Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-07-22
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 juillet 1880 22 juillet 1880
Description : 1880/07/22 (N3786). 1880/07/22 (N3786).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7532188r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
Le num-ero r- lad*, --- £ |> £ î? £ esiT?enf$ 1 1 WC0
4 Thermidor an 83 N° 378 E
- ADMINISTRATION
18, RUE DE VALOIS, 18,
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 10 »
Six mois - 2fl
DEPARTEMENTS?
Trois mois. 13 50
Six mois. 27
Aaresser lettres et maïutofs'»i ; j ¡
,. ,J
A M. ERNEST LB~Ë~R~
J&MmSTRXSEVR GÂBg^. J j :
- ;>.
REDACTION
S'aifresser au Secrétaire 3.e la Rédaction
De ii à 6 heures du soi,..
18, HUE DE VALOIS, 18
les mannscrïf snoninsères ne seront jpasteiians
ANNONCES
m Ch. IAGRANGE, CERF et C*
v 6, place de la Bourse, 6 .:
LES OUVRIERS A LA CHAMBRE
La justice démocratique, d'accord
avec la sagesse politique, veut que
le monde immense des travailleurs
manuels de l'industrie et de l'agricul-
ture soit beaucoup plus largement re-
présenté qu'il ne l'est dans le parle-
ment, surtout à la Chambre des dé-
putés. A cet égard, les revendications
formulées dans les congrès ouvriers
sont tout à fait légitimes, et il serait
très fâcheux qu'aux prochaines élec-
tions générales il n'y fût pas fait droit
dans une bonne mesure.
Mais pour qu'aux prochaines élec-
tions générales il soit fait droit plus ou
moins largement aux revendications
formulées par leurs délégués au con-
grès des travailleurs, il faut préalable-
ment, et de toute nécessité, qu'une loi
rétablisse le scrutin de liste,
La question de ce rétablissement se
discute en ce moment dans la presse
républicaine. Je ne suis pas assez au
courant de la discussion pour savoir
s'il se manifeste une opposition sé-
rieuse au retour au scrutin départe-
mental; mais j'ai le ferme espoir que
la grande majorité des organes de
l'opinion démocratique se déclarera
favorable au mode d'élection voulu
par les fondateurs mêmes du suffrage
universel. Les républicains d'aujour-
d'hui ne doivent pas oublier que le
scrutin par circonscription, voté dans
un moment où la majorité parlemen-
taire ne cherchait que le moyen d'en-
Yayer le mouvement démocratique,
était conçu comme un gage à donner
au parti de la résistance.
Sans doute, le vote par arrondisse-
ment, sur un seul nom, n'a pas empê-
ché le corps électoral d'élire une repré-
sentation en très grande majorité ré-
publicaine ; mais la vérité n'est pas
moins que, sur cinq cent trente-six dé-
putés, on ne trouve que TROIS anciens
ouvriers, excellents représentants du
Deuple assurément, mais élus quoique
et non parce qu'ils avaient été ou-
vriers.
C'est vraiment trop peu. Mais, étant
donné le scrutin uninominal, c'était
déjà beaucoup.
J'ai déjà eu l'occasion de faire re-
marquer que l'élection par arrondisse-
ment, sur un seul nom, ne permet pas
à un simple travailleur, c'est-à-dire à
an citoyen qui n'a ni argent à dépen-
ser, ni temps à perdre, de courir les
chances d'une candidature. Quand il ne
faudrait débourser que quelques cen-
taines de francs, la porte serait fermée
tux candidats ouvriers; à plus forte
raison leur est-elle fermée quand il
faut débourser cinq mille, dix mille,
quinze mille francs, et quelquefois
L/eaucoup plus, pour une candidature
incertaine de circonscription ; sans
compter la nécessité de parcourir tout
l'arrondissement, de solliciter les suf-
Jrages de tous les électeurs, soit en
public, soit à domicile. D'ailloli, un
ouvrier, eût-il toute la valeur désirable
•jpour représenter dighérrlent ? peuple
et tout le temps nécessaire, ferait ma-*
ladroitement ce métier dé solliciteur.
Ce métier ne se fait qu'à contre-cœur
, v ..i~~;-';;~.¡-~
:¥ar les candidats ayant souci de leur
dignité, et beaucoup d'hommes dis-
tingués y répugnent invinciblement. -
Le scrutin par circonscription a
bien d'autres graves inconvénients;
celui, plir exemple, de faire du can-
didat un prometteur de places, et de
l'élu un commissionnaire auprès des
ministres pour l'obtention des places
ou faveurs qu'il a promises.
Mais ce point de vue n'est pas celui
où je me place aujourd'hui. J'y revien-
drai. Pour le moment, il s'agit de sa-
voir s'il est juste et prudent d'ouvrir à
bon nombre de travailleurs l'entrée
dans la Çhambre.
Cette justice a été parfaitement re-
connue dès le premier essai du suffrage
universel, et certainement l'Assemblée
constituante de 1848 aurait compté
parmi ses membres beaucoup plus
qu'une douzaine de travailleurs ma-
nuels si, d'une part, il n'y avait eu en
ce temps-là disette de notabilités ou-
vrières, et si, d'autre partxles électeurs
ouvriers avaient eu plus de confiance en
leurs pareIls:
Les conditions ne sont plus les
mêmes. Il n'est pas de départements
où l'on ne trouvât des citoyens distin-
gués appartenant au monde des ate-
liers, et il y a lieu de croire que le pré-
jugé portant l'ouvrier à refuser la ca-
pacité politique à son semblable a
perdu beaucoup de sa force, et qu'il
finira par disparaître.
Mais ce préjugé fùt-il encore un
obstacle, la justice ne voudrait pas
moins que la masse immense des tra-
vailleurs comptât dans le parlement
un bon nombre de représentants di-
rects. Dans une démocratie vraie) la
partie de la nation qui remplit lès de-
voirs les plus pénibles ne peut être ex-
clue, ni de droit ni de fait, de l'exer-
cice de la souveraineté, et ce n'est pas
assez, certes, que la part de souverai-
neté du peuple se réduise à déposer de
temps à autre des bulletins dans l'urne
électorale. -
Et ce que veut la justice démocra-
tique, la prudence politique le veut
plus encore peut-être : elle le veut pour-
qu'il soit coupé court à un mouvement
séparatiste qui s'accuse depuis quel-
ques années dans les essais d'organisa-
tion du prolétariat. Ce n'est pas quJil
faille craindre de voir ce mouvement
aboutir; non, il n'aboutira pas, d'abord
parce qu'il est absolument contraire à
l'esprit de la Révolution, qui veut
l'unité morale de la nation et la fusion
des classes sociales; d'autre part, il
n'aboutira pas, parce que le très grand
nombre des prolétaires refuserait obs-
tinément, invinciblement, d'y partici-
per. Toutefois, il entraînerait assez de
monde pour déterminer des crises qui
seraient aussi funestes à la République
qu'au peuple lui-même. C'est pourquoi
je demande que place soit faite dans le
Parlement à la représentation directe
du prolétariat.
Et le moyen, c'est de rétablir le scru-
tin de liste.
t A. CORBON.
t •
M. Julçs Grévy ira décidément à Cher-
bourg.
Son voyage est fixé aux premiers jours
d'août.,
L'escadre d'évolution se rendra à Cher-
bourg en même temps que le président de
la République
i V ——
L'ARMEE
A lire les injures dont les journaux
réactionnaires couvrent l'armée, on
devine que l'armée est devenue répu-
blicaine, ou plutôt que la République a
rendu l'armée au sentiment du devoir,
au respect de la loi, à l'amour de la
patrie. L'armée s'est renouvelée et ré-
générée depuis dix ans. Les monar-
chies font des armées les servantes
d'un homme. Les Républiques mettent
les armées au service de la nation. La
nôtre était autrefois à l'empereur. Elle
est maintenant à la France.
Sans doute, il reste encore des chefs,
que je ne nommerai pas, mais que tout
le monde connaît, qui regrettent les
anciens régimes, qui ont encore la
haine de la démocratie. Mais je parle
ici de l'armée : des soldats, des sous-
officiers, de la plupart des officiers.
Cette armée-là est à nous, elle est au
pays, .èlle est à la République, elle est
à la loi. Les brigands qui rè vent encore
un coup d'Etat - s'il en existe — ne
peuvent plus compter sur elle.
C'est pourquoi les défenseurs de
l'autel et du trône l'insultent et là ca-
lomnient. Ils disent que c'est la partie
la plus gangrenée et par conséquent la
plus radicale de la nation. Ils racon-
tent que, le 14 juillet, les soldats ont
provoqué partout à l'émeute.
Un naïf va même jusqu'à raconter
que la police a arrêté des civils pour
les sauver d'une bande d'artilleurs qui
chantaient la Marseillaise. Les journaux
cléricaux et monarchistes en - sont ve-
nus à représenter l'armée française
comme un amas de bandits qui profite
des fêtes nationales pour dévaliser les
passants. ,
La vérité est que, grâce à nos insti-
tutions, grâce au service obligatoire,
le peuple et l'armée se sont mêlés et
ne font plus qu'un. Le soldat, qui était
citoyen hier, sait qu'il redeviendra ci-
toyen demain. Il sait plutôt qu'il ne
doit pas cesser de l'être. Il reste ci-
toyen SOUS l'aniformo ot À. ht OACERNE.
Il continue d'appartenir à la nation. Ii
partage ses convictions et ses espéran-
ces. Comme elle, il aime la République
qu'il peut être appelé un jour à défen-
dre soit contre l'étranger, soit contre
les conspirations royslistes. ,.
Le 14 juillet n'estpaslaseulepreuve
du changement qui s'est opéré dans
Parmée depuis dix ans. Qu'on se sou-
vienne du 16 mai ! A cette époque, on
avait préparé un coup d'Etat. Les dé-
pêches publiées par la grande commis-
sion d'enquête en font foi. Pourquoi
ce coup d'Etat n'a-t-il pas été exécuté?
Les chefs ont-ils été pris de remords?
Ont-ils été arrêtés par le cri de leur
conscience? Quelle plaisanterie! Non,
non. Mais ils ont certainement ren-
contré chez les soldats une résistance
invincible. La troupe ne voulait pas
marcher contre la loi. Et son attitude
a rendu le crime impossible.
Nous sommes loin du 2 décembre.
Nous sommes loin aussi de la répres-
sion de 1871. Le service obligatoire a
changé tout cela. Nos adversaires mo-
narchistes sont encore une fois dupes
de leurs intrigues. Ils avaient rêvé une
armée de guerre civile. Nous aurons
une armée nationale.,
EDOUARD LOCKROY,
LES MAIHËURSDE M. BÀRAGNON
Le Rappel a dit, l'autre jour, le com-
mencement de là mésaventure de M.
Baragnôn. Le Nu ma qui a été un mo-
ment l'Egé.rie du grand parti conserva-
teur est, depuis 1874, conseiller géné-
ral du Gard pour le canton de Ville-
neuve-lès-Avignon. Il est, depuis mgins
de temps, sénateur inamovible, mais il
l'est pour toujours, car, quand, on est
haut-chambrier inamovible, c'est à per-
pétuité : témoin les pairs héréditaires de
Charles X, les pairs à vie de Louis-Phi-
lippe et les sénateurs inamovibles de
Napoléon III. Sénateur pour toujours
et conseiller général, qui n'envierait
l'Egérie Numa? Quand M. Baragnon
passe dans les rues, tout le monde l'en-
vie, tout le monde s'écrie : Heureux
Numa, fortunée Egérie ! Hélas ! le bon-
heur et la fortune du conseiller-séna-
teur, ressemblent à ces fruits dont par-
lent les Ecritures qui, dorés et appé-
tissants à la peau, ne sont, quand on
y met la dent, que cendre et pourri-
ture.
L'inamovibilité sénatoriale'? 0 jour-
nées de juillet! ô 24 février ! ô 4 septem-
bre! Eh bien, qu'importe? M. Baragnon
ne serait plus sénateur, qu'il serait tou-
jours conseiller général de Villeneuve-
iès-Avignon. Aïe! Justement, le can-
ton de Villeneuve-lès-Avignon est con-
voqué le 1er août prochain, dans dix
jours, pour dire s'il désire conserver
M. Baragnon. Or, sa réponse est si
connue d'avance que M. Baragnon a
cru devoir se présenter — ailleurs.
Mais où? Quelle était la ville de
France qui pouvait être convenable-
ment représentée par celui dont ne
veut plus Villeneuve-lès-Avignon? M.
Baragnon a fait à Nîmes ce compli-
ment de croire que c'était elle. Il s'est
rappelé le passé. C'est Nîmes qui, sous
la terreur blanche, mérita le prix de
royalisme. Les journaux royalistes, de-
puis cinq jours, font de Nîmes le théâ-
tre des histoires qu'ils inventent contre
l'armée. S'il y avait un mot de vrai
dans les histoires royalistes, et quand
même tout en serait vrai, l'armée ne
rendrait pas aux royalistes nîmois le
millième de ce qu'ils lui firènt en 1815 :
la garnison capitula, et, malgré une
promesse formelle, fut égorgée. Les
royalistes ne royalisèrent pas que les
soldats. Le pillage des maisons, les
propriétaires jetés par les fenêtres
furent de toutes les heures. On éven-
tra trente femmes dans lés rues. On
déterra une morte de trois jours pour
la violer. Le plus ardent royaliste de
Nîmes, Trestaillons, était bon frère. Sa
sœur désirait une maison qui apparte-
nait à un ancien capitaine retiré du
service depuis quinze ans; Trestaillons
rencontra ce capitaine qui , profitait
d'un beau jour pour se promener ; il
alla à lui, et lui brûla la cervelle ; ce
capitaine laissait une femme, Trestail-
Ions la chassa de la maison et y installa
sa sœur. Trestaillons était si dévot qu'il
n'assassinait jamais le dimanche.
M. Baragnon s'est dit : Voilà ma
ville! Il s'est dit : « Je me suis engagé
à faire marcher la France; voilà une
ville qui marche toute seule : al-
lons-y! M Il y est allé. Mais il y a
trouvé — M. le comte de Bernis.
M. le comte de Bernis? Ça ne vous
dit rien? Ni à moi. Mais je n'ai pas be-
soin de savoir ce que peut être M. le
Comte de Bernis ; il me suffit de savoir
que c'est un comte, et qu'il est candi-
dat au conseil général.
Et dans une ville qui a fait ses preu-
ves de royalisme, et ces preuves-là 1
quand un comte daigne se présenter
pour le conseil général, ce comte au-
rait un concurrent! et qui? un bour-
geois, un roturier, un simple Bara-
gnon ! Ah ! c'est vous qui devez faire
marcher la France? eh bien, allez vous
asseoir. * ■
La chose était telle que le roi est
intervenu par la plume d'un autre
comte, le comte de Blacas. Je n'ai pas
besoin d'être allé à Frohsdorff pour
avoir entendu cette conversation :
— Blacas, est-ce vrai que notre Ber-
nis a un concurrent?
— Oui, sire. Un nommé Baragnon.
— Baragnon de quoi?
— Baragnon de rien.,
— Et il a l'impertinence de se pré-
senter contre un comte ! Ecrivez bien
vite à nos amis de dire son fait à ce
malotru.
M. le comte de Blacas a aussitôt
écrit aux royalistes de Nîmes. M. Ba-
ragnon l'a su, et il lui est resté un
espoir : c'est que la lettre ne serait pas-
publiée. Elle l'a été. Alors, le roya-
lisme de Nîmes lui est apparu sous un
aspect moins agréable. Il a fallu s'exé-
cuter. Le journal qui baragnonne à
Nîmes a dû se résigner à cette note
douloureuse : « Un fait nouveau vient
de se produire. Un document émané
de M. le comte de Blacas, que son au-
teur ne destinait pas à la publicité,
a été communiqué à qui l'a voulu
dans l'intérêt de la candidature
de M. le comte de Bernis. Dans ces
conditions, il né saurait convenir au
sénateur royaliste de lutter un seul
instant contre le sentiment devenu pu-
blic du représentant officiel de la cause
royale. » D'où il suit que, si le docu-
ment émané de M. lè comte de Blacas
n'avait pas été communiqué à qui l'a
voulu et si la volonté royale n'avait
été connue que de M. Baragnon, M.
Baragnon ne se serait pas gêné pour
se ficher de la volonté ravale.
Quoi qu'il en soit, le voilà renvoyé
de Nîmes comme de Villeneuve-lès-
Avignon. Tu l as voulu, lieorgesDan-
,din 1 Tu vois ce qu'on gagne à se frot-
ter à la noblesse. M. Baragnon croyait
que la monarchie lui serait plus tendre
qu'à un autre, à lui qui était venu à
elle de plus loin, à lui)IUi, si républi-
cain au 4 septembre, était devenu si
vingt-quatre-mayeux et si seize-
mayeux, à lui qui, depuis des mois,
du sud au septentrion et du po-
nant à l'orient, se fait dans toute la
France le commis-voyageur du trône
et le colporteur de l'autel. Il se figu-
rait qu'il n'aurait qu'à se nommer
pour être acclamé par tout. Il se
nomme. Et le roi, son roi ! répond :
—■ Baragnon ?
Ce nom sent le bourgeois d'une façon qui blesse,
et lui ferme au nez la porte du conseil
général.
0 monsieur Baragnon! ô Numa!
vous que des parents prévoyants, en
vous donnant le nom d'un roi qui n'a
pas existé, préparaient ingénieusement
à être le sujet d'un roi qui ne règnera
pas, croyez que le Rappel prend part à
votre chagrin. Nous comprenons l'a-
mertume d'un homme qui a lâché la
République pour la royauté et que la
royauté paye de cette ingratitude. C'est
à tomber bonapartiste 1
AUGUSTE VACQUHMB.
Les journaux bonapartistes qui se sont?
indigner de voir fêter le 14 juillet. ont ou}!
blié cette'lettre adressée, en l'an VIII)
aux représentants de la nation par lel
trois consuls, dont l'un était Bonaparte i
; 3 nivôse an VIII.
, Citoyens représentants,
Deux grandes époques ont existé dans la Ré(
volution : le d4 juillet, triomphe de la libertét
le 1er vendémiaire, fondation de la Républif
que. Cette dernière journée consacre le SOU{
venir du 10 août.
Ces journées sont impérissables dans la mM
moire des citoyens; elles ont été accueillie^
par tous les Français, avec des franaportf
unanimes, et ne réveillent aucun souvenit
qui tende à porter la division parmi les amifc
de la République. ,."
Les consuls de la République vous font etf
conséquence la proposition formelle et néces":,'
saire de déclarer qu'à l'avenir les fêtes du H','
juillet et du 1er vendémiaire seront les seule^
célébrées au nom de la République. ,
Les consuls de la République,
ROGER DUCOS, SIEYÈS, BONAPARTE,
Signé : N.-B. MARET, secrétaire général.
^■.,.1 ■ i - .i .—i ■■ .M - i, » —
• COULISSES DES CHAMBRES ;
Nous avons signalé, il y a deux jours,
l'initiative prise par un certain nombre de.
députés qui, à l'occasion du renouvelle-
ment du 1er août prochain, se sont démif
de leur mandat de conseiller général pour
ne pas le cumuler plus longtemps avec le
mandat-législalif.
En même temps que se manifestait CG'
mouvement, il se produisait un mouvez
ment inverse. Un certain nom' n de dé-
putés, en effet, cédant aux sollicitationt
de leurs électeurs, se sont décidés à se'
présenter au conseil général dans leur(
départements respectifs pour combattre;
des candidats réactionnaires. Il n'y a pai
moins actuellement de vingt députés daii
ce cas; nous citerons notamment les dé:"
putés républicains suivants :
MM. Hugot (Côte-d'Or); Vacher (Cor-j;
rèze) ; Roger (Dordogne) ; Bosc (Gard)
Constans (Haute-Garonne); Belon (Lozère)i
Lecomte (Mayenne); Baïhaut (Haute-Sa ne); Labuze (Haute-Vienne).
Tous ces députés sont répubIicainSf
mais il y a aussi des députés réactionnai;,
res dans le même cas; nous citerons no-*;
tamment MM. Levert (Pas-de-Calais) et
Bianchi (Orne). ;
Aucun de ces députés n'était jusqu'à.,
présent conseiller général.
La session des conseils généraux s'om
vrira le lundi 16 août. Le renouvellement
par moitié de ces assemblées département
lalea sera alors complètement terminé.
Le premier tour de scrutin a lieu I(
1er août, et les scrutins de ballottage au
ront lieu le 8 août. i"
Le conseil des ministres va être forcé'
de suspendre ses séances pendant toute la.
durée de cette session. Il y a, en effet, sept;
ministres sur dix qui sont ou vont êtr&
conseillers généraux.
Ce sont MM. Cazot et Varroy, qui ne soIÍf
pas soumis au renouvellement; MM. Jules
Ferry, Cochery et Magnin, qui sont soumit
au renouvellement et qui sont certains
d'être réélus, et MM. Constans et de Frey-
cinet, qui ne sont pas actuellement con-*
seillers généraux, mais qui sont candidats
aux élections du fer août et sont assurés,
d'être élus.
Il ne restera donc que M. Tirard, le ggv
néral Farre et l'amiral Jauréguiberr$
comme ministres ne faisant partie d'aucuc
conseil général.
—o—
Les élections départemen taies du 1er aoûV
déjà si importantes par elles-mêmes, ac<
quièrent une nouvelle importance par ca
fait qu'elles seront comme la préface du
second renouvellement partiel du Sénat.
Il y aura lieu, en janvier 1882,
c'est-à-dire dans dix-huit mois, de renou- ;
veler un nouveau tiers du Sénat. Or, tous:
les conseillers généraux qui vont êtrs
nommés le 1er août prochain seront ei^
fonctions en janvier 1882 et participeront
aux élections sénatoriales dans les dépar-
tements où les sénateurs seront soumis
au renouvellement, c'est-à-dire dans les
départements compris dans la série d<
l'Orne à l'Yonne. 1
Sur les 75 sénateurs faisant partie de.
Feuilleton du RAPPEL
DU 22 JUILLET' ';:
24
LES AMOURS
I
ry T'
Céuliùatioil
--. -.. .Z! .:., ','
( Suite)
M. Fargeas semblait chercM £ deTyeux
son chapeau, sans doute po;,a- ïWi lùelque
chaise, et rapidement ti^jt Sa montre, ça
hochant la tête cœ^e'un homme pressé.
— Je vous remercie, monsieur, balbutia
Jeanne.
,.~l
--::' ..,.
, Jtoir le Rappel du 29 juin ai\ 21 iujlleU ,-
— Oh! vous n'avez pas à me remer-
cier! Il y a justement un lit vide. le nu-
méro 4., salle Sainte-Claire, n'est-ce pas,
Vilandry ?.;
— Oui, le n8 4, répondit Georges, qui
sëiitait maintenant les grands yeux noirs
de Jeanne posés sur les siens.
— Bon! voilà qui est dit.
< — Pardon, monsieur, murmura tout bas
Jeànne, hésitante.
& - Quoj donc, mademoiselle ?
i Fargeas avait mis son chapeau sur sa
tête tout naturellement, et les élèves s'é-
taient levés, refermant leurs cahiers de
notes, la consultation étant finie.
— Monsieur, dit tout à coup la jeune
fille très résolument, je voudrais vous
adresser une prière.
— Je suis tout à vous, mademoiselle,
mais.,:
Il semblait vouloir ajouter : Je suis
pressé, vous le voyez. Hâtez-vous !
— Monsieur, je voudrais pouvoir ne pas
quitter ma mère !
-,>' - Vous, mademoiselle? Mais c'est im-
possible. Votre mère, une fois entrée ici,
nous appartient et nous la soignerons de
notre mieux. Vous pourrez la voir les
jours de visite, de une heure à trois
heures, le ieudi etiodjunanche.
— Je le sais; dit Jeanne. Je voudrais
mieux que cela. Je voudrais rester à côté
d'elle. là-bas.
Elle étendait la main toute droite vers
la porte qui donnait sur le laboratoire et
qui menait— elle le devinait d'instinct-
sur les salles de l'hôpital.
Georges Vilandty se sentait remué jus-
qu'au fond de l'âme. Du ton dont elle
avait parlé, à la flamme ardente qui, su-
bitement, allumait le regard de cette
grande jeune fille frêle, il eut du coup la
perception nette de ce qu'elle voulait, de
ce qu'elle demandait, en suppliante, lors-
qu'il fallait la remercier de son sacrifice.
— Mademoiselle, répondit M. Fargeas,
je conçois tout ce qu'il y a de pénible
dans de telles séparations ; mais de toute
nécessité : ou vous garderez votre malade,
ce qni me semble difficile et ce qui serait
déplorable, ou vous la confierez sans ré-
serve à nos soins.
- Monsieur, répondit Jeanna Barrai
d'un ton bref et plein de frayeur pour-
tant, je vous en supplie, usez de votre au-
torité, de votre bon vouloir pour me per-
mettre de rester ici, — comme fille de
salle.
— Fille de service? dit M. Fargeas en
.regardant en face cette enfant distinguée
et délicate sous ses pauvres vêtements de
deuil.
Vilandry avajJ. bien senti ce qu'elle allait
dire. Il éprouvait une émotion profonde,
les yeux un peu mouillés, une oppression
sur la poitrine.
— Oui, monsieur, dit Jeanne en pre-
nant la main inerte d'Hermance, qui re-
gardait devant elle, clignant des paupières,
comme si la lumière du dehors, entrant
brutalement par la fenêtre en face d'elle,
l'eût aveuglée. Oui, fille de service. Et je
servirai bien, et je soignerai les autres
comme je soignerai ma pauvre maman, et
on sera content de moi, monsieur, et ce
sera bien à vous de me la guérir et de me
permettre d'être là pour la voir renaître
sous vos soins ! Je sais, je sais tout. On
m'a dit que vous preniez pour les salles
des paysannes, des servantes, de braves
filles. je ne suis pas forte comme elles,
mais je sais beaucoup de choses. je suis
presque déjà une garde-malade. Ah 1
faites cela, monsieur ; docteur, faites cela;
c'est un nïôyê'n de soigner deux êtres au
lieu d'un : elle et moi !- N'esl-ce pas ma-
man ? demandait instinctivement Jeanne
à la malheureuse qui, l'esprit ailleurs, re-
gardait, souriait et répondait : « Oui ! oui!
oui! oui! » machinalement., ■
Les élèves avaient des envies de crier
bravo à la pauvre fille. Ils se sentaient
émus, réellement, et tout drôles. M. Far-
geas, fronçant les sourcils, regardant en
face cette enfant, timide dans la sublimité
de sa demande, grommelait on ne savait
quoi entre ses dents et, entre le pouce
et l'index, se tordait la lèvre infé-
rieure,
Vilandry savait que c'était là une des
formes de l'attendrissement du. maître,
peu sentimental par tempérament et par
habitude.
Au bout d'un moment ; Fargeas ré-
pondit :
- Eh bien ! c'est bon ! C'est une idée
eomme une autre après tout! Le costume
est joli. Le petit bonnet blanc vous ira
bien. Je fais mon affaire de votre de-
mande. C'est très bien!
— Adieu, messieurs! dit-il brusque-
ment à ses élèves.
Jeanne, dont la pâleur maintenant
rayonnait, avec un appétit de sacrifice et
de souffrance, s'écarta doucement pour
le laisser passer.
Arrivé au seuil de la porte, M. Fargeas
cessa de se tortiller la lèvre avec 'sês doigts,
et se retournant vers la jètiùe fille, il la
bombarda d'un regaïd aig~/p~.reyenan~
à elle, il lui tendit la main, la serra df
dit :
— Vous êtes une brave fille, vous !
Puis, se tournant encore vers les élèves;
et leur montrant la démente aux cheveu^
épars, quis'était hissée encore à hauteut
de la fenêtre et regardait dans la salle, d(
ses yeux gris, en chantant une chansons
dont on n'entendait que des notes gutta<
raies, des sons rauques :
—. Et qu'on lui flanque la camisole, t
celle-là, si elle continue à grimper ton(
jours comme ça! A demain!
Tous les élèves saluèrent. Georges Vi*
landry regardait Jeaane. Elle se penchait
à l'oreille de sa mère, lui murmurait quelv
ques mots à l'oreille, et la vieille fempie^'
écartant de sa face ses cheveux grisJ
envoyait, comme un enfant, du bout de £
doigts, un baiser à la porte ouverte oa(
laquelle Fargeas était sorti. ;
JULES CLARETTE,
't.I, '1QOO'Ii.)'
4 Thermidor an 83 N° 378 E
- ADMINISTRATION
18, RUE DE VALOIS, 18,
ABONNEMENTS
PARIS
Trois mois. 10 »
Six mois - 2fl
DEPARTEMENTS?
Trois mois. 13 50
Six mois. 27
Aaresser lettres et maïutofs'»i ; j ¡
,. ,J
A M. ERNEST LB~Ë~R~
J&MmSTRXSEVR GÂBg^. J j :
- ;>.
REDACTION
S'aifresser au Secrétaire 3.e la Rédaction
De ii à 6 heures du soi,..
18, HUE DE VALOIS, 18
les mannscrïf snoninsères ne seront jpasteiians
ANNONCES
m Ch. IAGRANGE, CERF et C*
v 6, place de la Bourse, 6 .:
LES OUVRIERS A LA CHAMBRE
La justice démocratique, d'accord
avec la sagesse politique, veut que
le monde immense des travailleurs
manuels de l'industrie et de l'agricul-
ture soit beaucoup plus largement re-
présenté qu'il ne l'est dans le parle-
ment, surtout à la Chambre des dé-
putés. A cet égard, les revendications
formulées dans les congrès ouvriers
sont tout à fait légitimes, et il serait
très fâcheux qu'aux prochaines élec-
tions générales il n'y fût pas fait droit
dans une bonne mesure.
Mais pour qu'aux prochaines élec-
tions générales il soit fait droit plus ou
moins largement aux revendications
formulées par leurs délégués au con-
grès des travailleurs, il faut préalable-
ment, et de toute nécessité, qu'une loi
rétablisse le scrutin de liste,
La question de ce rétablissement se
discute en ce moment dans la presse
républicaine. Je ne suis pas assez au
courant de la discussion pour savoir
s'il se manifeste une opposition sé-
rieuse au retour au scrutin départe-
mental; mais j'ai le ferme espoir que
la grande majorité des organes de
l'opinion démocratique se déclarera
favorable au mode d'élection voulu
par les fondateurs mêmes du suffrage
universel. Les républicains d'aujour-
d'hui ne doivent pas oublier que le
scrutin par circonscription, voté dans
un moment où la majorité parlemen-
taire ne cherchait que le moyen d'en-
Yayer le mouvement démocratique,
était conçu comme un gage à donner
au parti de la résistance.
Sans doute, le vote par arrondisse-
ment, sur un seul nom, n'a pas empê-
ché le corps électoral d'élire une repré-
sentation en très grande majorité ré-
publicaine ; mais la vérité n'est pas
moins que, sur cinq cent trente-six dé-
putés, on ne trouve que TROIS anciens
ouvriers, excellents représentants du
Deuple assurément, mais élus quoique
et non parce qu'ils avaient été ou-
vriers.
C'est vraiment trop peu. Mais, étant
donné le scrutin uninominal, c'était
déjà beaucoup.
J'ai déjà eu l'occasion de faire re-
marquer que l'élection par arrondisse-
ment, sur un seul nom, ne permet pas
à un simple travailleur, c'est-à-dire à
an citoyen qui n'a ni argent à dépen-
ser, ni temps à perdre, de courir les
chances d'une candidature. Quand il ne
faudrait débourser que quelques cen-
taines de francs, la porte serait fermée
tux candidats ouvriers; à plus forte
raison leur est-elle fermée quand il
faut débourser cinq mille, dix mille,
quinze mille francs, et quelquefois
L/eaucoup plus, pour une candidature
incertaine de circonscription ; sans
compter la nécessité de parcourir tout
l'arrondissement, de solliciter les suf-
Jrages de tous les électeurs, soit en
public, soit à domicile. D'ailloli, un
ouvrier, eût-il toute la valeur désirable
•jpour représenter dighérrlent ? peuple
et tout le temps nécessaire, ferait ma-*
ladroitement ce métier dé solliciteur.
Ce métier ne se fait qu'à contre-cœur
, v ..i~~;-';;~.¡-~
:¥ar les candidats ayant souci de leur
dignité, et beaucoup d'hommes dis-
tingués y répugnent invinciblement. -
Le scrutin par circonscription a
bien d'autres graves inconvénients;
celui, plir exemple, de faire du can-
didat un prometteur de places, et de
l'élu un commissionnaire auprès des
ministres pour l'obtention des places
ou faveurs qu'il a promises.
Mais ce point de vue n'est pas celui
où je me place aujourd'hui. J'y revien-
drai. Pour le moment, il s'agit de sa-
voir s'il est juste et prudent d'ouvrir à
bon nombre de travailleurs l'entrée
dans la Çhambre.
Cette justice a été parfaitement re-
connue dès le premier essai du suffrage
universel, et certainement l'Assemblée
constituante de 1848 aurait compté
parmi ses membres beaucoup plus
qu'une douzaine de travailleurs ma-
nuels si, d'une part, il n'y avait eu en
ce temps-là disette de notabilités ou-
vrières, et si, d'autre partxles électeurs
ouvriers avaient eu plus de confiance en
leurs pareIls:
Les conditions ne sont plus les
mêmes. Il n'est pas de départements
où l'on ne trouvât des citoyens distin-
gués appartenant au monde des ate-
liers, et il y a lieu de croire que le pré-
jugé portant l'ouvrier à refuser la ca-
pacité politique à son semblable a
perdu beaucoup de sa force, et qu'il
finira par disparaître.
Mais ce préjugé fùt-il encore un
obstacle, la justice ne voudrait pas
moins que la masse immense des tra-
vailleurs comptât dans le parlement
un bon nombre de représentants di-
rects. Dans une démocratie vraie) la
partie de la nation qui remplit lès de-
voirs les plus pénibles ne peut être ex-
clue, ni de droit ni de fait, de l'exer-
cice de la souveraineté, et ce n'est pas
assez, certes, que la part de souverai-
neté du peuple se réduise à déposer de
temps à autre des bulletins dans l'urne
électorale. -
Et ce que veut la justice démocra-
tique, la prudence politique le veut
plus encore peut-être : elle le veut pour-
qu'il soit coupé court à un mouvement
séparatiste qui s'accuse depuis quel-
ques années dans les essais d'organisa-
tion du prolétariat. Ce n'est pas quJil
faille craindre de voir ce mouvement
aboutir; non, il n'aboutira pas, d'abord
parce qu'il est absolument contraire à
l'esprit de la Révolution, qui veut
l'unité morale de la nation et la fusion
des classes sociales; d'autre part, il
n'aboutira pas, parce que le très grand
nombre des prolétaires refuserait obs-
tinément, invinciblement, d'y partici-
per. Toutefois, il entraînerait assez de
monde pour déterminer des crises qui
seraient aussi funestes à la République
qu'au peuple lui-même. C'est pourquoi
je demande que place soit faite dans le
Parlement à la représentation directe
du prolétariat.
Et le moyen, c'est de rétablir le scru-
tin de liste.
t A. CORBON.
t •
M. Julçs Grévy ira décidément à Cher-
bourg.
Son voyage est fixé aux premiers jours
d'août.,
L'escadre d'évolution se rendra à Cher-
bourg en même temps que le président de
la République
i V ——
L'ARMEE
A lire les injures dont les journaux
réactionnaires couvrent l'armée, on
devine que l'armée est devenue répu-
blicaine, ou plutôt que la République a
rendu l'armée au sentiment du devoir,
au respect de la loi, à l'amour de la
patrie. L'armée s'est renouvelée et ré-
générée depuis dix ans. Les monar-
chies font des armées les servantes
d'un homme. Les Républiques mettent
les armées au service de la nation. La
nôtre était autrefois à l'empereur. Elle
est maintenant à la France.
Sans doute, il reste encore des chefs,
que je ne nommerai pas, mais que tout
le monde connaît, qui regrettent les
anciens régimes, qui ont encore la
haine de la démocratie. Mais je parle
ici de l'armée : des soldats, des sous-
officiers, de la plupart des officiers.
Cette armée-là est à nous, elle est au
pays, .èlle est à la République, elle est
à la loi. Les brigands qui rè vent encore
un coup d'Etat - s'il en existe — ne
peuvent plus compter sur elle.
C'est pourquoi les défenseurs de
l'autel et du trône l'insultent et là ca-
lomnient. Ils disent que c'est la partie
la plus gangrenée et par conséquent la
plus radicale de la nation. Ils racon-
tent que, le 14 juillet, les soldats ont
provoqué partout à l'émeute.
Un naïf va même jusqu'à raconter
que la police a arrêté des civils pour
les sauver d'une bande d'artilleurs qui
chantaient la Marseillaise. Les journaux
cléricaux et monarchistes en - sont ve-
nus à représenter l'armée française
comme un amas de bandits qui profite
des fêtes nationales pour dévaliser les
passants. ,
La vérité est que, grâce à nos insti-
tutions, grâce au service obligatoire,
le peuple et l'armée se sont mêlés et
ne font plus qu'un. Le soldat, qui était
citoyen hier, sait qu'il redeviendra ci-
toyen demain. Il sait plutôt qu'il ne
doit pas cesser de l'être. Il reste ci-
toyen SOUS l'aniformo ot À. ht OACERNE.
Il continue d'appartenir à la nation. Ii
partage ses convictions et ses espéran-
ces. Comme elle, il aime la République
qu'il peut être appelé un jour à défen-
dre soit contre l'étranger, soit contre
les conspirations royslistes. ,.
Le 14 juillet n'estpaslaseulepreuve
du changement qui s'est opéré dans
Parmée depuis dix ans. Qu'on se sou-
vienne du 16 mai ! A cette époque, on
avait préparé un coup d'Etat. Les dé-
pêches publiées par la grande commis-
sion d'enquête en font foi. Pourquoi
ce coup d'Etat n'a-t-il pas été exécuté?
Les chefs ont-ils été pris de remords?
Ont-ils été arrêtés par le cri de leur
conscience? Quelle plaisanterie! Non,
non. Mais ils ont certainement ren-
contré chez les soldats une résistance
invincible. La troupe ne voulait pas
marcher contre la loi. Et son attitude
a rendu le crime impossible.
Nous sommes loin du 2 décembre.
Nous sommes loin aussi de la répres-
sion de 1871. Le service obligatoire a
changé tout cela. Nos adversaires mo-
narchistes sont encore une fois dupes
de leurs intrigues. Ils avaient rêvé une
armée de guerre civile. Nous aurons
une armée nationale.,
EDOUARD LOCKROY,
LES MAIHËURSDE M. BÀRAGNON
Le Rappel a dit, l'autre jour, le com-
mencement de là mésaventure de M.
Baragnôn. Le Nu ma qui a été un mo-
ment l'Egé.rie du grand parti conserva-
teur est, depuis 1874, conseiller géné-
ral du Gard pour le canton de Ville-
neuve-lès-Avignon. Il est, depuis mgins
de temps, sénateur inamovible, mais il
l'est pour toujours, car, quand, on est
haut-chambrier inamovible, c'est à per-
pétuité : témoin les pairs héréditaires de
Charles X, les pairs à vie de Louis-Phi-
lippe et les sénateurs inamovibles de
Napoléon III. Sénateur pour toujours
et conseiller général, qui n'envierait
l'Egérie Numa? Quand M. Baragnon
passe dans les rues, tout le monde l'en-
vie, tout le monde s'écrie : Heureux
Numa, fortunée Egérie ! Hélas ! le bon-
heur et la fortune du conseiller-séna-
teur, ressemblent à ces fruits dont par-
lent les Ecritures qui, dorés et appé-
tissants à la peau, ne sont, quand on
y met la dent, que cendre et pourri-
ture.
L'inamovibilité sénatoriale'? 0 jour-
nées de juillet! ô 24 février ! ô 4 septem-
bre! Eh bien, qu'importe? M. Baragnon
ne serait plus sénateur, qu'il serait tou-
jours conseiller général de Villeneuve-
iès-Avignon. Aïe! Justement, le can-
ton de Villeneuve-lès-Avignon est con-
voqué le 1er août prochain, dans dix
jours, pour dire s'il désire conserver
M. Baragnon. Or, sa réponse est si
connue d'avance que M. Baragnon a
cru devoir se présenter — ailleurs.
Mais où? Quelle était la ville de
France qui pouvait être convenable-
ment représentée par celui dont ne
veut plus Villeneuve-lès-Avignon? M.
Baragnon a fait à Nîmes ce compli-
ment de croire que c'était elle. Il s'est
rappelé le passé. C'est Nîmes qui, sous
la terreur blanche, mérita le prix de
royalisme. Les journaux royalistes, de-
puis cinq jours, font de Nîmes le théâ-
tre des histoires qu'ils inventent contre
l'armée. S'il y avait un mot de vrai
dans les histoires royalistes, et quand
même tout en serait vrai, l'armée ne
rendrait pas aux royalistes nîmois le
millième de ce qu'ils lui firènt en 1815 :
la garnison capitula, et, malgré une
promesse formelle, fut égorgée. Les
royalistes ne royalisèrent pas que les
soldats. Le pillage des maisons, les
propriétaires jetés par les fenêtres
furent de toutes les heures. On éven-
tra trente femmes dans lés rues. On
déterra une morte de trois jours pour
la violer. Le plus ardent royaliste de
Nîmes, Trestaillons, était bon frère. Sa
sœur désirait une maison qui apparte-
nait à un ancien capitaine retiré du
service depuis quinze ans; Trestaillons
rencontra ce capitaine qui , profitait
d'un beau jour pour se promener ; il
alla à lui, et lui brûla la cervelle ; ce
capitaine laissait une femme, Trestail-
Ions la chassa de la maison et y installa
sa sœur. Trestaillons était si dévot qu'il
n'assassinait jamais le dimanche.
M. Baragnon s'est dit : Voilà ma
ville! Il s'est dit : « Je me suis engagé
à faire marcher la France; voilà une
ville qui marche toute seule : al-
lons-y! M Il y est allé. Mais il y a
trouvé — M. le comte de Bernis.
M. le comte de Bernis? Ça ne vous
dit rien? Ni à moi. Mais je n'ai pas be-
soin de savoir ce que peut être M. le
Comte de Bernis ; il me suffit de savoir
que c'est un comte, et qu'il est candi-
dat au conseil général.
Et dans une ville qui a fait ses preu-
ves de royalisme, et ces preuves-là 1
quand un comte daigne se présenter
pour le conseil général, ce comte au-
rait un concurrent! et qui? un bour-
geois, un roturier, un simple Bara-
gnon ! Ah ! c'est vous qui devez faire
marcher la France? eh bien, allez vous
asseoir. * ■
La chose était telle que le roi est
intervenu par la plume d'un autre
comte, le comte de Blacas. Je n'ai pas
besoin d'être allé à Frohsdorff pour
avoir entendu cette conversation :
— Blacas, est-ce vrai que notre Ber-
nis a un concurrent?
— Oui, sire. Un nommé Baragnon.
— Baragnon de quoi?
— Baragnon de rien.,
— Et il a l'impertinence de se pré-
senter contre un comte ! Ecrivez bien
vite à nos amis de dire son fait à ce
malotru.
M. le comte de Blacas a aussitôt
écrit aux royalistes de Nîmes. M. Ba-
ragnon l'a su, et il lui est resté un
espoir : c'est que la lettre ne serait pas-
publiée. Elle l'a été. Alors, le roya-
lisme de Nîmes lui est apparu sous un
aspect moins agréable. Il a fallu s'exé-
cuter. Le journal qui baragnonne à
Nîmes a dû se résigner à cette note
douloureuse : « Un fait nouveau vient
de se produire. Un document émané
de M. le comte de Blacas, que son au-
teur ne destinait pas à la publicité,
a été communiqué à qui l'a voulu
dans l'intérêt de la candidature
de M. le comte de Bernis. Dans ces
conditions, il né saurait convenir au
sénateur royaliste de lutter un seul
instant contre le sentiment devenu pu-
blic du représentant officiel de la cause
royale. » D'où il suit que, si le docu-
ment émané de M. lè comte de Blacas
n'avait pas été communiqué à qui l'a
voulu et si la volonté royale n'avait
été connue que de M. Baragnon, M.
Baragnon ne se serait pas gêné pour
se ficher de la volonté ravale.
Quoi qu'il en soit, le voilà renvoyé
de Nîmes comme de Villeneuve-lès-
Avignon. Tu l as voulu, lieorgesDan-
,din 1 Tu vois ce qu'on gagne à se frot-
ter à la noblesse. M. Baragnon croyait
que la monarchie lui serait plus tendre
qu'à un autre, à lui qui était venu à
elle de plus loin, à lui)IUi, si républi-
cain au 4 septembre, était devenu si
vingt-quatre-mayeux et si seize-
mayeux, à lui qui, depuis des mois,
du sud au septentrion et du po-
nant à l'orient, se fait dans toute la
France le commis-voyageur du trône
et le colporteur de l'autel. Il se figu-
rait qu'il n'aurait qu'à se nommer
pour être acclamé par tout. Il se
nomme. Et le roi, son roi ! répond :
—■ Baragnon ?
Ce nom sent le bourgeois d'une façon qui blesse,
et lui ferme au nez la porte du conseil
général.
0 monsieur Baragnon! ô Numa!
vous que des parents prévoyants, en
vous donnant le nom d'un roi qui n'a
pas existé, préparaient ingénieusement
à être le sujet d'un roi qui ne règnera
pas, croyez que le Rappel prend part à
votre chagrin. Nous comprenons l'a-
mertume d'un homme qui a lâché la
République pour la royauté et que la
royauté paye de cette ingratitude. C'est
à tomber bonapartiste 1
AUGUSTE VACQUHMB.
Les journaux bonapartistes qui se sont?
indigner de voir fêter le 14 juillet. ont ou}!
blié cette'lettre adressée, en l'an VIII)
aux représentants de la nation par lel
trois consuls, dont l'un était Bonaparte i
; 3 nivôse an VIII.
, Citoyens représentants,
Deux grandes époques ont existé dans la Ré(
volution : le d4 juillet, triomphe de la libertét
le 1er vendémiaire, fondation de la Républif
que. Cette dernière journée consacre le SOU{
venir du 10 août.
Ces journées sont impérissables dans la mM
moire des citoyens; elles ont été accueillie^
par tous les Français, avec des franaportf
unanimes, et ne réveillent aucun souvenit
qui tende à porter la division parmi les amifc
de la République. ,."
Les consuls de la République vous font etf
conséquence la proposition formelle et néces":,'
saire de déclarer qu'à l'avenir les fêtes du H','
juillet et du 1er vendémiaire seront les seule^
célébrées au nom de la République. ,
Les consuls de la République,
ROGER DUCOS, SIEYÈS, BONAPARTE,
Signé : N.-B. MARET, secrétaire général.
^■.,.1 ■ i - .i .—i ■■ .M - i, » —
• COULISSES DES CHAMBRES ;
Nous avons signalé, il y a deux jours,
l'initiative prise par un certain nombre de.
députés qui, à l'occasion du renouvelle-
ment du 1er août prochain, se sont démif
de leur mandat de conseiller général pour
ne pas le cumuler plus longtemps avec le
mandat-législalif.
En même temps que se manifestait CG'
mouvement, il se produisait un mouvez
ment inverse. Un certain nom' n de dé-
putés, en effet, cédant aux sollicitationt
de leurs électeurs, se sont décidés à se'
présenter au conseil général dans leur(
départements respectifs pour combattre;
des candidats réactionnaires. Il n'y a pai
moins actuellement de vingt députés daii
ce cas; nous citerons notamment les dé:"
putés républicains suivants :
MM. Hugot (Côte-d'Or); Vacher (Cor-j;
rèze) ; Roger (Dordogne) ; Bosc (Gard)
Constans (Haute-Garonne); Belon (Lozère)i
Lecomte (Mayenne); Baïhaut (Haute-Sa
Tous ces députés sont répubIicainSf
mais il y a aussi des députés réactionnai;,
res dans le même cas; nous citerons no-*;
tamment MM. Levert (Pas-de-Calais) et
Bianchi (Orne). ;
Aucun de ces députés n'était jusqu'à.,
présent conseiller général.
La session des conseils généraux s'om
vrira le lundi 16 août. Le renouvellement
par moitié de ces assemblées département
lalea sera alors complètement terminé.
Le premier tour de scrutin a lieu I(
1er août, et les scrutins de ballottage au
ront lieu le 8 août. i"
Le conseil des ministres va être forcé'
de suspendre ses séances pendant toute la.
durée de cette session. Il y a, en effet, sept;
ministres sur dix qui sont ou vont êtr&
conseillers généraux.
Ce sont MM. Cazot et Varroy, qui ne soIÍf
pas soumis au renouvellement; MM. Jules
Ferry, Cochery et Magnin, qui sont soumit
au renouvellement et qui sont certains
d'être réélus, et MM. Constans et de Frey-
cinet, qui ne sont pas actuellement con-*
seillers généraux, mais qui sont candidats
aux élections du fer août et sont assurés,
d'être élus.
Il ne restera donc que M. Tirard, le ggv
néral Farre et l'amiral Jauréguiberr$
comme ministres ne faisant partie d'aucuc
conseil général.
—o—
Les élections départemen taies du 1er aoûV
déjà si importantes par elles-mêmes, ac<
quièrent une nouvelle importance par ca
fait qu'elles seront comme la préface du
second renouvellement partiel du Sénat.
Il y aura lieu, en janvier 1882,
c'est-à-dire dans dix-huit mois, de renou- ;
veler un nouveau tiers du Sénat. Or, tous:
les conseillers généraux qui vont êtrs
nommés le 1er août prochain seront ei^
fonctions en janvier 1882 et participeront
aux élections sénatoriales dans les dépar-
tements où les sénateurs seront soumis
au renouvellement, c'est-à-dire dans les
départements compris dans la série d<
l'Orne à l'Yonne. 1
Sur les 75 sénateurs faisant partie de.
Feuilleton du RAPPEL
DU 22 JUILLET' ';:
24
LES AMOURS
I
ry T'
Céuliùatioil
--. -.. .Z! .:., ','
( Suite)
M. Fargeas semblait chercM £ deTyeux
son chapeau, sans doute po;,a- ïWi lùelque
chaise, et rapidement ti^jt Sa montre, ça
hochant la tête cœ^e'un homme pressé.
— Je vous remercie, monsieur, balbutia
Jeanne.
,.~l
--::' ..,.
, Jtoir le Rappel du 29 juin ai\ 21 iujlleU ,-
— Oh! vous n'avez pas à me remer-
cier! Il y a justement un lit vide. le nu-
méro 4., salle Sainte-Claire, n'est-ce pas,
Vilandry ?.;
— Oui, le n8 4, répondit Georges, qui
sëiitait maintenant les grands yeux noirs
de Jeanne posés sur les siens.
— Bon! voilà qui est dit.
< — Pardon, monsieur, murmura tout bas
Jeànne, hésitante.
& - Quoj donc, mademoiselle ?
i Fargeas avait mis son chapeau sur sa
tête tout naturellement, et les élèves s'é-
taient levés, refermant leurs cahiers de
notes, la consultation étant finie.
— Monsieur, dit tout à coup la jeune
fille très résolument, je voudrais vous
adresser une prière.
— Je suis tout à vous, mademoiselle,
mais.,:
Il semblait vouloir ajouter : Je suis
pressé, vous le voyez. Hâtez-vous !
— Monsieur, je voudrais pouvoir ne pas
quitter ma mère !
-,>' - Vous, mademoiselle? Mais c'est im-
possible. Votre mère, une fois entrée ici,
nous appartient et nous la soignerons de
notre mieux. Vous pourrez la voir les
jours de visite, de une heure à trois
heures, le ieudi etiodjunanche.
— Je le sais; dit Jeanne. Je voudrais
mieux que cela. Je voudrais rester à côté
d'elle. là-bas.
Elle étendait la main toute droite vers
la porte qui donnait sur le laboratoire et
qui menait— elle le devinait d'instinct-
sur les salles de l'hôpital.
Georges Vilandty se sentait remué jus-
qu'au fond de l'âme. Du ton dont elle
avait parlé, à la flamme ardente qui, su-
bitement, allumait le regard de cette
grande jeune fille frêle, il eut du coup la
perception nette de ce qu'elle voulait, de
ce qu'elle demandait, en suppliante, lors-
qu'il fallait la remercier de son sacrifice.
— Mademoiselle, répondit M. Fargeas,
je conçois tout ce qu'il y a de pénible
dans de telles séparations ; mais de toute
nécessité : ou vous garderez votre malade,
ce qni me semble difficile et ce qui serait
déplorable, ou vous la confierez sans ré-
serve à nos soins.
- Monsieur, répondit Jeanna Barrai
d'un ton bref et plein de frayeur pour-
tant, je vous en supplie, usez de votre au-
torité, de votre bon vouloir pour me per-
mettre de rester ici, — comme fille de
salle.
— Fille de service? dit M. Fargeas en
.regardant en face cette enfant distinguée
et délicate sous ses pauvres vêtements de
deuil.
Vilandry avajJ. bien senti ce qu'elle allait
dire. Il éprouvait une émotion profonde,
les yeux un peu mouillés, une oppression
sur la poitrine.
— Oui, monsieur, dit Jeanne en pre-
nant la main inerte d'Hermance, qui re-
gardait devant elle, clignant des paupières,
comme si la lumière du dehors, entrant
brutalement par la fenêtre en face d'elle,
l'eût aveuglée. Oui, fille de service. Et je
servirai bien, et je soignerai les autres
comme je soignerai ma pauvre maman, et
on sera content de moi, monsieur, et ce
sera bien à vous de me la guérir et de me
permettre d'être là pour la voir renaître
sous vos soins ! Je sais, je sais tout. On
m'a dit que vous preniez pour les salles
des paysannes, des servantes, de braves
filles. je ne suis pas forte comme elles,
mais je sais beaucoup de choses. je suis
presque déjà une garde-malade. Ah 1
faites cela, monsieur ; docteur, faites cela;
c'est un nïôyê'n de soigner deux êtres au
lieu d'un : elle et moi !- N'esl-ce pas ma-
man ? demandait instinctivement Jeanne
à la malheureuse qui, l'esprit ailleurs, re-
gardait, souriait et répondait : « Oui ! oui!
oui! oui! » machinalement., ■
Les élèves avaient des envies de crier
bravo à la pauvre fille. Ils se sentaient
émus, réellement, et tout drôles. M. Far-
geas, fronçant les sourcils, regardant en
face cette enfant, timide dans la sublimité
de sa demande, grommelait on ne savait
quoi entre ses dents et, entre le pouce
et l'index, se tordait la lèvre infé-
rieure,
Vilandry savait que c'était là une des
formes de l'attendrissement du. maître,
peu sentimental par tempérament et par
habitude.
Au bout d'un moment ; Fargeas ré-
pondit :
- Eh bien ! c'est bon ! C'est une idée
eomme une autre après tout! Le costume
est joli. Le petit bonnet blanc vous ira
bien. Je fais mon affaire de votre de-
mande. C'est très bien!
— Adieu, messieurs! dit-il brusque-
ment à ses élèves.
Jeanne, dont la pâleur maintenant
rayonnait, avec un appétit de sacrifice et
de souffrance, s'écarta doucement pour
le laisser passer.
Arrivé au seuil de la porte, M. Fargeas
cessa de se tortiller la lèvre avec 'sês doigts,
et se retournant vers la jètiùe fille, il la
bombarda d'un regaïd aig~/p~.reyenan~
à elle, il lui tendit la main, la serra df
dit :
— Vous êtes une brave fille, vous !
Puis, se tournant encore vers les élèves;
et leur montrant la démente aux cheveu^
épars, quis'était hissée encore à hauteut
de la fenêtre et regardait dans la salle, d(
ses yeux gris, en chantant une chansons
dont on n'entendait que des notes gutta<
raies, des sons rauques :
—. Et qu'on lui flanque la camisole, t
celle-là, si elle continue à grimper ton(
jours comme ça! A demain!
Tous les élèves saluèrent. Georges Vi*
landry regardait Jeaane. Elle se penchait
à l'oreille de sa mère, lui murmurait quelv
ques mots à l'oreille, et la vieille fempie^'
écartant de sa face ses cheveux grisJ
envoyait, comme un enfant, du bout de £
doigts, un baiser à la porte ouverte oa(
laquelle Fargeas était sorti. ;
JULES CLARETTE,
't.I, '1QOO'Ii.)'
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