Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-07-14
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 juillet 1869 14 juillet 1869
Description : 1869/07/14 (N57). 1869/07/14 (N57).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75297753
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
N* 57. - Mercredi 14 juillet 1869.
Le numéro : 15 o. — Départements : 30 0
RÉDACTION
S'adresser au secrétaire de la rédaction
M. Al SERT BAUME ,<
De 3 à 5 h. du soir x
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10, rue du Faubourg-Montmartre^ Ht
t ,:
- 1 :-,
Les manuscrits non insérés ne sont pas Tfrtdus,
AVKOiraai
MM CH. LA GRANGE, CERF et C°,
6, plaèe de la Bourse, 6.
LE RAPPEL
ADMINISTRATION
H. AUGUSTE PARIS
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PARIS
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ler sans retard pour éviter toute interrup-
tion dans la récep'ion du journal.
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vue sur Paris, ou sur la poste, à l'ordre de
l'administrateur du journal, faubourg
Montmartre, n° 13.
Les abonnés nouveaux de trois mois
ont droit gratuitement à tout ce qui a paru
du roman : L'HOMME QUI RIT, dont les
quatre volumes coûtent 30 fr. en li-
brairie.
Le journal le Rappel, dans son numéro du
9 juillet, en annonçant la démission de M. Gen-
reau, avocat général à la cour impériale de Pa-
ris, allègue que la détermination prise par ce
magistrat serait due à un refus absolu d'obéir à
des ordres sugérieurs et à une ferme revendica-
tion d'indépendance. Le même journal ajoute :
« Après M. Séguier, M. Turquet, maintenant voici
M. Genreau. La traînée des démissions gagne,
gagne — Toulous?, Verving, Psris 1 »
La réponse à de semblables insinuations se
trouve dans la letire mème par laquelle M.
Genreau a résigné ses fonctions. Cet honorable
nagistrat, qui était entouré de sympathies au
parquet de la cour de Paris, et qui avait reçu
au 15 août dernier la décoration de la Légion
d'honneur, se trouvait pur suite d'un état de
Maladie éloigné du palais depuis le mois de
novembre 1868. Il a cru devoir, A la date du
19 juin dernier, adresser à M. le garde des
sceaux la lettre suivante :
« Monsieur le garde des sceaux,
» La maladie qui me tient depuis tant de
mois éloigné du palais, ne me permettra pas,
je le crains, de reprendre mon service aussi
prochainement que je le voudrais. Je cède à la
douloureuse nécessité de résigner mes fonc-
tions; je comprends trop qu'un poste d'avocat
général à la cour impériale de Paris ne peut
sans inconvénient être longtemps abandonné.
J'ai donc l'honneur de vous adresser ma démis-
sion, et j'ose espérer que, lorsque ma santé
sera pleinement rétablie, Votre Excellence, qui
s ost toujours montrée si bienveillante et si pa-
ternelle pour les membres de la magistrature,
pe repoussera pas ma prière de rentrer dans
1 * rangs de la compagnie qu'un sentiment im-
périeux du devoir me force de quitter.
» Je prie Votre Excellence de vouloir bien
agréer l'hommage des sentiments de respect et
de gratitude avec lesquels j'ai l'honneur d'être
» Votre très humble et très obéissant servi-
teur.
» G. GENREAU,
» 19 juin 1869 «
(Communiqué).
LE MESSAGE
« Nous vous l'avions bien clit-I »
Cptte désagréable forn ule par laquelle
en «'empresse de ne pas consoler les gens
airfligés, nous ne l'emploierons pas vis à-
vis des con~ttutionneis~béraux. I' est cer-
min cependant qtle nous les avons assez
averis du désappointement qui kvs atten-
caH.
Nous n'nvons cessé de leur répéter sous
toutes Lis formes : Vous n'obtiendrez rien
que des politesses; votre interpellation stra
l'interpellation dès dupes; vous ne marie-
rez jamais l'eau et le feu, jamais vous ne
concilierez l'empire et la liberté.
Aujourd'hui, ils ont 1* message. La
constitutif n est un peu défaite et la li-
berté n'est pas faite du tout. Les cons'itu-
tionnels libéraux doivent être aussi mé-
contents comme libéraux que comme cons-
titutionnels.
Au fond, font-ils mécontents tant que
cela? M. de Mackau, M. de Mouchy sont-
ils très désolés? Le message se sert de
cette expression : « Le corps législatif
paraît désirer. » Le mot est spirituel. De
qui diable peut-il bien être ? M-is ne
cherchons pas le coupable, on ne l'a peut-
être pas fait exprès.
*
* *
Et, comme ce qui est dans les faits res-
sort toujours ailleurs que dans les mots,
il se trouve que le « Message de l'empe-
reur au corps législatif » s'adressait à une
apparence de corps législatif, à un corps
législatif qui réellement n'était pas encore,
à un corps législatif embryonnaire et fu-
tur, à un corps légis!atif qui ne devait
être constitué que deux heures après.
Et encore, constitué pour être aussitôt
prorogé.
Ce corps, qui a eu tant de peine à naî-
tre, a aussi bien de la peine à vi&re.
*
* *
Cependant, examinons ce message si
attendu. Qu'est-ce qu'il promet ? qu'est-ce
qu'il donne?
q Ie Attribution au corps législatif du
droit de faire son règlement intérieur et
d'élire son bureau. »
Politesse, je vous dis, simple politesse 1
On se rappelle, un peu tard, qu'à la cham-
bre les députés sont chez eux. Vous allez
voir d'ailleurs avec quel empressement,
pour n'être pas en reste de procédés, le
corps législatif, y compris la gauche peut-
être, va nommer président M. Schneider.
Ajoutons que l'ancienne chambre aurait
-élu avec la même touchante unaoim té
M. de Morny.
« 20 Simplification du mode de présen-
tation et d'examen des amendements. »
Ceci est encore formule et formalité.
La promesse d'ailleurs est vague et géné-
rale, il faudra voir ce qu'elle tiendra.
, « 3° Obligation pour le gouvernement
- de soumettre à l'approbation législative
les modifications de tarifs qui seraient
dans l'avenir stipulées par des traités in-
ternationaux. »
Nous craignons un peu ce présent des
Grecs. Est-ce que M. Rouher reviendrait
-sur la seule chose un peu bonne qu'il ait
faire ? Es'-ce qu'il n'y aurait pas là-des-
sous quelque atteinte au libre-échange?
« 40 Vole du budget par chapitres, afin
de rendre plus complet le contrôle du
du corps légistatif. n
Il y a 'à un engagement ancien et dont
la réalisation é a't de-venus plus que né-
cessaire.
« 5° Suppression de l'incompatibilité
qui existe actuellement entre le mandat
de dépu'éet certaines fonrtior.s publiques,
notamment celles de ministre. »
Là est la demi concession, on laisse là
un peu de jeu au mécanisme parlemen-
taire. Mais c'est de quoi amuser M. Thiers ;
ce n'est pas de quoi contenter le p*ys.
« 60 Extension de l'exercice du droit
d'interpellation. » el
Comment, dans quelles limites, avec
quelles restrictions ce droit sera-t-il éten-
du ? C'e.-t encore une question, ce n'est
pas une solution.
En somme, le message n'accorde aucun
des trois points principaux que demandait
l'interpellation : ni le droit d'adresse, ni la
faculté de l'ordre du jour motivé, ni, par-
dessus tout, la responsabilité collective
et effective des ministres solidaires.
*
* *
Mais peu nous importe que le message
ne réponde pas aux wuha:t5 de l'interpel-
lation.
Ce qu'il y a de grave, c'est qu'il ne ré-
pond pas aux « vœux du pays. »
Quel a été le cri dî guerre des élec-
tions? Quel a été le mot d'ordre unanime-
ment donné par trois millions et demi
d'électeurs, la vraie, la grande majorité
morale?
— Plus de pouvoir personnel ! gouver-
nement de la nation par de même.
Or, nous le demandons, est-ce qu'après
le message le gouvernement personnel ne
subsiste pas tout entier, avec toute sa pré-
pondérance et toute sa force?
Est-ce que les ministres, députés eu
- non, ne restent pas toujours les serviteurs
d'une vo'onté unique et souveraine, res-
ponsable en droit, irresponsable eu fait?
Le message ne se fait pas faute de le
reconnaître et de le constater : les préro-
gatives essentielles du pouvoir impériaL
sont intactes !
Dans la partie engagée, le tiers parti a
pu faire une ou deux levées ; ce n'en est
pas moins encore et toujours le pouvoir
personnel qui gagne.
Voilà ce que c'est, tiers-parti, que de
vouloir jr:u:r avec le maître. Comme ce
personnage de nous ne savons quelle piè-
ce de théâtre, chaque fois que c'est à lui
à faite, il dit :
—- Je marque le roi.
Et ce qu'il y a d'ennuyeux pour son
partenaire, c'est que c'est toujours à lui à
fa re.
*
* *
On rapporte qu'après la lecture du mes-
sage, quelqu'un ayant demandé à M.
Thiers :
— Eh bien, qui est-ce qui triomphe ?
Est-ce la majorité? E t-ce le tiers-parti?
M. Thiers aurait répondu : -
— C'est la gauche. 1
Oui, après la déroute et la dissolution
du centre gauche, c'est à la gauche de
donner. La Libertç disait hier : La parole
est à l'opposition des irréconciliable s.
Qu'ils parlent donc, et qu'ils agissent.
L'interpelation du centre gauche est
retirée. A quand la leur?
On attend tout d'eux, et on les attend.
Au moment où nous en sommes, le
temps est passé des utopies et des com-
promis, des rêveurs et d s habiles.
Pius d'absiraciion ni de transaction.
L'action.
Paul Meurice.
On lit ce matin dans le Journal offi-
ciel:
Paris, le 12 juillet.
NAPOLÉON,
P,u' la grâce de Dieu et la volonté natio-
nale, empereur des Français,
A tous présents et à vi-nir, salut ;
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Art. 1er. Le sénat est convoqué pour le
2 août prochain.
Art. 2. Notre ministre d'Etat est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 12 juil-
let 1869.
NAPOLÉON.
Par l'empereur :
Le ministre d'Etat,
E. ROUHER.
NAPOLÉON,
Par la grâce de Dieu et la volonté natio-
nale, empereur des Français,
A tous présents et à venir, salut;
Avons déc été et décrétons ce qui suit :
Ait. 1er. La session extraordinaire du
corps législatif est prorogée. Le jour de la
nouvelle réunion du corps législatif sera ul-
térieurement déterminé .-
Art. 2. Notre ministre d'Etat est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le i2 juil-
let 1869.
NAPOLÉON.
Par l'empereur :
Le minis're d'Etat,
E. ROUHER.
A la suite d'un conseil qui a été tenu à
Saint-Cioud, ap és la lecture du message
au corps législatif, les ministres ont re-
mis leurs démissions entre les mains de
l'empereur, qui las a acceptées. En atten-
dant leur remplacement, ils continueront à
expédifr les affaires de leurs départements
respectifs. ,
AUTOUR DE LA CHAMBRE
Convocation du Sénat.
Prorogat on du corps législatif.
Dém'ssion des ministres.
Il faut sjouter à ces gros, nous ne disons
pas à ces grands événements, le retrait de
la demande d'interpellation du tiers-parti.
*
1 ..,
Hier soir, à neuf heures, les 116, convo-
qués par M. de Talhouët et. Buffet, se sont
réunis dans un des salons du Grand-Hôtel,
pour délibérer sur le message.
Ceux d'entre pux qui tenaient au total des
réformes réclamées par l'interpellation,
s'étaient au préalable donné rendtz-vous
chez LedoyFn, aux Ch mps-Elys^es.
Mais on pouvait prévoir que leur délibé-
ration ne serait pas longue, d d'avance
la Liberté leur conseillait de se dissoudre.
La réunion du Grand-Hôtel n'a pas donné
lieu, et^aiPf^Çtles débats bien animés.
M.C vandier de Valdrôme présidait la
réunion. IIa fait la motion que voici :
Dans les ci'constances acbelles, en
présence du message qui e.t un fait consi-
dérable, et après avoir consulté un grand
nombre de nos collègues, je vous propose
de ne pas déposer votre interpellation. »
La proposition a été accueillie à l'unani-
mité.
Oa s'«st«éparé avant dix heures.
»
* *
Un des 116 a demandé que leur inter-
pellation soit déposée aux archives de la
chambre.
Dans un bocal ?
*
* *
Il y a donc eu hier réunion des cent seize
(chiffre de la Liberté), ou des cent quinze
chiffre de la Patrie), ou des cent quatorze
(ehi ffre de l'A venir national).
Les signataires se sont réunis, non plus
dans un des bureaux de h chambre, mais
dans un salon du Grand-Hôtel.
Pourquoi donc ont-ils déserté ces bu-
reaux, où ils étaient si bien soignés par
M. Schneider, où ils trouvaient des huis-
siers si obéissants et des lampes si allu-
mées? Est-ce qu'ils auraient craint de n'y
être plus traités avec le même empresse-
ment?
Est ce que, depuis le message, le centre
gauche se sentirait moins chez lui à la
chambre?
*
* *
Le Public, organe de M. Rouher, nous
apprend qu'hier matin le ministre d'Etat et
plusieurs de ses collègues s'étaient rendus
à Saint-Cloud, pour arrêter les derniers ter-
mes du message.
Et las ministres portaient au même Saint-
Cloud leur démission, le soir de ce même
jour où ils avaient mis au message la der-
nière virgule.
Que signifie ce jeu? et qui trompe-t-oa
ici?
♦
* *
Tous les ministres ont donné leur dé-
mission, et l'empereur a accepté la démis-
sion de tous les ministres.
Soit.
Ils sont sortis. Mais, quand on est sorti,
on peut rentrer.
Dans le cas où plusieurs au moins des
ministres ne devraient faire que s'absenter
un m ment, il y aurait peut-être quelque
induction à tirer des réceptions et des
non-réceptions ministérielles que leJournai
officiel annonce pour ce soir.
