Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1874-07-03
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 03 juillet 1874 03 juillet 1874
Description : 1874/07/03 (N1575). 1874/07/03 (N1575).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75370545
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2012
N4 JS75 Vendredi 3 Juillet 187S
me numéro : 10 c. Départeeilfê : là c.
15 Me~iaor an -~ 1575}
RËDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RédactioiJ
De 4 à 6 heures du soir
Î8, RUE BB VALOIS, 18 /5:;
Les manuscrits non insérés ne seront pas /çïkîus
t ANNONCES V
MM. Ch. LAC RANGE, CERF et Ci N. ;,
6, place de la Bourse, 6
JËll rC^ ijjj
ADMINISTRATION
18, RUE DE TAI/OIS;
ABOMMBmMTW r
PABIS
Trois mois. 10 »
gix mois • 20 »
DÉPARTEMENT
i a 5 (y
Trois-mois. 13 59
Six dois ^27 g
Adresser lettres et mandats vV ,
A M. ERNEST L^FÈVrÇ
ADMINISTBÀTEUR-GÉftANT V\
Le Septennat « en l'air » l
Les rois d'alors - c'est la Fontaine
qui parle dans la Vie d'Esope — s'en-
voyaient les uns aux autres des problè-
Vmes à résoudre sur toutes sortes de
matières, à condition de se payer une
espèce de tribut ou d'amende, selon
qu'ils répondaient bien ou mal aux
'questions proposées. Necténabo, roi
, d'Egypte, provoqua Lycérus, roi de
Babylone. Il le défia de lui envoyer des
architectes qui sussent bâtir une tour
en l'air.
Lycérus ayant lu les lettres et les
ayant communiquées aux plus habiles
de son Etat, chacun d'eux demeura
court. Lycérus fit venir Esope, qui,
ayant pris connaissance du défi du roi
d'Egypte, n'en fit que rire et manda à
ce roi qu'on lui enverrait les architectes
au printemps. Puis il choisit des aiglons
et les fit instruire, — chose difficile' à
croire, dit La Fontaine, qui ne semble
pas extrêmement convaincu de l'intel-
ligence des aigles; il les fit, dis-je, ins-
truire à porter en l'air chacun un pa-
nier dans lequel était un jeune enfant.
Le printemps venu , il s'en alla en
Egypte avec tout cet équipage, non
sans tenir en grand étonnement et en
attente de son dessein les peuples chez
qui il passait. Necténabo, quand il fut
arrivé, lui demanda s'il avait amené les
architectes. Esope dit qu'il les ferait
voir quand il serait sur le lieu. On sortit
en pleine campagne, où les aigles enle-
vèrent les paniers avec les petits en-
fants, qui criaient qu'on leur donnât du
mortier, des pierres et du bois.
— Vous voyez, dit Esope à Necté-
nabo, je vous ai trouvé des ouvriers;
fournissez-leur des matériaux.
Necténabo s'avoua vaincu.
Cette histoire, qui avait pu jusqu'à
présent paraître à quelques-uns insuf-
fisamment prouvée, acquiert une forte
vraisemblance depuis qu'on voit à
l'oeuvre les partis dont la commission
des lois constitutionnelles est la person-
nification la plus réussie. Et ces partis
n'ont pas eu besoin d'en être défiés par
aucun Necténabo; c'est d'eux-mêmes
qu'ils se sont proposé de bâtir un sep-
tennat en l'air.
Il faut voir comma ils ont rejeté le
projet Casimir Périer, qui voulait que le
septennat s'appuyât sur une institution
durable et ferme ! Conçoit-on qu'on ait
osé leur proposer de construire un gou-
vernement qui aurait eu des fonde-
ments, une assise de pierres de taille,
des étages, et un toit; un gouvernement
cimenté et charpenté où la France aurait
pu dormir tranquille ! Mais ce sont là
les vieilles lois architecturales, c'est dé-
modé, on n'est pas le jeune M. Daru
pour ne pas innover, et pour subir ce
préjugé suranné qu'une maison doit
avoir des fondements.
Ni fondements, ni étages ; le toit tout
seul; le septennat pur et simple. Posé
sur quoi? Sur rien; sur le vide. C'est à
l'étude de ce grave problème que se li-
vre consciencieusement la commission
des lois constitutionnelles.
Un détail à noter, c'est qu'il y a tou-
jours des aigles mêlés à ces espèces de
constructions. Aujourd'hui encore ,
comme du temps. d'Esope, ce sont les
aigles — de Sedan — qui sont les auxi-
liaires des architectes en l'air. Ces ai-
gles aussi portent sur leur dos un en-
fant — l'héritier des trois invasions.
Une autre ressemblance, c'est que,
si Esope se moque du roi d'Egypte,
M. Daru peut dire qu'il se moque du
peuple de France. Ce n'est pas seule-
ment du pays que M. Daru se moque :
c'est du président de la République, au-
quel il essaie de persuader qu'un sep-
tennat sans base et isolé de la consti-
tution du seul gouvernement possible
désormais en France, vaut mieux pour
lui qu'un septennat basé sur un gou-
vernement définitif. Nous doutons que
les monarchistes parviennent à tromper
le maréchal de Mac-Mahon sur son vé-
ritable intérêt. Il s'apercevra bientôt,
s'il ne s'en est pas aperçu déjà, qu'ils ne
croient pas plus qu'Esope à la chose
qu'ils font semblant de vouloir cons-
truire, et qu'ils ne veulent, comme
Esope, que nous rendre tributaires de
leur prince.
Quant à la France, il y a longtemps
qu'elle n'est pas dupe des monarchis-
tes. Necténabo était un bonhomme. La
France est moins facile. Il lui faudrait
mieux que la plaisanterie d'Esope et
que l'imagination de M. Daru pour s'a-
vouer vaincue. Elle ne payera point tri-
but au prince de M. Daru et de ses
amis. Ils croient se moquer d'elle, et
c'est elle qui se moquera de leur roi, de
leurs aigles et de leurs enfants dans un
panier. Elle refusera de prendre au sé-
rieux leurs maisons en l'air. Elle veut,
et elle aura, un gouvernement ferme et
stable, une République à larges assises,
dont le front montera dans la lumière
du ciel et dont les pieds seront assez
profondément plantés en terre pour
qu'aucun coup de vent ne l'en déracine
jamais.
AUGUSTE VACQUERIE.
.-Im m .m.,————-.
Le Projet de ia Sons- Commission
La commission des Trente s'est réunie
hier pour entendre le rapport de la sous-
commission de trois membres, MM. Daru,
de Ventavon et de Lacombe, qu'elle avait
chargée de préparer un projet constitu-
tionnel devant être substitué à celui de M.
Casimir Périer.
C'est M. de Yentavon qui a été chargé
de faire ce rapport sous forme verbale. Il
* A
a donné lecture d'un projet de loi dont
voici le texte :
PROJET DE LOI
Article 1er. — Le maréchal de Mac-Mahon
continuera à exercer les fonctions dont il est
revêtu, sous le titre de président de la Répu-
blique, pendant toute la durée de ses pou-
voirs.
Article 2. — Les ministres sont seuls respon-
sables devant les Chambres, individuellement
et solidairement.
La responsabilité du président de la Républi-
que n'est engagée que dans les cas de haute
trahison.
Article 3.— Le pouvoir législatif s'exerce par
la Chambre des dépatés et le Sénat.
Article 4. — La Chambre des députés est
nommée par le suffrage universel direct dans
les conditions déterminées par la loi électo-
rale.
Article 5. — Le Sénat, partageant le pouvoir
législatif, sera nommé en partie par le prési-
dent de la République, et en partie par l'élec-
tion sous les formes et conditions que détermi-
nera la loi.
Article 6. — Le président a le droit de dis-
soudre la Chambre des députés.
Notyx. — La sous-commission pense que le
président ne doit pas être tenu de prendre l'a-
vis conforme du sénat. Elle réserve la décision
finale à la commission des Trente.
Les nouvelles élections pourront être ajouk,
nées à six mois.
Article 7. — A l'expiration du pouvoir prési-
dentiel, par quelque cause que ce soit, les mi-
nistres convoqueront immédiatement les deux
Chambres en congrès. Les deux Assemblées réu-
nies feront ce que demandera le bien du pays.
Article 8. — Pendant la durée des pouvoirs
du maréchal de Mac-Mahon, la révision des lois
constitutionnelles par le congrès ne peut avoir
lieu que sur la proposition du président de la
République.
M. de Ventavon, en sa qualité de rap-
porteur, a accompagné ce texte d'un long
commentaire verbal, dans lequel il. s'est
attaché à prouver que les lois des 13 mars
et 20 novembre 1873, faisaient à l'Assem-
blée une obligation de voter un projet
analogue à celui qu'il venait de présenter.
A la suite de ce rapport, une longue et
orageuse discussion s'est engagée. C'est au
point que, sur la demande de M. deSugny,
la commission a renouvelé sa décision de
garder le secret le plus absolu sur ses déli-
bérations. Néanmoins, si bien tenu qu'ait
été ce secret, nous avons pu nous procu-
rer les renseignements qui précèdent et les
détails complémentaires suivants.
L'orage a éclaté au sujet du titre donné
au chef de l'Etat à l'occasion de l'ar-
ticle 1er.
Un membre de l'extrême droite, M. Com-
bier, a déposé un amendement tendant à
ce que le titre de président de la République
fùt remplacé par celui de chef du gouverne-
ment français.
Une vive discussion, à laquelle ont pris
part MM. de Kerdrel, Chesnelong, Daru,
Pradié, Laboulaye et plusieurs autres
membres, a eu lieu. Finalement, l'amen-
dement a été rejeté.
Un autre membre de l'extrême droite,
M. Merveilleux-Duvignaux, l'un des am-
bassadeurs de Frohsdorff en octobre 1873,
a proposé qu'on enlevâtjle titre de prési-
dent de la République dans l'article 1er,
sauf à l'insérer dans le préambule de
la loi.
Après une nouvelle et vive discussion,
l'amendement a été retiré par son auteur.
On a procédé alors au vote sur l'art. 1er
du projet que nous venons de reproduire.
Cet article a été voté par 15 voix contre 9.
Les 15 suffrages favorables sont ceux des
cinq membres de la minorité et des dix
membres du centre droit.
Après ce vote, la commission s'est ajour-
née à demain vendredi pour continuer la
discussion du projet de la sous-commis-
sion.
—o—
Ainsi que nous l'avions indiqué dès
lundi, le projet de la sous-commission des
Trente n'est que la mise en œuvre de l'idée
du septennat personnel. Il n'est pas dou-
teux que ce projet ne soit adopté par la
commission des Trente. Le projet Lam-
bert-Sainte-Croix, pas plus que le projet
Casimir Périer, ne trouvera grâce devant
elle. Peut-être même les partisans de ce
projet n'en sont-ils pas fâchés.
La tactique est de retârder assez le dé-
pôt du rapport sur les propositions consti-
tutionnelles, pour que la commission d'i-
nitiative puisse saisir la première la Cham-
bre de son rapport sur la proposition de
restauration monarchique de M. de Laro-
chefoucauld. Cette proposition une fois
écartée par un vote, qiA n'est douteux pour
personne, la commission des Trente arri-
vera avec son projet de septennat person-
nel, et espère que les légitimistes s'y ral-
lieront, puisqu'ils ne pourront pas faire la
monarchie et ne voudront pas faire la Ré-
publique.
Tel est le plan combiné depuis le dépôt
du projet Casimir Périer et qui a pour but
jJ.'&flJrter encore une fois la solution répu-
blicaine.
—o—
On ajoute que les auteurs de cette com-
binaison ont négocié avec M. Lucien Brun
pour qu'il voulût bien demander au comte
de Chambord d'autoriser ses fidèles de
l'extrême droite à s'y rallier. On ajoute
que le voyage que vient de faire M. Lucien
Brun n'aurait pas eu d'autre but.
Pour ne rien omettre, nous devons dire
que M. Lucien Brun, qui était de retour
hier à Versailles, "démentait ces bruits, et
affirmait que, n'étant allé que dans l'Ain,
spn département, il n'avait ni conféré avec
le comte de Chambord, ni même reçu
d'instructions de lui.
—o—
On ne croit pas que vendredi la commis-
sion des Trente puisse terminer la discus-
sion du nouveau projet dont elle est saisie.
Il est donc très probable que les groupes
de la gauche feront une motion au sujet de
ces retards systématiques, où la commis-
sion semble'vouloir persévérer au mépris
du vote d'urgence.
SIMPLE QUESTION
Un jour l'Assemblée eut une séance
solennelle. Elle décida qu'il lui fallait
choisir, parmi les plus compétents de
ses membres, une commission chargée
de faire pour la France ce que Jean-
Jacques avait voulu faire pour la Corse :
une constitution. Il était d'autant plus
naturel de penser que cette commission
allait constituer dans le plus bref délai
et avec toute l'habileté souhaitable, que
l'Assemblée, dès sa réunion à Bordeaux,
s'était déclarée Constituante et que nous
étions en droit de croire que tous ses
membres, sans en excepter M. Jean
Brunet, étaient, comme on dit « ferrés »
sur les questions constitutionnelles.
Si les députés infimes avaient songé
au problème, les députés « illustres » ne
devaient-ils pas l'avoir résolu?
La commission, composée d' « illus-
tres », aj outa six mois d'études à ses
trois ans d'études précédentes, de même
qu'elle avait ajouté les trois ans d'étu-
des précédentes aux études de toute sa
vie. La commission étudia le projet Du-
faure, le projet de Broglie, les contre-
projets et les amendements. Tout cela
sans donner signe de vie : apportant seu-
lement à la tribune une loi électorale;
car la seule loi élaborée par la commis-
sion chargée de constituer fut une loi
qui n'était pas constitutionnelle ! un
jour vint cependant, au bout de six
mois, où quelqu'un s'avisa de deman-
der à la commission de constituer quel-
que chose, s'appuyant sur ceci : que le
pays ne pouvait pas rester éternelle-
ment dans l'incertitude, à attendre qu'un
gouvernement lui tombât tout rôti dans
le bec. L'Assemblée trouva « urgente »
la proposition. Elle invita la commission
à se prononcer. La commission aj outa
encore quinze jours d'études aux six
mois d'études précédentes, lesquels six
mois, comme en a pu le voir plus haut,
s'ajoutaient à trois ans d'études, les-
quels trois ans s'ajoutaient à des vies
entières, et, au bout des quinze jours,
la commission décida, quoi ? qu'elle
consulterait trois personnes de sa con-
naissance.
N'est-ce pas étrangement curieux? Que
penserait un négociant si, après avoir
pendant trois ans hébergé, nourri, blan-
chi et éclairé son comptable, il s'avisait
un jour de lui dire:—Ayez donc la com-
plaisance de me faire une addition? et
que le comptable, se grattant la tête, ré-
pondît : — Attendez. Je m'en vais con-
sulter trois professeurs d'arithmétique.
Nous le demandons : si les plus ex-
perts et les plus compétents parmi les
membres de l'Assemblée en sont là ; -si,
au bout de quinze jours de discussion,
ils ont besoin de consulter des amis
pour savoir quel gouvernement pour-
rait bien convenir à la France, quelle
constitution et quel gouvernement peut-
on attendre de l'Assemblée elle-même,
moins experte et moins compétente que
les illustres membres de sa commission
constitutionnelle ?
Et si les illustres membres de la com-
mission constitutionnelle sont hors d'é-
tat de nous proposer une constitution
définitive, et si l'Assemblée constituante
est plus hors d'état encore de nous voter
une constitution définitive, ne sommes-
nous pas en droit de nous demander ce
que font encore à Versailles et la com-
mission constitutionnelle et l'Assemblée
constituante ?
EDOUARD LOCKROY.
- "xmatjSth
LA SEANCE
M. de Chabrol avait promis une réfuta-
tion complète du discours de M. Jouin.
Nous avons entendu des paroles irritées,
violentes, mais de réfutation, point. M. de
Chabrol n'a pas même entrepris de prou-
ver que-la loi, contrairement aux asser-
tions de M. Jouin, ne faisait aucune dis-
tinction entre les riches et les pauvres. Au
surplus, c'était impossible, puisque cette
distinction est écrite en toutes lettres dans
l'article qui confère, de plein droit, l'élec-
torat au citoyen qui paye l'impôt foncier.
Le rapporteur s'est donc borné à faire un
>hruyant étalage de ses bonnes intentions.
Les bonnes intentions ont Leur i*al., Ç;
surément, mais M. de Cha&rol, en a
lité de catholique, doi ^r que 'enfer
en est pavé et que, dans tous )es cas^ elles
ne valent pas les actes. \»^ A
Le discours de M. Jouin subsistanMout
entier, personne n'a jugé utilC de répiHuer
à la soi-disant réfutation^de de ChaOTeï."
L'article relatif à la fix orWle l'âge^ur
les élections municipales^ idonné li<^àà
une manœuvre bien significative ~4~~
de la droite. On sait quev deu^foÊs\d £$jj.
l'Assemblée s'était prononcéeJsour le m a in-
tien de la limite de 21 aos? Un eeftW
nombre de membres dont les' ms seront
au Journal officiel, ont fait à leurs colley
gues cette injure de supposer que, dans
un vote secret, ils trahiraient la canse qufa:--
deux reprises ils ont déjà fait triompher.
Le succès d'un pareil calcul n'eût servi
qu'à déconsidérer l'Assemblée et à faire
douter de son courage politique. Mais la
tentative suffit à prouver à quel point le
suffrage universel est, pour la réaction, un
sujet d'horreur et d'épouvante. La radia-
tion de deux ou trois générations d'élec-
teurs, même obtenus au prix d'un désaveu
que l'Assemblée se fût infligé à elle-même,
ne paraissait pas achetée trop cher à ces
fanatiques.
C'est le général Loysel qui s'était chargé
de poser la question et de soutenir l'amen-
dement reportant la majorité électorale à
25 ans. Comme toujours, c'était au nom
de l'égalité, au nom de la justice qu'on ré-
clamait cette nouvelle violation portée au
droit. La méthode n'est pas nouvelle et M.
Loysel n'a pas eu l'art de la rajeunir. Il a
suffi d'un mot de M. Oscar de Lafayette
pour faire justice des sophismes à l'aide
desquels M. Loysel voulait généraliser des
exceptions que la présence sous les dra-
peaux peut à peine justifier.
Deux cent quatrevingt-quatorze voix
n'en ont pas moins persisté à refuser aux
électeurs de 21 ans l'exercice de leur droit;
mais trois cent cinq voix le leur ont as-
suré. Voilà du moins une catégorie d'élec-
teurs qui n'aura pas de peine à reconnaître
ses amis, car, en dépit du scrutin secret,
on sait bien à peu près comment les votes
se sont répartis.
A. GAUUER.
PHYSIONOMIE DE LA SÉffi
On était dans l'opposition. On était libé-
ral comme pas un. Les amis qu'on avait
arrivent au pouvoir et se mettent en lutte
contre l'opinion. Et, ma foi ! on laisse peu
à peu s'effeuiller' ses beaux principes ; on
cherche les vieilles traces de M. Rouher
pour y mettre ses semelles; on devient
semblable à ceux qu'on a tant gourman-
dés, raillés et vilipendés'; on donne
l'exemple de ce qu'un libéral du temps ja-
dis appelait : le cynisme des apostasies.!
Seulement, que voulez-vous ? on a ses pe-;
tites manies : on veut encore chanter sa;
petite romance décentralisatrice par-des-
sus le marché. On. c'est M. d'Andelarre,
c'est M. de Broglie, c'est M. de Chabrol,
c'est M. Raudot : des virginités libérales
d'autrefois, qui ont fait le grand saut cha.
cune à leur tour, et qui pourtant prétendent
garder mordicus leur fleur d'oranger.
C'est à ceux-là que M. Jouin a dit leur
fait hier avec tant d'éloquence. Il les a pris
en flagrant délit, il les a percés à jour.
Voulez-vous savoir s'il a touché juste? Re-
gardez-les : ils écument. Exemple : ce bon
M. de Chabrol.
Feuilleton du SSagtpet
DU 3 JUILLET
52
iATffllIHIŒ
TROISIÈME PARTIE
ESMr VEN 33X335
LIVRE II
tES TROIS ENFANTS
-
IX
Une Bastille de province
1
LA TOURGCE
Le voyageur qui, il y a quarante ans,
entré dans la forêt de Fougères du côté
de Laignelet en ressortait du côté de
Parigné, faisait, sur la lisière de cette
profonde futaie, une rencontre sinistre.
En débouchant du hallier, il avait brus-
quement devant lui laTourgue.
Non la Tourgue vivante, mais la
Reproduction, même partielle, interdite.
Voir les numéros dg Rappel du 27 avril
au 2 juillet.
Tourgue morte. La Tourgue lézardée,
sabordée, balafrée, démantelée. La ruine
est à l'édifice ce que le fantôme est à
l'homme. Pas de plus lugubre vision
que la Tourgue. Ce qu'on avait sous les
yeux, c'était une haute tour ronde, toute
seule au coin du bois comme un malfai-
teur. Cette tour, droite sur un blocl de
roche à pic, avait presque l'aspect ro-
main tant elle était correcte et solide,
et tant dans cette masse robuste l'i-
dée de la puissance était mêlée à l'idée
de la chute. Romaine, elle l'était même
un peu, car elle était romane; com-
mencée au neuvième siècle, elle avait
été achevée au douzième, après la
troisième croisade. Les impostes à
oreillons de ses baies disaient son
âge. On approchait, on gravissait l'es-
carpement, on apercevait une brèche,
on se risquait à entrer, on était de-
dans, c'était video. C'était quelque
chose comme l'intérieur d'un clairon
de pierre posé debout sur le sol. Du
haut en bas, aucun diaphragme; pas
de toit, pas de plafonds, pas de plan-
chers, des arrachements de voûtes
et de cheminées, des embrasures à
fauconneaux, à des hauteurs diverses,
des cordons de corbeaux de granit
et quelques poutres transversales mar-
quant les étages, sur les poutres les
fientes des oiseaux de nuit, la muraille
colossale, quinze pieds d'épaisseur à la
base et douze au sommet, çà et là des
crevasses, et des trous qui avaient été
des portes, par où l'on entrevoyait des
escaliers dans l'intérieur ténébreux du
mur. Le passant qui pénétrait là l'e soir
entendait crier les hulottes, les tète-chè-
vres, les bihoreaux et les crapauds-vo-
lants, et voyait sous ses pieds des ron-
ces, des pierres, des reptiles, et sur sa
tête, à travers une rondeur noire qui
était le haut de la tour et qui semblait
la bouche d'un puits énorme, les étoiles.
C'était la tradition du pays qu'aux
étages supérieurs de cette tour il y avait
des portes secrètes faites, comme les
portes des tombeaux des rois de Juda,
d'une grosse pierre tournant sur pivot,
s'ouvrant, puis se refermant, et s'effa-
çant dans la muraille ; mode architectu-
rale rapportée des croisades avec l'ogive.
Quand ces portes étaient closes, il était
impossible de les retrouver, tant elles
étaient bien mêlées aux autres pierres
du mur. On voit encore aujourd'hui de
ces portes-là dans les mystérieuses
cités de l'Antj-Liban, échappées au
tremblement des douze villes sous Ti-
bère.
Il
LA BRÈCHE
La brèche par où l'on entrait dans la
ruine était une trouée de mine. Pourun
connaisseur, familier avec Errard, Sardi
et Pagan, cette mine avait été savam-
ment faite. La chambre à feu en bonnet
de prêtre était proportionnée à la puis-
sance du donjon qu'elle avait à éventrer.
Elle avait dû contenir au moins deux
quintaux de poudre. On y arrivait par un
canal" serpentant qui vaut mieux que le
canal droit ; l'écroulement produit par
la mine montrait à nu dans le déchire-
ment de la pierre le saucisson qui avait
le diamètre voulu d'un œuf de poule,
L'explosion avait fait à la muraille une
blessure profonde par où les assiégeants
avaient dû pouvoir entrer. Cette tour
avait évidemment soutenu, à diverses
époques, de vrais sièges en règle ; elle
était criblée de mitrailles; et ces mi-
.ll , 1 d,
trailles n'étaient pas toutes du même
temps; chaque projectile a sa façon de
marquer un rempart; et tous avaient
laissé à ce donjon leur balafre, depuis
les boulets de pierre du quatorzième
siècle jusqu'aux boulets de fer du dix-
huitième.
La brèche donnàit entrée dans ce qui
avait du être le rez-de-chaussée. Vis-à-
vis de la brèche, dans le mur de la tour,
s'ouvrait le guichet d'une crypte taillée
dans le roc et- se prolongeant dans les
fondations de la tour jusque sous la
salle du rez-de-chaussée.
Cette crypte, aux trois quarts com-
blée, a été déblayée en 1855 par les
soins de M. Auguste Le Prévost, l'anti-
quaire de Bernay.
III
L'OUBLIETTE
Cette crypte était l'oubliette. Tout
donjon avait la sienne. Cette crypte,
comme beaucoup de caves pénales des
mêmes époques. avait deux étages. Le
premier étage, où l'on pénétrait par le
guichet, était une chambre voûtée assez
vaste, de plain-pied avec la salle du
rez-de-chaussée. On voyait sur la paroi
de cette chambre deux sillons parallèles
et verticaux qui allaient d'un mur à
l'autre en passant par la voûte où ils
étaient profondément empreints, et qui
donnaient l'idée de deux ornières. C'é-
taient deux ornières en effet. Ces deux
sillons avaient été creusés par deux
roues. Jadis, aux temps féodaux, c'é-
tait dans cette chambre que se fai-
sait l'écartèlement, par un procédé
moins tapageur que les quatre che-
vaux. Il y avait là deux roues, si
fortes et si grandes qu'elles touchaient
les murs et la voûte. On attachait à cha-
cune de ces roues un bras et une jambe
du patient, puis on faisait tourner les
deux roues en sens inverse, ce qui arra-
chait l'homme. Il fallait de l'effort; de là
les ornières creusées dans la pierre que
les roues effleuraient. On peut voir en-
core aujourd'hui une chambre de ce
genre à Vianden.
Au-dessous de cette chambre il y en
avait une autre. C'était l'oubliette véri-
table. On n'y entrait point par une
porte, on y pénétrait par un trou; le
patient, nu, était descendu, au moyen
d'une corde sous les aisselles, dans la
chambre d'en bas, par un soupirail pra-
tiqué au milieu du dallage de la cham-
bre d'en haut. S'il s'obstinait à vivre,
on lui jetait sa nourriture par ce trou.
On voit encore aujourd'hui un trou de
ce ^aare à Bouillon.
Par ce trou il venait du vent. La
chambre d'en bas, creusée sous la salle
du rez-de-chaussée, était plutôt un puits
qu'une chambre. Elle aboutissait à de
l'eau et un souffle glacial l'emplissait.
Ce vent qui faisait mourir le prisonnier
d'en bas faisait vivre le prisonnier d'en
haut. Il rendait la prison respirable. Le
prisonnier d'en haut, à tâtons sous sa
voûte, ne recevait d'air que par ce trou.
Du reste, qui y entrait, ou qui y tom-
bait, n'en sortait plus. C'était au prison-
nier à s'en garer dans l'obscurité. Un
faux pas pouvait du patient d'en haut
faire le patient d'en bas. Cela le regar-
dait. S'il tenait à la vie, ce trou était son
danger ; s'il s'ennuyait, ce trou était sa
ressource. L'étage supérieur était le
cachot, l'étage inférieur était le tom-
beau. Superposition ressemblante à la;
société d'alors.
C'est là ce que nos aïeux appelaient
« un cul-de-basse-fosse M. La chose ayant
disparu, le nom pour nous n'a plus de
sens. Grâce à la révolution, nous en-»1
tendons prononcer ces mots-là avec in-*
différence.
Du dehors de la tour, au-dessus de
la brèche qui en était, il y a quarante
ans, l'entrée unique, on apercevait una
embrasure plus large que les autres
meurtrières, à laqueUe pendait un gril-
lage de fer descellé et défoncé.
VICTOR HUGO.
