Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1869-07-05
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 79956 Nombre total de vues : 79956
Description : 05 juillet 1869 05 juillet 1869
Description : 1869/07/05 (N48). 1869/07/05 (N48).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75297664
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
N° 48. "Lundi 5 juillet 1888. Le numéro : 15 o. — Départements : 20 o.
RÉDACTION
S'adresser au secrétaire de la rédaction
M. ALBERT BAUME
De 3 à 5 h. du soir
10, rue du Faubourg-Montmartre, 10.
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
AiraroMCSB
MM. Cu. LAGRANGE, CERF et Ce,
6, place de la Bourse, 6.
--
ADMINISTRATION
MM. PARIS ET 6RAIR
ABONNEMENTS
PARIS
Un mois 4 50
Trois mois.., 13 50
DÉPARTEMENTS -
Un mois. 6
Trois mois. 16
'11-0
BUREAUX jÇ i
13, rue du Faubourg-Montmartre, 13. v*"~ ;
Les abonnés nouveaux, de trois mois
au meins, à partir du 1er juillet, auront
droit à recevoir tout ce qui aura paru de
l'Homme qui Rit, la première partie tout
entière et le commencement de la se-
conde partie. En librairie les volumes de
-'Hom2ne qui Rit ne se vendant pas sépa-
rément, ne peuvent être acquis qu'au
prix de 30 francs.
LE CENTRE GAUCHE
Les journaux du centre gauche se ré-
criaient quand nous leur disions que le
gouvernement personnel était condamné
à rester le gouvernement personnel, et
que l'empire libéral était un joli problème
à proposer aux personnes qui ont du
temps à perdre.
Ils ont cru un instant que le pouvoir
allait s'empresser d'obéir à la volonté si
AâUement siguiJ^p&r le pays le 24 mai
et le 7 juin, et que M. ïlouher attendait
avec impatience l'ouverture de la session
pour dire aux représentants du peuple :
- Dépêchez-vous de vérifier votre man-
dat, et, dès que vous aurez fait vos
preuves, je vous prierai de daigner gou-
verner à ma place.
Ou pour le moins :
- Puisque la France ne veut plus que
je travaille tout seul, collaborons.
Ce n'est pas précisément ce qu'a dit
M. Rouber, dans la courte allocution par
laquelle il a ouvert la session. Il n'a pas
nié le cri du suffrage universel. Il a re-
connu spontanément qu'il avait entendu
la nation « manifester ses pensées,:-ses as-
pirations et ses besoins. » Il a été le pre-
mier à déclarer que cette manifestation
devait avoir des « résultats politiques. »
La conclusion de la logique était au
moins l'association immédiate de la
chambre au gouvernement, et la recher-
che en commun de ces « résultats » néces-
saires. La conclusion de M. Rouher a été de
promettre à l'assemblée d'en recauser avec
elle dans sept ou huit mois. Du reste, l'as-
semblée peut être tranquille, d'ici là, on
s'occupera d'elle, on verra ce qu'il y a à
faire, et on le fera.
Traduction (pas libre) :
— Du moment que le pays désire abso-
lument reprendre la gestion de ses affai-
res, nous la gardons.
ê\
- Le centre gauche aurait' peut-être dû
être touché du dévouement de ce ministre
excellent qui se chargeait de toute la be-
sogne, qui dispensait les députés de se fa-
tiguer le cerveau, qui les invitait, aussitôt
qu'ils auraient bien établi qulls étaient
les représentants de la nation, à ne plus la
représenter, à retourner chez eux, à s'oc-
cuper de leurs femmes et de leurs enfants,
à couper leurs blés, s'ils en ont, à voyager,
à chasser, à faire vendange. Pendant ce
temps, il aurait pioché, lui, il se serait sa-
crifié, comme toujours, et, à leur retour,
en janvier ou en février 1870, les dé-
putés auraient trouvé l'ouvrage terminé,
et auraient eu la douceur de n'avoir plus
qu'à l'approuver.
Les libéraux ne se sont pas attendris.
Ils ont persisté à ne pas se laisser exemp-
ter de leur droit.
Mais les pouvoirs que le pays leur disait
de réclamer étaient dans les mains d'un
autre. Comment les lui reprendre?
Naturellement, il n'est venu aux libé-
raux qu'une idée : les lui demander.
Demander paraît une chose bien sim-
ple. Mais qu'est-ce qui est simple il pré-
sent?
D'abord, nous ne sommes plus au temps
où les députés avaient le droit d'adresse.
Reste le droit d'interpellation.
Vous croyez ?
*
* *
En général, le droit d'interpellation, tel
que nous le devons à la générosité du maî-
tre, est singulièrement limité parles deux
conditions auxquelles il est astreint : con-
sentement de la majorité, et vote selon
la formule.'
On sait que, si une demande d'inter-
pellation est assez heureuse pour réussir
à se faire admettre, la majorité elle-même
n'a le choix qu'entre l'ordre du jour pur
et simple ou l'adoption de cette formule :
« Le corps législatif appelle l'attention du
gouvernement sur l'objet des interpella-
tions. » Quel objet? La formule n'est pas
autorisée à le rappeler. Il n'est pas per-
mis, même à la majorité, d'ajouter ni de
changer une syllabe.
Mais, dans le cas présent, l'interpella-
tion n'est pas restreinte, etie est inter-
dite.
Aux termes exprès de la Constitution
actuelle, l'initiative appartient à l'empe-
reur. En demandant que l'empereur leur
en cède un morceau, les interpellants
critiquent la Constitu.tion et contrevien-
nent au sénatus-consulte du 18 juillet,
1866, qui défend absolument que la Cons-
titution soit discutée.
Donc, il ne suffit pas de faire ce que Id
centre gauche a fait toute cette semaine,
- de trier les termes de sa supplique, d'hé-
- siter, d'ôter un adverbe pour le remettre,
d'implorer l'association du corps législa-
tif «AUX a'ffairps'publiques » et non plus,
comme la vëiTîe, « à ses affaires, » d'at-
ténuer, d'effacer. La question n'est pas
dans la rédaction de la demande, mais
dans la demande elle-même, qui est une
infraction au pacte fondamental.
Et voilà tout d'abord à quoi sont ame-
nés ceux qui s'intitulent les libéraux
constitutionnels : à enfreindre la Consti-
tution.
Un de leurs porte-drapeau, le Constitu-
tionnel, en convient. Il avait débuté par
espérer que « la difficulté pouvait être
tournée, » et ça ne le choquait pas que les
élus du suffrage universel, ayant un vœu
à exprimer, fussent obligés de tourner la
difficulté, et que la France en fût réduite
à inventer un moyen adroit d'insinuer
qu'elle ne serait pas fâchée de se mêler
un peu de ses propres affaires. Il s'aper-
çoit aujourd'hui que ces matières sont
prévues par des textes formels, et il se ré-
sout — ô Constitutionnel ragaillardi 1 -
à violer la Constitution 1
Pas à lui seul, pourtant. Il demande des
aides. Et même beaucoup. Il n'y a rien
de possible si tout le monde ne s'y met
pas; il faut que «le groupe libéral viole
la lettre du pacte de i852 en interpellant
le gouvernement sur les attributions de la
chambre ; les bureaux, en admettant cette
interpellation; le corps législatif, en la
discutant ; le gouvernement lui-même, en
lui reconnaissant un caractère légal. »
0 Constitutionnel ! si le groupe libéral,'
les bureaux, le corps législatif et le gou-
vernement lui-même faisaient ce dont
vous les pressez, que deviendrait cette
pauvre Constitution après tant do Tar-
quins, quand Lucrèce est morte pour un
seul 1
*
« *
Négligeons ce qu'il y a de comique à
prier le gouvernement d'en être, et à dire
à la Constitution : — Ferme les yeux,
pour que je te viole.