- Ne recevront pas : - Le mini?tre d'Etat,
le ministre des finances et le ministre dè
la marine.
Recevront : - Le gardé des sceaux, le
ministre de l'intérieur et le ministre des
beaux-.arts.
Ne recevra pas aujourd'hui, mais recevra
demain : - Le ministre de la guerre.
Cela voudrait-il dire que MM. Baroche, de
Forcade, Vaillant et Nitl ne font que ce
qu'en termes de théâtre on appelle une
« fausse sortie ?»
Ce que no îs aurions plus de mal à croire,
c'est que M. Rouher en fait une vraie.
*
* *
M. Schneider a été appelé hier soir à
Saint Cloud.
*
* *
Le corps législatif ne devait pas s'atten-
dre à sa brusque prorogation; M. Schneider
ne semble pas s'en être douté, et le Journal
officiel en a eu la surprise Car la chambre
avait.réglé son ordre du jour pour aujour-
d'hui, et le Journal officiel le publie ce
malin :
Ordre du jour du mardi 13 juillet.
A deux heures, — SÉANCE PUBLIQUE.
Sui e de la vérification des pouvoirs.
Ordre du jour des convocations du mardi
13 juillet,
2e bureau, à midi et demi.
5e bureau, à une heure précise.
6' bureau, à midi.
7e bureau, à deux heures. e--~
8e bureau, à une beure ;'!":"
• « o |
Vous allez me trouver absurde* «fârûuS
aurez peut être raison; mais il yà dàps le
message du gouvernement perso nneïim
mot que je n'y aurais pas mis. : .::.
C'est dans cette phrase :
« Le corps législatif parait désirer con-
naître immédiatement les réformes arrêtées
par mon gouvernement. »
Ce mot « arrêtées » a un arrière-sens
d'« arrestation » qui m'inspire une vague
inquiétude. J'ai peur qu'il n'arrive à ces ré-
formes-là ce qui est arrivé à pas mal des
libertés octroyées par l'empire, et qu'il
n'y en ait bientôt quelques-unes à Mazas.
*
* *
Le 2e bureau a décidé, par 14 voix contre
7, qu'il y aurait lieu d'annuler l'élection de
M. Esquiros, à Marseille.
La raison donnée serait, selon les uns,
une question de domicile, et, selon les au-
tres, une condamnation qu'aurait subie M.
Esquiros sous Louis-Philippe pour la publi-
cation de son livre : Y Evangile du peuple.
*
* *
La plupart des députés de la gauche
étaient réunis dimanche, à Bougival, dans
la propriété de M. Odilon Barrot, où un
banquet leur a été offert par 1 ancien mi-
nistre.
Le commissaire de police n'est pas inter-
venu.
♦
* *
Le prince Napoléon assistait dans la tri-
bune du sénat à la lecture du message. Il
e~t roUé ensuite dans la salle des Pas-Perdus
s'entreteniravsc les députés dutiers-parti de
cette pauvre interpellation ri malade. Pub,
comme il faisait chaud, le prince a emmené
M. Emile Olivier dans le jardin de la pré-
sidence, où ils ont-pu du moins échJ "Z: j,'
au frats leurs plaintes et doléances.
Doux zéphirs qui passiez alors en ces beaux lieux,
Oh ! &'en rapportez rien à l'oreille des dieux !
Le secrétaire de la rédaction :
Albert Baume.
ENTRE LES lignesi
Les réformes promises au corps législatif
sint une excellente affaire. pour le sénat;
L'auteur du message impérial ne s'est-il
pas surtout préoccupé d'interdire à la
chambre électivè l'examen des question.
qui la touchent le plus?— Il est permis de
le penser, et il ne manque pas de gens ex-
perts dans l'art de lire entre les lignes qui
vous affirment avoir entrevu quelques
sous entendus dans le genre de ceux-ci :
« Il ne faut pas que la représentation na-
tionale délibère elle-même «ur ses préro-
gatives. Cela ne lui convient guère et ne
nous convient pas. -
» Quels embarras pour le gouverne-
ment, si le corps législatif, entraîné sur la
pente où glissaient les cent seize, se mettait
en tête de discuter sur tous les droits que
possèdent les antres assemblées d'Europe;
- s'il s'avisait de réclamer la restitution dd
l'adresse , l'initiative parlementaire, je
droit d'accuser les ministres ; - s il pré-
tendait s'élever au niveau du parlement
Feuilleton du RAPPEL
33 DU 14 JUILLET 1869.
L'HOMME QUI RIT
> DEUXIÈME PARTIE
PAR ORDRE DU ROI
LIVRE PREMIER
ÉTERNELLE PRÉSENCE DU FASSÉ;
LES HOMMES REFLÈTENT L'HOMME.
VIII
tMtcri
On pput, à la cour, prendre pied de
deux façons: dans les nuées, on e-zt au-
gU:k; dans la boue, on est pu ssaot.
Dans Je premier cas, on t st de l'Olym-
pe. Dans le second cas, on est de la garde-
robe.
Q;li est de l'Olympe n'a que la foudre;
qui est de la girde robe a la police.
La garde-robe con ient tous les instru»
Reproduction interdite.
Vni" loa numéros 3 mai an K Juin, cpux du 30
juin, des 1er, 2, 6 10 au 13 juillet.
menfs de règne, et parfois, car elle est
traître, le châtiment. Héliogabale y
vient mourir. Alors elle s'appelle les la-
trines.
D'habifudeelle eit moins tragique. C'est
la qu'Alibéroni admire Vendôme. La garde-
robe est volontiers le lieu d'audience des
per.onnes royales. Kle fait fonction de
trône. Louis XIV y reçoit la duchesse de
Bourgogne; Philippe V y est coude à coude
avec ia reine. Le prêtre y pénètre, l a
garderobe est parfois une succursale du
confrs-ionnal.
C'est pourquoi il y a à la cour les fortu-
nes du dessous. Ce ne sont pas les moin-
dres.
Si vous voulez, sous Louis XI, êtltj
grand, soyez Pierre de Rohan, maréchal
de France ; si vous voulez être influent,
soypz Olivier le Daim, barbier. Si vous
voulez, sous Marie de Médicis, être glo-
rieux, soyez Sillery, chancelier; si vous
voulez être considérable, soyez la Hannon,
femme de chambre. Si vous voulez, sous
Louis XV, être illustre, soyez Choiseul,
ministre; si vous voulez être redoutable,
soyez Lebel, valet. Etant donné Louis XIV,
Bontemps qui lui fait son dt est plus puis-
sant que Louvois qui lui fait ses armées et
que Turenne qui lui fait ses victoires. De
Richelieu ôtez le père Jo eph, voilà Ri-
chelieu presque vide. Il a de moins le mys-
tère. L'éminence rouge est superbe, l'é-
minence grise est terrible. Etre un ver,
quelle force 1 Tous les Narvaez amalgamés
avec tous les o Donnell font moins de be-
sogne qu'une sœur Patrocinio.
