Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-07-15
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 juillet 1869 15 juillet 1869
Description : 1869/07/15 (N58). 1869/07/15 (N58).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
- N* 58. - Jeudi 15 juillet 1869.
Le numéro : 15 o. — Départements : SO c.
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M. ALBERT BAUME
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10, rue du Faubourg-Montmartre, 10.
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brairie.
LE 14 JUILLET
Une des illusions du peuple français,
c'est de croire qu'il a pris la Bastille.
Tous les historiens l'ont entretenu dans
cette erreur. L'ardent récit de Michelet
s'accorde sur ce point avec la grave nar-
ration de Louis Blanc. Si ce n'était que
Lamartine, on pourrait mettre son témoi-
gnage sur le compte de l'imagination;
mais comment accuser de poésie M.Thl rs,
qui est un esprit pratique et positif, qui
doute avant d'avoir touché, et même
après, qui a été le saint Thomas des che-
mins de fer?
On est donc convaincu en France que,
le 14 juillet 1789, malgré la mousqueterie
et malgré la mitraille, cinq heures ont
suffi à une poignée de peuple pour forcer
le vieux repaire des vengeances monar-
chiques, que la hideuse prison a été démo-
lie de fond en comble, et que, le 14 juillet
suivant, à la place où il y avait eu la Bas-
tille, il y avait un bal national avec cette
inscription : Ici l'on danse.
La vérité est que la Bastille est toujours
debout, hélas I et que les prisonniers at-
tendent toujours leur délivrance.
N®us reconnaissons volontiers qu'il y a
une certaine différence — de nom — en-
tre les lettres de cachet par lesquelles le
lieutenant de police saisissait les gens sans
l'autorisation de la justice et les tenait au
secret indéfiniment, et les mandats d ame-
ner par lesquels le préfet de police saisit
les gens sans l'autorisation de la justice et
les tient au secret indéfiniment. Nous ac-
cordons encore sans difficulté que la pri-
son d Etat où le bon plaisir de la police
séquestre maintenant les citoyens s'appelle
Mazas.
*
* *
La Bastille existe ttllement, qu'ele
est partout. Elle emplit Paris et la Fran-
ce. Casernes, églises, couvents, etc., que
de Bastilles!
On vient, ces jourt-ci, d'essayer d'en
démolir une : le gouvernement person-
nel.
Il y a eu un commencement d'attaque.
Le centre gauche a ouvert le feu. Les as-
siégeants semblaient résolus, ils étaient en
nombre, ils juraient d'entrer dans la place.
Les interpellations se croisaient. Mais il a
manqué au tiers-parti les deux hommes
intrépides qui, en 89, si l'on croit les his-
toriens, montèrent sur le toit du corps de
garde et, à coups de hache, sous la grêle
des balles, brisèrent la chaîne du pont.
levis. Cette fois donc, le pont ne s'est
pas abaissé, la porte n'a pas été forcée, et
la garnison ne s'est pas rendue.
Nous ne sommes pas de ceux qui blâ-
ment le gouvernement d'avoir résisté. Il y
était obligé par son essence même. Nous
n'avions pas besoin de cette nouvelle dé-
monstration pour savoir qu'il y a incom-
patibilité absolue entre l'empire et la li-
berté.
Le résultat de l assaut e»t acquis dès à
présent. Le message impérial l'a résumé
d'un mot : le gouvernement a « arrêté »
les réformes.
Pour en finir avec le tapage et pour
renvoyer chez elle la petite émeute du
tiers-parti, inoffensive mais encombrante,
le pouvoir personnel a daigné faire quel-
ques menues concessions qui laissent, il
ne le cache pac, ses « prérogatives
intactes ».
Quelques âmes candides se demandaient
ce qu'allait faire ce tiers-parti si superbe
au début, et qui, si le pouvoir ne cédait
pas, les menaçait de la Convention. Il
avait exigé avant tout la responsabilité
ministérielle; on la lui refusait nettement;
qu'allait-il dire?
Tf-mm: — Merci.
Il s'était présenté comme revendiquant
son bien, le droit des mandataires du
pays de gérer les affaires du pays, il se
disait créancier et entendait être payé im-
médiatement. Le pouvoir personnel a ré-
pondu quelque chose comme ceci :
— Je ne reconnais pas vous devoir les
(inq francs que vous me réclamez ; mais,
comme je n'ai jamais refusé une aumône,
voici dix sous — que je vous prête.
Le tiers-parti a tendu la main.
*
* f
Une chose dont nous excusons encore
le pouvoir personnel, c'est de n'avoir pas
mis une extrême politesse dans son au-
mône.
Il est certain que la brusque proroga-
tion de la chambre dans l'instant même
où elle demandait à exister n'est pas pré-
cisément une marque de profonde défé-
rence. Peut-être aurait-on pu rêver une
plus respectueuse façon d'inaugurer le
gouvernement parlementaire qu'en met-
tant le parlement à la porte. Mais ici en-
core le gouvernement a fait tout ce qu'il
pouvait.
L'abdication de l'opposition constitu-
tionnelle mettait l'opposition radicale en
demeure d'agir. Tant que le tiers-parti
avait eu la prétention de faire la besogne,
le centre-gauche n'a pas voulu le gêner
dans son opération et a laissé le champ
libre à son expérience. Mais du moment
où les libéraux reconnaissaient eux-mêmes
leur impuissance et renonçaient, du mo-
ment où ils retiraient leur interpellation
à l'unanimité, les radii aux n'avaient plus
de motif ni de prétexte pour ne pas se
montrer, c'était leur tour, et le pouvoir
personnel allait avoir devant lui des créan-
ciers dont il ne pourrait plus faire des men-
diants et qui n'accepteraient pas le dixiè-
me de leur créance.
Tant que ça se passait avec la liberté
honnête et modérée, le dialogue était pos-
sible, et même agréable ; mais, on l'a pu
voir hier rien qu à deux phrases de M.
Jules Favre, le ton allait ehanger, et au-
cun esprit sensé ne prétendra qu'en abré-
geant la conversation le gouvernement
ait manqué de prudence
*
* *
Ces quelques miettes de souveraineté
que le pouvoir personnel laisse ramasser
sous sa table, et ta fuite si raisonnable de-
vant ceut qui allaient lui demander au-
tre chose que des sous-ministères, achè-
vent de préciser la quantité de liberté qu'on
peut attendre de l'empire.
Le journal du palais dirait l'autre jour
que l'empereur lui-même n'était pas libre
de dépasser certaines concessions, et qu'il
lui était interdit d'aller, par exemple, jus-
qu'à la responsabilité ministérielle.
Le journal du palais disait la vérité.
Demander la liber:é à l'empire, c'est lui
demander sa démission.
Vous êtes à la Bastille. Le gouverneur
peut vous donner quelques facilités dans
la prison, vous mettre dans une chambre
moins sombre, allonger d'un quart d'heure
votre promenade dans le préau, pous-er
la complaisance et la bonhomie jusqu'à
vous faire votre partie d'échecs. Il peut,
quand la prison est enfumée et se lézarde,
la faire réparer et nettoyer, il peut repein-
dre, replâtrer, percer une cloison, modi-
fier l'aménagement intérieur, y mettre
les maçons. C'est ce qui se fait en ce mo-
ment dans notre constitution, et ça nous
procure même un beau gâchis ! M. Rou-
her a quitté la maison, il va passer à la
campagne le temps des réparations, et il
reviendra dès qu'elles seront terminées.
Le gouverneur peut rendre aux prison-
niers la captivité moins intolérable; mais,
s'il les mettait dehors, il n'aurait plus
qu'à s'y mettre lui-même. Sans prison-
niers, à quoi servirait le geôlier?
Nous nous bornons à constater le fait,
qui justifie pleinement, selon nous, la ré-
sistancedugouvernement à toutedemande
vraiment libérale, et nous en laissons tirer
la conclusion à ceux pôur qui l'idéal de la
liberté n'est pas le replâtrage de leur cel-
lule. -
Auguste Vacquerie.
LA PROTESTATION
Hier, la dernière séance de la chambre
prorogée n'a guère duré plus d'un quart
d'heure.
Mais ces quelques minutes ont suffi pour
qu'au moins un cri de protestation s'élevât
contre le décret qui dissout la représentation
nationale, avant même qu'elle soit cons-
tituée.
Ce cri, c'est Jules Favre qui l'a jeté avec
l'émotion la plus énergique et la plus élo-
quente. Disons-le, Jules Favre tient la
promesse qu'il a faite au suffrage universel ;
l'orateur est redevenu le tribun; il ne
cherche plus les termes adoucis, il trouve
les mots décisifs.
Il a été rappelé deux fois à l'ordre.
Sa voix retentissante dominait la tem-
pête de clameurs qui essayait de l'étouffer.
Il a qualifié le décret de prorogation : une
inconvenance, une atteinte à la dignité de
la chambre, une mesure funeste. — Ceux
d'entre nous, a-t-il dit, qui ne se sentent
pas blessés, je ne puis que les plaindre.
S'élevant plus haut, il a vu dans cet acte
« la profonde impuissance du pouvoir per-
sonnel. Le pouvoir personnel est jugé! il
ne sortira pas de cette épreuve. »
M. Schneider s'est déclaré « étonné ». La
droite était furieuse. Le peuple sera satis-
fait.
Que la gauche veille. Elle s'est réunie
hier soir, elle se réunira encore aujour-
d'hui.
Elle prépare un manifeste qui sera au
besoin rendu public. -
Nous voulons croire, nous croyons qu'elle
tiendra tout ce qu'on attend d'elle.
Paul Meurice.
AUTOUR DE LA CHAMBRE
Il n'est pas facile de s'y reconnaître dans
ce tohu-bohu, nous ne dirons pas d'événe-
ments, mais d'incidents et d'intrigues, qui
ont fait ces deux jours-ci tant de bruit et
tant de poussière.
Il y a trois crises : la crise constitution-
nelle, la crise ministérielle, la crise parle-
mentaire.
Tâchons d'y mettre un peu d'ordre et de
de clarté. Voici ce qui a trait à la démis- «
sion des ministres :
*
« *
M. Rouher avait donné sa démission dès
dimanche.
Il l'a renouvelée lundi, au conseil tenu
après la séance. Les autres ministres ont
alors donné aussi la leur.
*
« *
Toutes ces démissions seront-elles main-
tenues ? Il y en a une qui peut être regar-
dée comme nulle et non avenue, c'est celle
de M. le maréchal Niel.
Dans toutes les combinaisons dont on
parle, un seul ministre reste et se retrouve
toujours, et c'est le ministre de la guerre.
*
* *
Pour M. Rouher, il se retirerai pour tout
de bon. Il a déjà quitté le ministère d'Etat
et Paris. Il est à sa maison de Cercey, près
Brunov. De là il ira aux eaux de Carlsbad
avec toute sa famille. Lui et les siens, ils
se disent parfaitement contents.
M. Rouher reviendrait le 2 août.
Il serait nommé alors grand chancelier
et président du sénat.
Il pourrait sous ce titre présider et diri-
ger les débats, peu compliqués d'ailleurs,
de la reconstitution de la Constitution.
*
♦ *
Dans le nouvel état de choses, deux mi-
nistères seraient supprimés : le ministère
d'Etat et le ministère de la maison de l'em-
pereur. -
M. Chevandier de Valdrôme réclame, en
revanche, un ministère nouveau : le minis-
tère de l'agriculture.
*
* *
Avec le maréchal Niel, resteraient mi-
nistres l'amiral Rigault de Genouilly et
MM. Magne, de Forcade et Duruy.
»
* *
Parmi les nouveaux ministres, on cite les
noms de MM. Drouin de Lhuys et Latour-
d'Auvergne pour les affaires étrangères, et
de M. de Franqueville pour les travaux pu-
blics.
On pense à prendre dans le tiers-parti
MM. Segris, de Talhouët, Louvet et Alfred
Leroux.
M. Emile Ollivier assure qu'il refuse le
ministère de la justice, pour ne pas acca-
bler M. Rouher.
*
* *
La crise parlementaire et le décret de la
prorogation offrent des particularités assez
bizarres.
Il paraît qu'après l'insertion au Journal
officiel du décret, la séance avait étélcontre-
mandée, quand on s'est rappelé que, aux
termes de la constitution, le décret devait
être lu en séance publique à l'assemblée.
A midi, les députés ont donc été convo-
qués par lettre à leur domicile,
*
< *
On ne parle plus du tout des Arcadiens.
L'ancienne majorité est plus que dissoute,
elle est fondue.
Le tiers-parti ne fait pas très belle figure.
Les journaux indépendants n'ont qu'un cri :
Il a abdiqué !
Ces belles scènes de la convention promi-
ses par M. Olivier se sont bornées, dans la
réunionllu. Grand Hôtel, au souhait senti-
mental de M. Segris, demandant qu'au
moins l'interpellation soit conservée aux
archives du corps législatif.
<
* «
Les 55 non vérifiés ont envoyé hier soir
à Saint Cloud une députation qui n'a pas
été admise.
Une députation de la droite se serait
aussi rendue près de l'empereur.
Le Journal officiel leur offre ce matin la
consolation de ces trois lignes :
« Malgré la prorogation du corps législa-
» tif, l'empereur recevra jeudi prochain au
» palais de Saint-Cloud. a
*
* *
Sur les six secrétaires élus par la cham-
bre, on trouve quatre députés de l'extrême
droite et deux membres du tiers-parti; ces
derniers sont MM. Bournat et Martel.
