Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1873-12-07
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 décembre 1873 07 décembre 1873
Description : 1873/12/07 (N1381). 1873/12/07 (N1381).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75325105
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
fil* 1881 i boq Dimanche 55 décembre 1873,
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18, RUE DE VALOIS, ~t
Les manuscrits non insérés ne seront pM rend¡;J'
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ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et CI l
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PARIS 1 UKFÂSTPXSST)
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Six mois. 20 » £ u Ul.}¡!!', 27 »
Adresser lettres et mandats
A M. ERNEST LEFÈVRE
ACUINISTMATEUR-GÉHACT
ÉLECTIONS DU i Ii DÉCEMBRE
Candidats des Comités républicains
AUDE"
- '.,.; ,,¡iIft
Ul. Marc ou, maire de Carcassonne.
M. Bonnel, maire de Narbonne.
FINISTERE
M. Swlucy, conseiller général et maire
de Plouégat.
SEINE- ET-OISE
M. Calmon.
DEMANDE DE POUVOIE
On connaît la proclamation adressée
par le premier Bonaparte à son armée
après une campagne où elle avait fait
des prodiges : « Soldats, vous avez pres-
que égalé les Romains. » Un journal
du dernier Bonaparte applique aujour-
d'hui cette proclamation aux prodiges
de ceux qui nous gouvernent, Le pre- ,
mier-Paris de l'Ordre est l'amplifica-
tion de cette phrase : « Ministres, vous
avez presque égalé les bonapartistes. »
L'Ordre loue le cabinet d'« emprun-
ter ses lois à l'empire ». A ceux qui re-
procheraient à M. de Broglie d'imiter
un gouvernement dont il a dit plus que
du mal, « M. de Broglie pourrait ré-
pondre, pour son excuse, ce que répon-
dait un bon curé de campagne de la
Gascogne, auquel on reprochait de prê-
cher les sermons d'un confrère : — Eh !
qu'importe, pourvu que je tue le dia-
ble, que j'emprunte le fusil du voisin ?
l'essentiel, c'est que le diable soit
mort. »
Il va sans dire que «Je diable » c'est
la République. Le fusil, c'est la loi sur
les maires.
Jusque-là, c'est parfait. « Le bon
curé avait raison », dit l'Ordre; «le fusil
avec lequel on tue son ennemi importe
peu »; mais ce fusil, « encore faut-il
savoir le charger et le tirer ; on est dis-
posé à pardonner à M. de Broglie de
prendre le fusil de l'empire pour se bat-
tre, mais à la condition que l'arme ne
ratera pas dans ses mains. » Et, tout en
applaudissant du bout des doigts aux
bonnes intentions du cabinet, le journal
bonapartiste craint que M. de Broglie
« ne révèle une grande inexpérience »,
et que l'ordre 14 moral ne soit l'empire
raté.
Nous ne pousserons jamais l'hostilité
envers le ministère actuel jusqu'à l'é-
loge qu'en fait le journal bonapartiste.
Quelque sentiment que nous inspirent
les lois de combat, nous ne compare-
rerons jamais aucun gouvernement à
celui qui a commencé au boulevard
Montmartre et qui a fini à Sedan.
C'est pourquoi, en ce qui touche la
loi sur les maires, nous nous bornerons
à une simple réflexion :
On était au lendemain de ces deux
choses terribles : l'invasion et la guerre
civile. L'ennemi était encore en France.
On sentait partout un double frémisse-
ment, de colère patriotique et de res-
sentiment démocratique. Dans ce mo-
ment redoutable, le gouvernement de-
mandait de la force.
Il voulait, entr'autres choses, que les
maires fussent à lui, non pas partout,
mais au moins dans les grandes villes.
L'Assemblée répondait : Nulle part.
Nous étions de ceux qui trouvaient que
l'Assemblée avait raison , qu'une
ville de quatre cent mille âmes avait le
même droit à s'administrer qu'un bourg
de quatre cents, et que Paris ne pou-
vait pas être l'inférieur d'Yvetot.
M. Thiers insista. L'Assemblée per-
sista. M. Thiers menaça de sa démis-
sion. L'Assemblée, qui alors croyait M.
Thiers nécessaire comme elle a cru de-
puis le maréchal de Mac-Mahon indis-
pensable, lâcha la nomination des mai-
res par le gouvernement dans les villes
de plus de trente mille âmes, mais en
déclarant qu'on la lui arrachait et que
M. Thiers était un tyran.
Un tel tyran, qu'elle a fini par le ren-
verser. Aujourd'hui, le gouvernement
est à ceux qui ont protesté contre la
violence qu'il leur faisait en les empê-
chant de décentraliser l'administration
dans tout le pays. La rançon mons-
trueuse à laquelle nous avons été con-
damnés par 1 empire, est payée. Il y a
deux ans que l'affreux tocsin de la
guerre civile s'est éteint. On reparle de
la loi sur les maires.
On veut sans doute faire, à présent
qu'on est maître, ce dont on a été em-
pêché quand on avait un tyran? on veut
universaliser la décentralisation? on
veut faire des grandes villes les égales
des bourgades? on veut donner à Pa-
ris la noinination de son .,t;ihaÎre? Non;
on veut l'ôter à Yvetot.
D'où vient cette contradiction? D'où
vient le démenti que s'infligent les dé-
centralisateurs enragés d'hier devenus
les centralisateurs à outrance d'aujour-
d'hui? Du pays, répondent-ils. Du pays,
indiscipliné, indocile, et qui a besoin
plus que jamais d'être maintenu et maî-
trisé. Ceux qui répondent cela nous
semblent modestes.
Il y a sept mois qu'ils sont les maî-
tres, qu'ils disposent de tout, qu'ils ont
l'état de siège, qu'ils font du pays ce
qu'ils veulent, et, après sept mois de
leur toute-puissance, le pays serait à ce
point que le pouvoir qu'ils trouvaient
excessif et tyrannique chez le gouverne-
nement précédent ne leur suffirait pas?
Quoi ! il leur faudrait maintenant plus
de pouvoir que M. Thiers n'en deman-
dait dans des jours si terribles ? Ce qui
était trop pour ce « tyran » ne serait
pas assez pour eux? L'état du pays
exigerait des lois de combat? L'état du
pays exigerait que le gouvernement fût
plus armé qu'au moment où Paris avait
encore le tremblement de ses deux
sièges, et où l'on entendait encore un
sourd grondement de colères mal apai-
sées?
Ce sont eux qui le disent. Nous ne
leur faisons pas l'injure de le croire.
Nous sommes convaincus, tout au con-
traire, que le pays est infiniment plus
calme et plus sage que ceux qui l'accu-
sent de turbulence et de désordre. Mais
de deux choses l'une :
Ou bien le pays n'est pas le fou fu-
rieux qu'ils disent, et alors, que lui
veulent-ils avec leurs lois de l'empire,
avec leur loi de la presse, avec leur état
de siège, avec leur camisole de force?
Ou bien le pays est ce fou furieux, et
c'est après sept mois de leur traitement
qu'il l'est devenu. Dans le premier cas,
c'est la condamnation de leur remède.
Dans le second, c'est la condamnation
de ses médecins.
AUGUSTE VACQUME.
LA SÉANCE
Plusieurs membres ont présenté, à pro-
pos du scrutin d'hier, diverses réclama-
tions qui ajoutent trois voix au chiffre de
la minorité. Une observation au moins
aussi importante aurait pu être faite au
sujet de l'écart considérable qu'on peut
constater entre les chiffres proclamés en
séance et ceux que donne le Journal of-
ficiel. La majorité gouvernementale, telle
que l'a annoncée M. Buffet, était de 407
voix. En réalité, elle se réduit à 386. Ces
erreurs qui sont fréquentes, et qui résul-
tent des billets doubles et triples mis pour
les absents, auraient une importance con-
sidérable dans le cas de deux votes succes-
sifs. Il est évident que le premier pèse tou-
jours un peu sur le second, et il pourrait
arriver qu'un résultat inexact contribuât à
modifier certaines résolutions flottantes.
Il semble que le vote pour les absents de-
vrait être interdit par le règlement, et
nous ajouterons que les absences devraient,
dans les circonstances actuelles, être beau-
coup moins nombreuses qu'elles ne le
sont. *
Après le tirage des bureaux, M. Lockroy
a posé au gouvernement une question re-
lative à la légalité de l'état de siège dans
les Bouches-du-Rhône. M. Lockroy a rap-
pelé l'incident récent de Tarascon et cette
aventure d'un tribunal usurpant, sans le
savoir, sur les droits de l'état de siège
dont nul ne soupçonnait l'existence. Com-
me la ville de Marseille a été soumise au
régime militaire par un vote de l'Assem-
blée, il y a lieu de supposer qu'au moment
de ce vote, en 1871, les Bouches-du-Rhône
étaient placées sous l'empire du droit
commun.
C'est cependant en vertu d'un décret an-
térieur qu'on prétend soumettre ce dépar-
tement à l'état de siège. M. Lockroy a par-
faitement fait rassortir ce qu'il y avait d'é-
trange dans ces états de siège superposés
l'un à l'autre et qu'on retrouve, par hasard,
en fouillant les archives nationales. De ces
deux états de siège, quel était le bon et
quand l'avait-on proclamé?
A ces questions, un des nouveaux minis-
tres, M. Depeyre, a d'abord paru disposé à
répondre. Il est monté à la tribune avec
assurance; mais, au lieu, d'établir la léga-
lité de l'état de siège dans les Bouches-du-
Rhône, le garde des sceaux a développé
cette thèse, assez nouvelle, que l'Assem-
blée connaît des questions politiques et non
des questions de légalité. Voilà donc
un des hommes du 24 mai qui réduit à ce
point les droits d'une assemblée dont c'est
l'habitude de se proclamer souveraine. Il eût
fallu voir M. Thiers ou M. Dufaure refuser
i
,""
de s'explique? sur une question de cette
nature en disant : C'est de la légalité,
ce n'est pas de la politique ; adressez-
vous aux tribunaux ! — Quels cris n'eût pas
poussés la droite, et quel discours n'eût pas
fait entendre M. Depeyre ! * - < .-
Qu'importe! Laissons la thèse pour ce
qu'elle est et suivons le conseil. Pourquoi,
dans les départements où l'état de siège
règne à l'état douteux, ne pas saisir la
cour de cassation, selon l'exemple célèbre
invoqué par M. le ministre? La cour déci-
dera-t-elle que la promulgation est inu-
tile, et qu'un décret resté dans la poche
d'un fonctionnaire, ou oublié dans un ti-
roir, suffit pour établir légalement un ré-
gime d'exception? C'est difficile à, croire,
et l'expédence est à tenter.
Cet incident n'a point eu de suites, grâce
à la jurisprudence de M. Buffet, qui n'ad-
met pas qu'une question posée à un mi-
nistre donne le droit de discuter sa ré-
ponse. Système commode, qui permet au
ministre de dire ce qu'il veut, assuré qu'il
est qu'après lui nul n'aura la parole.
L'interpellation sur l'état de siége à Pa-
ris et dans le département de Seine-et-Oise
ne pouvait aboutir après le vote de la
veille. Aussi M. Schœlcher et M. Louis
Blanc ont-ils renoncé à la développer, non
sans protester contre le traitement infligé
à une ville dont le patriotisme méritait
mieux.
M. Rameau aurait bien désiré savoir
aussi quels ferments de troubles renferme
le paisiMe département de Seine et Oiso,
En quelques mots d'une heureuse préci-
sion, et qui font regretter que M. Rameau
n'aborde pas plus souvent la tribune, il a
mis le gouvernement en demeure de don-
ner au moins un prétexte pour le main-
tien de l'état de siège. Mais il paraît que
ce n'était pas facile ; car, malgré de pres-
santes réclamations, le gouvernement a
gardé le silence le plus complet.
A. GAULIER.
■i
-.uBfew». —
LIS COULISSES DE VERSAILLES.
Dans les couloirs, — durant le tirage au
sort des bureaux, — on discutait dans
tous les groupes le scrutin de mercredi
sur l'interpellation Lamy.
L'étude de ce scrutin montre que yingt-
deux membres du centre gauche ont voté
avec le ministère. Ce sont : MM. Aclocqlle,
Allenou," Alfred André, Babin-Chevaye,
Beau, Bompard, Denormandie-, Drouin,
Du Chaffaut, Gallicher, Gouin, Houssard,
Antonin Lefèvre-Pontalis, Lotlvet, ma/quis
de Malleville, Martel (Pas-de-Calais), Max-
Richard, Michel, Piccon, de Pourtalès,
Rouveure et Voisin.
Tous les bonapartistes, à l'exception de
M. Eschasseriaux qui s'est abstenu — ont
voté avec le ministère. --
Tous les anciens ministres de M. Thiers,
à l'exception de l'amiral Pothuau et de M.
Casimir Périer, se sont abstenus. Ce sont
MM. Dufaure, de Rémusat, Ernest Picard,
Léon Say, Teisserenc de Bort, Wadding-
ton et général de Cissey.
Voici les noriis des membres du centre
gauche qui se sont ahstenus : MM. Arbel,
Bérenger, Charles Bernard, Bertauld, Bes-
nard, René Brice, Buée, Buisson (Seine-
Inférieure), Cézanne, général Cfiareton,
Dietz-Monin, général Duboys-Fresnay, Du-
carre, Feray, Flotard, général Frébault,
Germain, Guinot, Krantz, Laboulaye, La-
nel, Lanfrey, de Lasteyrie, Lecamus, Le-
pouzé, Pâtissier, général Pélissier, Rive,
Robert de Massy, Salvy, Scherer, Sebert,
Fidèle Simon et Vautrain.
Le duc d'Aumale, retenu par le procès
Bazaine, n'a pas voté. Le prince de Join-
ville a voté pour le maintien de l'état de
siège. -
Les déclarations faites hier au début de
la séance par MM. Casimir Périer, Po-
thuau et le général Guillemaut portent à
263 le nombre des votants contre le mi-
nistère.
On s'étonnait beaucoup de l'écart con-
sidérable qui existe entre le chiffre de la
majorité proclamé en séance — 407 voix
— et celui qui figure à l'Officiel, 386. Cet
écart de 21 voix est dû à la présence dans
l'urne de doubles bulletins au nom des
absents.
—o—*
La commission des Trente a tenu hier
sa première séance. On a d'abord procédé
à la constitution du bureau.
M. Batbie a été élu président par 22 voix
contre 5 données à M. Dufaure et 1 à M.
Laboulaye. On pourrait s'étonner de ce
qu'il y ait 6 voix données tant à M. Du-
faure qu'à M. Laboulaye, alors qu'il n'y a
que 5 membres des fractions de la gauche
dans la commission. Il paraîtrait qu'un
sixième s'est révélé inopinément. Ce se-
rait, assure-t-on, M. Antonin Lefèvre-Pon-
talis, qui aurait momentanément aban-
donné ses amis de la droite et du centre
droit.
Les vice-présidents nommés hier, sont:
MM. de Talhouët, par 29 voix, et de Ker-
drel, par 26.
Les secrétaires sont : MM. Cézanne, 27
voix, Talion, 26, et de Tarteron, 18.
Après ces deux scrutins, M. Batbie a
pris place au fauteuil de la présidence et a
remercié ses collègues. Puis il a posé la
question de publicité des séances.
M. Laboulaye s'est prononcé contre tout
compte rendu officiel, parce que, d'une
part, il serait publié trop tard, puisqu'il
devrait être adopté auparavant par la com-
mission, et que d'autre part il engagerait
la responsabilité de celle-ci.
Quant au secret, M. Laboulaye a dit que
■ | les cinq membres de la minorité, repré-
sentant au moins 300 de leurs collègues,
ne pouvaient prendre l'engagement de le
garder, et qu'ils devaient communiquer
fhLX frr>^rii de-la gauche ,tonârl.çi rense^
gnements sur les délibérations delà com-
mission.
M. de Cumont aurait désiré un comnte
rendu ofticiel, pouréviter la divergence des
comptes rendus libre?.
La commission s'est prononcée pour la
liberté. Chacun de ses membres aura la
faculté de faire — sous sa responsabilité
personnelle — telles communications qu'il
voudra. "-
La commission, avant de se séparer, a
décidé qu'eile se réunirait les mercredi et
vendredi de chaque semaine.
—o—
La commission du budget a tenu hier
une. nouvelle et très importante séance. Il
s'agissait de statuer sur les impôts nou-
veaux proposés par M. Magne, et réservés
dans la séance de la veille.
Le déficit auquel il fallait pourvoir était
de 39 millions et demi. La veille, on s'en
souvient, la commission avait déjà voté
110 millions d'impôts nouveaux. Voici la
liste des autres impôts nouveaux votés
hier :
1° Impôt de 30 centimes par 1,000 fr. sur
les chèques tirés de place à place. Cet im-
pôt ne peut être inférieur à 30 eentimes,
quelle que soit la valeur du chèque ; il ne
peut être supérieur à 100 fr., quelle que
soit également cette valeur. Le produit de
cet impôt — perçu sous forme de timbre
— e«t#vrîhjé(fà 5,000.000 fr.
'2° Impôt sur les huiles comestibles et
les huiles à brûler non minérales.
Cet impôt sera de :
6 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes de 4,000 à 10,000 âmes.
7 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes de 1,001 à 20,000 âmes.
8 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes de 20,001 à 50,000 âmes.
10 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes de 50,001 à 100,000 âmes.
12 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes au-desssu de 100,000 âmes.
Le produit total de cet impôt est évalué
à 6,250,000 fr.
3° Augmentation du droit sur les huiles
minérales devant produire 2,600,000..
4° Impôt de 3 010 sur les transports par
petite vitesse par chemins de fer et par
terre devant produire 16,500,000.
Tous ces impôts réprésentent un produit
total de 29,250,000 fr. Joints à ceux votés
la veiile, ils donnent un produit de
139,883,000 fr.
La commission a définitivement repoussé
hier : l'augmentation du droit sur les ef-
fets de commerce, la taxe de la réexpédi-
tion des lettres, et la transformation de la
distribution par bureaux de poste.
L'impôt sur les transports par petite vi-
tesse a été remplacé, comme on l'a vu
plus haut, pe tur droit de 3 0[0 sur les
transports par chemins de fer et par terre.
Le droit sur les transports par eau est re-
poussé. Le transit et les envois à l'exporta-
tion sont affranchis du droit de 3 0[0.
—o—
En l'état, voici dans quelle situation se
présente le budget de 1874 :
Total des dépenses, 2.535.012.397 fr.
Produit des anciens im-
pôts, 2.389.404.199
Déficit, J45.608.198 fr.
A cette somme, il en faut
en ajouter une de 4 mil-
lions qui doit constituer
l'excédant indispensable à
tout budget, 4.000.000
Le déficit total est donc de 149.608.198 fr.
Jeudi, la commission du
budget a voté des impôts
nouveaux pour une somme
de 110.133.000
Hier, elle en a voté pour
une somme de 29.250.000 >
Le déficit n'est donc plus
en dernière analyse que de 10.225.198 fr.
'L'Union républicaine s'est réunie hier
pour procéder au renouvellement de son
bureau.
M. Crémieux a été nommé président,
MM. Barni et René Goblet vice-prési-
dents, MM. Germain Casse et Guyot se-
crétaires.
» —o—
Le dossier de l'élection du général Saus-
sier a été confié à l'examen d'une sous-
commission de trois membres du 8e bu-
reau : MM. Ducarre, Bidard et de Legge.
Ces députés ont d'abord entendu le con-
current de l'honorable général, M. Ar-
gence. 8
Puis, après l'examen des pièces, et mal-
gré l'écrasante majorité obtenue par le gé-
néral Saussier, ils arrivent à conclure à
l'invalidation. Ils prétendent que l'affichage
du vote de l'urgence sur la proposition
Philippoteaux, et du commentaire rectifi-
catif de M. Casimir Périer, a pu jeter le
trouble dans l'esprit des électeurs, et par
suite vicier le résultat du scrutin.
Mais il n'est pas douteux que le 8e bu-
reau ne repousse cette conclusion. Les
trois commissaires ne se font eux-mêmes
aucun doute à cet égard. D'ailleurs, en fût-
il autrement, l'Assemblée elle-même ne
saurait, à quelques jours de distance, se
déjuger, et invalider l'élection du général
Saussier, alors qu'elle a validé celle du gé-
néral Letellier-Valazé, faite dans des con-
ditions identiques.
—o—
Cin<} auteurs d'amendements ont été en-
tendus hier par la commission des maires :
MM. Raudot, Fournier, Lucien Brun, Tal-
Ion et Vinoy.
MM. Raudot et Lucien Brun ne veulent
pas aller aussi loin que le gouvernement le
propose. Ils voudraient faire choisir les
maires et adjoints par le pouvoir central,
mais sur une liste de candidats dressée
par les conseillers municipaux auxquels
seraient adjoints en nombres égal les plus
fort imposés de la commune.
M. Fournier, au contraire, trouve que le
projet de loi de M. de Broglie ne va pas
assez loin. Il voudrait que, dans tous les
cas, le pouvoir central pût choisir h-s mai-
res en dehors des conseils municipaux.
M. Talion demande qu'en cas de révoca-
tion, les maires soient nommés par le pré-
sident de la République et non par les pré-
fets. •
Aujourd'hui, la commission entendra les
derniers autours d'amendements, notam-
ment MM. Chaurand et Bozerian Lundi,
elle entendra le ministre de l'intérieur.
— — t.————————
LE PROCÈS BAZAINE
A mesure que le procès s'avance vers
son dénoûment, l'empressement du public
augmente. Le général Pourcet continue
son réquisitoire avec la même vigueur;
rien n'est sacrifié à l'effet; les arguments
se pressent, se groupent, et forment un
faisceau que la défense aura bien du mal à
entamer.
Après avoir démontré que le maréchal
Bazaine, au mépris de toute formule des
règlements militaires, n'a pris aucune me-
sure pour assurer les subsistances de la
place avant l'envahissement, le général
Pourcet rend un légitime hommage au
patriotisme et au dévouement de la popu-
lation messine. Ce passage du réquisitoire
sera pour les habitants de Metz un adou-
cissement à leur inconsolable douleur.
—oo—
En termes énergiques, le commissaire
du gouvernement flétrit les manœuvres
employées par le maréchal pour entraîner
la solidarité des commandants de corps.
C'est à l'aide de subterfuges qu'il surprend
leur bonne foi et leur arrache une signa-
ture, espérant ainsi diminuer sa respon-
sabilité.
-oe-
L'incident D-oyer a fourni au réquisi-
toire un de ses passages lès plus éloquents.
Qu'a fait le général Boyer? il a rapporté,
d'après les récits de M. de Bismark, un
tableau sombre, épouvantable de la situa-
tion intérieure de la France.
En supposant que le comte de Bismark
ait réellement donné à l'envoyé de Bazaine
ces nouvelles, le général Boyer, qui a rap-
porté des journaux et qui a dû en lire, savait
que ce tableau était plein d'exagérations et
de mensonges. De toute façon, le maréchal
n'ignorait pas que ces renseignements pro-
venaient d'une source suspecte; le bon
sens, la raison et les règlements militaires
l'obligeaient à se tenir en garde contre ces
nouvelles suspectes, ou tout au moins à
ne pas les laisser transpirer; et il les pu-
blie 1 il trompe ses lieutenants, il trompe
l'armée, il trompe la population! il sème,
de propos délibéré le découragement dans
l'armée et dans la ville !
Le général Pourcet retrace alors la si-
tuation exacte de la France; il montre le
gouvernement de la Défense multipliant
ses efforts pour faire face à l'ennemi; la
France entière obéissant au gouverne-
ment; s'il y a eu dans Paris un soulève-
ment, c'est précisément la nouvelle de la
capitulation du maréchal Bazaine qui l'a
suscité 1
Puis, analysant le plan criminel de Ba-
zaine, il pense que le maréchal, en vou-
lant neutraliser l'armée du Rhin contre
l'ennemi pour la réserver à comprimer une
guerre civile qui n'existait pas, ne pouvait
que diviser les forces suprêmes de la Fran-
ce, fomenter la guerre civile et se faire
l'auxiliaire de l'ennemi !
Et, à ce propos, l'orateur du gouverne-
ment a tracé en quelques mots le rôle de
l'armée.
« En face de l'ennemi, a-t-on dit, l'ar-
mée n'a qu'un devoir : celui de combattre,
sans s'inquiéter de la forme du gouverne-
ment. » 1
oo -
Le sentiment du devoir, c'est là ce
qui se retrouve à chaque phrase du réqui-
sitoire; aussi M. Pourcet n'hésite pas à
qualifier sévèrement la conduite de quel-
ques officiers, et surtout le rôle équivoque
joué par le général Boyer « qui a secondé
les intrigues de ses chefs. »
En revanche, il trouve de touchantes
expressions pour louer le dévouement obs-
cur de ces émissaires qui ont risqué leur
vie, qui se sont exposés à tous les dangers
pour apporter dans Metz des nouvelles du
dehors.
—oo—
M. Pourcet en est resté aux préliminai-
res de la capitulation. Demain, il montrera
le dénouement tragique préparé de longue
main par le maréchal Bazaine.
C'est demain que se terminera son ré-
quisitoire.
Dimanche, Me Lachaud commencera la
défense.
CH. QUENTIN.
LES ON-DIT
-' 4&-.
Les habitants du quarlier dit square
Clary étaient réveillés l'avant-dernière
nuit, à une heure du matin, par une scè1:e
dramatique rappelant le temps où les sei-
gneurs portaient la cape et l'épée.
Un coupé bourgeois s'étant arrêté, qua-
tre jeunes gens en sortirent, en se querel-
lant. Tout à coup l'un d'eux crie d'une
voix vibrante, et en dégainant sa canne à
épée : En garde! *
A ce bruit insolite, les habitants du
quartier se lèvent, ouvrent leurs fenêtres
et assistent à un duel digne du Pré-aux.
Clercs. 1
Les deux combattants sont en ligne, les
épées sont croisées, le eliqueiis retentit au
milieu du silence de la Il uit. On se bat.
Soudain, l'un d'eux se renverse en ar-
rière en poussant un cri douloureux. Il est
reçu dans les bras des deux témoins, qui
le transportent dans une maison fortement
numérotée.
Hier matin, informée de ce qui s'était
passé, la police est allée aux renseigne-
ments dans la maison indiquée, et elle a
appris que c'était une comédie que des
jeunes gens de « bonne famille » avaient
cru pouvoir jouer sous le régime de l'ordre
moral.
fi-;&)
Les travaux extérieurs de l'hôtel de la
place Saint-Georges iront complètement
lerminés. Les glaces des croisées sont en
place et les appareilleurs de gaz ont com.
mencé hier à poser les tuyaux et les can-
délabres.
Les gazons du jardin sont rétablis, les
allées sablées, et les plates-bandes n'atten-
dent plus que des massifs de plantes à
feuilles persistantes.
Si M. Thiers ne craint pas d'essuyer les v
plâtres, il pourra étrenner son nouvel hôtel
le 1er janvier. ,.
» *
m » - r- ,
Une lettre de Varsovie nous apprend que
l'on se prépare à ériger solennellement le
monument élevé à la mémoire d'un de ses
artistes les plus renommés, le compositeur
Moniu^ko.
Ce monument est l'œuvre d'un sculpteur
français d'origine polonaise, M. Cyprien
Godebski, lequel exposa à Paris, il y a
quelques années, une « Aurore » d'un très
remarquable sentiment poétique. ,
M. Godebski est venu de Saint-Péters-
bourg, où il professe à l'Académie des
Beaux-Arts, offrir à la famille de Théophile
Gautier de se charger, sans aucune rétri-
bution, du monument que les amis du
poète ont entrepris de lui élever au cime-
tière Montmartre.
L'offre-et le croquis—ont été acceptés.
L'œuvre est déjà commencée, et le tom-
beau du poëte sera inauguré le jour anni-
versaire de sa mort.
9 r
tsf$$
Une voiture de place, dans laquelle se
trouvaient M. Boulanger, peintre, et l'un
de ses amis, descendait la rue Notre Dame-
de-Lorette. Le brancard s'étant brisé, lo
cheval, le sentant battre ses jarrets, est
parti à fond de train, blessant plusieurs
personnes sur son passage.
Il s'est jeté contre la grille de Notre-"
Dame-de-Lorette, dont il a enfoncé cinq
barreaux. Le cocher, nommé Aygaleng, a
été lancé sur le-pavé, où il a reçu quelques
contusions sans gravité. ;.
M. Boulanger et son ami en ont été
quittes pour la peur.
a ./j
Un des bons tableaux de M. Meissonier,
— les Trois Amis, — a été perdu dans le
naufrage de la Ville-du-Havre. Ce tablean
était gravé depuis longtemps.
e- s m
Hier, sur le boulevard des Batignolles,
un homme cherchait à apitoyer h's pas-
sants en) se disant naufragé de la VdZe-du-
Havre, ayant perdu femme et enfants dans
le sinistre.
Cette épave a été recueillie par la po-
lice.
'{fIW.
»
Un marchand de vins du quai Jemma-
pes, qui se promenait avant-hier, vers dix
heures du soir,sur le bord du canal, aper-
çut près du pont Morlandun corps qui flot-
tait à la surfaca. Il parvint, non sans ef-
forts, à le retirer et à le déposer sur la
berge.
Il prévint alors des sergents de ville, et,
à la pointe du jour, le corps fut transporté
à la Morgue.
C'est un homme de quarante à cinquan-
te ans, vêtu d'une redingote de drap noir,
d'un gilet et d'un pantalon de la même
étoffe, chaussé de bottines vernies ; sa che-
mise et son mouchoir sont marqués des
initiales D. E.
Il n'avait sur lui aucun papier qui pût
servir à le faire reconnaître.
ire
«f €>
Le jour de la fermeture de la chasse
n'est pas encore décidé. %Mais ce sera,
comme tous les ans, vers la fin de jan-
vier.
<~ -.,
Têtu comme un Allemand, M. de Bis-
mark a entrepris de faire adopter par les
puissances étrangères, comme langue tii-
plomatique, la langue allemande.
Il n'avait point jusqu'ici entrepris de
lad kniiëvé ï 10 e. Départements : lê ««
ï7, bbaaúr. aa 8t. m NI al81 - Y-
■ f v~- -■ "t "';
1 1 :
S'adresser au S~cr6M~~U RMacHos
De 4 à 6 heures du tctr
18, RUE DE VALOIS, ~t
Les manuscrits non insérés ne seront pM rend¡;J'
- -,
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et CI l
6, place de la Bourse, 6 y
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AB^nnSIRÂTIOK 1
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ABOSHKHESi»
PARIS 1 UKFÂSTPXSST)
Trois 10 » Trois moia 13 SB
Six mois. 20 » £ u Ul.}¡!!', 27 »
Adresser lettres et mandats
A M. ERNEST LEFÈVRE
ACUINISTMATEUR-GÉHACT
ÉLECTIONS DU i Ii DÉCEMBRE
Candidats des Comités républicains
AUDE"
- '.,.; ,,¡iIft
Ul. Marc ou, maire de Carcassonne.
M. Bonnel, maire de Narbonne.
FINISTERE
M. Swlucy, conseiller général et maire
de Plouégat.
SEINE- ET-OISE
M. Calmon.
DEMANDE DE POUVOIE
On connaît la proclamation adressée
par le premier Bonaparte à son armée
après une campagne où elle avait fait
des prodiges : « Soldats, vous avez pres-
que égalé les Romains. » Un journal
du dernier Bonaparte applique aujour-
d'hui cette proclamation aux prodiges
de ceux qui nous gouvernent, Le pre- ,
mier-Paris de l'Ordre est l'amplifica-
tion de cette phrase : « Ministres, vous
avez presque égalé les bonapartistes. »
L'Ordre loue le cabinet d'« emprun-
ter ses lois à l'empire ». A ceux qui re-
procheraient à M. de Broglie d'imiter
un gouvernement dont il a dit plus que
du mal, « M. de Broglie pourrait ré-
pondre, pour son excuse, ce que répon-
dait un bon curé de campagne de la
Gascogne, auquel on reprochait de prê-
cher les sermons d'un confrère : — Eh !
qu'importe, pourvu que je tue le dia-
ble, que j'emprunte le fusil du voisin ?
l'essentiel, c'est que le diable soit
mort. »
Il va sans dire que «Je diable » c'est
la République. Le fusil, c'est la loi sur
les maires.
Jusque-là, c'est parfait. « Le bon
curé avait raison », dit l'Ordre; «le fusil
avec lequel on tue son ennemi importe
peu »; mais ce fusil, « encore faut-il
savoir le charger et le tirer ; on est dis-
posé à pardonner à M. de Broglie de
prendre le fusil de l'empire pour se bat-
tre, mais à la condition que l'arme ne
ratera pas dans ses mains. » Et, tout en
applaudissant du bout des doigts aux
bonnes intentions du cabinet, le journal
bonapartiste craint que M. de Broglie
« ne révèle une grande inexpérience »,
et que l'ordre 14 moral ne soit l'empire
raté.
Nous ne pousserons jamais l'hostilité
envers le ministère actuel jusqu'à l'é-
loge qu'en fait le journal bonapartiste.
Quelque sentiment que nous inspirent
les lois de combat, nous ne compare-
rerons jamais aucun gouvernement à
celui qui a commencé au boulevard
Montmartre et qui a fini à Sedan.
C'est pourquoi, en ce qui touche la
loi sur les maires, nous nous bornerons
à une simple réflexion :
On était au lendemain de ces deux
choses terribles : l'invasion et la guerre
civile. L'ennemi était encore en France.
On sentait partout un double frémisse-
ment, de colère patriotique et de res-
sentiment démocratique. Dans ce mo-
ment redoutable, le gouvernement de-
mandait de la force.
Il voulait, entr'autres choses, que les
maires fussent à lui, non pas partout,
mais au moins dans les grandes villes.
L'Assemblée répondait : Nulle part.
Nous étions de ceux qui trouvaient que
l'Assemblée avait raison , qu'une
ville de quatre cent mille âmes avait le
même droit à s'administrer qu'un bourg
de quatre cents, et que Paris ne pou-
vait pas être l'inférieur d'Yvetot.
M. Thiers insista. L'Assemblée per-
sista. M. Thiers menaça de sa démis-
sion. L'Assemblée, qui alors croyait M.
Thiers nécessaire comme elle a cru de-
puis le maréchal de Mac-Mahon indis-
pensable, lâcha la nomination des mai-
res par le gouvernement dans les villes
de plus de trente mille âmes, mais en
déclarant qu'on la lui arrachait et que
M. Thiers était un tyran.
Un tel tyran, qu'elle a fini par le ren-
verser. Aujourd'hui, le gouvernement
est à ceux qui ont protesté contre la
violence qu'il leur faisait en les empê-
chant de décentraliser l'administration
dans tout le pays. La rançon mons-
trueuse à laquelle nous avons été con-
damnés par 1 empire, est payée. Il y a
deux ans que l'affreux tocsin de la
guerre civile s'est éteint. On reparle de
la loi sur les maires.
On veut sans doute faire, à présent
qu'on est maître, ce dont on a été em-
pêché quand on avait un tyran? on veut
universaliser la décentralisation? on
veut faire des grandes villes les égales
des bourgades? on veut donner à Pa-
ris la noinination de son .,t;ihaÎre? Non;
on veut l'ôter à Yvetot.
D'où vient cette contradiction? D'où
vient le démenti que s'infligent les dé-
centralisateurs enragés d'hier devenus
les centralisateurs à outrance d'aujour-
d'hui? Du pays, répondent-ils. Du pays,
indiscipliné, indocile, et qui a besoin
plus que jamais d'être maintenu et maî-
trisé. Ceux qui répondent cela nous
semblent modestes.
Il y a sept mois qu'ils sont les maî-
tres, qu'ils disposent de tout, qu'ils ont
l'état de siège, qu'ils font du pays ce
qu'ils veulent, et, après sept mois de
leur toute-puissance, le pays serait à ce
point que le pouvoir qu'ils trouvaient
excessif et tyrannique chez le gouverne-
nement précédent ne leur suffirait pas?
Quoi ! il leur faudrait maintenant plus
de pouvoir que M. Thiers n'en deman-
dait dans des jours si terribles ? Ce qui
était trop pour ce « tyran » ne serait
pas assez pour eux? L'état du pays
exigerait des lois de combat? L'état du
pays exigerait que le gouvernement fût
plus armé qu'au moment où Paris avait
encore le tremblement de ses deux
sièges, et où l'on entendait encore un
sourd grondement de colères mal apai-
sées?
Ce sont eux qui le disent. Nous ne
leur faisons pas l'injure de le croire.
Nous sommes convaincus, tout au con-
traire, que le pays est infiniment plus
calme et plus sage que ceux qui l'accu-
sent de turbulence et de désordre. Mais
de deux choses l'une :
Ou bien le pays n'est pas le fou fu-
rieux qu'ils disent, et alors, que lui
veulent-ils avec leurs lois de l'empire,
avec leur loi de la presse, avec leur état
de siège, avec leur camisole de force?
Ou bien le pays est ce fou furieux, et
c'est après sept mois de leur traitement
qu'il l'est devenu. Dans le premier cas,
c'est la condamnation de leur remède.
Dans le second, c'est la condamnation
de ses médecins.
AUGUSTE VACQUME.
LA SÉANCE
Plusieurs membres ont présenté, à pro-
pos du scrutin d'hier, diverses réclama-
tions qui ajoutent trois voix au chiffre de
la minorité. Une observation au moins
aussi importante aurait pu être faite au
sujet de l'écart considérable qu'on peut
constater entre les chiffres proclamés en
séance et ceux que donne le Journal of-
ficiel. La majorité gouvernementale, telle
que l'a annoncée M. Buffet, était de 407
voix. En réalité, elle se réduit à 386. Ces
erreurs qui sont fréquentes, et qui résul-
tent des billets doubles et triples mis pour
les absents, auraient une importance con-
sidérable dans le cas de deux votes succes-
sifs. Il est évident que le premier pèse tou-
jours un peu sur le second, et il pourrait
arriver qu'un résultat inexact contribuât à
modifier certaines résolutions flottantes.
Il semble que le vote pour les absents de-
vrait être interdit par le règlement, et
nous ajouterons que les absences devraient,
dans les circonstances actuelles, être beau-
coup moins nombreuses qu'elles ne le
sont. *
Après le tirage des bureaux, M. Lockroy
a posé au gouvernement une question re-
lative à la légalité de l'état de siège dans
les Bouches-du-Rhône. M. Lockroy a rap-
pelé l'incident récent de Tarascon et cette
aventure d'un tribunal usurpant, sans le
savoir, sur les droits de l'état de siège
dont nul ne soupçonnait l'existence. Com-
me la ville de Marseille a été soumise au
régime militaire par un vote de l'Assem-
blée, il y a lieu de supposer qu'au moment
de ce vote, en 1871, les Bouches-du-Rhône
étaient placées sous l'empire du droit
commun.
C'est cependant en vertu d'un décret an-
térieur qu'on prétend soumettre ce dépar-
tement à l'état de siège. M. Lockroy a par-
faitement fait rassortir ce qu'il y avait d'é-
trange dans ces états de siège superposés
l'un à l'autre et qu'on retrouve, par hasard,
en fouillant les archives nationales. De ces
deux états de siège, quel était le bon et
quand l'avait-on proclamé?
A ces questions, un des nouveaux minis-
tres, M. Depeyre, a d'abord paru disposé à
répondre. Il est monté à la tribune avec
assurance; mais, au lieu, d'établir la léga-
lité de l'état de siège dans les Bouches-du-
Rhône, le garde des sceaux a développé
cette thèse, assez nouvelle, que l'Assem-
blée connaît des questions politiques et non
des questions de légalité. Voilà donc
un des hommes du 24 mai qui réduit à ce
point les droits d'une assemblée dont c'est
l'habitude de se proclamer souveraine. Il eût
fallu voir M. Thiers ou M. Dufaure refuser
i
,""
de s'explique? sur une question de cette
nature en disant : C'est de la légalité,
ce n'est pas de la politique ; adressez-
vous aux tribunaux ! — Quels cris n'eût pas
poussés la droite, et quel discours n'eût pas
fait entendre M. Depeyre ! * - < .-
Qu'importe! Laissons la thèse pour ce
qu'elle est et suivons le conseil. Pourquoi,
dans les départements où l'état de siège
règne à l'état douteux, ne pas saisir la
cour de cassation, selon l'exemple célèbre
invoqué par M. le ministre? La cour déci-
dera-t-elle que la promulgation est inu-
tile, et qu'un décret resté dans la poche
d'un fonctionnaire, ou oublié dans un ti-
roir, suffit pour établir légalement un ré-
gime d'exception? C'est difficile à, croire,
et l'expédence est à tenter.
Cet incident n'a point eu de suites, grâce
à la jurisprudence de M. Buffet, qui n'ad-
met pas qu'une question posée à un mi-
nistre donne le droit de discuter sa ré-
ponse. Système commode, qui permet au
ministre de dire ce qu'il veut, assuré qu'il
est qu'après lui nul n'aura la parole.
L'interpellation sur l'état de siége à Pa-
ris et dans le département de Seine-et-Oise
ne pouvait aboutir après le vote de la
veille. Aussi M. Schœlcher et M. Louis
Blanc ont-ils renoncé à la développer, non
sans protester contre le traitement infligé
à une ville dont le patriotisme méritait
mieux.
M. Rameau aurait bien désiré savoir
aussi quels ferments de troubles renferme
le paisiMe département de Seine et Oiso,
En quelques mots d'une heureuse préci-
sion, et qui font regretter que M. Rameau
n'aborde pas plus souvent la tribune, il a
mis le gouvernement en demeure de don-
ner au moins un prétexte pour le main-
tien de l'état de siège. Mais il paraît que
ce n'était pas facile ; car, malgré de pres-
santes réclamations, le gouvernement a
gardé le silence le plus complet.
A. GAULIER.
■i
-.uBfew». —
LIS COULISSES DE VERSAILLES.
Dans les couloirs, — durant le tirage au
sort des bureaux, — on discutait dans
tous les groupes le scrutin de mercredi
sur l'interpellation Lamy.
L'étude de ce scrutin montre que yingt-
deux membres du centre gauche ont voté
avec le ministère. Ce sont : MM. Aclocqlle,
Allenou," Alfred André, Babin-Chevaye,
Beau, Bompard, Denormandie-, Drouin,
Du Chaffaut, Gallicher, Gouin, Houssard,
Antonin Lefèvre-Pontalis, Lotlvet, ma/quis
de Malleville, Martel (Pas-de-Calais), Max-
Richard, Michel, Piccon, de Pourtalès,
Rouveure et Voisin.
Tous les bonapartistes, à l'exception de
M. Eschasseriaux qui s'est abstenu — ont
voté avec le ministère. --
Tous les anciens ministres de M. Thiers,
à l'exception de l'amiral Pothuau et de M.
Casimir Périer, se sont abstenus. Ce sont
MM. Dufaure, de Rémusat, Ernest Picard,
Léon Say, Teisserenc de Bort, Wadding-
ton et général de Cissey.
Voici les noriis des membres du centre
gauche qui se sont ahstenus : MM. Arbel,
Bérenger, Charles Bernard, Bertauld, Bes-
nard, René Brice, Buée, Buisson (Seine-
Inférieure), Cézanne, général Cfiareton,
Dietz-Monin, général Duboys-Fresnay, Du-
carre, Feray, Flotard, général Frébault,
Germain, Guinot, Krantz, Laboulaye, La-
nel, Lanfrey, de Lasteyrie, Lecamus, Le-
pouzé, Pâtissier, général Pélissier, Rive,
Robert de Massy, Salvy, Scherer, Sebert,
Fidèle Simon et Vautrain.
Le duc d'Aumale, retenu par le procès
Bazaine, n'a pas voté. Le prince de Join-
ville a voté pour le maintien de l'état de
siège. -
Les déclarations faites hier au début de
la séance par MM. Casimir Périer, Po-
thuau et le général Guillemaut portent à
263 le nombre des votants contre le mi-
nistère.
On s'étonnait beaucoup de l'écart con-
sidérable qui existe entre le chiffre de la
majorité proclamé en séance — 407 voix
— et celui qui figure à l'Officiel, 386. Cet
écart de 21 voix est dû à la présence dans
l'urne de doubles bulletins au nom des
absents.
—o—*
La commission des Trente a tenu hier
sa première séance. On a d'abord procédé
à la constitution du bureau.
M. Batbie a été élu président par 22 voix
contre 5 données à M. Dufaure et 1 à M.
Laboulaye. On pourrait s'étonner de ce
qu'il y ait 6 voix données tant à M. Du-
faure qu'à M. Laboulaye, alors qu'il n'y a
que 5 membres des fractions de la gauche
dans la commission. Il paraîtrait qu'un
sixième s'est révélé inopinément. Ce se-
rait, assure-t-on, M. Antonin Lefèvre-Pon-
talis, qui aurait momentanément aban-
donné ses amis de la droite et du centre
droit.
Les vice-présidents nommés hier, sont:
MM. de Talhouët, par 29 voix, et de Ker-
drel, par 26.
Les secrétaires sont : MM. Cézanne, 27
voix, Talion, 26, et de Tarteron, 18.
Après ces deux scrutins, M. Batbie a
pris place au fauteuil de la présidence et a
remercié ses collègues. Puis il a posé la
question de publicité des séances.
M. Laboulaye s'est prononcé contre tout
compte rendu officiel, parce que, d'une
part, il serait publié trop tard, puisqu'il
devrait être adopté auparavant par la com-
mission, et que d'autre part il engagerait
la responsabilité de celle-ci.
Quant au secret, M. Laboulaye a dit que
■ | les cinq membres de la minorité, repré-
sentant au moins 300 de leurs collègues,
ne pouvaient prendre l'engagement de le
garder, et qu'ils devaient communiquer
fhLX frr>^rii de-la gauche ,tonârl.çi rense^
gnements sur les délibérations delà com-
mission.
M. de Cumont aurait désiré un comnte
rendu ofticiel, pouréviter la divergence des
comptes rendus libre?.
La commission s'est prononcée pour la
liberté. Chacun de ses membres aura la
faculté de faire — sous sa responsabilité
personnelle — telles communications qu'il
voudra. "-
La commission, avant de se séparer, a
décidé qu'eile se réunirait les mercredi et
vendredi de chaque semaine.
—o—
La commission du budget a tenu hier
une. nouvelle et très importante séance. Il
s'agissait de statuer sur les impôts nou-
veaux proposés par M. Magne, et réservés
dans la séance de la veille.
Le déficit auquel il fallait pourvoir était
de 39 millions et demi. La veille, on s'en
souvient, la commission avait déjà voté
110 millions d'impôts nouveaux. Voici la
liste des autres impôts nouveaux votés
hier :
1° Impôt de 30 centimes par 1,000 fr. sur
les chèques tirés de place à place. Cet im-
pôt ne peut être inférieur à 30 eentimes,
quelle que soit la valeur du chèque ; il ne
peut être supérieur à 100 fr., quelle que
soit également cette valeur. Le produit de
cet impôt — perçu sous forme de timbre
— e«t#vrîhjé(fà 5,000.000 fr.
'2° Impôt sur les huiles comestibles et
les huiles à brûler non minérales.
Cet impôt sera de :
6 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes de 4,000 à 10,000 âmes.
7 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes de 1,001 à 20,000 âmes.
8 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes de 20,001 à 50,000 âmes.
10 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes de 50,001 à 100,000 âmes.
12 fr. par 100 kilogr., dans les commu-
nes au-desssu de 100,000 âmes.
Le produit total de cet impôt est évalué
à 6,250,000 fr.
3° Augmentation du droit sur les huiles
minérales devant produire 2,600,000..
4° Impôt de 3 010 sur les transports par
petite vitesse par chemins de fer et par
terre devant produire 16,500,000.
Tous ces impôts réprésentent un produit
total de 29,250,000 fr. Joints à ceux votés
la veiile, ils donnent un produit de
139,883,000 fr.
La commission a définitivement repoussé
hier : l'augmentation du droit sur les ef-
fets de commerce, la taxe de la réexpédi-
tion des lettres, et la transformation de la
distribution par bureaux de poste.
L'impôt sur les transports par petite vi-
tesse a été remplacé, comme on l'a vu
plus haut, pe tur droit de 3 0[0 sur les
transports par chemins de fer et par terre.
Le droit sur les transports par eau est re-
poussé. Le transit et les envois à l'exporta-
tion sont affranchis du droit de 3 0[0.
—o—
En l'état, voici dans quelle situation se
présente le budget de 1874 :
Total des dépenses, 2.535.012.397 fr.
Produit des anciens im-
pôts, 2.389.404.199
Déficit, J45.608.198 fr.
A cette somme, il en faut
en ajouter une de 4 mil-
lions qui doit constituer
l'excédant indispensable à
tout budget, 4.000.000
Le déficit total est donc de 149.608.198 fr.
Jeudi, la commission du
budget a voté des impôts
nouveaux pour une somme
de 110.133.000
Hier, elle en a voté pour
une somme de 29.250.000 >
Le déficit n'est donc plus
en dernière analyse que de 10.225.198 fr.
'L'Union républicaine s'est réunie hier
pour procéder au renouvellement de son
bureau.
M. Crémieux a été nommé président,
MM. Barni et René Goblet vice-prési-
dents, MM. Germain Casse et Guyot se-
crétaires.
» —o—
Le dossier de l'élection du général Saus-
sier a été confié à l'examen d'une sous-
commission de trois membres du 8e bu-
reau : MM. Ducarre, Bidard et de Legge.
Ces députés ont d'abord entendu le con-
current de l'honorable général, M. Ar-
gence. 8
Puis, après l'examen des pièces, et mal-
gré l'écrasante majorité obtenue par le gé-
néral Saussier, ils arrivent à conclure à
l'invalidation. Ils prétendent que l'affichage
du vote de l'urgence sur la proposition
Philippoteaux, et du commentaire rectifi-
catif de M. Casimir Périer, a pu jeter le
trouble dans l'esprit des électeurs, et par
suite vicier le résultat du scrutin.
Mais il n'est pas douteux que le 8e bu-
reau ne repousse cette conclusion. Les
trois commissaires ne se font eux-mêmes
aucun doute à cet égard. D'ailleurs, en fût-
il autrement, l'Assemblée elle-même ne
saurait, à quelques jours de distance, se
déjuger, et invalider l'élection du général
Saussier, alors qu'elle a validé celle du gé-
néral Letellier-Valazé, faite dans des con-
ditions identiques.
—o—
Cin<} auteurs d'amendements ont été en-
tendus hier par la commission des maires :
MM. Raudot, Fournier, Lucien Brun, Tal-
Ion et Vinoy.
MM. Raudot et Lucien Brun ne veulent
pas aller aussi loin que le gouvernement le
propose. Ils voudraient faire choisir les
maires et adjoints par le pouvoir central,
mais sur une liste de candidats dressée
par les conseillers municipaux auxquels
seraient adjoints en nombres égal les plus
fort imposés de la commune.
M. Fournier, au contraire, trouve que le
projet de loi de M. de Broglie ne va pas
assez loin. Il voudrait que, dans tous les
cas, le pouvoir central pût choisir h-s mai-
res en dehors des conseils municipaux.
M. Talion demande qu'en cas de révoca-
tion, les maires soient nommés par le pré-
sident de la République et non par les pré-
fets. •
Aujourd'hui, la commission entendra les
derniers autours d'amendements, notam-
ment MM. Chaurand et Bozerian Lundi,
elle entendra le ministre de l'intérieur.
— — t.————————
LE PROCÈS BAZAINE
A mesure que le procès s'avance vers
son dénoûment, l'empressement du public
augmente. Le général Pourcet continue
son réquisitoire avec la même vigueur;
rien n'est sacrifié à l'effet; les arguments
se pressent, se groupent, et forment un
faisceau que la défense aura bien du mal à
entamer.
Après avoir démontré que le maréchal
Bazaine, au mépris de toute formule des
règlements militaires, n'a pris aucune me-
sure pour assurer les subsistances de la
place avant l'envahissement, le général
Pourcet rend un légitime hommage au
patriotisme et au dévouement de la popu-
lation messine. Ce passage du réquisitoire
sera pour les habitants de Metz un adou-
cissement à leur inconsolable douleur.
—oo—
En termes énergiques, le commissaire
du gouvernement flétrit les manœuvres
employées par le maréchal pour entraîner
la solidarité des commandants de corps.
C'est à l'aide de subterfuges qu'il surprend
leur bonne foi et leur arrache une signa-
ture, espérant ainsi diminuer sa respon-
sabilité.
-oe-
L'incident D-oyer a fourni au réquisi-
toire un de ses passages lès plus éloquents.
Qu'a fait le général Boyer? il a rapporté,
d'après les récits de M. de Bismark, un
tableau sombre, épouvantable de la situa-
tion intérieure de la France.
En supposant que le comte de Bismark
ait réellement donné à l'envoyé de Bazaine
ces nouvelles, le général Boyer, qui a rap-
porté des journaux et qui a dû en lire, savait
que ce tableau était plein d'exagérations et
de mensonges. De toute façon, le maréchal
n'ignorait pas que ces renseignements pro-
venaient d'une source suspecte; le bon
sens, la raison et les règlements militaires
l'obligeaient à se tenir en garde contre ces
nouvelles suspectes, ou tout au moins à
ne pas les laisser transpirer; et il les pu-
blie 1 il trompe ses lieutenants, il trompe
l'armée, il trompe la population! il sème,
de propos délibéré le découragement dans
l'armée et dans la ville !
Le général Pourcet retrace alors la si-
tuation exacte de la France; il montre le
gouvernement de la Défense multipliant
ses efforts pour faire face à l'ennemi; la
France entière obéissant au gouverne-
ment; s'il y a eu dans Paris un soulève-
ment, c'est précisément la nouvelle de la
capitulation du maréchal Bazaine qui l'a
suscité 1
Puis, analysant le plan criminel de Ba-
zaine, il pense que le maréchal, en vou-
lant neutraliser l'armée du Rhin contre
l'ennemi pour la réserver à comprimer une
guerre civile qui n'existait pas, ne pouvait
que diviser les forces suprêmes de la Fran-
ce, fomenter la guerre civile et se faire
l'auxiliaire de l'ennemi !
Et, à ce propos, l'orateur du gouverne-
ment a tracé en quelques mots le rôle de
l'armée.
« En face de l'ennemi, a-t-on dit, l'ar-
mée n'a qu'un devoir : celui de combattre,
sans s'inquiéter de la forme du gouverne-
ment. » 1
oo -
Le sentiment du devoir, c'est là ce
qui se retrouve à chaque phrase du réqui-
sitoire; aussi M. Pourcet n'hésite pas à
qualifier sévèrement la conduite de quel-
ques officiers, et surtout le rôle équivoque
joué par le général Boyer « qui a secondé
les intrigues de ses chefs. »
En revanche, il trouve de touchantes
expressions pour louer le dévouement obs-
cur de ces émissaires qui ont risqué leur
vie, qui se sont exposés à tous les dangers
pour apporter dans Metz des nouvelles du
dehors.
—oo—
M. Pourcet en est resté aux préliminai-
res de la capitulation. Demain, il montrera
le dénouement tragique préparé de longue
main par le maréchal Bazaine.
C'est demain que se terminera son ré-
quisitoire.
Dimanche, Me Lachaud commencera la
défense.
CH. QUENTIN.
LES ON-DIT
-' 4&-.
Les habitants du quarlier dit square
Clary étaient réveillés l'avant-dernière
nuit, à une heure du matin, par une scè1:e
dramatique rappelant le temps où les sei-
gneurs portaient la cape et l'épée.
Un coupé bourgeois s'étant arrêté, qua-
tre jeunes gens en sortirent, en se querel-
lant. Tout à coup l'un d'eux crie d'une
voix vibrante, et en dégainant sa canne à
épée : En garde! *
A ce bruit insolite, les habitants du
quartier se lèvent, ouvrent leurs fenêtres
et assistent à un duel digne du Pré-aux.
Clercs. 1
Les deux combattants sont en ligne, les
épées sont croisées, le eliqueiis retentit au
milieu du silence de la Il uit. On se bat.
Soudain, l'un d'eux se renverse en ar-
rière en poussant un cri douloureux. Il est
reçu dans les bras des deux témoins, qui
le transportent dans une maison fortement
numérotée.
Hier matin, informée de ce qui s'était
passé, la police est allée aux renseigne-
ments dans la maison indiquée, et elle a
appris que c'était une comédie que des
jeunes gens de « bonne famille » avaient
cru pouvoir jouer sous le régime de l'ordre
moral.
fi-;&)
Les travaux extérieurs de l'hôtel de la
place Saint-Georges iront complètement
lerminés. Les glaces des croisées sont en
place et les appareilleurs de gaz ont com.
mencé hier à poser les tuyaux et les can-
délabres.
Les gazons du jardin sont rétablis, les
allées sablées, et les plates-bandes n'atten-
dent plus que des massifs de plantes à
feuilles persistantes.
Si M. Thiers ne craint pas d'essuyer les v
plâtres, il pourra étrenner son nouvel hôtel
le 1er janvier. ,.
» *
m » - r- ,
Une lettre de Varsovie nous apprend que
l'on se prépare à ériger solennellement le
monument élevé à la mémoire d'un de ses
artistes les plus renommés, le compositeur
Moniu^ko.
Ce monument est l'œuvre d'un sculpteur
français d'origine polonaise, M. Cyprien
Godebski, lequel exposa à Paris, il y a
quelques années, une « Aurore » d'un très
remarquable sentiment poétique. ,
M. Godebski est venu de Saint-Péters-
bourg, où il professe à l'Académie des
Beaux-Arts, offrir à la famille de Théophile
Gautier de se charger, sans aucune rétri-
bution, du monument que les amis du
poète ont entrepris de lui élever au cime-
tière Montmartre.
L'offre-et le croquis—ont été acceptés.
L'œuvre est déjà commencée, et le tom-
beau du poëte sera inauguré le jour anni-
versaire de sa mort.
9 r
tsf$$
Une voiture de place, dans laquelle se
trouvaient M. Boulanger, peintre, et l'un
de ses amis, descendait la rue Notre Dame-
de-Lorette. Le brancard s'étant brisé, lo
cheval, le sentant battre ses jarrets, est
parti à fond de train, blessant plusieurs
personnes sur son passage.
Il s'est jeté contre la grille de Notre-"
Dame-de-Lorette, dont il a enfoncé cinq
barreaux. Le cocher, nommé Aygaleng, a
été lancé sur le-pavé, où il a reçu quelques
contusions sans gravité. ;.
M. Boulanger et son ami en ont été
quittes pour la peur.
a ./j
Un des bons tableaux de M. Meissonier,
— les Trois Amis, — a été perdu dans le
naufrage de la Ville-du-Havre. Ce tablean
était gravé depuis longtemps.
e- s m
Hier, sur le boulevard des Batignolles,
un homme cherchait à apitoyer h's pas-
sants en) se disant naufragé de la VdZe-du-
Havre, ayant perdu femme et enfants dans
le sinistre.
Cette épave a été recueillie par la po-
lice.
'{fIW.
»
Un marchand de vins du quai Jemma-
pes, qui se promenait avant-hier, vers dix
heures du soir,sur le bord du canal, aper-
çut près du pont Morlandun corps qui flot-
tait à la surfaca. Il parvint, non sans ef-
forts, à le retirer et à le déposer sur la
berge.
Il prévint alors des sergents de ville, et,
à la pointe du jour, le corps fut transporté
à la Morgue.
C'est un homme de quarante à cinquan-
te ans, vêtu d'une redingote de drap noir,
d'un gilet et d'un pantalon de la même
étoffe, chaussé de bottines vernies ; sa che-
mise et son mouchoir sont marqués des
initiales D. E.
Il n'avait sur lui aucun papier qui pût
servir à le faire reconnaître.
ire
«f €>
Le jour de la fermeture de la chasse
n'est pas encore décidé. %Mais ce sera,
comme tous les ans, vers la fin de jan-
vier.
<~ -.,
Têtu comme un Allemand, M. de Bis-
mark a entrepris de faire adopter par les
puissances étrangères, comme langue tii-
plomatique, la langue allemande.
Il n'avait point jusqu'ici entrepris de
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