Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1880-07-19
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 juillet 1880 19 juillet 1880
Description : 1880/07/19 (N3783). 1880/07/19 (N3783).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7532185h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
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1er Thermidor an 33-i-î?» 3733
ADMINISTRATION" ,
18, HUE DE VALOIS, 18
1
ABONNEMENTS 1.
Ï'ARIS
Trois mois. 10 »
Sis mois. 20 »
DEPARTEMENTS
1 Trois mois.7* lC
Six moi s J. i- t&4j
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Adresser lettres et maiflais je
A M. ERNEST LEFEVIÍE
1
KtlDACTIUJN
S'adresser au Secrétaire de la Réflaction.
De 4 à 6 heures du soir
18, RUE DE VALOIS, 18 f
s manuscrits noninséres ne seroEtpas rendu#
ANNONCES
KM. Ch. IAGRANGE, CERF et ce
6, place de la Bourse, 6v.
L'AUTRE HENRI V
-
Puisque c'était, l'autre jour, la fête
l'Henri V, et puisque, l'autre semaine,
c'était un journal bonapartiste qui
disait que l'avant-garde du grand
parti conservateur n'était plus les
bonapartistes, mais les henriquinquis-
tes, «c'est le moment plus que jamais »
comme a dit Frédérick à la première
représentation de Tragaldabas, de dire
un mot de l' « henriquinquisme ». Le
mot que j'en dirai, c'est que, si le
comte de Chambord « revenait », il
ne serait pas le premier Henri V.
Il y a déjà eu un Henri V? Oui. Un
Henri Y roi de France? Oui, un Hen-
ri V roi de France.
- Le 5 décembre 1419, les Anglais, qui
étaient en France comme les Prussiens
y ont été en 1870, imposèrent à Charles
VI ce - traité : - « Est accordé que,
lantôt après notre trépas, la couronne
21 royaume de France demeureront et
seront perpétuellement au roi Henri V
Bt à ses hoirs. La faculté et l'exercice de
gouverner et ordonner la chose publi-
que audit royaume seront et demeure-
ront, notre vie durant, au roi Henri.
Il lui sera loisible écrire ses lettres à
nos sujets, par lesquels il mandera,
défendra et commandera, de par nous
st de par lui, comme régent.» Et bien-
tôt Henri Y fit son entrée à Paris. Les
gens d'Eglise vinrent en procession
lui faire baiser les reliques. Il alla
loger au Louvre pendant que Char-
les VI se contentait de l'hôtel Saint-
Pol. Les deux rois de France, celui
qui « régentait » l'autre et celui qui
était « couronné » comme un che-
val tombé sur les genoux, mou-
lurent presque en même temps. Alors
le roi d'armes, Berri, cria : « Dieu ac-
corde bonne vie à Henri, par la grâce
de Dieu roi de France et d'Angleterre,
notre souverain seigneur! » Le fils
d'Henri V fut sacré roi de France dans
Notre-Dame de Paris. Et il fallut pour
!e chasser cette Jeanne d' Arc que les
évêques en ont récompensée en la brû-
lant vive.
Donc, dans le cas, peu probable, où
les vœux des royalistes blancs seraient
exaucés, c'est à plusieurs points de vue
que Henri V manquerait de nouveauté.
Et comment avait-il été possible
qu'un roi de France donnât la France
à un roi anglais? Ah! c'est que ce roi
de France était le produit de ce prin-
cipe admirable : le droit divin.
J'ouvre une histoire, et je lis :
Quand il mangeait, c'était glouton-
lement et à la façon des loups. Il ne
souffrait-pas qu'on le changeât de vê-
lements ni de linge. Il portait à même
ia peau un petit morceau de fer « qui
lui avait meurtri- toute la pauvre
chair ». Un médecin dit qu'on de-
vait y remédier bien vite, ou qu'il
était en danger. Mais dès qu'on
essayait do l'approcher, il devenait
furieux et personne n'osait. Voici
ce qu'on imagina : - Douze hommes
se vêtirent de costumes hideux, se
charbonnèrent la Sgure, et brusque-
ment entrèrent, terribles, dans sa
chambre. Il eut peur et se laissa faire.
On le déshabilla entièrement, et « ce
fut grand pitié de le voir, car son
corps étoit tout mangé de poux, ver-
mine et ordure ».' Lès douze hommes
avaient apporté un habillement com-
plet, « chemise, jupon, chausses, bot-
tes ». On l'en habilla, non sans quelque
résistance. Et, ajoute Juvénal des Ur-
sins, « toutes les fois qu'on le vouloit
nettoyer, falloit que ce fust par ladite
manière ».
Quel était ce pouilleux? demandez-
vous. Ce pouilleux, c'était le droit
divin.
Ce pouilleux, c'était Charles VI, roi
de France par la grâce de Dieu.
Roi de France ? mais il était fou ! Eh
bien, est-ce que ça l'empêchait d'être
fils de Charles Y ? Le grand principe
d'hérédité monarchique ne connaît pas
plus la folie que le crime. Vous êtes un
idiot ou vous êtes un monstre, la ques-
tion n'est pas là. Etes-vous fils de vo-
tre père, ou êtes-vous censé l'être? Oui.
Alors tout ce peuple est à vous. Nous
disons au crime : Sire ! et nous sacrons
Sa Majesté la folie.
Mais, disent les royalistes, quel in-
convénient y a-t-il à ce que le roi soit
fou ? En ce cas, il ne règne que de
nom, ses oncles ou ses frères règnent
défait, et les choses n'en vont pas
plus mal. L'oncle et le frère de Char-
les VI se disputaient le pouvoir, se
battaient, s'entr'assassinaient à qui
l'aurait. Le moins fort appelait et in-
troduisait l'étranger, qui pillait et dé-
truisait. Famine. Journal des bour-
geois : « Quand venoient huit heures,
il y avoit si grande presse à la porte
des boulangers qu'il faut l'avoir vu
pour le croire. Vous auriez entendu
dans tout Paris les lamentations pi-
toyables des petits enfants qui crioient:
Je meurs de faim! On voyoit sur un fu-
mier vingt, trente enfants, garçons et
filles qui mouroient de faim et de froid !
Et il n'y avoit pas de cœur si dur qui,
les entendant crier la nuit : Je meurs
de faim, n'en eust grand pitié. »
La folie du roi avait commencé par
tuer quatre hommes dans la forêt du
Mans. Elle faillit finir par tuer la Fran-
ce. Si elle ne fit pas de la France une
morte, elle en fit la sujette de l'Angle-
terre. Voilà ce que nous rappelle, tou-
tes les fois qu'on le prononce, ce mot :
Henri V.
Oh ! mais Charles VI est une excep-
tion ; tous les rois de droit divin ne
lui ont pas ressemblé ; tous n'ont pas
été fous ; tous n'ont pas été des
pouilleux sur lesquels il fallait lâcher
une bande effrayante pour les faire
changer de chemise? Je vous demande
pardon. Tous les rois de droit divin
ont été fous, et de la pire folie, de
celle qui consiste à se croire proprié-
taire de millions d'hommes et à regar-
der un peuple comme un troupeau
r qu'on mène paître où l'on veut et dont
on se transmet de père en fils la laine
et la chair. Et il n'y a pas eu un seul
roi de France auquel il n'ait fallu arra-
cher de force les vieilles guenilles, les
abus, les'privilèges, le favoritisme, les
Superstitions, les vices, tout le linge
sale et toute la vermine du passé.
AUGUSTE VACQUERIE.
ifrl ——————————
LE PROGRAMME DES SYNDICATS
Des délégués des chambres syndicales
sont allés trouver M. le ministre de
l'intérieur. Ils lui ont demandé, au
nom de leurs chambres respectives : le
droit de réunion et d'association, la
règlementation des heures de travail,
la création d'une caisse de retraite
pour les vétérans de^l'industrie ; enfin,
que l'adjudication des travaux de l'Etat
soit misa à la portée des corporations
ouvrières.
Il n'y a rien de plus sage que ce pro-
gramme. Il est certain que les travail-
leurs ne pourront rien et ne seront
rien tant qu'ils n'auront pas entre les
mains cet instrument tout-puissant de
progrès : le droit d'association. Il est
certain que la durée du travail doit être
réglementée; qu'un Etat qui fait des
rentes aux invalides de la guerre doit
se préoccuper des invalides de l'indus-
trie; enfin, que les grands travaux ne
doivent pas être le monopole exclusif
des grands entrepreneurs.
Voilà des réformes pressantes à faire.
Ce sont les plus importantes de toutes.
Pourquoi ne les fait-on pas? C'est le
gouvernement qui s'occupera avec le
plus d'énergie des travailleurs qui aura
le plus de chance de durer et qui
fera la meilleure et la plus utile be-
sogne. Ah! si nos hommes d'Etat
voyaient bien la situation, ils en fini-
raient tout de suite avec les questions
politiques et ils s'occuperaient de la
question sociale : la seule grave et la
seule menaçante.
EDOUARD LOCKROY,
■ ■ m
LA QUESTION SOCIALE
Mai ntenant que l'amnistie est un fait
bien accompli, que le glorieux anni-
versaire de juillet 89 a produit son ad-
mirable effet, et que, d'ailleurs, la tri-
bune parlementaire est muette pour
quelques mois, nous pouvons repren-
dre l'étude de la question sociale.
A propos d'étude de la question so-
ciale, je lisais ce matin dans un jour-
nal le manifeste d'un certain nombre
de socialistes, duquel il résulterait que
le problème est résolu en principe, et
qu'il ne reste plus qu'à vaincre les ré-
sistances à son application.
Il se peut que les signataires de ce
manifeste aient trouvé une solution
qui les satisfasse ; mais ce dont je suis
absolument certain, c'est qu'il n'existe
point de solution d'une seule pièce et
ayant tout à la fois la vertu de charmer
beaucoup d'esprits en ne menaçant la
liberté de personne.
Les auteurs du factum en question
ne s'expliquent point sur leur système
social, et peut-êlre serais-je le premier
à l'accepter et le plus disposé à le pro-
pager si je le connaissais. Je veux
croire encore qu'ils ne veulent avoir
raison des résistances auxquelles ils
s'attendent que par la discussion fran-
che, sérieuse, par l'appel à l'opinion,
çt jamais par le recours aux moyens
révolutionnaires.
A mon sens, et, je puis le dire, au
sens de l'immense majorité des répu-
blicains, il n'y a plus lieu de recourir
aux moyens révolutionnaires.
Il y avait nécessité d'y avoir recours
quand la souveraineté était exercée par
une minorité de privilégiés ayant à sa
tête un roi, parce qu'à toutes les reven-
dications populaires on répondait par
le mot « jamais ! » D'ailleurs, en 1830,
en 1848, ce n'est pas le peuple qui a
commencé à user de sa force. L'offen-
sive a été prise par le gouvernement.
Sans doute celui de Charles X et celui
de Louis-Philippe eussent été emportés
par la seule manifestation des foules
soulevées contre eux. Mais la vérité
est bien que le peuple n'a fait que ré-
pondre à la force par la force.
Et il est à remarquer que toutes les
entreprises révolutionnaires préparées
en secret, éclatant tout à coup et pre-
nant l'offensive, ont échoué. Elles ont
échoué par cette raison péremptoire
qu'étant secrètement préparées, elles
n'avaient pas, elles ne pouvaient avoir
pour elles cette force morale presque
invincible qui s'appelle l'assentiment
général. On a vaincu en juillet i830, en
février i848 parce qu'on avait avec
soi l'assentiment public ; on a été battu
dans les autres insurrections parce
qu'on avait compté sans lui.
Si, dans le passé, c'a été la condition
de toute action révolutionnaire qu'elle
n'avait chance de réussir qu'autant
qu'elle avait bien certainement, bien
chaudement l'appui moral de la masse
de la nation, ce sera plus encore la
condition dans l'avenir, attendu que le
gouvernement relève désormais de l'o-
pinion publique, et que celle-ci devient
de plus en plus jalouse - de ses - droits. -
D'ailleurs, il n'y a plus lieu à une
action révolutionnaire. Une pareille
action ne serait légitime que si une
réaction triomphante portait, par im-
possible, une atteinte grave au suffrage
universel. Hors de là, le recours au
moyen révolutionnaire serait tout à la
fois un crime et une folie. Un crime,
parce qu'il serait une violation du
droit de tous; une folie, parce qu'il
échouerait misérablement.
Il est à remarquer d'ailleurs, que
tous les actes révolutionnaires qui ont
réussi, et dont nous aimons à évoquer
le souvenir, sont ceux exclusivement
qui avaient pour objet d'arracher la
souveraineté au monarque ou aux
classes dirigeantes pour la reporter au
peuple. Comprendrait-on que, du sein
de la démocratie, sortît un parti qui,
sous prétexte de faire au peuple son
bonheur malgré lui, reprît la tradition
césarienne et fît un nouveau 18 bru-
maire ou un nouveau décembre socia-
liste ?
Heureusement—je m'empresse de le
dire — ce parti n'existe pas, et ne se
formera pas. S'il y a — ce qui n'est pas
douteux — quelques esprits impa-
tients, qui croient avoir trouvé le
moyen de réaliser en un jour, en une
heure, avec des décrets, leur idéal so-
cial, ils ne sont pas nombreux et ils ne
font pas école. Lê temps des sectes est
passé. Nous sommes entrés dans l'ère
de la discussion calme, sérieuse, fé-
conde. C'est par la force seule de la
raison que le progrès social se fera
désormais.
Je demande donc, du moins j'ôx-
prime le vœu qu'on en finisse avec les
mots retentissants ou effrayants, avec
les récriminations contre les personnes,
et surtout qu'on apporte des idées à
discuter devant le grand jury qui s'ap-
pelle le public i jury souverain, qui
saura bien distinguer le vrai du faux,
le possible de l'impossible.
A. CORBON.
LA PAIX VOULUE
Dans le discours très bref et très cor-
rect prononcé par le président de la
République à la distribution des dra-
peaux, il y a une phrase qui ne saurait
passer inaperçue, car elle marque avec
autant de dignité que de précision la
fin d'une période douloureuse et le
retour de notre patrie à la situation
entièrement indépendante qu'elle avait
perdue, « L'armée, a dit M. Grévy,
l'armée, grâce à son application, à sa
discipline, est devenue pour la France
une garantie du respect qui lui est dû
et de la paix qu'elle veut conserver. »
Les mots sont des plus simples, mais
le fait qu'ils caractérisent est aussi im-
portant pour l'Europe que consolant
Dour les Français.
Depuis que la trahison et l'imbécil-
lité des hommes de l'empire avaient
anéanti nos forces militaires et mis
notre existence nationale en péril, nou s
n'avions d'autre garantie que la bien-
veillance précaire des uns, la modéra-
tion douteuse des autres. La paix était,
et demeure encore, notre plus grand
besoin; mais, pendant de longues an-
nées, nous dûmes nous borner à l'es-
pérer, à la désirer avec ardeur. Pour
la première fois depuis ce temps, le
président de la République vient de
pouvoir dire que cette paix souhaitée
par tous les peuples a aujourd'hui
pour gage la libre volonté de la Fran-
ce. Cette paix voulue sera aussi une
paix honorable, puisque, dans la même
phrase, M. Grévy a rappelé à nos sol-
phrase, qu'ils étaient pour la patrie re-
dats
naissante la garantie du respect au-
quel elle a droit.
Yoilà la situation que dix ans de pa-
tients efforts erde gouvernement libre
nous ont permis de reconquérir. Des
luttes intérieures ont rendu plus lents
certains progrès. Mais, en somme, ja-
mais, comme sous le régime de dé-
cembre, jamais la voix de la nation n'a
été complètement étouffée ; jamais un
homme ou une coterie se substituant
à la volonté de tous n'ont rendu excu-
sables, dans la masse, l'oubli et le dé-
sintéressement des intérêts généraux.
La France, comme l'a très bien rap-
pelé M. le président de la Répu-
blique, n'a reculé devant aucun sa-
crifice pour relever son armée.
C'est qu'elle n'avait pas à redou-
ter sérieusement de voir cette ar-
mée, devenue doublement son œuvre,
se retourner contre elle et sacrifier à
l'ambition criminelle d'un seul l'ave-
nir de tout un peuple. C'est parce que
la confiance du pays dan la solidité
des .institutions républicaines était sarit
bornes que ses sacrifices de toute~
sortes pour la reconstitution de notrd
état militaire ont été sans limites. C'est'
ainsi que la République, qui a rendit
si prompte et relativement si facile lai
libération du territoire, a grandement;
contribué à assurer son indépendance
dans l'avenir.
Les royalistes, les réactionnaires d4-
toute nuance, peuvent affecter de DEI,
pas voir ces choses. Elles n'échappent;"
au dehors, ni à nos amis, ni à nos en-
nemis. Nous la constatons aussi sans
en exagérer la portée, en acceptant la
formule excellente que M. le président
Grévy a donnée dans ce jour solennel
du 14 juillet et nous disons : A la paix
imposée succède la paix voulue.
A. GAULIER.
———————— 4b ————————
COULISSES DES CHAMBRES
Nous avons dit, il y a deux jours, qucf
deux ministres, MM. Jules Ferry et Co<
chery, étaient soumis au renouvellement
du 1er août prochain comme conseillers?
généraux et qu'en outre M. Gonstans, qui
n'est encore membre d'aucune assem-;
blée départementale, avait accepté laçant
didature au conseil général de la Haute.b
Garonne, pour le canton centre de Tour
louse. :-,'
Nous devons compléter ces indications;
en annonçant aujourd'hui que M. Màtfi
gnin, ministre des finances, est égalemen tt
soumis au renouvellement du 1er âottG
comme conseiller général sortant dans la
département de la Côte-d'Or.
D'autre part, nous pouvons annonCeife
que M. de Freycinet, président du co
seil, a reçu l'offre de la candidature aUf
conseil général dans le département d.
Tarn-et-Garonne, pour le canton de Beau-1
mont. Ce canton est actuellement repréjj
se nté par un réactionnaire, et les républi-}
cains de toules nuances ont la certitudd,
du succès avec la candidature du prési;
dent du conseil.
Cela fait donc cinq ministres sur dit
qui seront en jeu dans le grand mouvei
ment électoral du lor août.
D'autre part, deux sous-secrétaires d'E*]
tat sont également conseillers générauX%!
sortants: M. Turquet, des beaux-arts, quîj
est conseiller dans l'Aisne, et M. Fallièresif/
de l'intérieur, qui est conseiller dans léi
Lot-et-Garonne.
Parmi les nautes notabilités apparu
tenant au gouvernement qui son
également comprises dans cette luUEtI
électorale comme faisant partie descend
seillers généraux sortants, nous signai
Ions :
M. de Saint-Vallier, ambassadeur de
France à Berlin, qui est conseiller sor»<
tant dans l'Aisne ;
M. le général Billot, commandant le 15*
corps d'armée, qui est conseiller sortant
dans la Corrèze;
M. Hély-d'Oissel, conseiller d'Etat, que
est conseiller sortant dans Seine-et-Oise;i
M. Roussel, conseiller d'Etat, qui est
candidat républicain dans le Lot, san!f,
avoir fait partie, jusqu'à présent, du con-*
seil général de ce département;
M. Rousseau, directeur général de 1$
navigation au ministère des travaux pu*
blics, qui est conseiller sortant dans 1/*
Finistère.
A un autre point de vue nous signale.(
rons M. Mézières, membre de l'Académiti
'française, qui est conseiller général sor-
tant dans Meurthe-et-Moselle.
Un fait qui mérite d'être signalé, c'est
l'attitude d'hostilité contre le gouverne-i
ment de la République que prend un
partie de la magistrature assise. Il n'y
pas moins de cinquante conseillers der,
cours d'appel ou juges des tribunaux ciM
vils qui se posent comme candidats bonaV
partistes ou monarchistes, en sollicitant
des électeurs le renouvellement de leur?
mandat de conseiller général.
Nous citerons les plus importants, afitt
de donner une preuve de cette attitude;
Feuilleton du RAPPEL
DU 19 JUILLET -
,
21
LES AMOURS
D'UN INTERNE
IV
vdnenUatioa
- Suite)
Aux carreaux, la pauvre femme épilep-
tique aux cheveux ébouriffés, frappait de
les doigts contre la vitre et montrait à la
jeune femme et à sa mère un petit cahier
d'un sou, cahier d'écolier à couvertures à
images, ramassé on ne savait où, et répé-
tait d'une voix qui était un glapissement :
— Achetez-moi ça! Achetez-moi çal
C'est le remède pour ne pas vieillir l
- Faites taire cette femme, dit le doc-
leur Fargeas.
$wr le Mopjpel 4 29 min a.a 18 i~~-~
Un des internes alla au carreau, et, en
l'apercevant, la femme au cahier d'un
sou disparut î
— Elle sera montée sur un tabouret,
dans la cour, pour voir ce qui se passe
ici.
— Oh! elle serait facilement dange-
reuse, comme toutes les épileptiques, dit
Fargeas.
Il se tourna vers les deux femmes en
deuil, et, parlant à la mère :
— Qu'est-ce que vous avez, madame?
Comme, tout à l'heure, la femme du
Commandant avait répondu, ce fut la
jeune fille qui, montrant doucement, d'un
geste de pitié tendre la femme en che-
veux gris, plongée dans un mutisme peu-
eux, répondit :
— Ma mère est sujette à des accès bi-
garres, docteur, qui ne sont pas de l'alié-
nation, je crois, mais qui, depuis des an-
nées, la minent, la tuent. Je l'ai déjà con-
duite dans une maison de santé.
- Chez qui? demanda Fargeas.
La jeune femme donna un nom.
- Eh bien ! on a du la bien soigner là!
- Oui, docteur, mais.
La jeune femme hésita un moment, puis
très franchement, sans la fausse honte ou
le ton humble des suppliants x
— Mais cela coûte cher et mon travail
ne pouvait suffire à payer ce qu'on de-
mandait.,
- Ah! dit M. Forgeas?
Yilandry se sentait tout ému par cette
ul&ucçf yo\t_M !e.P.l\DexH. Jsajùne ]'a.vaAj
reconnu et salué d'un sourire triste, il en
éprouvait comme une sorte d'impression
joyeuse, comparable à un flot de lumière
lui arrivant en plein visage.
— Et quel est votre état ? demanda le
docteur.
— Je donnais des leçons de piano, de
français. Je faisais de la couture, des bro-
deries. Un peu de tout. Maintenant, cela
m'est difficile. Il faut que je reste] tout le
jour à côté de ma malade. Elle a des idées
sombres quelquefois. Elle a" voulu se
tuer.
M. Fargeas enfonça son regard dans les
yeux fixes de la mère, qui se tenait de-
bout, pareille, dans ses vêtements noirs,
à une statue de pierre.
Il interrogeait la fille, tout en admi-
rant cette femme amaigrie, dont les lèvres
pâles, serrées et comme cousues, ne lais-
saient pas tomber une parole, tandis que
les prunelles demeuraient fixes, regar-
dant devant elle sans paraître rien com-
prendre.
Alors Jeanne racontait la vie doulou-
reuse qu'elle avait menée, depuis son en-
fance, avec la malheureuse, dans l'immen-
sité de ce grand Paris, sourd à tant de
maux. Un jour, le père avait été rapporté,
le corps troué, dans une charrette, à la
porte d'une maison achetée pour y passer
les étés joyeux. Sous ce coup de foudre, la
raison de la jeune femme s'était comme
écroulée. Il fallait l'arracher de vive force
du bord de la fosse où l'on descendait le
,cercueil dô Pierre Barrais Elle voulait, s'y
jeter, s'y enterrer, mourir là, sur la bière
de ce mort. Cette première exaltation
morbide passait. Le babil de sa petite
Jeanne ramenait un peu de calme dans ce
pauvre cerveau malade. Il semblait déjà
que la fillette comprît tout. Quelque
chose de sérieux, de pensif se'logeait dans
cette petite tête enfantine. On eût dit
qu'elle sentait vaguement que désor-
mais, dans le chemin qui lui restait à fairç
avec Hermance Barrai, ce serait elle qui se-
rait la mère. Sans se rendre compte de
rien, elle avait l'instinct de son doux pou-
voir consolant sur cette âme blessée à
mort.
En mourant, Pierre n'avait pas laissé
d'argent à sa femme. Ce n'était pas la mi-
sère, mais c'était la gêne. On vendit la
maison de Ville-d'Avray. Ce fut pour Her-
mance un nouveau coup de couteau dans
le cœur. Elle l'aimait, ce triste logis, ce
jardin où Jeanne, toute petite, courait
après les papillons, ramassait les scara-
bées aux élytres mordorés, beaux comme
des émeraudes. Elle aimait ce coin de
terre où il lui semblait que, sur le chemin
caillouteux, devant la grille, elle eût re-
trouvé des gouttes du sang de Barrai tom-
bées par les fentes de bois de cette char-
rette de maraîcher qui avait traîné là le
cadavre.
Avec l'appétit de souffrance qu'ont ceux
qui se plaisent dans leur douleur, voulant
comme l'ivresse même de leurs maux,
Hermance BatTaI, dans ses moments les
plus lucides ou, par instinct, lorsaue sa
raison l'abandonnait, dans ses accès, en-
traînait sa fille vers la maison de Ville-
d'Avray, et, timide, silencieuse, regardait
à travers les barreaux de la grille blanche
la maison tapissée de glyéine, couverte
des larges feuilles vertes de l'aristoloche,
et la pelouse, et les pins, et l'érable blanc,
et dans un coin, près de la grille, à côté
du grand cerisier, le marronnier, qu'on
avait planté le jour du baptême de Jeanne.
— Je l'appelais Moi/ disait Hermance
en hochant la tête. Regarde comme il a
poussé ! Il n'est plus à nous.
— Viens, mère! répondait Jeanne en
essayant d'entraîner la pauvre femme, qui
s'obstinait à demeurer là immobile.
— Tu vois, répétait la veuve. C'est là
que la charrette s'est arrêtée. Ils ne
voulaient pas me laisser voir !. AhI ton
pauvre père t ton pauvre père ! Quand il
m'avait parlé comme il l'avait fait la
veille, j'aurais dû pourtant deviner qu'il
y avait un malheur sur la maison. Je n'au-
rais pas dû le laisser partir. Je suis cou-
pable. coupable. coupable.
Elle répétait le mot machinalement,
devenant pensive, comme si le gouffre de
la folie la ressaisissait, et Jeanne l'inber-
rompait, tâchait de l'arracher doucement
à cette contemplation dangereuse et di-
sait: Mère! mère ! -v.
Du fond du jardin, des cris d'enfants ve-
naient, pareils à des gazouillis d'oiseaux,
à travers les arbres. Une mère passait, se
promenait lentement sous une ombrelle
de toile. Dans un coin. un h^melieunej
en vêtement de coutil, lisait son jourriaIi
étendu dans un rocking-chaù,, sous l'aca-i
cia aux grappes roses. Des heureux, ces
inconnus qui succédaient à la pauvrai
Hermance dans le logis où l'on avait veillé té
corps de BarraI, là-haut, dans cette chamV
bre où Hermance semblait revoir encore
la pâle lueur des cierges jaunes. Il lui!
semblait que ces gens lui prenaient quelque
chose de sa vie morale, marchaient in-<
conscients sur ses plus sacrés souvenirs. ;
Elle frissonnait, se laissait emmenerj
par Jeanne, et il n'était pas rare qu'à ces!
pèlerinages douloureux, auxquels on no!
pouvait arracher cette femme, une crises
succédât, sinistre: Mme Barrai apercevant
le meurtrier de son mari — qu'elle n'a.{
vait jamais vu — et voulant le tuer, luif
yider les orbites avec ses ongles.,
Tant que Jeanne avait été petite, une
sœur de Mme Barrai, morte maintenant
et demeurée vieille fille, était venue vivre'
à Paris avec Hermance, la soigner, sifrH
veillant aussi l'éducation de l'enfant quitl
mise en classe dans des établissements da:
second ordre, dans des pensionnats da^
faubourg, apprenait pourtant, avec unet
résolution ardente, voulait tout savoirs
comme si elle eût senti que l'avenir de sa-
mère Dauvre renosait tout entier sur ellef
.JU.LEg GfcARÈÏ!j&
~~mu~
.,.,." .JI
of,. ! .: i.
1
1er Thermidor an 33-i-î?» 3733
ADMINISTRATION" ,
18, HUE DE VALOIS, 18
1
ABONNEMENTS 1.
Ï'ARIS
Trois mois. 10 »
Sis mois. 20 »
DEPARTEMENTS
1 Trois mois.7* lC
Six moi s J. i- t&4j
t -
f , .1
1 -J
Adresser lettres et maiflais je
A M. ERNEST LEFEVIÍE
1
KtlDACTIUJN
S'adresser au Secrétaire de la Réflaction.
De 4 à 6 heures du soir
18, RUE DE VALOIS, 18 f
s manuscrits noninséres ne seroEtpas rendu#
ANNONCES
KM. Ch. IAGRANGE, CERF et ce
6, place de la Bourse, 6v.
L'AUTRE HENRI V
-
Puisque c'était, l'autre jour, la fête
l'Henri V, et puisque, l'autre semaine,
c'était un journal bonapartiste qui
disait que l'avant-garde du grand
parti conservateur n'était plus les
bonapartistes, mais les henriquinquis-
tes, «c'est le moment plus que jamais »
comme a dit Frédérick à la première
représentation de Tragaldabas, de dire
un mot de l' « henriquinquisme ». Le
mot que j'en dirai, c'est que, si le
comte de Chambord « revenait », il
ne serait pas le premier Henri V.
Il y a déjà eu un Henri V? Oui. Un
Henri Y roi de France? Oui, un Hen-
ri V roi de France.
- Le 5 décembre 1419, les Anglais, qui
étaient en France comme les Prussiens
y ont été en 1870, imposèrent à Charles
VI ce - traité : - « Est accordé que,
lantôt après notre trépas, la couronne
21 royaume de France demeureront et
seront perpétuellement au roi Henri V
Bt à ses hoirs. La faculté et l'exercice de
gouverner et ordonner la chose publi-
que audit royaume seront et demeure-
ront, notre vie durant, au roi Henri.
Il lui sera loisible écrire ses lettres à
nos sujets, par lesquels il mandera,
défendra et commandera, de par nous
st de par lui, comme régent.» Et bien-
tôt Henri Y fit son entrée à Paris. Les
gens d'Eglise vinrent en procession
lui faire baiser les reliques. Il alla
loger au Louvre pendant que Char-
les VI se contentait de l'hôtel Saint-
Pol. Les deux rois de France, celui
qui « régentait » l'autre et celui qui
était « couronné » comme un che-
val tombé sur les genoux, mou-
lurent presque en même temps. Alors
le roi d'armes, Berri, cria : « Dieu ac-
corde bonne vie à Henri, par la grâce
de Dieu roi de France et d'Angleterre,
notre souverain seigneur! » Le fils
d'Henri V fut sacré roi de France dans
Notre-Dame de Paris. Et il fallut pour
!e chasser cette Jeanne d' Arc que les
évêques en ont récompensée en la brû-
lant vive.
Donc, dans le cas, peu probable, où
les vœux des royalistes blancs seraient
exaucés, c'est à plusieurs points de vue
que Henri V manquerait de nouveauté.
Et comment avait-il été possible
qu'un roi de France donnât la France
à un roi anglais? Ah! c'est que ce roi
de France était le produit de ce prin-
cipe admirable : le droit divin.
J'ouvre une histoire, et je lis :
Quand il mangeait, c'était glouton-
lement et à la façon des loups. Il ne
souffrait-pas qu'on le changeât de vê-
lements ni de linge. Il portait à même
ia peau un petit morceau de fer « qui
lui avait meurtri- toute la pauvre
chair ». Un médecin dit qu'on de-
vait y remédier bien vite, ou qu'il
était en danger. Mais dès qu'on
essayait do l'approcher, il devenait
furieux et personne n'osait. Voici
ce qu'on imagina : - Douze hommes
se vêtirent de costumes hideux, se
charbonnèrent la Sgure, et brusque-
ment entrèrent, terribles, dans sa
chambre. Il eut peur et se laissa faire.
On le déshabilla entièrement, et « ce
fut grand pitié de le voir, car son
corps étoit tout mangé de poux, ver-
mine et ordure ».' Lès douze hommes
avaient apporté un habillement com-
plet, « chemise, jupon, chausses, bot-
tes ». On l'en habilla, non sans quelque
résistance. Et, ajoute Juvénal des Ur-
sins, « toutes les fois qu'on le vouloit
nettoyer, falloit que ce fust par ladite
manière ».
Quel était ce pouilleux? demandez-
vous. Ce pouilleux, c'était le droit
divin.
Ce pouilleux, c'était Charles VI, roi
de France par la grâce de Dieu.
Roi de France ? mais il était fou ! Eh
bien, est-ce que ça l'empêchait d'être
fils de Charles Y ? Le grand principe
d'hérédité monarchique ne connaît pas
plus la folie que le crime. Vous êtes un
idiot ou vous êtes un monstre, la ques-
tion n'est pas là. Etes-vous fils de vo-
tre père, ou êtes-vous censé l'être? Oui.
Alors tout ce peuple est à vous. Nous
disons au crime : Sire ! et nous sacrons
Sa Majesté la folie.
Mais, disent les royalistes, quel in-
convénient y a-t-il à ce que le roi soit
fou ? En ce cas, il ne règne que de
nom, ses oncles ou ses frères règnent
défait, et les choses n'en vont pas
plus mal. L'oncle et le frère de Char-
les VI se disputaient le pouvoir, se
battaient, s'entr'assassinaient à qui
l'aurait. Le moins fort appelait et in-
troduisait l'étranger, qui pillait et dé-
truisait. Famine. Journal des bour-
geois : « Quand venoient huit heures,
il y avoit si grande presse à la porte
des boulangers qu'il faut l'avoir vu
pour le croire. Vous auriez entendu
dans tout Paris les lamentations pi-
toyables des petits enfants qui crioient:
Je meurs de faim! On voyoit sur un fu-
mier vingt, trente enfants, garçons et
filles qui mouroient de faim et de froid !
Et il n'y avoit pas de cœur si dur qui,
les entendant crier la nuit : Je meurs
de faim, n'en eust grand pitié. »
La folie du roi avait commencé par
tuer quatre hommes dans la forêt du
Mans. Elle faillit finir par tuer la Fran-
ce. Si elle ne fit pas de la France une
morte, elle en fit la sujette de l'Angle-
terre. Voilà ce que nous rappelle, tou-
tes les fois qu'on le prononce, ce mot :
Henri V.
Oh ! mais Charles VI est une excep-
tion ; tous les rois de droit divin ne
lui ont pas ressemblé ; tous n'ont pas
été fous ; tous n'ont pas été des
pouilleux sur lesquels il fallait lâcher
une bande effrayante pour les faire
changer de chemise? Je vous demande
pardon. Tous les rois de droit divin
ont été fous, et de la pire folie, de
celle qui consiste à se croire proprié-
taire de millions d'hommes et à regar-
der un peuple comme un troupeau
r qu'on mène paître où l'on veut et dont
on se transmet de père en fils la laine
et la chair. Et il n'y a pas eu un seul
roi de France auquel il n'ait fallu arra-
cher de force les vieilles guenilles, les
abus, les'privilèges, le favoritisme, les
Superstitions, les vices, tout le linge
sale et toute la vermine du passé.
AUGUSTE VACQUERIE.
ifrl ——————————
LE PROGRAMME DES SYNDICATS
Des délégués des chambres syndicales
sont allés trouver M. le ministre de
l'intérieur. Ils lui ont demandé, au
nom de leurs chambres respectives : le
droit de réunion et d'association, la
règlementation des heures de travail,
la création d'une caisse de retraite
pour les vétérans de^l'industrie ; enfin,
que l'adjudication des travaux de l'Etat
soit misa à la portée des corporations
ouvrières.
Il n'y a rien de plus sage que ce pro-
gramme. Il est certain que les travail-
leurs ne pourront rien et ne seront
rien tant qu'ils n'auront pas entre les
mains cet instrument tout-puissant de
progrès : le droit d'association. Il est
certain que la durée du travail doit être
réglementée; qu'un Etat qui fait des
rentes aux invalides de la guerre doit
se préoccuper des invalides de l'indus-
trie; enfin, que les grands travaux ne
doivent pas être le monopole exclusif
des grands entrepreneurs.
Voilà des réformes pressantes à faire.
Ce sont les plus importantes de toutes.
Pourquoi ne les fait-on pas? C'est le
gouvernement qui s'occupera avec le
plus d'énergie des travailleurs qui aura
le plus de chance de durer et qui
fera la meilleure et la plus utile be-
sogne. Ah! si nos hommes d'Etat
voyaient bien la situation, ils en fini-
raient tout de suite avec les questions
politiques et ils s'occuperaient de la
question sociale : la seule grave et la
seule menaçante.
EDOUARD LOCKROY,
■ ■ m
LA QUESTION SOCIALE
Mai ntenant que l'amnistie est un fait
bien accompli, que le glorieux anni-
versaire de juillet 89 a produit son ad-
mirable effet, et que, d'ailleurs, la tri-
bune parlementaire est muette pour
quelques mois, nous pouvons repren-
dre l'étude de la question sociale.
A propos d'étude de la question so-
ciale, je lisais ce matin dans un jour-
nal le manifeste d'un certain nombre
de socialistes, duquel il résulterait que
le problème est résolu en principe, et
qu'il ne reste plus qu'à vaincre les ré-
sistances à son application.
Il se peut que les signataires de ce
manifeste aient trouvé une solution
qui les satisfasse ; mais ce dont je suis
absolument certain, c'est qu'il n'existe
point de solution d'une seule pièce et
ayant tout à la fois la vertu de charmer
beaucoup d'esprits en ne menaçant la
liberté de personne.
Les auteurs du factum en question
ne s'expliquent point sur leur système
social, et peut-êlre serais-je le premier
à l'accepter et le plus disposé à le pro-
pager si je le connaissais. Je veux
croire encore qu'ils ne veulent avoir
raison des résistances auxquelles ils
s'attendent que par la discussion fran-
che, sérieuse, par l'appel à l'opinion,
çt jamais par le recours aux moyens
révolutionnaires.
A mon sens, et, je puis le dire, au
sens de l'immense majorité des répu-
blicains, il n'y a plus lieu de recourir
aux moyens révolutionnaires.
Il y avait nécessité d'y avoir recours
quand la souveraineté était exercée par
une minorité de privilégiés ayant à sa
tête un roi, parce qu'à toutes les reven-
dications populaires on répondait par
le mot « jamais ! » D'ailleurs, en 1830,
en 1848, ce n'est pas le peuple qui a
commencé à user de sa force. L'offen-
sive a été prise par le gouvernement.
Sans doute celui de Charles X et celui
de Louis-Philippe eussent été emportés
par la seule manifestation des foules
soulevées contre eux. Mais la vérité
est bien que le peuple n'a fait que ré-
pondre à la force par la force.
Et il est à remarquer que toutes les
entreprises révolutionnaires préparées
en secret, éclatant tout à coup et pre-
nant l'offensive, ont échoué. Elles ont
échoué par cette raison péremptoire
qu'étant secrètement préparées, elles
n'avaient pas, elles ne pouvaient avoir
pour elles cette force morale presque
invincible qui s'appelle l'assentiment
général. On a vaincu en juillet i830, en
février i848 parce qu'on avait avec
soi l'assentiment public ; on a été battu
dans les autres insurrections parce
qu'on avait compté sans lui.
Si, dans le passé, c'a été la condition
de toute action révolutionnaire qu'elle
n'avait chance de réussir qu'autant
qu'elle avait bien certainement, bien
chaudement l'appui moral de la masse
de la nation, ce sera plus encore la
condition dans l'avenir, attendu que le
gouvernement relève désormais de l'o-
pinion publique, et que celle-ci devient
de plus en plus jalouse - de ses - droits. -
D'ailleurs, il n'y a plus lieu à une
action révolutionnaire. Une pareille
action ne serait légitime que si une
réaction triomphante portait, par im-
possible, une atteinte grave au suffrage
universel. Hors de là, le recours au
moyen révolutionnaire serait tout à la
fois un crime et une folie. Un crime,
parce qu'il serait une violation du
droit de tous; une folie, parce qu'il
échouerait misérablement.
Il est à remarquer d'ailleurs, que
tous les actes révolutionnaires qui ont
réussi, et dont nous aimons à évoquer
le souvenir, sont ceux exclusivement
qui avaient pour objet d'arracher la
souveraineté au monarque ou aux
classes dirigeantes pour la reporter au
peuple. Comprendrait-on que, du sein
de la démocratie, sortît un parti qui,
sous prétexte de faire au peuple son
bonheur malgré lui, reprît la tradition
césarienne et fît un nouveau 18 bru-
maire ou un nouveau décembre socia-
liste ?
Heureusement—je m'empresse de le
dire — ce parti n'existe pas, et ne se
formera pas. S'il y a — ce qui n'est pas
douteux — quelques esprits impa-
tients, qui croient avoir trouvé le
moyen de réaliser en un jour, en une
heure, avec des décrets, leur idéal so-
cial, ils ne sont pas nombreux et ils ne
font pas école. Lê temps des sectes est
passé. Nous sommes entrés dans l'ère
de la discussion calme, sérieuse, fé-
conde. C'est par la force seule de la
raison que le progrès social se fera
désormais.
Je demande donc, du moins j'ôx-
prime le vœu qu'on en finisse avec les
mots retentissants ou effrayants, avec
les récriminations contre les personnes,
et surtout qu'on apporte des idées à
discuter devant le grand jury qui s'ap-
pelle le public i jury souverain, qui
saura bien distinguer le vrai du faux,
le possible de l'impossible.
A. CORBON.
LA PAIX VOULUE
Dans le discours très bref et très cor-
rect prononcé par le président de la
République à la distribution des dra-
peaux, il y a une phrase qui ne saurait
passer inaperçue, car elle marque avec
autant de dignité que de précision la
fin d'une période douloureuse et le
retour de notre patrie à la situation
entièrement indépendante qu'elle avait
perdue, « L'armée, a dit M. Grévy,
l'armée, grâce à son application, à sa
discipline, est devenue pour la France
une garantie du respect qui lui est dû
et de la paix qu'elle veut conserver. »
Les mots sont des plus simples, mais
le fait qu'ils caractérisent est aussi im-
portant pour l'Europe que consolant
Dour les Français.
Depuis que la trahison et l'imbécil-
lité des hommes de l'empire avaient
anéanti nos forces militaires et mis
notre existence nationale en péril, nou s
n'avions d'autre garantie que la bien-
veillance précaire des uns, la modéra-
tion douteuse des autres. La paix était,
et demeure encore, notre plus grand
besoin; mais, pendant de longues an-
nées, nous dûmes nous borner à l'es-
pérer, à la désirer avec ardeur. Pour
la première fois depuis ce temps, le
président de la République vient de
pouvoir dire que cette paix souhaitée
par tous les peuples a aujourd'hui
pour gage la libre volonté de la Fran-
ce. Cette paix voulue sera aussi une
paix honorable, puisque, dans la même
phrase, M. Grévy a rappelé à nos sol-
phrase, qu'ils étaient pour la patrie re-
dats
naissante la garantie du respect au-
quel elle a droit.
Yoilà la situation que dix ans de pa-
tients efforts erde gouvernement libre
nous ont permis de reconquérir. Des
luttes intérieures ont rendu plus lents
certains progrès. Mais, en somme, ja-
mais, comme sous le régime de dé-
cembre, jamais la voix de la nation n'a
été complètement étouffée ; jamais un
homme ou une coterie se substituant
à la volonté de tous n'ont rendu excu-
sables, dans la masse, l'oubli et le dé-
sintéressement des intérêts généraux.
La France, comme l'a très bien rap-
pelé M. le président de la Répu-
blique, n'a reculé devant aucun sa-
crifice pour relever son armée.
C'est qu'elle n'avait pas à redou-
ter sérieusement de voir cette ar-
mée, devenue doublement son œuvre,
se retourner contre elle et sacrifier à
l'ambition criminelle d'un seul l'ave-
nir de tout un peuple. C'est parce que
la confiance du pays dan la solidité
des .institutions républicaines était sarit
bornes que ses sacrifices de toute~
sortes pour la reconstitution de notrd
état militaire ont été sans limites. C'est'
ainsi que la République, qui a rendit
si prompte et relativement si facile lai
libération du territoire, a grandement;
contribué à assurer son indépendance
dans l'avenir.
Les royalistes, les réactionnaires d4-
toute nuance, peuvent affecter de DEI,
pas voir ces choses. Elles n'échappent;"
au dehors, ni à nos amis, ni à nos en-
nemis. Nous la constatons aussi sans
en exagérer la portée, en acceptant la
formule excellente que M. le président
Grévy a donnée dans ce jour solennel
du 14 juillet et nous disons : A la paix
imposée succède la paix voulue.
A. GAULIER.
———————— 4b ————————
COULISSES DES CHAMBRES
Nous avons dit, il y a deux jours, qucf
deux ministres, MM. Jules Ferry et Co<
chery, étaient soumis au renouvellement
du 1er août prochain comme conseillers?
généraux et qu'en outre M. Gonstans, qui
n'est encore membre d'aucune assem-;
blée départementale, avait accepté laçant
didature au conseil général de la Haute.b
Garonne, pour le canton centre de Tour
louse. :-,'
Nous devons compléter ces indications;
en annonçant aujourd'hui que M. Màtfi
gnin, ministre des finances, est égalemen tt
soumis au renouvellement du 1er âottG
comme conseiller général sortant dans la
département de la Côte-d'Or.
D'autre part, nous pouvons annonCeife
que M. de Freycinet, président du co
seil, a reçu l'offre de la candidature aUf
conseil général dans le département d.
Tarn-et-Garonne, pour le canton de Beau-1
mont. Ce canton est actuellement repréjj
se nté par un réactionnaire, et les républi-}
cains de toules nuances ont la certitudd,
du succès avec la candidature du prési;
dent du conseil.
Cela fait donc cinq ministres sur dit
qui seront en jeu dans le grand mouvei
ment électoral du lor août.
D'autre part, deux sous-secrétaires d'E*]
tat sont également conseillers générauX%!
sortants: M. Turquet, des beaux-arts, quîj
est conseiller dans l'Aisne, et M. Fallièresif/
de l'intérieur, qui est conseiller dans léi
Lot-et-Garonne.
Parmi les nautes notabilités apparu
tenant au gouvernement qui son
également comprises dans cette luUEtI
électorale comme faisant partie descend
seillers généraux sortants, nous signai
Ions :
M. de Saint-Vallier, ambassadeur de
France à Berlin, qui est conseiller sor»<
tant dans l'Aisne ;
M. le général Billot, commandant le 15*
corps d'armée, qui est conseiller sortant
dans la Corrèze;
M. Hély-d'Oissel, conseiller d'Etat, que
est conseiller sortant dans Seine-et-Oise;i
M. Roussel, conseiller d'Etat, qui est
candidat républicain dans le Lot, san!f,
avoir fait partie, jusqu'à présent, du con-*
seil général de ce département;
M. Rousseau, directeur général de 1$
navigation au ministère des travaux pu*
blics, qui est conseiller sortant dans 1/*
Finistère.
A un autre point de vue nous signale.(
rons M. Mézières, membre de l'Académiti
'française, qui est conseiller général sor-
tant dans Meurthe-et-Moselle.
Un fait qui mérite d'être signalé, c'est
l'attitude d'hostilité contre le gouverne-i
ment de la République que prend un
partie de la magistrature assise. Il n'y
pas moins de cinquante conseillers der,
cours d'appel ou juges des tribunaux ciM
vils qui se posent comme candidats bonaV
partistes ou monarchistes, en sollicitant
des électeurs le renouvellement de leur?
mandat de conseiller général.
Nous citerons les plus importants, afitt
de donner une preuve de cette attitude;
Feuilleton du RAPPEL
DU 19 JUILLET -
,
21
LES AMOURS
D'UN INTERNE
IV
vdnenUatioa
- Suite)
Aux carreaux, la pauvre femme épilep-
tique aux cheveux ébouriffés, frappait de
les doigts contre la vitre et montrait à la
jeune femme et à sa mère un petit cahier
d'un sou, cahier d'écolier à couvertures à
images, ramassé on ne savait où, et répé-
tait d'une voix qui était un glapissement :
— Achetez-moi ça! Achetez-moi çal
C'est le remède pour ne pas vieillir l
- Faites taire cette femme, dit le doc-
leur Fargeas.
$wr le Mopjpel 4 29 min a.a 18 i~~-~
Un des internes alla au carreau, et, en
l'apercevant, la femme au cahier d'un
sou disparut î
— Elle sera montée sur un tabouret,
dans la cour, pour voir ce qui se passe
ici.
— Oh! elle serait facilement dange-
reuse, comme toutes les épileptiques, dit
Fargeas.
Il se tourna vers les deux femmes en
deuil, et, parlant à la mère :
— Qu'est-ce que vous avez, madame?
Comme, tout à l'heure, la femme du
Commandant avait répondu, ce fut la
jeune fille qui, montrant doucement, d'un
geste de pitié tendre la femme en che-
veux gris, plongée dans un mutisme peu-
eux, répondit :
— Ma mère est sujette à des accès bi-
garres, docteur, qui ne sont pas de l'alié-
nation, je crois, mais qui, depuis des an-
nées, la minent, la tuent. Je l'ai déjà con-
duite dans une maison de santé.
- Chez qui? demanda Fargeas.
La jeune femme donna un nom.
- Eh bien ! on a du la bien soigner là!
- Oui, docteur, mais.
La jeune femme hésita un moment, puis
très franchement, sans la fausse honte ou
le ton humble des suppliants x
— Mais cela coûte cher et mon travail
ne pouvait suffire à payer ce qu'on de-
mandait.,
- Ah! dit M. Forgeas?
Yilandry se sentait tout ému par cette
ul&ucçf yo\t_M !e.P.l\DexH. Jsajùne ]'a.vaAj
reconnu et salué d'un sourire triste, il en
éprouvait comme une sorte d'impression
joyeuse, comparable à un flot de lumière
lui arrivant en plein visage.
— Et quel est votre état ? demanda le
docteur.
— Je donnais des leçons de piano, de
français. Je faisais de la couture, des bro-
deries. Un peu de tout. Maintenant, cela
m'est difficile. Il faut que je reste] tout le
jour à côté de ma malade. Elle a des idées
sombres quelquefois. Elle a" voulu se
tuer.
M. Fargeas enfonça son regard dans les
yeux fixes de la mère, qui se tenait de-
bout, pareille, dans ses vêtements noirs,
à une statue de pierre.
Il interrogeait la fille, tout en admi-
rant cette femme amaigrie, dont les lèvres
pâles, serrées et comme cousues, ne lais-
saient pas tomber une parole, tandis que
les prunelles demeuraient fixes, regar-
dant devant elle sans paraître rien com-
prendre.
Alors Jeanne racontait la vie doulou-
reuse qu'elle avait menée, depuis son en-
fance, avec la malheureuse, dans l'immen-
sité de ce grand Paris, sourd à tant de
maux. Un jour, le père avait été rapporté,
le corps troué, dans une charrette, à la
porte d'une maison achetée pour y passer
les étés joyeux. Sous ce coup de foudre, la
raison de la jeune femme s'était comme
écroulée. Il fallait l'arracher de vive force
du bord de la fosse où l'on descendait le
,cercueil dô Pierre Barrais Elle voulait, s'y
jeter, s'y enterrer, mourir là, sur la bière
de ce mort. Cette première exaltation
morbide passait. Le babil de sa petite
Jeanne ramenait un peu de calme dans ce
pauvre cerveau malade. Il semblait déjà
que la fillette comprît tout. Quelque
chose de sérieux, de pensif se'logeait dans
cette petite tête enfantine. On eût dit
qu'elle sentait vaguement que désor-
mais, dans le chemin qui lui restait à fairç
avec Hermance Barrai, ce serait elle qui se-
rait la mère. Sans se rendre compte de
rien, elle avait l'instinct de son doux pou-
voir consolant sur cette âme blessée à
mort.
En mourant, Pierre n'avait pas laissé
d'argent à sa femme. Ce n'était pas la mi-
sère, mais c'était la gêne. On vendit la
maison de Ville-d'Avray. Ce fut pour Her-
mance un nouveau coup de couteau dans
le cœur. Elle l'aimait, ce triste logis, ce
jardin où Jeanne, toute petite, courait
après les papillons, ramassait les scara-
bées aux élytres mordorés, beaux comme
des émeraudes. Elle aimait ce coin de
terre où il lui semblait que, sur le chemin
caillouteux, devant la grille, elle eût re-
trouvé des gouttes du sang de Barrai tom-
bées par les fentes de bois de cette char-
rette de maraîcher qui avait traîné là le
cadavre.
Avec l'appétit de souffrance qu'ont ceux
qui se plaisent dans leur douleur, voulant
comme l'ivresse même de leurs maux,
Hermance BatTaI, dans ses moments les
plus lucides ou, par instinct, lorsaue sa
raison l'abandonnait, dans ses accès, en-
traînait sa fille vers la maison de Ville-
d'Avray, et, timide, silencieuse, regardait
à travers les barreaux de la grille blanche
la maison tapissée de glyéine, couverte
des larges feuilles vertes de l'aristoloche,
et la pelouse, et les pins, et l'érable blanc,
et dans un coin, près de la grille, à côté
du grand cerisier, le marronnier, qu'on
avait planté le jour du baptême de Jeanne.
— Je l'appelais Moi/ disait Hermance
en hochant la tête. Regarde comme il a
poussé ! Il n'est plus à nous.
— Viens, mère! répondait Jeanne en
essayant d'entraîner la pauvre femme, qui
s'obstinait à demeurer là immobile.
— Tu vois, répétait la veuve. C'est là
que la charrette s'est arrêtée. Ils ne
voulaient pas me laisser voir !. AhI ton
pauvre père t ton pauvre père ! Quand il
m'avait parlé comme il l'avait fait la
veille, j'aurais dû pourtant deviner qu'il
y avait un malheur sur la maison. Je n'au-
rais pas dû le laisser partir. Je suis cou-
pable. coupable. coupable.
Elle répétait le mot machinalement,
devenant pensive, comme si le gouffre de
la folie la ressaisissait, et Jeanne l'inber-
rompait, tâchait de l'arracher doucement
à cette contemplation dangereuse et di-
sait: Mère! mère ! -v.
Du fond du jardin, des cris d'enfants ve-
naient, pareils à des gazouillis d'oiseaux,
à travers les arbres. Une mère passait, se
promenait lentement sous une ombrelle
de toile. Dans un coin. un h^melieunej
en vêtement de coutil, lisait son jourriaIi
étendu dans un rocking-chaù,, sous l'aca-i
cia aux grappes roses. Des heureux, ces
inconnus qui succédaient à la pauvrai
Hermance dans le logis où l'on avait veillé té
corps de BarraI, là-haut, dans cette chamV
bre où Hermance semblait revoir encore
la pâle lueur des cierges jaunes. Il lui!
semblait que ces gens lui prenaient quelque
chose de sa vie morale, marchaient in-<
conscients sur ses plus sacrés souvenirs. ;
Elle frissonnait, se laissait emmenerj
par Jeanne, et il n'était pas rare qu'à ces!
pèlerinages douloureux, auxquels on no!
pouvait arracher cette femme, une crises
succédât, sinistre: Mme Barrai apercevant
le meurtrier de son mari — qu'elle n'a.{
vait jamais vu — et voulant le tuer, luif
yider les orbites avec ses ongles.,
Tant que Jeanne avait été petite, une
sœur de Mme Barrai, morte maintenant
et demeurée vieille fille, était venue vivre'
à Paris avec Hermance, la soigner, sifrH
veillant aussi l'éducation de l'enfant quitl
mise en classe dans des établissements da:
second ordre, dans des pensionnats da^
faubourg, apprenait pourtant, avec unet
résolution ardente, voulait tout savoirs
comme si elle eût senti que l'avenir de sa-
mère Dauvre renosait tout entier sur ellef
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