Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-10-21
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 octobre 1869 21 octobre 1869
Description : 1869/10/21 (N156). 1869/10/21 (N156).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75298741
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
N* 156. Jeudi 21 octobre 1869. Le numéro : 15 c. r- Départements : 20 o.
30 vendémiaire an 78. — S. 156.
RÉBÂCIIOM
S'adresser au SECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION
De 3 à 5 h. du soir
iO, rue du Faubourg-Montmartre, 16
Lts manuscrits non insérés ne sont pas rANNONCES
MM. CH. LAGRANGE, CERF ;
6, place de la Bourse, 6. - -
ABMMtSTBATMIW
S'adresser i M. AUGUSTE PArus
ÂBONNBMENT.
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Troiamoix. 13 50
DÉPASTEBfiflïl r
Un mcl«.. 8 te
Trois moia. m Il 9*
I .-
BUREAUX 1
i3, rue du Faubourg-MontmarU»,lf.
LE PROSCRIT ET LA FRANCE
RÉALITÉ
II
- LE REMÈDE
Contre César et Dieu, le peuple !
Contre les deux coups d'Etat de juin
et de décembre, contre la tyrannie spi-
rituelle et temporelle, quoi? l'opposi-
tion? non, la Révolution.
Il faut, certes, que le peuple prenne
soin de lui-même, qu'il applique le re-
mède au mal, mal plus aisé à sentir qu'à
guérir, et mal mortel s'il n'est guéri.
Mais quand et comment ?
Par une démonstration, le 26 octobre?
C'est la question, question de vie ou
de mort.
Il serait téméraire à moi, après vingt
ans d'absence et quinze jours de France,
de prescrire l'heure et le moyen. Il se-
rait impertinent de l'oser à la place des
conseillers du peuple, ses journaux or-
dinaires, et ses députés, frais sortis de
l'urne.
J'ai cru à un danger, et je suis rentré.
Je suis rentré à ma place, ni général, ni
caporal, mais simple soldat de la France ;
comme La Tour-d'Auvergne, avec cette
différence que je ne suis pas le pre-
mier.
Que mes amis m'entendent bien ! Rien
de changé. Il n'y a en France, non pas
qu'un esclave de plus, mais qu'un soldat
de plus de la liberté, rentré dans le rang
pour suivre et non pour guider. Moins
que personne, je puis faire appel ou
commandement. J'obéirai.
Dans cette veillée d'armes, dans cette
anxieuse trêve qui précède l'action, je
peux tout au plus offrir un avis. Nous
sommes, juste, à ce point de danger où
Rome voulait que chaque citoyen mît
son cœur sur son front.
Donc, bien que je sois peu d'humeur
expectante et pacifique avec le mal ; bien
que je veuille la justice dynamique, et le
plus tôt possible ; bien que je sente avec
la même indignation le risque et la honte
d'une plus longue temporisation; bien
qu'à mon âge, et en homme qui a vu le
premier empire, je sois plus pressé qu'un
autre d'en finir' avec le second ; bien
que je sois revenu dans ce but; bien que
ce mois d'octobre soit tentant, ce mois
où les femmes même ont montré aux
hommes le chemin de Versailles ; bien
que ce mois de la liberté et de la vendange
ait mûri comme des grappes couronnes
et têtes de rois ; — cependant, ma raison
maîtrise ma passion ; et, malgré mon ar-
dent amour du droit, dans ma sollici-
tude pour le peuple, je dois jeter à mon
tour ce cri d'alarme :
Prenons garde au 26 octobre !
Le 26 octobre ne peut être le jour du
peuple.
Défions-nous-en pour trois raisons :
La première, c'est que le peuple n'a
pas affaire avec la Constitution de l'em-
pire. Le peuple n'a pas à défendre les
libertés de l'empire, mais la Liberté.
Le coup d'Etat a fait la loi de l'em-
pire. Le coup d'Etat la viole. C'est sa
chose. Que le peuple se garde pour la
sienne ! *
La crise actuelle est le produit fatal de
la politique impériale et de l'opposition
des irréconciliables assermentés. Après
vingt années de démoralisation pu-
blique, sous le règne du faux serment, la
France reste en face d'un maître à qui
sa propre loi ne suffit plus, avec des
députés liés à cette loi insoutenable,
avec un peuple hostile à cette loi, qui lui
a été passée au wu par fraude et par
force.
Logiquement, il ne peut combattre
pour ce collier. Que Baudin tombe con-
tre l'empire, je le comprends. et je
l'envie! mais qu'il tombe pour?. je ne
comprends plus !
Les députés assermentés auraient sou-
tenu cette constitution, c'était leur droit!
ils auraient maintenu cette liberté, c'é-
tait leur devoir ! ils devaient se présen-
ter en masse le 26 octobre à la porte de
la chambre; protester contre l'infraction
de la loi de 52 ; constater— que l'homme
qui a violé le pacte républicain, a violé
aussi le pacte impérial; qu'il a violé une
loi de plus, la sienne ; qu'il ne peut régner
avec sa propre règle; que le coup d'Etat
est permanent, tantôt chronique, tantôt
aigu, selon le besoin, mais endémique
et constitutionnel ; qu'il n'y a sous lui ni
i loi,, ni. ordre, ni paix possibles; que,
: tout fort qu'il est, le pouvoir personnel
ne peut rendre le calme à la France trou-
blée succès; que la société est
sans cesse remise en question, à la merci
des pures fantaisies du bon plaisir, au
caprice absolu du despotisme d'un seul ;
bref, que fidèle à son origine, l'empire
doit vivre comme il est né, finir comme
il a commencé, par l'arbitraire et le man-
que de parole, par une série continue
de merveilles, à l'intérieur comme à
l'extérieur, à Rome comme à Paris.
Que les députés constitutionnels con-
statent cela, c'est leur rôle, je le répète.
Cela s'ajoute au dossier du contumace
de la haute cour, voilà tout ! Mais que le
peuple se tienne bien sur ses gardes!
qu'il ne compromette pas l'heure de la
justice par son impatience ! qu'il l'assure
par sa prudence, en restant calme dans
son droit, en réservant sa force pour le
jour de l'expiation, qui s'approche, mais
n'est pas encore venu. Aux députés, l'op-
position ! au peuple, la Révolution !
Seconde raison : Cet accusé, ce con-
damné, à cette heure, a le gendarme
avec lui. Il est prêt : il attend armé jus-
qu'aux dents. Taciturne, recueilli, chat
de Décembre guettant sa proie sous la
farine, sphinx nocturne dévorant qui ne
le devine pas, malade faisant le mort,
laissant tout dire pour prendre le
droit de tout faire, résolu à tout, lié par
rien, ni scrupule, ni remords, l'habi-
tude !. Allez vous y frotter le 26 octo-
bre! Rendez-vous donné par lui, lieu,
jour et heure choisis par lui; question,
position, précaution, toutes mesures pri-
ses par lui : — toute la force publique en
mouvement, camps vides, garnisons
pleines, recensement des amis, classe-
ment des iidèles, remplacement des tiè-
des, ministres à coup d'Etat, généraux
à coup de main, et préfets à poigne cachés
derrière les autres, et l'impératrice de-
hors. sauvant la mise !
