Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-07-07
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 juillet 1869 07 juillet 1869
Description : 1869/07/07 (N50). 1869/07/07 (N50).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7529768z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
N' 50. — Mercredi 7 Juillet 1869. Le nnméro : 15 o. — Départements : 20 o.
RÉDACTION
S'adresser au secrétaire de la rédaction
la ALBERT BAUME
De 3 à 5 h. du soir
10, rue du Faubourg-Montmartre, fO. Les manuscrits non insérés ne sont pas tendus.
AWNOBïC®* t
MM CH. LAG RANGE, CERF et ce,'
6, place de la Bourse, 6.
ik
ADMILFLSTEATIOW
MIN. PAN 11 ET ORAIH
ABONNEMENTS
PARIS
Un mois » 4 50
Trois mois. 13 50
DÉPARTE» BTT1
Un mois t.y
Trois mois.
- m$
BUREAUX 12
13, rue du Faubourg-Montmarti&
Le public et les libraires se plaignent
de n'avoir pas toujours les numéros dU
Rappel d'assez bonne heure et en nombre
âssf 2 abondant.
Nous devions avant tout reparaître$
même avec tin outillage incomplet et aës
moyens insuffisants. Pressés par le temps,
nous n'avons pu nous procurer que deus
machines lirant ensemble 9,000 exem-
plaires par heure, quand les besoins de
notre vente en nécessiteraient trois tirant
15.000.
Nous redoublons d'efforts pour complé-
ter le plus rapidement possible notre ma-
tériel, caractères et pi esses. Jusqu'à ce
que notre inflation provisoire soit de-
venue définitive, nous prions lé publie, et
nos intermédiaires auprès du pubiic, les
libraires, de vouloir nous aider encore
d'un peu de patience et de bienvei/lanee.
Albert Barbieux.
A QUI L'INTERPELLATION?
En une semaine, la chambre, qui a eu
tout au plus le temps de se constituer, a
fait bien de l'ouvrage ; les événements,
sans qu'aucun fa t extérieur se soit pro-
duit, ont fait bien du chemin.
Comme on est loto de la déclaration de
M. Rouher ajournant à six mois l'expres-
sion des vœux du pays t
La gauche a eu fort peu à agir. Il y a eu
une belle improvisation de M. Jules Simon,
M. Gambetta a prêté serment avec un cer-
tain accent et un certain geste, M. Bancal
n'a pas prononcé une parole, M. Jules
Favre n'est arrivé que samedi. La gauche
e-t, voilà tout. Elle représente la presque
totalité des électeurs de Paris et les popu-
lations intelligentes des grandes villesj
e le est, dls-jp, et c'est assez ; autour
d'elle et de son silence, le tiers-parti s'a-
gite, la majorité se disloque, le ministère
se dissout, les conditions atmosphériques
de la chambre sont changées.
*
* *
Depuis trois jours surtout, l'action s'en-
gage et marche avec une incroyable rapi-
dité. Que s est-il passé ? Peu de chose (n
apparence. Il y a eu quelques réunions
préparatoires; on a proposé, retiré, modi-
fié, complété quelques projets de deman-
des d'interpellations, rien de plus. Mais le
trouble profond des choses se révèle dans
ces rumuements à la surface.
Le tiers-parti, qui aspire à conquérir
le pouvoir, a d'abord proclamé la néces-
sité d'associer le pays à la direction de
ses affaires.
La majorité, qui tient à garder le pou-
voir, ia Wpliqué que c'était'là un vœu bien
vague et bien platonique. Elle ferait beau-
coup mieux, elle.majorité! elle serait plus
réellement et plus pratiquement libérale,
elle renforcerait immédiatement linnuen-
ce et l'action du corps législatif, elle réta-
blirait l'adresse, elle étendrait le droit d'a-
mendement, elle simplifierait le droit d'in-
terpellation !
Le tiers-parti a vu la parade 1 — Ah 1
vous trouvez que nous nous tenons dans
le& généralités? attendez un peu! Nous
expliquons, nous précisons nos demande:, :
Nous voulons, en bloc, le droit pour
le corps législatif de régler les condi-
tions organiques de ses travaux et de
ses communications avec le gouverne-
ment; nous voulons de plus et surtout la
constitution d'un ministère responsable.
Cette générosité a paru magnifique. Il
parait certain qu hier mardi un ministère
tiers-parti a eu un moment des chances.
On faisait déjà circuler la liste des nou-
veaux ministres. M. Emile Oilivier s'effa-
çait modesti ment, mais momentanément;
M. Segris avait la justice, M. Louvet les
finances, M. Talbouët les affaires étran-
gères, M. Buffet les travaux publics, M. de
Persigny la maison de l'empereur; on
laissait leurs portefeuilles à MM. de For-
cade, Nid, Rigault de Genouilly et Duruy;
on donnait la présidence du sénat à M. Ba-
roche ; on supprimait d'un même trait de
plume le ministère d'État et M. Rouher.
h'Opinion nationale d'hier soir insinuait
que ce nouveau ministère pourrait bien
être au Journal officiel de ce matin.
Il n'en est rien. Le ministère a repris
la corde, notre corde. Eh 1 s'il faut donner
la liberté, il la donnera aussi bien qu'un
autre, mieux qu'un autre, il en tient de-
puis assez longtemps les clés ! La respon-
sabilité ministérielle? mon Dieu ! il ne
demande pas mieux aussi que de la pren-
dre !
Le Publit) organe de M Rouher, est,
par hagard, curieux à lire i
Les sergents recruteurs qui racolent des signa-
tures pour la demande d'interpellation, ne pou-
vaiei t ëspéref raisonnablement que la majorité
leur laisserait prendre une initiative d8nt le
scrutin du 23 mai l'a chargé si positivement
elle-même. La majorité fera plus et mieux que de
noyer le tiers-parti dans le grand parti libéral
et naltonal; le seul qui attiré à cette heure l'a-
tention publique : elle se prononcera elle-
même et donnera auX intefp llatiofïs qu'elle
pourra adresser au pouvoir un sens plus positif
et une toute autre rédaction. C'est du moins la
manif.'station nouvelle que nous voyons poin-
dfe de toutes paris.
On assure que le chef de l'Etat, débordé
et irrité par toutes ers invitations à la li-
berté, se serait hier écrié à sort tour t J'en
appellerai à la nation !
*
* *
Voilà où nous en sommes.
Pour le tiers parti et pour la majorité,
qu'y a-î-il au fond de cette foie enchère
*»Ha liberté? Tout simplement une chasse
aux portefeuilles.
Les deux partis en conviennent avec
une naïveté touchât to.
—L'interprétation està nous, tout autant
qu'à vous ! dit le Public.
Dès à présent, la demande d'interpellation
dont le fiers-parti'avait voulu, pour essayer de
se reconstituer, s'attribuer le mérite, est noyée
dans les adhésions mêmes qu'elle a obtenues en
dehors de lui. Et c'est là une hob leté vétitab 'e
par laquelle la majorité a eu le bon esprit de con-
stater l'inanité du tiers-parti et le bs rin, si géné-
ralement senti par la majorité, de s'uffirm r hau-
tement devant le pays qui l'a retrempée et en-
voyée au corps législatif.
Mais le Moniteur re l'entend pas ainsi,
et voudrait garder tout le bénéfice de l'in-
terpellation pour ses amis :
Les signataires de l'interpellation H'oit au-
cune envie de voir leur manifestation se noyer et
se perdre au sein de la majorité. L'interpella-
tion, avec sa signification bien arrêtée, avec la
responsabilité ministérielle qu'elle renferme et
l'admissibilité des députés au ministère qu'elle
implique, est leur, et leur elle restera. Si la
majorité s'y rallie, le parti libèral aura conquis
la majorité, tt ce sera à lui d'exécuter au pouvoir
les réformes qu'il a deman iées dans l'opposition.