Assistons à ce spectacle. Laissons faire
les libéraux. Qu'ils violent la constitution,
si elle y consent ; mais nous devons dire
que ça nous amuse plus que ça ne nous
intéresse. Nous savons d'avance de quoi
tout cela peut accoucher.
Nous avons déjà la liberté des théâtres,
qui est surtout le droit de ne pas jouer le
répertoire de Victor Hugo ; nous avons la
liberté de la presse, qui est principale-
ment la faculté de payer des amendes,
d'aller en prison, et, quand les articles ne
peuvent pas être poursuivis, d'être pour-
suivi soi-même, sous prétexte de com-
plet. Ces sœurs aînées refroidissent notre
impatience de voir naître 1&- Jiberté du
parlement.
Nous donnerions ces trois libertés, et
toutes celles qui leur ressemblent, pour
une feule, qui serait - la liberté.
Srpar hasard c'était cette liberté-là que
le Constitutionnel croit pouvoir obtenir
de l'empire, alors nous avons une proposi-
tion à lui faire.
Pendant qu'il cherchera de son côté
l'empire libéral, nous chercherons du
nôtre la pierre philosophale, et nous pa-
rions M. Rouher contre M. Ollivier que
nous trouverons en même temps que lui.
Auguste Vacquerie.
LA PREMIÈRE AUX ARCADIENS
Mauvais début pour la majorité !
Une grosse maladresse couronnée d'un
échec piteux, voilà le bulletin de son pre-
mier engagement avec la gauche. :
Cela ne laisse pas que d'être humiliant ;
et quand on songe que les vaincus de cette
escarmouche sont tous des hommes choisis
par le gouvernement et recommandés par
ses préfets comme des types accomplis
d'intelligence politique, on s'afflige à l'idée
qu'une part de cette humiliation puisse re-
jaillir jusqu'à lui.
Le fait est qu'après s'être élancée tête
baissée contre le groupe compact et serré
de la gauche, les belliqueux Arcadiens ont
été arrêtés tout à coup, puis rompus, dis-
persés et ramené& en désordre à leurs posi-
tions.
Ils croyaient avoir fait un coup de maî-
tre en obligeant M. Jules Simon à exposer,
sans remise ni délai, le cas de M. Durand.
Ils n'étaient pas fâchés d'amener la gauche,
en la personne d'un de ses plus éminents
orateurs, à ouvrir la campagne par une
improvisation hâtive et sans effet.
Malheureusement pour eux, M. Jules
Simon est un homme qu'on prend rare-
ment au dépourvu, et le dossier de M. Jus-
tin Durand est un maître dossier qu'il suffit
d'entrouvrir pour captiver l'auditeur le plus
rétif.
Ils n'ont guère tardé à s'en apercevoir, et
les cinq derniers quarts d'heure de la
séance de vendredi ont été pour ces mes-
sieurs, et pour M. Durand tout le premier,
des quarts d'heure de Rabelais.
Une fois son erreur reconnue, la majo-
rité aurait pu se couvrir par une retraite
habile en votant hier, dès'4e début de la
séance, le renvoi dans les bureaux. Elle ne
l'a pas voulu, et, au lieu d'une séance
mauvaise, çlle en a eu deux.
Il était évident qu'avec un dossier aussi
copieux que celui de M. Justin Durand et
vingt-quatre heures de répit pour le com-
pulser, M. Jules Simon allait donner à ses
imprudents adversaires un second assaut
plus redoutable encore que le premier.
Cela n'a pas manqué.
Pression, menaces, dons et promesses
d'argent, embrigadement de marins et
d'ouvriers des ports conduits au scrutin
chefs et musique en tête, bulletins ouverts
au chapeau, destitution de maires, râteliers
pantagruéliques, sont à recommencer de
plus belle. Et quels témoins, quelles preu-
ves ont été produits par l'inexorable ora-
teur !
La majorité se plaignait la veille que cer-
tains témoins fussent invoqués à la légère.
- Qu'à cela ne tienne! M. Jules Simon en
va produire que M. Justin Durand ne pour-
ra récuser, car c'est M. Justiu Durand lui-
même qui va déposer dans l'enquête.
« L'administration ne recule devant au-
cun moyen pour faire triompher son can-
didat. » — Qui dit cela? -M. Durand.
« Elle fait payer cher aux jardinières
l'indépendance de leurs marim. » — Qui
tient ce langage séditieux? — M. Durand.
«Le préfet est un homme à poigne qui
va droit devant lui comme un boulet.» Qui
blasphème ainsi? — M. Durand, toujours
M. Durand!
Mais, direz-vous, oommeni-eela se peut-
il faire? A t-on surpris des secrets de con-
fession, ou bien les libations offertes aux
électeurs ont-elles tourné la tête du can-
didat?
Nullement. — Mais avant d'être candidat
officiel et-protégé. M. Durand a été candi-
dat indépendant et combattu. Les armes
que le préfet a employées en sa faveur
contre M. Emmanuel Arago, il les avait
tournées contre lui en faveur de M. Isaac
Perdre.
En 1863, en 1867, M. Durand s'en plai-
gnait amèrement. Aujourd'hui, il est du
côté du manche, il ne se plaint plus ;
c'est tout simple; il voudrait même ne
s'être jamais plaint. Mais ses griefs ont été
recueillis, et voici l'ombre du Durand indé-
pendant qui se dresse menaçante et venge-
resse contre le Durand officiel.
La majorité et son client n'ont pas été
plus heureux sur la question des signatures
que sur celle des témoins.
On avait reproché à M. Jules Simon de
produire des attestations dont les signatu-
res n'étaient pas légalisées. Sensible au rer
proche, il en exhibe quelques-mt-e- qo
sont parfaitement en règle. Hélas 1 les
faits qu'elles énoncent sont des délits de
corruption électorale les mieux caractéri-
sés, des offres d'argent, des « promesses de
deniers, » 20 francs à celui-ci, 25 francs à
celui-là, dont l'imprudent auteur serait M.
Durand en personne. Et là-dessus M. Jules
Simon lit l'article 38 du décret de 1852 qui
prononce l'emprisonnement et l'amende
contre les auteurs de pareils actes. Il lit con-
tre M. Durand un réquisitoire impitoyable
que M. Jérôme David a lui-même libellé
lors de l'interpellation sur la corruption
électorale, et il fait bruire aux oreilles du
candidat les mots terribles de a police cor-
rectionnelle. »
Et voilà l'élection que la chambre vou-
lait d'abord classer parmi les élections non
contestées !
Que penser des autres ?
Après cet acte d'accusation, la majorité
n'avait plus qu'à voter en toute hâte et sans
mot dire le renvoi aux bureaux; ele a
mieux aimé commettre une troisième faute
en reprochant à M. Jules Simon d'accuser
sans prévenir et de se servir de pièces non
communiquées.
La réplique était trop facile. Qui donc,
en effet, avait obligé M. Jules Simon à par-
ler? Qui l'avait contraint, malgré sa résis-
tance, à exposer à l'improviste les griefs du
suffrage universel contre M. Justin Durand?
Qui avait refusé, par un vote formel, le ren-
voi aux bureaux et l'ajournement du débat,
sinon cette même majorité?
La maladresse était à son eomble. 11 n'y
avait plus moyen de l'accentuer davantage.
« Validez si vous l'osez ! » disait la gauche
d'un ton de défi.
La majorité n'a pas osé. Elle a voté le
renvoi à tunanimité.
Il était difficile de concevoir pour une
ouverture de session une manœuvre plus
étourdie, une déconvenue plus complète
que celle dont M. Justin Durand vient de
fournir l'occasion à ses confrère d'Arcadie.
E. Laferrière.
AUTOUR DE LA CHAMBRE
Il n'y avait encore, à la fin de la séance
d'hier, que 137 élections validées.
La chambre ne sera légalement consti-
tuée qu'après avoir validé 147 élections.
♦
* *
On en est précisément resté aux élections
de la Seine, qui seront à coup sûr validées
toutes..