C'est un coup d'Etat préparé. C'est le
coup d'Etat, non de l'empire, cette fois ;
c'est le coup d'Etat de la régence.
En matière politique, un fait vaut cent
raisons : voyons ! Il sait, il est assez his-
torien pour ça, il sait que les régences
en France, les régences de femme, d'é-
trangère comme est toute mère d'enfant
de France, sont toujours des époques de
troubles et de guerre : que la première
régente, l'espagnole Blanche, la mère
de Saint-Louis, vit la révolte des grands
féodaux et l'Anglais à Limoges ; que la
seconde régente, l'italienne Catherine
de Médicis, vit la Ligue, la Saint-Barthé-
lemy et l'Espagnol à Paris ; que la troi-
sième régente, l'austro-espagnole Anne
d'Autriche, vit la Fronde, la révolte des
nobles et des bourgeois ; et qu'enfin la
quatrième et dernière régente, l'autri-
chienne Marie-Louise, a vu la révolte du
sénat et du corps législatif et le Cosaque
à Montmartre.
Il sait que la régente Eugénie n'est
pas moins espagnole que les autres, et il
veut qu'elle soit plus heureuse. Il sait
enfin, qu'elle se trouvera en face d'une
démocratie puissante qui n'a rien oublié
et tout appris; et il prétend de son mieux
lui assurer la place nette après lui. Je le
crois malade, sans doute, mais pas assez
pour avoir perdu connaissance. Si donc,
il peut refaire un coup d'Etat sûr, éner-
ver encore une fois Paris par une saignée
salutaire, il renouvellera pour vingt ans
encore son bail expiré ; il repassera, sans
peine, au Napoléon mineur, sa pour-
pre reteinte dans le sang du peuple.
Il assurera la régence par une Saint-
Barthélemy de patriotes ; l'étrangère
absente ayant tout le profit sans l'odieux
de la chose en cas de succès ; et, en cas
d'échec, saine et sauve au dehors, gar-
dant la tutelle et les complots de Boulo-
gne et de Strasbourg.
De là, ce perfide et insolent 29 no-
vembre substitué au 26 octobre.
J'aurais compris qu'il eût fermé le
palais Bourbon, jeté les clefs dans la
Seine et remis au-dessus de la porte l'é-
criteau de Cromwell : « Chambre à
louer ! » C'était force pure et digne d'un
tyran de bonne foi.
Mais retarder seulement l'ouverture,
la retarder d'un mois, c'est ruse; c'est
piège ; c'est excitation à la révolte.
C'est un pouvoir fort qui tombe à la
hauteur d'agent provocateur. C'est faire
du Palais-Bourbon un immense kiosque.
Prenons garde à cette énorme souri-
cière. Laissons-la cuire dans sa blouse
blanche jusqu'à ce qu'il reprenne sa
blouse bleue de Ham.
Une insurrection, s'il vous plaît? -
Passez, brave homme ! on vous a déjà
donné.
Bref, il a besoin d'une émeute : refu-
sons-la ! Le peuple a besoin d'une révo-
lution. - - :
Troisième et dernière raison, la plus
forte, la meilleure :
Il est prêt et le peuple ne l'est pas.
Assurément, toute occasion de ressai-
sir le droit est bonne, constitution-
nelle ou non, et quand on le peut faire
on le doit. C'est le devoir. Mais, au-
trement, c'est faute. Robespierre dit
crime. Toute révolution qui avorte,.
accouche d'une tyrannie. — En effef,,
c'est de la bravoure de sauvage, de la
bravoure complice de l'ennemi, de la
bravoure plus que perdue, de la bra-
voure suicide ! — Prenons garde !
Sommes-nous prêts ? Non. Ne comp-
tons pas sur l'imprévu, le hasard, ces
faux dieux du désespoir. Ne comptons:
pas même sur l'exemple du passé : l'ac-
tion révolutionnaire ne s'est pas exercée
depuis vingt ans, et en octobre l'étuàiant
est en vacances. Nous n'avons pas même
à cette heure la première condition da
la force, l'union devant un ennemi
compacte, armé, organisé, discipliné,
disposant de toute la puissance régulière
du pays : armée, police, justice, finance.
Devant tout ce concours de forces obéis-
sant comme une machine infernale au
doigt et à Fceil du maître, quoi ? le camp
d'Agramant ! sinon la discorde, la divi-
sion ! Devant une armée, une horde !
Divergence, si ce n'est contradiction :
lee chefs officiels, les députés, divisés, les
uns disant : oui; les autres : non ; les au-
tres : oui et non; les autres : ni oui ni
non. Les guides naturels, les journaux,
divisés de même. Conséquence : le peu-
ple divisé aussi. Donc, faiblesse et dé-
sastre. Comme il arrive toujours faute
d'union.
Question de tactique. Point de guerre
sans armée ! Point d'armée sans mot
d'ordre ! — Pourquoi le prendre de
l'ennemi? Qu'adviendra-t-il si nous sui-
vons les députés à la chambre ? La porte
fermée, iront-ils à un autre Jeu de Pau-
me, ou à la Mairie du Xe arrondisse-
ment, ou au Conservatoire des Arts-et-
Métiers? L'expérience a prouvé contre
nous deux fois sur trois. Au lieu d'avoir
un second Jeu de Paume, prenons bien
garde d'ajouter au 13 juin et au 2 dé-
cèmbre un troisième et dernier jour né-
faste, le 26 octobre.
Pourquoi ce 26 octobre ? C'est son
jour et non le nôtre. Les révolutions ne
se font jamais par ordre. On ne fixe pas
les révolutions des peuples comme celles
des astres.
Le peuple s'appartient Nul Neptûne
ne peut dire à ses flots : quos ego ! Le
peuple se lèvé et se calme à son temps.
Il le peut quand il veut, le 25 aussi
bien que le 27.
Pourquoi donc le 26 précis, fixé par
un député honorable sans doute, et cou-
rageux aussi, mais peu populaire et en-
core moins constant, qui s'est retiré après
avoir attaché le grelot ? Prenons garde
comme lui !
A quand alors ?
Quand nous serons prêts.
Et comment ?
En étant unis.
En imitant l'ennemi, en faisant comme
lui, en choisissant notre heure, notre
lieu et notre cause à notre tour. En nous
ralliant tous ensemble sur un seul et
même point. Non sur une question de
forme vaine et vague, indécise et obs-
cure, iiripériale et royale, qui fait doute
et scinde l'attaque, et donne chance à
l'ennemi de rester maître du champ;
mais sur un terrain commun, solide; sur
un principe sérieux, vulgaire; sur une
question de droit logique, intelligible,
incontestable, et par conséquent invin-
cible, à la portée, dans l'intérêt et la
conscience de tous; sur la souverai-
neté du peuple, sur le vote universel.
Cent raisons ne valent pas un fait.
Or, l'histoire de notre peuple prouve
par une série de faits irréfutables que le
peuple ne fait jamais de révolution que
sur un point clair et net, pur et simple,
abstrait et dégagé de tout nuage et am-
bage ; qu'au contraire , il fait bon mar-
ché des chicanes et légalités, et ne
fait que des révoltes sur des formalités.
En 89, le peuple, sur la réclamation des
députés du tiers, fit la révolution au cri
de : Vive la Nation !