Ainsi, pour ces généreux concurrents,
toute la grande question politique et so-
ciale se réduit à c ci :
- Qui sera ministre, de M. Rouher ou
de M. Emile Oliivier?
Nous devons dire qu*, pour nous
radicaux, cela-nous e~t b;en égal.
*
* *
Nous ne donnons raison aux un et aux
autres que dans ce qu ils di"ent les uns
contre les autres.
Il est certain que M. Emile Ollivier
manque absolument d'autorité. 11 e-t cer-
tain que c'est un singulier « parii cons-
titutionnel », celui qui commence par
demander l'abrogation par'ie'le de la
Constitution. Il est certain qu'il a beau
réserver prudemment la qu* s ion, il ne
lui sera pas commode d'arra- g*,r la res-
ponsabililé ministérielle avec la résponsa
bilité de l'empeieur.
Il est sûr, d'autre part, que M. Rouher
qui n'a dit encore que quelques mots à la
chambre, semble y avoir déjà perdu toute
son influence et tout son prestige. Il est
sûr que, malgré son habileté à plaider
toutes les causes et à soutenir toutes les
thèses, il aura de la peine à se faire croire
quand il parlera pour la liberté, aprè.;
avoir si longtemps parlé pour la résis-
tance. Il est sûr que ce défenseur du
gouvernement personnel pourra malaisé-
ment faire partie d'un ministère respon-
sable. Il est sûr que l'action lui sera moins
facile que la parole, et que ce bon avocat
ne fera qu'un mauvais ministre.
*
* *
Entre ces deux impussances il y a pour
la gauche et pour les radicaux la plus belle
situa'ion qu'ils aient jamais pu rêver. La
force des choses travaille avec eux et pour
eux. Que les fractions indécises et divisées
de la majorité s'agitent et se démènent,
l'opposition radicale n'a presque qu'à lais-
ser faire et à attendre.
Le Moniteur, en déclarant fièrement
que l'interpellation pose la question de
cabinet, ajoutait comme malgré lui : Elle
pose même une question plus haute. Le
Public lui demande ce qu'il entend par
« une question plus haute, » et nous
croyons que le Moniteur aurait quelque
difficulté à répondre. Mais la gauche radi-
cale serait moins embarrassée.
Laissons donc tranquillement nos ad-
versaires essayer leurs rallonges du droit.
Laissons-les se débattre en vain dans ce
dilemme redoutable pour eux :
— La liberté est impossible.
— La liberté est nécessaire.
Paul Meurice.
IL EN MANQUE DEUX
Les élections de la Seine ont été validées
sans dis ussion.
On avait pourtant dit qu'elles seraient con-
testées. M. Picard l'avait annoncé samedi,
et l'on s'att< tliait à voif la gauche ouvrir
aujourd'hui le débat.
Il n'en a rien été et nous le regrettons ;
-«■ d'fibofl parce qu'il eût été p:quant
d'entendre l'opposition attaquer les Sec-
tions de Paris et M. Rouher les défendre, —
puis parce que la question méritait réelle-
ment d'êlfe approfondie et ne pouvait l'être
en meilleure occasion.
Il s'agissait en eff t de savoir si la cham-
bre ratifierait par !-on vote l'atteinte pelée
aux droits de la population parisienne par
le décret de répartition t;ei collèges, — si
Pdris, qui comptait 394,000 électeurs à la
veille des élections, et qui, par conséqufnt,
avait droit à onze députés, devait se con-
tenter d'en posséder neuf,- si enfin la ca-
pitale pouvait être frust'ée de deux repré-
sentants par un acte incons'itutiomel du
pouvoir exécutif.
Inconstitutionnel nous maintenons le
mot, et nous allons le justifier.
D'après l'art. 35 de la Constitution : « Il
y aura un député au corps législatif à raison
de 35 000 électeurs. »
Le sénatus-consulte du 27 mai 1857 con-
firme cette d sposition, i t ajoute :
« Néanmoins, il est attribué un député de
plus à chacun des départements dans lesquels
le nombre excédant de s électeurs dépasse
47,500. »
En 1869, après la révision des listes élec-
torales, combien comptait-on d'électeurs
inscrit- dans le département de la Seine?
- 394 000 en chiffres rond?.
En 394,000 combien de fois 35,000? —
Il y va onze fois et il reste 9,000.
Paris avait donc droit à onze députes.
Comment se fait-il qu'il n'en ait que
neuf? QueUe disposition légale a pu faire
échec aux textes comtitulionnels?
Le gouvernement invoque l'article 2 du
décret organique du 2 février 4852, ainsi
conçu:
« Chaque département et divisé par un
décret en circons -riptions électorales, éga-
les au nombre des députés qui lui sont at-
tribuée.. Le tableau des circonscriptions
sera révisé tous les cinq ans. »
C'est ici que le gouvernement préten 1
triompher. « De quoi v us plaignez vous,
dit-il aux Parisiens, n'ai-je pas révisé tous
les cinq ans le tableau des circonscrip-
tions? Ne l'ai-je pas publié en 1857, en
i862, en 1867 avec les modifications con-
venables ? Est-ce ma faute si Paris n'avait
que 325,000 électeurs le 31 décembre 1867,
date de mon dernier travail, ce qui ne lui
donnait droit qu'à neuf députés? Est-ce
ma faute si 79,000 électeurs nouveaux se
sont fait inscrire depuis cette époque ? Ils
n'avaient qu'à se montrer plus tôt ! »
Mauvaise raison ! — Depuis quand un
s'mple décret du pouvoir exécutif peut-il
prévaloir cIntre le texte formel de la Cons-
Ftut:on?
Paris, dite; vous, n'avar droit qu'à neuf
députés le 31 décembre 1867 ! Que nous
importe ! Les éle tions ne se sont pas fai-
tes sur les listes de 1867, mi's sur celles dg
1869, et s'il résultait des listes de 1869
que Paris avait dr,)it à d ux députes de plus,
il fallait les lui donner.
— Mais alors nous aurions recommencé
notre travail.
— Le beau malheur !
— Mais nous aurions violé l'. rticle 2 du
décret organique, puisque nous aurior s
re tifi^, après quinze mo s, un tableau qui
ne do t être révisé que tous les cinq ans)!
A ceci, trois réponses : d'abort, s'il y a'
contradiction entre des textes constitution-
nels et un simple décret, c'e-t ce dernier
qui doit fléchir.
En second lieu, le uécret organique dit
que les tableaux seront revisés tous les cinq
ans, mais il n' mpêche pas qu'on les revise
plus fouvent, s'il est néces-a r'-. L'article 2
e..t énonciatif et non limitatif; il ne prohibe
nullement une révision plus fréquente; il
fixe un minimum, voilà tout.
En troisième lieu, vôtre système ainsi
entendu mène tout droit à l'absurde. Voyez
plutôt :
En i852, en 1857 et en 1863, TOUS avez
révisé à la veille des élections ; il n'y a rien
à dire. Mais en i867 vous avez révisé dix-
huit mois avant les élections; en i872, si
votre système dure encore, — ce qu'à Dieu
ne plaise, — vous ferez une cinquième ré-
vision trois ans avant les élections de 1875;
à la législature suivante, il y aura quatre ans
d'intervalle, puis cinq ans, et vous arriverez
ainsi à faire les élections sur des tableaux
surannés, usés, inexacts, qui fau-seront de
la manière la p'us gr.tve la représentation
nationale.
Voilà où mène le système des révisions
quinquennales sans rectification intermé-
diaire 1 Et comment en serait il autrement?
Les législatures durant six ans et les ta-
bleaux cinq ans seulement, il est bien évi-
dent que ceux-ci retarderont d'une année
de plus à chaque législature.
Le seul argument invoqué par le gouver-
nement pour éluderiez dispositions-impé-
rieuses de la Constitution est donc sans va-
leur; il ne résiste pas plus à l'analyse juridi-
que qu'au contrôle du sens commun.
Voilà pourquoi nous aurions voulu voir
la question portée devant la chambre, et
pourquoi notls regrettons qu'elle ne l'ait
pas été.
