans cet
état je ne vais pas me livrer à une choré-
graphie folâtre. Petite coquine d'Elvire,
va 1 C'est singulier tout de même comme
les femmes ont des façons différentes de
vous dire qu'elles vous aiment. Chacun
des coups de pied d'Elvire criait : je t'aime !
je t'aime 1 C'est un amour qui laisse
des bleus. Ce doit être un amour cékste.
C'est égal, si sou Elvire avait manifesté de
cette manière ses sentiments à M. e
Lamartine, comme dit cette excellente
Mme Blériotte, il aurait fait des vers plus
terre-à-terre.
111
Le Ital Bailler
Camho,dives se dirigeait de son pas vif
vers le bal Bullier.
Le moment de la grande montée était
passé et le Boul'Miche ne voyait plus que
quelques groupes attardés, silencieux
ou br.tillards, croisant les passants tran-
quilles
Quelques voitures dans lesquelles des
individus de sexes différents se juchaient
pittoresquement remontaient encore le
boulevard Michel, en latin Boul'Miche,
comme on sait. Des bouffées de chansons
et des cris discordants s'évaporaient dans
une atmosphère printanière, et à travers les
arbres du carrefour de l'Observatoire dont
les bourgeons se développaient, apparais-
sat, jetant de la lumière au milieu
d'un long mur et faisant pâlir les becs de
gaz, l'illumination de la porte du bal.
Une cinquantaine de bourgeois, d'ou-
vriers, de gamins et de rôdeurs se tenaient
devant la porte, sur le trottoir opposé, les
mains dans * poches, gouaillant lors-
qu'une femme passait, échangeant des
propos grossiers ou des injures et s'en-
gueulant au besoin sur une gamme ascen-
dante dont chaque note était apprise par
cœur depuis longtemps.
Un lazzi imorévu, spirituel, éclatait si
rarement qu'il semblait discordant au mi-
lieu de ces mots, de ces cris, de ces huées.
C'était bruyant, mais c'était voulu. On ne
sentait pas en arrivant à Bullier monter
au cerveau la chaleur du plaisir, on avait
plutôt froid dans le dos; et la sensation
était peut-être moins pénible quand on y
arrivait dans un moment où les curieux
se taisaient et où on n'entendait plus que
le roulement des voitures et le pas régu-
lier des sergents de ville chargés de tem-
pérer le penchant des humains pour l'im-
moralité.
Camboulives entra en habitué des lieux
que rien ne surprenait ni ne saisissait
plus. Il passa sous la porte de style mau-
resque de cabaret de barrière, comme
toute l'architecture du bal. Le vestibule
était étroit, mal éclairé, malpropre. Des
gardes municipaux et des sergents de
ville en occapaicnl le centre, vous fai-
saient tourner derrière une petite barrière
pour qu'on allât payer sa place aux gui-
chets. Les guichets étaient bas. On se
courbait en deux pour jeter ses vingt
sous. Camboulives paya en disant : —
Voilà, — et se trouvant en haut de
l'escalier, il s'arrêta un moment à con-
sidérer le grouillement énorme des dan-
seurs.
L'escalier était raide, ses marches de
bois usées. A gauche, comme dans une
loge donnant sur le bal, le café était
rempli de consommateurs. A droite, dans
chacune des longues travées de l'établisse-
ment, au milieu des flots de poussière
qui formaient une atmosphère grisâtre,
apparente autour des lustres de gaz. tout
un monde s'agitait entre deux haies scin
rées de spectateurs.
Camboulives chercha des yeux les Go*
purchics, et, ne ies apercevant point, il
descendit lentement. Mais avant qu'il eût
quitté la dernière marche, il se fit un
mouvement dans cette partie du bal, et
des hommes et des femmes en grand
nombre se massèrent au bas de l'escaliefi
en élevant leurs chapeaux, et en secouant
leurs mouchoirs qui répandirent dans les
airs les suaves senteurs de la fleur de foi%
alors excessivement à la mode.
C'était les Copurchics qui apparais-*
saient en haut de l'escalier, et ils étaient
joliment connus à Bullier) les Copurchics 1.
Tous les cinq, ils se tenaient par le bras
et regardaient cette foule comme les do-
minateurs superbes ont accoutumé da
regarder les esclaves et les vaincus, cô
qu'ils faisaient d'autant mieux qu'ils
étaient dans le haut de l'escalirr et lei
autres dans le bas.
