Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-12-29
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 décembre 1879 29 décembre 1879
Description : 1879/12/29 (N3580). 1879/12/29 (N3580).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7530980k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/08/2012
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fte numéro ! 10 e. — .Départements': IS e.
1.1. z.is, eu
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- 8 Nivose an 83 — N° 3530 :
; ï* -,'f KÉBACTION :' ;
"1' ," '!"
S'adresser au Secrétaire de la Mdàctiort;,
De 4 à 6 heures du soir
58, BOB DQ VAJLOIS, 13
J.cs manuscrits non insérés ne seront pas rendue
s ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et Ce
6, place de la Bourse, 6
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TrÓis mois. Io »
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Trois mois. 13 50
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Adresser lettres et mandats
A M. ERNEST LEFÈVRE
-• ISÏÛATEUa^âR^j.
IINE, milson PIEUSE
Le 30 janvier 1856, à Paris, M. le
comte Henri de Missiessy épousait
Ellle Charlotte de Leusse. La mariée
avait tontes les qualités ; mais (( ce
qu'admiraient surtout ceux qui ont pu
la voir de plus près et la mieux con-
naître, c'était une piété simple et lumi-
neuse, pleine de raison et de clarté,
qui se prêtait au monde sans rien dé-
rober à Dieu ». Le marié, de son côté,
était d'une piété austère, tellement que,
plusieurs années après, voyant une de
ses filles, âgée de dix-huit mois, em-
brassée grand-paternellement par le
père de sa femme, il signifia qu'il ne
voulait plus de ces a baisers charnels ».
Les cléricaux se posent tous les jours
en protecteurs de la famille. Voyons
un peu quelle famille ont faite ces deux
piétés réunies.
Le comte et la comtesse de Missiessy
plaident en séparation.
C'est la. comtesse qui la demande.
Citons quelques-uns des faits qu'elle
allègue :
Dès le lendemain de son mariage,
comme elle voulait refaire à son mari le
nœud de sa cravate, il lui déclara qu'il
entendait être respecté « comme les
Turcs, qui font tuer quiconque, homme
ou femme, se. permet de toucher à leur
barbe ».. -— Après dix ans de mariage,
j\lme de Missiessy n'était pas allée une
seule fois au théâtre. En février 1866,
une parente la conduisit à l'Opéra. Son
fiyocat, Rousse, raconte ce qui se
passa le lendemain : « Il commença
par lui adresser cent reproches; puis
;-;'tmimttnt et s'exaltant dans sa rage,
entendez bien ceci, il se jeta sur elle,
il la battit ignominieusement; il la jeta
à terre; il meurtrit de coups ce corps
qui avait engendré cinq enfants; qui,
en ce moment-là même, en portait un
sixième dans ses flancs. Et pendant
trois semaines, elle garda sur les bras
ut sur le coté la marque de ces coups.»
—En avril 1872, à Fontainebleau, Mme
de Missiessy revenait do l'église, où
elle était allée assister à l'ouverture du
mois de Marie : en arrivant à la porte
du jardin, elle trouva la serrure bou-
chée avec des clous. Elle fit le tour
et sonna à la porte cochère. Per-
sonne. Elle sonna encore, et réson-
na. Enfin, le concierge vint lui dire
à travers la porte que M. le comte avait
défendu de lui ouvrir. — Mais voici le
comble. Le 25 mai 1877, Mme de Mis-
siessy, qui était allée à l'enterrement
ci'une tante morte dans le département
de la Sarthe, descendait du train, ac-
compagnée de son frère, et ils venaient
d'arrêter une voiture, quand un mon-
sieur arrive gesticulant avec furie et
crie à un facteur d'aller chercher le
commissaire de police. Un rassemble-
ment se- forme. Sans s'inquiéter du
acandale, M. de Missiessy continue : ,
:-' '"*"
'Gocîief î etvous, facteur, vous êtes té-
moins que madame, qui est ma femme,
veut s'en aller avec ce monsieur.
Voilà ce que la piété a fait du mari
et de la femme. Voici ce qu'elle a fait
des enfants :
j Un des fils s'appelle Joseph. En oc-
tobre 1869, la nière de M. de Missiessy
écrivait à sa belle-fille: « Pauvre chère
fille, votre lettre me navre, et les coups
de garcette donnés à Joseph pour la
plus grande gloire.de Dieu et le salut
ide l'enfant ont fait frémir ma chair. »
•—En février 1871, une des filles écri-
vait à une tante : « Je vous assure que
la vie que nous menons ici n'est pas
gaie. Des scènes perpétuelles à propos
de tout, une volonté de fer qui s'op-
pose à tous vos désirs, qui ne des-
serre jamais l'étau qui vous meurtrit,
voilà ce qui doit nous tenir lieu
de famille. Je suis dans un mo-
ment où la patience et le courage
sont à bout, où je ne sais plus que faire.
Mon père m'a menacée de me mettre au
couvent pour tout a fait; je regrette
qu'il n'ait pas exécuté sa menace, je ne
serais plus avec lui, je lui échapperais;
c'est maintenant mon idée fixe ». Et en
effet, quelques mois après, celle qui
avait écrit cette lettre prenait au cou-
vent de Notre-Dame de Sion le voile de
postulante; et elle ne le prenait pas
seule, une de ses sœurs le prenait avec
elle; et toutes deux, depuis l'année'
dernière, sont novices; et elles n'ont
fait que suivre l'exemple de leur aînée
qui, dès qu'elle a été majeure, a pro-
noncé des vœux définitifs.
Il va sans dire que le mari réplique à
la femme et rejette sur elle tout ce dont
eUe l'accuse. Pour ne parler que de la
claustration de ses trois filles, Mme de
Misoiessy est gênée pour s'en plaindre
par ces passages de lettres d'elles qu'a
lus l'avocat de son mari, M* Choppin
d'Arnouville : « Décembre 1864. Si j'a-
vais deux fils, j'en voudrais un abbé.
Quant à mes filles, je les donne toutes
les quatre, si Dieu les veut. — Février
1873. Vous savez très bien qu'au fond
de mon cœnr, je bénis Dieu de la vo-
cation de Pauline. Je l'ai toujours
prié de prendre une ou plusieurs de
mes filles à son service. — Septem-
bre 1876. Je bénis Dieu de m'avoir
pris ma fille aînée. J'en tiens cnco-
core deux ou trois à sa disposition. »
- Le tribunal de Fontainebleau, sans
se prononcer encore, a paru pencher
plutôt du côté de la femme, qu'il a au-
torisée à prouver treize faits sur dix-
huit qu'elle avait articulés, et à laquelle
il a maintenu la garde des doux filles
qui lui restent. En attendant, l'enquête
et le jugement qui s'en suivra, deux
faits sont acquis : c'est que le miri et
la femme sont en procès et que trois de
leurs filles sont en religion.
, ,
La séparation du mari et de la
femme, la stérilité des filles, tel est le
résultat de l'union de deux piétés. Le
cléricalisme s'est une fois do plus mon-
tré le conservateur de la famille en la
brouillant dans les parents et en la
supprimant dans les enfants.
AUGUSTE VACQUERIE.
n i i*>" ,
'- -.
LA iESTMNlSTÉRlEL!!
Contrairement à l'espoir que nous avions
exprime, le Journal officiel ne contiendra
pas encore ce matin la composition du
nouveau cabinet. Les négociations ont-
continué durant toute la journée d'hier;
mais n'ont pas encore abouti à un résultat
définitif.
1 Il est à remarquer, d'ailleurs, qu'il y a
deux jours à peine que ces négociations
ont été inaugurées d'une manière offi-
cielle. Quoique la démission du ministère
ait été donnée dimanche dernier, il y a
eu cinq jours employés à résoudre une
question préjudicielle : celle dé savoir
s'il convenait de compléter purement et
simplement le cabinet Waddington, ou
s'il fallait laisser à M. de Freycinet le soin
de former un cabinet nouveau. Cette ques-
tion n'a été résolue que depuis deux jours,
et c'est vendredi seulement que M. de
Freycinet a pu commencer ses négocia-
tions.
Là lenteur relative de ces négociations
s'explique précisément par les conditions
irrégulières dans lesquelles la crise s'est
ouverte. Au lieu de se trouver en face
d'une situation nette et simple, on se
trouve vis à vis d'un état complexe tenant
non-seulement aux causes de la crise,
mais à l'état des partis dans le Parlement.
On conçoit dè3 lors qu'il se présente des
obstacles, non insurmontables, il est vrai,
mais enfin qu'il faut écarter pour arriver
à un résultat sérieux. C'est à cette tâche
qu'on s'emploie activement, et l'on a lieu
d'espérer que le but sera atteint prompte-
ment et de. manière à satisfaire l'opinion
publique.
Ajoutons, comme renseignement, que
presque tous les prétendus détails donnés
par certains journaux sur les négociations
engagées sont absolument inexacts. Il y
a une véritable épidémie de fausses nou-
velles qui sévit dans une certaine presse.
On prête complaisamment à M. de Frey-
cinet des démarches auprès de personnes
dont le nom n'a jamais été même prononcé
au cours des négociations ; on imagine des
réunions de ministres dont on prétend
révéler les délibérations. No is nous abs-
tiendrons de rectifier, une à une, ces nou-
velles erronées : la tàche serait trop
aride et surtout trop longue. Nous nous
bornerons à dire que le point principal de
la question est de savoir si MM. Léon Say.
et Waddington resteront ou non dans le
cabinet. Les combinaisons varient suivant
les termes de l'alternative. Telle est la
situation précise, sur laquelle, d'ailleurs,
il est impossible de donner des détails
plus circonstanciés.
.———————
LES HOMMES
II. faut avoir un programme. Mais ce
n'est pas tout. Il faut que ce pro-
gramme soit soutenu par des ministres
ayant un nom, un prestige, une auto-
rité. Il faut que la Chambre, en ap-
prouvant les idées, puisse avoir con-
fiance dans les hommes. La situation
est toute différente, si, pour défendre
une politique, vous avez Mirabeau ou
Tartempion.
Un Mirabeau n'aurait que quelques
mots à dire pour iuspirer confiance à
la Chambre. Elle hésiterait à suivre un
Tartempion, même bien intentionné.
L'hésitation de la Chambre ne viendrait
pas seulement de ce que Tartempion
serait Tartempion ; elle viendrait sur-
'.- - .(-".
tont de ce que Tartempion occuperait
la place d'un Mirabeau..
t Je m'explique. Supposez que, par
impossible, le ministère se compose
de quelques Tartempion et quo quel-
ques Mirabeau soient députés. Ils ont,
les uns et les autres, le même pro-
gramme. Les Tartempion sont au pou-
voir ; ils parlent au nom du gouverne-
ment. Les Mirabeau montent à la tri-
bune, derrière eux, pour les soutenir.
Voyez-vous l'effet? Toute la Chambre
se dit : Pourquoi ceux-ci sont-ils mi-
nistres quand ce sont ceux-là tqui de-
vraient l'être? Aussitôt, le pouvoir
cesse d'être respecté; le cabinet perd
toute sa force, et les Tartempion pa-
raissent plus Tartempions encore qu'ils
ne le sont en réalité.
Le choix des hommes n'est donc pas
indifférent. Il n'est pas indifférent de
remettre tel portefeuille à Pierre ou à
Paul, quoique Pierre et. Paul soient du
même groupe. Le talent est à considé-
rer. Co que je dis là a l'air d'une vérité
de la Palisse. Mais qu'on- songe à ce
qui s'est passé dans ces dernières an-
nées. On verra que, le plus souvent,
c'est le talent qui "a été systématique-
ment mis à l'écart.
Or, il ne s'agit pas aujourd'hui de
faire un cabinet qui dure deux ou trois
mois ; il ne s'agit pas de faire un cabi-
net d'attente. Non, certes! Il s'agit,
au contraire, de faire un cabinet popu-
laire, qui s'impose à la Chambre et au
Sénat par l'éloquence et par la capacité
de ses membres. Il s'agit de faire un
cabinet qui nous conduise aux élec-
tions.
Il y aurait grand inconvénient pour la
Hépubliquc si nous avions encore un mi-
nistère fragile, sans autorité, à la merci
du moindre vote, qui chaque jour est
menacé de tomber, qui n'ose prendre
aucune initiative, qui ne fait rien parce
qu'il n'a la force de rien faire. Les élec-
teurs finiraient par se décourager. Dans
quelle situation on se trouverait alors,
-quand arriveraient les élections géné-
rales !
Qu'on fasse donc choix d'hommes
connus, éprouvés, et dont le talent
s'impose; qu'on ne s'arrête pas aux ob-
jections des journaux intéressés à pro-
longer l'équivoque; qu'on prenne les
hommes que l'opinion publique désigne
et en qui le pays a confiance.
ÉDOUA.RD LOCKROY.
La situation parait se déblayer : on
peut espérer un ministère sérieusement
républicain. Si cette espérance se réa-
lise, peu de changements politiques,
dans un régime parlementaire, se se-
ront produits d'une aussi étrange
façon.
La Chambre est revenue il y a un
mois. On était trè3 mécontent du mi-
nistère : on le considérait, déjà
comme tombé. Les députés exhalaient
leurs plaintes à tous les échos ; et dans
une réunion où toutes les nuances ré-
publicaines étaient régulièrement re-
présentées, un orateur demandant :
« quelqu'un défend-il le ministère? »
pas une voix ne s'élevait.
Alors des interpellations se produi-
sirent : et le ministère réunit autant de
majorités qu'il y eut de votes. Personne
ne le défendait, mais deys; cents à deux
cent-cinquante de ceux qui le considé-
raient comme un ministère déplorable,
l'accablaient d'ordres du jour de con-
fiance. Quand la Chambre se sépara, le
ministère était sauvé. r
A peine la Chambre partie, il tombait
comme une pomme gâtée. La chose
s'est faite toute seule, sans efforts. Un
ministre, deux ministres s'en sont allés :
puis le programme commun a disparu,
on ne sait comment; puis tout s'est
trouvé à terre, et l'on semble en être
venu, par la nécessité même, à ce que
M. Brisson demandait, et à ce que la
Chambre refusait au début de la ses-
sion.
Si M. Grévy ou tout autre avait fait
cela par un acte d'autorité, quelles cla-
meurs se seraient élevées! Et pour-
tant, tel des plus batailleurs avant-hier
pour la politique Waddington accepte
ce qui se fait à peu près sans mot dire,
pareil au vieux soldat de Scribe, qui
sait « se tairj sans murmurer ». C'est
qu'en réalité, c'est la poussée de l'opi-
nion, c'est la force des choses qui a tout
fait.
Il faut bien chercher là raison d'un
évènement aussi heureux, qui s'est pro-
duit d'une manière aussi nouvelle. Le
ministère, menacé dès novembre, s'est
trouvé ne plus exister après cette courte
session. Cela dit assez que la session
l'a achevé. Tous les votes de complai-
sance qu'il a obtenus passent à l'état
d'incidents insignifiants'et oubliés. Que
reste-t-il de ces quelques jour3 de ses-
sion? Les discours si fermes, si po-
litiques de MM. Floquet et Brisson.
Edouard Lockroy et Clémenceau et
l'interpellation si bien développée par
M. Raynal.
On a passé par dessus les calculs de
couloirs, par dessus les manœuvres de
groupes, où si longtemps la politique
républicaine s'est amoindrie et compro-
mise; on a dit hardiment, nettement,
la vérité; on s'est adressé au bon sens
de la France. « Que cela est maladroit !
murmuraient les profonds tacticiens,
pour qui le monde finit au mur du Pa-
lais-Bourbon. Vous allez vous trouver
en minorité, et donner par là une force
nouvelle à ceux que vous voulez com-
battre. » Et il s'est trouvé que le mi-
nistère était, à la fin, aussi bien ren-
versé que par un ordre du jour de dé-
fiance..
Pourquoi? Parco que ceux qui le
défendaient se sentaient dans le faux.
Dans une situation semblable, il suffit
qu'un seul exprime l'évidence qui s'im-
pose à tous, pour qu'elle ait toute sa
force. Le cabinet ne pouvait pas
tenir contre de tels débats. Tous les
votes du monde n'empêchaient pas la
vérité d'éclater à tous les yeux. Pour
que le régime incohérent de ces der-
niers temps pût durer; il aurait fallu
qu'on continuât à suivre la discipline
des partis intéressés à ce que personne
dans les gauches no fit entendre ce qui
était dans tous les esprits. Dès que cela
a été dit tout haut, le régime de résis-
tance est tombé en débris.
La Chambro et le ministère nouveau
peuvent profiter de la leçon, celui-ci
pour apprendre comment on se ruine,
celle-ci pour voir l'imbécillité des votçs
qu'on émet contre l'opinion publique,
et la mort dans l'àme.
- CAMILLE PELLRTAN.
• parsibilité de ne pas essayer de répondre à'li';
question que nous avons dû lui répéter.
Son essai de réponse est que ce. n'est pas
l'empire qui est cause des douze milliards
qu'a coûtés sà dernière 'guerre, que c'est T
la République, que l'empire, n'est dans-
« la guerre de l'impératrice » que poon
cinq semaines, et que la République y est
pour cinq mois. -
Ah l oui, toujours la même mauvaisf
plaisanterie. Nous la connaissons : on au<
rait dû faire la paix le lendemain de Se-
dan, accepter l'humiliation du drapeau,
se rendre sans avoir combattu, ne pa!
même sauver l'honneur. Il y a des partis
qui disent ces choses-là tout haut.
Mais l'empire est-il même responsable
des cinq premières semaines de la gnerre!
Par exemple ! Vous oublier que l'empire"
n'a fait la guerre « pour l'enfant » que
« sous la pression de l'opinion n. Kn effet,
c'est ce que l'ex-empereur a eu ld « cou-
rage » de dire en tendant son épée à son
bon frère le roi de Prusse. « C'est la France
qui a voulu la guerre ». Malheureuse-"
sement; depuis que l'ex-empereur a dit
cela à SOI!J>OQ frère, on a publié les Pa-
piers des Tuikries et, dans ces papiers, les
rapports des préfets qui avertissaient l'ex-
empereurque la France voulait" la paix.
Ça n'empêche pas Y Ordre de continuer
à imprimer le contraire, comme si les pa-
piers n'étaient pas publies. Et ça ne l'em-
pêche-même pas de dire que « les amis
du Rappel n'étaient pas alors de ceux qui
.criaient le moins haut » pour la guerre.
Nous ne savons pas qui le journal jérô-
miste désigne par les amis du Rappel,
mais nous devons lui apprendre, s'il l'i-
gnore, que le Rappel a si peu crié pour la
guerre, qu'il a eu un procès pour avoir
crié contre.
L'Ordre ne se contente pas dé mettre à"
la charge de la République tous les frais
de la guerre de 1870, il lui compte encore.
ce qu'ont coûté les incendies de la Com-
mune. Ici, nous nous bornerons à répon-
dre que le plus prouvé des incendiaires
de la Commune, celui qui a été condamné
au bagne par la justice ordinaire, c*'
Prieur de la Comble, bonaparliste.
A. V. *
-
AS SIST ANCE PUBLIQUE
Listeècs libéralités recues directement
pour les pauvres de Paris par le directeut
de l'administration générale do l'A-sis-
tance publique, dans la journée du 20 dé-
cembre 1879 :
Bachimont et C", 300 Fr.; le docteur Auguste
Nemours, 100 fr.; la Société philanthropique
française de Berlin, 250 fr.; Emmanuel Paw.
loff, 20 fr.; Mlle Anna PawlofF, 5 fr.; Deutsch
et ses fils, 100 fr.; J. Nairc, GO fr.;~Scribe, 100
fr.; le directeur de l'établissement de bains le
Hammam, prélèvement de 2 0|0 sur la recette
du 25 décembre, il 8o; Lambert, de Nice,
40 fr.; James Keine, 50 fr.; Mlle Anif Imtte
Christian (d'Aach), 40 fr.; Aille Marguerite
Christian (d Auch), 40 fr.; L. Pujol, Maurens
et C", 50 l'l'.; L. Pujol, 100 fr.; l'administration
du bureau Yeritas, 500 fr.; A.-M. Heine, ban-
quiers, 10,000 fr ; Th. Leroy, 100 fr.; les ha-
bitués du cafés Mona, 145 fr.; Grandjacquet,
architecte, 50 fr.; Gaston Sciama, 100 fe.;.
Emile Martinet, sous-chef a la préfecture da
la Seine, 20 fr.; Charles Fournier (consécra-
tion d'un deuil filial récent), 250 fr.; Fernan-
dès et C', pour le journal le Télégraphe, 50 ûv
le Temps (103 versement), 3,026 fr.
.————————
LA NEIGE ET LE FROID
A PARIS
Hier, le thermomètre de l'ingénieur Quçslki,
1, rue de la Bourse, marquait:
AT h eures du mal. : 10 degr. au-dessous de Oi
A 11 heures: 8 degrés au-dessous de 0;
A 1 heure : 7 degrés au-dessous de 0;
Hauteur barométrique : 772I11m.
La gelée a repris de plus belle. Un vent de
hise se joint au froid. Les visages sont rede.
venus soucieux. On ne pressent plus la fin d<
Feuilleton du RAPPEL
DU 29 DECEMBRE
<
iG
LE GRISOU
L'IVRE IV
,.r 1 *
CHAPITRE F 1
- qui ennoblit un estaminet ,
et rajeunit un béguinage
(Suite)
La YîëiHe dame, sur ces mots de pré-
sentation, fatiguée d'avoir causé, se mit à
tousser effroyablement, tandis que Ba-
bette et Marcel se retenaient pour ne pas
défaillir. Cependant, ils se regardèrent
d'un regard rapide, sans se parler, de l'air
V
1
Voir le Rappel du 20 octob, au 28 décemb-
surpris de personnes qui s'ignorent. Ils
étaient, en ce moment, deux âmes rayon-
nantes, deux âmes éblouies.
— Ah ! s'écria Mme de Rochefeu au
bout de sa quinte, quel vieux cheval
poussif je fais. Allons! c'est servi.
Monsieur Marcel, je prends votre bras.
La comtesse se leva, mit sa main sous
le bras du jeune homme, puis l'arrêtant
par un petit mouvement saccadé, et le
regardant de son grand œil noir qui bril-
lait dans sa grave et souriante figure
Louis Quatorze.
-r- Etes-vous gourmand? demanda-t-
elle.
Marcel, en matière de cuisine n'avait,
en cet instant, que de l'indifférence, et fit
simplement:
— Mon Dieu'!.
— Je crois bien, reprit la vieille dame,
que Barbe nous a fait ce qu'elle appelle
de la « verte soupe >>..
— Ah!
— Une machine liquide où nagent toutes
sortes d'histoires vertes avec des boulettes
de viande. Vous aimez ça pour l'usage
interne?
- Mon Dieu 1. fit encore Marcel, sans
entendre, mais avec un sourire extraordi-
naircment poli.
— Moi, conclut Mme de Rochercu,
pleine d'autorité, droite et le sourcil
haut, je trouve toujours, en voyant ça, que
les bestiaux ont l'air d'avoir caqué dans
leur potaga. -
Ce propos produisit sur Marcel l'effet
que ressentent, dans les féeries, les gens
auxquels des mains mystérieuses appli-
quent des giffles inattendues. Cela le fit
bondir, sans qu'il pût s'en prendre à per-
sonne, et il demeura tout interloqué, rou-
gissant jusqu'à la nuque, à l'idée que Ba-
bette avait entendu ces incongruités.
Mais, en ce moment, ils entraient dans
la salle à manger, et Mme de Rochefeu
s'écriait encora.:
— Nous voilà dans mon triclinium.
C'était une pièce fort resserrée; une
sorte de cabinet humblement meublé,
donnant sur le canal. Il faisait beau et
doux, et l'on se mit à table la fenêtre ou-
verte, au bruit du moulin, devant Bruges
que le couchant baignait de rose.
On soupait, dans cette petite salle, au-
tour d'un tout petit guéridon; Marcel se
trouvait nrès de Babette, et, vers le milieu
du repas, tout en ayant, d'ailleurs, la con-
viction de n'avoir rien fait ponr cela, les
deux jeunes gens crurent sentir que leurs
pieds n'étaient pas lrès4oin de l'autre sous
la table. Il semblait à Babette que le sien
effleurait quelque chose que le moindre
mouvement lui eût fait heurter, et, comme
un choc de ce genre l'eût rendue très
honteuse, elle ne bougea pas. De son
côté, Marcel ne pensait pas se tromper en
remarquant, tout près de sa bottine, on
ne sait quoi de doux et de frôle qu'il ne
voulait pas rudoyer, et qu'il épargnait par
son immobilité.
Il éprouvait, du reste, un certain ralen-
tissement de verve, et dut bientôt faire
des efforts épuisants pour se donner l'air
d'écouter Mme de Rochefeu, tandis que
Babette, placée en face de la comtesse,
mangeait sans rien dire, et rougissait lé-
gèrement de temps à autre. A dix heures
sonnantes, Marcel se leva, se retira la tête
en feu, et, le lendemain matin, reparut
chez M0 de Ileem, tout étourdi d'être
retombé des rêves de la veille dans les
froids bas-fonds pleins de paperasses hi-
deuses de son existence do premier
clere.
Le jeune homme, à partir de ce jour,
devint l'habitué du petit salon de la vieille
dame, et, chaque fois qu'il dînait ou sou-
pait au béguinage, ils reçommençaient,
Babette et lui, à prendre des précautions,
de plus en plus serrées, pour ne point se
heurter sous la table. De très bonne foi, ils
ne s'expliquaient pas comment il venait
toujours une minute où ils risquaient de
s'écraser/en bougeant. Si bien qu'un jour,
on ne sait comment, Babette n'eût pas
très véridiquement affirmé qu'elle n'avait
pas laissé fidèlement, tout un repas, un
petit bout de sa bottine sur la bottine
immobile de Marcel.
Jusqu'alors, ils s'étaient à peine parlé.
Ils ne se trouvaient, d'ailleurs, jamais
seuls. La vieille dame était toujours entre
eux deux. Un soir pourtant, la comtesse
monta elle-même chercher un livre dans
sa chambre. Ils restèrent une minute en
tête-à-têto. Alors, Marcel sourit et Da-
:bette rougit. Puis elle vint à la fenêtre,
regarda le temps et dit :
- C'est drôle, je trouve qu'il n'y a rien
de triste comme le soir.
— C'est vrai, fit le jeune homme, ce-
pendant.
Sa voix tremblait. Il n'acheva pas ; puis
reprit, après un moment de silence :
- Le soir, on peut se perdre dans let
bois.
La porte se rouvrit, et Mme de Roche-
feu rentra. La nuit tombait, il faisait
sombre.
Une autre fois, pendant une nouvelle
absence de la vieille dame, après une
conversation où elle s'était montrée fort
brillante, Marcel s'écria, l'œil allumé- :
— Est-ce que voùs ne trouvez pas Mm?
de Rochefeu étonnante ?
— Si, dit froidement Babette. Aussi ig
comprends que vous veniez la voir.
Etonné, Marcel regarda Babette.
Une larme jalouso hésitait sous les
longs cils abaissés de la jeune fille, pareil
à des cils d'enfant. Puis, elle jeta brus-
qnement un ouvrage qu'elle faisait, sa
sauva et ne reparut plus. Pétrifié, Marcel
attendit quelque temps, salua la corn,
fesse, rentra lugubrement ch,:!z lui, et s4.
mili à pleurer, accoudé sur sa table. ;
MAURICE TALMEYR
(Jt.. ',\,' .fj4
J1. ~suw?'e,¡,
fte numéro ! 10 e. — .Départements': IS e.
1.1. z.is, eu
-tr.t t"'-
- 8 Nivose an 83 — N° 3530 :
; ï* -,'f KÉBACTION :' ;
"1' ," '!"
S'adresser au Secrétaire de la Mdàctiort;,
De 4 à 6 heures du soir
58, BOB DQ VAJLOIS, 13
J.cs manuscrits non insérés ne seront pas rendue
s ANNONCES
MM. Ch. LAGRANGE, CERF et Ce
6, place de la Bourse, 6
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* JL.8;? RUE DE YAJ.01S, L& T
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( PARIS ..-
TrÓis mois. Io »
bSix mois.,. 20 »
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Trois mois. 13 50
Sis m#ia 21 v
rl" - - 1
Adresser lettres et mandats
A M. ERNEST LEFÈVRE
-• ISÏÛATEUa^âR^j.
IINE, milson PIEUSE
Le 30 janvier 1856, à Paris, M. le
comte Henri de Missiessy épousait
Ellle Charlotte de Leusse. La mariée
avait tontes les qualités ; mais (( ce
qu'admiraient surtout ceux qui ont pu
la voir de plus près et la mieux con-
naître, c'était une piété simple et lumi-
neuse, pleine de raison et de clarté,
qui se prêtait au monde sans rien dé-
rober à Dieu ». Le marié, de son côté,
était d'une piété austère, tellement que,
plusieurs années après, voyant une de
ses filles, âgée de dix-huit mois, em-
brassée grand-paternellement par le
père de sa femme, il signifia qu'il ne
voulait plus de ces a baisers charnels ».
Les cléricaux se posent tous les jours
en protecteurs de la famille. Voyons
un peu quelle famille ont faite ces deux
piétés réunies.
Le comte et la comtesse de Missiessy
plaident en séparation.
C'est la. comtesse qui la demande.
Citons quelques-uns des faits qu'elle
allègue :
Dès le lendemain de son mariage,
comme elle voulait refaire à son mari le
nœud de sa cravate, il lui déclara qu'il
entendait être respecté « comme les
Turcs, qui font tuer quiconque, homme
ou femme, se. permet de toucher à leur
barbe ».. -— Après dix ans de mariage,
j\lme de Missiessy n'était pas allée une
seule fois au théâtre. En février 1866,
une parente la conduisit à l'Opéra. Son
fiyocat, Rousse, raconte ce qui se
passa le lendemain : « Il commença
par lui adresser cent reproches; puis
;-;'tmimttnt et s'exaltant dans sa rage,
entendez bien ceci, il se jeta sur elle,
il la battit ignominieusement; il la jeta
à terre; il meurtrit de coups ce corps
qui avait engendré cinq enfants; qui,
en ce moment-là même, en portait un
sixième dans ses flancs. Et pendant
trois semaines, elle garda sur les bras
ut sur le coté la marque de ces coups.»
—En avril 1872, à Fontainebleau, Mme
de Missiessy revenait do l'église, où
elle était allée assister à l'ouverture du
mois de Marie : en arrivant à la porte
du jardin, elle trouva la serrure bou-
chée avec des clous. Elle fit le tour
et sonna à la porte cochère. Per-
sonne. Elle sonna encore, et réson-
na. Enfin, le concierge vint lui dire
à travers la porte que M. le comte avait
défendu de lui ouvrir. — Mais voici le
comble. Le 25 mai 1877, Mme de Mis-
siessy, qui était allée à l'enterrement
ci'une tante morte dans le département
de la Sarthe, descendait du train, ac-
compagnée de son frère, et ils venaient
d'arrêter une voiture, quand un mon-
sieur arrive gesticulant avec furie et
crie à un facteur d'aller chercher le
commissaire de police. Un rassemble-
ment se- forme. Sans s'inquiéter du
acandale, M. de Missiessy continue : ,
:-' '"*"
'Gocîief î etvous, facteur, vous êtes té-
moins que madame, qui est ma femme,
veut s'en aller avec ce monsieur.
Voilà ce que la piété a fait du mari
et de la femme. Voici ce qu'elle a fait
des enfants :
j Un des fils s'appelle Joseph. En oc-
tobre 1869, la nière de M. de Missiessy
écrivait à sa belle-fille: « Pauvre chère
fille, votre lettre me navre, et les coups
de garcette donnés à Joseph pour la
plus grande gloire.de Dieu et le salut
ide l'enfant ont fait frémir ma chair. »
•—En février 1871, une des filles écri-
vait à une tante : « Je vous assure que
la vie que nous menons ici n'est pas
gaie. Des scènes perpétuelles à propos
de tout, une volonté de fer qui s'op-
pose à tous vos désirs, qui ne des-
serre jamais l'étau qui vous meurtrit,
voilà ce qui doit nous tenir lieu
de famille. Je suis dans un mo-
ment où la patience et le courage
sont à bout, où je ne sais plus que faire.
Mon père m'a menacée de me mettre au
couvent pour tout a fait; je regrette
qu'il n'ait pas exécuté sa menace, je ne
serais plus avec lui, je lui échapperais;
c'est maintenant mon idée fixe ». Et en
effet, quelques mois après, celle qui
avait écrit cette lettre prenait au cou-
vent de Notre-Dame de Sion le voile de
postulante; et elle ne le prenait pas
seule, une de ses sœurs le prenait avec
elle; et toutes deux, depuis l'année'
dernière, sont novices; et elles n'ont
fait que suivre l'exemple de leur aînée
qui, dès qu'elle a été majeure, a pro-
noncé des vœux définitifs.
Il va sans dire que le mari réplique à
la femme et rejette sur elle tout ce dont
eUe l'accuse. Pour ne parler que de la
claustration de ses trois filles, Mme de
Misoiessy est gênée pour s'en plaindre
par ces passages de lettres d'elles qu'a
lus l'avocat de son mari, M* Choppin
d'Arnouville : « Décembre 1864. Si j'a-
vais deux fils, j'en voudrais un abbé.
Quant à mes filles, je les donne toutes
les quatre, si Dieu les veut. — Février
1873. Vous savez très bien qu'au fond
de mon cœnr, je bénis Dieu de la vo-
cation de Pauline. Je l'ai toujours
prié de prendre une ou plusieurs de
mes filles à son service. — Septem-
bre 1876. Je bénis Dieu de m'avoir
pris ma fille aînée. J'en tiens cnco-
core deux ou trois à sa disposition. »
- Le tribunal de Fontainebleau, sans
se prononcer encore, a paru pencher
plutôt du côté de la femme, qu'il a au-
torisée à prouver treize faits sur dix-
huit qu'elle avait articulés, et à laquelle
il a maintenu la garde des doux filles
qui lui restent. En attendant, l'enquête
et le jugement qui s'en suivra, deux
faits sont acquis : c'est que le miri et
la femme sont en procès et que trois de
leurs filles sont en religion.
, ,
La séparation du mari et de la
femme, la stérilité des filles, tel est le
résultat de l'union de deux piétés. Le
cléricalisme s'est une fois do plus mon-
tré le conservateur de la famille en la
brouillant dans les parents et en la
supprimant dans les enfants.
AUGUSTE VACQUERIE.
n i i*>" ,
'- -.
LA iESTMNlSTÉRlEL!!
Contrairement à l'espoir que nous avions
exprime, le Journal officiel ne contiendra
pas encore ce matin la composition du
nouveau cabinet. Les négociations ont-
continué durant toute la journée d'hier;
mais n'ont pas encore abouti à un résultat
définitif.
1 Il est à remarquer, d'ailleurs, qu'il y a
deux jours à peine que ces négociations
ont été inaugurées d'une manière offi-
cielle. Quoique la démission du ministère
ait été donnée dimanche dernier, il y a
eu cinq jours employés à résoudre une
question préjudicielle : celle dé savoir
s'il convenait de compléter purement et
simplement le cabinet Waddington, ou
s'il fallait laisser à M. de Freycinet le soin
de former un cabinet nouveau. Cette ques-
tion n'a été résolue que depuis deux jours,
et c'est vendredi seulement que M. de
Freycinet a pu commencer ses négocia-
tions.
Là lenteur relative de ces négociations
s'explique précisément par les conditions
irrégulières dans lesquelles la crise s'est
ouverte. Au lieu de se trouver en face
d'une situation nette et simple, on se
trouve vis à vis d'un état complexe tenant
non-seulement aux causes de la crise,
mais à l'état des partis dans le Parlement.
On conçoit dè3 lors qu'il se présente des
obstacles, non insurmontables, il est vrai,
mais enfin qu'il faut écarter pour arriver
à un résultat sérieux. C'est à cette tâche
qu'on s'emploie activement, et l'on a lieu
d'espérer que le but sera atteint prompte-
ment et de. manière à satisfaire l'opinion
publique.
Ajoutons, comme renseignement, que
presque tous les prétendus détails donnés
par certains journaux sur les négociations
engagées sont absolument inexacts. Il y
a une véritable épidémie de fausses nou-
velles qui sévit dans une certaine presse.
On prête complaisamment à M. de Frey-
cinet des démarches auprès de personnes
dont le nom n'a jamais été même prononcé
au cours des négociations ; on imagine des
réunions de ministres dont on prétend
révéler les délibérations. No is nous abs-
tiendrons de rectifier, une à une, ces nou-
velles erronées : la tàche serait trop
aride et surtout trop longue. Nous nous
bornerons à dire que le point principal de
la question est de savoir si MM. Léon Say.
et Waddington resteront ou non dans le
cabinet. Les combinaisons varient suivant
les termes de l'alternative. Telle est la
situation précise, sur laquelle, d'ailleurs,
il est impossible de donner des détails
plus circonstanciés.
.———————
LES HOMMES
II. faut avoir un programme. Mais ce
n'est pas tout. Il faut que ce pro-
gramme soit soutenu par des ministres
ayant un nom, un prestige, une auto-
rité. Il faut que la Chambre, en ap-
prouvant les idées, puisse avoir con-
fiance dans les hommes. La situation
est toute différente, si, pour défendre
une politique, vous avez Mirabeau ou
Tartempion.
Un Mirabeau n'aurait que quelques
mots à dire pour iuspirer confiance à
la Chambre. Elle hésiterait à suivre un
Tartempion, même bien intentionné.
L'hésitation de la Chambre ne viendrait
pas seulement de ce que Tartempion
serait Tartempion ; elle viendrait sur-
'.- - .(-".
tont de ce que Tartempion occuperait
la place d'un Mirabeau..
t Je m'explique. Supposez que, par
impossible, le ministère se compose
de quelques Tartempion et quo quel-
ques Mirabeau soient députés. Ils ont,
les uns et les autres, le même pro-
gramme. Les Tartempion sont au pou-
voir ; ils parlent au nom du gouverne-
ment. Les Mirabeau montent à la tri-
bune, derrière eux, pour les soutenir.
Voyez-vous l'effet? Toute la Chambre
se dit : Pourquoi ceux-ci sont-ils mi-
nistres quand ce sont ceux-là tqui de-
vraient l'être? Aussitôt, le pouvoir
cesse d'être respecté; le cabinet perd
toute sa force, et les Tartempion pa-
raissent plus Tartempions encore qu'ils
ne le sont en réalité.
Le choix des hommes n'est donc pas
indifférent. Il n'est pas indifférent de
remettre tel portefeuille à Pierre ou à
Paul, quoique Pierre et. Paul soient du
même groupe. Le talent est à considé-
rer. Co que je dis là a l'air d'une vérité
de la Palisse. Mais qu'on- songe à ce
qui s'est passé dans ces dernières an-
nées. On verra que, le plus souvent,
c'est le talent qui "a été systématique-
ment mis à l'écart.
Or, il ne s'agit pas aujourd'hui de
faire un cabinet qui dure deux ou trois
mois ; il ne s'agit pas de faire un cabi-
net d'attente. Non, certes! Il s'agit,
au contraire, de faire un cabinet popu-
laire, qui s'impose à la Chambre et au
Sénat par l'éloquence et par la capacité
de ses membres. Il s'agit de faire un
cabinet qui nous conduise aux élec-
tions.
Il y aurait grand inconvénient pour la
Hépubliquc si nous avions encore un mi-
nistère fragile, sans autorité, à la merci
du moindre vote, qui chaque jour est
menacé de tomber, qui n'ose prendre
aucune initiative, qui ne fait rien parce
qu'il n'a la force de rien faire. Les élec-
teurs finiraient par se décourager. Dans
quelle situation on se trouverait alors,
-quand arriveraient les élections géné-
rales !
Qu'on fasse donc choix d'hommes
connus, éprouvés, et dont le talent
s'impose; qu'on ne s'arrête pas aux ob-
jections des journaux intéressés à pro-
longer l'équivoque; qu'on prenne les
hommes que l'opinion publique désigne
et en qui le pays a confiance.
ÉDOUA.RD LOCKROY.
La situation parait se déblayer : on
peut espérer un ministère sérieusement
républicain. Si cette espérance se réa-
lise, peu de changements politiques,
dans un régime parlementaire, se se-
ront produits d'une aussi étrange
façon.
La Chambre est revenue il y a un
mois. On était trè3 mécontent du mi-
nistère : on le considérait, déjà
comme tombé. Les députés exhalaient
leurs plaintes à tous les échos ; et dans
une réunion où toutes les nuances ré-
publicaines étaient régulièrement re-
présentées, un orateur demandant :
« quelqu'un défend-il le ministère? »
pas une voix ne s'élevait.
Alors des interpellations se produi-
sirent : et le ministère réunit autant de
majorités qu'il y eut de votes. Personne
ne le défendait, mais deys; cents à deux
cent-cinquante de ceux qui le considé-
raient comme un ministère déplorable,
l'accablaient d'ordres du jour de con-
fiance. Quand la Chambre se sépara, le
ministère était sauvé. r
A peine la Chambre partie, il tombait
comme une pomme gâtée. La chose
s'est faite toute seule, sans efforts. Un
ministre, deux ministres s'en sont allés :
puis le programme commun a disparu,
on ne sait comment; puis tout s'est
trouvé à terre, et l'on semble en être
venu, par la nécessité même, à ce que
M. Brisson demandait, et à ce que la
Chambre refusait au début de la ses-
sion.
Si M. Grévy ou tout autre avait fait
cela par un acte d'autorité, quelles cla-
meurs se seraient élevées! Et pour-
tant, tel des plus batailleurs avant-hier
pour la politique Waddington accepte
ce qui se fait à peu près sans mot dire,
pareil au vieux soldat de Scribe, qui
sait « se tairj sans murmurer ». C'est
qu'en réalité, c'est la poussée de l'opi-
nion, c'est la force des choses qui a tout
fait.
Il faut bien chercher là raison d'un
évènement aussi heureux, qui s'est pro-
duit d'une manière aussi nouvelle. Le
ministère, menacé dès novembre, s'est
trouvé ne plus exister après cette courte
session. Cela dit assez que la session
l'a achevé. Tous les votes de complai-
sance qu'il a obtenus passent à l'état
d'incidents insignifiants'et oubliés. Que
reste-t-il de ces quelques jour3 de ses-
sion? Les discours si fermes, si po-
litiques de MM. Floquet et Brisson.
Edouard Lockroy et Clémenceau et
l'interpellation si bien développée par
M. Raynal.
On a passé par dessus les calculs de
couloirs, par dessus les manœuvres de
groupes, où si longtemps la politique
républicaine s'est amoindrie et compro-
mise; on a dit hardiment, nettement,
la vérité; on s'est adressé au bon sens
de la France. « Que cela est maladroit !
murmuraient les profonds tacticiens,
pour qui le monde finit au mur du Pa-
lais-Bourbon. Vous allez vous trouver
en minorité, et donner par là une force
nouvelle à ceux que vous voulez com-
battre. » Et il s'est trouvé que le mi-
nistère était, à la fin, aussi bien ren-
versé que par un ordre du jour de dé-
fiance..
Pourquoi? Parco que ceux qui le
défendaient se sentaient dans le faux.
Dans une situation semblable, il suffit
qu'un seul exprime l'évidence qui s'im-
pose à tous, pour qu'elle ait toute sa
force. Le cabinet ne pouvait pas
tenir contre de tels débats. Tous les
votes du monde n'empêchaient pas la
vérité d'éclater à tous les yeux. Pour
que le régime incohérent de ces der-
niers temps pût durer; il aurait fallu
qu'on continuât à suivre la discipline
des partis intéressés à ce que personne
dans les gauches no fit entendre ce qui
était dans tous les esprits. Dès que cela
a été dit tout haut, le régime de résis-
tance est tombé en débris.
La Chambro et le ministère nouveau
peuvent profiter de la leçon, celui-ci
pour apprendre comment on se ruine,
celle-ci pour voir l'imbécillité des votçs
qu'on émet contre l'opinion publique,
et la mort dans l'àme.
- CAMILLE PELLRTAN.
• par
question que nous avons dû lui répéter.
Son essai de réponse est que ce. n'est pas
l'empire qui est cause des douze milliards
qu'a coûtés sà dernière 'guerre, que c'est T
la République, que l'empire, n'est dans-
« la guerre de l'impératrice » que poon
cinq semaines, et que la République y est
pour cinq mois. -
Ah l oui, toujours la même mauvaisf
plaisanterie. Nous la connaissons : on au<
rait dû faire la paix le lendemain de Se-
dan, accepter l'humiliation du drapeau,
se rendre sans avoir combattu, ne pa!
même sauver l'honneur. Il y a des partis
qui disent ces choses-là tout haut.
Mais l'empire est-il même responsable
des cinq premières semaines de la gnerre!
Par exemple ! Vous oublier que l'empire"
n'a fait la guerre « pour l'enfant » que
« sous la pression de l'opinion n. Kn effet,
c'est ce que l'ex-empereur a eu ld « cou-
rage » de dire en tendant son épée à son
bon frère le roi de Prusse. « C'est la France
qui a voulu la guerre ». Malheureuse-"
sement; depuis que l'ex-empereur a dit
cela à SOI!J>OQ frère, on a publié les Pa-
piers des Tuikries et, dans ces papiers, les
rapports des préfets qui avertissaient l'ex-
empereurque la France voulait" la paix.
Ça n'empêche pas Y Ordre de continuer
à imprimer le contraire, comme si les pa-
piers n'étaient pas publies. Et ça ne l'em-
pêche-même pas de dire que « les amis
du Rappel n'étaient pas alors de ceux qui
.criaient le moins haut » pour la guerre.
Nous ne savons pas qui le journal jérô-
miste désigne par les amis du Rappel,
mais nous devons lui apprendre, s'il l'i-
gnore, que le Rappel a si peu crié pour la
guerre, qu'il a eu un procès pour avoir
crié contre.
L'Ordre ne se contente pas dé mettre à"
la charge de la République tous les frais
de la guerre de 1870, il lui compte encore.
ce qu'ont coûté les incendies de la Com-
mune. Ici, nous nous bornerons à répon-
dre que le plus prouvé des incendiaires
de la Commune, celui qui a été condamné
au bagne par la justice ordinaire, c*'
Prieur de la Comble, bonaparliste.
A. V. *
-
AS SIST ANCE PUBLIQUE
Listeècs libéralités recues directement
pour les pauvres de Paris par le directeut
de l'administration générale do l'A-sis-
tance publique, dans la journée du 20 dé-
cembre 1879 :
Bachimont et C", 300 Fr.; le docteur Auguste
Nemours, 100 fr.; la Société philanthropique
française de Berlin, 250 fr.; Emmanuel Paw.
loff, 20 fr.; Mlle Anna PawlofF, 5 fr.; Deutsch
et ses fils, 100 fr.; J. Nairc, GO fr.;~Scribe, 100
fr.; le directeur de l'établissement de bains le
Hammam, prélèvement de 2 0|0 sur la recette
du 25 décembre, il 8o; Lambert, de Nice,
40 fr.; James Keine, 50 fr.; Mlle Anif Imtte
Christian (d'Aach), 40 fr.; Aille Marguerite
Christian (d Auch), 40 fr.; L. Pujol, Maurens
et C", 50 l'l'.; L. Pujol, 100 fr.; l'administration
du bureau Yeritas, 500 fr.; A.-M. Heine, ban-
quiers, 10,000 fr ; Th. Leroy, 100 fr.; les ha-
bitués du cafés Mona, 145 fr.; Grandjacquet,
architecte, 50 fr.; Gaston Sciama, 100 fe.;.
Emile Martinet, sous-chef a la préfecture da
la Seine, 20 fr.; Charles Fournier (consécra-
tion d'un deuil filial récent), 250 fr.; Fernan-
dès et C', pour le journal le Télégraphe, 50 ûv
le Temps (103 versement), 3,026 fr.
.————————
LA NEIGE ET LE FROID
A PARIS
Hier, le thermomètre de l'ingénieur Quçslki,
1, rue de la Bourse, marquait:
AT h eures du mal. : 10 degr. au-dessous de Oi
A 11 heures: 8 degrés au-dessous de 0;
A 1 heure : 7 degrés au-dessous de 0;
Hauteur barométrique : 772I11m.
La gelée a repris de plus belle. Un vent de
hise se joint au froid. Les visages sont rede.
venus soucieux. On ne pressent plus la fin d<
Feuilleton du RAPPEL
DU 29 DECEMBRE
<
iG
LE GRISOU
L'IVRE IV
,.r 1 *
CHAPITRE F 1
- qui ennoblit un estaminet ,
et rajeunit un béguinage
(Suite)
La YîëiHe dame, sur ces mots de pré-
sentation, fatiguée d'avoir causé, se mit à
tousser effroyablement, tandis que Ba-
bette et Marcel se retenaient pour ne pas
défaillir. Cependant, ils se regardèrent
d'un regard rapide, sans se parler, de l'air
V
1
Voir le Rappel du 20 octob, au 28 décemb-
surpris de personnes qui s'ignorent. Ils
étaient, en ce moment, deux âmes rayon-
nantes, deux âmes éblouies.
— Ah ! s'écria Mme de Rochefeu au
bout de sa quinte, quel vieux cheval
poussif je fais. Allons! c'est servi.
Monsieur Marcel, je prends votre bras.
La comtesse se leva, mit sa main sous
le bras du jeune homme, puis l'arrêtant
par un petit mouvement saccadé, et le
regardant de son grand œil noir qui bril-
lait dans sa grave et souriante figure
Louis Quatorze.
-r- Etes-vous gourmand? demanda-t-
elle.
Marcel, en matière de cuisine n'avait,
en cet instant, que de l'indifférence, et fit
simplement:
— Mon Dieu'!.
— Je crois bien, reprit la vieille dame,
que Barbe nous a fait ce qu'elle appelle
de la « verte soupe >>..
— Ah!
— Une machine liquide où nagent toutes
sortes d'histoires vertes avec des boulettes
de viande. Vous aimez ça pour l'usage
interne?
- Mon Dieu 1. fit encore Marcel, sans
entendre, mais avec un sourire extraordi-
naircment poli.
— Moi, conclut Mme de Rochercu,
pleine d'autorité, droite et le sourcil
haut, je trouve toujours, en voyant ça, que
les bestiaux ont l'air d'avoir caqué dans
leur potaga. -
Ce propos produisit sur Marcel l'effet
que ressentent, dans les féeries, les gens
auxquels des mains mystérieuses appli-
quent des giffles inattendues. Cela le fit
bondir, sans qu'il pût s'en prendre à per-
sonne, et il demeura tout interloqué, rou-
gissant jusqu'à la nuque, à l'idée que Ba-
bette avait entendu ces incongruités.
Mais, en ce moment, ils entraient dans
la salle à manger, et Mme de Rochefeu
s'écriait encora.:
— Nous voilà dans mon triclinium.
C'était une pièce fort resserrée; une
sorte de cabinet humblement meublé,
donnant sur le canal. Il faisait beau et
doux, et l'on se mit à table la fenêtre ou-
verte, au bruit du moulin, devant Bruges
que le couchant baignait de rose.
On soupait, dans cette petite salle, au-
tour d'un tout petit guéridon; Marcel se
trouvait nrès de Babette, et, vers le milieu
du repas, tout en ayant, d'ailleurs, la con-
viction de n'avoir rien fait ponr cela, les
deux jeunes gens crurent sentir que leurs
pieds n'étaient pas lrès4oin de l'autre sous
la table. Il semblait à Babette que le sien
effleurait quelque chose que le moindre
mouvement lui eût fait heurter, et, comme
un choc de ce genre l'eût rendue très
honteuse, elle ne bougea pas. De son
côté, Marcel ne pensait pas se tromper en
remarquant, tout près de sa bottine, on
ne sait quoi de doux et de frôle qu'il ne
voulait pas rudoyer, et qu'il épargnait par
son immobilité.
Il éprouvait, du reste, un certain ralen-
tissement de verve, et dut bientôt faire
des efforts épuisants pour se donner l'air
d'écouter Mme de Rochefeu, tandis que
Babette, placée en face de la comtesse,
mangeait sans rien dire, et rougissait lé-
gèrement de temps à autre. A dix heures
sonnantes, Marcel se leva, se retira la tête
en feu, et, le lendemain matin, reparut
chez M0 de Ileem, tout étourdi d'être
retombé des rêves de la veille dans les
froids bas-fonds pleins de paperasses hi-
deuses de son existence do premier
clere.
Le jeune homme, à partir de ce jour,
devint l'habitué du petit salon de la vieille
dame, et, chaque fois qu'il dînait ou sou-
pait au béguinage, ils reçommençaient,
Babette et lui, à prendre des précautions,
de plus en plus serrées, pour ne point se
heurter sous la table. De très bonne foi, ils
ne s'expliquaient pas comment il venait
toujours une minute où ils risquaient de
s'écraser/en bougeant. Si bien qu'un jour,
on ne sait comment, Babette n'eût pas
très véridiquement affirmé qu'elle n'avait
pas laissé fidèlement, tout un repas, un
petit bout de sa bottine sur la bottine
immobile de Marcel.
Jusqu'alors, ils s'étaient à peine parlé.
Ils ne se trouvaient, d'ailleurs, jamais
seuls. La vieille dame était toujours entre
eux deux. Un soir pourtant, la comtesse
monta elle-même chercher un livre dans
sa chambre. Ils restèrent une minute en
tête-à-têto. Alors, Marcel sourit et Da-
:bette rougit. Puis elle vint à la fenêtre,
regarda le temps et dit :
- C'est drôle, je trouve qu'il n'y a rien
de triste comme le soir.
— C'est vrai, fit le jeune homme, ce-
pendant.
Sa voix tremblait. Il n'acheva pas ; puis
reprit, après un moment de silence :
- Le soir, on peut se perdre dans let
bois.
La porte se rouvrit, et Mme de Roche-
feu rentra. La nuit tombait, il faisait
sombre.
Une autre fois, pendant une nouvelle
absence de la vieille dame, après une
conversation où elle s'était montrée fort
brillante, Marcel s'écria, l'œil allumé- :
— Est-ce que voùs ne trouvez pas Mm?
de Rochefeu étonnante ?
— Si, dit froidement Babette. Aussi ig
comprends que vous veniez la voir.
Etonné, Marcel regarda Babette.
Une larme jalouso hésitait sous les
longs cils abaissés de la jeune fille, pareil
à des cils d'enfant. Puis, elle jeta brus-
qnement un ouvrage qu'elle faisait, sa
sauva et ne reparut plus. Pétrifié, Marcel
attendit quelque temps, salua la corn,
fesse, rentra lugubrement ch,:!z lui, et s4.
mili à pleurer, accoudé sur sa table. ;
MAURICE TALMEYR
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J1. ~suw?'e,¡,
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