Assurément les députés de la Seine n'ont
pas ref ulé devant une éventualité — d'ail-
leurs peu probable — d'annulation de leur
mandât; kttr désintéressement et lei r pa-
triotisme les mettent au-dessus de e si up-
çon. Et d'ailleurs, comme le di-ait M. Pi-
card, s'ils étaient partis neuf, i's seraient
revenus onfe;
Pourquoi don" ont-ils la ssé échapper
l'occasion qui leur était oflette ds ivveedi-
quer les droits de Paris et de prouver, de-
vant le pays tout entier, que le gouverne
ment enfreint lui-même la Consttution qu'il
a faite?
E. Laferrière
LA SÉANCE
M. Rouher a f .it. le premier co-i entrée
dans la sall'e et est allé s'aset ir h son 1) ne
suivi du seul M. Mathieu. Entré b:en tris-
te ! Le grand vizir, qui sent qu' tous les
yeux sont braqués sur lui, esquis-e un sou-
rire satisfait; mais jé ne s;.is quelle te'r-tM
jaun itre e-t répandue sur ce smr re. Qu'i st
devenue la cour d'autrefois? Cù ,'o"'t les
neiges danton ?
Cependant, après quelques i étants d>î
colloque isolé avec M. Mathieu, wsici v. nir
M. Josseau, M. Granierde Cas az a\ Voici
M. Wel'es de La Valette. - C'est d'un bon
gendre.
*
♦ *
Mais la cloche de M. Schn. id r a tinté.
La séance commence. Quelques députés,
parmi lesquels on remarque M. Pic tr 1 f t
M. Thiers. montent au faiiie-iii présiden-
tel.
*
* *
La chambre en est encore à l'examen des
élections que l'on disait incon estées ; toute
la séance d'hier a été Consacrée à ce t e vé-
rincition; les incidents se succédaient d
étranges, si scandaleux, que nuis enten-
dions dire autour de nous : Q te sera-ce
donc quand on en viendra aux élections ré-
putées contestables?
#
« *
Dppuis quelques jours, la lecture du pro-
cès-verbal manquait de pilt-resque; heu-
reusement que le scrutin de 1869 nous a
rendu M. de Piré. M. le marquis a tous les
dévouements, y compris le dé\ouem'nt
législatif. San edi, la personnalité de M.
Schneider avait été effleurée comme celle
d'un simple député du Creusot. Il fallait
effacer le souvenir d'une pareille irrévéren-
ce ; M. de Piré s'en est attribué II mission;
attaquer le président du Corps législatif,
c'est s'en prendre, dit-il, au premier per-
sonnage de l'empire. Stupéfaction uni-
verselle sur les bancs de la major té ! Quel
est le démagogue qui a emprunté les traits
et la voix de M. le marquis ? semble-t-on se
dire. Le dépu'é de Rennes se rend compte
de l'énormité qu'il vient de commettre.
après l'empereur! se hâte-t-il d'ajouter, et
tout le monde respire. — Faute de ce cor-
rectif, M. de Piré devenait factieux du même
coup qui fait. libéral M. Nogent Saint-Lau-
rens et tant d'autres.
»
* *
M. Es'ancelin aune revanche à prendre :
lespompiers etlemaire de Gueures lui en of-
rent l'occasion. Ils s*, sontp rmis, àlVgard
d électeurs dans l'exercice de l-tit, souverai-
neté, des gentillesses assez peu constttutioc-
nelles.M.Estancelin caractérise les faits sévè-
arment. — Lé ministre de t'intérieur prend
la défende du maire dans un diapason que
le débat ne comportait peut-être pas. Selon
lui, la frière hiérarchique n'est pas suivie
dans l'accusation. - Le deput6. m* nte à son
tour dans la gamme aiguë que le ministre a
donnée; les électeurs se sont adr ssés au
préfet; n'obtenant pas de réponse, ils se
sont tournés vers le président du corp; lé-
gislatif; Id question est donc entrée dans le
dopiaine parlementaire. — Celte réplique
vertement, lancée clôt le débat.
: *
* *
Mais voici le véritable incident de la
séance. L'élection de la cinquième circons-
cription de la Seine est rapportée; le bu-
reau conclut à sa validation. M. Raspail de-
mande la parole. Est-ce pour attaquer son
concurrent Garnier-Pagès ? On est inquiet à
gauche. Ailleurs on est attentif; on observe
un s lence encourageant. Le vieux solitaire
à barbe blanche est descendu du sommet
au bas de la première travée de gauche ;
d'une voix grave, mais énergique, avec un
geste sobre et digne, il vient demander au
ministre si c'est par esprit de rancune électo-
rale que des membres des comités Raspail et
Rochefort ont été impliqués dans une accu
sation de complot contre l'Etat. —M. Baro
che proleste et désavoue les journaux offi-
cieux ou autres qui ont désigné les prévenus
sous la qualification de membre de n'im-
porte quel comité élec!oral. Dans la ré-
ponse du vieillard, nous distinguons ces
mots : J'ai appris à me défier des in justices
de la justice, moi qui étais condamnéàmort
à 29 ans!
Tout le monde n'a pas de nareils argu-
ments à sa disposition; aussi s'est-on senti
ému, en voyant le captif de Vincennes, de
Ham, de Doullens, évoquer seul le souvenir
des prisonniers de Mazas. Et son isolement
même ajoutait à la solennité d" l'épisode;
pas une voix ne s'était jointe, à la tienne;
dans la solidarité qu'il sembla t affronter,
fidèle aux traditions d'un autre temos, il ne
paraissait pas plus appartenir à la gauche
qu'à la droite de l'assemblée.
*
* *
A trois heures, tous les députas vie la
Seine avaient prêté serment, à l'exception
de Jules Feny, — son rapporteur n'était
pas là. On le chercha, on le dem inde ; où
est-il? qui l'a vu? Pas de rouvelles du rap-
porteur. — On passe à la S ine-Inférieure,
et Jules Ferry sort à la re. herche de son
rapporteur. Il l'a retrouvé depuis.
*
* *
Comme transition à l'histoire contempo-
raine, nous avons eu le rapport sur l'élec-
tion du Var, où. d'ap ès iQ Pays, M, Émi e
Ollivier n'a été élu q ie grâce à la protection
prefectorale. L'ancien député de Paris a,
ddll" si nouvelle qualité, prê.é serment, d'un
accent convaincu et avec un geste qui nous
a rappelé le serment des Horacespar David.
Il n'a fait qu'une courte apparit'on sur son
bapc; il y a été fort entouré, < t les courti-
sans de j'avenir qui lui serraient la main
semb'aient lui dire : A b eotôt un autrj
serment, mais cette tbis comme min stre et
entre les mains d^ l'emprreur. Il é' ait tro's
heures; la chaleur ét
Rouher, paresseusement étendu, semblait
dormir profondément.
Et it ce lassitude, déc^U' agement ou in-
différence?
*
♦ 4
Que dLe maintenant des Incidents se
condaires? C'est toujours la même scène
avec des acteurs difforents; qu'e'le se p s e
dans l'Eure ou dans l'Allier, oaus la Creuse
ou dans l'Ardèche, qu'il s'agisse de MM.
Hérold, de Broglie ou Shandionze. ce
sont toujours les mêmes griefs que vient
exposer le candidat indépen iart écra é
sous la pres-ion administrative. MM. JuitS
Simon, Poilelan, Pi c-rd et Bethmont ont
tour à tour plaidé cette cause en faisant
ressortir avec talent chaque ciiconstanco
particulière qui la caractérisait. Ces efforts
sont méritoires assurément; mai?, fr..cl¡or;..
nés, sans lien, sans entente, i's sont im-
puissants ; ne seraient-il, pas plus efficaces
et, dans t< us les cas, p'us in tructifs, plus
édifiant , s'ils étaient prérédés d'une en-
quête en règle et du procès à fond de la
t andidatu-c officielle ?