«
* *
Le bureau chargé de la vérification de
l'élection de la 3e circonscription de la
Haute-Saône, a pu terminer son travail
avant la prorogation du corps législatif.
La majorité du bureau a conclu à l'annu-
lation çle l'élection de M. de Gourgaud,
candidat officiel.
Le candidat de l'opposition était M. de
Marmier, père.
*
* *
Le cinquième bureau, chargé de l'exa-
men des protestations déposées contre M.
Deltheil, du Lot, candidat et député offi-
ciel, a invité le préfet du département à
venir lui-même fournir des explications né-
cessaires sur cette élection.
Il s'agit d'une circulaire préfectorale
conçue dans un esprit peu impartial.
t
* *
L'annulation certaine de l'élection de M.
Esquiros est uniquement motivée, assure-
t-on, par la polémique du journal radical le
Peuple contre le candidat officiel.
Le rédacteur en chef du Peuple, M. Gus-
tave Naquet, aurait reproché au candidat
officiel, M. de Rougemont, d'avoir instru-
menté, en qualité de juge d'instruction, au
moment du coup d'Etat.
Mais si le bureau a trouvé ces motifs va-
lables pour annuler cette élection, la gauche
ne parait pas disposée à les accueillir. M. Na-
quet viendrait même à Paris sous peu de
jours pour donner les éclaircissements né-
cessaires aux débats qui s'ouvi iront sur
cette élection.
*
* *
On venait de lire le décret de proroga-
tion. La droite était morne, le tiers-parti
abattu, la gauche indignée.
Seul le marquis de Piré s'eït levé : -
Vivel'emp.
— Allons ! allons ! a fait M. Picard avec
un geste narquois d'encouragement.
Mais M. de Piré n'a pas achevé, et son
enthousiasme est resté à moitié route.
*
* *
Mot de M. Jules Favre : C'est un délit
d'Etat.
Mot de M. Picard : C'est un coup d'Etat
en robe de chambre.
»
* *
Si la chambre est appelée à siéger aus-
sitôt aprè la promulgation du sénatus-con-
sulte, la présidence provisoire du corps lé-
gislatif appartiendra, d'après les usages
parlementaires, au membre le plus âgé de
l'assemblée.
Il se trouve que ce doyen d'âge serait
M. Raspail.
Le secrétaire de la rédaction :
Albert Baume.
LA PETITE GUERRE
i -
Il n'est pas un de nos lecteurs qui n'ait
reçu dans sa vie des lettres de femmes. Les
quatre feuillets sont ordinairement remplis
de gentillesses, d'amabilités et de protesta-
tions d'amour. Au bas se trouve la signa-
ture, et, plus bas que la signature, il n'est
point rare de lire ce post-scriptum : « En-
voyez-moi donc cinq cents francs. »
C'est ici que le destinataire fait la gri-
mace.
Je ne sais si je me trompe, mais il me
semble que le message reçu par le corps lé-
gislat:f a quelque analogie avec ces sortes
de lettres. Le corps législatif attendait avec
une impatience fébrile un mot de sa bien-
aimée l'Initiative impériale. Son cœur bat-
tait; son pouls marquait quatre-vingt-quinze
pulsations à la minute. Le poulet attendu
arrive enfin. Il contient quatre pages de
tendresses. C'est charmant. On s'attendrit
tont en songeant, à part soi, que la femme
aimée est singulièrement avare de ses fa-
veurs. Mais le lendemain, le Journal officiel
publie le post scriptum. Et ce post-scriptum
dit au corps législatif :
— Allez vous promener — pendant quel-
ques jours.
« Envoyez-moi donc cinq cents francs, o
C'est à peu près le même style, et c'est tout
à fait la même pensée.
Il faut avouér que, comme amoureux, le
corps législatif n'a pas de bonheur. Sa belle
ne lui accorde jamais grand'chose. Il me
fait l'effet de ces jeunes Espagnols qui pas-
sent leurs nuits à soupirer sous une fenêtre,
et il y a des moments où l'envie me prend
de lui acheter une guitare.
Ce n'est pas un platonique, cependant.
Il aime et il est brûlé de désirs. Il rêve la
responsabilité ministérielle, la dernière fa-
veur, ce qu'un amant peut obtenir de plus
doux ! Il soupire et il implore. Mais sa mai-
tresse fait la coquette. Elle minaude.
— Non, monsieur !. vous nommerez
votre bureau, voilà tout !
— Tu ne m'aimes donc pas?
— Si! je t'aime!. mais vous ne ferez
que voter le budget par chapitres ! Allez-
vous-en !. Finissez!
Le corps législatif se retire, désappointé,
mais toujours amoureux, et, selon l'habi-
tude des amants passés et présents, il s'en-
ferme pour composer un sonnet, où il se
plaint de sa maîtresse.
Et moi, je lui dis : Courage !. Aime!.
Adore !. Il n'y a de vrai en ce monde que
l'amour, et l'amour vrai trouve toujours sa
récompense. Aime!. Cela est si doux d'ai-
mer. Tu n'as qu'une lettre de ta maîtresse,
aujourd'hui. Remercie-la d'avoir songé
à toi ; baise ces feuilles bénies, où elle a
épanché son cœur; ces feuilles pleines de sa
pensée et imprégnées de son parfum !
Aime! tues jeune !. Aime, c'est le bon-
heur! Rêve le triomphe; rêve le paradis,
rêve la responsabilité ministérielle !. De-
mande encore; supplie, jette-toi à genoux.
La prochaine fois tu obtiendras peut-être
une mèche de cheveux !
Edouard Lockroy.
DÉSARROI
S'il est vrai que « gouverner c est prévoir, »
il faut avouer que nous sommes en ce mo-
ment le peuple le moins gouverné du
monde.
L'imprévu est le dieu du jour.
Imprévu pour le peuple, qui voit ses maî-
tres agir, écarquille les yeux et s'obstine à
ne pas comprendre.
Imprévu, pour les maîtres qui agissent et
réagissent sans trêve ni merci, -et ne sem-
blent pas comprendre davantage.
Imprévu ! — Non, le terme est trop doux;
le vrai mot est : Désarroi. Le Parisien
gouailleur en prononce même un autre plus
énergique et non moins vrai.
Et dire que le pouvoir personnel prétend
avoir pour devise : Prévoyance, sûreté de
vue, esprit de suite! Dire qu'il parle dédai-
gneusement de la mobilité des assemblées,
de leurs résolutions décousues et précipi-
tées, et qu'il vante avec aplomb la profon-
deur de ses propres desseins et leur rigou-
reux enchaînement !
S'ils sont profonds ses desseins, c'est à
la manière des trous : plus ils sont creux,
plus ils sont noirs, et ceux mêmes qui y
travaillent n'y voient goutte quand ils sont
au fond.
La forme varie, mais ce fond est toujours
le même.