En 1830, sur la réclamation des liber-
tés publiques par les 221, il fit la révolu-
tion au cri de : Vive la Charte !
En 48, sur la réclamation des députés
réformistes, il fit la révolution au cri de :
Vive la Réforme !
Le 26 octobre 69, quel serait le cri du
peuple faisant la révolution derrière les
a$serm,entés ? Vive la constitution'de 52?
Impossible. ?
J 4oncî enfin?
La position est fausse ; challgeons-la.
La République a été tuée par la viola-
tion du serment. Elle ne peut renaître et
vivre que par son observation. Nous in-
voquons souvent l'exemple du Jeu de
Paume. L'histoire nous répond : Serment
du Jeu de Paume. Point de liberté sans
moralité ! Point de république sans con-
trat! Point de peuple sans pacte! Point
de loi sans foi ! Point de vote sans con-
science!
Que le peuple attende donc jusqu'aux
prochaines élections de Paris, se recueille
et se prépare à son tour !
- Qu'il èhoisisse alors les quatre hom-
mes les jplus populaires et les plus éner-
giques, lps plus irréconciliables, c'est-à-
dire quatre candidats inassermentés, et
qu'il les nomme quand même, une fois,
chaque fois, résolument, unanimement,
obstinément, irrévocablement, de son
plein dr4it de peuple souverain. La con-
stitution n'est plus. Il est le droit, il est
le nombre, il est la ibrce. S'il a le vou-
loir, il a le pouvoir; la dernière élection
l'a prouvé.
Il est certes de taille à imposer son
vote bon gré mal gré. Quand il se sera
bien compté et monté ainsi par l'épreuve
de l'urne, quand il sera sùr de sa majo-
rité unie autour du droit, alors, ce sera
son jour.
Qu'arrivera-t-il, en effet? Le pouvoir
sera acculé, attendu à son tour sur le ter-
rain choisi par nous, sur le droit de sa
propre origine, sur le droit de vote. Et
alors, l'un des deux : ou bien il casse l'é"
lection, ou bien il l'accepte. S'il l'ac-
cepte, tout est dit de sa Constitution.
S'il la casse, c'est lui qui s'insurge con-
tre tous et contre lui-même. C'est lui
qui attaque sans logique comme sans es-
poir. C'est lui le perturbateur.
Le peuple, unanime pour voter, sera
unanime pour agir.
Il sera temps. Alors, massant tous ses
cœurs, teus ses bras, se levant comme
un seul homme, le peuple poussera de
toute sa force, de son irrésistible force
ses quatre représentants contre les portes
de l'assemblée et de la Constitution;
n'ayant qu'un mot d'ordre, droit ! qu'un
parti, France ! Il aura raison do la vio-
lence et de l'astuce. Il rétablira la
France sur sa base naturelle, la morale
humaine. Enfin, il comptera une glo-
rieuse journée de plus. Il aura fait la
Révolution de 69 au cri du vote uni-
versel.
Et cette dernière révolution sera la
révolution de la conscience !
Et j'aurai vécu assez! j'aurai vu réa-
liser ma parole à la Constituante contre
la Présidence: « Après la Convention,
l'empire; mais après l'empire, la Conven-
tion! »
FÉLIX PYAT.
Vierzon, 11 octobre 69.
LA PETITE GUERRE >
r**
La Liberté conte une anecdote bien cu-
rieuse. D'après elle, le chef de l'Etat aurait
« mijoté rf un petit programme tellement
libéral et révolutionnaire que son aspect
seul devait contraindre les ministres en
place à offrir leur démission. M. Rouher se
serait alors présenté et aurait exécuté ledit
programme. La Liberté ajoute que les mi-
nistres ne se sont point effarouchés du
tout. Et, avec un ensemble admirable, ils
ont juré d'accomplir ces réformes que con-
damnaient, à la fois, leurs sentiments,
leur raison et leur conscience.
Voilà des hommes!
Dans ce qu'on appelle « les hautes sphè-
res, » cela ne fait pas un pli. On met les
programmes én adjudication, comme les
chemins de fer. Comme nous avons des en-
trepreneurs de maçonnerie, nous avons des
entrepreneurs de politique libérale. Peu
importe au chef de l'Etat que les plans
soient exécutés par Pierre ou Paul. J'es-
père cependant, dans l'intérêt des contri-
buables, qu'il choisit celui qui consent à
travailler au rabais.
Il me semble aussi que, pour le prix que
nous y mettons, on nous en pourrait don-
ner un peu davantage. Ce n'est guère qu'un
simulacre de liberté et une apparence de so-
cialisme. Et nos entrepreneurs sont d'autant
moins excusables que, dans leur état, les
matières premières sont à bon marché.
Mais, probablement, ils ne veulent quitter
le ministère que comme les négociants
quittent leurs boutiques : après fortune
faite.
Je ne sais si le récit de la Liberté est vrai.
Je constate seulement qu'il n'a paru sur-
prendre personne et que tout le monde est
disposé à le croire. La vénération qu'inspi-
rent nos ministres est si grande que, sans
marquer d'étonnement, le public entend
dire qu'ils se disposent à piétiner sur leurs
convictions, à renier leur passé et à se men-
tir à eux-mêmes.
- Nous en sommes là, et ces messieurs, si
bien prêts à faire tout ce qui concerne
leur état, nous gouvernent. Dieu sauve la
France : Et surtout qu'il tâche de s'y pren-
dre avec plus d'adresse que Forcade ou Pi-
nard, quand ils sauvent la société. S'il y
mettait ce zèle, ce détachement et cette
complaisance, nous serions capables de
croire que le bon Dieu a tout simplement
peur de perdre sa place.
Edouard Lockroy.
LES ON-DIT DU BOULEVARD
L'affaire de M. Aurélien Scholl avec M.
Lemot est en voie d'arrangement. Nous es-
pérons qu'elle s'arrangera tout à fait, et
qu'il suffira que deux hommes d'esprit aient
risqué une fois leur vie pour un dessin. M.
Scholl a fait assez souvent ses preuves de
courage pour pouvoir s'en tenir à la ren-
contre d'avant-hier, et la querelle se trou-
vera ainsi terminée de la façon la plus ho-
norable pour les deux adversaires.
*
* *
Hier matin — mardi — il y a eu, au café
des Halles centrales, une réunion de 700
employés de commerce.
Pour aider les employés sans autres res-
sources que leur travail à supporter la grève,
la chambre syndicale a déclaré que tous les
matins elle leur distribuerait un bon de dé-
jeuner, un bon de dîner et un bon de cou-
cher.
La séance a été terminée par la lecture
d'une lettre des typographes de Paris qui se
mettent fraternellement à la disposition des
grévistes pour l'impression de tous les do-
cuments ou avis dont la publication serait
nécessaire.
Nous sommes heureux de pouvoir cons-
tater que le calme et l'ordre règnent dans
toutes les réunions des grévistes.
Si la grève dure plus de huit jours, la
chambre syndicale ouvrira elle-même des
magasins.
Les propriétaires-des Magasins-Réunis ont
ont mis cet immense local à la disposition
de la grève.
Il était encore certains employés qui, en
raison de leurs situations importantes et
tout exceptionnelles, hésitaient à se joindre
à leurs collègues : les acheteurs, les inspec-
teurs et les caissiers. Ils se sont réunis hier
au café des Halles, et ont paru disposés à se
joindre à leurs camarades.
