Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1874-04-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 avril 1874 14 avril 1874
Description : 1874/04/14 (N1509). 1874/04/14 (N1509).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7533705v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2012
N° 1509 —1 Mardi 14 avril 1874 1 le numéro i Io c. — Deuartements s 15 c.
25 Germinal an 82 p N* 1509
1 àEDACïIGSi
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
De 4 à 6 heures du soir
iS, ROE DE VALOIS, fl
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Les manuscrits non insérés ne seront pas rentÎtúi
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LA SÉPARÉE
ET DES
*
Aventures de Terre et de Mer
ame~M*!'~ ;~M'~HM!~~BM))~aM t~ ~Mfi~~ .'*)MB'f'N
COMMUNIQUÉS
Le septennat commence à s'irriter
des attaques qu'il a eu à subir depuis
quelque temps de la part de ceux qu'il
croyait ses amis. Des décisions ont été
prises à ce sujet au conseil des minis-
tres que le maréchal de Mac-Mahon a
présidé hier matin.
La première de ces décisions est l'en-
voi d'une circulaire du ministre de la
justice aux procureurs généraux, les in-
vitant à traduire devant les tribunaux
« tout journal qui, à l'avenir, se per-
mettrait d'attaquer les pouvoirs que le
maréchal tient de l'Assemblée ». Cette
circulaire sera publiée aujourd'hui mê-
me par le Journal officiel.
Une autre décision analogue a été
l'envoi immédiat de deux communiqués,
l'un à la Liberté, l'autre à l'Union. Nous
les publions plus bas.
La Liberté enregistre purement et sim-
plement son communiqué sans le faire
suivre d'aucun commentaire. L'Union,
elle, ne semble guère gênée du sien, et
répond fièrement qu' « elle continuera
la discussion « et qu' « elle prouvera
qu'il ne serait point aisé de contraindre
les partis à respecter des engagements
qu'on serait disposé soi-même à vio-
ler ». La feuille légitimiste fait au com-
muniqué une autre réponse indirecte en
disant au Français, lequel l'avait mena-
cée et dénoncée, qu' «il a réussi à écrire
le plus ridicule de ses articles ». Nous
aurions été surpris, en effet, qu'après la
manière dont l'Union était entrée en
campagne, elle s'arrêtât devant un inof-
fensif communiqué.
Ce n'est certes pas nous qui reproche-
rons jamais au gouvernement de se
contenter de communiqués comme ré-
ponse aux attaques de n'importe quels
journaux; nous voulons la liberté de la
presse pour nos adversaires autant que
pour nous, et nous félicitons le gou-
vernement de son « désir d'éviter les
mesures répressives». Mais il y a un
rapprochement dont il nous est impos-
sible de ne pas être frappé. :
Au cœur du pays, au centre de la vie
politique, à l'endroit où tout retentit et
d'où tout dépend, à Paris, des journaux
contestent le septennat, lui disent en
face qu'ils le nient, poussent l'hostilité
jusqu'à ce que les journaux ministériels
appellent une « révolte ». Ces journaux
reçoivent un communiqué.
Dans une ville qui est par-delà la
mer, dans un département qui n'a
qu'une action lointaine et indirecte sur
l'état général de la France, à Alger, un
journal local conteste, non pas le gou-
vernement de la France, non pas même
le gouverneur de l'Algérie, mais quel-
ques membres d'une municipalité non
élue. Alors, on ne désire pas « éviter
les mesures répressives », on supprime
violemment le journal, et, comme on
ne peut pas le supprimer sans mettre
préalablement la ville en état de siège,
eh bien, l'état de siége est décrété.
Pourquoi cette différence, ce simple
avertissement pour la grosse attaque,
et pour la petite cette peine énorme
qui punit toute une population d'un ar-
ticle de journal? Parce que les journaux
qu'on avertit sont des journaux monar-
chistes et parce que le journal qu'on
frappe et avec lequel on frappe une
ville est un journal républicain.
Nous répétons que nous approuvons
pleinement la modération dont le mi-
nistère fait preuve envers les journaux
légitimistes et envers les journaux bo-
napartistes, mais il nous est difficile
d'admettre que, sous un gouvernement
qui est la République au moins de nom,
les journaux républicains n'aient pas
droit à la même modération que les au-
tres. Nous sommes pour qu'on laisse aux
monarchistes la liberté, mais nous vou-
drions qu'on donnât aux républicains
l'égalité.
AUGUSTE VACQUERIE.
—— M .———————————
Les termes des deux communiqués
adressés à l'Union et à la Liberté, ont été
arrêtés dans un conseil des ministres tenu
hier matin à neuf heures à l'Elysée.
Depuis plusieurs jours déjà, la polémi-
que de quelques journaux sur la loi de
prorogation des pouvoirs avait attiré l'at-
tention du cabinet ; mais il n'y avait «pas
accord sur la conduite à tenir à cet égard.
Certains membres du cabinet, M. Decazes
notamment, auraient réclamé, — à ce
qu'on assure, — soit une mesure admi-
nistrative, soit des poursuites judiciaires
contre ceux des journaux légitimistes dont
la polémique était la plus vive.
D'autres ministres, au contraire, vou-
laient qu'on se bornât à l'envoi d'un com-
muniqué interprétatif de la loi de no-
vembre.
Avant de rien décider, on rappela, par
dépêche urgente, M. Depeyre qui était à
Cahors.
Le ministre de la justice est arrivé hier
matin à cinq heures, et à neuf heures il
était à l'Elysée. M. Magne était le seul qui
n'assistât pas à ce conseil.
C'est après une discussion, - qu'on dit
avoir été très animée, — que l'accord s'est
fait sur la résolution d'envoyer les com-
muniqués au lieu d'exercer des poursuites.
Ce sont MM. de Broglie. de Larcy et De-
peyre, qui auraient fait prévaloir cet
avis.
—■ — i i— >■
A QUI LA FAUTE?
L'un des principaux organes du cabi-
net du 24 mai, le Français, nous dit au-
jourd'hui avec tristesse « que le parti
de l'empire relève- de plus en plus la
tête. » Si le Français entend par là que
les bonapartistes s'agitent et font du
bruit, il a raison ; il a tort, au contraire,
s'il se figure que le pays éprouve la
moindre envie de retomber sous un ré-
gime dont une Quatrième invasion «t un
nouveau Sedan seraient la conséquence
inévitable. Non, à quelque épreuve que
l'opinion publique ait été mise depuis
une année, quelques efforts qu'on ait
faits pour l'irriter et la lasser, aucune
réaction perceptible ne s'est produite
en faveur de l'empire.
C'est même ce qui prouvé à quel point
ce régime, est en horreur à la France ;
car, certes,, grâce aux intrigues, aux
menées incessantes des royalistes, aux
entraves qu'ils n'ont cessé d'opposer à
l'organisation de la République; si l'em-
pire n'avait paru à tous une mons-
trueuse impossibilité, l'opinion, en haine
de la monarchie bleue ou blanche, aurait
pu, dans une certaine mesure, revenir à
lui. Ce fait ne s'est pas produit, et les
bonapartistes savent aussi bien que
nous à quoi s'en tenir à-cet égard. Sauf
dans quelques localités, ils ont cons-
tamment partagé, devant le suffrage uni-
versel, la déroute des royalistes.
Mais si le parti de l'empire ne s'est
nullement relevé dans l'opinion, il est
exact de dire que, ses représentants re-
lèvent la tête. C'est exact, mais ce n'est
point étonnant, et ce qui peut surpren-
dre, au contraire, c'est que ces person-
nages aient attendu jusqu'à ce jour pour
reprendre leur assurance. Il y a bientôt
une année que les amis du Français ont
reçu le pouvoir des mains des bonapar-
tistes, qu'ils constituaient ainsi, en
quelque sorte, les arbitres de la situa-
tion, Ce rôle de protecteur aurait, on
en conviendra, rendu quelque audace
à des gens même plus timides et plus
réservés que ne le sont d'ordinaire les
partisans de l'empire. Le Français, qui
dirige aujourd'hui une vive attaque
contre M. Rouher, nous paraît, en cette
occasion, manquer tout à fait de recon-
naissance. C'est par la tolérance, par le
bon plaisir de M. Rouher et de ses amis,
que M. le duc de Broglie et les autres
amis du Français ont pu enfin saisir les
portefeuilles tant convoités.
Si l'ex-vice-empereur, comme rap-
pelle le Français, a pu ainsi reprendre
sur la politique générale de notre pays
une influence qui ne lui appartenait
plus et qui ne répond nullement à la j
fore#réelle de son parti, il est bien tard
pour s'apercevoir qu'on a fait une sot-
lise, et il est bien ridicule de se lamen-
ter parce qu'une occasion ainsi offerte a
été saisie.
Si le Français éprouve aujourd'hui
quelque remords, nous l'en félicitons
volontiers. Mais il ne faudrait pas que
sa conscience troublée l'égaràt au point
de lui faire voir, redoutable et grandis-
sant, le spectre du bonapartisme. Non;
les amis du Français sont assez coupa-
bles, ils seront jugés assez sévèrement
par l'histoire pour que nous n'exagé-
rions pas leurs torts. Bien qu'ils aient
fait tout ce qu'il fallait pour cela, ils
n'ont rendu aucuno chance sérieuse à
l'empire, *
Après comme avant le 24 mai, l'em-
pire reste le régime détesté et détesta-
ble. Seulement, avant le 24 mai, les
bonapartistes comprenaient que ce qu'ils
avaient à offrir au pays ne le détacherait
pas du gouvernement qu'il avait, et ils
se taisaient. Depuis le 24 mai, il ont cru
que leur système, leur personnel, leurs
doctrines pouvaient soutenir la compa-
raison, et ils se sont présentés.
Les bonapartistes ont en somme le
ton qui leur convient : celui de protec-
teurs à protégés. Le Français peut faire
ses meâ culpâ, mais qu'il les fasse tout
bas, car il ne réussirait qu'à faire rire
de lui.
A. GAUUER.
, nnMTlIIIH t
LES COULISSES DE VERSAILLES
Les dernières rigueurs du ministère
contre la presse, nous ont suggéré l'idée
de faire la statistique de tous les journaux
frappés par,le gouvernement de l'ordre
moral depuis son avènement jusqu'à ce
jour.
Du 24 mai i873 au 10 avril 1874, c'est-
à-dire dans un délai de dix mois, il y a eu
CENT VINGT journaux frappés par voie ad-
ministrative. Sur ce nombre TRENTE ont
été supprimés ou suspendus en vertu de
l'état de siège; QUATRE-VINGT DIX ont été
interdits sur la voie publique.
Cela fait, en moyenne, douze journaux
frappés chaque mois, ou un euviron tous
les trois jours.
—o—
A ce propos, nous pouvons dire que le
régime auquel la presse est actuéllement
soumise, ne paraît pas, — dans ia pensée
de nos gouvernants, — devoir être modi-
fié de longtemps.
M. de Broglie a, il est vrai, au cours de
la dernière session, annoncé que le gou-
vernement avait préparé un projet de loi
sur la presse, dont l'adoption détermine-
rait la levée de l'état de siège. Il y a quel-
ques jours encore, à la commission de per-
manence, le vice-président du conseil
a confirmé l'existence de ce projet, en al-
léguant que l'encombrement de l'ordre du
jour de la Chambre en avait seul empêché
le dépôt.
M. de Broglie n'avait pas dit toute la
vérité. En réalité, le ministre attend, pour
déposer son projet, que la Chambre ait
statué sur le projet de loi relatif à la li-
brairie, dû à l'initia ive de son collègue,
M. Depeyre.
Il y a, en effet, corrélation absolue en-
tre ces deux projets. On se souvient que
Je projet de M. Depeyre tend à interdire
aux Horaires autorisés la vente des jour-
naux déjà prohibés sur la voie publique.
Cette mesure est considérée comme en
vigueur dans la projet de loi sur la presse,
qui la complète par un raffinement de ri-
gueurs administratives.
—o - ■*
On annonce que la romité de Mgalité
formé par les membres jurisconsultes de
la gauebe républicaine va rédiger unecon-
sultation pour prouver l'illégalité de l'ar-
rêté du général Chanzy, mettant la com:
mune d'Alger en état de siège.
Cette consultation servirait de base à
l'action qni va être poursuivie davant le
conseil d'Etat par le journal algérien sup-
primé.
-0-
On sait que, par suite de la condamna-
tion du maréchal B zaine, il'n'v a plus
dans les cadres de l'armée que quatre ma-
réchaux, qui sont : le président de la Hé.
publique actuel et les maréchaux Ganro-
bert, Lebœuf et Baraguey-d'Hilliers. La
mort de l'amiral Rigault de Genouilly laisse
vacants les deux grades d'amiral qui exis-
tent dans la marine franche..
Le projet de budget de 1875 n'en con-
tient pas moins un crédit de 150 000 fr.
pour cinq maréchaux et un crédit de 60,000
pour deux amiraux.
Il paraît que, dans le centre droit,
on n'a pas renoncé à l'idée de rail e
du duc d'Aumale un maréchal, et du priace
de Joinville un amiral. ,
v
—o—
Plusieurs journaux ont annoncé que
l'Etat allait vendre le domaine de la Mal-
maison. Ce renseignement est exact, et
nous pouvons même le compléter. Il 2>'agit
d aliéner, non-seulement le domaine de la.
Ma maison, mais ceux de Meudoa et d
Villeneuve-l'Etang.
Depuis deux années déjà, on avait fer-
mé ce projet; les commissions du budget
de 1873 et 1874 l'avaient appuyé.
Mais 1 occupation de Meudonet de Ville-
neuve-l'Etang par des camps, et de la
Malmaison par les compagnies de ponton-
niers militaires, en avait empêché la mise
à exécution.
Aujourd'hui, cette occupation a fessé,
et il y a actuellement des pourparlers en-
tre les ministres des finances et des tra-
vaux publics pour arriver a la vente de
ces domaines nationaux. Le produit assez
considérable de cette vente contribuerait
à accroître les ressources du compte de
liquidation pour la reconstitution de notre
matériel de guerre.
-0-
On ne se doute peut-être pas que chaque
année l'Etat paye 20,000 fr. pour secours
aux léfugiés égyptiens.
Cette'allocation remonte à l'arrêté con-
sulaire du 27 germinal an X (15 avril 1802)
qui organisa le corps des mamelucks; l'ar-
rêté porte que des secours seront accor-
dés aux familles de mamelucks qui ont
suivi leurs parents en France.
Cette allocation da secours n'est appli-
cable qu'aux enfants des mamelucks nés
en France antérieurement au 31 décem-
bre 1815. E la exige encore actuellement
un crédit annuel de 20,000 fr. qui, à d'au-
tres époques, s'est élevé jusqu'à 2u0,000 fr.
Voici les deux communiqués dont nous
parlons plus haut :
La Liberté, dans son numéro da 8 avril, a
contesté le caractère irrévocable des pouvoirs
qc.e la loi du 20 novembre a conférés pour sept
ans au maréchal de Abc- 'rJahon; elle se sert
notamment de cette expression : « L'inamovi-
bilité des pouvoirs du maréchal, c'est l'abdica-
tion de l'Assemblée. » *
La même. assertion a été reproduite dans
une lettre adre s 5e au rédacteur de la Liberté,
et insérée dans le nu néro d'hier.
Un tel langage est formellement contraire
au texte, comme à l'esprit de la loi du 20 no-
vembre, et exposerait les journaux qui persé-
véreraient à le tenir, à des mesures répressi-
ves que le gouvernement désire évittr.
,
L'Union, dans la polémique à laquelle elle
se livre depuis quelques jours, soutient que,
par suite de3 projets annoncés par M. le vice-
président du conseil à la commission constitu-
tionnelle, Je s hommes dont elle préteni repré-
senter l'opinion ont recouvré leur liberté d'ac-
tion à l'égard des pouvoirs que le maréchal da
Mac-Mahon tient de la loi du Î0 novembre. —
Cette assertion ne peut être tolérée.
Quels que soient les projets présentés par
le gouvernement à la discussion de l'Asfemblée,
ils ne peuvent rien enlever au caraciére cons-
titutionnel et obligatoire pour tous de la loi
du 20 novembre, qui a conféré le pouvoir pour
sept ans au maréchal de Mac-Mahon. Aucune
équivoque ne doit subsister à cet égard.
■
LES ON-DIT
r '*
Le maréchal de Mac Mahon est arrivé
hier, à deux heures et demie, an palais de
l'Industrie pour visiter l'exposition hippi-
que.
Le président de la République est venu
à pied et sans escorte, selon son habitude.
S* visite a duré environ une heure ; vers
trois heures et demie le maréchal s'est
retiré.
On a remarqué qu'il s'est entretenu
pendant quelques instants avec le duc de
Nemours.
, ,
Un paysagiste de talent, M. Augwsle La-
pito, vient de mourir à Boulogne-sur-
Seine, à l'âge de 69 ans.
M. Lapito était élève de Watelet Ses
premiers tableaux datent de 1827. On a d*
lui, dans la plupart des châteaux apparte-
nant à l'Etat, des tableaux qui témoignent
du goût particulier du peintre pour les si-
tes méridionaux, priucipalem ni pour les4
côtes italiennes, de Nice à la Spezzia.
Une Vue de la forêt de Fontainebleau. de
Lapito, fdit partie du musée du Luxem-
bourg,
Comme aquarelliste, Lipito eut une
grande vogue sous Louis Philippe.
- «
✽ ✽
Des mesures de policé viennent d'or-
donner la fermeture, à la chute du jour,
des passages non classés parmi les voies
pubiiques, et qui ne sont par conséquent
ni éclairés ni surveillés. Ces passages, qui
sont plutôt des couloirs tracés à travers ,
les maisons, sont encore assez nombreux
à Paris.
» «
Le marché aux fleurs qu'on va installer
place Voltaire, s'y tiendra deux fois par
semaine, à d'autres jours que le marché
de la p!ace du Château-i Eau. t
Il contiendra 99 places, chacune de 6
mètres de surface, soumise à une taxe
quotidienne de 10 centimes, soit 6~0 fr. par
an.
Le marché de même nature, qui doit
être créé avenue des Ternes, aura 97 pla-
ces.
-0'
tt *
Il y a dans la grande serre du Jardin
d acclimatation, comme décor de fond
un rocher d'un aspect pittoresque, mais
d'un accès assez difiicile.
Presque toujours cependant, on peut y
remarquer quelques enfants occupés à
frapper dans leurs mains. Là, en effet,
existe un écho des plus curieux.
Dans cette serre, l'écho n'existe pas en
bas du rocher, mds seulement en hiut *
voici pourquoi : c'est que l'écho n'est pas
direct ; il est elliptique, c'est-à dire qae le
son suit la trajectoire de la voûte vitrée,
Feuilleton da Mlmppei
DU 14 AVRIL
,
LA
SÉPARÉE
';"
XIII
Le retour
Claire ne sortit de sa léthargie qu'en
arrivant à Raris. Les coups successifs qui
l'avaient frappée avaient eu raison de son
énergie, de sa volonté, de sa mémoire.
Elle jouissait d'un repos animal, faisant
ce qu'on lui disait de faire, descendant
d'un wagon, montant dans un autre, en-
trant dans un buffet, s'asseyant ou se le.
vant, au gré de sa nourrice et de son
ami.
A Paris, Henri la conduisit dans un hô-
tel, près de la gare Saint-Lazare, et la
laissa aux soins de Catherine.
Il revint dans l'après-midi.
— Comment vous trouvez-vous?
— Bien.
Voir le Rappel du 20 mars au 13 avril.
— En ce cas, vous pourrez partir à qua-
tre heures. Je vais envoyer une dépêche
à votre père afin qu'il vous attende à votre
arrivée.
— Bien.
— Lorsque j'ai quitté Bayeux, j'ai dit à
ma mère que je venais à Paris et que j'y
demeurerais quelque temps. Je ne retour-
nerai donc à Bayeux que dans trois ou
quatre jours.
— Ahl
— M'approuvez-vous?
— Oui.
— Que comptez-vous faire en arrivant ?
— Je ne sais pas. Ce que vous voudrez.
— C'est un enfant, dit Catherine.
Ce mot d'enfant caractérisait en effet
l'état dans lequel, depuis la veille, se trou-
vait Mme de Mériel.
Elle se laissa conduire au chemin de
fer, elle quitta Paris, elle arriva à Bayeux,
elle revit ses parents, dans une sorte de
somnambulisme, comme si elle était ab-
sente d'elle-même.
Elle ne se souvenait de rien, ne sa-
vait rien, souvent ne comprenait pas.
Lorsque son père od sa mère, désolés
de la voir ainsi, avaient une attention
pour elle, lui adressaient une parole
affectueuse, elle leur répondait par un
sourire vague. Après le déjeuner, elle s'as-
seyait sur un banc, dans le jardin, prenait
Camille sur ses genoux. Dans l'intense
chaleur d'août, les paupières de l'enfant
s'abaissaient vers ses joues roses.
— Dors, dors ! lui disait Claire.
Elle demeurait immobile pour ne pas la
réveiller, la regardait dormir. Elle ne s'a-
percevait ni de la faite des heures, ni du
soleil, ni de l'ombre, ni des allées et ve-
nues des gens dans la maison.
Le cinquième jour, à l'heure du whist,
Henri entra dans le salon avec M. Gom-
bault.
Claire tressaillit. Il s'approcha d'elle,
lui prit la main.
— Vous m'avez promis de faire ce que
je voudrais; eh bien! je veux que vous
guérissiez 1 dit-il. ,
— Alors, je le veux aussi.
A partir de ce moment, les forces revin-
rent peu à peu à Claire. Mais elle retrouva
en même temps la faculté de souffrir.
Comment chasser de son esprit les souve-
nirs amers, les humiliations, les insultes?
La pensée que son mari pourrait faire
usage de la lettre de Mme Esnault pour la
calomnier, la juste crainte d'un scandale,
qui retomberait sur la tête de ses parents
et'de son enfant, l'occupaient douloureu-
sement pendant la journée.
La nuit, elle avait des terreurs, se ré-
veillait en sursaut, demeurait dans cette
indécision entre le sommeil et le réveil, où
persiste l'impression pénible du rêve. Le
matin la trouvait nerveuse et brisée, dans
cette disposition insupportable qui parti-
cipe à la fois du malaise physique et du
mécontentement moral. Un besoin im-
mense de changement dominait ce trou-
ble. Il lui semblait qu'elle serait mieux
ailleurs et autrement. Elle alteodait avec
impatience les visites d'Henri, lui parlait
à peine quand il était là, sentait s'en
aller sa vie lorsqu'il sortait.
- Une secousse, quelle qu'elle soit,
me ferait du bien ! disait-elle à Sabine.
Et une autre fois, à Henri :
— Je suis dans l'attente de quelque
chose. J'ai la menace d'un malheur au-
dessus de moi !
Un soir, il vint plus tôt que d'habitude.
Son visage, sa démarche trahissaient l'a-
gitation intérieure.
Claire courut à lui.
— Qu'avez-vous, mon ami? Votre mère
est plus malade?
— Au contraire, elle va mieux.,
— Elle est injuste envers moi ; elle
vous a dit quelque chose qui vous a
blessé!.
— Non. Tenez, ne me questionnez pas.
Si j'avais un secret, je vous le dirais, vous
le savez bien.
— Cependant vous êtes ému.
— C'est vrai. Ecoutez-moi, Claire. Je
ne vous redirai pas que je vous aime ; les
mots seraient toujours trop faibles. Vous
êtes tout pour moi. Eh bien ! en échange
de ce sentiment, de cette adoration, de
cet absolu, j'ai une chose à vous deman-
der.
— Parlez ! parlez vite r
— Claire, votre mari vous a revue. S'il
voulait vous revoir encore, s'il vous écri-
vait, si un rapport, quelque lointain qu'il
soit, quelque insignifiant qu'il puisse pa-
raître, s'établissait entre vous, promettez-
moi que j'en serais averti !
— Avez-vous besoin de ma promesse?
— Oui. Je serais plus tranquille si vous
me la donniez.
— Eh bien 1 je vous la donne.
— Vous me direz tout ?
- Tout, je vous le jure.
- Bien. Vous allez être mise à l'é-
preuve demain, aujourd'hui même. M. de
Mériel est ici.
— Lui I 1
— Il est arrivé ce matin, il a passé la
journée chez Gombault. Tout à l'heure
Mme Gombault viendra vous voir.
— Ce soir, je vous écrirai ce qu'elle
m'aura dit. Je ne prendrai pas une réso-
lution, je ne ferai pas une démarche, je
ne prononcerai pas un mot, sans que vous
ayez dicté ce mot, autorisé celte démar-
che, commandé cette résolution. Moi
aussi, Henri, je suis toute à vous! Donnez-
moi votre main. Il y a pacte.
— Voici Mme Gombault.
— Au revoir, Henri ! — Veux-tu monter
dans ma chambre, Sabine ? Tu as à me
parler, je le sais.
Lorsque les deux amies fur nt seules :
— Je sais que M. de Mériel est ici, dit
Claire. Viens-tu de sa part?
— Non, mais de celle de mon mari et
de la mienne. Tu as rencontré M. da Mé-
riel à Aix; il t'a demandé un entretien.
— Que j'ai refusé.
— Cet entretien, il s'adresse aujour-
d'hui à mon mari pour l'obtenir. « - Vous
êtes l'ami, le conseil de Mme de Mériel;
faites qu'elle me reçoive, qu'elle m'entende.
Je vous jure de respecter ensuite sa déci-
sion, quelle qu'elle soit? »
— Qu'a répondu ton mari?
— Charles a pris parti pour toi, comme
tu penses bien; il a fait sentir à M. de Mé-
riel tout ce que de pareils rapprochements
ont de douloureux, l'a engagé à renoncer
à son projet, lui a conseillé d'écrire; il est
allé jusqu'à lui proposer de se charger de
sa lettre. Il a rencontré une résistance iné-
branlable. « - Je veux la voir, et je la
verrai!—Cependant si Mme de Mériel refuse
de vous recevoir, comme elle en a le droit?
— En ce cas, je m'adresserai à son père;
j'emploierai tous les moyens, même la
violence, même le scandale! j'ai des armes
entre les mains. » Il s'est repris, a parlé de
ses regrets, du passé, de son repentir :
« Sa conduite ne saurait être dictée par
l'intérêt, car il est riche ; c'est à un mobi!e
élevé qu'il obéit; il désire réparer ses
torts, il aime sa fille. » Enfin il veut te
voir, et il ne quittera pas Bayeux sans t'a-
voir vue.
— Quel est l'avis de ton mari?
- Charles a été ébranlé par cette insis-
tance. Il voudrait t'épargner un entretien
pénible; mais il n'en trouve pas le moyen.
« Bien certainement, m'a-t-i! dit, M. de Mé-
riel, si sa femme refuse de le recevoir, ira
trouver M. Le Testu. Comment s'y pren-
dra-t-il pour obtenir son in e vention ?
Les mots d'armçs, de scandales m'ef-
frayent. Nm-à de Mériel seule peut juger
de la valeur de ces .menaces; elle connaît
son mari. C'est à elle de prononcer.
Pour moi, a-t-il ajouté, en présence de la
promesse de M. de Mériel de respecter sa*
décision, je crois qu'elle ferait bien de le
recevoir, portes ouvertes et debout, dans
son salon. » , * ,.
%— Tu remercieras ton mari, dit Claire,
je veux réfléchir. je lui répondit de-
main.
TONY RÉVILLONi
, (A suivre)
*
25 Germinal an 82 p N* 1509
1 àEDACïIGSi
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
De 4 à 6 heures du soir
iS, ROE DE VALOIS, fl
f ,,
Les manuscrits non insérés ne seront pas rentÎtúi
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ANNONCES
* MM. Ch. LAGRANGE, CERF et ç, ::!.
6, place de la Bourse, 6
1
,
~SÊ~ ~~3S EË~Ë~S~~ ~&~Ê~3
ADMINISTRATION
1. 18, RUE DE VALOIS, 18
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PARIS
Trois mois. 10 »
Six mois 20 »
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Trois mois 13 5Q
Six mois. 27 *
Adresser lettres et mandata
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ment d'adresse, d'une des dernières
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»»
LA SÉPARÉE
ET DES
*
Aventures de Terre et de Mer
ame~M*!'~ ;~M'~HM!~~BM))~aM t~ ~Mfi~~ .'*)MB'f'N
COMMUNIQUÉS
Le septennat commence à s'irriter
des attaques qu'il a eu à subir depuis
quelque temps de la part de ceux qu'il
croyait ses amis. Des décisions ont été
prises à ce sujet au conseil des minis-
tres que le maréchal de Mac-Mahon a
présidé hier matin.
La première de ces décisions est l'en-
voi d'une circulaire du ministre de la
justice aux procureurs généraux, les in-
vitant à traduire devant les tribunaux
« tout journal qui, à l'avenir, se per-
mettrait d'attaquer les pouvoirs que le
maréchal tient de l'Assemblée ». Cette
circulaire sera publiée aujourd'hui mê-
me par le Journal officiel.
Une autre décision analogue a été
l'envoi immédiat de deux communiqués,
l'un à la Liberté, l'autre à l'Union. Nous
les publions plus bas.
La Liberté enregistre purement et sim-
plement son communiqué sans le faire
suivre d'aucun commentaire. L'Union,
elle, ne semble guère gênée du sien, et
répond fièrement qu' « elle continuera
la discussion « et qu' « elle prouvera
qu'il ne serait point aisé de contraindre
les partis à respecter des engagements
qu'on serait disposé soi-même à vio-
ler ». La feuille légitimiste fait au com-
muniqué une autre réponse indirecte en
disant au Français, lequel l'avait mena-
cée et dénoncée, qu' «il a réussi à écrire
le plus ridicule de ses articles ». Nous
aurions été surpris, en effet, qu'après la
manière dont l'Union était entrée en
campagne, elle s'arrêtât devant un inof-
fensif communiqué.
Ce n'est certes pas nous qui reproche-
rons jamais au gouvernement de se
contenter de communiqués comme ré-
ponse aux attaques de n'importe quels
journaux; nous voulons la liberté de la
presse pour nos adversaires autant que
pour nous, et nous félicitons le gou-
vernement de son « désir d'éviter les
mesures répressives». Mais il y a un
rapprochement dont il nous est impos-
sible de ne pas être frappé. :
Au cœur du pays, au centre de la vie
politique, à l'endroit où tout retentit et
d'où tout dépend, à Paris, des journaux
contestent le septennat, lui disent en
face qu'ils le nient, poussent l'hostilité
jusqu'à ce que les journaux ministériels
appellent une « révolte ». Ces journaux
reçoivent un communiqué.
Dans une ville qui est par-delà la
mer, dans un département qui n'a
qu'une action lointaine et indirecte sur
l'état général de la France, à Alger, un
journal local conteste, non pas le gou-
vernement de la France, non pas même
le gouverneur de l'Algérie, mais quel-
ques membres d'une municipalité non
élue. Alors, on ne désire pas « éviter
les mesures répressives », on supprime
violemment le journal, et, comme on
ne peut pas le supprimer sans mettre
préalablement la ville en état de siège,
eh bien, l'état de siége est décrété.
Pourquoi cette différence, ce simple
avertissement pour la grosse attaque,
et pour la petite cette peine énorme
qui punit toute une population d'un ar-
ticle de journal? Parce que les journaux
qu'on avertit sont des journaux monar-
chistes et parce que le journal qu'on
frappe et avec lequel on frappe une
ville est un journal républicain.
Nous répétons que nous approuvons
pleinement la modération dont le mi-
nistère fait preuve envers les journaux
légitimistes et envers les journaux bo-
napartistes, mais il nous est difficile
d'admettre que, sous un gouvernement
qui est la République au moins de nom,
les journaux républicains n'aient pas
droit à la même modération que les au-
tres. Nous sommes pour qu'on laisse aux
monarchistes la liberté, mais nous vou-
drions qu'on donnât aux républicains
l'égalité.
AUGUSTE VACQUERIE.
—— M .———————————
Les termes des deux communiqués
adressés à l'Union et à la Liberté, ont été
arrêtés dans un conseil des ministres tenu
hier matin à neuf heures à l'Elysée.
Depuis plusieurs jours déjà, la polémi-
que de quelques journaux sur la loi de
prorogation des pouvoirs avait attiré l'at-
tention du cabinet ; mais il n'y avait «pas
accord sur la conduite à tenir à cet égard.
Certains membres du cabinet, M. Decazes
notamment, auraient réclamé, — à ce
qu'on assure, — soit une mesure admi-
nistrative, soit des poursuites judiciaires
contre ceux des journaux légitimistes dont
la polémique était la plus vive.
D'autres ministres, au contraire, vou-
laient qu'on se bornât à l'envoi d'un com-
muniqué interprétatif de la loi de no-
vembre.
Avant de rien décider, on rappela, par
dépêche urgente, M. Depeyre qui était à
Cahors.
Le ministre de la justice est arrivé hier
matin à cinq heures, et à neuf heures il
était à l'Elysée. M. Magne était le seul qui
n'assistât pas à ce conseil.
C'est après une discussion, - qu'on dit
avoir été très animée, — que l'accord s'est
fait sur la résolution d'envoyer les com-
muniqués au lieu d'exercer des poursuites.
Ce sont MM. de Broglie. de Larcy et De-
peyre, qui auraient fait prévaloir cet
avis.
—■ — i i— >■
A QUI LA FAUTE?
L'un des principaux organes du cabi-
net du 24 mai, le Français, nous dit au-
jourd'hui avec tristesse « que le parti
de l'empire relève- de plus en plus la
tête. » Si le Français entend par là que
les bonapartistes s'agitent et font du
bruit, il a raison ; il a tort, au contraire,
s'il se figure que le pays éprouve la
moindre envie de retomber sous un ré-
gime dont une Quatrième invasion «t un
nouveau Sedan seraient la conséquence
inévitable. Non, à quelque épreuve que
l'opinion publique ait été mise depuis
une année, quelques efforts qu'on ait
faits pour l'irriter et la lasser, aucune
réaction perceptible ne s'est produite
en faveur de l'empire.
C'est même ce qui prouvé à quel point
ce régime, est en horreur à la France ;
car, certes,, grâce aux intrigues, aux
menées incessantes des royalistes, aux
entraves qu'ils n'ont cessé d'opposer à
l'organisation de la République; si l'em-
pire n'avait paru à tous une mons-
trueuse impossibilité, l'opinion, en haine
de la monarchie bleue ou blanche, aurait
pu, dans une certaine mesure, revenir à
lui. Ce fait ne s'est pas produit, et les
bonapartistes savent aussi bien que
nous à quoi s'en tenir à-cet égard. Sauf
dans quelques localités, ils ont cons-
tamment partagé, devant le suffrage uni-
versel, la déroute des royalistes.
Mais si le parti de l'empire ne s'est
nullement relevé dans l'opinion, il est
exact de dire que, ses représentants re-
lèvent la tête. C'est exact, mais ce n'est
point étonnant, et ce qui peut surpren-
dre, au contraire, c'est que ces person-
nages aient attendu jusqu'à ce jour pour
reprendre leur assurance. Il y a bientôt
une année que les amis du Français ont
reçu le pouvoir des mains des bonapar-
tistes, qu'ils constituaient ainsi, en
quelque sorte, les arbitres de la situa-
tion, Ce rôle de protecteur aurait, on
en conviendra, rendu quelque audace
à des gens même plus timides et plus
réservés que ne le sont d'ordinaire les
partisans de l'empire. Le Français, qui
dirige aujourd'hui une vive attaque
contre M. Rouher, nous paraît, en cette
occasion, manquer tout à fait de recon-
naissance. C'est par la tolérance, par le
bon plaisir de M. Rouher et de ses amis,
que M. le duc de Broglie et les autres
amis du Français ont pu enfin saisir les
portefeuilles tant convoités.
Si l'ex-vice-empereur, comme rap-
pelle le Français, a pu ainsi reprendre
sur la politique générale de notre pays
une influence qui ne lui appartenait
plus et qui ne répond nullement à la j
fore#réelle de son parti, il est bien tard
pour s'apercevoir qu'on a fait une sot-
lise, et il est bien ridicule de se lamen-
ter parce qu'une occasion ainsi offerte a
été saisie.
Si le Français éprouve aujourd'hui
quelque remords, nous l'en félicitons
volontiers. Mais il ne faudrait pas que
sa conscience troublée l'égaràt au point
de lui faire voir, redoutable et grandis-
sant, le spectre du bonapartisme. Non;
les amis du Français sont assez coupa-
bles, ils seront jugés assez sévèrement
par l'histoire pour que nous n'exagé-
rions pas leurs torts. Bien qu'ils aient
fait tout ce qu'il fallait pour cela, ils
n'ont rendu aucuno chance sérieuse à
l'empire, *
Après comme avant le 24 mai, l'em-
pire reste le régime détesté et détesta-
ble. Seulement, avant le 24 mai, les
bonapartistes comprenaient que ce qu'ils
avaient à offrir au pays ne le détacherait
pas du gouvernement qu'il avait, et ils
se taisaient. Depuis le 24 mai, il ont cru
que leur système, leur personnel, leurs
doctrines pouvaient soutenir la compa-
raison, et ils se sont présentés.
Les bonapartistes ont en somme le
ton qui leur convient : celui de protec-
teurs à protégés. Le Français peut faire
ses meâ culpâ, mais qu'il les fasse tout
bas, car il ne réussirait qu'à faire rire
de lui.
A. GAUUER.
, nnMTlIIIH t
LES COULISSES DE VERSAILLES
Les dernières rigueurs du ministère
contre la presse, nous ont suggéré l'idée
de faire la statistique de tous les journaux
frappés par,le gouvernement de l'ordre
moral depuis son avènement jusqu'à ce
jour.
Du 24 mai i873 au 10 avril 1874, c'est-
à-dire dans un délai de dix mois, il y a eu
CENT VINGT journaux frappés par voie ad-
ministrative. Sur ce nombre TRENTE ont
été supprimés ou suspendus en vertu de
l'état de siège; QUATRE-VINGT DIX ont été
interdits sur la voie publique.
Cela fait, en moyenne, douze journaux
frappés chaque mois, ou un euviron tous
les trois jours.
—o—
A ce propos, nous pouvons dire que le
régime auquel la presse est actuéllement
soumise, ne paraît pas, — dans ia pensée
de nos gouvernants, — devoir être modi-
fié de longtemps.
M. de Broglie a, il est vrai, au cours de
la dernière session, annoncé que le gou-
vernement avait préparé un projet de loi
sur la presse, dont l'adoption détermine-
rait la levée de l'état de siège. Il y a quel-
ques jours encore, à la commission de per-
manence, le vice-président du conseil
a confirmé l'existence de ce projet, en al-
léguant que l'encombrement de l'ordre du
jour de la Chambre en avait seul empêché
le dépôt.
M. de Broglie n'avait pas dit toute la
vérité. En réalité, le ministre attend, pour
déposer son projet, que la Chambre ait
statué sur le projet de loi relatif à la li-
brairie, dû à l'initia ive de son collègue,
M. Depeyre.
Il y a, en effet, corrélation absolue en-
tre ces deux projets. On se souvient que
Je projet de M. Depeyre tend à interdire
aux Horaires autorisés la vente des jour-
naux déjà prohibés sur la voie publique.
Cette mesure est considérée comme en
vigueur dans la projet de loi sur la presse,
qui la complète par un raffinement de ri-
gueurs administratives.
—o - ■*
On annonce que la romité de Mgalité
formé par les membres jurisconsultes de
la gauebe républicaine va rédiger unecon-
sultation pour prouver l'illégalité de l'ar-
rêté du général Chanzy, mettant la com:
mune d'Alger en état de siège.
Cette consultation servirait de base à
l'action qni va être poursuivie davant le
conseil d'Etat par le journal algérien sup-
primé.
-0-
On sait que, par suite de la condamna-
tion du maréchal B zaine, il'n'v a plus
dans les cadres de l'armée que quatre ma-
réchaux, qui sont : le président de la Hé.
publique actuel et les maréchaux Ganro-
bert, Lebœuf et Baraguey-d'Hilliers. La
mort de l'amiral Rigault de Genouilly laisse
vacants les deux grades d'amiral qui exis-
tent dans la marine franche..
Le projet de budget de 1875 n'en con-
tient pas moins un crédit de 150 000 fr.
pour cinq maréchaux et un crédit de 60,000
pour deux amiraux.
Il paraît que, dans le centre droit,
on n'a pas renoncé à l'idée de rail e
du duc d'Aumale un maréchal, et du priace
de Joinville un amiral. ,
v
—o—
Plusieurs journaux ont annoncé que
l'Etat allait vendre le domaine de la Mal-
maison. Ce renseignement est exact, et
nous pouvons même le compléter. Il 2>'agit
d aliéner, non-seulement le domaine de la.
Ma maison, mais ceux de Meudoa et d
Villeneuve-l'Etang.
Depuis deux années déjà, on avait fer-
mé ce projet; les commissions du budget
de 1873 et 1874 l'avaient appuyé.
Mais 1 occupation de Meudonet de Ville-
neuve-l'Etang par des camps, et de la
Malmaison par les compagnies de ponton-
niers militaires, en avait empêché la mise
à exécution.
Aujourd'hui, cette occupation a fessé,
et il y a actuellement des pourparlers en-
tre les ministres des finances et des tra-
vaux publics pour arriver a la vente de
ces domaines nationaux. Le produit assez
considérable de cette vente contribuerait
à accroître les ressources du compte de
liquidation pour la reconstitution de notre
matériel de guerre.
-0-
On ne se doute peut-être pas que chaque
année l'Etat paye 20,000 fr. pour secours
aux léfugiés égyptiens.
Cette'allocation remonte à l'arrêté con-
sulaire du 27 germinal an X (15 avril 1802)
qui organisa le corps des mamelucks; l'ar-
rêté porte que des secours seront accor-
dés aux familles de mamelucks qui ont
suivi leurs parents en France.
Cette allocation da secours n'est appli-
cable qu'aux enfants des mamelucks nés
en France antérieurement au 31 décem-
bre 1815. E la exige encore actuellement
un crédit annuel de 20,000 fr. qui, à d'au-
tres époques, s'est élevé jusqu'à 2u0,000 fr.
Voici les deux communiqués dont nous
parlons plus haut :
La Liberté, dans son numéro da 8 avril, a
contesté le caractère irrévocable des pouvoirs
qc.e la loi du 20 novembre a conférés pour sept
ans au maréchal de Abc- 'rJahon; elle se sert
notamment de cette expression : « L'inamovi-
bilité des pouvoirs du maréchal, c'est l'abdica-
tion de l'Assemblée. » *
La même. assertion a été reproduite dans
une lettre adre s 5e au rédacteur de la Liberté,
et insérée dans le nu néro d'hier.
Un tel langage est formellement contraire
au texte, comme à l'esprit de la loi du 20 no-
vembre, et exposerait les journaux qui persé-
véreraient à le tenir, à des mesures répressi-
ves que le gouvernement désire évittr.
,
L'Union, dans la polémique à laquelle elle
se livre depuis quelques jours, soutient que,
par suite de3 projets annoncés par M. le vice-
président du conseil à la commission constitu-
tionnelle, Je s hommes dont elle préteni repré-
senter l'opinion ont recouvré leur liberté d'ac-
tion à l'égard des pouvoirs que le maréchal da
Mac-Mahon tient de la loi du Î0 novembre. —
Cette assertion ne peut être tolérée.
Quels que soient les projets présentés par
le gouvernement à la discussion de l'Asfemblée,
ils ne peuvent rien enlever au caraciére cons-
titutionnel et obligatoire pour tous de la loi
du 20 novembre, qui a conféré le pouvoir pour
sept ans au maréchal de Mac-Mahon. Aucune
équivoque ne doit subsister à cet égard.
■
LES ON-DIT
r '*
Le maréchal de Mac Mahon est arrivé
hier, à deux heures et demie, an palais de
l'Industrie pour visiter l'exposition hippi-
que.
Le président de la République est venu
à pied et sans escorte, selon son habitude.
S* visite a duré environ une heure ; vers
trois heures et demie le maréchal s'est
retiré.
On a remarqué qu'il s'est entretenu
pendant quelques instants avec le duc de
Nemours.
, ,
Un paysagiste de talent, M. Augwsle La-
pito, vient de mourir à Boulogne-sur-
Seine, à l'âge de 69 ans.
M. Lapito était élève de Watelet Ses
premiers tableaux datent de 1827. On a d*
lui, dans la plupart des châteaux apparte-
nant à l'Etat, des tableaux qui témoignent
du goût particulier du peintre pour les si-
tes méridionaux, priucipalem ni pour les4
côtes italiennes, de Nice à la Spezzia.
Une Vue de la forêt de Fontainebleau. de
Lapito, fdit partie du musée du Luxem-
bourg,
Comme aquarelliste, Lipito eut une
grande vogue sous Louis Philippe.
- «
✽ ✽
Des mesures de policé viennent d'or-
donner la fermeture, à la chute du jour,
des passages non classés parmi les voies
pubiiques, et qui ne sont par conséquent
ni éclairés ni surveillés. Ces passages, qui
sont plutôt des couloirs tracés à travers ,
les maisons, sont encore assez nombreux
à Paris.
» «
Le marché aux fleurs qu'on va installer
place Voltaire, s'y tiendra deux fois par
semaine, à d'autres jours que le marché
de la p!ace du Château-i Eau. t
Il contiendra 99 places, chacune de 6
mètres de surface, soumise à une taxe
quotidienne de 10 centimes, soit 6~0 fr. par
an.
Le marché de même nature, qui doit
être créé avenue des Ternes, aura 97 pla-
ces.
-0'
tt *
Il y a dans la grande serre du Jardin
d acclimatation, comme décor de fond
un rocher d'un aspect pittoresque, mais
d'un accès assez difiicile.
Presque toujours cependant, on peut y
remarquer quelques enfants occupés à
frapper dans leurs mains. Là, en effet,
existe un écho des plus curieux.
Dans cette serre, l'écho n'existe pas en
bas du rocher, mds seulement en hiut *
voici pourquoi : c'est que l'écho n'est pas
direct ; il est elliptique, c'est-à dire qae le
son suit la trajectoire de la voûte vitrée,
Feuilleton da Mlmppei
DU 14 AVRIL
,
LA
SÉPARÉE
';"
XIII
Le retour
Claire ne sortit de sa léthargie qu'en
arrivant à Raris. Les coups successifs qui
l'avaient frappée avaient eu raison de son
énergie, de sa volonté, de sa mémoire.
Elle jouissait d'un repos animal, faisant
ce qu'on lui disait de faire, descendant
d'un wagon, montant dans un autre, en-
trant dans un buffet, s'asseyant ou se le.
vant, au gré de sa nourrice et de son
ami.
A Paris, Henri la conduisit dans un hô-
tel, près de la gare Saint-Lazare, et la
laissa aux soins de Catherine.
Il revint dans l'après-midi.
— Comment vous trouvez-vous?
— Bien.
Voir le Rappel du 20 mars au 13 avril.
— En ce cas, vous pourrez partir à qua-
tre heures. Je vais envoyer une dépêche
à votre père afin qu'il vous attende à votre
arrivée.
— Bien.
— Lorsque j'ai quitté Bayeux, j'ai dit à
ma mère que je venais à Paris et que j'y
demeurerais quelque temps. Je ne retour-
nerai donc à Bayeux que dans trois ou
quatre jours.
— Ahl
— M'approuvez-vous?
— Oui.
— Que comptez-vous faire en arrivant ?
— Je ne sais pas. Ce que vous voudrez.
— C'est un enfant, dit Catherine.
Ce mot d'enfant caractérisait en effet
l'état dans lequel, depuis la veille, se trou-
vait Mme de Mériel.
Elle se laissa conduire au chemin de
fer, elle quitta Paris, elle arriva à Bayeux,
elle revit ses parents, dans une sorte de
somnambulisme, comme si elle était ab-
sente d'elle-même.
Elle ne se souvenait de rien, ne sa-
vait rien, souvent ne comprenait pas.
Lorsque son père od sa mère, désolés
de la voir ainsi, avaient une attention
pour elle, lui adressaient une parole
affectueuse, elle leur répondait par un
sourire vague. Après le déjeuner, elle s'as-
seyait sur un banc, dans le jardin, prenait
Camille sur ses genoux. Dans l'intense
chaleur d'août, les paupières de l'enfant
s'abaissaient vers ses joues roses.
— Dors, dors ! lui disait Claire.
Elle demeurait immobile pour ne pas la
réveiller, la regardait dormir. Elle ne s'a-
percevait ni de la faite des heures, ni du
soleil, ni de l'ombre, ni des allées et ve-
nues des gens dans la maison.
Le cinquième jour, à l'heure du whist,
Henri entra dans le salon avec M. Gom-
bault.
Claire tressaillit. Il s'approcha d'elle,
lui prit la main.
— Vous m'avez promis de faire ce que
je voudrais; eh bien! je veux que vous
guérissiez 1 dit-il. ,
— Alors, je le veux aussi.
A partir de ce moment, les forces revin-
rent peu à peu à Claire. Mais elle retrouva
en même temps la faculté de souffrir.
Comment chasser de son esprit les souve-
nirs amers, les humiliations, les insultes?
La pensée que son mari pourrait faire
usage de la lettre de Mme Esnault pour la
calomnier, la juste crainte d'un scandale,
qui retomberait sur la tête de ses parents
et'de son enfant, l'occupaient douloureu-
sement pendant la journée.
La nuit, elle avait des terreurs, se ré-
veillait en sursaut, demeurait dans cette
indécision entre le sommeil et le réveil, où
persiste l'impression pénible du rêve. Le
matin la trouvait nerveuse et brisée, dans
cette disposition insupportable qui parti-
cipe à la fois du malaise physique et du
mécontentement moral. Un besoin im-
mense de changement dominait ce trou-
ble. Il lui semblait qu'elle serait mieux
ailleurs et autrement. Elle alteodait avec
impatience les visites d'Henri, lui parlait
à peine quand il était là, sentait s'en
aller sa vie lorsqu'il sortait.
- Une secousse, quelle qu'elle soit,
me ferait du bien ! disait-elle à Sabine.
Et une autre fois, à Henri :
— Je suis dans l'attente de quelque
chose. J'ai la menace d'un malheur au-
dessus de moi !
Un soir, il vint plus tôt que d'habitude.
Son visage, sa démarche trahissaient l'a-
gitation intérieure.
Claire courut à lui.
— Qu'avez-vous, mon ami? Votre mère
est plus malade?
— Au contraire, elle va mieux.,
— Elle est injuste envers moi ; elle
vous a dit quelque chose qui vous a
blessé!.
— Non. Tenez, ne me questionnez pas.
Si j'avais un secret, je vous le dirais, vous
le savez bien.
— Cependant vous êtes ému.
— C'est vrai. Ecoutez-moi, Claire. Je
ne vous redirai pas que je vous aime ; les
mots seraient toujours trop faibles. Vous
êtes tout pour moi. Eh bien ! en échange
de ce sentiment, de cette adoration, de
cet absolu, j'ai une chose à vous deman-
der.
— Parlez ! parlez vite r
— Claire, votre mari vous a revue. S'il
voulait vous revoir encore, s'il vous écri-
vait, si un rapport, quelque lointain qu'il
soit, quelque insignifiant qu'il puisse pa-
raître, s'établissait entre vous, promettez-
moi que j'en serais averti !
— Avez-vous besoin de ma promesse?
— Oui. Je serais plus tranquille si vous
me la donniez.
— Eh bien 1 je vous la donne.
— Vous me direz tout ?
- Tout, je vous le jure.
- Bien. Vous allez être mise à l'é-
preuve demain, aujourd'hui même. M. de
Mériel est ici.
— Lui I 1
— Il est arrivé ce matin, il a passé la
journée chez Gombault. Tout à l'heure
Mme Gombault viendra vous voir.
— Ce soir, je vous écrirai ce qu'elle
m'aura dit. Je ne prendrai pas une réso-
lution, je ne ferai pas une démarche, je
ne prononcerai pas un mot, sans que vous
ayez dicté ce mot, autorisé celte démar-
che, commandé cette résolution. Moi
aussi, Henri, je suis toute à vous! Donnez-
moi votre main. Il y a pacte.
— Voici Mme Gombault.
— Au revoir, Henri ! — Veux-tu monter
dans ma chambre, Sabine ? Tu as à me
parler, je le sais.
Lorsque les deux amies fur nt seules :
— Je sais que M. de Mériel est ici, dit
Claire. Viens-tu de sa part?
— Non, mais de celle de mon mari et
de la mienne. Tu as rencontré M. da Mé-
riel à Aix; il t'a demandé un entretien.
— Que j'ai refusé.
— Cet entretien, il s'adresse aujour-
d'hui à mon mari pour l'obtenir. « - Vous
êtes l'ami, le conseil de Mme de Mériel;
faites qu'elle me reçoive, qu'elle m'entende.
Je vous jure de respecter ensuite sa déci-
sion, quelle qu'elle soit? »
— Qu'a répondu ton mari?
— Charles a pris parti pour toi, comme
tu penses bien; il a fait sentir à M. de Mé-
riel tout ce que de pareils rapprochements
ont de douloureux, l'a engagé à renoncer
à son projet, lui a conseillé d'écrire; il est
allé jusqu'à lui proposer de se charger de
sa lettre. Il a rencontré une résistance iné-
branlable. « - Je veux la voir, et je la
verrai!—Cependant si Mme de Mériel refuse
de vous recevoir, comme elle en a le droit?
— En ce cas, je m'adresserai à son père;
j'emploierai tous les moyens, même la
violence, même le scandale! j'ai des armes
entre les mains. » Il s'est repris, a parlé de
ses regrets, du passé, de son repentir :
« Sa conduite ne saurait être dictée par
l'intérêt, car il est riche ; c'est à un mobi!e
élevé qu'il obéit; il désire réparer ses
torts, il aime sa fille. » Enfin il veut te
voir, et il ne quittera pas Bayeux sans t'a-
voir vue.
— Quel est l'avis de ton mari?
- Charles a été ébranlé par cette insis-
tance. Il voudrait t'épargner un entretien
pénible; mais il n'en trouve pas le moyen.
« Bien certainement, m'a-t-i! dit, M. de Mé-
riel, si sa femme refuse de le recevoir, ira
trouver M. Le Testu. Comment s'y pren-
dra-t-il pour obtenir son in e vention ?
Les mots d'armçs, de scandales m'ef-
frayent. Nm-à de Mériel seule peut juger
de la valeur de ces .menaces; elle connaît
son mari. C'est à elle de prononcer.
Pour moi, a-t-il ajouté, en présence de la
promesse de M. de Mériel de respecter sa*
décision, je crois qu'elle ferait bien de le
recevoir, portes ouvertes et debout, dans
son salon. » , * ,.
%— Tu remercieras ton mari, dit Claire,
je veux réfléchir. je lui répondit de-
main.
TONY RÉVILLONi
, (A suivre)
*
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