Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-12-01
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 décembre 1869 01 décembre 1869
Description : 1869/12/01 (N197). 1869/12/01 (N197).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7529915h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
H* 197. -~ Mercredi 1er décembre 1869.' Le ituadro i 15 o. ;..- Dépâii £ ïm;Bl& i 20 o.
10 frimaire an 78. — Ra 197.
RÉDACTION
S'adresser au SECRÈTAIRE DE LA RÉDACTION
De 3 à 5 h. du soir • : -
-
10, rue du Faubourg-Montmartre, 10."
Les manuscrits non insérés né sont pas rendus,
Les manuscrits - * V re ndus,
", ,. -
1 ANNONCES : -,
MM. CH. LAGRATsGlj CMUË-ijL G9 v
- pkce dô la Boarse,^
-i1IÕ -
ADHlMSTRâTlélK
"t S'adresser à M. AUGUSTE PANiS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
P4lUS
Parnois. 5 »»
1. Trois mois. , 13 50
., **■
Un mois 6 xi,
Trois mois, \§/he
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BUREAUX !?;:
13, rue du Faubourg-Montmartre 13, ::,:
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DE
sera, sons peu de jours, achevé dans le
feuilleton du Rappel.
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au moins auront droit à recevoir gratui-
tement les feuilletons parus, la presque
totalité du roman de Victor Hugo, for-
mant la matière de quatre volumes ven-
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LE DISCOURS IMPÉRIAL
Que dire de ce discours confus, incer-
tain, ambigu comme les oracles sybil-
lins, — plein de lieux communs et plein
d'énigmes,—de ce discours à deux faces
que les autoritaires trouvent trop libé-
ral, et que les libéraux trouvent trop
autoritaire ?
Quand M. Rouher était ministre d'E-
tat, il restait au moins dans les discours
impériaux une certaine unité, qui se
faisait sentir par sa pesanteur continue.
Oai, on a eu on ne sait quoi d'uniformé-
ment lourd sur les épaules.
Maître Adolphe Houher, lorsque vous empoignâtes
La sainte Liberté de vos mains auvergnates.
Mais le discours d'aujourd'hui, c'est
impalpable et obscur comme une nuée.
Cela glisse au toucher, cela échappe à la
vue, cela se dérobe à l'analyse. Ce dis-
cours est certainement une œuvre faite en
collaboration. Il a passé par là plusieurs
conseils de ministres présents ou futurs.
On y reconnaît six ou sept mains. Et
les experts en écriture politique, les élè-
ves des Brard et Saint-Omer du sénat,
distinguent ici l'anglaise de M, Clément
Duvemois, et là les pleins de M. Jérôme
David, à côté des panses d'à de M. Gra-
nier de Cassagnac et des déliés de M.
Emile Ollivier.
*
* *
Deux notes discordantes dominent
(îans ce charivari. Le discours est à la
fois menaçant et tremblant, effaré et
arrogant. Il fait la grosse voix de quel-
qu'un qui a une grosse peur. Il crie en
même temps : Gare à vous ! et : Au se*
cours ! Il se permet une parole telle que
, Dieu lui-même pourrait à peine la pro-
noncer : « L'ordre, j'en réponds ! » Et,
tout de su te, il a un mot piteux à la
Panurge : « Aidez-moi !. » La superbe
de l'immortel qui s'apprête à lancer la
foudre, s'y mêle au gémissement du
pauvre hère qui s'attend à être étrillé.
Vous croiriez entendre le même ac-
teur jouer, dans Amphyli'ion, Jupiter et
Sosie.
Admirez un peu cette belle et fière
sécurité de Tonitruant :
« D'impuissantes attaques n'ont servi
qu'à montrer la solidité de l'édifice fon-
dé par lé suffrage de la nation. L'ordre,
j'en réponds. J'ai entendu inaugurer ré-
solument une ère nouvelle de concilia-
tion et de progrès. Les revenus indirects
dont l'accroissement naturel est un signe
do prospérité et de confiance ont donné
jusqu'ici 30 millions de plus que l'année
dernière. La participation plus directe
du pays à ses propres affaires sera pour
l'Empire une force nouvelle. »
Apitoyons-nous maintenant à la sup-
plication lamentable du pauvre Sosie. se
réfugiant dans le giron de la droite.
« il n'est pas facile d'établir en France
l'usage régulier et paisible de la liber-
té!. L'incertitude et le trouble qui exis-
tent dans les esprits ne sauraient du-
rer!. Aidez-moi, messieurs, à sauver la
liberté !. Vous n'avez pas roulu renier
le passé, désarmer le pouvoir, ébranler
l'empire!. Que les diverses nuances
d'opinions s'effacent lorsque l'intérêt gé-
néral l'exige !. »
Comique et bizarre mélange, où le
cri rauque de l'aigle du Palatin se perd
; *
1 dans le glapissement éperdu de l'oie du
Capitole?
**-
Un autre coin amusant de comédie,
c'est l'éloge des grandes choses qui ont
été aeca^lijes sous l'eBf^re. à l'étran-
ger.
r. Ecoutez un peu «. les raisons que nous
avons d'être fiers.)
«Le Nouveau Monde a supprimé l'es-
clavage ; la Russie a affranchi les serfs ;
l'Angleterre rend justice à l'Irlande ;
Rome réunit tous les évêques de la ca-
tholicité; l'Egypte, où nos armes se sont
autrefois illustrées, joint les eaux de la
Méditerranée et de la"mer Rouge. »
Hélas ! nous tàchons en vain de décou-
vrir dans tous ces actes la moindre allu-
sion à des faits directs et glorieux de
l'empire ou de la dynastie.
A moins que le nom de l'Egypte ne
vienne là pour rappeler le premier Bo-
naparte abandonnant Kléber, ou que la
guerre d'Amérique ne soit citée pour
faire souvenir du troisième Napoléon
abandonnant Maximilien
*
* *
Mais il n'y a pas ici de quoi rire ;
et tout cela est au fond plus que sé-
rieux, c'est triste.
Ce discours qui ne veut rien dire,
écoutez-le,, comprenez-le : il dit, sans le
savoir, il dit malgré lui beaucoup de
choses. Il kii échappe de terribles aveux
d'impuissance, de véritables cris de dé-
sespoir.
i *
* *
Un premier aveu, étrange do la part
d'un pouvoir qui se dit fondé et basé
sur la souveraineté du peuple, c'est ce-
lui-ci :
« Elargissons le cercle où se meut le
suffrage universel. »
Ah çà ! mais le suffrage universel qui
est limité et enfermé dans un cercle plus
ou moins étroit — cela nous fait l'effet
de ressembler singulièrement au suf-
frage restreint!
Dès lors, vous n'avez plus le droit d'a-
jouter: -
« Il faut dire hautement quelle est la
volonté du Pays. »
La volonté du pays ! mais la connais-
sez-vous? êtes-vous sur de la représenter
encore? Qui vous le dira, si ce n'est
le pays lui-même? Et non pas le pays
dans votre cercle, mais le pays dans sa
liberté, non pas le suffrage avec vos entra-
ves, mais le suffrage dans son universa-
lité.
