Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-07-06
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 juillet 1869 06 juillet 1869
Description : 1869/07/06 (N49). 1869/07/06 (N49).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7529767j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
NI) 49. - Mardi 6 juillet 1869. Le numéro : 15 c. - Départements: 20 c.
«ftDACTIOTÏ
S'adress, u secrétaire de la rédaction
î' - ALBERT BAUME
De 3 à 5 h. du soir
10, rue du Faubourg-Montmartre, 10.
Les manuscrits non insérés ne sont pas rmus,
AVKOKCGI
MM ch. LAGRANGE, CERF et JO,
6, place de la Bourse, 6.
ADMINISTRATION
MM. PANIS ET ORAIN
ABONNEMENTS
PARIS
Un mois. 4 50
Trois mois. i3 50
DÉPARTEMENTS
Un mois. 6
Trois 16
BuaEAirx
13, rue du Faubourg-Moàitmimre, 13.
Le public et Ifs libraires se plaignent
de n'avoir pas io jours les numéros du
Rappel d'assez bonne heure et en nombre
assez abondant.
NQus devions avant tout reparaître,
même avec un outillage incomplet et des
moyens insuffisants. Pre-sés par le temps,
nous n'a\ons pu nous procurer que deux
machines lirant ensemble 9,000 exem-
plaires par heure, quand les bew'n.:; de
notre vente en nécessiteraient trois tirant
15,000.
Nous redoublons d'efforts pour complé-
ter le plus rapidement possible notre ma-
tériel, caractères et presses. Jusqu'à ce
que notre installation provisoire so:t de-
venue definitive, nous prions le public, (t
nos intermédiaires auprès du public, les
libraires, de vouloir nous aider encore
d'un peu de pa'ience tt de bienveillance.
Albert Barbieux.
N us avons reçu du ministère de l'inté-
rieur le communiqué suivant :
Le journal le Rappel, dans son numéro du
29 juin, parle d'une protestation qui lui aurait
été adressée au sujet du refus, par l'adminis-
tration de la commune des Lilas, de fournir
une civière pour l'enterrement civil d'un en-
fant.
Les faits racontés par ce journal, et la ré-
ponse qu'il prêle à un employé de la mairie
des Lilas, sont entièrement controuvés.
(Communiqué.)
LA NOUVELLE CHAMBRE
Nous disions, le jour même de l'ouver-
ture de la session, que, cette fois, il s'agis-
sait d'une chambre nouvelle. Il n'y a
guère eu encore qu'une séance, et elle a
sufd pour nous donner raison. ,
Ce n'est pas seulement M. Jules Favre
qui a « accep'é l'enseignement salutaire»
des dernières éle-t' on?, et le « devoir qu'el
lès imposent » à l'ancifnne gnuche. Tous
les hostiles ont compris que l'heure des
attermoiements et des périphrases était
passé, et qu'il éta't temps de signifier au
pouvoir personnel la revendication du
pays.
On a vu avec quel redoublement d'éner-
gie M. Jules Sim an a lutté deux jours
contre la majorité, a fait ttire les inter-
ruption, et a contraint la chambre à reje-
ter aux bureaux une élection qu'elle voulait
valider d'emblée. — M. Picard n'a pas été
moins heureux, et M. Rouher, qui, un
instant auparavant, affectait de d(d igner
le débat et qui, à un orateur deman-
dant : « Que dit M. le ministre d E'at? »
répondait de si haut : « Absolument rien 1 »
a dû descendre de son tier ce olyn pien
pour le spirituel député de Montpelier.
.;. M. Garnier Page, à son tour, a brave-
ment mérité que M. Schneider lui dît :
« Si nous continuons ainsi, je ne i-a*s pas
jusqu'où nous irons. »
Le centre gauche n'a pas été plus com-
mode que la gauche, et c'est du ton dont
M. Jules Simon venait de dire : « Je ne
consens pas aux interruptions, » que M.
Estancelin a dit : « Ce n'est pas pour avoir
ULe conversation avec M. Peyrusse, ce
me semble, que je s jis à la tribune. »
Nous attendons le centre gauche au dé-
veloppement de sa demande d'interpella-
tion. La Constitution l'a gêné pour la ré-
diger en termes précis, et il a cru devoir
se borner à réclamer vaguement une plus
complère et plus efficace association du
pays à la direction des affaires publiques.
Mais il se réserve d'expliquer à la tribune
qu'il entend par là le rétablissement de
la responsabilité ministérielle, c'est-à-dire
le partage du pouvoir entre les deux man-
dataires de la nation, l'empereur et le
parlement ; c'est-à-dire, en propres ter-
mes, l'abdication du pouvoir personnel.
Ce que diront les orateurs du centre
gauche, ses journaux le di-ent déjà. Le
Moniteur, entre autres, ne di-simule aucu-
nement que l'interpellation Br.ime « pose
la question de cabinet, comme on disait
autre fois, et pose même une question plus
haute. n
Voilà jusqu'où 1 s libéraux « ronstitu-
tionne's » ont entraînés par l'émulation
et par l'ambition de ne pas laisser la tête
du mouvement à la gauche. Toute cette
semaine, leur ictivité et leur vivecité ont
été extraordinaires. Ils bnt multiplié les
réunions, battu le rappel de tous leurs
amis, rallié les épars, fait honte aux
timides, entraîné les hés tants. Al heure
qu'il est, ils sont en nombre, et s'apprê-
tent à faire dans les ministères ce que l'ar-
mée frança'se est allée faire en Chine, et
à secouer sans douceur la somnolence des
mandarins qui si agréablement, depuis
tant d'années, fumaient l'opium de l'ir-
responsabilité. L'assaut va être donné ces
jours-ci.
S'ils forcent les lorles du palais d'été,
ciel! quelle main-basse sur les porte-
feuilles !
Mais voici que la majorité s'aperçoit du
danger qu'il y a pour elle à rester en ar-
rière. Elle arrive. Des interpellations?
En voici 1
La majorité ne craint pas, elle, de
préciser sa demande. Les libéraux consti-
tutionnels, qui voudraient bien violer la
Constitution, mais qui n'osent pas, font
remarquer, avec une amère jalou ie, que
leur timidité n'est pas imitée par les
« amis des demi-dieux. » Rétablissement
de l'adresse, extension du droit d'inter-
pellation et du droit d'amendement, no-
mination par le corps législatif de la tota-
lisé de son bureau, toutes ces choses sont
expre s ément revendiquées par les dévots
de M. Rouher.
Et ~i ça ne vous suffit pa-, vous n'avez
qu'à parler. Dites ce que vous dés'r z, on
VI us donnera tout. Est-ce l'élargissement
de droit de réunion? Accordé. Voulez -
vous la lib rté de la pressa ? Vous êtes mo-
de tfj ; on y ajoute) a la liberté municipate.
Et, t nez, tendez vos mains, voici « l'i i s-
truc ion jour tous ; » voici a le bien-être
pour toutes les classes de la société; » voici
« l'ég. li é sociale. »
C'est le Peuple qui promet toutes c s
merv. ille , et l'on sait qui le souffle.
Le centre gauche a l'irrespect de ne pas
prendre au sérieux les promisses de —- M.
Duvernois.
Mais l'interpellation de M. du Mirai
-n't st pas une promesse, c'est un fait. Ici,
le tiers-parti ne doute pas, il tremble Il
vo't dans le programme de la majorité
une manœuvre destinée à détacher un
certain nombre des signataires de son
programme à lui, lesquels, tout en con
sortant à souhaiter des réformes, aime-
raient mieux les accorder à M. Rouher
que de les lui infliger.
Si la minœuvre réussissait, le giand
homme d'Etat qui nous commande n'au-
rait nu motif de céder à un autre l'appli-
cation des mesures qu'il se serait d man-
dées lui-même, le corps d invasion en
Chine ministérielle devrait renoncer au
pillpge des portefeuil es,- et quant aux ré-
formes, eh bien, M. Rouher les « exécu-
terait. »
Ce ne sera certes pas nous qui garanti-
rons la sincérité de notre sous-maître. Ce
que les amis de M. Rouher tiennent à ob-
tenir pour le peuple, c'fst évidemment le
maintien de M. Rouher.
Quoi qu'il en soit, un fait n'en reste
pas moins acquis : c'est que le pjmo'r
personnel en est à ce point que se parti-
sans même en sont réduits à le renier
ne fût-ce que des lèvres, c'est que la né-
cessité de l'émancipation est te'le qu'elle
fait demander la liberté par ceux mêmes
qui n'en veulent pas.
Il en est de l'interpellation dictée par le
minisire d'Etat comme de toutes les hypo-
crisies : on peut dire que le libéralisme de
M. Rouher est un hommage que le vice-
empereur rend à la liberté.
Ainsi, le mouvement gagne de proche
en proche, (t se communique des radi-
caux aux libéraux, des libéraux aux cons-
titutionnels, des constitutionnels aux dé-
voués.
L'heure présente se résume dans le cri,
poussé plus ou moins s'ncèrement, mais
pou-sé par tous : Liberté !
Les constitutionnels disent que la liberté
est compatible avec l'empire. Il ne leur
reste plus qu'à le prouver.
Ce qui est prouvé pour nous, c'est que
le pays veut la liberté, et qu'il l'aura.
Auguste Vacquerie.
UNE LIBERTÉ OCTROYÉE
C'est, en vérité, une bien jolie chose que
le fonctionnement d'une liberté, s .us le se-
cond.empire.
Il y a des moments où l'on serait tenté
de s'écrier, — comme à ia foire, — que cela
vaut l'argent, — si 01 ne se rappelait tout à
coup que la France entretient, bo i an mal
an, de ies deniers, un budget de plus de
deux milliards.
Voici l'histoire :
Dans un jour de belle humeur, l'empire,
après dix sept ans de d'etature, avisa la
France qu'elle jou r if, à partir d'une cer-
taine époque, du droit p é ieux de réunion.
—Bon! — se dirent les Français clair-
voyants, — il y aura des amendes à payer
el de la prison à faire pour ceux qui se
réuniront.
Mais, après tout, la liberté est un bien
si essentiel que les descendants de ceux qui
avaient jadis versé leur sarg pour la con-
quête des droits de l'homme et du citoyen,
ne reculèrent ni devant les amendes, ni de-
vant la prison.
Pendant que les uns taillaient leur plume,
les au'res provoquaient des réunions, se
désignant ainsi nominativement aux colères
de l'administration pour le jour où le jeu
lui déplairait.
Que voulez vous? — Lorsqu'un va au feu,
il faut bien s'attendre aux blessures.
A la guerre comme à la guerre !
Lutter,— même quind on est sûr de la
défaite matérielle et momentanée,— est
un devoir impérieux, et ceux qui succom-
bent en route montrent le chemin à ceux
qui suivront.
Au-s les o ateurs des réunions publiques,
malgré une grêle de psocès, continuèrent
de pa'l r.. avec un c ommissaire de police
dans le dos, et Sainte-Pélagie en perspec-
tive.
Cela ne pouvait durer ainsi.
Nous sommes en France, en 1869, et les
libertés dont nous jouissons sont des liber-
tés er;tr oyée?.
Un beau matin, en se réveillant, la Fran-
ce chercha le droit de réunion. Il avait
disparu !
— Comment ! hier encore, il était là.
Où a t-il donc passé ?
— Dans le cabinet du préfet de police !
Allez l'y chercher.
Et le peuple français, qui est bon en-
fant, Irès bon enfant, s'en va frapper rue
de Jérusalem.
- Toc, toc, toc !
— Qui est là?
- Le peuple souverain.
- Que voulez vous?
- Mon droit de réunion.
—Il est ici.
— Ah ! vraiment !
- Oui, dans ce carton. Tenez, lisez l'éti-
quette : - Libertés publiques.
— Il n'est donc pas perdu?
- Du tout, du tout!
- Voudriez-vous me le rendre, s'il vous
plaît?
— Impossible!
Cependant.
- Il n'y a pas de cependant.
.;. Alors, je n'ai plus le dro;t de me réu-
nir?
—Vous avez ce droit, et h preuve, c'est
que je vous en prive. Il est bien évident
que, si le droit de réunion n'existait pas, je
ne pourrais pas eu suspendre l'usage.
— La loi dit.
- La lui dit ce qu'elle veut.
-. Que vous devez rec voir ma déclara-
tion et m'en délivrer récépissé.
— Je ne reçois rien, et je ne delivre rien.
— Nous ne sommes pourtant pas en tftat
de siège. Pourquoi cette suspension abso-
lue?.
— Silence, pas de rébe'lion, — où je sé-
vis!
Voilà comment les choses se passent de-
puis les élections.
- Pas une réunion n'a été autorisée. S'il
faut en croi e le Siècle, la préfecture de po-
lice, outre-passant même les prescriptions
si sévères de la loi, refuserait toutes les
déclarations en bloc.
Pourtant le texte de l'article 2 de ladite
Ici n'accorde nullement aux fonctionnais
préposés pour recevoir les déclarations le
droit de les refuser et de ne pas en dé'ivrer
récépissé.
Le ministre de l'intérieur seul est investi
de la faculté d'interdiction définitive, et
encore résuite t-il des termes mêmes de
1 article 13 que le droit d'interdiction ne
peut s'appliquer « qu'isolément et pour
chaque réunion ».
Combien de temps durera cette suppres-
sion du droit de réunion ?
Quinze jours, ou qu'nze ans?
Qui le sait?
Il n'y a besoin ni d'une nouvelle loi votée
par le corps législatif, ni même du plus pe-
tit dé rel..
L'administration refourre dans sa poche
gauche le droit qu'elle avait exhibé de sa
poche droite, et tout est dit.
Les libertés octroyées sont de bonnes fil-
les qui riraient bien si elles étaient violées.
Arthur Arnould.
Il se joùe actuellement aux Tuileries une
comédie à trois pers nnages dont le dénoû-
ment n'est encore qu'imparfaitement connu.
