Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-01-13
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 13 janvier 1886 13 janvier 1886
Description : 1886/01/13 (N5787). 1886/01/13 (N5787).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7539086r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/11/2012
$$*5787 — Mercredi 13 Janvier 1889 le numérot lOc. —- BéDaptementg s 19 e* , 24 Nivôse an 94 Ne 5787 1
JDMINISTEATIOÎÎ
38, RUE DE VALOIS, 1&
JUB OIÎNEMENTS
'PARIS
S^îsssois. 10 »
Sisîàois.20 »
BÉPAKCEMEN-rS*
Tro is mois. ««..* let;*
Six:mois 22 A
A3resser lettres et manaais
v\ M. ERNEST LEPÈVEB
/fiDMINISTBAIEL'E.GÉBAlPt
REDACTION
ËMcesscï* au. Secrétaire (le la Réèlactioar,
De 5; à 6 heures du soin
fis, HOE DE "VALOIS, 1$
Ees manuscrits npnjnsérés ne seront j>asj?ejw&®
.ANNONCES
4PT. Cli. IAGRANGE, CERF et GP
- ^•ï>Iace de 1& Bourse, &
LES ASSASSINS DE PRIII
te 27 décembre 1870, le maréchal
Prim sortait des Cortès. La séance
avait été des plus vives. C'était trois
jours après, le 30, que le nouveau roi
d'Espagne allait faire son entrée dans
son royaume. Car l'Espagne allait avoir
un roi, et ce roi était un étranger. Après
avoir frappé à toutes les portes, no-
tamment à celle de l'Allemagne — et
nous savons trop ce que' nous a coûté
la royauté manquée d'un Hohenzollern
—les maquignons de monarchie avaient
fini par trouver un à peu près de roi en
Italie. Les Espagnols ne sont pas géné-
ralement tendres aux rois qu'on leur
expédie du dehors. Il y avait donc eu
à la séance des Cortès des paroles vio-
lentes contre le duc d'Aoste. Tellement
que le général Prim était allé jusqu'à
dire : — « Je passerai, s'il le faut, par
dessus la Constitution pour sauver la
patrie et la liberté. » Ce qui était deux
fois drôle, le patriotisme espagnol ne
consistant guère, habituellement, à
désirer un roi italien, et la liberté,
habituellement, ne consistant pas da-
vantage à violer une Constitution et à
substituer la monarchie à la Républi-
que.
La façon dont ce patriotisme et
ce libéralisme avaient été accueil-
lis préoccupait le maréchal Prim.
Il était, d'ailleurs, soucieux depuis
quelque temps Il avait été averti que
les choses ne se passeraient pas tran-
quillement, que tout le monde ne se
résignerait pas à son roi, et que
le danger n'était pas seulement pour
l'intrus qui avait l'imprudence de s'ex-
poser à un peuple mal commode, qu'il
était d'abord pour l'Espagnol qui livrait
l'Espagne à un étranger.. ;
Il avait pris la précaution d'attacher
spécialement à sa personne un inspec-
teur de police qui, avec une escouade
d'agents très sûrs et très résolus, veil-
lait sur lui toujours et partout. Cet
inspecteur ne communiquait jamais
verbalement avec le maréchal. Quand
le maréchal sortait des Cortès, l'inspec-
teur regardait de quelle main il tenait
sa canne : si c'était de la main droite,
c'était par les rues à droite qu'il ren-
• trerait au ministère de la guerre; si
c'était à gauche, c'était par les rues à
gauche.
Le 27 décembre 1870, le maréchal
portait sa canne de la main droite.
L'inspecteur se hâta d'échelonner ses
hommes en conséquence.
La voiture s'engagea dans la petite
rue du Turco. Comme elle longeait le
mur de clôture du marquis Casa Piera,
une grêle de balles éclata avec furie.
Prim fut criblé. L'épaule gauche à elle
seule fut trouée de sept balles.
Il ne mourut pourtant que trois jours
après, le 30 décembre, au jour et à la
minute où le roi qu'il avait fait posait
le pied sur le territoire espagnol.
Et les assassins ? — Cherchez.
L'instruction a duré quinze ans, et
elle dure encore. C'est tout récemment
que la justice espagnole nous deman-
dait l'extradition de M. Paul Angulo.
On la lui a refusée, cela va sans dire.
Aujourd'hui M. Angulo se justifie dans
une brochure intitulée les Assassins du
maréchal Prim, de laquelle il résulte-
rait que, si on ne les a pas trouvés,
c'est qu'on n'a pas voulu.
Cette brochure jette un jour singu-
lier sur la manière dont la justice se
rend en Espagne. Voici un passage
d'un rapport du premier juge instruc-
teur du procès : — tance, même exagérée, auprès du con-
seil des ministres qui se trouvait au-
près de l'illustre blessé dans le palais
de Buenayista, pour remplir la mission
que la charge de juge d'instruction
m'imposait, il ne me fut pas permis
d'interroger le maréchal. » L'instruc-
tion n'en suivit pas moins son cours.
Il y eut beaucoup de dénonciations et
d'arrestations. Le procès se termina,
après quatre ans, par l'acquittement
pur et simple des accusés et des accusa-
teurs. Et un certain nombre des accu-
sés « avaient avoué le crime ». Com-
ment, demandait, l'année dernière, un
journal de Madrid, « ceux-ci parvinrent-
ils à obtenir un jugement qui les acquit
tait après avoir avoué ? C'est un mystère
encore. »
Ce mystère,. M. Angulo prétend en
avoir l'explication. Il cite un témoin
qui n'est pas suspect de partialité pour
lui, un journal qui lui attribue le meur-
tre, El Progresso. Voici des extraits du
numéro du 7 août 1885 :
« Dans la dernière descente faite au
domicile de M. Solis, secrétaire du due
de Montpensier, avec qui les criminels
de ladite tentative disaient qu'ils s'é-
taient entendus, on trouva une sorte
de mémoire de la propre écriture dudit
secrétaire, dans lequel, jour par jour
ou à peu près, il consignait tous ses
travaux, ainsi que ceux de quelques
personnages politiques, etc., etc.
On dit que ce mémoire a disparu
de la procédure. - Ce qui n'ad-
met pas de doute-, ce qu'on peut
donner comme un fait positif, c'est
qu'en envoyant de la cour de justice au
tribunal l'ordre d'élargissement de don
Felipe Solis, on fit disparaître de la
procédure une demi-carte de visite
coupée en forme de triangle, qui était
la contremarque avec laqu lie un cri-
minel avoué, don José Lopez, disait
s'être entendu par l'entremise d'un
tiers, avec ledit don Felipe. — Lors-
qu'on était en train de faire ladite vi-
site domiciliaire dans la dernière de-
meure de don Felipe Solis, secrétaire
du duc de Montpensier, il apparut dans
la maison, par hasard, ou peut-être
appelé à l'occasion, un haut fonction-
naire du ministère public de Madrid,
qui se trouve encore aujourd'hui dans
une très haute situation, etc. »
El Progresso ajoute que ce fut à la
veille du mariage d'Alphonse XII avec
une des filles, du duc de Montpensier
que fut rendue l'ordonnance de non-
lieu. On,fit venir tout exprès de Tala-
1 vera de la Reina un nouveau juge, qui
a ne.lut pas même le procès ». Le pro-
cureur don Joaquin Vallendo avait
déjà rédigé un réquisitoire qui gênait
le juge nouveau : (c On changea le
procureur, et on lui donna un succes-
seur qui s'empressa de demander, lui,
en ce qui concernait le secrétaire du
duc, l'ordonnance de non-lieu si dé-
sirée », Nous avons dit que tous les
accusés avaient été relâchés", même
ceux qui avaient avoué. Un de ceux-ci,
don José Lopez, ne fut pas seulement
relâché: « il fut attaché, après sa mise
en liberté, à la police secrète. »
Nous n'avons pas besoin de dire
quelle conséquence M. Paul Angulo
tire de cet article d'un journal qui lui
est hostile. Nous lui en laissons, et au
Progresso, toute la responsabilité. Nous
ne sommes pas juge d'instruction et ce
n'est pas notre affaire de mettre la jus-
tice sur la piste des coupables, mais
nous croyons qu'après avoir lu l'Assas-
sinat du maréchal Prim tout le monde
sera d'avis que l'assassin n'est pas M.