*
* *
Les chalands des magasins du Louvre
ont dû être fort surpris hier.
Les commis étaient remplacés par des
jeunes filles prises dans un orphelinat des
environs de Paris, vêtues uniformément
d'une robe bleue et portant au cou une
croix suspendue à un ruban bleu. Ça vous
avait un petit air de cloître fort original.
L'une d'elles a commis un amusant
lapsus :
Un client lui demandant à voir des échan-
tillons de linge de table :
— C'est à la cellule de blanc, répondit la
jeune fille.
*
* *
Avant-hier, un ouvrier trouve, rue de la
Paix, un portefeuille contenant 30,000 fr.
en billets de banque. Il appelle un agent et
se dirige avec lui vers le bureau du com-
missaire.
En chemin, ils sont rejoints par une per-
sonne qui réclame le portefeuille, prouve
que c'est bien sa propriété, le reçoit des
mains de l'ouvrier, et en récompense lui
remet - vingt sous.
♦
« «
Hier matin, à dix heures, a eu lieu l'en-
terrement de M. Lehodey, directeur-gérant
du Siècle.
Bien que le défunt, pendant sa maladie,
eût formellement refusé de voir un prêtre
et qu'il eût, maintes fois, énergiquement
affirmé ses opinions de libre-penseur, la
famille n'en a pas moins cru devoir faire
procéder à la cérémonie religieuse. 0
Ceux qui ne savaient pas la cause de la
cérémonie s'étonnaient un peu de cet en-
terrement catholique d'un rédacteur du
Siècle si près de l'enterrement libre d'un
sénateur.
Le service a été célébré à Notre-Dame-
de-Lorette. Tout le Siècle y assistait, rédac-
tion, administration et composition, partie
dans l'église, partie devant la grille.
Au cimetière du Père-Lachaise, quelques
mots d'adieu ont été prononcés par M.
Terré, président du conseil de surveillance
du Siècle; puis M. Louis Jourdan, président
du comité de rédaction, a dit en quelques
paroles émues les regrets que M. Lehodey
laisse à tous ceux qui l'ont connu.
* *
* *
Les administrateurs des « Grands Maga-
sins de la Paix » nous écrivent que c'est par
erreur que dans notre numéro d'hier nous
avons dit, en parlant des Grèves, « que les
chefs des Magvsino de la Paix avaient mieux
aimé payer le dédit que de mettre leurs
employés sur le pavé. »
Les magasins de la Paix n'ont pas eu de
dédit à payer, ayant pris d'eux-mêmes,
avant la grève, l'initiative des réformes,
« comme ils le feront toujours, quand il
s'agira de la classe intéressante et la
rieuse des employés de commerf^.n s
r< Î.'ir •• "• f-o
Y..; * * UT. ■ -V
Avant-hier, à La Rochelle, inaumïaiitjn
de la statue de l'amiral Duperré. V
* \i I
* :II..
Charles Dickens, le romancier socialiste
de l'Angleterre vient de prononcer à Bir-
mingham un long discours qui se termine
ainsi :
- « En somme, ma foi dans ceux qui gou-
vernent est infinitésimale; ma foi dans ceux
qui sont gouvernés est illimitée. »
C'est absolument notre manière de voir;
sauf que notre foi dans ceux qui gouver-
nent n'est pas même infinitésimale.
Elle n'est pas du tout.
* n , j
* * v , •
Nous recevons la lettre suivante :
- r 1
Brest. , 1 r,
Monsieur, - \<'J
Je lis dans le Rappel que M. Murât èmbar-
que comme simple matelot, sur un narirfe all&nt
aux Antilles. Permettez-moi de vous faire con-
naître de quelle manière il embarque comme
matelot. -
11 embarque i la table, non des officierfi
mis du commandant, mangera seul avec lui
et couçhera dans son salon, ayant pour mode
de couchage, non le hamac, fi donc ! un prince
en hamac ! pas même la couchette réglëmen-
rairedes officiers, mais le cadre, lit suspendui
très agréable, du reste,. et réservé aux malades
seuls
J'ai l'honneur, monsieur, de vous saluer,
ainsi que tous ces messieurs du Rappel, car je
suis un des vôtres, bien que soi-disant employé
du gouvernement, — épithète que je refuse t
je sers la France, rien de plus !
Votre tout dévoué.
B.
, ufficier de marine.
* ,
* *
L'administration vient de prendre une
mesure qui assure à jamais l'existence de
l'empire et qui va en finir pour toujours
avec la République.
Les cochers des voitures de place de
Strasbourg ont reçu la. défense absolue de
porter des gilets rouges.
C'était leur uniforme depuis un temps
immémorial, et la société ne paraissait pas
en avoir été bouleversée. Mais le gouver-
nement ne s'est pas jugé capable de résis-
ter plus longtemps à cette couleur.
Maintenant les cochers de Strasbourg
ont des gilets noirs ; c'est moins gai pour
le regard, mais l'empire a la gaieté de pou-
voir dire qu'il a pris sur la République
une revanche de sa défaite mexicaine et
que, s'il n'a pas battu Juarez, il a vaincu
un gilet.
Après cela, peut-être est-ce simplement
qu'on avait besoin de drap rouge pour
rhabiller ce pauvre vieux « spectre rouge »
dont le costume doit être fièrement usé.
*
* *
Nous apprenons avec plaisir que l'état da
caricaturiste Gill, affecté d'une ophthalmi.,
s'est depuis hier de beaucoup amélioré.
*
Les travaux de fortification commencés
à Lille sous l'impulsion du maréchal Nie-i, et
interrompus depuis sa mort, vienneiat çl'étra
repris. 1
** '• iq r
L'armement de la garde nationale, de
Rouen et des sapeurs-pompiers va être
transformé. Les fusils à canon lisse -seront
remplacés par des fusils à percussion rttyés.
Cette mesure, dit le Nouvelliste, est général.
et elle sera appliquée à toutes les- gardes
nationales et à toutes les compagnies de sa-
peurs-pompiers.
*
L'autre semaine, aux environs de Lyon,
je passais devant un enclos planté en vir
gnes.
Une foule considérable entrait et sortait
constamment; les femmes et les enfants
étaient en majorité.
Je m'approche et je vois cet écriteau, sur
lequel je lis :
Purge de raisins.
à dix sous l'heure.
* *
♦
, A l'Opéra, la reprise de la Favorite a été
froidement accueillie. -
Mise en scène, décors,- costumes sont
d'une médiocrité attristante. Quant au bal.
let, il a été chuté. , "1'"
Bosquin, le débutant, manque de souffle
et de puissance; dans le troisième acte par-
ticulièrement, il n'a pu faire preuve que de
bonne volonté; mais c'est déjà quelque
chose, et dans les rôles qui demanderont
moins d'ampleur et de force, ce sera un
très honorable tenorino. 1.
Il n'y a eu succès que pour Faure, qui a
été rappelé par toute la salle et qui le mé-
ritait.
Un Passant.
OPINION DES JOURNAUX
SUR LE MANIFESTE DE LA GAUCHE
Le manifeste de la gauche n'a décidé-
ment pas de succès. A part la Liberté,
YOpimm Nationale, et le Moniteur, qui s'en
30 vendémiaire an 78. — S. 156.