Donc, si vous voulez vous appuyer sur
un fond solide, si vous jugez utile de
pouvoir invoquer la volonté Réelle du
souverain, qu'elle soit au moins sincère
et libre ! n'imitez pas le fou qui, ayant
une montre pour savoir l'heure, on arrê-
terait ou en briserait le mouvement pour
mettre les aiguilles à l'heure qui lui con-
viendrait! gardez au suffrage universel
tous ses rouages et tous ses droits. Plus
de candidatures officielles! plus de
maires choisis par vous! plus de cir-
conscriptions arbitraires et factices !
plus d'empêchements et de serments!
que le peuple puisse élire un exilé, un
condamné! qu'il puisse élire un crimi-
nel, — ainsi que cela lui est déjà arrivé!
Alors, mais seulement alors, — si le
peuple ainsi consulté vous approuve et
vous appuie, — il vous sera permis d'af-
firmer quelque chose de plus que ce lieu
commun de tous les partis : « La France
veut la liberté — et l'ordre ! Vous pour-
rez déclarer hautement : La France veut
*
la liberté — et l'empire.
*
* *
Mais, loin de là, un cri bien autre-
ment mélancolique et désolé, c'est ce-
lui qui ouvre le discours, et que nous
avons rappelé déjà :
« Il n'est pas facile d'établir en France
l'usage régulier et paisible de la liber-
té » !.
Non, certes ! à vous cela n'est pag fa-
cile ! Vous en convenez maintenant, on
vous l'a dit déjà cent fois : A vous, c'est
malaisé ! à vous, c'est impossible!
Ces deux mots : « l'empire libéral »
sont un non-sens et forment un accou-
plement monstrueux et stérile.
L'alliance naturelle, l'alliance féconde,
— vous le dites vous-même ensuite, —
c'est l'alliance de Tordre et de la liberté.
Seulement, dans la nouvelle ère dé-
mocratique, l'ordre se fait par la liber-
té, la liberté ne se fait pas uniquement
par l'ordre.
Ainsi, même l'ordre, vous ne pouvez
pas, vous, nous le donner. Car, ce que
t - '■ ■
vous appelez l'ordre qui règne, c'est la
violence qui s'impose. * ■
- Vous avez pu, dans un temps,' dispo-
ser de l'ordre de Varsovie, la ville morte,
! mais vous avez tort de vouloir « répon-
dre » aujourd'hui de l'ordre de Paris,la
ville ressuscitée.
Quant à la liberté, elle vous ost bien
plus interdite encore. Vous pouvez la
laisser prendre en fait, mais la restituer
en droit, jamais. Cela tient à votre ori-
gine et à vos commencements. Il ne suf-
fit pas, pour qu'un attentat s'efface,
qu'une génération passe. Et vous aurez
beau appeler tous les pouvoirs à votre
aide, vous n'êtes pas maître de protéger
et de sauver la liberté des fils. Savez-
vous pourquoi? Parce que vous avez
violé et tué la liberté des pères !
PAUL MEURltE.
OUVERTURE DES CHAMBRES
DEVANT LA PORTE,
Dès dix heures, la foule arrive sur la
place du Carrousel, et y grossit d'instant
en instant.
On remarque une large bande de sable
fin qui fait tapis depuis le Louvre jusqu'au
Palais-Royal. On se j'explique par Ia.-M- ,
cessité de ménager les pieds des chevauk-
du prince Napoléon et les roues de sa voi-
ture.
Midi. — Un escadron de guides et un
bataillon de grenadiers de la garde se for-
ment en haie sur le parcours réservé à
l'empereur.
Nuée de sergents de vill e, — de ceux qui
ont un vaisseau brodé sur le collet de leur
tunique, et qui ont si bien joué du casse-
tête au mois de juin.
Quelques douzaines d'agents prennent
place au premier rang pour exécuter les
acclamations spontanées au premier si-
gnal.
Une heure. - Les coups de canon éton-
nent un provincial, qui me demande si
l'impératrice accouche.
Je lui explique que c'est l'empereur qui
va accoûcher — d'un discours.
Les tambours battent aux champs, les
fifres retentissent, les cent-gardes s'exhibent.
Un bébé bat des mains, et dit à sa mère :
- Oh ! la belle foire !
L'empereur ! -
Les quelques douzaines d'agents pous-
sent un maigre cri, M. Pietri fait donc des
économies ?
Aucun écho dans le public. Seuls, trois
jeunes tens crient : « Vive la liberté I »
Je les regarde sans colère; il se fait, entre
eux et moi, une poussée, je les perds de
vue quelques instants; je les retrouve, et je
suis fort surpris en observant que tous
trois sont marqués dans le dos d'une croix
tracée au crayon bleu.
Je m'empresse de prévenir ces braves. 1
huguenots, qui me remercient et retirent
aussitôt leurs pardessus.
? 1
-
DANS LA SALLE.
Dans la tribune de droite, l'impératrice
est remplacée par trois princesses : la prin-
cesse Clotilde, en velours vert garni de
dentelles; la princesse Mathilde, en faim
violet; la princesse Julie en velours noir
avec fourrures. ,
Entrée de l'empereur.
Emotion du public officiel. Quelques
vieux sénateurs se font aider par leurs voi-
sins pour lever leur chapeau aussi feaut
que possible, et parviennent à crier eux-
mêmes : « Vive l'empereur ! »
Le prince Napoléon va au devant de
l'empereur, et les deux cousins se sçrrent
la main aussi affectueusement que celaJOtlr
est possible. * - 1,
L'empereur lit son discours. A ces mol#
qu'il accentue avec tout ce qu'il a de force i
«L'ordre, j'en réponds », les sénateurs
se contiennent plus, la majorité législative
s'extasie, les maîtres des requêtes et les W-
diteurs au conseil d'Etat.se pâment, et-an
nouveau : Vive l'empereur! est poussé par
tous ces fidèles sujets qui recommencent
à croire à la durée de leur fonctkùfe.
L'ambassadeur d'Angleterre, lord Lyœis,
sourit en regardant un de ses collège s,
que nous croyons être le ministre des Etats-
Unis.. ;*
Après la lecture du discours du troue,
le maître des cérémonies appelle les dépu-
tés et les sénateurs qui n'ont pas encore
prêté serment. Au nom de Rochefort, l'em- <
pereur sourit, le prince Napoléon sourit,
le prince impérial rit, les députés éclatei-t
de rire, les sénateurs se tiennent les côtes.
lly aura desesprits mal faits qui verront là
une insulte de l'empire au suffrage univer-
sel. -i usulte - uni"~er-
- +
LA SORTIE
Pardonnons aux officiels leuro éclatS. de
rire : on les leur a bien rendus ! - - J
A la sortie de tous ces- personnages cîia-
marrés et passequillés, la foule a eu l'irré-
vérence de ne pas conserver son sérieux.