(A zw'vrs.)
me numéro : 10 c. Départeeilfê : là c.
15 Me~iaor an -~ 1575}
RËDACTION
S'adresser au Secrétaire de la RédactioiJ
De 4 à 6 heures du soir
Î8, RUE BB VALOIS, 18 /5:;
Les manuscrits non insérés ne seront pas /çïkîus
t ANNONCES V
MM. Ch. LAC RANGE, CERF et Ci N. ;,
6, place de la Bourse, 6
JËll rC^ ijjj
ADMINISTRATION
18, RUE DE TAI/OIS;
ABOMMBmMTW r
PABIS
Trois mois. 10 »
gix mois • 20 »
DÉPARTEMENT
i a 5 (y
Trois-mois. 13 59
Six dois ^27 g
Adresser lettres et mandats vV ,
A M. ERNEST L^FÈVrÇ
ADMINISTBÀTEUR-GÉftANT V\
Le Septennat « en l'air » l
Les rois d'alors - c'est la Fontaine
qui parle dans la Vie d'Esope — s'en-
voyaient les uns aux autres des problè-
Vmes à résoudre sur toutes sortes de
matières, à condition de se payer une
espèce de tribut ou d'amende, selon
qu'ils répondaient bien ou mal aux
'questions proposées. Necténabo, roi
, d'Egypte, provoqua Lycérus, roi de
Babylone. Il le défia de lui envoyer des
architectes qui sussent bâtir une tour
en l'air.
Lycérus ayant lu les lettres et les
ayant communiquées aux plus habiles
de son Etat, chacun d'eux demeura
court. Lycérus fit venir Esope, qui,
ayant pris connaissance du défi du roi
d'Egypte, n'en fit que rire et manda à
ce roi qu'on lui enverrait les architectes
au printemps. Puis il choisit des aiglons
et les fit instruire, — chose difficile' à
croire, dit La Fontaine, qui ne semble
pas extrêmement convaincu de l'intel-
ligence des aigles; il les fit, dis-je, ins-
truire à porter en l'air chacun un pa-
nier dans lequel était un jeune enfant.
Le printemps venu , il s'en alla en
Egypte avec tout cet équipage, non
sans tenir en grand étonnement et en
attente de son dessein les peuples chez
qui il passait. Necténabo, quand il fut
arrivé, lui demanda s'il avait amené les
architectes. Esope dit qu'il les ferait
voir quand il serait sur le lieu. On sortit
en pleine campagne, où les aigles enle-
vèrent les paniers avec les petits en-
fants, qui criaient qu'on leur donnât du
mortier, des pierres et du bois.
— Vous voyez, dit Esope à Necté-
nabo, je vous ai trouvé des ouvriers;
fournissez-leur des matériaux.
Necténabo s'avoua vaincu.
Cette histoire, qui avait pu jusqu'à
présent paraître à quelques-uns insuf-
fisamment prouvée, acquiert une forte
vraisemblance depuis qu'on voit à
l'oeuvre les partis dont la commission
des lois constitutionnelles est la person-
nification la plus réussie. Et ces partis
n'ont pas eu besoin d'en être défiés par
aucun Necténabo; c'est d'eux-mêmes
qu'ils se sont proposé de bâtir un sep-
tennat en l'air.
Il faut voir comma ils ont rejeté le
projet Casimir Périer, qui voulait que le
septennat s'appuyât sur une institution
durable et ferme ! Conçoit-on qu'on ait
osé leur proposer de construire un gou-
vernement qui aurait eu des fonde-
ments, une assise de pierres de taille,
des étages, et un toit; un gouvernement
cimenté et charpenté où la France aurait
pu dormir tranquille ! Mais ce sont là
les vieilles lois architecturales, c'est dé-
modé, on n'est pas le jeune M. Daru
pour ne pas innover, et pour subir ce
préjugé suranné qu'une maison doit
avoir des fondements.
Ni fondements, ni étages ; le toit tout
seul; le septennat pur et simple. Posé
sur quoi? Sur rien; sur le vide. C'est à
l'étude de ce grave problème que se li-
vre consciencieusement la commission
des lois constitutionnelles.
Un détail à noter, c'est qu'il y a tou-
jours des aigles mêlés à ces espèces de
constructions. Aujourd'hui encore ,
comme du temps. d'Esope, ce sont les
aigles — de Sedan — qui sont les auxi-
liaires des architectes en l'air. Ces ai-
gles aussi portent sur leur dos un en-
fant — l'héritier des trois invasions.
Une autre ressemblance, c'est que,
si Esope se moque du roi d'Egypte,
M. Daru peut dire qu'il se moque du
peuple de France. Ce n'est pas seule-
ment du pays que M. Daru se moque :
c'est du président de la République, au-
quel il essaie de persuader qu'un sep-
tennat sans base et isolé de la consti-
tution du seul gouvernement possible
désormais en France, vaut mieux pour
lui qu'un septennat basé sur un gou-
vernement définitif. Nous doutons que
les monarchistes parviennent à tromper
le maréchal de Mac-Mahon sur son vé-
ritable intérêt. Il s'apercevra bientôt,
s'il ne s'en est pas aperçu déjà, qu'ils ne
croient pas plus qu'Esope à la chose
qu'ils font semblant de vouloir cons-
truire, et qu'ils ne veulent, comme
Esope, que nous rendre tributaires de
leur prince.
Quant à la France, il y a longtemps
qu'elle n'est pas dupe des monarchis-
tes. Necténabo était un bonhomme. La
France est moins facile. Il lui faudrait
mieux que la plaisanterie d'Esope et
que l'imagination de M. Daru pour s'a-
vouer vaincue. Elle ne payera point tri-
but au prince de M. Daru et de ses
amis. Ils croient se moquer d'elle, et
c'est elle qui se moquera de leur roi, de
leurs aigles et de leurs enfants dans un
panier. Elle refusera de prendre au sé-
rieux leurs maisons en l'air. Elle veut,
et elle aura, un gouvernement ferme et
stable, une République à larges assises,
dont le front montera dans la lumière
du ciel et dont les pieds seront assez
profondément plantés en terre pour
qu'aucun coup de vent ne l'en déracine
jamais.
AUGUSTE VACQUERIE.
.-Im m .m.,————-.
Le Projet de ia Sons- Commission
La commission des Trente s'est réunie
hier pour entendre le rapport de la sous-
commission de trois membres, MM. Daru,
de Ventavon et de Lacombe, qu'elle avait
chargée de préparer un projet constitu-
tionnel devant être substitué à celui de M.
Casimir Périer.
C'est M. de Yentavon qui a été chargé
de faire ce rapport sous forme verbale. Il
* A
a donné lecture d'un projet de loi dont
voici le texte :
PROJET DE LOI
Article 1er. — Le maréchal de Mac-Mahon
continuera à exercer les fonctions dont il est
revêtu, sous le titre de président de la Répu-
blique, pendant toute la durée de ses pou-
voirs.
Article 2. — Les ministres sont seuls respon-
sables devant les Chambres, individuellement
et solidairement.
La responsabilité du président de la Républi-
que n'est engagée que dans les cas de haute
trahison.
Article 3.— Le pouvoir législatif s'exerce par
la Chambre des dépatés et le Sénat.
Article 4. — La Chambre des députés est
nommée par le suffrage universel direct dans
les conditions déterminées par la loi électo-
rale.
Article 5. — Le Sénat, partageant le pouvoir
législatif, sera nommé en partie par le prési-
dent de la République, et en partie par l'élec-
tion sous les formes et conditions que détermi-
nera la loi.
Article 6. — Le président a le droit de dis-
soudre la Chambre des députés.
Notyx. — La sous-commission pense que le
président ne doit pas être tenu de prendre l'a-
vis conforme du sénat. Elle réserve la décision
finale à la commission des Trente.
Les nouvelles élections pourront être ajouk,
nées à six mois.
Article 7. — A l'expiration du pouvoir prési-
dentiel, par quelque cause que ce soit, les mi-
nistres convoqueront immédiatement les deux
Chambres en congrès. Les deux Assemblées réu-
nies feront ce que demandera le bien du pays.
Article 8. — Pendant la durée des pouvoirs
du maréchal de Mac-Mahon, la révision des lois
constitutionnelles par le congrès ne peut avoir
lieu que sur la proposition du président de la
République.
M. de Ventavon, en sa qualité de rap-
porteur, a accompagné ce texte d'un long
commentaire verbal, dans lequel il. s'est
attaché à prouver que les lois des 13 mars
et 20 novembre 1873, faisaient à l'Assem-
blée une obligation de voter un projet
analogue à celui qu'il venait de présenter.
A la suite de ce rapport, une longue et
orageuse discussion s'est engagée. C'est au
point que, sur la demande de M. deSugny,
la commission a renouvelé sa décision de
garder le secret le plus absolu sur ses déli-
bérations. Néanmoins, si bien tenu qu'ait
été ce secret, nous avons pu nous procu-
rer les renseignements qui précèdent et les
détails complémentaires suivants.
L'orage a éclaté au sujet du titre donné
au chef de l'Etat à l'occasion de l'ar-
ticle 1er.
Un membre de l'extrême droite, M. Com-
bier, a déposé un amendement tendant à
ce que le titre de président de la République
fùt remplacé par celui de chef du gouverne-
ment français.
Une vive discussion, à laquelle ont pris
part MM. de Kerdrel, Chesnelong, Daru,
Pradié, Laboulaye et plusieurs autres
membres, a eu lieu. Finalement, l'amen-
dement a été rejeté.
Un autre membre de l'extrême droite,
M. Merveilleux-Duvignaux, l'un des am-
bassadeurs de Frohsdorff en octobre 1873,
a proposé qu'on enlevâtjle titre de prési-
dent de la République dans l'article 1er,
sauf à l'insérer dans le préambule de
la loi.
Après une nouvelle et vive discussion,
l'amendement a été retiré par son auteur.
On a procédé alors au vote sur l'art. 1er
du projet que nous venons de reproduire.
Cet article a été voté par 15 voix contre 9.
Les 15 suffrages favorables sont ceux des
cinq membres de la minorité et des dix
membres du centre droit.
Après ce vote, la commission s'est ajour-
née à demain vendredi pour continuer la
discussion du projet de la sous-commis-
sion.
—o—
Ainsi que nous l'avions indiqué dès
lundi, le projet de la sous-commission des
Trente n'est que la mise en œuvre de l'idée
du septennat personnel. Il n'est pas dou-
teux que ce projet ne soit adopté par la
commission des Trente. Le projet Lam-
bert-Sainte-Croix, pas plus que le projet
Casimir Périer, ne trouvera grâce devant
elle. Peut-être même les partisans de ce
projet n'en sont-ils pas fâchés.
La tactique est de retârder assez le dé-
pôt du rapport sur les propositions consti-
tutionnelles, pour que la commission d'i-
nitiative puisse saisir la première la Cham-
bre de son rapport sur la proposition de
restauration monarchique de M. de Laro-
chefoucauld. Cette proposition une fois
écartée par un vote, qiA n'est douteux pour
personne, la commission des Trente arri-
vera avec son projet de septennat person-
nel, et espère que les légitimistes s'y ral-
lieront, puisqu'ils ne pourront pas faire la
monarchie et ne voudront pas faire la Ré-
publique.
Tel est le plan combiné depuis le dépôt
du projet Casimir Périer et qui a pour but
jJ.'&flJrter encore une fois la solution répu-
blicaine.
—o—
On ajoute que les auteurs de cette com-
binaison ont négocié avec M. Lucien Brun
pour qu'il voulût bien demander au comte
de Chambord d'autoriser ses fidèles de
l'extrême droite à s'y rallier. On ajoute
que le voyage que vient de faire M. Lucien
Brun n'aurait pas eu d'autre but.
Pour ne rien omettre, nous devons dire
que M. Lucien Brun, qui était de retour
hier à Versailles, "démentait ces bruits, et
affirmait que, n'étant allé que dans l'Ain,
spn département, il n'avait ni conféré avec
le comte de Chambord, ni même reçu
d'instructions de lui.
—o—
On ne croit pas que vendredi la commis-
sion des Trente puisse terminer la discus-
sion du nouveau projet dont elle est saisie.
Il est donc très probable que les groupes
de la gauche feront une motion au sujet de
ces retards systématiques, où la commis-
sion semble'vouloir persévérer au mépris
du vote d'urgence.
SIMPLE QUESTION
Un jour l'Assemblée eut une séance
solennelle. Elle décida qu'il lui fallait
choisir, parmi les plus compétents de
ses membres, une commission chargée
de faire pour la France ce que Jean-
Jacques avait voulu faire pour la Corse :
une constitution. Il était d'autant plus
naturel de penser que cette commission
allait constituer dans le plus bref délai
et avec toute l'habileté souhaitable, que
l'Assemblée, dès sa réunion à Bordeaux,
s'était déclarée Constituante et que nous
étions en droit de croire que tous ses
membres, sans en excepter M. Jean
Brunet, étaient, comme on dit « ferrés »
sur les questions constitutionnelles.
Si les députés infimes avaient songé
au problème, les députés « illustres » ne
devaient-ils pas l'avoir résolu?
La commission, composée d' « illus-
tres », aj outa six mois d'études à ses
trois ans d'études précédentes, de même
qu'elle avait ajouté les trois ans d'étu-
des précédentes aux études de toute sa
vie. La commission étudia le projet Du-
faure, le projet de Broglie, les contre-
projets et les amendements. Tout cela
sans donner signe de vie : apportant seu-
lement à la tribune une loi électorale;
car la seule loi élaborée par la commis-
sion chargée de constituer fut une loi
qui n'était pas constitutionnelle ! un
jour vint cependant, au bout de six
mois, où quelqu'un s'avisa de deman-
der à la commission de constituer quel-
que chose, s'appuyant sur ceci : que le
pays ne pouvait pas rester éternelle-
ment dans l'incertitude, à attendre qu'un
gouvernement lui tombât tout rôti dans
le bec. L'Assemblée trouva « urgente »
la proposition. Elle invita la commission
à se prononcer. La commission aj outa
encore quinze jours d'études aux six
mois d'études précédentes, lesquels six
mois, comme en a pu le voir plus haut,
s'ajoutaient à trois ans d'études, les-
quels trois ans s'ajoutaient à des vies
entières, et, au bout des quinze jours,
la commission décida, quoi ? qu'elle
consulterait trois personnes de sa con-
naissance.
N'est-ce pas étrangement curieux? Que
penserait un négociant si, après avoir
pendant trois ans hébergé, nourri, blan-
chi et éclairé son comptable, il s'avisait
un jour de lui dire:—Ayez donc la com-
plaisance de me faire une addition? et
que le comptable, se grattant la tête, ré-
pondît : — Attendez. Je m'en vais con-
sulter trois professeurs d'arithmétique.
Nous le demandons : si les plus ex-
perts et les plus compétents parmi les
membres de l'Assemblée en sont là ; -si,
au bout de quinze jours de discussion,
ils ont besoin de consulter des amis
pour savoir quel gouvernement pour-
rait bien convenir à la France, quelle
constitution et quel gouvernement peut-
on attendre de l'Assemblée elle-même,
moins experte et moins compétente que
les illustres membres de sa commission
constitutionnelle ?
Et si les illustres membres de la com-
mission constitutionnelle sont hors d'é-
tat de nous proposer une constitution
définitive, et si l'Assemblée constituante
est plus hors d'état encore de nous voter
une constitution définitive, ne sommes-
nous pas en droit de nous demander ce
que font encore à Versailles et la com-
mission constitutionnelle et l'Assemblée
constituante ?
EDOUARD LOCKROY.
- "xmatjSth
LA SEANCE
M. de Chabrol avait promis une réfuta-
tion complète du discours de M. Jouin.
Nous avons entendu des paroles irritées,
violentes, mais de réfutation, point. M. de
Chabrol n'a pas même entrepris de prou-
ver que-la loi, contrairement aux asser-
tions de M. Jouin, ne faisait aucune dis-
tinction entre les riches et les pauvres. Au
surplus, c'était impossible, puisque cette
distinction est écrite en toutes lettres dans
l'article qui confère, de plein droit, l'élec-
torat au citoyen qui paye l'impôt foncier.
Le rapporteur s'est donc borné à faire un
>hruyant étalage de ses bonnes intentions.
Les bonnes intentions ont Leur i*al., Ç;
surément, mais M. de Cha&rol, en a
lité de catholique, doi ^r que 'enfer
en est pavé et que, dans tous )es cas^ elles
ne valent pas les actes. \»^ A
Le discours de M. Jouin subsistanMout
entier, personne n'a jugé utilC de répiHuer
à la soi-disant réfutation^de de ChaOTeï."
L'article relatif à la fix orWle l'âge^ur
les élections municipales^ idonné li<^àà
une manœuvre bien significative ~4~~
de la droite. On sait quev deu^foÊs\d £$jj.
l'Assemblée s'était prononcéeJsour le m a in-
tien de la limite de 21 aos? Un eeftW
nombre de membres dont les' ms seront
au Journal officiel, ont fait à leurs colley
gues cette injure de supposer que, dans
un vote secret, ils trahiraient la canse qufa:--
deux reprises ils ont déjà fait triompher.
Le succès d'un pareil calcul n'eût servi
qu'à déconsidérer l'Assemblée et à faire
douter de son courage politique. Mais la
tentative suffit à prouver à quel point le
suffrage universel est, pour la réaction, un
sujet d'horreur et d'épouvante. La radia-
tion de deux ou trois générations d'élec-
teurs, même obtenus au prix d'un désaveu
que l'Assemblée se fût infligé à elle-même,
ne paraissait pas achetée trop cher à ces
fanatiques.
C'est le général Loysel qui s'était chargé
de poser la question et de soutenir l'amen-
dement reportant la majorité électorale à
25 ans. Comme toujours, c'était au nom
de l'égalité, au nom de la justice qu'on ré-
clamait cette nouvelle violation portée au
droit. La méthode n'est pas nouvelle et M.
Loysel n'a pas eu l'art de la rajeunir. Il a
suffi d'un mot de M. Oscar de Lafayette
pour faire justice des sophismes à l'aide
desquels M. Loysel voulait généraliser des
exceptions que la présence sous les dra-
peaux peut à peine justifier.
Deux cent quatrevingt-quatorze voix
n'en ont pas moins persisté à refuser aux
électeurs de 21 ans l'exercice de leur droit;
mais trois cent cinq voix le leur ont as-
suré. Voilà du moins une catégorie d'élec-
teurs qui n'aura pas de peine à reconnaître
ses amis, car, en dépit du scrutin secret,
on sait bien à peu près comment les votes
se sont répartis.
A. GAUUER.
PHYSIONOMIE DE LA SÉffi
On était dans l'opposition. On était libé-
ral comme pas un. Les amis qu'on avait
arrivent au pouvoir et se mettent en lutte
contre l'opinion. Et, ma foi ! on laisse peu
à peu s'effeuiller' ses beaux principes ; on
cherche les vieilles traces de M. Rouher
pour y mettre ses semelles; on devient
semblable à ceux qu'on a tant gourman-
dés, raillés et vilipendés'; on donne
l'exemple de ce qu'un libéral du temps ja-
dis appelait : le cynisme des apostasies.!
Seulement, que voulez-vous ? on a ses pe-;
tites manies : on veut encore chanter sa;
petite romance décentralisatrice par-des-
sus le marché. On. c'est M. d'Andelarre,
c'est M. de Broglie, c'est M. de Chabrol,
c'est M. Raudot : des virginités libérales
d'autrefois, qui ont fait le grand saut cha.
cune à leur tour, et qui pourtant prétendent
garder mordicus leur fleur d'oranger.
C'est à ceux-là que M. Jouin a dit leur
fait hier avec tant d'éloquence. Il les a pris
en flagrant délit, il les a percés à jour.
Voulez-vous savoir s'il a touché juste? Re-
gardez-les : ils écument. Exemple : ce bon
M. de Chabrol.
Feuilleton du SSagtpet
DU 3 JUILLET
52
iATffllIHIŒ
TROISIÈME PARTIE
ESMr VEN 33X335
LIVRE II
tES TROIS ENFANTS
-
IX
Une Bastille de province
1
LA TOURGCE
Le voyageur qui, il y a quarante ans,
entré dans la forêt de Fougères du côté
de Laignelet en ressortait du côté de
Parigné, faisait, sur la lisière de cette
profonde futaie, une rencontre sinistre.
En débouchant du hallier, il avait brus-
quement devant lui laTourgue.
Non la Tourgue vivante, mais la
Reproduction, même partielle, interdite.
Voir les numéros dg Rappel du 27 avril
au 2 juillet.
Tourgue morte. La Tourgue lézardée,
sabordée, balafrée, démantelée. La ruine
est à l'édifice ce que le fantôme est à
l'homme. Pas de plus lugubre vision
que la Tourgue. Ce qu'on avait sous les
yeux, c'était une haute tour ronde, toute
seule au coin du bois comme un malfai-
teur. Cette tour, droite sur un blocl de
roche à pic, avait presque l'aspect ro-
main tant elle était correcte et solide,
et tant dans cette masse robuste l'i-
dée de la puissance était mêlée à l'idée
de la chute. Romaine, elle l'était même
un peu, car elle était romane; com-
mencée au neuvième siècle, elle avait
été achevée au douzième, après la
troisième croisade. Les impostes à
oreillons de ses baies disaient son
âge. On approchait, on gravissait l'es-
carpement, on apercevait une brèche,
on se risquait à entrer, on était de-
dans, c'était video. C'était quelque
chose comme l'intérieur d'un clairon
de pierre posé debout sur le sol. Du
haut en bas, aucun diaphragme; pas
de toit, pas de plafonds, pas de plan-
chers, des arrachements de voûtes
et de cheminées, des embrasures à
fauconneaux, à des hauteurs diverses,
des cordons de corbeaux de granit
et quelques poutres transversales mar-
quant les étages, sur les poutres les
fientes des oiseaux de nuit, la muraille
colossale, quinze pieds d'épaisseur à la
base et douze au sommet, çà et là des
crevasses, et des trous qui avaient été
des portes, par où l'on entrevoyait des
escaliers dans l'intérieur ténébreux du
mur. Le passant qui pénétrait là l'e soir
entendait crier les hulottes, les tète-chè-
vres, les bihoreaux et les crapauds-vo-
lants, et voyait sous ses pieds des ron-
ces, des pierres, des reptiles, et sur sa
tête, à travers une rondeur noire qui
était le haut de la tour et qui semblait
la bouche d'un puits énorme, les étoiles.
C'était la tradition du pays qu'aux
étages supérieurs de cette tour il y avait
des portes secrètes faites, comme les
portes des tombeaux des rois de Juda,
d'une grosse pierre tournant sur pivot,
s'ouvrant, puis se refermant, et s'effa-
çant dans la muraille ; mode architectu-
rale rapportée des croisades avec l'ogive.
Quand ces portes étaient closes, il était
impossible de les retrouver, tant elles
étaient bien mêlées aux autres pierres
du mur. On voit encore aujourd'hui de
ces portes-là dans les mystérieuses
cités de l'Antj-Liban, échappées au
tremblement des douze villes sous Ti-
bère.
Il
LA BRÈCHE
La brèche par où l'on entrait dans la
ruine était une trouée de mine. Pourun
connaisseur, familier avec Errard, Sardi
et Pagan, cette mine avait été savam-
ment faite. La chambre à feu en bonnet
de prêtre était proportionnée à la puis-
sance du donjon qu'elle avait à éventrer.
Elle avait dû contenir au moins deux
quintaux de poudre. On y arrivait par un
canal" serpentant qui vaut mieux que le
canal droit ; l'écroulement produit par
la mine montrait à nu dans le déchire-
ment de la pierre le saucisson qui avait
le diamètre voulu d'un œuf de poule,
L'explosion avait fait à la muraille une
blessure profonde par où les assiégeants
avaient dû pouvoir entrer. Cette tour
avait évidemment soutenu, à diverses
époques, de vrais sièges en règle ; elle
était criblée de mitrailles; et ces mi-
.ll , 1 d,
trailles n'étaient pas toutes du même
temps; chaque projectile a sa façon de
marquer un rempart; et tous avaient
laissé à ce donjon leur balafre, depuis
les boulets de pierre du quatorzième
siècle jusqu'aux boulets de fer du dix-
huitième.
La brèche donnàit entrée dans ce qui
avait du être le rez-de-chaussée. Vis-à-
vis de la brèche, dans le mur de la tour,
s'ouvrait le guichet d'une crypte taillée
dans le roc et- se prolongeant dans les
fondations de la tour jusque sous la
salle du rez-de-chaussée.
Cette crypte, aux trois quarts com-
blée, a été déblayée en 1855 par les
soins de M. Auguste Le Prévost, l'anti-
quaire de Bernay.
III
L'OUBLIETTE
Cette crypte était l'oubliette. Tout
donjon avait la sienne. Cette crypte,
comme beaucoup de caves pénales des
mêmes époques. avait deux étages. Le
premier étage, où l'on pénétrait par le
guichet, était une chambre voûtée assez
vaste, de plain-pied avec la salle du
rez-de-chaussée. On voyait sur la paroi
de cette chambre deux sillons parallèles
et verticaux qui allaient d'un mur à
l'autre en passant par la voûte où ils
étaient profondément empreints, et qui
donnaient l'idée de deux ornières. C'é-
taient deux ornières en effet. Ces deux
sillons avaient été creusés par deux
roues. Jadis, aux temps féodaux, c'é-
tait dans cette chambre que se fai-
sait l'écartèlement, par un procédé
moins tapageur que les quatre che-
vaux. Il y avait là deux roues, si
fortes et si grandes qu'elles touchaient
les murs et la voûte. On attachait à cha-
cune de ces roues un bras et une jambe
du patient, puis on faisait tourner les
deux roues en sens inverse, ce qui arra-
chait l'homme. Il fallait de l'effort; de là
les ornières creusées dans la pierre que
les roues effleuraient. On peut voir en-
core aujourd'hui une chambre de ce
genre à Vianden.
Au-dessous de cette chambre il y en
avait une autre. C'était l'oubliette véri-
table. On n'y entrait point par une
porte, on y pénétrait par un trou; le
patient, nu, était descendu, au moyen
d'une corde sous les aisselles, dans la
chambre d'en bas, par un soupirail pra-
tiqué au milieu du dallage de la cham-
bre d'en haut. S'il s'obstinait à vivre,
on lui jetait sa nourriture par ce trou.
On voit encore aujourd'hui un trou de
ce ^aare à Bouillon.
Par ce trou il venait du vent. La
chambre d'en bas, creusée sous la salle
du rez-de-chaussée, était plutôt un puits
qu'une chambre. Elle aboutissait à de
l'eau et un souffle glacial l'emplissait.
Ce vent qui faisait mourir le prisonnier
d'en bas faisait vivre le prisonnier d'en
haut. Il rendait la prison respirable. Le
prisonnier d'en haut, à tâtons sous sa
voûte, ne recevait d'air que par ce trou.
Du reste, qui y entrait, ou qui y tom-
bait, n'en sortait plus. C'était au prison-
nier à s'en garer dans l'obscurité. Un
faux pas pouvait du patient d'en haut
faire le patient d'en bas. Cela le regar-
dait. S'il tenait à la vie, ce trou était son
danger ; s'il s'ennuyait, ce trou était sa
ressource. L'étage supérieur était le
cachot, l'étage inférieur était le tom-
beau. Superposition ressemblante à la;
société d'alors.
C'est là ce que nos aïeux appelaient
« un cul-de-basse-fosse M. La chose ayant
disparu, le nom pour nous n'a plus de
sens. Grâce à la révolution, nous en-»1
tendons prononcer ces mots-là avec in-*
différence.
Du dehors de la tour, au-dessus de
la brèche qui en était, il y a quarante
ans, l'entrée unique, on apercevait una
embrasure plus large que les autres
meurtrières, à laqueUe pendait un gril-
lage de fer descellé et défoncé.
VICTOR HUGO.
(A zw'vrs.)
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.01%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.01%.
- Collections numériques similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75370545/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75370545/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75370545/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75370545/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75370545
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75370545
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75370545/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest