Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-07-11
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 juillet 1869 11 juillet 1869
Description : 1869/07/11 (N54). 1869/07/11 (N54).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7529772v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
N° 54 Dimanche 11 juiQet 1869.
Le numéro : Il G. -- Départements : 10 o.
RÉDACTION
S'adresser au secrétaire de la rédaction
M. ALBERT BAUME
De 3 à S h. du soir
10, rue. du Faubourg-Montmartre, 10.
Les manuscrits non insérés ne sont pas ri
- ABsrwossreEs
MM CH. LAGRANGE, CERF et
6, place de la Bourse, 6.
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MM. PAMIS ET CHAIH-
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QUi RIT, formant la valeur de quatre
volumes coûtant 30 fr. en librairie.
L'AÇTE ADDITIONNEL
Le coup a porté.
Devant l'éclatant scrutin du 24 mai et
du 7 juin, le gouvernement personnel a
paru tout d'abord impassible. La lettre à
M. de Mackau, la plaque à M. David, l'al-
10cwiiln toute jnilitaire de Châlon^, sem-
blaient attester, un inébranlable parti-pris
de maintenir le statu quo.
Mais ce n'étaient là que des apparences.
Le désarroi qui se manifeste aujourd'hui
parmi les hommes, les plus dévoués aux
institutions impérialès" la dislocation de
,
cette ancienne majorité qui, jusqu'ici, a
obéi aveuglément à tous les caprices de la
dictature, indiquent suffisamment com-
bien est profond le trouble apporté dans
les conseils de l'empire par le réveil de
l'opinion publiqué.'
Le pouvoir actuel, qui se regarde comme
l'expression de là souveraineté nationale,
est obligé de tenir compte des moindres
manifestations de la volonté populaire.
Or, cette fois, la manifestation a été déci-
sive.-Le peuple a dit assez haut ce qu'il re-
vendiquait.
Les électeurs ont crié : En avant! La
Chambre a entendu et s'est mise en mar-
che. Quand on parviendrait à l'intimider
et quand le gouvernement ferait reculer
la majorité, U n'y gagnerait rien ; derrière
elle, il trouverait le peuple '.-
*
* *
Un mouvement en arrière étant impos-
sible, le statu quo étant également impos-
sible, les amis les plus intelligents du
pouvoir ont reconnu qu'il était nécessaire
d'avancer, De Rtftt formation d'un centre
gauche avec les décris de cette ancienne
majorité qui a pprouvé l'expédition du
Mexique et sariçfionné la loi de sûreté gé-
nérale. Ces meneurs se sont mis conscien-
cieusement à l'œuvre pour transformer
l'édifice constitutionnel élevé en 1852.
La tâché n'est pas facile, il faut en con-
venir. Tout s'enchaîne et tout se tient
dans ce chef-d'œuvre de l'absolutisme.
L'omnipotence a sa logique,. On n'est pas
César à demi.
Ce n'est pas sans raison que le législa-
teur de 1852 a complété l'assujettissement
de la nation par l'assujettissement du corps
législatif. Se figure-1 os un peuple qui a
cessé d'être libre représenté par une assem-
blée souveraine? La suppression des fran-
chises parlementaires était la conséquence ,
rigoureuse de la confiscation de toutes les
autres libertés.
Par le même enchaînement, toutes les
autres libertés devraient suivre les fran-
, èhises parlementaires. Ces messieurs du
centre gauche réclament aujourd'hui pour
le corps législatif le droit de nommer son
bureau, le droit d'initiative, le droit d'a-
mendement, le droit de motiver les ordres
du jour ; ils veulent que les ministres de-
viennent responsables et que les députés
puissent être ministres. Ils veulent que la
chambre française, à l'image du parlement
anglais, ait la haute main sur la direction
des affaires publiques. Soit 1 Mais s'imagi-
nent-ils que les réformes peuvent et doi-
vent s'arrêter là? Croient-ils que le der-
nier mot du progrès sera dit parce qu'un
vote de la chambre aura substitué M. Ol-
livier à M. Rouher, et M. Buffet à M. de
Forcade ?
J'espère, pour leur sagacité, qu'ils ne se
font pas cette illusion.
Que1 nous importe le changement des
hommes, si les institutions demeurent 1
Que nous importe le va-et-vient des porte-
feuilles, si l'exercice de nos droits civils et
politiques reste à la merci de l'arbitraire
ministériel ; si la liberté individuelle est
toujours menacée par la loi de sûreîé gé-
nérale, la liberté de la parole par la loi con-
tre les réunions, la liberté de la pensée
par la loi contre la presse ! Qu'importe que
le pouvoir législatif soit libre, si la France
ne l'est pas ? - •
Ces messieurs du centre gauche récla-
ment l'autonomie du parlement. Sont-ils 1
prêts à revendiquer la souveraineté de la
natron' ", -
*
* *
Au mois de mars 1815, lorsque Napo-
léon It revint de l'île d'Elbe à Paris, après
avoir, suivant sa belle parole, entendu,
comme dans un tombeau, la voix de la
postérité, lorsqu'éclairé par les revers; il
comprit la faute immense qu'il avait com-
mise en substituant sa volonté à la volonté
nationale, lorsqu'il prétendit prouver à la
France qu'il n'agirait 'plus désormais
que d'accord avec elle, -que fit-il ? Il ap-
pela son ennemi le plusdéclaré, un jour-
naliste qui, la veille même, dans un arti-
cle Lmeux; l'avait désigné à l'exécration
publique, et, lui, l'empereur, il demanda
à ce journaliste de lui dicter les -vœux du
pays. Benjamin Constant répondit à Na-
poléon : Sire, écrivez. ;,
Et Napoléon prit une plume, et il écri-
vit l'acte ddditionnel.
*
* *
Le préambule de l'acte additionnel était
le mea culpa du gouvernement person-
nel. Napoléon désavouait hautement cette
politique guerrière et despotique qui n'a-
vait abouti qu'à l'amoindrissement du
pays. Il déclarait qu'il désirait vivre en
paix avec l'Europe pour s'occuper unique-
ment « d'accroître la prospérité de la
France par l'affermissement de la liberté
publique. » La nouvelle constitution , qui
devait être soumise « à l'acceptation libre
et solennelle de tous les Français, » auréltt
pour objet suprême « d'entourer les droits
» des citoyens de toutes les garanties, de
» donner au système représentatif toute,
» son extension et de combiner le plus:-
» haut point de liberté politique et de
» souveraineté individuelle avec la -force
» et la centralisation nécessaires pour
» faire respecter par l'étranger l'indépen-
» dance du peuple. » Napoléon cessait d'ê-
tre le chef responsable de letat : la Fran-
ce ne serait plus désormais régie que par
des lois qu'aurait discutées et votées uner
assemblée nationale.
La chambre des représentants, élus
par les colléges tous les cinq ans, devait
nommer elle-même son président (art. 9).
