Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-11-29
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 novembre 1872 29 novembre 1872
Description : 1872/11/29 (N1008). 1872/11/29 (N1008).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7533388r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
R8 1008, =2 Vendredi 29 Novembre 1872.
Le numéro: 10 o» — Départements: 16 c.
8 frimaire an 81. — No 1008
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédacdptf
De 3 à 5 heures du soir
18, RUE DE VALOIS, il j
Les manuscrits non insérés ne seront pV reridur
ANNONCES
MM, Ch. LAGRANGE, CERF et C*
6, place de la Bourse, 6
T
(
* , • \é
, ADMINISTRATION
18, H DE DE VALOIS, 18
ABOKKCnCNTS
JI AIlS
Trois mois. 10 »
Six mois. 20 »
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Trois mois 13 50
Six mois. 27 d
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ception du journal.
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de renouvellement, ou changement d'a-
dresse, d'une des dernières bandes im-
rimées.
m GOIJÏIRIMNT DE COMBAT
Un gouvernement de combat. Le mot
a été dit. Le pays l'a entendu, et s'en
souviendra.
La France n'est pas encore remise des
deux secousses terribles qu'elle a éprou-
vées. Ses deux cruelles blessures, celle
que la Prusse lui a faite et celle qu'elle
s'est faite à elle-même, sont mal fermées
et saignent encore. La tranquillité et le
repos peuvent seuls achever sa guérison.
De tout ce qui lui reste de voix, elle de-
mande un gouvernement de conciliation
et d'apaisement. On lui répond : - Un
gouvernement de combat l ,
Contre qui? Contre « les ennemis de
l'intérieur. »
Vous vous dites que « les ennemis de
l'intérieur ce sont ceux qui agitent le
pays en te moment où le calme est la pre-
mière, condition de son salut, qui « tour-
mentent la convalescence de la patrie »,
"qui nous jettent dans ce qu'ils qualifient
eux-mêmes « la plus vive anxiété », et
dont les intrigues n'hésitent pas à exposer
« la France encore affaiblie à une rechute
qui, certainement, serait mortelle ». Vous
vous dites que les ennemis de l'intérieur,
ce sont les députés qui conspirent contre le
gouvernement établi et contre le suffrage
universel ; les ambassadeurs de la Répu-
blique qui votent contre la République ;
'les prêtres qui rendent à l'Etat son argent
en insultes, qui mordent la main qui les
nourrit, qui, publiquement/avec vacar-
mes d'annonces dans les journaux et de
sermons en chaire, avec cantiques et ban-
nières, entraînent le plus de paysans qu'ils
peuvent à là croisade contre la Républi-
que et pour le pape, c'est-à-dire à la guerre
civile et à la guerre européenne.
C'.est sans doute à eux qu'on déclare la
guerre ? Non, ce sont eux qui la déclarent.
A qui? 1
A quiconque demande l'enseignement
laïque, la séparation de l'Eglise et de l'E-
tat et la suppression du budget des cultes.
A quiconque « attaque ce qu'ils défen-
dent, détruit ce qu'ils veulent conserver,
et espère ce qu'ils craignent ». A tous
ceux qu'ils appellent les radicaux, et que
le pays appelle les républicains.
Républicains? qui a dit cela? qui a osé
dire que les monarchistes en voulaient
aux républicains? Ils le nient, car leur
audace se mélange d'hypocrisie, et ces
descendants d^ Fier-à-Bras par les mâles
descendent aussi de Tartuffe par leur
mère l'Eglise. Mais l'aveu leur échappe
sans qu'ils s'en aperçoivent, et leur rap-
port confesse (jue ce qui les a décidés à
commencer les hostilités, c'est cette
phrase du Message : « La République est
l'état légal du pays ».
Donc, guerre aux républicains, guerre
à la République, guerre au - gouverne-
ment de tous par tous, guerre à la souve-
raineté du peuple, guerre à l'ascension
indéfinie vers la. lumière et le bien-être,
guerre à l'avènement d'un nouveau person-
nel, guerre à l'avenir, guerre au progrès.
Et quelle guerre ? la guerre d'extermi-
nation. Ces gens « honnêtes et modérés »
prononcent contre leurs adversaires l'ex-
communication pure et simple. Ils les
excluent « des limites de l'impartialité
politique H. Ils les mettent « hors la loi ».
Et, pour préciser le sort qu'il leur ménage,
le rapport a soin de glorifier le (C courage »
et la '« fermeté » de la commission des grâ-
ces qui a fait fusiller Gaston Crémieux et
tant d'autres.
Ainsi, c'est entendu,- vous êtes pour
l'enseignement laïque, vous pensez que,
où il y a plusieurs religions, l'Etat ne
doit pas en enseigner une contrairement
aux autres et dire aux enfants des israé-
lites et des protestants que leur père et
leur mère sont damnés; vous pensez que
l'école et le lycée doivent professer les
lettres et les çjyenees^flyw^l^ mystères
et les miracles; vous pensez que l'Etat duit
se charger de l'intelligence et la famille
de la croyance : — vous n'avez pas droit
à « l'impartialité que lé gouvernement a
promise à toutes les opinions politiques. »
Vous trouvez que les frais de chaque
culte doivent être faits par ses croyants ;
il vous semble juste que la synagogue
soit entretenue par les israélites, la mos-
quée par les mahométans, le temple par
les protestants et l'église par les catholi-
ques ; vous n'admettez pas que lës juifs
salarient un eurè pour prêcher Jpus les
dimanches que les juifs sont les assassins
d'un Dieu; vous voulez la suppression du
budget des cultes : — vous oublIez qu'il
y a des poteaux à Satory et des pontons
en partance pour la Nouvelle-Calédonie.
Vous attaquez ce que les royalistes dé-
fendent, vous aspirez à détruire ce qu'ils
conspirent à conserver -, leurs craintes
sont vos espérances : - hors la loi, misé-
rables I
On a beau avoir entendrret on srbeau
lire ce rapport qui déclare la guêtre — et
cette guerres-là •— à la République, à la
France moderne, à l'esprit du siècle, au
lendemain ; on n'y croit pas. On n'admet
pas la possibilité que des hommes qui ont
prouvé leur moralité en se ralliant à l'em-
pire de Décembre et leur intelligence en
collaborant au plébiscite, osent, en Répu-
blique, injurier, menacer et condamner
sommairement tous ceux qui ne désirent
pas, au lendemain de ce que la mo-
narchie a fait de la France, rejeter
la France en monarchie, tous ceux
qui souhaitent qu'au moins cette dure le-
çon nous profite, tous ceux qui ne veu-
lent pas que l'humanité croupisse dans le
passé et ravale son vomissement 1
Mais si, cela est possible. Cela est mê-
me arrivé une fois déjà. Il y a vingt-deux
ans, la même déclaration de guerre a été
faite, et presque dans les mêmes termes.
Elle s'adressait, comme aujourd'hui, aux
républicains ; seulement, au lieu de les
-nommer les radicaux, on les nommait j
alors les socialistes. Le Batbie du moment
demanda au président de la République
« une expédition de Rome à l'intérieur ».
