Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-02-02
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 février 1870 02 février 1870
Description : 1870/02/02 (N260). 1870/02/02 (N260).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75314731
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
N leo. — Mercredi 8 février 1970. 1 Le numéro : 11 c. - Départements : 20 c.
11 pluviôse AD 71, — N 260.
- RÉDACTION - J ; :
S'adresser à M. ALBERT BARBIEUX •
Da 3 à 7 h du soir :
t * 181 tue de Vàlo», 18. f j J.
t8J rue de Voie, 18. ,,
- ," - ".t f
Les manuscrits non insérés ne seront pas
ANNONCES * -
MM. CH. LAGRANGE, CERF ET Cil
- 6, place de la Bourse, t. ¡. ,Ci
T P B AaAPf-jPrjriiTu
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03 • ADIIIJJISTBATIOlV" -
* S'adresser à M. AUGUSTE PANrs
«' 1 Ht,
1
ABONNEMENTS
•PARIS
Un mois. fi »»
finis mois. 13 50
DÉPARTEMENTS j
Un mois.. 6 '»\t
Trois mofs. 15 »»
BUREAUX
t ;), boulevard Montmartre, 15.
OUTTAIRE DES PAUVRES?
X~Ç\V; U * n/j
Que faire des trayaille *. em'
I)IOi't -' <"f ..1'1'\
Que ■ • f £ j
Que faire des pauvreâ \41tiÍui:;j';a
servent pas à faire des ric^ôç?;
La question est formida U~L ~ë&
plus tôt un peu plus tard, elle Imposera
partout. En attendant, elle se discute à
Londres.
fIo 1. 1.
Et à entendre les cris d alarme, on
dirait que cette Angleterre, où il y a
tant de riches, risque d'être submergée,
si - elle n'y prend garde, par la marée
montante de ses pauvres.
:" Il convient de s'arrêter à ce spectacle,
qui est plein d'enseignements. ,
Nul pays au monde ne montre mieux
que l'Angleterre en quoi peut consister
l'Eldorado des économistes. -
Nul! e part, les prescriptions d'Adam
* Smith et de ses continuateurs n'ont été
plus religieusement suivies.
:- Nuils on n'a, d'un acani^ plu*,
dégagé, couru les aventures de la con-
currence et chanté des hymnes à l'anar-
chie industrielle.
Nulle part, on n'a poussé à un plus
complet développement la lutte de ceux
qui ont tout contre ceux qui n'ont rien.
Nulle part, on n'a décoré avec une
conviction plus profonde du beau nom
de liberté le pouvoir d'asservir le travail-
leur à l'instrument de travail : la ri-
chesse vivante à la richesse morte.
Nulle part, on n'a plus intrépidement
confondu avec la doctrine de la souve-
raineté de l'individu celle du laissez-
faire.
Nulle part, on n'a mieux compris et
mieux appliqué la science de la pro duc-
tion des richesses séparée de la science
de leur distribution.
Et le résultat?
Le résultat présente, d'abord, cela de
remarquable que l'Angleterre n'a pu
aller jusqu'au bout dans sa voie sans se
heurter à l'impossible, et sans avoir à
tourner l'obstacle, en se condamnant à
des contradictions énormes.
C'est ainsi que, malgré sa confiance
dans l'action de l'individu et sa foi dans
la doctrine du laissez-faire, elle a été
conduite par la force des choses à mettre
à la charge de la paroisse la souveraineté
de l'individu sans emploi et sans pain.
C'est ainsi qu'elle a dû se départir de
son opposition systématique au principe
de l'intervention de l'Etat, par la loi dès
pauvres, qui n'en est qu'une application
absurde, ruineuse, monstrueuse.
C'est ainsi que, ne voulant pas recon-
naitre à chaque membre de la société le
droit de vivre en travaillant, elle a four-
ni aux meurt-de-faim le moyen de vivre
sans travailler.
C'est ainsi que, tout- en vouant aux
dieux infernaux les avocats d'un socia-
lisme rationnel, elle a été contrainte par
l'inefficacité flagrante de son système à
donner dans un socialisme insensé.
A quoi cela-lui a-t-il servi ? Les faits
répondent.
Dans un .meeting tenu, avant-hier,
dans « Mansion-House », sous la prési-
dence du lord-maire, il a été déclaré
par sir George Grey, déclaré par M. Sa-
muel Morley, membre du Parlement,
déclaré par M. Me Cullati Torrens, autre
membre du Parlement, déclaré par M.
E. Jenkins, secrétaire de la « Ligue pour
l'émigration nationale ( National Emigra-
tion League) » : que, dans ce pays le plus
opulent de la terre, le peuple était aux
abois; que la misère était immense;
qu'elle s'accroissait chaque jour; qu'elle
réclamait un prompt remède ; que la dé-
tresse des travailleurs était un mal chro-
nique, un mal épidémique, un mal na-
tional ; qu'il fallait une issue à cette si-
tuation terrible; qu'il était temps et plus
que temps d'ouvrir toutes grandes les
portes de l'émigration.
La mérité est que la misère fait peur.
Premièrement, le nombre des indi-
gents à la charge de la paroisse ne s'é-
lève pas, len Angleterre, à moins d'un
million; et je lis dans le discours pro-
noncé par M. Samuel Morley : « Plu-
sieurs de nos principales paroisses con-
tiennent des familles qui, de génération
en génération, ont été à la charge des
contribuables, et je suis autorisé à dire
qu'il y a dans Londres beaucoup de ces
familles qui, pendant des années, ont
coûté en moyenne aux paroisses qui les
nourrissent jusqu'à 100 liv. st. par an. »
Mais quoi! la statistique des work-
houses n'éclaire qu'un coin de l'antre
habité par la détresse des travailleurs.
Les workhouses renferinent ceux qui
mangent le pain de la charité parois-
siale ; ils iie renferment pas ceux qui,
robustes, libres et affamés, cherchent,
sans le trouver, le pain du travail. Ces
erniers ne comptent pas dans les chif-
: très officiels. C'est lentement, c'est sans
ollstatation que la misère les tue : ils
An eurent incognito.
r Seulement, ils sont assez nombreux
pour qu'on s'aperçoive de l'étendue, do
la profondeur du mal, et qu'on s'en in-
quiète.
L'Angleterre serait-elle donc comme
une place assiégée, dans laquelle, les
vivres menaçant de faire défaut, on se
demande comment on se débarrassera
des bouches inutiles ?
1 Mais pourquoi prendre alarme? L'An-
gleterre ne possède-t-elle pas des colo-
nies? N'y a-t-il plus dans le monde de
terre à défricher, de vide à remplir ?
Envoyons les travailleurs qui manquent
ici d'emploi là où l'on manque de tra-
vailleurs. L'émigration est une soupape
de sûreté : ouvrons-la. Tout sera pour
imerieax le jaeiiteer des moîtâèë'
possibles.
C'est l'opinion du lord-maire; l'opi-
nion de Me Cullah Torrens, comme
celle de sir George Grey ; l'opinion
d'homme3 appartenant à la classe
moyenne comme celle d'hommes fai-
sant partie de la classe ouvrière ; l'opi-
nion de maint conservatiste comme
celle de maint libéral.
Malheureusement, cette question en
soulève d'autres d'une nature très déli-
cate.
On n'émigre pas par cela seul qu'on
en a le désir ou qu'on en éprsuve la
nécessité. Pour émigrer, il faut de l'ar-
gent ; il faut de l'argent pour s'établir
dans le pays où l'on émigré : qui four-
nira les fonds?
Il est clair que l'émigration, aban-
donnée à l'action de ce fameux prin-
cipe du laissez-faire si cher aux écono-
mistes, n'atteindrait pas le but qu'on jse
propose.
Le but, au moins immédiat, est de
ménager une issue au trop-plein de la
population ouvrière, d'atténuer les ef-
fets désastreux d'une concurrence pous-
sée à l'excès, de faire hausser les salai-
res, de soulager le marché du travail.
Or, l'émigration volontaire n'est
guère propre à produire ces résultats.
Si elle les a produits en Irlande, c'est
parce que, .là, .sa puissance a été centu-
plée par une surexcitation sans exemple
de l'esprit national ; c'est parce que, là,
une foule de-malheureux réduits à l'al-
ternative de mourir de faim ou de fuir
la patrie, ont dû à l'inépuisable généro-
sité de ceux de leurs parents ou amis qui
avaient passé l'Atlantique et prospéré
sur le sol hospitalier des Etats-Unis, de
pouvoir s'expatrier comme moyen de
vivre ! On sait quelles sommes considé-
rables les Irlandais d'Amérique ont en-
voyées et, ne cessent d'envoyer à leurs
frères d'Irlande, pour les mettre en état
d'échapper à l'indigence par l'exil. C'est
un véritable phénomène historique.
Mais il n'en est pas moins vrai qu'en
thèse générale l'émigration volontaire
n'est pas ce qui diminue d'une manière
sensible la pression exercée sur les
moyens de subsistance. L'émigration vo-
lontaire emporte les jeunes, les bien-
portants, et encore faut-il pour cela
qu'ils possèdent déjà quelque chose ;
mais elle laisse derrière elle les vieil-
lards, les infirmes, les malades et la
classe trop nombreuse, hélas ! des tra-
vailleurs qui vivent au jour le jour.
Aussi commence t-on, dans cette An-
gleterre — le pays classique du laissez-
faire! — à se tourner vers l'Etat. Seul,
suivant la te National Emigration Lea-
gue», l'Etat peut conduire la grande
entreprise d'une étaigration, telle que la
rendent nécessaire des exigences légiti-
mes, inassouvies et redoutées. Car il ne
s'agit pas, qu'on le remarque bien, d'un
plan de civilisation, mais d'un moyen de
salut. - ♦
Dans ses Principes d'économie poli-
tique, M. John Stuart Mill dit, avec cette
élévation d'esprit qui caractérise tous
ses ouvrages, que, pour apprécier les
bienfaits de la colonisation, il importe
de les considérer dans leurs rapports
avec les intérêts collectifs de la race hu-
maine. Il fait observer que la question se
lie au principe de la production des riches-
ses non moins qu'à celui de leur circula-
tion. S'il est bon que les produits soient
transportés des pays où ils surabondent
dans ceux où ils manquent, cela est vrai
aussi du travail et des instruments de
travail. Les travailleurs et le capital qui
vont d'un lieu où leur pouvoir productif
est moindre dans un lieu où il est plus
considérable, augmentent d'autant la ri-
chesse collective du monde. Et M. John
Stuart Mill déclare qu'une œuvre civili-
satîico de ce genre rentre naturelle-
ment dans les attributions de l'Etat.
Mais la « National Emigration Lea-
gue» n'a pas de si hautes visées. En
invoquant l'intervention de l'Etat, elle
se place simplemerlt au point de vue
d'une nécessité pressante, inéludable;
elle ne se préoccupe que de l'Angle-
terre ; elle ne parle qu'au nom des An-
glais qui appartiennent à la catégorie
des affamés. Fait tragique, fait navrant,
que je livre aux méditations des écono-
mistes! -
Mais je connais d'avance leur réponse.
L'économie politique — celle dont
Adam Smith fut le créateur et reste l'o-
racle — n'est-elle pas une science des-
criptive ? Prétend-elle être autre chose ?
Vous demandez si cela doit être ? Vous
êtes bien curieux ! Cela est.. :,--
De là la anathèmes lances-^^ le Ti-
mes contre les hérétiques de la «Natio-
nal Emigration League ». C'est une ex-
communication en règle. Comment ! Ils
ne comprennent pas, les membres de
cette ligue imprudente, que le droit au
travail se cache dans le problème qui
s'agite ! Comment ! ils ne saisissent pas
la portée de ces paroles échappées à la
candeur de M. Edmond Beales : a Le de-
voir du gouvernement est de procurer
du travail au peuple à l'intérieur, ou de
l'aider à en trouver au dehors » ! L'An-
gleterre est menacée d'une invasion —
l'invasion du socialisme : deecendra-t-
elle au rang de pays conquis ?
Voilà ce qui se dit dans un camp; et
ce qui se dit dans le camp opposé, dia-
métralement opposé, est plus instructif
encore. ,-
Dans le meeting d'avant-hier, un
jeune homme, du nom de Johnson, a
déclaré très-rondement que, selon lui,
l'émigration véritablement utile, serait
celle, non du pauvre peuple, mais de la
royauté et de l'aristocratie.
On a ri et on a sifflé.
Mais ce qui est sA', c'est que, si le
projet d'une émigration nationale, en
tant qu'exécuté par 1 Etat, a contre lui
ceux qui le regardent comme un com-
mencement d'invasion socialiste, il est
loin de répondre aux aspirations de tous
les avocats de la cause populaire.
Beaucoup pensent qu'avant de songer
à appliquer le système de la colonisation
au dehors, on devrait s'occuper de ré-
soudre le problème de la colonisation au
dedans.
Il y a en Angleterre trente millions
d'acres de terre en friche. Ces terres ne
pourraient-elles pas être louées, à un
prix modéré, aux personnes qu'il serait
le plus urgent de secourir? C'est ce que
proposèrent, dans un meeting tenu au
mois de décembre dernier, M. Warren
et M. A. Smith.
Pour mettre ce système en œuvre, se-
lon M. A. Smith, il suffirait que le gou-
vernement consentît à avancer une
somme de 2,000,000 liv. st., hypothé-
quée sur le travail des colons, à 3 1[4
p. 100, et remboursable dans l'espace
de dix-huit ans. Avec cette somme,
quatre millions d'acres pourraient être
mis en culture. On courrait au plus
pressé, en donnant rendez-vous dans
Hyde-Park aux travailleurs sans emploi,
et on les enverrait dans le Hampshire,
où il y a dix-neuf mille acres de bonnes
terres actuellement incultes.
Le plan ne parut pas réalisable au
meeting, qui, à l'unanimité moins cinq
voix, ee prononça en faveur du système
d'émigration.
Mais, je le répète : à ceux que la faim
presse de partir, la patrie crie, d'une
voix qui les fait tressaillir : Restez !
Or, la patrie a des enchantements
ineffables. Elle nous tient au cœur par
mille liens sacrés et doux : par les im-
pressions, toujours présentes, de notre
enfance, par le souvenir de nos joies,
surtout par le souvenir de nos douleurs.
La patrie nous est aussi chère que la fa-
mille. Et qu'est-elle, sinon notre fa-
mille agrandie? *
Yoilà ce que le peuple sent jusque
dans le fond de ses entrailles. Et lors-
qu'on lui offre d'aller chercher loin,
bien loin de la terre qui le vit naître, le
pouvoir de vivre, il se demande si l'exis-
tence n'est pas achetée trop cher, à ce
prix; s'il ne serait pas possible de lui
épargner par des arrangements plus
équitables la nécessité poignante de
e hoisir entre le pain quotidien et la pa-
trie si l'organisation du travail ne se-
rait pas préférable à l'organisation de
l'exil, et-si l'unique preuve de sollici-
tude que puisse donner à l'homme du
peuple la société dont il fait partie est
do marquer à quelques mille lieues de
son berceau la place de sa tombe !
LOUIS RLAXC.
COUPS D'AILE
Je voudrais qu'un statisticien fit le
compte des articles de lois qui, depuis un
siècle, se sont succédé dans notre beau
pays.
Ne pensez-vous pas que ce compte dé-
passerait le nombre des étoiles et le chiffre
approximatif des grains de sable de la
mer ?
Nos articles de lois, mis les uns devant
les autres,, cepte ljL jjxrjaee
•MdêCB&fè cfun magnifique tapis.
C'est même la seule utilité qu'ils au-
raient, si l'on savait la comprendge.
Il n'y a pas de philosophe qui n'ait dit
et prouvé que les peuples les plus heureux
sont ceux qui ont le moins de lois.
Aucun peuple, depuis la naissance de
l'humanité, n'en a eu autant que nous.
*
* ★
On nous dit : « Il faut respecter les lois M.
Rien de mieux; mais ne réfléchit-on pas
que le respect est un sentiment comme un
autre, et qui diminue de force, par cela
seul qu'il s'étend à plus de choses?
On respecte très aisément un dieu uDi.
que; on pourrait même, à la rigueur, s'ar-
ranger pour respecter une demi-douzaine
de dieux. Mais comment prendre au sé-
rieux toute une.mythologie?
Passe pour Jupiter et Saturne; Hercule
aurait encore du bcn. Mais nous n'en som-
mes plus à Hercule; nous en sommes, par-
donnez-moi d'ysonger, à ces petites idoles
rachitiques dont on voit des fragments au
Louvre, et qui, affaissées sur elles-mêmes,
donnent lieu aux suppositions les plus ma-
térielles.
*
•k -k
Nos législateurs n'en ont pas moins de
cœur à l'ouvrage; et je viens de lire un nou-
veau projet de loi sur la presse qui ne con-
tient pas moins de trente-sept jolis articles.
Il y a cependant un fait, qui devrait
éclairer sur la valeur des lois sur la presse;
c'est le besoin qu'on éprouve de les chan-
ger tous les deux ou trois ans. En sorte
que nous autres, pauvres journalistes, nous
nous trouvons forcés de respecter les dé-
crets les plus bizarres et les plus contra-
dictoires, sous peine de passer pour des
esprits subversifs de tout ordre social.
J'aurais pu me dispenser de lire cette
nouvelle loi sur la presse ; car, mes frères,
je vous le dis en vérité, on n'en fera jamais
de bonnes. Qu'on en change les termes tant
qu'on voudra, une loi sur la presse aura
toujours un défaut capital, c'est d'être une
loi, c'est-à-dire d'avoir la prétention de
gouverner ce qui ne peut être gouverné,
l'expression de la pensée humaine..
*
.*
Cette nouvelle loi est naturellement fort
obscure. L'ayant lue, je crains qu'elle ne
reste généralement incomprise; car ce
n'est qu'à force d'efforts, que j'ai pu m'en
expliquer à moi-même certains passages.
Plusieurs d'entre ces passages ont un dou-
ble sens, pomme les oracles antiques. Je
ne doute pas un ïeul instant, qu'ils ne
soient goûtés par l'immense majoiité de
la chambre, pour qui c'est toujours une
nouvelle joie de voter l'insoluble et de
décréter l'incompréhensible.
Aussi n'est-ce pas pour la chambre',
mais pour le public, que je crois bon de
donner ici, telle qu'elle m'est apparue, la
définition de quelques mots, qui pourraient
embarrasser les lecteurs.
C'est ainsi qu'en l'article 3 il est parlé de
comptes rendus de mauvaise foi. Au pre-
mier abord, il paraît difficile de -s'expli-
quer comment on pourra distiaguer entre
une erreur et un compte rendu de mau-
vaise foi. Rien n'est plus simple pour-
tant, et il suffit d'un exemple pour rendre
l'expression lucide.
Quand un journal officieux prêtera aux
députés de l'opposition un langage qu'ils
n'auront pas tenu, ce sera une erreur.
Quand un journal libéral citera une pa-
role de ministre qui ne sera pas dans l'or-
gane officiel, ce sera un compte rendu de
mauvaise foi.
*
* * -
Il faut distinguer aussi entre les offenses
contre les gouvernements étrangers.
Exemple : ': • 1
Je suppose que je traite d'assassin le
président de la République du Mexique, ce
sera un simple jugement. v ," j
m» Si, an j&niawlfi déclare qW.le roi
d'itati»a-eti-tort de faire fusiller Garibaldi,
ce sera un outrage. ;' I
*
• * * k f n a 1
Article 8, on s'occupe des injures contre
les tribunaux.
Si je trouve mauvais qu'un tribunal con-
damne un révolutionnaire à deux ans de
prison, j'insulte à la justice.. ,
Mais si, comme on l'a vu il n'y a pas
très longtemps, la presse officieuse se dé-
chaîne contre des magistrats qui ont ac-
quitté ce même révolutionnaire, il n'y a
plus là que simple différence d'opinion.
*
* *
Quant à la nuance qui sépare la pensée
de l'acte, elle est des plus aisées à indi-
quer.
Le journaliste qui demande une Saint-
Barthelémy de Républicains n'exprime
évidemment qu'un désir, et n'est nulle-
ment répréhensible. -
Mais le journaliste qui conseille aux .ci-
toyens de porter des armes défensives, çx-
.œte aoa moins évidemment la réToIte".
commet un acte punissable.
* * ,
Je crois qu'en voilà assez pour que per-
sonne ne puisse plus se tromper sur la va-
leur des termes du projet de loi.
Ce petit commentaire avait son utilité ;
car enfin, pour bien respecter les lois, en-
core faut-il les connaître.
t Henry Maret.
-
"J LA SÉANCE
L'ATTITUDE DU CABINET. — UN PROJET
ÉCLECTIQUE DE RÉFORME JUDICIAIRE.
— N'allez pas à votre tribune, disait hier
M. de T. aux journalistes; vous seriez
obligés d'entendre un discours aride et
glacé de M. Dupuy de Lôme; restez ici. La
véritable séance du corps législatif va se
tenir dans la salle des Pas-Perdus et dans
les couloirs. C'est là qu'on saura tout d'a-
bord si la crise ministérielle est ajournée
ou va éclater ce soir.
Bientôt, des députés affairés passent, re-
passent, en échangeant quelques mots.
Des préfets que l'on regarde comme des
dégommés les suivent des yeux d'un air
goguenard. — C'est nous qui les avons
faits, ces élus des départements, et ils nous
laissent défaire. — Laissez donc, réplique
M. J. D. L. M., ils auront bientôt leur tour.
Survient à ce moment un ami de M.
Maurice Richard. On l'entoure : - Eh bien?
et la crise.
- Finie, — archi-finie. — Le conseil cé
matin a été bon. Daru cède, et, ce qui
vous étonnera plus que tout le reste, on
prétend qu'il cède pour rester, et qu'il
reste pour obéir au conseils de M. Thiers.
— Ce n'est pas possible, s'écrie un dé-
puté de la droite.
— C'est plus que probable, réplique un
journaliste. Dans tout cet imbroglio, il n'y
a que Thiers qui sache au juste ce qu'il
veut et il est votre maître à tous. Il ae
peut prendre la place d'assaut ; il y intro-
duit ses soldats et il entend qu'ils y de.
meurent. Le tour est de bonne guerre ;
tant pis pour vous.
Après ça, tandis que vous vous dispute-
rez entre orléanistes et bonapartistes, si la
démocratie intervient, ealme et triom-
phante, pour tout remettre dans l'ordre,
vous n'aurez guère le droit de vous plain-
dre.
Ces mots jettent un froid parmi les dé-
putés, et chacun se retire.
Le discours de M. Dupuy de Lôme, sur
les acquits-à-caution, a été aussi mauvais
que pouvaient le souhaiter les ministres:
Imaginez de longs développements tech-
niques, hérissés de chiffres plus ou moins
contestables, mais dépourvus de toute idée
générale, mornes et sans lumière.
M. Dupuy de Lôme était cependant sur
un bon terrain; il défendait les vrais prin-
cipes contre un coup d'Etat protectionniste ;
il défendait, de plus, les intérêts de la ma-
rine française odieusement sacrifiés par des
ministres incapables. Oui, il est très vrai
que l'industrie de la construction des na-
vires, qui déjà est cinq fois moins déve-
loppée en France qu'en Angleterre, va
tellement être opprimée par les décrets du
9 janvier qu'elle rendra à peine 4 p. 100.
Mais l'orateur met faiblement en relief les
résultats désastreux des mesures ministé-
rielles; on dirait qu'il a peur de les atta.
quer, et il conclut en demandant non leur
abrogation, mais un simple sursis.
C'est M. Louvet, le ministre r
mis en cause, qui aurait dû ré p ( e
M. Louvet n'a jamais* brillé qu ^P
muets du corps législatif, et c'es
fét qui se eonstitue^Q* avocat. M. Bul ï 6
tt fetat bien le dire, a pNMifl 4to>46mfiéf«*
l'application des décrets du 9 janvièr;
mais il les a défendus comme légalement
irréprochables.
Son argumentation, sous ce rapport,
n'a fait du reste que reproduire celle des
protectionnistes et de M. Thiers. Elle se
ramène à la proposition suivante : Malgré
les promesses solennelles de M. Rouher,
nous avons pu changer par un décret dic-
tatorial la situation de certaines indus-
tries, parce que cette situation elle-même
était le résultat d'un décret dictatorial.
Détestable sophisme, M. le ministre.
Quoi ! tout ce qui. a été fait arbitraire-
ment peut être arbitrairement modifié! Où
irions-nous avec une théorie pareille ! Quel-
les garanties resteraient aux intérêts les
plus respectables? Que deviendraient les
droits si restreints qu'on n'a pu encore
nous enlever? N'est-il pas évident que si
l'on vous accordait votre principe, il vous
permettrait d'établir la prohibition abso-
lue par quelques décrets comme M. Rou-
her a établi par décrets un libre échange
incomplet, mal venu et inintelligent!
—isiais qu'importent les sophismes mons-
trueux de M. Buffet? M. Ollivier avait, au
nom de la cour, transigé avec l'élément
orléaniste et protectionniste du cabinet; et
la chambre, bien que libre échangiste en
majorité^ a voté à la presque unanimité
l'ordre du jour pur et simple, c'est-à-dire
la consécration du-coup d'Etat protection.
piste de M. Louvet. M. Dupuy de Lôme lui-
même a abandonné dans le scrutin les in-
térêts qu'il avait défendus dans son dis-
cours. ,.
Et vous vous imaginez que l'on fondera
jamais un régime parlementaire avec un
pareil parlement? v
Au commencement de la séance, M. Mar-
tel a lu au corps législatif un projet de loi,
-.:. très débonnaire, du reste, — qui a pour
but de reconstituer un peu la magistra-
ture, ou du moins de la rendre un peu
moins dépendante du pouvoir.
Aux termes de ce projet (en 25 arti"
cles) les juges de paix ne pourraient être
nommés qu'à l'âge de vingt-cinq ans et
sur une liste de candidats - dressée par la
cour impériale. — Ils ne pourraient être
destitués que sur l'avis de cette cour.
Les juges des tribunaux ne pourraient
être choisis que parmi les anciens magis-
trats, les membres du parquet ayant un
certain temps d'exercice, les professeurs
des Facultés de droit, ou enfin parmi les
licenciés ou docteurs en droit ayant subi
les épreuves d'un concours.
Les présidents et vices-présidents des
tribunaux de première instance seraient
élus par les membres de la cour impériale
de leur ressort.
Les premiers présidents, les présidents
de chambres et les conseillers des cours
impériales seraient également élus, et élus
par las membres de la cour où se produi-
rait une vacance.
Même système pour le recrutement de
la cour de cassation.
Ce projet, qui sera soutenu par une frac-
tion notable du centre gauche, a pour but
de donner une certaine place au concours
et à l'élection dans le recrutement de la ma-
gistrature.
Mais cette place est insuffisante et la
base électorale que propose M. Martel est
Beaucoup trop étroite. Si l'on acceptait
le projet de cet honorable, les compagnies
judiciaires se formeraient elles mêmes,
puisqu'elles choisiraient leurs membres,
et elles ne tarderaient pas à former un Etat
dans l'Etat. Un pareil système nous garan-
tirait dans une certaine mesure contre la
dépendance de la magistrature; mais il
nous livrerait à ses préjugés et à mille in-
trigues de coterie. Il reconstituerait nos
vieux parlements qui surent parfois ré-
sister à des ministres prévaricateurs, qui
furent toujours ou presque toujours les es-
claves des tendances les plus rétrogrades.
Certes, il est urgent de reconstituer la
magistrature, et il fant la reconstituer sur
la double base du concours et de l'élection,
mais de l'élection et du concours organisés
démocratiquement.
Albert Barbieux.
LES ON-DIT DU BOULEVARD
La répétition générale de Lucrèce Borgia,
qui a eu lieu hier soir, a marché admirable-
ment, et nous ne croyons pas nous tromper
en prédisant à la représentation de demain
un succès digne de l'œuvre.
*
* * *
A propos de Lucrèce Borgia, certains
oumaux, naturellement - et heureuse:
11 pluviôse AD 71, — N 260.
- RÉDACTION - J ; :
S'adresser à M. ALBERT BARBIEUX •
Da 3 à 7 h du soir :
t * 181 tue de Vàlo», 18. f j J.
t8J rue de Voie, 18. ,,
- ," - ".t f
Les manuscrits non insérés ne seront pas
ANNONCES * -
MM. CH. LAGRANGE, CERF ET Cil
- 6, place de la Bourse, t. ¡. ,Ci
T P B AaAPf-jPrjriiTu
LHi
03 • ADIIIJJISTBATIOlV" -
* S'adresser à M. AUGUSTE PANrs
«' 1 Ht,
1
ABONNEMENTS
•PARIS
Un mois. fi »»
finis mois. 13 50
DÉPARTEMENTS j
Un mois.. 6 '»\t
Trois mofs. 15 »»
BUREAUX
t ;), boulevard Montmartre, 15.
OUTTAIRE DES PAUVRES?
X~Ç\V; U * n/j
Que faire des trayaille *. em'
I)IOi't -' <"f ..1'1'\
Que ■ • f £ j
Que faire des pauvreâ \41tiÍui:;j';a
servent pas à faire des ric^ôç?;
La question est formida U~L ~ë&
plus tôt un peu plus tard, elle Imposera
partout. En attendant, elle se discute à
Londres.
fIo 1. 1.
Et à entendre les cris d alarme, on
dirait que cette Angleterre, où il y a
tant de riches, risque d'être submergée,
si - elle n'y prend garde, par la marée
montante de ses pauvres.
:" Il convient de s'arrêter à ce spectacle,
qui est plein d'enseignements. ,
Nul pays au monde ne montre mieux
que l'Angleterre en quoi peut consister
l'Eldorado des économistes. -
Nul! e part, les prescriptions d'Adam
* Smith et de ses continuateurs n'ont été
plus religieusement suivies.
:- Nuils on n'a, d'un acani^ plu*,
dégagé, couru les aventures de la con-
currence et chanté des hymnes à l'anar-
chie industrielle.
Nulle part, on n'a poussé à un plus
complet développement la lutte de ceux
qui ont tout contre ceux qui n'ont rien.
Nulle part, on n'a décoré avec une
conviction plus profonde du beau nom
de liberté le pouvoir d'asservir le travail-
leur à l'instrument de travail : la ri-
chesse vivante à la richesse morte.
Nulle part, on n'a plus intrépidement
confondu avec la doctrine de la souve-
raineté de l'individu celle du laissez-
faire.
Nulle part, on n'a mieux compris et
mieux appliqué la science de la pro duc-
tion des richesses séparée de la science
de leur distribution.
Et le résultat?
Le résultat présente, d'abord, cela de
remarquable que l'Angleterre n'a pu
aller jusqu'au bout dans sa voie sans se
heurter à l'impossible, et sans avoir à
tourner l'obstacle, en se condamnant à
des contradictions énormes.
C'est ainsi que, malgré sa confiance
dans l'action de l'individu et sa foi dans
la doctrine du laissez-faire, elle a été
conduite par la force des choses à mettre
à la charge de la paroisse la souveraineté
de l'individu sans emploi et sans pain.
C'est ainsi qu'elle a dû se départir de
son opposition systématique au principe
de l'intervention de l'Etat, par la loi dès
pauvres, qui n'en est qu'une application
absurde, ruineuse, monstrueuse.
C'est ainsi que, ne voulant pas recon-
naitre à chaque membre de la société le
droit de vivre en travaillant, elle a four-
ni aux meurt-de-faim le moyen de vivre
sans travailler.
C'est ainsi que, tout- en vouant aux
dieux infernaux les avocats d'un socia-
lisme rationnel, elle a été contrainte par
l'inefficacité flagrante de son système à
donner dans un socialisme insensé.
A quoi cela-lui a-t-il servi ? Les faits
répondent.
Dans un .meeting tenu, avant-hier,
dans « Mansion-House », sous la prési-
dence du lord-maire, il a été déclaré
par sir George Grey, déclaré par M. Sa-
muel Morley, membre du Parlement,
déclaré par M. Me Cullati Torrens, autre
membre du Parlement, déclaré par M.
E. Jenkins, secrétaire de la « Ligue pour
l'émigration nationale ( National Emigra-
tion League) » : que, dans ce pays le plus
opulent de la terre, le peuple était aux
abois; que la misère était immense;
qu'elle s'accroissait chaque jour; qu'elle
réclamait un prompt remède ; que la dé-
tresse des travailleurs était un mal chro-
nique, un mal épidémique, un mal na-
tional ; qu'il fallait une issue à cette si-
tuation terrible; qu'il était temps et plus
que temps d'ouvrir toutes grandes les
portes de l'émigration.
La mérité est que la misère fait peur.
Premièrement, le nombre des indi-
gents à la charge de la paroisse ne s'é-
lève pas, len Angleterre, à moins d'un
million; et je lis dans le discours pro-
noncé par M. Samuel Morley : « Plu-
sieurs de nos principales paroisses con-
tiennent des familles qui, de génération
en génération, ont été à la charge des
contribuables, et je suis autorisé à dire
qu'il y a dans Londres beaucoup de ces
familles qui, pendant des années, ont
coûté en moyenne aux paroisses qui les
nourrissent jusqu'à 100 liv. st. par an. »
Mais quoi! la statistique des work-
houses n'éclaire qu'un coin de l'antre
habité par la détresse des travailleurs.
Les workhouses renferinent ceux qui
mangent le pain de la charité parois-
siale ; ils iie renferment pas ceux qui,
robustes, libres et affamés, cherchent,
sans le trouver, le pain du travail. Ces
erniers ne comptent pas dans les chif-
: très officiels. C'est lentement, c'est sans
ollstatation que la misère les tue : ils
An eurent incognito.
r Seulement, ils sont assez nombreux
pour qu'on s'aperçoive de l'étendue, do
la profondeur du mal, et qu'on s'en in-
quiète.
L'Angleterre serait-elle donc comme
une place assiégée, dans laquelle, les
vivres menaçant de faire défaut, on se
demande comment on se débarrassera
des bouches inutiles ?
1 Mais pourquoi prendre alarme? L'An-
gleterre ne possède-t-elle pas des colo-
nies? N'y a-t-il plus dans le monde de
terre à défricher, de vide à remplir ?
Envoyons les travailleurs qui manquent
ici d'emploi là où l'on manque de tra-
vailleurs. L'émigration est une soupape
de sûreté : ouvrons-la. Tout sera pour
imerieax le jaeiiteer des moîtâèë'
possibles.
C'est l'opinion du lord-maire; l'opi-
nion de Me Cullah Torrens, comme
celle de sir George Grey ; l'opinion
d'homme3 appartenant à la classe
moyenne comme celle d'hommes fai-
sant partie de la classe ouvrière ; l'opi-
nion de maint conservatiste comme
celle de maint libéral.
Malheureusement, cette question en
soulève d'autres d'une nature très déli-
cate.
On n'émigre pas par cela seul qu'on
en a le désir ou qu'on en éprsuve la
nécessité. Pour émigrer, il faut de l'ar-
gent ; il faut de l'argent pour s'établir
dans le pays où l'on émigré : qui four-
nira les fonds?
Il est clair que l'émigration, aban-
donnée à l'action de ce fameux prin-
cipe du laissez-faire si cher aux écono-
mistes, n'atteindrait pas le but qu'on jse
propose.
Le but, au moins immédiat, est de
ménager une issue au trop-plein de la
population ouvrière, d'atténuer les ef-
fets désastreux d'une concurrence pous-
sée à l'excès, de faire hausser les salai-
res, de soulager le marché du travail.
Or, l'émigration volontaire n'est
guère propre à produire ces résultats.
Si elle les a produits en Irlande, c'est
parce que, .là, .sa puissance a été centu-
plée par une surexcitation sans exemple
de l'esprit national ; c'est parce que, là,
une foule de-malheureux réduits à l'al-
ternative de mourir de faim ou de fuir
la patrie, ont dû à l'inépuisable généro-
sité de ceux de leurs parents ou amis qui
avaient passé l'Atlantique et prospéré
sur le sol hospitalier des Etats-Unis, de
pouvoir s'expatrier comme moyen de
vivre ! On sait quelles sommes considé-
rables les Irlandais d'Amérique ont en-
voyées et, ne cessent d'envoyer à leurs
frères d'Irlande, pour les mettre en état
d'échapper à l'indigence par l'exil. C'est
un véritable phénomène historique.
Mais il n'en est pas moins vrai qu'en
thèse générale l'émigration volontaire
n'est pas ce qui diminue d'une manière
sensible la pression exercée sur les
moyens de subsistance. L'émigration vo-
lontaire emporte les jeunes, les bien-
portants, et encore faut-il pour cela
qu'ils possèdent déjà quelque chose ;
mais elle laisse derrière elle les vieil-
lards, les infirmes, les malades et la
classe trop nombreuse, hélas ! des tra-
vailleurs qui vivent au jour le jour.
Aussi commence t-on, dans cette An-
gleterre — le pays classique du laissez-
faire! — à se tourner vers l'Etat. Seul,
suivant la te National Emigration Lea-
gue», l'Etat peut conduire la grande
entreprise d'une étaigration, telle que la
rendent nécessaire des exigences légiti-
mes, inassouvies et redoutées. Car il ne
s'agit pas, qu'on le remarque bien, d'un
plan de civilisation, mais d'un moyen de
salut. - ♦
Dans ses Principes d'économie poli-
tique, M. John Stuart Mill dit, avec cette
élévation d'esprit qui caractérise tous
ses ouvrages, que, pour apprécier les
bienfaits de la colonisation, il importe
de les considérer dans leurs rapports
avec les intérêts collectifs de la race hu-
maine. Il fait observer que la question se
lie au principe de la production des riches-
ses non moins qu'à celui de leur circula-
tion. S'il est bon que les produits soient
transportés des pays où ils surabondent
dans ceux où ils manquent, cela est vrai
aussi du travail et des instruments de
travail. Les travailleurs et le capital qui
vont d'un lieu où leur pouvoir productif
est moindre dans un lieu où il est plus
considérable, augmentent d'autant la ri-
chesse collective du monde. Et M. John
Stuart Mill déclare qu'une œuvre civili-
satîico de ce genre rentre naturelle-
ment dans les attributions de l'Etat.
Mais la « National Emigration Lea-
gue» n'a pas de si hautes visées. En
invoquant l'intervention de l'Etat, elle
se place simplemerlt au point de vue
d'une nécessité pressante, inéludable;
elle ne se préoccupe que de l'Angle-
terre ; elle ne parle qu'au nom des An-
glais qui appartiennent à la catégorie
des affamés. Fait tragique, fait navrant,
que je livre aux méditations des écono-
mistes! -
Mais je connais d'avance leur réponse.
L'économie politique — celle dont
Adam Smith fut le créateur et reste l'o-
racle — n'est-elle pas une science des-
criptive ? Prétend-elle être autre chose ?
Vous demandez si cela doit être ? Vous
êtes bien curieux ! Cela est.. :,--
De là la anathèmes lances-^^ le Ti-
mes contre les hérétiques de la «Natio-
nal Emigration League ». C'est une ex-
communication en règle. Comment ! Ils
ne comprennent pas, les membres de
cette ligue imprudente, que le droit au
travail se cache dans le problème qui
s'agite ! Comment ! ils ne saisissent pas
la portée de ces paroles échappées à la
candeur de M. Edmond Beales : a Le de-
voir du gouvernement est de procurer
du travail au peuple à l'intérieur, ou de
l'aider à en trouver au dehors » ! L'An-
gleterre est menacée d'une invasion —
l'invasion du socialisme : deecendra-t-
elle au rang de pays conquis ?
Voilà ce qui se dit dans un camp; et
ce qui se dit dans le camp opposé, dia-
métralement opposé, est plus instructif
encore. ,-
Dans le meeting d'avant-hier, un
jeune homme, du nom de Johnson, a
déclaré très-rondement que, selon lui,
l'émigration véritablement utile, serait
celle, non du pauvre peuple, mais de la
royauté et de l'aristocratie.
On a ri et on a sifflé.
Mais ce qui est sA', c'est que, si le
projet d'une émigration nationale, en
tant qu'exécuté par 1 Etat, a contre lui
ceux qui le regardent comme un com-
mencement d'invasion socialiste, il est
loin de répondre aux aspirations de tous
les avocats de la cause populaire.
Beaucoup pensent qu'avant de songer
à appliquer le système de la colonisation
au dehors, on devrait s'occuper de ré-
soudre le problème de la colonisation au
dedans.
Il y a en Angleterre trente millions
d'acres de terre en friche. Ces terres ne
pourraient-elles pas être louées, à un
prix modéré, aux personnes qu'il serait
le plus urgent de secourir? C'est ce que
proposèrent, dans un meeting tenu au
mois de décembre dernier, M. Warren
et M. A. Smith.
Pour mettre ce système en œuvre, se-
lon M. A. Smith, il suffirait que le gou-
vernement consentît à avancer une
somme de 2,000,000 liv. st., hypothé-
quée sur le travail des colons, à 3 1[4
p. 100, et remboursable dans l'espace
de dix-huit ans. Avec cette somme,
quatre millions d'acres pourraient être
mis en culture. On courrait au plus
pressé, en donnant rendez-vous dans
Hyde-Park aux travailleurs sans emploi,
et on les enverrait dans le Hampshire,
où il y a dix-neuf mille acres de bonnes
terres actuellement incultes.
Le plan ne parut pas réalisable au
meeting, qui, à l'unanimité moins cinq
voix, ee prononça en faveur du système
d'émigration.
Mais, je le répète : à ceux que la faim
presse de partir, la patrie crie, d'une
voix qui les fait tressaillir : Restez !
Or, la patrie a des enchantements
ineffables. Elle nous tient au cœur par
mille liens sacrés et doux : par les im-
pressions, toujours présentes, de notre
enfance, par le souvenir de nos joies,
surtout par le souvenir de nos douleurs.
La patrie nous est aussi chère que la fa-
mille. Et qu'est-elle, sinon notre fa-
mille agrandie? *
Yoilà ce que le peuple sent jusque
dans le fond de ses entrailles. Et lors-
qu'on lui offre d'aller chercher loin,
bien loin de la terre qui le vit naître, le
pouvoir de vivre, il se demande si l'exis-
tence n'est pas achetée trop cher, à ce
prix; s'il ne serait pas possible de lui
épargner par des arrangements plus
équitables la nécessité poignante de
e hoisir entre le pain quotidien et la pa-
trie si l'organisation du travail ne se-
rait pas préférable à l'organisation de
l'exil, et-si l'unique preuve de sollici-
tude que puisse donner à l'homme du
peuple la société dont il fait partie est
do marquer à quelques mille lieues de
son berceau la place de sa tombe !
LOUIS RLAXC.
COUPS D'AILE
Je voudrais qu'un statisticien fit le
compte des articles de lois qui, depuis un
siècle, se sont succédé dans notre beau
pays.
Ne pensez-vous pas que ce compte dé-
passerait le nombre des étoiles et le chiffre
approximatif des grains de sable de la
mer ?
Nos articles de lois, mis les uns devant
les autres,, cepte ljL jjxrjaee
•MdêCB&fè cfun magnifique tapis.
C'est même la seule utilité qu'ils au-
raient, si l'on savait la comprendge.
Il n'y a pas de philosophe qui n'ait dit
et prouvé que les peuples les plus heureux
sont ceux qui ont le moins de lois.
Aucun peuple, depuis la naissance de
l'humanité, n'en a eu autant que nous.
*
* ★
On nous dit : « Il faut respecter les lois M.
Rien de mieux; mais ne réfléchit-on pas
que le respect est un sentiment comme un
autre, et qui diminue de force, par cela
seul qu'il s'étend à plus de choses?
On respecte très aisément un dieu uDi.
que; on pourrait même, à la rigueur, s'ar-
ranger pour respecter une demi-douzaine
de dieux. Mais comment prendre au sé-
rieux toute une.mythologie?
Passe pour Jupiter et Saturne; Hercule
aurait encore du bcn. Mais nous n'en som-
mes plus à Hercule; nous en sommes, par-
donnez-moi d'ysonger, à ces petites idoles
rachitiques dont on voit des fragments au
Louvre, et qui, affaissées sur elles-mêmes,
donnent lieu aux suppositions les plus ma-
térielles.
*
•k -k
Nos législateurs n'en ont pas moins de
cœur à l'ouvrage; et je viens de lire un nou-
veau projet de loi sur la presse qui ne con-
tient pas moins de trente-sept jolis articles.
Il y a cependant un fait, qui devrait
éclairer sur la valeur des lois sur la presse;
c'est le besoin qu'on éprouve de les chan-
ger tous les deux ou trois ans. En sorte
que nous autres, pauvres journalistes, nous
nous trouvons forcés de respecter les dé-
crets les plus bizarres et les plus contra-
dictoires, sous peine de passer pour des
esprits subversifs de tout ordre social.
J'aurais pu me dispenser de lire cette
nouvelle loi sur la presse ; car, mes frères,
je vous le dis en vérité, on n'en fera jamais
de bonnes. Qu'on en change les termes tant
qu'on voudra, une loi sur la presse aura
toujours un défaut capital, c'est d'être une
loi, c'est-à-dire d'avoir la prétention de
gouverner ce qui ne peut être gouverné,
l'expression de la pensée humaine..
*
.*
Cette nouvelle loi est naturellement fort
obscure. L'ayant lue, je crains qu'elle ne
reste généralement incomprise; car ce
n'est qu'à force d'efforts, que j'ai pu m'en
expliquer à moi-même certains passages.
Plusieurs d'entre ces passages ont un dou-
ble sens, pomme les oracles antiques. Je
ne doute pas un ïeul instant, qu'ils ne
soient goûtés par l'immense majoiité de
la chambre, pour qui c'est toujours une
nouvelle joie de voter l'insoluble et de
décréter l'incompréhensible.
Aussi n'est-ce pas pour la chambre',
mais pour le public, que je crois bon de
donner ici, telle qu'elle m'est apparue, la
définition de quelques mots, qui pourraient
embarrasser les lecteurs.
C'est ainsi qu'en l'article 3 il est parlé de
comptes rendus de mauvaise foi. Au pre-
mier abord, il paraît difficile de -s'expli-
quer comment on pourra distiaguer entre
une erreur et un compte rendu de mau-
vaise foi. Rien n'est plus simple pour-
tant, et il suffit d'un exemple pour rendre
l'expression lucide.
Quand un journal officieux prêtera aux
députés de l'opposition un langage qu'ils
n'auront pas tenu, ce sera une erreur.
Quand un journal libéral citera une pa-
role de ministre qui ne sera pas dans l'or-
gane officiel, ce sera un compte rendu de
mauvaise foi.
*
* * -
Il faut distinguer aussi entre les offenses
contre les gouvernements étrangers.
Exemple : ': • 1
Je suppose que je traite d'assassin le
président de la République du Mexique, ce
sera un simple jugement. v ," j
m» Si, an j&niawlfi déclare qW.le roi
d'itati»a-eti-tort de faire fusiller Garibaldi,
ce sera un outrage. ;' I
*
• * * k f n a 1
Article 8, on s'occupe des injures contre
les tribunaux.
Si je trouve mauvais qu'un tribunal con-
damne un révolutionnaire à deux ans de
prison, j'insulte à la justice.. ,
Mais si, comme on l'a vu il n'y a pas
très longtemps, la presse officieuse se dé-
chaîne contre des magistrats qui ont ac-
quitté ce même révolutionnaire, il n'y a
plus là que simple différence d'opinion.
*
* *
Quant à la nuance qui sépare la pensée
de l'acte, elle est des plus aisées à indi-
quer.
Le journaliste qui demande une Saint-
Barthelémy de Républicains n'exprime
évidemment qu'un désir, et n'est nulle-
ment répréhensible. -
Mais le journaliste qui conseille aux .ci-
toyens de porter des armes défensives, çx-
.œte aoa moins évidemment la réToIte".
commet un acte punissable.
* * ,
Je crois qu'en voilà assez pour que per-
sonne ne puisse plus se tromper sur la va-
leur des termes du projet de loi.
Ce petit commentaire avait son utilité ;
car enfin, pour bien respecter les lois, en-
core faut-il les connaître.
t Henry Maret.
-
"J LA SÉANCE
L'ATTITUDE DU CABINET. — UN PROJET
ÉCLECTIQUE DE RÉFORME JUDICIAIRE.
— N'allez pas à votre tribune, disait hier
M. de T. aux journalistes; vous seriez
obligés d'entendre un discours aride et
glacé de M. Dupuy de Lôme; restez ici. La
véritable séance du corps législatif va se
tenir dans la salle des Pas-Perdus et dans
les couloirs. C'est là qu'on saura tout d'a-
bord si la crise ministérielle est ajournée
ou va éclater ce soir.
Bientôt, des députés affairés passent, re-
passent, en échangeant quelques mots.
Des préfets que l'on regarde comme des
dégommés les suivent des yeux d'un air
goguenard. — C'est nous qui les avons
faits, ces élus des départements, et ils nous
laissent défaire. — Laissez donc, réplique
M. J. D. L. M., ils auront bientôt leur tour.
Survient à ce moment un ami de M.
Maurice Richard. On l'entoure : - Eh bien?
et la crise.
- Finie, — archi-finie. — Le conseil cé
matin a été bon. Daru cède, et, ce qui
vous étonnera plus que tout le reste, on
prétend qu'il cède pour rester, et qu'il
reste pour obéir au conseils de M. Thiers.
— Ce n'est pas possible, s'écrie un dé-
puté de la droite.
— C'est plus que probable, réplique un
journaliste. Dans tout cet imbroglio, il n'y
a que Thiers qui sache au juste ce qu'il
veut et il est votre maître à tous. Il ae
peut prendre la place d'assaut ; il y intro-
duit ses soldats et il entend qu'ils y de.
meurent. Le tour est de bonne guerre ;
tant pis pour vous.
Après ça, tandis que vous vous dispute-
rez entre orléanistes et bonapartistes, si la
démocratie intervient, ealme et triom-
phante, pour tout remettre dans l'ordre,
vous n'aurez guère le droit de vous plain-
dre.
Ces mots jettent un froid parmi les dé-
putés, et chacun se retire.
Le discours de M. Dupuy de Lôme, sur
les acquits-à-caution, a été aussi mauvais
que pouvaient le souhaiter les ministres:
Imaginez de longs développements tech-
niques, hérissés de chiffres plus ou moins
contestables, mais dépourvus de toute idée
générale, mornes et sans lumière.
M. Dupuy de Lôme était cependant sur
un bon terrain; il défendait les vrais prin-
cipes contre un coup d'Etat protectionniste ;
il défendait, de plus, les intérêts de la ma-
rine française odieusement sacrifiés par des
ministres incapables. Oui, il est très vrai
que l'industrie de la construction des na-
vires, qui déjà est cinq fois moins déve-
loppée en France qu'en Angleterre, va
tellement être opprimée par les décrets du
9 janvier qu'elle rendra à peine 4 p. 100.
Mais l'orateur met faiblement en relief les
résultats désastreux des mesures ministé-
rielles; on dirait qu'il a peur de les atta.
quer, et il conclut en demandant non leur
abrogation, mais un simple sursis.
C'est M. Louvet, le ministre r
mis en cause, qui aurait dû ré p ( e
M. Louvet n'a jamais* brillé qu ^P
muets du corps législatif, et c'es
fét qui se eonstitue^Q* avocat. M. Bul ï 6
tt fetat bien le dire, a pNMifl 4to>46mfiéf«*
l'application des décrets du 9 janvièr;
mais il les a défendus comme légalement
irréprochables.
Son argumentation, sous ce rapport,
n'a fait du reste que reproduire celle des
protectionnistes et de M. Thiers. Elle se
ramène à la proposition suivante : Malgré
les promesses solennelles de M. Rouher,
nous avons pu changer par un décret dic-
tatorial la situation de certaines indus-
tries, parce que cette situation elle-même
était le résultat d'un décret dictatorial.
Détestable sophisme, M. le ministre.
Quoi ! tout ce qui. a été fait arbitraire-
ment peut être arbitrairement modifié! Où
irions-nous avec une théorie pareille ! Quel-
les garanties resteraient aux intérêts les
plus respectables? Que deviendraient les
droits si restreints qu'on n'a pu encore
nous enlever? N'est-il pas évident que si
l'on vous accordait votre principe, il vous
permettrait d'établir la prohibition abso-
lue par quelques décrets comme M. Rou-
her a établi par décrets un libre échange
incomplet, mal venu et inintelligent!
—isiais qu'importent les sophismes mons-
trueux de M. Buffet? M. Ollivier avait, au
nom de la cour, transigé avec l'élément
orléaniste et protectionniste du cabinet; et
la chambre, bien que libre échangiste en
majorité^ a voté à la presque unanimité
l'ordre du jour pur et simple, c'est-à-dire
la consécration du-coup d'Etat protection.
piste de M. Louvet. M. Dupuy de Lôme lui-
même a abandonné dans le scrutin les in-
térêts qu'il avait défendus dans son dis-
cours. ,.
Et vous vous imaginez que l'on fondera
jamais un régime parlementaire avec un
pareil parlement? v
Au commencement de la séance, M. Mar-
tel a lu au corps législatif un projet de loi,
-.:. très débonnaire, du reste, — qui a pour
but de reconstituer un peu la magistra-
ture, ou du moins de la rendre un peu
moins dépendante du pouvoir.
Aux termes de ce projet (en 25 arti"
cles) les juges de paix ne pourraient être
nommés qu'à l'âge de vingt-cinq ans et
sur une liste de candidats - dressée par la
cour impériale. — Ils ne pourraient être
destitués que sur l'avis de cette cour.
Les juges des tribunaux ne pourraient
être choisis que parmi les anciens magis-
trats, les membres du parquet ayant un
certain temps d'exercice, les professeurs
des Facultés de droit, ou enfin parmi les
licenciés ou docteurs en droit ayant subi
les épreuves d'un concours.
Les présidents et vices-présidents des
tribunaux de première instance seraient
élus par les membres de la cour impériale
de leur ressort.
Les premiers présidents, les présidents
de chambres et les conseillers des cours
impériales seraient également élus, et élus
par las membres de la cour où se produi-
rait une vacance.
Même système pour le recrutement de
la cour de cassation.
Ce projet, qui sera soutenu par une frac-
tion notable du centre gauche, a pour but
de donner une certaine place au concours
et à l'élection dans le recrutement de la ma-
gistrature.
Mais cette place est insuffisante et la
base électorale que propose M. Martel est
Beaucoup trop étroite. Si l'on acceptait
le projet de cet honorable, les compagnies
judiciaires se formeraient elles mêmes,
puisqu'elles choisiraient leurs membres,
et elles ne tarderaient pas à former un Etat
dans l'Etat. Un pareil système nous garan-
tirait dans une certaine mesure contre la
dépendance de la magistrature; mais il
nous livrerait à ses préjugés et à mille in-
trigues de coterie. Il reconstituerait nos
vieux parlements qui surent parfois ré-
sister à des ministres prévaricateurs, qui
furent toujours ou presque toujours les es-
claves des tendances les plus rétrogrades.
Certes, il est urgent de reconstituer la
magistrature, et il fant la reconstituer sur
la double base du concours et de l'élection,
mais de l'élection et du concours organisés
démocratiquement.
Albert Barbieux.
LES ON-DIT DU BOULEVARD
La répétition générale de Lucrèce Borgia,
qui a eu lieu hier soir, a marché admirable-
ment, et nous ne croyons pas nous tromper
en prédisant à la représentation de demain
un succès digne de l'œuvre.
*
* * *
A propos de Lucrèce Borgia, certains
oumaux, naturellement - et heureuse:
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