Ses membres, déclarés inviolables, ne
pouvaient être arrêtés qu'en vertu d'une
autorisation de la chambre (art. 14). Les
ministres, qui pouvaient être choisis parmi
les représentants, étaient tenus de fournir
à la chambre tous les éclaircissements
qu'elle jugeait nécessaires (art. 19). Le
gouvernement proposait la loi, mais la
chambre pouvait proposer les amende-
ments (art. 22). La chambre avait a la fa-
culté d'inviter le gouvernement à pro-
poser une loi sur un objet déterminé et de
rédiger ce qu'il lui paraîtrait convenable
d'insérer dans la loi » (art. 24). Toute pro-
position d'impôt, d'emprunt et de levée
d'hommes ne pouvait être faite qu'à la
chambre (art. 36).
Ainsi, l'acte additionnel assurait les li-
bertés parlementaires en reconnaissant à
la chambre des représentants tous les
droits qui manquent aujourd'hui au corps
législatif : le droit d'élire son président, le
droit d'interpellation, le droit d'amende-
ment, le droit d'initiative.
Mais il ne suffit pas que les mandataires
de la nation puissent contrôler les actes
du pouvoir exécutif; ils doivent, au be-
soin, les punir. L'article 39 dit : « Les
» ministres sçnt responsables des actes du
» gouvernement ainsi que de l'exécution
» des lois. » Et l'article 40 .ajoute : « Les
» ministres peuvent être accusés par la
» chambre des représentants et sont jugés
» pas la chambre des pairs. »
La souveraineté de la chambre aura dé-
sormais pour sanction la responsabilité
ministérielle.
't..
Est-ce assez? Non.
'., ,1
•
♦
* *
Après avoir reconnu les droits du par-
lement, il faut que le législateur sauve-
garde les droits du citoyen. Depuis trop
longtemps déjà, l'administration impé-
riale, protégée par une exception légale
qui la soustrait à la justice commune,
peut commettre impunément tous les
abus de pouvoir. Forte dç sa prétendue
inviolabilité, elle peut sans danger atten-
ter aux principes élémentaires de la so-
ciété moderne. Rien n'est sacré pour elle,
ni la liberté individuelle, ni la liberté de la
parole, ni la liberté de penser, ni la li-
berté d'écrire, ni le repos du foyer domes-
tique, ni le secret des correspondances les
plus intimes. Elle peut, sur un soupçon
dont elle n'a pas à rendre compte, arrêter
dans leur domicile les citoyens les plus
honorables ; elle peut, sans forme de pro-
cès, les frapper des peines les plus terri-
bles; elle peut les arracher à leurs fa-
milles, à leurs travaux, à teurs affections;
elle peut les détenir indéfiniment, les exi-
ler, les déporter, les ruiner. Elle peut
soumettre à sa censure irresponsable les
journaux, les livres,-les brochures, tou-
tes les manifestations de l'esprit humain.
Elle peut incriminer les écrits les plus in-
nocents et les œuvres les plus-illustres.
Elle peut mettre au pilon l'Allemagné de
de madame de Staël. Elle peut interdire
1 impression du discours préparé par Cha-
teaubriand pour sa réception à l'Acadé-
mie française. Eh bien, il est temps que
l'acte additionnel mette fin à ce mons-
trueux état de choses. Sire, reprenez la
plume et écrivez sous la dictée de Benja-
min Constant :
« ART. 50.
» L'art. 75 du titre VIII de l'acte cons-,
» titutionnel du 22 frimaire an VIIt; por-
» tant que les agents du gouvernement ne
» peuvent être poursuiyis qu'en vertu
» d'une décision du conseil d'Etat, sera
» modifié par une loi.
» ART. 60.
» Nul ne peut, sous aucun prétexte,
» être distrait des juges qui lui sont as-
» signés par la loi.
» ART. 61.
» Nul ne peut être poursuivi, arrêté,
» détenu, exilé que dans les cas prévus
» par la loi et suivant les formes pres-
» crites.
» ART. 64.
» Tout cifoyen a 4e-droitrd'imprimer-ét
» de. pipWigr ses pensée?, en les signant,
» sans auctpïe censure préalable, sauf la
}) responsabilité légale, après la publiea"
» Mon, .par jugement par jurés; quan'd
jmême'il n'y aurait lieu gu'à l'application
» d'trne péine correctionnelle. »
j - t <
L'acte ; additionnel fut publié par le
Moniteur du 32 avrn 1815, tel que l'avait
conçu Benjamin Constant, avec cette si-
gnature NAPOLÉON.
C'est ainsi que, par la force des choses,
les idées libérales s'imposèrent un jour au
plus puissant triomphateur qui ait jamais
étonné le monde. Eclairé par l'événement,
le vainqueur d'Austerlitz 'finÍt par rendre
hommage aux principes tutélaires qu'il
avait.méconnus et outragés : la liberté de
la presse, la liberté individuelle, la liberté
parlementaire, la souveraineté nationale.
Aujourd'hui, ce souvenir nous rassure
et nous fortifie.
La Révolution française,, qui a su domi-
ner le 18 brumaire, ne se laissera pas in-
définiment dominer par le 2 décembre.
Elle a exigé du premier empire l'acte
additionnel. Peut-elle réclamer moins du
second? *
François-Victor Hugo.
; :.
i L
1
RAPPELS A L'ORDRE
L'événement de la séance a été le cri de
Pelletan, cri "indignation que le vaillant
citoyen n'a pas, lui, excusé ou atténué,
qu'il a, au contraire, répété et amplifié, et
qui lui a mérité deux rappels successifs à
l'ordre.
Il s'agissait l'élection de-M. Noubel,
dans le Lot-et-Garonne. M. Noubel avait
pour adversaire M. Baze, lequel était, com-
me on sait, questeur de l'assemblée, lors
du coup d'Etat du 2 décembre. M. Baze,
défenseur énergique et convaincu du droit
et de la loi, fut d'abord jeté en prison,
puis proscrit, et l'on pouvait penser que
M. Noubel, candidat impérial, n'aimerait
pas à réveiller ces souvenirs. Ah bien
oui ! c'est M. Noubel qui a fait accuser
'par' son père M. Baze ! et de quoi, grand
Dieu? d'avoir conspiré, — oti, conspiré
contre le président de la République 1
Il est vrai que M. Noubel avait contre
M. Baze un témoin, un témoin irréfutable,
l'austère et sincère historien Granier de
Cassagnac. M. Baze n'en traduit pas moins
M. Noubel pêne devant les tribunaux, pour
diffamation et calomnie ; et M. Picard,
pour cette diffamation et cette calomnie,
attaqunit hier devant la chambre l'élection
de M. Noubel fils.
M. Picard l'a fait avec une étonnante"
modération. M. Noubel s'est défendu avec
une passion plus étonnante encore. C'est
alors que Pelletan a bondi et qu'il a jeté ce
cri retentissant, au npm de Ip justice et de
l'histoire, ., -
Ce cri, M. Picard l'avait une fois laissé
échapper; mais M. demorny, qui présidait
ce jour-là, le lui avait repris, et M. Picard
se l'était laissé reprendre.
Pelletan l'a fièrement maintenu, l'a fière-
ment justifié.
Que les temps sont changés! La droite
%e Wdernièteseasion aurait couvert de sej
clameurs la voix accusatrice, les sténogra-
phes auraient pu dire qu'elle s'élait perdue
dans le bruit* le président aurait pu faire
semblant de ne pas l'avoir entendue.
Hier, la majorité a protesté, sans doute,
mais sans conviction, sans ardeur. Pelletan a
pu répéter et commenter sa phrase. M. Jou-
vencel a pu généreusement lui faire écho;
tout cela sera net et précis au propès-ver-
bal. L
La salle du corps législatif-est toujours
la même ; c'est- singulier comme les condi-
tions d'acoustique y sont meilleures;
M. Schneider a flit son office. Il a rap-
pelé Pelletan à l'ordre. Il a ajouté que le
coup d'Etat était « un fait sanctionné par
sept millions, etc. »
Nous sommes obligés de rappeler M.
Schneider au respect de la langue et du
dictionnaire. Sanctionné n'est pas le mot
juste. L'auteur du a fait » lui même s'est
servi du mot absous. Ce terme se rapproche
beauconp plus, il faut en convenir, de l'in-
terprétation de Pellletan. Nous sommes
fâché de faire au président du corps légis-
latif cette querelle de pédant ; nous ne som-
mes qu'unhnmble écrivain, mais nous avons
notre probité littéraire. On ne sanctionne
qu'un acte toutau moins légitime; on n'absout
qu'un acte coupable. Vous ferez peut-être
un jour partie de l'Académie, monsieur
Schneider, comme grand industriel. Ouvrez
le dictionnaire de l'Académie, ouvrez le
dictionnaire ! Vous y verrez, au mot ABSOU-
DRE, toutes sortes d'exemples décisifs, —
ce vers de Racine :
Jamais un criminel ne £ absout de son crime.
Et cette phrase donnée par l'Aedémie
elle-même :
En absolvant cet homme, on n'a pas fait justice.
Que les temps sont changés ! M. Rouher,
au cri de Pelletân, s'est dressé et a voulu
prendre'là parole;'Mais M. Schneider la lui.
a vivement coupée, réclamant seul la di-
rection de la séance. Lui aussi, il a eu sa
revendication.
M. Rouher s'est levé,. furieux, de son
banc et a quitté la salle. :
Ainsi se mêlait, dans¡ cette séance selon
la poétique shakspeariennej la. chasse aux
portefeuilles Fia guerre des idées, la comé-
die à l'histoire,. le petit au grand.
Paul Meurice.
'Ir
La séance d'hier a commencé par un inr
cident assez orageux soulevé par M. Gnyot-
Montpayroux, lequel a répudié la qualifica-
tion de révolutionnaire, dont M. Rouher,
il est vrai, fait abus.
M. Garnier-Pagès, lui, l'a acceptée et re-
vendiquée.
Il faut s'entendre et s'expliquer. La Ré-
volution est-elle accomplie dans tous ses
principes et dans toutes ses conséquences?
Quel croyant à la liberté oserait le soute-
nir? Eh bien! ceux qui veulent contihuer
et achever la Révolution peuvent et doivent
légitimement se dire révolutionnaires.
Dans sa séance d'aujourd'hui, la Cham-
bre doit fixer enfin le jour de sa constitu-
tion définitive.
Le président proposera de fixer à lundi
la nomination des secrétaires. — P. M.
AUTOUR DE LA CHAMBRE
Nous approchons du dénouement.
Hier, dans l'après-midi, le bruit s'est ré-
pandu tout à coup de la démission des mi-
nistres, et d'une lettre de l'empereur, qui
allait être communiquée à la chambre ou
insérée au Journal officiel de ce matin.
Aucune communication n'a été faite, et
le Journal officiel sertait.
«
* * «
Mais il faudra qu'on se prononce lundi.
Pourquoi lundi ?
Parce que c'est lundi que la chambre
sera constituée, et qu'alors il n'y aura plus
à reculer.
La chambre aurait pu être constituée plus
tôt. C'était l'avis qu'exprimait hier un des
signataires de l'interpellation ; mais un au-
tre signataire, et des principaux, lui répon-
dait que le gouvernement avait demandé
jusqu'à lundi.
— Alors, a répliqué le premier, nous
sommes, comme on l'a dit, les députés du
gouvernement et non ceux du pays.
Olt *
En attendant lundi, les signataires ont
clos leur liste. Ils n'admettent plus per-
sonne. Ils fermçnt la porte.
Est-ce pour empêcher d'entrer - ou de
sortir?
* r
* *
Ils sont cent seize. C'est plus de la moitiéi.
de deux cent vingt et un. S'ils faisaient seu-
lement la moitié de ce que les deux cent
vingt et un ont fait ! >
*
* *
Lundi, que se passera-t-il? Vraisembla-
ment ceci :
Aussitôt que la chambre sera- consti
luéea il y aura lecture. — de l'interpel-
lation? - tth I noih- - ------ - -.;"
D'une proposition du gouvernement.
Le journal de M. Duvernois, qui joue le
rôle du « confident » de la tragédie (comi-
que pour l'instant), annonce ainsi la nou-
velle : « L'iiâerpellation ne sera ni acceptée
ni repoussév; elle sera devancée. »
Í *
* #
Quelle sera cette proposition?
Le pouvoir ne le sait pas encore lui-
même. Il y travaille, il cherche, il tâtonne.
Il daigne en causer avec M. Schneider, qui
ne fait plus qu'aller et venir de Paris à
Saint-CIoud. Cette grande question du gou-
vernement du pays par le pays, dont la
place semblait être à la tribune, attend
humblement au palais que le maître soit
prêt.
Et quelqu'un a pu dire hier :
— Nous espérions cette -fois une cham-
bre, et jusqu'ici nous n'avons qu'une anti-
chambre.
*
* *
On négocie. les « amis de l'ordre » peu-
vent être tranquilles, on s'entendra.
Il y a bien encore quelques résistances.
Ainsi, àlade-rnière reception de M. Schnei-
der, un fonctionnaire, ayant dit que tout
cela n'était^ pas bien sérieux, s'est attiré de
la part d'un membre de la majorité cette
réponsej— que c'était lui qui n'était pas sé-
rieux.
Quand M. Rouher a dit que « les forces
vives réunies dans la eh ambreutiraient s'en-
tendre pour diriger le mouvement. »
— Contre vous ! s'est écriée une voix, qui,
selon le Moniteur, a réajiipé d'un mût.toute
la situation. £ .; v :
٭ ٭ ٭
Mais ce ne sont que des mots.
Avant-hier, on se demandait- si le farou-
che centre gauche accepterait l'invitation
pour la soirée impériale. 1 -
Le farouche centre gauche a accepté,
et est allé en masse faire sa cour au gouver-
nement personnel.
Ceux qui vont dans ces endroits disent
que l'empereur était radieux. Il avait donc
douté de l'acceptation du tiers-parti ? Il est
bien bon.
L'empereur a eu l'amabilité de ne pas
étaler ses ministres. Il n'en a montré que
.'trois; 'M. de Porcard^'tar-ftqqaette, M. Gres-
sier et M. Baroche. Il a gracieusement dis-
simulé son Rouher.
