Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-02-03
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 février 1914 03 février 1914
Description : 1914/02/03 (N18497,A36). 1914/02/03 (N18497,A36).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/10/2012
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36e ANNEE. - NUMEIRO 13497. ** :. LE NUMeRO 10 CENTIMES
Jf.* MARDI 3 FEVRIER 1914.
Pierre MORTIER
Directeur
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On t'abonne daM tous les Bureaum de peste
de France et cralgérie
SOMMAIRE
VICE-PRÉSIDENTS, par Paul Desachy.
M. POINCARÉ A NICE, par Iules Rateau.
FEUILLETS : Du goût pour les couleurs., par
■s- swing
MAETERLINCK JUGÉ PAR BOUTROUX, par Mau-
rice Montabré.
UNE FEMME-AUTEUR A LA COMÉDIE-FRAN-
, ÇAISE, par Forty.
LE PROFESSEUR ERHLICH A PARIS, par Jean
Lèveque.
DEUX OFFICIERS AVIATEURS FONT UNE CHUTE
MORTELLE-, par André Linville.
Au PALAIS-BOURBON. : L'Autonomie commu-
nale, par Paul Dollfus.
L'ETRANGER : Quand le prince de Wied par-
tira-t-il ? par Saint-M ars.
LE CONTE : Frères d'armes,. par André
$almon.
LA GALERIE : Pauv' Bribri, par Jean Ri-
thepin.
LES LETTRES : Croquis d'Allemagne, par
A. S.
LES ARTS : Peinture à l'eau, par Louis
Vauxcelles.
LE THÉÂTRE : Répétitions générales : A la
Comédie-Royale, par Edmond Sée. —- Les
Concerts, par René Simon. — Avant-pre-
mière : A l'Odéon, par René Chavance. —
Dans les subventionnés, par Georges
Pioch. Le Pierrot, par Georges
LE FEUILLETON : Le Pierrot, par Georges
van Lokeren.
Viee-Présidents
M. l'aibbé Lemire, par un scrupule
des plus louables, a démissionné du
peste de vice-président de la Chambre
où l'avaient porté la sympathie de ses
collègues et leur éclatante protestation
contre l'attitude de l'Eglise internatio-
nale vis-à-vis de cet humble prêtre de
cœur élevé et de sentiments bien fran-
çais. Cela a été une décleption pour ceux
qui attendaient ce spectacle olriginal
d'une soutane au fauteuil présidentiel,
d'un Parlement anticlérical dirigé par
un- membre du clergé;
Mais, autour de la vacance créée par
sa renonciation, la bataille s'est livrée
tellement ardente que la Chambre,
après un Scrutin sans résultat, a remis
à cet après-midi son choix définitif.
M. Rabier et M. André Lefèvre se dis-
putent le siège. L'un a pour lui son ex-
périence des années déjà un peu éloi-
gnées où il dirigeait les débats avec sa
bonne humeur et son inaltérable bien-
veillance ; le second, la grande influen-
ce qu'il s'est acquise dans des interven-
tions à;;la tribune tors de la discussion
&*- graves- 4pMstiôii^ékv:l'ififtépwn'tiaiïeêr
qu'il a.f fiche en dehors des groupes trop
unifiés. Le vote, aujourd'hui, prendra
un caractère plus politique que person-
nel, car si l'un des deux candidats a
incontestablement plus d'amis que l'au-
tre, l'intervention offensive d'un parti
peut modifier l'attitude de nombreux
électeurs.
* *
La lutte est d'ailleurs toujours très
chaude autour de ces fonctions qui font
des élus de très hauts personnages
dans la hiérarchie républicaine. M. Lin-
tilhac, lorsqu'il fut nommé vice-prési-
dent du Sénat, so plaisait à dire qu'il
était le quatrième grand rôle de l'Etat.
On s'explique l'ardeur du désir qui
pousse nos honorables. à grimper da-
vantage l'échelle des honneurs.
Jadis, c'était une gloire sans respon-
sabilités. Quand Jules Grévy, Buffet,
tTAudiffret-Pasquier, Gam'betta, Flo-
quet, Méline ou Chartes Dupuy
oocupaient. au -sommet de l'échafau-
iage la place où, selon l'Histoire,
Henri IV arrêta son cheval en songeant
que Paris valait bien une messe, l'acti-
vité de ces. présidants suffisait bien au
travail parlementaire. Ils ne laissaient
rien à faire à leurs très éventuels rem-
plaçants-.-C'était l'époque bénie des sté-
nographes et des journalistes, où l'éla-
boration des lois et la discussion du
budget n'occupaient guère plus des
trois ou quatre séances hebdomadaires.
Nous avons bien changé tout cela. Le
Palais-Bourbon est devenu une usine
en perpétuelle rumeur. Séances du ma-
tin', séances de l'après-midi, séances de
nuit se précipitent avec les ordres du
jour les plus étrangement variés. Nous
avons même eu, il y a quelque temps,
une séance qui n'a pas duré moins de
vingt-sept heures et vingt-cinq minu-
tes. Dans ce débordement de l'éloquen-
ce parlementaire, la quiétude des an-
ciens vice-présidents n'est plus qu'un
vain souvenir, et leurs fonctions, autre-
fois purement honorifiques, sont deve-
nues un métier qui réclame son labeur
assidu.
Cependant les candidats ne sont ni
moins nombreux, ni moins ardents
dans leurs convoitises. Songez donc !
Quel démocrate ne serait flatté à la ca-
resse des honneurs civils et militaires
qui lui sont publiquement décernés. Se
rendre, en habit noir et cravate blan-
che, dans le salon doré du Petit Palais,
y recevoir la poignée de main du prési-
denf comme une délégation de sa pro-
pre autorité, traverser la galerie où s'é-
panouissent les merveilleuses tapisse-
ries du XVIIIe, précédé de deux huis-
siers, suivi des secrétaires, du secrétai-
re général, des attachés de cabinet, s'en-
gager enfin dès le bureau de tabac,
dans la haie des soldats qui portent les
armes, dans le roulement retentissant
des tambours, encadré par les deux of-
ficiers de service, répondre à leur large
salut de l'épée par le salut élégant du
buste incliné, gravir, dans les clameurs
des huissiers, l'imposant escalier, s'ins-
taller à cette place auguste de l'Assem-
blée, distribuer avec une sereine équité
les rappels à l'ordre et autres rigueurs
du règlement, rassembler la discussion,
mettre aux voix, dominer en face des
tribunes silencieuses cette mer déchaî-
*
née d'un Parlement aux six cents voix,
— n'y a-t-il pas de quoi bouffir d'orgueil
le plastron le plus modeste ?
Mais s'il était inutile, jadis, de se pré-
occuper des attitudes professionnelles,
tellement peu fréquent ét^jjb le recours
à l'intervention du vice-iprésident, il est
important, aujourd'hui, que le candidat
se sente l'autorité nécessaire au rôle
qu'il peut être appelé à jouer par les ha-
sards de l'ordre du jour. M. Casimir-
Perier eut la chance, un jour, d'une
séance mouvementée, alors qu'il rem-
plaçait au fauteuil le président indispo-
sé. Il expulsa carrément un quarteron
de boulangistes qui organisaient systé-
matiquement l'obstruction par le bou-
can. Soin énergie fit plus que vingt beaux
discours. Il lui dut certainement sa car-
rière si brillante et Si courte.
Il y a peu de temps, M. Puech, qui
est l'un des hommes les plus aimables
et les plus doux de l'assemblée, monta
au fauteuil pour la première fois en un
jour mémorable, celui où l'on discuta la
validation du docteur Monprofit. Rare-
ment le chahut atteignit une telle inten-
sité. Il sut tenir tête à la bagarre, mais
je crois qu'il se souviendra longtemps
de ce début.
Sans doute, ce qui donne du cœur au
ventre aux candidats timides mais opi-
niâtres, c'est la certitude de se raccro-
cher, dans le désarroi, à ce bon M. Pier-
re, admirable providence au firmament
présidentiel. Un enfant de six ans pour-
rait s'asseoir au fauteuil de Gambetta et
de Brisson, quand le secrétaire - général
se tient à sa gauche. Il n'y a plus qu'à
répéter docilement les phrases que souf-
fle cette Egérie : M. Pierre souffle com-
me il respire ; même si le président a
quelque expérience et peut se passer de
ses conseils, il marmonne prudejnment
les paroles nécessaires ; il les dit com-
me des litanies, par un instinctif et im-
périeux besoin. -
Quelquefois, M. Dron s,e retourne :
— Je sais ! je sais.
Mais M. Pierre n'en continue pas
moins à dicter, et Dieu sait que de gaf-
fes il évita ainsi aux débutants !
Avec M. Eugène Etienne seulement,
M. Pierre prend quelque repos. « Celui-
là, pense-t-il, en connaît autant que
moi ! » M. Etienne est, en effet, un pré-
sident idéal. Depuis un tiers de siècle
qu'il appartient à la Chambre, il a pé-
nétré toutes les ressources du métier. Il
allie la bonhomie à la fermeté. Il sait
d'un simple coup d'œil, en fronçant ses
gros sourcils dans sa bonne figure qu'il
veut rendre sévère, imposer silence aux
braillards, et, quand il le juge utile, fai-
re semblant de se fâcher pour tout de
bon.