Il obtint — l'empire. Ce mot mons-
trueux en fut la préface. Le jour où le
coup d'Etat jeta l'Assemblée par les fenê-
tres, les représentants purent appeler à
leur secours, personne ne voulut défen-
dre une Assemblée où un mot pareil avait
été dit.
C'est de ce mot qu'est sorti le coup
d'Etat, c'est ce mot qui a produit les vingt
ans d'empire, la diminution continue de
la France, et enfin le désastre et le dé-
membrement. Les royalistes voudraient
recommencer. Et nous concevons qu'en
descendant de la tribune M. Batbie ait été
remercié par M. Rouher. Mais le pays
trouve que c'est assez d'une fois.
Ils en seront pour leurs menaces et
pour leurs provocations. Leur première
défaite d'avant-hier leur prédit celle d'au-
jourd'hui. Ce rapport incroyable y contri-
buera largement. Le président de la Ré-
publique, auquel ils offrent sa grâce s'il
veut entrer à leur service et être l'exécu-
teur de leurs hautes-œuvres, ne rétractera
pas son Message. Les républicains persis-
teront à dédaigner de répondre. Et le
pays s'indignera de plus en plus de ces
« hommes d'ordre » qui troublent l'or-
dre, qui arrêtent net les transactions, qui
font fuir le crédit, qui, lorsqu'il faudrait
pacifier, demandent un combat, et qui,
sous prétexte de responsabilité ministé-
rielle, rêvent une Convention blanche.
Une Convention, messieurs? Il faut
une autre taille que la vôtre pour ces cho-
ses-là. La Convention était terrible, mais
elle était grande ; elle combattait les en-
nemis de l'intérieur — les vrais -, mais
elle combattait en même temps ceux du
dehors ; elle ne signait pas la paix de
Bordeaux ; elle ne traitait avec les Prus-
siens qu'après les avoir chassés du terri-
toire; on pouvait trembler devant ceux
qui avaient fait reculer l'Europe. Mais de-
vant vous 1 Certes, on peut vous trouver
odieux quand vous risquez de réveiller la
guerre civile et de couvrir la France d'un
fleuve de sang pour y pêcher des portefeuil-
les, mais il est impossible de ne pas vous
trouver grotesques quand vous proposez
sérieusement une Convention dont le Ro-
bespierre serait M. d'Audiffret, le Danton
M, Changarnier, et le Marat M. Batbie 1
AUGUSTE VACQUERIE.
LES CONCLUSIONS BATBIE
- 1
La majorité de la commission Batbie
cherche à renverser le gouvernement ;
elle déclare que la République n'est plus
le gouvernement légal du pays. Qu'est-ce
donc au fond que le rapport Batbie? Rien
de plus, rien de moins qu'un projet de ré-
volution.
Quelle révolution? La plus anti-patrio-
tique et la plus coupable. Je n'insiste pas
sur le moment qu'elle a choisi pour écla-
ter. Nos ennemis n'ont point encore
quitté la Champagne. Les révolutionnai-
res manquent d'à-propos. Ils allaient à la
préfecture de Versailles, il y a huit mois,
la veille du jour ou l'on devait émettre
l'emprunt. Ils boiilèversent la France, au-
jourd'hui, un mois avant. le jour de l'an.
Si c'est par amour de 1' « ordre » qu'ils agis-
sent, ce n'est pas au moins par amour du
commerce. Je regrette-que le code ne pu-
nisse pas ce délit : « L'excitation à la
faillite. »
Ils s'excusent en disant qu'ils ne des-
cendent pas dans la rue. La belle affaire 1
Cela prouve tout au plus qu'ils n'ont point
le courage d'y descendre. L'effet est le
même. Inquiétude générale. Arrêt dans
les affaires. Trouble profond. Leurs petits
morceaux de papier obtiennent les _mêr
mes résultats que des coups de fusil.
Batbie, à lui seul, consterne autant la po-
pulation paisible qu'un omnibus jeté e
travers du boulevard. De Broglie se peut
comparer à une barricade, et de Cumont
à un de ces mortiers qu'on fabrique avec
les manches des becs de gaz. îls mena-
cent le gouvernement, ils troublent l'or-
dre, ils tirent à boulets rouges sur la
prospérité publique.
Que représentent-ils ? Que sont-ils
dans le pays? La France entière, par
la voix de ses conseils, vient de se pro-
noncer. Jamais on n'avait vu mouve-
ment d'opinion semblable. Tous les dé-
partements, tous les cantons, toutes les
villes ont crié : Vive la République! Tous
ont demandé la dissolution. La situation
s'est dessinée nettement. On a pu juger
la force des adversaires : d'un côté il y a
dix millions d'électeurs ; de'l'autre, il y a
M. Batbie, M. de Kerdrel, M. de Broglie
et M. Changarnièr 1
C'est donc M. Changarnier, M. de Bro-
glie, M. de Kerdrel, M. Batbie et quel-
ques autres derrière eux qui veulent im-
poser de force leurs volontés à dix mil-
lions d'hommes. Ce petit groupe, qui n'a
point l'autorité du talent et à qui l'on peut
contester celle du caractère, est en ré-
volte ouverte contre le pays. Jamais
émeute fut-elle plus ridicule et moins jus-
tifiable?
Ils l'ont senti et ils ont reculé. Ils ne
demandent pas le rétablissement de la
monarchie. Ils demandent seulement le
moyen de la rétablir. D'abord, ils annon-
cent l'intention de diminuer le président
de la République. Ils ne daigneront pas
lui répondre : on ne répond pas à un fac-
totum. Ensuite, ils demandent qu'on re-
vienne au pacte de Bordeaux. Nous l'a-
vions prévu. Ils nous veulent replonger
dans le provisoire. L'incertitude leur
plaît. L'instabilité les séduit. Il faut que
nous vivions avec cette éternelle inquié-
tude : qu'est-ce qui prendra le pouvoir
demain ? La France avait mis deux ans à
se reconstruire un gouvernement. Ce gou-
vernement, on le renverserait. La France
demeurerait troublée et anxieuse au mi-
lieu des ruines. Attendant quoi? Qu'un
coup d'Etat sortît d'une embuscade et
légorgeât.
Ils demandent encore la responsabilité
ministérielle. On leur a démontré sura-
bondamment qu'il n'y avait point de ma-
jorité réelle à la Chambre, et que d'ailleurs
la responsabilité ministérielle avait pour
corollaire la dissolution. Ils n'entendent
point de cette oreille. Ces parlementaires
arrangent le parlementarisme à leur façon.
« Hommes de principes », ils prennent
ce qui leur est agréable et rejettent ce qui
leur déplaît. Ce qu'ils appellent « le régi-
me parlementaire » est tout simplement
le « despotisme parlementaire ». Et le
despotisme au profit de qui, grand Dieu !.
au profit des derniers soutiens de l'empire,
au profit d'un homme qui a rendu Metz
à la Prusse 1 La main qui ébranle le pou-
voir aujourd'hui, a serré Ja main de Fré-
déric-Charles.
Cette responsabilité ministérielle n'est
qu'une machine destinée à mâter le pré-
sident de la République et à l'annuler. On
le placerait entre des ministres, comme
on le mettrait entre des gendarmes.