Les mieux reçus par l'empereur et par
l'impératrice ont été ceux des députés qui
ont été les plus ardents pour l'interpella-
tion. On a remarqué la cordialité avec la-
quelle l'empereur a serré la main de MM.
Segris, Buffet, Brame, Louvet, etc.
*
* *
L'empereur a causé longuement avec
M. Clément Duvernois.
0 monsieur Duvernois ! qui aurait osé
vous prophétiser cette « gloire » quand
vous compromettiez l'existence de la
Presse par la violence de votre hostilité à
l'empire ?
*
* *
M. Buffet aurait sollicité de l'empereur
l'élection des maires par les conseils muni-
cipaux et celle du président du corps lé-
gislatif par le corps législatif.
L'empereur aurait répondu que, s'il se
remettàit aux voix, il aurait encore six mil-
lions de suffrages.
*
* *
Hier matin, six heures de conseil des
ministres!
La séance a duré de neuf heures du ma-
tin jusqu'à trois heures de l'après-midi.
Il y avait non-seulement tous les minis-
tres, mais aussi "les membres du conseil
privé,
C'est à la suite de ce conseil que s'était
répandu te bruit de la démission du minis-
tère.
*
« *
La proposition que le gouvernement dé-
posera lundi serait quelque chose comme
ceci :
Le projet du Mirai, augmenté de la res-
ponsabilité, non pas collective, mais indivi-
duelle, des ministres.-
Il y a des gens qui doutent que le centre
gauche se contente de si peu.
Ce n'est pas nous.
*
* *
Quant au changement de personnes, MM.
de Talhouet et Buffet ayant eu l'impru-
dence de dire à tout le monde qu'ils n'ac-
cepteraient pas de portefeuilles, on leur
en offrirait.
Refuseraient-ils tant que cela? On a vu, à
la séaaoe d'hier, M. Buffet venir au bane
des ministres et causer bien intimement
avec M. Rouher.
*
Ife *
rtIIT
Donc, à lundi.
Mais dès à présent, que les âmes sensi-
bles se rassurent, — on peut considérer
l'affaire comme arrangée.
Les concessions, seront réciproques. Le
tiers parti retirera son interpellation, et le
gouvernement personnel' retirera sa lettre
à M. de Mackau, son discours de Châlons.
et le speach d'ouverture de M. Bouher.
Le tiers parti déclarera que 1« r^dfiction du
gouvernement lui donne pleine et entière
satisfaction, et il n'y aura plus guère de non
satisfait — que le pays. A
Le secrétaire de la rédaction
Albert Baume.
vs< •' l
Id.. f -.
LA GAUCHE
Depuis la réunion du corps législatif, il
s'est produit un phénomène assez singulier
et tout à fait inattendu pour la masse du
publie.
Ce phénomène, c'est l'accès de fièvre
chaude-dont les membres du tiers-parti se
sont trouvés si brusquement atteints.
Les journaux sont remplis des faits et
gestes de ces libéraux dynastiques pour
qui le grand problème; eir 1869, se réduit
à ces termes : -
Changement des ministres ;
Responsabilité' ministérielle.
A cette double revendication s'ajoutent
quelques menues réformes d'importance
secondaire, dont la tendance bien visible :
est d'augmenter la part d'influence et d'm-
dépendance du parlement.
Ce serait presque le cas de s'écrier : —
Beaucoup de bruit pour rien! — si nous ne
vivions pas sous l'empire d'une constitution
telle que tout changement qnelcOngUe est
nécessairement un progrès.
De quelque façon que le pouvoir pèrson^
nel se lézarde, — c'est tant fErièub^ c J
La lézarde deviendra bfê-chej fit-nâi' la
brèche la liberté pénétrera daîls la forte-
resse. -
,Néanmoins le tiers-partî, le centre-
-giche, si l'on préfère, — porté Vatàqûe v
sur un terraih où nous comprenons ïfue la
n -
gauche, l'opposition sérieuse et irréconci-
liable, ne veuille pas planter son drapeauj
Ce n'est pas affaire à elle de renverser
M. Rouher pour mettre à sa place M. Emile
Ollivier.
La démocratie l'a chargée d'une autre
mission, — plus haute, qu'elle ne doit ou..
blier, ni abdiquer en aucun cas.
Elle représente un principe, un seul, —
la souveraineté populaire.
- Qu'elle fasse donc la grande guerre, et
surtout qu'elle ne se laisse pas entraîner
sur la pente commode et dangereuse de
la tactique parlementaire.
Qu'irait-elle faire dans cette galère?
L'opposition démocratique peut-elle son-
ger à entrer dans le gouvernement?
Non !
Peut-elle espérer conquérir le pouvoir;
ou l'ombre du pouvoir?
Non!
D'abord, elle n'a pas, au corps législatif,
la force numérique qui seule justifierait un
semblable espoir.
Ensuite, elle représente un ensemble de
revendications et d'exigences telles que, le
jour où elle triompherait, ce n'est pa$la
porte des ministères qu'il faudrait^ lui
ouvrir. - „ I -
Les députés de la démocratie lie peuvent
donc avoir aucune ambition personnelle
actuelle. Ils sont et ils doivent rester pure-
ment et simplement les avocats de la liber-
té vaincue, la protestation énergique, com-
plète, absolue, sans compromis, coijame
sans ménagements vains, de la souveraine-
té nationale contre le pouvoir personnel.
Dans ces conditions, leur rôle est tout
tracé ; c'est le rôle du volontaire héroïque
qui, debout sur la brèche, sans s'inquiéter
des manœuvres savantes de l'armée régu-
lière, plante le drapeau au haut du rempart
ennemi, et montre aux hommes de cœur le
chemin de la victoire.
Leur principale préoccupation ne doit
donc pas être de savoir dans quelle mesure
ils appuieront les marches et contre-mar-^
ches plus ou moins habiles du tiers-parti.
A côté de cette œuvre, qui n'est point à
combattre, et qu'ils faciliteront d'autant
plus qu'ils s'y mêleront moins, ils ont une
œuvre parallèle à entreprendre.
A côté de ceux qui réclament la respon-
sabilité ministérielle ou le rétablissement
de l'adresse, ils ont à réclamer le droit d'ini-
tiative des lois par le corps législatif.
Pendant que d'autres creusent des mines
sous le banc des ministres, ils ont à deman-
der ce qu'est devenue la liberté individuelle
en France.
Pendant que les hommes de l'opposition
constitutionnelle discutent pour savoir s'il,
accepteront eu repousseront la signature de
M. Clément Duvernois, ils ont à décider
qaand et comment ils jetteront le gant à la
dictature sous toutes ses formes.
Lorsqu'on représente le droit, - il na
faut pas être habile.
Lorsqu'on représente l'avenir, - il ne
faut pas trop sacrifier aux considérations de
l'heure présente.
Nous aurions voté pour M. Emile DIli.
vier, si nous n'avions voulu qu'une opposi-
tion parlementaire, à la manière anglaise.
Nouions voulu autre chose et plus
Le numéro : Il G. -- Départements : 10 o.