Pendant quinze jours nous avons eu les
oracles épistolaires et les logogriphes ora-
toires. Après les charades écrites ou parlées,
voici maintenant les charades en action; -
seulement, ceux qui les jouent semblent
avoir oublié le mDt.
Ah ! l'esprit de suite ! — Il s'est assez
montré depuis la lettre à M. de Mackau
contredite par la lettre à M. Schneider, jus-
qu'au décret du 9 juin contredit par celui
du 13 juillet, jusqu'à la déclaration du 28
juin contredite par le message du 12 juillet.
Est-ce la prévoyance et l'esprit de suite
qui dictaient le 9 juin ce décret :
« Considérant qu'il convient de réunir le corps
législatif pour la vérification des pouvoirs des dé..
putés élus,
» Avons décrété et décrétons ce qui suit :
» Art. 1er. Le corps législatif est convoqué en
session extraordinaire pour le 28 juin présent
mois,
Et cet autre le 13 juillet
# Avons décrété et décrétons ce qui suit :
» La session extraordinaire du corps législatif
» est prorogée. Le jour de la nouvelle réunion
» du corps législatif sera ultérieurement déter-
» miné»?
Est-ce la prévoyance et l'esprit de suite
qui inspiraient le 28 juin cette déclaration
mémorable :
« Le gouvernement de l'empereur a pensé
# qu'il était sage et politique de procéder IMMÉ-
D DIATEMENT à la vérification de vos pouvoirs,
» et de faire cesser ainsi toute incertitude sur la
» validité des opérations électorales dans chaque
» circonscription.
» Dans la pensée du gouvernement, la session
a actuelle n'a pas d'autre objet »,
Et qui se réfléchissaient le 12 juillet dans
cet autre propos :
a Le corps législatif paraît désirer connaître
» IMMÉDIATEMENT les réformes arrêtées par
» mon gouvernement.
» Je crois utile d'aller au devant de ses aspi-
» rations. »?
1 -
Il était si difficile de prévoir quinze
auparavant que le corps législatif, preàé&
par des millions d'électeurs, aurait des aspi.
rations I
Mieux encore : 1
Le 10 juillet, le gouvernement fait savoir
à la chambre qu'il la verra volontiers se
constituer le 12. — Le 12, elle se hâte d'é-
lire ses secrétaires et notifie au chef de 1%
tat que la représentation nationale est orr
ganisée et prête à agir,
Le chef de l'état répond immédiatement
en la prorogeant :
« Vous êtes constitués et prêts à agir? A
merveille, messieurs; alors, veuillez retour*
ner chez vous jusqu'à nouvel ordre. a
Est ce tout? - Non!
Ce même 14 juillet, à deux heures, 04
annonce solennellement que le mandat de
député cessera d'être incompatible avec les
fonctions de ministres, dès que le sénat
l'aura décidé.
Vous pensez peut-être qu'on attendra le
vote du sénatus-consulte pour remanier les
ministères? — Point; le même jour, tour
les ministres apprennent qu'ils ont offert
leur démission.
Résultat net pour les Français d'intelli-
gence moyenne : un grand mal à la tête.
Les plus avisés peuvent à peine dire
comme le consciencieux volatile de Flo;
rian :
Je vois bien quelque chose,
Mais je ne sais pour quelle cause
Je ne distingue pas très bien !
Cette cause, c'est peut-être que le pou»
voir personnel a oublié « d'allumer sa lan;
terne, » — ou qu'il l'a éteinte.
E. Laferrière.
LES CHOSES SERIEUSES
Maintenant que la comédie est finie, ne
serait-il pas temps de s'occuper des choses
sérieuses ?
Les Rouher de l'avenir pourront être tout
à la fois députés de h nation et serviteurs
de la couronne. Les voilà presque aussi pri-
vilégiés que les chambellans, qui ont joui
jusqu'à présent de cette agréable préroga-
tive.
Cette nouvelle, répandue dans le public,'
l'a très médiocrement ému. Les journaux
qui reproduisaieut le fameux message n'ont
pas eu à hausser leur tirage, et la foule qui
sillonnait les boulevards n'a point nécessité
l'intervention de la police. :
La foule ne s'intéresse qu'à ce qui la
touche directement. Or, tout cela ne la tou-
che ni de près ni de loin.
Elle sait bien qu'elle n'en fournira ni un
soldat, ni un écu de moins, et que le pou-
voir n'y perd aucune de ses « prérogatives
essentielles. »
Dans le même journal où s'étalait en gros
caractères le message impérial, elle lisait
les condamnations de dix journalistes; -
elle apprenait que la plupart des membres
des comités Raspail et Rochefort sont à Ma-
zas depuis trente-trois jours, sans que per*
sonne sache pourquoi, ni quand finira pour
eux cette intolérable torture de la cellule.
Dans ce même journal, elle pouvait rele-
ver les noms des orateurs de réunions pu*
bliques qui sont eux aussi en prison, 09
de l'autre côté de la frontière. -
En revanche, elle pouvait y chercher ea
vain la nomenclature des réunions publii
ques de la semaine.
Pas plus de réunions, que d'idées dans hi
tète d'un député de la majorité.
Le journal, du reste, lui donnait des
détails nombreux sur les grèves des ou"
vriers, et contenait une liste de souscriptioa
pour les blessés, les veuves et les orpheliu
de la Ricamarie.
Il parlait aussi des ovalistes, pauvres fem"
mes qui peinent quatorze heures par jour,'
et gagnent vingt-huit sous, et qui ont l'ini
délicatesse de réclamer à leur tour le droit
de vivre en travaillant.
La foule se disait encore :
- il y a juste quatre-vingts ans que le
peuple français — peuple héroïque et naïr,.
— a pris la Bastille et aboli les lettres de
cachet, — et cependant il nous reste Mazas
et les mandats de M. le préfet de police;
en vertu desquels—surun soupçon— cha-
que citoyen peut être arrêté la nuit dans
son domicile, voir fouiller tous ses papiers,
et aller pour un temps indéterminé occu-
per une quelconque des innombrables cel-
Iules de cette ruche d'Etat.
Il n'est pas un de nous qui soit à l'abri
d'une erreur de la police.
Il n'est pas un de nous, si un pareil acci-
dent lui arrivait, qui pût en obtenir répara*
tion, — un certain article d'une certaine
constitution ayant fait l'administration
juge et partie dans sa propre cause.
La foule se disait aussi :
— A côté des questions purement poli-
tiques se dressent les questions sociales.
Dans une usine, on compte trois cents
cerveaux et six cents bras qui travaillent
- et un homme qui gagne dix millions, J
La foule ajoutait :
- J'ai faim de liberté, de droit et de
tice, — ce pain de la vie morale; intellecf
tuelle et sociale.
Le numéro : 15 o. — Départements : SO c.
RÉDACTION
S'adresser au secrétaire de la rédaction
M. ALBERT BAUME
De 3 à 5 h. du soir
10, rue du Faubourg-Montmartre, 10.
Les manuscrits non insérés m sont pas rendus
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ont droit gratuitement à tout ce qui a paru
du roman : L'HOMME QUI RIT, dont les
quatre volumes coûtent 30 fr. en li-
brairie.
LE 14 JUILLET
Une des illusions du peuple français,
c'est de croire qu'il a pris la Bastille.
Tous les historiens l'ont entretenu dans
cette erreur. L'ardent récit de Michelet
s'accorde sur ce point avec la grave nar-
ration de Louis Blanc. Si ce n'était que
Lamartine, on pourrait mettre son témoi-
gnage sur le compte de l'imagination;
mais comment accuser de poésie M.Thl rs,
qui est un esprit pratique et positif, qui
doute avant d'avoir touché, et même
après, qui a été le saint Thomas des che-
mins de fer?
On est donc convaincu en France que,
le 14 juillet 1789, malgré la mousqueterie
et malgré la mitraille, cinq heures ont
suffi à une poignée de peuple pour forcer
le vieux repaire des vengeances monar-
chiques, que la hideuse prison a été démo-
lie de fond en comble, et que, le 14 juillet
suivant, à la place où il y avait eu la Bas-
tille, il y avait un bal national avec cette
inscription : Ici l'on danse.
La vérité est que la Bastille est toujours
debout, hélas I et que les prisonniers at-
tendent toujours leur délivrance.
N®us reconnaissons volontiers qu'il y a
une certaine différence — de nom — en-
tre les lettres de cachet par lesquelles le
lieutenant de police saisissait les gens sans
l'autorisation de la justice et les tenait au
secret indéfiniment, et les mandats d ame-
ner par lesquels le préfet de police saisit
les gens sans l'autorisation de la justice et
les tient au secret indéfiniment. Nous ac-
cordons encore sans difficulté que la pri-
son d Etat où le bon plaisir de la police
séquestre maintenant les citoyens s'appelle
Mazas.
*
* *
La Bastille existe ttllement, qu'ele
est partout. Elle emplit Paris et la Fran-
ce. Casernes, églises, couvents, etc., que
de Bastilles!
On vient, ces jourt-ci, d'essayer d'en
démolir une : le gouvernement person-
nel.
Il y a eu un commencement d'attaque.
Le centre gauche a ouvert le feu. Les as-
siégeants semblaient résolus, ils étaient en
nombre, ils juraient d'entrer dans la place.
Les interpellations se croisaient. Mais il a
manqué au tiers-parti les deux hommes
intrépides qui, en 89, si l'on croit les his-
toriens, montèrent sur le toit du corps de
garde et, à coups de hache, sous la grêle
des balles, brisèrent la chaîne du pont.
levis. Cette fois donc, le pont ne s'est
pas abaissé, la porte n'a pas été forcée, et
la garnison ne s'est pas rendue.
Nous ne sommes pas de ceux qui blâ-
ment le gouvernement d'avoir résisté. Il y
était obligé par son essence même. Nous
n'avions pas besoin de cette nouvelle dé-
monstration pour savoir qu'il y a incom-
patibilité absolue entre l'empire et la li-
berté.
Le résultat de l assaut e»t acquis dès à
présent. Le message impérial l'a résumé
d'un mot : le gouvernement a « arrêté »
les réformes.
Pour en finir avec le tapage et pour
renvoyer chez elle la petite émeute du
tiers-parti, inoffensive mais encombrante,
le pouvoir personnel a daigné faire quel-
ques menues concessions qui laissent, il
ne le cache pac, ses « prérogatives
intactes ».
Quelques âmes candides se demandaient
ce qu'allait faire ce tiers-parti si superbe
au début, et qui, si le pouvoir ne cédait
pas, les menaçait de la Convention. Il
avait exigé avant tout la responsabilité
ministérielle; on la lui refusait nettement;
qu'allait-il dire?
Tf-mm: — Merci.
Il s'était présenté comme revendiquant
son bien, le droit des mandataires du
pays de gérer les affaires du pays, il se
disait créancier et entendait être payé im-
médiatement. Le pouvoir personnel a ré-
pondu quelque chose comme ceci :
— Je ne reconnais pas vous devoir les
(inq francs que vous me réclamez ; mais,
comme je n'ai jamais refusé une aumône,
voici dix sous — que je vous prête.
Le tiers-parti a tendu la main.
*
* f
Une chose dont nous excusons encore
le pouvoir personnel, c'est de n'avoir pas
mis une extrême politesse dans son au-
mône.
Il est certain que la brusque proroga-
tion de la chambre dans l'instant même
où elle demandait à exister n'est pas pré-
cisément une marque de profonde défé-
rence. Peut-être aurait-on pu rêver une
plus respectueuse façon d'inaugurer le
gouvernement parlementaire qu'en met-
tant le parlement à la porte. Mais ici en-
core le gouvernement a fait tout ce qu'il
pouvait.
L'abdication de l'opposition constitu-
tionnelle mettait l'opposition radicale en
demeure d'agir. Tant que le tiers-parti
avait eu la prétention de faire la besogne,
le centre-gauche n'a pas voulu le gêner
dans son opération et a laissé le champ
libre à son expérience. Mais du moment
où les libéraux reconnaissaient eux-mêmes
leur impuissance et renonçaient, du mo-
ment où ils retiraient leur interpellation
à l'unanimité, les radii aux n'avaient plus
de motif ni de prétexte pour ne pas se
montrer, c'était leur tour, et le pouvoir
personnel allait avoir devant lui des créan-
ciers dont il ne pourrait plus faire des men-
diants et qui n'accepteraient pas le dixiè-
me de leur créance.
Tant que ça se passait avec la liberté
honnête et modérée, le dialogue était pos-
sible, et même agréable ; mais, on l'a pu
voir hier rien qu à deux phrases de M.
Jules Favre, le ton allait ehanger, et au-
cun esprit sensé ne prétendra qu'en abré-
geant la conversation le gouvernement
ait manqué de prudence
*
* *
Ces quelques miettes de souveraineté
que le pouvoir personnel laisse ramasser
sous sa table, et ta fuite si raisonnable de-
vant ceut qui allaient lui demander au-
tre chose que des sous-ministères, achè-
vent de préciser la quantité de liberté qu'on
peut attendre de l'empire.
Le journal du palais dirait l'autre jour
que l'empereur lui-même n'était pas libre
de dépasser certaines concessions, et qu'il
lui était interdit d'aller, par exemple, jus-
qu'à la responsabilité ministérielle.
Le journal du palais disait la vérité.
Demander la liber:é à l'empire, c'est lui
demander sa démission.
Vous êtes à la Bastille. Le gouverneur
peut vous donner quelques facilités dans
la prison, vous mettre dans une chambre
moins sombre, allonger d'un quart d'heure
votre promenade dans le préau, pous-er
la complaisance et la bonhomie jusqu'à
vous faire votre partie d'échecs. Il peut,
quand la prison est enfumée et se lézarde,
la faire réparer et nettoyer, il peut repein-
dre, replâtrer, percer une cloison, modi-
fier l'aménagement intérieur, y mettre
les maçons. C'est ce qui se fait en ce mo-
ment dans notre constitution, et ça nous
procure même un beau gâchis ! M. Rou-
her a quitté la maison, il va passer à la
campagne le temps des réparations, et il
reviendra dès qu'elles seront terminées.
Le gouverneur peut rendre aux prison-
niers la captivité moins intolérable; mais,
s'il les mettait dehors, il n'aurait plus
qu'à s'y mettre lui-même. Sans prison-
niers, à quoi servirait le geôlier?
Nous nous bornons à constater le fait,
qui justifie pleinement, selon nous, la ré-
sistancedugouvernement à toutedemande
vraiment libérale, et nous en laissons tirer
la conclusion à ceux pôur qui l'idéal de la
liberté n'est pas le replâtrage de leur cel-
lule. -
Auguste Vacquerie.
LA PROTESTATION
Hier, la dernière séance de la chambre
prorogée n'a guère duré plus d'un quart
d'heure.
Mais ces quelques minutes ont suffi pour
qu'au moins un cri de protestation s'élevât
contre le décret qui dissout la représentation
nationale, avant même qu'elle soit cons-
tituée.
Ce cri, c'est Jules Favre qui l'a jeté avec
l'émotion la plus énergique et la plus élo-
quente. Disons-le, Jules Favre tient la
promesse qu'il a faite au suffrage universel ;
l'orateur est redevenu le tribun; il ne
cherche plus les termes adoucis, il trouve
les mots décisifs.
Il a été rappelé deux fois à l'ordre.
Sa voix retentissante dominait la tem-
pête de clameurs qui essayait de l'étouffer.
Il a qualifié le décret de prorogation : une
inconvenance, une atteinte à la dignité de
la chambre, une mesure funeste. — Ceux
d'entre nous, a-t-il dit, qui ne se sentent
pas blessés, je ne puis que les plaindre.
S'élevant plus haut, il a vu dans cet acte
« la profonde impuissance du pouvoir per-
sonnel. Le pouvoir personnel est jugé! il
ne sortira pas de cette épreuve. »
M. Schneider s'est déclaré « étonné ». La
droite était furieuse. Le peuple sera satis-
fait.
Que la gauche veille. Elle s'est réunie
hier soir, elle se réunira encore aujour-
d'hui.
Elle prépare un manifeste qui sera au
besoin rendu public. -
Nous voulons croire, nous croyons qu'elle
tiendra tout ce qu'on attend d'elle.
Paul Meurice.
AUTOUR DE LA CHAMBRE
Il n'est pas facile de s'y reconnaître dans
ce tohu-bohu, nous ne dirons pas d'événe-
ments, mais d'incidents et d'intrigues, qui
ont fait ces deux jours-ci tant de bruit et
tant de poussière.
Il y a trois crises : la crise constitution-
nelle, la crise ministérielle, la crise parle-
mentaire.
Tâchons d'y mettre un peu d'ordre et de
de clarté. Voici ce qui a trait à la démis- «
sion des ministres :
*
« *
M. Rouher avait donné sa démission dès
dimanche.
Il l'a renouvelée lundi, au conseil tenu
après la séance. Les autres ministres ont
alors donné aussi la leur.
*
« *
Toutes ces démissions seront-elles main-
tenues ? Il y en a une qui peut être regar-
dée comme nulle et non avenue, c'est celle
de M. le maréchal Niel.
Dans toutes les combinaisons dont on
parle, un seul ministre reste et se retrouve
toujours, et c'est le ministre de la guerre.
*
* *
Pour M. Rouher, il se retirerai pour tout
de bon. Il a déjà quitté le ministère d'Etat
et Paris. Il est à sa maison de Cercey, près
Brunov. De là il ira aux eaux de Carlsbad
avec toute sa famille. Lui et les siens, ils
se disent parfaitement contents.
M. Rouher reviendrait le 2 août.
Il serait nommé alors grand chancelier
et président du sénat.
Il pourrait sous ce titre présider et diri-
ger les débats, peu compliqués d'ailleurs,
de la reconstitution de la Constitution.
*
♦ *
Dans le nouvel état de choses, deux mi-
nistères seraient supprimés : le ministère
d'Etat et le ministère de la maison de l'em-
pereur. -
M. Chevandier de Valdrôme réclame, en
revanche, un ministère nouveau : le minis-
tère de l'agriculture.
*
* *
Avec le maréchal Niel, resteraient mi-
nistres l'amiral Rigault de Genouilly et
MM. Magne, de Forcade et Duruy.
»
* *
Parmi les nouveaux ministres, on cite les
noms de MM. Drouin de Lhuys et Latour-
d'Auvergne pour les affaires étrangères, et
de M. de Franqueville pour les travaux pu-
blics.
On pense à prendre dans le tiers-parti
MM. Segris, de Talhouët, Louvet et Alfred
Leroux.
M. Emile Ollivier assure qu'il refuse le
ministère de la justice, pour ne pas acca-
bler M. Rouher.
*
* *
La crise parlementaire et le décret de la
prorogation offrent des particularités assez
bizarres.
Il paraît qu'après l'insertion au Journal
officiel du décret, la séance avait étélcontre-
mandée, quand on s'est rappelé que, aux
termes de la constitution, le décret devait
être lu en séance publique à l'assemblée.
A midi, les députés ont donc été convo-
qués par lettre à leur domicile,
*
< *
On ne parle plus du tout des Arcadiens.
L'ancienne majorité est plus que dissoute,
elle est fondue.
Le tiers-parti ne fait pas très belle figure.
Les journaux indépendants n'ont qu'un cri :
Il a abdiqué !
Ces belles scènes de la convention promi-
ses par M. Olivier se sont bornées, dans la
réunionllu. Grand Hôtel, au souhait senti-
mental de M. Segris, demandant qu'au
moins l'interpellation soit conservée aux
archives du corps législatif.
<
* «
Les 55 non vérifiés ont envoyé hier soir
à Saint Cloud une députation qui n'a pas
été admise.
Une députation de la droite se serait
aussi rendue près de l'empereur.
Le Journal officiel leur offre ce matin la
consolation de ces trois lignes :
« Malgré la prorogation du corps législa-
» tif, l'empereur recevra jeudi prochain au
» palais de Saint-Cloud. a
*
* *
Sur les six secrétaires élus par la cham-
bre, on trouve quatre députés de l'extrême
droite et deux membres du tiers-parti; ces
derniers sont MM. Bournat et Martel.
«
* *
Le bureau chargé de la vérification de
l'élection de la 3e circonscription de la
Haute-Saône, a pu terminer son travail
avant la prorogation du corps législatif.
La majorité du bureau a conclu à l'annu-
lation çle l'élection de M. de Gourgaud,
candidat officiel.
Le candidat de l'opposition était M. de
Marmier, père.
*
* *
Le cinquième bureau, chargé de l'exa-
men des protestations déposées contre M.
Deltheil, du Lot, candidat et député offi-
ciel, a invité le préfet du département à
venir lui-même fournir des explications né-
cessaires sur cette élection.
Il s'agit d'une circulaire préfectorale
conçue dans un esprit peu impartial.
t
* *
L'annulation certaine de l'élection de M.
Esquiros est uniquement motivée, assure-
t-on, par la polémique du journal radical le
Peuple contre le candidat officiel.
Le rédacteur en chef du Peuple, M. Gus-
tave Naquet, aurait reproché au candidat
officiel, M. de Rougemont, d'avoir instru-
menté, en qualité de juge d'instruction, au
moment du coup d'Etat.
Mais si le bureau a trouvé ces motifs va-
lables pour annuler cette élection, la gauche
ne parait pas disposée à les accueillir. M. Na-
quet viendrait même à Paris sous peu de
jours pour donner les éclaircissements né-
cessaires aux débats qui s'ouvi iront sur
cette élection.
*
* *
On venait de lire le décret de proroga-
tion. La droite était morne, le tiers-parti
abattu, la gauche indignée.
Seul le marquis de Piré s'eït levé : -
Vivel'emp.
— Allons ! allons ! a fait M. Picard avec
un geste narquois d'encouragement.
Mais M. de Piré n'a pas achevé, et son
enthousiasme est resté à moitié route.
*
* *
Mot de M. Jules Favre : C'est un délit
d'Etat.
Mot de M. Picard : C'est un coup d'Etat
en robe de chambre.
»
* *
Si la chambre est appelée à siéger aus-
sitôt aprè la promulgation du sénatus-con-
sulte, la présidence provisoire du corps lé-
gislatif appartiendra, d'après les usages
parlementaires, au membre le plus âgé de
l'assemblée.
Il se trouve que ce doyen d'âge serait
M. Raspail.
Le secrétaire de la rédaction :
Albert Baume.
LA PETITE GUERRE
i -
Il n'est pas un de nos lecteurs qui n'ait
reçu dans sa vie des lettres de femmes. Les
quatre feuillets sont ordinairement remplis
de gentillesses, d'amabilités et de protesta-
tions d'amour. Au bas se trouve la signa-
ture, et, plus bas que la signature, il n'est
point rare de lire ce post-scriptum : « En-
voyez-moi donc cinq cents francs. »
C'est ici que le destinataire fait la gri-
mace.
Je ne sais si je me trompe, mais il me
semble que le message reçu par le corps lé-
gislat:f a quelque analogie avec ces sortes
de lettres. Le corps législatif attendait avec
une impatience fébrile un mot de sa bien-
aimée l'Initiative impériale. Son cœur bat-
tait; son pouls marquait quatre-vingt-quinze
pulsations à la minute. Le poulet attendu
arrive enfin. Il contient quatre pages de
tendresses. C'est charmant. On s'attendrit
tont en songeant, à part soi, que la femme
aimée est singulièrement avare de ses fa-
veurs. Mais le lendemain, le Journal officiel
publie le post scriptum. Et ce post-scriptum
dit au corps législatif :
— Allez vous promener — pendant quel-
ques jours.
« Envoyez-moi donc cinq cents francs, o
C'est à peu près le même style, et c'est tout
à fait la même pensée.
Il faut avouér que, comme amoureux, le
corps législatif n'a pas de bonheur. Sa belle
ne lui accorde jamais grand'chose. Il me
fait l'effet de ces jeunes Espagnols qui pas-
sent leurs nuits à soupirer sous une fenêtre,
et il y a des moments où l'envie me prend
de lui acheter une guitare.
Ce n'est pas un platonique, cependant.
Il aime et il est brûlé de désirs. Il rêve la
responsabilité ministérielle, la dernière fa-
veur, ce qu'un amant peut obtenir de plus
doux ! Il soupire et il implore. Mais sa mai-
tresse fait la coquette. Elle minaude.
— Non, monsieur !. vous nommerez
votre bureau, voilà tout !
— Tu ne m'aimes donc pas?
— Si! je t'aime!. mais vous ne ferez
que voter le budget par chapitres ! Allez-
vous-en !. Finissez!
Le corps législatif se retire, désappointé,
mais toujours amoureux, et, selon l'habi-
tude des amants passés et présents, il s'en-
ferme pour composer un sonnet, où il se
plaint de sa maîtresse.
Et moi, je lui dis : Courage !. Aime!.
Adore !. Il n'y a de vrai en ce monde que
l'amour, et l'amour vrai trouve toujours sa
récompense. Aime!. Cela est si doux d'ai-
mer. Tu n'as qu'une lettre de ta maîtresse,
aujourd'hui. Remercie-la d'avoir songé
à toi ; baise ces feuilles bénies, où elle a
épanché son cœur; ces feuilles pleines de sa
pensée et imprégnées de son parfum !
Aime! tues jeune !. Aime, c'est le bon-
heur! Rêve le triomphe; rêve le paradis,
rêve la responsabilité ministérielle !. De-
mande encore; supplie, jette-toi à genoux.
La prochaine fois tu obtiendras peut-être
une mèche de cheveux !
Edouard Lockroy.
DÉSARROI
S'il est vrai que « gouverner c est prévoir, »
il faut avouer que nous sommes en ce mo-
ment le peuple le moins gouverné du
monde.
L'imprévu est le dieu du jour.
Imprévu pour le peuple, qui voit ses maî-
tres agir, écarquille les yeux et s'obstine à
ne pas comprendre.
Imprévu, pour les maîtres qui agissent et
réagissent sans trêve ni merci, -et ne sem-
blent pas comprendre davantage.
Imprévu ! — Non, le terme est trop doux;
le vrai mot est : Désarroi. Le Parisien
gouailleur en prononce même un autre plus
énergique et non moins vrai.
Et dire que le pouvoir personnel prétend
avoir pour devise : Prévoyance, sûreté de
vue, esprit de suite! Dire qu'il parle dédai-
gneusement de la mobilité des assemblées,
de leurs résolutions décousues et précipi-
tées, et qu'il vante avec aplomb la profon-
deur de ses propres desseins et leur rigou-
reux enchaînement !
S'ils sont profonds ses desseins, c'est à
la manière des trous : plus ils sont creux,
plus ils sont noirs, et ceux mêmes qui y
travaillent n'y voient goutte quand ils sont
au fond.
La forme varie, mais ce fond est toujours
le même.
Pendant quinze jours nous avons eu les
oracles épistolaires et les logogriphes ora-
toires. Après les charades écrites ou parlées,
voici maintenant les charades en action; -
seulement, ceux qui les jouent semblent
avoir oublié le mDt.
Ah ! l'esprit de suite ! — Il s'est assez
montré depuis la lettre à M. de Mackau
contredite par la lettre à M. Schneider, jus-
qu'au décret du 9 juin contredit par celui
du 13 juillet, jusqu'à la déclaration du 28
juin contredite par le message du 12 juillet.
Est-ce la prévoyance et l'esprit de suite
qui dictaient le 9 juin ce décret :
« Considérant qu'il convient de réunir le corps
législatif pour la vérification des pouvoirs des dé..
putés élus,
» Avons décrété et décrétons ce qui suit :
» Art. 1er. Le corps législatif est convoqué en
session extraordinaire pour le 28 juin présent
mois,
Et cet autre le 13 juillet
# Avons décrété et décrétons ce qui suit :
» La session extraordinaire du corps législatif
» est prorogée. Le jour de la nouvelle réunion
» du corps législatif sera ultérieurement déter-
» miné»?
Est-ce la prévoyance et l'esprit de suite
qui inspiraient le 28 juin cette déclaration
mémorable :
« Le gouvernement de l'empereur a pensé
# qu'il était sage et politique de procéder IMMÉ-
D DIATEMENT à la vérification de vos pouvoirs,
» et de faire cesser ainsi toute incertitude sur la
» validité des opérations électorales dans chaque
» circonscription.
» Dans la pensée du gouvernement, la session
a actuelle n'a pas d'autre objet »,
Et qui se réfléchissaient le 12 juillet dans
cet autre propos :
a Le corps législatif paraît désirer connaître
» IMMÉDIATEMENT les réformes arrêtées par
» mon gouvernement.
» Je crois utile d'aller au devant de ses aspi-
» rations. »?
1 -
Il était si difficile de prévoir quinze
auparavant que le corps législatif, preàé&
par des millions d'électeurs, aurait des aspi.
rations I
Mieux encore : 1
Le 10 juillet, le gouvernement fait savoir
à la chambre qu'il la verra volontiers se
constituer le 12. — Le 12, elle se hâte d'é-
lire ses secrétaires et notifie au chef de 1%
tat que la représentation nationale est orr
ganisée et prête à agir,
Le chef de l'état répond immédiatement
en la prorogeant :
« Vous êtes constitués et prêts à agir? A
merveille, messieurs; alors, veuillez retour*
ner chez vous jusqu'à nouvel ordre. a
Est ce tout? - Non!
Ce même 14 juillet, à deux heures, 04
annonce solennellement que le mandat de
député cessera d'être incompatible avec les
fonctions de ministres, dès que le sénat
l'aura décidé.
Vous pensez peut-être qu'on attendra le
vote du sénatus-consulte pour remanier les
ministères? — Point; le même jour, tour
les ministres apprennent qu'ils ont offert
leur démission.
Résultat net pour les Français d'intelli-
gence moyenne : un grand mal à la tête.
Les plus avisés peuvent à peine dire
comme le consciencieux volatile de Flo;
rian :
Je vois bien quelque chose,
Mais je ne sais pour quelle cause
Je ne distingue pas très bien !
Cette cause, c'est peut-être que le pou»
voir personnel a oublié « d'allumer sa lan;
terne, » — ou qu'il l'a éteinte.
E. Laferrière.
LES CHOSES SERIEUSES
Maintenant que la comédie est finie, ne
serait-il pas temps de s'occuper des choses
sérieuses ?
Les Rouher de l'avenir pourront être tout
à la fois députés de h nation et serviteurs
de la couronne. Les voilà presque aussi pri-
vilégiés que les chambellans, qui ont joui
jusqu'à présent de cette agréable préroga-
tive.
Cette nouvelle, répandue dans le public,'
l'a très médiocrement ému. Les journaux
qui reproduisaieut le fameux message n'ont
pas eu à hausser leur tirage, et la foule qui
sillonnait les boulevards n'a point nécessité
l'intervention de la police. :
La foule ne s'intéresse qu'à ce qui la
touche directement. Or, tout cela ne la tou-
che ni de près ni de loin.
Elle sait bien qu'elle n'en fournira ni un
soldat, ni un écu de moins, et que le pou-
voir n'y perd aucune de ses « prérogatives
essentielles. »
Dans le même journal où s'étalait en gros
caractères le message impérial, elle lisait
les condamnations de dix journalistes; -
elle apprenait que la plupart des membres
des comités Raspail et Rochefort sont à Ma-
zas depuis trente-trois jours, sans que per*
sonne sache pourquoi, ni quand finira pour
eux cette intolérable torture de la cellule.
Dans ce même journal, elle pouvait rele-
ver les noms des orateurs de réunions pu*
bliques qui sont eux aussi en prison, 09
de l'autre côté de la frontière. -
En revanche, elle pouvait y chercher ea
vain la nomenclature des réunions publii
ques de la semaine.
Pas plus de réunions, que d'idées dans hi
tète d'un député de la majorité.
Le journal, du reste, lui donnait des
détails nombreux sur les grèves des ou"
vriers, et contenait une liste de souscriptioa
pour les blessés, les veuves et les orpheliu
de la Ricamarie.
Il parlait aussi des ovalistes, pauvres fem"
mes qui peinent quatorze heures par jour,'
et gagnent vingt-huit sous, et qui ont l'ini
délicatesse de réclamer à leur tour le droit
de vivre en travaillant.
La foule se disait encore :
- il y a juste quatre-vingts ans que le
peuple français — peuple héroïque et naïr,.
— a pris la Bastille et aboli les lettres de
cachet, — et cependant il nous reste Mazas
et les mandats de M. le préfet de police;
en vertu desquels—surun soupçon— cha-
que citoyen peut être arrêté la nuit dans
son domicile, voir fouiller tous ses papiers,
et aller pour un temps indéterminé occu-
per une quelconque des innombrables cel-
Iules de cette ruche d'Etat.
Il n'est pas un de nous qui soit à l'abri
d'une erreur de la police.
Il n'est pas un de nous, si un pareil acci-
dent lui arrivait, qui pût en obtenir répara*
tion, — un certain article d'une certaine
constitution ayant fait l'administration
juge et partie dans sa propre cause.
La foule se disait aussi :
— A côté des questions purement poli-
tiques se dressent les questions sociales.
Dans une usine, on compte trois cents
cerveaux et six cents bras qui travaillent
- et un homme qui gagne dix millions, J
La foule ajoutait :
- J'ai faim de liberté, de droit et de
tice, — ce pain de la vie morale; intellecf
tuelle et sociale.
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