L'opposition voulait les faire reconnaî-
tre séance tenante. Mais la majorité s'est
donné la petite satisfaction de les remettre
à lundi. Ces taquineries manquent de gran-
deur,
*
* *
il y à eu hier soir, .chez M. Mirai, réunion
d'un certain nombre de membres de la
majorité.
M. du Pliral et ses amis rendraient à M.
Rouher le service de faire, dans une forme
plus agréable au gouvernement personnel,
la demande d'interpellations analogues à
celles que projette le centre gauche.
Ils demanderaient à interpeller le gou-
vernement sur la nécessité de développer
les institutions de l'empire en renforçant le
corps législatif au moyeu :
l9 Du rétablissement de l'adresse ;
2° D'une organisation plus large et plus
simple du droit d'interpellation;
S9 D'une extension du droit d'amende-
ment;
4° De la nomination par la chambre de la
totalité de ses bureaux.
La majorité prendrait ainsi l'initiative et
le mérite des réformes nécessaires, et M.
Rouher, donnant de lui même ce qu'on
veut lut arracher, garderait son preslige-
et son portefeuille.
ole
* iii
L'empereur est, dit-on, fort indécis, et
prend les avis de tous ceux qui l'appro-
chent.
La nouvelle lettre de M. de Persigny,
dont Wous parlions l'autre jour, est parfai-
tement authentique, et aurait été lue avec
plus d'attention que les autres.
Le chef de l'Etat aurait fait venir M.
Adolphe Barrot, et aurait eu avec lui une
-longue conversation.
♦
* *
, Aux autres sessions, les députés étaient
invités aux Tuileries par fournées de soi-
xante à quatre-vingts.
Cette fois-ci, on !es invite par petits
groupes de quinze à vingt.
Il faudra plus de temps pour qu'ils y pas-
sent tous, — nous entendons tous ceux qui
vont là; — mais, de cette façon, les rela-
tions sont plus intimes, et l'on peut mieux
interroger — et convaincre.
*
* *
Dans la séance de vendredi, MM. Beth-
mont et Pelletan ont soulevé une discussion
de principes, à propos de la vérification des
pouvoirs.
Il s'agit de savoir si une fraude électorale,
une seule, du fait d'un député et non pas
d'un agent de l'administration, constitue
un délit capable d'invalider l'élection?
La jurisprudence du corps législatif de
1851 à 1869 dit non. De notre côté, nous
n'hésitons pas à dire oui. Un député a fait
des promesses d'argent, par exemple; il
tombe, par le fait, sous le coup de la loi
qui le prive de ses droits civiques pour
trois ans. En 1835, l'élection de M. Laffitte
fut invalidée quatre fois de suite par la
chambre, parce qu'il avait promis un em-
branchement de chemin de fer à ses élec-
teurs.
Espérons que la chambre élue par le suf-
frage universel de 1869 se montrera aussi
énergique en matière électorale que celle
qui a voté les lois de septembre.
*
* *
M. Bancel opte pour Lyon. Il n'y a jamais
eu doute sur ce point dans son esprit. M. Pi-
card se décide à opter pour Montpellier. Il
est aujourd'hui certain que, dans cette ville,
les voix démocratiques refuseraient de se
porter sur M. de Larcy; toutes les chances
seraient pour le candidat du gouvernement;
ce que ne peuvent vouloir ni M. Picard, ni
même M. de Larcy.
*
» * *
L'élection Duvernois sera combattue et
défendue avec la plus grande opiniâtreté
des deux parts.
Sur cette élection sera peut-être discutée
la question du gouvernement personnel.
M. Rouher donnera.
*
* *
On assure que le chef de l'Etat aurait jeté
par-dessus bord ses chers députés-chambel-
lans. M. Rouher ne les soutiendrait pas, et
ils auront à opter pour l'une de leurs deux
fonctions. *
Le gouvernement 'se serait décidé à ce
facritice pour ne pis être obligé de venir
iiscuter sur ce terrain dans les chambres la
luestion du pouvoir personnel.
* »
*
Bon nombre de signatures figurent déjà
sur la demande d'interpellation relative aux
.roubles de Paris.
M. Bancel doit prendre le premier la pa-
'ole. Après lui, MM. Jules Favre, Jules Fer-
y, Simon et Gambetta.
*
* «
f Avant l'ouverture de la séance, on re-
narque M. Dréolle s'entrenant très-vive-
nent avec M. Houher, et M. Picard en con-
rersation non moins animée avec M. Schnei-
ler.
*
* *
M. J. Favre, absent de Paris depuis quel.
lues jours, est arrivé à la chambre aojour-
j'hui vers quatre heures.
* *
#
Hier,— c'est la Liberté qui parle, — dans
in groupe de députés du centre, M, Lafond
le Saint-Mür disait :
Le sol de l'empire nous manque sous les
pieds. Il est temps d'aviser si nous ne voulons
pas être complétement débordés. Il faut que
notre action soit décisive sur la marche du
gouvernement.
*
# 4:
Un "mot (le^irrSéftwetdsr, s'efforçant de
rétablir le calme dans l'assemblée :
« Si nous commençons ainsi, je ne sais
pas où nous irons. »
Gambetta a baissé la tête en souriant.
Sait-il donc où nous irons, lui ?
*
* *
- Ils auront beau dire! s'est écrié hier
M. de Cassagnac, nous serons intraitablesl
Nous avions les irréconciliables; nous
avions M. Thiers, l'implacable; voici les
intraitables !
Ces adjectifs disjoints font admirablement.
*
Ife *
Encore un comité. L'organisateur serait
M. Tron (de la Haute-Garonne), un ancien
membre du cercle de la rue de Poitiers. Il
s'agissait de réunir le parti qui, sans être
du centre gauche, veut se séparer des Ar-
cadiess.
Le journal de Ganesco, le Parlement, se.
rait-il l'organe de ces messieurs ?
*
* *
Quant aux Arcadiens purs, il s'en vont,
comme les dieux. Les sept sages ne sont
plus que trois : M. de Cassagnac, M. Bel-
montet, M. de Piré.
0 douleur ! les sept sages de la Grèce
ne vont plus être que les trois grâces.
d'Etat.
Le secrétaire de la rédaction :
Albert Baume.
LES ON-DIT DU BOULEVARD
Hier soir, au Gymnase, première repré-
sentation de VJSomme aux 76 femmes.
Mascaret voudrait se marier; il a déjà
été refusé soixante-treize fois ; il ne renon-
cera qu'à la centième. Il vient, ce matin
même, de demander trois femmes d'un
coup : trois refu3. Ça fait soixante-seize.
Mais attendez. Le bruit se répand subite-
ment que Mascaret est sous-préfet. Cette
grande nouvelle est-elle vraie? Il est facile
de s'en assurer. On est à des bains de mer
quelconque, on n'a qu'à voir dans le livre
des voyageurs. Un sous-préfet ne voyage-
rait pas sans sa fonction. En effet, on trou-
ve : « Mascaret, s. p. » Dès lors, tout chan-
ge, les pères offrent à Mascaret leurs filles,
les oncles leurs nièces, et les veuves s'of-
frent elles-mêmes. Il les accepte toutes;
Mais il ne les garde pas, quand on apprend
que sa sous-préfecture était une fausse
nouvelle, et que s. p. voulait dire : sans
profession.
Ça ne bouleverse pas la société, mais ça
fait rire. Des situations gaies et une foule
de mots drôles ont fait vivement applaudir
les noms de MM. Siraudin et Henri Thierry.
Ravel en tête, et avec lui Francès, Blaisot
et Mlle Ramelli, ont lestement enlevé le
succès.
*
* *
On commençait par la reprise de Trop
Beau pour rien faire.