RÉDACTION
S'adresser au secrétaire de la rédaction
M. ALBERT BAUME
De 3 à S h. du soir
10, rue. du Faubourg-Montmartre, 10.
Les manuscrits non insérés ne sont pas ri
- ABsrwossreEs
MM CH. LAGRANGE, CERF et
6, place de la Bourse, 6.
n¡d14s/ .::-- _j
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JPj ÂIhIIiA JL «Il M JLl
- 1
ADSfINISTRATT 03
MM. PAMIS ET CHAIH-
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r-, ABONNEMENTS
PARIS
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Trois mois. 13 50
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tuitement à tout ce qui a paru du feuille-
ton en cours de publication : L'HOMME
QUi RIT, formant la valeur de quatre
volumes coûtant 30 fr. en librairie.
L'AÇTE ADDITIONNEL
Le coup a porté.
Devant l'éclatant scrutin du 24 mai et
du 7 juin, le gouvernement personnel a
paru tout d'abord impassible. La lettre à
M. de Mackau, la plaque à M. David, l'al-
10cwiiln toute jnilitaire de Châlon^, sem-
blaient attester, un inébranlable parti-pris
de maintenir le statu quo.
Mais ce n'étaient là que des apparences.
Le désarroi qui se manifeste aujourd'hui
parmi les hommes, les plus dévoués aux
institutions impérialès" la dislocation de
,
cette ancienne majorité qui, jusqu'ici, a
obéi aveuglément à tous les caprices de la
dictature, indiquent suffisamment com-
bien est profond le trouble apporté dans
les conseils de l'empire par le réveil de
l'opinion publiqué.'
Le pouvoir actuel, qui se regarde comme
l'expression de là souveraineté nationale,
est obligé de tenir compte des moindres
manifestations de la volonté populaire.
Or, cette fois, la manifestation a été déci-
sive.-Le peuple a dit assez haut ce qu'il re-
vendiquait.
Les électeurs ont crié : En avant! La
Chambre a entendu et s'est mise en mar-
che. Quand on parviendrait à l'intimider
et quand le gouvernement ferait reculer
la majorité, U n'y gagnerait rien ; derrière
elle, il trouverait le peuple '.-
*
* *
Un mouvement en arrière étant impos-
sible, le statu quo étant également impos-
sible, les amis les plus intelligents du
pouvoir ont reconnu qu'il était nécessaire
d'avancer, De Rtftt formation d'un centre
gauche avec les décris de cette ancienne
majorité qui a pprouvé l'expédition du
Mexique et sariçfionné la loi de sûreté gé-
nérale. Ces meneurs se sont mis conscien-
cieusement à l'œuvre pour transformer
l'édifice constitutionnel élevé en 1852.
La tâché n'est pas facile, il faut en con-
venir. Tout s'enchaîne et tout se tient
dans ce chef-d'œuvre de l'absolutisme.
L'omnipotence a sa logique,. On n'est pas
César à demi.
Ce n'est pas sans raison que le législa-
teur de 1852 a complété l'assujettissement
de la nation par l'assujettissement du corps
législatif. Se figure-1 os un peuple qui a
cessé d'être libre représenté par une assem-
blée souveraine? La suppression des fran-
chises parlementaires était la conséquence ,
rigoureuse de la confiscation de toutes les
autres libertés.
Par le même enchaînement, toutes les
autres libertés devraient suivre les fran-
, èhises parlementaires. Ces messieurs du
centre gauche réclament aujourd'hui pour
le corps législatif le droit de nommer son
bureau, le droit d'initiative, le droit d'a-
mendement, le droit de motiver les ordres
du jour ; ils veulent que les ministres de-
viennent responsables et que les députés
puissent être ministres. Ils veulent que la
chambre française, à l'image du parlement
anglais, ait la haute main sur la direction
des affaires publiques. Soit 1 Mais s'imagi-
nent-ils que les réformes peuvent et doi-
vent s'arrêter là? Croient-ils que le der-
nier mot du progrès sera dit parce qu'un
vote de la chambre aura substitué M. Ol-
livier à M. Rouher, et M. Buffet à M. de
Forcade ?
J'espère, pour leur sagacité, qu'ils ne se
font pas cette illusion.
Que1 nous importe le changement des
hommes, si les institutions demeurent 1
Que nous importe le va-et-vient des porte-
feuilles, si l'exercice de nos droits civils et
politiques reste à la merci de l'arbitraire
ministériel ; si la liberté individuelle est
toujours menacée par la loi de sûreîé gé-
nérale, la liberté de la parole par la loi con-
tre les réunions, la liberté de la pensée
par la loi contre la presse ! Qu'importe que
le pouvoir législatif soit libre, si la France
ne l'est pas ? - •
Ces messieurs du centre gauche récla-
ment l'autonomie du parlement. Sont-ils 1
prêts à revendiquer la souveraineté de la
natron' ", -
*
* *
Au mois de mars 1815, lorsque Napo-
léon It revint de l'île d'Elbe à Paris, après
avoir, suivant sa belle parole, entendu,
comme dans un tombeau, la voix de la
postérité, lorsqu'éclairé par les revers; il
comprit la faute immense qu'il avait com-
mise en substituant sa volonté à la volonté
nationale, lorsqu'il prétendit prouver à la
France qu'il n'agirait 'plus désormais
que d'accord avec elle, -que fit-il ? Il ap-
pela son ennemi le plusdéclaré, un jour-
naliste qui, la veille même, dans un arti-
cle Lmeux; l'avait désigné à l'exécration
publique, et, lui, l'empereur, il demanda
à ce journaliste de lui dicter les -vœux du
pays. Benjamin Constant répondit à Na-
poléon : Sire, écrivez. ;,
Et Napoléon prit une plume, et il écri-
vit l'acte ddditionnel.
*
* *
Le préambule de l'acte additionnel était
le mea culpa du gouvernement person-
nel. Napoléon désavouait hautement cette
politique guerrière et despotique qui n'a-
vait abouti qu'à l'amoindrissement du
pays. Il déclarait qu'il désirait vivre en
paix avec l'Europe pour s'occuper unique-
ment « d'accroître la prospérité de la
France par l'affermissement de la liberté
publique. » La nouvelle constitution , qui
devait être soumise « à l'acceptation libre
et solennelle de tous les Français, » auréltt
pour objet suprême « d'entourer les droits
» des citoyens de toutes les garanties, de
» donner au système représentatif toute,
» son extension et de combiner le plus:-
» haut point de liberté politique et de
» souveraineté individuelle avec la -force
» et la centralisation nécessaires pour
» faire respecter par l'étranger l'indépen-
» dance du peuple. » Napoléon cessait d'ê-
tre le chef responsable de letat : la Fran-
ce ne serait plus désormais régie que par
des lois qu'aurait discutées et votées uner
assemblée nationale.
La chambre des représentants, élus
par les colléges tous les cinq ans, devait
nommer elle-même son président (art. 9).