Et voilà ce que la commission Batbie a
trouvé ? Et voilà ce qu'elle nous propose 1
Après huit jours de réflexions, après avoir
entendu le cri d'indignation delà France,
sans s'inquiéter des intérêts qu'elle froisse,
des inquiétudes qu'elle cause, des événe-
ments effroyables que son obstination
peut provoquer, sans se soucier de la
guerre civile que son programme contient
en germe, elle conspire le renversement
de la République et la chute du pouvoir
légal. Elle conspire contre l'Assemblée
elle-même qui a voté la constitution Rivet.
Elle en sera pour sa conspiration. Ce
ne sont pas trois ou quatre Batbie qui fe-
ront reculer la France.
RDOUARD LOCKROY.
s ! ) a
3L.A. C:3FS.ES3ES
Le mot d'ordre des monarchistes, hier,
était de répandre partout le bruit qu'il y
avait conciliation entre eux et le gouver-
nement, en représentant ce dernier comme
"ayant capitulé.
V oitï quelques détails sur la façon dont
ce bruit a pris naissance.
Mardi soir, à l'issue du vote, qui venait
de tourner à l'avantage du gouvernement,
un groupe s'était formé au pied de la tri-
bune, dans lequel on remarquait MM. d'Au-
diffret-Pasquier et de la Bassetière, mem-
bres de la commission Kerdrel, M, Chris-
tophle, du centre gauche, et plusieurs au-
tres députés.
On commentait vivement le résultat du
scrutin, dont les monarchistes, et surtout
les membres de la majorité de la commis-
sion Kerdrel se montraient fort érnm.
- Mais, en somme, dit M. d'Audiffret-
Pasquier, il n'y a qu'un simple malenten-
du. Si les conclusions du rapport Batbie ne
demandent que la responsabilité ministé-
rielle, c'est que nous ne pouvions pas faire
connaître tout d'abord tout ce que nous
pourrions accorder ; mais nous ne nous
refuserions pas à concéder les autres ré-
formes constitutionnelles, n -
M. Christophle répond immédiatement
qu'il prend acte de cette déclaration et de-
mande s'il peut en faire part à M. Thiers.
,-Mâis certainement, répond M. d'Audif-
fret-Pasquier, prenant à témoin son collè-
gue la Bassetière, qui opine du bonnet.
Le soir, à la réception de la présidence,
M. Christophle s'empresse de faire part de
cet aveu à M. Thiers.
Le président de la République s'écrie :
« Mais ces messieurs me font marcher d'é-
tonnement en étonnement. Ce qu'ils pré-
tendent m'accorder aujourd'hui, ils me
l'ont constamment et énergiquement re-
fusé dans la commission. C'est donc qu'ils
capitulent aujourd'hui. Dans ce cas, je
n'ai pas à résister, puisqu'on accède à
mes désirs. »
ldIoiiiiIIiI ..-
Mais M. d'Audiffret-Pasquier, parait-il,
s'était engagé sans l'aveu de ses amis politi-
ques. Dans la même soirée, une importante
réunion de la droite avait lieu à l'hôtel
des Réservoirs sous la présidence de M. de
Larcy. Au début,on lit une lettre adressée p ar
M. de Broglie au président, et dans laquelle
il est dit qu'il faut plus que jamais resser-
rer l'union qui vient de s'établir entre la
droite et le centre droit, et surtout la
maintenir lors du vote sur le rapport
Batbie. -
La communication est accueillie par de
chaleureux applaudissements. Quant aux
tentatives de conciliation — en réalité, de
capitulation — que nous avons esquissées
plus haut, elles sont plus que froidement
accueillies.
--
Tel était l'état de la question hier matin.
A midi, les trois fractions de la gauche se
réunissaient dans leurs locaux respectifs :
Le centre gauche à l'hôtel des Réservoirs ;
la gauche à l'hôtel de France, l'Union ré-
publicaine dans un des bureaux de la
Chambre. Voici le résumé de ces trois
séances.
Au centre gauche, M. Ricard a pris
possession du fauteuil de la présidence.
Une longue discussion s'est ensuite éle-
vée, à laquelle oht pris part MM. Casimir
Périer, Ernest Picard et plusieurs autres
membres. Finalement, il a été résolu qu'au-
jourd'hui, au cours de la séance, on dé-
poserait comme amendement à la propo-
sition Batbie la proposition Casimir Pé-
rier sur l'étude des réformes constitution-
nelles.
--
A la gauche républicaine, présidée par
M. Albert Grévy, les uns voulaient qu'on
répondît à la proposition Batbie par une
demande de rejet pur et simple ; les au-
tres, par un ordre du jour de confiance
pour le gouvernement, etc. La réunion,
pour éviter toute division au moment du
vote, a chargé ses délégués de s'entendre
avec la minorité de la commission Kerdrel,
le gouvernement et les deux autres frac-
tions de la gauche, pour arrêter un ordre
du jour commun.
Enfin, TUnion républicaine, après une
lopgue et vive discussion, a pris une déli-
bération cforif le texte écrit devait être
transmis aux deux autres fractions de la
gauche.
Cette délibération porte que l'Union ré-
publicaine votera un ordre du jour de con-
fiance pour le gouvernement, repoussera
les conclusions du rapport Batbie et s'op-
posera à la discussion des réformes cons-
titutionnelles.
Une commission formée de MM. Louis
Blanc, président, Lepère et Charles Boys-
set, vice-présidents et de deux membres
adjoints, MM. Edmond Adam et Brisson,
a été chargée de notifier ces décisions aux
deux autres fractions de la gauche.
-"
Il est décidé que le président de la Ré-
publique ne poserapas son ultimatum par
voie de message. Aujourd'hui, il doit se
rendre lui-même à l'Assemblée. Le débat
s'ouvrira par un 'discours de M. d'Audif-
fret-Pasquier, auquel répondra, au nom de
la minorité, M. Ricard. Ce sera le début à
la tribune de cet orateur. M. Thiers pren-
dra ensuite la parole.
On a beaucoup remarqué hier le long
entretien que M. Batbie a eu avec M.
Rouher. Le rapporteur d'hier et le vice-
empereur d'autrefois ont amplement causé
pendant plus d'une heure et demie ; la
plus parfaite entente paraissait régner en-
tre eux.
En terminant cette revue des Coulisses
de Versadies, nous devons constater que
les bruits les plus singuliers et les plus
contradictoires n'ont cessé de circuler hier
à Versailles au sujet de l'attitude respec-
tive de M. Thiers et des monarchistes.
Nous nous abstenons absolument de les
enregistrer, certains que nous sommes de
leur inexactitude.
,.$-
Nous ne ferons pas 'à M. le président
de la République l'injure de discuter sé-
rieusement les combinaisons que les cons-
pirateurs ont essayé hier de donner com-
me acceptées par lui. Il ne faut ni l'intel-
ligence, ni la perspicacité de M. Thiers
pour comprendre que la droite, si, pour
obtenir de lui les portefeuilles qu'elle con-
voite, elle faisait semblant de consentir à
examiner toutes les réformes, se réserve-
rait naturellement in petto le droit de les
rejetèr toutes, sauf celle qui lui servirait
à enchaîner le pouvoir exécutif.