RÉBÂCIIOM
S'adresser au SECRÉTAIRE DE LA RÉDACTION
De 3 à 5 h. du soir
iO, rue du Faubourg-Montmartre, 16
Lts manuscrits non insérés ne sont pas r
MM. CH. LAGRANGE, CERF ;
6, place de la Bourse, 6. - -
ABMMtSTBATMIW
S'adresser i M. AUGUSTE PArus
ÂBONNBMENT.
fAftll
On mol».»..» 1 «
Troiamoix. 13 50
DÉPASTEBfiflïl r
Un mcl«.. 8 te
Trois moia. m Il 9*
I .-
BUREAUX 1
i3, rue du Faubourg-MontmarU»,lf.
LE PROSCRIT ET LA FRANCE
RÉALITÉ
II
- LE REMÈDE
Contre César et Dieu, le peuple !
Contre les deux coups d'Etat de juin
et de décembre, contre la tyrannie spi-
rituelle et temporelle, quoi? l'opposi-
tion? non, la Révolution.
Il faut, certes, que le peuple prenne
soin de lui-même, qu'il applique le re-
mède au mal, mal plus aisé à sentir qu'à
guérir, et mal mortel s'il n'est guéri.
Mais quand et comment ?
Par une démonstration, le 26 octobre?
C'est la question, question de vie ou
de mort.
Il serait téméraire à moi, après vingt
ans d'absence et quinze jours de France,
de prescrire l'heure et le moyen. Il se-
rait impertinent de l'oser à la place des
conseillers du peuple, ses journaux or-
dinaires, et ses députés, frais sortis de
l'urne.
J'ai cru à un danger, et je suis rentré.
Je suis rentré à ma place, ni général, ni
caporal, mais simple soldat de la France ;
comme La Tour-d'Auvergne, avec cette
différence que je ne suis pas le pre-
mier.
Que mes amis m'entendent bien ! Rien
de changé. Il n'y a en France, non pas
qu'un esclave de plus, mais qu'un soldat
de plus de la liberté, rentré dans le rang
pour suivre et non pour guider. Moins
que personne, je puis faire appel ou
commandement. J'obéirai.
Dans cette veillée d'armes, dans cette
anxieuse trêve qui précède l'action, je
peux tout au plus offrir un avis. Nous
sommes, juste, à ce point de danger où
Rome voulait que chaque citoyen mît
son cœur sur son front.
Donc, bien que je sois peu d'humeur
expectante et pacifique avec le mal ; bien
que je veuille la justice dynamique, et le
plus tôt possible ; bien que je sente avec
la même indignation le risque et la honte
d'une plus longue temporisation; bien
qu'à mon âge, et en homme qui a vu le
premier empire, je sois plus pressé qu'un
autre d'en finir' avec le second ; bien
que je sois revenu dans ce but; bien que
ce mois d'octobre soit tentant, ce mois
où les femmes même ont montré aux
hommes le chemin de Versailles ; bien
que ce mois de la liberté et de la vendange
ait mûri comme des grappes couronnes
et têtes de rois ; — cependant, ma raison
maîtrise ma passion ; et, malgré mon ar-
dent amour du droit, dans ma sollici-
tude pour le peuple, je dois jeter à mon
tour ce cri d'alarme :
Prenons garde au 26 octobre !
Le 26 octobre ne peut être le jour du
peuple.
Défions-nous-en pour trois raisons :
La première, c'est que le peuple n'a
pas affaire avec la Constitution de l'em-
pire. Le peuple n'a pas à défendre les
libertés de l'empire, mais la Liberté.
Le coup d'Etat a fait la loi de l'em-
pire. Le coup d'Etat la viole. C'est sa
chose. Que le peuple se garde pour la
sienne ! *
La crise actuelle est le produit fatal de
la politique impériale et de l'opposition
des irréconciliables assermentés. Après
vingt années de démoralisation pu-
blique, sous le règne du faux serment, la
France reste en face d'un maître à qui
sa propre loi ne suffit plus, avec des
députés liés à cette loi insoutenable,
avec un peuple hostile à cette loi, qui lui
a été passée au wu par fraude et par
force.
Logiquement, il ne peut combattre
pour ce collier. Que Baudin tombe con-
tre l'empire, je le comprends. et je
l'envie! mais qu'il tombe pour?. je ne
comprends plus !
Les députés assermentés auraient sou-
tenu cette constitution, c'était leur droit!
ils auraient maintenu cette liberté, c'é-
tait leur devoir ! ils devaient se présen-
ter en masse le 26 octobre à la porte de
la chambre; protester contre l'infraction
de la loi de 52 ; constater— que l'homme
qui a violé le pacte républicain, a violé
aussi le pacte impérial; qu'il a violé une
loi de plus, la sienne ; qu'il ne peut régner
avec sa propre règle; que le coup d'Etat
est permanent, tantôt chronique, tantôt
aigu, selon le besoin, mais endémique
et constitutionnel ; qu'il n'y a sous lui ni
i loi,, ni. ordre, ni paix possibles; que,
: tout fort qu'il est, le pouvoir personnel
ne peut rendre le calme à la France trou-
blée succès; que la société est
sans cesse remise en question, à la merci
des pures fantaisies du bon plaisir, au
caprice absolu du despotisme d'un seul ;
bref, que fidèle à son origine, l'empire
doit vivre comme il est né, finir comme
il a commencé, par l'arbitraire et le man-
que de parole, par une série continue
de merveilles, à l'intérieur comme à
l'extérieur, à Rome comme à Paris.
Que les députés constitutionnels con-
statent cela, c'est leur rôle, je le répète.
Cela s'ajoute au dossier du contumace
de la haute cour, voilà tout ! Mais que le
peuple se tienne bien sur ses gardes!
qu'il ne compromette pas l'heure de la
justice par son impatience ! qu'il l'assure
par sa prudence, en restant calme dans
son droit, en réservant sa force pour le
jour de l'expiation, qui s'approche, mais
n'est pas encore venu. Aux députés, l'op-
position ! au peuple, la Révolution !
Seconde raison : Cet accusé, ce con-
damné, à cette heure, a le gendarme
avec lui. Il est prêt : il attend armé jus-
qu'aux dents. Taciturne, recueilli, chat
de Décembre guettant sa proie sous la
farine, sphinx nocturne dévorant qui ne
le devine pas, malade faisant le mort,
laissant tout dire pour prendre le
droit de tout faire, résolu à tout, lié par
rien, ni scrupule, ni remords, l'habi-
tude !. Allez vous y frotter le 26 octo-
bre! Rendez-vous donné par lui, lieu,
jour et heure choisis par lui; question,
position, précaution, toutes mesures pri-
ses par lui : — toute la force publique en
mouvement, camps vides, garnisons
pleines, recensement des amis, classe-
ment des iidèles, remplacement des tiè-
des, ministres à coup d'Etat, généraux
à coup de main, et préfets à poigne cachés
derrière les autres, et l'impératrice de-
hors. sauvant la mise !
C'est un coup d'Etat préparé. C'est le
coup d'Etat, non de l'empire, cette fois ;
c'est le coup d'Etat de la régence.
