Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-02-06
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 février 1870 06 février 1870
Description : 1870/02/06 (N264). 1870/02/06 (N264).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7531477p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
W 164. - Dimanche 8 février 1870.
Le numéro : 11 o. -- Départementr; 20 o.
ii piuviose an 7 b, — M a 04.
BÉDAGTIO.
S'adresser à M. ALBERT BARBIEUX
, De 3 à 7 h. du soir
18, rue de Valoii, 18.
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus,
-
ANNONCES
MM. CH. LAGRÀNGE, CERF ET Ca
6, place de la Bourse, 6.
fr. --
AURmimnov
S'adresser à M, AUGUSTE PANIS
ABONNEMENTS
- PARIS
Pu mois..;: 5 nJ)
Ttoinmote.. ; 13 50
DÉPAlaTEMENTS
Un mois. ; ; ; 6 a
Trois mois. 16 9
BUREAUX
15, boulevard Montmartre, i-S.y
J LE DROIT DE M8TB
f .,. ¡;
Non ! députés de l'opposition ; non !
députés révolutionnaires ; non ! hommes
de désordre, vous ne ferez jamais perdre
à la majorité de la chambre le sentiment
de sa dignité. Non ! monsieur Grévy,
successeur de Marat et de Babeuf, so-
cialiste effréné et terrible, vos manœu-
vres ne réussiront point. En vain, vous
proposerez de mettre la force armée à
la disposition de M. Schneider, en vain
vous entasserez raisonnements sur rai-
sonnements et sophismes sur sophismes,
il est une prérogative que la majorité
n'abandonnera jamais ; il est un droit
auquel elle ne renoncera pas; préroga-
tive admirable; droit sacré entre tous,
bien que les hommes de 89 n'en aient
point parlé : c'est le droit de se faire
« flanquer » à la porte !
Quoi ! c'est le seul que possède cette
grande et majestueuse assemblée, c'est
lé seul que lui ait accordé la bienveil-
lance du chef de l'Etat, c'est le seul dont
elle ait usé jusqu'ici, et vous voulez
qu'elle y renonce? Y songez-vous, so-
cialiste? Y avez-vous pensé, révolu-
tionnaire? Quoi! Elle perdrait cette pré-
rogative qui fait que, dans toute circon-
stance grave, elle peut s'incliner devant
l'index impérial qui lui montre le che-
min de l'escalier? Vous oubliez donc
qu'elle représente le peuple?
Vous voulez mettre la force armée à
la disposition de M. Schneider? Vous
voulez que l'assemblée se puisse défen-
dre contre un coup d'Etat? Mais elle
aime les coups d Etat, cette assemblée.
Que serait-elle sans le Deux-Décembre ?
Où seriez-vous, hélas! Mége, des Rotours,
du Mirai, Pereire, de Valdrôme, Jé-
rôme David, Belmontet, Paulmier, Du-
gué de la Fauconnerie, Vendre, Louvet,
Segris, Talhouët et le reste, si le chef de
l'Etat n'avait point violé son serment ?
Vous végéteriez dans l'obscurité, dans
l'ombre, dans la nuit ! Personne ne
soupçonnerait votre existence. A peine
vos concierges connaîtraient-ils vos
noms. Vous seriez comme les diamants
bruts, car il a fallu un crime pour vous
faire reluire et briller aux yeux de tous,
et nous passerions à côté de vous sans
vous remarquer, pierres précieuses en-
châssées dans un guet-apens !
Grâce au coup d'Etat, ces hommes
obscurs sont devenus des astres. Ils
brillent dans le ciel parlementaire com-
me des étoiles. Ils forment des constel-
lations. La droite ressemble à la voie
lactée et le centre gauche rappelle le
Capricorne. Tout un système planétaire
gravite autour du baron David ; Vendre
apparaît de temps en temps comme une
comète; Ollivier se promène comme un
so'eil et, pour nous éclairer, de Val-
drôme alterne avec la lune. Il répand
sa douce lumière quand le garde des
sceaux va se mettre au lit. Comme la
lune, il a ses phases. Pendant une se-
maine, il n'est qu'à demi nul; la se-
maine suivante, il le devient aux trois
quarts ; la semaine suivante, il le devient
tout à fait. On dit alors que Valdrôme
- est dans « son plein »ï Et les députés
subissent son influence ; et la France
est prise d'un rire convulsif, et les marées
sont plus basses que de coutume. L'O-
céan lui-même déserte nos côtes; il se
retire; il fuit étonné de cette naïveté que
rien n'arrête et de cet ahurissement qui
n'a plus de bornes. Et chacune de ses
vagues, en se dressant vers le ciel avec
un clapotement sinistre, semble dire au
Créateur de toutes choses:
— Seigneur! Vous n'avez donc point
dit à Valdrôme comme à moi : Tu n'iras
pas plus loin !
4c «
Comment veut-on que ces hommes
politiques que le Deux-Décembre a fait
éclore, craignent un second Deux-Dé-
cembre qui ne pourrait que leur redon-
ner de la force et de l'éclat? Et puis, M.
Sçgris l'a très bien expliqué :
Autrefois, pour attenter à la repré-
sentation nationale, il fallait séduire des
généraux, emprisonner ou fusiller d'hon-
nêtes gens, mettre l'armée sur pied;
terrifier le pays. Aujourd'hui, il suffit
d'envoyer une lettre à M. Schneider.
Autrefois, il fallait la force des baïonnet-
tes. Aujourd'hui, on se contente des jam-
bes d'un commissionnaire.
Le coup d'Etat n'a plus l'aspect terri-
ble et effrayant. Il s'est adouci et civilisé.
Il a pris les manières d'un homme du
monde. Il a mis un habit noir et des
gants paille. Il est devenu courtois. Il a
des égards pour nous. Il est plein de.
respect pour la volonté populaire. Qui
donc saurait nier ce progrès? Autrefois,
il traitait la chambre en ennemie. Au-
jourd'hui, il la traite en domestique.
fit
* *
Cela est tout simple et tout naturel.
La chambre représente la nation.Ilfaut
pouvoir s'en débarrasser facilement.
Nous en sommes là. Une simple lettre
suffit pour arrêter la discussion la plus
importante, et pour empêcher qu'on
vote les lois les plus utiles. Il arriverait un
jour, - je suppose, - où le corps législa-
tif serait composé des vrais députés du
pays ; où le corps législatif voudrait sin-
cèrement la liberté ; où le corps législa-
tif obéirait à l'opinion publique; un jour
viendrait où nous pourrions espérer de
rentrer dans la pleine possession de nos
libertés et de nos droits ; — que ce jour-
là, on verrait accourir du bout de l'hori-
zon un personnage étrange, coiffé d'un
chapeau de toile cirée. Ce personnage
s'approcherait du président; il lui ta-
perait sur l'épaule, et aussitôt la tribune
deviendrait muette et le président pren-
drait son paletot, pour sortir. Et si,
alors, l'assemblée demandait :
— Quel est donc cet homme si terrible
qu'il vous fait fuir, si audacieux qu'il
interrompt vos séances, si puissant qu'il
brise les destinées d'un peuple?
Le président répondrait, épouvanté :
- C'est le facteur !
EDOUARD LOeKROY.