Il n'est pas besoin non plus d'être un
grand politique pour affirmer qu'après
avoir reconnu que la création d'une se-
conde Chambre entraînait la dissolution,
les membres de la droite ne voteront ja-
mais pour cet article qui, pour M. Thiers,
est le corollaire indispensable de la res-
ponsabilité ministérielle. Enfin, sans
avoir l'expérience de M. Thiers, il est aisé
de comprendre que les royalistes n'en res-
teraient pas là, après une telle victoire
remportée sur le président. Ils n'atten-
draient pas un mois avant d'exiger cette
démission qu'il a souvent offefttî et qui,
cette fois, lui serait arrachée.
M. Thiers, en effet, ne peut s'abuser
sur les sentiments de la droite à son égard.
Depuis le jour où, dans des paroles san-
glantes, il a laissé voir ce qu'il pensait du
courage de ses adversaires, c'est-à-dire
depuis dix-huit mois, la majorité ne le
subit qu'avec l'espoir de se venger des ou-
trages qu'elle a dévorés. Il suffirait d'une
faiblesse pour que l'heure de cette ven-
geance attendue ait irrévocablement son-
né. Cette faiblesse, qui ruinerait dans le
pays sa popularité, et qui d'ailleurs ne con-
jurerait aucunement la crise, M. Thiers
ne l'aura pas, et il ne renouvellera pas la
faute de M. Dufaure, dont il a pu mesurer
les conséquences..
Aujourd'hui, s'il le veut, M. le prési-
dent de la République peut vaincre, avec
l'appui de la gauche et du pays, la coali-
tion factieuse qui, depuis un an, entrave
tous les actes de son gouvernement. La
France entière applaudira à cette vic-
toire qui sera aussi la sienne, et à la-
quelle M. Thiers ne peut pas renoncer
sans justifier, comme à plaisir, l'insulte
imméritée que lui jetait l'autre jour le
général Changarnier.
A. GACLÏFR.
w
LA SÉANCE
Il faudrait sans doute remonter jus-
qu'aux premières années du Corps législa-
tif, en 1852 ou 53, pour trouver le précé-
dent d'une discussion générale du budget
terminée en une seule séance. La Chambre
versaillaise a fait mieux hier : elle n'a con-
sacré à ce débat que la seconde partie de
la journée, deux heures environ.
Nous savons à merveille que le moment
est peu propice pour traiter les questions
de chiffres; le pays, grâce à messieurs de
la droite, n'a pas le temr s de s'occuper d^'
ses affaires. Il a bien assez de suivre leurs
intrigues et leurs complots grotesques. Nous
savons aussi que nous sommes presque en
décembre, que le temps presse et qu'il est
difficile, à cette heure, d'examiner sérieu-
sement un budget. Mais enfin, il est per-
mis de constater que, par une raison ou
par une autre, l'illustre Assemblée n'a pas
encore, depuis qu'elle est réunie, trouvé
le temps de discuter, même sommaire-
ment, une seule des lois de finances qu'elle
a votées.
C'est toujours à la prochaine occasion
qu'on ajourne le débat lumineux auquel,
sur un pareil sujet, une assemblée aussi
riche en hommes capables, ne pourrait
manquer de se livrer.
Tous les budgets votés, jusqu'à ce jour,
sur le théâtre de la rue des Réservoirs,
l'ont été avec cette réserve expresse que,
cette fois, on ne traitait aucune des gran-
des questions pendantes, faute de temps,
mais que le prochain budget serait l'objet
du plus minutieux examen.
Depuis que cette déclaration, qui pro-
duit en se répétant invariablement un effet
comique connu au théâtre, a été faite
la première fois, les députés versaillais ont
voté deux budgets, et la discussion géné-
rale du troisième vient d'être expédiée
dans la moitié d'une séance.
Nous ne critiquons pas, nous constatons
1 espèce de fatalité qui s'attache aux tra-
vaux d'une Assemblée illustre entre toutes.
M. Raudot a fait tout son possible, il
faut le reconnaître, pour qu'on eùt au
moins l'air d'avoir effleuré la discussion
financière. II. a pris, les uns après les au-
tres, les chiffres du message, et, retran-
chant ici 85 millions, là 15 millions, ail-
leurs 10, etc., etc., il a fini par prouver
que le déficit porté à 132 millions par M.
Thiers n'avait en quelque sorte plus de li-
mite.
M. Raudot ne croit, ni aux ressources
qui doivent nous venir des allumettes chi-
miques dont la fabrication est monopoli-
sée, ni aux résultats des nouveaux traités
de commerce, ni aux produits des nou-
veaux impôts ; il ne croit, en un mot,
qu'aux embarras du Trésor et aux dé-
ficits. Pour conclusion, il réclame des
économies et, avec une naïveté qui
étonne à son âge, il ajoute que la majo-
rité de l'Assemblée se ralliera à cette con-
clusion. La foi console.
En attendant, personne n'a répondu à
ce discours, peut-être parce que personne
ne l'avait écouté. M. de Goulard, cepen-
dant, en sa qualité de minisire des finan-'
ces, aurait bien pu dire son mot; mais, en
réfutant M. Raudot et en prouvant que la
situation n'est pas si mauvaise que le pré-
tend cet orateur, M. de Goulard aurait pu
mécontenter ses amis de la droite dont le
déficit réjouit le cœur autant que le succès
des emprunts les attriste. M. de Goulard
s'est donc tu. -
M. Jozon et un autre membre de la com-
mission des, services administratifs ont
donné quelques indications sur les travaux
de cette commission. Puis, à 5 beures et
demie, on s'en est allé, rêvant à la bataille
qui va tout à l'heure commencer.
A. Gaulier.
— .4 -——————————
PHYSIONOMIE DE LA SÉANCE
Séance nulle. Et qui diable voulez-vous
qui s'occupe aujourd'hui d'autre chose que
de la question de demain ? On vote au
galop une loi sur les secours aux blessés.
C'est une hécatombe d'amendements. M.
Grévy a la parole à peu près seul. Imagi-
nez quatre cents personnes qui se font en-
tre elles cette question :
Que pensez-vous que M. Thiers fera de-
main ?
Et tâchez de calculer ce qu'on peut en-
tendre d'une discussion couverte par ces
quatre cents conversations.
De temps à autre, le président dit : « Je
mets aux voix l'article » Vous pensez si
cela est égal aux gens qui lisent leur jour-
nal, à ceux qui causent, et surtout à ceux
qui ne sont pas là ! Une dizaine de bras sfe
lèvent, au premier banc. Et voilà une loi
devenue obligatoire pour 30 millions de
Français r
Ce que je comprends de moins en
moins, c'est la passion qu'ont tant de per-
sonnes pour « aller à l'Assemblée ». Il n'y
a pas grand monde dans les tribunes, et
elles sont aux trois quarts vides. Mais en-
fin, l'œil découvre de loin en loin quelques
rares auditeurs, qui ne sont là, ni par de-
voir ni par métier. Par quel bizarre senti-
ment restent-ils, quand il leur serait si fa-
cile de s'en aller? C'est un mystère pour
moi. Qu'on s'arrête sur un pont pour sui-
vre, du regard, un chapeau tombé à l'eau
qui va à la dérive, ou qu'on pèche à la ligne
par un temps de pluie, pendant dquge ei -
res, pour n'attirer que des savates; jele
Le numéro: 10 o» — Départements: 16 c.
