Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-08-10
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 août 1882 10 août 1882
Description : 1882/08/10 (N4535). 1882/08/10 (N4535).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75320232
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2012
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PARIS
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Adresser lettres et manflals i 3i j | j
A M. ERNEST LEFÈVRS
É&LM1SISTRATEÎJR GERANT
fj' - - - -
, RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
( De i à 6 heures du loir
| 68» ê?B DB yALOlfa 49
-
es manuscrits non Insérés ne serontpûsrçûgag
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et G*
6, place de la Bourse, 6
LA DÉCLARATION IIINISTERIELLE
Le nouveau ministère s'est présenté
hier devant la Chambre, et s'il a été
satisfait de la réception, c'est qu'il
n'est pas difficile. Ajoutons qu'en ce
moment la Chambre elle-même est
bien un peu obligée de prendre ce
qu'on lui donne. C'est la trève des va-
cances, et rien de plus. On a cepen-
dant remarqué que l'union républi-
caine était presque contente. Le cabi-
net est, en effet, comme le Rappel l'a
dit hier, pris, en grande majorité, dans
ce groupe. C'est donc cent cinquante
voix environ dont il peut espérer l'ap-
pui.
La déclaration lue à la Chambre par
M. Duclerc porte qu'il sera tenu
compte du vote de la Chambre sur la
politique extérieure et que, au besoin,
on convoquerait le Parlement pendant
ies vacances. Po ;r l'intérieur, on sui-
vra une politique libérale et progres-
sive et on travaillera à la conciliation
entre les fractions diverses du parti.
Nous croyons inutile d'éplucher ce
programme, puisque personne ne con-
sidère comme viable le cabinet du
H août. Il n'est là qu'en attendant, et
c'est là son excuse.
M. Clémenceau, avant le vote des
quatre contributions, a voulu cepen-
dant caractériser la situation nouvelle,
et, pour le faire, il n'a eu qu'à montrer
que tous les ministres, sauf un seul,
étaient dans la minorité du 29 juillet
et qu'à mettre en évidence la grande
figure de M. Devès, garde des sceaux
du ministère Duclerc.
M. Devès ayant précédemment ex-
pliqué comment il entendait gouver-
ner, par l'exclusion des extrêmes,
c'est-à-dire par la conjonction des
centres, on est autorisé à penser que
c'est bien là le programme du nouveau
* cabinet. - • J
On doit d'autant mieux le croire que,
sous les paroles très dures de M. Clé-
menceau qui opposait l'avidité de
quelques tard venus de la République
au désintéressement de beaucoup
d'anciens serviteurs de la démocratie,
M. Devès n'a pas trouvé un mot pour
atténuer son programme de l'autre
jour. Il reste donc entendu que, de par
la volonté de M. Devès, l'extrême
gauche est en dehors de la majorité
gouvernementale.
C'est précisément la seule place
que l'extrême gauche pouvait prendre
en face d'une pareille combinaison.
Nous voilà donc tous d'accord.
Au Sénat, la déclaration ministérielle
n'a pas été acclamée avec beaucoup
d'enthousiasme. Quand M. Jallrégui-
berry a eu fiai de lire, les sénateurs
sont venus entretenir amicalement
M. de Freycinet que, il y a quinze
jours, ils ne laissaient pas parler sans
l'inlerrompre à chaque mot. Cela
prouve qu'au Sénat on n'a pas de ran-
cune, mais cela ne nous dit pas ce que
la belliqueuse assemblée pense du ca-
binet. Il est, d'ailleurs, probable
qu'elle n'en pense rien, si ce n'est qu'il
donne à tous la clé des champs.
A. GAULIER.
Voici le texte de la déclaration qui a été
lue à la Chambre par M. Duclerc et au Sénat
14ar M. lêurégaiberry -
Messieurs les sénateurs,
Messieurs les députés,
Le vote émis par la Chambre des dépu-
tés le 29 juillet dernier amène devant
vous un nouveau cabinet.
Son premier devoir est de vous dire
quelle est pour lui la signification de ce
vote et quelle conduite il lui commande.
En refusant les crédits nécessaires à
l'occupation d'une partie du canal de
Suez, la Chambre a pris une mesure de
réserve et de prudence qui n'est point
l'abdication ; le gouvernement s'inspirera
de la pensée qui a dicté ce vole, et il y
conformera sa conduite.
Si des évènements survenaient qui pa-
russent engager les intérêts ou l'honneur
de la France, nous nous empresserions
de convoquer les Chambres et de leur
soumettre les résolutions que les circons-
tances commanderaient.
Pour être moins pressantes, les ques-
tions intérieures n'en sollicitent pas
moins notre attention. Mais, de ce côté,
rien ne peut être ni compromis, ni en-
gagé pendant la prochaine suspension de
vos séances.
Nous allons mettre à profit le temps
que vous nous donnerez pour reprendre
l'étude de ces questions. Nous nous effor-
cerons, avec le concours de vos commis-
sions, de faire prévaloir les solutions libé-
rales et progressistes qu'elles compor-
tent.
Nous nous proposons un autre but :
nous travaillerons à rapprocher et con-
cilier les diverses fractions de la majo-
rité républicaine, et si, avec votre aide.
nous pouvons atteindre ce patriotique
résultat, nous croirons avoir accompli
l'œuvre qui, dans les circonstances ac-
tuelles, importe le plus aux intérêts de
la Chambre, de la République, de la
France.
—♦
COULISSES DES CHAMBRES
On attendait non sans curiosité l'accueil
que la Chambre ferait au ministère. Il
avait été question de l'interpeller et l'on
voulait savoir s'il serait donné suite à ce
projet, et, en cas d'affirmative, quelle
conduite tiendrait la majorité républi-
caine.
En prévision d'incident de cette nature,
les quatre groupes de gauche se sont réu-
nis dans leurs locaux respectifs pour arrê-
ter leur ligne de conduite.
L'unioa démocratique et l'union répu-
blicaine ont décidé que, si l'interpellation
se produisait, elles voteraient un ordre
du jour de confiance.
La gauche radicale, de qui devait venir
l'initiative de l'interpellation, a renoncé
à ce projet; mais elle a décidé que, si
d'autres interpellaient, e;le s'abstiendrait
dans le vote d'un ordre du jour de con-
fiance, n'estimant pas que la politique du
nouveau cabinet concordât avec le pro-
gramme du groupe.
L'extrême gauche enfin a renoncé aussi
à interpeller, considérant que, dans les
circonstances présentes, la mesure serait
inefficace; mais M. Clémenceau a tenu,
au nom de ses amis politiques, à prendre
position en faisant, à propos du vote des
quatre contributions directes, la décla-
ration qu'on lira au compte-rendu de la
séance.
Il y a eu, sans concert préalable, une
sorte d'accord tacite pour remettre toute
interpellalion à la rentrée et pour juger
le nouveau cabinet d'après ses actes.
Le décret de clôture de la session sera
lu aujourd'hui. Dans la pensée du nou-
veau ministère, les Chambres seront con-
voquées en octobre et très probablement
au milieu de ce mois. Le ministère veut,
en effet, mettre les Chambres en état de
discuter à fond le budget, dont l'examen
n'a été qu'ébauché par la Chambre.
A ce propos, nous devons dire que
M. Tirard accepte entièrement le budget
qu'avait préparé M. Léon Say et dont la
Chambre a déjà admis les lignes géné-
rales. Il accepte notamment la convention
avec la compagnie d'Orléans pour le rem-
boursement anticipé des 207 millions d'a-
vances que cette compagnie doit à l'Etat.
Le cabinet ne présentera donc pas de
nouveau budget à la rentrée.
Le ministère doit se compléter, ainsi
qu'on le sait, par la nomination d'un mi-
nistre des travaux publics et de plusieurs
sous-secrétaires d'Etat.
L'union démocratique et l'union répu-
blicaine étant représentées dans le cabi-
net, il a été convenu que le portefeuille
des travaux publics et deux postes de sous-
secrétaires d'Etat seraient attribués à des
membres de la gauche radicale.
On a offert le portefeuille des travaux
publics à M. Hérisson qui n'avait pas en-
core accepté hier soir.
Pour les sous-secrétaires d'Etat, on sait
déjà que M. Develle reste à l'intérieur.
M. Varambon a été sollicité de rester à
la justice.
Pour l'instruction publique et les beaux-
arts, il est question, soit de M. Logerotte,
rapporteur actuel du budget des beaux-
arts, soit de M. Labuze, vice-président de
la gauche radicale.
., -u-
L'union républicaine a élu hier, à l'una-
nitnité, pour président M. Martin-Feuil-
lée, en remplacement de M. Pierre Le-
grand, devenu ministre.
9-> -
RÉPONSE A UN AMI
Notre ami M. Camille Pelletan prend
pour lui ce que nous avons dit à ceux
qui mettaient à M. Brisson le porte-
feuille sur la gorge. Ce n'était pas à
lui que nous parlions, mais aux ai-
mables farceurs qui faisaient cela par
hostilité, au lieu que son mobile à lui
était, il le dit et nous le croyons,
le désir, « non de précipiter M. Bris-
son à une chute, mais de l'aider,
dans la mesure du possible, à tirer la
République des difficultés où l'a pla-
cée une politique absurde ». Ce n'é-
tait donc pas à lui que notre article
s'adressait ; mais, puisqu'il intervient,
il vaut bien que nous lui répondions.
Il commence par essayer de nous
mettre en contradiction avec nous-
même :
« Notre éminent confrère et ami,
M. Auguste Vacquerie, combat les par-
tisans du cabinet Brisson. M. Vacque-
rie donne deux raisons : l'une, c est
qu'en demandant à M. Brisson de
prendre le ministère, on dit que « la
République est réduite à un homme».
Et là-dessus, M. Vacquerie rappelle
le mot d'Anacharsis Clootz : « France,
guéris-toi des individus. » La seconde,
c'est qu'il faut réserver M. Brisson
pour la présidence de la Républi-
que. Cet exposé, ce me semble, pour-
rait servir de réfutation. Comment,
il faut réserver M. Brisson pour
l'Elysée ! Le Rappel pense donc que
pour la présidence, selon son expres-
sion," « la France est réduite à un
homme » ? M. Vacquerie, en faisant la
première -1 partie de son article, a donc
oublié le mot d'Anacharsis Clootz qui
le termine 1 »
Ce raisonnement serait juste — s'il
ne péchait par la base : nous n'avons
pas dit qu'il fallût réserver M. Brisson
pour la présidence de la République.
Voici ce que nous avons dit :
« Aujourd'hui, si M. Jules Grévy
mourait subitement, toutes les chances
seraient pour M. Henri Brisson. »
EnMjuoi dire qu'un homme a toutes
les chances d'être élu est-ce dire qu'en
dehors de cet homme il n'existe per-
sonne? Loin de penser que M. Brisson
serait le seul président de la Répu-
blique possible, notre opinion est au
contraire qu'il y a, dans les Chambres
et hors des Chambres, des. centaines de
citoyens parfaitement capables de faire
des présidents excellents. Que faut-il
pour être digne de cette fonction? Il
suffit d'être intelligent, honnête,
respectueux de la Constitution, in-
capable d'un guet-apens. Nous ne
croyons pas faire un éloge exa-
géré de - la France en supposant
qu'elle possède — nous disons des
centaines, nous devrions dire des
milliers — de citoyens pareils.
Notre avis est si peu que la présidence
a besoin de « personnalités providen-
tielles » que, le jour où M. Jules Grévy
a été nommé, nous l'avons salué de
cette variante de La Fontaine :
Le coq gaulois détourna
Un J. Grévy qu'il donna
jiu beau premier populaire.
— C'est, dit zl, un bon cerveau;
Mais le moindre soliveau
Ferait bien mieux mon affaire.
Donc,nous n'avons pas dit qu'il fallût
réserver M. Henri Brisson pour la pré-
sidence de la République. Nous som-
mes convaincu qu'il en ferait un très
bon, mais ce n'était pas de cette pré-
sidence-là qu'il s'agissait, c'était de la
présidence du conseil. Et M. Henri
Brisson nous semble avoir infiniment
plus les qualités de l'autre. C'est pour-
quoi nous ne som nes pas de ceux qui
ont joué la comédie du « ministre
malgré lui M.
Mais, nous dit notre contradicteur et
ami, si vous n'êtes pas pour le minis-
tère Brisson, pour quel ministère êtes-
vous? Vous ne voulez ,pas de notre
homme ? proposez le vôtre ! « De grâce,
dites-nous quel est le ministère qui
vous paraît désirable ou possible. » Le
ministère que nous désirerions n'est
pas possible à l'heure qu'il est; 'quant
aux ministères possibles , aucun
d'eux ne représentant nos ¡dé;::s,
nous nous garderons bien de com-
mettre , en recommandant et en
adoptant n'importe lequel, la faute
qu'aurait commise l'extrême gauche
en allant sommer M. Brisson de pren-
dre le pouvoir, c'est-à-dire en s'enga-
geant moralement avec un ministre
qui penserait autrement qu'elle sur des
questions capitales; qui, lorsqu'elle
serait pour l'abstention, serait pour
l'intervention ; qui, lorsqu'elle serait
pour le divorce, serait contre; qui,
lorsqu'elle serait pour la séparation de
l'Etat et de l'Eglise, serait pour le Con-
cordat.
Au fond, la demande que nous fait le
bn liant rédacteur en chef de la Justice de
nommer le ministre qui nous paraît
possible à défaut de M. Brisson, sous-
entend qu'à défaut de M. Brisson il n'y
a pas de ministre possible. Et s'il tom-
bait à M. Brisson une tuile sur la tête ?
La France serait donc condamnée à
l'impuissance d'avoir un gouverne-
ment? Ce n'est tévidemment pas ce
qu'a voulu dire notre spirituel contra-
dicteur, mais c'est ce qu'il a dit.
AUGUSTE VACQUHRIBV
Faubourg Poissonnière et quai Halaquais 1
Dans le discours qu'il a prononcé à la
prace du ministre de l'instruction publi-
que, M. Paul Mantz a mêlé, aux éloges
habituels qu'on décerne aux lauréats,
quelques conseils dont maîtres et élèves
pourraient faire leur profit. Quoique plus
familier, comme il le reconnaît lui-même,
avec les choses du dessin qu'avec celles
de la musique et de la déclamation, M.
Paul Mantz n'a pas été sans trouver, rue
du Faubourg-Poissonnière, la trace d'une
tendance qui l'avait déjà frappé quai Ma-
laquais. C'est l'exagération du spécia-
lisme, la prédominance des exercices
techniques sur les études d'ensemble, l'art
disparaissant sous le métier, la tête abdi-
quant devant la main.
A cet enseignement étroit et mesquin,
qui se cantonne dans une manière exclu-
sive, indifférent à tout ce qui se dit et se
fait autour de lui, il y a longtemps qu'on
oppose l'exemple des grands artistes du
passé, des Benvenulo, des Vinci, des Mi-
chel-Ange. Ce n'est pas à eux qu'en se lût
avisé de crier : Qui trop embrasse mai
étreint. On eût été mal venu à borner
leur ambition et à restreindre leur curio-
sité. Leur génie universel ne dédaignait
pas de battre les buissons et de courir les
aventures. Le peintre demandait à l'ar-
chitecte le sens des proportions et du dé-
cor; la plume faisait commerce d'amitié
avec le burin.
Nous sommes devenus plus modestes et
nous nous contentons à meilleur marché.
Il nous suffit de reconnaître dans une
œuvre un trait personnel, un petit coin
d'originalité, une pointe d'audace, voire
un défaut ou un tic, pour écarquiller les
yeux et applaudir. L'enseignement, com-
plice des préférences du public, va où est
le succès etprépare, non pas des artistes,
mais des artisans supérieurs. L'art est
devenu ainsi une grande manufacture
exploitée d'après le principe de la divi-
sion du travai'. Les vieilles classifications,
histoire, genre, paysage, effraient par
leurs dimensions. On s'y taille un petit
domaine d'où l'on ne bouge plus. On
va à Fontainebleau ou à Douarnenez ; on
s'habille en incroyable ou en chouan. Je
connais des peintres qui n'ont jamais vu
le soleil qu'à son lever, d'autres pour qui
il pleut du 1er janvier à la Saint-Sylvestre.
Chacun s'ingénie à trouver quelque effet
de palette qu'il réédite indéfiniment jus-
qu'à extinction complète d'Américains,
ou quelque cadence plus ou moins rom-
pue, également propre à traduire la ja-
lousie de la basse et la tendresse du
mezzo. Passe encore si l'on ne jouait que
d'un instrument, mais on n'a plus qu'une
note, un la bémol ou un ut dièze. Cela
vibre, mais n'est pas toujours dans le ton.
M. Paul Mantz nous a annoncé que le
ministère préparait un plan d enseigne-
ment parallèle pour les différents arts
du dessin. Excellente idée, si tant est
qu'elle ne reste pas sur le papier. On a
bien créé, il y a quelques années, au Con-
servatoire, des cours d'histoire de la mu-
sique et de l'art dramatique. Les leçons
de MM. Bougault-Ducoudray et Lapom-
meraye sont, dit-on, très suivies, mais
par un public tout autre que celui à qui
on les dostinait. Nos futurs acteurs con-
sidèrent comme absolument inutile de
connaître la ie et le caractère des auteurs
qu'ils auront à interpréter. En effet, que
Molière ait été heureux ou non en mé-
nage, il paraît que cela ne jette aucune
lumière sur le Misanthrope. Pour des
raisons analogues, le concours de tra-
gédie est délaissé. Quel besoin de s'em-
plir la bouche des alexandrins de Cor-
neille pour dire la prose de X. et d'Y.
Il en est de la tragédie comme de la
gymnastique. Il arrive rarement dans la
vie qu'on ait à faire des rétablissements
aux anneaux ou des sauts périlleux au
tremplin, et ce n'en est pas moins une
hygiène excellente qui fortifie et as-
souplit. Il n'a peut-être pas été inutile à
tel de nos grands acteurs comiques de
travailler jadis le récit de Théramène
qu'il n'a jamais débité depuis.
Si les Chambres subventionnent un en-
seignement officiel, ce n'est pas pour
fournir aux salons d'aimables diseurs de
monologues ou de gentils bonshommes
aux collectionneurs. L'Etat a à défendre
contre l'engouement du moment une tra-
dition sacrée, celle, nous ne dirons pas
du grand art, mot bête qui laisserait
croire qu'il peut en exister un petit, mais
de l'art tout court, qui ne va pas sans une
forte culture générale, sans intelligence et
sans savoir.
FRÉDÉRIC MONTA MIS.
Les choses sont en voie d'arrangement
entre l'Angleterre et la Turquie. A la
séance d'hier de la conférence, le vléni.
potentiaire ottoman, d'une part, a déclaré
accepter « les conditions posées par les
puissances dans la note identique », et
d'autre part, a promis à l'ambassadeur
anglais de lancer prochainement cette
proclamation déclarant Arabi rebelle, que
le Foreign-Office réclame avec tant d'in-
sistance.
Il paraît qne c'est Dervisch-Pacha, l'an-
cien commissaire du sultan à Alexandrie,
qui commandera les troupes ottomanes
chargées d'opérer en Egypte. Dcrvisch,
qui devait s'embarquer hier, a retardé
son départ, mais les dépêches assurent
qu'il va p irtir très prochainement.
En Egypte, la situation se modifie in'
sensiblement; les Anglais attendent pour
agir plus vigoureusement l'arrivée des
renforts qu'ils ont réclamés ; quant è
Arabi, il se fortifie dans les positions de-
vant Ramleh, dont les troupes britanni4
ques n'ont pu le débusquer. La disette
d'eau se fait sentir de plus en plus à
Alexandrie.
Un journal arabe de Constantinople
assure que les soldats d'Arabi se soumet-
tront aux troupes du sultan lors de l'ar-
rivée de ces dernières sur le sol égyptien.
Ce ne sont cependant pas les in tentions
qu'Arabi annonçait récemment.
Les Anglais vont construire un chemin
de fer le long du canal, d'Ismaïlia à la1
Méditerranée. On trouvera, plus loin, le
texte de la dernière protestation adressée
aux puissances par le conseil d'adminis-
tration du canal contre les actes de vio-
lation de neutralité de ce canal imputés
à l'amiral anglais ; nous avons déjà
donné hier un résumé de ce document.
Dernière heure. — La conférence tien*
dra, demain jeudi, une séance qui sera
probablement la dernière. Le corps expé- ,
ditionnaire turc en Egypte sera composé
de 6.20U hommes, mais on croit qu'un
second corps d'armée de 10,000 hommes
est en voie de formation.
——————— 1*
LES ON-DIT
C'est le 28 août que vont commencer
les examens des candidats au volontariat
d'un an.
Comme d'habitude, le texte de la dic-
tée et du problème sera envoyé du minis-
tère de la guerre à tous les centres d'exa-
men.
L'état de classement rigoureux des
candidats sera adressé au ministre le 6
septembre au plus tard.
Les examens oraux commenceront le
20 septembre.
'-
«F «F
Le jury chargé de la répartition dans
les services publics des élèves de l'Ecole
polytechnique vient de dresser ainsi la
liste de Classement :
Mines, 7. — Ponts et chaussées, 27. —
Poudres et salpêtres, 4.—Télégraphes, 2.
-Ingén.ieurs hydrographes, L - Manu-
factures de l'Etat, 4. — Marine, 4. —
Artillerie de marine , 9. — Artillerie
Peuilletioxi du RAPPEL
DU 11 AOUT
1
16
LA
COLONIE ÉTRANGÈRE
a Il y a fagot et ta,-,ot »
, (MQ/iè)'e)
III
(Suite)
Comme Michel en était là de ses ré-
flexions, on lui annonça son cousin Cé-
lestin de Marleroi.
- C'est juste, pensa Michel. Il vient
chercher les cent louis de sa belle.
C'est bien cela que le fils du consul
venait lui demander ; mais en surplus, il
entendait provoquer des exploitions.
Voir l i Rappel du 24 juillet au 8 août.
Reproduction interdite ; tous droits ré-
¡er\éi,
- Ah! ça, lui dit-il, tu vas donc chez
la princesse? D'où la connais-tu? Qu'est-
ce que tu y fais?
— Eh! SeigneurI répliqua gaiement
Michel, est-ce que ça te gêne?
— Moi? Pas du tout. En voilà une idée !
Seulement, je te croyais trop sérieux
pour fréquenter des salons aussi dissi-
pés. •
- Que veux-tu ? Je me donne vacance
parfois.
— C'est vrai que tu as sauva la vie à
01ga?
Michel marqua de la surprise presque
susceptible.
— « Olga » tout court? fit-il inlerroga-
tivement. Vous êtes liés à ce point !.
, - Oh 1 tu sais, là-dedans on n'est pas
façonnier.
— Pas assez, à mon sens.
— Tu y trouves à reprendre ?
— Excuse-moi, mon cher, mais la qua-
lité de jeune fille m'inspire un respect
quasi religieux. En tout cas, si l'on t'a dit
que je suis le sauveur de celle-ci, on exa-
gère, je t'assure. Sois certain, de même,
qu'en venant hier, pour la première fois,
chez sa mère, je ne réclamais l'expression
de la reconnaissance de personne. Et sa-
che, enfin, que je ne comprends pas du
tout pourquoi cela paraît si grandement
t'intéresser.
Célestin se déroba.
— Qui sait? tu comprendras peut-être
un jour, fit-il. En attendant, tu te mé-
prends sur le sens de mes questions.
Loin de trouver gênant, ou mauvais, que
tu fréquentes cette maison, je regrette
seulement que tu m'aies préféré unautr e
introducteur.
- Voilà tout?. Ma foi, mon cher Cé-
lestin, je t'avoue que je n'y ai mis aucune
intenti n. Hier, à onze heures, je ne me
doutais pas que je dusse paraître chez la
princesse Bougarine. A Tortoni, quel-
qu'un, -dont le nom m'échappe. si je
l'ai jamais su,— m'apprit que la belle ma-
dame voulait absolument me voir. Mon
père m'engagea à me laisser conduire
et, un peu de curiosité aidant, je suivis
cet aimable homme qui n'eut même pas
à me présenter, puisque la maîtresse de
la maison me fit l'honneur de m'accueillir
aussitôt sur le pied de compère à com-
pignon.
— Alors Léontin ne t'a pas présenté?
— Où prends-tu Léontin ?
— Léontin Belhamy. Tu sais bien ?.
— Pas le moins du monde.
— Celui dont je te parlais chez maman?
— Ah ! ah ! fit Michel. Ah f bon ! le mari
de la dame dont la couturière.?
- Chut (
- N'aie pas peur. Mais je m'en dou-
tais.
Tu l'a; vu, hier soir l Cette adorable
femme aux yeux noirs, en robe cerise.
- En effet!. Compliments, Céles-
tin !.
— N'est-ce pas? Mais!..; tout à fait
entre nous.
- Eh, bêta? à qui veux-tu que je parle
de.
Comprends bien, M chel. Si je te
confie un secret Recette nature, c'est que
la délicatesse m'en fait une loi. ,-
- Comme de juste t
- En venant chez ma mère, tu pour-
rais, malgré toi, manifester quelque sur-
prise.
-D'y apercevoir ta maîtresse?
.; Le vilain mot, Michel !
— Je le retire. Disons ta bonne amie.
Ça te ya-t-il comme ça?
Célestin parut heurté.
— Tu seras toute ta vie paysan du Da-
nube,!, fit-il contrarié. Tu n'as pas les
nuances, mon cher. Et c'est bien pour
cela qu'on est forcé de te faire confidence
de ce que les autres comprennent d'eux-
mêmes. Sans mauvaise intention, tu met-
trais les pieds dans le plat, et causerais
des embarras inextricables. Mais réfléchis
à ceci, que tout le monde n'est pas de
poil aussi rugueux que le tien! Il y a des
obligations envers une femme quand on
est bien élevé Quels prétextes fournir au
mari — au mari surtout ! — pour éluder
de l'introduire chez moi avec sa femme ?
Autant crier, par dessus les misons, ce
qu'un gentleman ne doit jamais avouer.
— Compris, Célestin, compris, mon
ami. Aussi, rassure-toi, le cas échéant, je
ne broncherai pas.
— Je t'en prie. Tu vois, d'avance, en
quelle fâcheuse posture tu placerais ma-
man, qui fait semblant d'ignorer ce dont
il retourne.
—Ahl ta mère fait semblant d'igno-
rer?..
- Damel.. Veux-tu pas?..
- Rien, mon cher Célestin, je te le
certifie, moi, je veux rien du tout; d'au-
tant qu'à tout prendre ça ne m'incommode
en aucune façon.
— Cette situation, ajouta le fils de l'an
cien consul, doit cesser bientôt, j'espère;
Emma comprend que je dois m'éta-
blir.
- C'est bien de la part d'Emma.
- Elle est de bon sens.
- Je vois bien.
- Et plutôt disposée à m'aider en cela.
- Tout à fait chirm mte.
- Dans le mouvement, tu sais !
- Je t'envie.
- Aussi, me reprocherais-je de mar-
chander les égards.
— Parfaitement! Cent louis d'égards!
Auras-tu assez?
— Provisoirement, oui.
Michel jugea inutile de prolonger l'en-
tretien. Ouvrant le tiroir d'un petit bu-
reau, il en tira un livre de chèques, rem-
plit les blancs de l'un d'eux, et le tendant
à son cousin :
- Voilà, fit-il.
- Je te remercie, dit Célestin, en so
levant.
— Pourquoi faire? répliqua Michel.
— A charge de revanche.
- J'y compte absolument. '.;.'
Ils se quittèrent là-dessus.
Et pendant que Célestin descendait l'es-
calier, très blessé des railleries de son
cousin, raiUeries dont il avait affecté de
ne pas sentir la pointe, le fils du banquier,
resongeant à Olga, se disait, tristement
accablé :
- Pauvre filial
EDOUARD nAD FJi'
(A suivre.1
.ADMINISTRATION
48, RUE DE VALOIS, 13
ABONNEMENTS
PARIS
!7rois mois. 10 »
Sixiaois 20 »
DÉPARTEMENTS
Trois moi îrstë j
Six mois 11.-
Adresser lettres et manflals i 3i j | j
A M. ERNEST LEFÈVRS
É&LM1SISTRATEÎJR GERANT
fj' - - - -
, RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
( De i à 6 heures du loir
| 68» ê?B DB yALOlfa 49
-
es manuscrits non Insérés ne serontpûsrçûgag
ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et G*
6, place de la Bourse, 6
LA DÉCLARATION IIINISTERIELLE
Le nouveau ministère s'est présenté
hier devant la Chambre, et s'il a été
satisfait de la réception, c'est qu'il
n'est pas difficile. Ajoutons qu'en ce
moment la Chambre elle-même est
bien un peu obligée de prendre ce
qu'on lui donne. C'est la trève des va-
cances, et rien de plus. On a cepen-
dant remarqué que l'union républi-
caine était presque contente. Le cabi-
net est, en effet, comme le Rappel l'a
dit hier, pris, en grande majorité, dans
ce groupe. C'est donc cent cinquante
voix environ dont il peut espérer l'ap-
pui.
La déclaration lue à la Chambre par
M. Duclerc porte qu'il sera tenu
compte du vote de la Chambre sur la
politique extérieure et que, au besoin,
on convoquerait le Parlement pendant
ies vacances. Po ;r l'intérieur, on sui-
vra une politique libérale et progres-
sive et on travaillera à la conciliation
entre les fractions diverses du parti.
Nous croyons inutile d'éplucher ce
programme, puisque personne ne con-
sidère comme viable le cabinet du
H août. Il n'est là qu'en attendant, et
c'est là son excuse.
M. Clémenceau, avant le vote des
quatre contributions, a voulu cepen-
dant caractériser la situation nouvelle,
et, pour le faire, il n'a eu qu'à montrer
que tous les ministres, sauf un seul,
étaient dans la minorité du 29 juillet
et qu'à mettre en évidence la grande
figure de M. Devès, garde des sceaux
du ministère Duclerc.
M. Devès ayant précédemment ex-
pliqué comment il entendait gouver-
ner, par l'exclusion des extrêmes,
c'est-à-dire par la conjonction des
centres, on est autorisé à penser que
c'est bien là le programme du nouveau
* cabinet. - • J
On doit d'autant mieux le croire que,
sous les paroles très dures de M. Clé-
menceau qui opposait l'avidité de
quelques tard venus de la République
au désintéressement de beaucoup
d'anciens serviteurs de la démocratie,
M. Devès n'a pas trouvé un mot pour
atténuer son programme de l'autre
jour. Il reste donc entendu que, de par
la volonté de M. Devès, l'extrême
gauche est en dehors de la majorité
gouvernementale.
C'est précisément la seule place
que l'extrême gauche pouvait prendre
en face d'une pareille combinaison.
Nous voilà donc tous d'accord.
Au Sénat, la déclaration ministérielle
n'a pas été acclamée avec beaucoup
d'enthousiasme. Quand M. Jallrégui-
berry a eu fiai de lire, les sénateurs
sont venus entretenir amicalement
M. de Freycinet que, il y a quinze
jours, ils ne laissaient pas parler sans
l'inlerrompre à chaque mot. Cela
prouve qu'au Sénat on n'a pas de ran-
cune, mais cela ne nous dit pas ce que
la belliqueuse assemblée pense du ca-
binet. Il est, d'ailleurs, probable
qu'elle n'en pense rien, si ce n'est qu'il
donne à tous la clé des champs.
A. GAULIER.
Voici le texte de la déclaration qui a été
lue à la Chambre par M. Duclerc et au Sénat
14ar M. lêurégaiberry -
Messieurs les sénateurs,
Messieurs les députés,
Le vote émis par la Chambre des dépu-
tés le 29 juillet dernier amène devant
vous un nouveau cabinet.
Son premier devoir est de vous dire
quelle est pour lui la signification de ce
vote et quelle conduite il lui commande.
En refusant les crédits nécessaires à
l'occupation d'une partie du canal de
Suez, la Chambre a pris une mesure de
réserve et de prudence qui n'est point
l'abdication ; le gouvernement s'inspirera
de la pensée qui a dicté ce vole, et il y
conformera sa conduite.
Si des évènements survenaient qui pa-
russent engager les intérêts ou l'honneur
de la France, nous nous empresserions
de convoquer les Chambres et de leur
soumettre les résolutions que les circons-
tances commanderaient.
Pour être moins pressantes, les ques-
tions intérieures n'en sollicitent pas
moins notre attention. Mais, de ce côté,
rien ne peut être ni compromis, ni en-
gagé pendant la prochaine suspension de
vos séances.
Nous allons mettre à profit le temps
que vous nous donnerez pour reprendre
l'étude de ces questions. Nous nous effor-
cerons, avec le concours de vos commis-
sions, de faire prévaloir les solutions libé-
rales et progressistes qu'elles compor-
tent.
Nous nous proposons un autre but :
nous travaillerons à rapprocher et con-
cilier les diverses fractions de la majo-
rité républicaine, et si, avec votre aide.
nous pouvons atteindre ce patriotique
résultat, nous croirons avoir accompli
l'œuvre qui, dans les circonstances ac-
tuelles, importe le plus aux intérêts de
la Chambre, de la République, de la
France.
—♦
COULISSES DES CHAMBRES
On attendait non sans curiosité l'accueil
que la Chambre ferait au ministère. Il
avait été question de l'interpeller et l'on
voulait savoir s'il serait donné suite à ce
projet, et, en cas d'affirmative, quelle
conduite tiendrait la majorité républi-
caine.
En prévision d'incident de cette nature,
les quatre groupes de gauche se sont réu-
nis dans leurs locaux respectifs pour arrê-
ter leur ligne de conduite.
L'unioa démocratique et l'union répu-
blicaine ont décidé que, si l'interpellation
se produisait, elles voteraient un ordre
du jour de confiance.
La gauche radicale, de qui devait venir
l'initiative de l'interpellation, a renoncé
à ce projet; mais elle a décidé que, si
d'autres interpellaient, e;le s'abstiendrait
dans le vote d'un ordre du jour de con-
fiance, n'estimant pas que la politique du
nouveau cabinet concordât avec le pro-
gramme du groupe.
L'extrême gauche enfin a renoncé aussi
à interpeller, considérant que, dans les
circonstances présentes, la mesure serait
inefficace; mais M. Clémenceau a tenu,
au nom de ses amis politiques, à prendre
position en faisant, à propos du vote des
quatre contributions directes, la décla-
ration qu'on lira au compte-rendu de la
séance.
Il y a eu, sans concert préalable, une
sorte d'accord tacite pour remettre toute
interpellalion à la rentrée et pour juger
le nouveau cabinet d'après ses actes.
Le décret de clôture de la session sera
lu aujourd'hui. Dans la pensée du nou-
veau ministère, les Chambres seront con-
voquées en octobre et très probablement
au milieu de ce mois. Le ministère veut,
en effet, mettre les Chambres en état de
discuter à fond le budget, dont l'examen
n'a été qu'ébauché par la Chambre.
A ce propos, nous devons dire que
M. Tirard accepte entièrement le budget
qu'avait préparé M. Léon Say et dont la
Chambre a déjà admis les lignes géné-
rales. Il accepte notamment la convention
avec la compagnie d'Orléans pour le rem-
boursement anticipé des 207 millions d'a-
vances que cette compagnie doit à l'Etat.
Le cabinet ne présentera donc pas de
nouveau budget à la rentrée.
Le ministère doit se compléter, ainsi
qu'on le sait, par la nomination d'un mi-
nistre des travaux publics et de plusieurs
sous-secrétaires d'Etat.
L'union démocratique et l'union répu-
blicaine étant représentées dans le cabi-
net, il a été convenu que le portefeuille
des travaux publics et deux postes de sous-
secrétaires d'Etat seraient attribués à des
membres de la gauche radicale.
On a offert le portefeuille des travaux
publics à M. Hérisson qui n'avait pas en-
core accepté hier soir.
Pour les sous-secrétaires d'Etat, on sait
déjà que M. Develle reste à l'intérieur.
M. Varambon a été sollicité de rester à
la justice.
Pour l'instruction publique et les beaux-
arts, il est question, soit de M. Logerotte,
rapporteur actuel du budget des beaux-
arts, soit de M. Labuze, vice-président de
la gauche radicale.
., -u-
L'union républicaine a élu hier, à l'una-
nitnité, pour président M. Martin-Feuil-
lée, en remplacement de M. Pierre Le-
grand, devenu ministre.
9-> -
RÉPONSE A UN AMI
Notre ami M. Camille Pelletan prend
pour lui ce que nous avons dit à ceux
qui mettaient à M. Brisson le porte-
feuille sur la gorge. Ce n'était pas à
lui que nous parlions, mais aux ai-
mables farceurs qui faisaient cela par
hostilité, au lieu que son mobile à lui
était, il le dit et nous le croyons,
le désir, « non de précipiter M. Bris-
son à une chute, mais de l'aider,
dans la mesure du possible, à tirer la
République des difficultés où l'a pla-
cée une politique absurde ». Ce n'é-
tait donc pas à lui que notre article
s'adressait ; mais, puisqu'il intervient,
il vaut bien que nous lui répondions.
Il commence par essayer de nous
mettre en contradiction avec nous-
même :
« Notre éminent confrère et ami,
M. Auguste Vacquerie, combat les par-
tisans du cabinet Brisson. M. Vacque-
rie donne deux raisons : l'une, c est
qu'en demandant à M. Brisson de
prendre le ministère, on dit que « la
République est réduite à un homme».
Et là-dessus, M. Vacquerie rappelle
le mot d'Anacharsis Clootz : « France,
guéris-toi des individus. » La seconde,
c'est qu'il faut réserver M. Brisson
pour la présidence de la Républi-
que. Cet exposé, ce me semble, pour-
rait servir de réfutation. Comment,
il faut réserver M. Brisson pour
l'Elysée ! Le Rappel pense donc que
pour la présidence, selon son expres-
sion," « la France est réduite à un
homme » ? M. Vacquerie, en faisant la
première -1 partie de son article, a donc
oublié le mot d'Anacharsis Clootz qui
le termine 1 »
Ce raisonnement serait juste — s'il
ne péchait par la base : nous n'avons
pas dit qu'il fallût réserver M. Brisson
pour la présidence de la République.
Voici ce que nous avons dit :
« Aujourd'hui, si M. Jules Grévy
mourait subitement, toutes les chances
seraient pour M. Henri Brisson. »
EnMjuoi dire qu'un homme a toutes
les chances d'être élu est-ce dire qu'en
dehors de cet homme il n'existe per-
sonne? Loin de penser que M. Brisson
serait le seul président de la Répu-
blique possible, notre opinion est au
contraire qu'il y a, dans les Chambres
et hors des Chambres, des. centaines de
citoyens parfaitement capables de faire
des présidents excellents. Que faut-il
pour être digne de cette fonction? Il
suffit d'être intelligent, honnête,
respectueux de la Constitution, in-
capable d'un guet-apens. Nous ne
croyons pas faire un éloge exa-
géré de - la France en supposant
qu'elle possède — nous disons des
centaines, nous devrions dire des
milliers — de citoyens pareils.
Notre avis est si peu que la présidence
a besoin de « personnalités providen-
tielles » que, le jour où M. Jules Grévy
a été nommé, nous l'avons salué de
cette variante de La Fontaine :
Le coq gaulois détourna
Un J. Grévy qu'il donna
jiu beau premier populaire.
— C'est, dit zl, un bon cerveau;
Mais le moindre soliveau
Ferait bien mieux mon affaire.
Donc,nous n'avons pas dit qu'il fallût
réserver M. Henri Brisson pour la pré-
sidence de la République. Nous som-
mes convaincu qu'il en ferait un très
bon, mais ce n'était pas de cette pré-
sidence-là qu'il s'agissait, c'était de la
présidence du conseil. Et M. Henri
Brisson nous semble avoir infiniment
plus les qualités de l'autre. C'est pour-
quoi nous ne som nes pas de ceux qui
ont joué la comédie du « ministre
malgré lui M.
Mais, nous dit notre contradicteur et
ami, si vous n'êtes pas pour le minis-
tère Brisson, pour quel ministère êtes-
vous? Vous ne voulez ,pas de notre
homme ? proposez le vôtre ! « De grâce,
dites-nous quel est le ministère qui
vous paraît désirable ou possible. » Le
ministère que nous désirerions n'est
pas possible à l'heure qu'il est; 'quant
aux ministères possibles , aucun
d'eux ne représentant nos ¡dé;::s,
nous nous garderons bien de com-
mettre , en recommandant et en
adoptant n'importe lequel, la faute
qu'aurait commise l'extrême gauche
en allant sommer M. Brisson de pren-
dre le pouvoir, c'est-à-dire en s'enga-
geant moralement avec un ministre
qui penserait autrement qu'elle sur des
questions capitales; qui, lorsqu'elle
serait pour l'abstention, serait pour
l'intervention ; qui, lorsqu'elle serait
pour le divorce, serait contre; qui,
lorsqu'elle serait pour la séparation de
l'Etat et de l'Eglise, serait pour le Con-
cordat.
Au fond, la demande que nous fait le
bn liant rédacteur en chef de la Justice de
nommer le ministre qui nous paraît
possible à défaut de M. Brisson, sous-
entend qu'à défaut de M. Brisson il n'y
a pas de ministre possible. Et s'il tom-
bait à M. Brisson une tuile sur la tête ?
La France serait donc condamnée à
l'impuissance d'avoir un gouverne-
ment? Ce n'est tévidemment pas ce
qu'a voulu dire notre spirituel contra-
dicteur, mais c'est ce qu'il a dit.
AUGUSTE VACQUHRIBV
Faubourg Poissonnière et quai Halaquais 1
Dans le discours qu'il a prononcé à la
prace du ministre de l'instruction publi-
que, M. Paul Mantz a mêlé, aux éloges
habituels qu'on décerne aux lauréats,
quelques conseils dont maîtres et élèves
pourraient faire leur profit. Quoique plus
familier, comme il le reconnaît lui-même,
avec les choses du dessin qu'avec celles
de la musique et de la déclamation, M.
Paul Mantz n'a pas été sans trouver, rue
du Faubourg-Poissonnière, la trace d'une
tendance qui l'avait déjà frappé quai Ma-
laquais. C'est l'exagération du spécia-
lisme, la prédominance des exercices
techniques sur les études d'ensemble, l'art
disparaissant sous le métier, la tête abdi-
quant devant la main.
A cet enseignement étroit et mesquin,
qui se cantonne dans une manière exclu-
sive, indifférent à tout ce qui se dit et se
fait autour de lui, il y a longtemps qu'on
oppose l'exemple des grands artistes du
passé, des Benvenulo, des Vinci, des Mi-
chel-Ange. Ce n'est pas à eux qu'en se lût
avisé de crier : Qui trop embrasse mai
étreint. On eût été mal venu à borner
leur ambition et à restreindre leur curio-
sité. Leur génie universel ne dédaignait
pas de battre les buissons et de courir les
aventures. Le peintre demandait à l'ar-
chitecte le sens des proportions et du dé-
cor; la plume faisait commerce d'amitié
avec le burin.
Nous sommes devenus plus modestes et
nous nous contentons à meilleur marché.
Il nous suffit de reconnaître dans une
œuvre un trait personnel, un petit coin
d'originalité, une pointe d'audace, voire
un défaut ou un tic, pour écarquiller les
yeux et applaudir. L'enseignement, com-
plice des préférences du public, va où est
le succès etprépare, non pas des artistes,
mais des artisans supérieurs. L'art est
devenu ainsi une grande manufacture
exploitée d'après le principe de la divi-
sion du travai'. Les vieilles classifications,
histoire, genre, paysage, effraient par
leurs dimensions. On s'y taille un petit
domaine d'où l'on ne bouge plus. On
va à Fontainebleau ou à Douarnenez ; on
s'habille en incroyable ou en chouan. Je
connais des peintres qui n'ont jamais vu
le soleil qu'à son lever, d'autres pour qui
il pleut du 1er janvier à la Saint-Sylvestre.
Chacun s'ingénie à trouver quelque effet
de palette qu'il réédite indéfiniment jus-
qu'à extinction complète d'Américains,
ou quelque cadence plus ou moins rom-
pue, également propre à traduire la ja-
lousie de la basse et la tendresse du
mezzo. Passe encore si l'on ne jouait que
d'un instrument, mais on n'a plus qu'une
note, un la bémol ou un ut dièze. Cela
vibre, mais n'est pas toujours dans le ton.
M. Paul Mantz nous a annoncé que le
ministère préparait un plan d enseigne-
ment parallèle pour les différents arts
du dessin. Excellente idée, si tant est
qu'elle ne reste pas sur le papier. On a
bien créé, il y a quelques années, au Con-
servatoire, des cours d'histoire de la mu-
sique et de l'art dramatique. Les leçons
de MM. Bougault-Ducoudray et Lapom-
meraye sont, dit-on, très suivies, mais
par un public tout autre que celui à qui
on les dostinait. Nos futurs acteurs con-
sidèrent comme absolument inutile de
connaître la ie et le caractère des auteurs
qu'ils auront à interpréter. En effet, que
Molière ait été heureux ou non en mé-
nage, il paraît que cela ne jette aucune
lumière sur le Misanthrope. Pour des
raisons analogues, le concours de tra-
gédie est délaissé. Quel besoin de s'em-
plir la bouche des alexandrins de Cor-
neille pour dire la prose de X. et d'Y.
Il en est de la tragédie comme de la
gymnastique. Il arrive rarement dans la
vie qu'on ait à faire des rétablissements
aux anneaux ou des sauts périlleux au
tremplin, et ce n'en est pas moins une
hygiène excellente qui fortifie et as-
souplit. Il n'a peut-être pas été inutile à
tel de nos grands acteurs comiques de
travailler jadis le récit de Théramène
qu'il n'a jamais débité depuis.
Si les Chambres subventionnent un en-
seignement officiel, ce n'est pas pour
fournir aux salons d'aimables diseurs de
monologues ou de gentils bonshommes
aux collectionneurs. L'Etat a à défendre
contre l'engouement du moment une tra-
dition sacrée, celle, nous ne dirons pas
du grand art, mot bête qui laisserait
croire qu'il peut en exister un petit, mais
de l'art tout court, qui ne va pas sans une
forte culture générale, sans intelligence et
sans savoir.
FRÉDÉRIC MONTA MIS.
Les choses sont en voie d'arrangement
entre l'Angleterre et la Turquie. A la
séance d'hier de la conférence, le vléni.
potentiaire ottoman, d'une part, a déclaré
accepter « les conditions posées par les
puissances dans la note identique », et
d'autre part, a promis à l'ambassadeur
anglais de lancer prochainement cette
proclamation déclarant Arabi rebelle, que
le Foreign-Office réclame avec tant d'in-
sistance.
Il paraît qne c'est Dervisch-Pacha, l'an-
cien commissaire du sultan à Alexandrie,
qui commandera les troupes ottomanes
chargées d'opérer en Egypte. Dcrvisch,
qui devait s'embarquer hier, a retardé
son départ, mais les dépêches assurent
qu'il va p irtir très prochainement.
En Egypte, la situation se modifie in'
sensiblement; les Anglais attendent pour
agir plus vigoureusement l'arrivée des
renforts qu'ils ont réclamés ; quant è
Arabi, il se fortifie dans les positions de-
vant Ramleh, dont les troupes britanni4
ques n'ont pu le débusquer. La disette
d'eau se fait sentir de plus en plus à
Alexandrie.
Un journal arabe de Constantinople
assure que les soldats d'Arabi se soumet-
tront aux troupes du sultan lors de l'ar-
rivée de ces dernières sur le sol égyptien.
Ce ne sont cependant pas les in tentions
qu'Arabi annonçait récemment.
Les Anglais vont construire un chemin
de fer le long du canal, d'Ismaïlia à la1
Méditerranée. On trouvera, plus loin, le
texte de la dernière protestation adressée
aux puissances par le conseil d'adminis-
tration du canal contre les actes de vio-
lation de neutralité de ce canal imputés
à l'amiral anglais ; nous avons déjà
donné hier un résumé de ce document.
Dernière heure. — La conférence tien*
dra, demain jeudi, une séance qui sera
probablement la dernière. Le corps expé- ,
ditionnaire turc en Egypte sera composé
de 6.20U hommes, mais on croit qu'un
second corps d'armée de 10,000 hommes
est en voie de formation.
——————— 1*
LES ON-DIT
C'est le 28 août que vont commencer
les examens des candidats au volontariat
d'un an.
Comme d'habitude, le texte de la dic-
tée et du problème sera envoyé du minis-
tère de la guerre à tous les centres d'exa-
men.
L'état de classement rigoureux des
candidats sera adressé au ministre le 6
septembre au plus tard.
Les examens oraux commenceront le
20 septembre.
'-
«F «F
Le jury chargé de la répartition dans
les services publics des élèves de l'Ecole
polytechnique vient de dresser ainsi la
liste de Classement :
Mines, 7. — Ponts et chaussées, 27. —
Poudres et salpêtres, 4.—Télégraphes, 2.
-Ingén.ieurs hydrographes, L - Manu-
factures de l'Etat, 4. — Marine, 4. —
Artillerie de marine , 9. — Artillerie
Peuilletioxi du RAPPEL
DU 11 AOUT
1
16
LA
COLONIE ÉTRANGÈRE
a Il y a fagot et ta,-,ot »
, (MQ/iè)'e)
III
(Suite)
Comme Michel en était là de ses ré-
flexions, on lui annonça son cousin Cé-
lestin de Marleroi.
- C'est juste, pensa Michel. Il vient
chercher les cent louis de sa belle.
C'est bien cela que le fils du consul
venait lui demander ; mais en surplus, il
entendait provoquer des exploitions.
Voir l i Rappel du 24 juillet au 8 août.
Reproduction interdite ; tous droits ré-
¡er\éi,
- Ah! ça, lui dit-il, tu vas donc chez
la princesse? D'où la connais-tu? Qu'est-
ce que tu y fais?
— Eh! SeigneurI répliqua gaiement
Michel, est-ce que ça te gêne?
— Moi? Pas du tout. En voilà une idée !
Seulement, je te croyais trop sérieux
pour fréquenter des salons aussi dissi-
pés. •
- Que veux-tu ? Je me donne vacance
parfois.
— C'est vrai que tu as sauva la vie à
01ga?
Michel marqua de la surprise presque
susceptible.
— « Olga » tout court? fit-il inlerroga-
tivement. Vous êtes liés à ce point !.
, - Oh 1 tu sais, là-dedans on n'est pas
façonnier.
— Pas assez, à mon sens.
— Tu y trouves à reprendre ?
— Excuse-moi, mon cher, mais la qua-
lité de jeune fille m'inspire un respect
quasi religieux. En tout cas, si l'on t'a dit
que je suis le sauveur de celle-ci, on exa-
gère, je t'assure. Sois certain, de même,
qu'en venant hier, pour la première fois,
chez sa mère, je ne réclamais l'expression
de la reconnaissance de personne. Et sa-
che, enfin, que je ne comprends pas du
tout pourquoi cela paraît si grandement
t'intéresser.
Célestin se déroba.
— Qui sait? tu comprendras peut-être
un jour, fit-il. En attendant, tu te mé-
prends sur le sens de mes questions.
Loin de trouver gênant, ou mauvais, que
tu fréquentes cette maison, je regrette
seulement que tu m'aies préféré unautr e
introducteur.
- Voilà tout?. Ma foi, mon cher Cé-
lestin, je t'avoue que je n'y ai mis aucune
intenti n. Hier, à onze heures, je ne me
doutais pas que je dusse paraître chez la
princesse Bougarine. A Tortoni, quel-
qu'un, -dont le nom m'échappe. si je
l'ai jamais su,— m'apprit que la belle ma-
dame voulait absolument me voir. Mon
père m'engagea à me laisser conduire
et, un peu de curiosité aidant, je suivis
cet aimable homme qui n'eut même pas
à me présenter, puisque la maîtresse de
la maison me fit l'honneur de m'accueillir
aussitôt sur le pied de compère à com-
pignon.
— Alors Léontin ne t'a pas présenté?
— Où prends-tu Léontin ?
— Léontin Belhamy. Tu sais bien ?.
— Pas le moins du monde.
— Celui dont je te parlais chez maman?
— Ah ! ah ! fit Michel. Ah f bon ! le mari
de la dame dont la couturière.?
- Chut (
- N'aie pas peur. Mais je m'en dou-
tais.
Tu l'a; vu, hier soir l Cette adorable
femme aux yeux noirs, en robe cerise.
- En effet!. Compliments, Céles-
tin !.
— N'est-ce pas? Mais!..; tout à fait
entre nous.
- Eh, bêta? à qui veux-tu que je parle
de.
Comprends bien, M chel. Si je te
confie un secret Recette nature, c'est que
la délicatesse m'en fait une loi. ,-
- Comme de juste t
- En venant chez ma mère, tu pour-
rais, malgré toi, manifester quelque sur-
prise.
-D'y apercevoir ta maîtresse?
.; Le vilain mot, Michel !
— Je le retire. Disons ta bonne amie.
Ça te ya-t-il comme ça?
Célestin parut heurté.
— Tu seras toute ta vie paysan du Da-
nube,!, fit-il contrarié. Tu n'as pas les
nuances, mon cher. Et c'est bien pour
cela qu'on est forcé de te faire confidence
de ce que les autres comprennent d'eux-
mêmes. Sans mauvaise intention, tu met-
trais les pieds dans le plat, et causerais
des embarras inextricables. Mais réfléchis
à ceci, que tout le monde n'est pas de
poil aussi rugueux que le tien! Il y a des
obligations envers une femme quand on
est bien élevé Quels prétextes fournir au
mari — au mari surtout ! — pour éluder
de l'introduire chez moi avec sa femme ?
Autant crier, par dessus les misons, ce
qu'un gentleman ne doit jamais avouer.
— Compris, Célestin, compris, mon
ami. Aussi, rassure-toi, le cas échéant, je
ne broncherai pas.
— Je t'en prie. Tu vois, d'avance, en
quelle fâcheuse posture tu placerais ma-
man, qui fait semblant d'ignorer ce dont
il retourne.
—Ahl ta mère fait semblant d'igno-
rer?..
- Damel.. Veux-tu pas?..
- Rien, mon cher Célestin, je te le
certifie, moi, je veux rien du tout; d'au-
tant qu'à tout prendre ça ne m'incommode
en aucune façon.
— Cette situation, ajouta le fils de l'an
cien consul, doit cesser bientôt, j'espère;
Emma comprend que je dois m'éta-
blir.
- C'est bien de la part d'Emma.
- Elle est de bon sens.
- Je vois bien.
- Et plutôt disposée à m'aider en cela.
- Tout à fait chirm mte.
- Dans le mouvement, tu sais !
- Je t'envie.
- Aussi, me reprocherais-je de mar-
chander les égards.
— Parfaitement! Cent louis d'égards!
Auras-tu assez?
— Provisoirement, oui.
Michel jugea inutile de prolonger l'en-
tretien. Ouvrant le tiroir d'un petit bu-
reau, il en tira un livre de chèques, rem-
plit les blancs de l'un d'eux, et le tendant
à son cousin :
- Voilà, fit-il.
- Je te remercie, dit Célestin, en so
levant.
— Pourquoi faire? répliqua Michel.
— A charge de revanche.
- J'y compte absolument. '.;.'
Ils se quittèrent là-dessus.
Et pendant que Célestin descendait l'es-
calier, très blessé des railleries de son
cousin, raiUeries dont il avait affecté de
ne pas sentir la pointe, le fils du banquier,
resongeant à Olga, se disait, tristement
accablé :
- Pauvre filial
EDOUARD nAD FJi'
(A suivre.1
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