— Que de fleurs 1 que do fleurs! dit
Coqsigno en jetant un regard circulaire
sur les danseurs ; c'est encore plus fleuri
que chez la mère Bonbail.
Maillochon ôta son chapeau et salustf
ceux qui l'acclamaient, ce que ses amis
imitèrent; puis tout à coup, à cinq qu'ils
étaient, ils descendirent quatre à quatre et
se trouvèrent en position dans une partie
du bal que l'on avait baptisée « la salle il
manger ».
EDGAR MONTER
tA sutVrt,'
le numéro s fOe. - [Départements : 15 c. \2 Thermidor an 93 - N" 5610
.ADMINISTRATION
48, RUE DE VALOIS, la
ABONNEMENTS
TARIS
*roîs mois. 10 P
ut mois «20 »
DEPARTEMENTS
Trois mois 13 50
Six mois 22 a
Adresser lettres et mandats
A M. ERNESE LEFÈVRE
^ADMIÎïrSTlUTETTR. GEKAK2
REDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Ré
18, JLTJB DE VALOXS, .1S
les manuscritsaoninséres ne seront,pas renlt.
ANNONCES
, 3PT. Ch.. IAGRAN&E, CERF et G®
UN CARUhAL EXCOMMUXIE
Il y avait, l'année dernière, des élec-
tions à Bragayrac, qui est une com-
mune de l'ai rondissement de Muret
(Haute-Garonne). Le curé s'en mêla en
chaire. Ça ne vous étonne pas, les cu-
rés se privant peu d'intervenir dans les
élections. Maisjja va vous étonner. Le
curé de Bragayrac prit parti - pour les
candidats républicains!
Un curé qui se distingue à ce point
des autres curés ; un curé qui, nourri
et logé par la République, ne fait pas
la guerre à la République, c'est une
monstruosité qui aurait dû attirer sur
l'abbé Philbert la grande foudre du
ciel; le ciel négligeant son devoir,
l'abbé Philbert dut se contenter de la
petite foudre de l'archevêché.
Le cardinal archevêque de Toulouse
enjoighit au curé de Bragayrac d'avoir
à quitter immédiatement sa cure. Le
curé répondit à l'archevêque : - J'y
suis, fy reste.
Les élections se firent. Les républi-
cains eurent le dessus. Fureur des
réactionnaires. Rixes dans les rues.
Plusieurs blessés et un tué.
Ce tué laissait une veuve. Les réac-
tionnaires la chauffèrent. Elle prit un
fusil à deux coups et s'alla poster sur
une route où devait passer l'abbé Phil-
bert. On put la désarmer à temps.
L'assassinat manqué s'ajouta à l'exas-
pération des vaincus. Ils ameutèrent
les curés des environs, de vrais curés,
îeux-là, et tous ensemble appelèrent
archevêque à leur secours.
Mais que pouvait an archevêque,
même cardinal? Dans le bon vieux
temps, il aurait eu à sa disposition des
gens armés qui seraient allés saisir le
curé récalcitrant, qui l'auraient traîné
à Toulouse et qui l'auraient logé dans
an doux irt-pace où il serait mort de
faim. Mais 1 infâme Révolution a dé-
pouillé les archevêques de ce moyen
d'apprendre à vivre aux gens.
Ne pouvant rien sur un curé qui se
souciait de l'interdiction archiépisco-
p h le autant qu'un poisson d'une pomme,
1 archevêque espéra avoir plus d'action
s ir les paroissiens. Le 47 juillet, il dé-
ndit, non seulement aux habitants de
;kag-ayrac, mais à tous ceux de son
ocès-i, de « recourir audit M. Phil-
rt pour les baptêmes, les mariages,
a confession et tous les autres actes
,ii ministère pastoral ». Cela « sous
peine d'excommunication ». La mè ne
peine était pour quiconque entrerait
dans l'église pendant que ledit Philbert
dirait la messe. « Les mariages aux-
quels il prétendrait assister eu qualité
de propre curé seraient nuls et et de
uul effet devant l'Eglise et devant
Dieu. » En terminant, le cardinal-ar-
chevêque de Toulouse « conjuriit ses
très chersT fils de mettre, par leur do-
cilité et leur piété, un peu de baume
sur la blessure dont souffrait son cœur
d'évêque et de père ».