8 frimaire an 81. — No 1008
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédacdptf
De 3 à 5 heures du soir
18, RUE DE VALOIS, il j
Les manuscrits non insérés ne seront pV reridur
ANNONCES
MM, Ch. LAGRANGE, CERF et C*
6, place de la Bourse, 6
T
(
* , • \é
, ADMINISTRATION
18, H DE DE VALOIS, 18
ABOKKCnCNTS
JI AIlS
Trois mois. 10 »
Six mois. 20 »
DÉPARTEMENTS
Trois mois 13 50
Six mois. 27 d
Adresser lettres et mandats
A. M. A. PELLEPORT
Nous prions ceux de nos abonnés. dont
- l'abonnement expire le 30 novembre, de
vouloir bien le renouveler sans retard,
pour éviter toute interruption dans la ré-
ception du journal.
Il est utile d'accompagner les demandes
de renouvellement, ou changement d'a-
dresse, d'une des dernières bandes im-
rimées.
m GOIJÏIRIMNT DE COMBAT
Un gouvernement de combat. Le mot
a été dit. Le pays l'a entendu, et s'en
souviendra.
La France n'est pas encore remise des
deux secousses terribles qu'elle a éprou-
vées. Ses deux cruelles blessures, celle
que la Prusse lui a faite et celle qu'elle
s'est faite à elle-même, sont mal fermées
et saignent encore. La tranquillité et le
repos peuvent seuls achever sa guérison.
De tout ce qui lui reste de voix, elle de-
mande un gouvernement de conciliation
et d'apaisement. On lui répond : - Un
gouvernement de combat l ,
Contre qui? Contre « les ennemis de
l'intérieur. »
Vous vous dites que « les ennemis de
l'intérieur ce sont ceux qui agitent le
pays en te moment où le calme est la pre-
mière, condition de son salut, qui « tour-
mentent la convalescence de la patrie »,
"qui nous jettent dans ce qu'ils qualifient
eux-mêmes « la plus vive anxiété », et
dont les intrigues n'hésitent pas à exposer
« la France encore affaiblie à une rechute
qui, certainement, serait mortelle ». Vous
vous dites que les ennemis de l'intérieur,
ce sont les députés qui conspirent contre le
gouvernement établi et contre le suffrage
universel ; les ambassadeurs de la Répu-
blique qui votent contre la République ;
'les prêtres qui rendent à l'Etat son argent
en insultes, qui mordent la main qui les
nourrit, qui, publiquement/avec vacar-
mes d'annonces dans les journaux et de
sermons en chaire, avec cantiques et ban-
nières, entraînent le plus de paysans qu'ils
peuvent à là croisade contre la Républi-
que et pour le pape, c'est-à-dire à la guerre
civile et à la guerre européenne.
C'.est sans doute à eux qu'on déclare la
guerre ? Non, ce sont eux qui la déclarent.
A qui? 1
A quiconque demande l'enseignement
laïque, la séparation de l'Eglise et de l'E-
tat et la suppression du budget des cultes.
A quiconque « attaque ce qu'ils défen-
dent, détruit ce qu'ils veulent conserver,
et espère ce qu'ils craignent ». A tous
ceux qu'ils appellent les radicaux, et que
le pays appelle les républicains.
Républicains? qui a dit cela? qui a osé
dire que les monarchistes en voulaient
aux républicains? Ils le nient, car leur
audace se mélange d'hypocrisie, et ces
descendants d^ Fier-à-Bras par les mâles
descendent aussi de Tartuffe par leur
mère l'Eglise. Mais l'aveu leur échappe
sans qu'ils s'en aperçoivent, et leur rap-
port confesse (jue ce qui les a décidés à
commencer les hostilités, c'est cette
phrase du Message : « La République est
l'état légal du pays ».
Donc, guerre aux républicains, guerre
à la République, guerre au - gouverne-
ment de tous par tous, guerre à la souve-
raineté du peuple, guerre à l'ascension
indéfinie vers la. lumière et le bien-être,
guerre à l'avènement d'un nouveau person-
nel, guerre à l'avenir, guerre au progrès.
Et quelle guerre ? la guerre d'extermi-
nation. Ces gens « honnêtes et modérés »
prononcent contre leurs adversaires l'ex-
communication pure et simple. Ils les
excluent « des limites de l'impartialité
politique H. Ils les mettent « hors la loi ».
Et, pour préciser le sort qu'il leur ménage,
le rapport a soin de glorifier le (C courage »
et la '« fermeté » de la commission des grâ-
ces qui a fait fusiller Gaston Crémieux et
tant d'autres.
Ainsi, c'est entendu,- vous êtes pour
l'enseignement laïque, vous pensez que,
où il y a plusieurs religions, l'Etat ne
doit pas en enseigner une contrairement
aux autres et dire aux enfants des israé-
lites et des protestants que leur père et
leur mère sont damnés; vous pensez que
l'école et le lycée doivent professer les
lettres et les çjyenees^flyw^l^ mystères
et les miracles; vous pensez que l'Etat duit
se charger de l'intelligence et la famille
de la croyance : — vous n'avez pas droit
à « l'impartialité que lé gouvernement a
promise à toutes les opinions politiques. »
Vous trouvez que les frais de chaque
culte doivent être faits par ses croyants ;
il vous semble juste que la synagogue
soit entretenue par les israélites, la mos-
quée par les mahométans, le temple par
les protestants et l'église par les catholi-
ques ; vous n'admettez pas que lës juifs
salarient un eurè pour prêcher Jpus les
dimanches que les juifs sont les assassins
d'un Dieu; vous voulez la suppression du
budget des cultes : — vous oublIez qu'il
y a des poteaux à Satory et des pontons
en partance pour la Nouvelle-Calédonie.
Vous attaquez ce que les royalistes dé-
fendent, vous aspirez à détruire ce qu'ils
conspirent à conserver -, leurs craintes
sont vos espérances : - hors la loi, misé-
rables I
On a beau avoir entendrret on srbeau
lire ce rapport qui déclare la guêtre — et
cette guerres-là •— à la République, à la
France moderne, à l'esprit du siècle, au
lendemain ; on n'y croit pas. On n'admet
pas la possibilité que des hommes qui ont
prouvé leur moralité en se ralliant à l'em-
pire de Décembre et leur intelligence en
collaborant au plébiscite, osent, en Répu-
blique, injurier, menacer et condamner
sommairement tous ceux qui ne désirent
pas, au lendemain de ce que la mo-
narchie a fait de la France, rejeter
la France en monarchie, tous ceux
qui souhaitent qu'au moins cette dure le-
çon nous profite, tous ceux qui ne veu-
lent pas que l'humanité croupisse dans le
passé et ravale son vomissement 1
Mais si, cela est possible. Cela est mê-
me arrivé une fois déjà. Il y a vingt-deux
ans, la même déclaration de guerre a été
faite, et presque dans les mêmes termes.
Elle s'adressait, comme aujourd'hui, aux
républicains ; seulement, au lieu de les
-nommer les radicaux, on les nommait j
alors les socialistes. Le Batbie du moment
demanda au président de la République
« une expédition de Rome à l'intérieur ».
Il obtint — l'empire. Ce mot mons-
trueux en fut la préface. Le jour où le
coup d'Etat jeta l'Assemblée par les fenê-
tres, les représentants purent appeler à
leur secours, personne ne voulut défen-
dre une Assemblée où un mot pareil avait
été dit.
C'est de ce mot qu'est sorti le coup
d'Etat, c'est ce mot qui a produit les vingt
ans d'empire, la diminution continue de
la France, et enfin le désastre et le dé-
membrement. Les royalistes voudraient
recommencer. Et nous concevons qu'en
descendant de la tribune M. Batbie ait été
remercié par M. Rouher. Mais le pays
trouve que c'est assez d'une fois.
Ils en seront pour leurs menaces et
pour leurs provocations. Leur première
défaite d'avant-hier leur prédit celle d'au-
jourd'hui. Ce rapport incroyable y contri-
buera largement. Le président de la Ré-
publique, auquel ils offrent sa grâce s'il
veut entrer à leur service et être l'exécu-
teur de leurs hautes-œuvres, ne rétractera
pas son Message. Les républicains persis-
teront à dédaigner de répondre. Et le
pays s'indignera de plus en plus de ces
« hommes d'ordre » qui troublent l'or-
dre, qui arrêtent net les transactions, qui
font fuir le crédit, qui, lorsqu'il faudrait
pacifier, demandent un combat, et qui,
sous prétexte de responsabilité ministé-
rielle, rêvent une Convention blanche.
Une Convention, messieurs? Il faut
une autre taille que la vôtre pour ces cho-
ses-là. La Convention était terrible, mais
elle était grande ; elle combattait les en-
nemis de l'intérieur — les vrais -, mais
elle combattait en même temps ceux du
dehors ; elle ne signait pas la paix de
Bordeaux ; elle ne traitait avec les Prus-
siens qu'après les avoir chassés du terri-
toire; on pouvait trembler devant ceux
qui avaient fait reculer l'Europe. Mais de-
vant vous 1 Certes, on peut vous trouver
odieux quand vous risquez de réveiller la
guerre civile et de couvrir la France d'un
fleuve de sang pour y pêcher des portefeuil-
les, mais il est impossible de ne pas vous
trouver grotesques quand vous proposez
sérieusement une Convention dont le Ro-
bespierre serait M. d'Audiffret, le Danton
M, Changarnier, et le Marat M. Batbie 1
AUGUSTE VACQUERIE.
LES CONCLUSIONS BATBIE
- 1
La majorité de la commission Batbie
cherche à renverser le gouvernement ;
elle déclare que la République n'est plus
le gouvernement légal du pays. Qu'est-ce
donc au fond que le rapport Batbie? Rien
de plus, rien de moins qu'un projet de ré-
volution.
Quelle révolution? La plus anti-patrio-
tique et la plus coupable. Je n'insiste pas
sur le moment qu'elle a choisi pour écla-
ter. Nos ennemis n'ont point encore
quitté la Champagne. Les révolutionnai-
res manquent d'à-propos. Ils allaient à la
préfecture de Versailles, il y a huit mois,
la veille du jour ou l'on devait émettre
l'emprunt. Ils boiilèversent la France, au-
jourd'hui, un mois avant. le jour de l'an.
Si c'est par amour de 1' « ordre » qu'ils agis-
sent, ce n'est pas au moins par amour du
commerce. Je regrette-que le code ne pu-
nisse pas ce délit : « L'excitation à la
faillite. »
Ils s'excusent en disant qu'ils ne des-
cendent pas dans la rue. La belle affaire 1
Cela prouve tout au plus qu'ils n'ont point
le courage d'y descendre. L'effet est le
même. Inquiétude générale. Arrêt dans
les affaires. Trouble profond. Leurs petits
morceaux de papier obtiennent les _mêr
mes résultats que des coups de fusil.
Batbie, à lui seul, consterne autant la po-
pulation paisible qu'un omnibus jeté e
travers du boulevard. De Broglie se peut
comparer à une barricade, et de Cumont
à un de ces mortiers qu'on fabrique avec
les manches des becs de gaz. îls mena-
cent le gouvernement, ils troublent l'or-
dre, ils tirent à boulets rouges sur la
prospérité publique.
Que représentent-ils ? Que sont-ils
dans le pays? La France entière, par
la voix de ses conseils, vient de se pro-
noncer. Jamais on n'avait vu mouve-
ment d'opinion semblable. Tous les dé-
partements, tous les cantons, toutes les
villes ont crié : Vive la République! Tous
ont demandé la dissolution. La situation
s'est dessinée nettement. On a pu juger
la force des adversaires : d'un côté il y a
dix millions d'électeurs ; de'l'autre, il y a
M. Batbie, M. de Kerdrel, M. de Broglie
et M. Changarnièr 1
C'est donc M. Changarnier, M. de Bro-
glie, M. de Kerdrel, M. Batbie et quel-
ques autres derrière eux qui veulent im-
poser de force leurs volontés à dix mil-
lions d'hommes. Ce petit groupe, qui n'a
point l'autorité du talent et à qui l'on peut
contester celle du caractère, est en ré-
volte ouverte contre le pays. Jamais
émeute fut-elle plus ridicule et moins jus-
tifiable?
Ils l'ont senti et ils ont reculé. Ils ne
demandent pas le rétablissement de la
monarchie. Ils demandent seulement le
moyen de la rétablir. D'abord, ils annon-
cent l'intention de diminuer le président
de la République. Ils ne daigneront pas
lui répondre : on ne répond pas à un fac-
totum. Ensuite, ils demandent qu'on re-
vienne au pacte de Bordeaux. Nous l'a-
vions prévu. Ils nous veulent replonger
dans le provisoire. L'incertitude leur
plaît. L'instabilité les séduit. Il faut que
nous vivions avec cette éternelle inquié-
tude : qu'est-ce qui prendra le pouvoir
demain ? La France avait mis deux ans à
se reconstruire un gouvernement. Ce gou-
vernement, on le renverserait. La France
demeurerait troublée et anxieuse au mi-
lieu des ruines. Attendant quoi? Qu'un
coup d'Etat sortît d'une embuscade et
légorgeât.
Ils demandent encore la responsabilité
ministérielle. On leur a démontré sura-
bondamment qu'il n'y avait point de ma-
jorité réelle à la Chambre, et que d'ailleurs
la responsabilité ministérielle avait pour
corollaire la dissolution. Ils n'entendent
point de cette oreille. Ces parlementaires
arrangent le parlementarisme à leur façon.
« Hommes de principes », ils prennent
ce qui leur est agréable et rejettent ce qui
leur déplaît. Ce qu'ils appellent « le régi-
me parlementaire » est tout simplement
le « despotisme parlementaire ». Et le
despotisme au profit de qui, grand Dieu !.
au profit des derniers soutiens de l'empire,
au profit d'un homme qui a rendu Metz
à la Prusse 1 La main qui ébranle le pou-
voir aujourd'hui, a serré Ja main de Fré-
déric-Charles.
Cette responsabilité ministérielle n'est
qu'une machine destinée à mâter le pré-
sident de la République et à l'annuler. On
le placerait entre des ministres, comme
on le mettrait entre des gendarmes.
Et voilà ce que la commission Batbie a
trouvé ? Et voilà ce qu'elle nous propose 1
Après huit jours de réflexions, après avoir
entendu le cri d'indignation delà France,
sans s'inquiéter des intérêts qu'elle froisse,
des inquiétudes qu'elle cause, des événe-
ments effroyables que son obstination
peut provoquer, sans se soucier de la
guerre civile que son programme contient
en germe, elle conspire le renversement
de la République et la chute du pouvoir
légal. Elle conspire contre l'Assemblée
elle-même qui a voté la constitution Rivet.
Elle en sera pour sa conspiration. Ce
ne sont pas trois ou quatre Batbie qui fe-
ront reculer la France.
RDOUARD LOCKROY.
s ! ) a
3L.A. C:3FS.ES3ES
Le mot d'ordre des monarchistes, hier,
était de répandre partout le bruit qu'il y
avait conciliation entre eux et le gouver-
nement, en représentant ce dernier comme
"ayant capitulé.
V oitï quelques détails sur la façon dont
ce bruit a pris naissance.
Mardi soir, à l'issue du vote, qui venait
de tourner à l'avantage du gouvernement,
un groupe s'était formé au pied de la tri-
bune, dans lequel on remarquait MM. d'Au-
diffret-Pasquier et de la Bassetière, mem-
bres de la commission Kerdrel, M, Chris-
tophle, du centre gauche, et plusieurs au-
tres députés.
On commentait vivement le résultat du
scrutin, dont les monarchistes, et surtout
les membres de la majorité de la commis-
sion Kerdrel se montraient fort érnm.
- Mais, en somme, dit M. d'Audiffret-
Pasquier, il n'y a qu'un simple malenten-
du. Si les conclusions du rapport Batbie ne
demandent que la responsabilité ministé-
rielle, c'est que nous ne pouvions pas faire
connaître tout d'abord tout ce que nous
pourrions accorder ; mais nous ne nous
refuserions pas à concéder les autres ré-
formes constitutionnelles, n -
M. Christophle répond immédiatement
qu'il prend acte de cette déclaration et de-
mande s'il peut en faire part à M. Thiers.
,-Mâis certainement, répond M. d'Audif-
fret-Pasquier, prenant à témoin son collè-
gue la Bassetière, qui opine du bonnet.
Le soir, à la réception de la présidence,
M. Christophle s'empresse de faire part de
cet aveu à M. Thiers.
Le président de la République s'écrie :
« Mais ces messieurs me font marcher d'é-
tonnement en étonnement. Ce qu'ils pré-
tendent m'accorder aujourd'hui, ils me
l'ont constamment et énergiquement re-
fusé dans la commission. C'est donc qu'ils
capitulent aujourd'hui. Dans ce cas, je
n'ai pas à résister, puisqu'on accède à
mes désirs. »
ldIoiiiiIIiI ..-
Mais M. d'Audiffret-Pasquier, parait-il,
s'était engagé sans l'aveu de ses amis politi-
ques. Dans la même soirée, une importante
réunion de la droite avait lieu à l'hôtel
des Réservoirs sous la présidence de M. de
Larcy. Au début,on lit une lettre adressée p ar
M. de Broglie au président, et dans laquelle
il est dit qu'il faut plus que jamais resser-
rer l'union qui vient de s'établir entre la
droite et le centre droit, et surtout la
maintenir lors du vote sur le rapport
Batbie. -
La communication est accueillie par de
chaleureux applaudissements. Quant aux
tentatives de conciliation — en réalité, de
capitulation — que nous avons esquissées
plus haut, elles sont plus que froidement
accueillies.
--
Tel était l'état de la question hier matin.
A midi, les trois fractions de la gauche se
réunissaient dans leurs locaux respectifs :
Le centre gauche à l'hôtel des Réservoirs ;
la gauche à l'hôtel de France, l'Union ré-
publicaine dans un des bureaux de la
Chambre. Voici le résumé de ces trois
séances.
Au centre gauche, M. Ricard a pris
possession du fauteuil de la présidence.
Une longue discussion s'est ensuite éle-
vée, à laquelle oht pris part MM. Casimir
Périer, Ernest Picard et plusieurs autres
membres. Finalement, il a été résolu qu'au-
jourd'hui, au cours de la séance, on dé-
poserait comme amendement à la propo-
sition Batbie la proposition Casimir Pé-
rier sur l'étude des réformes constitution-
nelles.
--
A la gauche républicaine, présidée par
M. Albert Grévy, les uns voulaient qu'on
répondît à la proposition Batbie par une
demande de rejet pur et simple ; les au-
tres, par un ordre du jour de confiance
pour le gouvernement, etc. La réunion,
pour éviter toute division au moment du
vote, a chargé ses délégués de s'entendre
avec la minorité de la commission Kerdrel,
le gouvernement et les deux autres frac-
tions de la gauche, pour arrêter un ordre
du jour commun.
Enfin, TUnion républicaine, après une
lopgue et vive discussion, a pris une déli-
bération cforif le texte écrit devait être
transmis aux deux autres fractions de la
gauche.
Cette délibération porte que l'Union ré-
publicaine votera un ordre du jour de con-
fiance pour le gouvernement, repoussera
les conclusions du rapport Batbie et s'op-
posera à la discussion des réformes cons-
titutionnelles.
Une commission formée de MM. Louis
Blanc, président, Lepère et Charles Boys-
set, vice-présidents et de deux membres
adjoints, MM. Edmond Adam et Brisson,
a été chargée de notifier ces décisions aux
deux autres fractions de la gauche.
-"
Il est décidé que le président de la Ré-
publique ne poserapas son ultimatum par
voie de message. Aujourd'hui, il doit se
rendre lui-même à l'Assemblée. Le débat
s'ouvrira par un 'discours de M. d'Audif-
fret-Pasquier, auquel répondra, au nom de
la minorité, M. Ricard. Ce sera le début à
la tribune de cet orateur. M. Thiers pren-
dra ensuite la parole.
On a beaucoup remarqué hier le long
entretien que M. Batbie a eu avec M.
Rouher. Le rapporteur d'hier et le vice-
empereur d'autrefois ont amplement causé
pendant plus d'une heure et demie ; la
plus parfaite entente paraissait régner en-
tre eux.
En terminant cette revue des Coulisses
de Versadies, nous devons constater que
les bruits les plus singuliers et les plus
contradictoires n'ont cessé de circuler hier
à Versailles au sujet de l'attitude respec-
tive de M. Thiers et des monarchistes.
Nous nous abstenons absolument de les
enregistrer, certains que nous sommes de
leur inexactitude.
,.$-
Nous ne ferons pas 'à M. le président
de la République l'injure de discuter sé-
rieusement les combinaisons que les cons-
pirateurs ont essayé hier de donner com-
me acceptées par lui. Il ne faut ni l'intel-
ligence, ni la perspicacité de M. Thiers
pour comprendre que la droite, si, pour
obtenir de lui les portefeuilles qu'elle con-
voite, elle faisait semblant de consentir à
examiner toutes les réformes, se réserve-
rait naturellement in petto le droit de les
rejetèr toutes, sauf celle qui lui servirait
à enchaîner le pouvoir exécutif.
Il n'est pas besoin non plus d'être un
grand politique pour affirmer qu'après
avoir reconnu que la création d'une se-
conde Chambre entraînait la dissolution,
les membres de la droite ne voteront ja-
mais pour cet article qui, pour M. Thiers,
est le corollaire indispensable de la res-
ponsabilité ministérielle. Enfin, sans
avoir l'expérience de M. Thiers, il est aisé
de comprendre que les royalistes n'en res-
teraient pas là, après une telle victoire
remportée sur le président. Ils n'atten-
draient pas un mois avant d'exiger cette
démission qu'il a souvent offefttî et qui,
cette fois, lui serait arrachée.
M. Thiers, en effet, ne peut s'abuser
sur les sentiments de la droite à son égard.
Depuis le jour où, dans des paroles san-
glantes, il a laissé voir ce qu'il pensait du
courage de ses adversaires, c'est-à-dire
depuis dix-huit mois, la majorité ne le
subit qu'avec l'espoir de se venger des ou-
trages qu'elle a dévorés. Il suffirait d'une
faiblesse pour que l'heure de cette ven-
geance attendue ait irrévocablement son-
né. Cette faiblesse, qui ruinerait dans le
pays sa popularité, et qui d'ailleurs ne con-
jurerait aucunement la crise, M. Thiers
ne l'aura pas, et il ne renouvellera pas la
faute de M. Dufaure, dont il a pu mesurer
les conséquences..
Aujourd'hui, s'il le veut, M. le prési-
dent de la République peut vaincre, avec
l'appui de la gauche et du pays, la coali-
tion factieuse qui, depuis un an, entrave
tous les actes de son gouvernement. La
France entière applaudira à cette vic-
toire qui sera aussi la sienne, et à la-
quelle M. Thiers ne peut pas renoncer
sans justifier, comme à plaisir, l'insulte
imméritée que lui jetait l'autre jour le
général Changarnier.
A. GACLÏFR.
w
LA SÉANCE
Il faudrait sans doute remonter jus-
qu'aux premières années du Corps législa-
tif, en 1852 ou 53, pour trouver le précé-
dent d'une discussion générale du budget
terminée en une seule séance. La Chambre
versaillaise a fait mieux hier : elle n'a con-
sacré à ce débat que la seconde partie de
la journée, deux heures environ.
Nous savons à merveille que le moment
est peu propice pour traiter les questions
de chiffres; le pays, grâce à messieurs de
la droite, n'a pas le temr s de s'occuper d^'
ses affaires. Il a bien assez de suivre leurs
intrigues et leurs complots grotesques. Nous
savons aussi que nous sommes presque en
décembre, que le temps presse et qu'il est
difficile, à cette heure, d'examiner sérieu-
sement un budget. Mais enfin, il est per-
mis de constater que, par une raison ou
par une autre, l'illustre Assemblée n'a pas
encore, depuis qu'elle est réunie, trouvé
le temps de discuter, même sommaire-
ment, une seule des lois de finances qu'elle
a votées.
C'est toujours à la prochaine occasion
qu'on ajourne le débat lumineux auquel,
sur un pareil sujet, une assemblée aussi
riche en hommes capables, ne pourrait
manquer de se livrer.
Tous les budgets votés, jusqu'à ce jour,
sur le théâtre de la rue des Réservoirs,
l'ont été avec cette réserve expresse que,
cette fois, on ne traitait aucune des gran-
des questions pendantes, faute de temps,
mais que le prochain budget serait l'objet
du plus minutieux examen.
Depuis que cette déclaration, qui pro-
duit en se répétant invariablement un effet
comique connu au théâtre, a été faite
la première fois, les députés versaillais ont
voté deux budgets, et la discussion géné-
rale du troisième vient d'être expédiée
dans la moitié d'une séance.
Nous ne critiquons pas, nous constatons
1 espèce de fatalité qui s'attache aux tra-
vaux d'une Assemblée illustre entre toutes.
M. Raudot a fait tout son possible, il
faut le reconnaître, pour qu'on eùt au
moins l'air d'avoir effleuré la discussion
financière. II. a pris, les uns après les au-
tres, les chiffres du message, et, retran-
chant ici 85 millions, là 15 millions, ail-
leurs 10, etc., etc., il a fini par prouver
que le déficit porté à 132 millions par M.
Thiers n'avait en quelque sorte plus de li-
mite.
M. Raudot ne croit, ni aux ressources
qui doivent nous venir des allumettes chi-
miques dont la fabrication est monopoli-
sée, ni aux résultats des nouveaux traités
de commerce, ni aux produits des nou-
veaux impôts ; il ne croit, en un mot,
qu'aux embarras du Trésor et aux dé-
ficits. Pour conclusion, il réclame des
économies et, avec une naïveté qui
étonne à son âge, il ajoute que la majo-
rité de l'Assemblée se ralliera à cette con-
clusion. La foi console.
En attendant, personne n'a répondu à
ce discours, peut-être parce que personne
ne l'avait écouté. M. de Goulard, cepen-
dant, en sa qualité de minisire des finan-'
ces, aurait bien pu dire son mot; mais, en
réfutant M. Raudot et en prouvant que la
situation n'est pas si mauvaise que le pré-
tend cet orateur, M. de Goulard aurait pu
mécontenter ses amis de la droite dont le
déficit réjouit le cœur autant que le succès
des emprunts les attriste. M. de Goulard
s'est donc tu. -
M. Jozon et un autre membre de la com-
mission des, services administratifs ont
donné quelques indications sur les travaux
de cette commission. Puis, à 5 beures et
demie, on s'en est allé, rêvant à la bataille
qui va tout à l'heure commencer.
A. Gaulier.
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PHYSIONOMIE DE LA SÉANCE
Séance nulle. Et qui diable voulez-vous
qui s'occupe aujourd'hui d'autre chose que
de la question de demain ? On vote au
galop une loi sur les secours aux blessés.
C'est une hécatombe d'amendements. M.
Grévy a la parole à peu près seul. Imagi-
nez quatre cents personnes qui se font en-
tre elles cette question :
Que pensez-vous que M. Thiers fera de-
main ?
Et tâchez de calculer ce qu'on peut en-
tendre d'une discussion couverte par ces
quatre cents conversations.
De temps à autre, le président dit : « Je
mets aux voix l'article » Vous pensez si
cela est égal aux gens qui lisent leur jour-
nal, à ceux qui causent, et surtout à ceux
qui ne sont pas là ! Une dizaine de bras sfe
lèvent, au premier banc. Et voilà une loi
devenue obligatoire pour 30 millions de
Français r
Ce que je comprends de moins en
moins, c'est la passion qu'ont tant de per-
sonnes pour « aller à l'Assemblée ». Il n'y
a pas grand monde dans les tribunes, et
elles sont aux trois quarts vides. Mais en-
fin, l'œil découvre de loin en loin quelques
rares auditeurs, qui ne sont là, ni par de-
voir ni par métier. Par quel bizarre senti-
ment restent-ils, quand il leur serait si fa-
cile de s'en aller? C'est un mystère pour
moi. Qu'on s'arrête sur un pont pour sui-
vre, du regard, un chapeau tombé à l'eau
qui va à la dérive, ou qu'on pèche à la ligne
par un temps de pluie, pendant dquge ei -
res, pour n'attirer que des savates; jele
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