Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1872-11-21
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 21 novembre 1872 21 novembre 1872
Description : 1872/11/21 (N1000). 1872/11/21 (N1000).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7533380f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
No 1000, — Jeudi 2t Novembre 1872.
Le numéro : 10 c; — Départements : 15 o.
29 brumaire an 81. - No 1000
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
De 3 à 5 heures du soir
i8, RCE DB VALOIS, il
Les manuscrits non insérés ne seront pas renke,
—'- • X
ANNONCES
41M, Ch. LAGRANGÈ, CEllF et C-'
u. 1 6, place de la Bourse., 6 1
L
",ci ,
fil
ADMINISTRATlON
18 RUE DB VALOIS, 18 '-' D !'!
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 10 »
Six mois. 20, »
DÉPARTEMENTS
rrois mois 13 qO
sis mois. 27 -0
Adresser lettres et mandat?
A. M. A. PELLEPORT
LE SALUT PUBLIC
Il nous est échappé, parfois, des paroles
amères contre la droite, le centre droit et
même le centre gauche. Nous faisons au-
jourd'hui notre. mèa éuipa. Nous avons
eu le plus grand tort. Que le centre gau-
che soit loué ; que la droite soit exaltée,
et que le centre droit soit béni 1 Qu'ils
soient remerciés par nous publiquement,
ën hommes, ou plutôt en apparences
S'iiomme, comme Pelletan disait hier,
ces êtres fantasques et ahuris, confits dans
le parlementarisme et dans la pouarnade:
Saint-Marc Girardin, de Broglie, Chan-
garnier ! Qu'ils soient embrassés sur les
deux joues par la démocratie; que les
femmes les baisent sur le front, et que les
enfants le&couronnent de Heurs 1 Que M.
Charles Blanc leur trouve une place
d'honneur dans les musées ; qu'on leur
donne les seules joies qu'ils puissent en-
core goûter sur la terre, comme, par
exemple, d'être mis dans des bocaux tout
neufs* avec de l'esprit de vin n'ayant pas
servi ! Qu'on les accable de ces félicités
voluptueuses réservées jusqu'à présent
aux veayx à deux têtes et aux enfants qui
bat un pied dans le dos ! Ces gens tra-
vaillent, mieux que les républicains., à
fonder la République.
Certes, Gambetta, avec son admirable
talent, avait démontré, à Grenoble, dé-
montré jusqu'à l'évidence l'impuissance
ries partis monarchiques, l'incapacité de
notre vieux personnel, la nécessité de
l'avènement d'une nouvelle couche sociale
et politique, pour remplacer l'ancienne
devenue stérile et si mince que partout
elle laissait voir le tuf. Mais un raisonne-
ment, si parfaitement juste qu'il soit, se
peut toujours discuter. Les faits, seuls,
sont indiscutables. Il fallait un fait patent,
lumineux, à la suite des théories du grand
orateur, comme il faut une expérience pour
compléter et appuyer une démonstration
scientifique. L'expérience a eu lieu à Ver-
sailles. Elle est concluante. Après les dia-
tribes de M. Changarnier et de M. de Bro-
glie, après les hurlements de leurs pa-
reils, tout le monde voit qu'il est néces-
saire qu'une couche d'hommes nouveaux
vienne se substituer à ces vieillards, dont
la tête déménage, et dont les forces sont
épuisées.
Gambetta pourrait faire i mprimer la
séance d'hier à la suite de son discours,
en appendice. Les lecteurs le trouveraient
bienveillant et doux pour ces restes de
personnages achevés par leurs fautes,
démoralisés par leurs palinodies, que
tant de révolutions ont à la fois étrillés et
aigris, et qui, à l'heure présente, reniés
par tout ce qui est vivant, couverts par
le suffrage universel de pommes cuites,
enragés et impuissants, rêvent le succès
par l'intrigue, la victoire par la guerre
civile, et la réhabilitation par le cosmé-
tique I
Etablir le gouvernement de leur choix?
Cela leur est impossible. M. Thiers le
leur a dit. Toute leur politique se réduit
à agiter le pays ; à provoquer les inquié-
tudes les plus graves. Ils voulaient ceci :
au lendemain du jour où la République
avait été reconnue le gouvernement légal,
faire déclarer par le chef de ce gouverne-
ment que les principes républicains étaient
odieux et absurdes. Alors, que devenait
la reconnaissance de la République, gou-
vernement qui repose sur des principes
absurdes et odieux? Que devenait la Fran-
ce à qui l'on disait : Vous êtes en Répu-
blique, mais la République est impossible?
Que devenaient la tranquillité publique,
la sécurité, l'ordre, après une déclaration
solennelle de M. Thiers qui n'aurait pu
être que l'annonce et la préface d'un ca-
taclysme ?
Telles sont leurs petites imaginations.
Remercions-les. Ils laissent voir naïve-
ment ce que valent leurs déclamations et
ce qu'est au fond leur patriotisme. Il ont
cette bonté de nous édifier sur leur propre
compte. Elèves dociles, lorsque Gambetta
a énOncé un'problème, ils ont l'amabilité-
de passer au tableau, et de démontrer par
A plus B l'irréfutabilité de la solution du
professeur. Un bon point à l'élève de Bro-
glie ; un bon point à l'élève Changarnier
(de la Moselle). Soyez récompensés, jeu-
nes parlementaires. Votre seconde enfance
a des qualités qui certainement devaient
manquer à îa première. On trouve, sous
vos perruques un peu défrisées aujour-
d'hui, une innocence d'esprit particulière
qu'on ne rencontre pas toujours sous les
bourrelets.
il nous faut rèmerciër àussi ce grand
faiseur d'épigrammes, si sémillant à la
tribune : l'illustre M. Dufaure. Il a fait
une jolie manœuvre, qui vaut bien la loi
sur le jury çt la loi sur l'Internationale,
au point de vue de l'att. Quelques per-
sonnes, assez ridicules d'ailleurs, préten-
daient que les centres fourniraient une
majorité au pouvoir, assez forte pour que
M. Thiers pût s'appuyer sur elle; assez
compacte pour autoriser la présentation
des réformes constitutionnelles. M. Du-
faure a voulu démontrer le contraire. Il
l'a démontré avec un courage dont oÙ hë
saurait trop le louer, courage bien rare
par le temps qui court ; car il l'a démon-
tré aux dépens du gouvernement auquel il
appartient. Les hommes qui ont tant d'es-
prit sont impitoyable. Ont-ils une bonne
plaisanterie en tête ? ils tueraient la
France d'un coup de pistolet.
Donc, nous n'avons que des remercie-
ments à faire. La nécessité de la Républi-
que ; la nécessité de la dissolution ; la né-
cessité de l'avènement d'une nouvelle
*
couche d'hommes politiques; l'impuis-
sance du vieux personnel parlementaire;
l'impossibilité où se trouve la Chambre de
constituer : tout cela est démontré sura-
bondamment. Nous serions joyeux si
nous ne songions pas au danger que fait
courir au pays une Assemblée où il n'y a
point de majorité réelle ; où les partis se
heurtent sans cesse ; une Assemblée où
l'on conspire, où l'on tâche de renverser
le pouvoir, où le gouvernement de M.