M. Schne'der, ayant appris que M. Jé-
rôme David venait de passer sultane favo-
rite, c'est-à-dire que Napoléon III lui avait
envoyé une plaque de grand officier de la
Légion d'honneur, M. Schneider s'est senti
froissé dans son amour-propre et a offert à
l'empereur de retourner comme Cincinna-
tus à ses locomotives.
t
t *
L'empereur a répondu que la distinction
accordée à M. Jérôme David signifiait sim-
plement que celui-ci serait nommé prési-
dent du corps législatif aussitôt que M.
Schneider voudrait bien avoir la bonté de
décéder. Que cependant M. Schneider n'a-
vait pas à se presser et qu'on ne lui deman-
dait pas de mourir avant quelques mois.
♦
* «
M. Schneider a paru satisfait et a gardé
sa place de président. Alors M. Jérôme Da-
vid, avec l'astuce d'un ancien chef de bu-
reau arabe, s'est dit :
« Si S'hneider est satisfait, c'est que je
ne dois pas 1 être. »
Et il a offert sa démission de vice-prési-
dent. L'empereur ne l'a pas plus acceptée
que l'autre, et M. David a gardé sa place
comme M. Schneider avait gardé la sienne.
Il faut dire que toutes les deux sont ex-
trêmement lucratives.
*
♦ «
Notons que ce même Jérôme David, qui
se donna jadis comme démocrate, et qui se
venge aujourd'hui sur les républicains de sa
palinodie, est le filleul de feu le prince Jé-
rôme et se trouve ainsi presque de la fa-
mille.
Le pouvoir compte sur la poigne de cet
ancien meneur d'Arabes pour maintenir la
chambre, au cas où des m uvements un
peu tumultneux se manifesterai; nt dans son
sein. On se rappelle que, l'onnée dernière,
M. Havin ayant pris la paro'e pour se dé-
fendre contre les accusalio s d'un certain
Kervéguen, M. Jérôme David, qui prés:dait
par intérim, fit tranquillement é eindre le
gaz, afin d'arrêter M. Havin dans sa dé
fe se.
Cet acte iniécent, la gau he li suppor'a
sans murmu er. Il est vrai que M. Jérôme
David ne l'eût probablement pas essayé s'il
avait eu affaire à l'opposition que je rêve.
On vient -d'arrêter l'assassin du député
Lobbia. Il paraît que ce malfaiteur appar-
tient à la police florentine et qu'il avait été
chargé par le gouvernement italien de dé-
ba rasser celui-ci du député gênant et ré-
so u.
*
* *
Voilà qui va bien : en Italie, la police
n'arrête plus les meurtriers, elle les rem-
place.
Je vois le jour où, — en Italie, —les vo-
leurs de grands chemins se:ont obligés de
se mettre à la disposition du publie, pour
le protéger contre les sergents de ville, —
en Italie.
Mercredi, 30 juin.
La bataille relative aux élections contes-
tées commencera vendredi. Il est difficile
de prévoir quels arguments M. Rouber dé-
couvrira pour répondre à des faits comme
ceux qui ont signalé l'élection de M. Al-
phonse Esquiros, où quatre-vingt-dix ci-
toyens ayant voté pour ce candidat radical,
on n'a trouvé dans l'urne que vingt-deux
bul etins portant son nom.
♦
* *
Eh bien! vous verrez que le ministère -,
n'en accusera pas moins les passions hos-
tiles de vouloir faire planer sur l'empire
des soupçons attentatoires à son honneur,
et que l'affaire des vingt deux bulletins sera
parfaitement expliquée à la satisfaction de
la majorité, qui criblera l'orateur de bra-
vos.
*
* *
C'est égal, je ne serai pas fâché de cons-
tater la façon dont le ministre d'État se
tirera de son argumentation. Je ne con-
nais, en effet, que Newton qui soit capable
d'établir que vingt-deux et quatre-vingt-dix
font un seul et même nombre.
M. Rouher pourrait, il est vrai, raconter
que l'urne électorale se composait d'une
vieille boîte à sel, dans laquelle vivait,
depuis le scrutin de 1863, toute une famille
de souris, et que l'arrivée des bulletins de
vote au milieu de cette tribu a été pour elle
comme la manne.
Sans s'occuper du candidat dont ils
portaient le nom, sur quatre-vingt-dix but-
letins, les souris en ont imméd atement dé-
voré soixante-huit, ce qui explique cotn-
ment on n'en a retiré que vingt-deux.
*
* *
Si la chambre ne se contente pas de ce
récit cependant bien concluant, on pourra
essayer de lui faite avaler que les trois
quarts des bulletins étaient écrits avec de
l'encre tellement blanche qu'il a été impos-
sible de lire au juste le nom que les élec-
teurs y avaient tracé.
Quelques très-liien ! adroitement lancés
du banc des arcad'ens brochant sur ces
commentaires, il n'y a pas de doute que.
la majorité ne convienne que vingt-deux
voles sur quatre-vingt-dix, c'est encore plus
qu'on ne pouvait raisonnablement oser es-
pérer.
Les journaux sont remplis de notes ainsi
conçues :
« Une poursuite est intentée à l'Indépen-
dant du Centre pour excitation à la haine
et au mépris du gouvernement. »
« L'Emancipation de Toulouse est citée
devaat la police correctionnelle pour ex-
Feuilicton du RAPPEL
39 DD 6 JUILLET 1869.
L'HOMME QUI RIT
DEUXIÈME PARTIE
PAR ORDRE DO ROI
LIVRE PREMIER
ÉTERNELLE PRÉSENCE DU PASSÉ;
LES HOMMES REFLÈTENT L'HOMMES
IV
-
Magister elegantiarum
Josiane s'énnuyait, cela va sans dire.
Lord David Dirry-Moir avait une situa-
tion magistrale dans la v'e joyeuse de
Londres. Nobility et gentry le véné-
raient.
Reproduction interdite.
Voir les numéros il" :1 mai au Jllill, ceux du 30
juin, du 1er et 2 juillet.
Enregistrons une gl);r,- d^îorl David :
il osait parler ces chaveux. La réaction
contre la perruque commençait. De même
qu'en 1824 Eugène Devér a os le premier
lisser pousser sa barbe, en 1702 Price De
ver ux ( sa le premier hasarder en public,
fous la dissimutation d'une frisure savante,
sa cheveture naturelle. Risqu r sa ch ve-
lure, c'était presque risquer si tête.
L'indignation fut universele; pourtant
Prite Devereux était vicomte Hereford
et pair d'Ang'e'erre. Ii fut insulté, et
Ic fait e~t que la cho e en val it la
peine.
Au plus fort de la huée, lord David pa-
rut tout à coup, lui aussi, avec ses che-
veux et sans perruque. Ces choses-là an-
lo e nt la fin des sociétés.
Lord David fut homni plus encore que
le vicomte H reford. Il tint bon. Price
~Davereux avait été le premier, David
Dirry-Moir fut le s c nd. Il est quelque-
fois plus difficile d'être le seco d que
le premier. I faut moins de génie, mais
plus de courage. Le premier, enivré p'1r
l'innovat'on, a pu ignorer le danger ; le
second voit l'ablme et s'y précipite. Cet
abîme, ne p'us porter perru jue, David
Dirry-Moir s'y jeta.