Angulo.
AUGUSTE VACQUERIE.
-. .————————— ————————————————————————
COULISSES DES CHAMBRES
C'est aujourd'hui que s'ouvre la session
ordinaire de 1886. Ainsi qu'on le sait
déjà, la Chambre doit, dans cette séance
de rentrée, procéder à l'élection de son
bureau pour l'année entière. Il y a accord
pour réélire purement et simplement les
membres du bureau sortant, en rempla-
çant seulement ceux qui se retirent.
Ceux-ci sont au nombre de trois : M. De-
velle, vice-président, qui est devenu mi-
nistre, et #M. de la Biîiais et Bénazet, les
deux secrétaires de droite qui se retirent
pour permettre à d'autres membres de
leur groupe de se présenter.
Pour la vice-présidence, la désignation
du candidat est laissée à la fraction de la
majorité républicaine, à laquelle appar-
tient M. Develle. On paraissait résolu
hier à porter à ce siège M. Casimir-Pe-
rier (Aube), ancien sous-secrétaire d'Etat
à la guerre.
La droite, de son Côté, a décidé de
porter pour les deux sièges de secrétaires
qui lui sont attribués : MM. Arnous, dé-
puté de la Charente, et M. de Lamarzelle,
député du Morbihan.
-0-
Au Sénat, l'élection du bureau, suivant
le règlement, ne pourra pas avoir lieu au-
jourd'hui. Elle se fera soit demain, soit
jeudi au plus tard.
La composition du bureau du Sénat ne
parait pas devoir subir de changement
sensible. S'il y a des modifications, elles
ne porteront, selon toutes probabilités,
que sur le personnel des secrétaires, entre
lesquels il est d'usage d'effectuer un rou-
lement annuel.
-0-
Comme on le sait, c'est seulement après
l'élection du bureau que le gouvernement
donnera lecture aux Chambres du message
du président de la République et de la
déclaration ministérielle. Cette lecture
aura lieu vraisemblablement après-demain
jeudi.
La session sera alors ouverte effective-
ment et les délibérations pourront s'enga-
ger. Mais on croit que les Chambres seront
obligées d'ajourner à quelques jours la
reprise effective de leurs travaux. Car il
n'y a actuellement aucune question prête
à être mise en discussion.
Les projets de loi émanés du gouverne-
ment et les propositions émanées de l'ini-
tiative parlementaire existant déjà en
assez^grand nombre; mais les formalités
de la procédure parlementaire ne sont
terminées pour presque aucun, de sorte
qu'il faut laisser quelques jours pour per-
mettre aux rapporteurs de déposer leur
rapport ou aux bureaux d'élire les com-
missions chargées d'examiner les propo-
sitions déjà prises en considération.
Le ministère, de son côté, verrait
avec satisfaction les Chambres se proro-
ger pendant quelques jours; il aurait ainsi
plus de facilités pour étudier les ques-
tions dont il fait figurer la solution dans
son programme immédiat.
M. Jules Roche, ancien rapporteur gé-
néral du budget de 1H86, compte déposer
une proposition analogue à celle dont le
Parlement allemand vient d'être saisi et
ayant pour objet de donner à l'Etat le
monopole de l'alcool, comme il a déjà
celui au tabac. Le système qu'étudie M.
Jules Roche aurait pour effet, sans aug
menter le prix de l'alcool, de fournir à
l'Etat des ressources nouvelles très consi-
dérables qui permettraient à la fois d'éta-
blir l'équilibre du budget et d'e.ffectuer
des dégrèvements importants au profit de
l'industrie et de l'agriculture.
M. Jules Roche déposera sa proposition
lorsque la commission du budget de 1887
sera nommée, de manière à en demander
le renvoi à cette commission.
On lit dans le Journal officiel :
M. Gustave Oliendorff, chef du bureau des
musées et des expositions au ministère de
l'instruction publique, des beaux-arts et des
cultes (section des beaux-arts), est délégué
dans les fonctions de directeur du cabinet t
du personnel au ministère du commerce et
de l'industrie.
Le ministre du commerce et de l'indus-
trie ne pouvait faire un meilleur choix.
To is ceux qui ont eu des relations avec
M. Gustave Ollendorff aux beaux-arts con-
naissent son intelligence et son activité.
Par les aptitudes dont il a fait preuve dans
le service des expositions, il était désigné
plus que personne pour un ministère dont
une des grandes questions va être l'Expo-
sition universelle de 1889.
NE BOUGEONS PLUS î
La session qui s'ouvre aujourd'hui
sera, sans nul doute, d'une très grande
importance. Sans croire, comme quel-
ques-uns de nos confrères, qu'elle
doive être décisive pour le sort des
institutions parlementaires; sans croire,
à plus forte raison, que la solidité iné-
branlable de la République y puisse
recevoir quelque sérieuse atteinte, il
est bien certain que la politique de ce
premier trimestre risque fort d'enga-
ger, d'une façoa à- peu près irrévoca-
ble, le ministère et la Chambre, et de
peser d'un grand poiiis sur toute la lé-
gislature.
- C'est à cela qu'ont dû réfléchir les
hommes appelés par la confia ce du
président de la République à conduire
les affaires dans des circonstances par
ticuliètemenl délicates. Tout le monde
parlant d'union, ils n'ont pas eu de
peine à constater que l'union s'impo-
sait, et la composition même du cabinet
prouve qu'autant que possible cette
union a été réalisée en ce qui concerne
les personnes.
Mais M. de Freycinet et ses collègues
ont dû bien vite comprendre que l'u-
nion, dont ils étaient à la fois le sym-
bole et le produit, devait avoir pour
but essentiel l'association des forces et
non leur neutralisation, le mouvement
réglé e' non l'immobilité absolue.
S'unir pour ne rien faire eut été la
plus dangereuse et la plus folle des
politiques. Une union de ce genre, qui
mérite plutôt le nom de coalition, ne
se conçoit que pour des partis de mi-
norité, tentant de résister, à tout prix,
a la pression de la volonté nationale.
En pareille occurrence, on n'ose ni re-
muer ni faire un pas ; on accumule les
obstacles, on s'enferme dans la défense
passive, on s'immobilise, dans l'espoir
d'ailleurs décevant, d'immobiliser ainsi
l'assaiilant.
Mais, de bonne foi, est-ce que nous
en sommes à ces extrémités ?Est-ceque
le suffrage universel, se reniant lui-
même, marque quelque velléité de re-
nier la République? Les monarchistes
eux-mêmes n'oseraient pas l'affirmer
sincèrement; en tout cas, ils ne le
croient pas. Pourquoi donc, glacés par
une timidité sans cause, renoncerions-
nous à toute pensée de marcher en
avant, ce qui revient à peu près à. re-
culer? Pourquoi, pour n'aboutir k au-
cun résultat, organiserions-nous contre
ua ennemi imaginaire, avec l'intention
avouée de ne rien faire, une sorte de
ligue du néant?