Thiers, si conservateur et si anti-révolu-
tionnaire, est perpétuellement attaqué et
calomnié, ou l'on reproche au président
de la République ses « ambitions séniles»,
où l'un des hommes qui ont rendu Metz à
la Prusse peut monter à la tribune. sans
être conspué ! Quel péril constant ! quelle
menace pour la société 1 quel danger
pour l'ordre ! Ce n'est plus même au nom
de la France républicaine qu'il faut de-
mander la dissolution : c'est au nom du
salut public.
EDOUARD LOCKROY.
■■IllUflïH»!
LA CONSÉQUENCE NÉCESSAIRE
Nous croyons devoir reproduire textuel-
lement, d'après le Journal officiel, les pa-
roles suivantes, prononcées à la séance de
lundi par le président de la République :
« Le pays était tranquille il y a quinze
jours. (Applaudissements à gauche et au
centre gauche.) Il y a des factions, oui,
c'est vrai, il y a des factions. qu'on
s'explique devant le pays, comme je suis
prêt à le faire!. Je maintiendrai - je
l'ai dit à nos honorables collègues sans
distinction, pas plus pour l'un que pour
l'autre — je maintiendrai l'ordre. Je l ai
maintenu. L'ordre moral ne dépend pas
de moi. (Rumeurs à droite); mais si le
pays a à se plaindre à quelqu'un du trou-
ble apporté dans l'ordre moral, j'ai la
conviction, je le déclare devant Dieu, de-
vant la nation et devant l'Europe, ce n'est
pas moi qu'il accusera. (Vifs et itératifs
applaudissements à gauche et au centre
gauche. -— La clôture! la clôture!) »
Le pays était tranquille il y a quinze
jours. Quand la tranquillité a-t-elle cessé?
A la veille du retour de l'Assemblée. Aus-
sitôt, l'opinion s'est agitée et s'est inquié-
tée. Elle a senti qu'il fallait s'apprêter à
quelque chose comme à un combat; nous
avons constaté qu'au contraire des Assem-
blées ordinaires, dent la rentrée en ses-
sion rassure le pays, la rentrée de l'As-
semblée de Versailles le troublait, et que
tout le monde se disait:—Qu'est-ce qu'elle
va encore nous faire ? qu'est-ce qu'elle va
encore essayer qui effarouche le crédit et
qui empêche les affaires ?
L'inquiétude du pays n'a pas tardé à
être réalisée. Qu'est-ce que l'Assemblée
allait encore nous faire ? elle nous a fait
la séance de lundi.
Et elle nous en fera de pareilles tout le
temps qu'elle durera. Le président de la
République le lui a dit nettement : « Ce
n'est pas la question de l'incident de Gre-
noble qui a produit cette agitation. » C'est
la question de la République. Pas seule-
ment de la République radicale, comme
par instant ils voudraient le faire croire,
— de la République tout court ; le mar-
quis de Castellane ne s'est pas retenu de
l'avouer hier encore : « Singulière manière
de se séparer des radicaux, que d'affirmer
la République ! » Donc, ils en convien-
nent, le radicalisme qu'ils complotent de
supprimer, c'est la République.
M. Thiers les en a défiés : « Vous vous
plaignez d'un gouvernement provisoire,
faites un gouvernement définitif. Si
vous avez un gouvernement définitif et
non provisoire, apportez-le l Je cède avec
transport, avec souci pour mon pays, mais
pour moi-même je cède volontiers la place
à ceux qui pourront apporter ici un gou-
vernement qu'on pottrra appeler définitif
et que la France acceptera ».
Là-dessus, le général Ghangarnier a dit
« qu'il n'avait aucune ambition person-
nelle, qu'il n'aspirait pas au pouvoir, et
.qu'il n'avait jamais tant souffert depuis
un demi-siècle » ; et M. de Broglie « a pris
la France à témoin pour savoir si, de près
ou de loin, une interprétation quelconque,
donnée à l'un de ses niots, prêtait à une
question politique à poser à l'Assemblée. »
En français, ils voudraient bien du pou-
voir, mais ils sentent que le pays ne vou-
drait pas d'eux.
Cependant la France, à peine remise
de tant de secousses terribles, la France
qui a besoin de repos, de sécurité, de foi
au lendemain, la France qui a à se refaire
moralement de l'empire et matériellement
de la guerre, la France peut-elle être in-
définiment à la merci de ces agitateurs
stériles qui ne veulent pas la République
et qui ne peuvent pas la monarchie ?
Il faut une solution. Et quelle autre so-
lution que celle qui s'offre d'elle-même à
toutes les intelligences et à toutes les
consciences, celle que M. Thiers a propo-
sée a la droite : « Si vous le voulez, j'ac-
depte le jugement du pays. (oh ! ohl); je
ne le refuse pas, je le demande. (Vives
marques d'approbation à gauche. Ru-
meurs à droite.) Quant à moi, je serai tou-
jours prêt à comparaître devant le pays, à
deux titres : comme député et comme chef
du gouvernement. » Et le chef du gou-
vernement n'a pas épargné à ces « parle-
mentaires » cette phrase décisive : « Sa-
vez-vous ce qui n'est pas parlementaire?
C'est de vouloir garder le pouvoir malgré
son pays».
Par pitié pour ce grand pays si doulou-
reusement épiouvé, par pitié pour le cré-
dit, pour le commerce, pour l'industrie,
par pitié pour tout ce qui souffre de ces
crises et de ces fièvres, la dissolution 1 Une
nouvelle assemblée dont le mandat ne
soit pas contesté ; qui ne soit pas monar-
chiste en République ; qui ne préfère pas
une famille à une nation; qui, au lieu d'é-
branler, consolide; qui, au lieu d'inquiéter,
tranquillise; et qui ne recommence pas
tous les huit jours à déconcerter les es-
prits et à bouleverser les intérêts dans
l'espérance, irréalisable désormais en
France, de faire d'un peuple la propriété
d'un homme 1
AUGUSTE VACQUERIE.
LA SÉANCB
C'est pour aujourd'hui, dit-on, * la lutte
décisive.
Hier, chacun était fatigué de la bataille
de la veille ; on en discutait les incidents
et les conséquences au lieu d'écouter. Le
vote pour les commissions chargées d'exa-
miner la proposition Kerdrel a, d'ailleurs,
retenu longtemps les députés dans les bu-
reaux, et la séance a commencé fort tard.
C'est la loi sur le jury qui est à l'ordre
du jour. M. Bertauld développe son amen-
dement tendant à ce qu'on ne puisse figu-
rer deux années de suite sur la liste du
jury. L'orateur donne d'excellentes rai-
sons, mais, malgré elle, la Chambre pense
à autre chose, et, au scrutin, 325 voix con-
tre 22i, rejettent l'amendement.
M. Lepère est venu ensuite, dans un ex-
cellent discours, demander une modifica-
tion à l'article relatif à la composition des
commissions chargées de préparer les lis-
tes. M. Lepère, qui a un grand talent d'ex-
position, et qui est un des esprits les plus
nets de l'Assemblée, a forcé l'attention de
ses collègues, et il a obtenu un légitime
succès. Après lui, un membre de la droite
légitimiste, M. Boyer (du Gard), a soutenu
un amendement qui se rapprochait du
sien, en ce sens que, comme M. Lepère,
M. Boyer voulait diminuer la part d'in-
fluence de la magistrature dans la com-
mission. La droite et la gauche se sont
donc trouvées réunies sur cette question
contre le projet de la commission, mais
de nombreuses abstentions et les préoccu-
pations de l'Assemblée ont empêché que
les deux extrémités réunissent une majo-
rité : elles n'ont eu que 238 voix.
NON POSSUMUS
Il y a une limite à tout, même à l'ab-
négation, à la condescendance dont le
parti républicain, dans l'Assemblée, n'a
cessé de faire preuve envers M. le prési-
dent de la République.
Or, si les bruits qui circulent sont
exacts, M. Thiers tenterait aujourd'hui
même, de faire franchir à la gauche
cette limite suprême en deçà de laquelle
elle laisserait, avec des principes inviola-
bles, une large part de sa considération.
On dit, mais nous hésitons encore à
croire M. Thiers livré à d'aussi fatales ins-
pirations, on dit que, dans la séance
d'aujourd'hui, on présentera pêle-mêle,
à l'Assemblée, la demande d'un vote de
confiance, les réformes constitutionnel-
les, — prorogation des pouvoirs, renou-
vellement partiel, etc., etc., — et, enfin,
la proclamation définitive de la Répu-
blique, qu'on offrirait à la gauche, en
guise de concession ; oomme si etait une
concession qH© d'accorder l'évidence et de
ne point nier le faii accompli.
Certes, on peut supposer qu'un gou-
vernement qui, sur la foi de quelques po-
litiques sans cervelle, a pris les centres
pour une réalité, pour une force parle-
mentaire réelle, on peut supposer que ce
gouvernement ne sait rien des disposi-
tions des partis et qu'il ne se rend au-
cun compte exact des évolutions permises
à des hommes politiques. Si mal informé
cependant qu'on suppose l'entourage de
M. Thiers, il est à peine croyable qu'il
fasse à la gauche l'injure de lui pro-
poser un marché qu'elle ne peut pas
conclure, qu'elle ne peut même pas dis-J
cuter sans déchirer sfon mandat et se
mettre en quelque sorte en révolte contre
la volonté nationale.
Est-ce qu'il y a, en effet, dans toute la
gauche, un membre, un seul qui, en face
des manifestations successives du vote
universel depuis une année, oserait re-
connaître le pouvoir constituant à l'assem-
blée versaillaise ? Que ces manifestations
multiples, élections communales, élections
départementales, élections législatives,dont
la signification est une, soient comme non
avenues pour la droite, nous le compren-
drions ; mais la gauche qui n'a de foree
à Versailles, que parce que le pays s'est
déclaré contre la majorité, la gauche ne
peut pas, à moins d'abdiquer piteuse-
ment, à moins de signer sa propre dé-
chéance, se retourner contre ceux qui
l'ont soutenue et qui lui ont donné, par
leurs votes, à elle minorité, plus de force
et plus de prestige qu'à la majorité.
Pour que, dans le triste entourage de
M. le président de la République, on
songe à exiger de la gauche un pareil sa-
crifice, une pareille humiliation, un pa-
reil suicide, il faudrait que l'esprit poli-
tique aussi bien que le simple sentiment
des convenances y fissent absolument dé-
faut.
A une démarche de cette nature, la
gauche, fidèle à son mandat et à sa cause,
n'a qu'une réponse à faire : Non pos-
sumus.
Nous savons tous les arguments de
commande que les habiles vont mettre en
avant. On parlera des Prussiens, on dira
que leur présence rend la dissolution im-
possible, on dira que la gauche ne peut
pas voter contre la proclamation de la
République.
La réponse est facile.
D'abord, de l'aveu de M. Thiers, consi-
gné dans son Message, la République
existe, elle est le gouvernement légal. Il
n'y a donc pas à la proclamer. Quant à la
présence des Prussiens, si elle suffit pour
vicier une élection, nous comprenons mal
qu'on défende celles du 8 février comme
bonnes et valables et qu'on veuille en per-
pétuer les résultats.
La présence des Prussiens a-t-elle d'ail-
leurs empêché dernièrement l'élection des
Vosges ?
On craint l'agitation? Mais qu'est-ce
donc que cette niaiserie suprême du re-
nouvellement partiel sinon l'agitation
permanente? On parle de l'inconnu ? Mais
est-ce que, dans une Assemblée coupée en
deux, dans laquelle il n'y a pas, sur un
ensemble de question, quinze voix de
majorité, est-ce que deux cent quinze
voix nouvelles, amenées par le renouvelle-
ment, n'y entreraient pas en souveraines ?
Est-ce que la balance ne pencherait pas ir-
résistiblement du côté où elles se porte-
raient? Où serait donc la différence dans
le cas d'une élection générale? Nous n'en
voyons aucune, puisque, dans un cas
comme dans l'autre, les nouveaux élus
seraient maîtres de la situation.
Il y a cependant cette nuancé qui
échappe aux fanatiques aveugles de la
conservation. C'est qu'un renouvellement
partiel, soulevant l'irritation publique,
amènerait des choix plus radicaux qu'une
élection générale. Ce n'est donc pas au
point de vue des intérêts d'un parti que
nous parlons, c'est au point de vue des
principes, c'est dans l'intérêt de l'ordre
loyalement compris, dans l'intérêt de la
paix sociale.
On demanderait aussi, dit-on, aux dé-
putés de la gauche de consentir à une pro-
longation des pouvoirs de M. Thiers. Cela
est plus mesquin que dangereux, et c'est,
dans tous les cas, une garantie bien illu-
soire et bien puérile contre la volonté
souveraine de la future Assemblée natio-
nale !
Mais cela regarde surtout M. Thiers,
juge de sa considération et de la meil-
leure manière d'assurer son autorité
nécessaire dans la situation actuelle.
Quant à la question bien plus grave
du renouvellement partiel, nous n'hé-
sitons pas à le déclarer : si, pour échapper
à l'obligation prochaine de revenir devant
les électeurs ou par toute autre considé-
ration de ce genre, quelques députés en-
traient dans un pareil compromis, ils
feraient un calcul plus faux encore que
coupable, car le premier soin du vote
universel, ce serait, à coup sûr, de les
rendre à la vie privée.
Mais encore une fois nous tenons pour
une gratuite injure, à l'adresse de la gau-
che, les espérances affichées par les pro-
moteurs étourdis de ces ridicules projets.
La gauche entièiferépondra :
Non posswnpf ,. :
A, :
PHYSIONOMIE DE LA SÉANCE
C'est pour demain. On n'écoute pas ;
on n'y est pas. Tribunes dégarnies. Celle
du président de la République est vide. Un
rang de chapeaux s'étale à son aise sur les
fauteuils du devant de la loge diplomati-
que. — Seule, Mme de Rainneville est à
son poste, avec Mlle d'Harcourt. — Mais
elle ne le quitte jamais.
La séance débute, dans un bruit de con-
versation, dans un murmure d'inattention,
devant les bancs semés de rares députés,
et d'autant de journaux que de têtes. Il
n'y a pas, dans la Chambre, une seule pai-
re d'yeux qui ne soit baissée sur une
feuille publique. On dirait un cabinet de
lecture. On valide des élections. M. Dufau-
re dépose un projet de loi. Enfin M. Ber-
tauld monte à la tribune.
Il y reste un bon quart d'heure, les bras
croisés, — attendant le silence, — pen-
dant que M. Grévy donne de temps à autre
un coup de sonnette.
M. Bertauld a bien le physique du pro-
fesseur de droit : grand, maigre, rasé, —
une longue figure osseuse, à la face ter-
reuse, au crâne nu, autour duquel planent
de longs cheveux gris. Un argument de
droit fait homme quand il parle. Il ren-
tre dans le type bien connu de tous les étu-
diants, du professeur excentrique et pitto-
resque, et qui a le mot pour rire. Avec
tout cela, son grand bon sens, la clarté de
son exposition, la solidité de ses raisonne-
ments, la sùreté de sa science, et une cer-
taine bonhomie qui ne manque pas de
charme, donnent à sa parole une réelle
valeur. Il a un mot excellent pour désigner
le jury créé à la presse par la loi. Il l'ap-
pelle : « une rallonge à la magistratu-
re ».
Ce n'est pas un des moindres ennuis de
cette discussion de ramener toujours M.
Desjardins à la tribune. M. Desjardins est
un jeune homme brun (un jeune homme
relatif, bien entendu, mais dans cette Cham-
bre, on est jeune à bon marché). C'est
donc un jeune homme tiré à quatre épin-
gles, la moustache correcte, les cheveux
bien ratissés, la tenue irréprochable, verni
de neuf et tous frais astiqué. Il parle bien
gentiment, mais bien invariablement, et il
a l'air d'emprunter, pour sa parole, la cor-
rection de sa toilette. A la fin, il descend
de la tribune.
Un vote repousse l'amendement Ber-
tauld. — Dame ! il était libéral.—Libéral.
je m'entends. Il reproduisait un article
d'une loi de la Restauration ; et les lois de
Charles X sont libérales auprès de celles
de la République sans républicains.
?
*
Après quelques articles, votés sans ob-
servations et sans attention, on arrive à
l'amendement de M. Lepère. Cela nous vaut
un discours de l'honorable député, le seul
qui ait pu se faire écouter.
M. Lepère demande qu'on fasse quelque
part aux conseils élus dans la confection
des listes du jury; en d'autres termes, il
veut que les jurés ne soient pas des sous-
fonctionnaires, des doubles de garde-
champêtre. Il développe et soutient son
amendement dans un excellent discours
qui eût été fort remarqué un autre jour.
Mais les attentions sont ailleurs. N'im-
porte. M. Lepère est un orateur précis,
modéré dans la forme, solide dans le fond
toujours dans la question, d'un raisonne-
ment suivi. Il démolit entièrement l'article
de la commission, dans des termes accep-
tables de tous les gens de bonne foi, de
quelque opinion qu'ils soient.
Quand il a fini, voici encore M. Desjar-
dins. Cette fois, nous n'y tenons plus, et nous
cherchons dans les couloirs, où est la vraie
séance, un refuge contre le discours du
sempiternel rapporteur.
⁂
Là, c'est une confusion, une fièvre inex-
primables. Les nouvelles circulent, se con-
tredisent. Complot de la droite, incidents
d'hier, réunions des ministres, réunions
des bureaux, projets de M. Thiers. On ne
sait à qui entendre.
On est d'accord sur une chose : la faute
énorme du gouvernement hier.
« M. Thiers aurait eu une majorité écla-
tante avec l'ordre du jour de la gauche. »
Qui dit cela? Un républicain ? un modéré?
Non, c'est l'un des pires de la réaction,
l'un des plus déterminés contre le prési-
dent, un ancien ministre de l'empire qui
le disait aujourd'hui.
Et il a renoncé à cette majorité ? Po'ur
qui? Pour ses adversaires. MaintenanÍ".
qui est responsable de la faute ? M. Du-
faure.M. Dufaure est le héros de cette bour-
de prodigieuse.- C'est cet homme, roide,
d'un bourgeoisisme enragé, qni a tout fait.
Lui, toujours lui ! Quand il a fallu fabri-
quer une loi sur les échéances, qu'on eM
l'air de faire mauvaise exprès en haine de
Paris, qui s'est chargé de la besogne? M.
Dufaure. Quand il a fallu empêcher les
conciliateurs, sous la Commune, d'apaiser
les choses rivant le massacre et les incendies
d'une part, et les fusillades sommaires de
l'autre, qu'a-t-on vu surgir? M. Dufaure.
Quand il a fallu arrêter la victoire de la
République, hier, dût-on tout remettre en
question, qui a fait le mal, pour engager
les autres? Encore ce parleur à la dure mâ-
choire, au masque pincé et maussade, à la
mine renfrognée sous ses touffes de laine
blanche, qui raille sans sourire, qui n'ouvre
les lèvres que pour mordre, et dont la pa-
role, sèche comme des chiffres, ne s'allu-
me jamais d'une étiùcelle qui vienne du
cœur, et ne connaît d'autre passion quç
celle du sarcasme.'
⁂.
D'ailleurs, les bruits les plus contradic-
toires sont dans l'air. Quelqu'un vous
aborde :
— C'est pour demain. M. Thiers posera
la question de confiance et exigera les ré-
formes constitutionnelles de suite.
— Comment?
— C'est sûr. Je suis pressé. Je cours
aux nouvelles.
On est encore étourdi, qu'un autre sur-
vient :
- C'est après-demain. M. Thiers de-
mandera le renouvellement partiel ?
- Allons donc!
- Rien de plus certain. Je vous quitte,
je vais aux informations.
On n'a pas le temps de se retourner
qu'un troisième arrive :
Dernière nouvelle. Le conseil des
ministres délibère. M. Dufaure va donner
sa démission.
— Pas possible !
- Je le tiens de bonne source. Je me
sauve, je cherche des renseignements.
On s'approche d'un groupe, et l'on ap-
prend la chose énorme, la dhose. phénomé-
nale, la chose miraculeuse du moment. La
droite a, depuis cette nuit, un triumvirat
et un cabinet tout prêts.
Un triumvirat ? Mais qui donc?
— Ladmirault, Mac-Mahon et Changar-
nier.
— Mais, voyons, ce n'est pas vrai ! Le ma-
réchal Mac-Mahon ne ferait jamais cela. Il
a trop de raison pour se laisser engager
dans cette farce-là. Etre triumvir avec la
Mlle Déjazet de la politique ! Changarnier
césarisant sous lui ! L'accident sénile
d'hier représentant la France devant l'é-
tranger ! C'est Hamburger qui a inventé
cela! C'est dans l'histoire de France de
Touchatout !
— Non, c'est vraiment un projet nourri
par des académiciens, par des « hommes
d'Etat », par des gens qui prétendent fcure
de la politique 1 — Et tous les ministères
sont au complet. Batbie a le ministère.
— Des Grâces et des Ris?
— Non, de la justice ; Saint-Marc Girar-
din à le portefeuille.
- De la lingerie publique ?
- Non, de l'instruction publique. Le
duc de Broglie a le département des affai-
res étrangères, le duc d'Audiffret-Pasquier
celui de l'intérieur.
* «
Tels sont les bruits du moment. Qu^nd
nous quittons Versailles, lés ministres 'dé-
Le numéro : 10 c; — Départements : 15 o.