Encore un quiproquo. Fernand voudrait
bien connaître une femme qu'il aime et
qu'il n'a vue que masquée. Il s'introduit la
nuit dans sa chambre, la surprend dor-
mant, approche la lampe — et se sauve à
toutes jambes : elle est horrible! Mais il
n'est pas plutôt rentré chez lui qu'on frappe
à sa porte. C'est elle ! Il tire son verrou, se
barricade, crie au feu, — et finit par s'a-
percevoir que le monstre endormi n'était
que la portière de sa beauté !
Oa a revu avec plaisir cette très-amu-
sante comédie de MM. Edouard Plouvier
et Jules Adenis.
*
♦ *
Une rencontre à l'épée a eu lieu hier ma.
tin, à l'île de Croissy, entre M. M. T. et
M. H. Le motif du duel est un soufflet
donné dans un bal, il y a trois mois, par
M. H. à M. M. Les pourparlers ont duré
tout ce temps. M. H. a été blessé d'abord
à l'épaule et a tenu à continuer le combat;
à la troisième reprise, il a été touché une
seconde fois : l'épée de son adversaire lui
a entièrement percé le poignet.
Les témoins ont déclaré l'honneur satis-
fait.
*
* *
La fête de la Société centrale des sauve-
teurs de la Seine a été célébrée hier avec
un éclat inaccoutumé. On bénissait un dra-
peau et l'on recevait M. le baron Taylor,
président honoraire. Comment! le baron
Taylor n'était pas encore président hono-
raire de cette société-là !
En raison de ces deux faits capitaux, on
avait adressé des invitations aux sociétés
étrangères, qui pour la plupart ont répondu
à l'appel de la Société parisienne. On re-
marquait les députations de Londres, de
Munich, de Naples et de Bruxelles.
Le matin une messe solennelle a été dite
à Notre Dame, le drapeau a été bénit. A
une heure la société se réunissait au Palais
de l'Industrie. M. Taylor présidait comme
lui seul sait présider.
La musique de la garde de Paris, com-
mandée par M. Paulus, était chargée de la
partie musicale du programme.
Sur l'estrade, à la place d'honneur, on
remarquait un vieux brave, nommé Lau-
rent, qui en est à son cent-vingt-sixième -
sauvetage. Citons Rolland, l'ancien direc-
teur des Folies-Dramatiques : six sauveta-
ges; l'acteur Blondelet : trois sauvetages;
Turpin de Sansay : trois sauvetages ;
Huart : deux sauvetages; Pélissier, quatre
sauvetages ; Gustave Laffargne: un sauve-
tage; le pompier Thibaut, aujourd'hui sur.
veillant de la Banque : dix sauvetages; et,
enfin, Mme Meilliez, sauveteuse, qui porté
huit médailles. Mme Meilliez était l'unique
marchande de tabac à Ham, lorsque le
prince Louis-Napoléon y était prisonnier.
Mw Meilliez embrassait tout le monde.
Nous avons compté ses embrassements, ils
s'élèvent au chiffre effrayant de 129. Au
reste, cette séance a été toute d'enthou-
siasme. Nous avons compté 241 salves d'ap.
plaudissements motivées par 54 discours.
M. Auguste Vitu, qui i-ice-péésid ait-, la poi-
trine toute chamarrée, a rudement malmené
les émeutiers. Vitu! Vitu! comme vous de-
vez souffrir quand, harcelé par vos remords
de 1849 et du Pamphlet, vous vous rappelez
quel auguste personnage vous avez osé ap-
peler « mouchard ! »
M. Taylor a naturellement, non, je veux
dire forcément, fait son speach, accompa-
gné de la larme traditionnelle.
La séance s'est terminée par une distri-
bution de médailles. Nous avons remarqué
le sans-gêne avec lequel ces messieurs du
comité se sont distribué entre eux des mé-
dailles d'or; c'était une vraie bénédiction.
Deux détails intéressants : pour finir, on
a médaillé, en même temps, un sauveteur
de quatre-vingt-dix-sept ans et un sauve-
teur de six ans. Tout a'iait bien, quand le
président eut la malencontreuse pensée de
les faire s'embrasser. Le plus jeune sauve-
teur a commencé par pleurer et a fini par
se sauver.
Enfin, on a médaillé une vieille négresse
qui nourrit ses maîtres depuis trente ans
avec son travail.
Ce soir, grand banquet à la barrière
Montparnasse.
* *
Le Dictionnaire des pseudonymes, que pu-
blie M. Georges d'Heylli, démasque une
foule de personnages plus ou moins con-
nus.
Mlle Julia Baron, qui a créé VŒU crevé,
s'appelle d'un nom approprié à son talent,
Julie Badin.
Mlle Nathalie était prédestinée au Théâ-
tre-Français par son vrai prénom : Zaïre
Martel. Mais pourquoi est-ce la comédie
qu'elle y joue?
MUe Agar, qui, elle, y joue la tragédie, se
nomme Charvin ; excellent nom d'actrice,
puisqu'il rappelle le char de Thespis et le
vin de Bacchus.
Mais toutes les actrices n'ont pas des
noms aussi heureux.
Croiriez-vous que Mlle Favart a nom
Pierrette-Ignace Pingaud?
Mlle Pauline de Melin, — lisez MI" Gros-
Jean.
Mlle Bélia se contente du nom insigni-
fiant de Delau, et Mlle Karoly du nom vul-
gaire de Duvau.
L'actrice qui porte le nom fringant de
Géraldine a l'ennui de s'appeler réellement
Boudin. Mlle Delval et Mlle Silly, qui sont
deux sœurs, n'abusent pas du droit qu'elles
auraient de s'appeler Goret.
Le nom de Mlle Cora Pearl est Cruch,
« nom que les Français , à en croire M.
Georges d'Heylli, n'auraient pas toujours
dit avec la prononciation anglaise. »
Mlle Page a la cruauté de s'appeler Châ-
teaufort. Mlle Ozi a la cruauté plus grande
de s'appeler Pilloy.
Bocage avait nom Tousez; Paulin Mé-
nier s'appelle Lecomte; Lafontaine est né
Thomas; Arnal est légalement Etienne Mon..
tiron; Potcl se nomme Piau. Le nom de
Dumaine est Persont, et celui de Désiré est
Courteeuisse.
Rayer s'appelle monosyllabiquement Rey;
— Siraudin s'appelle de Sancy; — Champ-
fleury, Husson ; — Robert Hait, Charles
Vieu ; — X. Feyrnet, Kaempfen ; — Michel
Masson, Gaudichot; — le vaudevilliste
Grangé (heureusement que ce n'est pas
M. Théodore Anne), Basté; — le vaudevil-
liste Nuitter s'appelle Truinet.
Mlle Rigolboche est née Bidon; — Thé-
résa s'appelle Emma Valadon; — et le res-
taurateur Peters n'usurperait pas le nom de
Fraise.
Il y a un nom que l'auteur du Dictionnaire
des pseudonymes a oublié de démasquer : le
sien. Réparons son oubli : M. Georges
d'Heylli est M. Poinsot. Pourquoi ne porte-
t-il pas son vrai nom? Serait-ce par pour
de Jud?
*
* *
Les maires vont bien. En examinant la
liste des votants de la commune d'Argano
(Finistère), on a reconnu que plusieurs éleo
teurs avaient voté — après leur mort.
*
< <
Comprenez-vous ce M. Henri Vitalis, qui
avait à léguer 535,000 fr., et qui les a lais-
sés aux pauvres de son arrondissement,
quand il aurait pu les donner aux sergents
de ville?
f
* *
Il est difficile de ne pas penser au peuple
français en lisant cette description d'un
art que M. Pacotte vient de donner au
Jardin d'acclimatation.
C'est un frêne. Il a été conduit avec un
arbre qui en fait aujourd'hui, sinon une
merveille, au moins un végétal très-singu.
lier et digne d'intérêt. Voici comment il a
été obtenu : cinq jeunes pieds de frêne
ont été plantés, l'un occupant le milieu, les
autres à quinze centimètres du premier et
RÉDACTION
S'adresser au secrétaire de la rédaction
M. ALBERT BAUME
De 3 à 5 h. du soir
10, rue du Faubourg-Montmartre, 10.