Autrd regret, et ce sera le paragraphe de
la fin. M. Ger t ur, commissaire du g uver-
nement, défendant une élection dépJrtc-
menta'e, ce'le de l'Eure, croyons nous, a
trouvé moyen de faire allu^io i aux récentes
émeutes pirisiennes. La justification anti-
cipée des actes de l'administra1 ioa et d" la
police n'a rencontré aucune protestation.
On a erainl sans doute de déflorer un su
jet réservé p )ur d'éloquentes e t spéciales
ioterpe'lations, mais- une simple réserve
n'eut rien compromis et aurait donné au
sentiment, public une satisfaction que l'on
cherchera vainement, dans le comp'e rendu
offkiel.
L. Legault.
HISTOIRE DE L'INTERPELLATION
Cette fameuse interpellation a son his-
Lo:re, qui est curieuse, et dont la Liberté,
informée de première main, raconte ainsi
le commencemi nt :
La réunion du parti constitutionnel libéral a
eu lieu dimanche à trois heures dans la salle
de la commission du budget. Elle était moins
nombreuse que le jour précédent; beaucoup
de membres n'étaient pas venus, parce que,
tous les points ayant été réglés, il ne s'agissait
plus que d'une question de rédaction.
Aussi l'étonnement de l'assemblée a-t-il été
grand lorsque M. Mège s'est levé pour deman-
der qu'on laissât à l'interpellation son carac-
tère un peu vague et qu on n'y ajoutât aucun
commentaire. MM. d'Andelarre, Latour-du-
Moulin, de Kératry, de Civrac, Plichon, Buffet,
ont successivement pris la parole contre cette
prétention, dont M. Emile Ollivier a fait justice
à son tour avec une extrême véhémence. « Je
n'hésite pas à dire, s'est-il écrié, que si nous ac-
ceptions cette proposition, nous ne serions plus
des politiques, mais des grotesques. Aujour-
d'hui comme à l'époque où nous avons signé l'a-
mendement des 42, nous n'avons pas rédigé
une interpellation sans avoir déterminé d'une
manière catégorique ce que nous entendions y
mettre. Si nous croyons devoir préciser par
écrit nos vues et nos intentions, c'est parce
qu'il vient de surgir une nouvelle demande
d'interpellation, à cause du nombre imprévu
des adhésions qui nous arrivent. Il faut qu'il
n'y ait pas d'équivoque. Que ceux qui n'admet-
tent pas notre commentaire se retirent. Mais
nous ne saurions accepter que l'on remette en
disussion ce qui a été décidé hier à l'unanimité
moins six voix, à savoir : la nécessité d'un mi-
nistère responsable, et le droit pour la cham-
bre d être maîtresse de son règlement.
M. Quesné se lève alors et prétend que
l'interpellation appartient à tous les signatai-
res, et qu'en repoussant le commentaire il ne
retirera pas sa signature. Cette prétention sou-
lève un véritable orage, que M. Chevandier de
Valdrôme parvient à calmer. Il dénoue la si-
tuation en proposant que l'interpellation, rec-
tifiée, expliquée, soit de nouveau soumise à la
signature des interpellants. A mesure que l'un
des signataires primitifs aura mis son nom sur
la rédaction nouvelle, il sera effacé sur l'an-
cienne, et quand l'opération sera terminée, on
rendra aux dissidents le premier texte de l'in-
terpellation.
Cette proposition est accueillie par l'immense
majorité des membres présents. MM. Mège et
Terme se retiren'.
La rédaction de la commission nommée hier
est alors mise aux voix et adoptée à une très-
grande majorité. La voici :
Nous demandons à interpeller le gouver
nement sur la nécessité de donner satisfac-
tion aux sentiments du pays en fassociant
d'une manière plus efficace à la direction de
ses affaires.
La constitution d'un ministère responsable,
le droit pour le corps législatif de régler les
conditions organiques de ses travaux et de ses
communicationsavec le gouvernement, seraient
à nos yeux des mesures essentielles pour at-
teindre ce but.
On voit qu'elle énorme différence sépare-
cette interpellation de celle de M. Du Mirai.
L'interpellation du parti constitutionnel libéral
affirme la responsabilité ministérielle, ce qui
implique forcément l'abrogation de l'article 44
de la Constitution. I/interpellation Du Mirai
omet cette réforme, la plus urgente et la plus
immédiatement réclamée par le pays.
L'interpellation du parti constitutionnel li-
béral ne demande à l'empereur de rendre à
la chambre ni l'ordre du jeur motivé ni l'a-
dresse. Elle affirme qu'à la chambre seule ap-
partient le droit de trancher ces questions. Dès
lors, on n'aura plus à craindre que les droits
les plus essentiels de l'assemblée soient à la
merci d'un décret.
Il a été seulement bien entendu entre tous
les signataires, que, quelle que fût l'opinion
des interpellants sur la responsabilité de l'em-
pereur, elle restait en dehors de l'interpella-
tion. On ne l'a pas dit, parce que l'on s'est
borné à indiquer ce qu'on voulait innover. La
raison principale de cette décision a été de
marquer qu'on ne s'associait pas à la fameuse
maxime : «Le roi règne et ne gouverne pas, »
et, en outre, d'échapper à la nécessité d'un
plébiscite, qui seul pourrait détruire la res-
ponsabilité de l'empereur.
Après le vote, la nouvelle interpellation a été
couverte de signature?, parmi lesquelles on
remarque notamment celles de MM. Segris, La-
tour du-Moulin, Buffet, le marquis de Talhouët,
E. Oîlivier, Plichon. Nous ne doutons pas que
M. Louvet et ses amis ne suivent l'exemple de
M. Segris.
La Liberté donne ensuite cette liste com-
plète des signataires de la première inter-
polation :
MM.
D'Albuféra.
D'Andelarre.
Aylies.
De Barante.
Bâillon.
Bastid.
Bérard,
Boduiri.
De Boigne.
Bournat.
Bou tôlier.
Brame.
Buisson.
Outret.
De Bu89ierre.
Carré-Kérisouef.
De Chambrun.
Cbesnelong.
Chevaudier de Val-
drôme.
Cochery.
Co'nudet.
De Dalmas.
Daru.
Descours.
De Dommarlin.
Douesnel.
Dugué de la Faueon-
nerie.
Dufort de Givrac.
Eschassériaux.
Estancelin.
D'Estourmel.
Fou:d.
De Fourment.
Germain.
Gévelot.
Goerg.
GorFse.
De Grammont.
Grollier.
De la Guistière.
Haentjens.
D'Hesecques.
Houssard.
Javal.
Johoston.
Joliot.
Jvsseau.
Keller.
De Kératry.
MM.
Kolb-Bernard. »
Lacroix-Saint-Pierre.
Lagrange.
Laroche-Joubert.
Latour du Moulin.
Le Clerc d'Osmonville.
Le Comte. «
Lefébure.
Lefèvre-Pontalis,
Le Hon.
Lespérut.
Louvet.
Malausséna,
Malézieux.
Martel.
Mège.
Milon.
De la Monneraye.
De Monta gnac.
Morin.
Murât.
N oge n t-Sain t-Laurens.
Ollivier.
Paulmier.
De Piré.
Pissaltt,
Planat.
De Plancy.
Plichon.
Pons-Peyruc.
Quesné.
Réguisv
Richard.
Riondel.
Rolle.
Rouxin.
De Saint-Paul.
Segris.
Steenackers.
Talhouëf.
Tavsin.
Terme.
Thoinnet de la Turmé-
lière.
De Tillancourt.
De Veauce.
Viellard-Migeon.
D'Yvoire.
Quand l'interoerat on avec sa rédaction
nouvelle aura ét^ déposée, la Liberté indi-
quera ceux des pre nier^ signatai, es qui ont
reoulé devant le commentaire explicatif.