Par exemple, la condition de cette puis-
sance, c'est la petitesse. Si vous voulez
rester fort, restez chéf Soyez le néant.
Le serpent au repo-, couché en rond,
figure à la fois l'infini et zéro.
Une de ces fortunes vipérines était échpe
à Barkilphedro.
Il s'était glissé où il voulait.
Les bêtes plates entrent partout. Louis
XIV avait des punaises dans son lit et des
jésuites dans sa politique.
D'incompatibhilé, point.
En ce monde tout est pendule. Graviter,
c'est osciller. Un pôle veut l'autre. Fran-
çois Ier veut Triboulft; Louis XV veut Le.
bel. Il existe une affinité profonde entre
cette extrême hauteur et cet extrême
abaissement.
C'est l'abaissement qui dirige. Rien de
plus aisé à comprendre. Qui est dessous
tient les fils.
Pas de position plus commode.
On e^t I'oeil) et 011 a l'oreille.
On est l'œil du gouvernement.
On a l'oreille du roi.
Avoir l'oreille du roi, c'est tirer et pous-
ser à sa fantaisie le verrou de la conscience
royale, et fourrer dans cette conscience ce
qu'on veut. L'esprit du roi, c'est votre ar-
moire. Si vous êtes chiffonuier, c'est votre
hotte. L'oreille, des rois n est pas aux rois;
c'est ce qui fait qu'en somme, ces pauvres
diables sont peu responsables. Qui ne pos-
sède pas sa pensée, ne possède pas son
action. Un roi, cela obéit.
A quoi?
A une mauvaise âme quelconque qui du
dehors lui bourdonne dans l'oreiile. Mou-
ehe sombre de l'abîme.
Ceboudonnement commande. Un règne
est une dictée.
La voix haute, c'est le souverain ; la
voix basse, c'est la souveraineté.
Ceux qui dans un règne savent distin-
guer cette voix bas e et entendre ce qu'elle
souffle à la voix haute, sont les vrais hit-
toriens.
é
IX
IJtaMr est aussi fort qu'aimer.
La reine Anne avait autour d'elle plu-
sieurs de ces voix basses. Bark Iphedro en
était une.
Outre la reinl1, il travaillait, influençait
et pratiquait, sourdement lady Josiane et
lord David. Nous l'avons dit, il parlait bas
à trois oreilles. Une oreille de plus que
Dringeau. Dangeau ne pariait bqs qu'à
deux, du temps (,Ù, passant sa tête entre
Louis. XIV épris d'Henriette >a belle-sœur,
et Henriette éprise du Louis XIV son beau-
frère, secrétaire de Louis à l'insu d'Hen-
riette et d'Henriette à 1 insu de Louis, si-
tué au beau mi ieu de l'amour des deux
marionnettes, il faisait les demandes et
les réponses. *
Barkilphedro était si riant, si accep-
tant, si incapable de prendre la défense
de qui que ce soit, si peu dévoué au fond,
si laid, si méchant, qu'il était tout simple
qu'une personne royale en vînt à ne pou-
voir se passer de lui. Quand Anne eût
goûté de Barkilphedro, el e ne voulut pas
d'autre fLtteur. Il la flattait comme on
flaitait Louis je Grand, par la piqûre à
autrui. — Le roi étant ignorant, dit ma-
dame de Montheyreuil, on est obligé de
bafouer les savants.
Empoisonner de temps en temps la pi-
qûre, c'est le comble de l'art. Néron aime
a voir travailler Locuste.
Les palais royaux soru* très pénétrables;
ces madrépores ont une voirie intéreure
vite devinée) pratiquée, fou'ée, et au be-
soin évidée, par ce rongeur ,qu'on nomme
le courtisan. Un prétexte pour entrer suf-
fit. Barkilphedro ayant ce prétexte, sa
charge, fut eu très peu de temps chez la
reine ce qu'il était chez la duchesse Jo ia-
ne, l'animal dômes ique indispensable.
Un mot qu'il hasarda un jour le mit tout
de suite au fait de la reine; il sut à quoi
sans tenir sur la bonté de sa .majesté. La
reine aimait beaucoup son lord stewart,
William Cavendish duc de Devonshire,
qui était trè- imbé ile. Ce lord, qui avait
tous les grades d Oxford et ne savait pas
l'orih graphe, fit. un beau matin la bêtise
de mourir. Mourir, c'est fort imprudent à
la cour, car personne ne se gên* plus pour
parler de vous. La reine, Barkilphedro
présent, se lamenta, et finit par s'écrier
en soupirant : C e:t dommage que tant de
vertus fassent portées et servies par une si
pauvre intelligence 1
- Dieu veuille avoir son âne 1 mur-
mura Barkilphedro, à demi-voix et en
français.
La reine sourit. Barkilphedro enregis-
tra ce sourire.
Il en conclut : Mordre plaît.
Congé était donné à sa malice.
A partir de ce jour, il fourra sa curio-
sité partout, ?a malignité aussi On le lais-
sait faire, tant on leci-aignait. Qui fait rire
-le r l fait trembler le reste.
C'était un puissent drô'e.
Il faisait chaque jour des pas en avant,
sous terre. On avait besoin de Barkilphe-
dro. Plusieurs grands l'honoraient de leur
confiance au point de le charger dans l'oc-
casion d'une commission hontpuse.
La cour est un engrenage. Barkilphe-
dro y deûnt moteur. Avez-vous remarqué
dans certains mécanismes la petitetse de
la roue motrice?
Jodane, en particulier, qui utilisait,
nous l'avons indiqué, le talent d'fSpioj
de Barkilphedro, avait en lui une telle
confhnce, qu'elle n'avait pas hésité à lui
remettre une des clés secrètes de son ap-
partement, au moyen de laquelle il pou-
vait entrer chez elie à toute heure. Ce te
excessive livraison de sa vie intime tt?.::
une mode au XVIIe siècle. Cela s'appe-
lait : donner la clé. Josiane avait donné
deux de ces dé.. de confiance; lord David
avait Y une, Barkilphedro avait l'autre.
Du reste, pénétrer d emblée jusqu'aux
chambres à coucher était d?ns les vieilles
mœurs une chose nullement surprenante.
De là des incidents. La Ferté, u an.
brusquement les r deaux du lit de M11* La-
font, y trouvait Sain son, mousquetaire
noir, etc., etc.
Barkilphedro excellait à faire de ces dé-
couvertes sourooi-es qui subordonnent et
soumettent les grands aux petits. Sa mar-
che dans l'ombre était tortueuse, douce et
savante. Comme tout espion parfait, il
était composé d'une irclémence de bùur-
reau et d'une patience de micrographe. Il
était courtisan né. Tout courtisan est un
noctambule. Le courtisan rôde dans cette
nuit qu'on appelle la toute-puissance. Il a
une lanterne sourde à la main. Il éclaire
le point qu'il veut, et reste ténébreux. Ce
qu'il cherche avec cette lanterne, ce n'est
pas un homme; c'est une bête. Ce qu'il
trouve, c'est le roi.
Les lois n'aiment pas qu'on prétende
être grand autour d'eux. L'ironie à qui
n'est pas eux les charme. Le talent de
Barkilphedro co' si^tait en un rapetisse-
ment perpétuel d s lords et des princes
au profit de la majesté royale, grandie
d'autant.
La clé intime qu'avait Barkilphedro
était faite, ayant deux jeux, un à chaque
Le numéro : 15 o. — Départements : 30 0
RÉDACTION
S'adresser au secrétaire de la rédaction
M. Al SERT BAUME ,<
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ler sans retard pour éviter toute interrup-
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Montmartre, n° 13.
Les abonnés nouveaux de trois mois
ont droit gratuitement à tout ce qui a paru
du roman : L'HOMME QUI RIT, dont les
quatre volumes coûtent 30 fr. en li-
brairie.
Le journal le Rappel, dans son numéro du
9 juillet, en annonçant la démission de M. Gen-
reau, avocat général à la cour impériale de Pa-
ris, allègue que la détermination prise par ce
magistrat serait due à un refus absolu d'obéir à
des ordres sugérieurs et à une ferme revendica-
tion d'indépendance. Le même journal ajoute :
« Après M. Séguier, M. Turquet, maintenant voici
M. Genreau. La traînée des démissions gagne,
gagne — Toulous?, Verving, Psris 1 »
La réponse à de semblables insinuations se
trouve dans la letire mème par laquelle M.
Genreau a résigné ses fonctions. Cet honorable
nagistrat, qui était entouré de sympathies au
parquet de la cour de Paris, et qui avait reçu
au 15 août dernier la décoration de la Légion
d'honneur, se trouvait pur suite d'un état de
Maladie éloigné du palais depuis le mois de
novembre 1868. Il a cru devoir, A la date du
19 juin dernier, adresser à M. le garde des
sceaux la lettre suivante :
« Monsieur le garde des sceaux,
» La maladie qui me tient depuis tant de
mois éloigné du palais, ne me permettra pas,
je le crains, de reprendre mon service aussi
prochainement que je le voudrais. Je cède à la
douloureuse nécessité de résigner mes fonc-
tions; je comprends trop qu'un poste d'avocat
général à la cour impériale de Paris ne peut
sans inconvénient être longtemps abandonné.
J'ai donc l'honneur de vous adresser ma démis-
sion, et j'ose espérer que, lorsque ma santé
sera pleinement rétablie, Votre Excellence, qui
s ost toujours montrée si bienveillante et si pa-
ternelle pour les membres de la magistrature,
pe repoussera pas ma prière de rentrer dans
1 * rangs de la compagnie qu'un sentiment im-
périeux du devoir me force de quitter.
» Je prie Votre Excellence de vouloir bien
agréer l'hommage des sentiments de respect et
de gratitude avec lesquels j'ai l'honneur d'être
» Votre très humble et très obéissant servi-
teur.
» G. GENREAU,
» 19 juin 1869 «
(Communiqué).
LE MESSAGE
« Nous vous l'avions bien clit-I »
Cptte désagréable forn ule par laquelle
en «'empresse de ne pas consoler les gens
airfligés, nous ne l'emploierons pas vis à-
vis des con~ttutionneis~béraux. I' est cer-
min cependant qtle nous les avons assez
averis du désappointement qui kvs atten-
caH.
Nous n'nvons cessé de leur répéter sous
toutes Lis formes : Vous n'obtiendrez rien
que des politesses; votre interpellation stra
l'interpellation dès dupes; vous ne marie-
rez jamais l'eau et le feu, jamais vous ne
concilierez l'empire et la liberté.
Aujourd'hui, ils ont 1* message. La
constitutif n est un peu défaite et la li-
berté n'est pas faite du tout. Les cons'itu-
tionnels libéraux doivent être aussi mé-
contents comme libéraux que comme cons-
titutionnels.
Au fond, font-ils mécontents tant que
cela? M. de Mackau, M. de Mouchy sont-
ils très désolés? Le message se sert de
cette expression : « Le corps législatif
paraît désirer. » Le mot est spirituel. De
qui diable peut-il bien être ? M-is ne
cherchons pas le coupable, on ne l'a peut-
être pas fait exprès.
*
* *
Et, comme ce qui est dans les faits res-
sort toujours ailleurs que dans les mots,
il se trouve que le « Message de l'empe-
reur au corps législatif » s'adressait à une
apparence de corps législatif, à un corps
législatif qui réellement n'était pas encore,
à un corps législatif embryonnaire et fu-
tur, à un corps légis!atif qui ne devait
être constitué que deux heures après.
Et encore, constitué pour être aussitôt
prorogé.
Ce corps, qui a eu tant de peine à naî-
tre, a aussi bien de la peine à vi&re.
*
* *
Cependant, examinons ce message si
attendu. Qu'est-ce qu'il promet ? qu'est-ce
qu'il donne?
q Ie Attribution au corps législatif du
droit de faire son règlement intérieur et
d'élire son bureau. »
Politesse, je vous dis, simple politesse 1
On se rappelle, un peu tard, qu'à la cham-
bre les députés sont chez eux. Vous allez
voir d'ailleurs avec quel empressement,
pour n'être pas en reste de procédés, le
corps législatif, y compris la gauche peut-
être, va nommer président M. Schneider.
Ajoutons que l'ancienne chambre aurait
-élu avec la même touchante unaoim té
M. de Morny.
« 20 Simplification du mode de présen-
tation et d'examen des amendements. »
Ceci est encore formule et formalité.
La promesse d'ailleurs est vague et géné-
rale, il faudra voir ce qu'elle tiendra.
, « 3° Obligation pour le gouvernement
- de soumettre à l'approbation législative
les modifications de tarifs qui seraient
dans l'avenir stipulées par des traités in-
ternationaux. »
Nous craignons un peu ce présent des
Grecs. Est-ce que M. Rouher reviendrait
-sur la seule chose un peu bonne qu'il ait
faire ? Es'-ce qu'il n'y aurait pas là-des-
sous quelque atteinte au libre-échange?
« 40 Vole du budget par chapitres, afin
de rendre plus complet le contrôle du
du corps légistatif. n
Il y a 'à un engagement ancien et dont
la réalisation é a't de-venus plus que né-
cessaire.
« 5° Suppression de l'incompatibilité
qui existe actuellement entre le mandat
de dépu'éet certaines fonrtior.s publiques,
notamment celles de ministre. »
Là est la demi concession, on laisse là
un peu de jeu au mécanisme parlemen-
taire. Mais c'est de quoi amuser M. Thiers ;
ce n'est pas de quoi contenter le p*ys.
« 60 Extension de l'exercice du droit
d'interpellation. » el
Comment, dans quelles limites, avec
quelles restrictions ce droit sera-t-il éten-
du ? C'e.-t encore une question, ce n'est
pas une solution.
En somme, le message n'accorde aucun
des trois points principaux que demandait
l'interpellation : ni le droit d'adresse, ni la
faculté de l'ordre du jour motivé, ni, par-
dessus tout, la responsabilité collective
et effective des ministres solidaires.
*
* *
Mais peu nous importe que le message
ne réponde pas aux wuha:t5 de l'interpel-
lation.
Ce qu'il y a de grave, c'est qu'il ne ré-
pond pas aux « vœux du pays. »
Quel a été le cri dî guerre des élec-
tions? Quel a été le mot d'ordre unanime-
ment donné par trois millions et demi
d'électeurs, la vraie, la grande majorité
morale?
— Plus de pouvoir personnel ! gouver-
nement de la nation par de même.
Or, nous le demandons, est-ce qu'après
le message le gouvernement personnel ne
subsiste pas tout entier, avec toute sa pré-
pondérance et toute sa force?
Est-ce que les ministres, députés eu
- non, ne restent pas toujours les serviteurs
d'une vo'onté unique et souveraine, res-
ponsable en droit, irresponsable eu fait?
Le message ne se fait pas faute de le
reconnaître et de le constater : les préro-
gatives essentielles du pouvoir impériaL
sont intactes !
Dans la partie engagée, le tiers parti a
pu faire une ou deux levées ; ce n'en est
pas moins encore et toujours le pouvoir
personnel qui gagne.
Voilà ce que c'est, tiers-parti, que de
vouloir jr:u:r avec le maître. Comme ce
personnage de nous ne savons quelle piè-
ce de théâtre, chaque fois que c'est à lui
à faite, il dit :
—- Je marque le roi.
Et ce qu'il y a d'ennuyeux pour son
partenaire, c'est que c'est toujours à lui à
fa re.
*
* *
On rapporte qu'après la lecture du mes-
sage, quelqu'un ayant demandé à M.
Thiers :
— Eh bien, qui est-ce qui triomphe ?
Est-ce la majorité? E t-ce le tiers-parti?
M. Thiers aurait répondu : -
— C'est la gauche. 1
Oui, après la déroute et la dissolution
du centre gauche, c'est à la gauche de
donner. La Libertç disait hier : La parole
est à l'opposition des irréconciliable s.
Qu'ils parlent donc, et qu'ils agissent.
L'interpelation du centre gauche est
retirée. A quand la leur?
On attend tout d'eux, et on les attend.
Au moment où nous en sommes, le
temps est passé des utopies et des com-
promis, des rêveurs et d s habiles.
Pius d'absiraciion ni de transaction.
L'action.
Paul Meurice.
On lit ce matin dans le Journal offi-
ciel:
Paris, le 12 juillet.
NAPOLÉON,
P,u' la grâce de Dieu et la volonté natio-
nale, empereur des Français,
A tous présents et à vi-nir, salut ;
Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Art. 1er. Le sénat est convoqué pour le
2 août prochain.
Art. 2. Notre ministre d'Etat est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le 12 juil-
let 1869.
NAPOLÉON.
Par l'empereur :
Le ministre d'Etat,
E. ROUHER.
NAPOLÉON,
Par la grâce de Dieu et la volonté natio-
nale, empereur des Français,
A tous présents et à venir, salut;
Avons déc été et décrétons ce qui suit :
Ait. 1er. La session extraordinaire du
corps législatif est prorogée. Le jour de la
nouvelle réunion du corps législatif sera ul-
térieurement déterminé .-
Art. 2. Notre ministre d'Etat est chargé
de l'exécution du présent décret.
Fait au palais de Saint-Cloud, le i2 juil-
let 1869.
NAPOLÉON.
Par l'empereur :
Le minis're d'Etat,
E. ROUHER.
A la suite d'un conseil qui a été tenu à
Saint-Cioud, ap és la lecture du message
au corps législatif, les ministres ont re-
mis leurs démissions entre les mains de
l'empereur, qui las a acceptées. En atten-
dant leur remplacement, ils continueront à
expédifr les affaires de leurs départements
respectifs. ,
AUTOUR DE LA CHAMBRE
Convocation du Sénat.
Prorogat on du corps législatif.
Dém'ssion des ministres.
Il faut sjouter à ces gros, nous ne disons
pas à ces grands événements, le retrait de
la demande d'interpellation du tiers-parti.
*
1 ..,
Hier soir, à neuf heures, les 116, convo-
qués par M. de Talhouët et. Buffet, se sont
réunis dans un des salons du Grand-Hôtel,
pour délibérer sur le message.
Ceux d'entre pux qui tenaient au total des
réformes réclamées par l'interpellation,
s'étaient au préalable donné rendtz-vous
chez LedoyFn, aux Ch mps-Elys^es.
Mais on pouvait prévoir que leur délibé-
ration ne serait pas longue, d d'avance
la Liberté leur conseillait de se dissoudre.
La réunion du Grand-Hôtel n'a pas donné
lieu, et^aiPf^Çtles débats bien animés.
M.C vandier de Valdrôme présidait la
réunion. IIa fait la motion que voici :
Dans les ci'constances acbelles, en
présence du message qui e.t un fait consi-
dérable, et après avoir consulté un grand
nombre de nos collègues, je vous propose
de ne pas déposer votre interpellation. »
La proposition a été accueillie à l'unani-
mité.
Oa s'«st«éparé avant dix heures.
»
* *
Un des 116 a demandé que leur inter-
pellation soit déposée aux archives de la
chambre.
Dans un bocal ?
*
* *
Il y a donc eu hier réunion des cent seize
(chiffre de la Liberté), ou des cent quinze
chiffre de la Patrie), ou des cent quatorze
(ehi ffre de l'A venir national).
Les signataires se sont réunis, non plus
dans un des bureaux de h chambre, mais
dans un salon du Grand-Hôtel.
Pourquoi donc ont-ils déserté ces bu-
reaux, où ils étaient si bien soignés par
M. Schneider, où ils trouvaient des huis-
siers si obéissants et des lampes si allu-
mées? Est-ce qu'ils auraient craint de n'y
être plus traités avec le même empresse-
ment?
Est ce que, depuis le message, le centre
gauche se sentirait moins chez lui à la
chambre?
*
* *
Le Public, organe de M. Rouher, nous
apprend qu'hier matin le ministre d'Etat et
plusieurs de ses collègues s'étaient rendus
à Saint-Cloud, pour arrêter les derniers ter-
mes du message.
Et las ministres portaient au même Saint-
Cloud leur démission, le soir de ce même
jour où ils avaient mis au message la der-
nière virgule.
Que signifie ce jeu? et qui trompe-t-oa
ici?
♦
* *
Tous les ministres ont donné leur dé-
mission, et l'empereur a accepté la démis-
sion de tous les ministres.
Soit.
Ils sont sortis. Mais, quand on est sorti,
on peut rentrer.
Dans le cas où plusieurs au moins des
ministres ne devraient faire que s'absenter
un m ment, il y aurait peut-être quelque
induction à tirer des réceptions et des
non-réceptions ministérielles que leJournai
officiel annonce pour ce soir.
- Ne recevront pas : - Le mini?tre d'Etat,
le ministre des finances et le ministre dè
la marine.
Recevront : - Le gardé des sceaux, le
ministre de l'intérieur et le ministre des
beaux-.arts.
Ne recevra pas aujourd'hui, mais recevra
demain : - Le ministre de la guerre.
Cela voudrait-il dire que MM. Baroche, de
Forcade, Vaillant et Nitl ne font que ce
qu'en termes de théâtre on appelle une
« fausse sortie ?»
Ce que no îs aurions plus de mal à croire,
c'est que M. Rouher en fait une vraie.
*
* *
M. Schneider a été appelé hier soir à
Saint Cloud.
*
* *
Le corps législatif ne devait pas s'atten-
dre à sa brusque prorogation; M. Schneider
ne semble pas s'en être douté, et le Journal
officiel en a eu la surprise Car la chambre
avait.réglé son ordre du jour pour aujour-
d'hui, et le Journal officiel le publie ce
malin :
Ordre du jour du mardi 13 juillet.
A deux heures, — SÉANCE PUBLIQUE.
Sui e de la vérification des pouvoirs.
Ordre du jour des convocations du mardi
13 juillet,
2e bureau, à midi et demi.
5e bureau, à une heure précise.
6' bureau, à midi.
7e bureau, à deux heures. e--~
8e bureau, à une beure ;'!":"
• « o |
Vous allez me trouver absurde* «fârûuS
aurez peut être raison; mais il yà dàps le
message du gouvernement perso nneïim
mot que je n'y aurais pas mis. : .::.
C'est dans cette phrase :
« Le corps législatif parait désirer con-
naître immédiatement les réformes arrêtées
par mon gouvernement. »
Ce mot « arrêtées » a un arrière-sens
d'« arrestation » qui m'inspire une vague
inquiétude. J'ai peur qu'il n'arrive à ces ré-
formes-là ce qui est arrivé à pas mal des
libertés octroyées par l'empire, et qu'il
n'y en ait bientôt quelques-unes à Mazas.
*
* *
Le 2e bureau a décidé, par 14 voix contre
7, qu'il y aurait lieu d'annuler l'élection de
M. Esquiros, à Marseille.
La raison donnée serait, selon les uns,
une question de domicile, et, selon les au-
tres, une condamnation qu'aurait subie M.
Esquiros sous Louis-Philippe pour la publi-
cation de son livre : Y Evangile du peuple.
*
* *
La plupart des députés de la gauche
étaient réunis dimanche, à Bougival, dans
la propriété de M. Odilon Barrot, où un
banquet leur a été offert par 1 ancien mi-
nistre.
Le commissaire de police n'est pas inter-
venu.
♦
* *
Le prince Napoléon assistait dans la tri-
bune du sénat à la lecture du message. Il
e~t roUé ensuite dans la salle des Pas-Perdus
s'entreteniravsc les députés dutiers-parti de
cette pauvre interpellation ri malade. Pub,
comme il faisait chaud, le prince a emmené
M. Emile Olivier dans le jardin de la pré-
sidence, où ils ont-pu du moins échJ "Z: j,'
au frats leurs plaintes et doléances.
Doux zéphirs qui passiez alors en ces beaux lieux,
Oh ! &'en rapportez rien à l'oreille des dieux !
Le secrétaire de la rédaction :
Albert Baume.
ENTRE LES lignesi
Les réformes promises au corps législatif
sint une excellente affaire. pour le sénat;
L'auteur du message impérial ne s'est-il
pas surtout préoccupé d'interdire à la
chambre électivè l'examen des question.
qui la touchent le plus?— Il est permis de
le penser, et il ne manque pas de gens ex-
perts dans l'art de lire entre les lignes qui
vous affirment avoir entrevu quelques
sous entendus dans le genre de ceux-ci :
« Il ne faut pas que la représentation na-
tionale délibère elle-même «ur ses préro-
gatives. Cela ne lui convient guère et ne
nous convient pas. -
» Quels embarras pour le gouverne-
ment, si le corps législatif, entraîné sur la
pente où glissaient les cent seize, se mettait
en tête de discuter sur tous les droits que
possèdent les antres assemblées d'Europe;
- s'il s'avisait de réclamer la restitution dd
l'adresse , l'initiative parlementaire, je
droit d'accuser les ministres ; - s il pré-
tendait s'élever au niveau du parlement
Feuilleton du RAPPEL
33 DU 14 JUILLET 1869.
L'HOMME QUI RIT
> DEUXIÈME PARTIE
PAR ORDRE DU ROI
LIVRE PREMIER
ÉTERNELLE PRÉSENCE DU FASSÉ;
LES HOMMES REFLÈTENT L'HOMME.
VIII
tMtcri
On pput, à la cour, prendre pied de
deux façons: dans les nuées, on e-zt au-
gU:k; dans la boue, on est pu ssaot.
Dans Je premier cas, on t st de l'Olym-
pe. Dans le second cas, on est de la garde-
robe.
Q;li est de l'Olympe n'a que la foudre;
qui est de la girde robe a la police.
La garde-robe con ient tous les instru»
Reproduction interdite.
Vni" loa numéros 3 mai an K Juin, cpux du 30
juin, des 1er, 2, 6 10 au 13 juillet.
menfs de règne, et parfois, car elle est
traître, le châtiment. Héliogabale y
vient mourir. Alors elle s'appelle les la-
trines.
D'habifudeelle eit moins tragique. C'est
la qu'Alibéroni admire Vendôme. La garde-
robe est volontiers le lieu d'audience des
per.onnes royales. Kle fait fonction de
trône. Louis XIV y reçoit la duchesse de
Bourgogne; Philippe V y est coude à coude
avec ia reine. Le prêtre y pénètre, l a
garderobe est parfois une succursale du
confrs-ionnal.
C'est pourquoi il y a à la cour les fortu-
nes du dessous. Ce ne sont pas les moin-
dres.
Si vous voulez, sous Louis XI, êtltj
grand, soyez Pierre de Rohan, maréchal
de France ; si vous voulez être influent,
soypz Olivier le Daim, barbier. Si vous
voulez, sous Marie de Médicis, être glo-
rieux, soyez Sillery, chancelier; si vous
voulez être considérable, soyez la Hannon,
femme de chambre. Si vous voulez, sous
Louis XV, être illustre, soyez Choiseul,
ministre; si vous voulez être redoutable,
soyez Lebel, valet. Etant donné Louis XIV,
Bontemps qui lui fait son dt est plus puis-
sant que Louvois qui lui fait ses armées et
que Turenne qui lui fait ses victoires. De
Richelieu ôtez le père Jo eph, voilà Ri-
chelieu presque vide. Il a de moins le mys-
tère. L'éminence rouge est superbe, l'é-
minence grise est terrible. Etre un ver,
quelle force 1 Tous les Narvaez amalgamés
avec tous les o Donnell font moins de be-
sogne qu'une sœur Patrocinio.
Par exemple, la condition de cette puis-
sance, c'est la petitesse. Si vous voulez
rester fort, restez chéf Soyez le néant.
Le serpent au repo-, couché en rond,
figure à la fois l'infini et zéro.
Une de ces fortunes vipérines était échpe
à Barkilphedro.
Il s'était glissé où il voulait.