Il est certain que les chapeaux à plumes,
les broderies, les épées et tous les accessoi-
res ne contribuent pas énormément h em-
pêcher le peuplûfde trouver à ces exhibi-
tions une certaine ressemblance avfee te»
mascarades. Un juste sentiment des conve-
nances et du respect qu'on doit aux corps
constitués nous relient de répéter les épi-
thètes et les huées que nous avons enten-
dues.
On se moque des maîtres et des valets,
des uniformes et des livrées, des perruques
poudrées; les gamins pincent les faux mol-
lets des cochers, etc.
- Un éclat de rire dedans, un éclat de rire
dehors ; ainsi peut se résumer ce que le
gouvernement appelle l'inauguration du
régime parlementaire.
Décidément, M. Pietri a de moins en
moins de chance. Cette émeute fantastique
après laquelle il court toujours et qu'il a
déjà cru tenir deux fois, il l'attendait en-
core hier. ','
Il était convenu de tout avec le ministre
ae la guerre. On ferait marcher d'abord la
cavalerie si un rassemblement tel que ceux
du mois dejuin dernier se formait, on enver-
rait un, ou deux, ou trois escadrons, selon
l'importance du rassemblement, lesquels
marchant au pas et se développant dans les
rues voisines,arriveraient peu à peu à cer-
ner l'émeute et à permettre d'arrêter les
meneurs. Quant à l'infanterie, elle serait en
réserve et n'avancerait que si des coups
étaient tirés sur la cavalerie. Ce serait alors
un engagement décisif, car il était bien ar-
rêté que l'infanterie ne serait mise. en mou-
vement que lorqu'il serait devenu urgent
de se défendre et de dissiper la foule à
coups de fusil.
Et voilà qu'au lieu du peuple en insur-
rection et tirant sur la cavalerie, ces formi-
dables préparatifs trouvent devant eux
Gavroche pinçant les faux mollets de l'em-
pire !
L'empereur ayant dit: — « L'ordre, j'en
réponds », la Bourse a baissé.
J. Albiot.
LA PETITE GUERRE
La chambre est réunie et va reprendre
vérification des pouvoirs. Le Journal de
Paris rappelle, à ce propos, un fait curieux
fet qui mérite d'être médité. Cela se passait
dans l'Eure. Un libelle dirigé contre le can-
didat de l'opposition avait été affiché dans
toutes les communes. M. Bethmont dé-
nonce cette manœuvre. Aussitôt M. Gen-
teur s'élance à la tribune. Il déclare :
1 û Que le libelle n'est ni calomnieux, ni
diffamatoire;
2° Il jure, sur Yhonneur, que l'admini-
stration ne l'a point fait afficher.
Un mois aprl's, l'auteur est condamné
pour ses calomnies par le tribunal d'E-
vreux. ,,'
Le lendemain de la discussion, on ap-
prend que le commissaire de police sur-
veillait lui-même l'àffichage dudit libelle.
Elles journaux officieux s'étonnent après
4cela si, lorsqu'un souteneur du gouverne-
"ment parle de (i l'honneur H, tout le monde
se tient les côtes ! Je ne sais et' que - c'est
(que « l'honneur » dû gouvernement; mais
quand je cherche à me le figurer, il m'ap-
paraît sous les traits de madame lienoiton,
Il est sorti le 2 Décembre pour faire des vi-
sites, et il n'est pas encore revenu depuis
*T& temps-là. v • , -
Aved un gouvernement qui emploie ces
manœuvres, comment voulez-vous que le
corps législatif représente le'pays? A.m;sÚ.
notre corps législatif no représente t-il
riffli. Il eM le résultai d'un vaste écamo-
tage. 'Le suffrage universel est dirigé par
Bosco. La volonté nationale est machinée
comme le théâtre de llobert Houdin. Nos
hommes fEtat «€ont le député » comme
d'autres industriels « font le mouchoir »>
La preuve en est simple:
Quatre millions d'électeurs qui ont voté
pour l'opposition sont représentés par
trente depuis.
Cinq millions d'électeurs qui ont, de gré
ou de MreeAvOté pour le gouvernement
gont représenté" par deux cent quarante ou
cinquante députés
Dans les départements qui votent arec le
pouvoir, le nombre des électeurs esV envi-
ron de dix-huit sur cent habitants, j
Dans les départements qui votent « mal »,
il n'est guère que de neuf sur cent habi-
tants. -
Et: l'on'parle delà «représentation na-
tion m » ! On prétend que le corps législa-
tif est ie K portrait du pays M. Portrait!
soit; mais peu ressemblant. Ce n'est pas
une photographie. C'est un de ces portraits;
de pacotille comme on en voit sur les bou-
levards. Le même nez sert pour tout la
monde, Il faut payer un supplément pour
obtenir un nez dit : « de fantaisie. i). Et
l'artiste exige une grosse somme pour ré-
pandre sur vos trait, « un air de famille ».
Edouard Loclcroy.
MESSIEURS LES SOUS-SECRETAIRES
«
Il parait que nous allons avoir des sous-
secrétaires d'Etat.
Qu'est-ce que cela? — On ne sait pas au
juste, mais on a entendu dire que c'était
une nouvelle espèce de gros fonctionnaires
destinés à émarger des traitements plus
gros encore. C'en est assez pour que les
masses préparent aux nouveaux venus l'ac-
cueil le plus sympathique.
Tout le monde comprend, d'ailleurs,
que l'empire libéral et parlementaire ne
peut se contenter du personnel restreint
qui suffisait à l'empire autoritaire.
On vivait naguère, tant bien que mal avec
une douzaine de ministres à cent mille
francs pièce (plus les frais de représenta-
tion, le logement,-le chauffage, l'éclai-
rage,
Mais ces modestes serviteurs de l'Etat
pouvaient alors s'occuper de leur minis-
tère; ils ne peuvent plus aujourd'hui. Les
luttes parlementaires les réclament tout
entiers. Il faut qu'ils passent la journée à
prononcer des discours et la nuit à les pré-
parer. Un suppléant est nécessaire, pour
donner audience, expédier les affaires et
remplir le portefeuille que le ministre ira
vider à la chambre.
Des services aussi importants ne peuvent
guère se payer moins d'une cinquantaine
de mille francs par tête, soit cinq ou six
cent mille francs à ajouter tous les ans au
budget.
Les contribuables n'auront certainement
pas le mauvais goût de s'en plaindre, et si,
par impossible, quelques-uns murmuraient,
il suffirait de leur montrer les cheveux
blancs de M. Bourbeau et le chef vénéra-
ble de M. Duvergier pour les rappeler à
une attitude plus ^convenable. Les contri-
buables ont bon cœur en somme, et ils se-
ront heureux de soulager, moyennant une
: 1 m i -it
bagatelle d'un demi-million, des vieillards
dont la santé exige de grands ménagements.
La hiérarchie des ministères comptera
donc un échelon de plus. Nous avions déjà
le surnuméraire, l'employé, lecommis et le
! CûaamkprincifR^ le chef :etl^ous-chef de
bureau, le chef de division, le chef du per-
sonnel, le secrétaire général, et, planant
sur tous, l'Excellence. Entre Elle et eux se
placera désormais M. le sous-secrétaire.