Le Constitutionnel de ce matin donne les
dernières nouvelles de l'nterpell ition. a M.
du Mirai lui même se met à la remor-
que. »
La Patrie semblait, en effet, avoir fait
son deull de l'interpellation du Mirai.
Pour que l'interpellation de M, du Mirai réa-
lisât les espérances qu'elle a provoquées, il eût
été, suivant nous, nécessaire qu'elle indiquât
les opinions de son auteur au sujet de trois
questions capitales dans le moment actuel. Ces
trois questions sont :
1° Le droit qui devrait être concédé à la
chambre de manifester son avis d'une manière
précise par des ordres du jour motivés;
2° Le vote du budget par articles;
RÉDACTION
S'adresser au secrétaire de la rédaction
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nous n'avons pu nous procurer que deus
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plaires par heure, quand les besoins de
notre vente en nécessiteraient trois tirant
15.000.
Nous redoublons d'efforts pour complé-
ter le plus rapidement possible notre ma-
tériel, caractères et pi esses. Jusqu'à ce
que notre inflation provisoire soit de-
venue définitive, nous prions lé publie, et
nos intermédiaires auprès du pubiic, les
libraires, de vouloir nous aider encore
d'un peu de patience et de bienvei/lanee.
Albert Barbieux.
A QUI L'INTERPELLATION?
En une semaine, la chambre, qui a eu
tout au plus le temps de se constituer, a
fait bien de l'ouvrage ; les événements,
sans qu'aucun fa t extérieur se soit pro-
duit, ont fait bien du chemin.
Comme on est loto de la déclaration de
M. Rouher ajournant à six mois l'expres-
sion des vœux du pays t
La gauche a eu fort peu à agir. Il y a eu
une belle improvisation de M. Jules Simon,
M. Gambetta a prêté serment avec un cer-
tain accent et un certain geste, M. Bancal
n'a pas prononcé une parole, M. Jules
Favre n'est arrivé que samedi. La gauche
e-t, voilà tout. Elle représente la presque
totalité des électeurs de Paris et les popu-
lations intelligentes des grandes villesj
e le est, dls-jp, et c'est assez ; autour
d'elle et de son silence, le tiers-parti s'a-
gite, la majorité se disloque, le ministère
se dissout, les conditions atmosphériques
de la chambre sont changées.
*
* *
Depuis trois jours surtout, l'action s'en-
gage et marche avec une incroyable rapi-
dité. Que s est-il passé ? Peu de chose (n
apparence. Il y a eu quelques réunions
préparatoires; on a proposé, retiré, modi-
fié, complété quelques projets de deman-
des d'interpellations, rien de plus. Mais le
trouble profond des choses se révèle dans
ces rumuements à la surface.
Le tiers-parti, qui aspire à conquérir
le pouvoir, a d'abord proclamé la néces-
sité d'associer le pays à la direction de
ses affaires.
La majorité, qui tient à garder le pou-
voir, ia Wpliqué que c'était'là un vœu bien
vague et bien platonique. Elle ferait beau-
coup mieux, elle.majorité! elle serait plus
réellement et plus pratiquement libérale,
elle renforcerait immédiatement linnuen-
ce et l'action du corps législatif, elle réta-
blirait l'adresse, elle étendrait le droit d'a-
mendement, elle simplifierait le droit d'in-
terpellation !
Le tiers-parti a vu la parade 1 — Ah 1
vous trouvez que nous nous tenons dans
le& généralités? attendez un peu! Nous
expliquons, nous précisons nos demande:, :
Nous voulons, en bloc, le droit pour
le corps législatif de régler les condi-
tions organiques de ses travaux et de
ses communications avec le gouverne-
ment; nous voulons de plus et surtout la
constitution d'un ministère responsable.
Cette générosité a paru magnifique. Il
parait certain qu hier mardi un ministère
tiers-parti a eu un moment des chances.
On faisait déjà circuler la liste des nou-
veaux ministres. M. Emile Oilivier s'effa-
çait modesti ment, mais momentanément;
M. Segris avait la justice, M. Louvet les
finances, M. Talbouët les affaires étran-
gères, M. Buffet les travaux publics, M. de
Persigny la maison de l'empereur; on
laissait leurs portefeuilles à MM. de For-
cade, Nid, Rigault de Genouilly et Duruy;
on donnait la présidence du sénat à M. Ba-
roche ; on supprimait d'un même trait de
plume le ministère d'État et M. Rouher.
h'Opinion nationale d'hier soir insinuait
que ce nouveau ministère pourrait bien
être au Journal officiel de ce matin.
Il n'en est rien. Le ministère a repris
la corde, notre corde. Eh 1 s'il faut donner
la liberté, il la donnera aussi bien qu'un
autre, mieux qu'un autre, il en tient de-
puis assez longtemps les clés ! La respon-
sabilité ministérielle? mon Dieu ! il ne
demande pas mieux aussi que de la pren-
dre !
Le Publit) organe de M Rouher, est,
par hagard, curieux à lire i
Les sergents recruteurs qui racolent des signa-
tures pour la demande d'interpellation, ne pou-
vaiei t ëspéref raisonnablement que la majorité
leur laisserait prendre une initiative d8nt le
scrutin du 23 mai l'a chargé si positivement
elle-même. La majorité fera plus et mieux que de
noyer le tiers-parti dans le grand parti libéral
et naltonal; le seul qui attiré à cette heure l'a-
tention publique : elle se prononcera elle-
même et donnera auX intefp llatiofïs qu'elle
pourra adresser au pouvoir un sens plus positif
et une toute autre rédaction. C'est du moins la
manif.'station nouvelle que nous voyons poin-
dfe de toutes paris.
On assure que le chef de l'Etat, débordé
et irrité par toutes ers invitations à la li-
berté, se serait hier écrié à sort tour t J'en
appellerai à la nation !
*
* *
Voilà où nous en sommes.
Pour le tiers parti et pour la majorité,
qu'y a-î-il au fond de cette foie enchère
*»Ha liberté? Tout simplement une chasse
aux portefeuilles.
Les deux partis en conviennent avec
une naïveté touchât to.
—L'interprétation està nous, tout autant
qu'à vous ! dit le Public.
Dès à présent, la demande d'interpellation
dont le fiers-parti'avait voulu, pour essayer de
se reconstituer, s'attribuer le mérite, est noyée
dans les adhésions mêmes qu'elle a obtenues en
dehors de lui. Et c'est là une hob leté vétitab 'e
par laquelle la majorité a eu le bon esprit de con-
stater l'inanité du tiers-parti et le bs rin, si géné-
ralement senti par la majorité, de s'uffirm r hau-
tement devant le pays qui l'a retrempée et en-
voyée au corps législatif.
Mais le Moniteur re l'entend pas ainsi,
et voudrait garder tout le bénéfice de l'in-
terpellation pour ses amis :
Les signataires de l'interpellation H'oit au-
cune envie de voir leur manifestation se noyer et
se perdre au sein de la majorité. L'interpella-
tion, avec sa signification bien arrêtée, avec la
responsabilité ministérielle qu'elle renferme et
l'admissibilité des députés au ministère qu'elle
implique, est leur, et leur elle restera. Si la
majorité s'y rallie, le parti libèral aura conquis
la majorité, tt ce sera à lui d'exécuter au pouvoir
les réformes qu'il a deman iées dans l'opposition.
Ainsi, pour ces généreux concurrents,
toute la grande question politique et so-
ciale se réduit à c ci :
- Qui sera ministre, de M. Rouher ou
de M. Emile Oliivier?
Nous devons dire qu*, pour nous
radicaux, cela-nous e~t b;en égal.
*
* *
Nous ne donnons raison aux un et aux
autres que dans ce qu ils di"ent les uns
contre les autres.
Il est certain que M. Emile Ollivier
manque absolument d'autorité. 11 e-t cer-
tain que c'est un singulier « parii cons-
titutionnel », celui qui commence par
demander l'abrogation par'ie'le de la
Constitution. Il est certain qu'il a beau
réserver prudemment la qu* s ion, il ne
lui sera pas commode d'arra- g*,r la res-
ponsabililé ministérielle avec la résponsa
bilité de l'empeieur.
Il est sûr, d'autre part, que M. Rouher
qui n'a dit encore que quelques mots à la
chambre, semble y avoir déjà perdu toute
son influence et tout son prestige. Il est
sûr que, malgré son habileté à plaider
toutes les causes et à soutenir toutes les
thèses, il aura de la peine à se faire croire
quand il parlera pour la liberté, aprè.;
avoir si longtemps parlé pour la résis-
tance. Il est sûr que ce défenseur du
gouvernement personnel pourra malaisé-
ment faire partie d'un ministère respon-
sable. Il est sûr que l'action lui sera moins
facile que la parole, et que ce bon avocat
ne fera qu'un mauvais ministre.
*
* *
Entre ces deux impussances il y a pour
la gauche et pour les radicaux la plus belle
situa'ion qu'ils aient jamais pu rêver. La
force des choses travaille avec eux et pour
eux. Que les fractions indécises et divisées
de la majorité s'agitent et se démènent,
l'opposition radicale n'a presque qu'à lais-
ser faire et à attendre.
Le Moniteur, en déclarant fièrement
que l'interpellation pose la question de
cabinet, ajoutait comme malgré lui : Elle
pose même une question plus haute. Le
Public lui demande ce qu'il entend par
« une question plus haute, » et nous
croyons que le Moniteur aurait quelque
difficulté à répondre. Mais la gauche radi-
cale serait moins embarrassée.
Laissons donc tranquillement nos ad-
versaires essayer leurs rallonges du droit.
Laissons-les se débattre en vain dans ce
dilemme redoutable pour eux :
— La liberté est impossible.
— La liberté est nécessaire.
Paul Meurice.
IL EN MANQUE DEUX
Les élections de la Seine ont été validées
sans dis ussion.
On avait pourtant dit qu'elles seraient con-
testées. M. Picard l'avait annoncé samedi,
et l'on s'att< tliait à voif la gauche ouvrir
aujourd'hui le débat.
Il n'en a rien été et nous le regrettons ;
-«■ d'fibofl parce qu'il eût été p:quant
d'entendre l'opposition attaquer les Sec-
tions de Paris et M. Rouher les défendre, —
puis parce que la question méritait réelle-
ment d'êlfe approfondie et ne pouvait l'être
en meilleure occasion.
Il s'agissait en eff t de savoir si la cham-
bre ratifierait par !-on vote l'atteinte pelée
aux droits de la population parisienne par
le décret de répartition t;ei collèges, — si
Pdris, qui comptait 394,000 électeurs à la
veille des élections, et qui, par conséqufnt,
avait droit à onze députés, devait se con-
tenter d'en posséder neuf,- si enfin la ca-
pitale pouvait être frust'ée de deux repré-
sentants par un acte incons'itutiomel du
pouvoir exécutif.
Inconstitutionnel nous maintenons le
mot, et nous allons le justifier.
D'après l'art. 35 de la Constitution : « Il
y aura un député au corps législatif à raison
de 35 000 électeurs. »
Le sénatus-consulte du 27 mai 1857 con-
firme cette d sposition, i t ajoute :
« Néanmoins, il est attribué un député de
plus à chacun des départements dans lesquels
le nombre excédant de s électeurs dépasse
47,500. »
En 1869, après la révision des listes élec-
torales, combien comptait-on d'électeurs
inscrit- dans le département de la Seine?
- 394 000 en chiffres rond?.
En 394,000 combien de fois 35,000? —
Il y va onze fois et il reste 9,000.
Paris avait donc droit à onze députes.
Comment se fait-il qu'il n'en ait que
neuf? QueUe disposition légale a pu faire
échec aux textes comtitulionnels?
Le gouvernement invoque l'article 2 du
décret organique du 2 février 4852, ainsi
conçu:
« Chaque département et divisé par un
décret en circons -riptions électorales, éga-
les au nombre des députés qui lui sont at-
tribuée.. Le tableau des circonscriptions
sera révisé tous les cinq ans. »
C'est ici que le gouvernement préten 1
triompher. « De quoi v us plaignez vous,
dit-il aux Parisiens, n'ai-je pas révisé tous
les cinq ans le tableau des circonscrip-
tions? Ne l'ai-je pas publié en 1857, en
i862, en 1867 avec les modifications con-
venables ? Est-ce ma faute si Paris n'avait
que 325,000 électeurs le 31 décembre 1867,
date de mon dernier travail, ce qui ne lui
donnait droit qu'à neuf députés? Est-ce
ma faute si 79,000 électeurs nouveaux se
sont fait inscrire depuis cette époque ? Ils
n'avaient qu'à se montrer plus tôt ! »
Mauvaise raison ! — Depuis quand un
s'mple décret du pouvoir exécutif peut-il
prévaloir cIntre le texte formel de la Cons-
Ftut:on?
Paris, dite; vous, n'avar droit qu'à neuf
députés le 31 décembre 1867 ! Que nous
importe ! Les éle tions ne se sont pas fai-
tes sur les listes de 1867, mi's sur celles dg
1869, et s'il résultait des listes de 1869
que Paris avait dr,)it à d ux députes de plus,
il fallait les lui donner.
— Mais alors nous aurions recommencé
notre travail.
— Le beau malheur !
— Mais nous aurions violé l'. rticle 2 du
décret organique, puisque nous aurior s
re tifi^, après quinze mo s, un tableau qui
ne do t être révisé que tous les cinq ans)!
A ceci, trois réponses : d'abort, s'il y a'
contradiction entre des textes constitution-
nels et un simple décret, c'e-t ce dernier
qui doit fléchir.
En second lieu, le uécret organique dit
que les tableaux seront revisés tous les cinq
ans, mais il n' mpêche pas qu'on les revise
plus fouvent, s'il est néces-a r'-. L'article 2
e..t énonciatif et non limitatif; il ne prohibe
nullement une révision plus fréquente; il
fixe un minimum, voilà tout.
En troisième lieu, vôtre système ainsi
entendu mène tout droit à l'absurde. Voyez
plutôt :
En i852, en 1857 et en 1863, TOUS avez
révisé à la veille des élections ; il n'y a rien
à dire. Mais en i867 vous avez révisé dix-
huit mois avant les élections; en i872, si
votre système dure encore, — ce qu'à Dieu
ne plaise, — vous ferez une cinquième ré-
vision trois ans avant les élections de 1875;
à la législature suivante, il y aura quatre ans
d'intervalle, puis cinq ans, et vous arriverez
ainsi à faire les élections sur des tableaux
surannés, usés, inexacts, qui fau-seront de
la manière la p'us gr.tve la représentation
nationale.
Voilà où mène le système des révisions
quinquennales sans rectification intermé-
diaire 1 Et comment en serait il autrement?
Les législatures durant six ans et les ta-
bleaux cinq ans seulement, il est bien évi-
dent que ceux-ci retarderont d'une année
de plus à chaque législature.
Le seul argument invoqué par le gouver-
nement pour éluderiez dispositions-impé-
rieuses de la Constitution est donc sans va-
leur; il ne résiste pas plus à l'analyse juridi-
que qu'au contrôle du sens commun.
Voilà pourquoi nous aurions voulu voir
la question portée devant la chambre, et
pourquoi notls regrettons qu'elle ne l'ait
pas été.
Assurément les députés de la Seine n'ont
pas ref ulé devant une éventualité — d'ail-
leurs peu probable — d'annulation de leur
mandât; kttr désintéressement et lei r pa-
triotisme les mettent au-dessus de e si up-
çon. Et d'ailleurs, comme le di-ait M. Pi-
card, s'ils étaient partis neuf, i's seraient
revenus onfe;
Pourquoi don" ont-ils la ssé échapper
l'occasion qui leur était oflette ds ivveedi-
quer les droits de Paris et de prouver, de-
vant le pays tout entier, que le gouverne
ment enfreint lui-même la Consttution qu'il
a faite?
E. Laferrière
LA SÉANCE
M. Rouher a f .it. le premier co-i entrée
dans la sall'e et est allé s'aset ir h son 1) ne
suivi du seul M. Mathieu. Entré b:en tris-
te ! Le grand vizir, qui sent qu' tous les
yeux sont braqués sur lui, esquis-e un sou-
rire satisfait; mais jé ne s;.is quelle te'r-tM
jaun itre e-t répandue sur ce smr re. Qu'i st
devenue la cour d'autrefois? Cù ,'o"'t les
neiges danton ?
Cependant, après quelques i étants d>î
colloque isolé avec M. Mathieu, wsici v. nir
M. Josseau, M. Granierde Cas az a\ Voici
M. Wel'es de La Valette. - C'est d'un bon
gendre.
*
♦ *
Mais la cloche de M. Schn. id r a tinté.
La séance commence. Quelques députés,
parmi lesquels on remarque M. Pic tr 1 f t
M. Thiers. montent au faiiie-iii présiden-
tel.
*
* *
La chambre en est encore à l'examen des
élections que l'on disait incon estées ; toute
la séance d'hier a été Consacrée à ce t e vé-
rincition; les incidents se succédaient d
étranges, si scandaleux, que nuis enten-
dions dire autour de nous : Q te sera-ce
donc quand on en viendra aux élections ré-
putées contestables?
#
« *
Dppuis quelques jours, la lecture du pro-
cès-verbal manquait de pilt-resque; heu-
reusement que le scrutin de 1869 nous a
rendu M. de Piré. M. le marquis a tous les
dévouements, y compris le dé\ouem'nt
législatif. San edi, la personnalité de M.
Schneider avait été effleurée comme celle
d'un simple député du Creusot. Il fallait
effacer le souvenir d'une pareille irrévéren-
ce ; M. de Piré s'en est attribué II mission;
attaquer le président du Corps législatif,
c'est s'en prendre, dit-il, au premier per-
sonnage de l'empire. Stupéfaction uni-
verselle sur les bancs de la major té ! Quel
est le démagogue qui a emprunté les traits
et la voix de M. le marquis ? semble-t-on se
dire. Le dépu'é de Rennes se rend compte
de l'énormité qu'il vient de commettre.
après l'empereur! se hâte-t-il d'ajouter, et
tout le monde respire. — Faute de ce cor-
rectif, M. de Piré devenait factieux du même
coup qui fait. libéral M. Nogent Saint-Lau-
rens et tant d'autres.
»
* *
M. Es'ancelin aune revanche à prendre :
lespompiers etlemaire de Gueures lui en of-
rent l'occasion. Ils s*, sontp rmis, àlVgard
d électeurs dans l'exercice de l-tit, souverai-
neté, des gentillesses assez peu constttutioc-
nelles.M.Estancelin caractérise les faits sévè-
arment. — Lé ministre de t'intérieur prend
la défende du maire dans un diapason que
le débat ne comportait peut-être pas. Selon
lui, la frière hiérarchique n'est pas suivie
dans l'accusation. - Le deput6. m* nte à son
tour dans la gamme aiguë que le ministre a
donnée; les électeurs se sont adr ssés au
préfet; n'obtenant pas de réponse, ils se
sont tournés vers le président du corp; lé-
gislatif; Id question est donc entrée dans le
dopiaine parlementaire. — Celte réplique
vertement, lancée clôt le débat.
: *
* *
Mais voici le véritable incident de la
séance. L'élection de la cinquième circons-
cription de la Seine est rapportée; le bu-
reau conclut à sa validation. M. Raspail de-
mande la parole. Est-ce pour attaquer son
concurrent Garnier-Pagès ? On est inquiet à
gauche. Ailleurs on est attentif; on observe
un s lence encourageant. Le vieux solitaire
à barbe blanche est descendu du sommet
au bas de la première travée de gauche ;
d'une voix grave, mais énergique, avec un
geste sobre et digne, il vient demander au
ministre si c'est par esprit de rancune électo-
rale que des membres des comités Raspail et
Rochefort ont été impliqués dans une accu
sation de complot contre l'Etat. —M. Baro
che proleste et désavoue les journaux offi-
cieux ou autres qui ont désigné les prévenus
sous la qualification de membre de n'im-
porte quel comité élec!oral. Dans la ré-
ponse du vieillard, nous distinguons ces
mots : J'ai appris à me défier des in justices
de la justice, moi qui étais condamnéàmort
à 29 ans!
Tout le monde n'a pas de nareils argu-
ments à sa disposition; aussi s'est-on senti
ému, en voyant le captif de Vincennes, de
Ham, de Doullens, évoquer seul le souvenir
des prisonniers de Mazas. Et son isolement
même ajoutait à la solennité d" l'épisode;
pas une voix ne s'était jointe, à la tienne;
dans la solidarité qu'il sembla t affronter,
fidèle aux traditions d'un autre temos, il ne
paraissait pas plus appartenir à la gauche
qu'à la droite de l'assemblée.
*
* *
A trois heures, tous les députas vie la
Seine avaient prêté serment, à l'exception
de Jules Feny, — son rapporteur n'était
pas là. On le chercha, on le dem inde ; où
est-il? qui l'a vu? Pas de rouvelles du rap-
porteur. — On passe à la S ine-Inférieure,
et Jules Ferry sort à la re. herche de son
rapporteur. Il l'a retrouvé depuis.
*
* *
Comme transition à l'histoire contempo-
raine, nous avons eu le rapport sur l'élec-
tion du Var, où. d'ap ès iQ Pays, M, Émi e
Ollivier n'a été élu q ie grâce à la protection
prefectorale. L'ancien député de Paris a,
ddll" si nouvelle qualité, prê.é serment, d'un
accent convaincu et avec un geste qui nous
a rappelé le serment des Horacespar David.
Il n'a fait qu'une courte apparit'on sur son
bapc; il y a été fort entouré, < t les courti-
sans de j'avenir qui lui serraient la main
semb'aient lui dire : A b eotôt un autrj
serment, mais cette tbis comme min stre et
entre les mains d^ l'emprreur. Il é' ait tro's
heures; la chaleur ét
Rouher, paresseusement étendu, semblait
dormir profondément.
Et it ce lassitude, déc^U' agement ou in-
différence?
*
♦ 4
Que dLe maintenant des Incidents se
condaires? C'est toujours la même scène
avec des acteurs difforents; qu'e'le se p s e
dans l'Eure ou dans l'Allier, oaus la Creuse
ou dans l'Ardèche, qu'il s'agisse de MM.
Hérold, de Broglie ou Shandionze. ce
sont toujours les mêmes griefs que vient
exposer le candidat indépen iart écra é
sous la pres-ion administrative. MM. JuitS
Simon, Poilelan, Pi c-rd et Bethmont ont
tour à tour plaidé cette cause en faisant
ressortir avec talent chaque ciiconstanco
particulière qui la caractérisait. Ces efforts
sont méritoires assurément; mai?, fr..cl¡or;..
nés, sans lien, sans entente, i's sont im-
puissants ; ne seraient-il, pas plus efficaces
et, dans t< us les cas, p'us in tructifs, plus
édifiant , s'ils étaient prérédés d'une en-
quête en règle et du procès à fond de la
t andidatu-c officielle ?
Autrd regret, et ce sera le paragraphe de
la fin. M. Ger t ur, commissaire du g uver-
nement, défendant une élection dépJrtc-
menta'e, ce'le de l'Eure, croyons nous, a
trouvé moyen de faire allu^io i aux récentes
émeutes pirisiennes. La justification anti-
cipée des actes de l'administra1 ioa et d" la
police n'a rencontré aucune protestation.
On a erainl sans doute de déflorer un su
jet réservé p )ur d'éloquentes e t spéciales
ioterpe'lations, mais- une simple réserve
n'eut rien compromis et aurait donné au
sentiment, public une satisfaction que l'on
cherchera vainement, dans le comp'e rendu
offkiel.
L. Legault.
HISTOIRE DE L'INTERPELLATION
Cette fameuse interpellation a son his-
Lo:re, qui est curieuse, et dont la Liberté,
informée de première main, raconte ainsi
le commencemi nt :
La réunion du parti constitutionnel libéral a
eu lieu dimanche à trois heures dans la salle
de la commission du budget. Elle était moins
nombreuse que le jour précédent; beaucoup
de membres n'étaient pas venus, parce que,
tous les points ayant été réglés, il ne s'agissait
plus que d'une question de rédaction.
Aussi l'étonnement de l'assemblée a-t-il été
grand lorsque M. Mège s'est levé pour deman-
der qu'on laissât à l'interpellation son carac-
tère un peu vague et qu on n'y ajoutât aucun
commentaire. MM. d'Andelarre, Latour-du-
Moulin, de Kératry, de Civrac, Plichon, Buffet,
ont successivement pris la parole contre cette
prétention, dont M. Emile Ollivier a fait justice
à son tour avec une extrême véhémence. « Je
n'hésite pas à dire, s'est-il écrié, que si nous ac-
ceptions cette proposition, nous ne serions plus
des politiques, mais des grotesques. Aujour-
d'hui comme à l'époque où nous avons signé l'a-
mendement des 42, nous n'avons pas rédigé
une interpellation sans avoir déterminé d'une
manière catégorique ce que nous entendions y
mettre. Si nous croyons devoir préciser par
écrit nos vues et nos intentions, c'est parce
qu'il vient de surgir une nouvelle demande
d'interpellation, à cause du nombre imprévu
des adhésions qui nous arrivent. Il faut qu'il
n'y ait pas d'équivoque. Que ceux qui n'admet-
tent pas notre commentaire se retirent. Mais
nous ne saurions accepter que l'on remette en
disussion ce qui a été décidé hier à l'unanimité
moins six voix, à savoir : la nécessité d'un mi-
nistère responsable, et le droit pour la cham-
bre d être maîtresse de son règlement.
M. Quesné se lève alors et prétend que
l'interpellation appartient à tous les signatai-
res, et qu'en repoussant le commentaire il ne
retirera pas sa signature. Cette prétention sou-
lève un véritable orage, que M. Chevandier de
Valdrôme parvient à calmer. Il dénoue la si-
tuation en proposant que l'interpellation, rec-
tifiée, expliquée, soit de nouveau soumise à la
signature des interpellants. A mesure que l'un
des signataires primitifs aura mis son nom sur
la rédaction nouvelle, il sera effacé sur l'an-
cienne, et quand l'opération sera terminée, on
rendra aux dissidents le premier texte de l'in-
terpellation.
Cette proposition est accueillie par l'immense
majorité des membres présents. MM. Mège et
Terme se retiren'.
La rédaction de la commission nommée hier
est alors mise aux voix et adoptée à une très-
grande majorité. La voici :
Nous demandons à interpeller le gouver
nement sur la nécessité de donner satisfac-
tion aux sentiments du pays en fassociant
d'une manière plus efficace à la direction de
ses affaires.
La constitution d'un ministère responsable,
le droit pour le corps législatif de régler les
conditions organiques de ses travaux et de ses
communicationsavec le gouvernement, seraient
à nos yeux des mesures essentielles pour at-
teindre ce but.
On voit qu'elle énorme différence sépare-
cette interpellation de celle de M. Du Mirai.
L'interpellation du parti constitutionnel libéral
affirme la responsabilité ministérielle, ce qui
implique forcément l'abrogation de l'article 44
de la Constitution. I/interpellation Du Mirai
omet cette réforme, la plus urgente et la plus
immédiatement réclamée par le pays.
L'interpellation du parti constitutionnel li-
béral ne demande à l'empereur de rendre à
la chambre ni l'ordre du jeur motivé ni l'a-
dresse. Elle affirme qu'à la chambre seule ap-
partient le droit de trancher ces questions. Dès
lors, on n'aura plus à craindre que les droits
les plus essentiels de l'assemblée soient à la
merci d'un décret.
Il a été seulement bien entendu entre tous
les signataires, que, quelle que fût l'opinion
des interpellants sur la responsabilité de l'em-
pereur, elle restait en dehors de l'interpella-
tion. On ne l'a pas dit, parce que l'on s'est
borné à indiquer ce qu'on voulait innover. La
raison principale de cette décision a été de
marquer qu'on ne s'associait pas à la fameuse
maxime : «Le roi règne et ne gouverne pas, »
et, en outre, d'échapper à la nécessité d'un
plébiscite, qui seul pourrait détruire la res-
ponsabilité de l'empereur.
Après le vote, la nouvelle interpellation a été
couverte de signature?, parmi lesquelles on
remarque notamment celles de MM. Segris, La-
tour du-Moulin, Buffet, le marquis de Talhouët,
E. Oîlivier, Plichon. Nous ne doutons pas que
M. Louvet et ses amis ne suivent l'exemple de
M. Segris.
La Liberté donne ensuite cette liste com-
plète des signataires de la première inter-
polation :
MM.
D'Albuféra.
D'Andelarre.
Aylies.
De Barante.
Bâillon.
Bastid.
Bérard,
Boduiri.
De Boigne.
Bournat.
Bou tôlier.
Brame.
Buisson.
Outret.
De Bu89ierre.
Carré-Kérisouef.
De Chambrun.
Cbesnelong.
Chevaudier de Val-
drôme.
Cochery.
Co'nudet.
De Dalmas.
Daru.
Descours.
De Dommarlin.
Douesnel.
Dugué de la Faueon-
nerie.
Dufort de Givrac.
Eschassériaux.
Estancelin.
D'Estourmel.
Fou:d.
De Fourment.
Germain.
Gévelot.
Goerg.
GorFse.
De Grammont.
Grollier.
De la Guistière.
Haentjens.
D'Hesecques.
Houssard.
Javal.
Johoston.
Joliot.
Jvsseau.
Keller.
De Kératry.
MM.
Kolb-Bernard. »
Lacroix-Saint-Pierre.
Lagrange.
Laroche-Joubert.
Latour du Moulin.
Le Clerc d'Osmonville.
Le Comte. «
Lefébure.
Lefèvre-Pontalis,
Le Hon.
Lespérut.
Louvet.
Malausséna,
Malézieux.
Martel.
Mège.
Milon.
De la Monneraye.
De Monta gnac.
Morin.
Murât.
N oge n t-Sain t-Laurens.
Ollivier.
Paulmier.
De Piré.
Pissaltt,
Planat.
De Plancy.
Plichon.
Pons-Peyruc.
Quesné.
Réguisv
Richard.
Riondel.
Rolle.
Rouxin.
De Saint-Paul.
Segris.
Steenackers.
Talhouëf.
Tavsin.
Terme.
Thoinnet de la Turmé-
lière.
De Tillancourt.
De Veauce.
Viellard-Migeon.
D'Yvoire.
Quand l'interoerat on avec sa rédaction
nouvelle aura ét^ déposée, la Liberté indi-
quera ceux des pre nier^ signatai, es qui ont
reoulé devant le commentaire explicatif.
Le Constitutionnel de ce matin donne les
dernières nouvelles de l'nterpell ition. a M.
du Mirai lui même se met à la remor-
que. »
La Patrie semblait, en effet, avoir fait
son deull de l'interpellation du Mirai.
Pour que l'interpellation de M, du Mirai réa-
lisât les espérances qu'elle a provoquées, il eût
été, suivant nous, nécessaire qu'elle indiquât
les opinions de son auteur au sujet de trois
questions capitales dans le moment actuel. Ces
trois questions sont :
1° Le droit qui devrait être concédé à la
chambre de manifester son avis d'une manière
précise par des ordres du jour motivés;
2° Le vote du budget par articles;
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