Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1875-04-12
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 avril 1875 12 avril 1875
Description : 1875/04/12 (N1858). 1875/04/12 (N1858).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7533001s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2012
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REDACTION
4
caresser au Secrétaire de la Rédaction
De i à 6 Heures du soir
18. BUB DB, VALOIS, 18
Ces manuscrits non insérés ne seront pas rendud
ANNONCES
UM., Ch. LAGRANGE, CERF et
6, place de la Bourse, à
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ADMINISTRATION
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à-Çl~~
ABONNEMENTS
Pi. RIS
fifoïs mois.,.Ji 10 »
Sismois.»».« 20 »
DÉPAOTMEÏI^
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Adresser lettres et mMmata
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ILMMS DES mw ffliÉRM
DE LA SEINE
(Dimancl&e la avril y
CANDIDATS DES COMITES RÉPUBLICAINS
- CANTON DE SAINT-DENIS
MO BEAUX (maire révoqué)
CANTON DE NEUILLY
Docteur VILLENEUVE
CANTON DE VINCENNES
LEFÈVRE
CANTON DE CHARENTON
BÉCLARD
CANTON DE SCEAUX
ARMAND GON TIER
CANTON DE VILLEJUIF
BENJAMIN RASPAIL
CANTON DE COURBEVOIE
Candidat des comités de Puteaux
et de Suresnes ;'.
LESAGE
Candidat du comité de Colombes
GUILLOT
CANTON DE PANTIN
JACQUET (maire révoqué)
MANINIT FRANÇOIS- JOSEPU
Il y a quelques semaines, Venise
inaugurait le monument de Manin. Il y
« quelques jours, Venise recevait la vi-
site de François-Joseph. Quelle coïnci-
dence, la fête de celui qui a défendu
Venise et la présence de celui qui l'a
bombardée ! Et quel sujet de réflexions,
jVenise les acclamant tous les deux !
Il y a vingt-six ans, les choses se pas-
saient autrement. L'Autriche faisait une
autre entrée à Venise. Elle y entrait à
coups de canon-Le bombardement n au-
rait pas suffi, la famine s'y était ajou-
tée. Il fallut'se rendre. Et pendant que
l'Autriche entrait, Manin sortait. Nous
l'avons vu en France tramer — non !
porter, èt fièrement-— ce qu'il-Teste de'
la vie quand on n'a plus de patrie.
L'Autriche donc avait Venise. L'a-
vait-elle? Non. On n'a que les peuples
qui consentent. Venise ne consentait
pas. Les nations subissent, mais n'ac-
ceptent pas, ces occupations violentes.
Il y a, dans le beau livre qui s'appelle
Victor Hugo raconté par un témoin de sa
vie, une admirable peinture de l'Espa-
gne lorsque, non pas la France, mais
celui qui la violentait, commit sur l'Es-
pagne l'attentat qui fut le commence-
ment de sa fin : « Le convoi, logeait
chez les habitants, quand il y avait des
habitants. Leur accueil était sombre
comme la défaite et froid comme le res-
sentiment. Vous arriviez, générale-
ment, à une maison massive et forte
qui ressemblait à une bastille ; porte
basse, trapue, ¡.. double épaisseur de
chêne, ferrée, semée de clous de pri-
son, barrée d'un verrou à l'intérieur.
Vous frappiez, personne. Vous frappiez
encore, rien. Un nouveau coup, la mai-
son était sourde. Enfin, à la dixième
retombée du marteau, et plus souvent
encore à la vingtième, un guichet s'en-
tr'ouvrait, et une figure de servante ap-
paraissait, sèche, lèvres serrées, regard
glacé. Cette servante ne yous parlait pas,
vous laissait dire ce que vous vouliez,
disparaissait sans répondre, et, quelque
temps après, revenait et entrebâillait la
porte. Celle qui vous ouvrait n'était pas
l'hospitalité, c'était la haine. Vous étiez
introduit dans des pièces meublées du
strict nécessaire. Pas un objet de com-
modité ou d'agrément; l'aisance était
absente, le luxe proscrit. L'ameuble-
ment même était hostile, les chaises
vous recevaient mal, et les meubles vous
diraient : Va-t-en 1 La servante vous
montrait les chambres, la cuisine, lés
provisions, s'en allait, et vous ne la
revoyiezplus. Vous ne voyiez jamais les
maîtres. Ils avaient su qu'ils auraient à
loger des Français, ils avaient fait pré-
parer les chambres et la nourriture, ils
ne devaient rien de plus. Au premier
coup de marteau, ils se retiraient, avec
leurs enfants et leurs domestiques, dans
leur pièce la plus reculée, s'y enfer-
maient, et attendaient, emprisonnés
chez eux, que les Français fussent re-
partis. Vous n'entendiez ni un pas ni
une voix. Les petits enfants même se
taisaient, farouches. C'était le silence et
l'anéantissement du sépulcre. La mai-
son était morte. Rien de sinistre comme
ce suicide d'une maison. »
A Venise, ce fut le suicide d'une ville.
Pour les Autrichiens, tout cessa de vi-
vre. Aucune porte ne leur était ouverte,
et leurs invitations étaient considérées
comme des injures. Le défilé de leurs
régiments faisait fermer les volets. Les
places où il y avait foule, aussitôt qu'y
arrivait leur musique, se vidaient. Et
ils avaient beau être maîtres, comman-
der, faire ce qu'ils voulaient, ils ne pos-
sédaient pas Venise, ils ne violaient
que son cadavre.
Et IT quoi bon ces voies de fait d'un
peuple sur un autre? Est-ce que cela
peut durer? Est-ce qu'il ne vient pas
toujours un moment où, quoi qu'on
fasse, les peuples se reprennent? Qu'est-
ce que l'Autriche a gagné à forcer Ve-
nise, à éventrer ses maisons, à y tenir
garnison, à y mal dormir, à s'y réveil-
1er en sursaut toutes les nuits et à écouter
s'il n'y avait pas un bruit d'insurrection?
Qu'est-ce qu'elle a gagné à faire s'en-
tre-haïr des peuples qui, l'on vient de le
voir, ne demandaient qu'à s'aimer? Nous
comprenons que Venise ait bien reçu
celui qui avait été son maître et qui n'é-
tait plus que son hôte. L'empereur
d'Autriche faisait preuve d'intelligence,
et même d'une certaine grandeur; en
acceptant l'hospitalité d'une ville qu'il
avait crue à lui, et,en renouvelant ainsi,
de sang-froid, la restitution qu'il en
avait faite dans un iftoment de péril.
Nous souhaitons que la réconciliation
entre l'Autriche et l'Italie soit sérieuse et
durable. Mais alors pourquoi avoir pris
ce qu'on devait rendre.? pourquoi avoir
commencé par faire s'entrebattre ceux
qu'on devait finir par faire s'entr'aider?
Le bénéfice que PAutriche en a tiré,
c'est que, le jour où elle a eu une que-
relle avec un autre peuple, elle n'a pas
suffi contre deux ; qu'elle a été battue ;
que non-seulement elle a dû lâcher Ve-
nise, mais que ce qu'elle avait fait aux
autres, on le lui a fait à elle, et que,
pour avoir démembré l'Italie, elle a été
démembrée par la Prusse.
Que cet exemple soit notre 'espérance.
Nous aussi, nous avons notre Vénétie
et notre Milanais. Nous aussi, nous
avons deux provinces tombées au pou-
voir de l'étranger. L'Alsace et la Lor-
raine non plus ne consentent pas. On
les retient de force, on les brutalise, on
leur impose silence, elles se taisent,
mais elles se souviennent. On bâtit des
forteresses terribles, /on dresse des bat-
teries épouvantables, l'empereur d'Al-
lemagne faitsà Metz et à Strasbourg tout
ce que l'empereur d'Autriche faisait à
Venise et à Milan. Et le résultat de tout
ce que l'empereur d'Autriche a fait à
Venise et à Milan est que Venise et Mi-
'lan sont à l'Italie.
Il y a vingt-six ans, l'Italie était ce
qu'est la France aujourd'hui, vaincue,
gisante, mutilée. Et l'Autriche était ce
qu'est aujourd'hui l'Allemagne, victo-
rieuse, hautaine, redoutée. A présent,
c'est l'Italie qui est forte et c'est l'Au-
triche qui est faible. Il y a vingt-six ans,
deux hommes se disputaient une ville ;
l'un, après une lutte héroïque, était ré-
duit à s'en aller mourir en exil, l'autre
s'emparait de la ville et en prenait pos-
session pour toujours. Une double ma-
nifestation vient de remettre ces deux
hommes face à face dans la même ville :
celui qui en était chassé y est chez lui,
et celui qui y régnait y est un passant.
AUGUSTE VACQUERIfî.
■II—l IpI)
- L'ACCORDJMSSMRE
Nous ne prétendons pas que le si-
lence de M. Buffet soit, comme autre-
fois celui de Siéyès, une calamité publi-
que. Cependant, à l'accueil qu'ont reçu,
dans le pays, les déclarations successi-
ves de MM. d'Audiffret-Pasquier, Wal-
lon, Dufaure et de Cissey en faveur des
institutions nouvelles, M. le vice-prési-
dent du conseil pourrait juger de quel
heureux effet une affirmation dans le
même sens, émanant do sa haute per-
sonnalité, eût été sur l'opinion publi-
que. Il y a plus : en s'abstenant de don-
ner, dès le premier jour de son entrée
aux affaires., à l'innombrable personnel
qui relève de son département la clé de
la politique imposée par le vote du 25
février, le mot d'ordre, en quelque
sorte, de la situation nouvelle, M. le
vice-président du conseil s'est con-
damné à n'avoir sous sa direction que
des agents hésitants, qu'une adminis-
tration sans cohésion, sans initiative et
sans mérite.
Ce résultat était trop aisé à prévoir,
mais déjà, au surplus, les faits sont là
pour démontrer à quel point il était iné-
vitable. N'a-t-on pas vu, dans ces der-
niers jours, et tandis que plusieurs pré-
fets prétendaient s'opposer, dans les
ctfnseils généraux, à toute allusion ait
vote de la Constitution républicaine, un
autre préfet prendre lui-même l'initia-
tive d'une manifestation semblable ?
Ainsi ce n'était pas assez que l'état de
siége coupât la France en deux et que
la légalité d'un département différât
grandement de la légalité du départe-
ment voisin. Voici maintenant que les
préfets, selon. leurs préférences ou selon
qu'ils ont cru interpréter plus exacte-
ment le silence de M. Buffet, tiennent
le même acte pour conforme ou pour
contraire à la loi.
Il est bien évident que ce n'est point
ainsi qu'on gouverne et que cette sorte
d'anarchie administrative ne saurait du-
rer. M. Buffet, grand ami de l'ordre en
tout temps, doit être plus particulière-
ment frappé des inconvénients d'un pa-
reil état de choses, état de choses d'au-
tant plus étrange d'ailleurs que ce dés-
ordre moral dans le monde des fonc-
tionnaires contraste davantage avec le
calme et l'accord presque unanime qui
se manifeste parmi les populations. Il y
y a donc tout lisu de croire que M. le
vice-président du conseil, suivant un
exemple qu'il lui appartenait peut-être
de donner, se décidera, ainsi que l'ont
déjà fait ses collègues, à imprimer à ses
subordonnés la direction qui leur man-
que.
Cette direction, bien entendu, ne
peut être que dans le sens constitution-
nel et républicain. La question est seu-
lement de savoir si tout le personnel au-
quel s'adressera M. Buffet est convena-
blement préparé pour marcher dans
cette voie. A vrai dire, nous ne le pen-
sons pas, et, en même temps que des
paroles, nous attendons des actes de M.
le ministre de l'intérieur. Au début,
n'ayant pas lui-même de préférence
bien marquée pour aucune forme de
gouvernement, M. Buffet a pu croire que
les préfets choisis au 24 mai pour pré-
parer la monarchie ne conviendraient
pas moins pour assurer la marche des
institutions républicaines. Il semble à
présent difficile qu'une pareille erreur
ait pu, dans un esprit aussi ouvert que
celui de M. Buffet, résister à une expé-
rience de quelques semaines.
Au surplus, aujourd'hui plus que ja-
mais, il nçporte que toute équivoque,
toute hésitation disparaisse dans la con-
duite de l'administration. Sans vouloir
attacher plus de portée qu'il ne con-
vient aux rumeurs d'outre Rhin, il est
bien évident que les dispositions pacifi-
ques de la France peuvent ne pas être
une garantie assurée contre des compli-
cations redoutables. En présence de pa-
reilles éventualités, qu'il ne faut ni per-
dre de vue ni appréhender à l'excès, il
est bien évident que la première néces-
sité pour un pays, c'est d'abord d'être
dans une même foi et dans une même
volonté, en second lieu de sentir en
tête, à tous les degrés de la hiérarchie
administrative, des hommes en parfait
accord avec l'opinion publique et di-
gnes, à tous égards, de sa connance.
De ces deux conditions, la première
est certainement et très heureusement
remplie : l'immense majorité de la po-
pulation est républicaine et n'a d'autre dé-
sir que le perfectionnement de nos ins-
titutions nouvelles, qu'elle considère
comme indispensables à la régénération
de la patrie.
Mais si l'accord des citoyens entre eux
est aussi complet que possible, il serait
difficile de soutenir qu'il en soit de
même partout entre les citoyens et
l'administration. Quand on nous dirait
que souvent les défiances des popula-
tions sont injustes, et que les préfets,
les sous-préfets les plus attaqués sau-
raient, à l'occasion, mettre toute leur
énergie et toute leur volonté au service
de la République ; quand nous le
croirions, qu'importe, si la confiance
n'existe pas autour d'eux? qu'importe, si
les populations, interrogeant le passé
qu'elles connaissent et non l'avenir
qu'elles ignorent, .jugent certains fonc-
tionnaires sur leurs actes plutôt que sur
leurs intentions? C'est là un mal auquel
il n'y a d'autre remède que le sacrifice
des agents compromis. Car si le main-
tien de tel ou tel à un poste de préfet ne
peut jamais s'imposer comme une né-
cessité, c'est, en ce temps surtout, une
nécessité politique de premier ordre de
rétablir partout l'accord entre les admi-
nistrateurs et les administrés. Et qui
pourrait d'ailleurs, en présence des me-
naces incessantes dè l'étranger, qui
pourrait chercher à perpétuer les souve-
nirs du gouvernement de combat indis-
solublement attachés à certains noms ?
Ne serait-ce pas le plus sûr moyen de
fomenter ces di visions que le patriotis-
me bien inspiré de M. le vice-président
du conseil nous recommandait naguère
d'éviter?
A. GAULIER.
T nMiiifli r
Ç'a été d'abord le ministre de la justice
qui a recommandé aux procureurs géné=
raux de faire respecter le régime républi-
cain. Ç'a été ensuite le ministre de l'ins-
truction publique qui a fait applaudir par
les délégués des sociétés savantes la Répu-
,blique en toutes lettres. Hier, c'était te
ministre de la guerre qui écrivait aux
commandants de corps d'armée de ne
permettre « en actes, écrits où paroles, au-
cune manifestation hostile n la Constitu-
tion que l'Assemblée nationale a adoptée M.,
Le ministre de la justice, le ministre de
l'instruction publique et le ministre de
la guerre, c'était bien; mais aujourd'hui,
c'est mieux : le ministre qui fait, lui
quatrième, son manifeste républicain, est
le ministre de ragricultur^N^\du cohA
merce, — oui, M. de^Me^xKS^Nc
Jeudi soir, la cham, co o^
Saint-Etienne a offert un à M.\de
Meaux, qui y a prononcé un akçtoursqWbt
nous publions plus loin la partie politit^uSuV
Dans cette partie, le ministre constat,
qu' « au régime républicain établi en fait
à la chute de l'empire, l'Assemblée na-k^
tionale a substitué un régime républi-
cain plus nettement défini et muni d'or-
ganes plus réguliers ». M. de Meaux ne
cache pas qu'il n'a pas voté la nouvelle
Constitution, « ses plus profondes, ses plus
chères convictions ne le lui permettaient
pas »; mais « une fois rendue, la loi s'im-
pose au respect de tous». Et le ministre
ajoute que « sur un terrain que tous n'ont
pas choisi, tous peuvent trouver place pour
soutenir, à travers les épreuves et les dan-
gers qui nous attendent encore, la cause
de l'ordre et de la liberté M.
Le ministre qui se rallie ainsi au « ré-
gime républicain » a cru devoir faire aux
royalistes, le. plaisir de rappeler, à la fin de
son toast, le « péril social »; mais il ne
faut prendre cela que pour le dernier
geste qu'on fait aux amis qu'on va quit-
ter.
Dans un. autre temps, on pourrait de- «
mander s'il était bien logique et bien né-
cessaire que la République choisît pour mi-
nistre un homme dont les plus profondes
et les plus chères convictions étaient con-
tre la République ; mais, après deux ans
d'ordre moral, la politique n'a plus de ces
délicatesses, et tout ce que nous voulons
voir actuellement dans l'adhésion de M. de
Meaux au régime républicain, c'est la
force irrésistible avec laquelle la Républi-
que s'impose même à ceux qui l'ont com-
battue.
LES AUTRUCHES
Les gens drôles sont ceux qui se bou-
chent les oreilles et se ferment les yeux
pour ne pas entendre et ne pas voir.
On .leur crie: « République!» de tout
côté. Ils entendent : « Réaction 1 » On leur
dit : « Nous allons surveiller un peu les
distributions de photographies bonapartis-
tes. » Ils répondent : « Ah ! je suis con-
tent, on va cogner sur les radicaux. » Tout
les avertit qu'un régime nouveau est fondé;
ils le savent, et ils n'en veulent pas conve-
nir. Une barrière a été dressée devant leurs
prétentions. Que faire? la franchir? Et le
moyen?. Ils se contentent de dire : il n'y
a pas de barrière.
Pauvres esprits ! pauvres moyens ! Com-
me si ce n'était pas la chose la plus inu-
tile du monde ! Le public entend partout
des bouches autorisées affirmer le régime
républicain. Et ils vont lui dire : « Ami pu-
blic, je te prie de remarquer ce que tu
viens d'entendre : on vient justement de
t'apprendre que le provisoire dure tou-
jours, et que plus que jamais nous avons
le droit d'affirmer nos prétentions. »
En sorte que le public doit se deman-
der : « Sont-ce des fous ou des mystifica-
teurs? » ,',
C'est un procédé quelque peu primïtir
que de nier ce qui vous gêne. A quoi
rime-il? M. Wallon a parlé; ses paroles
ont été imprimées; il a dit que la Répu-
blique avait été plus solidement assise.
Quand tous les bonapartistes diraient en
chœur : « Dieu ! que ce ministre a bonne
grâce à crier : Vive Napoléon IV ! » ils ne
tromperaient personne; et même les gens
assez immodérément naïfs pour croire au
dévouement de Sedan leur riraient au
,nez.
Feuilleton du lwappog '1
DU 12 AVRIL
.a 1
LA PISTE
DU CRIME
-
- DEUXIÈME PARITE
XIX
Imdy Clarinda
Les journées qui s'écoulèrent jusqu'au
dîner du major furent extrêmement pré-
cieuses pour moi.
Ma longue entrevue avec Miserrimus
Dexter m'avait troublée plus sérieusement
que je ne l'avais senti tout d'abord. Ce ne
fut que quelques heures après m'être reti-
rée, que je commençhi réellement à recon-
naître combien mes nerfs avaient été irri-
tés par tout ce que j'avais vu et entendu
dans le cours de ma visite.
Je tressaillais au moindre bruit; j'avais
,(les rêves effrayants. A tel moment, j'avais
envie de crier, sans-raison; à tel autre, j'é-
tais disposée à m'emporter sans cause.
L'instant d'après, le calme le plus absolu
m'était nécessaire. (
* Ce calme, mon excellent Benjamin sut
me le procurer. Le bonhomme fit taire ses
inquiétudes et m'épargna des questions
que son intérêt paternel le rendait impa-
tient de m'adressera Il fut tacitement con-
tenu entre nous que toute conversation,
au sujet de cette visite à Miserrimus Dex-
* j ter, qu'il avait désapprouvée, serait différée
> Voir le Rappel du & février au 11 avril.
jusqu'à ce que le repos m'eût rendu mon
énergie morale et physique.
Je ne reçus aucune visite. Mme Macallan
et le major Fitz-David vinrent au cottage
l'une pour apprendre ce qui s'était passé
entre Miserrimus Dexter et moi; l'autre,
pour m'amuser de ses derniers bavardages
sur les convives de notre prochain dînèr.
Benjamin prit sur lui de m'excuser auprès
de tous deux, et de m'épargner la fatigue
de les recevoir.
Nous louâmes une voiture découverte et
fîmes de longues promenades à travers les
sentiers encore fleuris qui s'étendent à plu-
sieurs milles aux environs nord de Lon-
dres. De retour au logis, nous nous entre-
tenions paisiblement du temps passé, ou
nous faisions quelques parties de tric-trac
etde dominos. Plusieurs jours s'écoulèrent
ainsi dans une heureuse et douce quiétude,
bien utile à ma santé.. »
Quand le jour du dîner arriva, j'étais
dans mon état normal, prête à rentrer
dans l'action, et impatiente d'être présentée
à lady Clarinda et de connaître la demeure
de Mme Bauly..
Benjamin parut un peu triste de voir
l'animation de mon visage, pendant que
nous nous rendions chez le major Fitz-
David.
— Ah! ma chère, dit-il avec sa simpli-
cité ordinaire, je vois, que vous êtes main-
tenant tout à fait bien ; vous en avez déjà
assez de notre tranquille existence!
Mes souvenirs du dîner "du major, inci-
dents et personnes, sont en général singu-
lièrement confus. Je me rappelle que nous
fûmes très gais, et aussi à l'aise, aussi fa-
miliers les uns avec les autres, que si nous
avions été de vieux amis. Je me rappelle
que la jeune prima-donna du major fut
plus remarquable que jamais par ses
grands yeux ronds, sa toilette tapageuse,
et sa voix stridente de « future reine du
chanta. Je me rappelle que le major ne
cessa de baiser nos mains, de nous presser
de goûter à ses mets les plus friands et à
ses vins les plus délicats, de nous faire la
cour, de découvrir des ressemblances entre
nous, et de se maintenir imperturbable-
ment, d'un bout à l'autre de la soirée,
dans son rôle de ci-devant don Juan. Je
me rappelle que mon bon vieux Benjamin,
tout effarouché, se redra dans un coin,
rougissant quand l'attention se portait sur
lui, timide avec la chanteuse, honteux
avec lady Clarinda, soumis au major, goû-
tant médiocrement la musique, et aspirant,
dans le fond de son cœur, à se retrouver
au plus tôt dans son modeste cottage.
Là se bornent mes souvenirs sur les
convives de cette joyeuse réunion, - à
une exception près. ,
Il s'agit de lady Clarinda : l'impres-
sion qu'elle m'a laissée est encore, aussi
présente à ma pensée que si je m'étais
rencontrée hi^r.avec ellé. Et je puis dire,
sans exagération, que je me rappelle en-
core presque mot pour mot la mémorable
conversation que nous eûmes en tête à
tête, vers la fin de la soirée.
Je vois'" encore son costume, j'entends
encore sa voix, au moment où j'écris ces
lignes.
Elle était vêtue, je m'en souviens, avec
cette extrême simplicité, qui indique un
art suprême de se mettre. Elle portait une
robe de mousseline unie par iessus une
jupe de soie blanche, sans garniture ni
embellissement d'aucune sorte. Son abon-
dante chevelure brune était, en dépit de la
mode; divisée sur son front et rejetée en
arrière, où elle formait un nœud sans au-
cun ornement. Un étroit ruban blanc en-
tourait son cou. attaché par le seul bijou
qu'elle portât : une petite broche en dia-
mants. :
Elle était d'une incontestable beauté;
mais cette beauté 'était du type quelque
peu sévère et anguleux qu'on rencontre si
souvent chez les Anglaises de race : le nez
et le menton trop proéminents et trop for-
tement accentuas ; les yeux gris, bien fen-
dus et pleins d'esprit et de dignité, man-
quaient de tendresse et de mobilité dans
l'expression. Ses manières avaient tout le
charme qu'une bonne éducation peut don-
ner ; elles étaient empreintes d'une poli-
tesse exquise, aisée et cordiale, laissant
voir cette parfaite, mais discrète confiance
en elle-même qui, — en Angleterre, —
semble être 1 e produit naturel d'un haut
rang.
Si vous l'aviez prise pour ce qu'elle
était en apparence et à la surface, vous au-
riez dit : Voilà le modèle d'une dame no-
ble, mais parfaitement exempte d'orgueil.
Et si vous vous étiez permis, sous l'in-
fluence de cette idée, quelque liberté avec
elle, elle vous en aurait fait souvenir jus-
qu'à la fin de vos jou-rs. -
Nous nous convînmes admirablement
bien. Je lui fus présentée sous le nom de
Mme Woodville, comme il avait été con-
venu préalablement entre le major-et Ben-
jamin. Avant la fin du dîner, nous nous
étions promis de nous visiter mutuelle-
ment. Je n'attendais qu'une occasion fa-
vorable pour amener lady Clarinda à me
parler, comme je le désirais, de Mme,
Bauly.
Cette occasion se présenta assez tard
dans la soirée,
J'avais cherché un refuge contre les airs
de bravoure de la stridente prima-donna
du major, dans le fond du salon. Comme
je l'avais espéré et prévu, après un court
moment, lady Clarinda voyant que je ne
me trouvais plus dans le groupe qui en-
tourait le piano, me chercha et vint s'as-
seoir à côté de moi, dans un enflroit où
nous ne pouvions ni être vus ni entendre
nos amis, qui se trouvaient sur le devant
du salon.
Là, à ma grande satisfaction, elle se mit
spontanément à me parler de Miserrimus
Dexter. Quelque chose que j'avais dit de
lui, quand son nom avait été accidentelle-
ment prononcé pendant le dîner, lui était
resté dans la mémoire1, et nous amena,
par une gradation très naturelle, à parler
de Mme Bauly.
— EnÇn ! pensai-je en moi-même, le
petit dîner du major aura sa récom-
pense!
Ah! quelle récompense! Mon cœur bat
encore à coups pressés, — comme dans
cette soirée que je n'oublierai jamais,—en
cet instant où j'y pense assise devant mon
pupitre.
— Ainsi Dexter vous a réellement parlé
de Mme Bauly! s'écria lady Clarinda. Vous
ne vous faites idée de la surprise que vous
me causez.
Pll'IS-je vous demander pourquoi?
siiffll l'a en horreur. La dernière fois que
je l'ai vu, il ne voulait pas me permettre de
prononcer son nom. C'est une de ses in-
nombrables bizarreries. Si un sentiment
ressemblant à la sympathie pouvait entrer
dans un cœur comme le sien, il devrait ai-
mer Hélène Bauly. Elle est la personne la
plus complètement naturelle que Je con-
naisse. Quand elle est partie, la pauvre
ehère amie, elle a dit et fait des choses qui
étaient de nature à toucher Dexter lui-
même. Je serais bien surprise si vous ne
vous preniez pas à l'aimer.
— Vous avez eu la bonté, madame, de>
me permettre de vous faire visite. Peut-
être pourrai-je la rencontrer chez vous?
Lady Clarinda se mit à rire, en secauant
négativement la tête.
- J'espère bien, dit-elle, que vous
n'attendrez pas -cette - « possibilité». La
dernière, lubie d'Hélène était de s'ima-
giner qu'elle avait la goutte. Elle est
partie ; — partie pour je ne sais quels
bains merveilleux de Hongrie, - ou de Bo-
hème, — je ne sais plus. Où ira-t-elle, que
fera-t-elle ensuite? Il m'est absolument
impossible de le dire. - Chère madame
Woodville ! la chaleur n'est-elle pas trop
grande pour vous ? Votas êtes toute pâlel
Je sentais que je devais être pâle, en ef-
fet. La nouvelle que Mme Bauly avait
quitté l'Angletefre, était un coup auquel je
n'étais pas préparée, et qui tout d'abord
m'anéantissait.
— Voulez-vous que nous passions dans
une autre pièce? demanda lady Clarinda.
Passer dans une autre pièce, ç'eût été
mettre fin à notre conversation, et je ne
l'aurais voulu pour rien au monde. Il n'é-
tait pas impossible que la femme de cham-
bre de Mme Banly eût quitté son service,
ou fût restée, elle, en Angleterre. Je n'a-
vais pas à désespérer du résultat de mon
enquête, tant que je ne m'étais pas infor-
mée de ce qu'était devenue cette fille. •
WILKIE COLLINS.
(A suivre)
1
REDACTION
4
caresser au Secrétaire de la Rédaction
De i à 6 Heures du soir
18. BUB DB, VALOIS, 18
Ces manuscrits non insérés ne seront pas rendud
ANNONCES
UM., Ch. LAGRANGE, CERF et
6, place de la Bourse, à
- -.,., :
ADMINISTRATION
t p8, EUS DB TALOtf; m
à-Çl~~
ABONNEMENTS
Pi. RIS
fifoïs mois.,.Ji 10 »
Sismois.»».« 20 »
DÉPAOTMEÏI^
Trais n]~
sâ Itoe.:.- ! i
Adresser lettres et mMmata
tt M* ERNEST LE
# ^MlNISTMTECR-GÉRAHfc 1 > 1
ILMMS DES mw ffliÉRM
DE LA SEINE
(Dimancl&e la avril y
CANDIDATS DES COMITES RÉPUBLICAINS
- CANTON DE SAINT-DENIS
MO BEAUX (maire révoqué)
CANTON DE NEUILLY
Docteur VILLENEUVE
CANTON DE VINCENNES
LEFÈVRE
CANTON DE CHARENTON
BÉCLARD
CANTON DE SCEAUX
ARMAND GON TIER
CANTON DE VILLEJUIF
BENJAMIN RASPAIL
CANTON DE COURBEVOIE
Candidat des comités de Puteaux
et de Suresnes ;'.
LESAGE
Candidat du comité de Colombes
GUILLOT
CANTON DE PANTIN
JACQUET (maire révoqué)
MANINIT FRANÇOIS- JOSEPU
Il y a quelques semaines, Venise
inaugurait le monument de Manin. Il y
« quelques jours, Venise recevait la vi-
site de François-Joseph. Quelle coïnci-
dence, la fête de celui qui a défendu
Venise et la présence de celui qui l'a
bombardée ! Et quel sujet de réflexions,
jVenise les acclamant tous les deux !
Il y a vingt-six ans, les choses se pas-
saient autrement. L'Autriche faisait une
autre entrée à Venise. Elle y entrait à
coups de canon-Le bombardement n au-
rait pas suffi, la famine s'y était ajou-
tée. Il fallut'se rendre. Et pendant que
l'Autriche entrait, Manin sortait. Nous
l'avons vu en France tramer — non !
porter, èt fièrement-— ce qu'il-Teste de'
la vie quand on n'a plus de patrie.
L'Autriche donc avait Venise. L'a-
vait-elle? Non. On n'a que les peuples
qui consentent. Venise ne consentait
pas. Les nations subissent, mais n'ac-
ceptent pas, ces occupations violentes.
Il y a, dans le beau livre qui s'appelle
Victor Hugo raconté par un témoin de sa
vie, une admirable peinture de l'Espa-
gne lorsque, non pas la France, mais
celui qui la violentait, commit sur l'Es-
pagne l'attentat qui fut le commence-
ment de sa fin : « Le convoi, logeait
chez les habitants, quand il y avait des
habitants. Leur accueil était sombre
comme la défaite et froid comme le res-
sentiment. Vous arriviez, générale-
ment, à une maison massive et forte
qui ressemblait à une bastille ; porte
basse, trapue, ¡.. double épaisseur de
chêne, ferrée, semée de clous de pri-
son, barrée d'un verrou à l'intérieur.
Vous frappiez, personne. Vous frappiez
encore, rien. Un nouveau coup, la mai-
son était sourde. Enfin, à la dixième
retombée du marteau, et plus souvent
encore à la vingtième, un guichet s'en-
tr'ouvrait, et une figure de servante ap-
paraissait, sèche, lèvres serrées, regard
glacé. Cette servante ne yous parlait pas,
vous laissait dire ce que vous vouliez,
disparaissait sans répondre, et, quelque
temps après, revenait et entrebâillait la
porte. Celle qui vous ouvrait n'était pas
l'hospitalité, c'était la haine. Vous étiez
introduit dans des pièces meublées du
strict nécessaire. Pas un objet de com-
modité ou d'agrément; l'aisance était
absente, le luxe proscrit. L'ameuble-
ment même était hostile, les chaises
vous recevaient mal, et les meubles vous
diraient : Va-t-en 1 La servante vous
montrait les chambres, la cuisine, lés
provisions, s'en allait, et vous ne la
revoyiezplus. Vous ne voyiez jamais les
maîtres. Ils avaient su qu'ils auraient à
loger des Français, ils avaient fait pré-
parer les chambres et la nourriture, ils
ne devaient rien de plus. Au premier
coup de marteau, ils se retiraient, avec
leurs enfants et leurs domestiques, dans
leur pièce la plus reculée, s'y enfer-
maient, et attendaient, emprisonnés
chez eux, que les Français fussent re-
partis. Vous n'entendiez ni un pas ni
une voix. Les petits enfants même se
taisaient, farouches. C'était le silence et
l'anéantissement du sépulcre. La mai-
son était morte. Rien de sinistre comme
ce suicide d'une maison. »
A Venise, ce fut le suicide d'une ville.
Pour les Autrichiens, tout cessa de vi-
vre. Aucune porte ne leur était ouverte,
et leurs invitations étaient considérées
comme des injures. Le défilé de leurs
régiments faisait fermer les volets. Les
places où il y avait foule, aussitôt qu'y
arrivait leur musique, se vidaient. Et
ils avaient beau être maîtres, comman-
der, faire ce qu'ils voulaient, ils ne pos-
sédaient pas Venise, ils ne violaient
que son cadavre.
Et IT quoi bon ces voies de fait d'un
peuple sur un autre? Est-ce que cela
peut durer? Est-ce qu'il ne vient pas
toujours un moment où, quoi qu'on
fasse, les peuples se reprennent? Qu'est-
ce que l'Autriche a gagné à forcer Ve-
nise, à éventrer ses maisons, à y tenir
garnison, à y mal dormir, à s'y réveil-
1er en sursaut toutes les nuits et à écouter
s'il n'y avait pas un bruit d'insurrection?
Qu'est-ce qu'elle a gagné à faire s'en-
tre-haïr des peuples qui, l'on vient de le
voir, ne demandaient qu'à s'aimer? Nous
comprenons que Venise ait bien reçu
celui qui avait été son maître et qui n'é-
tait plus que son hôte. L'empereur
d'Autriche faisait preuve d'intelligence,
et même d'une certaine grandeur; en
acceptant l'hospitalité d'une ville qu'il
avait crue à lui, et,en renouvelant ainsi,
de sang-froid, la restitution qu'il en
avait faite dans un iftoment de péril.
Nous souhaitons que la réconciliation
entre l'Autriche et l'Italie soit sérieuse et
durable. Mais alors pourquoi avoir pris
ce qu'on devait rendre.? pourquoi avoir
commencé par faire s'entrebattre ceux
qu'on devait finir par faire s'entr'aider?
Le bénéfice que PAutriche en a tiré,
c'est que, le jour où elle a eu une que-
relle avec un autre peuple, elle n'a pas
suffi contre deux ; qu'elle a été battue ;
que non-seulement elle a dû lâcher Ve-
nise, mais que ce qu'elle avait fait aux
autres, on le lui a fait à elle, et que,
pour avoir démembré l'Italie, elle a été
démembrée par la Prusse.
Que cet exemple soit notre 'espérance.
Nous aussi, nous avons notre Vénétie
et notre Milanais. Nous aussi, nous
avons deux provinces tombées au pou-
voir de l'étranger. L'Alsace et la Lor-
raine non plus ne consentent pas. On
les retient de force, on les brutalise, on
leur impose silence, elles se taisent,
mais elles se souviennent. On bâtit des
forteresses terribles, /on dresse des bat-
teries épouvantables, l'empereur d'Al-
lemagne faitsà Metz et à Strasbourg tout
ce que l'empereur d'Autriche faisait à
Venise et à Milan. Et le résultat de tout
ce que l'empereur d'Autriche a fait à
Venise et à Milan est que Venise et Mi-
'lan sont à l'Italie.
Il y a vingt-six ans, l'Italie était ce
qu'est la France aujourd'hui, vaincue,
gisante, mutilée. Et l'Autriche était ce
qu'est aujourd'hui l'Allemagne, victo-
rieuse, hautaine, redoutée. A présent,
c'est l'Italie qui est forte et c'est l'Au-
triche qui est faible. Il y a vingt-six ans,
deux hommes se disputaient une ville ;
l'un, après une lutte héroïque, était ré-
duit à s'en aller mourir en exil, l'autre
s'emparait de la ville et en prenait pos-
session pour toujours. Une double ma-
nifestation vient de remettre ces deux
hommes face à face dans la même ville :
celui qui en était chassé y est chez lui,
et celui qui y régnait y est un passant.
AUGUSTE VACQUERIfî.
■II—l IpI)
- L'ACCORDJMSSMRE
Nous ne prétendons pas que le si-
lence de M. Buffet soit, comme autre-
fois celui de Siéyès, une calamité publi-
que. Cependant, à l'accueil qu'ont reçu,
dans le pays, les déclarations successi-
ves de MM. d'Audiffret-Pasquier, Wal-
lon, Dufaure et de Cissey en faveur des
institutions nouvelles, M. le vice-prési-
dent du conseil pourrait juger de quel
heureux effet une affirmation dans le
même sens, émanant do sa haute per-
sonnalité, eût été sur l'opinion publi-
que. Il y a plus : en s'abstenant de don-
ner, dès le premier jour de son entrée
aux affaires., à l'innombrable personnel
qui relève de son département la clé de
la politique imposée par le vote du 25
février, le mot d'ordre, en quelque
sorte, de la situation nouvelle, M. le
vice-président du conseil s'est con-
damné à n'avoir sous sa direction que
des agents hésitants, qu'une adminis-
tration sans cohésion, sans initiative et
sans mérite.
Ce résultat était trop aisé à prévoir,
mais déjà, au surplus, les faits sont là
pour démontrer à quel point il était iné-
vitable. N'a-t-on pas vu, dans ces der-
niers jours, et tandis que plusieurs pré-
fets prétendaient s'opposer, dans les
ctfnseils généraux, à toute allusion ait
vote de la Constitution républicaine, un
autre préfet prendre lui-même l'initia-
tive d'une manifestation semblable ?
Ainsi ce n'était pas assez que l'état de
siége coupât la France en deux et que
la légalité d'un département différât
grandement de la légalité du départe-
ment voisin. Voici maintenant que les
préfets, selon. leurs préférences ou selon
qu'ils ont cru interpréter plus exacte-
ment le silence de M. Buffet, tiennent
le même acte pour conforme ou pour
contraire à la loi.
Il est bien évident que ce n'est point
ainsi qu'on gouverne et que cette sorte
d'anarchie administrative ne saurait du-
rer. M. Buffet, grand ami de l'ordre en
tout temps, doit être plus particulière-
ment frappé des inconvénients d'un pa-
reil état de choses, état de choses d'au-
tant plus étrange d'ailleurs que ce dés-
ordre moral dans le monde des fonc-
tionnaires contraste davantage avec le
calme et l'accord presque unanime qui
se manifeste parmi les populations. Il y
y a donc tout lisu de croire que M. le
vice-président du conseil, suivant un
exemple qu'il lui appartenait peut-être
de donner, se décidera, ainsi que l'ont
déjà fait ses collègues, à imprimer à ses
subordonnés la direction qui leur man-
que.
Cette direction, bien entendu, ne
peut être que dans le sens constitution-
nel et républicain. La question est seu-
lement de savoir si tout le personnel au-
quel s'adressera M. Buffet est convena-
blement préparé pour marcher dans
cette voie. A vrai dire, nous ne le pen-
sons pas, et, en même temps que des
paroles, nous attendons des actes de M.
le ministre de l'intérieur. Au début,
n'ayant pas lui-même de préférence
bien marquée pour aucune forme de
gouvernement, M. Buffet a pu croire que
les préfets choisis au 24 mai pour pré-
parer la monarchie ne conviendraient
pas moins pour assurer la marche des
institutions républicaines. Il semble à
présent difficile qu'une pareille erreur
ait pu, dans un esprit aussi ouvert que
celui de M. Buffet, résister à une expé-
rience de quelques semaines.
Au surplus, aujourd'hui plus que ja-
mais, il nçporte que toute équivoque,
toute hésitation disparaisse dans la con-
duite de l'administration. Sans vouloir
attacher plus de portée qu'il ne con-
vient aux rumeurs d'outre Rhin, il est
bien évident que les dispositions pacifi-
ques de la France peuvent ne pas être
une garantie assurée contre des compli-
cations redoutables. En présence de pa-
reilles éventualités, qu'il ne faut ni per-
dre de vue ni appréhender à l'excès, il
est bien évident que la première néces-
sité pour un pays, c'est d'abord d'être
dans une même foi et dans une même
volonté, en second lieu de sentir en
tête, à tous les degrés de la hiérarchie
administrative, des hommes en parfait
accord avec l'opinion publique et di-
gnes, à tous égards, de sa connance.
De ces deux conditions, la première
est certainement et très heureusement
remplie : l'immense majorité de la po-
pulation est républicaine et n'a d'autre dé-
sir que le perfectionnement de nos ins-
titutions nouvelles, qu'elle considère
comme indispensables à la régénération
de la patrie.
Mais si l'accord des citoyens entre eux
est aussi complet que possible, il serait
difficile de soutenir qu'il en soit de
même partout entre les citoyens et
l'administration. Quand on nous dirait
que souvent les défiances des popula-
tions sont injustes, et que les préfets,
les sous-préfets les plus attaqués sau-
raient, à l'occasion, mettre toute leur
énergie et toute leur volonté au service
de la République ; quand nous le
croirions, qu'importe, si la confiance
n'existe pas autour d'eux? qu'importe, si
les populations, interrogeant le passé
qu'elles connaissent et non l'avenir
qu'elles ignorent, .jugent certains fonc-
tionnaires sur leurs actes plutôt que sur
leurs intentions? C'est là un mal auquel
il n'y a d'autre remède que le sacrifice
des agents compromis. Car si le main-
tien de tel ou tel à un poste de préfet ne
peut jamais s'imposer comme une né-
cessité, c'est, en ce temps surtout, une
nécessité politique de premier ordre de
rétablir partout l'accord entre les admi-
nistrateurs et les administrés. Et qui
pourrait d'ailleurs, en présence des me-
naces incessantes dè l'étranger, qui
pourrait chercher à perpétuer les souve-
nirs du gouvernement de combat indis-
solublement attachés à certains noms ?
Ne serait-ce pas le plus sûr moyen de
fomenter ces di visions que le patriotis-
me bien inspiré de M. le vice-président
du conseil nous recommandait naguère
d'éviter?
A. GAULIER.
T nMiiifli r
Ç'a été d'abord le ministre de la justice
qui a recommandé aux procureurs géné=
raux de faire respecter le régime républi-
cain. Ç'a été ensuite le ministre de l'ins-
truction publique qui a fait applaudir par
les délégués des sociétés savantes la Répu-
,blique en toutes lettres. Hier, c'était te
ministre de la guerre qui écrivait aux
commandants de corps d'armée de ne
permettre « en actes, écrits où paroles, au-
cune manifestation hostile n la Constitu-
tion que l'Assemblée nationale a adoptée M.,
Le ministre de la justice, le ministre de
l'instruction publique et le ministre de
la guerre, c'était bien; mais aujourd'hui,
c'est mieux : le ministre qui fait, lui
quatrième, son manifeste républicain, est
le ministre de ragricultur^N^\du cohA
merce, — oui, M. de^Me^xKS^Nc
Jeudi soir, la cham, co o^
Saint-Etienne a offert un à M.\de
Meaux, qui y a prononcé un akçtoursqWbt
nous publions plus loin la partie politit^uSuV
Dans cette partie, le ministre constat,
qu' « au régime républicain établi en fait
à la chute de l'empire, l'Assemblée na-k^
tionale a substitué un régime républi-
cain plus nettement défini et muni d'or-
ganes plus réguliers ». M. de Meaux ne
cache pas qu'il n'a pas voté la nouvelle
Constitution, « ses plus profondes, ses plus
chères convictions ne le lui permettaient
pas »; mais « une fois rendue, la loi s'im-
pose au respect de tous». Et le ministre
ajoute que « sur un terrain que tous n'ont
pas choisi, tous peuvent trouver place pour
soutenir, à travers les épreuves et les dan-
gers qui nous attendent encore, la cause
de l'ordre et de la liberté M.
Le ministre qui se rallie ainsi au « ré-
gime républicain » a cru devoir faire aux
royalistes, le. plaisir de rappeler, à la fin de
son toast, le « péril social »; mais il ne
faut prendre cela que pour le dernier
geste qu'on fait aux amis qu'on va quit-
ter.
Dans un. autre temps, on pourrait de- «
mander s'il était bien logique et bien né-
cessaire que la République choisît pour mi-
nistre un homme dont les plus profondes
et les plus chères convictions étaient con-
tre la République ; mais, après deux ans
d'ordre moral, la politique n'a plus de ces
délicatesses, et tout ce que nous voulons
voir actuellement dans l'adhésion de M. de
Meaux au régime républicain, c'est la
force irrésistible avec laquelle la Républi-
que s'impose même à ceux qui l'ont com-
battue.
LES AUTRUCHES
Les gens drôles sont ceux qui se bou-
chent les oreilles et se ferment les yeux
pour ne pas entendre et ne pas voir.
On .leur crie: « République!» de tout
côté. Ils entendent : « Réaction 1 » On leur
dit : « Nous allons surveiller un peu les
distributions de photographies bonapartis-
tes. » Ils répondent : « Ah ! je suis con-
tent, on va cogner sur les radicaux. » Tout
les avertit qu'un régime nouveau est fondé;
ils le savent, et ils n'en veulent pas conve-
nir. Une barrière a été dressée devant leurs
prétentions. Que faire? la franchir? Et le
moyen?. Ils se contentent de dire : il n'y
a pas de barrière.
Pauvres esprits ! pauvres moyens ! Com-
me si ce n'était pas la chose la plus inu-
tile du monde ! Le public entend partout
des bouches autorisées affirmer le régime
républicain. Et ils vont lui dire : « Ami pu-
blic, je te prie de remarquer ce que tu
viens d'entendre : on vient justement de
t'apprendre que le provisoire dure tou-
jours, et que plus que jamais nous avons
le droit d'affirmer nos prétentions. »
En sorte que le public doit se deman-
der : « Sont-ce des fous ou des mystifica-
teurs? » ,',
C'est un procédé quelque peu primïtir
que de nier ce qui vous gêne. A quoi
rime-il? M. Wallon a parlé; ses paroles
ont été imprimées; il a dit que la Répu-
blique avait été plus solidement assise.
Quand tous les bonapartistes diraient en
chœur : « Dieu ! que ce ministre a bonne
grâce à crier : Vive Napoléon IV ! » ils ne
tromperaient personne; et même les gens
assez immodérément naïfs pour croire au
dévouement de Sedan leur riraient au
,nez.
Feuilleton du lwappog '1
DU 12 AVRIL
.a 1
LA PISTE
DU CRIME
-
- DEUXIÈME PARITE
XIX
Imdy Clarinda
Les journées qui s'écoulèrent jusqu'au
dîner du major furent extrêmement pré-
cieuses pour moi.
Ma longue entrevue avec Miserrimus
Dexter m'avait troublée plus sérieusement
que je ne l'avais senti tout d'abord. Ce ne
fut que quelques heures après m'être reti-
rée, que je commençhi réellement à recon-
naître combien mes nerfs avaient été irri-
tés par tout ce que j'avais vu et entendu
dans le cours de ma visite.
Je tressaillais au moindre bruit; j'avais
,(les rêves effrayants. A tel moment, j'avais
envie de crier, sans-raison; à tel autre, j'é-
tais disposée à m'emporter sans cause.
L'instant d'après, le calme le plus absolu
m'était nécessaire. (
* Ce calme, mon excellent Benjamin sut
me le procurer. Le bonhomme fit taire ses
inquiétudes et m'épargna des questions
que son intérêt paternel le rendait impa-
tient de m'adressera Il fut tacitement con-
tenu entre nous que toute conversation,
au sujet de cette visite à Miserrimus Dex-
* j ter, qu'il avait désapprouvée, serait différée
> Voir le Rappel du & février au 11 avril.
jusqu'à ce que le repos m'eût rendu mon
énergie morale et physique.
Je ne reçus aucune visite. Mme Macallan
et le major Fitz-David vinrent au cottage
l'une pour apprendre ce qui s'était passé
entre Miserrimus Dexter et moi; l'autre,
pour m'amuser de ses derniers bavardages
sur les convives de notre prochain dînèr.
Benjamin prit sur lui de m'excuser auprès
de tous deux, et de m'épargner la fatigue
de les recevoir.
Nous louâmes une voiture découverte et
fîmes de longues promenades à travers les
sentiers encore fleuris qui s'étendent à plu-
sieurs milles aux environs nord de Lon-
dres. De retour au logis, nous nous entre-
tenions paisiblement du temps passé, ou
nous faisions quelques parties de tric-trac
etde dominos. Plusieurs jours s'écoulèrent
ainsi dans une heureuse et douce quiétude,
bien utile à ma santé.. »
Quand le jour du dîner arriva, j'étais
dans mon état normal, prête à rentrer
dans l'action, et impatiente d'être présentée
à lady Clarinda et de connaître la demeure
de Mme Bauly..
Benjamin parut un peu triste de voir
l'animation de mon visage, pendant que
nous nous rendions chez le major Fitz-
David.
— Ah! ma chère, dit-il avec sa simpli-
cité ordinaire, je vois, que vous êtes main-
tenant tout à fait bien ; vous en avez déjà
assez de notre tranquille existence!
Mes souvenirs du dîner "du major, inci-
dents et personnes, sont en général singu-
lièrement confus. Je me rappelle que nous
fûmes très gais, et aussi à l'aise, aussi fa-
miliers les uns avec les autres, que si nous
avions été de vieux amis. Je me rappelle
que la jeune prima-donna du major fut
plus remarquable que jamais par ses
grands yeux ronds, sa toilette tapageuse,
et sa voix stridente de « future reine du
chanta. Je me rappelle que le major ne
cessa de baiser nos mains, de nous presser
de goûter à ses mets les plus friands et à
ses vins les plus délicats, de nous faire la
cour, de découvrir des ressemblances entre
nous, et de se maintenir imperturbable-
ment, d'un bout à l'autre de la soirée,
dans son rôle de ci-devant don Juan. Je
me rappelle que mon bon vieux Benjamin,
tout effarouché, se redra dans un coin,
rougissant quand l'attention se portait sur
lui, timide avec la chanteuse, honteux
avec lady Clarinda, soumis au major, goû-
tant médiocrement la musique, et aspirant,
dans le fond de son cœur, à se retrouver
au plus tôt dans son modeste cottage.
Là se bornent mes souvenirs sur les
convives de cette joyeuse réunion, - à
une exception près. ,
Il s'agit de lady Clarinda : l'impres-
sion qu'elle m'a laissée est encore, aussi
présente à ma pensée que si je m'étais
rencontrée hi^r.avec ellé. Et je puis dire,
sans exagération, que je me rappelle en-
core presque mot pour mot la mémorable
conversation que nous eûmes en tête à
tête, vers la fin de la soirée.
Je vois'" encore son costume, j'entends
encore sa voix, au moment où j'écris ces
lignes.
Elle était vêtue, je m'en souviens, avec
cette extrême simplicité, qui indique un
art suprême de se mettre. Elle portait une
robe de mousseline unie par iessus une
jupe de soie blanche, sans garniture ni
embellissement d'aucune sorte. Son abon-
dante chevelure brune était, en dépit de la
mode; divisée sur son front et rejetée en
arrière, où elle formait un nœud sans au-
cun ornement. Un étroit ruban blanc en-
tourait son cou. attaché par le seul bijou
qu'elle portât : une petite broche en dia-
mants. :
Elle était d'une incontestable beauté;
mais cette beauté 'était du type quelque
peu sévère et anguleux qu'on rencontre si
souvent chez les Anglaises de race : le nez
et le menton trop proéminents et trop for-
tement accentuas ; les yeux gris, bien fen-
dus et pleins d'esprit et de dignité, man-
quaient de tendresse et de mobilité dans
l'expression. Ses manières avaient tout le
charme qu'une bonne éducation peut don-
ner ; elles étaient empreintes d'une poli-
tesse exquise, aisée et cordiale, laissant
voir cette parfaite, mais discrète confiance
en elle-même qui, — en Angleterre, —
semble être 1 e produit naturel d'un haut
rang.
Si vous l'aviez prise pour ce qu'elle
était en apparence et à la surface, vous au-
riez dit : Voilà le modèle d'une dame no-
ble, mais parfaitement exempte d'orgueil.
Et si vous vous étiez permis, sous l'in-
fluence de cette idée, quelque liberté avec
elle, elle vous en aurait fait souvenir jus-
qu'à la fin de vos jou-rs. -
Nous nous convînmes admirablement
bien. Je lui fus présentée sous le nom de
Mme Woodville, comme il avait été con-
venu préalablement entre le major-et Ben-
jamin. Avant la fin du dîner, nous nous
étions promis de nous visiter mutuelle-
ment. Je n'attendais qu'une occasion fa-
vorable pour amener lady Clarinda à me
parler, comme je le désirais, de Mme,
Bauly.
Cette occasion se présenta assez tard
dans la soirée,
J'avais cherché un refuge contre les airs
de bravoure de la stridente prima-donna
du major, dans le fond du salon. Comme
je l'avais espéré et prévu, après un court
moment, lady Clarinda voyant que je ne
me trouvais plus dans le groupe qui en-
tourait le piano, me chercha et vint s'as-
seoir à côté de moi, dans un enflroit où
nous ne pouvions ni être vus ni entendre
nos amis, qui se trouvaient sur le devant
du salon.
Là, à ma grande satisfaction, elle se mit
spontanément à me parler de Miserrimus
Dexter. Quelque chose que j'avais dit de
lui, quand son nom avait été accidentelle-
ment prononcé pendant le dîner, lui était
resté dans la mémoire1, et nous amena,
par une gradation très naturelle, à parler
de Mme Bauly.
— EnÇn ! pensai-je en moi-même, le
petit dîner du major aura sa récom-
pense!
Ah! quelle récompense! Mon cœur bat
encore à coups pressés, — comme dans
cette soirée que je n'oublierai jamais,—en
cet instant où j'y pense assise devant mon
pupitre.
— Ainsi Dexter vous a réellement parlé
de Mme Bauly! s'écria lady Clarinda. Vous
ne vous faites idée de la surprise que vous
me causez.
Pll'IS-je vous demander pourquoi?
siiffll l'a en horreur. La dernière fois que
je l'ai vu, il ne voulait pas me permettre de
prononcer son nom. C'est une de ses in-
nombrables bizarreries. Si un sentiment
ressemblant à la sympathie pouvait entrer
dans un cœur comme le sien, il devrait ai-
mer Hélène Bauly. Elle est la personne la
plus complètement naturelle que Je con-
naisse. Quand elle est partie, la pauvre
ehère amie, elle a dit et fait des choses qui
étaient de nature à toucher Dexter lui-
même. Je serais bien surprise si vous ne
vous preniez pas à l'aimer.
— Vous avez eu la bonté, madame, de>
me permettre de vous faire visite. Peut-
être pourrai-je la rencontrer chez vous?
Lady Clarinda se mit à rire, en secauant
négativement la tête.
- J'espère bien, dit-elle, que vous
n'attendrez pas -cette - « possibilité». La
dernière, lubie d'Hélène était de s'ima-
giner qu'elle avait la goutte. Elle est
partie ; — partie pour je ne sais quels
bains merveilleux de Hongrie, - ou de Bo-
hème, — je ne sais plus. Où ira-t-elle, que
fera-t-elle ensuite? Il m'est absolument
impossible de le dire. - Chère madame
Woodville ! la chaleur n'est-elle pas trop
grande pour vous ? Votas êtes toute pâlel
Je sentais que je devais être pâle, en ef-
fet. La nouvelle que Mme Bauly avait
quitté l'Angletefre, était un coup auquel je
n'étais pas préparée, et qui tout d'abord
m'anéantissait.
— Voulez-vous que nous passions dans
une autre pièce? demanda lady Clarinda.
Passer dans une autre pièce, ç'eût été
mettre fin à notre conversation, et je ne
l'aurais voulu pour rien au monde. Il n'é-
tait pas impossible que la femme de cham-
bre de Mme Banly eût quitté son service,
ou fût restée, elle, en Angleterre. Je n'a-
vais pas à désespérer du résultat de mon
enquête, tant que je ne m'étais pas infor-
mée de ce qu'était devenue cette fille. •
WILKIE COLLINS.
(A suivre)
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