En matière politique, un fait vaut cent
raisons : voyons ! Il sait, il est assez his-
torien pour ça, il sait que les régences
en France, les régences de femme, d'é-
trangère comme est toute mère d'enfant
de France, sont toujours des époques de
troubles et de guerre : que la première
régente, l'espagnole Blanche, la mère
de Saint-Louis, vit la révolte des grands
féodaux et l'Anglais à Limoges ; que la
seconde régente, l'italienne Catherine
de Médicis, vit la Ligue, la Saint-Barthé-
lemy et l'Espagnol à Paris ; que la troi-
sième régente, l'austro-espagnole Anne
d'Autriche, vit la Fronde, la révolte des
nobles et des bourgeois ; et qu'enfin la
quatrième et dernière régente, l'autri-
chienne Marie-Louise, a vu la révolte du
sénat et du corps législatif et le Cosaque
à Montmartre.
Il sait que la régente Eugénie n'est
pas moins espagnole que les autres, et il
veut qu'elle soit plus heureuse. Il sait
enfin, qu'elle se trouvera en face d'une
démocratie puissante qui n'a rien oublié
et tout appris; et il prétend de son mieux
lui assurer la place nette après lui. Je le
crois malade, sans doute, mais pas assez
pour avoir perdu connaissance. Si donc,
il peut refaire un coup d'Etat sûr, éner-
ver encore une fois Paris par une saignée
salutaire, il renouvellera pour vingt ans
encore son bail expiré ; il repassera, sans
peine, au Napoléon mineur, sa pour-
pre reteinte dans le sang du peuple.
Il assurera la régence par une Saint-
Barthélemy de patriotes ; l'étrangère
absente ayant tout le profit sans l'odieux
de la chose en cas de succès ; et, en cas
d'échec, saine et sauve au dehors, gar-
dant la tutelle et les complots de Boulo-
gne et de Strasbourg.
De là, ce perfide et insolent 29 no-
vembre substitué au 26 octobre.
J'aurais compris qu'il eût fermé le
palais Bourbon, jeté les clefs dans la
Seine et remis au-dessus de la porte l'é-
criteau de Cromwell : « Chambre à
louer ! » C'était force pure et digne d'un
tyran de bonne foi.
Mais retarder seulement l'ouverture,
la retarder d'un mois, c'est ruse; c'est
piège ; c'est excitation à la révolte.
C'est un pouvoir fort qui tombe à la
hauteur d'agent provocateur. C'est faire
du Palais-Bourbon un immense kiosque.
Prenons garde à cette énorme souri-
cière. Laissons-la cuire dans sa blouse
blanche jusqu'à ce qu'il reprenne sa
blouse bleue de Ham.
Une insurrection, s'il vous plaît? -
Passez, brave homme ! on vous a déjà
donné.
Bref, il a besoin d'une émeute : refu-
sons-la ! Le peuple a besoin d'une révo-
lution. - - :
Troisième et dernière raison, la plus
forte, la meilleure :
Il est prêt et le peuple ne l'est pas.
Assurément, toute occasion de ressai-
sir le droit est bonne, constitution-
nelle ou non, et quand on le peut faire
on le doit. C'est le devoir. Mais, au-
trement, c'est faute. Robespierre dit
crime. Toute révolution qui avorte,.
accouche d'une tyrannie. — En effef,,
c'est de la bravoure de sauvage, de la
bravoure complice de l'ennemi, de la
bravoure plus que perdue, de la bra-
voure suicide ! — Prenons garde !
Sommes-nous prêts ? Non. Ne comp-
tons pas sur l'imprévu, le hasard, ces
faux dieux du désespoir. Ne comptons:
pas même sur l'exemple du passé : l'ac-
tion révolutionnaire ne s'est pas exercée
depuis vingt ans, et en octobre l'étuàiant
est en vacances. Nous n'avons pas même
à cette heure la première condition da
la force, l'union devant un ennemi
compacte, armé, organisé, discipliné,
disposant de toute la puissance régulière
du pays : armée, police, justice, finance.
Devant tout ce concours de forces obéis-
sant comme une machine infernale au
doigt et à Fceil du maître, quoi ? le camp
d'Agramant ! sinon la discorde, la divi-
sion ! Devant une armée, une horde !
Divergence, si ce n'est contradiction :
lee chefs officiels, les députés, divisés, les
uns disant : oui; les autres : non ; les au-
tres : oui et non; les autres : ni oui ni
non. Les guides naturels, les journaux,
divisés de même. Conséquence : le peu-
ple divisé aussi. Donc, faiblesse et dé-
sastre. Comme il arrive toujours faute
d'union.
Question de tactique. Point de guerre
sans armée ! Point d'armée sans mot
d'ordre ! — Pourquoi le prendre de
l'ennemi? Qu'adviendra-t-il si nous sui-
vons les députés à la chambre ? La porte
fermée, iront-ils à un autre Jeu de Pau-
me, ou à la Mairie du Xe arrondisse-
ment, ou au Conservatoire des Arts-et-
Métiers? L'expérience a prouvé contre
nous deux fois sur trois. Au lieu d'avoir
un second Jeu de Paume, prenons bien
garde d'ajouter au 13 juin et au 2 dé-
cèmbre un troisième et dernier jour né-
faste, le 26 octobre.
Pourquoi ce 26 octobre ? C'est son
jour et non le nôtre. Les révolutions ne
se font jamais par ordre. On ne fixe pas
les révolutions des peuples comme celles
des astres.
Le peuple s'appartient Nul Neptûne
ne peut dire à ses flots : quos ego ! Le
peuple se lèvé et se calme à son temps.
Il le peut quand il veut, le 25 aussi
bien que le 27.
Pourquoi donc le 26 précis, fixé par
un député honorable sans doute, et cou-
rageux aussi, mais peu populaire et en-
core moins constant, qui s'est retiré après
avoir attaché le grelot ? Prenons garde
comme lui !
A quand alors ?
Quand nous serons prêts.
Et comment ?
En étant unis.
En imitant l'ennemi, en faisant comme
lui, en choisissant notre heure, notre
lieu et notre cause à notre tour. En nous
ralliant tous ensemble sur un seul et
même point. Non sur une question de
forme vaine et vague, indécise et obs-
cure, iiripériale et royale, qui fait doute
et scinde l'attaque, et donne chance à
l'ennemi de rester maître du champ;
mais sur un terrain commun, solide; sur
un principe sérieux, vulgaire; sur une
question de droit logique, intelligible,
incontestable, et par conséquent invin-
cible, à la portée, dans l'intérêt et la
conscience de tous; sur la souverai-
neté du peuple, sur le vote universel.
Cent raisons ne valent pas un fait.
Or, l'histoire de notre peuple prouve
par une série de faits irréfutables que le
peuple ne fait jamais de révolution que
sur un point clair et net, pur et simple,
abstrait et dégagé de tout nuage et am-
bage ; qu'au contraire , il fait bon mar-
ché des chicanes et légalités, et ne
fait que des révoltes sur des formalités.
En 89, le peuple, sur la réclamation des
députés du tiers, fit la révolution au cri
de : Vive la Nation !
En 1830, sur la réclamation des liber-
tés publiques par les 221, il fit la révolu-
tion au cri de : Vive la Charte !
En 48, sur la réclamation des députés
réformistes, il fit la révolution au cri de :
Vive la Réforme !
Le 26 octobre 69, quel serait le cri du
peuple faisant la révolution derrière les
a$serm,entés ? Vive la constitution'de 52?
Impossible. ?
J 4oncî enfin?
La position est fausse ; challgeons-la.
La République a été tuée par la viola-
tion du serment. Elle ne peut renaître et
vivre que par son observation. Nous in-
voquons souvent l'exemple du Jeu de
Paume. L'histoire nous répond : Serment
du Jeu de Paume. Point de liberté sans
moralité ! Point de république sans con-
trat! Point de peuple sans pacte! Point
de loi sans foi ! Point de vote sans con-
science!
Que le peuple attende donc jusqu'aux
prochaines élections de Paris, se recueille
et se prépare à son tour !
- Qu'il èhoisisse alors les quatre hom-
mes les jplus populaires et les plus éner-
giques, lps plus irréconciliables, c'est-à-
dire quatre candidats inassermentés, et
qu'il les nomme quand même, une fois,
chaque fois, résolument, unanimement,
obstinément, irrévocablement, de son
plein dr4it de peuple souverain. La con-
stitution n'est plus. Il est le droit, il est
le nombre, il est la ibrce. S'il a le vou-
loir, il a le pouvoir; la dernière élection
l'a prouvé.
Il est certes de taille à imposer son
vote bon gré mal gré. Quand il se sera
bien compté et monté ainsi par l'épreuve
de l'urne, quand il sera sùr de sa majo-
rité unie autour du droit, alors, ce sera
son jour.
Qu'arrivera-t-il, en effet? Le pouvoir
sera acculé, attendu à son tour sur le ter-
rain choisi par nous, sur le droit de sa
propre origine, sur le droit de vote. Et
alors, l'un des deux : ou bien il casse l'é"
lection, ou bien il l'accepte. S'il l'ac-
cepte, tout est dit de sa Constitution.
S'il la casse, c'est lui qui s'insurge con-
tre tous et contre lui-même. C'est lui
qui attaque sans logique comme sans es-
poir. C'est lui le perturbateur.
Le peuple, unanime pour voter, sera
unanime pour agir.
Il sera temps. Alors, massant tous ses
cœurs, teus ses bras, se levant comme
un seul homme, le peuple poussera de
toute sa force, de son irrésistible force
ses quatre représentants contre les portes
de l'assemblée et de la Constitution;
n'ayant qu'un mot d'ordre, droit ! qu'un
parti, France ! Il aura raison do la vio-
lence et de l'astuce. Il rétablira la
France sur sa base naturelle, la morale
humaine. Enfin, il comptera une glo-
rieuse journée de plus. Il aura fait la
Révolution de 69 au cri du vote uni-
versel.
Et cette dernière révolution sera la
révolution de la conscience !
Et j'aurai vécu assez! j'aurai vu réa-
liser ma parole à la Constituante contre
la Présidence: « Après la Convention,
l'empire; mais après l'empire, la Conven-
tion! »
FÉLIX PYAT.
Vierzon, 11 octobre 69.
LA PETITE GUERRE >
r**
La Liberté conte une anecdote bien cu-
rieuse. D'après elle, le chef de l'Etat aurait
« mijoté rf un petit programme tellement
libéral et révolutionnaire que son aspect
seul devait contraindre les ministres en
place à offrir leur démission. M. Rouher se
serait alors présenté et aurait exécuté ledit
programme. La Liberté ajoute que les mi-
nistres ne se sont point effarouchés du
tout. Et, avec un ensemble admirable, ils
ont juré d'accomplir ces réformes que con-
damnaient, à la fois, leurs sentiments,
leur raison et leur conscience.
Voilà des hommes!
Dans ce qu'on appelle « les hautes sphè-
res, » cela ne fait pas un pli. On met les
programmes én adjudication, comme les
chemins de fer. Comme nous avons des en-
trepreneurs de maçonnerie, nous avons des
entrepreneurs de politique libérale. Peu
importe au chef de l'Etat que les plans
soient exécutés par Pierre ou Paul. J'es-
père cependant, dans l'intérêt des contri-
buables, qu'il choisit celui qui consent à
travailler au rabais.
Il me semble aussi que, pour le prix que
nous y mettons, on nous en pourrait don-
ner un peu davantage. Ce n'est guère qu'un
simulacre de liberté et une apparence de so-
cialisme. Et nos entrepreneurs sont d'autant
moins excusables que, dans leur état, les
matières premières sont à bon marché.
Mais, probablement, ils ne veulent quitter
le ministère que comme les négociants
quittent leurs boutiques : après fortune
faite.
Je ne sais si le récit de la Liberté est vrai.
Je constate seulement qu'il n'a paru sur-
prendre personne et que tout le monde est
disposé à le croire. La vénération qu'inspi-
rent nos ministres est si grande que, sans
marquer d'étonnement, le public entend
dire qu'ils se disposent à piétiner sur leurs
convictions, à renier leur passé et à se men-
tir à eux-mêmes.
- Nous en sommes là, et ces messieurs, si
bien prêts à faire tout ce qui concerne
leur état, nous gouvernent. Dieu sauve la
France : Et surtout qu'il tâche de s'y pren-
dre avec plus d'adresse que Forcade ou Pi-
nard, quand ils sauvent la société. S'il y
mettait ce zèle, ce détachement et cette
complaisance, nous serions capables de
croire que le bon Dieu a tout simplement
peur de perdre sa place.
Edouard Lockroy.
LES ON-DIT DU BOULEVARD
L'affaire de M. Aurélien Scholl avec M.
Lemot est en voie d'arrangement. Nous es-
pérons qu'elle s'arrangera tout à fait, et
qu'il suffira que deux hommes d'esprit aient
risqué une fois leur vie pour un dessin. M.
Scholl a fait assez souvent ses preuves de
courage pour pouvoir s'en tenir à la ren-
contre d'avant-hier, et la querelle se trou-
vera ainsi terminée de la façon la plus ho-
norable pour les deux adversaires.
*
* *
Hier matin — mardi — il y a eu, au café
des Halles centrales, une réunion de 700
employés de commerce.
Pour aider les employés sans autres res-
sources que leur travail à supporter la grève,
la chambre syndicale a déclaré que tous les
matins elle leur distribuerait un bon de dé-
jeuner, un bon de dîner et un bon de cou-
cher.
La séance a été terminée par la lecture
d'une lettre des typographes de Paris qui se
mettent fraternellement à la disposition des
grévistes pour l'impression de tous les do-
cuments ou avis dont la publication serait
nécessaire.
Nous sommes heureux de pouvoir cons-
tater que le calme et l'ordre règnent dans
toutes les réunions des grévistes.
Si la grève dure plus de huit jours, la
chambre syndicale ouvrira elle-même des
magasins.
Les propriétaires-des Magasins-Réunis ont
ont mis cet immense local à la disposition
de la grève.
Il était encore certains employés qui, en
raison de leurs situations importantes et
tout exceptionnelles, hésitaient à se joindre
à leurs collègues : les acheteurs, les inspec-
teurs et les caissiers. Ils se sont réunis hier
au café des Halles, et ont paru disposés à se
joindre à leurs camarades.