Voici le baume que les très chers fils
ont mis sur la blessure du cœur pater-
nel :
La réponse à la circulaire cardina-
lesque a été faite par le maire de Bragay-
rac au nom du conseil municipal et
par le président de la fabrique au nom
de ses collègues. Cette réponse est ho-
mérique. L'Iliade ne met pas dans la
bouche des Grecs et des Troyens prêts
à se colleter d'injures plus réussies.
— Vous croyez, simple cardinal que
vous êtes, que nous allons vous aban-
donner notre curé parce qu'il est ré-
publicain? Vous croyez que nous allons
le sacrifier aux curés qui vous plai-
sent, dont un est « le névropathe doyen
de Saint-Lys», un autre est « concus-
sionnaire », un autre « a des façons
malpropres de don Juan », un qua-
trième' « bat les filles à coups d'osten-
soir ». Vous croyez que nous allons
vous aider à satisfaire « un ramassis
d'assassins et de courtisanes »? Pour un
homme d'esprit, vraiment, vous nous
étonnez. « Eminence, vous en serez
pour vos frais. Il est vrai, vous nous
priverez des saintes huiles, au détri-
ment des mourants ; nous nous en con-
solerons. n
Ce ne sont encore que des paroles;
mais voici l'acte :
— « Eminence, c'est nous qui vous
excommunions, vous défendant à ja-
ma s, dans la mesure de notre droit,
l'entrée de notre église, qui a été bâtie,
en partie, avec les de âers du père de
l'un de nous, à la tête de notre admi-
nistration pendant trente-cinq ans. »
Le conseil municipal et la fabrique
insistent :
- « Nous terminons notre lettre,
paysans que nous sommes, comme
vous terminez la vôtre, sans aucune
formule de politesse. Allez où vous
voudrez, mais ne venez pas chez nous ;
l'homme rouge qui a mis deux fois
notre commune à feu et à sang pour
des motifs misérables saura qu'on lui
préfère le pauvre petit curé de cam-
pagne qui, au péril de sa vie, a défendu
l'Egiise et son pays. »
Un archevêque excommunié par ses
paroissiens ; c'est là qu'en est arrivée
la popularité du haut clergé. On peut
trouver un peu vifs les considérants et
les termes de l'excommunication. Mais à
qui la faute si l'irritation finit par ne
plus pouvoir se modérer? Comment les
plus patients ne perdraient-ils pas le
sang-froid en voyant le haut clergé
encourager la politique des curés si elle
est réactionnaire et la punir si elle est
républicaine? Est-ce que l'évêque des
curés qui sont intervenus si scanda-
leusement dans les élections sénato-
riales du Finistère les a interdits
ou seulement réprimandés 1 Ce n'est
pas pour avoir fait de la propagande
électorale que le curé de Bragayrac
a été frappé par l'archevêque de Tou-
louse, c'est pour avoir fait de la pro-
pagande électorale républicaine; c'est
la République que l'archevêque a
frappée. La République qui le
paye, la République qui lui fournit
gratis un archevêché, des cathédrales
et je ne sais combien d'églises;
la République qui lui fait, à lui, à ses
pareils et à leurs prêtres, quarante
millions de rentes. Et ces gens-là s'éton-
nent que par moments on leur parle
autrement qu'à genoux !
AUGUSTE VACQuaRIB.
COULISSES DES CHAMBRES
Deux groupes parlementaires adhérents
au comité électoral dit comité national
républicain se sont réunis hier pour pren-
dre connaissance du manifeste élaboré
par ce comité.
Le centre gauche du Sénat a reçu com-
munication de ce man feste par M. Le-
noêl. Après cette lecture, une discussion
s'est engagée.
Un certain nombre de membres parmi
lesquels MM. Bardoux, Calmon, de Mar-
cère, ont fait des réserves sur les termes
de l'adresse aux électeurs. Ils ont fait ob-
server que cette adresse s'exprimait trop
nettement en faveur de lois que des mem-
bres républicains modérés n'avaient pas
votées; que, d'autre part, elle ne s'expli-
quait pas d'une façon précise contre les
exagérations de la loi sur le recrutement
de 1 armée; qu'enfin elle ne parlait pas de
certaines modifications au régime fiscal,
modifications .que ces membres croient
devoir faire connaître dès aujourd'hui.
