Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-12-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 décembre 1869 15 décembre 1869
Description : 1869/12/15 (N211). 1869/12/15 (N211).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7529929j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
! N
K* 211. — Mercredi 15 décembre 1869.
Le numéro : 15 c. — Départements : 20 c<
24 frimaire an 78. - N- 211.
REBACTI©ri
S adressai au SECRETAIRE DE LA RÊDACTIOU
De 3 à 5 h. du soir
t 0, rue du Faubourg-Montmartre, 10, 1
Les manuscrits non insérés ne sont pas rentes,
- 1 )
ANNONCES • y~\ ;
MM. CH. LAGHANGE, CERF et Cs -
6, place de la Bourse, 6. ■**<-
IDIDIVISTRATIOII
l'adresser à M. AUGUSTE PÀNIS
N - •
ABONNEMENTS
nus
Ho mois. ; ; ; fi Pb
Troi* mois. 13 50
Bi!PA&T £ ]lERT9
Un mol*.. ; j 8 Il
Trois moi». , te.,
BUREAUX
13, rue du Faubourg-Montmartre, D,
L'IIOMME QUI IllS V
C '"jT ■
DE VICTOR HUGO ;-,¡. ¿,.,.S..
sera, sous peu de jours, achevé daïï& Je»
feuilleton du Rappel.
Les abonnés' nouveaux: de trois'mois
au moins, à partir du 15 décembre,
auront encore droit à recevoir gratuite-
ment les feuilletons parus, la presque to-
talité du roman de Vicoor Hugo, formant
la matière de quatre volumes vendus
èn librairie 30 francs.
Nous prions ceux de nos souscripteurs
dont l'abonnement expire le i 5 décem-
bre de le renouveler sans retard, rue du
Faubourg-Montmartre, 13, s'ils ne veu-
lent pas éprouver d'interruption dans
l'envoi du journal. et
NOTRE SOUVERAIN
Personne n'ignore que, depuis plu-
sieurs mois, l'empire autoritaire, t)'est
transformé en empire libéral. Il n'y a
qu'à voir le changement qui s'est opéré
dans la situation politique de la France.
La veille de la transformation, la
presse n'était pas libre. Le préfet de po-
lice interdisait la voie publique au Rap-
pel et au Réveil. Les journaux qui dé-
plaisaient étaient traduits en police cor-
rectionnelle. La semaine précédente, le
Rapfel venait encore d'.être condamné à
la prison et à l'amende. Depuis la trans-
formation, la presse est libre. Le préfet
de police interdit la voie publique au
Réveil et au Rappel. Les journaux qui
déplaisent sont traduits en police cor-
rectionnellc. La semaine dernière, le
Rappel vient encore d'être condamné à
l'amende et à la prison.
Avant le sénatus-consulte, le prési-
dent du corps législatif était M. Schnei-
der, auquel les députés avaient deux
raisons iI.:en vouloir : la première, c'est
qu'il leur avait été imposé par l'empe-
reur au lieu d'avoir été choisi par eux; la
seconde, c'est qu'il avait accepté, sinon
sollicité, ce brusque congédiement qui
leur avait si brutalement fermé leur
propre porte au nez. Les députés, indi-
gnés, ont réclamé le droit de nommer
le président qu'ils voudraient. Ils l'ont
obtenu. De sorte qu'autrefois le corps lé-
gislatif avait M. Schneider pour prési-
dent, au lieu que maintenant le corps
législatif a pour président M. Schneider.
Le pays , lui, revendiquait, avant
tout, la réforme électorale. Le suffrage
universel, faussé par la délimitation ar-
bitraire des circonscriptions et par la
pression écrasante des fonctionnaires,
faisait de la plupart des députés les re-
présentants des préfets, des maires et
des gardes champêtres. On voulait donc
une autre chambre, une autre loi 1 élec-
torale et un autre ministre de l'inté-
rieur. On a la même chambre, on a la
même loi électorale, et M. deForcade la
Roquette, qui a donné sa démission il y
a cinq mois, a été remplacé par M. de
Forcade la Roquette. ,
Mais ici on nous arrête. Yous* dites
que M. de Forcade est encore minis-
tre de l'intérieur. Qu'en savez-vous?
C'est vrai, nous n'en -savons rien. Un
seul homme le sait, et ne le dit pas.
Et ce seul homme le sait-il lui-même?
Il hésite. La nation attend, et se de-
mande avec anxiété ce qu'il fera d'elle.
Elle interroge tout le monde, espère,
s'inquiète, appartient à tous les com-
mérages. Il y a cinq mois, nous tra-
versions aussi une crise ministérielle;
mais c'était -sous l'empire autoritaire,
et nous donnions au monde ce spec-
tacle d'un grand peuple écoutant aux
portes des antichambres et épiant par
Je trou de la serrure la physionomie
do son maître. Tandis qu'aujourd'hui
nous sommes sous l'ellil) ç parlemen-
taire : alors, nous doimonsliu monde le
spectacle d'un grand peuple écoutant
aux portes des antichambres et épiant
par le trou de la serrure la physionomie
de son maître.
*
* *
On croit .que nous voulons dire que
la situation n'a pi& changé. On se
trompe.
Il y a pour nous une différence, et une
différence profonde.
Dans l'intervalle des deux crises mi-
nistérielles, l'empereur a été malade.
Ehfre une%nâtion qui se «personnifie
dans un homme avant qu'elle, l'ait vu
miifade et qu'elle ait eu la démoystra-
tion de sa fragilité, et la même nation
qui se personnifie dans le même homme
après qu'il a reçu le premier avertisse-
ment de la mort,.après qu'elle a entendu
ce Memento quia pulvis es, après qu'elle
en a tremblé, après que tout son com-
merce en a été pris de panique, après
que trente-six millions d'hommes se
sont crus perdus si un homme disparais-
sait, - il existe une différence que nous
n'avons nullement envie de contester.
*
* *
Il y a souverain et souverain.
Il y a le souverain qui peut mourir. Ce
souverain-là est le sujet de tous les ac-
cidents. Lui qui tient dans sa main tous
les intérêts, toutes les industries, toutes
les spéculations, il peut périr subite-
ment, d'une maladie, d'une chute de
cheval, d'un coup de couteau, d'une
mauvaise digestion. Lui de qui tout dé-
pend, il dépend do tout. La monarchie,
qui voudrait passer pour la stabilité,
pose tout l'avenir sur un être qui n'est
pas certain d'avoir une heure! Ce sou-
«*erain-là est né en dehe*s» ■■-d^-l'lmma-
nité. Ce que c'est que la misère, il le sait
par ouï-dire. Il n'a jamais eu faim ni
froid. Il est tellement séparé de la na-
tion que même ses mérites privés peu-
vent.devenir des attentats publics. Pour
mieux marier ses enfants, il risquera la
guerre européenne. La guerre, que lui
importe? Ce n'est pas son argent et son
sang qu'il joue. Par ambition, par pas-
sion, par caprice, par stupidité, il dé-
pensera des milliards et des armées.
Quand on est ainsi en dehors de l'huma-
nité, il faut être un génie pour ne pas
devenir un idiot, et il faut être un ange
pour ne pas devenir un monstre. JI peut
pousser le vice jusqu'au crime et l'im-
bécillité jusqu'à la folie.
Ce souverain-là s'est appelé Louis XV,
Charles VI, Caligula, Tibère. C'est celui
des monarchistes.
y en a un autre.
Il y a un souverain qui ne meurt pas.
Il y a un souverain qui a souffert, et qui
souffre encore, qui connaît le mal et qui
veut le remède, qui n'a pas trouvé dans
ses langes sa vie toute faite, qui la fait
tous les jours, qui travaille, du bras et du
cerveau. Il y a un souverain qui, depuis
qu'il existe, n'a jamais eu qu'une aspira-
tion et qu'un désir : l'amélioration du
sort de tous ; un souverain auquel il n'est
pas possible d'être égoïste, et qui a, pour
ne pas avoir d'intérêt contraire à l'inté-
rêt de tout le monde, ce motif que c'est
lui tout le monde, — depuis les bons jus-
qu'aux grands, depuis les martyrs jus-
qu'aux génies, depuis l'ouvrier qui fait
les choses utiles jusqu'à l'artiste qui fait
les choses splendides, depuis le soldat
qui meurt pour son pays jusqu'au dieu
qui naît dans une étable.
Ce souverain-là s'appelle le peuple.
C'est le nôtre.
AUGUSTE VACQUERIE.
LA PETITE GUERRE
Un homme qui doit être bien étonné et
plus qu'étonné, stupéfait, c'est M. le mar-
quis ne Sainte Hermine. Que doit-il penser
de son aventure quand il voit valider l'é-
lection Monnier de la Sizeranne, et l'élec-
tion du Mirai, et l'élection Dréolle, et les
autres?. Car, à vrai dire, de toutes les
élections qu'on discute à la chambre, la plus
honnête est certainement celle de M. le
marquis de Sainte-Hermine.
Peut-être est-ce son honnêteté qui l'a
fditinvalider par l'Arcadie. Un député élu
dans des conditions à peu près régulières,
cela fait mal dans la majorité. Le député
a tout de-suite l'air d'appartenir à l'opposi-
tion.
C'est qu'il n'y avait rien daas l'élection
Sainte-Hermine. Rien du tout! Rien de
rien! .Quelques escamotages insignifiants,
tout au plus. Elle paraît aujourd'hui plus
blanche que la blanche hermine. C'est une
élection pure. Une élection sans taches.
M. de Sainte• Hermine k qui, je le croyais,
s'était trainé dans la fange, m'apparaît
maintenant revêtu de la rôbe immaculée
des vierges et des séraphins. Je suis prêt à
l'appeler « tour d'ivoire » ! J'ai envie de
m'écrier, comme l'Eglise : - Usez encore
de vos urnes à double fond, {< jardin
fermé s !
Une raison que nous ne connaissons pas
a fait invalider son élection. Cela saute aux
yeux. Car, pourquoi cette invalidation
avant ces validations excentriques? La co-
lère des votants tient évidemment à des
haines personnelles.
; Est-ce que M. de Sainte- Hermine
avait des défauts qui le rendaient insup-
portable à ses confrères ? Etait-il. donc
atteint d'une de ces infirmités secrètes qui
rendent le voisinage de certaines personnes
si désagréable? Ne pouvait-on vraiment
l'approcher qu'avec un fla-con? Peut-ètre
avait-il des habitudes funestes, comme de
fourrer ses doigts dans son nez, ou de lais-
ser sa main errer dans ses chaussures. On
ne m'ôtera pas de la tête qu'il se mouchait
avec ses doigts.
Voilà ce que nous sommes réduits à pen-
ser. Car, encore une fois, l'élection de
l'honorable M. de Sainte-Hermine est bien
honnête, comparée aux autres. Le temps
présent nous a conduits à ce point de trou-
ver honnête tout ce qui n'est pas absolu-
ment criminel.
Vraiment l'affaire Girault est bien
énorme. Je croyais l'Arcadie capable de
tout, mais de pareilles farces, non. Ces
messieurs ne sont plus des députés, ce
sont des collégiens en goguette. C'est l'in-
stitution Pet-de-Loup.
Encore faut-il faire une différence. C'est
l'institution Pet-de-Loup, moins M. Pet-de-
Loup (homme sévère, mais juste). C'est
l'institution Pet-de-Loup quand M. Pet-de-
Loup est sorti.
Ces députés qui se disent : « Nous allons
faire une bonne « charge », tandis que nos
collègues n'y seront pas , nous allons in-
valider une élection I » Et que devient le
fameux jury de M. de la Fauconnerie"?
la fameuse impartialité de M. de la Fau-
connerie? L'oncle de M. de la Fauconne-
rie, auteur es'imable et estimé, M. Dugué
(qui n'est point de la Fauconnerie) com-
pose des drames. Le neveu travaille dans
le comique.
J'avoue que leurs plaisanteries me cau-
sent une grande joie. Plus ils en feront de
cette sorte, plus vite ils seront démasqués;
plus on se moquera de leurs programmes
libéraux. Supposez.que l'on vous vient ap-
prendre le départ d'un de vos ennemis.
N'éprouverez-vous point une satisfaction
véritable si l'on vous dit qu'au lieu de
prendre le train omnibus il a pris le train
express?
Et ils ont pris le train expressl Qu'ils vont
vite ! mon Dieul. Comme ils passent!
M. de Forcada la Roquette est sur la ma-
chine; le baron David est « chauffeur M.
M. Rouher est chef de train. Mais on a à
peine le temps de les voir. Ils filent comme
les étoiles. Ils dévorent les kilomètres. L.
pouvoir personnel est aux bagages. L'em-
pire autoritaire aussi.
Ils passent !
Ils passent comme des éclairs. Ils pas-
sent comme des fous!. JIs ne regardent
point les signaux ; ils n'écoutent point les
cris des cantonniers; ils ne s'arrêtent point
aux stations. Ils passent 1
Le mécanicien est-il pris de vertige ? Le
chauffeur a-t-il perdu la tête? Le chef de
gare Buffet et le sous-chef la Tour du Mou-
lin se demandent où va ce convoi qui em-
porte la monarchie.
L'employé Pinard se désole, et, seul, le
facteur Ollivier, tandis que le train est
déjà à l'horizon, continue à crier, en ar-
pentant les rails déserts :
- Empire libéral ! dix minutes d'arrêt !
idouard LO.lbo,..
AUTOUR DE LA CHAMBRI
Tribunes combles bien avant l'heure.
L'incroyable incident soulevé samedi par
le rapport de l'élection Girault, a mis sur
pied le « tout Paris» qui fréquente le Palais-
Bourbon. Le sexe laid semble, tout disposé
à disputer à l'autre les places d'où l'on
peut bien voir. Quelques petits incidents
aigres-doux soulevés dans l'ombre des tri-
bunes, et promptement réprimés par l'huis
sier à ce préposé, prouvent que la curio-
sité tente de faire échec à la galanterie et
font patienter les spectateurs.
.Bientôt M. Clievandier de Valdrôme
monte à la sonnette présidentielle ; on se
tasse et l'on tend l'oreille.
Chose singulière ! on n'entend d'abord
que le silence. La majorité est évidem-
ment confuse de son guet-apens manqué.
Elle mord ses couteaux à papier en atten-
dant de se mordre les ongles.
On avait annoncé comme lever de ri-
deau un débat sur deux questions qui in-
téressent au plus haut point la presse,
ceijfs de la vente sur la voie publique et
des annonces judiciaires. La dernière sur-
tout était urgente, car c'est à la fin de dé-
cembre que. s'opère la désignation des
feuilles jugées dignes d'enregistrer, moyen-
nant finance, les faillites et les ventes judi-
ciaires.
M. Martel fait ressortir cette urgence,
M. Picard flétrit le « commerce adminis-
tratif» des annonces, M. Haentj ens lui-
même reproche au ministère l'interdiction
de vente sur la voie publique "subie par le
Rappel et le Réveil, '« bouclier de papier »
contre les projectiles révolutionnaires.
,'> Mais M. de Forcade la Roquette tient à
¥..houciier et demande à -le garder jusqu'à
nouvel ordre. Assez froidement accueilli
par la chambre, il place sa décision sous
les auspices du gouvernement républicain,.
et invoque la loi du 27 juillet 1849 sur le'
colportage. Singulier argument! compa-
rer un kiosque à la balle d'un colporteur !
Mais vous oubliez, M. le ministre, que col-
porter vient de deux mots latins : cum por-
tare, et qu'il veut dire transporter avec soi,
et'non recevoir tranquillement des jour-
naux et des sous dans ane boutique des
boulevards.
x M. Forcade n'a même pas réchauffé la
maj orité par ses imprécations contre les
« attaques indignes, les odieuses attaques,
les attaques outrageantes » de la presse qui
a le malheur de le tenir pour un médio-
cre orateur et un détestable homme d'Etat.
Glais-Bizoin et llochefort brùlent encore
quelques dernières cartouches.
Le député de la première circonscription
fait remarquer avec raison que les jour-
naux payent les mêmes sommes au timbre,
qu'ils aient ou non la vente sur la voie pu-
blique, et que cette inégalité constitue une
flagrante iniquité. Il pense d'ailleurs que
le gouvernement a l'odieux de cet arbi-
trafcBJSfcns en avoir le profit, car « le Rap-
pel, privé de la voie publique avant même
de naître, a un tirage plus élevé que toutes
les feuilles plus favorisées ». L'interdiction
est surtout désastreuse pour les marchands
des kiosques, dont les bénéfices les plus
nets passent aux mains des libraires.
La discussion est close par un vote
d'ajournement,
L'ordre du jour appelle l'élection Gi-
rault. Ah!. -
Le vaincu de samedi, le vainqueur d'au-
jourd'hui, monte lestement à la tribune.
C'est un petit homme brun, tonsuré par
un commencement de calvitie, calme et
froid d'ailleurs, simple et net de langage.
On dirait un avoué qui pose ses conclu-
sions.
Franchement, il les pose bien. Nulle-
ment ému, du moins en apparence, par
les orages de samedi et ceux qui peuvent
encore s'amasser, il raconte tranquille-
ment son histoire. On lui a reproché de se
dire ouvrier; mais c'est vrai! Sa famille
est, dit-il, meunière de père en fils. Oh sou-
ri~,c~b bon signe., Tout petite il allait
à l'école, lui et son frère, a avec le costume
des paysans du Berry». Quelques gros rires
indécents éclatent, mais ils sont aussitôt
réprimés. C'est meilleur signe encore. Ce
frère et lui ont été pendant dix ans les
ouvriers, les manoeuvres de leur père,
obligé de licencier son usine; ce frère a eu
la colonne vertébrale brisée par une ma-
chine, et lui, Girault, est resté seul. — On
ne rit plus du tout. L'affaire est décidé-
ment gagnée. M. Girault, qui le voit bien,
arrive rapidement "à sa conclusion. Un mot
en passant sur son père, âgé de quatre-
vingts ans, et qui travaille encore, termine
heureusement son habile plaidoirie.
Il descend de la tribune. On se dit tout
bas : Cet homme là est très fort 1 d'autres
Simplement : C'est un malin ! Chi lo sà?
■ Toujours est-il que M. Quesné a été fort
mal reçu quand il a voulu relever l'accusa-
tion de samedi et reprocher à M. Girault
'de se dire ouvrier quand il a des francs par
centaines de mille. — Eh bien 1 crie un
membre agacé, si c'est à la caisse d'épar-
gne!
On vote enfin. Les conclusions du bu-
reau, c'est-à-dire la validation de l'élec-
tion, sont adoptées à l'itnonimité moins six
ou huit voix.
La majorité a ainsi prouvé, par ces deux
votes contraires à quarante-huit heures
d'intervalle, qu'elle est aussi désorientée
que 'passionnée, aussi incohérente que
violente. Cela ne Surprendra personne.
1
Après ce vote sur lequel portait le prin-
cipal intérêt de la séance, M. Sens vient
lire un interminable rapport sur l'élection
de M. Joliot dans l'Isère.
Mauvais organe , mais débit détestable.
On assure avoir entendu M. de Tillancourt
s'écrier : « Monsieur Sens, il est impossible
de saisir celui de votre rapport H.
M. Picard pourtant y a vu quèlque chose :
moins que rien, trois faux seulement, con-
signés sur une affiche du sous-préfet de
Vienne, et destinés à faire croire aux élec-
teurs que M. Brillieiy concurrent de M. Jo-
liot, a émis autrefois les votes les plus blâ-
mables, notamment sur les 45 centimes et
le cumul des traitements. - Votes et dates
de séance, tout était apocryphe!
M. Joliot ne répond rien à un si sérieux
grief. Est-ce à cause de l'enrouement dont
il est atteint? M. Jolibois ne répond pas
davantage ; mais il trouve moyen-d'humec-
ter sa voix de larmes en parlant de cet ex-
cellent sous-préfet de Vienne.
La chambre, touchée, valide l'élection
par 198 voix contre 32.
Puis on lit trois rapports et l'on s'en va.
Il reste dix-neuf élections sur lesquelles
les rapports ne sont pas encore faits.
Trois seulement, ceux qu'on a lus, peu-
vent être soumis à la chambre. Ils concer-
nent les élections: vi
De M. Germain, dans l'Ain; 1
De M. Clément Duvernois, dans les Hau-
tes-Alpes;
De M. Calvet-Rogniat, dans l'Aveyron.
On prétend que le veau par lequel cet of-
ficiel s'était illustré en 1863, était un jeune
taureau qui a grandi et a.fait des petits.
Nous verrons bien.
J. Àlblot.
LES ON-DIT DU BOULEVARD
Il y a dans le monde des filous quelques
sujets, lecteurs de journaux, qui suivent
avec soin l'actualité du jour, et en profi-
tent avec intelligence dans l'intérêt de leur
industrie.
Ils ont remarqué que, depuis un certain
tejpps, le feu prend volontiers chez les ac-
trices.
Un jeune friporr-g'vbula fiiire comme le
feu. - ~-'-~-
La femme de chambre d'une de nos ar-
tistes les plus fêtées y oit arriver, dimanche
soir, un individu essoufflé, hors d'haleine,
qui lui demande de lui remettre vite, vite,
uoe toilette complète pour Mlle X., dont
la garde-robe entière vient d'être « la proie
des flammes » dans sa loge au théâtre.
La soubrette effarée se hâte de livrer
robe, jupons, chàle, lingerie, etc. Dans
son trouble, le commissionnaire emporte
quelques bijoux épars. Puis il s'éloigne
rapidement.
Inutile d'ajouter que, quand Mlle X.
est rentrée, la femme de chambre recon-
nut qu'elle avait été victime du vol à l'ac-
trice brûlée.
* >-
o. * *
On nous dit que Troppmann ne se pour-
voira pas en cassation contre le renvoi en
cour d'assises prononcé par la chambre des
mises en accusation.
t'est- &P>l>a.cT)auCl. aurait, avant son
départ pour Douai, décidé Troppmann à
cette détermination, — cet avocat n'ayant
pas trop de temps devant lui, jusqu'au
28, pour examiner le volumineux dos-
sier de l'affaire. t i *
On doit se rappeler (fM* beaTTCtmp de
journaux ont parlé, à plusieurs reprises,
des prétendus aveux de Troppmann. — Si
nous en croyons une personne qui a eu déjà
communication de l'acte d'accusation, rien
dans ce document, qui est d'une longueur
extrême, ne vient démontrer ce fait avancé
par les reporters. 1 -
Troppmann y serait àu contraire, envi-
sagé comme un homme qui s'est con-
stamment défendu et qui se défend encore
avec une grande énergie.
- - - *
.- * *
La commission officielle chargée de l'en-
quête sur l'imprimerie et la librairie a tenu
samedi sa dernière séance, sous la prési-
dence successive du ministre de l'intérieur
et de M. Bonjean, vice-président.
Le but de la commission, dans cette
séance extraordinaire et spéciale, était d'en-
tendre l'avis émis sur la question de l'im-
primerie et de la librairie par la Société
des gens de lettres. Cet avis, tout en fa-
veur de la liberté et du droit commun, a
été transmis par le président de la Société,
M. Frédéric Thomas, dont les observations
à l'appui ont, dit-on, produit la meil-
leure impression sur un certain nombre de
membres de la commission.
*
* *
L'impératrice fait son jubilé.
Elle a visité hier les églises Saint-Séverin
et Saint-Germain-l'Auxerrois.
*
* *
VEclipse ést poursuivie pour la publi-
cation d'un dessin non autorisé.
*
* *
M. Pilotell, condamné à deux mois de
prison pour un dessin politique non auto-
risé, va fonder un nouveau journal illustré
hebdomadaire intitulé : GWYNPLAINE.
On sait qu'à la suite du même jugement,
la Caricature, dont M. Pilotell était rédac-
teur en chef, a été supprimée.
*
* * --
II. parait que la souscription ouverte
dans les colonnes de YUniv. rs ne suffit pas
encore à la'papauté.
Un vicaire-général, à Paris, vient d'ap-
prendre aux jeunes enfants des écoles con-
gréganistes qu'ils avaient certainement
l'intention de donner 10 centimes par se-
maine pour payer les frais d'entretien des
évêques français pendant leur séjour à
Rome.
Comment trouvez-vous ce nouvel im-
pôt? «
• Nous donnons pourtant déjà une cin-
quantaine de millions, bon an mal an,
z 1!1~--5x.
-
pour le salaire d'un clergé dont noaàjgmi
passons. 4-
■ - **- (. vyÉteSS
Le dernier paquebot arrivé d)Amé&xr
apporte la nouvelle d'une panique qui a
ému un instant les rues de Cincinnati. -
La cause en était l'apparition subite d'un
ours.
Cet ours, il faut le dire, n'avait pas l'air
méchant; il semblait, au contraire, fort
bien dressé; tellement qu'il distribuait des
prospectus.
Mais ceux qui l'apercevaient de loin n'at-
tendaient pas qu'il les informât de son ca-
ractère ; ils commençaient par se sauver à
toutes jambes, et naturellement ceux qui
les voyaient fuir les imitaient. Les femmes
poussaient des cris, les enfants pleuraient,
les chiens aboyaient, les chevaux prenaient
le mors aux dents, une voiture fut renver-
sée, èt cela fit une forte omelette, car c'é-
tait une voiture pleine d'œufs. *
La police intervint, l'ours fut conduit
chez le maire, et se trouva être un pauvre
homme dont un marchand de peaux s'était
fait une réclame ambulante.
*
* *
C'est aujourd'hui, à une heure et demie;
que M. Franck rouvre son cours au Collège
de France.
Il traitera cette année un sujet tout d'acê
tualité: -.,.. -
Des conditions morales de la politique.
La jeunesse des écoles s'est donné ren-
dez-vous .à cette première leçon, où une
manifestation est projetée : un peu pour le
professeur et beaucoup pour la liberté.
*
* *
Nous sommes heureux d'annoncer la
Téapparition prochaine de la Feuille dIt
Village, du citoyen Joigneaux, représentant
du peuple sous la République et proscrit
du coup d'Etat. -
La Feuille du peuple avait cessé de paraître
le 2 décembre 1851.
*
* *
Une assemblée générale extraordinaire
de la société des auteurs et compositeurs
dramatiques aura lieu dimanche prochain,
à midi, au foyer du théâtre des Variétés.
Cette réunion a pour but la discussion
des articles du traité à renouveler avec la
direction de l'Opéra-Comique.
*
★ *
Nous racontions hier qu'un reliquat de
o0,000 fr. s'étant trouvé libre sur les fonds
attribués au sénat, M. Rouher avait fait
poser pour 50,000 fr. de tapis.
En revanche, on vient de refuser une
augmentation de 500 fr. aux petits em-
ployés du même sénat, et 200 fr. aux gens
de service, qui déclarent avec quelque vrai-
semblance que 1,200 fr. ne suffisent pas
pour nourrir une famille.
On leur a répondu que la dotation du
sénat était trop restreinte !
*
,
* *
J'ai un petit-neveu. «—oui, mademoi-
selle, vous avez bien entendu, un petit-
neveu; je suis grand-oncle ! et, je vous en
demande bien pardon, mais, même devant
vous, il m'est impossible d'en être affligé.
J'ai un petit-neveu qui est un petit ange,
mais qui est aussi un petit diable.
Il a quatre ans.
Cet été, à la campagne, il s'amusait fort
à voir les hirondelles aller et venir, voler à
un grand mur, y disparaître, en ressortir et
y rentrer. -,
Depuis qu'on l'a ramené à Paris, il veut
toujours retourner à la campagne pour y
revoir les hirondelles. Je lui explique
qu'elles n'y sont plus, mais qu'elles y re-
viendront en même temps que lui.
— Chez nous? «
— Oui, chez nous.
— Qu'est-ce qui te le prouve?
— Les trous du mur, qui sont pour elles
des nids tout faits.
A cette réponse que je lui faisais hier,
il a réfléchi un instant. Le résultat de sa
réflexion a été cette question :
— Les trous, ça fait donc revenip les hi.
rondelles? (,
- Oui.
Une demi-heure après, sa mère l'a trouvé
consciencieusement occupé au cuir d'un
fauteuil qu'il coupaillait avec des ciseaux
et dont il élargissait les fentes en y four-
rant la main.
— Comment! petit monstre! tu fais des
trous au fauteuil ?
Il a répondu gravement :
— Pour que les hirondelles reviennent.
THÉATRES
Théâtre de Ouiiy : — La Jeunesse de Vol..
v taire, comédie en un acte et en vers; - le Dim
mon de l'amour, pièce en quatre actes, de -
M. Paul Foucher.
La Jeunesse de Voltaire met en scène
avec un léger changement de date, l'anec-
dote des papiers de Gourville, qui rappelle
l'incident de la spoliation dans Tartuffe.
Faire parler des personnages tels que Ni-
non et Voltaire , rien n'est plus difficile et
plus délicat; la comédie de M. Paul Fou.
cher s'en tire avec beaucoup de tact et
de goût. On a fort applaudi le brillant
tableau que Ninon fait de son temps, et
K* 211. — Mercredi 15 décembre 1869.
Le numéro : 15 c. — Départements : 20 c<
24 frimaire an 78. - N- 211.
REBACTI©ri
S adressai au SECRETAIRE DE LA RÊDACTIOU
De 3 à 5 h. du soir
t 0, rue du Faubourg-Montmartre, 10, 1
Les manuscrits non insérés ne sont pas rentes,
- 1 )
ANNONCES • y~\ ;
MM. CH. LAGHANGE, CERF et Cs -
6, place de la Bourse, 6. ■**<-
IDIDIVISTRATIOII
l'adresser à M. AUGUSTE PÀNIS
N - •
ABONNEMENTS
nus
Ho mois. ; ; ; fi Pb
Troi* mois. 13 50
Bi!PA&T £ ]lERT9
Un mol*.. ; j 8 Il
Trois moi». , te.,
BUREAUX
13, rue du Faubourg-Montmartre, D,
L'IIOMME QUI IllS V
C '"jT ■
DE VICTOR HUGO ;-,¡. ¿,.,.S..
sera, sous peu de jours, achevé daïï& Je»
feuilleton du Rappel.
Les abonnés' nouveaux: de trois'mois
au moins, à partir du 15 décembre,
auront encore droit à recevoir gratuite-
ment les feuilletons parus, la presque to-
talité du roman de Vicoor Hugo, formant
la matière de quatre volumes vendus
èn librairie 30 francs.
Nous prions ceux de nos souscripteurs
dont l'abonnement expire le i 5 décem-
bre de le renouveler sans retard, rue du
Faubourg-Montmartre, 13, s'ils ne veu-
lent pas éprouver d'interruption dans
l'envoi du journal. et
NOTRE SOUVERAIN
Personne n'ignore que, depuis plu-
sieurs mois, l'empire autoritaire, t)'est
transformé en empire libéral. Il n'y a
qu'à voir le changement qui s'est opéré
dans la situation politique de la France.
La veille de la transformation, la
presse n'était pas libre. Le préfet de po-
lice interdisait la voie publique au Rap-
pel et au Réveil. Les journaux qui dé-
plaisaient étaient traduits en police cor-
rectionnelle. La semaine précédente, le
Rapfel venait encore d'.être condamné à
la prison et à l'amende. Depuis la trans-
formation, la presse est libre. Le préfet
de police interdit la voie publique au
Réveil et au Rappel. Les journaux qui
déplaisent sont traduits en police cor-
rectionnellc. La semaine dernière, le
Rappel vient encore d'être condamné à
l'amende et à la prison.
Avant le sénatus-consulte, le prési-
dent du corps législatif était M. Schnei-
der, auquel les députés avaient deux
raisons iI.:en vouloir : la première, c'est
qu'il leur avait été imposé par l'empe-
reur au lieu d'avoir été choisi par eux; la
seconde, c'est qu'il avait accepté, sinon
sollicité, ce brusque congédiement qui
leur avait si brutalement fermé leur
propre porte au nez. Les députés, indi-
gnés, ont réclamé le droit de nommer
le président qu'ils voudraient. Ils l'ont
obtenu. De sorte qu'autrefois le corps lé-
gislatif avait M. Schneider pour prési-
dent, au lieu que maintenant le corps
législatif a pour président M. Schneider.
Le pays , lui, revendiquait, avant
tout, la réforme électorale. Le suffrage
universel, faussé par la délimitation ar-
bitraire des circonscriptions et par la
pression écrasante des fonctionnaires,
faisait de la plupart des députés les re-
présentants des préfets, des maires et
des gardes champêtres. On voulait donc
une autre chambre, une autre loi 1 élec-
torale et un autre ministre de l'inté-
rieur. On a la même chambre, on a la
même loi électorale, et M. deForcade la
Roquette, qui a donné sa démission il y
a cinq mois, a été remplacé par M. de
Forcade la Roquette. ,
Mais ici on nous arrête. Yous* dites
que M. de Forcade est encore minis-
tre de l'intérieur. Qu'en savez-vous?
C'est vrai, nous n'en -savons rien. Un
seul homme le sait, et ne le dit pas.
Et ce seul homme le sait-il lui-même?
Il hésite. La nation attend, et se de-
mande avec anxiété ce qu'il fera d'elle.
Elle interroge tout le monde, espère,
s'inquiète, appartient à tous les com-
mérages. Il y a cinq mois, nous tra-
versions aussi une crise ministérielle;
mais c'était -sous l'empire autoritaire,
et nous donnions au monde ce spec-
tacle d'un grand peuple écoutant aux
portes des antichambres et épiant par
Je trou de la serrure la physionomie
do son maître. Tandis qu'aujourd'hui
nous sommes sous l'ellil) ç parlemen-
taire : alors, nous doimonsliu monde le
spectacle d'un grand peuple écoutant
aux portes des antichambres et épiant
par le trou de la serrure la physionomie
de son maître.
*
* *
On croit .que nous voulons dire que
la situation n'a pi& changé. On se
trompe.
Il y a pour nous une différence, et une
différence profonde.
Dans l'intervalle des deux crises mi-
nistérielles, l'empereur a été malade.
Ehfre une%nâtion qui se «personnifie
dans un homme avant qu'elle, l'ait vu
miifade et qu'elle ait eu la démoystra-
tion de sa fragilité, et la même nation
qui se personnifie dans le même homme
après qu'il a reçu le premier avertisse-
ment de la mort,.après qu'elle a entendu
ce Memento quia pulvis es, après qu'elle
en a tremblé, après que tout son com-
merce en a été pris de panique, après
que trente-six millions d'hommes se
sont crus perdus si un homme disparais-
sait, - il existe une différence que nous
n'avons nullement envie de contester.
*
* *
Il y a souverain et souverain.
Il y a le souverain qui peut mourir. Ce
souverain-là est le sujet de tous les ac-
cidents. Lui qui tient dans sa main tous
les intérêts, toutes les industries, toutes
les spéculations, il peut périr subite-
ment, d'une maladie, d'une chute de
cheval, d'un coup de couteau, d'une
mauvaise digestion. Lui de qui tout dé-
pend, il dépend do tout. La monarchie,
qui voudrait passer pour la stabilité,
pose tout l'avenir sur un être qui n'est
pas certain d'avoir une heure! Ce sou-
«*erain-là est né en dehe*s» ■■-d^-l'lmma-
nité. Ce que c'est que la misère, il le sait
par ouï-dire. Il n'a jamais eu faim ni
froid. Il est tellement séparé de la na-
tion que même ses mérites privés peu-
vent.devenir des attentats publics. Pour
mieux marier ses enfants, il risquera la
guerre européenne. La guerre, que lui
importe? Ce n'est pas son argent et son
sang qu'il joue. Par ambition, par pas-
sion, par caprice, par stupidité, il dé-
pensera des milliards et des armées.
Quand on est ainsi en dehors de l'huma-
nité, il faut être un génie pour ne pas
devenir un idiot, et il faut être un ange
pour ne pas devenir un monstre. JI peut
pousser le vice jusqu'au crime et l'im-
bécillité jusqu'à la folie.
Ce souverain-là s'est appelé Louis XV,
Charles VI, Caligula, Tibère. C'est celui
des monarchistes.
y en a un autre.
Il y a un souverain qui ne meurt pas.
Il y a un souverain qui a souffert, et qui
souffre encore, qui connaît le mal et qui
veut le remède, qui n'a pas trouvé dans
ses langes sa vie toute faite, qui la fait
tous les jours, qui travaille, du bras et du
cerveau. Il y a un souverain qui, depuis
qu'il existe, n'a jamais eu qu'une aspira-
tion et qu'un désir : l'amélioration du
sort de tous ; un souverain auquel il n'est
pas possible d'être égoïste, et qui a, pour
ne pas avoir d'intérêt contraire à l'inté-
rêt de tout le monde, ce motif que c'est
lui tout le monde, — depuis les bons jus-
qu'aux grands, depuis les martyrs jus-
qu'aux génies, depuis l'ouvrier qui fait
les choses utiles jusqu'à l'artiste qui fait
les choses splendides, depuis le soldat
qui meurt pour son pays jusqu'au dieu
qui naît dans une étable.
Ce souverain-là s'appelle le peuple.
C'est le nôtre.
AUGUSTE VACQUERIE.
LA PETITE GUERRE
Un homme qui doit être bien étonné et
plus qu'étonné, stupéfait, c'est M. le mar-
quis ne Sainte Hermine. Que doit-il penser
de son aventure quand il voit valider l'é-
lection Monnier de la Sizeranne, et l'élec-
tion du Mirai, et l'élection Dréolle, et les
autres?. Car, à vrai dire, de toutes les
élections qu'on discute à la chambre, la plus
honnête est certainement celle de M. le
marquis de Sainte-Hermine.
Peut-être est-ce son honnêteté qui l'a
fditinvalider par l'Arcadie. Un député élu
dans des conditions à peu près régulières,
cela fait mal dans la majorité. Le député
a tout de-suite l'air d'appartenir à l'opposi-
tion.
C'est qu'il n'y avait rien daas l'élection
Sainte-Hermine. Rien du tout! Rien de
rien! .Quelques escamotages insignifiants,
tout au plus. Elle paraît aujourd'hui plus
blanche que la blanche hermine. C'est une
élection pure. Une élection sans taches.
M. de Sainte• Hermine k qui, je le croyais,
s'était trainé dans la fange, m'apparaît
maintenant revêtu de la rôbe immaculée
des vierges et des séraphins. Je suis prêt à
l'appeler « tour d'ivoire » ! J'ai envie de
m'écrier, comme l'Eglise : - Usez encore
de vos urnes à double fond, {< jardin
fermé s !
Une raison que nous ne connaissons pas
a fait invalider son élection. Cela saute aux
yeux. Car, pourquoi cette invalidation
avant ces validations excentriques? La co-
lère des votants tient évidemment à des
haines personnelles.
; Est-ce que M. de Sainte- Hermine
avait des défauts qui le rendaient insup-
portable à ses confrères ? Etait-il. donc
atteint d'une de ces infirmités secrètes qui
rendent le voisinage de certaines personnes
si désagréable? Ne pouvait-on vraiment
l'approcher qu'avec un fla-con? Peut-ètre
avait-il des habitudes funestes, comme de
fourrer ses doigts dans son nez, ou de lais-
ser sa main errer dans ses chaussures. On
ne m'ôtera pas de la tête qu'il se mouchait
avec ses doigts.
Voilà ce que nous sommes réduits à pen-
ser. Car, encore une fois, l'élection de
l'honorable M. de Sainte-Hermine est bien
honnête, comparée aux autres. Le temps
présent nous a conduits à ce point de trou-
ver honnête tout ce qui n'est pas absolu-
ment criminel.
Vraiment l'affaire Girault est bien
énorme. Je croyais l'Arcadie capable de
tout, mais de pareilles farces, non. Ces
messieurs ne sont plus des députés, ce
sont des collégiens en goguette. C'est l'in-
stitution Pet-de-Loup.
Encore faut-il faire une différence. C'est
l'institution Pet-de-Loup, moins M. Pet-de-
Loup (homme sévère, mais juste). C'est
l'institution Pet-de-Loup quand M. Pet-de-
Loup est sorti.
Ces députés qui se disent : « Nous allons
faire une bonne « charge », tandis que nos
collègues n'y seront pas , nous allons in-
valider une élection I » Et que devient le
fameux jury de M. de la Fauconnerie"?
la fameuse impartialité de M. de la Fau-
connerie? L'oncle de M. de la Fauconne-
rie, auteur es'imable et estimé, M. Dugué
(qui n'est point de la Fauconnerie) com-
pose des drames. Le neveu travaille dans
le comique.
J'avoue que leurs plaisanteries me cau-
sent une grande joie. Plus ils en feront de
cette sorte, plus vite ils seront démasqués;
plus on se moquera de leurs programmes
libéraux. Supposez.que l'on vous vient ap-
prendre le départ d'un de vos ennemis.
N'éprouverez-vous point une satisfaction
véritable si l'on vous dit qu'au lieu de
prendre le train omnibus il a pris le train
express?
Et ils ont pris le train expressl Qu'ils vont
vite ! mon Dieul. Comme ils passent!
M. de Forcada la Roquette est sur la ma-
chine; le baron David est « chauffeur M.
M. Rouher est chef de train. Mais on a à
peine le temps de les voir. Ils filent comme
les étoiles. Ils dévorent les kilomètres. L.
pouvoir personnel est aux bagages. L'em-
pire autoritaire aussi.
Ils passent !
Ils passent comme des éclairs. Ils pas-
sent comme des fous!. JIs ne regardent
point les signaux ; ils n'écoutent point les
cris des cantonniers; ils ne s'arrêtent point
aux stations. Ils passent 1
Le mécanicien est-il pris de vertige ? Le
chauffeur a-t-il perdu la tête? Le chef de
gare Buffet et le sous-chef la Tour du Mou-
lin se demandent où va ce convoi qui em-
porte la monarchie.
L'employé Pinard se désole, et, seul, le
facteur Ollivier, tandis que le train est
déjà à l'horizon, continue à crier, en ar-
pentant les rails déserts :
- Empire libéral ! dix minutes d'arrêt !
idouard LO.lbo,..
AUTOUR DE LA CHAMBRI
Tribunes combles bien avant l'heure.
L'incroyable incident soulevé samedi par
le rapport de l'élection Girault, a mis sur
pied le « tout Paris» qui fréquente le Palais-
Bourbon. Le sexe laid semble, tout disposé
à disputer à l'autre les places d'où l'on
peut bien voir. Quelques petits incidents
aigres-doux soulevés dans l'ombre des tri-
bunes, et promptement réprimés par l'huis
sier à ce préposé, prouvent que la curio-
sité tente de faire échec à la galanterie et
font patienter les spectateurs.
.Bientôt M. Clievandier de Valdrôme
monte à la sonnette présidentielle ; on se
tasse et l'on tend l'oreille.
Chose singulière ! on n'entend d'abord
que le silence. La majorité est évidem-
ment confuse de son guet-apens manqué.
Elle mord ses couteaux à papier en atten-
dant de se mordre les ongles.
On avait annoncé comme lever de ri-
deau un débat sur deux questions qui in-
téressent au plus haut point la presse,
ceijfs de la vente sur la voie publique et
des annonces judiciaires. La dernière sur-
tout était urgente, car c'est à la fin de dé-
cembre que. s'opère la désignation des
feuilles jugées dignes d'enregistrer, moyen-
nant finance, les faillites et les ventes judi-
ciaires.
M. Martel fait ressortir cette urgence,
M. Picard flétrit le « commerce adminis-
tratif» des annonces, M. Haentj ens lui-
même reproche au ministère l'interdiction
de vente sur la voie publique "subie par le
Rappel et le Réveil, '« bouclier de papier »
contre les projectiles révolutionnaires.
,'> Mais M. de Forcade la Roquette tient à
¥..houciier et demande à -le garder jusqu'à
nouvel ordre. Assez froidement accueilli
par la chambre, il place sa décision sous
les auspices du gouvernement républicain,.
et invoque la loi du 27 juillet 1849 sur le'
colportage. Singulier argument! compa-
rer un kiosque à la balle d'un colporteur !
Mais vous oubliez, M. le ministre, que col-
porter vient de deux mots latins : cum por-
tare, et qu'il veut dire transporter avec soi,
et'non recevoir tranquillement des jour-
naux et des sous dans ane boutique des
boulevards.
x M. Forcade n'a même pas réchauffé la
maj orité par ses imprécations contre les
« attaques indignes, les odieuses attaques,
les attaques outrageantes » de la presse qui
a le malheur de le tenir pour un médio-
cre orateur et un détestable homme d'Etat.
Glais-Bizoin et llochefort brùlent encore
quelques dernières cartouches.
Le député de la première circonscription
fait remarquer avec raison que les jour-
naux payent les mêmes sommes au timbre,
qu'ils aient ou non la vente sur la voie pu-
blique, et que cette inégalité constitue une
flagrante iniquité. Il pense d'ailleurs que
le gouvernement a l'odieux de cet arbi-
trafcBJSfcns en avoir le profit, car « le Rap-
pel, privé de la voie publique avant même
de naître, a un tirage plus élevé que toutes
les feuilles plus favorisées ». L'interdiction
est surtout désastreuse pour les marchands
des kiosques, dont les bénéfices les plus
nets passent aux mains des libraires.
La discussion est close par un vote
d'ajournement,
L'ordre du jour appelle l'élection Gi-
rault. Ah!. -
Le vaincu de samedi, le vainqueur d'au-
jourd'hui, monte lestement à la tribune.
C'est un petit homme brun, tonsuré par
un commencement de calvitie, calme et
froid d'ailleurs, simple et net de langage.
On dirait un avoué qui pose ses conclu-
sions.
Franchement, il les pose bien. Nulle-
ment ému, du moins en apparence, par
les orages de samedi et ceux qui peuvent
encore s'amasser, il raconte tranquille-
ment son histoire. On lui a reproché de se
dire ouvrier; mais c'est vrai! Sa famille
est, dit-il, meunière de père en fils. Oh sou-
ri~,c~b bon signe., Tout petite il allait
à l'école, lui et son frère, a avec le costume
des paysans du Berry». Quelques gros rires
indécents éclatent, mais ils sont aussitôt
réprimés. C'est meilleur signe encore. Ce
frère et lui ont été pendant dix ans les
ouvriers, les manoeuvres de leur père,
obligé de licencier son usine; ce frère a eu
la colonne vertébrale brisée par une ma-
chine, et lui, Girault, est resté seul. — On
ne rit plus du tout. L'affaire est décidé-
ment gagnée. M. Girault, qui le voit bien,
arrive rapidement "à sa conclusion. Un mot
en passant sur son père, âgé de quatre-
vingts ans, et qui travaille encore, termine
heureusement son habile plaidoirie.
Il descend de la tribune. On se dit tout
bas : Cet homme là est très fort 1 d'autres
Simplement : C'est un malin ! Chi lo sà?
■ Toujours est-il que M. Quesné a été fort
mal reçu quand il a voulu relever l'accusa-
tion de samedi et reprocher à M. Girault
'de se dire ouvrier quand il a des francs par
centaines de mille. — Eh bien 1 crie un
membre agacé, si c'est à la caisse d'épar-
gne!
On vote enfin. Les conclusions du bu-
reau, c'est-à-dire la validation de l'élec-
tion, sont adoptées à l'itnonimité moins six
ou huit voix.
La majorité a ainsi prouvé, par ces deux
votes contraires à quarante-huit heures
d'intervalle, qu'elle est aussi désorientée
que 'passionnée, aussi incohérente que
violente. Cela ne Surprendra personne.
1
Après ce vote sur lequel portait le prin-
cipal intérêt de la séance, M. Sens vient
lire un interminable rapport sur l'élection
de M. Joliot dans l'Isère.
Mauvais organe , mais débit détestable.
On assure avoir entendu M. de Tillancourt
s'écrier : « Monsieur Sens, il est impossible
de saisir celui de votre rapport H.
M. Picard pourtant y a vu quèlque chose :
moins que rien, trois faux seulement, con-
signés sur une affiche du sous-préfet de
Vienne, et destinés à faire croire aux élec-
teurs que M. Brillieiy concurrent de M. Jo-
liot, a émis autrefois les votes les plus blâ-
mables, notamment sur les 45 centimes et
le cumul des traitements. - Votes et dates
de séance, tout était apocryphe!
M. Joliot ne répond rien à un si sérieux
grief. Est-ce à cause de l'enrouement dont
il est atteint? M. Jolibois ne répond pas
davantage ; mais il trouve moyen-d'humec-
ter sa voix de larmes en parlant de cet ex-
cellent sous-préfet de Vienne.
La chambre, touchée, valide l'élection
par 198 voix contre 32.
Puis on lit trois rapports et l'on s'en va.
Il reste dix-neuf élections sur lesquelles
les rapports ne sont pas encore faits.
Trois seulement, ceux qu'on a lus, peu-
vent être soumis à la chambre. Ils concer-
nent les élections: vi
De M. Germain, dans l'Ain; 1
De M. Clément Duvernois, dans les Hau-
tes-Alpes;
De M. Calvet-Rogniat, dans l'Aveyron.
On prétend que le veau par lequel cet of-
ficiel s'était illustré en 1863, était un jeune
taureau qui a grandi et a.fait des petits.
Nous verrons bien.
J. Àlblot.
LES ON-DIT DU BOULEVARD
Il y a dans le monde des filous quelques
sujets, lecteurs de journaux, qui suivent
avec soin l'actualité du jour, et en profi-
tent avec intelligence dans l'intérêt de leur
industrie.
Ils ont remarqué que, depuis un certain
tejpps, le feu prend volontiers chez les ac-
trices.
Un jeune friporr-g'vbula fiiire comme le
feu. - ~-'-~-
La femme de chambre d'une de nos ar-
tistes les plus fêtées y oit arriver, dimanche
soir, un individu essoufflé, hors d'haleine,
qui lui demande de lui remettre vite, vite,
uoe toilette complète pour Mlle X., dont
la garde-robe entière vient d'être « la proie
des flammes » dans sa loge au théâtre.
La soubrette effarée se hâte de livrer
robe, jupons, chàle, lingerie, etc. Dans
son trouble, le commissionnaire emporte
quelques bijoux épars. Puis il s'éloigne
rapidement.
Inutile d'ajouter que, quand Mlle X.
est rentrée, la femme de chambre recon-
nut qu'elle avait été victime du vol à l'ac-
trice brûlée.
* >-
o. * *
On nous dit que Troppmann ne se pour-
voira pas en cassation contre le renvoi en
cour d'assises prononcé par la chambre des
mises en accusation.
t'est- &P>l>a.cT)auCl. aurait, avant son
départ pour Douai, décidé Troppmann à
cette détermination, — cet avocat n'ayant
pas trop de temps devant lui, jusqu'au
28, pour examiner le volumineux dos-
sier de l'affaire. t i *
On doit se rappeler (fM* beaTTCtmp de
journaux ont parlé, à plusieurs reprises,
des prétendus aveux de Troppmann. — Si
nous en croyons une personne qui a eu déjà
communication de l'acte d'accusation, rien
dans ce document, qui est d'une longueur
extrême, ne vient démontrer ce fait avancé
par les reporters. 1 -
Troppmann y serait àu contraire, envi-
sagé comme un homme qui s'est con-
stamment défendu et qui se défend encore
avec une grande énergie.
- - - *
.- * *
La commission officielle chargée de l'en-
quête sur l'imprimerie et la librairie a tenu
samedi sa dernière séance, sous la prési-
dence successive du ministre de l'intérieur
et de M. Bonjean, vice-président.
Le but de la commission, dans cette
séance extraordinaire et spéciale, était d'en-
tendre l'avis émis sur la question de l'im-
primerie et de la librairie par la Société
des gens de lettres. Cet avis, tout en fa-
veur de la liberté et du droit commun, a
été transmis par le président de la Société,
M. Frédéric Thomas, dont les observations
à l'appui ont, dit-on, produit la meil-
leure impression sur un certain nombre de
membres de la commission.
*
* *
L'impératrice fait son jubilé.
Elle a visité hier les églises Saint-Séverin
et Saint-Germain-l'Auxerrois.
*
* *
VEclipse ést poursuivie pour la publi-
cation d'un dessin non autorisé.
*
* *
M. Pilotell, condamné à deux mois de
prison pour un dessin politique non auto-
risé, va fonder un nouveau journal illustré
hebdomadaire intitulé : GWYNPLAINE.
On sait qu'à la suite du même jugement,
la Caricature, dont M. Pilotell était rédac-
teur en chef, a été supprimée.
*
* * --
II. parait que la souscription ouverte
dans les colonnes de YUniv. rs ne suffit pas
encore à la'papauté.
Un vicaire-général, à Paris, vient d'ap-
prendre aux jeunes enfants des écoles con-
gréganistes qu'ils avaient certainement
l'intention de donner 10 centimes par se-
maine pour payer les frais d'entretien des
évêques français pendant leur séjour à
Rome.
Comment trouvez-vous ce nouvel im-
pôt? «
• Nous donnons pourtant déjà une cin-
quantaine de millions, bon an mal an,
z 1!1~--5x.
-
pour le salaire d'un clergé dont noaàjgmi
passons. 4-
■ - **- (. vyÉteSS
Le dernier paquebot arrivé d)Amé&xr
apporte la nouvelle d'une panique qui a
ému un instant les rues de Cincinnati. -
La cause en était l'apparition subite d'un
ours.
Cet ours, il faut le dire, n'avait pas l'air
méchant; il semblait, au contraire, fort
bien dressé; tellement qu'il distribuait des
prospectus.
Mais ceux qui l'apercevaient de loin n'at-
tendaient pas qu'il les informât de son ca-
ractère ; ils commençaient par se sauver à
toutes jambes, et naturellement ceux qui
les voyaient fuir les imitaient. Les femmes
poussaient des cris, les enfants pleuraient,
les chiens aboyaient, les chevaux prenaient
le mors aux dents, une voiture fut renver-
sée, èt cela fit une forte omelette, car c'é-
tait une voiture pleine d'œufs. *
La police intervint, l'ours fut conduit
chez le maire, et se trouva être un pauvre
homme dont un marchand de peaux s'était
fait une réclame ambulante.
*
* *
C'est aujourd'hui, à une heure et demie;
que M. Franck rouvre son cours au Collège
de France.
Il traitera cette année un sujet tout d'acê
tualité: -.,.. -
Des conditions morales de la politique.
La jeunesse des écoles s'est donné ren-
dez-vous .à cette première leçon, où une
manifestation est projetée : un peu pour le
professeur et beaucoup pour la liberté.
*
* *
Nous sommes heureux d'annoncer la
Téapparition prochaine de la Feuille dIt
Village, du citoyen Joigneaux, représentant
du peuple sous la République et proscrit
du coup d'Etat. -
La Feuille du peuple avait cessé de paraître
le 2 décembre 1851.
*
* *
Une assemblée générale extraordinaire
de la société des auteurs et compositeurs
dramatiques aura lieu dimanche prochain,
à midi, au foyer du théâtre des Variétés.
Cette réunion a pour but la discussion
des articles du traité à renouveler avec la
direction de l'Opéra-Comique.
*
★ *
Nous racontions hier qu'un reliquat de
o0,000 fr. s'étant trouvé libre sur les fonds
attribués au sénat, M. Rouher avait fait
poser pour 50,000 fr. de tapis.
En revanche, on vient de refuser une
augmentation de 500 fr. aux petits em-
ployés du même sénat, et 200 fr. aux gens
de service, qui déclarent avec quelque vrai-
semblance que 1,200 fr. ne suffisent pas
pour nourrir une famille.
On leur a répondu que la dotation du
sénat était trop restreinte !
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* *
J'ai un petit-neveu. «—oui, mademoi-
selle, vous avez bien entendu, un petit-
neveu; je suis grand-oncle ! et, je vous en
demande bien pardon, mais, même devant
vous, il m'est impossible d'en être affligé.
J'ai un petit-neveu qui est un petit ange,
mais qui est aussi un petit diable.
Il a quatre ans.
Cet été, à la campagne, il s'amusait fort
à voir les hirondelles aller et venir, voler à
un grand mur, y disparaître, en ressortir et
y rentrer. -,
Depuis qu'on l'a ramené à Paris, il veut
toujours retourner à la campagne pour y
revoir les hirondelles. Je lui explique
qu'elles n'y sont plus, mais qu'elles y re-
viendront en même temps que lui.
— Chez nous? «
— Oui, chez nous.
— Qu'est-ce qui te le prouve?
— Les trous du mur, qui sont pour elles
des nids tout faits.
A cette réponse que je lui faisais hier,
il a réfléchi un instant. Le résultat de sa
réflexion a été cette question :
— Les trous, ça fait donc revenip les hi.
rondelles? (,
- Oui.
Une demi-heure après, sa mère l'a trouvé
consciencieusement occupé au cuir d'un
fauteuil qu'il coupaillait avec des ciseaux
et dont il élargissait les fentes en y four-
rant la main.
— Comment! petit monstre! tu fais des
trous au fauteuil ?
Il a répondu gravement :
— Pour que les hirondelles reviennent.
THÉATRES
Théâtre de Ouiiy : — La Jeunesse de Vol..
v taire, comédie en un acte et en vers; - le Dim
mon de l'amour, pièce en quatre actes, de -
M. Paul Foucher.
La Jeunesse de Voltaire met en scène
avec un léger changement de date, l'anec-
dote des papiers de Gourville, qui rappelle
l'incident de la spoliation dans Tartuffe.
Faire parler des personnages tels que Ni-
non et Voltaire , rien n'est plus difficile et
plus délicat; la comédie de M. Paul Fou.
cher s'en tire avec beaucoup de tact et
de goût. On a fort applaudi le brillant
tableau que Ninon fait de son temps, et
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