Mais c'est surtout du service intérieur
qu'il est redouté, * car chacune des séan-
ces qu'il préside coûte un coupe-papier
au budget de la Chambre. Debout, il ta-
pe du tranchant au bronze de sa tribu-
ne, déchiquette, dépiaute le bois, et, de
ce martellement continu, négligeant la
sonnette, débarrasse les discussions des
interruptions oiseuses, ferme les becs
des bavards, mène rondement les affai-
res. Sa prodigalité de coupe-papiers est
encore économique pour les finances
nationales.
* *
Etre vice-président, c'est toucher pres-
que au maroquin si convoité. Il y a, en
effet, interchangeabilité permanente en-
tre les ministres et les vice-présidents.
C'est une promesse ou une retraite
momentanée, et voilà encore une raison
des candidatures nombreuses et des vo-
lontés énergiques. Ajoutez à cela la glo-
riole des hommages, les invitations aux
chasses officielles, la place meilleure
dans les landaus de cérémonie, et le
prestige du large salut du sabre devant
la troupe aux armes hautes. Vous com-
prendrez alors la chaude bataille de cet
après-midi et de bien d'autres.
Paul Desachy.
Echos
Les Courses.
VINCENNES, Mardi 3 février, à 1 h. 45.
Pronostics de Gil Blas :
Prix de la Ferté-Macé. --.J Kermesse,
Kaboul.
Prix de Gacé. — Kiel Ville, Katharina.
Prix de Carrouges. - larnac, Journalière.
Prix de Sées. — Jette, J avoUe.
Prix de Putanges. - Indiana, Ivanhoff.
Prix de Trun. Kentucky, Jabès.
Prix de Chambois. — Instantanée, Jean
des Bois.
-x-
Il y a vingt-cinq ans.
Dimanche 3 février 1889.- La température.
A Paris, la journée du 3 février a été une
des plus mauvaises qu'on ait enregistrées cet
hiver ; la pinte et la neige n'ont point cessé
de tomber ; à midi, chute de grêle. Vent très
fort. Thermomètre maximum, 50 ; le baromè-
tre a baissé de près de 20 mm. à 741 mm.
Au Panthéon, inauguration de la statue de
/.-/. Rousesau.
C'eçt M. Iules Steeg, député de la Gironde
et président du comité d'initiative, qui remet
le monumént à la Ville de Paris. De son dis-
cours nous détacherons ces quelques lignes :
« Rousseau est un des pères de la Révolu-
tion. Il l'a préparée, prédite, enseignée, prê-
chée. Il a sa large part de ses grandeurs et de
ses fautes: c'est à lui qu'elle doit son carac-
tère à la fois si dogmatique et si humain, si
tragique et si cordial. »
-)C-
Hier lundi.
.C'était la Chandeleur, jour où l'on fait
sauter les premières crêpes. Savez-vous la
recette pour être riche ? La voici : serrez un
louis dans votre dextre et de la main gauche
tenez la poêle où on tournera une crêpe. Le
procédé est infaillible ! C'est de l'or en bar-
res pour toute l'année ! Malheureusement,
le procédé n'a de résultats efficaces qu'un
jour par an et si vous n'avez pas, hier, prévu
les conseils ci-dessus, il vous faudra atten-
dre douze mois pour les suivre.
A la Chandeleur, dit le proverbe, l'hiver
cesse ou reprend vigueur. Les grands froids
ne sont donc plus à craindre si nous en
croyons le dicton. Nous sommes tout disposés
à le croire. Ce lundi nous a favorises d'un
beau ciel, d'un doux soleil et presque aussi
abondants que ceux du dimanche furent les
coureurs du boulevard.
-x--
Fin d'ambassade.
M. Delcassé est rentré hier à Paris, ve-
nant de Saint-Pétersbourg, où il a présenté,
on le sait, ses lettres de rappel. Il est arrivé
par le train de luxe, à la gare du Nord, un
peu après quatre heures, attendu par de nom-
breuses personnalités, dont au moins une
vingtaine d'hommes politiques de ses amis,
qui l'ont entouré dès qu'il fut descendu de
son compartiment réservé, et l'ont chaleureu-
sement complimenté. Ç'a été une petite ma-
nifestation, discrète mais expressive, de quel-
ques parlementaires qui souhaitaient ce re-
tour.
Mme Delcassé, qu'accompagnaient MM.
Jean Bernard et Alphaud, l'a conduit jus-
qu'à son automobile, à travers les groupes
empressés où se trouvaient MM. Maunoury,
Emmanuel Brousse, Henry Leyret, Monpro-
fit, et l'ancien ambassadeur à Pétersbourg
s'est rendu à son domicile du boulevard de
Clichy.
Il sera reçu aujourd'hui par le ministre
des affaires étrangères.
- - j.' -)(- ,. - ,.,,.
L'après-midi des titres.
L'Académie française examinera, dans sa
séance de jeudi, les titres des candidats aux
trois fauteuils vacants sous la Coupole, et ce
ne sera pas une petite besogne, car chacun
sera défendu par un ou plusieurs membres de
la Compagnie.
L'un des candidats s'empresse, en atten-
dant, à multiplier les réceptions et à convier
à ses dîners et à ses soirées musicales et poé-
tiques les membres de l'Académie. Il n'est
pas de jour sans une petite fête en l'hôtel si
accueillant de M. Charles de Pomairols, rue
Saint-Dominique.
Et on assure, dans ce milieu sympathique,
que les récitations des vers de l'excellent
poète impressionnent fort les académiciens,
qui ne sont pas tous partisans de M. Berg-
son. Chacun a ses titres : ceux de M. Berg-
son, qui sont de pure philosophie, résident
en son succès de professeur et son talent de
doctrinaire. Il a des disciples et des adeptes
fervents. M. Charles de Pomairols a aussi
les siens, mais ce n'est pas au Collège de
France qu'il les réunit : c'est, plus conforta-
blement, chez lui.
Ceux qui s'en vont.
M*- * Paul Sfuâît, rég'isseûr "généraî -de
l'Opéra,. est mort hier matin, emporté par
une crise d'urémie. Il avait assisté, samedi
soir, à la représentation de Parsifal. Il avait
été, à l'Opéra-Comique, le collaborateur de
M.- Albert Carré, après avoir chanté sur plu-
sieurs scènes importantes et créé Mine à la
première de Siegfried à Rouen. Puis MM.
Messager et Broussan, l'ayant vu à l'œuvre à
la Monnaie de Bruxelles, l'engagèrent com-
me régisseur général, et il remplit sa fonc-
tion avec un zèle et une compétence très
louables.
C'était un excellent artiste, dont les loi-
sirs étaient pris par la poésie. Il composait
des poèmes, et son volume : Larmes et Ris,
ne manquait pas de charme ; c'était un vé-
ritable lettré. Il allait quitter l'Opéra avec
l'actuelle direction et avait obtenu le privi-
lège du Grand Théâtre de Bordeaux pour la
saison prochaine, où il comptait, aussitôt,
monter Parsifal 1
— x —
La philosophie et la pesanteur.
Pour être un grand philosophe comme M.
Emile Boutroux, on n'en est pas moins as-
treint aux lois physiques, principalement à
celle de la pesanteur. Le nouvel académicien
l'expérimenta à ses dépens, 'aélas ! Il fit
récemment, chez lui, une chute, qui sans of-
frir le moindre caractère de gravité, immo-
bilisera pendant une semaine ou deux le phi-
losophe désormais immortel.
Ce léger accident n'altère du reste en rien
!a grande bienveillance de M. Emile bou-
troux, qui, comme Socrate, est stoïcien, et,
tel Diogène, habite un « home » agréable
pour une convalescence forcée, avec cette
différence que ce tonneau est un somptueux
hôtel du rond-point Bugeaud.
-x-
Des bruits dans la salle.
Tandis que M. Jacques Rouché voyage
pendant quelques jours, M. Lyon poursuit
ses études sur l'acoustique de la salle de
l'Opéra, très obligeamment prêtée à l'excel-
lent ingénieur et à ses collaborateurs.
M. Lyon, qui est le directeur d'une im-
portante maison musicale, est un ancien po-
lytechnicien qui a fait des recherches sa-
vantes sur les lois de l'audition. Il place
plusieurs de ses collaborateurs en divers
points de la salle, en haut, en bas, dans un
coin de loge, et il leur fait noter la façon
dont ils perçoivent tel mot, tel bruit, tel son
qu'on produit en scène.
Ce sont là d'utiles études dont on va pro-
fiter dans certaines transformations de la
salle et de la scène. Et M. Lyon fera, là-
dessus, un rapport complet, indiquant com-
ment on peut rémédier à ces inconvénients
d'acoustique qu'il convient de supprimer.
-x-
L amour du clocher.
La superbe cathédrale de Rouen, la ville-
musée, la cité aux cent clochers, est couron-
née d'une flèche en fonte nue Flaubert, dans
Madame Bovary, qualifia de « tuyau tron-
qué, de cage oblongue, œuvre de quelque
chaudronnier fantaisiste ».
Or, les Rouennais aiment leur ville ; et
comme cela se comprend ! Mais leur zèle fut
souvent plus justifié. Certes, il était char-
mant de sauvegarder le « gueuloir » de
Croisset, de restaurer le manoir de Corneille.
Ils veulent maintenant dorer cette hideuse
chose qu'est la flèche de leur cathédrale.
Mais Qn, s'est ému : et Anatole France,
Emile Verhaeren, François de Curel, le pro-
fesseur Metchnikoff, Carolus Duran, de
Saint-Marceaux protestent parmi tant d'au-
tres. et tous voudront protester, artistes ou
simples amateurs d'art. Les merveilles de la
France appartiennent à tout le monde. Ne
dorez pas votre flèche, ô Rouennais, ou nous
demanderons, avec Fernand Gregh, qu'on
dore la Tour Eiffel.
>- x —
La vie parisienne.
On a écrit par erreur que M. Gabriele
d'Annunzio avait quitté Paris. Le célèbre
écrivain n'est même pas allé à Rome enten-
dre le Chèvrefeuille dans son texte italien,
qui a obtenu, d'ailleurs, un succès considéra-
ble. Il regagnera bientôt sa villa voisine
d'Arcachon, après avoir fait un séjour heu-
reux à Paris, et se remettra au travail dans
sa solitude des Landes.
-x-
Nouvelle à la main.
FABLE-EXPRESS
Notre bon maître France, aux îles Canaries,
A doté deux amants afin qu'on les marie.
MORALE
Monsieur Bergeret apparie.
Le Diable boiteux.
M. Poincaré à Nice
Le président ira sur la Côte d'Azur
eu avril ".-
Beaucoup d'inexactitudes ont été écri-
tes à propos du séjour que doit (prochai-
nement faire à Nice M. le président de
la République.
On a d'abord dit que M. Poincaré
s'installerait sur la Côte d'Azur dans le
courant de février, puis au commence-
ment de mars, puis dans le courant de
mars.
Aucune de ces informations n'est
exacte.
S'il est vrai que le président a loué,
pour toute la saison, une jolie villa sur
ie territoire de la commune d'Eze, entre
Beaulieu et Monte-Carlo, il est certain
qu'il ne quittera Paris qu'après le dé-
part des .Chambres.
Or, la Chambre des députés n'a pas
encore commencé la discussion du bud-
get, et quand elle Ta commencera, il lui
faudra certainement au moins cinq se-
maines, peut-être plus, pour la termi-
ner. — La Chambre a mis dix mois
pour voter le budget de 1913 !
La commission du budget du Sénat
mettra ensuite au moins quinze jours
pour étudier la loi de finances et autant
RVMIT» 1 O TRRTFÛλ
pvuJ..g, YV.¿.
Dès lors, les Chambres ne pourront
clore- leur "session avant les premiers
jours d'avril.
Ce ne sera donc que dans les premiers
jours d'avril que M. Poincaré partira
pour le littoral.
On sait que le président et Mme Poin-
caré entendent villégiaturer en toute
tranquillité et absolument incognito,
comme on dit en style protocolaire. Par
conséquent, point de voyage officiel,
point de réceptions, point de visites du-
rant les quinze ou vingt jours que du-
rera leur déplacement.
Ils veulent se reposer en paix et loin
des importuns, sous les chauds rayons
du soleil méditerranéen.
Jules Rateau.
FEUILLETS
Du goût pour les couleurs.
Si les gens du monde y viennent !.
Mais oui, ils y viennent ! Le duc et la du-
chesse d'Uzès ont donné une fête où toutes
les invitées portaient la fameuse perruque de
couleur. La maîtresse de maison, en cheveux
acier, sa fille, en cheveux parmes, ont reçu,
avec leurs conviées, toutes les nuances, et
l'observateur, à califourchon sur un lustre,
aurait évoqué une palette à taches mou-
vantes.
Palette d'une richesse infinie ! Jugez-en ,:
la princesse Anne Galitzine avait choisi le
mauve rose, Mlle de Galard le pervenche,
Mme Paul d'Arcy et la comtesse de Ber-
teux le rose, Mlle de Saint-Aldegonde la la-
vande, Mlle de Yturbe le bleu de roi, Mlle
Archdeacon le bleu lin, la duchesse de Cler-
mont-Tonnerre l'or, Mlle Marie-Jeanne de
Berteux la turquoise, la comtesse Orlowska
le blanc, etc., etc. Le même soir, chez la
comtesselBetzy Schouvaloff, à Saint-Péters-
bourg, chez Mme- Dreacke, à New-York,
Russes et Américaines remplaçaient aussi le
blond, le brun ou le blanc de leur chevelure
par l'orange, le lilas, le saumon ou la cuisse-
de-l. ymphe-émue.
J'imagine que cette mode ralliera surtout
les dames grisonnantes, les quadragénaires
que l'eau oxygénée déguise mal. Ce sont
elles, vous le verrez, qui passeront la me-
sure, arboreront les teintes les plus osées et
tenteront de prolonger la durée de cette fan-
taisie. Car, nous l'espérons, ce n'est, là
qu'une fantaisie, n'est-ce pas? La saison est
'ux dîners de têtes, le Carnaval approche,
fort bien, amusez-vous, et s'il n'est assez
d'une perruque sur votre tête accrochez à vos
paniers d'autres perruques encore. Le pape
souhaiterait qu'un autre nom fût donné au
tango. La danse du scalp ne paraît-elle point
une désignation toute trouvée ?.
.Mais à dater du vingt-cinq de ce
mois, lorsque le mercredi du pulvis es vous
obligera de coiffer des perruques cendrées,
revenez aux couleurs naturelles ! Mais cette
objurgation n'est pas nécessaire. Quand
Montmartre, ses bars et :..es boîtes de nuit
connaîtront à leur tour les chefs polychromes,
les véritables élégantes reviendront à leurs
cheveux à elles. N'ont-elles pas pour secon-
der la nature les artifices que les modes de
ces années dernières ont fait habilement com-
poser ?
Si les femmes croient ajouter à leur char-
me en se casquant d'émeraude ou de zinzo-
lin, qu'elles relisent les poètes ! Ils ont
trouvé pour chanter les quatre ou cinq nuan-
ces de la parure non postiche plus de subti-
lités que les chimistes ne trouveraient de cou-
leurs ! Depuis le Pande, puella, capilullos
de Catulle jusqu'aux strophes de la belle
fille hugolienne, celle qui rit au travers de sa
chevelure dénouée, ils ont exorimé trop bien
leur admiration, ils ont trop ioliment paré
leur enthousiasme pour que celui-ci ne con-
vainque pas ! Que les femmes écoutent les
poètes et tout ira bien —■ même si quelques
fantaisistes croient devoir ajouter à leurs
tresses des vers luisants célèbres.
Swing.
—————————— .I
PLUS EST EN MOI !
Maeterlinck jugé
par Boutroux
Maeterlinck a souri. H a souri de ce
sourire paisible, épanoui à l'intérieur, in
dulgunt et naïf, de ce sourire « en sécu-
rité » qu'ont les philosoiphes. Èt, jusqu'au
bout, il a fait preuve de la plus sûre et
perspicace philosophie.
Le Consistoire vient de mettre son œuvre
à l'index. Voilà donc le poète rejeté hors
l'Eglise, le penseur situé presque parmi ces
mécréants, parmi ces mêmes hérétiques
que l'on eût dare-dare envoyés au bûcher
il y a cinq cents ans. Chose grave à notre
époque de renouveau spirituuliste ! La
« furlana », cet'te danse qui a été lancée
par le pape et qui est en passe de détrôner
le bien aimé et tout puissant tango, en est
un des signes péremptoires..
Or, quelle impression a produit sur Mae-
terlinck cette indéniable marque du mé-
contentement catholique ?. Maeterlinck a
souri, du fond de sa paisible retraite ni-
çoise, parmi ses fleurs et ses abeilles, non
loin de la mer.
Qu'a-t-il répondu, concernant l'ostracis-
me ?. « Phénomène préhistorique. Mon
éditeur sera content !. »
Son éditeur sera content. Indéniable si-
gne des temps, que le penseur psychologue
n'ignore point, malgré son existence reti-
rée, loin des caprices, des vices et des sé-
vices de ce monde.
Et il est' certain, en effet, que depuis cette'
interdiction, les librairies ont eu un débit
sensiblement plus fort des ouvrages de l'au-
teur de Sagesse et Destinée, du Trésor des
Humbles, de la Mort. Oh ! la Mort, sur-
tout !. Quelle saveur piquante et irrésis-
tible de fruit défendu, vient' de lui donner
la gracieuse publicité du consistoire.
* *
« Et pourtant, me disait hier soir M. Bou-
troux, -i— -qui, luf, n'est -fichtre?'pas suspect
de panthéisme, - pourtant, la philosophie
de Maeterlinck n'est pas, sous .certains
rapports, incompatible avec la religion,
même avec la religion catholiqué ! »
« L'auteur de la Mort, il est vrai, croit
nettement à la perte de la conscience et
de -la personnalité dans l'au-delà. « Ce
« n'est point dans nos cimetières, mais
« dans l'espace, la lumière et la vie que
« nous devons chercher nos morts. »
« Toute immortalité qui ne porte pas
« ce signe indélébile de notre identité est
« pour nous comme si elle n'était point. La
« plupart des religions l'ont bien compris.
« C'est ainsi que l'église catholique, remon-
« tant jusqu'aux espérances les plus pri
« mitives, nous garantit, non seulement le
« maintien intégral de notre moi terrestre,
« mais même la résurrection dans notre
« propre chair ! »
« Ceci, il est vrai, continua doucement
le nouvel académicien, ne se trouve nulle
part dans l'Evangile ; c'est un dogme de
l'Eglise. Cependant, je le répète, la philo-
sophie de Maeterlinck peut se concilier avec
le renouveau spiritualiste qui se manifeste
à notre époque, et même avec certaines
idées de la religion catholique. Par son
côté mystique, d'abord, Maeterlinck s'est
évadé du positivisme. Il croit à l'idéal. C'est
un triomphe sur le scientisme proprement
dit qui n'admet que les faits contrôlables
par des preuves tangibles. Il fut un temps
où le scientisme régnait en maître. Maeter-
linck est le disciple de cette époque dont
Renan a été, dans un autre ordre d'idées,
le précurseur et' le préparateur. Renan,
avec son dilettantisme, son doux mépris
de l'humanité, a, un des premiers, séparé
le rêve du réel, et, par ce fait, attaché une
certaine importance au rêve qui, jus-
qu'alors n'en avait pas !
« Les certitudes, les probabilités, les
rêves, écrivait-il. Et alors, le romantisme
est venu, et on a cru aux rêves, comme
on croyait aux réalités. De son côt'é, Wil-
liam James pensait que notre propre fond
nous est inconnu ; et tous trois, si divers,
s,i grands, si sincères, ont frémi de décou-
vrir l'infini qui est en nous, sans que nous
en ayons conscience, cet, infini qui com-
mence là où finit le domaine du positivis-
me et qui frappa un jour Maeterlinck, alors
qu'au cours d'un de ses voyages, il trouva,
gravée sur une antique cheminée Je Bru-
ges, cette inscription symbolique : Plus est
en moi !
*%
« Plus en moi que je n'ai conscience.
et j'ai pris cette formule, moi aussi, pour
devise, continua gravement M. Boutroux.
Quand on pense cela, on est de la même
religion, parce qu'on a restitué à l'incon-
scient sa grandeur .et sa force, parce qu'on
a épousé les mêmes rêves mystiques qui
peuvent, comme les croisades, déclencher
tous les faits glorieux et éternels de l'His.
toire.
« Plus est en moi !. Et quelle que soit
la forme de cet-inconscient que l'on sent
en soi-même, au delà de ses sens, que l'on
soit, comme Maeterlinck, ramené à l'ado-
ration de la nature et des puissances élé-
mentaires, ou comme William James à la
conception de la résurrection dans nos
corps sanctifiés, transfigurés, on éprouve,
tt la conscience de cette pensée, l'inspira-
tion surnaturelle qui marque les momen h
où l'homme se dépasse et touche à la divi-
nité !»
Maurice Montabré.
Une femme-auteur
à la Comédie-Française
La Triomphatrice de Mme Lenéru
sera lue à un des prochains Comités-
Nous connaissions la nouvelle depuis
quelque temps déjà, mais on nous avait
demandé de la tenir secrète. Notre cou.
frère Comœdia l'ayant annoncée hier ma,
tin, il nous est permis de la confirmer, et
même de la compléter.
Dans quelques jours, le Comité de lecture
de la Comédie-Française prendra connais-
sance d'une pièce de, Mlle Marie Lenéru.
Et c'est M. Albert Carré lui-même, admi.
nistrateur de la Maison de Molière, qui
doit lire à ses comédiens la nouvelle œu-
vre dramatique de l'auteur des Affranchis.
Le passé de Mlle Marie Lenéru nous pro.
met que cette pièce : la Triomphatrice, sera,
comme celles qui l'ont précédée, hautement
pensée, d'une généreuse inspiration et
d'une pénétrante analyse. Mlle Lenéru, qui,
ces jours derniers, consacrait dans Comœ
dia un admirable article à François de
Curel, entend le théâtre à la manière de
fauteur de la Danse devant le Miroir et de
la Nouvelle Idole. Sa haute conscience s'ap.
parente à celle du bel écrivain, et s'il se
peut que la portée de sa psychologie échap.
pe parfois au grand public, il convient de
s'incliner devant la noblesse, de sa pensée.
Après les Affranchis, par quoi M. André
Antoine révéla aux Samedis de l'Odéon le
nom de Mlle Lenéru, cette dernière donna
au même théâtre le Redoutable, ce drame
dont la thèse si originale s'égarait un peu
dans une action compliquée et sombre.
Depuis, Mlle Lenéru n'a .point cessé son
bel effort, et elle a écrit encore plusieurs
œuvres, dont l'une : la Triomphatrice, fut
remise par un de nos confrères, critique
pénétrant et éradit, à Mlle Bartet, qu'elle
enthousiasma. Celle-ci avait déjà parlé de
cette pièce à Mme Séverine et à M. Clare.
tie ; elle n'a eu aucune peine à communi-
quer au nouvel administrateur de la Comé-
die-Française la légitime admiration qu'elle
fit naître en elle.
Et c'est ainsi que le successeur de M. Cla.
retie lira la Triomphatrice devant le Comité
dont la décision ne saurait rinre aucun
doute, étant donné le talent de Mlle Lenéru
et la force de conviction dont sont animés
M. Albert Carré et Mme Bartet q*ui inter-
prétera le principal rôle du drame.
Mlle Marie Lenéru sera la première fem.
me de lettres qui, depuis George Sand et
Mme de Girardin, verra son. nom, figurer
sur l'affiche de la Comédie-Française:
Forty.
-
:"!.:;.:. "":'¡'':'.f:; -
Le professeur Erhlich
à Paris
Une manifestation en l'honneur du
savant allemand
« Pendant vingt-cinq années de pra-
tique, dit le docteu: Jeanselme, il ne
m'avait pas été donné d'en vOt. un seul
cas qui fût à l'abri de la critique. La
nouvelle méthode n'est instituée que de-
puis trois ans, et j'ai eu l'occasion d'ob-
server quatre cas irréfutables de réin-
fection. »
,
Le docteur Jeanselme adressait hier
.ces mots au professeur Erhlich en
l'honneur de qui les savants français
avaient organisé, à l'hôpital Broca, une
très belle manifestation.
Cette formule, par laquelle le docteur
JeannJme résumait ses travaux et son
expérience de vingt-cinq ans, montre
avec la netteté des statistiques les im-
rrenses conséquences de la découverte
du savant, allemand. Depuis nuatre ans,
malgré les attaques incessantes de cer-
tains médecins, malgTé des campagnes
de presse qui ont tenté de discréditer
le salvarsan, la méthode d'Erhlich n'a
cessé de fournir de nouvelles preuves
de son efficacité. En vain on apporta
peur la combattre des exemples d'acci-
dent. Patiemment, doucement, avec la
même volonté obstinée de réussir qui
le mena au triomphe, Erhlich a dé-
montré que les accidents et les cas de
mort dont on le rendait responsable
avaient pour seules causes un mauvais
emploi de son injection, ou les impru-
dences des médecins qui l'emploient.
Nous avons vu Erhlich ces jours der-
niers au laboratoire du docteur Metch-
n Íl\Off, à l'hôpital Saint-Louis : hier, en.
à
fin à l'hôpital Broca. Fatigué par dix
années de travaux épuisants,. l'illustre
biologiste vient se reposer à Paris. Dans
nos laboratoires et ncs cliniques, il
assiste, attentif, au défilé des malades
et aux injections qu'ils viennent rece-
voir. Les médecins de la Faculté et de
l'Assistance publique lui montrent les
résultats qu'ils ont obtenus, les photo-
graphies qui les prouvent et les statis-
tiques. Il parle a"r'c un très fort accent
allemand, il hésite un peu dans le choix
des te^ies, quand il lui faut donner
une explication sur ses travaux ; fi uis
il dit exactement ce qu'il veut dire, et
il comprend sans peine les questions
que les étudiants et leurs maîtres lui
posent.
Tout, enveloppé dans un large pardes-
sus. qui l'amincit encore, il est de petite
taille et son visagr auxtraits fins semble
jilllni par les longues heures de travail ;
ses yeux bleus, un peu usés par les ob-
servations minutieuses. Pendant qu'il
parle, ses mains nerveuses et maigres
s'animent d'un mouvement continuel. Il
cherche à parler plus rapidement, s'ar-
rêk; fit avoue, en rirnt que ce travail le
fatigue. Voici dix ans atlil n'est venu à
Paris, et le but de ce précédent voyage
indique, mieux que n'importe quel trait,
les constantes pr^cmp.ations du sa-
vant. En 1001, les SI uris cancéreuses
manquaient en Allemagne. Aucun InsU. ,
36e ANNEE. - NUMEIRO 13497. ** :. LE NUMeRO 10 CENTIMES
Jf.* MARDI 3 FEVRIER 1914.
Pierre MORTIER
Directeur
RÉDACTION-ADMINISTRATION
30, rue J:.,ouis-le-GrancS
PARIS (2* Arr.)
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Direction, Administration, Rédaction 266.01
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De minuit à 3 heures du matin. 172.07
Télégr. 111 Gil Blas "Paris
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S'adresser 30, rue Xjouis - le - G^raxxd
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Etranger (Union postale) 17 » 38 » 60 »
On t'abonne daM tous les Bureaum de peste
de France et cralgérie
SOMMAIRE
VICE-PRÉSIDENTS, par Paul Desachy.
M. POINCARÉ A NICE, par Iules Rateau.
FEUILLETS : Du goût pour les couleurs., par
■s- swing
MAETERLINCK JUGÉ PAR BOUTROUX, par Mau-
rice Montabré.
UNE FEMME-AUTEUR A LA COMÉDIE-FRAN-
, ÇAISE, par Forty.
LE PROFESSEUR ERHLICH A PARIS, par Jean
Lèveque.
DEUX OFFICIERS AVIATEURS FONT UNE CHUTE
MORTELLE-, par André Linville.
Au PALAIS-BOURBON. : L'Autonomie commu-
nale, par Paul Dollfus.
L'ETRANGER : Quand le prince de Wied par-
tira-t-il ? par Saint-M ars.
LE CONTE : Frères d'armes,. par André
$almon.
LA GALERIE : Pauv' Bribri, par Jean Ri-
thepin.
LES LETTRES : Croquis d'Allemagne, par
A. S.
LES ARTS : Peinture à l'eau, par Louis
Vauxcelles.
LE THÉÂTRE : Répétitions générales : A la
Comédie-Royale, par Edmond Sée. —- Les
Concerts, par René Simon. — Avant-pre-
mière : A l'Odéon, par René Chavance. —
Dans les subventionnés, par Georges
Pioch. Le Pierrot, par Georges
LE FEUILLETON : Le Pierrot, par Georges
van Lokeren.
Viee-Présidents
M. l'aibbé Lemire, par un scrupule
des plus louables, a démissionné du
peste de vice-président de la Chambre
où l'avaient porté la sympathie de ses
collègues et leur éclatante protestation
contre l'attitude de l'Eglise internatio-
nale vis-à-vis de cet humble prêtre de
cœur élevé et de sentiments bien fran-
çais. Cela a été une décleption pour ceux
qui attendaient ce spectacle olriginal
d'une soutane au fauteuil présidentiel,
d'un Parlement anticlérical dirigé par
un- membre du clergé;
Mais, autour de la vacance créée par
sa renonciation, la bataille s'est livrée
tellement ardente que la Chambre,
après un Scrutin sans résultat, a remis
à cet après-midi son choix définitif.
M. Rabier et M. André Lefèvre se dis-
putent le siège. L'un a pour lui son ex-
périence des années déjà un peu éloi-
gnées où il dirigeait les débats avec sa
bonne humeur et son inaltérable bien-
veillance ; le second, la grande influen-
ce qu'il s'est acquise dans des interven-
tions à;;la tribune tors de la discussion
&*- graves- 4pMstiôii^ékv:l'ififtépwn'tiaiïeêr
qu'il a.f fiche en dehors des groupes trop
unifiés. Le vote, aujourd'hui, prendra
un caractère plus politique que person-
nel, car si l'un des deux candidats a
incontestablement plus d'amis que l'au-
tre, l'intervention offensive d'un parti
peut modifier l'attitude de nombreux
électeurs.
* *
La lutte est d'ailleurs toujours très
chaude autour de ces fonctions qui font
des élus de très hauts personnages
dans la hiérarchie républicaine. M. Lin-
tilhac, lorsqu'il fut nommé vice-prési-
dent du Sénat, so plaisait à dire qu'il
était le quatrième grand rôle de l'Etat.
On s'explique l'ardeur du désir qui
pousse nos honorables. à grimper da-
vantage l'échelle des honneurs.
Jadis, c'était une gloire sans respon-
sabilités. Quand Jules Grévy, Buffet,
tTAudiffret-Pasquier, Gam'betta, Flo-
quet, Méline ou Chartes Dupuy
oocupaient. au -sommet de l'échafau-
iage la place où, selon l'Histoire,
Henri IV arrêta son cheval en songeant
que Paris valait bien une messe, l'acti-
vité de ces. présidants suffisait bien au
travail parlementaire. Ils ne laissaient
rien à faire à leurs très éventuels rem-
plaçants-.-C'était l'époque bénie des sté-
nographes et des journalistes, où l'éla-
boration des lois et la discussion du
budget n'occupaient guère plus des
trois ou quatre séances hebdomadaires.
Nous avons bien changé tout cela. Le
Palais-Bourbon est devenu une usine
en perpétuelle rumeur. Séances du ma-
tin', séances de l'après-midi, séances de
nuit se précipitent avec les ordres du
jour les plus étrangement variés. Nous
avons même eu, il y a quelque temps,
une séance qui n'a pas duré moins de
vingt-sept heures et vingt-cinq minu-
tes. Dans ce débordement de l'éloquen-
ce parlementaire, la quiétude des an-
ciens vice-présidents n'est plus qu'un
vain souvenir, et leurs fonctions, autre-
fois purement honorifiques, sont deve-
nues un métier qui réclame son labeur
assidu.
Cependant les candidats ne sont ni
moins nombreux, ni moins ardents
dans leurs convoitises. Songez donc !
Quel démocrate ne serait flatté à la ca-
resse des honneurs civils et militaires
qui lui sont publiquement décernés. Se
rendre, en habit noir et cravate blan-
che, dans le salon doré du Petit Palais,
y recevoir la poignée de main du prési-
denf comme une délégation de sa pro-
pre autorité, traverser la galerie où s'é-
panouissent les merveilleuses tapisse-
ries du XVIIIe, précédé de deux huis-
siers, suivi des secrétaires, du secrétai-
re général, des attachés de cabinet, s'en-
gager enfin dès le bureau de tabac,
dans la haie des soldats qui portent les
armes, dans le roulement retentissant
des tambours, encadré par les deux of-
ficiers de service, répondre à leur large
salut de l'épée par le salut élégant du
buste incliné, gravir, dans les clameurs
des huissiers, l'imposant escalier, s'ins-
taller à cette place auguste de l'Assem-
blée, distribuer avec une sereine équité
les rappels à l'ordre et autres rigueurs
du règlement, rassembler la discussion,
mettre aux voix, dominer en face des
tribunes silencieuses cette mer déchaî-
*
née d'un Parlement aux six cents voix,
— n'y a-t-il pas de quoi bouffir d'orgueil
le plastron le plus modeste ?
Mais s'il était inutile, jadis, de se pré-
occuper des attitudes professionnelles,
tellement peu fréquent ét^jjb le recours
à l'intervention du vice-iprésident, il est
important, aujourd'hui, que le candidat
se sente l'autorité nécessaire au rôle
qu'il peut être appelé à jouer par les ha-
sards de l'ordre du jour. M. Casimir-
Perier eut la chance, un jour, d'une
séance mouvementée, alors qu'il rem-
plaçait au fauteuil le président indispo-
sé. Il expulsa carrément un quarteron
de boulangistes qui organisaient systé-
matiquement l'obstruction par le bou-
can. Soin énergie fit plus que vingt beaux
discours. Il lui dut certainement sa car-
rière si brillante et Si courte.
Il y a peu de temps, M. Puech, qui
est l'un des hommes les plus aimables
et les plus doux de l'assemblée, monta
au fauteuil pour la première fois en un
jour mémorable, celui où l'on discuta la
validation du docteur Monprofit. Rare-
ment le chahut atteignit une telle inten-
sité. Il sut tenir tête à la bagarre, mais
je crois qu'il se souviendra longtemps
de ce début.
Sans doute, ce qui donne du cœur au
ventre aux candidats timides mais opi-
niâtres, c'est la certitude de se raccro-
cher, dans le désarroi, à ce bon M. Pier-
re, admirable providence au firmament
présidentiel. Un enfant de six ans pour-
rait s'asseoir au fauteuil de Gambetta et
de Brisson, quand le secrétaire - général
se tient à sa gauche. Il n'y a plus qu'à
répéter docilement les phrases que souf-
fle cette Egérie : M. Pierre souffle com-
me il respire ; même si le président a
quelque expérience et peut se passer de
ses conseils, il marmonne prudejnment
les paroles nécessaires ; il les dit com-
me des litanies, par un instinctif et im-
périeux besoin. -
Quelquefois, M. Dron s,e retourne :
— Je sais ! je sais.
Mais M. Pierre n'en continue pas
moins à dicter, et Dieu sait que de gaf-
fes il évita ainsi aux débutants !
Avec M. Eugène Etienne seulement,
M. Pierre prend quelque repos. « Celui-
là, pense-t-il, en connaît autant que
moi ! » M. Etienne est, en effet, un pré-
sident idéal. Depuis un tiers de siècle
qu'il appartient à la Chambre, il a pé-
nétré toutes les ressources du métier. Il
allie la bonhomie à la fermeté. Il sait
d'un simple coup d'œil, en fronçant ses
gros sourcils dans sa bonne figure qu'il
veut rendre sévère, imposer silence aux
braillards, et, quand il le juge utile, fai-
re semblant de se fâcher pour tout de
bon.
Mais c'est surtout du service intérieur
qu'il est redouté, * car chacune des séan-
ces qu'il préside coûte un coupe-papier
au budget de la Chambre. Debout, il ta-
pe du tranchant au bronze de sa tribu-
ne, déchiquette, dépiaute le bois, et, de
ce martellement continu, négligeant la
sonnette, débarrasse les discussions des
interruptions oiseuses, ferme les becs
des bavards, mène rondement les affai-
res. Sa prodigalité de coupe-papiers est
encore économique pour les finances
nationales.
* *
Etre vice-président, c'est toucher pres-
que au maroquin si convoité. Il y a, en
effet, interchangeabilité permanente en-
tre les ministres et les vice-présidents.
C'est une promesse ou une retraite
momentanée, et voilà encore une raison
des candidatures nombreuses et des vo-
lontés énergiques. Ajoutez à cela la glo-
riole des hommages, les invitations aux
chasses officielles, la place meilleure
dans les landaus de cérémonie, et le
prestige du large salut du sabre devant
la troupe aux armes hautes. Vous com-
prendrez alors la chaude bataille de cet
après-midi et de bien d'autres.
Paul Desachy.
Echos
Les Courses.
VINCENNES, Mardi 3 février, à 1 h. 45.
Pronostics de Gil Blas :
Prix de la Ferté-Macé. --.J Kermesse,
Kaboul.
Prix de Gacé. — Kiel Ville, Katharina.
Prix de Carrouges. - larnac, Journalière.
Prix de Sées. — Jette, J avoUe.
Prix de Putanges. - Indiana, Ivanhoff.
Prix de Trun. Kentucky, Jabès.
Prix de Chambois. — Instantanée, Jean
des Bois.
-x-
Il y a vingt-cinq ans.
Dimanche 3 février 1889.- La température.
A Paris, la journée du 3 février a été une
des plus mauvaises qu'on ait enregistrées cet
hiver ; la pinte et la neige n'ont point cessé
de tomber ; à midi, chute de grêle. Vent très
fort. Thermomètre maximum, 50 ; le baromè-
tre a baissé de près de 20 mm. à 741 mm.
Au Panthéon, inauguration de la statue de
/.-/. Rousesau.
C'eçt M. Iules Steeg, député de la Gironde
et président du comité d'initiative, qui remet
le monumént à la Ville de Paris. De son dis-
cours nous détacherons ces quelques lignes :
« Rousseau est un des pères de la Révolu-
tion. Il l'a préparée, prédite, enseignée, prê-
chée. Il a sa large part de ses grandeurs et de
ses fautes: c'est à lui qu'elle doit son carac-
tère à la fois si dogmatique et si humain, si
tragique et si cordial. »
-)C-
Hier lundi.
.C'était la Chandeleur, jour où l'on fait
sauter les premières crêpes. Savez-vous la
recette pour être riche ? La voici : serrez un
louis dans votre dextre et de la main gauche
tenez la poêle où on tournera une crêpe. Le
procédé est infaillible ! C'est de l'or en bar-
res pour toute l'année ! Malheureusement,
le procédé n'a de résultats efficaces qu'un
jour par an et si vous n'avez pas, hier, prévu
les conseils ci-dessus, il vous faudra atten-
dre douze mois pour les suivre.
A la Chandeleur, dit le proverbe, l'hiver
cesse ou reprend vigueur. Les grands froids
ne sont donc plus à craindre si nous en
croyons le dicton. Nous sommes tout disposés
à le croire. Ce lundi nous a favorises d'un
beau ciel, d'un doux soleil et presque aussi
abondants que ceux du dimanche furent les
coureurs du boulevard.
-x--
Fin d'ambassade.
M. Delcassé est rentré hier à Paris, ve-
nant de Saint-Pétersbourg, où il a présenté,
on le sait, ses lettres de rappel. Il est arrivé
par le train de luxe, à la gare du Nord, un
peu après quatre heures, attendu par de nom-
breuses personnalités, dont au moins une
vingtaine d'hommes politiques de ses amis,
qui l'ont entouré dès qu'il fut descendu de
son compartiment réservé, et l'ont chaleureu-
sement complimenté. Ç'a été une petite ma-
nifestation, discrète mais expressive, de quel-
ques parlementaires qui souhaitaient ce re-
tour.
Mme Delcassé, qu'accompagnaient MM.
Jean Bernard et Alphaud, l'a conduit jus-
qu'à son automobile, à travers les groupes
empressés où se trouvaient MM. Maunoury,
Emmanuel Brousse, Henry Leyret, Monpro-
fit, et l'ancien ambassadeur à Pétersbourg
s'est rendu à son domicile du boulevard de
Clichy.
Il sera reçu aujourd'hui par le ministre
des affaires étrangères.
- - j.' -)(- ,. - ,.,,.
L'après-midi des titres.
L'Académie française examinera, dans sa
séance de jeudi, les titres des candidats aux
trois fauteuils vacants sous la Coupole, et ce
ne sera pas une petite besogne, car chacun
sera défendu par un ou plusieurs membres de
la Compagnie.
L'un des candidats s'empresse, en atten-
dant, à multiplier les réceptions et à convier
à ses dîners et à ses soirées musicales et poé-
tiques les membres de l'Académie. Il n'est
pas de jour sans une petite fête en l'hôtel si
accueillant de M. Charles de Pomairols, rue
Saint-Dominique.
Et on assure, dans ce milieu sympathique,
que les récitations des vers de l'excellent
poète impressionnent fort les académiciens,
qui ne sont pas tous partisans de M. Berg-
son. Chacun a ses titres : ceux de M. Berg-
son, qui sont de pure philosophie, résident
en son succès de professeur et son talent de
doctrinaire. Il a des disciples et des adeptes
fervents. M. Charles de Pomairols a aussi
les siens, mais ce n'est pas au Collège de
France qu'il les réunit : c'est, plus conforta-
blement, chez lui.
Ceux qui s'en vont.
M*- * Paul Sfuâît, rég'isseûr "généraî -de
l'Opéra,. est mort hier matin, emporté par
une crise d'urémie. Il avait assisté, samedi
soir, à la représentation de Parsifal. Il avait
été, à l'Opéra-Comique, le collaborateur de
M.- Albert Carré, après avoir chanté sur plu-
sieurs scènes importantes et créé Mine à la
première de Siegfried à Rouen. Puis MM.
Messager et Broussan, l'ayant vu à l'œuvre à
la Monnaie de Bruxelles, l'engagèrent com-
me régisseur général, et il remplit sa fonc-
tion avec un zèle et une compétence très
louables.
C'était un excellent artiste, dont les loi-
sirs étaient pris par la poésie. Il composait
des poèmes, et son volume : Larmes et Ris,
ne manquait pas de charme ; c'était un vé-
ritable lettré. Il allait quitter l'Opéra avec
l'actuelle direction et avait obtenu le privi-
lège du Grand Théâtre de Bordeaux pour la
saison prochaine, où il comptait, aussitôt,
monter Parsifal 1
— x —
La philosophie et la pesanteur.
Pour être un grand philosophe comme M.
Emile Boutroux, on n'en est pas moins as-
treint aux lois physiques, principalement à
celle de la pesanteur. Le nouvel académicien
l'expérimenta à ses dépens, 'aélas ! Il fit
récemment, chez lui, une chute, qui sans of-
frir le moindre caractère de gravité, immo-
bilisera pendant une semaine ou deux le phi-
losophe désormais immortel.
Ce léger accident n'altère du reste en rien
!a grande bienveillance de M. Emile bou-
troux, qui, comme Socrate, est stoïcien, et,
tel Diogène, habite un « home » agréable
pour une convalescence forcée, avec cette
différence que ce tonneau est un somptueux
hôtel du rond-point Bugeaud.
-x-
Des bruits dans la salle.
Tandis que M. Jacques Rouché voyage
pendant quelques jours, M. Lyon poursuit
ses études sur l'acoustique de la salle de
l'Opéra, très obligeamment prêtée à l'excel-
lent ingénieur et à ses collaborateurs.
M. Lyon, qui est le directeur d'une im-
portante maison musicale, est un ancien po-
lytechnicien qui a fait des recherches sa-
vantes sur les lois de l'audition. Il place
plusieurs de ses collaborateurs en divers
points de la salle, en haut, en bas, dans un
coin de loge, et il leur fait noter la façon
dont ils perçoivent tel mot, tel bruit, tel son
qu'on produit en scène.
Ce sont là d'utiles études dont on va pro-
fiter dans certaines transformations de la
salle et de la scène. Et M. Lyon fera, là-
dessus, un rapport complet, indiquant com-
ment on peut rémédier à ces inconvénients
d'acoustique qu'il convient de supprimer.
-x-
L amour du clocher.
La superbe cathédrale de Rouen, la ville-
musée, la cité aux cent clochers, est couron-
née d'une flèche en fonte nue Flaubert, dans
Madame Bovary, qualifia de « tuyau tron-
qué, de cage oblongue, œuvre de quelque
chaudronnier fantaisiste ».
Or, les Rouennais aiment leur ville ; et
comme cela se comprend ! Mais leur zèle fut
souvent plus justifié. Certes, il était char-
mant de sauvegarder le « gueuloir » de
Croisset, de restaurer le manoir de Corneille.
Ils veulent maintenant dorer cette hideuse
chose qu'est la flèche de leur cathédrale.
Mais Qn, s'est ému : et Anatole France,
Emile Verhaeren, François de Curel, le pro-
fesseur Metchnikoff, Carolus Duran, de
Saint-Marceaux protestent parmi tant d'au-
tres. et tous voudront protester, artistes ou
simples amateurs d'art. Les merveilles de la
France appartiennent à tout le monde. Ne
dorez pas votre flèche, ô Rouennais, ou nous
demanderons, avec Fernand Gregh, qu'on
dore la Tour Eiffel.
>- x —
La vie parisienne.
On a écrit par erreur que M. Gabriele
d'Annunzio avait quitté Paris. Le célèbre
écrivain n'est même pas allé à Rome enten-
dre le Chèvrefeuille dans son texte italien,
qui a obtenu, d'ailleurs, un succès considéra-
ble. Il regagnera bientôt sa villa voisine
d'Arcachon, après avoir fait un séjour heu-
reux à Paris, et se remettra au travail dans
sa solitude des Landes.
-x-
Nouvelle à la main.
FABLE-EXPRESS
Notre bon maître France, aux îles Canaries,
A doté deux amants afin qu'on les marie.
MORALE
Monsieur Bergeret apparie.
Le Diable boiteux.
M. Poincaré à Nice
Le président ira sur la Côte d'Azur
eu avril ".-
Beaucoup d'inexactitudes ont été écri-
tes à propos du séjour que doit (prochai-
nement faire à Nice M. le président de
la République.
On a d'abord dit que M. Poincaré
s'installerait sur la Côte d'Azur dans le
courant de février, puis au commence-
ment de mars, puis dans le courant de
mars.
Aucune de ces informations n'est
exacte.
S'il est vrai que le président a loué,
pour toute la saison, une jolie villa sur
ie territoire de la commune d'Eze, entre
Beaulieu et Monte-Carlo, il est certain
qu'il ne quittera Paris qu'après le dé-
part des .Chambres.
Or, la Chambre des députés n'a pas
encore commencé la discussion du bud-
get, et quand elle Ta commencera, il lui
faudra certainement au moins cinq se-
maines, peut-être plus, pour la termi-
ner. — La Chambre a mis dix mois
pour voter le budget de 1913 !
La commission du budget du Sénat
mettra ensuite au moins quinze jours
pour étudier la loi de finances et autant
RVMIT» 1 O TRRTFÛλ
pvuJ..g, YV.¿.
Dès lors, les Chambres ne pourront
clore- leur "session avant les premiers
jours d'avril.
Ce ne sera donc que dans les premiers
jours d'avril que M. Poincaré partira
pour le littoral.
On sait que le président et Mme Poin-
caré entendent villégiaturer en toute
tranquillité et absolument incognito,
comme on dit en style protocolaire. Par
conséquent, point de voyage officiel,
point de réceptions, point de visites du-
rant les quinze ou vingt jours que du-
rera leur déplacement.
Ils veulent se reposer en paix et loin
des importuns, sous les chauds rayons
du soleil méditerranéen.
Jules Rateau.
FEUILLETS
Du goût pour les couleurs.
Si les gens du monde y viennent !.
Mais oui, ils y viennent ! Le duc et la du-
chesse d'Uzès ont donné une fête où toutes
les invitées portaient la fameuse perruque de
couleur. La maîtresse de maison, en cheveux
acier, sa fille, en cheveux parmes, ont reçu,
avec leurs conviées, toutes les nuances, et
l'observateur, à califourchon sur un lustre,
aurait évoqué une palette à taches mou-
vantes.
Palette d'une richesse infinie ! Jugez-en ,:
la princesse Anne Galitzine avait choisi le
mauve rose, Mlle de Galard le pervenche,
Mme Paul d'Arcy et la comtesse de Ber-
teux le rose, Mlle de Saint-Aldegonde la la-
vande, Mlle de Yturbe le bleu de roi, Mlle
Archdeacon le bleu lin, la duchesse de Cler-
mont-Tonnerre l'or, Mlle Marie-Jeanne de
Berteux la turquoise, la comtesse Orlowska
le blanc, etc., etc. Le même soir, chez la
comtesselBetzy Schouvaloff, à Saint-Péters-
bourg, chez Mme- Dreacke, à New-York,
Russes et Américaines remplaçaient aussi le
blond, le brun ou le blanc de leur chevelure
par l'orange, le lilas, le saumon ou la cuisse-
de-l. ymphe-émue.
J'imagine que cette mode ralliera surtout
les dames grisonnantes, les quadragénaires
que l'eau oxygénée déguise mal. Ce sont
elles, vous le verrez, qui passeront la me-
sure, arboreront les teintes les plus osées et
tenteront de prolonger la durée de cette fan-
taisie. Car, nous l'espérons, ce n'est, là
qu'une fantaisie, n'est-ce pas? La saison est
'ux dîners de têtes, le Carnaval approche,
fort bien, amusez-vous, et s'il n'est assez
d'une perruque sur votre tête accrochez à vos
paniers d'autres perruques encore. Le pape
souhaiterait qu'un autre nom fût donné au
tango. La danse du scalp ne paraît-elle point
une désignation toute trouvée ?.
.Mais à dater du vingt-cinq de ce
mois, lorsque le mercredi du pulvis es vous
obligera de coiffer des perruques cendrées,
revenez aux couleurs naturelles ! Mais cette
objurgation n'est pas nécessaire. Quand
Montmartre, ses bars et :..es boîtes de nuit
connaîtront à leur tour les chefs polychromes,
les véritables élégantes reviendront à leurs
cheveux à elles. N'ont-elles pas pour secon-
der la nature les artifices que les modes de
ces années dernières ont fait habilement com-
poser ?
Si les femmes croient ajouter à leur char-
me en se casquant d'émeraude ou de zinzo-
lin, qu'elles relisent les poètes ! Ils ont
trouvé pour chanter les quatre ou cinq nuan-
ces de la parure non postiche plus de subti-
lités que les chimistes ne trouveraient de cou-
leurs ! Depuis le Pande, puella, capilullos
de Catulle jusqu'aux strophes de la belle
fille hugolienne, celle qui rit au travers de sa
chevelure dénouée, ils ont exorimé trop bien
leur admiration, ils ont trop ioliment paré
leur enthousiasme pour que celui-ci ne con-
vainque pas ! Que les femmes écoutent les
poètes et tout ira bien —■ même si quelques
fantaisistes croient devoir ajouter à leurs
tresses des vers luisants célèbres.
Swing.
—————————— .I
PLUS EST EN MOI !
Maeterlinck jugé
par Boutroux
Maeterlinck a souri. H a souri de ce
sourire paisible, épanoui à l'intérieur, in
dulgunt et naïf, de ce sourire « en sécu-
rité » qu'ont les philosoiphes. Èt, jusqu'au
bout, il a fait preuve de la plus sûre et
perspicace philosophie.
Le Consistoire vient de mettre son œuvre
à l'index. Voilà donc le poète rejeté hors
l'Eglise, le penseur situé presque parmi ces
mécréants, parmi ces mêmes hérétiques
que l'on eût dare-dare envoyés au bûcher
il y a cinq cents ans. Chose grave à notre
époque de renouveau spirituuliste ! La
« furlana », cet'te danse qui a été lancée
par le pape et qui est en passe de détrôner
le bien aimé et tout puissant tango, en est
un des signes péremptoires..
Or, quelle impression a produit sur Mae-
terlinck cette indéniable marque du mé-
contentement catholique ?. Maeterlinck a
souri, du fond de sa paisible retraite ni-
çoise, parmi ses fleurs et ses abeilles, non
loin de la mer.
Qu'a-t-il répondu, concernant l'ostracis-
me ?. « Phénomène préhistorique. Mon
éditeur sera content !. »
Son éditeur sera content. Indéniable si-
gne des temps, que le penseur psychologue
n'ignore point, malgré son existence reti-
rée, loin des caprices, des vices et des sé-
vices de ce monde.
Et il est' certain, en effet, que depuis cette'
interdiction, les librairies ont eu un débit
sensiblement plus fort des ouvrages de l'au-
teur de Sagesse et Destinée, du Trésor des
Humbles, de la Mort. Oh ! la Mort, sur-
tout !. Quelle saveur piquante et irrésis-
tible de fruit défendu, vient' de lui donner
la gracieuse publicité du consistoire.
* *
« Et pourtant, me disait hier soir M. Bou-
troux, -i— -qui, luf, n'est -fichtre?'pas suspect
de panthéisme, - pourtant, la philosophie
de Maeterlinck n'est pas, sous .certains
rapports, incompatible avec la religion,
même avec la religion catholiqué ! »
« L'auteur de la Mort, il est vrai, croit
nettement à la perte de la conscience et
de -la personnalité dans l'au-delà. « Ce
« n'est point dans nos cimetières, mais
« dans l'espace, la lumière et la vie que
« nous devons chercher nos morts. »
« Toute immortalité qui ne porte pas
« ce signe indélébile de notre identité est
« pour nous comme si elle n'était point. La
« plupart des religions l'ont bien compris.
« C'est ainsi que l'église catholique, remon-
« tant jusqu'aux espérances les plus pri
« mitives, nous garantit, non seulement le
« maintien intégral de notre moi terrestre,
« mais même la résurrection dans notre
« propre chair ! »
« Ceci, il est vrai, continua doucement
le nouvel académicien, ne se trouve nulle
part dans l'Evangile ; c'est un dogme de
l'Eglise. Cependant, je le répète, la philo-
sophie de Maeterlinck peut se concilier avec
le renouveau spiritualiste qui se manifeste
à notre époque, et même avec certaines
idées de la religion catholique. Par son
côté mystique, d'abord, Maeterlinck s'est
évadé du positivisme. Il croit à l'idéal. C'est
un triomphe sur le scientisme proprement
dit qui n'admet que les faits contrôlables
par des preuves tangibles. Il fut un temps
où le scientisme régnait en maître. Maeter-
linck est le disciple de cette époque dont
Renan a été, dans un autre ordre d'idées,
le précurseur et' le préparateur. Renan,
avec son dilettantisme, son doux mépris
de l'humanité, a, un des premiers, séparé
le rêve du réel, et, par ce fait, attaché une
certaine importance au rêve qui, jus-
qu'alors n'en avait pas !
« Les certitudes, les probabilités, les
rêves, écrivait-il. Et alors, le romantisme
est venu, et on a cru aux rêves, comme
on croyait aux réalités. De son côt'é, Wil-
liam James pensait que notre propre fond
nous est inconnu ; et tous trois, si divers,
s,i grands, si sincères, ont frémi de décou-
vrir l'infini qui est en nous, sans que nous
en ayons conscience, cet, infini qui com-
mence là où finit le domaine du positivis-
me et qui frappa un jour Maeterlinck, alors
qu'au cours d'un de ses voyages, il trouva,
gravée sur une antique cheminée Je Bru-
ges, cette inscription symbolique : Plus est
en moi !
*%
« Plus en moi que je n'ai conscience.
et j'ai pris cette formule, moi aussi, pour
devise, continua gravement M. Boutroux.
Quand on pense cela, on est de la même
religion, parce qu'on a restitué à l'incon-
scient sa grandeur .et sa force, parce qu'on
a épousé les mêmes rêves mystiques qui
peuvent, comme les croisades, déclencher
tous les faits glorieux et éternels de l'His.
toire.
« Plus est en moi !. Et quelle que soit
la forme de cet-inconscient que l'on sent
en soi-même, au delà de ses sens, que l'on
soit, comme Maeterlinck, ramené à l'ado-
ration de la nature et des puissances élé-
mentaires, ou comme William James à la
conception de la résurrection dans nos
corps sanctifiés, transfigurés, on éprouve,
tt la conscience de cette pensée, l'inspira-
tion surnaturelle qui marque les momen h
où l'homme se dépasse et touche à la divi-
nité !»
Maurice Montabré.
Une femme-auteur
à la Comédie-Française
La Triomphatrice de Mme Lenéru
sera lue à un des prochains Comités-
Nous connaissions la nouvelle depuis
quelque temps déjà, mais on nous avait
demandé de la tenir secrète. Notre cou.
frère Comœdia l'ayant annoncée hier ma,
tin, il nous est permis de la confirmer, et
même de la compléter.
Dans quelques jours, le Comité de lecture
de la Comédie-Française prendra connais-
sance d'une pièce de, Mlle Marie Lenéru.
Et c'est M. Albert Carré lui-même, admi.
nistrateur de la Maison de Molière, qui
doit lire à ses comédiens la nouvelle œu-
vre dramatique de l'auteur des Affranchis.
Le passé de Mlle Marie Lenéru nous pro.
met que cette pièce : la Triomphatrice, sera,
comme celles qui l'ont précédée, hautement
pensée, d'une généreuse inspiration et
d'une pénétrante analyse. Mlle Lenéru, qui,
ces jours derniers, consacrait dans Comœ
dia un admirable article à François de
Curel, entend le théâtre à la manière de
fauteur de la Danse devant le Miroir et de
la Nouvelle Idole. Sa haute conscience s'ap.
parente à celle du bel écrivain, et s'il se
peut que la portée de sa psychologie échap.
pe parfois au grand public, il convient de
s'incliner devant la noblesse, de sa pensée.
Après les Affranchis, par quoi M. André
Antoine révéla aux Samedis de l'Odéon le
nom de Mlle Lenéru, cette dernière donna
au même théâtre le Redoutable, ce drame
dont la thèse si originale s'égarait un peu
dans une action compliquée et sombre.
Depuis, Mlle Lenéru n'a .point cessé son
bel effort, et elle a écrit encore plusieurs
œuvres, dont l'une : la Triomphatrice, fut
remise par un de nos confrères, critique
pénétrant et éradit, à Mlle Bartet, qu'elle
enthousiasma. Celle-ci avait déjà parlé de
cette pièce à Mme Séverine et à M. Clare.
tie ; elle n'a eu aucune peine à communi-
quer au nouvel administrateur de la Comé-
die-Française la légitime admiration qu'elle
fit naître en elle.
Et c'est ainsi que le successeur de M. Cla.
retie lira la Triomphatrice devant le Comité
dont la décision ne saurait rinre aucun
doute, étant donné le talent de Mlle Lenéru
et la force de conviction dont sont animés
M. Albert Carré et Mme Bartet q*ui inter-
prétera le principal rôle du drame.
Mlle Marie Lenéru sera la première fem.
me de lettres qui, depuis George Sand et
Mme de Girardin, verra son. nom, figurer
sur l'affiche de la Comédie-Française:
Forty.
-
:"!.:;.:. "":'¡'':'.f:; -
Le professeur Erhlich
à Paris
Une manifestation en l'honneur du
savant allemand
« Pendant vingt-cinq années de pra-
tique, dit le docteu: Jeanselme, il ne
m'avait pas été donné d'en vOt. un seul
cas qui fût à l'abri de la critique. La
nouvelle méthode n'est instituée que de-
puis trois ans, et j'ai eu l'occasion d'ob-
server quatre cas irréfutables de réin-
fection. »
,
Le docteur Jeanselme adressait hier
.ces mots au professeur Erhlich en
l'honneur de qui les savants français
avaient organisé, à l'hôpital Broca, une
très belle manifestation.
Cette formule, par laquelle le docteur
JeannJme résumait ses travaux et son
expérience de vingt-cinq ans, montre
avec la netteté des statistiques les im-
rrenses conséquences de la découverte
du savant, allemand. Depuis nuatre ans,
malgré les attaques incessantes de cer-
tains médecins, malgTé des campagnes
de presse qui ont tenté de discréditer
le salvarsan, la méthode d'Erhlich n'a
cessé de fournir de nouvelles preuves
de son efficacité. En vain on apporta
peur la combattre des exemples d'acci-
dent. Patiemment, doucement, avec la
même volonté obstinée de réussir qui
le mena au triomphe, Erhlich a dé-
montré que les accidents et les cas de
mort dont on le rendait responsable
avaient pour seules causes un mauvais
emploi de son injection, ou les impru-
dences des médecins qui l'emploient.
Nous avons vu Erhlich ces jours der-
niers au laboratoire du docteur Metch-
n Íl\Off, à l'hôpital Saint-Louis : hier, en.
à
fin à l'hôpital Broca. Fatigué par dix
années de travaux épuisants,. l'illustre
biologiste vient se reposer à Paris. Dans
nos laboratoires et ncs cliniques, il
assiste, attentif, au défilé des malades
et aux injections qu'ils viennent rece-
voir. Les médecins de la Faculté et de
l'Assistance publique lui montrent les
résultats qu'ils ont obtenus, les photo-
graphies qui les prouvent et les statis-
tiques. Il parle a"r'c un très fort accent
allemand, il hésite un peu dans le choix
des te^ies, quand il lui faut donner
une explication sur ses travaux ; fi uis
il dit exactement ce qu'il veut dire, et
il comprend sans peine les questions
que les étudiants et leurs maîtres lui
posent.
Tout, enveloppé dans un large pardes-
sus. qui l'amincit encore, il est de petite
taille et son visagr auxtraits fins semble
jilllni par les longues heures de travail ;
ses yeux bleus, un peu usés par les ob-
servations minutieuses. Pendant qu'il
parle, ses mains nerveuses et maigres
s'animent d'un mouvement continuel. Il
cherche à parler plus rapidement, s'ar-
rêk; fit avoue, en rirnt que ce travail le
fatigue. Voici dix ans atlil n'est venu à
Paris, et le but de ce précédent voyage
indique, mieux que n'importe quel trait,
les constantes pr^cmp.ations du sa-
vant. En 1001, les SI uris cancéreuses
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