29 brumaire an 81. - No 1000
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
De 3 à 5 heures du soir
i8, RCE DB VALOIS, il
Les manuscrits non insérés ne seront pas renke,
—'- • X
ANNONCES
41M, Ch. LAGRANGÈ, CEllF et C-'
u. 1 6, place de la Bourse., 6 1
L
",ci ,
fil
ADMINISTRATlON
18 RUE DB VALOIS, 18 '-' D !'!
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 10 »
Six mois. 20, »
DÉPARTEMENTS
rrois mois 13 qO
sis mois. 27 -0
Adresser lettres et mandat?
A. M. A. PELLEPORT
LE SALUT PUBLIC
Il nous est échappé, parfois, des paroles
amères contre la droite, le centre droit et
même le centre gauche. Nous faisons au-
jourd'hui notre. mèa éuipa. Nous avons
eu le plus grand tort. Que le centre gau-
che soit loué ; que la droite soit exaltée,
et que le centre droit soit béni 1 Qu'ils
soient remerciés par nous publiquement,
ën hommes, ou plutôt en apparences
S'iiomme, comme Pelletan disait hier,
ces êtres fantasques et ahuris, confits dans
le parlementarisme et dans la pouarnade:
Saint-Marc Girardin, de Broglie, Chan-
garnier ! Qu'ils soient embrassés sur les
deux joues par la démocratie; que les
femmes les baisent sur le front, et que les
enfants le&couronnent de Heurs 1 Que M.
Charles Blanc leur trouve une place
d'honneur dans les musées ; qu'on leur
donne les seules joies qu'ils puissent en-
core goûter sur la terre, comme, par
exemple, d'être mis dans des bocaux tout
neufs* avec de l'esprit de vin n'ayant pas
servi ! Qu'on les accable de ces félicités
voluptueuses réservées jusqu'à présent
aux veayx à deux têtes et aux enfants qui
bat un pied dans le dos ! Ces gens tra-
vaillent, mieux que les républicains., à
fonder la République.
Certes, Gambetta, avec son admirable
talent, avait démontré, à Grenoble, dé-
montré jusqu'à l'évidence l'impuissance
ries partis monarchiques, l'incapacité de
notre vieux personnel, la nécessité de
l'avènement d'une nouvelle couche sociale
et politique, pour remplacer l'ancienne
devenue stérile et si mince que partout
elle laissait voir le tuf. Mais un raisonne-
ment, si parfaitement juste qu'il soit, se
peut toujours discuter. Les faits, seuls,
sont indiscutables. Il fallait un fait patent,
lumineux, à la suite des théories du grand
orateur, comme il faut une expérience pour
compléter et appuyer une démonstration
scientifique. L'expérience a eu lieu à Ver-
sailles. Elle est concluante. Après les dia-
tribes de M. Changarnier et de M. de Bro-
glie, après les hurlements de leurs pa-
reils, tout le monde voit qu'il est néces-
saire qu'une couche d'hommes nouveaux
vienne se substituer à ces vieillards, dont
la tête déménage, et dont les forces sont
épuisées.
Gambetta pourrait faire i mprimer la
séance d'hier à la suite de son discours,
en appendice. Les lecteurs le trouveraient
bienveillant et doux pour ces restes de
personnages achevés par leurs fautes,
démoralisés par leurs palinodies, que
tant de révolutions ont à la fois étrillés et
aigris, et qui, à l'heure présente, reniés
par tout ce qui est vivant, couverts par
le suffrage universel de pommes cuites,
enragés et impuissants, rêvent le succès
par l'intrigue, la victoire par la guerre
civile, et la réhabilitation par le cosmé-
tique I
Etablir le gouvernement de leur choix?
Cela leur est impossible. M. Thiers le
leur a dit. Toute leur politique se réduit
à agiter le pays ; à provoquer les inquié-
tudes les plus graves. Ils voulaient ceci :
au lendemain du jour où la République
avait été reconnue le gouvernement légal,
faire déclarer par le chef de ce gouverne-
ment que les principes républicains étaient
odieux et absurdes. Alors, que devenait
la reconnaissance de la République, gou-
vernement qui repose sur des principes
absurdes et odieux? Que devenait la Fran-
ce à qui l'on disait : Vous êtes en Répu-
blique, mais la République est impossible?
Que devenaient la tranquillité publique,
la sécurité, l'ordre, après une déclaration
solennelle de M. Thiers qui n'aurait pu
être que l'annonce et la préface d'un ca-
taclysme ?
Telles sont leurs petites imaginations.
Remercions-les. Ils laissent voir naïve-
ment ce que valent leurs déclamations et
ce qu'est au fond leur patriotisme. Il ont
cette bonté de nous édifier sur leur propre
compte. Elèves dociles, lorsque Gambetta
a énOncé un'problème, ils ont l'amabilité-
de passer au tableau, et de démontrer par
A plus B l'irréfutabilité de la solution du
professeur. Un bon point à l'élève de Bro-
glie ; un bon point à l'élève Changarnier
(de la Moselle). Soyez récompensés, jeu-
nes parlementaires. Votre seconde enfance
a des qualités qui certainement devaient
manquer à îa première. On trouve, sous
vos perruques un peu défrisées aujour-
d'hui, une innocence d'esprit particulière
qu'on ne rencontre pas toujours sous les
bourrelets.
il nous faut rèmerciër àussi ce grand
faiseur d'épigrammes, si sémillant à la
tribune : l'illustre M. Dufaure. Il a fait
une jolie manœuvre, qui vaut bien la loi
sur le jury çt la loi sur l'Internationale,
au point de vue de l'att. Quelques per-
sonnes, assez ridicules d'ailleurs, préten-
daient que les centres fourniraient une
majorité au pouvoir, assez forte pour que
M. Thiers pût s'appuyer sur elle; assez
compacte pour autoriser la présentation
des réformes constitutionnelles. M. Du-
faure a voulu démontrer le contraire. Il
l'a démontré avec un courage dont oÙ hë
saurait trop le louer, courage bien rare
par le temps qui court ; car il l'a démon-
tré aux dépens du gouvernement auquel il
appartient. Les hommes qui ont tant d'es-
prit sont impitoyable. Ont-ils une bonne
plaisanterie en tête ? ils tueraient la
France d'un coup de pistolet.
Donc, nous n'avons que des remercie-
ments à faire. La nécessité de la Républi-
que ; la nécessité de la dissolution ; la né-
cessité de l'avènement d'une nouvelle
*
couche d'hommes politiques; l'impuis-
sance du vieux personnel parlementaire;
l'impossibilité où se trouve la Chambre de
constituer : tout cela est démontré sura-
bondamment. Nous serions joyeux si
nous ne songions pas au danger que fait
courir au pays une Assemblée où il n'y a
point de majorité réelle ; où les partis se
heurtent sans cesse ; une Assemblée où
l'on conspire, où l'on tâche de renverser
le pouvoir, où le gouvernement de M.
Thiers, si conservateur et si anti-révolu-
tionnaire, est perpétuellement attaqué et
calomnié, ou l'on reproche au président
de la République ses « ambitions séniles»,
où l'un des hommes qui ont rendu Metz à
la Prusse peut monter à la tribune. sans
être conspué ! Quel péril constant ! quelle
menace pour la société 1 quel danger
pour l'ordre ! Ce n'est plus même au nom
de la France républicaine qu'il faut de-
mander la dissolution : c'est au nom du
salut public.
EDOUARD LOCKROY.
■■IllUflïH»!
LA CONSÉQUENCE NÉCESSAIRE
Nous croyons devoir reproduire textuel-
lement, d'après le Journal officiel, les pa-
roles suivantes, prononcées à la séance de
lundi par le président de la République :
« Le pays était tranquille il y a quinze
jours. (Applaudissements à gauche et au
centre gauche.) Il y a des factions, oui,
c'est vrai, il y a des factions. qu'on
s'explique devant le pays, comme je suis
prêt à le faire!. Je maintiendrai - je
l'ai dit à nos honorables collègues sans
distinction, pas plus pour l'un que pour
l'autre — je maintiendrai l'ordre. Je l ai
maintenu. L'ordre moral ne dépend pas
de moi. (Rumeurs à droite); mais si le
pays a à se plaindre à quelqu'un du trou-
ble apporté dans l'ordre moral, j'ai la
conviction, je le déclare devant Dieu, de-
vant la nation et devant l'Europe, ce n'est
pas moi qu'il accusera. (Vifs et itératifs
applaudissements à gauche et au centre
gauche. -— La clôture! la clôture!) »
Le pays était tranquille il y a quinze
jours. Quand la tranquillité a-t-elle cessé?
A la veille du retour de l'Assemblée. Aus-
sitôt, l'opinion s'est agitée et s'est inquié-
tée. Elle a senti qu'il fallait s'apprêter à
quelque chose comme à un combat; nous
avons constaté qu'au contraire des Assem-
blées ordinaires, dent la rentrée en ses-
sion rassure le pays, la rentrée de l'As-
semblée de Versailles le troublait, et que
tout le monde se disait:—Qu'est-ce qu'elle
va encore nous faire ? qu'est-ce qu'elle va
encore essayer qui effarouche le crédit et
qui empêche les affaires ?
L'inquiétude du pays n'a pas tardé à
être réalisée. Qu'est-ce que l'Assemblée
allait encore nous faire ? elle nous a fait
la séance de lundi.
Et elle nous en fera de pareilles tout le
temps qu'elle durera. Le président de la
République le lui a dit nettement : « Ce
n'est pas la question de l'incident de Gre-
noble qui a produit cette agitation. » C'est
la question de la République. Pas seule-
ment de la République radicale, comme
par instant ils voudraient le faire croire,
— de la République tout court ; le mar-
quis de Castellane ne s'est pas retenu de
l'avouer hier encore : « Singulière manière
de se séparer des radicaux, que d'affirmer
la République ! » Donc, ils en convien-
nent, le radicalisme qu'ils complotent de
supprimer, c'est la République.
M. Thiers les en a défiés : « Vous vous
plaignez d'un gouvernement provisoire,
faites un gouvernement définitif. Si
vous avez un gouvernement définitif et
non provisoire, apportez-le l Je cède avec
transport, avec souci pour mon pays, mais
pour moi-même je cède volontiers la place
à ceux qui pourront apporter ici un gou-
vernement qu'on pottrra appeler définitif
et que la France acceptera ».
Là-dessus, le général Ghangarnier a dit
« qu'il n'avait aucune ambition person-
nelle, qu'il n'aspirait pas au pouvoir, et
.qu'il n'avait jamais tant souffert depuis
un demi-siècle » ; et M. de Broglie « a pris
la France à témoin pour savoir si, de près
ou de loin, une interprétation quelconque,
donnée à l'un de ses niots, prêtait à une
question politique à poser à l'Assemblée. »
En français, ils voudraient bien du pou-
voir, mais ils sentent que le pays ne vou-
drait pas d'eux.
Cependant la France, à peine remise
de tant de secousses terribles, la France
qui a besoin de repos, de sécurité, de foi
au lendemain, la France qui a à se refaire
moralement de l'empire et matériellement
de la guerre, la France peut-elle être in-
définiment à la merci de ces agitateurs
stériles qui ne veulent pas la République
et qui ne peuvent pas la monarchie ?
Il faut une solution. Et quelle autre so-
lution que celle qui s'offre d'elle-même à
toutes les intelligences et à toutes les
consciences, celle que M. Thiers a propo-
sée a la droite : « Si vous le voulez, j'ac-
depte le jugement du pays. (oh ! ohl); je
ne le refuse pas, je le demande. (Vives
marques d'approbation à gauche. Ru-
meurs à droite.) Quant à moi, je serai tou-
jours prêt à comparaître devant le pays, à
deux titres : comme député et comme chef
du gouvernement. » Et le chef du gou-
vernement n'a pas épargné à ces « parle-
mentaires » cette phrase décisive : « Sa-
vez-vous ce qui n'est pas parlementaire?
C'est de vouloir garder le pouvoir malgré
son pays».
Par pitié pour ce grand pays si doulou-
reusement épiouvé, par pitié pour le cré-
dit, pour le commerce, pour l'industrie,
par pitié pour tout ce qui souffre de ces
crises et de ces fièvres, la dissolution 1 Une
nouvelle assemblée dont le mandat ne
soit pas contesté ; qui ne soit pas monar-
chiste en République ; qui ne préfère pas
une famille à une nation; qui, au lieu d'é-
branler, consolide; qui, au lieu d'inquiéter,
tranquillise; et qui ne recommence pas
tous les huit jours à déconcerter les es-
prits et à bouleverser les intérêts dans
l'espérance, irréalisable désormais en
France, de faire d'un peuple la propriété
d'un homme 1
AUGUSTE VACQUERIE.
LA SÉANCB
C'est pour aujourd'hui, dit-on, * la lutte
décisive.
Hier, chacun était fatigué de la bataille
de la veille ; on en discutait les incidents
et les conséquences au lieu d'écouter. Le
vote pour les commissions chargées d'exa-
miner la proposition Kerdrel a, d'ailleurs,
retenu longtemps les députés dans les bu-
reaux, et la séance a commencé fort tard.
C'est la loi sur le jury qui est à l'ordre
du jour. M. Bertauld développe son amen-
dement tendant à ce qu'on ne puisse figu-
rer deux années de suite sur la liste du
jury. L'orateur donne d'excellentes rai-
sons, mais, malgré elle, la Chambre pense
à autre chose, et, au scrutin, 325 voix con-
tre 22i, rejettent l'amendement.
M. Lepère est venu ensuite, dans un ex-
cellent discours, demander une modifica-
tion à l'article relatif à la composition des
commissions chargées de préparer les lis-
tes. M. Lepère, qui a un grand talent d'ex-
position, et qui est un des esprits les plus
nets de l'Assemblée, a forcé l'attention de
ses collègues, et il a obtenu un légitime
succès. Après lui, un membre de la droite
légitimiste, M. Boyer (du Gard), a soutenu
un amendement qui se rapprochait du
sien, en ce sens que, comme M. Lepère,
M. Boyer voulait diminuer la part d'in-
fluence de la magistrature dans la com-
mission. La droite et la gauche se sont
donc trouvées réunies sur cette question
contre le projet de la commission, mais
de nombreuses abstentions et les préoccu-
pations de l'Assemblée ont empêché que
les deux extrémités réunissent une majo-
rité : elles n'ont eu que 238 voix.
NON POSSUMUS
Il y a une limite à tout, même à l'ab-
négation, à la condescendance dont le
parti républicain, dans l'Assemblée, n'a
cessé de faire preuve envers M. le prési-
dent de la République.
Or, si les bruits qui circulent sont
exacts, M. Thiers tenterait aujourd'hui
même, de faire franchir à la gauche
cette limite suprême en deçà de laquelle
elle laisserait, avec des principes inviola-
bles, une large part de sa considération.
On dit, mais nous hésitons encore à
croire M. Thiers livré à d'aussi fatales ins-
pirations, on dit que, dans la séance
d'aujourd'hui, on présentera pêle-mêle,
à l'Assemblée, la demande d'un vote de
confiance, les réformes constitutionnel-
les, — prorogation des pouvoirs, renou-
vellement partiel, etc., etc., — et, enfin,
la proclamation définitive de la Répu-
blique, qu'on offrirait à la gauche, en
guise de concession ; oomme si etait une
concession qH© d'accorder l'évidence et de
ne point nier le faii accompli.
Certes, on peut supposer qu'un gou-
vernement qui, sur la foi de quelques po-
litiques sans cervelle, a pris les centres
pour une réalité, pour une force parle-
mentaire réelle, on peut supposer que ce
gouvernement ne sait rien des disposi-
tions des partis et qu'il ne se rend au-
cun compte exact des évolutions permises
à des hommes politiques. Si mal informé
cependant qu'on suppose l'entourage de
M. Thiers, il est à peine croyable qu'il
fasse à la gauche l'injure de lui pro-
poser un marché qu'elle ne peut pas
conclure, qu'elle ne peut même pas dis-J
cuter sans déchirer sfon mandat et se
mettre en quelque sorte en révolte contre
la volonté nationale.
Est-ce qu'il y a, en effet, dans toute la
gauche, un membre, un seul qui, en face
des manifestations successives du vote
universel depuis une année, oserait re-
connaître le pouvoir constituant à l'assem-
blée versaillaise ? Que ces manifestations
multiples, élections communales, élections
départementales, élections législatives,dont
la signification est une, soient comme non
avenues pour la droite, nous le compren-
drions ; mais la gauche qui n'a de foree
à Versailles, que parce que le pays s'est
déclaré contre la majorité, la gauche ne
peut pas, à moins d'abdiquer piteuse-
ment, à moins de signer sa propre dé-
chéance, se retourner contre ceux qui
l'ont soutenue et qui lui ont donné, par
leurs votes, à elle minorité, plus de force
et plus de prestige qu'à la majorité.
Pour que, dans le triste entourage de
M. le président de la République, on
songe à exiger de la gauche un pareil sa-
crifice, une pareille humiliation, un pa-
reil suicide, il faudrait que l'esprit poli-
tique aussi bien que le simple sentiment
des convenances y fissent absolument dé-
faut.
A une démarche de cette nature, la
gauche, fidèle à son mandat et à sa cause,
n'a qu'une réponse à faire : Non pos-
sumus.
Nous savons tous les arguments de
commande que les habiles vont mettre en
avant. On parlera des Prussiens, on dira
que leur présence rend la dissolution im-
possible, on dira que la gauche ne peut
pas voter contre la proclamation de la
République.
La réponse est facile.
D'abord, de l'aveu de M. Thiers, consi-
gné dans son Message, la République
existe, elle est le gouvernement légal. Il
n'y a donc pas à la proclamer. Quant à la
présence des Prussiens, si elle suffit pour
vicier une élection, nous comprenons mal
qu'on défende celles du 8 février comme
bonnes et valables et qu'on veuille en per-
pétuer les résultats.
La présence des Prussiens a-t-elle d'ail-
leurs empêché dernièrement l'élection des
Vosges ?
On craint l'agitation? Mais qu'est-ce
donc que cette niaiserie suprême du re-
nouvellement partiel sinon l'agitation
permanente? On parle de l'inconnu ? Mais
est-ce que, dans une Assemblée coupée en
deux, dans laquelle il n'y a pas, sur un
ensemble de question, quinze voix de
majorité, est-ce que deux cent quinze
voix nouvelles, amenées par le renouvelle-
ment, n'y entreraient pas en souveraines ?
Est-ce que la balance ne pencherait pas ir-
résistiblement du côté où elles se porte-
raient? Où serait donc la différence dans
le cas d'une élection générale? Nous n'en
voyons aucune, puisque, dans un cas
comme dans l'autre, les nouveaux élus
seraient maîtres de la situation.
Il y a cependant cette nuancé qui
échappe aux fanatiques aveugles de la
conservation. C'est qu'un renouvellement
partiel, soulevant l'irritation publique,
amènerait des choix plus radicaux qu'une
élection générale. Ce n'est donc pas au
point de vue des intérêts d'un parti que
nous parlons, c'est au point de vue des
principes, c'est dans l'intérêt de l'ordre
loyalement compris, dans l'intérêt de la
paix sociale.
On demanderait aussi, dit-on, aux dé-
putés de la gauche de consentir à une pro-
longation des pouvoirs de M. Thiers. Cela
est plus mesquin que dangereux, et c'est,
dans tous les cas, une garantie bien illu-
soire et bien puérile contre la volonté
souveraine de la future Assemblée natio-
nale !
Mais cela regarde surtout M. Thiers,
juge de sa considération et de la meil-
leure manière d'assurer son autorité
nécessaire dans la situation actuelle.
Quant à la question bien plus grave
du renouvellement partiel, nous n'hé-
sitons pas à le déclarer : si, pour échapper
à l'obligation prochaine de revenir devant
les électeurs ou par toute autre considé-
ration de ce genre, quelques députés en-
traient dans un pareil compromis, ils
feraient un calcul plus faux encore que
coupable, car le premier soin du vote
universel, ce serait, à coup sûr, de les
rendre à la vie privée.
Mais encore une fois nous tenons pour
une gratuite injure, à l'adresse de la gau-
che, les espérances affichées par les pro-
moteurs étourdis de ces ridicules projets.
La gauche entièiferépondra :
Non posswnpf ,. :
A, :
PHYSIONOMIE DE LA SÉANCE
C'est pour demain. On n'écoute pas ;
on n'y est pas. Tribunes dégarnies. Celle
du président de la République est vide. Un
rang de chapeaux s'étale à son aise sur les
fauteuils du devant de la loge diplomati-
que. — Seule, Mme de Rainneville est à
son poste, avec Mlle d'Harcourt. — Mais
elle ne le quitte jamais.
La séance débute, dans un bruit de con-
versation, dans un murmure d'inattention,
devant les bancs semés de rares députés,
et d'autant de journaux que de têtes. Il
n'y a pas, dans la Chambre, une seule pai-
re d'yeux qui ne soit baissée sur une
feuille publique. On dirait un cabinet de
lecture. On valide des élections. M. Dufau-
re dépose un projet de loi. Enfin M. Ber-
tauld monte à la tribune.
Il y reste un bon quart d'heure, les bras
croisés, — attendant le silence, — pen-
dant que M. Grévy donne de temps à autre
un coup de sonnette.
M. Bertauld a bien le physique du pro-
fesseur de droit : grand, maigre, rasé, —
une longue figure osseuse, à la face ter-
reuse, au crâne nu, autour duquel planent
de longs cheveux gris. Un argument de
droit fait homme quand il parle. Il ren-
tre dans le type bien connu de tous les étu-
diants, du professeur excentrique et pitto-
resque, et qui a le mot pour rire. Avec
tout cela, son grand bon sens, la clarté de
son exposition, la solidité de ses raisonne-
ments, la sùreté de sa science, et une cer-
taine bonhomie qui ne manque pas de
charme, donnent à sa parole une réelle
valeur. Il a un mot excellent pour désigner
le jury créé à la presse par la loi. Il l'ap-
pelle : « une rallonge à la magistratu-
re ».
Ce n'est pas un des moindres ennuis de
cette discussion de ramener toujours M.
Desjardins à la tribune. M. Desjardins est
un jeune homme brun (un jeune homme
relatif, bien entendu, mais dans cette Cham-
bre, on est jeune à bon marché). C'est
donc un jeune homme tiré à quatre épin-
gles, la moustache correcte, les cheveux
bien ratissés, la tenue irréprochable, verni
de neuf et tous frais astiqué. Il parle bien
gentiment, mais bien invariablement, et il
a l'air d'emprunter, pour sa parole, la cor-
rection de sa toilette. A la fin, il descend
de la tribune.
Un vote repousse l'amendement Ber-
tauld. — Dame ! il était libéral.—Libéral.
je m'entends. Il reproduisait un article
d'une loi de la Restauration ; et les lois de
Charles X sont libérales auprès de celles
de la République sans républicains.
?
*
Après quelques articles, votés sans ob-
servations et sans attention, on arrive à
l'amendement de M. Lepère. Cela nous vaut
un discours de l'honorable député, le seul
qui ait pu se faire écouter.
M. Lepère demande qu'on fasse quelque
part aux conseils élus dans la confection
des listes du jury; en d'autres termes, il
veut que les jurés ne soient pas des sous-
fonctionnaires, des doubles de garde-
champêtre. Il développe et soutient son
amendement dans un excellent discours
qui eût été fort remarqué un autre jour.
Mais les attentions sont ailleurs. N'im-
porte. M. Lepère est un orateur précis,
modéré dans la forme, solide dans le fond
toujours dans la question, d'un raisonne-
ment suivi. Il démolit entièrement l'article
de la commission, dans des termes accep-
tables de tous les gens de bonne foi, de
quelque opinion qu'ils soient.
Quand il a fini, voici encore M. Desjar-
dins. Cette fois, nous n'y tenons plus, et nous
cherchons dans les couloirs, où est la vraie
séance, un refuge contre le discours du
sempiternel rapporteur.
⁂
Là, c'est une confusion, une fièvre inex-
primables. Les nouvelles circulent, se con-
tredisent. Complot de la droite, incidents
d'hier, réunions des ministres, réunions
des bureaux, projets de M. Thiers. On ne
sait à qui entendre.
On est d'accord sur une chose : la faute
énorme du gouvernement hier.
« M. Thiers aurait eu une majorité écla-
tante avec l'ordre du jour de la gauche. »
Qui dit cela? Un républicain ? un modéré?
Non, c'est l'un des pires de la réaction,
l'un des plus déterminés contre le prési-
dent, un ancien ministre de l'empire qui
le disait aujourd'hui.
Et il a renoncé à cette majorité ? Po'ur
qui? Pour ses adversaires. MaintenanÍ".
qui est responsable de la faute ? M. Du-
faure.M. Dufaure est le héros de cette bour-
de prodigieuse.- C'est cet homme, roide,
d'un bourgeoisisme enragé, qni a tout fait.
Lui, toujours lui ! Quand il a fallu fabri-
quer une loi sur les échéances, qu'on eM
l'air de faire mauvaise exprès en haine de
Paris, qui s'est chargé de la besogne? M.
Dufaure. Quand il a fallu empêcher les
conciliateurs, sous la Commune, d'apaiser
les choses rivant le massacre et les incendies
d'une part, et les fusillades sommaires de
l'autre, qu'a-t-on vu surgir? M. Dufaure.
Quand il a fallu arrêter la victoire de la
République, hier, dût-on tout remettre en
question, qui a fait le mal, pour engager
les autres? Encore ce parleur à la dure mâ-
choire, au masque pincé et maussade, à la
mine renfrognée sous ses touffes de laine
blanche, qui raille sans sourire, qui n'ouvre
les lèvres que pour mordre, et dont la pa-
role, sèche comme des chiffres, ne s'allu-
me jamais d'une étiùcelle qui vienne du
cœur, et ne connaît d'autre passion quç
celle du sarcasme.'
⁂.
D'ailleurs, les bruits les plus contradic-
toires sont dans l'air. Quelqu'un vous
aborde :
— C'est pour demain. M. Thiers posera
la question de confiance et exigera les ré-
formes constitutionnelles de suite.
— Comment?
— C'est sûr. Je suis pressé. Je cours
aux nouvelles.
On est encore étourdi, qu'un autre sur-
vient :
- C'est après-demain. M. Thiers de-
mandera le renouvellement partiel ?
- Allons donc!
- Rien de plus certain. Je vous quitte,
je vais aux informations.
On n'a pas le temps de se retourner
qu'un troisième arrive :
Dernière nouvelle. Le conseil des
ministres délibère. M. Dufaure va donner
sa démission.
— Pas possible !
- Je le tiens de bonne source. Je me
sauve, je cherche des renseignements.
On s'approche d'un groupe, et l'on ap-
prend la chose énorme, la dhose. phénomé-
nale, la chose miraculeuse du moment. La
droite a, depuis cette nuit, un triumvirat
et un cabinet tout prêts.
Un triumvirat ? Mais qui donc?
— Ladmirault, Mac-Mahon et Changar-
nier.
— Mais, voyons, ce n'est pas vrai ! Le ma-
réchal Mac-Mahon ne ferait jamais cela. Il
a trop de raison pour se laisser engager
dans cette farce-là. Etre triumvir avec la
Mlle Déjazet de la politique ! Changarnier
césarisant sous lui ! L'accident sénile
d'hier représentant la France devant l'é-
tranger ! C'est Hamburger qui a inventé
cela! C'est dans l'histoire de France de
Touchatout !
— Non, c'est vraiment un projet nourri
par des académiciens, par des « hommes
d'Etat », par des gens qui prétendent fcure
de la politique 1 — Et tous les ministères
sont au complet. Batbie a le ministère.
— Des Grâces et des Ris?
— Non, de la justice ; Saint-Marc Girar-
din à le portefeuille.
- De la lingerie publique ?
- Non, de l'instruction publique. Le
duc de Broglie a le département des affai-
res étrangères, le duc d'Audiffret-Pasquier
celui de l'intérieur.
* «
Tels sont les bruits du moment. Qu^nd
nous quittons Versailles, lés ministres 'dé-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.6%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.6%.
- Collections numériques similaires Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres "Audren de Kerdrel Dom Maur Audren de Kerdrel Dom Maur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Audren de Kerdrel Dom Maur " Clémencet Dom Charles Clémencet Dom Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Clémencet Dom Charles " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
- Auteurs similaires Lettres Lettres /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettres "Audren de Kerdrel Dom Maur Audren de Kerdrel Dom Maur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Audren de Kerdrel Dom Maur " Clémencet Dom Charles Clémencet Dom Charles /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Clémencet Dom Charles " Lettre Lettre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=dc.subject adj "Lettre "
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7533380f/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7533380f/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7533380f/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7533380f/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7533380f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7533380f
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7533380f/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest