Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1871-01-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 janvier 1871 19 janvier 1871
Description : 1871/01/19 (N586). 1871/01/19 (N586).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
N* 586. - Jeudi 19 janvier 1871 te airi^brtO <>/^T lïëpkftémte : 15 o.
29 Bltafs an 79.- » 586.
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction,
De 5 à 7 heures du soir
13, ..," Ds val ois « 1-8
"TLeS ^«ascrfts non insér £ sne seront pas reàdti#
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE; CERF et G*
S, plhct de la Bourse, 6
J * ;
,. J i.
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! .., t
ADNIN~~SÏOW
11, BOUIBVABD MONTSUBIB» ; J6
ABOinEKKirri
mu
trois mois. il &
Six moi 21 »
DÉPARTEMENTS
Trois mois il A
Six mois. 8f *
Adresser les réclamions et manoseftH
A M. ALBERT BARBIEHX
PARIS ET LA PROVINCE
La Gazette de Cologne, du 8 janvier,
nous apporte doux discours prononcés, à
Bordeaux, phr Gambetta, qui allait partir
pour l'armée de Ch¡H!i y.
Notons- dans le premier de ces discours
lé pas?agj suivant ;
« Il fallait du temps, quelques mois
pour se procurer des armes, pour orga-
niser ces forces, pour exercer les troupes,
pour c hoisi les 7 f s parmi les o fficiers
capables en remplacement dés vieux géné-
raux, (jui: ri ayant pas confiance dans
cette nouvelle organisation militaire, au-
raient pu influencer dans ce sens les
troupes placées sous leurs ordres. Aujour-
d'hui, tout ce travail est terminé; nous
avons autant de canons que les Prus-
stens •, nos défaites eUes-mêmes nous
ènt 5 vrvi de leçoiis, et la confiance règne
partout ckiis nos armées, tandis que nos
ennemis, qui se sont avancés jusqu'au
cœur lie la France, se montrent mainte-
nanf. découragés et fatigués de triom-
phes qn; les déciment. Les pertes qu'ils
subissent sont énormes; quelques jours
encore, un mois seulement d'énergie et
d'efforts, et l'anéantissement de l'armée
prussienne est certain. »
Oh peut comparer ces fières et vaillan-
* téS pafÓYesllux rapports de ?. Schmitz.
Il y a en France deux gouvernements ;
a Paris, un gouvernement qui a pour
chef. un. militaire, le général Trocliu ; en
province, un gouvernement dont le chef
est un civil, Gambetta.
En sa; qualiîé de général, le gouverneur
d& Paris m croit qu'aux généraux, à l'ar-
TOéé-;'ail rrfiîlistre de la guerre, au comité
"d'âHrlfcrièi.-lies oprniôtts qui né portent
pas d'epaulettes lui sont tellement indiffé-
rentes qu'il a de ne pas lire les
Journaux. Il est niill ittite- a ce point que,
le jour ou .il y a eu J. résoudre u,nê quesl
.-tiçiQ^déci^i vej il a fevmé la porte du conseil
au nez de cet honnête gouvernement de la
défense nationale-. : :
Gambetta, lui, croit au pays, à la Ré-
©ublfqWey à te colore d'un peuple contre
rértvâHiéèèU-r', à là1 levée; én masse, à l'âme
indlîgri^e âë'%- Pràn-ce 1 Le grade ne l'é-
bfàuic pas." ît remplace lés vieux par les
jeunes. Ceux qui désobéissent, ou qui
obéissent mal, il le§ casse. Il fait et défait.
* ç'est,un avocat qui e^t le général en chef
de toutes les armées françaises.
Qu'est-ce qu a produit à Paris la subor-
dination du civil au militaire"?
bâ résistance à toutes les initiatives et
à toutes les audaces, l'élan public retenu,
le manque de canons, le temps perdu,
l'affaire du Bourget, lé plateau d'Avron
abancionnéy la. résignation à l'investrsse-
ment, et, après quatre moi;, cinq cent
, çiille hommes armés qui laissent bombar-
der les malades, les femmes et les enfants
.-sans se ruer sur les assassins et qui, le
fusil au pied, regardent à l'horizon si
quelqu'un vient à leur secours.
Qu'est-ce qu'à produit en province la
subordination du militaire au civil?
Une ahillérie improvisée égale à l'ar-
1 tilîërîe prussienne, des généraux créés, Pa
victoire dé Coulmiers, la victoire de Nuits,
la victoire de Bapaume, la délivrance de
Dijon, les communications de l'enitemi
menacées, tout le.monde debout, la France
ressuscitéel
La conclusion est facile à tirer.
Augnste Vacqueftiaf.
DISCOURS DE GAMBETTA
Voici les deux discours prononcés à Bor-
deaux par Gambetta.
En parlant au conseil municipal, il a dit :
Le siége du gouvernement, ne pouvait
être mieux placé que dans le chef-lieu de
la Gironde. A Tours, il était soumis à l'ac.
tion énervante d'une population dont l'en
gourdissement est proverbial. Ici, au mi
lieu d'une population énergique, il se sent
, fortifié.
C'est le propre des gouvernements l'.
bres de puiser leurs forces dans l'opinion
publique. Car nous n'avons pas Tinten
tion d'agir à ia manière de ces dictateurs,
ineptes qui prétendent faire le bonheur des
peuples en étouffaut la liberté. Sans doute,
il se trouve des gens, qui, lorsqu'on laisse
à l'opinion publique son libre cours, en
tirent parti dans l'intérêt de leurs pré
ventions ou de leurs partis. A ces in-
justes atteintes, il importe @ d'opposer le
mépris et d'y répondre par bn redouble-
ment d'énergie dans la voie du progrès.
Ce serait d'ailleurs une erreur de vouloir
tenter d'étouffer les partis; ils ont leur
rôle fatal dans les lentes révolutions qui
régissent les sociétés. Il existe dans le
monde deux forces qui se contrarient :
l'esprit de la tradition, de la routi*
l'opposition à toute innovation, et celui
dé rattionr du progrès, qui peut parfois
pousser jusqu'à la témérité. Du libre essor
de ces deux forces jaillit là marche régu-
lière des sociétés. En ce moment, notre
action doit avant tout se tourner contre
l'ennemi qui dévaste la France et menace
sa sécurité. On a parlé d'élections, mais
.sont-elles possibles ? Le tiers de la France
est occupé par l'ennemi; les électeurs
sont sous les armes ou sur les champs
de bataille ; Paris est investi et ne com-
munique pas régulièrement avec la pro-
vince; une seule heure perdue pour la
défense de la patrie pourrait causer notre
perte.
Ne nous laissons pas détourner de
ce devoir, consacrons-lui tous nos efforts,
ne reculons devant aucun sacrifice, et, je
vous le dis, la victoire ne nous échappera
pas. J'ai vu notre jeune armée; elle est
pleine de résolution et de courage, et je
vous jure que ces jeunes soldats, encore
hier inexpérimentés, valent mieux aujour-
d'hui que notre ancienne armée. Mais il
faut les soutenir, les rappeler au souvenir
de la patrie ensanglantée, qui attend sa
délivrance de leur patriotisme.
Il fallait du temps, quelques mois
pour se procurer des armes, pour organi-
ser ces forces, pour exercer les troupes,
pour choisir les chefs parmi les officiers
capables, en remplacement des vieux gé-
néraux, qui, n'ayant pas confiance dans
cette nouvelle organisation militaire, au-
raient pu influencer dans ce sens les trou-
pes placées sous leurs ordres. Aujourd'hui,
tout ce travail préparatoire est terminé;
nous avons autant de canons que les Prus-
sien?; nos défaites elles-mêmes nous ont
servi de leçons, et la confiance règne par-
tout dans nos armées, tandis que nos
ennemis, qui se sont avancés jusqu'au
cœur de. la France, se montrent main-
tenant découragés et fatigués de triom-
phes qui les déciment. Ils ont cru qu'ils
allaient faire une campagne de Sadowa,
et Paris les fascine depuis trois mois.
Les pertes qu'ils subissent sont énormes.
L'Allemagne est épuisée d'hommes et d'ar-
gent. Qiielques jours encore, un mois seu-
lement d'énergie et d'efforts, et l'anéan-
tissement de l'armée prussienne est cer-
tain. Aidez-nous dans cette œuvre de ré-
sistance, et nous aurons la satisfaction
d'avoir sauvé lé pays du plus grand danger
qu'il ait jamais couru. »
A la gardé nationale de Bordeaux, Gambetta
a adressé les paroles, suivantes :
La gleire n'est pas mon but, la gloire
n'est pas mon souci, et ce n'est pas le mo-
ment deparler d'admiration. Je n'ai qu'une
ambition : celle de remplir un devoir. Après
l'abominable dénouement auquel nous
avaient coriduits dix-huit années d'empire,
il fallait avant tout s'efforcer dé restaurer
la morale publique par la résurrection dé
ridée du devoir, qui semblait éteinte dans
nos cœurs. Seule, la République était ca-
pable de mener à bonne fin cette belle
transformation, et ce sera son éternel hon-
neur d'avoir atteint ce but en quelques
mois.
Grâce à la République, des merveilles
ont été accomplies, non-seulement dans
l'héroïque Paris, mais encore dans les
départements. Des hommes nouveaux et
inexpérimentés ont pu tout créer : des fu-
sils, des canons, des soldats et même des
généraux. Et maintenant, nos gardes natio-
naux mobilisés entrent en ligne, brûlant
de cette flamme nouvelle qui s'est emparée
de la France, et emportant dans leurs
cœurs la fièvre patriotique qui anime toute
la nation. L'ennemi lui-même est obligé
de convenir que la guerre est entrée
dans une nouvelle phase; et c'est en vé-
rité la guerre de la délivrance, la guerre
nationale, la guerre sainte qui commence.
Et c'est là le moment que choisissent quel-
ques hommes pour donner des conseils de
làcheté, pour parler de paix! Hors d'ici
ces conseils honteux ! Soyons prêts aux
derniers sacrifices pour le salut de la
patrie. Tous, prêtons serment à la guerre
à outrance.
Et même, si Paris - horrible et inima-
ginable supposition ! —si Paris devait tom-
ber, jurons tous de combattre et de nous
défendre sans cesse. Aussi bien, il est sûr
que la victoire définitive est certaine, si
nous tenons quelque temps seulement. La
France représente des principes qui ne
peuvent sombrer, qui ne sombreront pas.
Quand on élève son cœur jusqu'à de
telles pensées, il devient facile de mé-
priser les misérables attaques de ses adver-
saires, et ce ne sera pas le moindre hon-
neur du gouvernement de la défense na-
tionale d'avoir accordé la liberté la plus
étendue au milieu de ta crise la plus épou-
antable qu'un peuple ait jamais traversée.
Pour ce qui concerne la République, elle
est aujourd'hui placée si haut qu'elle peut
envisager sans crainte les attaques de ses;
adversaires, qui sont le passé, tandis qu'elle
est l'avenir, comme efie est le drapeau
dans les dangers présents.
1 ---- ,m.). -
JOURNAL DU SIEGE
q JANVIER 1871. — i23' JOURNEE,
Rapports militaires.
17 janvier, midi.
Le feu ennemi, qui s'est ralenti cette
nuit, a repris ce malin avec une nouvelle
violence. Ce matin, à huit heures, le fort
'-Iqnvp% a ouvert le feu sur la batterie
de la Plâtrière, qui n'a répondu que par
tfaefcq«e« eewp*; batteries de Châtillon
ont alors recommencé à tirer sans causer
jusqu'à ceîte heure un dommage réel.
L'enceinte a repris son tir ce matin et
le combat d'artillerie se continue sur tous
les points.
L'ennemi a tenté une attaque contre
Bondy pendant la nuit, il a été repoussé ;
il avait massé ses troupes en avant de Cré-
teil, mais la pluie ayant rendu la plaine
impraticable, il n'y a pas eu d'attaque
contre nos tranchées.
Contre Montrouge, le feu n'a pas été
très vif cette nuit ; nous avons eu cepen-
dant un officier de marine tué : M. Saisset,
fils du vice-amiral. Le gouverneur croit
être l'interprê'.e de la population et de
l'armée, en adressant ici à ce vaillant of-
ficier génér. l l'expression de toutes ses
sympathies et de tous ses regrets.
17 janvier (soir).
Le bombardement des forts du Sud s'est
ralenti un peu aujourd'hui. Le tir sur les
Hautes-Bruyères a été assez vif ; la redoute
du Moulin-Saquet. a été emonnée par une
batterie de carapagne à laquelle notre ar-
tillerie de position a fait éprouver, en
hommes et en chevaux, des pertes telle-
ment sérieuses que le feu de l'ennemi a
été éteint en quelques instants, et la bat-
terie démontée, laissant hommes et che
vaux sur le terrain.
L'ennemi a continué à tirer lentement
sur Nogent et sur le fort, mais sans ré-
sultats,
La ville a reçu également un grand nom-
bre d'obus qui ont atteint les mêmes quar-
tiers que les jours précédents.
La tenue des forts est toujours excel-
lente : une communication télégraphique
interrompue a été rétablie en quelques
heures, malgré le feu persistant d" l'en-
nemi.
P. 0. Le gê eral, chef a état-major général,
sCHMITZ.
A Châtillon, les Prussiens avaient huit
batteries de pièces à longue portée, ayant
pour objectif les quartiers Saint-Jacques
et Saint-Germain, Le feu nourri que nous
avons dirigé contre elles a été d'une incon-
testable efficacité. Ilier, à deux heures, il
n'y avait que buit - pièces .qui fussent en
état de nous tenir tête. Les autres avaient
été renversées de leurs affûts. Au fur et à
mesure, les Prussiens essayaient de les re-
mettre en position, mais nos projectiles
les en empêchaient.
Nous avons eu un auxiliaire : le collo-
dion. Avec le collodion, on avait reproduit
les positions prussiennes et les moindres
détails du paysage. Les meilleurs pointeurs
avaient reçu chacun une épreuve photo-
graphique avi'c indication du point à viser.
Alors le feu si ouvert, et, en. moins de
trois heures, nos forts ont causé aux batte-
ries prussiennes de sérieux dommages.
A la tombée de la nuit, l'ennemi a tiré
de Meudon et de Clamart sur Grenelle et
sur la barrière d'Italie. Mais on a remarqué
la mollesse du tir de Châtillon.
Contrairement à ce qu'ont dit plusieurs
journaux, les forts de la Briche et de la
Double Couronne n'ont pas encore été
bombardés.
Le fort de Rosny a été canonné de deux
à quatre heures; il a répondu vigoureuse-
ment et a envoyé quelques obus sur
Bondy.
Le Mont-Valérién tient toujours en res-
pect la partie occidentale.
Montretout n'a pas tiré hier, bien que
les bastions du Point-du-Jour lui aient lâ-
ché quelque mitraille.
Les forts du Sud ont été les plus visés.
Aujourd'hui, deux batteries de pièces de 7
vont être livrées pour les forts de Bicêtre,
de Vanves et de Montrouge.
Les Prussiens ont fait hier de grands
efforts pour établir des batteries sur le
plateau d'Avron. Ils n'y sont pas parvenus
encore cette fois.
Le bombardement.
Il eût été étrange que ces Allemands, si
studieux et si littéraires, n'envoyassent
pas des obus à la Bibliothèque de l'Ar-
senal.
Ils ne l'ont pas encore touchée, mais
hier un de leurs savants obus est venu,
tout à côté, briser un pavé de la rue du
Petit-Musc.
D'autres sont tombés à quelques pas,
quai des Célestins et boulevard Morland.
Un obus est tombé au 53 de la rue de
Hennés, a traversé la toiture et le plan-
cher du 58 étage, et a blessé mortellement
au poumon droit le locataire, M. Marty,
dessinateur, qui laisse une femme et deux
enfants en bas-âge.
Lundi soir, à dix heures, un obus est
tombé rue des Ciseaux ; un autre, rue
Bonaparte, au coin de la rue du Four, et
y a fait des dégâts notables.
Une demi-heure après, un obus est
tombé sur l'église Saint-Germain-des-Prés
et a blessé un prêtre dans la sacristie.
A onze heures, uu autre s'est abattu sur
la place de l'église, et, brisant les pavés et
s'enfonçant à un demi-mètre, a éclaté
avec un bruit formidables Personne n'a
été blessé.
Val-de-Grâce, 13 janvier (871, 1 heure.
■"**"* ** Iflftféletfr te rééaetear du Happelj
C'est avec une grande -snrpnse que depuis
quelques jours jè lis, dans divers journaux,
l'annonce de l'évacuation du Val de Grâce par
les malades et blessas français, el l'occupaiion
de cet établissement par les blessés et mala-
des prussiens.
Mon élonnemanl a redoublé aujourd'hui en
lisant pareille relation dans votre estimable
feuil'e, et j'ai pris Jte parti de vous écrire ces
quelques limes pour démentir le fait.
Non-seulement les malades et blessés fran-
ÇH'S n'ont pas Ónlctd le Val-de-Grâce, et n'ont
pis par conséquent été remplacés par les Prus-
siens, mais on n'a pris, jusqu'à présent,
aucune précaution pour prévenir le retour de
l'accident arrivé dernièrement et à la suite du-
quel nous avons passé la nuit à la belle étoile.
Il m'esi - monsieur, de vous dépein-
dre l'anxiété dans laquelle nous nous trou-
vonqi. ne pouvant nous garantir dans nos gran-
des salles, et nous attendant à chaque instant
à voir le plancher crever sous nos pieds.
A l'heure où je vous écris, les obus pleuvent
à droite et il gaBelle des salles 24, 25, 26 et
27. Jusques à qumd durera cette situation si
pénihle? Le Val-de-Grâce est, dit-on, bâti sur
les Catacombes; ne pourrait-on pas les utiliser
dans le cas présent ?
Ma lettre ;HT.l-t-c!Je un peu de succès ? je
i'espèny. çar il nr1 semble impossible qu'on
attende l'arrivée de plus grands malheurs
*our remédier au présent état de choses.
il me reste à vous prier, monsieur, de vou-
loir bien accepter cet:/: longue lettre, sans si-
gnature. Un soldat, et je la suis, n'a pas trop
le droit de dire ce qni se passe, surtout quand
ses chefs ont l'air d'avoir intérêt à ce que cela
soit ignoré.
Agréez, je vous prie, monsieur le rédacteur,
l'assurance de toute ma considération.
Un malade du Val-de-Grâce,
Le bombardement vient de démontrer
l'utilité des casemates des remparts, que le
génie militaire avait pendant longtemps
considérées comme des joujoux, bons à
amuser la curiosité parisienne.
Il va sans dire que, malgré la démonstra-
tion de leur utilité, on ne continue qu'avec
une lenteur hostile les travaux destinés à en
augmenter le nombre.
Il paraît cartain que plusieurs batteries
prussiennes sont formées de pièces fran-
çaises amenées des places fortes qui ont ca-
pitulé, notamment de Metz. Bazaine ne
mentait donc pas, quand, pour empêcher
l'armée de détruire les munitions et le ma-
tériel, il disait que les Prussiens nous
les rendraient fidèlement. Il disait : après
la guerre. Les Prussiens n'attendent même
pas la fin de la guerre pour tenir la parole
de Bazaine, et pour nous renvoyer nos
ijoulets et nos obus — par dessus nos rem-
parts.
Nos nouveaux canons répondent fière-
ment à ceux qui niaient leur solidité et
leur portée, et qui prétendaient que le
chargement par la culasse était une infé-
riorité et que, d'ailleurs, l'industrie privée
était incapable de fabriquer des pièces sé-
- rieuses.
Aucune batterie n'a rendu, ces jours-ci,
de plus grands services que les pièces de 7,
à chargement par la culasse, que l'initia-
tive privée a imposées à la routine du co-
mité d'artillerie.
Nous avons assisté au tir de trois de ces
pièces installées sur le bastion 72. Elles ont
tiré incessamment, pendant des heures, à
pleine volée ; la charge était telle qu'elles
en avaient des soubresauts et qu'on était
obligé de modérer le recul avec une barri-
cade dé sacs de tefre. Et, après tous ces
jets furieux, ces pièces, qu'on affirmait
devoir éclater au quatrième obus, étaient
aussi intactes qu'avant le premier coup.
La canonnière Farey
A la suite d'une décision prise par le
gouvernement, en conseil, la canonnière
Fàrcy a été désarmée. L'énorme canon de
marine qu'elle portait, et qui ne pèse pas
moins dé 15,000 kilogr., va être transbordé
sur une de nos principales redoutes, à
l'aide d'un attelage de vingt-quatre che-
vaux, et dès demain, nous l'entendrons
cracher ses obus sur les bandits qui mi-
traillent nos femmes et nos enfants.
Nous ne contestons pas la valeur des ar-
guments qui ont déterminé le gouverne-
ment à ordonner le déplacement du canon
Farcy. Cette pièce exceptionnelle, maniée
par la marine, pourra, dans sa situation
nouvelle, contribuer puissamment à la dé-
fense de Paris. Mais, lorsqu'on pourra re-
prendre les opérations offensives, ne re-
grettera-t-on pas de l'avoir immobilisée?
Ne regrettera-t-on pas le secours de ces
feux foudroyants qui pourraient si aisé-
ment se porter sur les points les plus
divers ?
Si nos chefs militaires avaient eu plus
de prévoyance, ils auraient eu tout le
temps de faire fabriquer, par l'industrie
privée, un grand nombre de pièces ayant
le même calibre et la même portée que
le canon Farcy, et ils n'auraient pas été
réduits, comme ils le sont en ce moment, à
désarmer le principal bâtiment de notre
flottille.
Nous croyons savoir qu'au mois d'octo-
bre dernier le ministre des travaux publias
avait commandé à l'usine Cail trente ca-
nons de 19 se chargeant par la culasse.
Pourquoi faut-il qu'un contr'ordre, donné
malgré les réclamations de la presse, ait
définitivement empêché la création de ces
engins puissants dont l'utilité est aujour-
d'hui sthallt-ement reconnue t
Nouvelles.
M. Jules Favre ira-t-il ou nira-t il pa
à la conférence de Londres? La France
affirme : non. Le Journal éhs Débats espère :
oui.
La feuille de la rue des Prêtres « croit
savoir » qu'une députation, composée de
plusieurs personnes des plus influentes
et des plus considérées des quartiers du
Luxembourg et du Panthéon, s'est rendue
chez M. Jules Favre pour lui demander,
au nom de ces arrondissements particulière-
ment éprouvés par le bombardement, de vou-
loir bien aller à Londres pour représenter
la France et la République. M Jules Favre
aurait répondu qu'il espérait que les dif-
ficultés actuellement pendantes seraient
résolues d'ici à quelques jours, et qu'il
pourrait quitter Paris pour prendre part
aux travaux de la Conférence.
Et le Journal des Débats ajoute :
« M. de Bismark veut, à ce qu'il paraît,
gagner du temps sur la question du sauf.
conduit comme il en a gagné sur la lettre
de lord Granville. M. Jules Favre n'a rien
reçu ; s'il avait en main le sauf-conduit, il
partirait pour Londres. »
Nous espérons qu'il n'en est rien, et que
M. Jules Favre entendra mieux la dignité
et l'intérêt de la France.
Il peut d'ailleurs être tranquille: laCon-
férence ne peut rien faire et ne fera rien
sans la franco. Les nouvelles apportéas
aujourd'hui même par les gazettes alle-
mandes disent expressément :
La Conférence de Londres au sujet de la mer
Noire r.e se réunira pas encore ces jours-ci.
La suspension provient, nous dit-on, de ce que
M. Jules Favre trouve désagréable de recevoir
des mains de M. de Bismark son laissez-passer.
La question d'Orient se représente sous
sa ferme de 1840 en même temps que sous
sa forme de 1856. Le Times a reçu le télé-
gramme suivant de Constantinople, 31 dé*
cembre :
« De nouveaux différends se sont élevés
entre la Porte et le khédive. La Porte se
plaint de ce que le khédive n'exécute pas
son dernier firman, surtout en ce qui re-
garde les armements. »<
LE BOMBARDEMENT CIRCULAIRE
Ils ont élevé des forteresses devant nos for-
teresses, amené des canons devant nos canons,
et la grande lutte a commencé. Voilà vingt
jours que cela dure. Les Prussiens ont ouvert
le feu au nord-est; puis c'est au sud, puis à
l'est, puis au nord, que leurs batteries se sont
successivement démasquées. Nous sommes en-
tourés à l'heure actuelle par un cercle de fer.
Les projectiles nous menacent sans cesse, il est
aussi utile que curieux de connaître les dis-
tances qui séparent les quartiers de Paris des
diverses batteries prussiennes.
Commençons par le sud.
Batterie prussienne entre Chevilly et l'Hay. —
Cette batterie se trouve à :
2,100 mètres de Villejuif (Hautes-Bruyères
, et Moulin-Saquet),
3,500 — de Bicêtre,
4,000 — du fort d'Ivry,
4,900 — du fort de Montrouge,
5,500 — de l'enceinte (bastions 92, 93),
7,500 — de la gare d'Orléans,
8,000 — du faubourg Saint-Antoine,
8,900 — de Notre-Dame.
Batterie de Fontenay-atushRose&, à :
2,000 mètres du fort de Vanves,
2,500 — du fort d e Montrouge,
2,900 — du fort d'Issy,
4,000 - des bastions 77, 78,
6,000 - du Champs-de-Mars,
6,300 - du Luxembourg,
6,800 - des Invalides et du Panthéon,
7,500 - de Notre-Dame,
8,000 - des Tuileries. ;
Batterie de Châtillon (Tour-âux-Ânglaîs), à :
2,200 mètres du fort de Vanves,
2,500 — du fort d'Issy,
3,500 -- du fort de Montrouge,
4,000 - du rempart (bastions 75 et 76),
6,500 - des Invalides,
7,100 - du Luxembourg,
7,500 - du Panthéon,
8,400 - des Tuileries,
9,000 - de Notre-Dame.
Batterie de Meudon (dans le château) à :
2,500 mètres du fort d'Issy, ;
4,000 — du fort de Vanves,
5,300 - du village de Boulogne,
5,700 - du rempart (Point-du-Jour,
67 et 67 bis),
5.800 - de la cascade du bois de Bou- J
logne (batterie Mortemart),
6,400 — du Champ-de-Mars,
6,900 — du Trotûdéro,
7,200 — de la gare Montparnasse,
7,500 — des Invalides,
8,300 — de TArc-de-Triomphe,
9,000 — des Tuileries.
A l'ouest :
Batterie de la Perte-Jaune (entre Garches et
Montretout), à:
3,000 mètres du Mont-Valérien,
3,300 — de la cascade du bois de
Boulogne,
3,900 — d'Auteuil,
5,200 — de Passy,
S,300 - du fort d'Issy,
6,800 - de l'Ecole militaire,
¡,IOO - de l'Arc-de-Triomphe,
7,500 - des Invalides.
Batterie de la Bergerie, à :
3,000 mètres du Mont-Valérieui
4,000 — de la Cascade,
0,(;00 — d'Auteuil,
3,200 — de Bil'ancourt,
6,100 — de Passy,
8,000 — fie l'Arc-de-Triomphe,
8,200 — du Champ-de-Mars,
8,900 — des Invalides,
15,000 — des Tuileries.
De la ferme de la Bergerie à Orgemont se j
trouve un grand espace, où les Prussiens n'ont
pas établi de batteries de siège. Cela s'expli-
que. Les deux bras de la Semé et î'absence
de fort ttft iiéeeusfteuf point le prfaÉrtcp dé-
canons à cet endroit. C'est donc là que doivent
se porter tous nos regards. L'assaut si assaut
il y avait, serait donné de ce côté. Heureuse-
ment la Seine est trop forte! Donc rien .1.
l'Ouest.
Au Nord se trouvent :
La batterie aOrgemont (butte dti Moulin), à, 1
3,500 mètres de Gennevilliers,
6,000 — du pont de la Briche,
6,500 - de Saint-Ouen,
7,000 - de Clichy-la-Garenne,
7,300 - de Saint-Denis,
8,500 - des Bîtignolles,
9,500 - de l'Arc-de-Triomphe.
La batterie de h Butte-Pinson, à :
2,200 mètres de la Briche,
2,500 — de la Doable-Courenne,
3,400 — de la place de Saint-Dénis,
4,200 — du fort de l'Est,
lS,OOO- de la Courneuve,
6,000 - de Saint-Ouen,
7,000 — du fort d'Aubérvilliers,
7,300 — de la porte Saint-Denis (n..-'
parts).
la batterie de Stains, à t
2,100 mètres de la Double-Couronne,
2,800 — de la place de Saint-Denis .;
2,900 - du fort de l'Est,
3,000 - de la Briche,
5,000 — du fort d'Aubervilliers,
5,300 — de Saint-Ouen,
6,500 — de la Porte-Saint-Denis,
7,500 — de la Butte-Montmartre.
ia batterie du Pont-Iblon, à :
4,000 mètres de la Courneuve,
4,200 — du fort d'Aubervilliers
5,900 — du fort de Noisy,
6,000 — du fort de l'Est,
6,200 — du bastion (porte de Flandre),-
7,000 — de la Double-Couronne,
8,000 — de la Briche.
Enfin les batteries de l'est, dont nous ne
parlerons pas, vu leur éloignement, ne mena-
cent guère que nos forts, dont elles sont éloi-
gnées de 4,000 mètres.
Pour compléter ces renseignements, disons
que les projectiles prussiens, arrivés sur Paris,
n'ont jamais dépassé une portée de 7,200 mè-
tres. Encore les pièces tirent-elles à toute
volée.
L'Intérêt français à la Conférence.
La question de dignité soulevée par le
voyage projeté de M. Jules Favre à la Con-
férence de Londres, est résolue pour tout
cœur républicain. Reste la question colite
que, sur l'importance de laquelle aimeat à
s'appuyèr et le gouvernement du 4 sep*
tembre et les journaux pratiques. de tous
les gouvernements.
Mais dans cette grave question de la
conférence, l'intérêt, au moins autant que
l'honneur, nous engage à ne pas nous faire
représenter à Londres.
Il est évident que le czar Alexandre
s'est mis d'accord avec son oncle Guillaume
lors de leur entrevue d'Ems sur les éven-
tualités—qui sont devenues des événement.
La guerre avec la France était prévue alors
par le èzar et par le roi de Prusse, qui
comptaient avec certitude sur l'imbécillité
des diplomates chargés par Bonaparte des
intérêts de la France à l'étranger, et dont
l'un était si heureux de voyager sur une
demi-fesse dans le traineau impérial, tandis
que l'autre écrivait des mémorandums si m.
génuement cyniques sous la dictée de M. de
Bismark* Un traité a été sûrement conclu
entre les deux souverains, parents et amis;
traité qui, dit-on, garantissait au roi de
Prusse à tout hasard l'intégrité de son
royaume. Ce traité, en outre, devait con-
tenir certain paragraphe sur la garde des
frontières prussiennes, le grand-duché de
Posen en particulier, dont les intérêts po*
litiques correspondent à ceux de la Polo-
gne russe.
Peu de temps après l'entrevue d'Ems
et encore après la déclaration de la guerre,
le prince Gortschakoff a résidé en Alle-
magne; il avait des rapports continuels
avec la cour royale de Stuttgardt, où la
reine Olga, sœur d'Aloxandre H, domine
complètement le faible roi Charles de
Wurtemberg.
Il est hors de doute que la Russie a beau-
coup contribué à procurer au roi Guil-
laume le concours immédiat des armées
de l'Allemagne méridionale.
Tant que les armées prussiennes étaient
victorieuses sans subir le moindre échec
de la part des serviteurs du dernier des
Bonaparte, la cour de Pétersbourg n'eut
qu'à se tenir neutre ; elle put même, sans
sortir de son rôle, accueillir gracieusement
M. Thiers et lui offrir des paroles sympa-
thiques à l'adresse de la France. En cela,
du reste, la cour germanique du czar ne
fit que se prêter au mouvement général
de la haute société russe, dont les sympa-
thies allemandes ont de tout temps été
fort douteuses. On ne croyait d'ailleurs,
ni à Pétersbourg, ni à Berlin, ni à Lon-
dres, à la résistance de Paris. La bienveil-
lance en paroles n'engageait à rien et,
Paris pris, on aurait eu le temps de rentre?
dans sa neutralité absolue.
Les levées en masse de la provinee, l'é-
nergie de Gambetta, la résurrection. de
l'armée française, la découverte de géae*
raux nouveaux, les succès de nos traupec
fraîches paraissent avoir rendu utile une
petite diversion politique. La Prusse, crai-
gnant peut être que les échecs de la France
ne fissent renaître à l'étranger quelques
sympathies pour elle, trouva le moroeq
29 Bltafs an 79.- » 586.
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction,
De 5 à 7 heures du soir
13, ..," Ds val ois « 1-8
"TLeS ^«ascrfts non insér £ sne seront pas reàdti#
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE; CERF et G*
S, plhct de la Bourse, 6
J * ;
,. J i.
;
! .., t
ADNIN~~SÏOW
11, BOUIBVABD MONTSUBIB» ; J6
ABOinEKKirri
mu
trois mois. il &
Six moi 21 »
DÉPARTEMENTS
Trois mois il A
Six mois. 8f *
Adresser les réclamions et manoseftH
A M. ALBERT BARBIEHX
PARIS ET LA PROVINCE
La Gazette de Cologne, du 8 janvier,
nous apporte doux discours prononcés, à
Bordeaux, phr Gambetta, qui allait partir
pour l'armée de Ch¡H!i y.
Notons- dans le premier de ces discours
lé pas?agj suivant ;
« Il fallait du temps, quelques mois
pour se procurer des armes, pour orga-
niser ces forces, pour exercer les troupes,
pour c hoisi les 7 f s parmi les o fficiers
capables en remplacement dés vieux géné-
raux, (jui: ri ayant pas confiance dans
cette nouvelle organisation militaire, au-
raient pu influencer dans ce sens les
troupes placées sous leurs ordres. Aujour-
d'hui, tout ce travail est terminé; nous
avons autant de canons que les Prus-
stens •, nos défaites eUes-mêmes nous
ènt 5 vrvi de leçoiis, et la confiance règne
partout ckiis nos armées, tandis que nos
ennemis, qui se sont avancés jusqu'au
cœur lie la France, se montrent mainte-
nanf. découragés et fatigués de triom-
phes qn; les déciment. Les pertes qu'ils
subissent sont énormes; quelques jours
encore, un mois seulement d'énergie et
d'efforts, et l'anéantissement de l'armée
prussienne est certain. »
Oh peut comparer ces fières et vaillan-
* téS pafÓYesllux rapports de ?. Schmitz.
Il y a en France deux gouvernements ;
a Paris, un gouvernement qui a pour
chef. un. militaire, le général Trocliu ; en
province, un gouvernement dont le chef
est un civil, Gambetta.
En sa; qualiîé de général, le gouverneur
d& Paris m croit qu'aux généraux, à l'ar-
TOéé-;'ail rrfiîlistre de la guerre, au comité
"d'âHrlfcrièi.-lies oprniôtts qui né portent
pas d'epaulettes lui sont tellement indiffé-
rentes qu'il a de ne pas lire les
Journaux. Il est niill ittite- a ce point que,
le jour ou .il y a eu J. résoudre u,nê quesl
.-tiçiQ^déci^i vej il a fevmé la porte du conseil
au nez de cet honnête gouvernement de la
défense nationale-. : :
Gambetta, lui, croit au pays, à la Ré-
©ublfqWey à te colore d'un peuple contre
rértvâHiéèèU-r', à là1 levée; én masse, à l'âme
indlîgri^e âë'%- Pràn-ce 1 Le grade ne l'é-
bfàuic pas." ît remplace lés vieux par les
jeunes. Ceux qui désobéissent, ou qui
obéissent mal, il le§ casse. Il fait et défait.
* ç'est,un avocat qui e^t le général en chef
de toutes les armées françaises.
Qu'est-ce qu a produit à Paris la subor-
dination du civil au militaire"?
bâ résistance à toutes les initiatives et
à toutes les audaces, l'élan public retenu,
le manque de canons, le temps perdu,
l'affaire du Bourget, lé plateau d'Avron
abancionnéy la. résignation à l'investrsse-
ment, et, après quatre moi;, cinq cent
, çiille hommes armés qui laissent bombar-
der les malades, les femmes et les enfants
.-sans se ruer sur les assassins et qui, le
fusil au pied, regardent à l'horizon si
quelqu'un vient à leur secours.
Qu'est-ce qu'à produit en province la
subordination du militaire au civil?
Une ahillérie improvisée égale à l'ar-
1 tilîërîe prussienne, des généraux créés, Pa
victoire dé Coulmiers, la victoire de Nuits,
la victoire de Bapaume, la délivrance de
Dijon, les communications de l'enitemi
menacées, tout le.monde debout, la France
ressuscitéel
La conclusion est facile à tirer.
Augnste Vacqueftiaf.
DISCOURS DE GAMBETTA
Voici les deux discours prononcés à Bor-
deaux par Gambetta.
En parlant au conseil municipal, il a dit :
Le siége du gouvernement, ne pouvait
être mieux placé que dans le chef-lieu de
la Gironde. A Tours, il était soumis à l'ac.
tion énervante d'une population dont l'en
gourdissement est proverbial. Ici, au mi
lieu d'une population énergique, il se sent
, fortifié.
C'est le propre des gouvernements l'.
bres de puiser leurs forces dans l'opinion
publique. Car nous n'avons pas Tinten
tion d'agir à ia manière de ces dictateurs,
ineptes qui prétendent faire le bonheur des
peuples en étouffaut la liberté. Sans doute,
il se trouve des gens, qui, lorsqu'on laisse
à l'opinion publique son libre cours, en
tirent parti dans l'intérêt de leurs pré
ventions ou de leurs partis. A ces in-
justes atteintes, il importe @ d'opposer le
mépris et d'y répondre par bn redouble-
ment d'énergie dans la voie du progrès.
Ce serait d'ailleurs une erreur de vouloir
tenter d'étouffer les partis; ils ont leur
rôle fatal dans les lentes révolutions qui
régissent les sociétés. Il existe dans le
monde deux forces qui se contrarient :
l'esprit de la tradition, de la routi*
l'opposition à toute innovation, et celui
dé rattionr du progrès, qui peut parfois
pousser jusqu'à la témérité. Du libre essor
de ces deux forces jaillit là marche régu-
lière des sociétés. En ce moment, notre
action doit avant tout se tourner contre
l'ennemi qui dévaste la France et menace
sa sécurité. On a parlé d'élections, mais
.sont-elles possibles ? Le tiers de la France
est occupé par l'ennemi; les électeurs
sont sous les armes ou sur les champs
de bataille ; Paris est investi et ne com-
munique pas régulièrement avec la pro-
vince; une seule heure perdue pour la
défense de la patrie pourrait causer notre
perte.
Ne nous laissons pas détourner de
ce devoir, consacrons-lui tous nos efforts,
ne reculons devant aucun sacrifice, et, je
vous le dis, la victoire ne nous échappera
pas. J'ai vu notre jeune armée; elle est
pleine de résolution et de courage, et je
vous jure que ces jeunes soldats, encore
hier inexpérimentés, valent mieux aujour-
d'hui que notre ancienne armée. Mais il
faut les soutenir, les rappeler au souvenir
de la patrie ensanglantée, qui attend sa
délivrance de leur patriotisme.
Il fallait du temps, quelques mois
pour se procurer des armes, pour organi-
ser ces forces, pour exercer les troupes,
pour choisir les chefs parmi les officiers
capables, en remplacement des vieux gé-
néraux, qui, n'ayant pas confiance dans
cette nouvelle organisation militaire, au-
raient pu influencer dans ce sens les trou-
pes placées sous leurs ordres. Aujourd'hui,
tout ce travail préparatoire est terminé;
nous avons autant de canons que les Prus-
sien?; nos défaites elles-mêmes nous ont
servi de leçons, et la confiance règne par-
tout dans nos armées, tandis que nos
ennemis, qui se sont avancés jusqu'au
cœur de. la France, se montrent main-
tenant découragés et fatigués de triom-
phes qui les déciment. Ils ont cru qu'ils
allaient faire une campagne de Sadowa,
et Paris les fascine depuis trois mois.
Les pertes qu'ils subissent sont énormes.
L'Allemagne est épuisée d'hommes et d'ar-
gent. Qiielques jours encore, un mois seu-
lement d'énergie et d'efforts, et l'anéan-
tissement de l'armée prussienne est cer-
tain. Aidez-nous dans cette œuvre de ré-
sistance, et nous aurons la satisfaction
d'avoir sauvé lé pays du plus grand danger
qu'il ait jamais couru. »
A la gardé nationale de Bordeaux, Gambetta
a adressé les paroles, suivantes :
La gleire n'est pas mon but, la gloire
n'est pas mon souci, et ce n'est pas le mo-
ment deparler d'admiration. Je n'ai qu'une
ambition : celle de remplir un devoir. Après
l'abominable dénouement auquel nous
avaient coriduits dix-huit années d'empire,
il fallait avant tout s'efforcer dé restaurer
la morale publique par la résurrection dé
ridée du devoir, qui semblait éteinte dans
nos cœurs. Seule, la République était ca-
pable de mener à bonne fin cette belle
transformation, et ce sera son éternel hon-
neur d'avoir atteint ce but en quelques
mois.
Grâce à la République, des merveilles
ont été accomplies, non-seulement dans
l'héroïque Paris, mais encore dans les
départements. Des hommes nouveaux et
inexpérimentés ont pu tout créer : des fu-
sils, des canons, des soldats et même des
généraux. Et maintenant, nos gardes natio-
naux mobilisés entrent en ligne, brûlant
de cette flamme nouvelle qui s'est emparée
de la France, et emportant dans leurs
cœurs la fièvre patriotique qui anime toute
la nation. L'ennemi lui-même est obligé
de convenir que la guerre est entrée
dans une nouvelle phase; et c'est en vé-
rité la guerre de la délivrance, la guerre
nationale, la guerre sainte qui commence.
Et c'est là le moment que choisissent quel-
ques hommes pour donner des conseils de
làcheté, pour parler de paix! Hors d'ici
ces conseils honteux ! Soyons prêts aux
derniers sacrifices pour le salut de la
patrie. Tous, prêtons serment à la guerre
à outrance.
Et même, si Paris - horrible et inima-
ginable supposition ! —si Paris devait tom-
ber, jurons tous de combattre et de nous
défendre sans cesse. Aussi bien, il est sûr
que la victoire définitive est certaine, si
nous tenons quelque temps seulement. La
France représente des principes qui ne
peuvent sombrer, qui ne sombreront pas.
Quand on élève son cœur jusqu'à de
telles pensées, il devient facile de mé-
priser les misérables attaques de ses adver-
saires, et ce ne sera pas le moindre hon-
neur du gouvernement de la défense na-
tionale d'avoir accordé la liberté la plus
étendue au milieu de ta crise la plus épou-
antable qu'un peuple ait jamais traversée.
Pour ce qui concerne la République, elle
est aujourd'hui placée si haut qu'elle peut
envisager sans crainte les attaques de ses;
adversaires, qui sont le passé, tandis qu'elle
est l'avenir, comme efie est le drapeau
dans les dangers présents.
1 ---- ,m.). -
JOURNAL DU SIEGE
q JANVIER 1871. — i23' JOURNEE,
Rapports militaires.
17 janvier, midi.
Le feu ennemi, qui s'est ralenti cette
nuit, a repris ce malin avec une nouvelle
violence. Ce matin, à huit heures, le fort
'-Iqnvp% a ouvert le feu sur la batterie
de la Plâtrière, qui n'a répondu que par
tfaefcq«e« eewp*; batteries de Châtillon
ont alors recommencé à tirer sans causer
jusqu'à ceîte heure un dommage réel.
L'enceinte a repris son tir ce matin et
le combat d'artillerie se continue sur tous
les points.
L'ennemi a tenté une attaque contre
Bondy pendant la nuit, il a été repoussé ;
il avait massé ses troupes en avant de Cré-
teil, mais la pluie ayant rendu la plaine
impraticable, il n'y a pas eu d'attaque
contre nos tranchées.
Contre Montrouge, le feu n'a pas été
très vif cette nuit ; nous avons eu cepen-
dant un officier de marine tué : M. Saisset,
fils du vice-amiral. Le gouverneur croit
être l'interprê'.e de la population et de
l'armée, en adressant ici à ce vaillant of-
ficier génér. l l'expression de toutes ses
sympathies et de tous ses regrets.
17 janvier (soir).
Le bombardement des forts du Sud s'est
ralenti un peu aujourd'hui. Le tir sur les
Hautes-Bruyères a été assez vif ; la redoute
du Moulin-Saquet. a été emonnée par une
batterie de carapagne à laquelle notre ar-
tillerie de position a fait éprouver, en
hommes et en chevaux, des pertes telle-
ment sérieuses que le feu de l'ennemi a
été éteint en quelques instants, et la bat-
terie démontée, laissant hommes et che
vaux sur le terrain.
L'ennemi a continué à tirer lentement
sur Nogent et sur le fort, mais sans ré-
sultats,
La ville a reçu également un grand nom-
bre d'obus qui ont atteint les mêmes quar-
tiers que les jours précédents.
La tenue des forts est toujours excel-
lente : une communication télégraphique
interrompue a été rétablie en quelques
heures, malgré le feu persistant d" l'en-
nemi.
P. 0. Le gê eral, chef a état-major général,
sCHMITZ.
A Châtillon, les Prussiens avaient huit
batteries de pièces à longue portée, ayant
pour objectif les quartiers Saint-Jacques
et Saint-Germain, Le feu nourri que nous
avons dirigé contre elles a été d'une incon-
testable efficacité. Ilier, à deux heures, il
n'y avait que buit - pièces .qui fussent en
état de nous tenir tête. Les autres avaient
été renversées de leurs affûts. Au fur et à
mesure, les Prussiens essayaient de les re-
mettre en position, mais nos projectiles
les en empêchaient.
Nous avons eu un auxiliaire : le collo-
dion. Avec le collodion, on avait reproduit
les positions prussiennes et les moindres
détails du paysage. Les meilleurs pointeurs
avaient reçu chacun une épreuve photo-
graphique avi'c indication du point à viser.
Alors le feu si ouvert, et, en. moins de
trois heures, nos forts ont causé aux batte-
ries prussiennes de sérieux dommages.
A la tombée de la nuit, l'ennemi a tiré
de Meudon et de Clamart sur Grenelle et
sur la barrière d'Italie. Mais on a remarqué
la mollesse du tir de Châtillon.
Contrairement à ce qu'ont dit plusieurs
journaux, les forts de la Briche et de la
Double Couronne n'ont pas encore été
bombardés.
Le fort de Rosny a été canonné de deux
à quatre heures; il a répondu vigoureuse-
ment et a envoyé quelques obus sur
Bondy.
Le Mont-Valérién tient toujours en res-
pect la partie occidentale.
Montretout n'a pas tiré hier, bien que
les bastions du Point-du-Jour lui aient lâ-
ché quelque mitraille.
Les forts du Sud ont été les plus visés.
Aujourd'hui, deux batteries de pièces de 7
vont être livrées pour les forts de Bicêtre,
de Vanves et de Montrouge.
Les Prussiens ont fait hier de grands
efforts pour établir des batteries sur le
plateau d'Avron. Ils n'y sont pas parvenus
encore cette fois.
Le bombardement.
Il eût été étrange que ces Allemands, si
studieux et si littéraires, n'envoyassent
pas des obus à la Bibliothèque de l'Ar-
senal.
Ils ne l'ont pas encore touchée, mais
hier un de leurs savants obus est venu,
tout à côté, briser un pavé de la rue du
Petit-Musc.
D'autres sont tombés à quelques pas,
quai des Célestins et boulevard Morland.
Un obus est tombé au 53 de la rue de
Hennés, a traversé la toiture et le plan-
cher du 58 étage, et a blessé mortellement
au poumon droit le locataire, M. Marty,
dessinateur, qui laisse une femme et deux
enfants en bas-âge.
Lundi soir, à dix heures, un obus est
tombé rue des Ciseaux ; un autre, rue
Bonaparte, au coin de la rue du Four, et
y a fait des dégâts notables.
Une demi-heure après, un obus est
tombé sur l'église Saint-Germain-des-Prés
et a blessé un prêtre dans la sacristie.
A onze heures, uu autre s'est abattu sur
la place de l'église, et, brisant les pavés et
s'enfonçant à un demi-mètre, a éclaté
avec un bruit formidables Personne n'a
été blessé.
Val-de-Grâce, 13 janvier (871, 1 heure.
■"**"* ** Iflftféletfr te rééaetear du Happelj
C'est avec une grande -snrpnse que depuis
quelques jours jè lis, dans divers journaux,
l'annonce de l'évacuation du Val de Grâce par
les malades et blessas français, el l'occupaiion
de cet établissement par les blessés et mala-
des prussiens.
Mon élonnemanl a redoublé aujourd'hui en
lisant pareille relation dans votre estimable
feuil'e, et j'ai pris Jte parti de vous écrire ces
quelques limes pour démentir le fait.
Non-seulement les malades et blessés fran-
ÇH'S n'ont pas Ónlctd le Val-de-Grâce, et n'ont
pis par conséquent été remplacés par les Prus-
siens, mais on n'a pris, jusqu'à présent,
aucune précaution pour prévenir le retour de
l'accident arrivé dernièrement et à la suite du-
quel nous avons passé la nuit à la belle étoile.
Il m'esi - monsieur, de vous dépein-
dre l'anxiété dans laquelle nous nous trou-
vonqi. ne pouvant nous garantir dans nos gran-
des salles, et nous attendant à chaque instant
à voir le plancher crever sous nos pieds.
A l'heure où je vous écris, les obus pleuvent
à droite et il gaBelle des salles 24, 25, 26 et
27. Jusques à qumd durera cette situation si
pénihle? Le Val-de-Grâce est, dit-on, bâti sur
les Catacombes; ne pourrait-on pas les utiliser
dans le cas présent ?
Ma lettre ;HT.l-t-c!Je un peu de succès ? je
i'espèny. çar il nr1 semble impossible qu'on
attende l'arrivée de plus grands malheurs
*our remédier au présent état de choses.
il me reste à vous prier, monsieur, de vou-
loir bien accepter cet:/: longue lettre, sans si-
gnature. Un soldat, et je la suis, n'a pas trop
le droit de dire ce qni se passe, surtout quand
ses chefs ont l'air d'avoir intérêt à ce que cela
soit ignoré.
Agréez, je vous prie, monsieur le rédacteur,
l'assurance de toute ma considération.
Un malade du Val-de-Grâce,
Le bombardement vient de démontrer
l'utilité des casemates des remparts, que le
génie militaire avait pendant longtemps
considérées comme des joujoux, bons à
amuser la curiosité parisienne.
Il va sans dire que, malgré la démonstra-
tion de leur utilité, on ne continue qu'avec
une lenteur hostile les travaux destinés à en
augmenter le nombre.
Il paraît cartain que plusieurs batteries
prussiennes sont formées de pièces fran-
çaises amenées des places fortes qui ont ca-
pitulé, notamment de Metz. Bazaine ne
mentait donc pas, quand, pour empêcher
l'armée de détruire les munitions et le ma-
tériel, il disait que les Prussiens nous
les rendraient fidèlement. Il disait : après
la guerre. Les Prussiens n'attendent même
pas la fin de la guerre pour tenir la parole
de Bazaine, et pour nous renvoyer nos
ijoulets et nos obus — par dessus nos rem-
parts.
Nos nouveaux canons répondent fière-
ment à ceux qui niaient leur solidité et
leur portée, et qui prétendaient que le
chargement par la culasse était une infé-
riorité et que, d'ailleurs, l'industrie privée
était incapable de fabriquer des pièces sé-
- rieuses.
Aucune batterie n'a rendu, ces jours-ci,
de plus grands services que les pièces de 7,
à chargement par la culasse, que l'initia-
tive privée a imposées à la routine du co-
mité d'artillerie.
Nous avons assisté au tir de trois de ces
pièces installées sur le bastion 72. Elles ont
tiré incessamment, pendant des heures, à
pleine volée ; la charge était telle qu'elles
en avaient des soubresauts et qu'on était
obligé de modérer le recul avec une barri-
cade dé sacs de tefre. Et, après tous ces
jets furieux, ces pièces, qu'on affirmait
devoir éclater au quatrième obus, étaient
aussi intactes qu'avant le premier coup.
La canonnière Farey
A la suite d'une décision prise par le
gouvernement, en conseil, la canonnière
Fàrcy a été désarmée. L'énorme canon de
marine qu'elle portait, et qui ne pèse pas
moins dé 15,000 kilogr., va être transbordé
sur une de nos principales redoutes, à
l'aide d'un attelage de vingt-quatre che-
vaux, et dès demain, nous l'entendrons
cracher ses obus sur les bandits qui mi-
traillent nos femmes et nos enfants.
Nous ne contestons pas la valeur des ar-
guments qui ont déterminé le gouverne-
ment à ordonner le déplacement du canon
Farcy. Cette pièce exceptionnelle, maniée
par la marine, pourra, dans sa situation
nouvelle, contribuer puissamment à la dé-
fense de Paris. Mais, lorsqu'on pourra re-
prendre les opérations offensives, ne re-
grettera-t-on pas de l'avoir immobilisée?
Ne regrettera-t-on pas le secours de ces
feux foudroyants qui pourraient si aisé-
ment se porter sur les points les plus
divers ?
Si nos chefs militaires avaient eu plus
de prévoyance, ils auraient eu tout le
temps de faire fabriquer, par l'industrie
privée, un grand nombre de pièces ayant
le même calibre et la même portée que
le canon Farcy, et ils n'auraient pas été
réduits, comme ils le sont en ce moment, à
désarmer le principal bâtiment de notre
flottille.
Nous croyons savoir qu'au mois d'octo-
bre dernier le ministre des travaux publias
avait commandé à l'usine Cail trente ca-
nons de 19 se chargeant par la culasse.
Pourquoi faut-il qu'un contr'ordre, donné
malgré les réclamations de la presse, ait
définitivement empêché la création de ces
engins puissants dont l'utilité est aujour-
d'hui sthallt-ement reconnue t
Nouvelles.
M. Jules Favre ira-t-il ou nira-t il pa
à la conférence de Londres? La France
affirme : non. Le Journal éhs Débats espère :
oui.
La feuille de la rue des Prêtres « croit
savoir » qu'une députation, composée de
plusieurs personnes des plus influentes
et des plus considérées des quartiers du
Luxembourg et du Panthéon, s'est rendue
chez M. Jules Favre pour lui demander,
au nom de ces arrondissements particulière-
ment éprouvés par le bombardement, de vou-
loir bien aller à Londres pour représenter
la France et la République. M Jules Favre
aurait répondu qu'il espérait que les dif-
ficultés actuellement pendantes seraient
résolues d'ici à quelques jours, et qu'il
pourrait quitter Paris pour prendre part
aux travaux de la Conférence.
Et le Journal des Débats ajoute :
« M. de Bismark veut, à ce qu'il paraît,
gagner du temps sur la question du sauf.
conduit comme il en a gagné sur la lettre
de lord Granville. M. Jules Favre n'a rien
reçu ; s'il avait en main le sauf-conduit, il
partirait pour Londres. »
Nous espérons qu'il n'en est rien, et que
M. Jules Favre entendra mieux la dignité
et l'intérêt de la France.
Il peut d'ailleurs être tranquille: laCon-
férence ne peut rien faire et ne fera rien
sans la franco. Les nouvelles apportéas
aujourd'hui même par les gazettes alle-
mandes disent expressément :
La Conférence de Londres au sujet de la mer
Noire r.e se réunira pas encore ces jours-ci.
La suspension provient, nous dit-on, de ce que
M. Jules Favre trouve désagréable de recevoir
des mains de M. de Bismark son laissez-passer.
La question d'Orient se représente sous
sa ferme de 1840 en même temps que sous
sa forme de 1856. Le Times a reçu le télé-
gramme suivant de Constantinople, 31 dé*
cembre :
« De nouveaux différends se sont élevés
entre la Porte et le khédive. La Porte se
plaint de ce que le khédive n'exécute pas
son dernier firman, surtout en ce qui re-
garde les armements. »<
LE BOMBARDEMENT CIRCULAIRE
Ils ont élevé des forteresses devant nos for-
teresses, amené des canons devant nos canons,
et la grande lutte a commencé. Voilà vingt
jours que cela dure. Les Prussiens ont ouvert
le feu au nord-est; puis c'est au sud, puis à
l'est, puis au nord, que leurs batteries se sont
successivement démasquées. Nous sommes en-
tourés à l'heure actuelle par un cercle de fer.
Les projectiles nous menacent sans cesse, il est
aussi utile que curieux de connaître les dis-
tances qui séparent les quartiers de Paris des
diverses batteries prussiennes.
Commençons par le sud.
Batterie prussienne entre Chevilly et l'Hay. —
Cette batterie se trouve à :
2,100 mètres de Villejuif (Hautes-Bruyères
, et Moulin-Saquet),
3,500 — de Bicêtre,
4,000 — du fort d'Ivry,
4,900 — du fort de Montrouge,
5,500 — de l'enceinte (bastions 92, 93),
7,500 — de la gare d'Orléans,
8,000 — du faubourg Saint-Antoine,
8,900 — de Notre-Dame.
Batterie de Fontenay-atushRose&, à :
2,000 mètres du fort de Vanves,
2,500 — du fort d e Montrouge,
2,900 — du fort d'Issy,
4,000 - des bastions 77, 78,
6,000 - du Champs-de-Mars,
6,300 - du Luxembourg,
6,800 - des Invalides et du Panthéon,
7,500 - de Notre-Dame,
8,000 - des Tuileries. ;
Batterie de Châtillon (Tour-âux-Ânglaîs), à :
2,200 mètres du fort de Vanves,
2,500 — du fort d'Issy,
3,500 -- du fort de Montrouge,
4,000 - du rempart (bastions 75 et 76),
6,500 - des Invalides,
7,100 - du Luxembourg,
7,500 - du Panthéon,
8,400 - des Tuileries,
9,000 - de Notre-Dame.
Batterie de Meudon (dans le château) à :
2,500 mètres du fort d'Issy, ;
4,000 — du fort de Vanves,
5,300 - du village de Boulogne,
5,700 - du rempart (Point-du-Jour,
67 et 67 bis),
5.800 - de la cascade du bois de Bou- J
logne (batterie Mortemart),
6,400 — du Champ-de-Mars,
6,900 — du Trotûdéro,
7,200 — de la gare Montparnasse,
7,500 — des Invalides,
8,300 — de TArc-de-Triomphe,
9,000 — des Tuileries.
A l'ouest :
Batterie de la Perte-Jaune (entre Garches et
Montretout), à:
3,000 mètres du Mont-Valérien,
3,300 — de la cascade du bois de
Boulogne,
3,900 — d'Auteuil,
5,200 — de Passy,
S,300 - du fort d'Issy,
6,800 - de l'Ecole militaire,
¡,IOO - de l'Arc-de-Triomphe,
7,500 - des Invalides.
Batterie de la Bergerie, à :
3,000 mètres du Mont-Valérieui
4,000 — de la Cascade,
0,(;00 — d'Auteuil,
3,200 — de Bil'ancourt,
6,100 — de Passy,
8,000 — fie l'Arc-de-Triomphe,
8,200 — du Champ-de-Mars,
8,900 — des Invalides,
15,000 — des Tuileries.
De la ferme de la Bergerie à Orgemont se j
trouve un grand espace, où les Prussiens n'ont
pas établi de batteries de siège. Cela s'expli-
que. Les deux bras de la Semé et î'absence
de fort ttft iiéeeusfteuf point le prfaÉrtcp dé-
canons à cet endroit. C'est donc là que doivent
se porter tous nos regards. L'assaut si assaut
il y avait, serait donné de ce côté. Heureuse-
ment la Seine est trop forte! Donc rien .1.
l'Ouest.
Au Nord se trouvent :
La batterie aOrgemont (butte dti Moulin), à, 1
3,500 mètres de Gennevilliers,
6,000 — du pont de la Briche,
6,500 - de Saint-Ouen,
7,000 - de Clichy-la-Garenne,
7,300 - de Saint-Denis,
8,500 - des Bîtignolles,
9,500 - de l'Arc-de-Triomphe.
La batterie de h Butte-Pinson, à :
2,200 mètres de la Briche,
2,500 — de la Doable-Courenne,
3,400 — de la place de Saint-Dénis,
4,200 — du fort de l'Est,
lS,OOO- de la Courneuve,
6,000 - de Saint-Ouen,
7,000 — du fort d'Aubérvilliers,
7,300 — de la porte Saint-Denis (n..-'
parts).
la batterie de Stains, à t
2,100 mètres de la Double-Couronne,
2,800 — de la place de Saint-Denis .;
2,900 - du fort de l'Est,
3,000 - de la Briche,
5,000 — du fort d'Aubervilliers,
5,300 — de Saint-Ouen,
6,500 — de la Porte-Saint-Denis,
7,500 — de la Butte-Montmartre.
ia batterie du Pont-Iblon, à :
4,000 mètres de la Courneuve,
4,200 — du fort d'Aubervilliers
5,900 — du fort de Noisy,
6,000 — du fort de l'Est,
6,200 — du bastion (porte de Flandre),-
7,000 — de la Double-Couronne,
8,000 — de la Briche.
Enfin les batteries de l'est, dont nous ne
parlerons pas, vu leur éloignement, ne mena-
cent guère que nos forts, dont elles sont éloi-
gnées de 4,000 mètres.
Pour compléter ces renseignements, disons
que les projectiles prussiens, arrivés sur Paris,
n'ont jamais dépassé une portée de 7,200 mè-
tres. Encore les pièces tirent-elles à toute
volée.
L'Intérêt français à la Conférence.
La question de dignité soulevée par le
voyage projeté de M. Jules Favre à la Con-
férence de Londres, est résolue pour tout
cœur républicain. Reste la question colite
que, sur l'importance de laquelle aimeat à
s'appuyèr et le gouvernement du 4 sep*
tembre et les journaux pratiques. de tous
les gouvernements.
Mais dans cette grave question de la
conférence, l'intérêt, au moins autant que
l'honneur, nous engage à ne pas nous faire
représenter à Londres.
Il est évident que le czar Alexandre
s'est mis d'accord avec son oncle Guillaume
lors de leur entrevue d'Ems sur les éven-
tualités—qui sont devenues des événement.
La guerre avec la France était prévue alors
par le èzar et par le roi de Prusse, qui
comptaient avec certitude sur l'imbécillité
des diplomates chargés par Bonaparte des
intérêts de la France à l'étranger, et dont
l'un était si heureux de voyager sur une
demi-fesse dans le traineau impérial, tandis
que l'autre écrivait des mémorandums si m.
génuement cyniques sous la dictée de M. de
Bismark* Un traité a été sûrement conclu
entre les deux souverains, parents et amis;
traité qui, dit-on, garantissait au roi de
Prusse à tout hasard l'intégrité de son
royaume. Ce traité, en outre, devait con-
tenir certain paragraphe sur la garde des
frontières prussiennes, le grand-duché de
Posen en particulier, dont les intérêts po*
litiques correspondent à ceux de la Polo-
gne russe.
Peu de temps après l'entrevue d'Ems
et encore après la déclaration de la guerre,
le prince Gortschakoff a résidé en Alle-
magne; il avait des rapports continuels
avec la cour royale de Stuttgardt, où la
reine Olga, sœur d'Aloxandre H, domine
complètement le faible roi Charles de
Wurtemberg.
Il est hors de doute que la Russie a beau-
coup contribué à procurer au roi Guil-
laume le concours immédiat des armées
de l'Allemagne méridionale.
Tant que les armées prussiennes étaient
victorieuses sans subir le moindre échec
de la part des serviteurs du dernier des
Bonaparte, la cour de Pétersbourg n'eut
qu'à se tenir neutre ; elle put même, sans
sortir de son rôle, accueillir gracieusement
M. Thiers et lui offrir des paroles sympa-
thiques à l'adresse de la France. En cela,
du reste, la cour germanique du czar ne
fit que se prêter au mouvement général
de la haute société russe, dont les sympa-
thies allemandes ont de tout temps été
fort douteuses. On ne croyait d'ailleurs,
ni à Pétersbourg, ni à Berlin, ni à Lon-
dres, à la résistance de Paris. La bienveil-
lance en paroles n'engageait à rien et,
Paris pris, on aurait eu le temps de rentre?
dans sa neutralité absolue.
Les levées en masse de la provinee, l'é-
nergie de Gambetta, la résurrection. de
l'armée française, la découverte de géae*
raux nouveaux, les succès de nos traupec
fraîches paraissent avoir rendu utile une
petite diversion politique. La Prusse, crai-
gnant peut être que les échecs de la France
ne fissent renaître à l'étranger quelques
sympathies pour elle, trouva le moroeq
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