Tout est pour le mieux. -
Mais alors, disent quelques raisonneurs,
pourquoi ne pas appeler ce personnage
sous-ministre, fOus-Excellence, ou dou
blure d'Excellence au lieu de sous-secré-
taire d'Etat? Pourquoi ce nom prétentieux
et bizarre?
Gardez .vous d'en médire! Ce nom vaut
à lui seul toute une leçon d'histoire. Il ac-
cuse par un trait de plus l'étroite parenté
qui unit cette administration « que l'Eu-
rope nous envie» avec celle de l'ancien
régime. Les ministres à poudre et à man-
chettes de Louis XV et de Louis XVI, s'ap-
pelaient, comme on sait, « secrétaires d'E-
tat», titre que portent encore les ministres
actuels; et au-dessous d'eux étaient des
« sous-secrétaires » qui étudiaient les af-
faires et surveillaient les commis pendant
que le maître était au conseil, faisait figure
à Versailles ou s'occupait aux intrigues de
cour. -
Cette dénomination heureuse nous rap-
pelle encore une fois que notre hiérarchie
administrative est l'œuvre de Richelieu et
de Colbert, et non celle de Bonaparte, le-
quel s'est contenté de la rétablir en la ra-
fraîchissant un peu, et s'est adjugé des
droits d'auteur lorsqu'il n'était qu'un pli l-
giaire.
Nous sommes enchantés de voir reparaî-
tre à l'horizon les sous-secrétaires d'Etat de
l'ancien régime, ils manquaient à la collec-
tion, et l'on peut mettre maintenant en
présence, pour l'édification des contempo-
rains et la satisfaction des archéologues.
l'Annuaire royal de 1769 et VAnnuaire impé-
rial de 1809 :
EN 1769
Le roi est le chef de l'Etat, il nomme à
tous les emplois, commande les armées de
terre et de, mer,odéclare la guerre, fait les
traités de paix et d'alliance, etc.
Il est "assisté d'uncomei l d'Etat, ou con-
seil du roi, qui prépare les projets d'édits et
d'ordonnances.
Ce conseil est divisé en sections corres-
pondant aux diverses branches des grands
services publics, sur lesquels il exerce une
haute surveillance.
Le conseil dt Etat rend en outre des arrêts
sur toutes les matières du contentieux ad-
ministratif.
Aucun officier du roi ne peut être pour-
suivi devant les tribunaux ordinaires; les
affaires qui les concernent sont évoquées au
conseil du roi.
Le conseil du roi se compose de conseillers
qui délibèrent et statuent, et de maîtres
de.; requêtes qui font des rapports sur les af-
faires soumises au conseil.
Les parties se font représenter devant
lui par des avocats au conseil du roi.
Les minières secrétaires d'Etat sont pré-
posés sous l'autorité du roi, à la direction
des grands services publics.
Ils ont entrée au conseil du roi.
Ils sont assistés, pour la plupart, d'un
sous-secrétaire d'Etat.
Le pouvoir central est représenté, dans
chaque (jétivraiité par un in'endaht qui porte
ordinairement le titre de « maître des re-
quêtes délégué pour l'administration des
provinces J). S 1
(Chaque intendant a, dans son ressort,
des subdélégués qui font exécuter ses ordres.
• L'intendant, assisté d'un conseil de gra-
dués, exerce la juridiction administrative,
sauf retours àu'conseib du-roi.
- En cas de conflit de compétence, entre
la juridiction administrative et les tribu-
naux ordinaires, le .conseil du roi statue en
dernier ressort sur le rapport de l'inten-
dant qui a toujours, le droit d'élever le
conflit.
i ..-..,
EN 1869
L'empereur est le chef de l'Etat, il nomme
à tous les emplois, commande les armées
de terre et de mer, déclare la guerre, fait
les traités de paix et d'alliance, etc.
Il est assisté d'un Comeil d'Etat qui pré-
pare les projets de loi et de décret.
Ce conseil est divisé en sections corres.
9 pondant aux diverses branches des grands
services publics, surlesquels il exerce une
haute surveillance.
Le conseil d'Etat rend en outre des arrêt?
sur toutes les matières du contentieux ad-
ministratif.
Aucun fonctionnaire ne peut être pouc-
suivi devant les tribunaux ordinaires sans
l'autorisation du conseil d'Etat.
Le conseil d'EtaL se compose de conseil-
lers qui délibèrent et statuent, et de
maîtres des requêtes qui font des rapports
sur les affaires soumises au conseil.
Les parties se font représenter par des
avocats au conseil d'Etat et « la cour de cas-
sation.
Les ministres secrétaires d'Etat sont pré-
posés, sous l'autorité de l'empereur à Nb
dire ction des grands services publics.
Ils ont entré au conseil d'Etat.
Ils sont assistés d'un sous-secrétaire a L-.
tat.
Le pouvoir central est représenté dans
chaque département par un préfet qui perte
quelquefois le titre de a maître de requêtes
en service extraordinaire. »
Chaque préfet a, dans son ressort, des
sous-préfets qui font exécuter ses ordres.
Le préfet, assisté d'un conseil de préfec-
ture, exerce la juridiction. administrative,
sauf recours au conseil d'Etat.
En cas de conllit do compétence entre la
juridiction administrative et les tribunaux
ordinaires, le conseil d'Etat statue en der-
nier ressort. Le préfet a le droit d'élever le
conflit.
Un voit qu$Kle&-^vùs'4afairèh.'d'Etal
avaient leur place et leur nom marqués
devance dans cette hiérarchie administra-
tive servilement copiée sur celle de l'an-
cien'régime. yinnovation est donc parfai-
tement à sa place, et nous nous empressons
d'y applaudir, ne fut-ce que pour répondra
une fois pour toutes au reproche d'opposi-
tion systématique que l'on a si souvent la
cruauté de nous adresser.
K:* 1 .irffMf'itjfy,
«
LES ON DIT DU OOULËVARI).
Je connais une vieille dame qui, depuis
que M. Pietri menace tous les matins Paris
de le chassepoter, passe sa vie à frissonner
et s'évanouit pour un pétard qu'un polis-
son tire sous ses fenêtres.
Jugez de son épouvante hi eT quand elle
a entendu éclater les coups de canon sans
lesquels un empereur ne pourrait inaugu-
rer une session législative.
Sa bonne, une jeune fille de la campa-
gne, va, toute tremblante, demander au
concierge dans quel quartier on se bat.
Elle remonte, pâle et pouvant à peino
parler. -
- - Madame 1 madame I Nou. .::;ùIDmes
perdues!,.. Il dit qu'on va ouvrir les cham-
bres !
*
* *
Hier, au moment oii Napoléon III quit-
tait les Tuileries, se érigeant vers le pavil-
Ion Denon, au brttit dès tambours qui bat-
taient aux champs, mi- employé du palais,
monté sur la plateforme du pavillon de
l'horloge, agitait un drapeau tricolore avec
une furia toute patriotique.
Cette mimique, digne du Châtelet, a for
diverti la foule,
10 frimaire an 78. — Ra 197.
RÉDACTION
S'adresser au SECRÈTAIRE DE LA RÉDACTION
De 3 à 5 h. du soir • : -
-
10, rue du Faubourg-Montmartre, 10."
Les manuscrits non insérés né sont pas rendus,
Les manuscrits - * V re ndus,
", ,. -
1 ANNONCES : -,
MM. CH. LAGRATsGlj CMUË-ijL G9 v
- pkce dô la Boarse,^
-i1IÕ -
ADHlMSTRâTlélK
"t S'adresser à M. AUGUSTE PANiS
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
P4lUS
Parnois. 5 »»
1. Trois mois. , 13 50
., **■
Un mois 6 xi,
Trois mois, \§/he
-0 :"■
BUREAUX !?;:
13, rue du Faubourg-Montmartre 13, ::,:
I,'HOMME QuVàlTv* ; .,
,1
",,-. i J:
'*' **
DE
sera, sons peu de jours, achevé dans le
feuilleton du Rappel.
Les abonnés nouveaux de trois mois
au moins auront droit à recevoir gratui-
tement les feuilletons parus, la presque
totalité du roman de Victor Hugo, for-
mant la matière de quatre volumes ven-
dus en librairie 30 francs.
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décembre, seront les derniers qui
jouiront de cet avantage
- Nous prions ceux de nos abonnés dont
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vouloir bien le renouveler sans retard
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Les réclamations, renouvellements ou
changements d'adresse devront toujours
être accompagnés de la dernière bande.
LE DISCOURS IMPÉRIAL
Que dire de ce discours confus, incer-
tain, ambigu comme les oracles sybil-
lins, — plein de lieux communs et plein
d'énigmes,—de ce discours à deux faces
que les autoritaires trouvent trop libé-
ral, et que les libéraux trouvent trop
autoritaire ?
Quand M. Rouher était ministre d'E-
tat, il restait au moins dans les discours
impériaux une certaine unité, qui se
faisait sentir par sa pesanteur continue.
Oai, on a eu on ne sait quoi d'uniformé-
ment lourd sur les épaules.
Maître Adolphe Houher, lorsque vous empoignâtes
La sainte Liberté de vos mains auvergnates.
Mais le discours d'aujourd'hui, c'est
impalpable et obscur comme une nuée.
Cela glisse au toucher, cela échappe à la
vue, cela se dérobe à l'analyse. Ce dis-
cours est certainement une œuvre faite en
collaboration. Il a passé par là plusieurs
conseils de ministres présents ou futurs.
On y reconnaît six ou sept mains. Et
les experts en écriture politique, les élè-
ves des Brard et Saint-Omer du sénat,
distinguent ici l'anglaise de M, Clément
Duvemois, et là les pleins de M. Jérôme
David, à côté des panses d'à de M. Gra-
nier de Cassagnac et des déliés de M.
Emile Ollivier.
*
* *
Deux notes discordantes dominent
(îans ce charivari. Le discours est à la
fois menaçant et tremblant, effaré et
arrogant. Il fait la grosse voix de quel-
qu'un qui a une grosse peur. Il crie en
même temps : Gare à vous ! et : Au se*
cours ! Il se permet une parole telle que
, Dieu lui-même pourrait à peine la pro-
noncer : « L'ordre, j'en réponds ! » Et,
tout de su te, il a un mot piteux à la
Panurge : « Aidez-moi !. » La superbe
de l'immortel qui s'apprête à lancer la
foudre, s'y mêle au gémissement du
pauvre hère qui s'attend à être étrillé.
Vous croiriez entendre le même ac-
teur jouer, dans Amphyli'ion, Jupiter et
Sosie.
Admirez un peu cette belle et fière
sécurité de Tonitruant :
« D'impuissantes attaques n'ont servi
qu'à montrer la solidité de l'édifice fon-
dé par lé suffrage de la nation. L'ordre,
j'en réponds. J'ai entendu inaugurer ré-
solument une ère nouvelle de concilia-
tion et de progrès. Les revenus indirects
dont l'accroissement naturel est un signe
do prospérité et de confiance ont donné
jusqu'ici 30 millions de plus que l'année
dernière. La participation plus directe
du pays à ses propres affaires sera pour
l'Empire une force nouvelle. »
Apitoyons-nous maintenant à la sup-
plication lamentable du pauvre Sosie. se
réfugiant dans le giron de la droite.
« il n'est pas facile d'établir en France
l'usage régulier et paisible de la liber-
té!. L'incertitude et le trouble qui exis-
tent dans les esprits ne sauraient du-
rer!. Aidez-moi, messieurs, à sauver la
liberté !. Vous n'avez pas roulu renier
le passé, désarmer le pouvoir, ébranler
l'empire!. Que les diverses nuances
d'opinions s'effacent lorsque l'intérêt gé-
néral l'exige !. »
Comique et bizarre mélange, où le
cri rauque de l'aigle du Palatin se perd
; *
1 dans le glapissement éperdu de l'oie du
Capitole?
**-
Un autre coin amusant de comédie,
c'est l'éloge des grandes choses qui ont
été aeca^lijes sous l'eBf^re. à l'étran-
ger.
r. Ecoutez un peu «. les raisons que nous
avons d'être fiers.)
«Le Nouveau Monde a supprimé l'es-
clavage ; la Russie a affranchi les serfs ;
l'Angleterre rend justice à l'Irlande ;
Rome réunit tous les évêques de la ca-
tholicité; l'Egypte, où nos armes se sont
autrefois illustrées, joint les eaux de la
Méditerranée et de la"mer Rouge. »
Hélas ! nous tàchons en vain de décou-
vrir dans tous ces actes la moindre allu-
sion à des faits directs et glorieux de
l'empire ou de la dynastie.
A moins que le nom de l'Egypte ne
vienne là pour rappeler le premier Bo-
naparte abandonnant Kléber, ou que la
guerre d'Amérique ne soit citée pour
faire souvenir du troisième Napoléon
abandonnant Maximilien
*
* *
Mais il n'y a pas ici de quoi rire ;
et tout cela est au fond plus que sé-
rieux, c'est triste.
Ce discours qui ne veut rien dire,
écoutez-le,, comprenez-le : il dit, sans le
savoir, il dit malgré lui beaucoup de
choses. Il kii échappe de terribles aveux
d'impuissance, de véritables cris de dé-
sespoir.
i *
* *
Un premier aveu, étrange do la part
d'un pouvoir qui se dit fondé et basé
sur la souveraineté du peuple, c'est ce-
lui-ci :
« Elargissons le cercle où se meut le
suffrage universel. »
Ah çà ! mais le suffrage universel qui
est limité et enfermé dans un cercle plus
ou moins étroit — cela nous fait l'effet
de ressembler singulièrement au suf-
frage restreint!
Dès lors, vous n'avez plus le droit d'a-
jouter: -
« Il faut dire hautement quelle est la
volonté du Pays. »
La volonté du pays ! mais la connais-
sez-vous? êtes-vous sur de la représenter
encore? Qui vous le dira, si ce n'est
le pays lui-même? Et non pas le pays
dans votre cercle, mais le pays dans sa
liberté, non pas le suffrage avec vos entra-
ves, mais le suffrage dans son universa-
lité.