P.us tard, on les imita; on eut, après
c s deux révolutionnaires, l'audace de se
coiffer de s s cheveux, et la poudre vint,
comme circonstance at'énu n e.
Pour fixer en passant cet imposant
point d'histoire, d'sons que la vraie prio-
ri é dans ia guerre à la perruque appar-
tiendrait à une reine, Christine de Suède,
laquelle mettait des habits d'homme, et
s'était montrée dès 1680 avec ses cheveux
châtains naturels, poudrés et hérissés sans
coiffure en tête naissante. Elle avait en
outre. « quelques poil, de barbe, » dit
Misson.
Le pape, de son côté, par sa bulle de
mars 1694, avait un peu déconsidéré la
perruque en l'ôtant de la tête des évêques
et des prêtres, et en ordonnant aux gens
d'église de laisser pous er leurs che-
veux.
Lord David donc ne portait pas per-
ruque et mettait des boites de peau de
vrche.
Ces grandes choses le désignaient à l'ad-
miration publique. Pas un club dont il ne
fût le leader, pas une boxe où on ne le
souhaitât pour referec. Le referee, c'est
i'arb tre.
Il avait rédigé les chartes de plusieurs
cercles de la high life; il avait fait des fon-
dations d'élégance dont une, Lady Gui-
nea, existait tncore à Pal! MaU en 1772.
Lady Guiriea était un cercle où foisonnait
toute la jeune lordship. On y jouait. Le
moindre enjeu était un rouleau de c'n-
quante guinées, et il n'y avait jamais mo'ns
de vingt mille guinées sur la table. Près
de chaque joueur se dressait un guéridon
pour poser la tas-e de 1 hé et la sébile de
bois doré où l'on m t les rou'eaux de gui-
néçs.
Les joueurs avaient, comme les valets
quand ils fourbiss ent les couteaux, des
manches de cuir, U squelles protégeaient
hurs dpntelles, des plast ons de cuir qui
g rantissaient leurs faises, et sur la tête
pour abriter leurs yeux, à cau-e de la
grande lumière des lampes et main'enir
en ordre leur fi isure, de larges chapeaux
de paille couverts de fleurs. l's étaient
masqués, pour qu'on ne vît pas leur émo-
tion, surtout au jeu de quinze. Tous
avaient sur le dos leur, habits à l'envers,
afin d'attirer la chance.
Lord David était du Beefsteak Club, du
Surly Club, et du Splitfarthing Club, du
Club des Bourrus et du Club des Gratte-
Sous, du Nœud Se l'é, Sealed Knot, club
de3 royalistes, et du Martinus Scribb'eruF,
fondé pir Swift, en remplacement de la
Rota, fondée pir Milton.
Quoique beau, ii était du Club des
Laids. Ce c'ub était dédié à la difformité.
On y prenait l'engagement, de se battre,
non pour une belle femme, mai - pour un
homme laid. La salle du club avait pour
ornement des portraits hideux : Thersite,
Tr.b ulet, Dun;, Hu libras, Scarron ; sur
là cheminée était Esope entre deux bor-
gne-, Coclès et Camoën-; Coclès étant,
borgne de l'œil gauche et Camoëns de
l'œil droit, chacun était seul pré de son
côté borgne, et ces deux profi s sms yeux
se faisaient vis-à-vis. Le jour où la be le
madame Visart eut la petite vérole, le Club
des Laids lui porta un toast. Ce club
floris ait encare au commencement du
dix-neuvième siècle; il av it envoyé ui
diplôme de membre hon raire à Mira-
beau.
Depuis la restauration de Charl s II, les
clubs révolutionnaires étaient abolis. On
nv;¡it d~mo i, dans la petite rue avo sinant
Moorfields, la taverneoù se tenait le Calf's
Head Club, club de la Tête de Veau, ainsi
nommé parce que le 30 janvier 1649,
jour où coula sur l'échafaud le sing de
Char'es Ier, on y avait bu dar s un CI âne
de veau du vin rouge à la s mté de Crom-
well.
Aux clubs républicains avaient succédé
les clubs monarchiques.
On s'y amusait décemment.
Il y avait, le She romps Club. On pre-
na't dans la rue une femme, une passante,
une bourgeo'se, aussi peu vieille et aus-i
peu hide que possible; on li poussait
dans le club, de force, et on la faisait mar-
cher sur h s main-, les pieds en l'air, le
visage voilé par ses jupes retombantes. Si
el'e y mettait de la mauvai-e grâce, on
c'nglait un peu d~ la cravache ce qui n'é-
tait plus vdilé. C'était sa faute. Lesécuyers
de ce genre de manège s'appelaient « les
sauteurs. »
Il y avait le Club des Echirs de chaleur,
métaphoriquement Merry-dasses. On y
faisait danser par des nègras et des blan -
ches les danses des picantes et des timti-
rimbas du Pérou, notamment la. Moza-
mala, « mauvaise fi le, » danse qui a pour
triomphe la danseuse s'asseyant sur un
tas de son auquel, en se relevant, elle
laisse une empreinte cal'ipyge. On s'y
donnait pour specta le un vers de Lucrèce,
Tunc Venus in sylvis jungebat corpora amantum.
Il y ava't le Hellfire Club, « Club des
Flammes, » où l'on jouait à être impie.
C'était la joûte dis sacrilèges. L'enfer y
était, à l'enchère du plus gros blas-
phème.
Il y avait le Club des Coups de Tête,
ainsi nommé parce qu'on y donnait des
coups de tête aux gens. On avisait quelque
portefaix à large poitrail et à l'air imbé-
cile. On lui offrait, et au besoin on le con-
traignait d'accepter, un pot de porter pour
se laisser donner quatre coups de tête
dans la poitrine. Et là-dessus on pariait.
Une fois, un homme, une grosse brute da
gallois nommé Gogangerdd, expira au
troisième coup de lêle. Ceci parut grave.
Il y eut enquête, et le jury d'ind ctement
rendit C3 verdict : « Mort d'un gonfle-
ment de cœur causé par excès de bois-
son. » Gogangerdd avait en effet bu le pot
de porter.
Il y avait le Fun Club. Fun est, comme
cant, cQmme humour, un mot spécial in-
traduisible. Le fun est à la farce ce que le
piment e-t au sel. Pénétrer dans une mai-
son, y briser une glace de prix, y balafrer
1 s portraits de famille, empoisonner le
ch'en, mettre un chat dans la vo ière, cela
s'appel'e « tailler une pièce de fun. »
Donner une fausse mauvaise nouvelle qui
fait prendre aux personnes le deuil à tort,
c'est du fun. C'est le fan qui a fait ua
trou èarré dans un Holbein à Hampton-
Court. Le fun serait fier si c'était lui
qui avait cassé les bras à la Vénus de
Milo. ,., -' ,
Sous Jacques II, un jeune lord mil-
lionnaire qui avait mis le feu la nuit
à une chaumière fit rire Londres aux
éc'ats et fut proclamé Roi du fun. Les pau-
vres diables de la chaumière s'étaient sau-
vés eh chemise. Les membres du Fun
Club, tous de la p'us haute aristocratie,
couraient Londres à l'heure où les bour-
«ftDACTIOTÏ
S'adress, u secrétaire de la rédaction
î' - ALBERT BAUME
De 3 à 5 h. du soir
10, rue du Faubourg-Montmartre, 10.
Les manuscrits non insérés ne sont pas rmus,
AVKOKCGI
MM ch. LAGRANGE, CERF et JO,
6, place de la Bourse, 6.
ADMINISTRATION
MM. PANIS ET ORAIN
ABONNEMENTS
PARIS
Un mois. 4 50
Trois mois. i3 50
DÉPARTEMENTS
Un mois. 6
Trois 16
BuaEAirx
13, rue du Faubourg-Moàitmimre, 13.
Le public et Ifs libraires se plaignent
de n'avoir pas io jours les numéros du
Rappel d'assez bonne heure et en nombre
assez abondant.
NQus devions avant tout reparaître,
même avec un outillage incomplet et des
moyens insuffisants. Pre-sés par le temps,
nous n'a\ons pu nous procurer que deux
machines lirant ensemble 9,000 exem-
plaires par heure, quand les bew'n.:; de
notre vente en nécessiteraient trois tirant
15,000.
Nous redoublons d'efforts pour complé-
ter le plus rapidement possible notre ma-
tériel, caractères et presses. Jusqu'à ce
que notre installation provisoire so:t de-
venue definitive, nous prions le public, (t
nos intermédiaires auprès du public, les
libraires, de vouloir nous aider encore
d'un peu de pa'ience tt de bienveillance.
Albert Barbieux.
N us avons reçu du ministère de l'inté-
rieur le communiqué suivant :
Le journal le Rappel, dans son numéro du
29 juin, parle d'une protestation qui lui aurait
été adressée au sujet du refus, par l'adminis-
tration de la commune des Lilas, de fournir
une civière pour l'enterrement civil d'un en-
fant.
Les faits racontés par ce journal, et la ré-
ponse qu'il prêle à un employé de la mairie
des Lilas, sont entièrement controuvés.
(Communiqué.)
LA NOUVELLE CHAMBRE
Nous disions, le jour même de l'ouver-
ture de la session, que, cette fois, il s'agis-
sait d'une chambre nouvelle. Il n'y a
guère eu encore qu'une séance, et elle a
sufd pour nous donner raison. ,
Ce n'est pas seulement M. Jules Favre
qui a « accep'é l'enseignement salutaire»
des dernières éle-t' on?, et le « devoir qu'el
lès imposent » à l'ancifnne gnuche. Tous
les hostiles ont compris que l'heure des
attermoiements et des périphrases était
passé, et qu'il éta't temps de signifier au
pouvoir personnel la revendication du
pays.
On a vu avec quel redoublement d'éner-
gie M. Jules Sim an a lutté deux jours
contre la majorité, a fait ttire les inter-
ruption, et a contraint la chambre à reje-
ter aux bureaux une élection qu'elle voulait
valider d'emblée. — M. Picard n'a pas été
moins heureux, et M. Rouher, qui, un
instant auparavant, affectait de d(d igner
le débat et qui, à un orateur deman-
dant : « Que dit M. le ministre d E'at? »
répondait de si haut : « Absolument rien 1 »
a dû descendre de son tier ce olyn pien
pour le spirituel député de Montpelier.
.;. M. Garnier Page, à son tour, a brave-
ment mérité que M. Schneider lui dît :
« Si nous continuons ainsi, je ne i-a*s pas
jusqu'où nous irons. »
Le centre gauche n'a pas été plus com-
mode que la gauche, et c'est du ton dont
M. Jules Simon venait de dire : « Je ne
consens pas aux interruptions, » que M.
Estancelin a dit : « Ce n'est pas pour avoir
ULe conversation avec M. Peyrusse, ce
me semble, que je s jis à la tribune. »
Nous attendons le centre gauche au dé-
veloppement de sa demande d'interpella-
tion. La Constitution l'a gêné pour la ré-
diger en termes précis, et il a cru devoir
se borner à réclamer vaguement une plus
complère et plus efficace association du
pays à la direction des affaires publiques.
Mais il se réserve d'expliquer à la tribune
qu'il entend par là le rétablissement de
la responsabilité ministérielle, c'est-à-dire
le partage du pouvoir entre les deux man-
dataires de la nation, l'empereur et le
parlement ; c'est-à-dire, en propres ter-
mes, l'abdication du pouvoir personnel.
Ce que diront les orateurs du centre
gauche, ses journaux le di-ent déjà. Le
Moniteur, entre autres, ne di-simule aucu-
nement que l'interpellation Br.ime « pose
la question de cabinet, comme on disait
autre fois, et pose même une question plus
haute. n
Voilà jusqu'où 1 s libéraux « ronstitu-
tionne's » ont entraînés par l'émulation
et par l'ambition de ne pas laisser la tête
du mouvement à la gauche. Toute cette
semaine, leur ictivité et leur vivecité ont
été extraordinaires. Ils bnt multiplié les
réunions, battu le rappel de tous leurs
amis, rallié les épars, fait honte aux
timides, entraîné les hés tants. Al heure
qu'il est, ils sont en nombre, et s'apprê-
tent à faire dans les ministères ce que l'ar-
mée frança'se est allée faire en Chine, et
à secouer sans douceur la somnolence des
mandarins qui si agréablement, depuis
tant d'années, fumaient l'opium de l'ir-
responsabilité. L'assaut va être donné ces
jours-ci.
S'ils forcent les lorles du palais d'été,
ciel! quelle main-basse sur les porte-
feuilles !
Mais voici que la majorité s'aperçoit du
danger qu'il y a pour elle à rester en ar-
rière. Elle arrive. Des interpellations?
En voici 1
La majorité ne craint pas, elle, de
préciser sa demande. Les libéraux consti-
tutionnels, qui voudraient bien violer la
Constitution, mais qui n'osent pas, font
remarquer, avec une amère jalou ie, que
leur timidité n'est pas imitée par les
« amis des demi-dieux. » Rétablissement
de l'adresse, extension du droit d'inter-
pellation et du droit d'amendement, no-
mination par le corps législatif de la tota-
lisé de son bureau, toutes ces choses sont
expre s ément revendiquées par les dévots
de M. Rouher.
Et ~i ça ne vous suffit pa-, vous n'avez
qu'à parler. Dites ce que vous dés'r z, on
VI us donnera tout. Est-ce l'élargissement
de droit de réunion? Accordé. Voulez -
vous la lib rté de la pressa ? Vous êtes mo-
de tfj ; on y ajoute) a la liberté municipate.
Et, t nez, tendez vos mains, voici « l'i i s-
truc ion jour tous ; » voici a le bien-être
pour toutes les classes de la société; » voici
« l'ég. li é sociale. »
C'est le Peuple qui promet toutes c s
merv. ille , et l'on sait qui le souffle.
Le centre gauche a l'irrespect de ne pas
prendre au sérieux les promisses de —- M.
Duvernois.
Mais l'interpellation de M. du Mirai
-n't st pas une promesse, c'est un fait. Ici,
le tiers-parti ne doute pas, il tremble Il
vo't dans le programme de la majorité
une manœuvre destinée à détacher un
certain nombre des signataires de son
programme à lui, lesquels, tout en con
sortant à souhaiter des réformes, aime-
raient mieux les accorder à M. Rouher
que de les lui infliger.
Si la minœuvre réussissait, le giand
homme d'Etat qui nous commande n'au-
rait nu motif de céder à un autre l'appli-
cation des mesures qu'il se serait d man-
dées lui-même, le corps d invasion en
Chine ministérielle devrait renoncer au
pillpge des portefeuil es,- et quant aux ré-
formes, eh bien, M. Rouher les « exécu-
terait. »
Ce ne sera certes pas nous qui garanti-
rons la sincérité de notre sous-maître. Ce
que les amis de M. Rouher tiennent à ob-
tenir pour le peuple, c'fst évidemment le
maintien de M. Rouher.
Quoi qu'il en soit, un fait n'en reste
pas moins acquis : c'est que le pjmo'r
personnel en est à ce point que se parti-
sans même en sont réduits à le renier
ne fût-ce que des lèvres, c'est que la né-
cessité de l'émancipation est te'le qu'elle
fait demander la liberté par ceux mêmes
qui n'en veulent pas.
Il en est de l'interpellation dictée par le
minisire d'Etat comme de toutes les hypo-
crisies : on peut dire que le libéralisme de
M. Rouher est un hommage que le vice-
empereur rend à la liberté.
Ainsi, le mouvement gagne de proche
en proche, (t se communique des radi-
caux aux libéraux, des libéraux aux cons-
titutionnels, des constitutionnels aux dé-
voués.
L'heure présente se résume dans le cri,
poussé plus ou moins s'ncèrement, mais
pou-sé par tous : Liberté !
Les constitutionnels disent que la liberté
est compatible avec l'empire. Il ne leur
reste plus qu'à le prouver.
Ce qui est prouvé pour nous, c'est que
le pays veut la liberté, et qu'il l'aura.
Auguste Vacquerie.
UNE LIBERTÉ OCTROYÉE
C'est, en vérité, une bien jolie chose que
le fonctionnement d'une liberté, s .us le se-
cond.empire.
Il y a des moments où l'on serait tenté
de s'écrier, — comme à ia foire, — que cela
vaut l'argent, — si 01 ne se rappelait tout à
coup que la France entretient, bo i an mal
an, de ies deniers, un budget de plus de
deux milliards.
Voici l'histoire :
Dans un jour de belle humeur, l'empire,
après dix sept ans de d'etature, avisa la
France qu'elle jou r if, à partir d'une cer-
taine époque, du droit p é ieux de réunion.
—Bon! — se dirent les Français clair-
voyants, — il y aura des amendes à payer
el de la prison à faire pour ceux qui se
réuniront.
Mais, après tout, la liberté est un bien
si essentiel que les descendants de ceux qui
avaient jadis versé leur sarg pour la con-
quête des droits de l'homme et du citoyen,
ne reculèrent ni devant les amendes, ni de-
vant la prison.
Pendant que les uns taillaient leur plume,
les au'res provoquaient des réunions, se
désignant ainsi nominativement aux colères
de l'administration pour le jour où le jeu
lui déplairait.
Que voulez vous? — Lorsqu'un va au feu,
il faut bien s'attendre aux blessures.
A la guerre comme à la guerre !
Lutter,— même quind on est sûr de la
défaite matérielle et momentanée,— est
un devoir impérieux, et ceux qui succom-
bent en route montrent le chemin à ceux
qui suivront.
Au-s les o ateurs des réunions publiques,
malgré une grêle de psocès, continuèrent
de pa'l r.. avec un c ommissaire de police
dans le dos, et Sainte-Pélagie en perspec-
tive.
Cela ne pouvait durer ainsi.
Nous sommes en France, en 1869, et les
libertés dont nous jouissons sont des liber-
tés er;tr oyée?.
Un beau matin, en se réveillant, la Fran-
ce chercha le droit de réunion. Il avait
disparu !
— Comment ! hier encore, il était là.
Où a t-il donc passé ?
— Dans le cabinet du préfet de police !
Allez l'y chercher.
Et le peuple français, qui est bon en-
fant, Irès bon enfant, s'en va frapper rue
de Jérusalem.
- Toc, toc, toc !
— Qui est là?
- Le peuple souverain.
- Que voulez vous?
- Mon droit de réunion.
—Il est ici.
— Ah ! vraiment !
- Oui, dans ce carton. Tenez, lisez l'éti-
quette : - Libertés publiques.
— Il n'est donc pas perdu?
- Du tout, du tout!
- Voudriez-vous me le rendre, s'il vous
plaît?
— Impossible!
Cependant.
- Il n'y a pas de cependant.
.;. Alors, je n'ai plus le dro;t de me réu-
nir?
—Vous avez ce droit, et h preuve, c'est
que je vous en prive. Il est bien évident
que, si le droit de réunion n'existait pas, je
ne pourrais pas eu suspendre l'usage.
— La loi dit.
- La lui dit ce qu'elle veut.
-. Que vous devez rec voir ma déclara-
tion et m'en délivrer récépissé.
— Je ne reçois rien, et je ne delivre rien.
— Nous ne sommes pourtant pas en tftat
de siège. Pourquoi cette suspension abso-
lue?.
— Silence, pas de rébe'lion, — où je sé-
vis!
Voilà comment les choses se passent de-
puis les élections.
- Pas une réunion n'a été autorisée. S'il
faut en croi e le Siècle, la préfecture de po-
lice, outre-passant même les prescriptions
si sévères de la loi, refuserait toutes les
déclarations en bloc.
Pourtant le texte de l'article 2 de ladite
Ici n'accorde nullement aux fonctionnais
préposés pour recevoir les déclarations le
droit de les refuser et de ne pas en dé'ivrer
récépissé.
Le ministre de l'intérieur seul est investi
de la faculté d'interdiction définitive, et
encore résuite t-il des termes mêmes de
1 article 13 que le droit d'interdiction ne
peut s'appliquer « qu'isolément et pour
chaque réunion ».
Combien de temps durera cette suppres-
sion du droit de réunion ?
Quinze jours, ou qu'nze ans?
Qui le sait?
Il n'y a besoin ni d'une nouvelle loi votée
par le corps législatif, ni même du plus pe-
tit dé rel..
L'administration refourre dans sa poche
gauche le droit qu'elle avait exhibé de sa
poche droite, et tout est dit.
Les libertés octroyées sont de bonnes fil-
les qui riraient bien si elles étaient violées.
Arthur Arnould.
Il se joùe actuellement aux Tuileries une
comédie à trois pers nnages dont le dénoû-
ment n'est encore qu'imparfaitement connu.
M. Schne'der, ayant appris que M. Jé-
rôme David venait de passer sultane favo-
rite, c'est-à-dire que Napoléon III lui avait
envoyé une plaque de grand officier de la
Légion d'honneur, M. Schneider s'est senti
froissé dans son amour-propre et a offert à
l'empereur de retourner comme Cincinna-
tus à ses locomotives.
t
t *
L'empereur a répondu que la distinction
accordée à M. Jérôme David signifiait sim-
plement que celui-ci serait nommé prési-
dent du corps législatif aussitôt que M.
Schneider voudrait bien avoir la bonté de
décéder. Que cependant M. Schneider n'a-
vait pas à se presser et qu'on ne lui deman-
dait pas de mourir avant quelques mois.
♦
* «
M. Schneider a paru satisfait et a gardé
sa place de président. Alors M. Jérôme Da-
vid, avec l'astuce d'un ancien chef de bu-
reau arabe, s'est dit :
« Si S'hneider est satisfait, c'est que je
ne dois pas 1 être. »
Et il a offert sa démission de vice-prési-
dent. L'empereur ne l'a pas plus acceptée
que l'autre, et M. David a gardé sa place
comme M. Schneider avait gardé la sienne.
Il faut dire que toutes les deux sont ex-
trêmement lucratives.
*
♦ «
Notons que ce même Jérôme David, qui
se donna jadis comme démocrate, et qui se
venge aujourd'hui sur les républicains de sa
palinodie, est le filleul de feu le prince Jé-
rôme et se trouve ainsi presque de la fa-
mille.
Le pouvoir compte sur la poigne de cet
ancien meneur d'Arabes pour maintenir la
chambre, au cas où des m uvements un
peu tumultneux se manifesterai; nt dans son
sein. On se rappelle que, l'onnée dernière,
M. Havin ayant pris la paro'e pour se dé-
fendre contre les accusalio s d'un certain
Kervéguen, M. Jérôme David, qui prés:dait
par intérim, fit tranquillement é eindre le
gaz, afin d'arrêter M. Havin dans sa dé
fe se.
Cet acte iniécent, la gau he li suppor'a
sans murmu er. Il est vrai que M. Jérôme
David ne l'eût probablement pas essayé s'il
avait eu affaire à l'opposition que je rêve.
On vient -d'arrêter l'assassin du député
Lobbia. Il paraît que ce malfaiteur appar-
tient à la police florentine et qu'il avait été
chargé par le gouvernement italien de dé-
ba rasser celui-ci du député gênant et ré-
so u.
*
* *
Voilà qui va bien : en Italie, la police
n'arrête plus les meurtriers, elle les rem-
place.
Je vois le jour où, — en Italie, —les vo-
leurs de grands chemins se:ont obligés de
se mettre à la disposition du publie, pour
le protéger contre les sergents de ville, —
en Italie.
Mercredi, 30 juin.
La bataille relative aux élections contes-
tées commencera vendredi. Il est difficile
de prévoir quels arguments M. Rouber dé-
couvrira pour répondre à des faits comme
ceux qui ont signalé l'élection de M. Al-
phonse Esquiros, où quatre-vingt-dix ci-
toyens ayant voté pour ce candidat radical,
on n'a trouvé dans l'urne que vingt-deux
bul etins portant son nom.
♦
* *
Eh bien! vous verrez que le ministère -,
n'en accusera pas moins les passions hos-
tiles de vouloir faire planer sur l'empire
des soupçons attentatoires à son honneur,
et que l'affaire des vingt deux bulletins sera
parfaitement expliquée à la satisfaction de
la majorité, qui criblera l'orateur de bra-
vos.
*
* *
C'est égal, je ne serai pas fâché de cons-
tater la façon dont le ministre d'État se
tirera de son argumentation. Je ne con-
nais, en effet, que Newton qui soit capable
d'établir que vingt-deux et quatre-vingt-dix
font un seul et même nombre.
M. Rouher pourrait, il est vrai, raconter
que l'urne électorale se composait d'une
vieille boîte à sel, dans laquelle vivait,
depuis le scrutin de 1863, toute une famille
de souris, et que l'arrivée des bulletins de
vote au milieu de cette tribu a été pour elle
comme la manne.
Sans s'occuper du candidat dont ils
portaient le nom, sur quatre-vingt-dix but-
letins, les souris en ont imméd atement dé-
voré soixante-huit, ce qui explique cotn-
ment on n'en a retiré que vingt-deux.
*
* *
Si la chambre ne se contente pas de ce
récit cependant bien concluant, on pourra
essayer de lui faite avaler que les trois
quarts des bulletins étaient écrits avec de
l'encre tellement blanche qu'il a été impos-
sible de lire au juste le nom que les élec-
teurs y avaient tracé.
Quelques très-liien ! adroitement lancés
du banc des arcad'ens brochant sur ces
commentaires, il n'y a pas de doute que.
la majorité ne convienne que vingt-deux
voles sur quatre-vingt-dix, c'est encore plus
qu'on ne pouvait raisonnablement oser es-
pérer.
Les journaux sont remplis de notes ainsi
conçues :
« Une poursuite est intentée à l'Indépen-
dant du Centre pour excitation à la haine
et au mépris du gouvernement. »
« L'Emancipation de Toulouse est citée
devaat la police correctionnelle pour ex-
Feuilicton du RAPPEL
39 DD 6 JUILLET 1869.
L'HOMME QUI RIT
DEUXIÈME PARTIE
PAR ORDRE DO ROI
LIVRE PREMIER
ÉTERNELLE PRÉSENCE DU PASSÉ;
LES HOMMES REFLÈTENT L'HOMMES
IV
-
Magister elegantiarum
Josiane s'énnuyait, cela va sans dire.
Lord David Dirry-Moir avait une situa-
tion magistrale dans la v'e joyeuse de
Londres. Nobility et gentry le véné-
raient.
Reproduction interdite.
Voir les numéros il" :1 mai au Jllill, ceux du 30
juin, du 1er et 2 juillet.
Enregistrons une gl);r,- d^îorl David :
il osait parler ces chaveux. La réaction
contre la perruque commençait. De même
qu'en 1824 Eugène Devér a os le premier
lisser pousser sa barbe, en 1702 Price De
ver ux ( sa le premier hasarder en public,
fous la dissimutation d'une frisure savante,
sa cheveture naturelle. Risqu r sa ch ve-
lure, c'était presque risquer si tête.
L'indignation fut universele; pourtant
Prite Devereux était vicomte Hereford
et pair d'Ang'e'erre. Ii fut insulté, et
Ic fait e~t que la cho e en val it la
peine.
Au plus fort de la huée, lord David pa-
rut tout à coup, lui aussi, avec ses che-
veux et sans perruque. Ces choses-là an-
lo e nt la fin des sociétés.
Lord David fut homni plus encore que
le vicomte H reford. Il tint bon. Price
~Davereux avait été le premier, David
Dirry-Moir fut le s c nd. Il est quelque-
fois plus difficile d'être le seco d que
le premier. I faut moins de génie, mais
plus de courage. Le premier, enivré p'1r
l'innovat'on, a pu ignorer le danger ; le
second voit l'ablme et s'y précipite. Cet
abîme, ne p'us porter perru jue, David
Dirry-Moir s'y jeta.
P.us tard, on les imita; on eut, après
c s deux révolutionnaires, l'audace de se
coiffer de s s cheveux, et la poudre vint,
comme circonstance at'énu n e.
Pour fixer en passant cet imposant
point d'histoire, d'sons que la vraie prio-
ri é dans ia guerre à la perruque appar-
tiendrait à une reine, Christine de Suède,
laquelle mettait des habits d'homme, et
s'était montrée dès 1680 avec ses cheveux
châtains naturels, poudrés et hérissés sans
coiffure en tête naissante. Elle avait en
outre. « quelques poil, de barbe, » dit
Misson.
Le pape, de son côté, par sa bulle de
mars 1694, avait un peu déconsidéré la
perruque en l'ôtant de la tête des évêques
et des prêtres, et en ordonnant aux gens
d'église de laisser pous er leurs che-
veux.
Lord David donc ne portait pas per-
ruque et mettait des boites de peau de
vrche.
Ces grandes choses le désignaient à l'ad-
miration publique. Pas un club dont il ne
fût le leader, pas une boxe où on ne le
souhaitât pour referec. Le referee, c'est
i'arb tre.
Il avait rédigé les chartes de plusieurs
cercles de la high life; il avait fait des fon-
dations d'élégance dont une, Lady Gui-
nea, existait tncore à Pal! MaU en 1772.
Lady Guiriea était un cercle où foisonnait
toute la jeune lordship. On y jouait. Le
moindre enjeu était un rouleau de c'n-
quante guinées, et il n'y avait jamais mo'ns
de vingt mille guinées sur la table. Près
de chaque joueur se dressait un guéridon
pour poser la tas-e de 1 hé et la sébile de
bois doré où l'on m t les rou'eaux de gui-
néçs.
Les joueurs avaient, comme les valets
quand ils fourbiss ent les couteaux, des
manches de cuir, U squelles protégeaient
hurs dpntelles, des plast ons de cuir qui
g rantissaient leurs faises, et sur la tête
pour abriter leurs yeux, à cau-e de la
grande lumière des lampes et main'enir
en ordre leur fi isure, de larges chapeaux
de paille couverts de fleurs. l's étaient
masqués, pour qu'on ne vît pas leur émo-
tion, surtout au jeu de quinze. Tous
avaient sur le dos leur, habits à l'envers,
afin d'attirer la chance.
Lord David était du Beefsteak Club, du
Surly Club, et du Splitfarthing Club, du
Club des Bourrus et du Club des Gratte-
Sous, du Nœud Se l'é, Sealed Knot, club
de3 royalistes, et du Martinus Scribb'eruF,
fondé pir Swift, en remplacement de la
Rota, fondée pir Milton.
Quoique beau, ii était du Club des
Laids. Ce c'ub était dédié à la difformité.
On y prenait l'engagement, de se battre,
non pour une belle femme, mai - pour un
homme laid. La salle du club avait pour
ornement des portraits hideux : Thersite,
Tr.b ulet, Dun;, Hu libras, Scarron ; sur
là cheminée était Esope entre deux bor-
gne-, Coclès et Camoën-; Coclès étant,
borgne de l'œil gauche et Camoëns de
l'œil droit, chacun était seul pré de son
côté borgne, et ces deux profi s sms yeux
se faisaient vis-à-vis. Le jour où la be le
madame Visart eut la petite vérole, le Club
des Laids lui porta un toast. Ce club
floris ait encare au commencement du
dix-neuvième siècle; il av it envoyé ui
diplôme de membre hon raire à Mira-
beau.
Depuis la restauration de Charl s II, les
clubs révolutionnaires étaient abolis. On
nv;¡it d~mo i, dans la petite rue avo sinant
Moorfields, la taverneoù se tenait le Calf's
Head Club, club de la Tête de Veau, ainsi
nommé parce que le 30 janvier 1649,
jour où coula sur l'échafaud le sing de
Char'es Ier, on y avait bu dar s un CI âne
de veau du vin rouge à la s mté de Crom-
well.
Aux clubs républicains avaient succédé
les clubs monarchiques.
On s'y amusait décemment.
Il y avait, le She romps Club. On pre-
na't dans la rue une femme, une passante,
une bourgeo'se, aussi peu vieille et aus-i
peu hide que possible; on li poussait
dans le club, de force, et on la faisait mar-
cher sur h s main-, les pieds en l'air, le
visage voilé par ses jupes retombantes. Si
el'e y mettait de la mauvai-e grâce, on
c'nglait un peu d~ la cravache ce qui n'é-
tait plus vdilé. C'était sa faute. Lesécuyers
de ce genre de manège s'appelaient « les
sauteurs. »
Il y avait le Club des Echirs de chaleur,
métaphoriquement Merry-dasses. On y
faisait danser par des nègras et des blan -
ches les danses des picantes et des timti-
rimbas du Pérou, notamment la. Moza-
mala, « mauvaise fi le, » danse qui a pour
triomphe la danseuse s'asseyant sur un
tas de son auquel, en se relevant, elle
laisse une empreinte cal'ipyge. On s'y
donnait pour specta le un vers de Lucrèce,
Tunc Venus in sylvis jungebat corpora amantum.
Il y ava't le Hellfire Club, « Club des
Flammes, » où l'on jouait à être impie.
C'était la joûte dis sacrilèges. L'enfer y
était, à l'enchère du plus gros blas-
phème.
Il y avait le Club des Coups de Tête,
ainsi nommé parce qu'on y donnait des
coups de tête aux gens. On avisait quelque
portefaix à large poitrail et à l'air imbé-
cile. On lui offrait, et au besoin on le con-
traignait d'accepter, un pot de porter pour
se laisser donner quatre coups de tête
dans la poitrine. Et là-dessus on pariait.
Une fois, un homme, une grosse brute da
gallois nommé Gogangerdd, expira au
troisième coup de lêle. Ceci parut grave.
Il y eut enquête, et le jury d'ind ctement
rendit C3 verdict : « Mort d'un gonfle-
ment de cœur causé par excès de bois-
son. » Gogangerdd avait en effet bu le pot
de porter.
Il y avait le Fun Club. Fun est, comme
cant, cQmme humour, un mot spécial in-
traduisible. Le fun est à la farce ce que le
piment e-t au sel. Pénétrer dans une mai-
son, y briser une glace de prix, y balafrer
1 s portraits de famille, empoisonner le
ch'en, mettre un chat dans la vo ière, cela
s'appel'e « tailler une pièce de fun. »
Donner une fausse mauvaise nouvelle qui
fait prendre aux personnes le deuil à tort,
c'est du fun. C'est le fan qui a fait ua
trou èarré dans un Holbein à Hampton-
Court. Le fun serait fier si c'était lui
qui avait cassé les bras à la Vénus de
Milo. ,., -' ,
Sous Jacques II, un jeune lord mil-
lionnaire qui avait mis le feu la nuit
à une chaumière fit rire Londres aux
éc'ats et fut proclamé Roi du fun. Les pau-
vres diables de la chaumière s'étaient sau-
vés eh chemise. Les membres du Fun
Club, tous de la p'us haute aristocratie,
couraient Londres à l'heure où les bour-
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