Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-08-08
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344298410
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 août 1912 08 août 1912
Description : 1912/08/08 (N12959,A34). 1912/08/08 (N12959,A34).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7534846f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
34° ANNEE — NUMERO 12-.959. LE NUMÉRO lO CENTIMES
JEUDI 8 AOUT 1912
Pierre MORTIER
Directeur
RÉDACTION-ADMINISTRATION
30, rue Louis-le-Grand.
PARIS (2e Arr.)
TÉLÉPHONE
Direction, Administration, Rédaction. 2G6.0r
Ligne Interurbaine. 102.74
DeminuitàSheuresdu matin. 312.11
Télégr. Gil Blas Paris
Pierre MORTIER
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SOMMAIRE
SUR LE PRÉ, par E. Rouzier-Dorcières.
fl'HAIS, IDOLE FRAGILE, par Akademos.
BILLET D'UNE PARISIENNE, par Clotilde.
LA RENTRÉE DE M. LASIES, par Louis Peftier..
L'HOTEL MODERNE, par b ancy»
KRUPP, par René F eibelm an.
L'ETRANGER : La Turquie et le Monténégro,
par Henri Chervet,
PLAGES ET VILLES D'EAUX : Deauville, Trou-
ville, Arcachon, Plombières^ Vichy, par
Ch. de Sévance,
LE CONTE : La Douloureuse, par Paul Giaf-
feri.
LE DESSIN : Le voyage de M. Poincaré, par
H ermann-Paul.
LA GALERIE : Belle-Ame, par Jean Riche-
pin.
LES LETTRES : John Bull's Island, par An-
dré du Fresnois.
LES ARTS : Enquête sur Je « Métier de pein-
dre ib.
LE THÉATRE : La Saison 1911-1912 à l'Opé-
ra, par Robert Brunelles.
LE FEUILLETON : D'un cœur à l'autre, par
Eugène Delard.
Sur le pré
Gras ou maigre ?
Il y a quelques années, à propos de
Son dernier Iiivre,, Charles-Henri Hirsch,
attaqué véhémentement dans une revue,
nous priait, Catulle Mendès et moi,
d'aller demander satisfaction à l'au-
teur de l'article, un M. R., qui habi-
tait dans le quartier de Montrouge.
Mendèis accepta. J'en fis autant et le
lendemain tous deux, en taxi-auto,
nous arrivions devant la maison de
l'adversaire.
Des employés des Pompes funèbres
disposaient à l'entrée des tentures noi-
res lamées d'argent ; d'autres, une ta-
ble et un registre pour les signatures.
Un locataire était mort dans l'immeuble
et on Fallait enterrer en grand apparat.
Mais Mendès, tout entier à la mission
qu'il allait accomplir et à la réparation
par les armes que nous alliûns deman-
der, n'avait rien vu de ces dispositions
funèbres.
Aussi demeura-t-il surpris quand,
descendu avec moi de voiture, il s'em-
barrassa dans les tentures et s'empêtra
dans les fleurs et les couronnes.
Mais se ressaisissant vite et pensant
au futur adversaire de Hirsch, il eut cc
mot :
- Déjà ! murmura-t-il.
L'affaire, d'ailleurs, s'arrangea à no-
tre satisfaction.
Le soir, j'allais l'accompagner à la
gare Saint-Lazare où il devait prendre
le train pour Saint-Germain. Il mar-
chait, le chapeau en arrière, les che-
veux au vent, égrenant des souvenirs
de duels.
Je lui disais combien, avec la fougue
de son tempérament et l'ardeur qu'il
mettait à défendre les idées qui lui
étaient chères, il aurait dû plus souvent
fréquenter les salles d'armes — car
malgré son beau courage, ses rencon-
tres n'avaient pas été sans dangers sé-
rieux pour lui :
— Mon Dieu ! mon cher ami, me ré-
pondit-il, en aspirant une large bouffée
de son cigare, j'ai traversé la vie com-
me ça ! Il n'y a pas de -raison aujour-
d'hui pour que je change de méthode.
J'estime qu'un homme qui a le cœur
bien accroché, une poigne que le dan-
ger rend plus solide qu'elle ne l'est ha-
bituellement, doit affronter le combat de
toutes ses forces, sans broncher. Ça ne
m'a pas, il est vrai, touj ours réussi dans
tous mes duels, mais, bast ! c'est pro-
bablement parce que mon heure n'é-
tait pas venue ! On est marqué par le
'Destin, mon cher, on est son jouet et
sa chose. Et le jour où son doigt inexo-
Table vous désigne, c'en est fait ! Il
faut quitter la vie, la belle vie, car elle
est belle la vie, avec l'art, les sensa-
tions qu'il procure, la femme qu'il
faut ad-orer d'une foi ardente, la foule
composée de tous ces gens qu'on ignore
et qui sont nos frères qui souffrent et
aiment comme nous, le soleil dans le
ciel bleu, les nuits claires. Ah 1 oui !
la vie est belle !.
Et un mois après, ce poète généreux,
qui respirait l'existence à pleins pou-
mons, ce poète toujours jeune, se fra-
cassait la tête sur un radl de ligne de
banlieue dans l'accident le plus tragi-
quement bête qu'il soit I
*
Qui ne se souvient de son duel avec
Georges Vanor ?
C'était un soir, au théâtre, pendant
un entr'acte de répétition générale. Les
couloirs regorgeaient de monde et l'at-
mosphère surchauffée était électrique,
toute chargée d'étincelles.
Mendès, dans un groupe, discutait
avec passion sur Hamlet. Soudain, un
homme grand et bien bâti, avec une
moustache à la gauloise, s'approcha..,,
et Mendès l'aperçut.
— D'ailleurs, voilà Vanor, dit-il tout
'haut. Il va bien nous donner son avis.
Dites donc, Vanor, selon vous, Hamlet
jdoit-il être gras ou maigre ?
— Mon Dieu, répondit Vanor, après
avoir réfléchi quelques secondes, moi,
je le vois gras !
- J'ai noté, tout à l'heure, à dessein,
t'ambiance, toute chargée d'effluves
dangereux, de cette soirée théâtrale où
les cerveaux semblaient en ébullition.
Une discussion alors éclata entre Ca-
tulle Mendès et Georges Vanor, sur
cette grave ouestion : l'embonpoint plus
ou moins prononcé du personnage de
Shakespeare. Un mot malencontreux
en amena un autre, des phrases sifflè-
rent puis après un tumulte il se fil un
prand silence : Catulle Mendès venait
de se jeter sur Georges Vanor. On s'in-
terposa, mais l'irrémédiable était con-
sommé déjà et des témoins furent cons-
titués, qui décidèrent qu'une rencontre
était inévitable, donnant à Vanor la
qualité d'offensé, et, partant, le choix
des armes. Il prit l'épéew
#%
Vanor était un redoutable tireur.
Musclé et agile, il ne laissait rien au
hasard, avec un jeu vigoureux et sûr,
puissamment servi par un œil clair et
un cerveau à conception rapide.
Mendès, lui. était l'antithèse de son
adversaire. Nerveux, fougueux, pétara-
dant comme un buffle lâché ; dès qu'il
avait une épée en main, Catulle Mendès
s'élançait droit devant lui, la crinière
flottante, et son bras armé du fer décri-
vait des moulinets et des arabesques
flamboyants.
Il se servait de son épée comme d'un
fouet, d'un battoir, d'un fléau que sais-
je encore ! Se riant de la pointe adver-
se — dans son esprit, elle n'existait pas
— il allait, il allait, avec une témérité
qui faisait frissonner ses témoins.
Je ne connais, à Paris, qu'un homme
qui « charge » sur le terrain com-
me chargeait Catulle Mendès. C'est
Edouard Drumont, cfui, très myope,
.marche le menton en avant, fonçant sur
la masse grise représentée à ses yeux —
malgré une double paire de lunettes -
pair l'adversaire.
Dans le .duel M en dès-Vanor ce qui
devait donc arriver, arriva. Dès que le
« Allez. Messieurs ! » fut prononcé, Ca-
tulle Mendès s'élança tumultueuse-
ment. Georges Vanor, bien en digne,
surpris par cette attaque désordonnée,
qui l'empêchait de prendre contact avec
-le fer de son adversaire, rompit métho-
diquement, en sorte que Mendès se
jeta sur sa pointe. Il était touché au
ventre. On le crut traversé .de part en
part.
— Mais je n'ai rien, déclara le poète,
rien, vous m'entendez, Messieurs !
Et pour prouver qu'il était, en effet,
indemne, il alluma un cigare, car la
fin de la « reprise » était venue. Mais
déjà, sur son visage, perlaient de gros-
ses gouttes de sueur, une pâleur sou-
daine envahit ses joues. Malgré toute
son énergie, il défaillit..
Etendu sur le gazon Dar ses témoins
alarmés et les médecins, on lui décou-
vrit à l'abdomen une blessure triangu-
laire qui, durant un mois, le tint entre
la vie et la mort. Il en réchappa mira-
culeusement.
Georges Vanor, lui, mourut l'épée
à la main, on presque. Il faisait, avec le
signataire de ces souvenirs, un assaut,
un soir après dîner, dans un cercle
sportif voisin des boulevards. Au cours
d'une phrase'd'armes mouvementée, il
lâcha soudain son épée et tomba à la
renverse. Il mourait deux jours après
d'une crise d'albuminurie aiguë.
E. Rouzier-Dorcières.
.—————
Echos
Les courses.
LISIEUX, jeudi 8 août, à 2 heures
Pronostics de Gil Blas :
Prix de la Société d'Encouragement. —
Inès, Imprenable.
Prix spécial de la Société Sportive d'En-
couragement. — In Salah, Cromariy.
Prix du Conseil Général., — Membakut,
Gouailleur.
Grand Prix de la Ville. — fussy, lamaï-
que.
Prix de la Société d'Encouragement. -
In Salah, Muscadin.
Course spéciale de Haies.. — Oilskin,
Oria.
Prix de la Société des Steeple-chases de
France. — Ohartia, Bonjour*
Hier, mercredi.
Le temps incertain continue. Il a passé,
tout à coup, sur Paris, hier, des coups de
vent qui décoiffaient les passants. La soirée
était fraîche, très fraiche. Nous nous plai-
gnons de ce temps médiocre et peu estival.
Mais à la mer, à la montagne, la tempéra-
ture est plus fâcheuse encore. N'aurons-nous
pas d'été?
Coups de patte.
La maladie qui le tint immobilisé durant
un certain nombre de semaines n'a pas ra-
lenti sa verve caustique.
Comme devant, M. Clemenceau demeure
le tigre dont les réparties spirituelles, mor-
dantes et bien françaises font la joie de.(j
parlementaires, et même de tous les Pari-
siens à qui l'esprit est un régal.
Dernièrement, dans la ville d'eaux où il
se traitait, il déjeunait en compagnie de
quelques députés, adversaires comme lui de
la R. P.
On parlait des collègues absents qui, ainsi
que chacun sait, ont généralement tort.
— Oh! dit l'un des convives, ils sont
comme ça quelques-uns qui, n'ayant pu par-
ler de tout l'hiver, profitent des derniers
jours pour crier à leur aise, déposer des
amendements et faire un potin de tous les
diables.
— Oui, oui, approuva notre tigre natio-
nal. Ce sont des débris de clôture.
L'inutile émotion.
Coucy-le-Château est un curieux village,
perché tout en haut diune colline agreste,
dans le département de l'Aisne. Les ruines
d'un superbe donjon et de solides remparts
attestent qu'au temps des croisades, le sire
de Coucy — MM. de Fiers, de Caillavet et
Terrasse l'ont rendu célèbre — avait la ma-
nie de la pierre.' Coucy-le-Château est fort
visité par les touristes.
Or, la semaine dernière, un journaliste
parisien avait l'occasion de parler de Coucy-
le-Château à un aimable attaché de cabinet
de M. Chaumet, sous-secrétaire d'Etat des
postes et télégraphes, et lui disait :
- Coucy présente un inconvénient grave.
I.'usage du téléphone y est suspendu le di-
manche*
— Pas du tout!. Vous vous trompez!
lui répondit l'attaché. M. Chaumet a, depuis
deux mois déjà, établi un règlement aux
termes duquel toutes les localités privées du
téléphone le dimanche, en raison du repos
hebdomadaire des dames employées, peu-
vent néanmoins user de ce moyen de cor-
respondance. Un abonné — d'habitude un
café ou un hôtel — se charge de-donner et
de recevoir les communications. En dédom-
magement de sa peine, il encaisse la taxe.
— C'est très pratique, et j'en userai.
Tout de suite, pour convaincre le journa-
liste, le chef de cabinet téléphona à la di-
rection des postes et télégraphes à Laon :
-..:. Je vous serais très obligé de voir si le
téléphone fonctionne bien dimanche à Coucy-
le-Château.
Un peu troublé par cet appel venant en
droite ligne du cabinet du sous-secrétaire
d'Etat, le directeur des postes de Laon
actionna sur le champ toutes les sonneries du
département, dépêcha un inspecteur à Coucy
et fit vérifier tous les appareils de la locali-
té. Ce fut un émoi considérable. On jasa :
— M. Chaumet lui-même va venir à
Coucy, c'est certain! se dirent les employés
des P. T. T. Tenons-nous bien!.
De leur côté, les habitants se réjouirent
de cette visite presque ministérielle et son-
gèrent à mettre des drapeaux.
Hélas, M. Chaumet ne vint pas, puisqu'il
ne devait pas venir.
Mais on peut affirmer que jamais localité
pittoresque ne fut mieux desservie télépho-
niquement ce jour-là. Les communications
furent données avec une rapidité prodigieuse
et l'émulation la plus saine régna parmi
toutes les petites fonctionnaires du Laon-
nois et du Soisonnais.
-x-
On va rajeunir l'ancien jeu,
Un de nos auteurs dramatiques très goûté
et, partant, très applaudi se plaint avec
amertume du jeu par trop naturiste des
acteurs de ce temps. Désespéré de n'avoir
plus à sa disposition les anciens artistes du
Palais-Royal et des Nouveautés qui, jadis,
jouaient ses pièces suivant son goût, il a l'in-
tention de faire appel au concours des jeunes
gens et des jeunes filles désireux d'entrer
dans la carrière dramatique. Le maître don-
nerait lui-même des leçons de diction.
Ainsi nous ne tarderons pas à voir renaître
de nouveaux Daubray, Gil Pérez, Hyacinthe,
Grassot, Raymond, Lavigne, etc., de si char-
mante mémoire.
Du moins, c'est ce que raconte à la ter-
rasse du Napolitain, en fumant de gros ci-
gares, M. Georges Feydeau, qui est un si
délicieux humoriste.
-x-
Le petit soldat.
C'est un charmant poète, qui porte un nom
illustre. Il a vingt et un ans à peine, et déjà
la renommée l'accable. On ne parle que de
lui, on le flatte, on le recherche. Les fées
ont tant promis, à son berceau !
Or, il va être soldat. Il est si jeune! Le
régiment, d'ailleurs, ne l'effraie pas, et il
sera brave militaire. Mais où va-t-on l'en-
voyer? C'est cela qui l'inquiète. Jadis on
obtenait, par « affectation spéciale », telle
ou telle garnison de son choix, et ici
Bayonne, ou Pau, eussent été tout indiqués.
Mais le ministre de la guerre a supprimé œs
désignations peu compatibles avec l'égalité
des conscrits, et il sera difficile de trouver
un accommodement pour une résidence pas
trop inclémente.
Alors ? On est un peu inquiet, là-bas, dans
la famille. Tout de même, il servira bra-
vement, le sourire aux lèvres, en bon petit
pioupiou, soldat d'un sou..,
Plaisirs d'été.
Il y a foule, en ce moment, à Deauville.
Même, il y a « ceux D qu'on ne voit pas,
les grands seigneurs qui ne se mêlent pas à
la foule de la rue Gontaut-Biron et de la
plage, et. vivent dans les villas coquettes
des environs : il y a Paul Hervieu et Abel
Hermant. Les bourgeois peuvent se bien
tenir ! Leurs observateurs narquois et impi-
toyables les regardent !
On sort beaucoup sans chapeau, à Trou-
ville et à Deauville. Hier, des amis vou-
laient entraîner Pierre Wolff au casino et
sortirent cheveux au vent. Mais le spirituel
auteur, prenant son chapeau, déclara :
- Non ! Permettez que, moi, je n'aille
pas tout nu.
La leçon d'humour dans un park.
i C'est dans un park, un de ces parks où
l'on danse, où l'on se promène. Les Arabes
guident à travers la foule des animaux bos-
sus en répétant : a Beau chameau, beau
chameau D. On s'écarte docilement, on rit,
mais, tout à coup, s'adressant à l'un des con-
ducteurs bronzés :
— Dites donc, vous, proteste une petite
dame, je ne vous adresse pas la parole. Je
n'ai pas besoin de votre appréciation. -
-x-
La culotte de zouave, jupe entravée.
Le vent souffle aux transformations d'uni-
formes et il a été vivement question, ces
temps-ci, de faire disparaître la tenue héroï-
que de nos zouaves. Mais, au ministère de
la guerre, on nous assure qu'on ne projette
qu'une simple modification portant sur l'am-
pleur de la culotte.
Or, si nos zouzous d'Afrique, décousant
les culottes réglementaires, ajoutent à la
partie d'entre-jambes de larges cœurs d'é-
toffe rouge, ce qui leur donne une ampleur
plus grande encore, ce n'est point par co-
quetterie, comme on pourrait le croire, mais
pour de sérieuses et d'excellentes raisons.
Le pantalon de zouave n'est, en réalité,
ni un pantalon, ni une culotte, c'est une jupe
fermée, une manière de sac percé de deux
ouvertures, par lesquelles passent les jam-
bes. Impossible, avec la dimension régle-
mentaire de cette jupe, de faire le grand
écart, de se fendre suffisamment à l'escrime,
de sauter hardiment un fossé un peu large.
Et l'on songerait encore à la rétrécir! Tout
cela n'est pas sérieux !
Le pantalon. des zouaves a, du reste, de
grands avantages : il ne colle pas aux cuis-
ses, il laisse une grande souplesse aux mou-
vements tout en protégeant de la chaleur et
de la pluie. Toutefois, il avait, au début, un
petit inconvénient. Lorsque, jadis, les zoua-
ves traversaient des rivières avec armes et
bagages, leur jupe gonflée comme une outre
avait la plus grande peine à se vider de
l'eau qu'elle contenait. Mais Lamoricière
veillait. Il la fit donc percer d'un trou spé-
cial. qui porte son nom..
X -
Le voyage en Suisse.
Une amusante aventure advint, ces jours
passés, à un jeune Allemand qui voyage,
sac au dos, à travers la Suisse, en touriste
amateur de la marche, et qui est le fils du
nouvel ambassadeur d'Allemagne à Londres,
Adolphe de Marschall de Biederstein. Ainsi,
certains jeunes Allemands comprennent-ils
le voyage en Suisse. Il fient de passer ses
examens de maturité dans une ville de l'Alle-
magne du Sud et prend ses vacances avant
d'aller continuer ses études à Oxford.
Or, à Berne, un inconnu s'approche de
lui, se fait connaître comme agent de la Sû-
reté et l'invite à le suivre au poste. Là, il
apprend, à sa profonde stupéfaction, qu'il
est soupçonné d'avoir commis des escroque-
ries à Fribourg et qu'il est sous le coup d'un
mandat d'arrêt. Naturellement, il proteste et
s'indigne; il donne son nom et indique d'où
il fient. Après enquête on le relâche avec
de vagues excuses, et il se hâte de quitter
cette ville inhospitalière, cette fois par le
train. A la gare, il achète un journal et y
lit qu'un jeune homme, qui a commis des
détournement importants, est poursuivi. Si-
gnalement : grand et mince, yeux bleus, che-
veux bruns et vêtements gris. C'est tout à
fait Itt. Il sourit. Il l'a échappé belle
~1- Il -
Les cadeaux de villégiature !
Au moment des villégiatures, alors qu'on
songe, non seulement à son bien-être, mais
surtout à celui des hôtes qu'on a la bonne
fortune., de posséder, les liqueurs et les co-
gnacs de Marie Brizard et Roger se recom-
mandent d'eux-mêmes, tant est grande et
justifiée leur légitime réputation.
Par leurs effets tonifiants; leur excellence,
leur perfection, ils complètent admirable-
ment les cures de grand air, et leur place est
tou jours, réservée dans les villas et les châ-
teaux.
Nouvelles à la main.
Hôtel d'été. A table. On en est aux hors-
d'œuvre. Et les convives se signalent dans le
tuyau de l'oreille la présence d'un ténor fa-
meux, mais qui souvent chante faux.
— Où est-il donc ? interroge, curieuse, une
dame.
Alors son voisin :
- Vous le trouverez facilement. à côté
du thon.
»*#
On annonce le retour au Parlement de
M. Lasies.
— La Chambre va s'égayer encore de
nombreux lazzis.
Le Diable Boiteux.
———————— Imm «
NOTES
Thaïs, idole fragile
Notre vieil ami l'académicien nous appa-
rut, hier, pourvu d'une nouvelle jeunesse
lorsque nous le rencontrâmes, au sortir de
l'Institut.
— Je suis, nous dit-il, rentré tout exprès
pour la séance. En ces temps où presque
tous mes collègues s'éloignent de Paris et
rendent nos travaux difficiles, j'aime à me
trouver là. J'ai donc abrégé ma cure, et me
voici. -
-r- Alerte, bien reposé?
"- Vingt jours m'ont été salutaires dans
une ville d'eaux où il y avait trop de monde,
et même de beau monde, des théâtres, des
casinos, des restaurants et un luxe excessif
pour l'hygiène de gens malades. Mais, enfin,
j'y ai retrouvé mes fonctions gastronomiques
et surtout l'équilibre hépathique de mon foif
J'y ai, même, pris une leçon, une grande
leçon de sagesse que tout le monde, là-bas,
a reçue comme moi, mais que bien peu auront
comprise. La voici : ,
« - Il y avait, en cette ville d'eaux, une
jeune, jolie et très brune artiste, dont le
visage pur avait émerveillé déjà bien des
hommes et troublé bien des cœurs. Elle était,
il y a, peu d'années, venue des pays du Nord
et elle montrait toute la fougue, l'ardeur,
la - flamme des femmes septentrionales lors-
qu'elles se mettent à en avoir. Elle fut, vite,
aimée, admirée et adoptée par le public pari-
sien. et un homme de talent, dont il semblait
que ce fût l'automne apaisé et qu'on croyait
enfin retenu par de graves fonctions, un 'mu-
sicien délicieux et célèbre, s'éprit de cette
brillante et belle artiste : ils s'aimèrent !
« Admirons et craignons les fatalités de
l'amour! Ces artistes — et lui, et elle, sont
de grands artistes — ne seraient pas des
artistes s'ils n'étaient pas sensibles, chan-
geants, désireux des fortes émotions d'amour.
Autour d'eux,' courageusement, on se rési-
gna ! Ils s'aimaient : un théâtre et un foyer
en furent agités un instant — et la vie,
cruelle et inévitatle, reprit.
« Or, dans cette ville d'eaux où les hasards
de l'été l'amenaient, cette belle artiste ren-
contra un autre Parisien, distingué, jeune,
avec ce visage pâle et ce front mélancolique
des rêveurs et des poètes. Et son cœur chan-
gea ! Il changea, parce que changer est la
loi de Thaïs, de Manon, de Carmen, et qu'il
ne faut pas attendre la fidélité du cœur de
ces héroïnes créées pour n'être jamais sem-
blables. On m'assurait qu'à la voir, à pré-
sent, près de ce jeune musicien, elle parais-
sait avoir, pour la première fois, tout le
bonheur du monde. Elle était sincère! Lui,
l'autre, devait souffrir beaucoup. Hélas! la
leçon, d'amour est éternelle, que les grandes
amoureuses, qu'on- aime tant, donnent aux
hommes épris de leurs charmes. Elle devrait
verser la sagesse à l'esprit et l'apaisement
au coeur. Beaucoup ne la comprendront ja-
mais. Et ceux qui, comme moi, la compren-
nent, ne sont que de pauvres et vieux philo-
sophes sans agrément.
« Excusez-moi, je rentre; je vais relire le
chef-d'œuvre du roman moderne, le roman
de la femme que tous les auteurs recommen-
cent toujours : il est de l'abbé Prévost. »
, Akademos.
Billet d'aqe Parisienne
A M. Roger Morinière
Nous avons toutes lu avec intérêt le ré-
cit de votre exploit et il n'a été question
que de vous aujourd'hui, sur la plage. A
l'heure du bain, vous étiez célèbre. Vous
n'avez pas vingt ans, Monsieur, et, si vous
n'avez pas encore la gloire, vous possédez
du moins la belle notoriété ; les feuilles pu-
blient votre portrait.
Pour arriver si vite à un tel résultat, il
vous a suffi de tirer quelques coups de re-
volver sur une femme. C'est fune aventure
banale et, chaque nuit, des rôdeurs bles-
sent leurs amies sans que lies quotidiens
leur consacrent plusieurs colonnes. Ces in-
cidents ne deviennent des événements sen-
sationnels que si l'arme est tenue par une
main mondaine ou dirigée contre une poi-
trine bourgeoise. Je ne veux point vous of-
fenser ; mais vous n'appartenez pas à
l'élite sociale. Vous ne restez pas, en effet,
pendant toute la nuit, dans un cercle, mais
dans un garage. Vous ne retournez pas des
cartes jusqu'à l'aube, mais vous graissez
des automobiles. Il n'y a là rien que de grés
honorable. Cependant cet état, — il faut en
convenir —, ne semblait pas vous desti-
ner à commettre un crime dont on s'entre-
tienne.
Votre habileté, ou plutôt votre bonhoar
fut. .cliP vprspr lp. sang dans un milieu. pitto-
resque et mal famé. Ainsi on ne parle pas
de votre crime : on chuchota. — et c'est
bien mieux. Cette tentative de meurtre
dans une maison de filles oblige les lec-
teurs à imaginer des prisonnières qui sont
peu vêtues. Vous traînez derrière vous des
parfums violents et vulgaires. Automati-
quement notre pitié se déclanche.
Je ne sais si vous avez médité sur ces
heureuses circonstances. Du moins vous ne
vous en vantez point. En examinant votre
image, je ne découvre pas sur votre visage
les traces de .tourments philosophiques.
Vous avez l'air d'un bon jeune homm'e, aux
cheveux bien peignés, au regard franc.
yous semblez l'illustration de vers qu'ins-
pira à François Goppée.le bon ouvrier. Sans
doute vous agez agi naïvement let, vous ai-
miez votre victime, Gilberte Beaumont,
qui, chez M. Georges, s'appelait Suzanne.
Mais elle ne répondait ni à votre passion
ni à vos lettres. Il y a là de quoi irriter un
soupirant. L'imprudente déchaîna tout à
fait votre colère en vous disant :
— Tu sais bien que je ne gobe que les
bruns.
C'est un aveu qu'il ne faut jamais faire
à un blond.
Si vous aviez conservé du calme, vous
auriez reconnu que votre amie reste atta-
chée à la pure tradition.
Dans tous les mélodrames, le sé-
ducteur a des cheveux noirs, une mousta-
che brune et le teint basané. Je confesse
— et je n'écris point ces mots pour vous
faire plaisir -, que nous sommes moins
attirées par ce sombre héros. Il n'a plus la
faveur des mondaines. Elles s'en méfient
depuis que M. Pierre Veber composa cette
exquise nouvelle, l'Aventure, et M. Henry
Bataille ce drame poignant, le Scandale.
Nous nous éloignons du personnage
mystérieux, romantique et sombre, pour
aller vers l'homme sportif, simple et
clair. Nous ne supportons même plus
la barbe qui était, suivant Arnolphe,
la marque de la toute-puissance. C'est la
revanche du blond qui fut trop longtemps
méconnu.
Il est fâcheux, Monsieur, que vous n'ayez
point fait ces. réflexions. Elles vous au-
raient sans doute consolé d'un injuste dé-
dain. Les paroles de Gilberte ou Suzanne
vous auraient seulement fait hausser les
épaules. Vous n'auriez point tiré des coups
de revolver sur elle et, — par surcroît -,
sur quelques pauvres agents. Mais, hélas I
on ne saurait penser à tout !
','>, Clotilde.
■i' AN
La rentrée de M. basies
On pensait que M. Lasies, l'ancien dé-
puté impérialiste .du Gers, s'était retiré
"définitivement Ide la politique. Du
moins, il l'avait annoncé. Qui a bu boi-
ra. Et M. Lasies. a jeté son dévolu sur
(la deuxième circonscription législative
de Laon, laissée vacante par le récent
décès de M. André Castelin.
iM: Lasies, bien qu'il se défende en-
core d'être candidat, a déjà commencé
.sa campagne. Dimanche prochain 11
août, il parlera à Chauny. De sa voix
perçante, avec ces mots à d'emporte-
pièce qui firent son .succès à la Cham-
bre, M. Lasies fera une conférence sur
Ha « Crise politique et sociale ». On
sait ce que ce titre veut dire ; il peut
se traduire ainsi : prenez mon ours !.
Mais M. Lasies n'est pas encore élu.
,La deuxième circonscription de Laon
est républicaine, malgré tout. M. Paul
'Doumer fut élu comme républicain
avancé. Il fut battu dans ila suite parce
que les radicaux se souvenant qu'il s'é-
tait présenté contre le vénérable Henri
Brisson à la présidence de la Chambre,
l'abandonnèrent. M. Gasteilin fut élu
comme républicain démocrate. M. Cas-
telin était un « agricole », qui tapait
sur le ventre des paysans, mais il n'au-
rait jamais passé s'il n'avait eu un
programme foncièrement dévoué à nos
institutions. M. Lasies qui a, certes,
beaucoup de talent, et qui sait employer
Je langage des réunions publiques, ne
pourra pas faire oublier aux républi-
cains de l'Aisne que son nom est une
sorte de pavillon antirépublicain.
Louis --Peltier.
Les abonnements à « Cil Blas » sont
remboursés intégralement par de super-
bes primes..
FRUITS DE SAISON
b'jiôfeI Moderne
-
Dans le bon vieux temps, il arrivait par-
fois que le voyageur descendu dans une au-
berge fût soudain réveillé au milieu de la
nuit par un bruit de gonds rouillés; il ou-f
vrait les yeux, et il voyait avec effroi un trou
noir dans son alcôve, à la place où,, la veille,,
il y avait un mur. ■
Dans ce trou noir, apparaissaient, à lai-
lueur d'une lanterne, des faces grimaçantes
et hideuses, en lesquelles il reconnaissait
l'aubergiste, le fils de l'aubergiste, le garçon
de l'aubergiste, tous trois armés de coutelas^
de haches et de cordes. 1 !
Le voyageur voulait crier, mais qui l'eût
entendu? La lanterne elle-même était sourde.
Le temps de demander grâce à ces brutes
sanguinaires, et il était étranglé, égorgé,
occis, mort.
Les trois assassins prenaient l'argent que
le voyageur portait dans une ceinture; ils
s'emparaient des bijoux; ils brûlaient ses vê*
tements ; ils ensevelissaient son cadavre dans
le jardin de l'auberge; après quoi chacun
allait augmenter le petit magot qu'il possé-
dait à la caisse d'épargne.
Mais le voyageur à qui arrivait cette aven-
ture était l'exception, le guignard, l'homme
qui reçoit une tuile ou un aéroplane sur la
tête.
Les autres voyageurs ne se doutaient même
pas de faccident. On leur confectionnait de
savoureuses omelettes à se pourlécher les ba-
digoinces. On leur fricassait des lapins ou
des oisons à se faire éclater les tripes4 on
leur versait d'un vin pétillant et joyeux qui
leur réjouissait le cœur, et au moment du
départ on leur présentait t.ne note remarqua-
ble par sa modération.
Aujourd'hui, tout est changé.
Il n'y a même plus de punaises dans les
chambres; grâce au Touring Club, les murs
sont passés au ripolin.
Mais les aliments ont l'air d'en être en"
duits aussi.
Et le personnel également.
Et l'addition encore bien davanrage. -
Bref, on ne tue plus un voyageur par
hasard, mais on les écorche tous; et on lès
nourrit si mal que tout le monde regrette
l'époque où il y en avait un seul de sacrifié
de temps à autre.
J'en faisais l'observation à un hôtelier en
demandant pourquoi ceux d'aujourd'hui se
distinguent si fort de leurs pères. Il me ré-
pondit avec un sourire au ripolin :
Leur commerce, à eux. 'durait toute l'an-
née. Nous, il faut que nous fassions notre,
saison en deux mois.
Fancy.
•
UN CENTENAIRE
Krupp
Aujourd'hui de grandes fêtes auront
lieu à Essen, pour la célébration du cen-
tenaire de la fondation des Usines
K:rupp. L'Empereur reviendra tout
exprès de Norvège pour y assister et le
programme que l'on 'publie pour ce
curieux jubilé montre élairement l'im-
portance en quelque sorte symbolique
que l'on attache en Allemagne aux so-
lennités qui se préparent.
Cent ans de succès et de faveur, cent
ans de labeur aussi et d'un (labeur qui
fut toujours intimement ilié aux desti-
nées mêmes de l'AHemaigne, quelle
(histoire intéressante ce siècle doit
constituer. Déjà les premiers essais du
fondateur Frédéric Krupp paraissent'
légendaires, perdus dans un brouil-
lard, si, si lointains ! C'était 'en 18
que l'idée lui vint, à ce Isimplle négo-
ciant, de fonder « une fabrique pour
l'appropriation de l'acier anglais et de
tous objets en acier anglais », disent
des premiers statuts. Peu de mois
iaprès que Frédéric Krupp eut soumis
cette idée à ses bailleurs de fonds, la
fabrique en question commença de
s'élever à Essen. Que ces bâtiments
étaient modestes ; tout comme les am-
bitions premières du premier Krupp.
Un fils lui naît et c'est ce fils, Alfred,
qui sera le génie de la 'famille et qui
portera les noms des Krupp et de leurs
canons aux quatre icoins. de l'univers.
Sous 'la poigne de fer et même d'a-
cier anglais d'Alfred Krupp, la firme
s'agrandit. Elle a peine à fournir as-
sez de canons, assez de ifusHs, assez de
balles au ministère de la guerre prus-
sien, qui en réclame incessamment.
(Les ateliers sont abattus, puis recons-
truits plusieurs 'fois, et chaque fois les
derniers perfectionnements de la scien-
ce de la fonderie sont appropriés efc
utilisés. La renommée. dépasse les
frontières de la Prusse, puis cel.'les de
(l'Allemagne unifiée et après 1870, l'u-
nivers reconnaît que les victoires alle-
mandes, Sadowa et Sedan, sont l'œu-
vre d'un * grand chancelier et d'un
grand industriel. Et encore, Krupp
eût pu se passer à la rigueur de Bis-
marck, car ses canons avaient bien
leur éloquence, maudite mais péremp-
toire. Mais que fut devenue .l'œuvre de
Bismarck sans la collaboration id 'AJ..
fred Krupp ? On le comprend bien en
Allemagne, et c'est pourquoi le nom
d'Alfred Krupp est considéré comme
celui d'un héros véritablement natio-
nail ; et c'est pourquoi on fête mainte-
nant non pas le centenaire de la fonda-*
tion .timide de Frédéric, mais celui de
la naissance du véritable créateur des
usines colossasles Id'Essen.
Les choses n'allèrent pas sans diffi-
cUlltés, dans les premières années et en
1&48, .loflsqu'A:lfre-d Krupp reprit à lui
seul la direction, de la firme — 36 ans
après la fondation — les ateliers ne
comptaient encore que 70 ouvriers.-
Mais le grand homme croyait au suc-
Icès de l'entreprise et lorsqu'il mourut
il .laissa à son fils, Frédéric Alfred,,
une maison prospère et mise en bonne
yoie. Aujourd'hui, e¡},;e appartient en-
JEUDI 8 AOUT 1912
Pierre MORTIER
Directeur
RÉDACTION-ADMINISTRATION
30, rue Louis-le-Grand.
PARIS (2e Arr.)
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Direction, Administration, Rédaction. 2G6.0r
Ligne Interurbaine. 102.74
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Pierre MORTIER
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Etranger (Union postale).. 17 » 32 » 60 »
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de France et d'Algérie
SOMMAIRE
SUR LE PRÉ, par E. Rouzier-Dorcières.
fl'HAIS, IDOLE FRAGILE, par Akademos.
BILLET D'UNE PARISIENNE, par Clotilde.
LA RENTRÉE DE M. LASIES, par Louis Peftier..
L'HOTEL MODERNE, par b ancy»
KRUPP, par René F eibelm an.
L'ETRANGER : La Turquie et le Monténégro,
par Henri Chervet,
PLAGES ET VILLES D'EAUX : Deauville, Trou-
ville, Arcachon, Plombières^ Vichy, par
Ch. de Sévance,
LE CONTE : La Douloureuse, par Paul Giaf-
feri.
LE DESSIN : Le voyage de M. Poincaré, par
H ermann-Paul.
LA GALERIE : Belle-Ame, par Jean Riche-
pin.
LES LETTRES : John Bull's Island, par An-
dré du Fresnois.
LES ARTS : Enquête sur Je « Métier de pein-
dre ib.
LE THÉATRE : La Saison 1911-1912 à l'Opé-
ra, par Robert Brunelles.
LE FEUILLETON : D'un cœur à l'autre, par
Eugène Delard.
Sur le pré
Gras ou maigre ?
Il y a quelques années, à propos de
Son dernier Iiivre,, Charles-Henri Hirsch,
attaqué véhémentement dans une revue,
nous priait, Catulle Mendès et moi,
d'aller demander satisfaction à l'au-
teur de l'article, un M. R., qui habi-
tait dans le quartier de Montrouge.
Mendèis accepta. J'en fis autant et le
lendemain tous deux, en taxi-auto,
nous arrivions devant la maison de
l'adversaire.
Des employés des Pompes funèbres
disposaient à l'entrée des tentures noi-
res lamées d'argent ; d'autres, une ta-
ble et un registre pour les signatures.
Un locataire était mort dans l'immeuble
et on Fallait enterrer en grand apparat.
Mais Mendès, tout entier à la mission
qu'il allait accomplir et à la réparation
par les armes que nous alliûns deman-
der, n'avait rien vu de ces dispositions
funèbres.
Aussi demeura-t-il surpris quand,
descendu avec moi de voiture, il s'em-
barrassa dans les tentures et s'empêtra
dans les fleurs et les couronnes.
Mais se ressaisissant vite et pensant
au futur adversaire de Hirsch, il eut cc
mot :
- Déjà ! murmura-t-il.
L'affaire, d'ailleurs, s'arrangea à no-
tre satisfaction.
Le soir, j'allais l'accompagner à la
gare Saint-Lazare où il devait prendre
le train pour Saint-Germain. Il mar-
chait, le chapeau en arrière, les che-
veux au vent, égrenant des souvenirs
de duels.
Je lui disais combien, avec la fougue
de son tempérament et l'ardeur qu'il
mettait à défendre les idées qui lui
étaient chères, il aurait dû plus souvent
fréquenter les salles d'armes — car
malgré son beau courage, ses rencon-
tres n'avaient pas été sans dangers sé-
rieux pour lui :
— Mon Dieu ! mon cher ami, me ré-
pondit-il, en aspirant une large bouffée
de son cigare, j'ai traversé la vie com-
me ça ! Il n'y a pas de -raison aujour-
d'hui pour que je change de méthode.
J'estime qu'un homme qui a le cœur
bien accroché, une poigne que le dan-
ger rend plus solide qu'elle ne l'est ha-
bituellement, doit affronter le combat de
toutes ses forces, sans broncher. Ça ne
m'a pas, il est vrai, touj ours réussi dans
tous mes duels, mais, bast ! c'est pro-
bablement parce que mon heure n'é-
tait pas venue ! On est marqué par le
'Destin, mon cher, on est son jouet et
sa chose. Et le jour où son doigt inexo-
Table vous désigne, c'en est fait ! Il
faut quitter la vie, la belle vie, car elle
est belle la vie, avec l'art, les sensa-
tions qu'il procure, la femme qu'il
faut ad-orer d'une foi ardente, la foule
composée de tous ces gens qu'on ignore
et qui sont nos frères qui souffrent et
aiment comme nous, le soleil dans le
ciel bleu, les nuits claires. Ah 1 oui !
la vie est belle !.
Et un mois après, ce poète généreux,
qui respirait l'existence à pleins pou-
mons, ce poète toujours jeune, se fra-
cassait la tête sur un radl de ligne de
banlieue dans l'accident le plus tragi-
quement bête qu'il soit I
*
Qui ne se souvient de son duel avec
Georges Vanor ?
C'était un soir, au théâtre, pendant
un entr'acte de répétition générale. Les
couloirs regorgeaient de monde et l'at-
mosphère surchauffée était électrique,
toute chargée d'étincelles.
Mendès, dans un groupe, discutait
avec passion sur Hamlet. Soudain, un
homme grand et bien bâti, avec une
moustache à la gauloise, s'approcha..,,
et Mendès l'aperçut.
— D'ailleurs, voilà Vanor, dit-il tout
'haut. Il va bien nous donner son avis.
Dites donc, Vanor, selon vous, Hamlet
jdoit-il être gras ou maigre ?
— Mon Dieu, répondit Vanor, après
avoir réfléchi quelques secondes, moi,
je le vois gras !
- J'ai noté, tout à l'heure, à dessein,
t'ambiance, toute chargée d'effluves
dangereux, de cette soirée théâtrale où
les cerveaux semblaient en ébullition.
Une discussion alors éclata entre Ca-
tulle Mendès et Georges Vanor, sur
cette grave ouestion : l'embonpoint plus
ou moins prononcé du personnage de
Shakespeare. Un mot malencontreux
en amena un autre, des phrases sifflè-
rent puis après un tumulte il se fil un
prand silence : Catulle Mendès venait
de se jeter sur Georges Vanor. On s'in-
terposa, mais l'irrémédiable était con-
sommé déjà et des témoins furent cons-
titués, qui décidèrent qu'une rencontre
était inévitable, donnant à Vanor la
qualité d'offensé, et, partant, le choix
des armes. Il prit l'épéew
#%
Vanor était un redoutable tireur.
Musclé et agile, il ne laissait rien au
hasard, avec un jeu vigoureux et sûr,
puissamment servi par un œil clair et
un cerveau à conception rapide.
Mendès, lui. était l'antithèse de son
adversaire. Nerveux, fougueux, pétara-
dant comme un buffle lâché ; dès qu'il
avait une épée en main, Catulle Mendès
s'élançait droit devant lui, la crinière
flottante, et son bras armé du fer décri-
vait des moulinets et des arabesques
flamboyants.
Il se servait de son épée comme d'un
fouet, d'un battoir, d'un fléau que sais-
je encore ! Se riant de la pointe adver-
se — dans son esprit, elle n'existait pas
— il allait, il allait, avec une témérité
qui faisait frissonner ses témoins.
Je ne connais, à Paris, qu'un homme
qui « charge » sur le terrain com-
me chargeait Catulle Mendès. C'est
Edouard Drumont, cfui, très myope,
.marche le menton en avant, fonçant sur
la masse grise représentée à ses yeux —
malgré une double paire de lunettes -
pair l'adversaire.
Dans le .duel M en dès-Vanor ce qui
devait donc arriver, arriva. Dès que le
« Allez. Messieurs ! » fut prononcé, Ca-
tulle Mendès s'élança tumultueuse-
ment. Georges Vanor, bien en digne,
surpris par cette attaque désordonnée,
qui l'empêchait de prendre contact avec
-le fer de son adversaire, rompit métho-
diquement, en sorte que Mendès se
jeta sur sa pointe. Il était touché au
ventre. On le crut traversé .de part en
part.
— Mais je n'ai rien, déclara le poète,
rien, vous m'entendez, Messieurs !
Et pour prouver qu'il était, en effet,
indemne, il alluma un cigare, car la
fin de la « reprise » était venue. Mais
déjà, sur son visage, perlaient de gros-
ses gouttes de sueur, une pâleur sou-
daine envahit ses joues. Malgré toute
son énergie, il défaillit..
Etendu sur le gazon Dar ses témoins
alarmés et les médecins, on lui décou-
vrit à l'abdomen une blessure triangu-
laire qui, durant un mois, le tint entre
la vie et la mort. Il en réchappa mira-
culeusement.
Georges Vanor, lui, mourut l'épée
à la main, on presque. Il faisait, avec le
signataire de ces souvenirs, un assaut,
un soir après dîner, dans un cercle
sportif voisin des boulevards. Au cours
d'une phrase'd'armes mouvementée, il
lâcha soudain son épée et tomba à la
renverse. Il mourait deux jours après
d'une crise d'albuminurie aiguë.
E. Rouzier-Dorcières.
.—————
Echos
Les courses.
LISIEUX, jeudi 8 août, à 2 heures
Pronostics de Gil Blas :
Prix de la Société d'Encouragement. —
Inès, Imprenable.
Prix spécial de la Société Sportive d'En-
couragement. — In Salah, Cromariy.
Prix du Conseil Général., — Membakut,
Gouailleur.
Grand Prix de la Ville. — fussy, lamaï-
que.
Prix de la Société d'Encouragement. -
In Salah, Muscadin.
Course spéciale de Haies.. — Oilskin,
Oria.
Prix de la Société des Steeple-chases de
France. — Ohartia, Bonjour*
Hier, mercredi.
Le temps incertain continue. Il a passé,
tout à coup, sur Paris, hier, des coups de
vent qui décoiffaient les passants. La soirée
était fraîche, très fraiche. Nous nous plai-
gnons de ce temps médiocre et peu estival.
Mais à la mer, à la montagne, la tempéra-
ture est plus fâcheuse encore. N'aurons-nous
pas d'été?
Coups de patte.
La maladie qui le tint immobilisé durant
un certain nombre de semaines n'a pas ra-
lenti sa verve caustique.
Comme devant, M. Clemenceau demeure
le tigre dont les réparties spirituelles, mor-
dantes et bien françaises font la joie de.(j
parlementaires, et même de tous les Pari-
siens à qui l'esprit est un régal.
Dernièrement, dans la ville d'eaux où il
se traitait, il déjeunait en compagnie de
quelques députés, adversaires comme lui de
la R. P.
On parlait des collègues absents qui, ainsi
que chacun sait, ont généralement tort.
— Oh! dit l'un des convives, ils sont
comme ça quelques-uns qui, n'ayant pu par-
ler de tout l'hiver, profitent des derniers
jours pour crier à leur aise, déposer des
amendements et faire un potin de tous les
diables.
— Oui, oui, approuva notre tigre natio-
nal. Ce sont des débris de clôture.
L'inutile émotion.
Coucy-le-Château est un curieux village,
perché tout en haut diune colline agreste,
dans le département de l'Aisne. Les ruines
d'un superbe donjon et de solides remparts
attestent qu'au temps des croisades, le sire
de Coucy — MM. de Fiers, de Caillavet et
Terrasse l'ont rendu célèbre — avait la ma-
nie de la pierre.' Coucy-le-Château est fort
visité par les touristes.
Or, la semaine dernière, un journaliste
parisien avait l'occasion de parler de Coucy-
le-Château à un aimable attaché de cabinet
de M. Chaumet, sous-secrétaire d'Etat des
postes et télégraphes, et lui disait :
- Coucy présente un inconvénient grave.
I.'usage du téléphone y est suspendu le di-
manche*
— Pas du tout!. Vous vous trompez!
lui répondit l'attaché. M. Chaumet a, depuis
deux mois déjà, établi un règlement aux
termes duquel toutes les localités privées du
téléphone le dimanche, en raison du repos
hebdomadaire des dames employées, peu-
vent néanmoins user de ce moyen de cor-
respondance. Un abonné — d'habitude un
café ou un hôtel — se charge de-donner et
de recevoir les communications. En dédom-
magement de sa peine, il encaisse la taxe.
— C'est très pratique, et j'en userai.
Tout de suite, pour convaincre le journa-
liste, le chef de cabinet téléphona à la di-
rection des postes et télégraphes à Laon :
-..:. Je vous serais très obligé de voir si le
téléphone fonctionne bien dimanche à Coucy-
le-Château.
Un peu troublé par cet appel venant en
droite ligne du cabinet du sous-secrétaire
d'Etat, le directeur des postes de Laon
actionna sur le champ toutes les sonneries du
département, dépêcha un inspecteur à Coucy
et fit vérifier tous les appareils de la locali-
té. Ce fut un émoi considérable. On jasa :
— M. Chaumet lui-même va venir à
Coucy, c'est certain! se dirent les employés
des P. T. T. Tenons-nous bien!.
De leur côté, les habitants se réjouirent
de cette visite presque ministérielle et son-
gèrent à mettre des drapeaux.
Hélas, M. Chaumet ne vint pas, puisqu'il
ne devait pas venir.
Mais on peut affirmer que jamais localité
pittoresque ne fut mieux desservie télépho-
niquement ce jour-là. Les communications
furent données avec une rapidité prodigieuse
et l'émulation la plus saine régna parmi
toutes les petites fonctionnaires du Laon-
nois et du Soisonnais.
-x-
On va rajeunir l'ancien jeu,
Un de nos auteurs dramatiques très goûté
et, partant, très applaudi se plaint avec
amertume du jeu par trop naturiste des
acteurs de ce temps. Désespéré de n'avoir
plus à sa disposition les anciens artistes du
Palais-Royal et des Nouveautés qui, jadis,
jouaient ses pièces suivant son goût, il a l'in-
tention de faire appel au concours des jeunes
gens et des jeunes filles désireux d'entrer
dans la carrière dramatique. Le maître don-
nerait lui-même des leçons de diction.
Ainsi nous ne tarderons pas à voir renaître
de nouveaux Daubray, Gil Pérez, Hyacinthe,
Grassot, Raymond, Lavigne, etc., de si char-
mante mémoire.
Du moins, c'est ce que raconte à la ter-
rasse du Napolitain, en fumant de gros ci-
gares, M. Georges Feydeau, qui est un si
délicieux humoriste.
-x-
Le petit soldat.
C'est un charmant poète, qui porte un nom
illustre. Il a vingt et un ans à peine, et déjà
la renommée l'accable. On ne parle que de
lui, on le flatte, on le recherche. Les fées
ont tant promis, à son berceau !
Or, il va être soldat. Il est si jeune! Le
régiment, d'ailleurs, ne l'effraie pas, et il
sera brave militaire. Mais où va-t-on l'en-
voyer? C'est cela qui l'inquiète. Jadis on
obtenait, par « affectation spéciale », telle
ou telle garnison de son choix, et ici
Bayonne, ou Pau, eussent été tout indiqués.
Mais le ministre de la guerre a supprimé œs
désignations peu compatibles avec l'égalité
des conscrits, et il sera difficile de trouver
un accommodement pour une résidence pas
trop inclémente.
Alors ? On est un peu inquiet, là-bas, dans
la famille. Tout de même, il servira bra-
vement, le sourire aux lèvres, en bon petit
pioupiou, soldat d'un sou..,
Plaisirs d'été.
Il y a foule, en ce moment, à Deauville.
Même, il y a « ceux D qu'on ne voit pas,
les grands seigneurs qui ne se mêlent pas à
la foule de la rue Gontaut-Biron et de la
plage, et. vivent dans les villas coquettes
des environs : il y a Paul Hervieu et Abel
Hermant. Les bourgeois peuvent se bien
tenir ! Leurs observateurs narquois et impi-
toyables les regardent !
On sort beaucoup sans chapeau, à Trou-
ville et à Deauville. Hier, des amis vou-
laient entraîner Pierre Wolff au casino et
sortirent cheveux au vent. Mais le spirituel
auteur, prenant son chapeau, déclara :
- Non ! Permettez que, moi, je n'aille
pas tout nu.
La leçon d'humour dans un park.
i C'est dans un park, un de ces parks où
l'on danse, où l'on se promène. Les Arabes
guident à travers la foule des animaux bos-
sus en répétant : a Beau chameau, beau
chameau D. On s'écarte docilement, on rit,
mais, tout à coup, s'adressant à l'un des con-
ducteurs bronzés :
— Dites donc, vous, proteste une petite
dame, je ne vous adresse pas la parole. Je
n'ai pas besoin de votre appréciation. -
-x-
La culotte de zouave, jupe entravée.
Le vent souffle aux transformations d'uni-
formes et il a été vivement question, ces
temps-ci, de faire disparaître la tenue héroï-
que de nos zouaves. Mais, au ministère de
la guerre, on nous assure qu'on ne projette
qu'une simple modification portant sur l'am-
pleur de la culotte.
Or, si nos zouzous d'Afrique, décousant
les culottes réglementaires, ajoutent à la
partie d'entre-jambes de larges cœurs d'é-
toffe rouge, ce qui leur donne une ampleur
plus grande encore, ce n'est point par co-
quetterie, comme on pourrait le croire, mais
pour de sérieuses et d'excellentes raisons.
Le pantalon de zouave n'est, en réalité,
ni un pantalon, ni une culotte, c'est une jupe
fermée, une manière de sac percé de deux
ouvertures, par lesquelles passent les jam-
bes. Impossible, avec la dimension régle-
mentaire de cette jupe, de faire le grand
écart, de se fendre suffisamment à l'escrime,
de sauter hardiment un fossé un peu large.
Et l'on songerait encore à la rétrécir! Tout
cela n'est pas sérieux !
Le pantalon. des zouaves a, du reste, de
grands avantages : il ne colle pas aux cuis-
ses, il laisse une grande souplesse aux mou-
vements tout en protégeant de la chaleur et
de la pluie. Toutefois, il avait, au début, un
petit inconvénient. Lorsque, jadis, les zoua-
ves traversaient des rivières avec armes et
bagages, leur jupe gonflée comme une outre
avait la plus grande peine à se vider de
l'eau qu'elle contenait. Mais Lamoricière
veillait. Il la fit donc percer d'un trou spé-
cial. qui porte son nom..
X -
Le voyage en Suisse.
Une amusante aventure advint, ces jours
passés, à un jeune Allemand qui voyage,
sac au dos, à travers la Suisse, en touriste
amateur de la marche, et qui est le fils du
nouvel ambassadeur d'Allemagne à Londres,
Adolphe de Marschall de Biederstein. Ainsi,
certains jeunes Allemands comprennent-ils
le voyage en Suisse. Il fient de passer ses
examens de maturité dans une ville de l'Alle-
magne du Sud et prend ses vacances avant
d'aller continuer ses études à Oxford.
Or, à Berne, un inconnu s'approche de
lui, se fait connaître comme agent de la Sû-
reté et l'invite à le suivre au poste. Là, il
apprend, à sa profonde stupéfaction, qu'il
est soupçonné d'avoir commis des escroque-
ries à Fribourg et qu'il est sous le coup d'un
mandat d'arrêt. Naturellement, il proteste et
s'indigne; il donne son nom et indique d'où
il fient. Après enquête on le relâche avec
de vagues excuses, et il se hâte de quitter
cette ville inhospitalière, cette fois par le
train. A la gare, il achète un journal et y
lit qu'un jeune homme, qui a commis des
détournement importants, est poursuivi. Si-
gnalement : grand et mince, yeux bleus, che-
veux bruns et vêtements gris. C'est tout à
fait Itt. Il sourit. Il l'a échappé belle
~1- Il -
Les cadeaux de villégiature !
Au moment des villégiatures, alors qu'on
songe, non seulement à son bien-être, mais
surtout à celui des hôtes qu'on a la bonne
fortune., de posséder, les liqueurs et les co-
gnacs de Marie Brizard et Roger se recom-
mandent d'eux-mêmes, tant est grande et
justifiée leur légitime réputation.
Par leurs effets tonifiants; leur excellence,
leur perfection, ils complètent admirable-
ment les cures de grand air, et leur place est
tou jours, réservée dans les villas et les châ-
teaux.
Nouvelles à la main.
Hôtel d'été. A table. On en est aux hors-
d'œuvre. Et les convives se signalent dans le
tuyau de l'oreille la présence d'un ténor fa-
meux, mais qui souvent chante faux.
— Où est-il donc ? interroge, curieuse, une
dame.
Alors son voisin :
- Vous le trouverez facilement. à côté
du thon.
»*#
On annonce le retour au Parlement de
M. Lasies.
— La Chambre va s'égayer encore de
nombreux lazzis.
Le Diable Boiteux.
———————— Imm «
NOTES
Thaïs, idole fragile
Notre vieil ami l'académicien nous appa-
rut, hier, pourvu d'une nouvelle jeunesse
lorsque nous le rencontrâmes, au sortir de
l'Institut.
— Je suis, nous dit-il, rentré tout exprès
pour la séance. En ces temps où presque
tous mes collègues s'éloignent de Paris et
rendent nos travaux difficiles, j'aime à me
trouver là. J'ai donc abrégé ma cure, et me
voici. -
-r- Alerte, bien reposé?
"- Vingt jours m'ont été salutaires dans
une ville d'eaux où il y avait trop de monde,
et même de beau monde, des théâtres, des
casinos, des restaurants et un luxe excessif
pour l'hygiène de gens malades. Mais, enfin,
j'y ai retrouvé mes fonctions gastronomiques
et surtout l'équilibre hépathique de mon foif
J'y ai, même, pris une leçon, une grande
leçon de sagesse que tout le monde, là-bas,
a reçue comme moi, mais que bien peu auront
comprise. La voici : ,
« - Il y avait, en cette ville d'eaux, une
jeune, jolie et très brune artiste, dont le
visage pur avait émerveillé déjà bien des
hommes et troublé bien des cœurs. Elle était,
il y a, peu d'années, venue des pays du Nord
et elle montrait toute la fougue, l'ardeur,
la - flamme des femmes septentrionales lors-
qu'elles se mettent à en avoir. Elle fut, vite,
aimée, admirée et adoptée par le public pari-
sien. et un homme de talent, dont il semblait
que ce fût l'automne apaisé et qu'on croyait
enfin retenu par de graves fonctions, un 'mu-
sicien délicieux et célèbre, s'éprit de cette
brillante et belle artiste : ils s'aimèrent !
« Admirons et craignons les fatalités de
l'amour! Ces artistes — et lui, et elle, sont
de grands artistes — ne seraient pas des
artistes s'ils n'étaient pas sensibles, chan-
geants, désireux des fortes émotions d'amour.
Autour d'eux,' courageusement, on se rési-
gna ! Ils s'aimaient : un théâtre et un foyer
en furent agités un instant — et la vie,
cruelle et inévitatle, reprit.
« Or, dans cette ville d'eaux où les hasards
de l'été l'amenaient, cette belle artiste ren-
contra un autre Parisien, distingué, jeune,
avec ce visage pâle et ce front mélancolique
des rêveurs et des poètes. Et son cœur chan-
gea ! Il changea, parce que changer est la
loi de Thaïs, de Manon, de Carmen, et qu'il
ne faut pas attendre la fidélité du cœur de
ces héroïnes créées pour n'être jamais sem-
blables. On m'assurait qu'à la voir, à pré-
sent, près de ce jeune musicien, elle parais-
sait avoir, pour la première fois, tout le
bonheur du monde. Elle était sincère! Lui,
l'autre, devait souffrir beaucoup. Hélas! la
leçon, d'amour est éternelle, que les grandes
amoureuses, qu'on- aime tant, donnent aux
hommes épris de leurs charmes. Elle devrait
verser la sagesse à l'esprit et l'apaisement
au coeur. Beaucoup ne la comprendront ja-
mais. Et ceux qui, comme moi, la compren-
nent, ne sont que de pauvres et vieux philo-
sophes sans agrément.
« Excusez-moi, je rentre; je vais relire le
chef-d'œuvre du roman moderne, le roman
de la femme que tous les auteurs recommen-
cent toujours : il est de l'abbé Prévost. »
, Akademos.
Billet d'aqe Parisienne
A M. Roger Morinière
Nous avons toutes lu avec intérêt le ré-
cit de votre exploit et il n'a été question
que de vous aujourd'hui, sur la plage. A
l'heure du bain, vous étiez célèbre. Vous
n'avez pas vingt ans, Monsieur, et, si vous
n'avez pas encore la gloire, vous possédez
du moins la belle notoriété ; les feuilles pu-
blient votre portrait.
Pour arriver si vite à un tel résultat, il
vous a suffi de tirer quelques coups de re-
volver sur une femme. C'est fune aventure
banale et, chaque nuit, des rôdeurs bles-
sent leurs amies sans que lies quotidiens
leur consacrent plusieurs colonnes. Ces in-
cidents ne deviennent des événements sen-
sationnels que si l'arme est tenue par une
main mondaine ou dirigée contre une poi-
trine bourgeoise. Je ne veux point vous of-
fenser ; mais vous n'appartenez pas à
l'élite sociale. Vous ne restez pas, en effet,
pendant toute la nuit, dans un cercle, mais
dans un garage. Vous ne retournez pas des
cartes jusqu'à l'aube, mais vous graissez
des automobiles. Il n'y a là rien que de grés
honorable. Cependant cet état, — il faut en
convenir —, ne semblait pas vous desti-
ner à commettre un crime dont on s'entre-
tienne.
Votre habileté, ou plutôt votre bonhoar
fut. .cliP vprspr lp. sang dans un milieu. pitto-
resque et mal famé. Ainsi on ne parle pas
de votre crime : on chuchota. — et c'est
bien mieux. Cette tentative de meurtre
dans une maison de filles oblige les lec-
teurs à imaginer des prisonnières qui sont
peu vêtues. Vous traînez derrière vous des
parfums violents et vulgaires. Automati-
quement notre pitié se déclanche.
Je ne sais si vous avez médité sur ces
heureuses circonstances. Du moins vous ne
vous en vantez point. En examinant votre
image, je ne découvre pas sur votre visage
les traces de .tourments philosophiques.
Vous avez l'air d'un bon jeune homm'e, aux
cheveux bien peignés, au regard franc.
yous semblez l'illustration de vers qu'ins-
pira à François Goppée.le bon ouvrier. Sans
doute vous agez agi naïvement let, vous ai-
miez votre victime, Gilberte Beaumont,
qui, chez M. Georges, s'appelait Suzanne.
Mais elle ne répondait ni à votre passion
ni à vos lettres. Il y a là de quoi irriter un
soupirant. L'imprudente déchaîna tout à
fait votre colère en vous disant :
— Tu sais bien que je ne gobe que les
bruns.
C'est un aveu qu'il ne faut jamais faire
à un blond.
Si vous aviez conservé du calme, vous
auriez reconnu que votre amie reste atta-
chée à la pure tradition.
Dans tous les mélodrames, le sé-
ducteur a des cheveux noirs, une mousta-
che brune et le teint basané. Je confesse
— et je n'écris point ces mots pour vous
faire plaisir -, que nous sommes moins
attirées par ce sombre héros. Il n'a plus la
faveur des mondaines. Elles s'en méfient
depuis que M. Pierre Veber composa cette
exquise nouvelle, l'Aventure, et M. Henry
Bataille ce drame poignant, le Scandale.
Nous nous éloignons du personnage
mystérieux, romantique et sombre, pour
aller vers l'homme sportif, simple et
clair. Nous ne supportons même plus
la barbe qui était, suivant Arnolphe,
la marque de la toute-puissance. C'est la
revanche du blond qui fut trop longtemps
méconnu.
Il est fâcheux, Monsieur, que vous n'ayez
point fait ces. réflexions. Elles vous au-
raient sans doute consolé d'un injuste dé-
dain. Les paroles de Gilberte ou Suzanne
vous auraient seulement fait hausser les
épaules. Vous n'auriez point tiré des coups
de revolver sur elle et, — par surcroît -,
sur quelques pauvres agents. Mais, hélas I
on ne saurait penser à tout !
','>, Clotilde.
■i' AN
La rentrée de M. basies
On pensait que M. Lasies, l'ancien dé-
puté impérialiste .du Gers, s'était retiré
"définitivement Ide la politique. Du
moins, il l'avait annoncé. Qui a bu boi-
ra. Et M. Lasies. a jeté son dévolu sur
(la deuxième circonscription législative
de Laon, laissée vacante par le récent
décès de M. André Castelin.
iM: Lasies, bien qu'il se défende en-
core d'être candidat, a déjà commencé
.sa campagne. Dimanche prochain 11
août, il parlera à Chauny. De sa voix
perçante, avec ces mots à d'emporte-
pièce qui firent son .succès à la Cham-
bre, M. Lasies fera une conférence sur
Ha « Crise politique et sociale ». On
sait ce que ce titre veut dire ; il peut
se traduire ainsi : prenez mon ours !.
Mais M. Lasies n'est pas encore élu.
,La deuxième circonscription de Laon
est républicaine, malgré tout. M. Paul
'Doumer fut élu comme républicain
avancé. Il fut battu dans ila suite parce
que les radicaux se souvenant qu'il s'é-
tait présenté contre le vénérable Henri
Brisson à la présidence de la Chambre,
l'abandonnèrent. M. Gasteilin fut élu
comme républicain démocrate. M. Cas-
telin était un « agricole », qui tapait
sur le ventre des paysans, mais il n'au-
rait jamais passé s'il n'avait eu un
programme foncièrement dévoué à nos
institutions. M. Lasies qui a, certes,
beaucoup de talent, et qui sait employer
Je langage des réunions publiques, ne
pourra pas faire oublier aux républi-
cains de l'Aisne que son nom est une
sorte de pavillon antirépublicain.
Louis --Peltier.
Les abonnements à « Cil Blas » sont
remboursés intégralement par de super-
bes primes..
FRUITS DE SAISON
b'jiôfeI Moderne
-
Dans le bon vieux temps, il arrivait par-
fois que le voyageur descendu dans une au-
berge fût soudain réveillé au milieu de la
nuit par un bruit de gonds rouillés; il ou-f
vrait les yeux, et il voyait avec effroi un trou
noir dans son alcôve, à la place où,, la veille,,
il y avait un mur. ■
Dans ce trou noir, apparaissaient, à lai-
lueur d'une lanterne, des faces grimaçantes
et hideuses, en lesquelles il reconnaissait
l'aubergiste, le fils de l'aubergiste, le garçon
de l'aubergiste, tous trois armés de coutelas^
de haches et de cordes. 1 !
Le voyageur voulait crier, mais qui l'eût
entendu? La lanterne elle-même était sourde.
Le temps de demander grâce à ces brutes
sanguinaires, et il était étranglé, égorgé,
occis, mort.
Les trois assassins prenaient l'argent que
le voyageur portait dans une ceinture; ils
s'emparaient des bijoux; ils brûlaient ses vê*
tements ; ils ensevelissaient son cadavre dans
le jardin de l'auberge; après quoi chacun
allait augmenter le petit magot qu'il possé-
dait à la caisse d'épargne.
Mais le voyageur à qui arrivait cette aven-
ture était l'exception, le guignard, l'homme
qui reçoit une tuile ou un aéroplane sur la
tête.
Les autres voyageurs ne se doutaient même
pas de faccident. On leur confectionnait de
savoureuses omelettes à se pourlécher les ba-
digoinces. On leur fricassait des lapins ou
des oisons à se faire éclater les tripes4 on
leur versait d'un vin pétillant et joyeux qui
leur réjouissait le cœur, et au moment du
départ on leur présentait t.ne note remarqua-
ble par sa modération.
Aujourd'hui, tout est changé.
Il n'y a même plus de punaises dans les
chambres; grâce au Touring Club, les murs
sont passés au ripolin.
Mais les aliments ont l'air d'en être en"
duits aussi.
Et le personnel également.
Et l'addition encore bien davanrage. -
Bref, on ne tue plus un voyageur par
hasard, mais on les écorche tous; et on lès
nourrit si mal que tout le monde regrette
l'époque où il y en avait un seul de sacrifié
de temps à autre.
J'en faisais l'observation à un hôtelier en
demandant pourquoi ceux d'aujourd'hui se
distinguent si fort de leurs pères. Il me ré-
pondit avec un sourire au ripolin :
Leur commerce, à eux. 'durait toute l'an-
née. Nous, il faut que nous fassions notre,
saison en deux mois.
Fancy.
•
UN CENTENAIRE
Krupp
Aujourd'hui de grandes fêtes auront
lieu à Essen, pour la célébration du cen-
tenaire de la fondation des Usines
K:rupp. L'Empereur reviendra tout
exprès de Norvège pour y assister et le
programme que l'on 'publie pour ce
curieux jubilé montre élairement l'im-
portance en quelque sorte symbolique
que l'on attache en Allemagne aux so-
lennités qui se préparent.
Cent ans de succès et de faveur, cent
ans de labeur aussi et d'un (labeur qui
fut toujours intimement ilié aux desti-
nées mêmes de l'AHemaigne, quelle
(histoire intéressante ce siècle doit
constituer. Déjà les premiers essais du
fondateur Frédéric Krupp paraissent'
légendaires, perdus dans un brouil-
lard, si, si lointains ! C'était 'en 18
que l'idée lui vint, à ce Isimplle négo-
ciant, de fonder « une fabrique pour
l'appropriation de l'acier anglais et de
tous objets en acier anglais », disent
des premiers statuts. Peu de mois
iaprès que Frédéric Krupp eut soumis
cette idée à ses bailleurs de fonds, la
fabrique en question commença de
s'élever à Essen. Que ces bâtiments
étaient modestes ; tout comme les am-
bitions premières du premier Krupp.
Un fils lui naît et c'est ce fils, Alfred,
qui sera le génie de la 'famille et qui
portera les noms des Krupp et de leurs
canons aux quatre icoins. de l'univers.
Sous 'la poigne de fer et même d'a-
cier anglais d'Alfred Krupp, la firme
s'agrandit. Elle a peine à fournir as-
sez de canons, assez de ifusHs, assez de
balles au ministère de la guerre prus-
sien, qui en réclame incessamment.
(Les ateliers sont abattus, puis recons-
truits plusieurs 'fois, et chaque fois les
derniers perfectionnements de la scien-
ce de la fonderie sont appropriés efc
utilisés. La renommée. dépasse les
frontières de la Prusse, puis cel.'les de
(l'Allemagne unifiée et après 1870, l'u-
nivers reconnaît que les victoires alle-
mandes, Sadowa et Sedan, sont l'œu-
vre d'un * grand chancelier et d'un
grand industriel. Et encore, Krupp
eût pu se passer à la rigueur de Bis-
marck, car ses canons avaient bien
leur éloquence, maudite mais péremp-
toire. Mais que fut devenue .l'œuvre de
Bismarck sans la collaboration id 'AJ..
fred Krupp ? On le comprend bien en
Allemagne, et c'est pourquoi le nom
d'Alfred Krupp est considéré comme
celui d'un héros véritablement natio-
nail ; et c'est pourquoi on fête mainte-
nant non pas le centenaire de la fonda-*
tion .timide de Frédéric, mais celui de
la naissance du véritable créateur des
usines colossasles Id'Essen.
Les choses n'allèrent pas sans diffi-
cUlltés, dans les premières années et en
1&48, .loflsqu'A:lfre-d Krupp reprit à lui
seul la direction, de la firme — 36 ans
après la fondation — les ateliers ne
comptaient encore que 70 ouvriers.-
Mais le grand homme croyait au suc-
Icès de l'entreprise et lorsqu'il mourut
il .laissa à son fils, Frédéric Alfred,,
une maison prospère et mise en bonne
yoie. Aujourd'hui, e¡},;e appartient en-
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