Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-07-01
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 juillet 1912 01 juillet 1912
Description : 1912/07/01 (N12921,A34). 1912/07/01 (N12921,A34).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/10/2012
f 1
ANNEE. - NUMERO 12,921.
LE NUMÉRO 10 CENTIMES
LUNDI 1" JUILLET 1912.
Pierre MORTIER
Directeur
RÉDACTION-ADMINISTRATION
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PARIS (2* Arr.)
TÉLÉPHONE
Direction, Administration, Rédaction. 266.01
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Pierre MORTIER
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de France et d'Algérie
SOMMAIRE :
PARMI LES HOMMES : M. Léon Bérard, par
Ernest-Citarles,
LA PREMIÈRE MOFETTE, par Verneuil.•
LE GRAND PRIX, ^AR Swing.
DEVANT LE TOMBEAI)-. DE J.-J. ROUSSEAU AU
PANTHÉON, par Emile Deflitz.
Lts FÊTES DE HOCHE A VERSAILLES, par
Louis Peltier.
L'ASSISTANCE A LONGCHAMP, par Gabriel de
2~~&~ -~'
L'UNIVERSITÉ, par Guy PéTolt.
LE CONTE : La preuve, par André Salmon.
LA GALERIE : Une femme sûre, par Henri
Lavedati.
LE DESSIN : Combinaison, par Max Aghion.
LES LETTRES : Le prince des poètes, par
René Blum et André du Fresnois.
LES ARTS : A la Triennale, par Louis Vaux-
celles.
LE THÉÂTRE : Le Conservatoire, ou l'Espé-
rance en 1912, par Georges Pioch. — La
matinée de gala de l'Association des Ar-
tistes dramatiques, par Fernand Lamy.
LES SPORTS : Le Tour de France, par Ed.
Pontié.
LE FEUILLETON : Bellamy le Magnifique,
par Roy Horninian (adaptation de Mme
Th. Berton).
Parmi les hommes
M. Léon Bérard
Nous l'aitenldioins I -.
Depuis plusieurs années les person-
Des qui se préoccupent encore de la, Vile
•politique et de ses plaisantes compli-
cations se disaient avec une sorte d'in-
quiétude : « Mais enfin iJ nous manque
quelque cihose H. Quelque dhose ou
quoiqu'un, quoi- exactement ? ou qua
précisément ? Elles ne le savaient pas,
alors ; elles ne le savent peut-être mê-
me pas aujourd'hui. Eth bien voilà !
c'était- M. Léon Bérard qui leur man-
quait ! "<' <"~ -~
La fortune est enviable et dangereu-
se pour un homme qui a des idées et
de l'esprit, d'être un espoir de la Répu
iblique. 1'.1. Léon Bérard était l'espoir de
la République. D'ailleurs, il l'est tou-
jours. Je suppose que maintenant il le
restera toute sa vie. Et ce sera justice.
Donc M. Léon Bérand se trouvait avo-
cat inscrit au barreau de Paris ; cela
4e désignait in contes t.ab lament à repré-
senter "un jour une bonne circonscrip-
tion provinciale à la Chambre des dé-
putés. Et ce qui devait arriver arriva.
Avocat comme tout le monde, M. Léon
Bérard devint secrétaire de la confé-
rence des avocats, comme tous les
avocats. Et il choisit M. Raymond Poîn-
caré pour son maître à moins que M.
Raymond Poincaré ne choisît M. Léon
Bérard pour son disciple. Excellent
choix et qui s'imposait. M. Léon Bé-
rard en est telleiment coTlivaincu que,
devenu ministre des Beaux-Arts, il s'af-
lirme plus que jamais disciple de son
maître. Il aime trop M. Raymond Poin-
caré pour prétendre jamais nous le fai-
re oublier : son ambition serait au con-
tra ire de nous faire toujours penser à
lui. Les collègues et les confrères de M.
Léon Bérard savent d'adiïïeurs que ce-
lui-ci triomphe dans l'art d!éJl'ilcie.ux des
imitations. Mais je vous prie de croire
qu'on ne triomphe jamais dams cet art
sans posséder soi-même une certaine
originalité..
*
*
Il y a encore des Pyrénées, et c'est
un département des Pyrénées qui en-
voya M. Léon Bérard au Palais-Bour-
bon. Tout de suite il apparut que ce
jeune représentant du peuple devait se
distinguer de la foule des politiciens.
On l'aida à se distinguer. M. Léon Bé.
iard fut convié immédiatement à ap-
prendre aux adhérents estimés de l'Al-
liance démocratique ce qu'ils pensaient.
Les estimés adhérents de l'Alliance dé-
mocratique furent enchantés et ravis de
penser de si belles choses et de les pen-
ser-si éloquemment. Dès lors, M. Léon
Gérard'" pouvait se taire et demeurer
dans l'inaction toute sa vie durant ; il
n'en était pas moins l'orateur et l'hom-
me d'Etat de demain.
Mais voici que monté sur le faîte il
acpire à descendre. L'orateur, l'hom-
,he d'Etat de demain, devient sous-se-
crétaire d'Etat, des Beaux-Arts. L'espoir
de la République est le successeur de
M. Dujardin-Beaumetz 1
En somme, les fondions de sous-
secrétaire d'Etat des Beaux-Arts consis-
tent à distribuer un peu d'argent à des
,i,list,es qui en voudraient davantage, à
prononcer des discours devant des au-
ditoires qui ne tiennent pas particuliè-
rement à les entendre, à exprimer sur
les arts d'agrément intellectuel et es-
thétique des opinions prudentes et pro-
visoires, à inaugurer des: statues infé-
rieures et des fontaines subalternes, à
ne point offusquer dans tous .les cas le
ministre de l'Instruction publique dont
le sous-secrétaire des Beaux-Arts est
pour ainsi dire le reflet. Le sous-secré-
taire des Bjeaux-Arts doit se résigner à
n'être que le second dans tous les gen-
res. Cette aventure est déjà arrivée à
Voltaire, paraît-il, et cela lui a réussi
on ne peut mieux.
M. Léon Bérard, dans ces circonstan-
ces difficiles, a aussitôt entrepris d'être
sous-secrétaire des Beaux-Arts avec une
aimable autorité et un éclat souriant.
Et dans des fonctions qui n'exigent pas
de qui les remplit une forte personna-
lité il s'est délibérément amusé à affir-
mer la sienne qui sera peut-être forte,
qui du moins, est singulièrement élé-
gante.
Afin d'inspirer une confiance abso-
t~
lue à ses subordonnés il leur déclara
sans retard qu'il entendait diriger les
arts avec incompétence. On jugea que
l'incompétence de M. Léon Bérard se-
rait moins dangereuse que la compé-
tence du loyal Dujardin-Beaumetz.
Au surplus, M. Léon Bérard se van-
tait. Dès le lendemain, on vit que l'in-
compétence de M. Léon Bérard était de
celles à quoi nul ne peut se fier et que
ce jeune ministre était, au contraire,
informé de tout ce qui concernait son
département ministériel et des environs,
qu'il avait l'intelligence nette et péné-
trante, le sens de l'administration,
beaucoup de finesse — et du goût : ce
qui ne gâte rien, comme on disait ja-
dis, et qu'il était homme à faire très
bien la différence entre un bon artiste
el, un artiste mauvais, à préférer le pre-
mier au second, et, bien entendu, à sou-
tenir le second, ou même fle premier
dans l'intérêt supérieur de la Républi-
que et de la démocratie. Bref, M. Léon
Bérard fut considéré, dès ses débuts,
comme un sous-secrétaire des Beaux-
Arts très sérieux et très raisonnable,
qui ne pousserait pas l'impertinence
jusqu'à susciter, en peinture ou en
sculpture, quelqu un de ces écoles nou-
velles dont le besoin se fait si vivement
sentir, mais qui administrerait ce qu'il
était chargé d'administrer avec sagesse,
avec méthode, avec talent, avec une im-
perturbable ironie.
Et il manifesta de la manière la plus
heureuse un scepticisme très actif, une
très diligente littérature. 0 souvenirs de
Raymond Poincaré ! M. Léon Bérard
trahit son scepticisme par son affecta-
tion même d'avoir l'air de s'intéresser
à tout — à tout ce qui le concerne, na-
turellement. Il donne avec une grafité
charmante son opinion sur les concours,
du Conservatoire. Comme ces concours
avaient lieu jadis devant les foules, M.
Léon Bérard se demande s'ils ne de-
vraient pas avoir lieu désormais à huis
clos ; et il conclut nonchalamment que
cela n'est pas possible, car il faut bien
que quelques personnes encore puis-
sent y assister qui n'ont aucun droit
d'y être. Et puis, « il m'en coûtait d'op-
poser un refus définitif aux habitués
de ces spectac.les, notamment à mes
collègues du Parlement 1 (sic). Au
moins, voilà une opinion précise, sin-
cère, révélant un ministre plein de
tact et qui fait ce qu'il faut, mais qui
n'est point dupe ni de ce qu'il fait ni
de ce qu'il faut faire, et on éprouve une
grande joie à voir au gouvernement un
homme qui sache se moquer aussi spi-
rituellement du monde.
Au reste, le scepticisme intelligent,
narquois et documenté de M. Léon
Bérard a des occasions plus retentis-
santes de se répandre, et là se mar-
que l'aisance parfaite — parce qu'elle
est tout à la fois naturelle et apprise -
d'un homme qui n'affecte pas d'être su-
périeur à sa tâche, mais qui tient à lais-
ser comprendre qu'il n'est point acca-
blé par elle.
S'il préside la distribution des prix
du Salon, il proclame que cette distri-
bution des prix n'est pas un vain badi-
nage, que ces prix permettent d'encou-
rager des jeunes gens qui seront peut-
être de vrais artistes ou de braves bour-
geois ou .des époux dévoues, que, puis-
que l'Etat a de l'argent, il ne peut mieux
faire que de le dépenser ; qu'enfin l'é-
clectisme est une doctrine extrêmement
commode et que l'art républicain doit
se développer dans la liberté. Et tout
cela est dit joliment, avec autorité et
avec abandon. Si les artistes ont des
âmes simples, quel trouble, mais quel
trouble charmant M. Léon Bérard doit
jeter en eUes ! Et comme il s'impose à
ses auditeurs en les caressant, et com-
me il les domine avec toutes les appa-
rences de se subordonner à eux !. Et
.maintenant M. Léon Bérard célèbre
Jean-Jacques Rousseau. Il est là entre
le prince Léon Radziwill, libéral et let-
tré, et le député Chopinet, penseur li-
bre. Et il dit les chênes qui grondent
dans les forêts profondes sous le souffle
de Hugo ; les ondes des lacs qui mur-
murent .dans les hymnes de Lamartine,
le saule et le tremble qui font retentir
de leurs gémissements les nuits pas-
sionnées de Alusset, et il semble dire
toutes ces choses exquises pour le dé-
puté Chopinet. Après quoi, il s'arra-
che aux délices d'Ermenonville pour
s'en aller .fêter le patronage laïque de
Charenton. Les échos de la banlieue
nous répètent que M. Léon Bérard a
prononcé, à la fête du patronage :laïque
de Charenton, un discours admirable.
En effet, M. Léon Bérard est très élo-
quent. Aurons-nous jamais un homme
d'Etat qui ne soit pas éloquent ! Et son
éloquence m'émerveilla parce qu'elle
est aussi appliquée que spontanée, et
qu'elle n'est pas moins apprêtée qu'ins-
tinctive ! M. Léon Bérard est un véri-
table orateur à la voix prenante, un
orateur ferme, vibrant, discipliné pour-
tant et harmonieux. Et il met dans ses
discours toute la littérature imagina-
ble. 0 littérature, ô scepticisme, ô
souvenirs de Raymond Poincaré !
- Ainsi, M. Léon Bérard est un homme
d'Etat de demain et même d'aujour-
d'hui. Esprit large, riche d'une culture
solide et brillante, et qui n'est pas.
Dieu merci, exclusivement - littéraire,
doué de dons variés, et souple en ses
aptitudes, enclin aux idées générales,
sensé néanmoins et pratique, laborieux
s'il le faut, aimé de ses adversaires s'il
en a ; estimé même de ses amis, et il
en a beaucoup, la République compte
sur M. Léon Bérard. Et nous nous
comptons sur la République ! Qu'est-ce
que nous ferions d'ailleurs si nous ne
comptions pas sur la République !
J. Ernest-Charles.
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intégralement remboursés par de su-
perbes primes. ï*.* e
Echos
Les courses.
AUTEUIL, lundi 1er 'juzlld,; 2 2 Heure3
Pronostics de Gil Blas t
Prix Grandlieu. - Le Nègre, Thulé.
Prix de la Gibauderie. —■ Choléra,. Bo-
hême Il.
Prix de Meudon.- Galathes, F austine 11.
Prix Sagan. — Va Tout, Port au Prince.
Prix Aquilon.- Picarra;, Or du Rhin 111 *
Prix des Veneurs., ""- Pinna Kenx Fitz
Ronald. *
►.-•r X —1 il
Hier, dimanche,,.
Matinée incertaine et après-midi clétesta-
ble. Le Grand Prix fut gâté par les averses,
qui ne cessèrent à partir de 3 heures. Et Je
retour de Longchamp, d'ordinaire si ani-
mé, n'avait attiré que de rares curieux. La
journée de l'élégance fut manquée.
La soirée fut assez triste. Les théâtres fi-
rent de belles recettes. Et c'est toujours quel-
que chose.:
- x
En campagne.
Nous avons dit, hier, que la candidature
du général Lyautey à l'Académie française
recevait un excellent accueil. Il est vrai que
le conquérant du Maroc est sympathique aux
immortels et qu'ils souhaitent un jour, l'éli-
re. Mais le fauteuil d'Henry Houssaye fut
déjà disputé, une première fois, par de
brillants candidats qui avaient pris .position
et rallié, chacun, de chaleureux partisans.
L'arrivée d'un nouveau postulant, qui appa-
raît alors que les positions étaient prises,
est-elle conforme aux traditions de l'Acadé-
mie ? Et ne serait-il pas sage de liquider
da question et de choisir le successeur d'Hen-
ry Houssaye parmi les très remarquables
écrivains qui ont tenté la première consulta-
tion ? On sait que M. Adolphe Brisson ob-
tînt les suffrages les plus flatteurs, ainsi que
M. André Hallays et M. de Nolhac. Pour-
quoi, disent leurs amis, ne pas leur laisser
le fruit de Jeur précédente campagne 1? Il
rèsterait au général Lyautey à assurer celle
du Maroc. Ce serait déjà fort absorbant.,
-x-
Les amis de Jean-Jacques.
Nos députés et nos sénateurs sont fort
mécontents. On les avait conviés à se rendre
au Panthéon, en l'honneur de J.-J. Rous-
seau, à huit heures et demie! Quelle folie I
Et faut-il que le protocole ait une profonde
méconnaissance de la vie moderne et de ses
exigences pour croire qu'il est agréable de
se lever à sept heures, même pour aller ho-
norer Jean-Jacques!
Le résultat fut que la plupart des sièges
réservés aux membres du ParJement demeu-
rèrent vides, hier matin, au Panthéon. Un
peu indifférents à ces solennités froides, les
titulaires restèrent chez eux, dans leur lit,
sagement. Ce n'était pas très républicain,
mais c'était fort agréable.
- X7"
L'heureuse option.
M. Roland Knœdler, qui acquit si cher
la Salomé, avait fait savoir qu'il tenait
l'œuvre à la disposition du Louvre, de son
Musée et de ses amis, jusqu'au 1er juillet,
au prix coûtant. Tant de générosité n'a ému
ni l'Etat, ni les amis du Louvre, qui trou-
vent inutile de racheter cette œuvre quatre à
cinq fois sa valeur. Et ils n'ont pas marché
et le Louvre a retiré sa souscription de
200.000 francs.
On pensait donc que la combinaison était
abandonnée.
Et voici que, de plus en plus généreux, M.
Knœdler annonce qu'il prolonge le délai
et tiendra I'oeuvie à la disposition du Musée
jusqu'à. la fin de l'année. Ce généreux
amateur est trop bon. Ii nous comble. Il
veut quand même que nous rachetions la
Salomé contre tout bons sens, et cela parce-
qu'il a eu lui-même l'imprudence de la
pousser à un prix fabuleux. Mais il aura
beau reculer l'échéance de sa touchante op-
tion : il a acquis la Salomé y qu'il la garde,
- X-.
Toujours elle.
Alors, le bruit se confirme. La Joconde
n'aurait pas quitté Paris, peut-être pas
même le Louvre, ce qui donnerait* raison à
l'opinion qu'émettait ici, après enquête, no-
tre excellent collaborateur Georges-Michel.
On prononce toujours les mêmes noms,
d'ailleurs. Celui d'un photographe, celui
surtout du fils d'un des conservateurs. Mais
on ne dit plus que celui-ci aurait subtilisé la
Joconde pour payer ses dettes, mais simple-
ment pour faire une farce1 une mauvaise
farce.
Allons, allons. nous la reverrons
La bergerie des P. T. T.
On n'a pas oublié que Mlle Sylviac, la
charmante artiste parisienne, eut, jadis, quel-
ques démêlés retentissants avec l'administra-
tion des P.. T. T. et fut accusée d'avoir
traité de « vachère » une des demoiselles pré-
posées à sa communication téléphonique.
Les mois ont passé. Et, aujourd'hui que
la paix est faite, Mlle Sylviac est au mieux
avec ses correspondantes, qui échangent avec
elle les plus aimables propos. ? Les jeunes
filles, d'ailleurs, passent, se succèdent dans
le poste qui dessert cette difficile abonnée,
et c'est ainsi que, depuis son incident, Mlle
Sylviac a eu pour lui répondre quatre jeunes
filles charmantes et pleines d'empressement.
C'étaienf Mlles Métayer, Le Berget, Le-
loup et Bouvier. Vous voyez qu'il y avait
là toute une ménagerie par laquelle l'admi-
nistration bienveillante flattait le goût de sa
cliente pour les choses de la ferme.
— x —«
La main passe.
M. Gustave Lanson, qui est professeur de
littérature française à la Sorbonne, com-
mence aujourd'hui, dans le Matin, la criti-
que des livres. C'est un homme fort érudit,
dont lés cours sont recherchés et qui a publié
une Histoire de la littérature française un
peu lourde, mais savante et consciencieuse.
Il honorera la critique littéarire, qui est sou-
vent tenue par des censeurs trop improvisés.