Ses membres, déclarés inviolables, ne
pouvaient être arrêtés qu'en vertu d'une
autorisation de la chambre (art. 14). Les
ministres, qui pouvaient être choisis parmi
les représentants, étaient tenus de fournir
à la chambre tous les éclaircissements
qu'elle jugeait nécessaires (art. 19). Le
gouvernement proposait la loi, mais la
chambre pouvait proposer les amende-
ments (art. 22). La chambre avait a la fa-
culté d'inviter le gouvernement à pro-
poser une loi sur un objet déterminé et de
rédiger ce qu'il lui paraîtrait convenable
d'insérer dans la loi » (art. 24). Toute pro-
position d'impôt, d'emprunt et de levée
d'hommes ne pouvait être faite qu'à la
chambre (art. 36).
Ainsi, l'acte additionnel assurait les li-
bertés parlementaires en reconnaissant à
la chambre des représentants tous les
droits qui manquent aujourd'hui au corps
législatif : le droit d'élire son président, le
droit d'interpellation, le droit d'amende-
ment, le droit d'initiative.
Mais il ne suffit pas que les mandataires
de la nation puissent contrôler les actes
du pouvoir exécutif; ils doivent, au be-
soin, les punir. L'article 39 dit : « Les
» ministres sçnt responsables des actes du
» gouvernement ainsi que de l'exécution
» des lois. » Et l'article 40 .ajoute : « Les
» ministres peuvent être accusés par la
» chambre des représentants et sont jugés
» pas la chambre des pairs. »
La souveraineté de la chambre aura dé-
sormais pour sanction la responsabilité
ministérielle.
't..
Est-ce assez? Non.
'., ,1
•
♦
* *
Après avoir reconnu les droits du par-
lement, il faut que le législateur sauve-
garde les droits du citoyen. Depuis trop
longtemps déjà, l'administration impé-
riale, protégée par une exception légale
qui la soustrait à la justice commune,
peut commettre impunément tous les
abus de pouvoir. Forte dç sa prétendue
inviolabilité, elle peut sans danger atten-
ter aux principes élémentaires de la so-
ciété moderne. Rien n'est sacré pour elle,
ni la liberté individuelle, ni la liberté de la
parole, ni la liberté de penser, ni la li-
berté d'écrire, ni le repos du foyer domes-
tique, ni le secret des correspondances les
plus intimes. Elle peut, sur un soupçon
dont elle n'a pas à rendre compte, arrêter
dans leur domicile les citoyens les plus
honorables ; elle peut, sans forme de pro-
cès, les frapper des peines les plus terri-
bles; elle peut les arracher à leurs fa-
milles, à leurs travaux, à teurs affections;
elle peut les détenir indéfiniment, les exi-
ler, les déporter, les ruiner. Elle peut
soumettre à sa censure irresponsable les
journaux, les livres,-les brochures, tou-
tes les manifestations de l'esprit humain.
Elle peut incriminer les écrits les plus in-
nocents et les œuvres les plus-illustres.
Elle peut mettre au pilon l'Allemagné de
de madame de Staël. Elle peut interdire
1 impression du discours préparé par Cha-
teaubriand pour sa réception à l'Acadé-
mie française. Eh bien, il est temps que
l'acte additionnel mette fin à ce mons-
trueux état de choses. Sire, reprenez la
plume et écrivez sous la dictée de Benja-
min Constant :
« ART. 50.
» L'art. 75 du titre VIII de l'acte cons-,
» titutionnel du 22 frimaire an VIIt; por-
» tant que les agents du gouvernement ne
» peuvent être poursuiyis qu'en vertu
» d'une décision du conseil d'Etat, sera
» modifié par une loi.
» ART. 60.
» Nul ne peut, sous aucun prétexte,
» être distrait des juges qui lui sont as-
» signés par la loi.
» ART. 61.
» Nul ne peut être poursuivi, arrêté,
» détenu, exilé que dans les cas prévus
» par la loi et suivant les formes pres-
» crites.
» ART. 64.
» Tout cifoyen a 4e-droitrd'imprimer-ét
» de. pipWigr ses pensée?, en les signant,
» sans auctpïe censure préalable, sauf la
}) responsabilité légale, après la publiea"
» Mon, .par jugement par jurés; quan'd
jmême'il n'y aurait lieu gu'à l'application
» d'trne péine correctionnelle. »
j - t <
L'acte ; additionnel fut publié par le
Moniteur du 32 avrn 1815, tel que l'avait
conçu Benjamin Constant, avec cette si-
gnature NAPOLÉON.
C'est ainsi que, par la force des choses,
les idées libérales s'imposèrent un jour au
plus puissant triomphateur qui ait jamais
étonné le monde. Eclairé par l'événement,
le vainqueur d'Austerlitz 'finÍt par rendre
hommage aux principes tutélaires qu'il
avait.méconnus et outragés : la liberté de
la presse, la liberté individuelle, la liberté
parlementaire, la souveraineté nationale.
Aujourd'hui, ce souvenir nous rassure
et nous fortifie.
La Révolution française,, qui a su domi-
ner le 18 brumaire, ne se laissera pas in-
définiment dominer par le 2 décembre.
Elle a exigé du premier empire l'acte
additionnel. Peut-elle réclamer moins du
second? *
François-Victor Hugo.
; :.
i L
1
RAPPELS A L'ORDRE
L'événement de la séance a été le cri de
Pelletan, cri "indignation que le vaillant
citoyen n'a pas, lui, excusé ou atténué,
qu'il a, au contraire, répété et amplifié, et
qui lui a mérité deux rappels successifs à
l'ordre.
Il s'agissait l'élection de-M. Noubel,
dans le Lot-et-Garonne. M. Noubel avait
pour adversaire M. Baze, lequel était, com-
me on sait, questeur de l'assemblée, lors
du coup d'Etat du 2 décembre. M. Baze,
défenseur énergique et convaincu du droit
et de la loi, fut d'abord jeté en prison,
puis proscrit, et l'on pouvait penser que
M. Noubel, candidat impérial, n'aimerait
pas à réveiller ces souvenirs. Ah bien
oui ! c'est M. Noubel qui a fait accuser
'par' son père M. Baze ! et de quoi, grand
Dieu? d'avoir conspiré, — oti, conspiré
contre le président de la République 1
Il est vrai que M. Noubel avait contre
M. Baze un témoin, un témoin irréfutable,
l'austère et sincère historien Granier de
Cassagnac. M. Baze n'en traduit pas moins
M. Noubel pêne devant les tribunaux, pour
diffamation et calomnie ; et M. Picard,
pour cette diffamation et cette calomnie,
attaqunit hier devant la chambre l'élection
de M. Noubel fils.
M. Picard l'a fait avec une étonnante"
modération. M. Noubel s'est défendu avec
une passion plus étonnante encore. C'est
alors que Pelletan a bondi et qu'il a jeté ce
cri retentissant, au npm de Ip justice et de
l'histoire, ., -
Ce cri, M. Picard l'avait une fois laissé
échapper; mais M. demorny, qui présidait
ce jour-là, le lui avait repris, et M. Picard
se l'était laissé reprendre.
Pelletan l'a fièrement maintenu, l'a fière-
ment justifié.