Ltfs membres du groupe qui avaient
assisté aux délibérations du comité élec-
toral ont ensuite fourni des explications
contradictoires.
En résumé, la majorité du contre gauche
s'est prononcée pour la thèse soutenue
par MM. Bardoux, de Marcère et Galmon,
et a refusé de donner son adhésion au
manifeste.
L'union républicaine de la Chambre
s'est également réunie. M. Liouville a lu
le manifeste adopté par le comité. Une
discussion s'est ensuite engagée entre
MM. Paul Bert , Thomson, GoreoLin-
Guyho, etc.
Le groupe avait décidé de garder le
secret sur sa délibération.
—o—
La commission de la Chambre chargée
d'examiner le projet relatif à l'assainisse-
ment de la Seine par le déversement des
eaux d'égout sur des terrains empruntés
à la forêt de Saint-Germain a adopté hier
le rapport du docteur Bourneville, qui
conclut à l'adoption du projet.
Deux mo dfications ont été apportées
au projet du gouvernement. La commis-
sion a adopté un amendement de M. Le-
baudy tendant à exempter de 1 irrigation
300 hectares boisés de la forêt de Saint-
Germain et un autre amendement de
M. Maze déterminant les conditions dans
lesquel es l'ir.igation doit avoir lieu et
interdisant notamment la formation de
mares stagnantes.
L'amendement de M. Maze porte, en
outre, que trois experts nommés par le
ministre de l'agriculture, le conseil géné-
ral de Seine et-Oise et le conseil général
de la Seine seront chargés de veiller à
l'exécution de ces prescriptions.
La commission du classement des che-
mins de fer à laquelle a été renvoyé le
projet de loi relatif à rétablissement du
métropulitain s'est réunie hier au palais
Bourbon.
M. Pradon, qui avait été chargé de faire
une étude préliminaire de cette question,
a demandé l'ajournement du projet pour
que le gouvernement fit procéder à une
nouvelle enquête. ,
M. Picard, directeur des chemins de fer,
qui assistait à la réunion, a combattu la
demande d'ajournement.
La commission a remis sa décision à sa
prochaine réunion.
AU SÉNAT
La première partie de la séance a
été consacrée à la discussion d'un pro-
jet de loi d'intérêt local. Il s'agissait
d'un petit chemin de fer à construire
de Laqueuille au Mont-Dore et dont le
projet d'établissement avait été adopté
par la Chambre. La Chambre avait-elle
eu tort de consentir à cette dépense et
le Sénat a-t-il raison de la repousser?
Nous l'ignorons et. en fait de questions
locales, nous ne croyons pas qu'on
puisse arriver à des solutions raisonna-
bles ailleurs que dans les milieux où
ces questions sont connues et peuvent
être étudiées comme il convient. Mais
si nous faisons allusion à ce petit dé-
bat, c'est qu'il a été pour M. Tirard,
1 ex-ministre des finances du cabinet
tonkinois, l'occasion de prendre, un
peu tard en vérité, la défense du Tré-
sor public.
M. Tirard a combattu et fait repous-
ser, malgré M. Bardoux, ce projet ap-
porté par son suecesseur et qui grévait
nos finances de quatre millions. C'est
très bien si la dépense était inutile.
Mais, en voyant ce beau zèle pour les
minces économies, nous ne pouvons
pas ne pas nous rappeler le temps,
encore peu éloigné de nous, où le mê-
me M. Tirard déclarait avec emphase
qu'il se ferait gloire de dépenser des
centaines de millions sans compterl
Sans compter t le mot est inoubliable
et, si c'est en se reportant à ces lar-
gesses tonkinoises que M. Tirard a
pu dire l'autre jour que ses col-
lègues et lui avaient fait leur devoir
jusqu'au bout, il est permis de penser
quu sera à peu près seul de son avis.
En tout cas, il est heureux pour l'ex-
ministre qu'il n'ait plus de comptes à
rendre au suffrage universel ni même
au suffrage restreint Sénateur inamo-
vible, il peut, à volonté et indéfi iinient,
refuser toutes les dépenses utiles ou
approuver tous les gaspillages. Faut-il
s etonuer s'il se decerue à lui-même et
à ses amis les compliments et les té-
m içnages de satisfaction qu'il ne peut
plus attendre d'aucun électeur?
Après le rejet du projet d'intérêt
local en question, la discussion a été
ouverte sur le projet reiatif aux caisses
des chemins vicinaux et des écoles. M.
Fresneau a longuement parlé contre ce
projet, qui, on le sait, est plu-, aisé à
attaquer qu'à défendre. Tenté sans
doute par cette facilité relative, un
autre orateur de la droite, M. B avior,
un nouvel élu, a répété les arguments
de M. Fresneau sans y rien ajouter.
L'orateur a commencé son discours en
remontant à l'année 1815. Effrayés de
l'espace qu'il avait à parcourir, la plu-
part des membres présents ont pris la
fuite. Il est bien resté une centaine
d'auditeurs épars dans la salle, encore
tout au plus. C est donc en présence
d'une forte majorité de fauteuils vides
que M. Biavier a achevé son discours
de début. La harangue de M. Fresneau
suffisait.
Au moment où M. Blavier finit son
discours, la fantaisie prend à quelques
personnes de faire le rapide dénom-
rement des sénateurs restés en séance.
A cause des entrées et des sorties qui
se succédaient sans interruption, on ne
put se mettre d'accord sur un même
chiffre. Deux nombres également fati-
diques sont affirmés par un nombre
égal de partisans : 89 et 93. Qu'on opte
pour l'une ou l'autre de ces supputa-
tions, que le Sénat légifère sous l'in-
fluence de l'un ou l'autre chiffre, il est
certain que le quorum serait plus régu-
lier. Mais ne soyons pas sévère pour les
Luxembourgeois : qu'ils s'absentent,
qu'ils se reposent et qu'ils laissent, le
plus promptement possible, reposer
également le pays.
La suite de la discussion estrenvoyée
à mardi.
A. GVULIHR.
Les ministres se sont réunis hier matin,
à l'Elysée, sous la présidence de M. Jules
Grévy.
Le ministre de la marine a reçu de
bonnes nouvelles du Sénégal. La colonne
du commandant Combes a réussi à secou-
rir et ravitailler celle du capitaine Louvel
qui, comme on le sait, a été attaquée le
31. mai par Samory, entre Niagassola et
Tiguire.
L'amiral Galiber croit que la dépense
qui sera nécessitée par la réfection de
notre matériel naval dépassera de beau-
coup la somme de 30 millions indiquée au
Sénat par l'amiral Peyron. Il communi-
que d'ailleurs, à ce sujet, une note dé-
taillée à la commission des finances.
Le ministre des affaires étrangères a
donné lecture des dernières dépêches
qu'il a reçues relativement aux affaires de
l'Afghanistan. L'impression qui en résulte
est généralement optimiste.
La ratification par le Parlement français
du traité de paix avec la Chine a été noti-
fiée au Tsong-li-Yamen.
En conséquence, les rapports officiels
vont être prochainement rétablis entre
les deux gouvernements.
C'est le ministre de Chine à Berlin qui,
tout en conservant ses fonctions actuelles,
sera tr^s probablement chargé de gérer
la légation de Paris. Il est attendu dans
les premiers jours d'août. 11 pourra ainsi
remettre ses lettres de créance avant le
dép trt du président de la République pour
Mont-sous-Vaudrey.
M. de Freycinei a reçu de M. Cambon
un rapport relatif a la célébratio 1 de la
fête nationale dans la Régence. Notre mi-
nistre résident à Tunis insiste sur la
grande part qu'y ont prise les Italiens. On
eu peut conclure que le souvenir des der-
niers incidents que l'on sait est complète-
ment effacé.
La conférence monétaire internationale
s'ouvrira le lundi 20 juillet. Elle sera pré-
sidée par M. Duclerc, dont les idées sont
absolument en concordance avec celles du
ministre des finances.
Le gouvernement va demander un cré-
dit pour l'application de la loi sur les ré-
cidivistes. Ce crédit sera divisé en deux
parties : 400,000 fr. pour le ministère de
l'intérieur et 800,000 fr. pour te ministère
de la marine. En attendant que lei attri-
bution, des eux départements soient
tranchées, le premier se chargera de l'en-
tretien des récidivistes jusqu h la date de
leur embarquement, et le second de leur
transport ainsi que de leur installation à
la Guyane.
Les ministres se sont longuement occu-
pés de la question de l'admission tem-
poraire des foutes et des filés de co-
ton. Ils ont décidé que le statu quo se-
rait au moins conservé jusqu'à nouvel
ordre.
Le ministre de l'intérieur a présenté à
la signature de M. Jules Grévy un mouve-
ment administratif qui est peu étendu.
M. Deffès, préfet des Pyrénées-Orien-
tales, est nommé préfet des Basses-Pyré-
nées, en remplacement de M. Robert (H
Massy, qui est mis e t disponibilité. Soli
successeur à Perpignan est M. Jouclal
Peloux, préfet des Basses-Alpes.
Le ministre du commerce demandera
un crédit supplémentaire ponr permettre
de ramener en France les restes du doc
teur Thuillier, mort en Egypte en soi-
gnant les malades de fa dernière épidémie
cholérique.
Le docteur Thuillier faisait partie de la
mission scientifique envoyée par le goug
vernement français.
——————— ———————
UNE HAINE NATIONALE
Il est incontestable que depuis quelque
temps la France éprouvait un vague ma*
laise. Les uns l'attribuaient à la criSG
agricole, les autres à la stagnation de*
affaires, aux expéditions lointaines, etc.
Un journal italien, la fii/orma, vient de
nous donner la clef du problème. Ce donfi
souffre la France, c* st d'un sentiment
qui s'appelle l'envie, et l'objet de son en-
vie est un Italien, il signor Rubattino.
Ce nom est celui d'un entrepreneur d.,
transports maritimes qu fit quelque bruit
il y a cinq ou six ans, à l'époque de l'ex-
pédition de Tunis. Depuis, M. Rubattino
est mort, mais il parait que par delà la
tombe il c ontinue à être notre bête noiroq
Si nous en croyons le journal transalpin.
son fantôme vient nous hanter dans nos
veilles et nos rêves ; nous le voyons per-
pétuellement à notre gauche, comme la
précipice de Blaise Pascal, et il n'est pas
un négociant de la rue de., Francs-Bour*
geois qui, en se mettant a table, ne voiat
sa place occupée par ce nouveau Banco*
Il parait que nous suçons cette hainet
avec le lait ; elle fait partie de l'enseigne*
ment des écoles primaires, au même titre
que l'abécédaire et les quatre règle".
Si le cabinet Ferry est tombé, c'est qu'on
le suspectait de vouloir réagir contre
cette antipathie nationale, et nul n'i*
gnore que, des bancs le> plus extrômç
droite aux dernières travées de l'extrême-
gauche, il n'est pas un orale irà laCham»
bre qui ne conclue ses discours par ses
mots :« Et j'estime en outre qu'il faut dé*
molir M. Rubattino. » Cette formule re.
vient régulièrement comme 1 eDelenda est
Carthago de Caton. M. Germain nous l'a
encore servie pas plus tard que lundi der*
nier,à propos de l'impôt sur f alcool,et ella
est tombée des lèvres de M. Bisseuil dang
la discussion sur la péréquation de l'iŒf»
pôt foncier. -
Ce n'est pas tout. La Riforrna, qui sans
doute possède un fil spécial. affirme, dans!
le compte-rendu, daté du 13,iu'elle publia
sur notre fête du 14 juillet, que le cri
« A bas Rubattino ! » a été poussé mard.
dans toute l'étendue du territoire française
Les autres années, on « h intait : « Il n'a(
pas de parapluie », a E i r'venant d' Su-
resnes o , « Mad'moiseile, écoutez-mot
donc »; il y a vingt ans, le cri à la modor,,
était : « As-tu vu ambert? » Cette annécî
c'était is« A bas RubattilJo! »
Tous ces détails rn'avaie it échappé. Il
n'est rien de tel décidément pour vouslj
renseigner sur ce qui se passe en France,
que la lecture des journaux étrangers.,
FRÉDÉRIC MONTARGIS.
LES ON-DIT
Dans sa séance d'hier, l'Académie déâ
beaux-arts a procédé à l'élection d'un
membre dans la section d'architectureK
en remplacement de M. Ballu, décédé.
Les candidats étaient : MM. Daumetk
Feuilleton du RAPFE&
DU 20 JUILLET
8
LA BANDE
DES
COPURCHICS
R.OMAN PARISIEN
n
"aliyu. — (Suite)
- Vous parlez avec une voluhilitéu.
Laissez moi placer un mot.
M. Blériotte interrompit sa fille en de-
mandant à Camboulives :
— Prenez-vous un cigare?
— Certainement, dit Camboulives.
Elvire s'était tue, et elle n'ouvrit pres-
que plus la bouche de la soirée, car si elle
se montrait d'une loquacité suffisante
avec ses amis, elle se retirait en elle-même
devant ses parents, et c'est ce qui faisait
trouver à Mme Blériotte que sa fille était
tamartinienne.
Reproduction interdite.
Voir le Rappel du .13 au 19 juillet»
— Voyons, es-tu très ému?.. commença
Blériotte en s'adressant à Camboulives.
— Emu? pour quelle raison?
— Mais quand on sait qu'on va risquer
sa vie dans quelques heures, il me semble
qu'on ne doit pas être aussi calme que
l'huile dans sa bouteille.
- Si vous croyez que je m'inquiète
pour si peu de chose! dit Camboulives. Je
transpercerai mon adversaire comme un
gigot que l'on embroche.
— Alors tu peux faire ma partie de pi-
quet, comme à l'ordinaire.
7- Asseyons-nous et donnez les cartes.
La partie étant commencée, Mlle Elvire
se plaça près de la table, une broderie
sur ses genoux, et tout à coup Cambou-
lives sentit un coup de pied sur ses
mollets.
- Aïe ! fit-il.
— Qu'est-ce? demanda Blériotte.
— Rien, dit Camboulives, je me suis
aperçu que j'avais mal joué.
Pour le récompenser de sa discrétion,
Mlle Elvire lui allongea un deuxième coup
de pied, puis un troisième, et comme
Camboulives se garait du mieux qu'il pou-
vait, elle mit le talon de sa bottine sur
l'orteil du malheureux et appuya si fort
qu'il jeta les cartes en poussant un cri.
— Qu'as-tu donc? demanda Blériotte.
— J'ai oublié l'heure, s'écria Cambou-
lives, et j'ai rendez-vous ce soir avec mes
témoins. Je vous quitte. Adieu. Il faut que
je sache si je me bats demain, vous com-
prenez.
— C'est le moins que tu puisses faire de
t'inquiéter de ça, dit Blériotte.
— J'ai la jambe en capitolade, souffla
Camboulives dans l'oreille d'Elvire.
— Ça vous apprendra, dit-elle.
— Té 1 quoi, vous nous quittez déjà, dit
Mme Blérioite en rentrant.
— Il faut même que je me dépêche, dit
Camboulives.
— Et ne manque pas de nous envoyer
de tes nouvelles demain matin, dit Blé-
riotte, nous serons inquiets, très inquiets.
— Soyez calmes, adieu.
Camboulives se sauva en grattant ses
mollets.
— Cette petite Elvire. elle m'a joliment
arrangé, murmura-t-il. Mais le leur ai-je
mis carrément, avec mon histoire de duel.
Tas de bourgeois, va ! Je vous en raconte-
rais bien d'autres si Elvire n'était pas si
jolie et si elle n'avait pas toute la forttine
que vous lui laisserez. J'épouserai Etvire,
mais quel démon j'aurai dans mon mé-
nage! Voyons, voyons, il n'est qun dix
heures. Qu'est-ce que je vais faire jusqu'à
deux heures du matin? Si je rejoignes les
Copurchics? Ils doivent être à Bullier.--
Il est vrai qu'avec une jambe dans cet
état je ne vais pas me livrer à une choré-
graphie folâtre. Petite coquine d'Elvire,
va 1 C'est singulier tout de même comme
les femmes ont des façons différentes de
vous dire qu'elles vous aiment. Chacun
des coups de pied d'Elvire criait : je t'aime !
je t'aime 1 C'est un amour qui laisse
des bleus. Ce doit être un amour cékste.
C'est égal, si sou Elvire avait manifesté de
cette manière ses sentiments à M. e
Lamartine, comme dit cette excellente
Mme Blériotte, il aurait fait des vers plus
terre-à-terre.
111
Le Ital Bailler
Camho,dives se dirigeait de son pas vif
vers le bal Bullier.
Le moment de la grande montée était
passé et le Boul'Miche ne voyait plus que
quelques groupes attardés, silencieux
ou br.tillards, croisant les passants tran-
quilles
Quelques voitures dans lesquelles des
individus de sexes différents se juchaient
pittoresquement remontaient encore le
boulevard Michel, en latin Boul'Miche,
comme on sait. Des bouffées de chansons
et des cris discordants s'évaporaient dans
une atmosphère printanière, et à travers les
arbres du carrefour de l'Observatoire dont
les bourgeons se développaient, apparais-
sat, jetant de la lumière au milieu
d'un long mur et faisant pâlir les becs de
gaz, l'illumination de la porte du bal.
Une cinquantaine de bourgeois, d'ou-
vriers, de gamins et de rôdeurs se tenaient
devant la porte, sur le trottoir opposé, les
mains dans * poches, gouaillant lors-
qu'une femme passait, échangeant des
propos grossiers ou des injures et s'en-
gueulant au besoin sur une gamme ascen-
dante dont chaque note était apprise par
cœur depuis longtemps.
Un lazzi imorévu, spirituel, éclatait si
rarement qu'il semblait discordant au mi-
lieu de ces mots, de ces cris, de ces huées.
C'était bruyant, mais c'était voulu. On ne
sentait pas en arrivant à Bullier monter
au cerveau la chaleur du plaisir, on avait
plutôt froid dans le dos; et la sensation
était peut-être moins pénible quand on y
arrivait dans un moment où les curieux
se taisaient et où on n'entendait plus que
le roulement des voitures et le pas régu-
lier des sergents de ville chargés de tem-
pérer le penchant des humains pour l'im-
moralité.
Camboulives entra en habitué des lieux
que rien ne surprenait ni ne saisissait
plus. Il passa sous la porte de style mau-
resque de cabaret de barrière, comme
toute l'architecture du bal. Le vestibule
était étroit, mal éclairé, malpropre. Des
gardes municipaux et des sergents de
ville en occapaicnl le centre, vous fai-
saient tourner derrière une petite barrière
pour qu'on allât payer sa place aux gui-
chets. Les guichets étaient bas. On se
courbait en deux pour jeter ses vingt
sous. Camboulives paya en disant : —
Voilà, — et se trouvant en haut de
l'escalier, il s'arrêta un moment à con-
sidérer le grouillement énorme des dan-
seurs.
L'escalier était raide, ses marches de
bois usées. A gauche, comme dans une
loge donnant sur le bal, le café était
rempli de consommateurs. A droite, dans
chacune des longues travées de l'établisse-
ment, au milieu des flots de poussière
qui formaient une atmosphère grisâtre,
apparente autour des lustres de gaz. tout
un monde s'agitait entre deux haies scin
rées de spectateurs.
Camboulives chercha des yeux les Go*
purchics, et, ne ies apercevant point, il
descendit lentement. Mais avant qu'il eût
quitté la dernière marche, il se fit un
mouvement dans cette partie du bal, et
des hommes et des femmes en grand
nombre se massèrent au bas de l'escaliefi
en élevant leurs chapeaux, et en secouant
leurs mouchoirs qui répandirent dans les
airs les suaves senteurs de la fleur de foi%
alors excessivement à la mode.
C'était les Copurchics qui apparais-*
saient en haut de l'escalier, et ils étaient
joliment connus à Bullier) les Copurchics 1.
Tous les cinq, ils se tenaient par le bras
et regardaient cette foule comme les do-
minateurs superbes ont accoutumé da
regarder les esclaves et les vaincus, cô
qu'ils faisaient d'autant mieux qu'ils
étaient dans le haut de l'escalirr et lei
autres dans le bas.
— Que de fleurs 1 que do fleurs! dit
Coqsigno en jetant un regard circulaire
sur les danseurs ; c'est encore plus fleuri
que chez la mère Bonbail.
Maillochon ôta son chapeau et salustf
ceux qui l'acclamaient, ce que ses amis
imitèrent; puis tout à coup, à cinq qu'ils
étaient, ils descendirent quatre à quatre et
se trouvèrent en position dans une partie
du bal que l'on avait baptisée « la salle il
manger ».
EDGAR MONTER
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