UNE LETTRE DE BABBÈS
En répons# à l'envoi que lui avait fait
M. Ladislas Mickiewicz d'un ouvrage de son
père La Politique du dix-neuvième siècle, qui
vient de paraître, Barbès a écrit la lettre sui-
vante, qui proclame la nécessité de la « dernière
guerre » et qui n'admet pas pour la France
une paix égoïste et lâche qui laisse égorger
une nation sans courir à son aide. — R. H.
Cher citoyen et frère de Pologne,
Je vous remercie infiniment du beau li-
vre que vous m'envoyez.
J'étais en prison lorsque votre illustre
père publiait dans la Tribune des peuples sa
remarquable série d'articles; je-ne les
avais pas lus 1
Je suis heureux d'apprendre qu'il a
connu mon amour pour sa grande et in-
fortunée patrie. Après la France, la Po-
logne! et toutes les deux ensemble à la
rescousse contre toutes les iniquités de ce
monde 1 tel a toujours été le cri de mon
cœur.
Un de mes meilleurs souvenirs est d a-
voir écrit, le 15 mai, à l'Hôtel-de-Ville,
dans le moment même oh un nouveau
pouvoir semblait y être acclamé, quelques
lignes qui, au nom de la France, ordon-
naient aux trois assassins Russie, Prusse,
Autriche, d'abandonner leur proie, sous
peine de guerre immédiate.
Je suis bien heureux, je ne puis m'em-
pêcher de le répéter, que votre père ait
connu cet infime effort, aussitôt étoufté
que tenté.
Espérons que la France, en travail de
reprendre possession de sa volonté, ne
manquera pas, aussitôt libre, de penser à
sa sœur du Nord.
Gomme vous le dites, il se fait aujour-
d'hui des prédications qui nous immobili-
seraienti si c'était possible, dans l'ignoble
égoïsme du juste-milieu.
Mais la France est un héros! En vain,
on chercherait à la dérober à sa destinée.
Comme Achille, sous son vêtement de
femme, elle sautera, au premier jour, sur
une épée. Lorsque le mal dresse aussi haut
que jamais sa formidable citadelle sur les
peuples, ce n'est qu'avec l'épée, en effet,
qu'elle peut accomplir la plus importante
partie de sa tâche !
Arrière, à ce point de vue, toutes les
idées de paix! Arracher la Pologne aux
serres qui l'ont mise en lambeaux et l'é-
treignent, ce n'est pas, si j'ose ainsi dire,
déclarer la guerre ; c'est faire, quand on
est France, un simple acte de défense na-
tionale, car Pologne et France, — chacune
de nos émotions, de nos affections, de nos
souffrances nous le crie : — c'est la même
chair, le même cœur et la même âme !
Je m'arrête, cher frère et citoyen, sans
aborder aucune considération politique;
je crois qu'il ne serait pas difficile d'établir
qu'elles sont toutes d'accord avec la ques-
tion de fraternité, de sentiment.
Mais la respiration me manque pour dé-
velopper la moindre de mes idées.
Je ne suis qu'un vieux malade affaibli et
impuissant!
Je me hâte, avant de quitter mon pa-
pier, de vous serrer la main, et de me dire,
au nom de mon amour pour la Pologne
comme pour la Franco, votre frère et
ami.
A. DARDhS.
La Haye, 31 janvier 1870.
Nous recevons la dépêche suivante :
4 février, huit heures du soir. — On vient
d'expédier à la Marchine des lanciers en gar-
nison à Nevers et des soldats du 12° régiment
de ligne, de la même garnison, à Torteron.
.On assure que des grèves viennent de se
produire dans ces deux localités.
Seraient-ce de nouvelles manifestations
semblables à celle du Creuzot?
k. Buhl'UL
le
LES ON-DIT DU BOULEVARD
Hier, le maréchal Canrobert a passé,
dans la plaine Saint-Maur, une revue de
quatre mille hommes.
La revue a duré deux heures et de-
mie.
Le maréchal a fait distribuer une ration
de vin à chaque homme, et a levé toutes
les punitions disciplinaires.
Il a beaucoup questionné les vieux sol-
dats.
On n'avait pas commandé de cris de:
Vive l'empereur ! Les soldats en ont pro-
fité pour se taire.
tt
* *
Dialogue entre un père et une petite
Elle :
— Papa, qu'est-ce ça veut dire les let-
tres qu'on met devant M. Emile Ollivier?
— Quelles lettres ?
— Tu vois bien : S. Exc.
— Ça veut dire : Sans Excuse.
*
**
J'ai dit, avant-hier, l'idée incroyable qu'a-
vait eue un simple avocat, M. Léon Béquet,
de faire rayer des listes électorales :
• Des cent-gardes,
Des intendants généraux,
Un général de division,
Et un maréchal de. France, le maréchal
Bazaine, rien que cela 1
Il osait invoquer les termes du décret de
i852, en vertu duquel les militaires doi-
vent être inscrits comme électeurs, non
pas au lieu où ils résident, mais dans la
commune où ils étaient domiciliés avant
leur départ pour le service.
Le juge de paix du septième arrondis-
sement, auquel M. Léon Béquet avait
adressé sa réclamation, avait remis son
jugement à hier vendredi.
Eh bien ?
*
* *
Eh bien ! Cédant arma tog(!
Le juge de paix a rayé les cent-gardes,
les intendants et le général de division.
Et je crois, Dieu me damne ! comme di-
sent les Anglais, qu'il allait rayer le maré-
chal Bazaine, si ce maréchal n'avait ob-
jecté qu'au moment de son entrée au ser-
vice il était domicilié à Paris. Dès lors, la
réclamation de M. Béquet était sans pré-
texte à son endroit, et M. Béquet l'a reti-
rée de lui-même.
N'importe ! les cent-gardes et un géné-
ral, c'est gentil. Un juge de « paix » don-
nant tort à des gens de « guerre ». Où al-
lons-nous?
Où nous allons? je m'en doute bien;
mais chut ! M. Aulois nous écoute.
*
* *
La première édition de Lucrèce Borgia
a paru en brochure in-8% chez le libraire
Eugène Renduel, au mois de février 1833.
Elle est ornée d'une eau-forte de M. Céles-
tin Nanteuil, très caractéristique. C'est
l'épisode du poison versé par don a Lucre-
zia, dans la scène V de l'acte III. Dona
Lucrezia, debout derrière une table cou-
verte d'un riche tapis, verse le flacon d'or
dans une des deux coupes ; elle est vêtue
de blanc, décolletée, avec un collier, un
bijou au corsage, une ceinture nouée à la
tille. Gennaro est debout, à droite, tout
en noir, avec un ceinturon clair.
Don Alphonse d'Esté est assis et tient la
seconde coupe ; sur le côté de la tête, une
toque avec grande plume blanche; veste
de brocart d'or à manches claires ; mail-
lot rayé; au col, un ordre qui pend sur
la poitrine. Cette eau-forte est d'un ton
superbe.
Mais un de nos amis possède un exem-
plaire orné, en tête de l'acte V, d'une
autre gravure, également par M. Célestin
Nanteuil, rarissime, sinon unique. C'est la
grande scène du palais Negroni. Au fond
de la scène, dona Lucrezia parait, debout
sur les marches d'un grand escalier, s'en-
levant en sombre sur la lumière des cierges
que portent les pénitents. A droite des
moines, dont l'un a le capuchon relevé, le
groupe des jeunes seigneurs, Jeppo en tête,
éperdus de terreur.
- *
* *
En rendant compte de deux réceptions
qui ont eu lieu le même soir ehez deux
ministres, un journal qui va dans ces en-
droits emploie, ce style :
((MM. Ollivier et Ghevandier de Valdrôme
se sent pattogé leurs collègues et tout ce
qu'il y a en ce moment de notabilités poli-
: w; - J
Qu'est-ce qu'ils ont fait des morceaux?
S'ils les avaient jetés par lés fenêtres,
c'est moi qui n'en aurais pas ramassé !
*
* *
Les listes d'adhésion à l'Association na-
tionale des artistes français se couvrent de
signatures.
Il y aura nouvelle réunion préparatoire,
lundi prochain, à quatre heures, 3, rue de
la Tour-d'Auvergne. Cette réunion sera
très importante, car on commencera à y
discuter les articles du règlement de l'As-
sociation.
C'est le suffrage universel qui doit par-
ler. Toute pression autoritaire ou admi-
nistrative est repoussée par le groupe des
artistes qui ont eu les premiers l'idée de
cette Association nationale.
*
★ *
Le citoyen Bellora, ingénieur topogra-
phe, nous écrit que, d'ici à quelques jours,
il y aura sur notre liste de souscripteurs
au tombeau de Victor Noir un nom qui
étonnera passablement les lecteurs du
Rappel.
-..{-Ce nom serait celui de M. Chevreau.
Oui, de M. Henri Chevreau, le préfet de la
Seine.
Voici comment :
*
* *
Le citoyen Bellora possède un chien de-
puis les derniers jours de février 1869. En
mars, les répartiteurs le taxèrent; il aurait
trouvé la chose toute simple, si les répar-
titeurs ne l'avaient pas condamné à la taxe
double, sous prétexte que la taxe double
est due par tous les chiens non déclarés le
15 janvier.
Le citoyen Bellora répliqua qu'il n'avait
pu déclarer en janvier un chien qu'il n'a-
vait possédé qu'un mois après, reçut
ordre de payer, refusa, et c'est pourquoi
M. Chevreau a fait saisir chez lui et fera
vendre, rue Rossini, le i5 février qui vient,
les meubles suivants : « une commode h,
dessus de marbre, un secrétaire à dessus de
marbre, le tout en bois d'acajou, une pen-f
dule genre borne, une glace dans son
cadre doré, plus une table de nuit en bois
d'acajou. »
¡ *
* *
Le citoyen saisi est persuadé queM.Che-
vreau reconnaitra que la double taxe ne
lui était pas due, et voudra rendre l'ar-
gent; il a écrit au préfet de le « faire re-
mettre au bureau du fiappel, pour être
employé à l'érection du tombeau de Vic-
tor Noir s.
*
* *
Nous avons dernièrement parlé à cette
place de l'état déplorable dans lequel l'ad-
ministration laisse certaines parties de la
zone annexée, tant au point de vue de la
viabilité qu'à celui de l'éclairage.
Nous avons dit que plusieurs sections du
dix-huitième arrondissement étaient en-
core éclairées aujourd'hui par la lueur
blafarde des réverbères.
Mais, plus fort que ça!. dans ce même
dix-huitième arrondissement les rues Bi-
ron, Lécuyer, Bachelet, Lambert) de l'Im-
pératrice et autres, ne sont pas éclairées
du tout, ni au gaz, ni à l'huile.
*
* *
Ce qu'il y a de plus joli, c'est que, il y
a quelques années, l'impôt foncier a été
augmenté de moitié dans cet arrondisse-
ment.
C'était, disait-on, pour les frais de voi-
rie et — d'éclairage 1
Où donc a passé ce supplément d'impôt,
puisque le quartier n'a toujours pour ré-
verbère que la lune?
La lune, c'est peu. Encore si on n'y fai-
sait pas de trous t
«
* *
bn signale, en ce moment, dans nos dé-
partements' du Midi, un nouveau genre
d'escroquerie qui a été pratiqué au préju-
dice de plusieurs habitants et négociants
du pays.
Pour peu que vous ayez habité la pro-
vince, vous avez dû remarquer parfois ces
jeunes femmes à l'œil sauvage, au teint
bistré, aux cheveux d'un noir de jais, dont
les bandeaux collés aux tempes ressortent
violemment sous un madras jaune et rouge
et qui grimpent hardiment votre escalier
pour venir vous demander, avec un accent
méridional très prononcé: « Faut-il de la
toile ?..,»
Ces femmes, qui font ainsi leur tour de
France en offrant à domicile les toiles
prises en fabrique aux lieux de produc-
tiQn, viennent de Saint-Gaudens, de Tar.
bes, de Montauban, de Figeac ou de Mar.
mande, avec leur lourd ballot sur les
reins.
Or, depuis quelque temps, elles ont dis-
paru ; et, à leur place, on voit maintenant
des marchands se disant hollandais qui
vont dans les maisons offrir de la toile de
Hollande au-dessous du cours.
Or, ce qu'ils vendent sous ce nom, à
4 fr. le mètre, n'est autre chose que de
la toile d'emballage enveloppée de quel-
ques mètres de toile de Voiron qui vaut
1 fr. le mètre.
On a déjà aperçu quelques-uns de ces
Hollandais de contrebande à Paris.
Que les amateurs se méfient!
* *
*
lie concile a semblé à M. Benjamin Gas-
tineau une bonne occasiôn de raconter
l'influence des femmes sur les conciles et
sur la papauté.
Il en est résulté un livre fort intéressant,
qui a paru hier sous ce titre aussi franc que
le récit : Les courtisanes de l'Eglise.
*
* *
Le mot est-il vrai? je n'en mettrais pas
ma main au feu; en tout cas, il mériterait
de l'être.
Et d'ailleurs, il n'a rien d'impossible, ni
même d'invraisemblable, vu les présidents
— qui ne courent pas, puisqu'ils appar-
tiennent à la magistrature assise.
Donc, M0 R., avocat, et qui a été du con-
seil de l'ordre, citait hier, dans la salle
des Pas-Perdus, ce mot du président des
assises où fut jugé Poulmann.
Le président : — Misérable ! vous avez
tué! mais pourquoi ? -
Poulmann : — J'avais faim. Quand le
loup a faim, il tue.
Le président : - Il ferait mieux de ira-
vailler 1
Un passant,
LA POLITIQUE DE RÉSISTANCE
Il serait superflu de se le dissimuler :
nous sommes très probablement à la veille
de graves mesures contre la liberté de la
presse et contre la liberté de réunion.
Le gouvernement du Deux-Décembre a
voulu faire croire qu'il s'était miraculeu-
sement transformé en régime libéral ; l'o-
pinion publique ne s'est pas laissée séduire
par des apparences menteuses de réformes;
et cette admirable clairvoyance d'un peu-
ple qui se souvient du 2 Décembre et qui
analyse froidement, impitoyablement, les
prétendues concessions pour lesquelles on
ose lui demander ses éloges, a tout ensem-
ble déconcerté et exaspéré la cour. Les
journaux commencent à jeter le masque
de faux libéralisme sous lequel ils déro-
baient depuis quelques mois leurs vraies
tendances, leurs secrets desseins. Tant
mieux, du reste, nous saurons à quoi nous
en tenir!
Tout le monde sait où le Peuple français
puise ses inspirations. Or, le Peuple fran-
fais a publié hier tout un long article, ou
plutôt un long manifeste de son rédacteur
en chef, M. Clément Duvernois, contre les
réunions publiques. Ce manifeste débute
par des citations plus ou moins exactement
vérifiées, et se termine par les lignes sui-
vantes :
Non, il est impossible qu'une société com-
me la nôtre tolère plus longtemps un si mon-
strueux délire.
Il y a deux politiques également faciles à
suivre, mais également funestes.
L'une consiste à tout interdire, à tout em-
pêcher, même ce qui est utile à la libre mani-
festation de l'opinion publique.
L'autre consiste à tout permettre, à tout to-
lérer, à tout abandonner, même ce qui est in-
dispensable au maintien de tout gouverne-
ment, à la conservation da toute société.
Mais entre ces deux politiques qui aboutis-
sent toutes deux à ruiner un gouvernement,
il y en a une troisième qui propose et applique
loyalement les lois les plus libérales, mais qui
en impose le respect à tous; qui veut respec-
ter la liberté des opinions, mais qui oblige les
opinions à respecter l'autorité. Cellelà est
seule capable de fonder la liberté durable et
non cette liberté éphémère qui, après avoir été
apportée par le flot d'une révolution, est
bientôt emportée par le reflux d'une inévitable
réaction.
Cette politique a un nom : c'est la politique de
résistance..
La politique de résistance! voilà le mot
d'ordre du journalisme officieux aujour.
d'hui ; voilà le mot d'ordre qui sera expé-
dié demain peut-être aux préfets et aux
procureurs généraux.
Si la cour espère ainsi effrayer le pays,
elle se trompe. La France, dont tous les
intérêts moraux et matériels ont été com-
promis, a fait une expérience trop récente
et trop teriible de ce que coûte le silence
d'un peuple, pour ne pas vouloir, à tout
prix, la pleine liberté de la parole et de la
presse. Rien ne la contraindra dorénavant
à y renoncer. Tous les journaux démocra-
tiques accompliront leur devoir à leurs
risques et périls. Nous avons lutté quand
l'opinion publique sommeillait encore;
maintenant qu'elle est réveillée, la lutte
nous sera plus facile, parce que nous sen.
tons que l'heure de la victoire est* pro-
chaine.
Ce manifeste du Peuple français n'aura
donc qu'un résultat. Il montrera aux opti-
mistes eux-mêmes ce que valaient et ce
que valent les déclarations libérales de
M. Ollivier. Il dissipera les dernières illu-
sions.
Vienne donc la politique de résistance,
une politique qui, au moins, ait un nom et
un drapeau, qui ne se dérobe pas sans cesse
dans l'équivoque. Au moins nous combat-
trons au grand jour, et nons ne deman-
dons pas autre chose.
Albert Bsrbieux.
LA SÉANCE
LA MABIXE MARCHANDE SOUS L'EJIMRE.
Encore la marine marchande! Toujours
elle qui se plaint, qui se lalIijtnte, par la bou-
che de tous les députés des côtes et des
ports, et qui n'a que trop raison de se
plaindre. Car, peu à peu, elle s'en va, elle
diminue, elle périclite sous Napoléon lit
comme elle faisait sous Louis XV 1 Déca-
dence déplorable, car la France sans ma-
rine marchande, c'est la France avec une
marine militaire amoindrie ; et, comme l'a
dit un orateur, dans les conditions aetuel-
les de l'Europe, un peuple qui triomphe
à Austerlitz, mais qui est battu à Trafal-
gar, se trouve impuissant à jouer son
véritable rôle dans les affaires humaines.
Or, sur la question de savoir si notre
marine se relève, reste stationnaire ou
souffre cruellement sous et par le régime du
Deux-Décembre, il n'y a pas deux opinions
dans la chambre, il n'y en a qu'une. Oui,
il y a décadence, bien plus il y a crise. Là.
dessus, les ministériels les plus entêts,
sont du même avis que les irréconciliables
les plus honorablement résolus; les protec-
tionnistes du même sentiment que les libre*
échangistes ; les armateurs parlent comme
les marins. Le Havre récrimine comme Bor-
deaux. L'empire tue lentement la marina
française.
Nous citions hier, sur cette question ca-
pitale, les opinions significatives de M.
Desseaux et de M. Lecesne. Aujourd'hui
M. Kerjégu,— un protectionniste — a ter-
miné son speech, par ces paroles mélanco-
liques : « Je me résume, là marine mar-
chande est dans une situation TBÈS DIFFICILE.»
Et M. Jules Simon, le brillant professeur
du libre-échange, a commencé son dis-
cours par la phrase suivante: « Oui, notre
marine marchande traverse en ce moment une
crise! »
Ainsi le cri d'alarme que M. Thiers pous.
sait naguère, en montrant les ruines deno.
tre marine, est répété par tous les partie
économiques.
Voilà le fait, le grand fait de notre si.
tuation maritime ; il faudrait être aveugle
pour le nier, et il faudrait être un Cîà
toyen indigne de ce nom pour ne pas en
vouloir éternellement aux ministres du
Deux-Décembre qui l'ont laissé se pro-
duira, qui l'ont même aggravé, sans aver-
tir le pays. -
Dans cette situation déplorable, que
tout le monde reconnaît, qu'y a-t-il à faire?
Les avis sont effroyablement partalés.
Partagés de ville à ville, partagés dans la
même ville : constructeurs, armateurs,
négociants, chacun a son petit système.
Mais tous maüdissent la loi de 1866.
Il est vrai qu'on la maudit pour des mo:
tifs très différents, même très contradic*
toires ; et cependant toutes ces malédic-
tions sont légitimes.
C'est qu'aussi bien la loi de 1866 est
elle - même un tissu de contradictions
monstrueuses; il n'y avait guère qu'un
gouvernement comme celui du Deux-Dé-
cembre qui pût en faire une pareille.
On peut la résumer en deux mots :
Elle expose toute notre marine mar-
chande à tous les périls de la concurrence
étrangère, car elle adopte en principe la
liberté extérieure, et en même temps elle
rend cette concurrence impossible, car elltf
prive notre marine de toute liberté inté-
rieure, elle laisse peser sur elle et la servie
tude de l'inscription maritime, et la ser-
vitude non moins intolérable de milis
règlements surannés inventés par le génie
étroit et tracassier de Colbert.
Elle lui dit : Combats envers et contre
tous, et elle lui lie les mains.
Et c'est là, du reste, le vice général du
système économique adopté par le gouver-
nement impérial en 1860, et qui n'est
qu'un demi-libre-échange ou plutôt un
gâchis inintelligent, un chaos absurde de
barrières enlevées d'un côté, maintenues
et renforcées de l'autre.
Seulement, ce caractère mixte, ïrrai
tionnel, aveugle, contradictoire des théo<
ries économiques du régime actuel, éclate
plus visiblement dans la question de
la marine marchande que dans les ques-
tions plus complexes qui se rattachent
aux destinées de nos autres industries.
Voilà pourquoi nous recommandons
aux démocrates, de lire et de méditer la
très-curieuse controverse de MM. Kerjégu,
J. Simon et Estancelin, non pour se con-,
vaincre de nouveau de la vérité iDcontes.
table des. principes du libre-échange, mais
pour juger la manière étroite, misérable,
illogique, dont M. Rouher les a appliqués
ou plutôt les a trahis.
La chambre, si froide ordinairement, a
été profondément émue des révélations
qui lui ont été apportées sur les souffran-
Le numéro : 11 o. -- Départementr; 20 o.
ii piuviose an 7 b, — M a 04.
BÉDAGTIO.
S'adresser à M. ALBERT BARBIEUX
, De 3 à 7 h. du soir
18, rue de Valoii, 18.
Les manuscrits non insérés ne seront pas rendus,
-
ANNONCES
MM. CH. LAGRÀNGE, CERF ET Ca
6, place de la Bourse, 6.
fr. --
AURmimnov
S'adresser à M, AUGUSTE PANIS
ABONNEMENTS
- PARIS
Pu mois..;: 5 nJ)
Ttoinmote.. ; 13 50
DÉPAlaTEMENTS
Un mois. ; ; ; 6 a
Trois mois. 16 9
BUREAUX
15, boulevard Montmartre, i-S.y
J LE DROIT DE M8TB
f .,. ¡;
Non ! députés de l'opposition ; non !
députés révolutionnaires ; non ! hommes
de désordre, vous ne ferez jamais perdre
à la majorité de la chambre le sentiment
de sa dignité. Non ! monsieur Grévy,
successeur de Marat et de Babeuf, so-
cialiste effréné et terrible, vos manœu-
vres ne réussiront point. En vain, vous
proposerez de mettre la force armée à
la disposition de M. Schneider, en vain
vous entasserez raisonnements sur rai-
sonnements et sophismes sur sophismes,
il est une prérogative que la majorité
n'abandonnera jamais ; il est un droit
auquel elle ne renoncera pas; préroga-
tive admirable; droit sacré entre tous,
bien que les hommes de 89 n'en aient
point parlé : c'est le droit de se faire
« flanquer » à la porte !
Quoi ! c'est le seul que possède cette
grande et majestueuse assemblée, c'est
lé seul que lui ait accordé la bienveil-
lance du chef de l'Etat, c'est le seul dont
elle ait usé jusqu'ici, et vous voulez
qu'elle y renonce? Y songez-vous, so-
cialiste? Y avez-vous pensé, révolu-
tionnaire? Quoi! Elle perdrait cette pré-
rogative qui fait que, dans toute circon-
stance grave, elle peut s'incliner devant
l'index impérial qui lui montre le che-
min de l'escalier? Vous oubliez donc
qu'elle représente le peuple?
Vous voulez mettre la force armée à
la disposition de M. Schneider? Vous
voulez que l'assemblée se puisse défen-
dre contre un coup d'Etat? Mais elle
aime les coups d Etat, cette assemblée.
Que serait-elle sans le Deux-Décembre ?
Où seriez-vous, hélas! Mége, des Rotours,
du Mirai, Pereire, de Valdrôme, Jé-
rôme David, Belmontet, Paulmier, Du-
gué de la Fauconnerie, Vendre, Louvet,
Segris, Talhouët et le reste, si le chef de
l'Etat n'avait point violé son serment ?
Vous végéteriez dans l'obscurité, dans
l'ombre, dans la nuit ! Personne ne
soupçonnerait votre existence. A peine
vos concierges connaîtraient-ils vos
noms. Vous seriez comme les diamants
bruts, car il a fallu un crime pour vous
faire reluire et briller aux yeux de tous,
et nous passerions à côté de vous sans
vous remarquer, pierres précieuses en-
châssées dans un guet-apens !
Grâce au coup d'Etat, ces hommes
obscurs sont devenus des astres. Ils
brillent dans le ciel parlementaire com-
me des étoiles. Ils forment des constel-
lations. La droite ressemble à la voie
lactée et le centre gauche rappelle le
Capricorne. Tout un système planétaire
gravite autour du baron David ; Vendre
apparaît de temps en temps comme une
comète; Ollivier se promène comme un
so'eil et, pour nous éclairer, de Val-
drôme alterne avec la lune. Il répand
sa douce lumière quand le garde des
sceaux va se mettre au lit. Comme la
lune, il a ses phases. Pendant une se-
maine, il n'est qu'à demi nul; la se-
maine suivante, il le devient aux trois
quarts ; la semaine suivante, il le devient
tout à fait. On dit alors que Valdrôme
- est dans « son plein »ï Et les députés
subissent son influence ; et la France
est prise d'un rire convulsif, et les marées
sont plus basses que de coutume. L'O-
céan lui-même déserte nos côtes; il se
retire; il fuit étonné de cette naïveté que
rien n'arrête et de cet ahurissement qui
n'a plus de bornes. Et chacune de ses
vagues, en se dressant vers le ciel avec
un clapotement sinistre, semble dire au
Créateur de toutes choses:
— Seigneur! Vous n'avez donc point
dit à Valdrôme comme à moi : Tu n'iras
pas plus loin !
4c «
Comment veut-on que ces hommes
politiques que le Deux-Décembre a fait
éclore, craignent un second Deux-Dé-
cembre qui ne pourrait que leur redon-
ner de la force et de l'éclat? Et puis, M.
Sçgris l'a très bien expliqué :
Autrefois, pour attenter à la repré-
sentation nationale, il fallait séduire des
généraux, emprisonner ou fusiller d'hon-
nêtes gens, mettre l'armée sur pied;
terrifier le pays. Aujourd'hui, il suffit
d'envoyer une lettre à M. Schneider.
Autrefois, il fallait la force des baïonnet-
tes. Aujourd'hui, on se contente des jam-
bes d'un commissionnaire.
Le coup d'Etat n'a plus l'aspect terri-
ble et effrayant. Il s'est adouci et civilisé.
Il a pris les manières d'un homme du
monde. Il a mis un habit noir et des
gants paille. Il est devenu courtois. Il a
des égards pour nous. Il est plein de.
respect pour la volonté populaire. Qui
donc saurait nier ce progrès? Autrefois,
il traitait la chambre en ennemie. Au-
jourd'hui, il la traite en domestique.
fit
* *
Cela est tout simple et tout naturel.
La chambre représente la nation.Ilfaut
pouvoir s'en débarrasser facilement.
Nous en sommes là. Une simple lettre
suffit pour arrêter la discussion la plus
importante, et pour empêcher qu'on
vote les lois les plus utiles. Il arriverait un
jour, - je suppose, - où le corps législa-
tif serait composé des vrais députés du
pays ; où le corps législatif voudrait sin-
cèrement la liberté ; où le corps législa-
tif obéirait à l'opinion publique; un jour
viendrait où nous pourrions espérer de
rentrer dans la pleine possession de nos
libertés et de nos droits ; — que ce jour-
là, on verrait accourir du bout de l'hori-
zon un personnage étrange, coiffé d'un
chapeau de toile cirée. Ce personnage
s'approcherait du président; il lui ta-
perait sur l'épaule, et aussitôt la tribune
deviendrait muette et le président pren-
drait son paletot, pour sortir. Et si,
alors, l'assemblée demandait :
— Quel est donc cet homme si terrible
qu'il vous fait fuir, si audacieux qu'il
interrompt vos séances, si puissant qu'il
brise les destinées d'un peuple?
Le président répondrait, épouvanté :
- C'est le facteur !
EDOUARD LOeKROY.
UNE LETTRE DE BABBÈS
En répons# à l'envoi que lui avait fait
M. Ladislas Mickiewicz d'un ouvrage de son
père La Politique du dix-neuvième siècle, qui
vient de paraître, Barbès a écrit la lettre sui-
vante, qui proclame la nécessité de la « dernière
guerre » et qui n'admet pas pour la France
une paix égoïste et lâche qui laisse égorger
une nation sans courir à son aide. — R. H.
Cher citoyen et frère de Pologne,
Je vous remercie infiniment du beau li-
vre que vous m'envoyez.
J'étais en prison lorsque votre illustre
père publiait dans la Tribune des peuples sa
remarquable série d'articles; je-ne les
avais pas lus 1
Je suis heureux d'apprendre qu'il a
connu mon amour pour sa grande et in-
fortunée patrie. Après la France, la Po-
logne! et toutes les deux ensemble à la
rescousse contre toutes les iniquités de ce
monde 1 tel a toujours été le cri de mon
cœur.
Un de mes meilleurs souvenirs est d a-
voir écrit, le 15 mai, à l'Hôtel-de-Ville,
dans le moment même oh un nouveau
pouvoir semblait y être acclamé, quelques
lignes qui, au nom de la France, ordon-
naient aux trois assassins Russie, Prusse,
Autriche, d'abandonner leur proie, sous
peine de guerre immédiate.
Je suis bien heureux, je ne puis m'em-
pêcher de le répéter, que votre père ait
connu cet infime effort, aussitôt étoufté
que tenté.
Espérons que la France, en travail de
reprendre possession de sa volonté, ne
manquera pas, aussitôt libre, de penser à
sa sœur du Nord.
Gomme vous le dites, il se fait aujour-
d'hui des prédications qui nous immobili-
seraienti si c'était possible, dans l'ignoble
égoïsme du juste-milieu.
Mais la France est un héros! En vain,
on chercherait à la dérober à sa destinée.
Comme Achille, sous son vêtement de
femme, elle sautera, au premier jour, sur
une épée. Lorsque le mal dresse aussi haut
que jamais sa formidable citadelle sur les
peuples, ce n'est qu'avec l'épée, en effet,
qu'elle peut accomplir la plus importante
partie de sa tâche !
Arrière, à ce point de vue, toutes les
idées de paix! Arracher la Pologne aux
serres qui l'ont mise en lambeaux et l'é-
treignent, ce n'est pas, si j'ose ainsi dire,
déclarer la guerre ; c'est faire, quand on
est France, un simple acte de défense na-
tionale, car Pologne et France, — chacune
de nos émotions, de nos affections, de nos
souffrances nous le crie : — c'est la même
chair, le même cœur et la même âme !
Je m'arrête, cher frère et citoyen, sans
aborder aucune considération politique;
je crois qu'il ne serait pas difficile d'établir
qu'elles sont toutes d'accord avec la ques-
tion de fraternité, de sentiment.
Mais la respiration me manque pour dé-
velopper la moindre de mes idées.
Je ne suis qu'un vieux malade affaibli et
impuissant!
Je me hâte, avant de quitter mon pa-
pier, de vous serrer la main, et de me dire,
au nom de mon amour pour la Pologne
comme pour la Franco, votre frère et
ami.
A. DARDhS.
La Haye, 31 janvier 1870.
Nous recevons la dépêche suivante :
4 février, huit heures du soir. — On vient
d'expédier à la Marchine des lanciers en gar-
nison à Nevers et des soldats du 12° régiment
de ligne, de la même garnison, à Torteron.
.On assure que des grèves viennent de se
produire dans ces deux localités.
Seraient-ce de nouvelles manifestations
semblables à celle du Creuzot?
k. Buhl'UL
le
LES ON-DIT DU BOULEVARD
Hier, le maréchal Canrobert a passé,
dans la plaine Saint-Maur, une revue de
quatre mille hommes.
La revue a duré deux heures et de-
mie.
Le maréchal a fait distribuer une ration
de vin à chaque homme, et a levé toutes
les punitions disciplinaires.
Il a beaucoup questionné les vieux sol-
dats.
On n'avait pas commandé de cris de:
Vive l'empereur ! Les soldats en ont pro-
fité pour se taire.
tt
* *
Dialogue entre un père et une petite
Elle :
— Papa, qu'est-ce ça veut dire les let-
tres qu'on met devant M. Emile Ollivier?
— Quelles lettres ?
— Tu vois bien : S. Exc.
— Ça veut dire : Sans Excuse.
*
**
J'ai dit, avant-hier, l'idée incroyable qu'a-
vait eue un simple avocat, M. Léon Béquet,
de faire rayer des listes électorales :
• Des cent-gardes,
Des intendants généraux,
Un général de division,
Et un maréchal de. France, le maréchal
Bazaine, rien que cela 1
Il osait invoquer les termes du décret de
i852, en vertu duquel les militaires doi-
vent être inscrits comme électeurs, non
pas au lieu où ils résident, mais dans la
commune où ils étaient domiciliés avant
leur départ pour le service.
Le juge de paix du septième arrondis-
sement, auquel M. Léon Béquet avait
adressé sa réclamation, avait remis son
jugement à hier vendredi.
Eh bien ?
*
* *
Eh bien ! Cédant arma tog(!
Le juge de paix a rayé les cent-gardes,
les intendants et le général de division.
Et je crois, Dieu me damne ! comme di-
sent les Anglais, qu'il allait rayer le maré-
chal Bazaine, si ce maréchal n'avait ob-
jecté qu'au moment de son entrée au ser-
vice il était domicilié à Paris. Dès lors, la
réclamation de M. Béquet était sans pré-
texte à son endroit, et M. Béquet l'a reti-
rée de lui-même.
N'importe ! les cent-gardes et un géné-
ral, c'est gentil. Un juge de « paix » don-
nant tort à des gens de « guerre ». Où al-
lons-nous?
Où nous allons? je m'en doute bien;
mais chut ! M. Aulois nous écoute.
*
* *
La première édition de Lucrèce Borgia
a paru en brochure in-8% chez le libraire
Eugène Renduel, au mois de février 1833.
Elle est ornée d'une eau-forte de M. Céles-
tin Nanteuil, très caractéristique. C'est
l'épisode du poison versé par don a Lucre-
zia, dans la scène V de l'acte III. Dona
Lucrezia, debout derrière une table cou-
verte d'un riche tapis, verse le flacon d'or
dans une des deux coupes ; elle est vêtue
de blanc, décolletée, avec un collier, un
bijou au corsage, une ceinture nouée à la
tille. Gennaro est debout, à droite, tout
en noir, avec un ceinturon clair.
Don Alphonse d'Esté est assis et tient la
seconde coupe ; sur le côté de la tête, une
toque avec grande plume blanche; veste
de brocart d'or à manches claires ; mail-
lot rayé; au col, un ordre qui pend sur
la poitrine. Cette eau-forte est d'un ton
superbe.
Mais un de nos amis possède un exem-
plaire orné, en tête de l'acte V, d'une
autre gravure, également par M. Célestin
Nanteuil, rarissime, sinon unique. C'est la
grande scène du palais Negroni. Au fond
de la scène, dona Lucrezia parait, debout
sur les marches d'un grand escalier, s'en-
levant en sombre sur la lumière des cierges
que portent les pénitents. A droite des
moines, dont l'un a le capuchon relevé, le
groupe des jeunes seigneurs, Jeppo en tête,
éperdus de terreur.
- *
* *
En rendant compte de deux réceptions
qui ont eu lieu le même soir ehez deux
ministres, un journal qui va dans ces en-
droits emploie, ce style :
((MM. Ollivier et Ghevandier de Valdrôme
se sent pattogé leurs collègues et tout ce
qu'il y a en ce moment de notabilités poli-
: w; - J
Qu'est-ce qu'ils ont fait des morceaux?
S'ils les avaient jetés par lés fenêtres,
c'est moi qui n'en aurais pas ramassé !
*
* *
Les listes d'adhésion à l'Association na-
tionale des artistes français se couvrent de
signatures.
Il y aura nouvelle réunion préparatoire,
lundi prochain, à quatre heures, 3, rue de
la Tour-d'Auvergne. Cette réunion sera
très importante, car on commencera à y
discuter les articles du règlement de l'As-
sociation.
C'est le suffrage universel qui doit par-
ler. Toute pression autoritaire ou admi-
nistrative est repoussée par le groupe des
artistes qui ont eu les premiers l'idée de
cette Association nationale.
*
★ *
Le citoyen Bellora, ingénieur topogra-
phe, nous écrit que, d'ici à quelques jours,
il y aura sur notre liste de souscripteurs
au tombeau de Victor Noir un nom qui
étonnera passablement les lecteurs du
Rappel.
-..{-Ce nom serait celui de M. Chevreau.
Oui, de M. Henri Chevreau, le préfet de la
Seine.
Voici comment :
*
* *
Le citoyen Bellora possède un chien de-
puis les derniers jours de février 1869. En
mars, les répartiteurs le taxèrent; il aurait
trouvé la chose toute simple, si les répar-
titeurs ne l'avaient pas condamné à la taxe
double, sous prétexte que la taxe double
est due par tous les chiens non déclarés le
15 janvier.
Le citoyen Bellora répliqua qu'il n'avait
pu déclarer en janvier un chien qu'il n'a-
vait possédé qu'un mois après, reçut
ordre de payer, refusa, et c'est pourquoi
M. Chevreau a fait saisir chez lui et fera
vendre, rue Rossini, le i5 février qui vient,
les meubles suivants : « une commode h,
dessus de marbre, un secrétaire à dessus de
marbre, le tout en bois d'acajou, une pen-f
dule genre borne, une glace dans son
cadre doré, plus une table de nuit en bois
d'acajou. »
¡ *
* *
Le citoyen saisi est persuadé queM.Che-
vreau reconnaitra que la double taxe ne
lui était pas due, et voudra rendre l'ar-
gent; il a écrit au préfet de le « faire re-
mettre au bureau du fiappel, pour être
employé à l'érection du tombeau de Vic-
tor Noir s.
*
* *
Nous avons dernièrement parlé à cette
place de l'état déplorable dans lequel l'ad-
ministration laisse certaines parties de la
zone annexée, tant au point de vue de la
viabilité qu'à celui de l'éclairage.
Nous avons dit que plusieurs sections du
dix-huitième arrondissement étaient en-
core éclairées aujourd'hui par la lueur
blafarde des réverbères.
Mais, plus fort que ça!. dans ce même
dix-huitième arrondissement les rues Bi-
ron, Lécuyer, Bachelet, Lambert) de l'Im-
pératrice et autres, ne sont pas éclairées
du tout, ni au gaz, ni à l'huile.
*
* *
Ce qu'il y a de plus joli, c'est que, il y
a quelques années, l'impôt foncier a été
augmenté de moitié dans cet arrondisse-
ment.
C'était, disait-on, pour les frais de voi-
rie et — d'éclairage 1
Où donc a passé ce supplément d'impôt,
puisque le quartier n'a toujours pour ré-
verbère que la lune?
La lune, c'est peu. Encore si on n'y fai-
sait pas de trous t
«
* *
bn signale, en ce moment, dans nos dé-
partements' du Midi, un nouveau genre
d'escroquerie qui a été pratiqué au préju-
dice de plusieurs habitants et négociants
du pays.
Pour peu que vous ayez habité la pro-
vince, vous avez dû remarquer parfois ces
jeunes femmes à l'œil sauvage, au teint
bistré, aux cheveux d'un noir de jais, dont
les bandeaux collés aux tempes ressortent
violemment sous un madras jaune et rouge
et qui grimpent hardiment votre escalier
pour venir vous demander, avec un accent
méridional très prononcé: « Faut-il de la
toile ?..,»
Ces femmes, qui font ainsi leur tour de
France en offrant à domicile les toiles
prises en fabrique aux lieux de produc-
tiQn, viennent de Saint-Gaudens, de Tar.
bes, de Montauban, de Figeac ou de Mar.
mande, avec leur lourd ballot sur les
reins.
Or, depuis quelque temps, elles ont dis-
paru ; et, à leur place, on voit maintenant
des marchands se disant hollandais qui
vont dans les maisons offrir de la toile de
Hollande au-dessous du cours.
Or, ce qu'ils vendent sous ce nom, à
4 fr. le mètre, n'est autre chose que de
la toile d'emballage enveloppée de quel-
ques mètres de toile de Voiron qui vaut
1 fr. le mètre.
On a déjà aperçu quelques-uns de ces
Hollandais de contrebande à Paris.
Que les amateurs se méfient!
* *
*
lie concile a semblé à M. Benjamin Gas-
tineau une bonne occasiôn de raconter
l'influence des femmes sur les conciles et
sur la papauté.
Il en est résulté un livre fort intéressant,
qui a paru hier sous ce titre aussi franc que
le récit : Les courtisanes de l'Eglise.
*
* *
Le mot est-il vrai? je n'en mettrais pas
ma main au feu; en tout cas, il mériterait
de l'être.
Et d'ailleurs, il n'a rien d'impossible, ni
même d'invraisemblable, vu les présidents
— qui ne courent pas, puisqu'ils appar-
tiennent à la magistrature assise.
Donc, M0 R., avocat, et qui a été du con-
seil de l'ordre, citait hier, dans la salle
des Pas-Perdus, ce mot du président des
assises où fut jugé Poulmann.
Le président : — Misérable ! vous avez
tué! mais pourquoi ? -
Poulmann : — J'avais faim. Quand le
loup a faim, il tue.
Le président : - Il ferait mieux de ira-
vailler 1
Un passant,
LA POLITIQUE DE RÉSISTANCE
Il serait superflu de se le dissimuler :
nous sommes très probablement à la veille
de graves mesures contre la liberté de la
presse et contre la liberté de réunion.
Le gouvernement du Deux-Décembre a
voulu faire croire qu'il s'était miraculeu-
sement transformé en régime libéral ; l'o-
pinion publique ne s'est pas laissée séduire
par des apparences menteuses de réformes;
et cette admirable clairvoyance d'un peu-
ple qui se souvient du 2 Décembre et qui
analyse froidement, impitoyablement, les
prétendues concessions pour lesquelles on
ose lui demander ses éloges, a tout ensem-
ble déconcerté et exaspéré la cour. Les
journaux commencent à jeter le masque
de faux libéralisme sous lequel ils déro-
baient depuis quelques mois leurs vraies
tendances, leurs secrets desseins. Tant
mieux, du reste, nous saurons à quoi nous
en tenir!
Tout le monde sait où le Peuple français
puise ses inspirations. Or, le Peuple fran-
fais a publié hier tout un long article, ou
plutôt un long manifeste de son rédacteur
en chef, M. Clément Duvernois, contre les
réunions publiques. Ce manifeste débute
par des citations plus ou moins exactement
vérifiées, et se termine par les lignes sui-
vantes :
Non, il est impossible qu'une société com-
me la nôtre tolère plus longtemps un si mon-
strueux délire.
Il y a deux politiques également faciles à
suivre, mais également funestes.
L'une consiste à tout interdire, à tout em-
pêcher, même ce qui est utile à la libre mani-
festation de l'opinion publique.
L'autre consiste à tout permettre, à tout to-
lérer, à tout abandonner, même ce qui est in-
dispensable au maintien de tout gouverne-
ment, à la conservation da toute société.
Mais entre ces deux politiques qui aboutis-
sent toutes deux à ruiner un gouvernement,
il y en a une troisième qui propose et applique
loyalement les lois les plus libérales, mais qui
en impose le respect à tous; qui veut respec-
ter la liberté des opinions, mais qui oblige les
opinions à respecter l'autorité. Cellelà est
seule capable de fonder la liberté durable et
non cette liberté éphémère qui, après avoir été
apportée par le flot d'une révolution, est
bientôt emportée par le reflux d'une inévitable
réaction.
Cette politique a un nom : c'est la politique de
résistance..
La politique de résistance! voilà le mot
d'ordre du journalisme officieux aujour.
d'hui ; voilà le mot d'ordre qui sera expé-
dié demain peut-être aux préfets et aux
procureurs généraux.
Si la cour espère ainsi effrayer le pays,
elle se trompe. La France, dont tous les
intérêts moraux et matériels ont été com-
promis, a fait une expérience trop récente
et trop teriible de ce que coûte le silence
d'un peuple, pour ne pas vouloir, à tout
prix, la pleine liberté de la parole et de la
presse. Rien ne la contraindra dorénavant
à y renoncer. Tous les journaux démocra-
tiques accompliront leur devoir à leurs
risques et périls. Nous avons lutté quand
l'opinion publique sommeillait encore;
maintenant qu'elle est réveillée, la lutte
nous sera plus facile, parce que nous sen.
tons que l'heure de la victoire est* pro-
chaine.
Ce manifeste du Peuple français n'aura
donc qu'un résultat. Il montrera aux opti-
mistes eux-mêmes ce que valaient et ce
que valent les déclarations libérales de
M. Ollivier. Il dissipera les dernières illu-
sions.
Vienne donc la politique de résistance,
une politique qui, au moins, ait un nom et
un drapeau, qui ne se dérobe pas sans cesse
dans l'équivoque. Au moins nous combat-
trons au grand jour, et nons ne deman-
dons pas autre chose.
Albert Bsrbieux.
LA SÉANCE
LA MABIXE MARCHANDE SOUS L'EJIMRE.
Encore la marine marchande! Toujours
elle qui se plaint, qui se lalIijtnte, par la bou-
che de tous les députés des côtes et des
ports, et qui n'a que trop raison de se
plaindre. Car, peu à peu, elle s'en va, elle
diminue, elle périclite sous Napoléon lit
comme elle faisait sous Louis XV 1 Déca-
dence déplorable, car la France sans ma-
rine marchande, c'est la France avec une
marine militaire amoindrie ; et, comme l'a
dit un orateur, dans les conditions aetuel-
les de l'Europe, un peuple qui triomphe
à Austerlitz, mais qui est battu à Trafal-
gar, se trouve impuissant à jouer son
véritable rôle dans les affaires humaines.
Or, sur la question de savoir si notre
marine se relève, reste stationnaire ou
souffre cruellement sous et par le régime du
Deux-Décembre, il n'y a pas deux opinions
dans la chambre, il n'y en a qu'une. Oui,
il y a décadence, bien plus il y a crise. Là.
dessus, les ministériels les plus entêts,
sont du même avis que les irréconciliables
les plus honorablement résolus; les protec-
tionnistes du même sentiment que les libre*
échangistes ; les armateurs parlent comme
les marins. Le Havre récrimine comme Bor-
deaux. L'empire tue lentement la marina
française.
Nous citions hier, sur cette question ca-
pitale, les opinions significatives de M.
Desseaux et de M. Lecesne. Aujourd'hui
M. Kerjégu,— un protectionniste — a ter-
miné son speech, par ces paroles mélanco-
liques : « Je me résume, là marine mar-
chande est dans une situation TBÈS DIFFICILE.»
Et M. Jules Simon, le brillant professeur
du libre-échange, a commencé son dis-
cours par la phrase suivante: « Oui, notre
marine marchande traverse en ce moment une
crise! »
Ainsi le cri d'alarme que M. Thiers pous.
sait naguère, en montrant les ruines deno.
tre marine, est répété par tous les partie
économiques.
Voilà le fait, le grand fait de notre si.
tuation maritime ; il faudrait être aveugle
pour le nier, et il faudrait être un Cîà
toyen indigne de ce nom pour ne pas en
vouloir éternellement aux ministres du
Deux-Décembre qui l'ont laissé se pro-
duira, qui l'ont même aggravé, sans aver-
tir le pays. -
Dans cette situation déplorable, que
tout le monde reconnaît, qu'y a-t-il à faire?
Les avis sont effroyablement partalés.
Partagés de ville à ville, partagés dans la
même ville : constructeurs, armateurs,
négociants, chacun a son petit système.
Mais tous maüdissent la loi de 1866.
Il est vrai qu'on la maudit pour des mo:
tifs très différents, même très contradic*
toires ; et cependant toutes ces malédic-
tions sont légitimes.
C'est qu'aussi bien la loi de 1866 est
elle - même un tissu de contradictions
monstrueuses; il n'y avait guère qu'un
gouvernement comme celui du Deux-Dé-
cembre qui pût en faire une pareille.
On peut la résumer en deux mots :
Elle expose toute notre marine mar-
chande à tous les périls de la concurrence
étrangère, car elle adopte en principe la
liberté extérieure, et en même temps elle
rend cette concurrence impossible, car elltf
prive notre marine de toute liberté inté-
rieure, elle laisse peser sur elle et la servie
tude de l'inscription maritime, et la ser-
vitude non moins intolérable de milis
règlements surannés inventés par le génie
étroit et tracassier de Colbert.
Elle lui dit : Combats envers et contre
tous, et elle lui lie les mains.
Et c'est là, du reste, le vice général du
système économique adopté par le gouver-
nement impérial en 1860, et qui n'est
qu'un demi-libre-échange ou plutôt un
gâchis inintelligent, un chaos absurde de
barrières enlevées d'un côté, maintenues
et renforcées de l'autre.
Seulement, ce caractère mixte, ïrrai
tionnel, aveugle, contradictoire des théo<
ries économiques du régime actuel, éclate
plus visiblement dans la question de
la marine marchande que dans les ques-
tions plus complexes qui se rattachent
aux destinées de nos autres industries.
Voilà pourquoi nous recommandons
aux démocrates, de lire et de méditer la
très-curieuse controverse de MM. Kerjégu,
J. Simon et Estancelin, non pour se con-,
vaincre de nouveau de la vérité iDcontes.
table des. principes du libre-échange, mais
pour juger la manière étroite, misérable,
illogique, dont M. Rouher les a appliqués
ou plutôt les a trahis.
La chambre, si froide ordinairement, a
été profondément émue des révélations
qui lui ont été apportées sur les souffran-
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