Que les temps sont changés! La droite
%e Wdernièteseasion aurait couvert de sej
clameurs la voix accusatrice, les sténogra-
phes auraient pu dire qu'elle s'élait perdue
dans le bruit* le président aurait pu faire
semblant de ne pas l'avoir entendue.
Hier, la majorité a protesté, sans doute,
mais sans conviction, sans ardeur. Pelletan a
pu répéter et commenter sa phrase. M. Jou-
vencel a pu généreusement lui faire écho;
tout cela sera net et précis au propès-ver-
bal. L
La salle du corps législatif-est toujours
la même ; c'est- singulier comme les condi-
tions d'acoustique y sont meilleures;
M. Schneider a flit son office. Il a rap-
pelé Pelletan à l'ordre. Il a ajouté que le
coup d'Etat était « un fait sanctionné par
sept millions, etc. »
Nous sommes obligés de rappeler M.
Schneider au respect de la langue et du
dictionnaire. Sanctionné n'est pas le mot
juste. L'auteur du a fait » lui même s'est
servi du mot absous. Ce terme se rapproche
beauconp plus, il faut en convenir, de l'in-
terprétation de Pellletan. Nous sommes
fâché de faire au président du corps légis-
latif cette querelle de pédant ; nous ne som-
mes qu'unhnmble écrivain, mais nous avons
notre probité littéraire. On ne sanctionne
qu'un acte toutau moins légitime; on n'absout
qu'un acte coupable. Vous ferez peut-être
un jour partie de l'Académie, monsieur
Schneider, comme grand industriel. Ouvrez
le dictionnaire de l'Académie, ouvrez le
dictionnaire ! Vous y verrez, au mot ABSOU-
DRE, toutes sortes d'exemples décisifs, —
ce vers de Racine :
Jamais un criminel ne £ absout de son crime.
Et cette phrase donnée par l'Aedémie
elle-même :
En absolvant cet homme, on n'a pas fait justice.
Que les temps sont changés ! M. Rouher,
au cri de Pelletân, s'est dressé et a voulu
prendre'là parole;'Mais M. Schneider la lui.
a vivement coupée, réclamant seul la di-
rection de la séance. Lui aussi, il a eu sa
revendication.
M. Rouher s'est levé,. furieux, de son
banc et a quitté la salle. :
Ainsi se mêlait, dans¡ cette séance selon
la poétique shakspeariennej la. chasse aux
portefeuilles Fia guerre des idées, la comé-
die à l'histoire,. le petit au grand.
Paul Meurice.
'Ir
La séance d'hier a commencé par un inr
cident assez orageux soulevé par M. Gnyot-
Montpayroux, lequel a répudié la qualifica-
tion de révolutionnaire, dont M. Rouher,
il est vrai, fait abus.
M. Garnier-Pagès, lui, l'a acceptée et re-
vendiquée.
Il faut s'entendre et s'expliquer. La Ré-
volution est-elle accomplie dans tous ses
principes et dans toutes ses conséquences?
Quel croyant à la liberté oserait le soute-
nir? Eh bien! ceux qui veulent contihuer
et achever la Révolution peuvent et doivent
légitimement se dire révolutionnaires.
Dans sa séance d'aujourd'hui, la Cham-
bre doit fixer enfin le jour de sa constitu-
tion définitive.
Le président proposera de fixer à lundi
la nomination des secrétaires. — P. M.
AUTOUR DE LA CHAMBRE
Nous approchons du dénouement.
Hier, dans l'après-midi, le bruit s'est ré-
pandu tout à coup de la démission des mi-
nistres, et d'une lettre de l'empereur, qui
allait être communiquée à la chambre ou
insérée au Journal officiel de ce matin.
Aucune communication n'a été faite, et
le Journal officiel sertait.
«
* * «
Mais il faudra qu'on se prononce lundi.
Pourquoi lundi ?
Parce que c'est lundi que la chambre
sera constituée, et qu'alors il n'y aura plus
à reculer.
La chambre aurait pu être constituée plus
tôt. C'était l'avis qu'exprimait hier un des
signataires de l'interpellation ; mais un au-
tre signataire, et des principaux, lui répon-
dait que le gouvernement avait demandé
jusqu'à lundi.
— Alors, a répliqué le premier, nous
sommes, comme on l'a dit, les députés du
gouvernement et non ceux du pays.
Olt *
En attendant lundi, les signataires ont
clos leur liste. Ils n'admettent plus per-
sonne. Ils fermçnt la porte.
Est-ce pour empêcher d'entrer - ou de
sortir?
* r
* *
Ils sont cent seize. C'est plus de la moitiéi.
de deux cent vingt et un. S'ils faisaient seu-
lement la moitié de ce que les deux cent
vingt et un ont fait ! >
*
* *
Lundi, que se passera-t-il? Vraisembla-
ment ceci :
Aussitôt que la chambre sera- consti
luéea il y aura lecture. — de l'interpel-
lation? - tth I noih- - ------ - -.;"
D'une proposition du gouvernement.
Le journal de M. Duvernois, qui joue le
rôle du « confident » de la tragédie (comi-
que pour l'instant), annonce ainsi la nou-
velle : « L'iiâerpellation ne sera ni acceptée
ni repoussév; elle sera devancée. »
Í *
* #
Quelle sera cette proposition?
Le pouvoir ne le sait pas encore lui-
même. Il y travaille, il cherche, il tâtonne.
Il daigne en causer avec M. Schneider, qui
ne fait plus qu'aller et venir de Paris à
Saint-CIoud. Cette grande question du gou-
vernement du pays par le pays, dont la
place semblait être à la tribune, attend
humblement au palais que le maître soit
prêt.
Et quelqu'un a pu dire hier :
— Nous espérions cette -fois une cham-
bre, et jusqu'ici nous n'avons qu'une anti-
chambre.
*
* *
On négocie. les « amis de l'ordre » peu-
vent être tranquilles, on s'entendra.
Il y a bien encore quelques résistances.
Ainsi, àlade-rnière reception de M. Schnei-
der, un fonctionnaire, ayant dit que tout
cela n'était^ pas bien sérieux, s'est attiré de
la part d'un membre de la majorité cette
réponsej— que c'était lui qui n'était pas sé-
rieux.
Quand M. Rouher a dit que « les forces
vives réunies dans la eh ambreutiraient s'en-
tendre pour diriger le mouvement. »
— Contre vous ! s'est écriée une voix, qui,
selon le Moniteur, a réajiipé d'un mût.toute
la situation. £ .; v :
٭ ٭ ٭
Mais ce ne sont que des mots.
Avant-hier, on se demandait- si le farou-
che centre gauche accepterait l'invitation
pour la soirée impériale. 1 -
Le farouche centre gauche a accepté,
et est allé en masse faire sa cour au gouver-
nement personnel.
Ceux qui vont dans ces endroits disent
que l'empereur était radieux. Il avait donc
douté de l'acceptation du tiers-parti ? Il est
bien bon.
L'empereur a eu l'amabilité de ne pas
étaler ses ministres. Il n'en a montré que
.'trois; 'M. de Porcard^'tar-ftqqaette, M. Gres-
sier et M. Baroche. Il a gracieusement dis-
simulé son Rouher.
Les mieux reçus par l'empereur et par
l'impératrice ont été ceux des députés qui
ont été les plus ardents pour l'interpella-
tion. On a remarqué la cordialité avec la-
quelle l'empereur a serré la main de MM.
Segris, Buffet, Brame, Louvet, etc.
*
* *
L'empereur a causé longuement avec
M. Clément Duvernois.
0 monsieur Duvernois ! qui aurait osé
vous prophétiser cette « gloire » quand
vous compromettiez l'existence de la
Presse par la violence de votre hostilité à
l'empire ?
*
* *
M. Buffet aurait sollicité de l'empereur
l'élection des maires par les conseils muni-
cipaux et celle du président du corps lé-
gislatif par le corps législatif.
L'empereur aurait répondu que, s'il se
remettàit aux voix, il aurait encore six mil-
lions de suffrages.
*
* *
Hier matin, six heures de conseil des
ministres!
La séance a duré de neuf heures du ma-
tin jusqu'à trois heures de l'après-midi.
Il y avait non-seulement tous les minis-
tres, mais aussi "les membres du conseil
privé,
C'est à la suite de ce conseil que s'était
répandu te bruit de la démission du minis-
tère.
*
« *
La proposition que le gouvernement dé-
posera lundi serait quelque chose comme
ceci :
Le projet du Mirai, augmenté de la res-
ponsabilité, non pas collective, mais indivi-
duelle, des ministres.-
Il y a des gens qui doutent que le centre
gauche se contente de si peu.
Ce n'est pas nous.
*
* *
Quant au changement de personnes, MM.
de Talhouet et Buffet ayant eu l'impru-
dence de dire à tout le monde qu'ils n'ac-
cepteraient pas de portefeuilles, on leur
en offrirait.
Refuseraient-ils tant que cela? On a vu, à
la séaaoe d'hier, M. Buffet venir au bane
des ministres et causer bien intimement
avec M. Rouher.
*
Ife *
rtIIT
Donc, à lundi.
Mais dès à présent, que les âmes sensi-
bles se rassurent, — on peut considérer
l'affaire comme arrangée.
Les concessions, seront réciproques. Le
tiers parti retirera son interpellation, et le
gouvernement personnel' retirera sa lettre
à M. de Mackau, son discours de Châlons.
et le speach d'ouverture de M. Bouher.
Le tiers parti déclarera que 1« r^dfiction du
gouvernement lui donne pleine et entière
satisfaction, et il n'y aura plus guère de non
satisfait — que le pays. A
Le secrétaire de la rédaction
Albert Baume.
vs< •' l
Id.. f -.
LA GAUCHE
Depuis la réunion du corps législatif, il
s'est produit un phénomène assez singulier
et tout à fait inattendu pour la masse du
publie.
Ce phénomène, c'est l'accès de fièvre
chaude-dont les membres du tiers-parti se
sont trouvés si brusquement atteints.
Les journaux sont remplis des faits et
gestes de ces libéraux dynastiques pour
qui le grand problème; eir 1869, se réduit
à ces termes : -
Changement des ministres ;
Responsabilité' ministérielle.
A cette double revendication s'ajoutent
quelques menues réformes d'importance
secondaire, dont la tendance bien visible :
est d'augmenter la part d'influence et d'm-
dépendance du parlement.
Ce serait presque le cas de s'écrier : —
Beaucoup de bruit pour rien! — si nous ne
vivions pas sous l'empire d'une constitution
telle que tout changement qnelcOngUe est
nécessairement un progrès.
De quelque façon que le pouvoir pèrson^
nel se lézarde, — c'est tant fErièub^ c J
La lézarde deviendra bfê-chej fit-nâi' la
brèche la liberté pénétrera daîls la forte-
resse. -
,Néanmoins le tiers-partî, le centre-
-giche, si l'on préfère, — porté Vatàqûe v
sur un terraih où nous comprenons ïfue la
n -
gauche, l'opposition sérieuse et irréconci-
liable, ne veuille pas planter son drapeauj
Ce n'est pas affaire à elle de renverser
M. Rouher pour mettre à sa place M. Emile
Ollivier.
La démocratie l'a chargée d'une autre
mission, — plus haute, qu'elle ne doit ou..
blier, ni abdiquer en aucun cas.
Elle représente un principe, un seul, —
la souveraineté populaire.
- Qu'elle fasse donc la grande guerre, et
surtout qu'elle ne se laisse pas entraîner
sur la pente commode et dangereuse de
la tactique parlementaire.
Qu'irait-elle faire dans cette galère?
L'opposition démocratique peut-elle son-
ger à entrer dans le gouvernement?
Non !
Peut-elle espérer conquérir le pouvoir;
ou l'ombre du pouvoir?
Non!
D'abord, elle n'a pas, au corps législatif,
la force numérique qui seule justifierait un
semblable espoir.
Ensuite, elle représente un ensemble de
revendications et d'exigences telles que, le
jour où elle triompherait, ce n'est pa$la
porte des ministères qu'il faudrait^ lui
ouvrir. - „ I -
Les députés de la démocratie lie peuvent
donc avoir aucune ambition personnelle
actuelle. Ils sont et ils doivent rester pure-
ment et simplement les avocats de la liber-
té vaincue, la protestation énergique, com-
plète, absolue, sans compromis, coijame
sans ménagements vains, de la souveraine-
té nationale contre le pouvoir personnel.
Dans ces conditions, leur rôle est tout
tracé ; c'est le rôle du volontaire héroïque
qui, debout sur la brèche, sans s'inquiéter
des manœuvres savantes de l'armée régu-
lière, plante le drapeau au haut du rempart
ennemi, et montre aux hommes de cœur le
chemin de la victoire.
Leur principale préoccupation ne doit
donc pas être de savoir dans quelle mesure
ils appuieront les marches et contre-mar-^
ches plus ou moins habiles du tiers-parti.
A côté de cette œuvre, qui n'est point à
combattre, et qu'ils faciliteront d'autant
plus qu'ils s'y mêleront moins, ils ont une
œuvre parallèle à entreprendre.
A côté de ceux qui réclament la respon-
sabilité ministérielle ou le rétablissement
de l'adresse, ils ont à réclamer le droit d'ini-
tiative des lois par le corps législatif.
Pendant que d'autres creusent des mines
sous le banc des ministres, ils ont à deman-
der ce qu'est devenue la liberté individuelle
en France.
Pendant que les hommes de l'opposition
constitutionnelle discutent pour savoir s'il,
accepteront eu repousseront la signature de
M. Clément Duvernois, ils ont à décider
qaand et comment ils jetteront le gant à la
dictature sous toutes ses formes.
Lorsqu'on représente le droit, - il na
faut pas être habile.
Lorsqu'on représente l'avenir, - il ne
faut pas trop sacrifier aux considérations de
l'heure présente.
Nous aurions voté pour M. Emile DIli.
vier, si nous n'avions voulu qu'une opposi-
tion parlementaire, à la manière anglaise.
Nouions voulu autre chose et plus
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