Ce serait de la folie pure, et une pa-
reille faute ne pouvait pas être commise
par le nouveau cabinet. M. de Freyci-
net a trop d'expérience, trop de bon
sens pour admettre un seul instant
qu'on puisse grouper des forces consi-
dérahles, les concentrer fortement,
comme il a fait, puis les maintenir
ainsi' indéfiniment, sans leur donner
aucun objectif, sans utiliser cette puis-
sance par une action prudente et ferme.
Certains ont pu croire que le mot du
phonographe : ne bougeons plus I serait
le mot d'ordre de toute la législature.
Ni le ministère, ni la majorité ne se-
ront de cet avis 4
A. GAULIKa.
» —
Les dépêches suivantes d'Espagne nous
annoncent qu'un louvement insurrec-
tionnel a éclaté près de Carthagène :
Madrid, fi janvier.
La nuit dernière, un sergent, suivi de 40
soldats, a voulu s'emparer du château de
San-Julian de Carthagène. Les assaillants
ont été repoussés par la garnison du château
et par les troupes de la ville aux ordres du
gouverneur militaire qui a été légèrement
blessé ; mais ils ont pu prendre la fuite à
l'aide d'un bateau qui le a attendait au port.
Madrid, lt janvier.
Le détachement de troupes du château de
San-Julian de Carthagène, qui s'est insurgé
aux cri, de : Vive la République t comprenait
46 hommes et un sergent.
Le général d. brigade Fajardo, gouverneur
militaire de Carthagène, s'est placé à la tête
d'un bataillon pour attaquer les insurgés. Il
a été grièvement blesse d un coup de fusil.
Les insurges ont réussi à s'évader et à ga.
guer un bateau marchand allant à Oran.
Madrid, It janvier.
Les dépêches, officielles de Carthagène disenl
que le gouverneur militaire de cette ville fut
avisé, à une heure du matin, de l'insurrec,
tion qui s'était produite au fort San-Julian.
Le fort est situé près da la mer, sur la ligne
extérieure de a délense de la place.
Un sergent, à la tête d'un groupe de pay-
sans, s'approcha du fort à la faveur de l'obs-
curité; le sergent de garde leur ouvrit la
porte du fort ; les insurgés, ayant pénétré,
surprirent le gouverneur et l'attachèrent
Le général faJardo, informé de cet événe-
ment, sortit de Carihagène à 1 a téta de cinq
compagnies qu'il disposa à une certaine dis-
tance du ;ort, puis il s'avança. en reconnais-
sance avec quatre gendarmes.
Les insurgés firent feu sur lui et, se voyant
surpris et dans l'impossibilité le défendre le
fort, où ils n'étaient pas soutenus par la gar-
nison, ils prirent la fuite et descendirent
jusqu'à la mer par l'escalier qui conduit a la
plage.
Le général Fajardo a été blessé de quatre
balles.
————— ——————.
Les représentants de toutes les puis-
sances ont reçu des instructions en vue
d'une démarche collective à effectuer à
Belgrade, Sofia et Athènes, pour obtenir
un désarmement plus ou moins étendu.
La dépêche suivante donne à ce suje
des renseignements intéressants- ;
Berlin, 11 janvier.
La proposition adressée par le gouverne-
ment russe pour demander la démobilisation
des armées serbe, bulgare et grecque, a étft
acceptée par toutes les puissances.
Cette proposition ne mentionne nullement
l'armée turque. Mais, dans la pensée des ca-
binets, la démobilisation des forces ottomanes
suivra immédiatement celle de la Serbie, da
la Bulgarie et de la Grèce.
Une action commune va êtra exercée dans
ces trois pays.
On assure que la conférence des am-
bassadeurs au sujet de la question roumé.,
liote ne se réunira plus.
a.
MARIAGE ROYAL
Les dettes du roi Louis continuent à
être la principale préoccupation du peu-
ple bavarois. On ne parle que de cela
dans les journaux, dans les couloirs de la
Chambre, au café Maximilien, à la bras-
serie royale." Le fait est qu'il est on ne
peut plus urgent de prendre des mesures;
les menaces des créanciers de la liste
civile se sont depuis longtemps transfor-
mées en clameurs. Comment les apaiser ?
Où trouver les dix millions de marcks né-
cessaires à une complète liquidation ?
Cette somme, le roi ne la possède pas.
Il la posséderait qu'il se garderait bien de
la donner à ses fournisseurs. Il se ferait
construire un nouveau palais et tout se-
rait dit. Si le roi n'a pas le sou, il a des
parents qui sont riches, mais ceux-ci ont
fait la sourde oreille à toutes les invita-
tions qu'on leur a adressées. A défaut de
la famille du roi, il y a la Bavière. Un
peuple n'est-il pas une grande famille ?
En - pareil -- cas, Victor-Emmanuel s'est ----
adressé aux Chambres et a obtenu une
augmentation de sa liste civile. Ma s ce.
que l'Italie a fait pour le roi galantuomo, la
Bavière ne le fera pas pour son souverain,
vu que les nations ne pardonnent à leurs
chefs que les folies auxquelles elles ont
plus ou moins participé.
— Votre ministre est une canaille, dit
un confident à je ne sais plus quel roi d'o-
pérette; il a mangé tout le trésor avec des
femmes.
— Le misérable 1 répond le roi. Si en-
core il m'avait invité l
Le tort du roi Louis est de n'avoir pas
invité les Bavarois. Fait-il monter une
pièce, la représentation a lieu à huis-clos
et le publie n'est admis à y assister que
quand les costumes et les décors sont dé-
îraichis. Bâtit-il quelque burg moyen âge
ou quelque Versailles alpestre, il a bien.
soin de l'entourer de murs infranchissa-*
bles. Le prodigue se double chez lui d'un
misanthrope. Jamais roi ne s'est amusé,
plus tristement.
Pour éviter une banqueroute immi.
nente, les fortes tôtes do la Bavière se
sont décidées à proposer au roi un parti
absolument radical.
Quand une famille ne sait plus où don-
ner de la tête, qu'el e a épuisé contre un
de ses membres tous les moyens que lui
confère la loi, conseil judiciaire, interdic-
tion, curatelle, etc., elle se dit : Eugène
nous ruine, Eugène nous déshonore ; il ne
nous reste qu'une chose à faire,, c'est de.
le marier.
Marier le roi Louis ! Cela peut passée
pour un paradoxe. Aussi bien n'est-il pas
un si mauvais parti? Il est ruiné, cela est.
vrai, mais n'a-t-il pas en propre cet at-
tribut qui faisait faire à Jean-Jacques-
Rousseau des gorges chaudes et dont M.
Alexandre Dumas fils a dit qu'il consti..
tuait un éapital ?
Donc la Bavière songe à marier son
prince. On s'est ouvert, paraît-il, aux
Tour et Taxis, mais cette famille, qui s'est
enrichie, comme on sait, grâce au mono-
pole du service postal dont elle jouissait
du temps de l'ancienne Confédération,
exige pour prix de son alliance l'abdica-
tion du roi Louis, afin de faire passer sa
couronne sur la tête de son oncle, le prince
Luitpold, chef du parti ultramoutain.
Feuilleton du RAPFEJC.
DU 13 JANVIER
; |
ai
LA
PRINCESSE BELLADONE
ttOMAN PARISIEN
TROISIEME PARTIE
l'HORlZONTALE
VI
Qui le raaédecfia du cofrps dewlèrtt
- lé médecin de l'âme
- Suite —
Odette était tombée à genoux dëvaiit sa
mère.
—Allons T reprit Emma avec une amer-
tume poignante, relevez-vous, Odette.
Vous ne devez pas vous humilier aux
pieds d'une femme perdue, telle que moi.
Elle s'arrêta. Une larme brillait à ses
Reproduction lnteldite. - Droit de traduc-
tion réservé
Voir le Ramî da 28 WôfltfmttlliMlT
ïïôV
«
paupières, mais elle passa rapidement la
main sur ses yeux.
Odette l'avait vue, pourtant, cette
larme.
Se relevant toute en pleurs, elle aussi,
elle voulut se jeter dans les bras de sa
mère.
Il
—Maman, pardonne-moi ! dit-elle.
— Vous pardonner. quoi ? reprit
Emma. De me traiter ainsi que je le mé-
rite? De me juger ce que je vaux? Mais
rien de plùs juste, rien de plus naturel,
après tout! Cela devait m'arriver, tôt on
tard ! Je récolte ce que j'ai semé. N'ai-je
pas tout fait pour vous inspirer l'amour
du bien, l'horreur du vice?
— Mereï pardon! je t'en supplie 1
— C'est moi, en somme, qui vous ai
appris à mépriser mes pareilles. A qui
devez-vous ces sentiments d'honneur avec
lesquels vous me flagellez ? A cette mère
qui fait honte et dont on rougit I C'est
cette femme qui vous a fait élever loin
d'elle, se privant de vos caresses d'enfant,
les seules dont elle eût soif, et qui l'eus-
sent consolée et lavée. des autres 1 C'est
cette femme qui, se jugeant, s'est dit :
« Ma fille ne me ressemblera pas. Elle
éera £ i pure que si jamais elle connaissait
sa mère pour ce qu'elle est; que si jamais
elle apprenait de quel fumier elle est
sortie, elle n'aurait que de l'horreur pour
celle à qui elle doit la vie. » Voilà ce que
j'ai VMÏa et JOua ce gui est!
Odette l'écoutait, ne pleurant plus, les
yeux baissés, souffrant cruellement.
— Mais vous oubliez aussi, Odette, que
moi seule, après tout, je puis vous tenir
ce langage ! que moi seule, je crois, au-
jourd'hui, à votre pureté, à votre hon-
nêteté; que moi seule, je pouvais dire à
la fille coupable, à la fille séduite : « Re-
lève ton front, ma fille. Je sais que tu es
innocente et je crois que tu es hon-
nête! » Vous oubliez que pour tous, ex-
cepté pour une mère, vous êtes une créa-
ture déshonorée, à qui le monde jette-
rait la pierre ou ses froids dédains, s'il
savait, non pas que vous êtes ma fille,
mats tout simplement que vous avez
été la maîtresse de ce noble gentilhomme
qui s'appelle Gontran, comte de Malvoix,
et dont l'estime vous tient tant au cœur.
Odette, éperdue, fondit en larmes.
Emma reprit :
— Vous oubliez que si, après avoir été
victime, vous n'êtes pas devenue coupa-
ble; que si, après avoir commis cette faute,
d'autres fautes n'ont pas suivi, c'est que
vous avez trouvé une mère, — quelle que
fût cette mère! — qui vous a tendu la
main, arrachée au milieu corrupteur,
infâme, où votre amant vous jetait; une
mère qui vous a recueillie, qui a assuré
votre existence, votre bien-être, alors que"
le lendemain de l'abandon prochain de
votre séducteur, vous n'eussiez trouvé que
U rue pour abri et le ruisseau pour lit.
— Ah! ma mère!. balbutia Odette.
— « Je serais morte de mon amour !
direz-vous; ou j'aurais lutté, travaillé ».
Qu'est-ce que vous en savez, Odette? On
ne meurt pas souvent d'amour, ou on n'en
meurt-pas assez vite pour se sauver de
l'infamie. Quand on a mis le pied sur le
premier échelon de l'échelle infâme, on
descend jusqu'au fond. C'est à moi, à
moi, dont le nom seul est une insulte et
un deshonneur, que vous devez, que vous
devrez de n'être pas devenu semblable à
moi, à moi qui ai été, jadis semblable à
vous ; mais qui, pauvre, orpheline, sans
mère, fût-elle la dernière des dernières,
pourvu qu'elle m'aimât, suis devenue
celle que vous frappez et que vous mau-
dissez avec tant de justice,, la princesse
Belladone !
— Maman, pitié ! sanglota Odette, en
lui saisissant les mains, qu'elle couvrait
de baisers et de larmes.
— Oui, pitié. pitié pour toi, pauvre
enfant, reprit plus doucement Emma, car
je te demandais comment tu as le cœur
fait pour défendre cet homme contre
moi. Tu as le cœur d'une femme qui
aime. Hélas ! c'est là ton excuse; il faut
pardonner les lâchetés de l'amour. Ainsi
je te pardonne, mais à toi seule, entends-
tu, à toi seule 1 A lui, jamais t
Elle regarda longuement sa fille- qui
n'osait la regarder.
— Cette explication. reprit-elle. loutp.
ment, devait avoir lieu entre nous. C'est
fini. C'est la dernière. Qu'elle ne se renou-
velle plus. Tout est dit entre nous, pour
toujours. Reprenons chacune notre rôle,
rentrons chacune dans notre personnage
et notre devoir. Reste la victime inno-
cente. Reste l'âme pure et fière qui mau-
dit et méprise la femme que je suis. Moi,
je reste la mère qui venge et qui punit,
comme elle l'entend, par les moyens dont
tille dispose. Je ne te demande même pas
de m'aimer. Il suffit que je t'aimé. pour
nous deux. Adieu, Odette.
— Maman, embrasse-moi! s'écria la
jeune fille, en se jetant à son cou.
Emma saisit la jeune fille dans ses bras,
la serra violemmennt, se pencha vers elle
pour déposer un baiser sur ce front candide.
Mais elle s'arrêta brusquement, rejeta
la tête en arflêrev
— Non, non, dit-elle, mes lèvres te
souilleraient 1
Elle se détacha de l'étreinte filiale, posa
ses deux mains sur sa bouche, envoya un
baiser fait de passion, de désespoir et de
respect à son enfant, et sortit.
VIL
L'antre complot
En rentrant dans son hôtel, la princesse.
Belladone y trouva Baoul de feeÇAÇf SttiL
l'attendait.
Au premier coup d'œil jeté sur Mme de.
Curgis, il vit que le baromètre était à la
tempête.
— Qu'avez-vous ? lui dit-il. Est-ce qu'il
y a quelque anicroche?
- Demon côté. non! fit-elle sèche-
ment.
- C'est ce que je me disais; cela va.
comme sur des roulettes ; ce pauvre Phi-
lippe n'est-il pas à votre merci ? Et je sais,
que vous n'en aurez pas l
- NOlll
— De quoi et de qui ête^vpyg. rançon*,
tente,, alors?
— De vous l
— De moi! Ah! par exemple! N'ai-je.
pas travaillé consciencieusement, sous
vos ordres, à faire de ce jocrisse hypocrite
un vicieux enragé et enfin un véritable
criminel ? Qu'est-ce qu'il vous faut donc?
Et quand trouverez-vous un collaborateur..
aussi intelligent que moi?
- Et AdrienneZ demanda-t-elle .brU$1
quement.
A: MATTHEY.
(A suivre J
JDMINISTEATIOÎÎ
38, RUE DE VALOIS, 1&
JUB OIÎNEMENTS
'PARIS
S^îsssois. 10 »
Sisîàois.20 »
BÉPAKCEMEN-rS*
Tro is mois. ««..* let;*
Six:mois 22 A
A3resser lettres et manaais
v\ M. ERNEST LEPÈVEB
/fiDMINISTBAIEL'E.GÉBAlPt
REDACTION
ËMcesscï* au. Secrétaire (le la Réèlactioar,
De 5; à 6 heures du soin
fis, HOE DE "VALOIS, 1$
Ees manuscrits npnjnsérés ne seront j>asj?ejw&®
.ANNONCES
4PT. Cli. IAGRANGE, CERF et GP
- ^•ï>Iace de 1& Bourse, &
LES ASSASSINS DE PRIII
te 27 décembre 1870, le maréchal
Prim sortait des Cortès. La séance
avait été des plus vives. C'était trois
jours après, le 30, que le nouveau roi
d'Espagne allait faire son entrée dans
son royaume. Car l'Espagne allait avoir
un roi, et ce roi était un étranger. Après
avoir frappé à toutes les portes, no-
tamment à celle de l'Allemagne — et
nous savons trop ce que' nous a coûté
la royauté manquée d'un Hohenzollern
—les maquignons de monarchie avaient
fini par trouver un à peu près de roi en
Italie. Les Espagnols ne sont pas géné-
ralement tendres aux rois qu'on leur
expédie du dehors. Il y avait donc eu
à la séance des Cortès des paroles vio-
lentes contre le duc d'Aoste. Tellement
que le général Prim était allé jusqu'à
dire : — « Je passerai, s'il le faut, par
dessus la Constitution pour sauver la
patrie et la liberté. » Ce qui était deux
fois drôle, le patriotisme espagnol ne
consistant guère, habituellement, à
désirer un roi italien, et la liberté,
habituellement, ne consistant pas da-
vantage à violer une Constitution et à
substituer la monarchie à la Républi-
que.
La façon dont ce patriotisme et
ce libéralisme avaient été accueil-
lis préoccupait le maréchal Prim.
Il était, d'ailleurs, soucieux depuis
quelque temps Il avait été averti que
les choses ne se passeraient pas tran-
quillement, que tout le monde ne se
résignerait pas à son roi, et que
le danger n'était pas seulement pour
l'intrus qui avait l'imprudence de s'ex-
poser à un peuple mal commode, qu'il
était d'abord pour l'Espagnol qui livrait
l'Espagne à un étranger.. ;
Il avait pris la précaution d'attacher
spécialement à sa personne un inspec-
teur de police qui, avec une escouade
d'agents très sûrs et très résolus, veil-
lait sur lui toujours et partout. Cet
inspecteur ne communiquait jamais
verbalement avec le maréchal. Quand
le maréchal sortait des Cortès, l'inspec-
teur regardait de quelle main il tenait
sa canne : si c'était de la main droite,
c'était par les rues à droite qu'il ren-
• trerait au ministère de la guerre; si
c'était à gauche, c'était par les rues à
gauche.
Le 27 décembre 1870, le maréchal
portait sa canne de la main droite.
L'inspecteur se hâta d'échelonner ses
hommes en conséquence.
La voiture s'engagea dans la petite
rue du Turco. Comme elle longeait le
mur de clôture du marquis Casa Piera,
une grêle de balles éclata avec furie.
Prim fut criblé. L'épaule gauche à elle
seule fut trouée de sept balles.
Il ne mourut pourtant que trois jours
après, le 30 décembre, au jour et à la
minute où le roi qu'il avait fait posait
le pied sur le territoire espagnol.
Et les assassins ? — Cherchez.
L'instruction a duré quinze ans, et
elle dure encore. C'est tout récemment
que la justice espagnole nous deman-
dait l'extradition de M. Paul Angulo.
On la lui a refusée, cela va sans dire.
Aujourd'hui M. Angulo se justifie dans
une brochure intitulée les Assassins du
maréchal Prim, de laquelle il résulte-
rait que, si on ne les a pas trouvés,
c'est qu'on n'a pas voulu.
Cette brochure jette un jour singu-
lier sur la manière dont la justice se
rend en Espagne. Voici un passage
d'un rapport du premier juge instruc-
teur du procès : —
seil des ministres qui se trouvait au-
près de l'illustre blessé dans le palais
de Buenayista, pour remplir la mission
que la charge de juge d'instruction
m'imposait, il ne me fut pas permis
d'interroger le maréchal. » L'instruc-
tion n'en suivit pas moins son cours.
Il y eut beaucoup de dénonciations et
d'arrestations. Le procès se termina,
après quatre ans, par l'acquittement
pur et simple des accusés et des accusa-
teurs. Et un certain nombre des accu-
sés « avaient avoué le crime ». Com-
ment, demandait, l'année dernière, un
journal de Madrid, « ceux-ci parvinrent-
ils à obtenir un jugement qui les acquit
tait après avoir avoué ? C'est un mystère
encore. »
Ce mystère,. M. Angulo prétend en
avoir l'explication. Il cite un témoin
qui n'est pas suspect de partialité pour
lui, un journal qui lui attribue le meur-
tre, El Progresso. Voici des extraits du
numéro du 7 août 1885 :
« Dans la dernière descente faite au
domicile de M. Solis, secrétaire du due
de Montpensier, avec qui les criminels
de ladite tentative disaient qu'ils s'é-
taient entendus, on trouva une sorte
de mémoire de la propre écriture dudit
secrétaire, dans lequel, jour par jour
ou à peu près, il consignait tous ses
travaux, ainsi que ceux de quelques
personnages politiques, etc., etc.
On dit que ce mémoire a disparu
de la procédure. - Ce qui n'ad-
met pas de doute-, ce qu'on peut
donner comme un fait positif, c'est
qu'en envoyant de la cour de justice au
tribunal l'ordre d'élargissement de don
Felipe Solis, on fit disparaître de la
procédure une demi-carte de visite
coupée en forme de triangle, qui était
la contremarque avec laqu lie un cri-
minel avoué, don José Lopez, disait
s'être entendu par l'entremise d'un
tiers, avec ledit don Felipe. — Lors-
qu'on était en train de faire ladite vi-
site domiciliaire dans la dernière de-
meure de don Felipe Solis, secrétaire
du duc de Montpensier, il apparut dans
la maison, par hasard, ou peut-être
appelé à l'occasion, un haut fonction-
naire du ministère public de Madrid,
qui se trouve encore aujourd'hui dans
une très haute situation, etc. »
El Progresso ajoute que ce fut à la
veille du mariage d'Alphonse XII avec
une des filles, du duc de Montpensier
que fut rendue l'ordonnance de non-
lieu. On,fit venir tout exprès de Tala-
1 vera de la Reina un nouveau juge, qui
a ne.lut pas même le procès ». Le pro-
cureur don Joaquin Vallendo avait
déjà rédigé un réquisitoire qui gênait
le juge nouveau : (c On changea le
procureur, et on lui donna un succes-
seur qui s'empressa de demander, lui,
en ce qui concernait le secrétaire du
duc, l'ordonnance de non-lieu si dé-
sirée », Nous avons dit que tous les
accusés avaient été relâchés", même
ceux qui avaient avoué. Un de ceux-ci,
don José Lopez, ne fut pas seulement
relâché: « il fut attaché, après sa mise
en liberté, à la police secrète. »
Nous n'avons pas besoin de dire
quelle conséquence M. Paul Angulo
tire de cet article d'un journal qui lui
est hostile. Nous lui en laissons, et au
Progresso, toute la responsabilité. Nous
ne sommes pas juge d'instruction et ce
n'est pas notre affaire de mettre la jus-
tice sur la piste des coupables, mais
nous croyons qu'après avoir lu l'Assas-
sinat du maréchal Prim tout le monde
sera d'avis que l'assassin n'est pas M.
Angulo.
AUGUSTE VACQUERIE.
-. .————————— ————————————————————————
COULISSES DES CHAMBRES
C'est aujourd'hui que s'ouvre la session
ordinaire de 1886. Ainsi qu'on le sait
déjà, la Chambre doit, dans cette séance
de rentrée, procéder à l'élection de son
bureau pour l'année entière. Il y a accord
pour réélire purement et simplement les
membres du bureau sortant, en rempla-
çant seulement ceux qui se retirent.
Ceux-ci sont au nombre de trois : M. De-
velle, vice-président, qui est devenu mi-
nistre, et #M. de la Biîiais et Bénazet, les
deux secrétaires de droite qui se retirent
pour permettre à d'autres membres de
leur groupe de se présenter.
Pour la vice-présidence, la désignation
du candidat est laissée à la fraction de la
majorité républicaine, à laquelle appar-
tient M. Develle. On paraissait résolu
hier à porter à ce siège M. Casimir-Pe-
rier (Aube), ancien sous-secrétaire d'Etat
à la guerre.
La droite, de son Côté, a décidé de
porter pour les deux sièges de secrétaires
qui lui sont attribués : MM. Arnous, dé-
puté de la Charente, et M. de Lamarzelle,
député du Morbihan.
-0-
Au Sénat, l'élection du bureau, suivant
le règlement, ne pourra pas avoir lieu au-
jourd'hui. Elle se fera soit demain, soit
jeudi au plus tard.
La composition du bureau du Sénat ne
parait pas devoir subir de changement
sensible. S'il y a des modifications, elles
ne porteront, selon toutes probabilités,
que sur le personnel des secrétaires, entre
lesquels il est d'usage d'effectuer un rou-
lement annuel.
-0-
Comme on le sait, c'est seulement après
l'élection du bureau que le gouvernement
donnera lecture aux Chambres du message
du président de la République et de la
déclaration ministérielle. Cette lecture
aura lieu vraisemblablement après-demain
jeudi.
La session sera alors ouverte effective-
ment et les délibérations pourront s'enga-
ger. Mais on croit que les Chambres seront
obligées d'ajourner à quelques jours la
reprise effective de leurs travaux. Car il
n'y a actuellement aucune question prête
à être mise en discussion.
Les projets de loi émanés du gouverne-
ment et les propositions émanées de l'ini-
tiative parlementaire existant déjà en
assez^grand nombre; mais les formalités
de la procédure parlementaire ne sont
terminées pour presque aucun, de sorte
qu'il faut laisser quelques jours pour per-
mettre aux rapporteurs de déposer leur
rapport ou aux bureaux d'élire les com-
missions chargées d'examiner les propo-
sitions déjà prises en considération.
Le ministère, de son côté, verrait
avec satisfaction les Chambres se proro-
ger pendant quelques jours; il aurait ainsi
plus de facilités pour étudier les ques-
tions dont il fait figurer la solution dans
son programme immédiat.
M. Jules Roche, ancien rapporteur gé-
néral du budget de 1H86, compte déposer
une proposition analogue à celle dont le
Parlement allemand vient d'être saisi et
ayant pour objet de donner à l'Etat le
monopole de l'alcool, comme il a déjà
celui au tabac. Le système qu'étudie M.
Jules Roche aurait pour effet, sans aug
menter le prix de l'alcool, de fournir à
l'Etat des ressources nouvelles très consi-
dérables qui permettraient à la fois d'éta-
blir l'équilibre du budget et d'e.ffectuer
des dégrèvements importants au profit de
l'industrie et de l'agriculture.
M. Jules Roche déposera sa proposition
lorsque la commission du budget de 1887
sera nommée, de manière à en demander
le renvoi à cette commission.
On lit dans le Journal officiel :
M. Gustave Oliendorff, chef du bureau des
musées et des expositions au ministère de
l'instruction publique, des beaux-arts et des
cultes (section des beaux-arts), est délégué
dans les fonctions de directeur du cabinet t
du personnel au ministère du commerce et
de l'industrie.
Le ministre du commerce et de l'indus-
trie ne pouvait faire un meilleur choix.
To is ceux qui ont eu des relations avec
M. Gustave Ollendorff aux beaux-arts con-
naissent son intelligence et son activité.
Par les aptitudes dont il a fait preuve dans
le service des expositions, il était désigné
plus que personne pour un ministère dont
une des grandes questions va être l'Expo-
sition universelle de 1889.
NE BOUGEONS PLUS î
La session qui s'ouvre aujourd'hui
sera, sans nul doute, d'une très grande
importance. Sans croire, comme quel-
ques-uns de nos confrères, qu'elle
doive être décisive pour le sort des
institutions parlementaires; sans croire,
à plus forte raison, que la solidité iné-
branlable de la République y puisse
recevoir quelque sérieuse atteinte, il
est bien certain que la politique de ce
premier trimestre risque fort d'enga-
ger, d'une façoa à- peu près irrévoca-
ble, le ministère et la Chambre, et de
peser d'un grand poiiis sur toute la lé-
gislature.
- C'est à cela qu'ont dû réfléchir les
hommes appelés par la confia ce du
président de la République à conduire
les affaires dans des circonstances par
ticuliètemenl délicates. Tout le monde
parlant d'union, ils n'ont pas eu de
peine à constater que l'union s'impo-
sait, et la composition même du cabinet
prouve qu'autant que possible cette
union a été réalisée en ce qui concerne
les personnes.
Mais M. de Freycinet et ses collègues
ont dû bien vite comprendre que l'u-
nion, dont ils étaient à la fois le sym-
bole et le produit, devait avoir pour
but essentiel l'association des forces et
non leur neutralisation, le mouvement
réglé e' non l'immobilité absolue.
S'unir pour ne rien faire eut été la
plus dangereuse et la plus folle des
politiques. Une union de ce genre, qui
mérite plutôt le nom de coalition, ne
se conçoit que pour des partis de mi-
norité, tentant de résister, à tout prix,
a la pression de la volonté nationale.
En pareille occurrence, on n'ose ni re-
muer ni faire un pas ; on accumule les
obstacles, on s'enferme dans la défense
passive, on s'immobilise, dans l'espoir
d'ailleurs décevant, d'immobiliser ainsi
l'assaiilant.
Mais, de bonne foi, est-ce que nous
en sommes à ces extrémités ?Est-ceque
le suffrage universel, se reniant lui-
même, marque quelque velléité de re-
nier la République? Les monarchistes
eux-mêmes n'oseraient pas l'affirmer
sincèrement; en tout cas, ils ne le
croient pas. Pourquoi donc, glacés par
une timidité sans cause, renoncerions-
nous à toute pensée de marcher en
avant, ce qui revient à peu près à. re-
culer? Pourquoi, pour n'aboutir k au-
cun résultat, organiserions-nous contre
ua ennemi imaginaire, avec l'intention
avouée de ne rien faire, une sorte de
ligue du néant?
Ce serait de la folie pure, et une pa-
reille faute ne pouvait pas être commise
par le nouveau cabinet. M. de Freyci-
net a trop d'expérience, trop de bon
sens pour admettre un seul instant
qu'on puisse grouper des forces consi-
dérahles, les concentrer fortement,
comme il a fait, puis les maintenir
ainsi' indéfiniment, sans leur donner
aucun objectif, sans utiliser cette puis-
sance par une action prudente et ferme.
Certains ont pu croire que le mot du
phonographe : ne bougeons plus I serait
le mot d'ordre de toute la législature.
Ni le ministère, ni la majorité ne se-
ront de cet avis 4
A. GAULIKa.
» —
Les dépêches suivantes d'Espagne nous
annoncent qu'un louvement insurrec-
tionnel a éclaté près de Carthagène :
Madrid, fi janvier.
La nuit dernière, un sergent, suivi de 40
soldats, a voulu s'emparer du château de
San-Julian de Carthagène. Les assaillants
ont été repoussés par la garnison du château
et par les troupes de la ville aux ordres du
gouverneur militaire qui a été légèrement
blessé ; mais ils ont pu prendre la fuite à
l'aide d'un bateau qui le a attendait au port.
Madrid, lt janvier.
Le détachement de troupes du château de
San-Julian de Carthagène, qui s'est insurgé
aux cri, de : Vive la République t comprenait
46 hommes et un sergent.
Le général d. brigade Fajardo, gouverneur
militaire de Carthagène, s'est placé à la tête
d'un bataillon pour attaquer les insurgés. Il
a été grièvement blesse d un coup de fusil.
Les insurges ont réussi à s'évader et à ga.
guer un bateau marchand allant à Oran.
Madrid, It janvier.
Les dépêches, officielles de Carthagène disenl
que le gouverneur militaire de cette ville fut
avisé, à une heure du matin, de l'insurrec,
tion qui s'était produite au fort San-Julian.
Le fort est situé près da la mer, sur la ligne
extérieure de a délense de la place.
Un sergent, à la tête d'un groupe de pay-
sans, s'approcha du fort à la faveur de l'obs-
curité; le sergent de garde leur ouvrit la
porte du fort ; les insurgés, ayant pénétré,
surprirent le gouverneur et l'attachèrent
Le général faJardo, informé de cet événe-
ment, sortit de Carihagène à 1 a téta de cinq
compagnies qu'il disposa à une certaine dis-
tance du ;ort, puis il s'avança. en reconnais-
sance avec quatre gendarmes.
Les insurgés firent feu sur lui et, se voyant
surpris et dans l'impossibilité le défendre le
fort, où ils n'étaient pas soutenus par la gar-
nison, ils prirent la fuite et descendirent
jusqu'à la mer par l'escalier qui conduit a la
plage.
Le général Fajardo a été blessé de quatre
balles.
————— ——————.
Les représentants de toutes les puis-
sances ont reçu des instructions en vue
d'une démarche collective à effectuer à
Belgrade, Sofia et Athènes, pour obtenir
un désarmement plus ou moins étendu.
La dépêche suivante donne à ce suje
des renseignements intéressants- ;
Berlin, 11 janvier.
La proposition adressée par le gouverne-
ment russe pour demander la démobilisation
des armées serbe, bulgare et grecque, a étft
acceptée par toutes les puissances.
Cette proposition ne mentionne nullement
l'armée turque. Mais, dans la pensée des ca-
binets, la démobilisation des forces ottomanes
suivra immédiatement celle de la Serbie, da
la Bulgarie et de la Grèce.
Une action commune va êtra exercée dans
ces trois pays.
On assure que la conférence des am-
bassadeurs au sujet de la question roumé.,
liote ne se réunira plus.
a.
MARIAGE ROYAL
Les dettes du roi Louis continuent à
être la principale préoccupation du peu-
ple bavarois. On ne parle que de cela
dans les journaux, dans les couloirs de la
Chambre, au café Maximilien, à la bras-
serie royale." Le fait est qu'il est on ne
peut plus urgent de prendre des mesures;
les menaces des créanciers de la liste
civile se sont depuis longtemps transfor-
mées en clameurs. Comment les apaiser ?
Où trouver les dix millions de marcks né-
cessaires à une complète liquidation ?
Cette somme, le roi ne la possède pas.
Il la posséderait qu'il se garderait bien de
la donner à ses fournisseurs. Il se ferait
construire un nouveau palais et tout se-
rait dit. Si le roi n'a pas le sou, il a des
parents qui sont riches, mais ceux-ci ont
fait la sourde oreille à toutes les invita-
tions qu'on leur a adressées. A défaut de
la famille du roi, il y a la Bavière. Un
peuple n'est-il pas une grande famille ?
En - pareil -- cas, Victor-Emmanuel s'est ----
adressé aux Chambres et a obtenu une
augmentation de sa liste civile. Ma s ce.
que l'Italie a fait pour le roi galantuomo, la
Bavière ne le fera pas pour son souverain,
vu que les nations ne pardonnent à leurs
chefs que les folies auxquelles elles ont
plus ou moins participé.
— Votre ministre est une canaille, dit
un confident à je ne sais plus quel roi d'o-
pérette; il a mangé tout le trésor avec des
femmes.
— Le misérable 1 répond le roi. Si en-
core il m'avait invité l
Le tort du roi Louis est de n'avoir pas
invité les Bavarois. Fait-il monter une
pièce, la représentation a lieu à huis-clos
et le publie n'est admis à y assister que
quand les costumes et les décors sont dé-
îraichis. Bâtit-il quelque burg moyen âge
ou quelque Versailles alpestre, il a bien.
soin de l'entourer de murs infranchissa-*
bles. Le prodigue se double chez lui d'un
misanthrope. Jamais roi ne s'est amusé,
plus tristement.
Pour éviter une banqueroute immi.
nente, les fortes tôtes do la Bavière se
sont décidées à proposer au roi un parti
absolument radical.
Quand une famille ne sait plus où don-
ner de la tête, qu'el e a épuisé contre un
de ses membres tous les moyens que lui
confère la loi, conseil judiciaire, interdic-
tion, curatelle, etc., elle se dit : Eugène
nous ruine, Eugène nous déshonore ; il ne
nous reste qu'une chose à faire,, c'est de.
le marier.
Marier le roi Louis ! Cela peut passée
pour un paradoxe. Aussi bien n'est-il pas
un si mauvais parti? Il est ruiné, cela est.
vrai, mais n'a-t-il pas en propre cet at-
tribut qui faisait faire à Jean-Jacques-
Rousseau des gorges chaudes et dont M.
Alexandre Dumas fils a dit qu'il consti..
tuait un éapital ?
Donc la Bavière songe à marier son
prince. On s'est ouvert, paraît-il, aux
Tour et Taxis, mais cette famille, qui s'est
enrichie, comme on sait, grâce au mono-
pole du service postal dont elle jouissait
du temps de l'ancienne Confédération,
exige pour prix de son alliance l'abdica-
tion du roi Louis, afin de faire passer sa
couronne sur la tête de son oncle, le prince
Luitpold, chef du parti ultramoutain.
Feuilleton du RAPFEJC.
DU 13 JANVIER
; |
ai
LA
PRINCESSE BELLADONE
ttOMAN PARISIEN
TROISIEME PARTIE
l'HORlZONTALE
VI
Qui le raaédecfia du cofrps dewlèrtt
- lé médecin de l'âme
- Suite —
Odette était tombée à genoux dëvaiit sa
mère.
—Allons T reprit Emma avec une amer-
tume poignante, relevez-vous, Odette.
Vous ne devez pas vous humilier aux
pieds d'une femme perdue, telle que moi.
Elle s'arrêta. Une larme brillait à ses
Reproduction lnteldite. - Droit de traduc-
tion réservé
Voir le Ramî da 28 WôfltfmttlliMlT
ïïôV
«
paupières, mais elle passa rapidement la
main sur ses yeux.
Odette l'avait vue, pourtant, cette
larme.
Se relevant toute en pleurs, elle aussi,
elle voulut se jeter dans les bras de sa
mère.
Il
—Maman, pardonne-moi ! dit-elle.
— Vous pardonner. quoi ? reprit
Emma. De me traiter ainsi que je le mé-
rite? De me juger ce que je vaux? Mais
rien de plùs juste, rien de plus naturel,
après tout! Cela devait m'arriver, tôt on
tard ! Je récolte ce que j'ai semé. N'ai-je
pas tout fait pour vous inspirer l'amour
du bien, l'horreur du vice?
— Mereï pardon! je t'en supplie 1
— C'est moi, en somme, qui vous ai
appris à mépriser mes pareilles. A qui
devez-vous ces sentiments d'honneur avec
lesquels vous me flagellez ? A cette mère
qui fait honte et dont on rougit I C'est
cette femme qui vous a fait élever loin
d'elle, se privant de vos caresses d'enfant,
les seules dont elle eût soif, et qui l'eus-
sent consolée et lavée. des autres 1 C'est
cette femme qui, se jugeant, s'est dit :
« Ma fille ne me ressemblera pas. Elle
éera £ i pure que si jamais elle connaissait
sa mère pour ce qu'elle est; que si jamais
elle apprenait de quel fumier elle est
sortie, elle n'aurait que de l'horreur pour
celle à qui elle doit la vie. » Voilà ce que
j'ai VMÏa et JOua ce gui est!
Odette l'écoutait, ne pleurant plus, les
yeux baissés, souffrant cruellement.
— Mais vous oubliez aussi, Odette, que
moi seule, après tout, je puis vous tenir
ce langage ! que moi seule, je crois, au-
jourd'hui, à votre pureté, à votre hon-
nêteté; que moi seule, je pouvais dire à
la fille coupable, à la fille séduite : « Re-
lève ton front, ma fille. Je sais que tu es
innocente et je crois que tu es hon-
nête! » Vous oubliez que pour tous, ex-
cepté pour une mère, vous êtes une créa-
ture déshonorée, à qui le monde jette-
rait la pierre ou ses froids dédains, s'il
savait, non pas que vous êtes ma fille,
mats tout simplement que vous avez
été la maîtresse de ce noble gentilhomme
qui s'appelle Gontran, comte de Malvoix,
et dont l'estime vous tient tant au cœur.
Odette, éperdue, fondit en larmes.
Emma reprit :
— Vous oubliez que si, après avoir été
victime, vous n'êtes pas devenue coupa-
ble; que si, après avoir commis cette faute,
d'autres fautes n'ont pas suivi, c'est que
vous avez trouvé une mère, — quelle que
fût cette mère! — qui vous a tendu la
main, arrachée au milieu corrupteur,
infâme, où votre amant vous jetait; une
mère qui vous a recueillie, qui a assuré
votre existence, votre bien-être, alors que"
le lendemain de l'abandon prochain de
votre séducteur, vous n'eussiez trouvé que
U rue pour abri et le ruisseau pour lit.
— Ah! ma mère!. balbutia Odette.
— « Je serais morte de mon amour !
direz-vous; ou j'aurais lutté, travaillé ».
Qu'est-ce que vous en savez, Odette? On
ne meurt pas souvent d'amour, ou on n'en
meurt-pas assez vite pour se sauver de
l'infamie. Quand on a mis le pied sur le
premier échelon de l'échelle infâme, on
descend jusqu'au fond. C'est à moi, à
moi, dont le nom seul est une insulte et
un deshonneur, que vous devez, que vous
devrez de n'être pas devenu semblable à
moi, à moi qui ai été, jadis semblable à
vous ; mais qui, pauvre, orpheline, sans
mère, fût-elle la dernière des dernières,
pourvu qu'elle m'aimât, suis devenue
celle que vous frappez et que vous mau-
dissez avec tant de justice,, la princesse
Belladone !
— Maman, pitié ! sanglota Odette, en
lui saisissant les mains, qu'elle couvrait
de baisers et de larmes.
— Oui, pitié. pitié pour toi, pauvre
enfant, reprit plus doucement Emma, car
je te demandais comment tu as le cœur
fait pour défendre cet homme contre
moi. Tu as le cœur d'une femme qui
aime. Hélas ! c'est là ton excuse; il faut
pardonner les lâchetés de l'amour. Ainsi
je te pardonne, mais à toi seule, entends-
tu, à toi seule 1 A lui, jamais t
Elle regarda longuement sa fille- qui
n'osait la regarder.
— Cette explication. reprit-elle. loutp.
ment, devait avoir lieu entre nous. C'est
fini. C'est la dernière. Qu'elle ne se renou-
velle plus. Tout est dit entre nous, pour
toujours. Reprenons chacune notre rôle,
rentrons chacune dans notre personnage
et notre devoir. Reste la victime inno-
cente. Reste l'âme pure et fière qui mau-
dit et méprise la femme que je suis. Moi,
je reste la mère qui venge et qui punit,
comme elle l'entend, par les moyens dont
tille dispose. Je ne te demande même pas
de m'aimer. Il suffit que je t'aimé. pour
nous deux. Adieu, Odette.
— Maman, embrasse-moi! s'écria la
jeune fille, en se jetant à son cou.
Emma saisit la jeune fille dans ses bras,
la serra violemmennt, se pencha vers elle
pour déposer un baiser sur ce front candide.
Mais elle s'arrêta brusquement, rejeta
la tête en arflêrev
— Non, non, dit-elle, mes lèvres te
souilleraient 1
Elle se détacha de l'étreinte filiale, posa
ses deux mains sur sa bouche, envoya un
baiser fait de passion, de désespoir et de
respect à son enfant, et sortit.
VIL
L'antre complot
En rentrant dans son hôtel, la princesse.
Belladone y trouva Baoul de feeÇAÇf SttiL
l'attendait.
Au premier coup d'œil jeté sur Mme de.
Curgis, il vit que le baromètre était à la
tempête.
— Qu'avez-vous ? lui dit-il. Est-ce qu'il
y a quelque anicroche?
- Demon côté. non! fit-elle sèche-
ment.
- C'est ce que je me disais; cela va.
comme sur des roulettes ; ce pauvre Phi-
lippe n'est-il pas à votre merci ? Et je sais,
que vous n'en aurez pas l
- NOlll
— De quoi et de qui ête^vpyg. rançon*,
tente,, alors?
— De vous l
— De moi! Ah! par exemple! N'ai-je.
pas travaillé consciencieusement, sous
vos ordres, à faire de ce jocrisse hypocrite
un vicieux enragé et enfin un véritable
criminel ? Qu'est-ce qu'il vous faut donc?
Et quand trouverez-vous un collaborateur..
aussi intelligent que moi?
- Et AdrienneZ demanda-t-elle .brU$1
quement.
A: MATTHEY.
(A suivre J
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Raquez Alfred Raquez Alfred /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Raquez Alfred" or dc.contributor adj "Raquez Alfred")
- Auteurs similaires Raquez Alfred Raquez Alfred /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Raquez Alfred" or dc.contributor adj "Raquez Alfred")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7539086r/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7539086r/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7539086r/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7539086r/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7539086r
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7539086r
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7539086r/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest