Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-04-12
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 avril 1873 12 avril 1873
Description : 1873/04/12 (N1142). 1873/04/12 (N1142).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7533522p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2012
No 1142. — Samedi 12 Avril 1873. awaln 1 t8 e oêpmumenu 1 il m
23 germinal an SI î sa No 1142*
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9adresser au Secrétaire de la Rédacîkwsj
De 4 à 6 heures du soir 1
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Les manuscrits non insérés ne seront paui&tfiij
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Trois mois.2 €3 &9
Six mois i 11 g
iàâresse; lettres et mandat*
A M. ERNEST LEFÈYR8
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Nous prions ceux de nos abonnés dont
l'abonnement expire le 5 avril de vou-
loir bien le renouveler sans retard, pour
éviter toute interruption dans la récep-
tion du journal.
Il est utile d'accompagner les deman-
des de renouvellement, ou changement
d'adresse, d'une des dernières bandes im-
primées.
Les abonnés nouveaux recevront ce
qui aura déjà paru du roman en cours de
publication :
LES DÉPRAVÉS
UNE RÉUNION PRIVÉE
C'était à Lyon, il y a juste aujourd'hui
quinze jours, le jeudi 27 mars. Une foule
nombreuse, femmes, militaires en uni-
forme, prêtres, affluait au n° 24 de la
montée Saint-Barthélemy où les Frères
de la doetrine chrétienne ont un établis-
sement considérable. Ce qui allait se pas-
ser là était protégé par deux gendarmes,
par un sergent de planton et par des gar-
des urbains. Cela s'appelait une réunion
privée.
On passait sous une voûte, on traver-
sait une cour, et on était introduit dans
la vaste nef d'une chapelle neuve. On y
était bientôt tout ce que la nef pouvait
contenir, trois mille personnes. Au fond,
à la place de l'autel, une estrade, avec
une table. Derrière l'estrade, une toile
peinte représentant la maison des Frères
dans un paysage.
Tout à coup, on vit surgir sur l'estrade
un jeune capitaine de cuirassiers, la toile
du fond se leva, et un autre décor appa-
rut, une forêt vierge, dont les figurants
étaient le supérieur de l'école des Frè-
res, un chef de bataillon d'infanterie, un
officier d'artillerie, deux généraux, un
journaliste pieux, puis un groupe de jé-
suites de robe plus ou moins courte.
Musique.
La fanfare se tut, et le jeune capitaine
de cuirassiers commença.
Ici j'éprouve le besoin de dire que j'em-
prunte tout ce récit à un des assistants,
un rédacteur d'un journal de Lyon, la
France républicaine, lequel a pris des no-
tes très détaillées pendant le discours et
déclare en reproduire textuellement les
passages essentiels. Voici quelques-unes
des phrases que notre confrère a no-
tées :
« Le dogme brutal de l'égalité est un
mensonge. Il est devenu le credo de cette
religion politique qui s'appelle la démo-
cratie ; il a produit ces théories insensées
d'après lesquelles toutes les fonctions se-
raient accessibles à tous, d'après lesquel-
les encore tous auraient le droit d'inter-
venir dans le gouvernement de la chose
publique. Non, il n'est pas vrai qu'il
n'existe plus de distinctions sociales ni
qu'il faille les effacer ; non, il n'est pas
vrai que la direction de la chose publique,
que l'exercice de l'autorité ne soient pas
le légitime privilège et comme l'apa-
nage héréditaire de certaines classes.
A ceux auxquels sont échus en partage
la fortune, l'intelligence et les bienfaits
de l'instruction, le droit de commander,
de gouverner et le devoir de protéger les
faibles; le rôle des autres est d'obéir. Ce
sont là des vérités élémentaires, incon-
testables, et, pour les avoir méconnues,
voyez où nous en sommes arrivés 1 Voyez
ce qu'est devenue notre pauvre France
depuis quatre-vingts ans, depuis cette
date fatale de 1789, depuis cette révolu-
tion qui est, je vous l'ai dit en une autre
circonstance, et je ne saurais trop le ré-
péter, qui est la pierre angulaire de cet
édifice détestable qu'il nous faut détruire
sous peine d'être ensevelis sous ses
ruines ! »
Après la démocratie, la franc-maçon-
nerie a eu son tour :
« Les francs-maçons sont les ennemis
les plus implacables de la foi catholique ;
ce sont ces hommes maudits dont on re-
trouve la main dans tous les crimes et
dans tous les désordres, ce sont eux qui ar-
ment le bras de l'assassin; ce sont eux
qui ont préparé l'attentat où la papauté
a failli succomber, qui ont lâchement
miné les casernes qui renfermaient les
soldats dévoués du souverain pontife; ce
sont eux, enfin, qui recrutent ces meutes
sanguinaires qui combattent sous le dra-
peau de la République. C'est dans le
triangle symbolique de la maçonnerie
que nous retrouvons aussi l'origine de la
trop célèbre trilogie révolutionnaire :
Liberté, égalité, fraternité. »
La conclusion se tirait d'elle-même :
« Nous avons déserté la mission provi-
dentielle qui nous appartient, en abandon-
nant cette direction de la chose publique
qui nous revient de droit. D'autres sont
venus, imposteurs et charlatans, qui s'en
sont emparés. On a pu les juger à l'œuvre,
l'heure est venue de leur arracher un
pouvoir dont ils ont fait un si triste usa-
ge. C'est donc une croisade que je vous
prêche. La terre que nous avons à arracher
aux infidèles, c'est notre terre de France.
Répétons donc à notre tour ce cri qui
enfanta les prodiges de nos pères : Lieu
le veut! ne reculons devant aucun obsta-
cle, devant aucun sacrifice, Dieu bénira
nos efforts. Un jour viendra où vous vous
appellerez légion et où dans le monde en-
tier le groupe infime des révolutionnaires
condamnés à l'impuissance en sera ré-
duit à jeter au ciel l'imprécation de l'a-
postat : « Galiléen, tu as vaincu 1 » Ah!
pour ceux-là pas de pitié, car ils ne sont
pas le peuple, ils sont l'enter 1 »
Il va sans dire que la guerre à la dé-
mocratie se complétait par la guerre pour
le pape :
« J'ai bon espoir. J'espère, parce qu'une
parole divine l'a dit : Les portes de l'en-
fer ne prévaudront point contre mon
Eglise. Or, quelle autre épée que celle de
la France régénérée pourrait rendre son
trône au prince des apôtres ? »
Le capitaine qui parlait était M. de
Mun, officier d'ordonnance de M. le gou-
verneur de Paris.
Le préfet qui autorisait, par la présence
de ses agents, M. de Mun à souffler la
guerre .civile et la guerre européenne,
était celui qui vient d'interdire à M. Ba-
rodet d'afficher un appel à l'ordre, au
calme et au respect de la loi.
Et, en entendant un officier, en uni-
forme, prêcher cette croisade contre la dé-
mocratiè devant des généraux et des of-
ficiers de tous grades, qui applaudis-
saient, le rédacteur de la France républi-
caine se rappelait les deux officiers de
Grenoble renvoyés de leur corps et mis
en prison pour avoir assisté au discours
d'un démocrate.
Et il se demandait s'il était vrai que la
France fût en République.
Ceux qui pensent que c'est là la Répu-
blique telle qu'elle doit être; ceux qui ju-
gent qu'il est bien que les officiers puis-
sent prononcer des discours contre la Ré-
publique et qu'ils ne puissent pas écouter
des discours républicains; ceux qui trou-
vent juste et prudent qu'on ait le droit de
demander publiquement le combat à mort
contre des concitoyens et la guerre avec
l'Europe pour le pouvoir temporel et
qu'on n'ait pas le droit d'afficher un con-
seil de patience et de modération; ceux
qui ne voient aucun inconvénient à ce
que la haine violente de la démocra-
tie, de l'égalité, de 1789, de la souverai-
neté du peuple, de tout ce qui est la Répu-
blique, soit professée par un officier
d'ordonnance d'un des g rands comman-
dants militaires; ceux qui sont d'avis que
le gouvernement a raison de comprendre
la République de cette manière et qui dé-
sirent qu'il continue, ceux-là voteront
pour M. de Rémusat. Les autres vote-
ront pour M. Barodet.
AUGUSTB VACQUERIE.
j
RÉPONSE DE M. BARODET
Lyon, 10 avril, midi.
Adhésion complète à vove programme.
Je vous écrirai ce soir.
BARODET.
Ce télégramme est la réponse à une lettre
du Comité fédéral républicain d'action élec-
torale, dont nous avons publié avant-hier
une communication portant qu'une com-
mission avait été chargée de s'entendre
avec M. Barodet et de lui demander son
adhésion au mandat suivant :
i* Dissolution immédiate de l'Assemblée
de Versailles;
2° Intégrité absolue du suffrage uni-
versel ;
3° Convocation à bref délai d'une As-
semblée constituante, unique et souve-
raine qui, seule, peut assurer l'amnistie et
la levée de l'état de siège.
M. Barodet n'étant pas à Paris, la com-
mission lui a écrit à Lyon.
La réponse est, comme on voit, une
acceptation pleine et entière des trois
points du mandat.
Nous publierons demain la lettre qu'an-
nonce le télégramme de M. Barodet.
Nous lisons dans le Bien public :
« Il n'y a pas à y revenir ; les comités ra-
dicaux ordonnent, il faut obéir. C'est égal,
pareille obéissance nous semblerait bien
dure, si nous étions du Rappel et de la Ré-
publique française. C'est en effet gravement
méconnaître les antécédents des hommes
considérables dont ces journaux se recom-
mandent, que de leur imposer un nouveau
venu de province, dont hier encore on
ignorait presque le nom. »
Le Bien public sait bien que la candida-
tnre de M. Barodet n'a été imposée à per-
sonne. L'idée en a surgi spontanément —
comme en font foi les lettres que nous
avons publiées — dans l'esprit de citoyens
de tous les arrondissements, et ce n'est
qu'après qu'elle avait, on peut dire, jailli
du sol que des comités se sont formés.
Ces comités n'ont pas eu à l'imposer, ni
même à la proposer, ils n'ont eu qu'à la
constater.
C'est tout ce que nous avons fait nous-
mêmes. Nous ne l'avons pas subie plus
que nous ne l'avons proposée i nous l'a-
vons applaudie.
Quant au mépris qu'affecte le Bien pu-
blic pour « un nouveau venu de province »,
nous croyons que M. Barodet et la pro-
vince s'en consoleront.
Ce nouveau venu est un citoyen très ho-
norable, et qui a fait ses preuves de ferme
intelligence et de solidité républicaine ;
mais, dans ce moment, sa personnalité
n'est pas en cause, il est plus que lui-mê-
me, il est la personnification d'une gran-
de ville injustement frappée, et pas
d'une seule, de toutes les grandes vil.
les qu'on veut décapiter après Lyon.
Ce sont, il est vrai, des villes de « pro-
vince », et le Bien public trouve que cela
diminuera Paris de nommer un « provin-
cial ». Nous trouvons, tout au contraire,
que cela le grandira. En nommant un Pa-
risien, Paris ne ferait qu'une élection pa-
risienne. Paris pratiquant le grand prin-
cipe démocratique de la solidarité. et de
l'unité nationale, Paris votant pour un pro-
vincial, Paris est plus que Paris, c'est
Paris et la province, c'est la France.
L'ÉLECTION DU 27 AVRIL
Salle des Écoles (rue d'Arras).
Le bureau est présidé par le citoyen
Frédéric Morin.
Le général Cremer fait l'historique de
la situation électorale; il rappelle les dif-
férentes candidatures qui ont été mises en
avant : celles de Victor Hugo, de Lockroy,
de Ledru-Rollin.
L'orateur attaque la candidature. de M.
de Rémusat et se déclare absolument par-
tisan de celle du citoyen Barodet.
Le général Cremer annonce que le
citoyen Barodet accepte la candidature, et
qu'il sera à Paris luudi, 14 avril, pour se
mettre à la disposition des électeurs.
(Longs applaudissements.)
Nous ne pouvons, continue l'orateur,
voter pour M. de Rémusat : si les minis-
tres sont responsables, il faut convenir
aussi qu'ils sont solidaires; voter pour
M. de Rémusat serait donc approuver tout
ce que MM. Dufaure et de Goulard ont
fait depuis une année.
Voter pour le citoyen Barodet, c'est
faire entendre une éclatante protestation
contre les influences qui ont annulé les
promesses du Message ; c'est dire à l'As-
semblée : nous avons assez de la Répu-
blique sans républicains, parlez, avec ou
sans bagages: (Applaudissements.)
Le citoyen Fontréaux insiste sur le ca-
ractère officiel de la candidature Rémusat.
Le citoyen Frédéric Morin, président,
invite les orateurs qui désireraient soute-
nir la candidature de M. de Rémusat, à
prendre la parole ; il affirme que la réu-
nion les écoutera avec impartialité.
Le président constate, après avoir plu-
sieurs fois renouvelé sa proposition, que
personne ne veut prendre la parole pour
cette candidature. Il met aux voix la can-
didature du citoyen Barodet.
A l'unanimité des votants, le citoyen Ba-
rodet est accepté comme candidat.
Le citoyen Frédéric Morin.—Votre vote,
citoyens, a une double signification. En ac-
clamant Barodet, vous faites d'abord une
manifestation en faveur du droit munici-
pal, c'est ensuite un avertissement donné
au gouvernement, qui ajourne depuis trop
longtemps l'exécution des promesses du
Message. Nous allons maintenant étudier
les moyens d'assurer le succès de la can-
didature qui vient d'être acceptée.
On donne connaissance des mesures
prises pour arriver à la formation du Con-
grès électoral républicain de la Seine.
Le général Cremer approuve ces me-
sures.
Le citoyen Morin. - Fixons un jour
pour la nomination des délégués.
La réunion décide, sur la proposition du
cit. Cobadon, qu'il y aura une réunion di-
manche à quatre heures, pour la nomina-
tion des délégués du cinquième arrondis-
sement au congrès; les électeurs de l'ar-
rondissement, seuls, prendront part à ce
vote.
Le citoyen Frédéric Morin. — Je cons-
tate, en levant la séance, que la réunion
a montré le calme et l'ordre dans la dis-
cussion qui convient à une assemblée de
citoyens libres. Sous l'empire, il en était
autrement ; il est donc vrai de dire que
rien n'est plus favorable au maintien de
l'ordre public que le gouvernement répu-
blicain.
Le Comité électoral des travailleurs nous
communique l'appel suivant :
Citoyens,
Les électeurs parisiens sont convoqués dans
leurs comices en vue d'une élection partielle.
Le scrutin sera ouvert le 27 avril. Jamais élec-
tion ne fut plus significative, jamais heure ne
fut plus solennelle.
Eu présence des intrigues, des complots que
ne cessent de susciter les monarchistes pour
le renversement de la République; en pré-
sence surtout de ces menées souterraines di-
rigées à l'encontre du suffrage universel, il
est du devoir de la, démocratie, sentinelle vigi-
lante, de veiiler incessamment au moyen uni-
que qui doit lui assurer le triomphe de ses
légitimes aspirations.
Bourgeois, ouvriers, travailleurs de toute
classe, vous tous que des hommes d'une autre
époque voudraient ramener au servage en bri-
sant dans vos mains la seule arme qui vous
reste; hommes de bonne foi, qni voulez arri-
ver sans secousse au triomphe de vos idées,
l'heure d'une légitime revendication a sonné.
Plus que jamais, il s'agit d'affirmer nos droits,
notre volonté, notre souveraineté.
Dans cette lutte qui va s'ouvrir, que chacun
de vous agisse pour envoyer à l'Assemblée de
Versailles un citoyen dont le nom et le carac-
tère soient la protestation la plus vivante de
Paris contre toute atteinte au suffrage univer-
sel.
Citoyens,
Le temps des belles paroles et des belles
phrases est passé ; il faut de l'action, toujours
de l'action pour le triomphe de notre sainte
cause.
Tous debout, serrons nos rangs! Devant
l'urne, nous devons marcher compactes, sans
division, et voter à l'unanimité pour le candi-
dat de la solidarité républicaine :
Le citoyen Barodet, maire de Lyon, s'il ac-
cepte le mandat contractuel.
Vive la République démocratique !
Pour le comité électoral des travailleurs :
Le secrétaire de la commission,
J. MANTILLET.
Le comité républicain radical du 18e ar-
rondissement, dans une réunion privée
qui a eu lieu à Montmartre le 10 courant
et qui se composait d'un groupe impor-
tant d'électeurs de l'arrondissement, a pris
les résolutions suivantes :
Le citoyen Barodet, ancien maire de
Lyon, est désigné comme candidat à l'é-
lection du 27 avril.
Mandat lui est donné de défendre l'in-
tégrité du suffrage universel, de revendi-
quer les franchises municipales pour les
grandes villes comme pour les .plus hum-
bles communes ; A
De demander la dissolution immédiate
de l'Assemblée et de procurer ainsi au
pays la levée de l'état ^dèp'siége tie, qui peuventr sèitlei 'amener l'apaise-
ment public et la rtfp*isèMies affaires.
Attendu l'état de siége et* la permanence
des conseils de guerre, le comité a résolu
de ne pas provoquer de réunions publi-
ques dans; le dix-huitième arrondisse-
ment. -
ment. Í'
Pour le comité et par délégation :■ -—
Le président,
J.-A. Lafont, ancien adjoint au 18° arron-
dissement, 19, rue Capron.
Les assesseurs,
Bonard, marbrier, 1?, avenue du Cimetière
du Nord.-Moret, typographe, 19, rue
Polonceau.
RÉUNIONS PUBLIQUES ÉLECTORALES
PREMIER ARRONDISSEMENT.
Salle de la Redoute, rue Jean-Jacques-
Rousseau, aujourd'hui deux réunions, à
quatre heures et à huit heures, et diman-
che, réunion à une heure.
CINQUIÈME ARRONDISSEMENT
Des réunions publiques auront lieu cha-
que soir rue d'Arras, local de la Société
immobilière, pendant toute la période élec-
torale.
SIXIÈME ARRONDISSEMENT
Gymnase Pascaud, rue de Vaugirard, ce
soir, à huit heures, réunion organisée par
les membres du comité républicain radical
de l'arrondissement, MM. Handeberg, En-
gelhard, le docteur Sémerie, Yves Guyot,
Génillier, Alfred Naquet, Vinot, Potel, Beau-
visage; Caubet, etc.
NEUVIÈME ARRONDISSEMENT
i 7
Salle du Casino,. rue Cadet, tous les
soirs, à huit heures, à partir de demain
samedi.
DIX-SEPTIÈME ARRONDISSEMENT
Sur l'initiative d'un groupe de républi-
cains, une réunion publique électorale
aura lieu samedi prochain, L2 avril, à huit
heures très précises du soir, rue de Lévis,
n° 8, à l'effet de nommer les délégués au
congrès républicain, qui doit désigner le
candidat de la démocratie parisienne.
Les soussignés engagent les électeurs
républicains du 17e arrondissement à se
rendre à cette réunion.
L. MONDUIT, F.X. TRÉBOIS, PON-
CET, H. VILLENEUVE, J. GESLIN,
ÉDOUARD LOCKROY, A. DESMOU-
LINS.
LES COULISSIS DE VERSAILLES
On s'est enfin décidé à nommer un
sous-secrétaire d'Etat au ministère de
l'intérieur, où il n'y en avait plus de-
puis la nomination de M. Calmon à la
préfecture de la Seine.
Divers noms avaient été mis en avant :
ceux de M. Fournier, directeur de la divi-
sion de l'Algérie au ministère de l'intérieur ;
de M. Durangel, directeur de la division
départementale et communale, et enfin
Feuilleton du Ilagppet
DU 12 AVRIL 1873
3
LES
DÉPRAVÉS
- ROMAN DE MŒURS CONTEMPORAINES
CHAPITRE PREMIER
Conséquence de la loi de la chute
des corps.
(Suite).
Les rumeurs du dehors se calmèrent
tout à coup, et l'échelle de femmes s'a-
plàtit contre le mur pour livrer passage
à un homme grassouillet, presque sans
La reproduction, même partielle, de ce
roman, est interdite.
Voir le Rappel des 10 et il avril
cheveux et tout à fait sans barbe, mais de
qui on ne pouvait dire toutefois qu'il
n'avait rien de saillant ; car il marchait
précédé d'un nez énorme, qui lui tom-
bait dans la bouche : c'était le docteur.
— Ah ! fit-il en entrant, c'est pour un
suicide. Nous en avons un grand nom-
bre en ce moment.
Après ce trait lancé d'un ton qui sem-
blait dire c'est la saison, il enveloppa
tout l'état-major qui se tenait au pied du
lit d'un regard circulaire signifiant qu'il
désirait rester seul avec sa cliente. Et le
grappillon de curieuses qui s'était faufilé
dans la chambre alla rejoindre la grappe
principale qui stationnait dans l'escalier.
- Et vous, monsieur? insista-t-il,
voyant que Max ne bougeait pas.
— Moi, je reste ; je pourrai vous être
utile. Madame est ma femme, appuya
Max. Et, comme s'il craignait que le mot
femme ne fût pas suffisamment concluant,
il ajouta :
— Je suis son mari.
— De quel étage madame est-elle tom-
bée ? demanda le médecin, qui s'était ap-
proché et avait pris la main de Geneviève
pour consulter les battements du pouls.
— Du cinquième.
— Oui, oui, fit le petit vieillard, en se-
couant les poignets et en faisant jouer les
articulations. Ce « oui, oui, » avait la
prétention de répondre à Max : (c Avec ma
perspicacité ordinaire, j'avais diagnosti-
qué au premier examen que la malade
était tombée du cinquième, mais je tenais
à savoir si vous me diriez la vérité. »
Le docteur promena longtemps ses
doigts sur les membres endoloris. De
temps en temps, il les arrêtait à une join-
ture, puis, après un signe de tête appro-
batif, il reprenait son exploration.
Max, haletant, attendait le mot décisif.
— Ma foi, dit enfin le savant, comme
un emprunteur qui revient bredouille,
rien de brisé. Une légère enflure à la che-
ville, et c'est tout.
— Cependant, ces plaies-là, tout près
de la tempe ?
- Ce sont des contusions avec déchi-
rures simples des couches de la peau.
D'ailleurs, les trous à la tête, c'est la
santé. Il y a encore à craindre des lésions
internes, mais nous ne pourrons guère
être fixés à ce sujet avant deux ou trois
jours ; cependant, je ne vois rien de par-
ticulier dans l'état de la malade; l'œil est
bon, le pouls est calme.
— Mais, docteur, balbutia Max, luttant
pour ne pas serrer le vieillard sur son
cœur, comment expliquez-vous qu'on
puisse tomber d'une si prodigieuse hau-
teur sans ?.
— Après trois jours de pluies consécu-
tives, comme c'est ici le cas, le pavé
acquiert une élasticité extraordinaire, ris-
qua le docteur, qui était décidé à trouver
réponse à tout; mais, peu curieux de dé-
velopper sa théorie, il alla une dernière
fois au lit de Geneviève :
- Nous entendez-vous? lui demanda-
t-il.
- Oui, répondit la malade avec un lé.
ger bégaiement.
— Vous pouvez donc parler ?
— Un peu.
— Avez-vous soif?
— Oui.
— Avez-vous sommeil?
- Oui.
Le docteur ordonnança une potion
anti-spasmodique à prendre toutes les
heures par cuillerée à café, annonça qu'il
serait là le lendemain matin vers huit
heures, et sortit chargé des bénédictions
de Max, qui le reconduisit jusque sur
l'escalier, et lui dit en lui serrant les
mains de toutes ses forces :
- Jurez-moi que vous ne me cachez
rien!
- Je vous donne ma parole d'honneur
que la situation est telle que je vous l'ai
annoncée. J'en suis aussi surpris que vous,
mais si aucun accident ne se produit, vo-
tre dame sera debout dans huit jours.
— Oh! que vous êtes bon, s'écria
Max.
Cependant, lorsqu'il se vit seul avec sa
maîtresse, toute sa confiance tomba.
— Il est superbe, le docteur, pensa-t-
il, avec ses pavés élastiques qui vous ga-
rantissent d'un saut de cinquante-cinq
pieds. Tant pis! dit-il à Geneviève qui
sortait peu à peu de sa léthargie, puisque
j'ai là mon père, je vais l'aller chercher.
Avec un praticien comme lui, nous sau-
rons au moins ce qui nous attend.
— Ton père! me faire soigner par
ton père ! Oh non, murmura Geneviève,
je serais trop honteuse.
— Honteuse? et pourquoi, pauvre
ange? Quand il saura quelle femme tu
es, est-ce que tu t'imagines.
A ce moment, le concierge entra, tenant
à la main une bande de percale effiloquée
et tordue, comme si elle avait porté quel-
que temps un poids trop fort.
—Victoire! monsieur Max, cria le père
Richard, Mlle Geneviève en réchappera.
En tombant, elle s'est accrochée par son
jupon à la barre de la marquise dressée
au-dessus de la boutique du parfumeur.
J'apporte le morceau qui y était resté
pendu.
—Voilà donc ce qui l'asauvée! fit Max;
comprenant enfin tout son bonheur. Al..
Ions, Geneviève ! Allons, la jeune ma-
lade 1 Il s'agit d'être promptement sur
pied. Tu sais que nous nous marions dans
trois semaines.
(A suivre.)
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a
23 germinal an SI î sa No 1142*
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De 4 à 6 heures du soir 1
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Les manuscrits non insérés ne seront paui&tfiij
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II; IV8 Du YALOÏfJ |9 -, •
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Frols moU,.} 10 m
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loir bien le renouveler sans retard, pour
éviter toute interruption dans la récep-
tion du journal.
Il est utile d'accompagner les deman-
des de renouvellement, ou changement
d'adresse, d'une des dernières bandes im-
primées.
Les abonnés nouveaux recevront ce
qui aura déjà paru du roman en cours de
publication :
LES DÉPRAVÉS
UNE RÉUNION PRIVÉE
C'était à Lyon, il y a juste aujourd'hui
quinze jours, le jeudi 27 mars. Une foule
nombreuse, femmes, militaires en uni-
forme, prêtres, affluait au n° 24 de la
montée Saint-Barthélemy où les Frères
de la doetrine chrétienne ont un établis-
sement considérable. Ce qui allait se pas-
ser là était protégé par deux gendarmes,
par un sergent de planton et par des gar-
des urbains. Cela s'appelait une réunion
privée.
On passait sous une voûte, on traver-
sait une cour, et on était introduit dans
la vaste nef d'une chapelle neuve. On y
était bientôt tout ce que la nef pouvait
contenir, trois mille personnes. Au fond,
à la place de l'autel, une estrade, avec
une table. Derrière l'estrade, une toile
peinte représentant la maison des Frères
dans un paysage.
Tout à coup, on vit surgir sur l'estrade
un jeune capitaine de cuirassiers, la toile
du fond se leva, et un autre décor appa-
rut, une forêt vierge, dont les figurants
étaient le supérieur de l'école des Frè-
res, un chef de bataillon d'infanterie, un
officier d'artillerie, deux généraux, un
journaliste pieux, puis un groupe de jé-
suites de robe plus ou moins courte.
Musique.
La fanfare se tut, et le jeune capitaine
de cuirassiers commença.
Ici j'éprouve le besoin de dire que j'em-
prunte tout ce récit à un des assistants,
un rédacteur d'un journal de Lyon, la
France républicaine, lequel a pris des no-
tes très détaillées pendant le discours et
déclare en reproduire textuellement les
passages essentiels. Voici quelques-unes
des phrases que notre confrère a no-
tées :
« Le dogme brutal de l'égalité est un
mensonge. Il est devenu le credo de cette
religion politique qui s'appelle la démo-
cratie ; il a produit ces théories insensées
d'après lesquelles toutes les fonctions se-
raient accessibles à tous, d'après lesquel-
les encore tous auraient le droit d'inter-
venir dans le gouvernement de la chose
publique. Non, il n'est pas vrai qu'il
n'existe plus de distinctions sociales ni
qu'il faille les effacer ; non, il n'est pas
vrai que la direction de la chose publique,
que l'exercice de l'autorité ne soient pas
le légitime privilège et comme l'apa-
nage héréditaire de certaines classes.
A ceux auxquels sont échus en partage
la fortune, l'intelligence et les bienfaits
de l'instruction, le droit de commander,
de gouverner et le devoir de protéger les
faibles; le rôle des autres est d'obéir. Ce
sont là des vérités élémentaires, incon-
testables, et, pour les avoir méconnues,
voyez où nous en sommes arrivés 1 Voyez
ce qu'est devenue notre pauvre France
depuis quatre-vingts ans, depuis cette
date fatale de 1789, depuis cette révolu-
tion qui est, je vous l'ai dit en une autre
circonstance, et je ne saurais trop le ré-
péter, qui est la pierre angulaire de cet
édifice détestable qu'il nous faut détruire
sous peine d'être ensevelis sous ses
ruines ! »
Après la démocratie, la franc-maçon-
nerie a eu son tour :
« Les francs-maçons sont les ennemis
les plus implacables de la foi catholique ;
ce sont ces hommes maudits dont on re-
trouve la main dans tous les crimes et
dans tous les désordres, ce sont eux qui ar-
ment le bras de l'assassin; ce sont eux
qui ont préparé l'attentat où la papauté
a failli succomber, qui ont lâchement
miné les casernes qui renfermaient les
soldats dévoués du souverain pontife; ce
sont eux, enfin, qui recrutent ces meutes
sanguinaires qui combattent sous le dra-
peau de la République. C'est dans le
triangle symbolique de la maçonnerie
que nous retrouvons aussi l'origine de la
trop célèbre trilogie révolutionnaire :
Liberté, égalité, fraternité. »
La conclusion se tirait d'elle-même :
« Nous avons déserté la mission provi-
dentielle qui nous appartient, en abandon-
nant cette direction de la chose publique
qui nous revient de droit. D'autres sont
venus, imposteurs et charlatans, qui s'en
sont emparés. On a pu les juger à l'œuvre,
l'heure est venue de leur arracher un
pouvoir dont ils ont fait un si triste usa-
ge. C'est donc une croisade que je vous
prêche. La terre que nous avons à arracher
aux infidèles, c'est notre terre de France.
Répétons donc à notre tour ce cri qui
enfanta les prodiges de nos pères : Lieu
le veut! ne reculons devant aucun obsta-
cle, devant aucun sacrifice, Dieu bénira
nos efforts. Un jour viendra où vous vous
appellerez légion et où dans le monde en-
tier le groupe infime des révolutionnaires
condamnés à l'impuissance en sera ré-
duit à jeter au ciel l'imprécation de l'a-
postat : « Galiléen, tu as vaincu 1 » Ah!
pour ceux-là pas de pitié, car ils ne sont
pas le peuple, ils sont l'enter 1 »
Il va sans dire que la guerre à la dé-
mocratie se complétait par la guerre pour
le pape :
« J'ai bon espoir. J'espère, parce qu'une
parole divine l'a dit : Les portes de l'en-
fer ne prévaudront point contre mon
Eglise. Or, quelle autre épée que celle de
la France régénérée pourrait rendre son
trône au prince des apôtres ? »
Le capitaine qui parlait était M. de
Mun, officier d'ordonnance de M. le gou-
verneur de Paris.
Le préfet qui autorisait, par la présence
de ses agents, M. de Mun à souffler la
guerre .civile et la guerre européenne,
était celui qui vient d'interdire à M. Ba-
rodet d'afficher un appel à l'ordre, au
calme et au respect de la loi.
Et, en entendant un officier, en uni-
forme, prêcher cette croisade contre la dé-
mocratiè devant des généraux et des of-
ficiers de tous grades, qui applaudis-
saient, le rédacteur de la France républi-
caine se rappelait les deux officiers de
Grenoble renvoyés de leur corps et mis
en prison pour avoir assisté au discours
d'un démocrate.
Et il se demandait s'il était vrai que la
France fût en République.
Ceux qui pensent que c'est là la Répu-
blique telle qu'elle doit être; ceux qui ju-
gent qu'il est bien que les officiers puis-
sent prononcer des discours contre la Ré-
publique et qu'ils ne puissent pas écouter
des discours républicains; ceux qui trou-
vent juste et prudent qu'on ait le droit de
demander publiquement le combat à mort
contre des concitoyens et la guerre avec
l'Europe pour le pouvoir temporel et
qu'on n'ait pas le droit d'afficher un con-
seil de patience et de modération; ceux
qui ne voient aucun inconvénient à ce
que la haine violente de la démocra-
tie, de l'égalité, de 1789, de la souverai-
neté du peuple, de tout ce qui est la Répu-
blique, soit professée par un officier
d'ordonnance d'un des g rands comman-
dants militaires; ceux qui sont d'avis que
le gouvernement a raison de comprendre
la République de cette manière et qui dé-
sirent qu'il continue, ceux-là voteront
pour M. de Rémusat. Les autres vote-
ront pour M. Barodet.
AUGUSTB VACQUERIE.
j
RÉPONSE DE M. BARODET
Lyon, 10 avril, midi.
Adhésion complète à vove programme.
Je vous écrirai ce soir.
BARODET.
Ce télégramme est la réponse à une lettre
du Comité fédéral républicain d'action élec-
torale, dont nous avons publié avant-hier
une communication portant qu'une com-
mission avait été chargée de s'entendre
avec M. Barodet et de lui demander son
adhésion au mandat suivant :
i* Dissolution immédiate de l'Assemblée
de Versailles;
2° Intégrité absolue du suffrage uni-
versel ;
3° Convocation à bref délai d'une As-
semblée constituante, unique et souve-
raine qui, seule, peut assurer l'amnistie et
la levée de l'état de siège.
M. Barodet n'étant pas à Paris, la com-
mission lui a écrit à Lyon.
La réponse est, comme on voit, une
acceptation pleine et entière des trois
points du mandat.
Nous publierons demain la lettre qu'an-
nonce le télégramme de M. Barodet.
Nous lisons dans le Bien public :
« Il n'y a pas à y revenir ; les comités ra-
dicaux ordonnent, il faut obéir. C'est égal,
pareille obéissance nous semblerait bien
dure, si nous étions du Rappel et de la Ré-
publique française. C'est en effet gravement
méconnaître les antécédents des hommes
considérables dont ces journaux se recom-
mandent, que de leur imposer un nouveau
venu de province, dont hier encore on
ignorait presque le nom. »
Le Bien public sait bien que la candida-
tnre de M. Barodet n'a été imposée à per-
sonne. L'idée en a surgi spontanément —
comme en font foi les lettres que nous
avons publiées — dans l'esprit de citoyens
de tous les arrondissements, et ce n'est
qu'après qu'elle avait, on peut dire, jailli
du sol que des comités se sont formés.
Ces comités n'ont pas eu à l'imposer, ni
même à la proposer, ils n'ont eu qu'à la
constater.
C'est tout ce que nous avons fait nous-
mêmes. Nous ne l'avons pas subie plus
que nous ne l'avons proposée i nous l'a-
vons applaudie.
Quant au mépris qu'affecte le Bien pu-
blic pour « un nouveau venu de province »,
nous croyons que M. Barodet et la pro-
vince s'en consoleront.
Ce nouveau venu est un citoyen très ho-
norable, et qui a fait ses preuves de ferme
intelligence et de solidité républicaine ;
mais, dans ce moment, sa personnalité
n'est pas en cause, il est plus que lui-mê-
me, il est la personnification d'une gran-
de ville injustement frappée, et pas
d'une seule, de toutes les grandes vil.
les qu'on veut décapiter après Lyon.
Ce sont, il est vrai, des villes de « pro-
vince », et le Bien public trouve que cela
diminuera Paris de nommer un « provin-
cial ». Nous trouvons, tout au contraire,
que cela le grandira. En nommant un Pa-
risien, Paris ne ferait qu'une élection pa-
risienne. Paris pratiquant le grand prin-
cipe démocratique de la solidarité. et de
l'unité nationale, Paris votant pour un pro-
vincial, Paris est plus que Paris, c'est
Paris et la province, c'est la France.
L'ÉLECTION DU 27 AVRIL
Salle des Écoles (rue d'Arras).
Le bureau est présidé par le citoyen
Frédéric Morin.
Le général Cremer fait l'historique de
la situation électorale; il rappelle les dif-
férentes candidatures qui ont été mises en
avant : celles de Victor Hugo, de Lockroy,
de Ledru-Rollin.
L'orateur attaque la candidature. de M.
de Rémusat et se déclare absolument par-
tisan de celle du citoyen Barodet.
Le général Cremer annonce que le
citoyen Barodet accepte la candidature, et
qu'il sera à Paris luudi, 14 avril, pour se
mettre à la disposition des électeurs.
(Longs applaudissements.)
Nous ne pouvons, continue l'orateur,
voter pour M. de Rémusat : si les minis-
tres sont responsables, il faut convenir
aussi qu'ils sont solidaires; voter pour
M. de Rémusat serait donc approuver tout
ce que MM. Dufaure et de Goulard ont
fait depuis une année.
Voter pour le citoyen Barodet, c'est
faire entendre une éclatante protestation
contre les influences qui ont annulé les
promesses du Message ; c'est dire à l'As-
semblée : nous avons assez de la Répu-
blique sans républicains, parlez, avec ou
sans bagages: (Applaudissements.)
Le citoyen Fontréaux insiste sur le ca-
ractère officiel de la candidature Rémusat.
Le citoyen Frédéric Morin, président,
invite les orateurs qui désireraient soute-
nir la candidature de M. de Rémusat, à
prendre la parole ; il affirme que la réu-
nion les écoutera avec impartialité.
Le président constate, après avoir plu-
sieurs fois renouvelé sa proposition, que
personne ne veut prendre la parole pour
cette candidature. Il met aux voix la can-
didature du citoyen Barodet.
A l'unanimité des votants, le citoyen Ba-
rodet est accepté comme candidat.
Le citoyen Frédéric Morin.—Votre vote,
citoyens, a une double signification. En ac-
clamant Barodet, vous faites d'abord une
manifestation en faveur du droit munici-
pal, c'est ensuite un avertissement donné
au gouvernement, qui ajourne depuis trop
longtemps l'exécution des promesses du
Message. Nous allons maintenant étudier
les moyens d'assurer le succès de la can-
didature qui vient d'être acceptée.
On donne connaissance des mesures
prises pour arriver à la formation du Con-
grès électoral républicain de la Seine.
Le général Cremer approuve ces me-
sures.
Le citoyen Morin. - Fixons un jour
pour la nomination des délégués.
La réunion décide, sur la proposition du
cit. Cobadon, qu'il y aura une réunion di-
manche à quatre heures, pour la nomina-
tion des délégués du cinquième arrondis-
sement au congrès; les électeurs de l'ar-
rondissement, seuls, prendront part à ce
vote.
Le citoyen Frédéric Morin. — Je cons-
tate, en levant la séance, que la réunion
a montré le calme et l'ordre dans la dis-
cussion qui convient à une assemblée de
citoyens libres. Sous l'empire, il en était
autrement ; il est donc vrai de dire que
rien n'est plus favorable au maintien de
l'ordre public que le gouvernement répu-
blicain.
Le Comité électoral des travailleurs nous
communique l'appel suivant :
Citoyens,
Les électeurs parisiens sont convoqués dans
leurs comices en vue d'une élection partielle.
Le scrutin sera ouvert le 27 avril. Jamais élec-
tion ne fut plus significative, jamais heure ne
fut plus solennelle.
Eu présence des intrigues, des complots que
ne cessent de susciter les monarchistes pour
le renversement de la République; en pré-
sence surtout de ces menées souterraines di-
rigées à l'encontre du suffrage universel, il
est du devoir de la, démocratie, sentinelle vigi-
lante, de veiiler incessamment au moyen uni-
que qui doit lui assurer le triomphe de ses
légitimes aspirations.
Bourgeois, ouvriers, travailleurs de toute
classe, vous tous que des hommes d'une autre
époque voudraient ramener au servage en bri-
sant dans vos mains la seule arme qui vous
reste; hommes de bonne foi, qni voulez arri-
ver sans secousse au triomphe de vos idées,
l'heure d'une légitime revendication a sonné.
Plus que jamais, il s'agit d'affirmer nos droits,
notre volonté, notre souveraineté.
Dans cette lutte qui va s'ouvrir, que chacun
de vous agisse pour envoyer à l'Assemblée de
Versailles un citoyen dont le nom et le carac-
tère soient la protestation la plus vivante de
Paris contre toute atteinte au suffrage univer-
sel.
Citoyens,
Le temps des belles paroles et des belles
phrases est passé ; il faut de l'action, toujours
de l'action pour le triomphe de notre sainte
cause.
Tous debout, serrons nos rangs! Devant
l'urne, nous devons marcher compactes, sans
division, et voter à l'unanimité pour le candi-
dat de la solidarité républicaine :
Le citoyen Barodet, maire de Lyon, s'il ac-
cepte le mandat contractuel.
Vive la République démocratique !
Pour le comité électoral des travailleurs :
Le secrétaire de la commission,
J. MANTILLET.
Le comité républicain radical du 18e ar-
rondissement, dans une réunion privée
qui a eu lieu à Montmartre le 10 courant
et qui se composait d'un groupe impor-
tant d'électeurs de l'arrondissement, a pris
les résolutions suivantes :
Le citoyen Barodet, ancien maire de
Lyon, est désigné comme candidat à l'é-
lection du 27 avril.
Mandat lui est donné de défendre l'in-
tégrité du suffrage universel, de revendi-
quer les franchises municipales pour les
grandes villes comme pour les .plus hum-
bles communes ; A
De demander la dissolution immédiate
de l'Assemblée et de procurer ainsi au
pays la levée de l'état ^dèp'siége
ment public et la rtfp*isèMies affaires.
Attendu l'état de siége et* la permanence
des conseils de guerre, le comité a résolu
de ne pas provoquer de réunions publi-
ques dans; le dix-huitième arrondisse-
ment. -
ment. Í'
Pour le comité et par délégation :■ -—
Le président,
J.-A. Lafont, ancien adjoint au 18° arron-
dissement, 19, rue Capron.
Les assesseurs,
Bonard, marbrier, 1?, avenue du Cimetière
du Nord.-Moret, typographe, 19, rue
Polonceau.
RÉUNIONS PUBLIQUES ÉLECTORALES
PREMIER ARRONDISSEMENT.
Salle de la Redoute, rue Jean-Jacques-
Rousseau, aujourd'hui deux réunions, à
quatre heures et à huit heures, et diman-
che, réunion à une heure.
CINQUIÈME ARRONDISSEMENT
Des réunions publiques auront lieu cha-
que soir rue d'Arras, local de la Société
immobilière, pendant toute la période élec-
torale.
SIXIÈME ARRONDISSEMENT
Gymnase Pascaud, rue de Vaugirard, ce
soir, à huit heures, réunion organisée par
les membres du comité républicain radical
de l'arrondissement, MM. Handeberg, En-
gelhard, le docteur Sémerie, Yves Guyot,
Génillier, Alfred Naquet, Vinot, Potel, Beau-
visage; Caubet, etc.
NEUVIÈME ARRONDISSEMENT
i 7
Salle du Casino,. rue Cadet, tous les
soirs, à huit heures, à partir de demain
samedi.
DIX-SEPTIÈME ARRONDISSEMENT
Sur l'initiative d'un groupe de républi-
cains, une réunion publique électorale
aura lieu samedi prochain, L2 avril, à huit
heures très précises du soir, rue de Lévis,
n° 8, à l'effet de nommer les délégués au
congrès républicain, qui doit désigner le
candidat de la démocratie parisienne.
Les soussignés engagent les électeurs
républicains du 17e arrondissement à se
rendre à cette réunion.
L. MONDUIT, F.X. TRÉBOIS, PON-
CET, H. VILLENEUVE, J. GESLIN,
ÉDOUARD LOCKROY, A. DESMOU-
LINS.
LES COULISSIS DE VERSAILLES
On s'est enfin décidé à nommer un
sous-secrétaire d'Etat au ministère de
l'intérieur, où il n'y en avait plus de-
puis la nomination de M. Calmon à la
préfecture de la Seine.
Divers noms avaient été mis en avant :
ceux de M. Fournier, directeur de la divi-
sion de l'Algérie au ministère de l'intérieur ;
de M. Durangel, directeur de la division
départementale et communale, et enfin
Feuilleton du Ilagppet
DU 12 AVRIL 1873
3
LES
DÉPRAVÉS
- ROMAN DE MŒURS CONTEMPORAINES
CHAPITRE PREMIER
Conséquence de la loi de la chute
des corps.
(Suite).
Les rumeurs du dehors se calmèrent
tout à coup, et l'échelle de femmes s'a-
plàtit contre le mur pour livrer passage
à un homme grassouillet, presque sans
La reproduction, même partielle, de ce
roman, est interdite.
Voir le Rappel des 10 et il avril
cheveux et tout à fait sans barbe, mais de
qui on ne pouvait dire toutefois qu'il
n'avait rien de saillant ; car il marchait
précédé d'un nez énorme, qui lui tom-
bait dans la bouche : c'était le docteur.
— Ah ! fit-il en entrant, c'est pour un
suicide. Nous en avons un grand nom-
bre en ce moment.
Après ce trait lancé d'un ton qui sem-
blait dire c'est la saison, il enveloppa
tout l'état-major qui se tenait au pied du
lit d'un regard circulaire signifiant qu'il
désirait rester seul avec sa cliente. Et le
grappillon de curieuses qui s'était faufilé
dans la chambre alla rejoindre la grappe
principale qui stationnait dans l'escalier.
- Et vous, monsieur? insista-t-il,
voyant que Max ne bougeait pas.
— Moi, je reste ; je pourrai vous être
utile. Madame est ma femme, appuya
Max. Et, comme s'il craignait que le mot
femme ne fût pas suffisamment concluant,
il ajouta :
— Je suis son mari.
— De quel étage madame est-elle tom-
bée ? demanda le médecin, qui s'était ap-
proché et avait pris la main de Geneviève
pour consulter les battements du pouls.
— Du cinquième.
— Oui, oui, fit le petit vieillard, en se-
couant les poignets et en faisant jouer les
articulations. Ce « oui, oui, » avait la
prétention de répondre à Max : (c Avec ma
perspicacité ordinaire, j'avais diagnosti-
qué au premier examen que la malade
était tombée du cinquième, mais je tenais
à savoir si vous me diriez la vérité. »
Le docteur promena longtemps ses
doigts sur les membres endoloris. De
temps en temps, il les arrêtait à une join-
ture, puis, après un signe de tête appro-
batif, il reprenait son exploration.
Max, haletant, attendait le mot décisif.
— Ma foi, dit enfin le savant, comme
un emprunteur qui revient bredouille,
rien de brisé. Une légère enflure à la che-
ville, et c'est tout.
— Cependant, ces plaies-là, tout près
de la tempe ?
- Ce sont des contusions avec déchi-
rures simples des couches de la peau.
D'ailleurs, les trous à la tête, c'est la
santé. Il y a encore à craindre des lésions
internes, mais nous ne pourrons guère
être fixés à ce sujet avant deux ou trois
jours ; cependant, je ne vois rien de par-
ticulier dans l'état de la malade; l'œil est
bon, le pouls est calme.
— Mais, docteur, balbutia Max, luttant
pour ne pas serrer le vieillard sur son
cœur, comment expliquez-vous qu'on
puisse tomber d'une si prodigieuse hau-
teur sans ?.
— Après trois jours de pluies consécu-
tives, comme c'est ici le cas, le pavé
acquiert une élasticité extraordinaire, ris-
qua le docteur, qui était décidé à trouver
réponse à tout; mais, peu curieux de dé-
velopper sa théorie, il alla une dernière
fois au lit de Geneviève :
- Nous entendez-vous? lui demanda-
t-il.
- Oui, répondit la malade avec un lé.
ger bégaiement.
— Vous pouvez donc parler ?
— Un peu.
— Avez-vous soif?
— Oui.
— Avez-vous sommeil?
- Oui.
Le docteur ordonnança une potion
anti-spasmodique à prendre toutes les
heures par cuillerée à café, annonça qu'il
serait là le lendemain matin vers huit
heures, et sortit chargé des bénédictions
de Max, qui le reconduisit jusque sur
l'escalier, et lui dit en lui serrant les
mains de toutes ses forces :
- Jurez-moi que vous ne me cachez
rien!
- Je vous donne ma parole d'honneur
que la situation est telle que je vous l'ai
annoncée. J'en suis aussi surpris que vous,
mais si aucun accident ne se produit, vo-
tre dame sera debout dans huit jours.
— Oh! que vous êtes bon, s'écria
Max.
Cependant, lorsqu'il se vit seul avec sa
maîtresse, toute sa confiance tomba.
— Il est superbe, le docteur, pensa-t-
il, avec ses pavés élastiques qui vous ga-
rantissent d'un saut de cinquante-cinq
pieds. Tant pis! dit-il à Geneviève qui
sortait peu à peu de sa léthargie, puisque
j'ai là mon père, je vais l'aller chercher.
Avec un praticien comme lui, nous sau-
rons au moins ce qui nous attend.
— Ton père! me faire soigner par
ton père ! Oh non, murmura Geneviève,
je serais trop honteuse.
— Honteuse? et pourquoi, pauvre
ange? Quand il saura quelle femme tu
es, est-ce que tu t'imagines.
A ce moment, le concierge entra, tenant
à la main une bande de percale effiloquée
et tordue, comme si elle avait porté quel-
que temps un poids trop fort.
—Victoire! monsieur Max, cria le père
Richard, Mlle Geneviève en réchappera.
En tombant, elle s'est accrochée par son
jupon à la barre de la marquise dressée
au-dessus de la boutique du parfumeur.
J'apporte le morceau qui y était resté
pendu.
—Voilà donc ce qui l'asauvée! fit Max;
comprenant enfin tout son bonheur. Al..
Ions, Geneviève ! Allons, la jeune ma-
lade 1 Il s'agit d'être promptement sur
pied. Tu sais que nous nous marions dans
trois semaines.
(A suivre.)
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