Donc, si vous voulez vous appuyer sur
un fond solide, si vous jugez utile de
pouvoir invoquer la volonté Réelle du
souverain, qu'elle soit au moins sincère
et libre ! n'imitez pas le fou qui, ayant
une montre pour savoir l'heure, on arrê-
terait ou en briserait le mouvement pour
mettre les aiguilles à l'heure qui lui con-
viendrait! gardez au suffrage universel
tous ses rouages et tous ses droits. Plus
de candidatures officielles! plus de
maires choisis par vous! plus de cir-
conscriptions arbitraires et factices !
plus d'empêchements et de serments!
que le peuple puisse élire un exilé, un
condamné! qu'il puisse élire un crimi-
nel, — ainsi que cela lui est déjà arrivé!
Alors, mais seulement alors, — si le
peuple ainsi consulté vous approuve et
vous appuie, — il vous sera permis d'af-
firmer quelque chose de plus que ce lieu
commun de tous les partis : « La France
veut la liberté — et l'ordre ! Vous pour-
rez déclarer hautement : La France veut
*
la liberté — et l'empire.
*
* *
Mais, loin de là, un cri bien autre-
ment mélancolique et désolé, c'est ce-
lui qui ouvre le discours, et que nous
avons rappelé déjà :
« Il n'est pas facile d'établir en France
l'usage régulier et paisible de la liber-
té » !.
Non, certes ! à vous cela n'est pag fa-
cile ! Vous en convenez maintenant, on
vous l'a dit déjà cent fois : A vous, c'est
malaisé ! à vous, c'est impossible!
Ces deux mots : « l'empire libéral »
sont un non-sens et forment un accou-
plement monstrueux et stérile.
L'alliance naturelle, l'alliance féconde,
— vous le dites vous-même ensuite, —
c'est l'alliance de Tordre et de la liberté.
Seulement, dans la nouvelle ère dé-
mocratique, l'ordre se fait par la liber-
té, la liberté ne se fait pas uniquement
par l'ordre.
Ainsi, même l'ordre, vous ne pouvez
pas, vous, nous le donner. Car, ce que
t - '■ ■
vous appelez l'ordre qui règne, c'est la
violence qui s'impose. * ■
- Vous avez pu, dans un temps,' dispo-
ser de l'ordre de Varsovie, la ville morte,
! mais vous avez tort de vouloir « répon-
dre » aujourd'hui de l'ordre de Paris,la
ville ressuscitée.
Quant à la liberté, elle vous ost bien
plus interdite encore. Vous pouvez la
laisser prendre en fait, mais la restituer
en droit, jamais. Cela tient à votre ori-
gine et à vos commencements. Il ne suf-
fit pas, pour qu'un attentat s'efface,
qu'une génération passe. Et vous aurez
beau appeler tous les pouvoirs à votre
aide, vous n'êtes pas maître de protéger
et de sauver la liberté des fils. Savez-
vous pourquoi? Parce que vous avez
violé et tué la liberté des pères !
PAUL MEURltE.
OUVERTURE DES CHAMBRES
DEVANT LA PORTE,
Dès dix heures, la foule arrive sur la
place du Carrousel, et y grossit d'instant
en instant.
On remarque une large bande de sable
fin qui fait tapis depuis le Louvre jusqu'au
Palais-Royal. On se j'explique par Ia.-M- ,
cessité de ménager les pieds des chevauk-
du prince Napoléon et les roues de sa voi-
ture.
Midi. — Un escadron de guides et un
bataillon de grenadiers de la garde se for-
ment en haie sur le parcours réservé à
l'empereur.
Nuée de sergents de vill e, — de ceux qui
ont un vaisseau brodé sur le collet de leur
tunique, et qui ont si bien joué du casse-
tête au mois de juin.
Quelques douzaines d'agents prennent
place au premier rang pour exécuter les
acclamations spontanées au premier si-
gnal.
Une heure. - Les coups de canon éton-
nent un provincial, qui me demande si
l'impératrice accouche.
Je lui explique que c'est l'empereur qui
va accoûcher — d'un discours.
Les tambours battent aux champs, les
fifres retentissent, les cent-gardes s'exhibent.
Un bébé bat des mains, et dit à sa mère :
- Oh ! la belle foire !
L'empereur ! -
Les quelques douzaines d'agents pous-
sent un maigre cri, M. Pietri fait donc des
économies ?
Aucun écho dans le public. Seuls, trois
jeunes tens crient : « Vive la liberté I »
Je les regarde sans colère; il se fait, entre
eux et moi, une poussée, je les perds de
vue quelques instants; je les retrouve, et je
suis fort surpris en observant que tous
trois sont marqués dans le dos d'une croix
tracée au crayon bleu.
Je m'empresse de prévenir ces braves. 1
huguenots, qui me remercient et retirent
aussitôt leurs pardessus.
? 1
-
DANS LA SALLE.
Dans la tribune de droite, l'impératrice
est remplacée par trois princesses : la prin-
cesse Clotilde, en velours vert garni de
dentelles; la princesse Mathilde, en faim
violet; la princesse Julie en velours noir
avec fourrures. ,
Entrée de l'empereur.
Emotion du public officiel. Quelques
vieux sénateurs se font aider par leurs voi-
sins pour lever leur chapeau aussi feaut
que possible, et parviennent à crier eux-
mêmes : « Vive l'empereur ! »
Le prince Napoléon va au devant de
l'empereur, et les deux cousins se sçrrent
la main aussi affectueusement que celaJOtlr
est possible. * - 1,
L'empereur lit son discours. A ces mol#
qu'il accentue avec tout ce qu'il a de force i
«L'ordre, j'en réponds », les sénateurs
se contiennent plus, la majorité législative
s'extasie, les maîtres des requêtes et les W-
diteurs au conseil d'Etat.se pâment, et-an
nouveau : Vive l'empereur! est poussé par
tous ces fidèles sujets qui recommencent
à croire à la durée de leur fonctkùfe.
L'ambassadeur d'Angleterre, lord Lyœis,
sourit en regardant un de ses collège s,
que nous croyons être le ministre des Etats-
Unis.. ;*
Après la lecture du discours du troue,
le maître des cérémonies appelle les dépu-
tés et les sénateurs qui n'ont pas encore
prêté serment. Au nom de Rochefort, l'em- <
pereur sourit, le prince Napoléon sourit,
le prince impérial rit, les députés éclatei-t
de rire, les sénateurs se tiennent les côtes.
lly aura desesprits mal faits qui verront là
une insulte de l'empire au suffrage univer-
sel. -i usulte - uni"~er-
- +
LA SORTIE
Pardonnons aux officiels leuro éclatS. de
rire : on les leur a bien rendus ! - - J
A la sortie de tous ces- personnages cîia-
marrés et passequillés, la foule a eu l'irré-
vérence de ne pas conserver son sérieux.
Il est certain que les chapeaux à plumes,
les broderies, les épées et tous les accessoi-
res ne contribuent pas énormément h em-
pêcher le peuplûfde trouver à ces exhibi-
tions une certaine ressemblance avfee te»
mascarades. Un juste sentiment des conve-
nances et du respect qu'on doit aux corps
constitués nous relient de répéter les épi-
thètes et les huées que nous avons enten-
dues.
On se moque des maîtres et des valets,
des uniformes et des livrées, des perruques
poudrées; les gamins pincent les faux mol-
lets des cochers, etc.
- Un éclat de rire dedans, un éclat de rire
dehors ; ainsi peut se résumer ce que le
gouvernement appelle l'inauguration du
régime parlementaire.
Décidément, M. Pietri a de moins en
moins de chance. Cette émeute fantastique
après laquelle il court toujours et qu'il a
déjà cru tenir deux fois, il l'attendait en-
core hier. ','
Il était convenu de tout avec le ministre
ae la guerre. On ferait marcher d'abord la
cavalerie si un rassemblement tel que ceux
du mois dejuin dernier se formait, on enver-
rait un, ou deux, ou trois escadrons, selon
l'importance du rassemblement, lesquels
marchant au pas et se développant dans les
rues voisines,arriveraient peu à peu à cer-
ner l'émeute et à permettre d'arrêter les
meneurs. Quant à l'infanterie, elle serait en
réserve et n'avancerait que si des coups
étaient tirés sur la cavalerie. Ce serait alors
un engagement décisif, car il était bien ar-
rêté que l'infanterie ne serait mise. en mou-
vement que lorqu'il serait devenu urgent
de se défendre et de dissiper la foule à
coups de fusil.
Et voilà qu'au lieu du peuple en insur-
rection et tirant sur la cavalerie, ces formi-
dables préparatifs trouvent devant eux
Gavroche pinçant les faux mollets de l'em-
pire !
L'empereur ayant dit: — « L'ordre, j'en
réponds », la Bourse a baissé.
J. Albiot.
LA PETITE GUERRE
La chambre est réunie et va reprendre
vérification des pouvoirs. Le Journal de
Paris rappelle, à ce propos, un fait curieux
fet qui mérite d'être médité. Cela se passait
dans l'Eure. Un libelle dirigé contre le can-
didat de l'opposition avait été affiché dans
toutes les communes. M. Bethmont dé-
nonce cette manœuvre. Aussitôt M. Gen-
teur s'élance à la tribune. Il déclare :
1 û Que le libelle n'est ni calomnieux, ni
diffamatoire;
2° Il jure, sur Yhonneur, que l'admini-
stration ne l'a point fait afficher.
Un mois aprl's, l'auteur est condamné
pour ses calomnies par le tribunal d'E-
vreux. ,,'
Le lendemain de la discussion, on ap-
prend que le commissaire de police sur-
veillait lui-même l'àffichage dudit libelle.
Elles journaux officieux s'étonnent après
4cela si, lorsqu'un souteneur du gouverne-
"ment parle de (i l'honneur H, tout le monde
se tient les côtes ! Je ne sais et' que - c'est
(que « l'honneur » dû gouvernement; mais
quand je cherche à me le figurer, il m'ap-
paraît sous les traits de madame lienoiton,
Il est sorti le 2 Décembre pour faire des vi-
sites, et il n'est pas encore revenu depuis
*T& temps-là. v • , -
Aved un gouvernement qui emploie ces
manœuvres, comment voulez-vous que le
corps législatif représente le'pays? A.m;sÚ.
notre corps législatif no représente t-il
riffli. Il eM le résultai d'un vaste écamo-
tage. 'Le suffrage universel est dirigé par
Bosco. La volonté nationale est machinée
comme le théâtre de llobert Houdin. Nos
hommes fEtat «€ont le député » comme
d'autres industriels « font le mouchoir »>
La preuve en est simple:
Quatre millions d'électeurs qui ont voté
pour l'opposition sont représentés par
trente depuis.
Cinq millions d'électeurs qui ont, de gré
ou de MreeAvOté pour le gouvernement
gont représenté" par deux cent quarante ou
cinquante députés
Dans les départements qui votent arec le
pouvoir, le nombre des électeurs esV envi-
ron de dix-huit sur cent habitants, j
Dans les départements qui votent « mal »,
il n'est guère que de neuf sur cent habi-
tants. -
Et: l'on'parle delà «représentation na-
tion m » ! On prétend que le corps législa-
tif est ie K portrait du pays M. Portrait!
soit; mais peu ressemblant. Ce n'est pas
une photographie. C'est un de ces portraits;
de pacotille comme on en voit sur les bou-
levards. Le même nez sert pour tout la
monde, Il faut payer un supplément pour
obtenir un nez dit : « de fantaisie. i). Et
l'artiste exige une grosse somme pour ré-
pandre sur vos trait, « un air de famille ».
Edouard Loclcroy.
MESSIEURS LES SOUS-SECRETAIRES
«
Il parait que nous allons avoir des sous-
secrétaires d'Etat.
Qu'est-ce que cela? — On ne sait pas au
juste, mais on a entendu dire que c'était
une nouvelle espèce de gros fonctionnaires
destinés à émarger des traitements plus
gros encore. C'en est assez pour que les
masses préparent aux nouveaux venus l'ac-
cueil le plus sympathique.
Tout le monde comprend, d'ailleurs,
que l'empire libéral et parlementaire ne
peut se contenter du personnel restreint
qui suffisait à l'empire autoritaire.
On vivait naguère, tant bien que mal avec
une douzaine de ministres à cent mille
francs pièce (plus les frais de représenta-
tion, le logement,-le chauffage, l'éclai-
rage,
Mais ces modestes serviteurs de l'Etat
pouvaient alors s'occuper de leur minis-
tère; ils ne peuvent plus aujourd'hui. Les
luttes parlementaires les réclament tout
entiers. Il faut qu'ils passent la journée à
prononcer des discours et la nuit à les pré-
parer. Un suppléant est nécessaire, pour
donner audience, expédier les affaires et
remplir le portefeuille que le ministre ira
vider à la chambre.
Des services aussi importants ne peuvent
guère se payer moins d'une cinquantaine
de mille francs par tête, soit cinq ou six
cent mille francs à ajouter tous les ans au
budget.
Les contribuables n'auront certainement
pas le mauvais goût de s'en plaindre, et si,
par impossible, quelques-uns murmuraient,
il suffirait de leur montrer les cheveux
blancs de M. Bourbeau et le chef vénéra-
ble de M. Duvergier pour les rappeler à
une attitude plus ^convenable. Les contri-
buables ont bon cœur en somme, et ils se-
ront heureux de soulager, moyennant une
: 1 m i -it
bagatelle d'un demi-million, des vieillards
dont la santé exige de grands ménagements.
La hiérarchie des ministères comptera
donc un échelon de plus. Nous avions déjà
le surnuméraire, l'employé, lecommis et le
! CûaamkprincifR^ le chef :etl^ous-chef de
bureau, le chef de division, le chef du per-
sonnel, le secrétaire général, et, planant
sur tous, l'Excellence. Entre Elle et eux se
placera désormais M. le sous-secrétaire.