En cette place difficile1 M. Gustave Lan-
•A
son remplace M. J.-J. Brousson, qui s'était
fait remarquer, durant l'année où il critiqua
la production littéraire, par une acidité, une
indépendance, une vivacité de jugement que,
sans doute, le sage et sorbonnien M. Lan-
son remplacera, par une gravité plus docto-
rale.
Ecoutons M. Prudhomme.
Depuis Henri Monnier, M. Prudliomme
n'a pas déchu. Voici quelques-unes de ses
« perles » pêchées ça et aà dans des jour-
naux de province i
.(A propos du sectionnement d'une ville
en cantons)..
La question n'est pas là, elle est ailleurs
et tous les efforts des Alcibiades sectionneurs,
sectionnant Sa queue de leur chien pour em-
plir l'air de ses cris, ne nous en feront point
sortir.
La musique se faisait entendre aussi bien
aux oreilles des assistants que des danseurs.
A cette fête assistait M. L., aussi ingé-
nieur que présent.
L'année nouvelle se présente beaucoup
plus gaillardement. Dans les 343 communes
de notre département, 120.000 électeurs vont
être secoués de leur apathie civique et, à dé-
faut de la neige des cieux, une pluie blan-
'ohe de bulletins de vote tombera drue et ser-
rée, faisant émerger des urnes tous les petits
potins de clocher, toutes les petites palino-
dies anciennes dont il faut bien rendre comp-
te au jour du jugement dernier de l'électeur.
Sachez, Monsieur, cuç mon indépendance
n'a pas de collier et ne porte pas de reli-
ques.
M. Prudhomme se croit plus indépendant
que l'âne du bon La Fontaine. Mais à quoi
bon commenter L?.
MEDAILLON
Mlle Colonna-Romano
Une sympathique, une modeste. Des yeux
de saphir liquide, un teint chaud de pêche
dorée par le soleil, l'air d'un keepsake avec
un je ne sais quoi de Plus vivant que ceux
affectionnés par les Anglais. Le regard net
d'une qui sait où elle va et qui veut y aller
sans détours. Aurait pu se contenter d'être
une très jolie femmej a désiré être une ar-
tiste — une vraie.
Mlle Colonna-Romand, la Benjamine de
la .comédie.Frallçaise, ayant crânement en-
levé, dans Phèdre, son premier prix au Con-
servatoire, a dû, comme il convient, faire son
stage au second Théâtre-Français avant
d'entrer au premier — le Purgatoire avant
le Paradis. Elle suit la même voie que Mlle
Piérat, aux côtés de laquelle la voici ins-
tallée désormais.
A l'Odéon, Mlle Colonna a fait son petit
bonhomme de chemin sans rechercher le
bruit, jouant tout ce qu'Antoine a bien vou-
lu lui donner à jouer dans le classique et
dans le moderne. En dernier lieu nous l'a-
vons applaudie dans le Florentin, où elle fut
charmante, et dans Alcmène d'Amphitryon
qu'on ne saurait incarner avec plus de char-
me. particulier -- la nouvelle pension-
Signe particulier : la nouvelle pension-
naire de Jules Claretie a une voix d'or qui
fera merveille dans la Maison de Moliè-
re. — A.
X-
L'A. F.
MM. G.-A. de Caillavet et Robert de
Fiers ont adressé la lettre suivante à M.
Thureau-Dangin, secrétaire perpétuel de
l'Académie française 1
Paris, le 28 juin 1912.
Monsieur le secrétaire perpétuel,
L'Académie française, dans sa séance de
jeudi dernier, a bien voulu attribuer le Prix
Toirac à notre comédie du Théâtre-Français,
Primerose. Cet honneur, qui nous est décer-
né pour la seconde fois, nous a flattés au-
tant qu'il nous a surpris, car, ne l'ayant sol-
licité en aucune manière, nous ne pouvions
penser qu'il nous serait accordé.
En exprimant à l'Académie française l'ex-
pression de notre respectueuse et profonde
reconnaissance, nous vous prions, Monsieur
le secrétaire perpétuel, de bien vouloir ver-
ser, en notre nom, une somme de 2.000 francs
au fonds de secours destiné à venir .en aide
aux écrivains malheureux.
Daignez agréer, Monsieur le secrétaire
perpétuel, l'assurance de notre haute consi-
dération..
ROBERT DE FLERS,
G.-A. DE CAILLAVET.
Il est exact que la surprise des deux au-
teurs de Primerose a été grande.Ils n'atten-
daient pas le Prix Toirac et ne le désiraient
pas. C'est un cas fort rare, que celui-ci : des
auteurs qui ne souhaitent pas un prix ! Alors.
ceux-ci tiennent avec raison Je succès public
pour suffisant,et ils veulent laisser à d'autres,
plus jeunes, le bénéfice moral et matériel
de tels encouragements.
Pourquoi l'Académie française a t-elle
donc récompensé des auteurs heureux, ,qui
ne désiraient rien et n'attendaient rien ? On
raconte, tout bas, que l'Académie a beau-
coup d'amitié pour MM. Robert de Flers
et de Caillavet, et qu'elle veut la leur té-
moigner, d'autant que l'annonce de l'A. F.,
moig nqeru, 'ils ont écrite, où l'Académie sera mi-
pièce
se en cause, les inquiète. Elle tient à assurer
à ces spirituels auteurs qu'ils n'ont pas de
plus sûrs admirateurs et qu'il serait injuste
que leur satire l'oublie.
Voilà ce qu'on raconte. Mais chacun sait
que ce seraient là vaines avances. MM. Ro-
bert de Flers et G.-A. de Caillavet ont leur
place marquée à l'Académie, comme Meilhac
et Halévy : ils n'en diront pas de mal!
-x-
Apologie de l'électeur.
Le maire radical d'une petite commune
de l'arrondissement de Gien prononçait ré-
cemment un discours sur la tombe d'un de
ses électeurs. Voici les principaux passages
de cette oraison funèbre qui mérite de pas-
ser à la postérité :
Souffrant depuis quelques mois d'un mal
qui augmentait tous les jours, Hippolyte-
Célestin Vatère a succombé à une péritonite
aiguë.
Nous ne nous rappelons pas sans tristesse
que cet excellent et ferme républicain a tenu
à accomplir jusqu'au bout son devoir de ci-
toyen. C'est par fidélité à ce devoir que, di-
manche dernier, il suppliait ses enfants de le
conduire une dernière fois au bureau de vo-
tA. comme s'il avait -eu le pressentiment que
sa voix ferait passer deux des nôtres et nous
éviterait le ballottage.
Au nom du comité républicain de Gien,
nous apportbns notre salut fraternel à ce
brave, mort en quelque sorte au champ d'hon-
neur.
Mon cher Hippolyte Vatère, loyal soldat de
la République, tu as combattu courageuse-
ment jusqu'au bout, tu as souffert pour une
noble cause. Ton souvenir reste profondé-
ment gravé dans nos cœurs et toute la com-
mune jure sur ta tombe son attachement à
la République.
Il serait superflu d'affirmer l'authentici-
té de ce discours. Pour forger un texte sem-
blable, il faudrait Flaubert !.*»
-)(-
La campagne ne se comprend pas
Sans les sièges en rotin souple conforta-
bles et solides de chez Perret Vibert, 33,
rue du 4 septembre (Opéra).,
-x-
Nouvelle à la main.
Klauss disait hier Í
- J'avais très faim, à Dieppe: j'ai vou-
lu manger un morceau de Carpe. entier.
Le Diable boiteux.
.—— ——— ——————
UNE DATE DANS L'AVIATION
LB PBEMIÈBE JlODETTE
Pour la première fois, une femme
a volé hier sur un hydro-
aéroplane
Tandis que, sur le champ de courses de
Longchamp, se courait le Grand Prix des
chevaux et qu'au Vélodrome de Vincennes
les bicyclistes notoires pédalaient terrible-
ment pour gagner celui de la Ville, nous
eûmes, à Enghien, une fête sportive très
« nouveau jeu ».
Mlle Hélène Dutrieu, recordwoman pour
l'aviation, montait pour la première fois
en hydro-aéroplane.
On nous dit qu'il y avait foule au Bois
de Boulogne et à l'autre Bois, plus popu-
laire. Tout Paris n'était pas cependant à
l'hippisme et au cyclisme, puisque vingt
mille assistants, de trois heures à sept
heures, se pressèrent aux abords du célèbre
lac.
Journée de pluie, néanmoins. Stoïques
sous leurs parapluies, les amateurs de
prouesses attendirent que le ciel s'apaisât.
Il s'apaisa. Vers six heures, une éclaircie
fit l'atmosphère sereine et légère : le « vol »
put avoir lieu.
Nos lecteurs ne détestent pas que nous
les menions dans les coulisses. Et c'étaient
de véritables coulisses que ce hangar de
toiles, édifié dans l'île des Cygnes, île fleu-
rie de géraniums-lierres et d'hortensias.
Le biplan Farman, frémissant comme un
pur-sang, est prêt à s'échapper. Comme
il est joli et pittoresque, avec ses voiles
blanches, solides, et ce moteur Gnôme éner-
gique, brillant, tout d'acier et de cuivre,
oiseau gigantesque et qui parait vivre !.
Comme il faut admirer Farman d'avoir doté
l'aviation d'un tel engin !
Mlle Hélène Dutrieu était là, dès le ma-
tin. Elle a surveillé elle-même tous les pré-
paratifs et elle guette les nuages. La pluie
tombe, inexorable. Que faire ? Et l'avia-
trice se lamente. Tout le monde est venu
pour elle et elle,&e veut pas faire défaut.
Elle semblé implorer le bon Dieu. Et
les. gouttes, larges, innombrables, sans
l'écouter, viennent rider le lac. Voici M.
Anzani, le fabricant de moteurs, qui, avec
son accent charmant de latin, s'écrie : « La
plouie. elle va finir. ». L'italien a des af-
finités avec Dieu. La pluie cesse immédia-
tement.
Un des meilleurs pilotes de la maison
Farman arrive à son tour. C'est M. Che-
villard, un maître. Il n'est jamais monté en
hydro-aéroplane :
— Laissez-moi, je vous en prie, je vais
essayer l'appareil.
Mlle Dutrieu accepte avec empressement.
Un coup de canon tonne. Le grand oiseau
glisse sur l'eau du lac, et bientôt s'envole.
Il évolue au-dessus du lac avec toutes les
grâces d'un être ailé.-Il va, vient, monte,
descend, revient et reprend, sur. l'eau, son
sillon de nageur. Que d'acclamations !.
Que de bravos.
C'est le tour de Mlle Dutrieu. On remet
de l'essence dans le réservoir. Et l'avia-
trice, avec un sourire charmant :
— Je vais me déguiser en homme !
Elle revêt un costume de toile grossière.
un bonnet de laine, une ceinture. Et la
voici. Elle va grimper sur son siège. Nous
l'approchons : « Etes-vous bien ?. n,
— Oui, très bien, mais vous savez, c'est
la première fois que je monte en hydro-
aéroplane !. Vais-je bien décoller ?.
— Pourquoi pas ?.
Toute frémissante, Mlle Hélène Dutrieu
est un peu pèle.
Et ce frémissement qui l'agite est, pour
nous, profane, plus émouvant que de la
témérité irréfléchie. Vaincre sa fièvre et
son appréhension, n'est-ce pas la plus belle
manifestation du courage ?
La voici assise devant les ailes. Le mo-
teur est mis en route. C'est un ronflement
formidable. L'appareil glisse dans l'eau,
rebondit, et nage. De toutes parts, les
vingt mille spectateurs poussent des cris et
des vivats. Le Farman s'élève dans les
airs ; Mlle Hélène Dutrieu prend un virage.,
domine Saint-Gratien dont elle fait le tour,
gagne Epinay et réapparaît sur le lac où
elle atterrit. Atterrit ? Quel langage !.
Atterrir sur l'eau !. Et vous imaginez
les bravos délirants !. Lorsqu'elle rentre
au hangar, toutes les mains se tendent vers
la triomphatrice. De belles jeunes femmes
s'avancent :
— Comme vous êtes brave t.. Oh 1 que
je voudrais être à votre place !.
Mlle Hélène Dutrieu se sauve et s'enfer-
me pour enlever son suroit. Dix minutes
après, avec son chapeau de plumes et son
manteau, elle avait l'air d'une promeneuse
qui, le dimanche, vient se reposer un petit
peu, à la campagne, des soucis féminins
qui accablent les Parisiennes.
Yerneull.
A LONGCHAMP
Le Grand Prix
On vous racontera, dans les journaux, que
c'est un cheval de M. Achille Fould, Houli,
qui a gagné hier le Grand Prix de Paris.
On vous trompe! Ce n'est pas ce cheval qui
a été le bénéficiaire de cette fructueuse
journée : c'est le couturier. Il a ga,
gné on ne sait, on ne saura jamais com-
bien. Le montant du Grand Prix est de
300.000 francs, mais le couturier a gagné
bien davantage!
Toutes les jolies femmes de Paris avaient
commandé à l'heureux couturier une ro-
be de circonstance. Et, malgré Je temps
incertain, ayant acquis chèrement de
fragiles ou somptueux chiffons, elles tin-
rent à les montrer ainsi qu'il était convena-
ble. Vainenifent un époux défiant ou un
amant averti leur avait dit : « Prends gar-
de ! Il va pleuvoir et tu vas saccager ta mer-
veille de robe et ton coûteux chapeau ! »
Mais un époux, pas plus qu'un amant,
n'empêchent une femme jolie, encore moins
une femme laide, de revêtir les fantaisies
vestimentaires, longuement préparées, ar-
demment désirées, que leur seul seigneur et
maître, M. le couturier, ordonna pour leur
beauté.
Elles ont donc, toutes, revêtu leurs exqui-
ses toilettes. Et le Pesage de Longchamp
était, vers trois heures, parfaitement réjoui
des couleurs les plus chatoyantes : toutes les
teintes, toutes les formes, s'harmonisaient en
une sorte de parterre fleuri et mouvant pour
le plus grand attrait des yeux. Il y avait des
'Anglais, beaucoup d'Anglais, et même des
Anglaises fort agréables. Il suffisait d'aller
hier à Longchamp pour reconnaître l'absur-
dité de cette réputation qu'ont faite des
femmes jalouses aux Anglaises de n'être
.point jolies. Il y en avait, hier, de ravis-
santes et habillées du goût le meiljeur et le
plus sûr. On y entendait, en vérité, parler
beaucoup plus la langue de Byron que celle
de Voltaire, et jamais, disent les statisti-
ciens compétents, il n'y eut autant d'insu-
laires qui passèrent le détroit.
Longchamp, d'ordinaire si gracieux, à l'ho-
rizon tendre, que les frondaisons légères bar-
rent d'un côté, que bornent, de l'autre, les
collines verdoyantes, Longchamp n'avait "*
certes pas son harmonie coutumière. L'air
était brouillé, le lointain brumeux. Le so-
leil manquait à cette fête d'élégance, avec
son indispensable cortège de lumière et de
gaîté. Longchamp sans soleil, ce n'est plus
Longchamp ! Le début de la réunion fut donc
assez triste, en dépit de tant de jolies et sé-
duisantes choses. Mais, soudain, tandis que
se préparait la grande épreuve; l'averse me-
naçante se précipita. Ce fut le triomphe des
parapluies. Ceux qui n'avaient pas craint de
se munir de ce ridicule engin, transformè-
rent en une minute, pelouse et pesage, en
une immense champignonnière. Et la pluie
ne cessa dé tomber cependant que les vail-
lants petits chevaux couraient, que personne,
ne vit parmi l'embarras des parapluies ruis-
selants ! Tapis comme des oiseaux sous
l'ondée, les spectateurs maudissaient une
telle aventure et les jeunes fommes pleu-
raient les toilettes perdues.
Le champ de courses n'était bientôt qu'une
mare. Chacun songeait à se sauver, à retrou-
ver sa voiture, et M. Fallières fut fort dé-
daigné. On savait qu'il était là. On avait
entendu l'appel des clairons et le roulement
des tambours marquant son arrivée, et peu
après la course accomplie, il s'en allait en
hâte. Chacun voulait en faire autant. Mais
chacun n'avait pas sa voiture gardée par la
police et qu'appelait, au bord de la tribune,
des gardiens avisés. Le départ du champ de
courses fut donc une débâcle parmi les fla:-
ques d'eau, sous l'averse persistante. Aux
portes de l'hippodrome, pendant une heure,
on vit de jeunes et charmantes femmes,
jupes retroussées, des messieurs en jaquette
et en gibus sautillant dans les flaques
boueuses, en quête d'un cocher. Et les co-
chers demandaient 20 francs pour rentrer à
l'Etoile. Ils s'amusaient beaucoup, les co-
chers, et faisaient des affaires d'or. Ils fu-
rent, aussi, parmi les vainqueurs de cette
journée de plaisir. A la porte de l'hippo-
drome, parmi les derniers véhicules de la
fête, une somptueuse limousine passa. Un
homme à la barbe grise, figure épanouie, ;
considérait à travers la vitre le désastre des
élégantes éclaboussées et pitoyables :
— Allons, fit-il en souriant, la journée est
excellente !
C'était le couturier.. t.
Swing.
Denant le tombeau
de 1-1 Rousseau
au Panthéon
C'est hier qu'officieilQeflnienit M Répu-
blique de France rendait hommage à -la
mémoire du citoyen de Genève, fran-
çais par la Tace. pair la langue, pac
l'œuvre.
Et les petits fils de la grande Révolu-
tion lui devaient bien ce tardif fcérnci-
gnajge de leur reconnaissance.
Ils lie lui apportèrent sur sa tombe,
dans la grande nef du Panthéon.
Le monument, conçu e exécuté par,
le sculpteur Rarthcxlomé, est instalM
au pied du pilier sud-ouest., 111 se com-
posé de la pierre tombaile e#e-;m;êimie
sur le plan incliné de laquelle l'arwste
a, dans un médaillon, grave le p.rolil de
Rousseau, puis d'un large motif cen-
tral représentant tes fcroîs mmseis de
Jean-Jacques : la Nature portant des
fruits et des fleurs. la Phiuosophie, rê-
veuse et la Vérité assise devant un mi-
noir. De chaque côté de la djaiïe deux
femmes sont de-bout : l'une, la Musi-
que, l'autre la Gloire élevant aii-de,sjg
des cendres du philosophe une co lon-
ne de laurier.
Dès neuf heures, ile trantsept de droite
=?♦ occupé par une musique militaire tit 4
les chœurs, tandis nue dans le transept M
ANNEE. - NUMERO 12,921.
LE NUMÉRO 10 CENTIMES
LUNDI 1" JUILLET 1912.
Pierre MORTIER
Directeur
RÉDACTION-ADMINISTRATION
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PARIS (2* Arr.)
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Direction, Administration, Rédaction. 266.01
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Etranger (Union postale).. 17 » 32 » 60 » j
On s'abonne dans tous les Bureaux de poste .,
de France et d'Algérie
SOMMAIRE :
PARMI LES HOMMES : M. Léon Bérard, par
Ernest-Citarles,
LA PREMIÈRE MOFETTE, par Verneuil.•
LE GRAND PRIX, ^AR Swing.
DEVANT LE TOMBEAI)-. DE J.-J. ROUSSEAU AU
PANTHÉON, par Emile Deflitz.
Lts FÊTES DE HOCHE A VERSAILLES, par
Louis Peltier.
L'ASSISTANCE A LONGCHAMP, par Gabriel de
2~~&~ -~'
L'UNIVERSITÉ, par Guy PéTolt.
LE CONTE : La preuve, par André Salmon.
LA GALERIE : Une femme sûre, par Henri
Lavedati.
LE DESSIN : Combinaison, par Max Aghion.
LES LETTRES : Le prince des poètes, par
René Blum et André du Fresnois.
LES ARTS : A la Triennale, par Louis Vaux-
celles.
LE THÉÂTRE : Le Conservatoire, ou l'Espé-
rance en 1912, par Georges Pioch. — La
matinée de gala de l'Association des Ar-
tistes dramatiques, par Fernand Lamy.
LES SPORTS : Le Tour de France, par Ed.
Pontié.
LE FEUILLETON : Bellamy le Magnifique,
par Roy Horninian (adaptation de Mme
Th. Berton).
Parmi les hommes
M. Léon Bérard
Nous l'aitenldioins I -.
Depuis plusieurs années les person-
Des qui se préoccupent encore de la, Vile
•politique et de ses plaisantes compli-
cations se disaient avec une sorte d'in-
quiétude : « Mais enfin iJ nous manque
quelque cihose H. Quelque dhose ou
quoiqu'un, quoi- exactement ? ou qua
précisément ? Elles ne le savaient pas,
alors ; elles ne le savent peut-être mê-
me pas aujourd'hui. Eth bien voilà !
c'était- M. Léon Bérard qui leur man-
quait ! "<' <"~ -~
La fortune est enviable et dangereu-
se pour un homme qui a des idées et
de l'esprit, d'être un espoir de la Répu
iblique. 1'.1. Léon Bérard était l'espoir de
la République. D'ailleurs, il l'est tou-
jours. Je suppose que maintenant il le
restera toute sa vie. Et ce sera justice.
Donc M. Léon Bérand se trouvait avo-
cat inscrit au barreau de Paris ; cela
4e désignait in contes t.ab lament à repré-
senter "un jour une bonne circonscrip-
tion provinciale à la Chambre des dé-
putés. Et ce qui devait arriver arriva.
Avocat comme tout le monde, M. Léon
Bérard devint secrétaire de la confé-
rence des avocats, comme tous les
avocats. Et il choisit M. Raymond Poîn-
caré pour son maître à moins que M.
Raymond Poincaré ne choisît M. Léon
Bérard pour son disciple. Excellent
choix et qui s'imposait. M. Léon Bé-
rard en est telleiment coTlivaincu que,
devenu ministre des Beaux-Arts, il s'af-
lirme plus que jamais disciple de son
maître. Il aime trop M. Raymond Poin-
caré pour prétendre jamais nous le fai-
re oublier : son ambition serait au con-
tra ire de nous faire toujours penser à
lui. Les collègues et les confrères de M.
Léon Bérard savent d'adiïïeurs que ce-
lui-ci triomphe dans l'art d!éJl'ilcie.ux des
imitations. Mais je vous prie de croire
qu'on ne triomphe jamais dams cet art
sans posséder soi-même une certaine
originalité..
*
*
Il y a encore des Pyrénées, et c'est
un département des Pyrénées qui en-
voya M. Léon Bérard au Palais-Bour-
bon. Tout de suite il apparut que ce
jeune représentant du peuple devait se
distinguer de la foule des politiciens.
On l'aida à se distinguer. M. Léon Bé.
iard fut convié immédiatement à ap-
prendre aux adhérents estimés de l'Al-
liance démocratique ce qu'ils pensaient.
Les estimés adhérents de l'Alliance dé-
mocratique furent enchantés et ravis de
penser de si belles choses et de les pen-
ser-si éloquemment. Dès lors, M. Léon
Gérard'" pouvait se taire et demeurer
dans l'inaction toute sa vie durant ; il
n'en était pas moins l'orateur et l'hom-
me d'Etat de demain.
Mais voici que monté sur le faîte il
acpire à descendre. L'orateur, l'hom-
,he d'Etat de demain, devient sous-se-
crétaire d'Etat, des Beaux-Arts. L'espoir
de la République est le successeur de
M. Dujardin-Beaumetz 1
En somme, les fondions de sous-
secrétaire d'Etat des Beaux-Arts consis-
tent à distribuer un peu d'argent à des
,i,list,es qui en voudraient davantage, à
prononcer des discours devant des au-
ditoires qui ne tiennent pas particuliè-
rement à les entendre, à exprimer sur
les arts d'agrément intellectuel et es-
thétique des opinions prudentes et pro-
visoires, à inaugurer des: statues infé-
rieures et des fontaines subalternes, à
ne point offusquer dans tous .les cas le
ministre de l'Instruction publique dont
le sous-secrétaire des Beaux-Arts est
pour ainsi dire le reflet. Le sous-secré-
taire des Bjeaux-Arts doit se résigner à
n'être que le second dans tous les gen-
res. Cette aventure est déjà arrivée à
Voltaire, paraît-il, et cela lui a réussi
on ne peut mieux.
M. Léon Bérard, dans ces circonstan-
ces difficiles, a aussitôt entrepris d'être
sous-secrétaire des Beaux-Arts avec une
aimable autorité et un éclat souriant.
Et dans des fonctions qui n'exigent pas
de qui les remplit une forte personna-
lité il s'est délibérément amusé à affir-
mer la sienne qui sera peut-être forte,
qui du moins, est singulièrement élé-
gante.
Afin d'inspirer une confiance abso-
t~
lue à ses subordonnés il leur déclara
sans retard qu'il entendait diriger les
arts avec incompétence. On jugea que
l'incompétence de M. Léon Bérard se-
rait moins dangereuse que la compé-
tence du loyal Dujardin-Beaumetz.
Au surplus, M. Léon Bérard se van-
tait. Dès le lendemain, on vit que l'in-
compétence de M. Léon Bérard était de
celles à quoi nul ne peut se fier et que
ce jeune ministre était, au contraire,
informé de tout ce qui concernait son
département ministériel et des environs,
qu'il avait l'intelligence nette et péné-
trante, le sens de l'administration,
beaucoup de finesse — et du goût : ce
qui ne gâte rien, comme on disait ja-
dis, et qu'il était homme à faire très
bien la différence entre un bon artiste
el, un artiste mauvais, à préférer le pre-
mier au second, et, bien entendu, à sou-
tenir le second, ou même fle premier
dans l'intérêt supérieur de la Républi-
que et de la démocratie. Bref, M. Léon
Bérard fut considéré, dès ses débuts,
comme un sous-secrétaire des Beaux-
Arts très sérieux et très raisonnable,
qui ne pousserait pas l'impertinence
jusqu'à susciter, en peinture ou en
sculpture, quelqu un de ces écoles nou-
velles dont le besoin se fait si vivement
sentir, mais qui administrerait ce qu'il
était chargé d'administrer avec sagesse,
avec méthode, avec talent, avec une im-
perturbable ironie.
Et il manifesta de la manière la plus
heureuse un scepticisme très actif, une
très diligente littérature. 0 souvenirs de
Raymond Poincaré ! M. Léon Bérard
trahit son scepticisme par son affecta-
tion même d'avoir l'air de s'intéresser
à tout — à tout ce qui le concerne, na-
turellement. Il donne avec une grafité
charmante son opinion sur les concours,
du Conservatoire. Comme ces concours
avaient lieu jadis devant les foules, M.
Léon Bérard se demande s'ils ne de-
vraient pas avoir lieu désormais à huis
clos ; et il conclut nonchalamment que
cela n'est pas possible, car il faut bien
que quelques personnes encore puis-
sent y assister qui n'ont aucun droit
d'y être. Et puis, « il m'en coûtait d'op-
poser un refus définitif aux habitués
de ces spectac.les, notamment à mes
collègues du Parlement 1 (sic). Au
moins, voilà une opinion précise, sin-
cère, révélant un ministre plein de
tact et qui fait ce qu'il faut, mais qui
n'est point dupe ni de ce qu'il fait ni
de ce qu'il faut faire, et on éprouve une
grande joie à voir au gouvernement un
homme qui sache se moquer aussi spi-
rituellement du monde.
Au reste, le scepticisme intelligent,
narquois et documenté de M. Léon
Bérard a des occasions plus retentis-
santes de se répandre, et là se mar-
que l'aisance parfaite — parce qu'elle
est tout à la fois naturelle et apprise -
d'un homme qui n'affecte pas d'être su-
périeur à sa tâche, mais qui tient à lais-
ser comprendre qu'il n'est point acca-
blé par elle.
S'il préside la distribution des prix
du Salon, il proclame que cette distri-
bution des prix n'est pas un vain badi-
nage, que ces prix permettent d'encou-
rager des jeunes gens qui seront peut-
être de vrais artistes ou de braves bour-
geois ou .des époux dévoues, que, puis-
que l'Etat a de l'argent, il ne peut mieux
faire que de le dépenser ; qu'enfin l'é-
clectisme est une doctrine extrêmement
commode et que l'art républicain doit
se développer dans la liberté. Et tout
cela est dit joliment, avec autorité et
avec abandon. Si les artistes ont des
âmes simples, quel trouble, mais quel
trouble charmant M. Léon Bérard doit
jeter en eUes ! Et comme il s'impose à
ses auditeurs en les caressant, et com-
me il les domine avec toutes les appa-
rences de se subordonner à eux !. Et
.maintenant M. Léon Bérard célèbre
Jean-Jacques Rousseau. Il est là entre
le prince Léon Radziwill, libéral et let-
tré, et le député Chopinet, penseur li-
bre. Et il dit les chênes qui grondent
dans les forêts profondes sous le souffle
de Hugo ; les ondes des lacs qui mur-
murent .dans les hymnes de Lamartine,
le saule et le tremble qui font retentir
de leurs gémissements les nuits pas-
sionnées de Alusset, et il semble dire
toutes ces choses exquises pour le dé-
puté Chopinet. Après quoi, il s'arra-
che aux délices d'Ermenonville pour
s'en aller .fêter le patronage laïque de
Charenton. Les échos de la banlieue
nous répètent que M. Léon Bérard a
prononcé, à la fête du patronage :laïque
de Charenton, un discours admirable.
En effet, M. Léon Bérard est très élo-
quent. Aurons-nous jamais un homme
d'Etat qui ne soit pas éloquent ! Et son
éloquence m'émerveilla parce qu'elle
est aussi appliquée que spontanée, et
qu'elle n'est pas moins apprêtée qu'ins-
tinctive ! M. Léon Bérard est un véri-
table orateur à la voix prenante, un
orateur ferme, vibrant, discipliné pour-
tant et harmonieux. Et il met dans ses
discours toute la littérature imagina-
ble. 0 littérature, ô scepticisme, ô
souvenirs de Raymond Poincaré !
- Ainsi, M. Léon Bérard est un homme
d'Etat de demain et même d'aujour-
d'hui. Esprit large, riche d'une culture
solide et brillante, et qui n'est pas.
Dieu merci, exclusivement - littéraire,
doué de dons variés, et souple en ses
aptitudes, enclin aux idées générales,
sensé néanmoins et pratique, laborieux
s'il le faut, aimé de ses adversaires s'il
en a ; estimé même de ses amis, et il
en a beaucoup, la République compte
sur M. Léon Bérard. Et nous nous
comptons sur la République ! Qu'est-ce
que nous ferions d'ailleurs si nous ne
comptions pas sur la République !
J. Ernest-Charles.
Les abonnements à CIL BLAS sont
intégralement remboursés par de su-
perbes primes. ï*.* e
Echos
Les courses.
AUTEUIL, lundi 1er 'juzlld,; 2 2 Heure3
Pronostics de Gil Blas t
Prix Grandlieu. - Le Nègre, Thulé.
Prix de la Gibauderie. —■ Choléra,. Bo-
hême Il.
Prix de Meudon.- Galathes, F austine 11.
Prix Sagan. — Va Tout, Port au Prince.
Prix Aquilon.- Picarra;, Or du Rhin 111 *
Prix des Veneurs., ""- Pinna Kenx Fitz
Ronald. *
►.-•r X —1 il
Hier, dimanche,,.
Matinée incertaine et après-midi clétesta-
ble. Le Grand Prix fut gâté par les averses,
qui ne cessèrent à partir de 3 heures. Et Je
retour de Longchamp, d'ordinaire si ani-
mé, n'avait attiré que de rares curieux. La
journée de l'élégance fut manquée.
La soirée fut assez triste. Les théâtres fi-
rent de belles recettes. Et c'est toujours quel-
que chose.:
- x
En campagne.
Nous avons dit, hier, que la candidature
du général Lyautey à l'Académie française
recevait un excellent accueil. Il est vrai que
le conquérant du Maroc est sympathique aux
immortels et qu'ils souhaitent un jour, l'éli-
re. Mais le fauteuil d'Henry Houssaye fut
déjà disputé, une première fois, par de
brillants candidats qui avaient pris .position
et rallié, chacun, de chaleureux partisans.
L'arrivée d'un nouveau postulant, qui appa-
raît alors que les positions étaient prises,
est-elle conforme aux traditions de l'Acadé-
mie ? Et ne serait-il pas sage de liquider
da question et de choisir le successeur d'Hen-
ry Houssaye parmi les très remarquables
écrivains qui ont tenté la première consulta-
tion ? On sait que M. Adolphe Brisson ob-
tînt les suffrages les plus flatteurs, ainsi que
M. André Hallays et M. de Nolhac. Pour-
quoi, disent leurs amis, ne pas leur laisser
le fruit de Jeur précédente campagne 1? Il
rèsterait au général Lyautey à assurer celle
du Maroc. Ce serait déjà fort absorbant.,
-x-
Les amis de Jean-Jacques.
Nos députés et nos sénateurs sont fort
mécontents. On les avait conviés à se rendre
au Panthéon, en l'honneur de J.-J. Rous-
seau, à huit heures et demie! Quelle folie I
Et faut-il que le protocole ait une profonde
méconnaissance de la vie moderne et de ses
exigences pour croire qu'il est agréable de
se lever à sept heures, même pour aller ho-
norer Jean-Jacques!
Le résultat fut que la plupart des sièges
réservés aux membres du ParJement demeu-
rèrent vides, hier matin, au Panthéon. Un
peu indifférents à ces solennités froides, les
titulaires restèrent chez eux, dans leur lit,
sagement. Ce n'était pas très républicain,
mais c'était fort agréable.
- X7"
L'heureuse option.
M. Roland Knœdler, qui acquit si cher
la Salomé, avait fait savoir qu'il tenait
l'œuvre à la disposition du Louvre, de son
Musée et de ses amis, jusqu'au 1er juillet,
au prix coûtant. Tant de générosité n'a ému
ni l'Etat, ni les amis du Louvre, qui trou-
vent inutile de racheter cette œuvre quatre à
cinq fois sa valeur. Et ils n'ont pas marché
et le Louvre a retiré sa souscription de
200.000 francs.
On pensait donc que la combinaison était
abandonnée.
Et voici que, de plus en plus généreux, M.
Knœdler annonce qu'il prolonge le délai
et tiendra I'oeuvie à la disposition du Musée
jusqu'à. la fin de l'année. Ce généreux
amateur est trop bon. Ii nous comble. Il
veut quand même que nous rachetions la
Salomé contre tout bons sens, et cela parce-
qu'il a eu lui-même l'imprudence de la
pousser à un prix fabuleux. Mais il aura
beau reculer l'échéance de sa touchante op-
tion : il a acquis la Salomé y qu'il la garde,
- X-.
Toujours elle.
Alors, le bruit se confirme. La Joconde
n'aurait pas quitté Paris, peut-être pas
même le Louvre, ce qui donnerait* raison à
l'opinion qu'émettait ici, après enquête, no-
tre excellent collaborateur Georges-Michel.
On prononce toujours les mêmes noms,
d'ailleurs. Celui d'un photographe, celui
surtout du fils d'un des conservateurs. Mais
on ne dit plus que celui-ci aurait subtilisé la
Joconde pour payer ses dettes, mais simple-
ment pour faire une farce1 une mauvaise
farce.
Allons, allons. nous la reverrons
La bergerie des P. T. T.
On n'a pas oublié que Mlle Sylviac, la
charmante artiste parisienne, eut, jadis, quel-
ques démêlés retentissants avec l'administra-
tion des P.. T. T. et fut accusée d'avoir
traité de « vachère » une des demoiselles pré-
posées à sa communication téléphonique.
Les mois ont passé. Et, aujourd'hui que
la paix est faite, Mlle Sylviac est au mieux
avec ses correspondantes, qui échangent avec
elle les plus aimables propos. ? Les jeunes
filles, d'ailleurs, passent, se succèdent dans
le poste qui dessert cette difficile abonnée,
et c'est ainsi que, depuis son incident, Mlle
Sylviac a eu pour lui répondre quatre jeunes
filles charmantes et pleines d'empressement.
C'étaienf Mlles Métayer, Le Berget, Le-
loup et Bouvier. Vous voyez qu'il y avait
là toute une ménagerie par laquelle l'admi-
nistration bienveillante flattait le goût de sa
cliente pour les choses de la ferme.
— x —«
La main passe.
M. Gustave Lanson, qui est professeur de
littérature française à la Sorbonne, com-
mence aujourd'hui, dans le Matin, la criti-
que des livres. C'est un homme fort érudit,
dont lés cours sont recherchés et qui a publié
une Histoire de la littérature française un
peu lourde, mais savante et consciencieuse.
Il honorera la critique littéarire, qui est sou-
vent tenue par des censeurs trop improvisés.
En cette place difficile1 M. Gustave Lan-
•A
son remplace M. J.-J. Brousson, qui s'était
fait remarquer, durant l'année où il critiqua
la production littéraire, par une acidité, une
indépendance, une vivacité de jugement que,
sans doute, le sage et sorbonnien M. Lan-
son remplacera, par une gravité plus docto-
rale.
Ecoutons M. Prudhomme.
Depuis Henri Monnier, M. Prudliomme
n'a pas déchu. Voici quelques-unes de ses
« perles » pêchées ça et aà dans des jour-
naux de province i
.(A propos du sectionnement d'une ville
en cantons)..
La question n'est pas là, elle est ailleurs
et tous les efforts des Alcibiades sectionneurs,
sectionnant Sa queue de leur chien pour em-
plir l'air de ses cris, ne nous en feront point
sortir.
La musique se faisait entendre aussi bien
aux oreilles des assistants que des danseurs.
A cette fête assistait M. L., aussi ingé-
nieur que présent.
L'année nouvelle se présente beaucoup
plus gaillardement. Dans les 343 communes
de notre département, 120.000 électeurs vont
être secoués de leur apathie civique et, à dé-
faut de la neige des cieux, une pluie blan-
'ohe de bulletins de vote tombera drue et ser-
rée, faisant émerger des urnes tous les petits
potins de clocher, toutes les petites palino-
dies anciennes dont il faut bien rendre comp-
te au jour du jugement dernier de l'électeur.
Sachez, Monsieur, cuç mon indépendance
n'a pas de collier et ne porte pas de reli-
ques.
M. Prudhomme se croit plus indépendant
que l'âne du bon La Fontaine. Mais à quoi
bon commenter L?.
MEDAILLON
Mlle Colonna-Romano
Une sympathique, une modeste. Des yeux
de saphir liquide, un teint chaud de pêche
dorée par le soleil, l'air d'un keepsake avec
un je ne sais quoi de Plus vivant que ceux
affectionnés par les Anglais. Le regard net
d'une qui sait où elle va et qui veut y aller
sans détours. Aurait pu se contenter d'être
une très jolie femmej a désiré être une ar-
tiste — une vraie.
Mlle Colonna-Romand, la Benjamine de
la .comédie.Frallçaise, ayant crânement en-
levé, dans Phèdre, son premier prix au Con-
servatoire, a dû, comme il convient, faire son
stage au second Théâtre-Français avant
d'entrer au premier — le Purgatoire avant
le Paradis. Elle suit la même voie que Mlle
Piérat, aux côtés de laquelle la voici ins-
tallée désormais.
A l'Odéon, Mlle Colonna a fait son petit
bonhomme de chemin sans rechercher le
bruit, jouant tout ce qu'Antoine a bien vou-
lu lui donner à jouer dans le classique et
dans le moderne. En dernier lieu nous l'a-
vons applaudie dans le Florentin, où elle fut
charmante, et dans Alcmène d'Amphitryon
qu'on ne saurait incarner avec plus de char-
me. particulier -- la nouvelle pension-
Signe particulier : la nouvelle pension-
naire de Jules Claretie a une voix d'or qui
fera merveille dans la Maison de Moliè-
re. — A.
X-
L'A. F.
MM. G.-A. de Caillavet et Robert de
Fiers ont adressé la lettre suivante à M.
Thureau-Dangin, secrétaire perpétuel de
l'Académie française 1
Paris, le 28 juin 1912.
Monsieur le secrétaire perpétuel,
L'Académie française, dans sa séance de
jeudi dernier, a bien voulu attribuer le Prix
Toirac à notre comédie du Théâtre-Français,
Primerose. Cet honneur, qui nous est décer-
né pour la seconde fois, nous a flattés au-
tant qu'il nous a surpris, car, ne l'ayant sol-
licité en aucune manière, nous ne pouvions
penser qu'il nous serait accordé.
En exprimant à l'Académie française l'ex-
pression de notre respectueuse et profonde
reconnaissance, nous vous prions, Monsieur
le secrétaire perpétuel, de bien vouloir ver-
ser, en notre nom, une somme de 2.000 francs
au fonds de secours destiné à venir .en aide
aux écrivains malheureux.
Daignez agréer, Monsieur le secrétaire
perpétuel, l'assurance de notre haute consi-
dération..
ROBERT DE FLERS,
G.-A. DE CAILLAVET.
Il est exact que la surprise des deux au-
teurs de Primerose a été grande.Ils n'atten-
daient pas le Prix Toirac et ne le désiraient
pas. C'est un cas fort rare, que celui-ci : des
auteurs qui ne souhaitent pas un prix ! Alors.
ceux-ci tiennent avec raison Je succès public
pour suffisant,et ils veulent laisser à d'autres,
plus jeunes, le bénéfice moral et matériel
de tels encouragements.
Pourquoi l'Académie française a t-elle
donc récompensé des auteurs heureux, ,qui
ne désiraient rien et n'attendaient rien ? On
raconte, tout bas, que l'Académie a beau-
coup d'amitié pour MM. Robert de Flers
et de Caillavet, et qu'elle veut la leur té-
moigner, d'autant que l'annonce de l'A. F.,
moig nqeru, 'ils ont écrite, où l'Académie sera mi-
pièce
se en cause, les inquiète. Elle tient à assurer
à ces spirituels auteurs qu'ils n'ont pas de
plus sûrs admirateurs et qu'il serait injuste
que leur satire l'oublie.
Voilà ce qu'on raconte. Mais chacun sait
que ce seraient là vaines avances. MM. Ro-
bert de Flers et G.-A. de Caillavet ont leur
place marquée à l'Académie, comme Meilhac
et Halévy : ils n'en diront pas de mal!
-x-
Apologie de l'électeur.
Le maire radical d'une petite commune
de l'arrondissement de Gien prononçait ré-
cemment un discours sur la tombe d'un de
ses électeurs. Voici les principaux passages
de cette oraison funèbre qui mérite de pas-
ser à la postérité :
Souffrant depuis quelques mois d'un mal
qui augmentait tous les jours, Hippolyte-
Célestin Vatère a succombé à une péritonite
aiguë.
Nous ne nous rappelons pas sans tristesse
que cet excellent et ferme républicain a tenu
à accomplir jusqu'au bout son devoir de ci-
toyen. C'est par fidélité à ce devoir que, di-
manche dernier, il suppliait ses enfants de le
conduire une dernière fois au bureau de vo-
tA. comme s'il avait -eu le pressentiment que
sa voix ferait passer deux des nôtres et nous
éviterait le ballottage.
Au nom du comité républicain de Gien,
nous apportbns notre salut fraternel à ce
brave, mort en quelque sorte au champ d'hon-
neur.
Mon cher Hippolyte Vatère, loyal soldat de
la République, tu as combattu courageuse-
ment jusqu'au bout, tu as souffert pour une
noble cause. Ton souvenir reste profondé-
ment gravé dans nos cœurs et toute la com-
mune jure sur ta tombe son attachement à
la République.
Il serait superflu d'affirmer l'authentici-
té de ce discours. Pour forger un texte sem-
blable, il faudrait Flaubert !.*»
-)(-
La campagne ne se comprend pas
Sans les sièges en rotin souple conforta-
bles et solides de chez Perret Vibert, 33,
rue du 4 septembre (Opéra).,
-x-
Nouvelle à la main.
Klauss disait hier Í
- J'avais très faim, à Dieppe: j'ai vou-
lu manger un morceau de Carpe. entier.
Le Diable boiteux.
.—— ——— ——————
UNE DATE DANS L'AVIATION
LB PBEMIÈBE JlODETTE
Pour la première fois, une femme
a volé hier sur un hydro-
aéroplane
Tandis que, sur le champ de courses de
Longchamp, se courait le Grand Prix des
chevaux et qu'au Vélodrome de Vincennes
les bicyclistes notoires pédalaient terrible-
ment pour gagner celui de la Ville, nous
eûmes, à Enghien, une fête sportive très
« nouveau jeu ».
Mlle Hélène Dutrieu, recordwoman pour
l'aviation, montait pour la première fois
en hydro-aéroplane.
On nous dit qu'il y avait foule au Bois
de Boulogne et à l'autre Bois, plus popu-
laire. Tout Paris n'était pas cependant à
l'hippisme et au cyclisme, puisque vingt
mille assistants, de trois heures à sept
heures, se pressèrent aux abords du célèbre
lac.
Journée de pluie, néanmoins. Stoïques
sous leurs parapluies, les amateurs de
prouesses attendirent que le ciel s'apaisât.
Il s'apaisa. Vers six heures, une éclaircie
fit l'atmosphère sereine et légère : le « vol »
put avoir lieu.
Nos lecteurs ne détestent pas que nous
les menions dans les coulisses. Et c'étaient
de véritables coulisses que ce hangar de
toiles, édifié dans l'île des Cygnes, île fleu-
rie de géraniums-lierres et d'hortensias.
Le biplan Farman, frémissant comme un
pur-sang, est prêt à s'échapper. Comme
il est joli et pittoresque, avec ses voiles
blanches, solides, et ce moteur Gnôme éner-
gique, brillant, tout d'acier et de cuivre,
oiseau gigantesque et qui parait vivre !.
Comme il faut admirer Farman d'avoir doté
l'aviation d'un tel engin !
Mlle Hélène Dutrieu était là, dès le ma-
tin. Elle a surveillé elle-même tous les pré-
paratifs et elle guette les nuages. La pluie
tombe, inexorable. Que faire ? Et l'avia-
trice se lamente. Tout le monde est venu
pour elle et elle,&e veut pas faire défaut.
Elle semblé implorer le bon Dieu. Et
les. gouttes, larges, innombrables, sans
l'écouter, viennent rider le lac. Voici M.
Anzani, le fabricant de moteurs, qui, avec
son accent charmant de latin, s'écrie : « La
plouie. elle va finir. ». L'italien a des af-
finités avec Dieu. La pluie cesse immédia-
tement.
Un des meilleurs pilotes de la maison
Farman arrive à son tour. C'est M. Che-
villard, un maître. Il n'est jamais monté en
hydro-aéroplane :
— Laissez-moi, je vous en prie, je vais
essayer l'appareil.
Mlle Dutrieu accepte avec empressement.
Un coup de canon tonne. Le grand oiseau
glisse sur l'eau du lac, et bientôt s'envole.
Il évolue au-dessus du lac avec toutes les
grâces d'un être ailé.-Il va, vient, monte,
descend, revient et reprend, sur. l'eau, son
sillon de nageur. Que d'acclamations !.
Que de bravos.
C'est le tour de Mlle Dutrieu. On remet
de l'essence dans le réservoir. Et l'avia-
trice, avec un sourire charmant :
— Je vais me déguiser en homme !
Elle revêt un costume de toile grossière.
un bonnet de laine, une ceinture. Et la
voici. Elle va grimper sur son siège. Nous
l'approchons : « Etes-vous bien ?. n,
— Oui, très bien, mais vous savez, c'est
la première fois que je monte en hydro-
aéroplane !. Vais-je bien décoller ?.
— Pourquoi pas ?.
Toute frémissante, Mlle Hélène Dutrieu
est un peu pèle.
Et ce frémissement qui l'agite est, pour
nous, profane, plus émouvant que de la
témérité irréfléchie. Vaincre sa fièvre et
son appréhension, n'est-ce pas la plus belle
manifestation du courage ?
La voici assise devant les ailes. Le mo-
teur est mis en route. C'est un ronflement
formidable. L'appareil glisse dans l'eau,
rebondit, et nage. De toutes parts, les
vingt mille spectateurs poussent des cris et
des vivats. Le Farman s'élève dans les
airs ; Mlle Hélène Dutrieu prend un virage.,
domine Saint-Gratien dont elle fait le tour,
gagne Epinay et réapparaît sur le lac où
elle atterrit. Atterrit ? Quel langage !.
Atterrir sur l'eau !. Et vous imaginez
les bravos délirants !. Lorsqu'elle rentre
au hangar, toutes les mains se tendent vers
la triomphatrice. De belles jeunes femmes
s'avancent :
— Comme vous êtes brave t.. Oh 1 que
je voudrais être à votre place !.
Mlle Hélène Dutrieu se sauve et s'enfer-
me pour enlever son suroit. Dix minutes
après, avec son chapeau de plumes et son
manteau, elle avait l'air d'une promeneuse
qui, le dimanche, vient se reposer un petit
peu, à la campagne, des soucis féminins
qui accablent les Parisiennes.
Yerneull.
A LONGCHAMP
Le Grand Prix
On vous racontera, dans les journaux, que
c'est un cheval de M. Achille Fould, Houli,
qui a gagné hier le Grand Prix de Paris.
On vous trompe! Ce n'est pas ce cheval qui
a été le bénéficiaire de cette fructueuse
journée : c'est le couturier. Il a ga,
gné on ne sait, on ne saura jamais com-
bien. Le montant du Grand Prix est de
300.000 francs, mais le couturier a gagné
bien davantage!
Toutes les jolies femmes de Paris avaient
commandé à l'heureux couturier une ro-
be de circonstance. Et, malgré Je temps
incertain, ayant acquis chèrement de
fragiles ou somptueux chiffons, elles tin-
rent à les montrer ainsi qu'il était convena-
ble. Vainenifent un époux défiant ou un
amant averti leur avait dit : « Prends gar-
de ! Il va pleuvoir et tu vas saccager ta mer-
veille de robe et ton coûteux chapeau ! »
Mais un époux, pas plus qu'un amant,
n'empêchent une femme jolie, encore moins
une femme laide, de revêtir les fantaisies
vestimentaires, longuement préparées, ar-
demment désirées, que leur seul seigneur et
maître, M. le couturier, ordonna pour leur
beauté.
Elles ont donc, toutes, revêtu leurs exqui-
ses toilettes. Et le Pesage de Longchamp
était, vers trois heures, parfaitement réjoui
des couleurs les plus chatoyantes : toutes les
teintes, toutes les formes, s'harmonisaient en
une sorte de parterre fleuri et mouvant pour
le plus grand attrait des yeux. Il y avait des
'Anglais, beaucoup d'Anglais, et même des
Anglaises fort agréables. Il suffisait d'aller
hier à Longchamp pour reconnaître l'absur-
dité de cette réputation qu'ont faite des
femmes jalouses aux Anglaises de n'être
.point jolies. Il y en avait, hier, de ravis-
santes et habillées du goût le meiljeur et le
plus sûr. On y entendait, en vérité, parler
beaucoup plus la langue de Byron que celle
de Voltaire, et jamais, disent les statisti-
ciens compétents, il n'y eut autant d'insu-
laires qui passèrent le détroit.
Longchamp, d'ordinaire si gracieux, à l'ho-
rizon tendre, que les frondaisons légères bar-
rent d'un côté, que bornent, de l'autre, les
collines verdoyantes, Longchamp n'avait "*
certes pas son harmonie coutumière. L'air
était brouillé, le lointain brumeux. Le so-
leil manquait à cette fête d'élégance, avec
son indispensable cortège de lumière et de
gaîté. Longchamp sans soleil, ce n'est plus
Longchamp ! Le début de la réunion fut donc
assez triste, en dépit de tant de jolies et sé-
duisantes choses. Mais, soudain, tandis que
se préparait la grande épreuve; l'averse me-
naçante se précipita. Ce fut le triomphe des
parapluies. Ceux qui n'avaient pas craint de
se munir de ce ridicule engin, transformè-
rent en une minute, pelouse et pesage, en
une immense champignonnière. Et la pluie
ne cessa dé tomber cependant que les vail-
lants petits chevaux couraient, que personne,
ne vit parmi l'embarras des parapluies ruis-
selants ! Tapis comme des oiseaux sous
l'ondée, les spectateurs maudissaient une
telle aventure et les jeunes fommes pleu-
raient les toilettes perdues.
Le champ de courses n'était bientôt qu'une
mare. Chacun songeait à se sauver, à retrou-
ver sa voiture, et M. Fallières fut fort dé-
daigné. On savait qu'il était là. On avait
entendu l'appel des clairons et le roulement
des tambours marquant son arrivée, et peu
après la course accomplie, il s'en allait en
hâte. Chacun voulait en faire autant. Mais
chacun n'avait pas sa voiture gardée par la
police et qu'appelait, au bord de la tribune,
des gardiens avisés. Le départ du champ de
courses fut donc une débâcle parmi les fla:-
ques d'eau, sous l'averse persistante. Aux
portes de l'hippodrome, pendant une heure,
on vit de jeunes et charmantes femmes,
jupes retroussées, des messieurs en jaquette
et en gibus sautillant dans les flaques
boueuses, en quête d'un cocher. Et les co-
chers demandaient 20 francs pour rentrer à
l'Etoile. Ils s'amusaient beaucoup, les co-
chers, et faisaient des affaires d'or. Ils fu-
rent, aussi, parmi les vainqueurs de cette
journée de plaisir. A la porte de l'hippo-
drome, parmi les derniers véhicules de la
fête, une somptueuse limousine passa. Un
homme à la barbe grise, figure épanouie, ;
considérait à travers la vitre le désastre des
élégantes éclaboussées et pitoyables :
— Allons, fit-il en souriant, la journée est
excellente !
C'était le couturier.. t.
Swing.
Denant le tombeau
de 1-1 Rousseau
au Panthéon
C'est hier qu'officieilQeflnienit M Répu-
blique de France rendait hommage à -la
mémoire du citoyen de Genève, fran-
çais par la Tace. pair la langue, pac
l'œuvre.
Et les petits fils de la grande Révolu-
tion lui devaient bien ce tardif fcérnci-
gnajge de leur reconnaissance.
Ils lie lui apportèrent sur sa tombe,
dans la grande nef du Panthéon.
Le monument, conçu e exécuté par,
le sculpteur Rarthcxlomé, est instalM
au pied du pilier sud-ouest., 111 se com-
posé de la pierre tombaile e#e-;m;êimie
sur le plan incliné de laquelle l'arwste
a, dans un médaillon, grave le p.rolil de
Rousseau, puis d'un large motif cen-
tral représentant tes fcroîs mmseis de
Jean-Jacques : la Nature portant des
fruits et des fleurs. la Phiuosophie, rê-
veuse et la Vérité assise devant un mi-
noir. De chaque côté de la djaiïe deux
femmes sont de-bout : l'une, la Musi-
que, l'autre la Gloire élevant aii-de,sjg
des cendres du philosophe une co lon-
ne de laurier.
Dès neuf heures, ile trantsept de droite
=?♦ occupé par une musique militaire tit 4
les chœurs, tandis nue dans le transept M
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