*
* *
Les chalands des magasins du Louvre
ont dû être fort surpris hier.
Les commis étaient remplacés par des
jeunes filles prises dans un orphelinat des
environs de Paris, vêtues uniformément
d'une robe bleue et portant au cou une
croix suspendue à un ruban bleu. Ça vous
avait un petit air de cloître fort original.
L'une d'elles a commis un amusant
lapsus :
Un client lui demandant à voir des échan-
tillons de linge de table :
— C'est à la cellule de blanc, répondit la
jeune fille.
*
* *
Avant-hier, un ouvrier trouve, rue de la
Paix, un portefeuille contenant 30,000 fr.
en billets de banque. Il appelle un agent et
se dirige avec lui vers le bureau du com-
missaire.
En chemin, ils sont rejoints par une per-
sonne qui réclame le portefeuille, prouve
que c'est bien sa propriété, le reçoit des
mains de l'ouvrier, et en récompense lui
remet - vingt sous.
♦
« «
Hier matin, à dix heures, a eu lieu l'en-
terrement de M. Lehodey, directeur-gérant
du Siècle.
Bien que le défunt, pendant sa maladie,
eût formellement refusé de voir un prêtre
et qu'il eût, maintes fois, énergiquement
affirmé ses opinions de libre-penseur, la
famille n'en a pas moins cru devoir faire
procéder à la cérémonie religieuse. 0
Ceux qui ne savaient pas la cause de la
cérémonie s'étonnaient un peu de cet en-
terrement catholique d'un rédacteur du
Siècle si près de l'enterrement libre d'un
sénateur.
Le service a été célébré à Notre-Dame-
de-Lorette. Tout le Siècle y assistait, rédac-
tion, administration et composition, partie
dans l'église, partie devant la grille.
Au cimetière du Père-Lachaise, quelques
mots d'adieu ont été prononcés par M.
Terré, président du conseil de surveillance
du Siècle; puis M. Louis Jourdan, président
du comité de rédaction, a dit en quelques
paroles émues les regrets que M. Lehodey
laisse à tous ceux qui l'ont connu.
* *
* *
Les administrateurs des « Grands Maga-
sins de la Paix » nous écrivent que c'est par
erreur que dans notre numéro d'hier nous
avons dit, en parlant des Grèves, « que les
chefs des Magvsino de la Paix avaient mieux
aimé payer le dédit que de mettre leurs
employés sur le pavé. »
Les magasins de la Paix n'ont pas eu de
dédit à payer, ayant pris d'eux-mêmes,
avant la grève, l'initiative des réformes,
« comme ils le feront toujours, quand il
s'agira de la classe intéressante et la
rieuse des employés de commerf^.n s
r< Î.'ir •• "• f-o
Y..; * * UT. ■ -V
Avant-hier, à La Rochelle, inaumïaiitjn
de la statue de l'amiral Duperré. V
* \i I
* :II..
Charles Dickens, le romancier socialiste
de l'Angleterre vient de prononcer à Bir-
mingham un long discours qui se termine
ainsi :
- « En somme, ma foi dans ceux qui gou-
vernent est infinitésimale; ma foi dans ceux
qui sont gouvernés est illimitée. »
C'est absolument notre manière de voir;
sauf que notre foi dans ceux qui gouver-
nent n'est pas même infinitésimale.
Elle n'est pas du tout.
* n , j
* * v , •
Nous recevons la lettre suivante :
- r 1
Brest. , 1 r,
Monsieur, - \<'J
Je lis dans le Rappel que M. Murât èmbar-
que comme simple matelot, sur un narirfe all&nt
aux Antilles. Permettez-moi de vous faire con-
naître de quelle manière il embarque comme
matelot. -
11 embarque i la table, non des officierfi
mis du commandant, mangera seul avec lui
et couçhera dans son salon, ayant pour mode
de couchage, non le hamac, fi donc ! un prince
en hamac ! pas même la couchette réglëmen-
rairedes officiers, mais le cadre, lit suspendui
très agréable, du reste,. et réservé aux malades
seuls
J'ai l'honneur, monsieur, de vous saluer,
ainsi que tous ces messieurs du Rappel, car je
suis un des vôtres, bien que soi-disant employé
du gouvernement, — épithète que je refuse t
je sers la France, rien de plus !
Votre tout dévoué.
B.
, ufficier de marine.
* ,
* *
L'administration vient de prendre une
mesure qui assure à jamais l'existence de
l'empire et qui va en finir pour toujours
avec la République.
Les cochers des voitures de place de
Strasbourg ont reçu la. défense absolue de
porter des gilets rouges.
C'était leur uniforme depuis un temps
immémorial, et la société ne paraissait pas
en avoir été bouleversée. Mais le gouver-
nement ne s'est pas jugé capable de résis-
ter plus longtemps à cette couleur.
Maintenant les cochers de Strasbourg
ont des gilets noirs ; c'est moins gai pour
le regard, mais l'empire a la gaieté de pou-
voir dire qu'il a pris sur la République
une revanche de sa défaite mexicaine et
que, s'il n'a pas battu Juarez, il a vaincu
un gilet.
Après cela, peut-être est-ce simplement
qu'on avait besoin de drap rouge pour
rhabiller ce pauvre vieux « spectre rouge »
dont le costume doit être fièrement usé.
*
* *
Nous apprenons avec plaisir que l'état da
caricaturiste Gill, affecté d'une ophthalmi.,
s'est depuis hier de beaucoup amélioré.
*
Les travaux de fortification commencés
à Lille sous l'impulsion du maréchal Nie-i, et
interrompus depuis sa mort, vienneiat çl'étra
repris. 1
** '• iq r
L'armement de la garde nationale, de
Rouen et des sapeurs-pompiers va être
transformé. Les fusils à canon lisse -seront
remplacés par des fusils à percussion rttyés.
Cette mesure, dit le Nouvelliste, est général.
et elle sera appliquée à toutes les- gardes
nationales et à toutes les compagnies de sa-
peurs-pompiers.
*
L'autre semaine, aux environs de Lyon,
je passais devant un enclos planté en vir
gnes.
Une foule considérable entrait et sortait
constamment; les femmes et les enfants
étaient en majorité.
Je m'approche et je vois cet écriteau, sur
lequel je lis :
Purge de raisins.
à dix sous l'heure.
* *
♦
, A l'Opéra, la reprise de la Favorite a été
froidement accueillie. -
Mise en scène, décors,- costumes sont
d'une médiocrité attristante. Quant au bal.
let, il a été chuté. , "1'"
Bosquin, le débutant, manque de souffle
et de puissance; dans le troisième acte par-
ticulièrement, il n'a pu faire preuve que de
bonne volonté; mais c'est déjà quelque
chose, et dans les rôles qui demanderont
moins d'ampleur et de force, ce sera un
très honorable tenorino. 1.
Il n'y a eu succès que pour Faure, qui a
été rappelé par toute la salle et qui le mé-
ritait.
Un Passant.
OPINION DES JOURNAUX
SUR LE MANIFESTE DE LA GAUCHE
Le manifeste de la gauche n'a décidé-
ment pas de succès. A part la Liberté,
YOpimm Nationale, et le Moniteur, qui s'en
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