Tout est pour le mieux. -
Mais alors, disent quelques raisonneurs,
pourquoi ne pas appeler ce personnage
sous-ministre, fOus-Excellence, ou dou
blure d'Excellence au lieu de sous-secré-
taire d'Etat? Pourquoi ce nom prétentieux
et bizarre?
Gardez .vous d'en médire! Ce nom vaut
à lui seul toute une leçon d'histoire. Il ac-
cuse par un trait de plus l'étroite parenté
qui unit cette administration « que l'Eu-
rope nous envie» avec celle de l'ancien
régime. Les ministres à poudre et à man-
chettes de Louis XV et de Louis XVI, s'ap-
pelaient, comme on sait, « secrétaires d'E-
tat», titre que portent encore les ministres
actuels; et au-dessous d'eux étaient des
« sous-secrétaires » qui étudiaient les af-
faires et surveillaient les commis pendant
que le maître était au conseil, faisait figure
à Versailles ou s'occupait aux intrigues de
cour. -
Cette dénomination heureuse nous rap-
pelle encore une fois que notre hiérarchie
administrative est l'œuvre de Richelieu et
de Colbert, et non celle de Bonaparte, le-
quel s'est contenté de la rétablir en la ra-
fraîchissant un peu, et s'est adjugé des
droits d'auteur lorsqu'il n'était qu'un pli l-
giaire.
Nous sommes enchantés de voir reparaî-
tre à l'horizon les sous-secrétaires d'Etat de
l'ancien régime, ils manquaient à la collec-
tion, et l'on peut mettre maintenant en
présence, pour l'édification des contempo-
rains et la satisfaction des archéologues.
l'Annuaire royal de 1769 et VAnnuaire impé-
rial de 1809 :
EN 1769
Le roi est le chef de l'Etat, il nomme à
tous les emplois, commande les armées de
terre et de, mer,odéclare la guerre, fait les
traités de paix et d'alliance, etc.
Il est "assisté d'uncomei l d'Etat, ou con-
seil du roi, qui prépare les projets d'édits et
d'ordonnances.
Ce conseil est divisé en sections corres-
pondant aux diverses branches des grands
services publics, sur lesquels il exerce une
haute surveillance.
Le conseil dt Etat rend en outre des arrêts
sur toutes les matières du contentieux ad-
ministratif.
Aucun officier du roi ne peut être pour-
suivi devant les tribunaux ordinaires; les
affaires qui les concernent sont évoquées au
conseil du roi.
Le conseil du roi se compose de conseillers
qui délibèrent et statuent, et de maîtres
de.; requêtes qui font des rapports sur les af-
faires soumises au conseil.
Les parties se font représenter devant
lui par des avocats au conseil du roi.
Les minières secrétaires d'Etat sont pré-
posés sous l'autorité du roi, à la direction
des grands services publics.
Ils ont entrée au conseil du roi.
Ils sont assistés, pour la plupart, d'un
sous-secrétaire d'Etat.
Le pouvoir central est représenté, dans
chaque (jétivraiité par un in'endaht qui porte
ordinairement le titre de « maître des re-
quêtes délégué pour l'administration des
provinces J). S 1
(Chaque intendant a, dans son ressort,
des subdélégués qui font exécuter ses ordres.
• L'intendant, assisté d'un conseil de gra-
dués, exerce la juridiction administrative,
sauf retours àu'conseib du-roi.
- En cas de conflit de compétence, entre
la juridiction administrative et les tribu-
naux ordinaires, le .conseil du roi statue en
dernier ressort sur le rapport de l'inten-
dant qui a toujours, le droit d'élever le
conflit.
i ..-..,
EN 1869
L'empereur est le chef de l'Etat, il nomme
à tous les emplois, commande les armées
de terre et de mer, déclare la guerre, fait
les traités de paix et d'alliance, etc.
Il est assisté d'un Comeil d'Etat qui pré-
pare les projets de loi et de décret.
Ce conseil est divisé en sections corres.
9 pondant aux diverses branches des grands
services publics, surlesquels il exerce une
haute surveillance.
Le conseil d'Etat rend en outre des arrêt?
sur toutes les matières du contentieux ad-
ministratif.
Aucun fonctionnaire ne peut être pouc-
suivi devant les tribunaux ordinaires sans
l'autorisation du conseil d'Etat.
Le conseil d'EtaL se compose de conseil-
lers qui délibèrent et statuent, et de
maîtres des requêtes qui font des rapports
sur les affaires soumises au conseil.
Les parties se font représenter par des
avocats au conseil d'Etat et « la cour de cas-
sation.
Les ministres secrétaires d'Etat sont pré-
posés, sous l'autorité de l'empereur à Nb
dire ction des grands services publics.
Ils ont entré au conseil d'Etat.
Ils sont assistés d'un sous-secrétaire a L-.
tat.
Le pouvoir central est représenté dans
chaque département par un préfet qui perte
quelquefois le titre de a maître de requêtes
en service extraordinaire. »
Chaque préfet a, dans son ressort, des
sous-préfets qui font exécuter ses ordres.
Le préfet, assisté d'un conseil de préfec-
ture, exerce la juridiction. administrative,
sauf recours au conseil d'Etat.
En cas de conllit do compétence entre la
juridiction administrative et les tribunaux
ordinaires, le conseil d'Etat statue en der-
nier ressort. Le préfet a le droit d'élever le
conflit.
Un voit qu$Kle&-^vùs'4afairèh.'d'Etal
avaient leur place et leur nom marqués
devance dans cette hiérarchie administra-
tive servilement copiée sur celle de l'an-
cien'régime. yinnovation est donc parfai-
tement à sa place, et nous nous empressons
d'y applaudir, ne fut-ce que pour répondra
une fois pour toutes au reproche d'opposi-
tion systématique que l'on a si souvent la
cruauté de nous adresser.
K:* 1 .irffMf'itjfy,
«
LES ON DIT DU OOULËVARI).
Je connais une vieille dame qui, depuis
que M. Pietri menace tous les matins Paris
de le chassepoter, passe sa vie à frissonner
et s'évanouit pour un pétard qu'un polis-
son tire sous ses fenêtres.
Jugez de son épouvante hi eT quand elle
a entendu éclater les coups de canon sans
lesquels un empereur ne pourrait inaugu-
rer une session législative.
Sa bonne, une jeune fille de la campa-
gne, va, toute tremblante, demander au
concierge dans quel quartier on se bat.
Elle remonte, pâle et pouvant à peino
parler. -
- - Madame 1 madame I Nou. .::;ùIDmes
perdues!,.. Il dit qu'on va ouvrir les cham-
bres !
*
* *
Hier, au moment oii Napoléon III quit-
tait les Tuileries, se érigeant vers le pavil-
Ion Denon, au brttit dès tambours qui bat-
taient aux champs, mi- employé du palais,
monté sur la plateforme du pavillon de
l'horloge, agitait un drapeau tricolore avec
une furia toute patriotique.
Cette mimique, digne du Châtelet, a for
diverti la foule,
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