Les bêtes plates entrent partout. Louis
XIV avait des punaises dans son lit et des
jésuites dans sa politique.
D'incompatibhilé, point.
En ce monde tout est pendule. Graviter,
c'est osciller. Un pôle veut l'autre. Fran-
çois Ier veut Triboulft; Louis XV veut Le.
bel. Il existe une affinité profonde entre
cette extrême hauteur et cet extrême
abaissement.
C'est l'abaissement qui dirige. Rien de
plus aisé à comprendre. Qui est dessous
tient les fils.
Pas de position plus commode.
On e^t I'oeil) et 011 a l'oreille.
On est l'œil du gouvernement.
On a l'oreille du roi.
Avoir l'oreille du roi, c'est tirer et pous-
ser à sa fantaisie le verrou de la conscience
royale, et fourrer dans cette conscience ce
qu'on veut. L'esprit du roi, c'est votre ar-
moire. Si vous êtes chiffonuier, c'est votre
hotte. L'oreille, des rois n est pas aux rois;
c'est ce qui fait qu'en somme, ces pauvres
diables sont peu responsables. Qui ne pos-
sède pas sa pensée, ne possède pas son
action. Un roi, cela obéit.
A quoi?
A une mauvaise âme quelconque qui du
dehors lui bourdonne dans l'oreiile. Mou-
ehe sombre de l'abîme.
Ceboudonnement commande. Un règne
est une dictée.
La voix haute, c'est le souverain ; la
voix basse, c'est la souveraineté.
Ceux qui dans un règne savent distin-
guer cette voix bas e et entendre ce qu'elle
souffle à la voix haute, sont les vrais hit-
toriens.
é
IX
IJtaMr est aussi fort qu'aimer.
La reine Anne avait autour d'elle plu-
sieurs de ces voix basses. Bark Iphedro en
était une.
Outre la reinl1, il travaillait, influençait
et pratiquait, sourdement lady Josiane et
lord David. Nous l'avons dit, il parlait bas
à trois oreilles. Une oreille de plus que
Dringeau. Dangeau ne pariait bqs qu'à
deux, du temps (,Ù, passant sa tête entre
Louis. XIV épris d'Henriette >a belle-sœur,
et Henriette éprise du Louis XIV son beau-
frère, secrétaire de Louis à l'insu d'Hen-
riette et d'Henriette à 1 insu de Louis, si-
tué au beau mi ieu de l'amour des deux
marionnettes, il faisait les demandes et
les réponses. *
Barkilphedro était si riant, si accep-
tant, si incapable de prendre la défense
de qui que ce soit, si peu dévoué au fond,
si laid, si méchant, qu'il était tout simple
qu'une personne royale en vînt à ne pou-
voir se passer de lui. Quand Anne eût
goûté de Barkilphedro, el e ne voulut pas
d'autre fLtteur. Il la flattait comme on
flaitait Louis je Grand, par la piqûre à
autrui. — Le roi étant ignorant, dit ma-
dame de Montheyreuil, on est obligé de
bafouer les savants.
Empoisonner de temps en temps la pi-
qûre, c'est le comble de l'art. Néron aime
a voir travailler Locuste.
Les palais royaux soru* très pénétrables;
ces madrépores ont une voirie intéreure
vite devinée) pratiquée, fou'ée, et au be-
soin évidée, par ce rongeur ,qu'on nomme
le courtisan. Un prétexte pour entrer suf-
fit. Barkilphedro ayant ce prétexte, sa
charge, fut eu très peu de temps chez la
reine ce qu'il était chez la duchesse Jo ia-
ne, l'animal dômes ique indispensable.
Un mot qu'il hasarda un jour le mit tout
de suite au fait de la reine; il sut à quoi
sans tenir sur la bonté de sa .majesté. La
reine aimait beaucoup son lord stewart,
William Cavendish duc de Devonshire,
qui était trè- imbé ile. Ce lord, qui avait
tous les grades d Oxford et ne savait pas
l'orih graphe, fit. un beau matin la bêtise
de mourir. Mourir, c'est fort imprudent à
la cour, car personne ne se gên* plus pour
parler de vous. La reine, Barkilphedro
présent, se lamenta, et finit par s'écrier
en soupirant : C e:t dommage que tant de
vertus fassent portées et servies par une si
pauvre intelligence 1
- Dieu veuille avoir son âne 1 mur-
mura Barkilphedro, à demi-voix et en
français.
La reine sourit. Barkilphedro enregis-
tra ce sourire.
Il en conclut : Mordre plaît.
Congé était donné à sa malice.
A partir de ce jour, il fourra sa curio-
sité partout, ?a malignité aussi On le lais-
sait faire, tant on leci-aignait. Qui fait rire
-le r l fait trembler le reste.
C'était un puissent drô'e.
Il faisait chaque jour des pas en avant,
sous terre. On avait besoin de Barkilphe-
dro. Plusieurs grands l'honoraient de leur
confiance au point de le charger dans l'oc-
casion d'une commission hontpuse.
La cour est un engrenage. Barkilphe-
dro y deûnt moteur. Avez-vous remarqué
dans certains mécanismes la petitetse de
la roue motrice?
Jodane, en particulier, qui utilisait,
nous l'avons indiqué, le talent d'fSpioj
de Barkilphedro, avait en lui une telle
confhnce, qu'elle n'avait pas hésité à lui
remettre une des clés secrètes de son ap-
partement, au moyen de laquelle il pou-
vait entrer chez elie à toute heure. Ce te
excessive livraison de sa vie intime tt?.::
une mode au XVIIe siècle. Cela s'appe-
lait : donner la clé. Josiane avait donné
deux de ces dé.. de confiance; lord David
avait Y une, Barkilphedro avait l'autre.
Du reste, pénétrer d emblée jusqu'aux
chambres à coucher était d?ns les vieilles
mœurs une chose nullement surprenante.
De là des incidents. La Ferté, u an.
brusquement les r deaux du lit de M11* La-
font, y trouvait Sain son, mousquetaire
noir, etc., etc.
Barkilphedro excellait à faire de ces dé-
couvertes sourooi-es qui subordonnent et
soumettent les grands aux petits. Sa mar-
che dans l'ombre était tortueuse, douce et
savante. Comme tout espion parfait, il
était composé d'une irclémence de bùur-
reau et d'une patience de micrographe. Il
était courtisan né. Tout courtisan est un
noctambule. Le courtisan rôde dans cette
nuit qu'on appelle la toute-puissance. Il a
une lanterne sourde à la main. Il éclaire
le point qu'il veut, et reste ténébreux. Ce
qu'il cherche avec cette lanterne, ce n'est
pas un homme; c'est une bête. Ce qu'il
trouve, c'est le roi.
Les lois n'aiment pas qu'on prétende
être grand autour d'eux. L'ironie à qui
n'est pas eux les charme. Le talent de
Barkilphedro co' si^tait en un rapetisse-
ment perpétuel d s lords et des princes
au profit de la majesté royale, grandie
d'autant.
La clé intime qu'avait Barkilphedro
était faite, ayant deux jeux, un à chaque
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