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
AiraroMCSB
MM. Cu. LAGRANGE, CERF et Ce,
6, place de la Bourse, 6.
--
ADMINISTRATION
MM. PARIS ET 6RAIR
ABONNEMENTS
PARIS
Un mois 4 50
Trois mois.., 13 50
DÉPARTEMENTS -
Un mois. 6
Trois mois. 16
'11-0
BUREAUX jÇ i
13, rue du Faubourg-Montmartre, 13. v*"~ ;
Les abonnés nouveaux, de trois mois
au meins, à partir du 1er juillet, auront
droit à recevoir tout ce qui aura paru de
l'Homme qui Rit, la première partie tout
entière et le commencement de la se-
conde partie. En librairie les volumes de
-'Hom2ne qui Rit ne se vendant pas sépa-
rément, ne peuvent être acquis qu'au
prix de 30 francs.
LE CENTRE GAUCHE
Les journaux du centre gauche se ré-
criaient quand nous leur disions que le
gouvernement personnel était condamné
à rester le gouvernement personnel, et
que l'empire libéral était un joli problème
à proposer aux personnes qui ont du
temps à perdre.
Ils ont cru un instant que le pouvoir
allait s'empresser d'obéir à la volonté si
AâUement siguiJ^p&r le pays le 24 mai
et le 7 juin, et que M. ïlouher attendait
avec impatience l'ouverture de la session
pour dire aux représentants du peuple :
- Dépêchez-vous de vérifier votre man-
dat, et, dès que vous aurez fait vos
preuves, je vous prierai de daigner gou-
verner à ma place.
Ou pour le moins :
- Puisque la France ne veut plus que
je travaille tout seul, collaborons.
Ce n'est pas précisément ce qu'a dit
M. Rouber, dans la courte allocution par
laquelle il a ouvert la session. Il n'a pas
nié le cri du suffrage universel. Il a re-
connu spontanément qu'il avait entendu
la nation « manifester ses pensées,:-ses as-
pirations et ses besoins. » Il a été le pre-
mier à déclarer que cette manifestation
devait avoir des « résultats politiques. »
La conclusion de la logique était au
moins l'association immédiate de la
chambre au gouvernement, et la recher-
che en commun de ces « résultats » néces-
saires. La conclusion de M. Rouher a été de
promettre à l'assemblée d'en recauser avec
elle dans sept ou huit mois. Du reste, l'as-
semblée peut être tranquille, d'ici là, on
s'occupera d'elle, on verra ce qu'il y a à
faire, et on le fera.
Traduction (pas libre) :
— Du moment que le pays désire abso-
lument reprendre la gestion de ses affai-
res, nous la gardons.
ê\
- Le centre gauche aurait' peut-être dû
être touché du dévouement de ce ministre
excellent qui se chargeait de toute la be-
sogne, qui dispensait les députés de se fa-
tiguer le cerveau, qui les invitait, aussitôt
qu'ils auraient bien établi qulls étaient
les représentants de la nation, à ne plus la
représenter, à retourner chez eux, à s'oc-
cuper de leurs femmes et de leurs enfants,
à couper leurs blés, s'ils en ont, à voyager,
à chasser, à faire vendange. Pendant ce
temps, il aurait pioché, lui, il se serait sa-
crifié, comme toujours, et, à leur retour,
en janvier ou en février 1870, les dé-
putés auraient trouvé l'ouvrage terminé,
et auraient eu la douceur de n'avoir plus
qu'à l'approuver.
Les libéraux ne se sont pas attendris.
Ils ont persisté à ne pas se laisser exemp-
ter de leur droit.
Mais les pouvoirs que le pays leur disait
de réclamer étaient dans les mains d'un
autre. Comment les lui reprendre?
Naturellement, il n'est venu aux libé-
raux qu'une idée : les lui demander.
Demander paraît une chose bien sim-
ple. Mais qu'est-ce qui est simple il pré-
sent?
D'abord, nous ne sommes plus au temps
où les députés avaient le droit d'adresse.
Reste le droit d'interpellation.
Vous croyez ?
*
* *
En général, le droit d'interpellation, tel
que nous le devons à la générosité du maî-
tre, est singulièrement limité parles deux
conditions auxquelles il est astreint : con-
sentement de la majorité, et vote selon
la formule.'
On sait que, si une demande d'inter-
pellation est assez heureuse pour réussir
à se faire admettre, la majorité elle-même
n'a le choix qu'entre l'ordre du jour pur
et simple ou l'adoption de cette formule :
« Le corps législatif appelle l'attention du
gouvernement sur l'objet des interpella-
tions. » Quel objet? La formule n'est pas
autorisée à le rappeler. Il n'est pas per-
mis, même à la majorité, d'ajouter ni de
changer une syllabe.
Mais, dans le cas présent, l'interpella-
tion n'est pas restreinte, etie est inter-
dite.
Aux termes exprès de la Constitution
actuelle, l'initiative appartient à l'empe-
reur. En demandant que l'empereur leur
en cède un morceau, les interpellants
critiquent la Constitu.tion et contrevien-
nent au sénatus-consulte du 18 juillet,
1866, qui défend absolument que la Cons-
titution soit discutée.
Donc, il ne suffit pas de faire ce que Id
centre gauche a fait toute cette semaine,
- de trier les termes de sa supplique, d'hé-
- siter, d'ôter un adverbe pour le remettre,
d'implorer l'association du corps législa-
tif «AUX a'ffairps'publiques » et non plus,
comme la vëiTîe, « à ses affaires, » d'at-
ténuer, d'effacer. La question n'est pas
dans la rédaction de la demande, mais
dans la demande elle-même, qui est une
infraction au pacte fondamental.
Et voilà tout d'abord à quoi sont ame-
nés ceux qui s'intitulent les libéraux
constitutionnels : à enfreindre la Consti-
tution.
Un de leurs porte-drapeau, le Constitu-
tionnel, en convient. Il avait débuté par
espérer que « la difficulté pouvait être
tournée, » et ça ne le choquait pas que les
élus du suffrage universel, ayant un vœu
à exprimer, fussent obligés de tourner la
difficulté, et que la France en fût réduite
à inventer un moyen adroit d'insinuer
qu'elle ne serait pas fâchée de se mêler
un peu de ses propres affaires. Il s'aper-
çoit aujourd'hui que ces matières sont
prévues par des textes formels, et il se ré-
sout — ô Constitutionnel ragaillardi 1 -
à violer la Constitution 1
Pas à lui seul, pourtant. Il demande des
aides. Et même beaucoup. Il n'y a rien
de possible si tout le monde ne s'y met
pas; il faut que «le groupe libéral viole
la lettre du pacte de i852 en interpellant
le gouvernement sur les attributions de la
chambre ; les bureaux, en admettant cette
interpellation; le corps législatif, en la
discutant ; le gouvernement lui-même, en
lui reconnaissant un caractère légal. »
0 Constitutionnel ! si le groupe libéral,'
les bureaux, le corps législatif et le gou-
vernement lui-même faisaient ce dont
vous les pressez, que deviendrait cette
pauvre Constitution après tant do Tar-
quins, quand Lucrèce est morte pour un
seul 1
*
« *
Négligeons ce qu'il y a de comique à
prier le gouvernement d'en être, et à dire
à la Constitution : — Ferme les yeux,
pour que je te viole.
Assistons à ce spectacle. Laissons faire
les libéraux. Qu'ils violent la constitution,
si elle y consent ; mais nous devons dire
que ça nous amuse plus que ça ne nous
intéresse. Nous savons d'avance de quoi
tout cela peut accoucher.
Nous avons déjà la liberté des théâtres,
qui est surtout le droit de ne pas jouer le
répertoire de Victor Hugo ; nous avons la
liberté de la presse, qui est principale-
ment la faculté de payer des amendes,
d'aller en prison, et, quand les articles ne
peuvent pas être poursuivis, d'être pour-
suivi soi-même, sous prétexte de com-
plet. Ces sœurs aînées refroidissent notre
impatience de voir naître 1&- Jiberté du
parlement.
Nous donnerions ces trois libertés, et
toutes celles qui leur ressemblent, pour
une feule, qui serait - la liberté.
Srpar hasard c'était cette liberté-là que
le Constitutionnel croit pouvoir obtenir
de l'empire, alors nous avons une proposi-
tion à lui faire.
Pendant qu'il cherchera de son côté
l'empire libéral, nous chercherons du
nôtre la pierre philosophale, et nous pa-
rions M. Rouher contre M. Ollivier que
nous trouverons en même temps que lui.
Auguste Vacquerie.
LA PREMIÈRE AUX ARCADIENS
Mauvais début pour la majorité !
Une grosse maladresse couronnée d'un
échec piteux, voilà le bulletin de son pre-
mier engagement avec la gauche. :
Cela ne laisse pas que d'être humiliant ;
et quand on songe que les vaincus de cette
escarmouche sont tous des hommes choisis
par le gouvernement et recommandés par
ses préfets comme des types accomplis
d'intelligence politique, on s'afflige à l'idée
qu'une part de cette humiliation puisse re-
jaillir jusqu'à lui.
Le fait est qu'après s'être élancée tête
baissée contre le groupe compact et serré
de la gauche, les belliqueux Arcadiens ont
été arrêtés tout à coup, puis rompus, dis-
persés et ramené& en désordre à leurs posi-
tions.
Ils croyaient avoir fait un coup de maî-
tre en obligeant M. Jules Simon à exposer,
sans remise ni délai, le cas de M. Durand.
Ils n'étaient pas fâchés d'amener la gauche,
en la personne d'un de ses plus éminents
orateurs, à ouvrir la campagne par une
improvisation hâtive et sans effet.
Malheureusement pour eux, M. Jules
Simon est un homme qu'on prend rare-
ment au dépourvu, et le dossier de M. Jus-
tin Durand est un maître dossier qu'il suffit
d'entrouvrir pour captiver l'auditeur le plus
rétif.
Ils n'ont guère tardé à s'en apercevoir, et
les cinq derniers quarts d'heure de la
séance de vendredi ont été pour ces mes-
sieurs, et pour M. Durand tout le premier,
des quarts d'heure de Rabelais.
Une fois son erreur reconnue, la majo-
rité aurait pu se couvrir par une retraite
habile en votant hier, dès'4e début de la
séance, le renvoi dans les bureaux. Elle ne
l'a pas voulu, et, au lieu d'une séance
mauvaise, çlle en a eu deux.
Il était évident qu'avec un dossier aussi
copieux que celui de M. Justin Durand et
vingt-quatre heures de répit pour le com-
pulser, M. Jules Simon allait donner à ses
imprudents adversaires un second assaut
plus redoutable encore que le premier.
Cela n'a pas manqué.
Pression, menaces, dons et promesses
d'argent, embrigadement de marins et
d'ouvriers des ports conduits au scrutin
chefs et musique en tête, bulletins ouverts
au chapeau, destitution de maires, râteliers
pantagruéliques, sont à recommencer de
plus belle. Et quels témoins, quelles preu-
ves ont été produits par l'inexorable ora-
teur !
La majorité se plaignait la veille que cer-
tains témoins fussent invoqués à la légère.
- Qu'à cela ne tienne! M. Jules Simon en
va produire que M. Justin Durand ne pour-
ra récuser, car c'est M. Justiu Durand lui-
même qui va déposer dans l'enquête.
« L'administration ne recule devant au-
cun moyen pour faire triompher son can-
didat. » — Qui dit cela? -M. Durand.
« Elle fait payer cher aux jardinières
l'indépendance de leurs marim. » — Qui
tient ce langage séditieux? — M. Durand.
«Le préfet est un homme à poigne qui
va droit devant lui comme un boulet.» Qui
blasphème ainsi? — M. Durand, toujours
M. Durand!
Mais, direz-vous, oommeni-eela se peut-
il faire? A t-on surpris des secrets de con-
fession, ou bien les libations offertes aux
électeurs ont-elles tourné la tête du can-
didat?
Nullement. — Mais avant d'être candidat
officiel et-protégé. M. Durand a été candi-
dat indépendant et combattu. Les armes
que le préfet a employées en sa faveur
contre M. Emmanuel Arago, il les avait
tournées contre lui en faveur de M. Isaac
Perdre.
En 1863, en 1867, M. Durand s'en plai-
gnait amèrement. Aujourd'hui, il est du
côté du manche, il ne se plaint plus ;
c'est tout simple; il voudrait même ne
s'être jamais plaint. Mais ses griefs ont été
recueillis, et voici l'ombre du Durand indé-
pendant qui se dresse menaçante et venge-
resse contre le Durand officiel.
La majorité et son client n'ont pas été
plus heureux sur la question des signatures
que sur celle des témoins.
On avait reproché à M. Jules Simon de
produire des attestations dont les signatu-
res n'étaient pas légalisées. Sensible au rer
proche, il en exhibe quelques-mt-e- qo
sont parfaitement en règle. Hélas 1 les
faits qu'elles énoncent sont des délits de
corruption électorale les mieux caractéri-
sés, des offres d'argent, des « promesses de
deniers, » 20 francs à celui-ci, 25 francs à
celui-là, dont l'imprudent auteur serait M.
Durand en personne. Et là-dessus M. Jules
Simon lit l'article 38 du décret de 1852 qui
prononce l'emprisonnement et l'amende
contre les auteurs de pareils actes. Il lit con-
tre M. Durand un réquisitoire impitoyable
que M. Jérôme David a lui-même libellé
lors de l'interpellation sur la corruption
électorale, et il fait bruire aux oreilles du
candidat les mots terribles de a police cor-
rectionnelle. »
Et voilà l'élection que la chambre vou-
lait d'abord classer parmi les élections non
contestées !
Que penser des autres ?
Après cet acte d'accusation, la majorité
n'avait plus qu'à voter en toute hâte et sans
mot dire le renvoi aux bureaux; ele a
mieux aimé commettre une troisième faute
en reprochant à M. Jules Simon d'accuser
sans prévenir et de se servir de pièces non
communiquées.
La réplique était trop facile. Qui donc,
en effet, avait obligé M. Jules Simon à par-
ler? Qui l'avait contraint, malgré sa résis-
tance, à exposer à l'improviste les griefs du
suffrage universel contre M. Justin Durand?
Qui avait refusé, par un vote formel, le ren-
voi aux bureaux et l'ajournement du débat,
sinon cette même majorité?
La maladresse était à son eomble. 11 n'y
avait plus moyen de l'accentuer davantage.
« Validez si vous l'osez ! » disait la gauche
d'un ton de défi.
La majorité n'a pas osé. Elle a voté le
renvoi à tunanimité.
Il était difficile de concevoir pour une
ouverture de session une manœuvre plus
étourdie, une déconvenue plus complète
que celle dont M. Justin Durand vient de
fournir l'occasion à ses confrère d'Arcadie.
E. Laferrière.
AUTOUR DE LA CHAMBRE
Il n'y avait encore, à la fin de la séance
d'hier, que 137 élections validées.
La chambre ne sera légalement consti-
tuée qu'après avoir validé 147 élections.
♦
* *
On en est précisément resté aux élections
de la Seine, qui seront à coup sûr validées
toutes..
L'opposition voulait les faire reconnaî-
tre séance tenante. Mais la majorité s'est
donné la petite satisfaction de les remettre
à lundi. Ces taquineries manquent de gran-
deur,
*
* *
il y à eu hier soir, .chez M. Mirai, réunion
d'un certain nombre de membres de la
majorité.
M. du Pliral et ses amis rendraient à M.
Rouher le service de faire, dans une forme
plus agréable au gouvernement personnel,
la demande d'interpellations analogues à
celles que projette le centre gauche.
Ils demanderaient à interpeller le gou-
vernement sur la nécessité de développer
les institutions de l'empire en renforçant le
corps législatif au moyeu :
l9 Du rétablissement de l'adresse ;
2° D'une organisation plus large et plus
simple du droit d'interpellation;
S9 D'une extension du droit d'amende-
ment;
4° De la nomination par la chambre de la
totalité de ses bureaux.
La majorité prendrait ainsi l'initiative et
le mérite des réformes nécessaires, et M.
Rouher, donnant de lui même ce qu'on
veut lut arracher, garderait son preslige-
et son portefeuille.
ole
* iii
L'empereur est, dit-on, fort indécis, et
prend les avis de tous ceux qui l'appro-
chent.
La nouvelle lettre de M. de Persigny,
dont Wous parlions l'autre jour, est parfai-
tement authentique, et aurait été lue avec
plus d'attention que les autres.
Le chef de l'Etat aurait fait venir M.
Adolphe Barrot, et aurait eu avec lui une
-longue conversation.
♦
* *
, Aux autres sessions, les députés étaient
invités aux Tuileries par fournées de soi-
xante à quatre-vingts.
Cette fois-ci, on !es invite par petits
groupes de quinze à vingt.
Il faudra plus de temps pour qu'ils y pas-
sent tous, — nous entendons tous ceux qui
vont là; — mais, de cette façon, les rela-
tions sont plus intimes, et l'on peut mieux
interroger — et convaincre.
*
* *
Dans la séance de vendredi, MM. Beth-
mont et Pelletan ont soulevé une discussion
de principes, à propos de la vérification des
pouvoirs.
Il s'agit de savoir si une fraude électorale,
une seule, du fait d'un député et non pas
d'un agent de l'administration, constitue
un délit capable d'invalider l'élection?
La jurisprudence du corps législatif de
1851 à 1869 dit non. De notre côté, nous
n'hésitons pas à dire oui. Un député a fait
des promesses d'argent, par exemple; il
tombe, par le fait, sous le coup de la loi
qui le prive de ses droits civiques pour
trois ans. En 1835, l'élection de M. Laffitte
fut invalidée quatre fois de suite par la
chambre, parce qu'il avait promis un em-
branchement de chemin de fer à ses élec-
teurs.
Espérons que la chambre élue par le suf-
frage universel de 1869 se montrera aussi
énergique en matière électorale que celle
qui a voté les lois de septembre.
*
* *
M. Bancel opte pour Lyon. Il n'y a jamais
eu doute sur ce point dans son esprit. M. Pi-
card se décide à opter pour Montpellier. Il
est aujourd'hui certain que, dans cette ville,
les voix démocratiques refuseraient de se
porter sur M. de Larcy; toutes les chances
seraient pour le candidat du gouvernement;
ce que ne peuvent vouloir ni M. Picard, ni
même M. de Larcy.
*
» * *
L'élection Duvernois sera combattue et
défendue avec la plus grande opiniâtreté
des deux parts.
Sur cette élection sera peut-être discutée
la question du gouvernement personnel.
M. Rouher donnera.
*
* *
On assure que le chef de l'Etat aurait jeté
par-dessus bord ses chers députés-chambel-
lans. M. Rouher ne les soutiendrait pas, et
ils auront à opter pour l'une de leurs deux
fonctions. *
Le gouvernement 'se serait décidé à ce
facritice pour ne pis être obligé de venir
iiscuter sur ce terrain dans les chambres la
luestion du pouvoir personnel.
* »
*
Bon nombre de signatures figurent déjà
sur la demande d'interpellation relative aux
.roubles de Paris.
M. Bancel doit prendre le premier la pa-
'ole. Après lui, MM. Jules Favre, Jules Fer-
y, Simon et Gambetta.
*
* «
f Avant l'ouverture de la séance, on re-
narque M. Dréolle s'entrenant très-vive-
nent avec M. Houher, et M. Picard en con-
rersation non moins animée avec M. Schnei-
ler.
*
* *
M. J. Favre, absent de Paris depuis quel.
lues jours, est arrivé à la chambre aojour-
j'hui vers quatre heures.
* *
#
Hier,— c'est la Liberté qui parle, — dans
in groupe de députés du centre, M, Lafond
le Saint-Mür disait :
Le sol de l'empire nous manque sous les
pieds. Il est temps d'aviser si nous ne voulons
pas être complétement débordés. Il faut que
notre action soit décisive sur la marche du
gouvernement.
*
# 4:
Un "mot (le^irrSéftwetdsr, s'efforçant de
rétablir le calme dans l'assemblée :
« Si nous commençons ainsi, je ne sais
pas où nous irons. »
Gambetta a baissé la tête en souriant.
Sait-il donc où nous irons, lui ?
*
* *
- Ils auront beau dire! s'est écrié hier
M. de Cassagnac, nous serons intraitablesl
Nous avions les irréconciliables; nous
avions M. Thiers, l'implacable; voici les
intraitables !
Ces adjectifs disjoints font admirablement.
*
Ife *
Encore un comité. L'organisateur serait
M. Tron (de la Haute-Garonne), un ancien
membre du cercle de la rue de Poitiers. Il
s'agissait de réunir le parti qui, sans être
du centre gauche, veut se séparer des Ar-
cadiess.
Le journal de Ganesco, le Parlement, se.
rait-il l'organe de ces messieurs ?
*
* *
Quant aux Arcadiens purs, il s'en vont,
comme les dieux. Les sept sages ne sont
plus que trois : M. de Cassagnac, M. Bel-
montet, M. de Piré.
0 douleur ! les sept sages de la Grèce
ne vont plus être que les trois grâces.
d'Etat.
Le secrétaire de la rédaction :
Albert Baume.
LES ON-DIT DU BOULEVARD
Hier soir, au Gymnase, première repré-
sentation de VJSomme aux 76 femmes.
Mascaret voudrait se marier; il a déjà
été refusé soixante-treize fois ; il ne renon-
cera qu'à la centième. Il vient, ce matin
même, de demander trois femmes d'un
coup : trois refu3. Ça fait soixante-seize.
Mais attendez. Le bruit se répand subite-
ment que Mascaret est sous-préfet. Cette
grande nouvelle est-elle vraie? Il est facile
de s'en assurer. On est à des bains de mer
quelconque, on n'a qu'à voir dans le livre
des voyageurs. Un sous-préfet ne voyage-
rait pas sans sa fonction. En effet, on trou-
ve : « Mascaret, s. p. » Dès lors, tout chan-
ge, les pères offrent à Mascaret leurs filles,
les oncles leurs nièces, et les veuves s'of-
frent elles-mêmes. Il les accepte toutes;
Mais il ne les garde pas, quand on apprend
que sa sous-préfecture était une fausse
nouvelle, et que s. p. voulait dire : sans
profession.
Ça ne bouleverse pas la société, mais ça
fait rire. Des situations gaies et une foule
de mots drôles ont fait vivement applaudir
les noms de MM. Siraudin et Henri Thierry.
Ravel en tête, et avec lui Francès, Blaisot
et Mlle Ramelli, ont lestement enlevé le
succès.
*
* *
On commençait par la reprise de Trop
Beau pour rien faire.
Encore un quiproquo. Fernand voudrait
bien connaître une femme qu'il aime et
qu'il n'a vue que masquée. Il s'introduit la
nuit dans sa chambre, la surprend dor-
mant, approche la lampe — et se sauve à
toutes jambes : elle est horrible! Mais il
n'est pas plutôt rentré chez lui qu'on frappe
à sa porte. C'est elle ! Il tire son verrou, se
barricade, crie au feu, — et finit par s'a-
percevoir que le monstre endormi n'était
que la portière de sa beauté !
Oa a revu avec plaisir cette très-amu-
sante comédie de MM. Edouard Plouvier
et Jules Adenis.
*
♦ *
Une rencontre à l'épée a eu lieu hier ma.
tin, à l'île de Croissy, entre M. M. T. et
M. H. Le motif du duel est un soufflet
donné dans un bal, il y a trois mois, par
M. H. à M. M. Les pourparlers ont duré
tout ce temps. M. H. a été blessé d'abord
à l'épaule et a tenu à continuer le combat;
à la troisième reprise, il a été touché une
seconde fois : l'épée de son adversaire lui
a entièrement percé le poignet.
Les témoins ont déclaré l'honneur satis-
fait.
*
* *
La fête de la Société centrale des sauve-
teurs de la Seine a été célébrée hier avec
un éclat inaccoutumé. On bénissait un dra-
peau et l'on recevait M. le baron Taylor,
président honoraire. Comment! le baron
Taylor n'était pas encore président hono-
raire de cette société-là !
En raison de ces deux faits capitaux, on
avait adressé des invitations aux sociétés
étrangères, qui pour la plupart ont répondu
à l'appel de la Société parisienne. On re-
marquait les députations de Londres, de
Munich, de Naples et de Bruxelles.
Le matin une messe solennelle a été dite
à Notre Dame, le drapeau a été bénit. A
une heure la société se réunissait au Palais
de l'Industrie. M. Taylor présidait comme
lui seul sait présider.
La musique de la garde de Paris, com-
mandée par M. Paulus, était chargée de la
partie musicale du programme.
Sur l'estrade, à la place d'honneur, on
remarquait un vieux brave, nommé Lau-
rent, qui en est à son cent-vingt-sixième -
sauvetage. Citons Rolland, l'ancien direc-
teur des Folies-Dramatiques : six sauveta-
ges; l'acteur Blondelet : trois sauvetages;
Turpin de Sansay : trois sauvetages ;
Huart : deux sauvetages; Pélissier, quatre
sauvetages ; Gustave Laffargne: un sauve-
tage; le pompier Thibaut, aujourd'hui sur.
veillant de la Banque : dix sauvetages; et,
enfin, Mme Meilliez, sauveteuse, qui porté
huit médailles. Mme Meilliez était l'unique
marchande de tabac à Ham, lorsque le
prince Louis-Napoléon y était prisonnier.
Mw Meilliez embrassait tout le monde.
Nous avons compté ses embrassements, ils
s'élèvent au chiffre effrayant de 129. Au
reste, cette séance a été toute d'enthou-
siasme. Nous avons compté 241 salves d'ap.
plaudissements motivées par 54 discours.
M. Auguste Vitu, qui i-ice-péésid ait-, la poi-
trine toute chamarrée, a rudement malmené
les émeutiers. Vitu! Vitu! comme vous de-
vez souffrir quand, harcelé par vos remords
de 1849 et du Pamphlet, vous vous rappelez
quel auguste personnage vous avez osé ap-
peler « mouchard ! »
M. Taylor a naturellement, non, je veux
dire forcément, fait son speach, accompa-
gné de la larme traditionnelle.
La séance s'est terminée par une distri-
bution de médailles. Nous avons remarqué
le sans-gêne avec lequel ces messieurs du
comité se sont distribué entre eux des mé-
dailles d'or; c'était une vraie bénédiction.
Deux détails intéressants : pour finir, on
a médaillé, en même temps, un sauveteur
de quatre-vingt-dix-sept ans et un sauve-
teur de six ans. Tout a'iait bien, quand le
président eut la malencontreuse pensée de
les faire s'embrasser. Le plus jeune sauve-
teur a commencé par pleurer et a fini par
se sauver.
Enfin, on a médaillé une vieille négresse
qui nourrit ses maîtres depuis trente ans
avec son travail.
Ce soir, grand banquet à la barrière
Montparnasse.
* *
Le Dictionnaire des pseudonymes, que pu-
blie M. Georges d'Heylli, démasque une
foule de personnages plus ou moins con-
nus.
Mlle Julia Baron, qui a créé VŒU crevé,
s'appelle d'un nom approprié à son talent,
Julie Badin.
Mlle Nathalie était prédestinée au Théâ-
tre-Français par son vrai prénom : Zaïre
Martel. Mais pourquoi est-ce la comédie
qu'elle y joue?
MUe Agar, qui, elle, y joue la tragédie, se
nomme Charvin ; excellent nom d'actrice,
puisqu'il rappelle le char de Thespis et le
vin de Bacchus.
Mais toutes les actrices n'ont pas des
noms aussi heureux.
Croiriez-vous que Mlle Favart a nom
Pierrette-Ignace Pingaud?
Mlle Pauline de Melin, — lisez MI" Gros-
Jean.
Mlle Bélia se contente du nom insigni-
fiant de Delau, et Mlle Karoly du nom vul-
gaire de Duvau.
L'actrice qui porte le nom fringant de
Géraldine a l'ennui de s'appeler réellement
Boudin. Mlle Delval et Mlle Silly, qui sont
deux sœurs, n'abusent pas du droit qu'elles
auraient de s'appeler Goret.
Le nom de Mlle Cora Pearl est Cruch,
« nom que les Français , à en croire M.
Georges d'Heylli, n'auraient pas toujours
dit avec la prononciation anglaise. »
Mlle Page a la cruauté de s'appeler Châ-
teaufort. Mlle Ozi a la cruauté plus grande
de s'appeler Pilloy.
Bocage avait nom Tousez; Paulin Mé-
nier s'appelle Lecomte; Lafontaine est né
Thomas; Arnal est légalement Etienne Mon..
tiron; Potcl se nomme Piau. Le nom de
Dumaine est Persont, et celui de Désiré est
Courteeuisse.
Rayer s'appelle monosyllabiquement Rey;
— Siraudin s'appelle de Sancy; — Champ-
fleury, Husson ; — Robert Hait, Charles
Vieu ; — X. Feyrnet, Kaempfen ; — Michel
Masson, Gaudichot; — le vaudevilliste
Grangé (heureusement que ce n'est pas
M. Théodore Anne), Basté; — le vaudevil-
liste Nuitter s'appelle Truinet.
Mlle Rigolboche est née Bidon; — Thé-
résa s'appelle Emma Valadon; — et le res-
taurateur Peters n'usurperait pas le nom de
Fraise.
Il y a un nom que l'auteur du Dictionnaire
des pseudonymes a oublié de démasquer : le
sien. Réparons son oubli : M. Georges
d'Heylli est M. Poinsot. Pourquoi ne porte-
t-il pas son vrai nom? Serait-ce par pour
de Jud?
*
* *
Les maires vont bien. En examinant la
liste des votants de la commune d'Argano
(Finistère), on a reconnu que plusieurs éleo
teurs avaient voté — après leur mort.
*
< <
Comprenez-vous ce M. Henri Vitalis, qui
avait à léguer 535,000 fr., et qui les a lais-
sés aux pauvres de son arrondissement,
quand il aurait pu les donner aux sergents
de ville?
f
* *
Il est difficile de ne pas penser au peuple
français en lisant cette description d'un
art que M. Pacotte vient de donner au
Jardin d'acclimatation.
C'est un frêne. Il a été conduit avec un
arbre qui en fait aujourd'hui, sinon une
merveille, au moins un végétal très-singu.
lier et digne d'intérêt. Voici comment il a
été obtenu : cinq jeunes pieds de frêne
ont été plantés, l'un occupant le milieu, les
autres à quinze centimètres du premier et
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.65%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.65%.
- Collections numériques similaires Scoutetten Henri Scoutetten Henri /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Scoutetten Henri" or dc.contributor adj "Scoutetten Henri")
- Auteurs similaires Scoutetten Henri Scoutetten Henri /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Scoutetten Henri" or dc.contributor adj "Scoutetten Henri")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75297664/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75297664/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75297664/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75297664/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75297664
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75297664
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75297664/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest