Titre : Le Rappel / directeur gérant Albert Barbieux
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1877-12-20
Contributeur : Barbieux, Albert. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328479063
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 décembre 1877 20 décembre 1877
Description : 1877/12/20 (N2841). 1877/12/20 (N2841).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7529158h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-43
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/08/2012
N° 2841 - Jeudi 20 Décembre 1877
]Le numéro i SO c. - D'éltartemcoht 1 flft e.
-, 30 - Frimaire an 83 - N° 2S4(1 - 1 11
," RÉDACTION
f tûrfïicr au Secrétaire de la îUtkclioa
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tu trmcsolts non insérés ne soront pasnmJu»
ANNONCES
i:M. Ch. LACLiAXOF., CKlir elû*
6, place de la Bourse, 6 j
ADMINISTRATION
~,m?« De vALOtt, m
18? RUE DE VALOIS, 18
,
PARIS 1
Trois mois 40 » [Trois CflURs
Six mois 20 » ) Six moit. J
r" -
Adresser lettres et mandat* -
A M. ERNEST LEPÈVM
1
LA RÉACTION ET LE MAKÉCBAL
Quelques-uns de leurs journaux ont
été subitement frappés d'un trait do
lumière : - Ah çà, mais nous sommes
stupides ! se sont-ils écriés. Ils n'ont
pas été contredits.
Eu effet, l'attitude qu'ils prenaient
envers le maréchal de Mac-Mahon ne
dénotait pas la plus profonde des intel-
ligences. Oubliant absolument le passé
- et l'avenir, ils brûlaient celui qu'ils
avaient adoré. Ils passaient du culte
à l'imprécation, ils crachaient toute
leur encre à la ligure de leur idole de
la veille, ils faisaient de leur « Cair-
bar » un « maréchal de table d'hôte M.
Ils disaient en face au maréchal qu'il
était « déshonoré » et « avili ».
Et le premier résultat de leurs outra-
ges était que le maréchal pouvait leur
dire : - S'il est vrai que je sois avili
et déshonoré, par qui le suis-je? Par
vous !
Car, pourquoi y a-t-il eu le 14 dé-
cembre? parce qu'il y avait eu le 16
mai.
Le maréchal n'a qu'à remonter à sept
mois d'ici, quelle était sa situa lion ,!;
une situation qu'il n'aurait pas rêvée.
Lui qui avait mené la France u Sedan
par complaisance pour l'empire, il était
président de la République. Lui à qui
des comptes auraient pu être demandés,
il était récompensé, et par la plus haute
de toutes les magistratures. Les répu-
biicains eux-mêmes, qui ne l'avaient ;
pas désiré, l'acceptaient. Ils ne l'accep-
taient pas seulement jusqu'en 1880;
comme son premier mot avait été la
reconnaissance absolue du droit des
majorités, ils se demandaient si l'on ne
leurrait pas faire en France ce qu'on
fanaux Etats-Unis sans que la Répu-
blique en souffre, et si le maréchal ne
doublerait pas sa présidence.
C'est là-dessus que les ennemis do la
République, les conseillers sacrés et
les sacrés conseillers, les hommes né-
fastes qu'on introduisait par les portes
1 secrètes, les cardinaiesques et les bâ-
foimistes, ceux qui mitraillent le hou-
levard Montmartre et ceux qui leur
chantent des Te Detim, les décem-
braillards et les braillards de canti-
ques, tous les Jean-Fourtou de la
réaction, se sont emparés du maré-
chal et lui ont fait déclarer la guerre
au pays. Cette guerre a eu le dé-
nouement que ne pouvait manquer
d'avoir le duel d'un homme avec la
France. Les candidats du maréchal ont
(•lé blackboulés. La politique du maré-
chal a. été jetée par terro et piétinée par
cins millions d'électeurs. Les bulletins
républicains ont neigé sur le maréchal
.VOf:. l'innombrable abondance des flo-
con» qui filent le linceul du Matamore
dans lu Capitaine Fracasse. Si bien que
tt, liï&vtlchû a dù se rendre, et sans con-
ditions, Si bien quj celui qui avait
chance d'être président encore après
1880 a fann œ pas rttio jusqu'en 18781
Et ce sont ceux qui l'ont mené là qui
lui reprochent d'y être allé ! Il a capi-
tulé ! disent-ils avec indignation ; c'est
nne honte ! c'est un Sedan politique !
ïl faudrait pour cela que se rendre à la
France fut la même chose que se ren-
dre à la Prusse ; mais quand même ils
auraient raison de dire que le maré-
chal en capitulant devant le suffrage
universel a fait ce qu'a fait leur em-
pereur en capitulant devant l'armée
allemande, qui donc le lui aurait fait
faire, sinon eux? Et lorsqu'ils disent au
maréchal qu'il est diminué, qu'il est
« avili», qu'il est « déshonoré», ils
provoquent de sa part cette réponse : —
Alors, vous m«.i le payerez !
Les moins bêtes d'entre eux ont fini
par comprendre qu'ils n'avaient aucun
intérêt à souligner si brutalement le
mal qu'ils ont fait au maréchal. Un de
ceux-là .a fait remarquer crûment aux
autres que « leur crachat leur retom-
bait sur la figure ». Et puis, ils ont
compris que, parce que le présent vous
est fermé sur le nez, ce n'est pas une
raison de se fermer soi-même l'avenir.
Ils se sont dit que, puisque le maréchal
n 'est plus aujourd'hui ce qu'il était
hier, il est possible qu'il no soit plus
demain ce qu'il est aujourd'hui. En
ce cas, pourquoi mettre entre lui et
les conservateurs un abîme de « boue » ?
— Donc, attendons-nous à voir les
ennemis de la République changer de
manière avec le président, les injures
tourner aux compliments, l'acte de
« lâcheté » se métamorphoser en acte
d'héroïsme, et le « maréchal de table
d'hôte » redevenir « Caïrbar ».
Mais nous doutons fort que le maré-
chal de Mac-Mahon s'y laisse prendre
une seconde fois. Il sait maintenant où
ces gens-là le conduisent et comment
ils le récompensent des coups qu'il re-
çoit pour eux. L'autre jour, un journal
bonapartiste regrettait que le maréchal
n'eût pas été tué à Sedan. Aujourd'hui,
un autre journal bonapartiste lui cite
l'exemple de Réguius qui, « plutôt que
de se déshonorer, a sacrifié sa vie et est
mort au milieu des plus cruels suppli-
ces ». Cette facilité avec laquelle les
cunemis de la République accepteraient
que le maréchal flit roulé dans un baril
hérissé de pointes à l'intérieur n'encou-
ragera vraisemblablemeat.pas beaucoup
le maréchal à recommencer pour eux
-une campa-gue qui aboutirait à la mémo
déroute — et aux mêmes invectives. Il
faudrait qu'il fût d'une belle simplicité
pour ne pas répondre désormais à
toutes leurs acclamations et à toutes
leurs excitations : — Merci Ma.premièrc
fois, vous m'avez reproché de ne pas
m'être fourré dans un baril à pointes ;
la seconde fois, vous seriez capables de
m'y fourrer vous-mêmes !
AUGUSTE VACQUERIE.
-._-"
COULISSES DE VERSAILLES
Le mouvement préfectoral doit paraître
ce matin au Journal otfidel. Il porte sur
tous les départements sans exception et
comprend 82 révocations sur 86 préfectn-
res. Quatre préfets seulement sont main-
tenus : MM. Ferdinand Dayal, de la Sei-
ne; de Perthuis, du Calvados; Tripier, de
lXtise, et Lorois, de l'Aveyron.
Nous pouvons faire connaître dès main-
tenant les principales nominations qu'a
faites M. de Marcère, et qui, après plu-
sieurs changements, ont été définitive-
ment arrêtées pour être publiées aujour-
d'hui.
La préfecture du Rhône est donnée à
M. Paul éambon, ancien préfet du Doabs
avant le 16 mai; celle des Bouches-du
Rhône à M. Tinnan, ex-préfet du Puy-de-
Dôme ; celle de la Gironde à M. Decrais,
qui l'occupait au ÏG mai. A Toulouse, on
envoie M. Tenaille-Saligny, ancien prdet
du Pas-de-Calais ; à Lille, M. de Brandon,
ancien préfet de Vaucluse.
Parmi les préfets replacés dans lo poste
qu'ils occupaient avant lé 16 m:û, no:>-
citerons: M"-.' Alexandre"Rey, dans le
Var ; Hendlé, dans Saône-et-Loire ; Re-
gnault, dans la Charente - Inférieure ;
Roussel, dans l'Yonne; Mahias, dans les
Côtes-du-Nord ; Jules Brun, dans la Cha-
rente; Gizolme, dans le Gard ; Merlin, dans
le Jura ; Catusse, dans l'Aude ; Uc:.tC!\?r\u;
dans la Haute-Saône. :-.
M. Doniol. ancien préfet dC3 loucha:: -
du-Rhône, est nommé préfet des Alpes.
Maritimes; M. Camescasse, ancien pré fut
de la Haute-Saône, est nommé préfet du
Pas-de-Calais; M. Glexc, ancien préfet do
l'Allier, est nommé dans le Puy-de-Dôme;
M. Oustry, ancien préfet des Vosges, est
nommé dans la Dordogne ; M. Beehe.de,
ancien préfet de la Nièvre, est nommé
dans Maine-et-Loire; M. Patinot, ancien
préfet de l'Indre, est nommé dans S-eiue-
et-Marne ; M. Poulin, ancien préfet des
Basses-Alpes, est nommé dans la Manche;
M. Limbourg, ancien préfet de la Seine-
Inférieure, est renommé dans le mè-me
département; M. Sebline, ancien ..pdftC
des Pyrénées-Orientales, est nommé dans
l'Aisne; M. Félix Renaud, ancien préfet
de Lot-et-Garonne, est nommé dit.;-, la
Loire.
Un certain nombre de sons-préfets et de
secrétaires généraux révoqués au 1 > mai
sont nommés préfets; nous citerons les
suivants: M. Genouille, ancien sous-préfo!,
de Coutances, est nommé préfet de la
Mayenne; M. Monod, ancien sous-préfet
d'Aix, est nommé préfet de l'Ain; M. Co-
[r-telle, ancien sous-préfet de Sens, est
nommé préfet des Deux-Sèvres; M. Rivaud.
ancien sous-préfet d'Oloron, est nom-
mé préfet de Tarn-et-Garonue; M. Bai-
gnères, ancien sous-préfet de Saint-Dié,
est nommé préfet des Vosges; M. Fresues,
ancien sous-préfet de Marmande, est nom-
mé préfet du Lot; M. d'Ormesson, ancien
» sous-préfet de Montlnçon, est nommé pré-
fet de l'Allier; M. Bihourd, ancien secré-
taire général de l'Yonne, est nommé préfet
de l'Aube; M. Filippini, ancien sous-préfet
; de Libourne, est nommé préfet des Pyré-
nées-Onentates.
Parmi les .nouveaux préfets, nous cite-
rons M. Spuller aîné, frère titi député de
Paris, qui est nommé préfet de Vaucluse :
M. Massicault, ancien rédacteur çhi,.S'#çf.\
qui est nommé préfet de la Haute-Vienne;
M. Scbnet'b, ancien rédacteur du XJX* Siè-
cle, qui est nommé préfet de la Corse ; M
de Barthélémy, ancien préfet de M. Thiers,
qui est nommé préfet de Seine-et-Oise.
Par ces détails on peut voir que le mou-
vement est absolument général. Il sera
complété par un mouvement aussi étendu
sur les secrétaires généraux et les ~).~-
préfets.
La question des sous-secrétaires dEt.t
continuait à préoccuper hier les groupes
de la gauche. On cherche, par les nomina-
tions de ces sous-secrétaires, à renforce.'
dans le cabinet la représentation de la
majorité républicaine de la Chambre, il
était donc naturel qu'une part équitable
fût faite aux principaux groupes -le celle
majorité.
Le cabinet étant presque entièrement
formé de membres du centre gauche, il
semblait dès lors juste et naturel de choi-
sir les sous-secrétaires d'état dans ies au-
tres fractions républicaines. Sans entrer
dans les détails des négociations qui ont
été engagées, nous pouvons dire que lu
cabinet propose la combinaison suivante :
Un membre de l'Union républicaine, M.
Lepère, qui serait à l'intérieur ; deux mem-
bres de la gauche, M. Codicry aux finances
et M. Gircrd au commerce; deux membres
du centre gauche, M. Casimir Périer à
l'instruction publique et M. Savary à la
justice. Pour ce dernier, d'ailleurs, le dé-
cret de nomination est déjà signé et M.
Savary est entré en fonctions. II ne serait
pas question de placer de sous-secrétaire
d'Etat à aucun des autres ministères.
M. Durangel est définitivement remplacé
dans la direction des affaires dépariemen- j
tales et communales au ministère de l'in-
térieur. On lui substitue M. de Crisenoy.
ancien préfet de Versailles. M. Durangel
aurait obtenu comme compensation le
poste de directeur de l'octroi de Paris.
Le centre gauche du Sénat a procédé
Mer au renouvellement de son bureau.
M. Galmoii a été élu président; MM. Feray
et Bernal'J; vice-présidents ; MM. Dauphin
etliuguet. secrétaires; M. Dauphipot,qu3s-
teur. -
Un incident intéressant a marqué la
séance. M. le généraliRifînult, qui était du
groupe constitutionnel a demandé à faire
partie désarmais chr centre gauche. La
réunion a voté son admission et le général
Riffault a été introduit immédiatement aux
applaudissements de l?asaemblée..
«as*
A VERSAI LLES
Au revoir, messieurs les sénateurs !
messieurs les députés, au revoir! Les
Chambres sont en vacances : cHas re-
viendront après le jour d" l'an.
On s'est dépêché, aujourd'hui, d'ex-
pédier les lois essentielles : le Sénat a
voté les deux douzièmes. On annonçait,
à celle occasion, une vivo opposition
du fameux Buffet; tout s'est borné à
une petite protestation, lue par M. Lu-
cien Brun.
Jusqu'ici, c'est par la mennce du re-
fus du budget qu'on a réduit à capi-
tuler le pouvoir pcrsoauei; ea Angle-
terre comme en France, en 1830 comme
eii 1877. Mais le refus du budget peut-
bien avoir pour lui l'histoire; ii a con-
tre lui M. Brun (Lucien). On s'y rési-
gnera sans peine. M. Laboulaye a ré-
pondu brièvement et en excellents ter-
mes au légitimiste. Puis l'on a passé
outre.
On a examiné ensuite dans les bu-
reaux. puis à la Chambre, la loiproro-
geant les pouvoirs du conseil général
de la Seine. On s'est réuni dans les bu-
reaux; la droite a essayé quelques chi-
canes; MM. Delsol et Venlavon condui-
saient la campagne : quand on revint
en séance, et que M. Eugène Pelletan
présenta son rapport, il n'y eut plus d'op-
position que celle du fantasque Gavar-
die, et la loi fut votée.
A la Chambre, M. Dufaure dépose un
projet (tout à fait indispensable) d'am-
nistie pour les « dBlits» de parole et de
presse condamnés depuis le 16 mai;
puis on lut le décret de prorogation, et
chacun prit le train pour son conseil !
général.
«S
Ai-je besoin de dire qu'on s'occupait
surtout des premiers actes du ministère ?
Les couloirs étaient remplis des préfets 1
et des sous-préfets de demain. Les dé-
putés discutaient fort les nominations.
Celle de M. Albert Gigot, le nouveau 1
pt'éfcL'do police, n'élait pas, je dois !e
dire, reçue favorablement : non que M.
Albert Gigot ne soit nn homme fort
honnête et fort estimable; mais on se
demandait pourquoi on avuit choisi
pour de semblables fonctions un homme
de nuance politique tout à fait effacée
et connu pour ses sympathies ciéri-
caies.
Mais surtout, il n'y avait qu'une voix
sur la compensation donnée à son pré-
décesseur, M. Voisin, jadis membre du
contre gauche, puis rallié au centre
droit, puis homme de confiance de M.
Buffet quand M. Léon Renault fut sa-
crifié; on aurait voulu connaître la vé-
rité sur certain pli cacheté qui aurait,
dit-on, été remis à tous les commis-
saires de police en prévision d'une
éventualité dramatique, il y a environ
un mois.
Je ne parle pas des bruits qui cou-
raient sur le prochain mouvement; at-
tendons l'Officiel; il sera temps demain
de nous prononcer on connaissance de
cause. Nous espérons que les républi-
cains auront les satisfactions auxquel-
les ils ont droit..
Aucun des prôiets compromis dans
la coupable aventure du 16 mai ne
peut évidemment rester en place. Si-les
républicains n'étaient pas aussi indul-
gents, on ne se serait peut-être pas
borné à destituer des fonctionnaires
complices zélés d'une agression sans
exemple contre la liberté et la sincérité
du vote. propagateurs des calomnies
les plus infâmes contre les représen-
tants du pays, engagés dans un com-
plot centre la souveraineté nationale.
Mais si un seul département, en Fran-
ce, pouvait encore voir à sa tète l'hom-
me qui faisait afficher, l'été dernier, le
Bulletin des communes, il aurait assu-
rément de la peine à croire que l'aven-
turc du 16 mai est finie.
Voyez-vous un préfet qui accepterait
de servir M. de Marcère, après avoir
répété sur lui les diffamations officielles
au sujet des 363, après avoir fait affi-
cher que soir ministre d'aujourd'hui
voulait détruire l'armée et renverser
tous les principes sociaux? Je me de-
inandg ce qu'il faudrait alors le plus
admirer, ou de la honte du préfet de-
venu le docile instrument de l'homme
qu'iLinsullqit ainsi il y.a quelques mois,
ou de la faiblesse dérisoire du ministre
qui se ferait servir par son insulteur.
Mais ccla ne peut pas être, cela ne
sera pas, et Y Officiel de ce matin nous
rassurera à cet égard.
CAMILLE PELLETAN.
---..
Une chose principalement indigne les
cléricaux dans le ministère du 14 décem-
bre : c'est' que le ministre des affaires
étrangères soit un protestant.
Quoi! au moment où le pape va mourir,
le ministre qui .sera chargé de nos rela-
tions avec l'Italie ne sera pas un vatica-
nard ! Est-ce possible! Ce ne sera pas un
homme qui sera pour le Va'ican contre
Rome, pour le pouvoir temporel contra la
nationalité italienne! Ce ne sera pas un
homme capable, pour la plus grande gloire
du Syllabes, de-mettre la France en guerre
avec l'Italie — et avec la Prtissel
Où allons-nous? s'écrie désespérément
l'évèquc de la ville dont la Pucelle a été
brûlée par des évêques. Où allons-nous?
Et il se signe avec de l'encre bénite.
Nous comprenons d'autant plus le dé-
sespoir et l'indignation de M. Dapanloup'
que cela l'empêchera probablement d'al-
teindre ce chapeau de cardinal qu'il
croyait enfin tenir et qui se remet à lui
j );ier l'infâme tour que le chastre joue au
chasseur marseillais.
U.i ministre des affaire; étrangères pro-
testant! On n'avait pa"i vu cela depuis
M. Guizot!
Nous n'avons jamais eu, personnelle-
ment, pour M. Guizot qu'un de ces en-
thousiasmes qui descendent plus aisément
au dessous de zéro qu'ils ne montent au
dessus; mais nous ne nous figurions pas
qu'une ressemblance avec M-. Guizot fût
unedes réac'.ionnaires, ni même auprès des
catholiques, ni même auprès des nltra-
montains. Ce que nous espérons pour no-
tre part, c'est que M. Waddington ne sera
pas prol'-it »nt à la manière de M. Guizot
dont 1 • protestantisme consistait surtout à
êlre r-aidste.
'1 Do liMa jS de M. Guizot, cela n'avait qu'un
inconvénient secondaire. Mais à l'heure
qu'il esL, la Fl'dnce, affaiblie et démem-
brée par b dernière monarchie — qui sera
la dernière, nous le jurons! - doit faire
attention à ses ministres, et surtout à son
ministre des affaires étrangères. Après les
mandements furibonds de ses évêques,
après les cantiques du Sacré-Cœur :
Sauvons nome!. après toute la croi-
sade pour le pauvre prisonnier du Va-
tican, on ne pouvait faire une chose
plus sage et plus patriotique que de char-
ger de nos relations avec le dehors un
homme dont la religion seule écartait d'a-
vance tout soupçon d'arrière-pensée ul-
tramoiWîriTîo et de croisade syllabusonne.
C'est pourquoi les cléricaux ont le droit
de s'irriter du choix d'un protestant pour
ministre des affaires étrangères ; et c'est
pourquoi le pays, lui, a le droit de s'en
féliciter.
Les légitimistes font une assç*
gênée entre l'Univers qui les iti
le Moniteul' qui répond pour eux.
1,' Univers est curieux. Il voudrait (futt-,"
Y Uni m « fit connaître en termes plus''
précis et à l'aide de noms propres le pro-4j
gramme et le personnel de résistance que?
les 'royalistes ont offerts au maréchal »i|
Réponse de YUnio'n : « Nous sommes jugQy
de la réserve que nous entendons garder.
et nous n'en sortirons pas. encore au-'5'
jourd'hui ». Je serais étonné que l'Univers
se contentât de cet éclaircissemen t.
Mais pendant que l'Union se tait, Id"
Moniteur parle. A en croire le journal derf
constitutionnels, « Y Union a conseillé auf
maréchal de prendre le parti qu'elles
blâme ». Alors, l'Union n'y tient plus, et
essaye une justification, qui reste vague.
Il n'est pas vrai, dit-elle, que les légitimis-
tes aient conseillé au maréchal de s i enten-e
dre avec le centre gauche. C'est-à-dire qUel
les légitimistes ont conseillé au maréchaF
de s'entendre avec le centre gauche, mais
parce qu'ils avaient conseillé au maréchal
« une politique, de résistance calculée et
réfléchie », et que le maréchal « s'était
refusé à suivre cotte politique ». Alors, les
légitimistes ont conseillé l'entente avec loi
centre gauche, sans la conseiller : ont parlé comme d'un fait qui était la con-
séquence de l'attitude prise par le prési-
dent », et ils. l'ont si peu conseillée, en J&r
conseillant, qu' « ils ont indiqué dan^
quelles limites ils entendaient qu'elle s&
fit ».
Les indications des légitimistes ont ob-
tenu ce succès que « toutes les limites po-
sées par eux aux négociations ont été
franchies ».
Ce qui s'entrevoit dans ce brouillard oùé:
le parti du drapeau blanc essaye de dis-
paraître, c'est que les légitimistes ont en-
gagé le maréchal à aller « jusqu'au bout »,
à la condition que le bout serait Frohs-
dorff", mais que, lorsqu'ils ont vu l'effet
qu'ils produisaient en demandant sérieu-
sement la résurrection du droit divin, ils.
ont rengawié leur appel aux coups d'Eiat.
C'est que les royalistes se prêteraient vo-
lontiers à un attentat contre la loi, au vio&
de la Constitution et à l'étr.mglement de
la souveraineté nationale, si ces crimes se
commettaient à leur profit, mais qu'il leur
reste cette honnêteté qui n'assassine pas.
pour les autres.
LES ON-DIT
Dans quelques jours, la direction fran-
çaise de l'Exposition universelle ira s'ins-'
taller dans le pavillon affecté aux services
administratifs, avenue La Bourdonnaie; ;
afin de distribuer les emplacements à cha-
que exposant.
A partir du 1er janvier, il sera délivré des
cartes spéciales aux exposants pour entrer,
soit au Champ-do-Mars, soit au TrocaW
déro.
⁂
M. Welchc, ancien ministre, est arrivé ài
Nancy, appelé subitement auprès de son
frère qui, frappé d'une attaque d'appo.,
plexie, est dans un état alarmant.
s?
&
Nouvelles des beaux-arts.
M. Jobbé-Duval vient de terminer le ta-
bleau symbolisant l'octroi de Paris qu'ils
avait été chargé d'exécuter pour la sallei
du conseil d'administration de l'octroi; j
bâtiment annexe de la préfecture de la.;
Seine.
M. Gaston Mélingue exécute en ce mo-r
ment, pour le Salon, un grand tableau.(
historique représentant Mlle de Montpen-
sier faisant tirer les canons de la Bastille'
sur l'armée royale.
⁂
L'Officiel annonce que les réceptions 3%
l'Elysée sont reprises à partir de demain
jeudi. !
⁂ -0
Les élections pour le renouvellement
partiel du tribunal de commerce de Ia{
Seine auront lieu le samedi 22 dé*!
cembre. ':,:
Le scrutiri sera ouvert au tribunal derj
commerce, de 9 heures à 4 heures.
Feuilleton du RAPPEL
DU i8 DÉCEMBRE
>- - ; :
U
LA
PILLE DU TAILLEUR
CHAPITRE XVI
Pauvre iiaiitiii !
(Suite)
; Le médecin ne pouvait passer son jour
le Noël en visite, ni surtout en consulta-
lion philosophique. Il avait probablement
aussi quitté sa table servie.
>' Il OUÏ rit la porte et sortit en redissant :
.v..AaQ-spiiv ~,
Paupe, resté seul, se redressa, passa la
Reproduction interdite. v
Voir 9 novembre au.17
y - v , ,.:..
main dans ses cheveux pour y éteindre le
pétillement d'une fièvre qu'il voulait con-
jurer.
Il promena autour de lui un regard hai-
noux, cherchant un ennemi pour l'injurier;
pub il alla vers la chambre du fond re-
joindre eu fllle.
Lnn passant tout près do la table, il
heurta quelque chose du pied, regarda, se
hâlasa, et reconnut 10 pantin que Mar-
chmild avait arraché des mains de Maximi-
lien, au premier symptôme de convulsiqn.
Lâ tfiiitaur le ramassa pour le porter au
pauvre malade; mais il se ravisa tout à
aoug, la froissa avec colère, 10 broya dans
aeâ moins ; et comme û ce n'était pas assez,
le jeta à terre, acheva de l'écraser sous
son talon ; puis, sortit de la boutique avec
un « ahî » do triomphe et de colère.
L40 U Diane étaient dans l'angle pro-
fond de la cheminée, serrés l'un contre
l'autre, lss pieds dans la cendre, à la place
où les petits messages de Noel avaient
été û Joyeusement recueillie
Diane était transis cbûrcoL Ldo était
J~~J~§~ ~a~tan~'HRR -
lution hardie. Il sertit de sa retraite, avec
sa sœur, et, la prenant par la main, l'en-
traîna jusqu'à la porte de la rue. Mais là il
s'arrêta. Il venait d'entendre la voix de
Marcienne.
Il ramena vivement Diane au milieu de
la boutique; -et comme il se trouvait devant
les débris du pantin, il les ramassa, les
contempla, et s'écria :
— Pauvre pantin!
Après cette oraison funèbre, il lança de
loin, dans les cendres, la loque déchirée et
maculée par les gros souliers de M. Paupe.
Personne n'était là pour compa: er cette
mélancolie enfantine, à l'ironie ù'Hamlet,
et ce pauvre pantin au pauvre Yorickl
CHAPITRE XVII
Pauvre AS usinai lies»!
l
Marcienne sortait de la chambre- du
fond.
TSUr était envelappée d'an- mantelot
espuchon, sorte de limousine, qui lui ser-
~~J~M lies ûiauxas,j^islisjk
Elle vint aux deux enfants :
— Monsieur Léo, lui dit-elle, et vous,
mademoiselle Diane, vous ne pouvez pas
rester ici. ,
t
Elle parlait d'un ton-de commandement,
adouci par une immense tristesse. Elle
n'en avait que plus d'autorité.
— Vous nous chassez? demanda Léo.
Marcienne n'avait pas le loisir de discu-
ter. L'accent de révolte de Léo ajoutait à
sa peine, mais elle s'expliquerait, plus
tard. I.lle agissait et voulait agir vite.
Elle courut à l'établi, reprit les man- J
teaux, les gants fourrés, les coiffures que
les enfants avaient mis le malin pour aller
à la messe. Elle habilla Diane.
Léo parut se refuser à obéir sans une
explication :
— Où allons-nous? demanda-t.-il encore.
— Je vous conduis chez Mme Gautier.
Elle eut la force d'ajouter: - Chez Il
Rose. Gautier.
Diana commença un geste d'applaudis-
sement, que la mine sérieuse de son frëpo
interrompit ; olle regarda sa poupée
çjl'tillo n'avait pila qulttde, ek l'aveitit
1 ainsi, par un sourire rapide, des joies qui
les attendaient dans la compagnie de
Rose.
- Nous vous gènons, n'est-ce pas? dit
Léo.
* Marcienne ne lui répliqua pas; elle
achevait de ganter la petite fille.
— Dites-moi donc que c'est vrai, que
nous sommes un embarras? continua Léo
en frappant le sol du pied.
— C'est mal, monsieur Léo, reprit
tristement Marcienne, d'ajouter à mon
chagrin !
- C'est mal à vous, mademoiselle Mar-
cienne, de m'éloigner parce que vous avez
de la peine. Mais ce n'est pas vous qui le
voulez. Oh! je le sais bien !
Il y avait un accent de rancune, de co-
lère dans la voix de Léo.
Marcienne jeta un regard du côté de la
chambre du fond; puis, avançant avec
Diane vers la porte de la rue :
- C'est moi, dit-elle, c'est moi seule,
qui vous prie de passer la journée chez
Mme Gautier. Je vais être si occupée..,
- Jo" youaBurais, ûidte}
1
— Et puis, ajouta-t-elle en tremblant, j&
ne veux pas que vous soyez là si.
Elle hésita; mais son regard agrandi
plana autour d'elle, pour s'assurer que lâ(
mort n'était pas encore entrée. «
— Nous reviendrons ce soir? demandai
Léo.
— Sans doute; vous passerez la journéjef
avec Roge; la journée seulement. Vous*
l'aimez bien, Uose?
Pourquoi cut-elle l'idée d'une pareille;
question, en un pareil moment? pour ajouà(
ter à ses sacrifices ? ou pour faciliter aUX4
enfants leur séjour chez la couturière ?
- J'aimerais mieux, aujourd'hui, pleuJ
rer avec vous que d'entendre Rose ehanJ
ter, dit Léo.
Marcienne pâlit et n'osa remercier Léd&
Elle se baissa, sous le prétexte d'arranger'
un ruban de la coiffure de Diane, et mit uni
long baiser sur le front de la petite fille.
Léo ne résista plus.
LOUIS ULBACUL.
(A swiiT<|
]Le numéro i SO c. - D'éltartemcoht 1 flft e.
-, 30 - Frimaire an 83 - N° 2S4(1 - 1 11
," RÉDACTION
f tûrfïicr au Secrétaire de la îUtkclioa
; ftr { 6 C heures du trAf
; n" Itlt DR va:-oi*, 19 - ,
tu trmcsolts non insérés ne soront pasnmJu»
ANNONCES
i:M. Ch. LACLiAXOF., CKlir elû*
6, place de la Bourse, 6 j
ADMINISTRATION
~,m?« De vALOtt, m
18? RUE DE VALOIS, 18
,
PARIS 1
Trois mois 40 » [Trois CflURs
Six mois 20 » ) Six moit. J
r" -
Adresser lettres et mandat* -
A M. ERNEST LEPÈVM
1
LA RÉACTION ET LE MAKÉCBAL
Quelques-uns de leurs journaux ont
été subitement frappés d'un trait do
lumière : - Ah çà, mais nous sommes
stupides ! se sont-ils écriés. Ils n'ont
pas été contredits.
Eu effet, l'attitude qu'ils prenaient
envers le maréchal de Mac-Mahon ne
dénotait pas la plus profonde des intel-
ligences. Oubliant absolument le passé
- et l'avenir, ils brûlaient celui qu'ils
avaient adoré. Ils passaient du culte
à l'imprécation, ils crachaient toute
leur encre à la ligure de leur idole de
la veille, ils faisaient de leur « Cair-
bar » un « maréchal de table d'hôte M.
Ils disaient en face au maréchal qu'il
était « déshonoré » et « avili ».
Et le premier résultat de leurs outra-
ges était que le maréchal pouvait leur
dire : - S'il est vrai que je sois avili
et déshonoré, par qui le suis-je? Par
vous !
Car, pourquoi y a-t-il eu le 14 dé-
cembre? parce qu'il y avait eu le 16
mai.
Le maréchal n'a qu'à remonter à sept
mois d'ici, quelle était sa situa lion ,!;
une situation qu'il n'aurait pas rêvée.
Lui qui avait mené la France u Sedan
par complaisance pour l'empire, il était
président de la République. Lui à qui
des comptes auraient pu être demandés,
il était récompensé, et par la plus haute
de toutes les magistratures. Les répu-
biicains eux-mêmes, qui ne l'avaient ;
pas désiré, l'acceptaient. Ils ne l'accep-
taient pas seulement jusqu'en 1880;
comme son premier mot avait été la
reconnaissance absolue du droit des
majorités, ils se demandaient si l'on ne
leurrait pas faire en France ce qu'on
fanaux Etats-Unis sans que la Répu-
blique en souffre, et si le maréchal ne
doublerait pas sa présidence.
C'est là-dessus que les ennemis do la
République, les conseillers sacrés et
les sacrés conseillers, les hommes né-
fastes qu'on introduisait par les portes
1 secrètes, les cardinaiesques et les bâ-
foimistes, ceux qui mitraillent le hou-
levard Montmartre et ceux qui leur
chantent des Te Detim, les décem-
braillards et les braillards de canti-
ques, tous les Jean-Fourtou de la
réaction, se sont emparés du maré-
chal et lui ont fait déclarer la guerre
au pays. Cette guerre a eu le dé-
nouement que ne pouvait manquer
d'avoir le duel d'un homme avec la
France. Les candidats du maréchal ont
(•lé blackboulés. La politique du maré-
chal a. été jetée par terro et piétinée par
cins millions d'électeurs. Les bulletins
républicains ont neigé sur le maréchal
.VOf:. l'innombrable abondance des flo-
con» qui filent le linceul du Matamore
dans lu Capitaine Fracasse. Si bien que
tt, liï&vtlchû a dù se rendre, et sans con-
ditions, Si bien quj celui qui avait
chance d'être président encore après
1880 a fann œ pas rttio jusqu'en 18781
Et ce sont ceux qui l'ont mené là qui
lui reprochent d'y être allé ! Il a capi-
tulé ! disent-ils avec indignation ; c'est
nne honte ! c'est un Sedan politique !
ïl faudrait pour cela que se rendre à la
France fut la même chose que se ren-
dre à la Prusse ; mais quand même ils
auraient raison de dire que le maré-
chal en capitulant devant le suffrage
universel a fait ce qu'a fait leur em-
pereur en capitulant devant l'armée
allemande, qui donc le lui aurait fait
faire, sinon eux? Et lorsqu'ils disent au
maréchal qu'il est diminué, qu'il est
« avili», qu'il est « déshonoré», ils
provoquent de sa part cette réponse : —
Alors, vous m«.i le payerez !
Les moins bêtes d'entre eux ont fini
par comprendre qu'ils n'avaient aucun
intérêt à souligner si brutalement le
mal qu'ils ont fait au maréchal. Un de
ceux-là .a fait remarquer crûment aux
autres que « leur crachat leur retom-
bait sur la figure ». Et puis, ils ont
compris que, parce que le présent vous
est fermé sur le nez, ce n'est pas une
raison de se fermer soi-même l'avenir.
Ils se sont dit que, puisque le maréchal
n 'est plus aujourd'hui ce qu'il était
hier, il est possible qu'il no soit plus
demain ce qu'il est aujourd'hui. En
ce cas, pourquoi mettre entre lui et
les conservateurs un abîme de « boue » ?
— Donc, attendons-nous à voir les
ennemis de la République changer de
manière avec le président, les injures
tourner aux compliments, l'acte de
« lâcheté » se métamorphoser en acte
d'héroïsme, et le « maréchal de table
d'hôte » redevenir « Caïrbar ».
Mais nous doutons fort que le maré-
chal de Mac-Mahon s'y laisse prendre
une seconde fois. Il sait maintenant où
ces gens-là le conduisent et comment
ils le récompensent des coups qu'il re-
çoit pour eux. L'autre jour, un journal
bonapartiste regrettait que le maréchal
n'eût pas été tué à Sedan. Aujourd'hui,
un autre journal bonapartiste lui cite
l'exemple de Réguius qui, « plutôt que
de se déshonorer, a sacrifié sa vie et est
mort au milieu des plus cruels suppli-
ces ». Cette facilité avec laquelle les
cunemis de la République accepteraient
que le maréchal flit roulé dans un baril
hérissé de pointes à l'intérieur n'encou-
ragera vraisemblablemeat.pas beaucoup
le maréchal à recommencer pour eux
-une campa-gue qui aboutirait à la mémo
déroute — et aux mêmes invectives. Il
faudrait qu'il fût d'une belle simplicité
pour ne pas répondre désormais à
toutes leurs acclamations et à toutes
leurs excitations : — Merci Ma.premièrc
fois, vous m'avez reproché de ne pas
m'être fourré dans un baril à pointes ;
la seconde fois, vous seriez capables de
m'y fourrer vous-mêmes !
AUGUSTE VACQUERIE.
-._-"
COULISSES DE VERSAILLES
Le mouvement préfectoral doit paraître
ce matin au Journal otfidel. Il porte sur
tous les départements sans exception et
comprend 82 révocations sur 86 préfectn-
res. Quatre préfets seulement sont main-
tenus : MM. Ferdinand Dayal, de la Sei-
ne; de Perthuis, du Calvados; Tripier, de
lXtise, et Lorois, de l'Aveyron.
Nous pouvons faire connaître dès main-
tenant les principales nominations qu'a
faites M. de Marcère, et qui, après plu-
sieurs changements, ont été définitive-
ment arrêtées pour être publiées aujour-
d'hui.
La préfecture du Rhône est donnée à
M. Paul éambon, ancien préfet du Doabs
avant le 16 mai; celle des Bouches-du
Rhône à M. Tinnan, ex-préfet du Puy-de-
Dôme ; celle de la Gironde à M. Decrais,
qui l'occupait au ÏG mai. A Toulouse, on
envoie M. Tenaille-Saligny, ancien prdet
du Pas-de-Calais ; à Lille, M. de Brandon,
ancien préfet de Vaucluse.
Parmi les préfets replacés dans lo poste
qu'ils occupaient avant lé 16 m:û, no:>-
citerons: M"-.' Alexandre"Rey, dans le
Var ; Hendlé, dans Saône-et-Loire ; Re-
gnault, dans la Charente - Inférieure ;
Roussel, dans l'Yonne; Mahias, dans les
Côtes-du-Nord ; Jules Brun, dans la Cha-
rente; Gizolme, dans le Gard ; Merlin, dans
le Jura ; Catusse, dans l'Aude ; Uc:.tC!\?r\u;
dans la Haute-Saône. :-.
M. Doniol. ancien préfet dC3 loucha:: -
du-Rhône, est nommé préfet des Alpes.
Maritimes; M. Camescasse, ancien pré fut
de la Haute-Saône, est nommé préfet du
Pas-de-Calais; M. Glexc, ancien préfet do
l'Allier, est nommé dans le Puy-de-Dôme;
M. Oustry, ancien préfet des Vosges, est
nommé dans la Dordogne ; M. Beehe.de,
ancien préfet de la Nièvre, est nommé
dans Maine-et-Loire; M. Patinot, ancien
préfet de l'Indre, est nommé dans S-eiue-
et-Marne ; M. Poulin, ancien préfet des
Basses-Alpes, est nommé dans la Manche;
M. Limbourg, ancien préfet de la Seine-
Inférieure, est renommé dans le mè-me
département; M. Sebline, ancien ..pdftC
des Pyrénées-Orientales, est nommé dans
l'Aisne; M. Félix Renaud, ancien préfet
de Lot-et-Garonne, est nommé dit.;-, la
Loire.
Un certain nombre de sons-préfets et de
secrétaires généraux révoqués au 1 > mai
sont nommés préfets; nous citerons les
suivants: M. Genouille, ancien sous-préfo!,
de Coutances, est nommé préfet de la
Mayenne; M. Monod, ancien sous-préfet
d'Aix, est nommé préfet de l'Ain; M. Co-
[r-telle, ancien sous-préfet de Sens, est
nommé préfet des Deux-Sèvres; M. Rivaud.
ancien sous-préfet d'Oloron, est nom-
mé préfet de Tarn-et-Garonue; M. Bai-
gnères, ancien sous-préfet de Saint-Dié,
est nommé préfet des Vosges; M. Fresues,
ancien sous-préfet de Marmande, est nom-
mé préfet du Lot; M. d'Ormesson, ancien
» sous-préfet de Montlnçon, est nommé pré-
fet de l'Allier; M. Bihourd, ancien secré-
taire général de l'Yonne, est nommé préfet
de l'Aube; M. Filippini, ancien sous-préfet
; de Libourne, est nommé préfet des Pyré-
nées-Onentates.
Parmi les .nouveaux préfets, nous cite-
rons M. Spuller aîné, frère titi député de
Paris, qui est nommé préfet de Vaucluse :
M. Massicault, ancien rédacteur çhi,.S'#çf.\
qui est nommé préfet de la Haute-Vienne;
M. Scbnet'b, ancien rédacteur du XJX* Siè-
cle, qui est nommé préfet de la Corse ; M
de Barthélémy, ancien préfet de M. Thiers,
qui est nommé préfet de Seine-et-Oise.
Par ces détails on peut voir que le mou-
vement est absolument général. Il sera
complété par un mouvement aussi étendu
sur les secrétaires généraux et les ~).~-
préfets.
La question des sous-secrétaires dEt.t
continuait à préoccuper hier les groupes
de la gauche. On cherche, par les nomina-
tions de ces sous-secrétaires, à renforce.'
dans le cabinet la représentation de la
majorité républicaine de la Chambre, il
était donc naturel qu'une part équitable
fût faite aux principaux groupes -le celle
majorité.
Le cabinet étant presque entièrement
formé de membres du centre gauche, il
semblait dès lors juste et naturel de choi-
sir les sous-secrétaires d'état dans ies au-
tres fractions républicaines. Sans entrer
dans les détails des négociations qui ont
été engagées, nous pouvons dire que lu
cabinet propose la combinaison suivante :
Un membre de l'Union républicaine, M.
Lepère, qui serait à l'intérieur ; deux mem-
bres de la gauche, M. Codicry aux finances
et M. Gircrd au commerce; deux membres
du centre gauche, M. Casimir Périer à
l'instruction publique et M. Savary à la
justice. Pour ce dernier, d'ailleurs, le dé-
cret de nomination est déjà signé et M.
Savary est entré en fonctions. II ne serait
pas question de placer de sous-secrétaire
d'Etat à aucun des autres ministères.
M. Durangel est définitivement remplacé
dans la direction des affaires dépariemen- j
tales et communales au ministère de l'in-
térieur. On lui substitue M. de Crisenoy.
ancien préfet de Versailles. M. Durangel
aurait obtenu comme compensation le
poste de directeur de l'octroi de Paris.
Le centre gauche du Sénat a procédé
Mer au renouvellement de son bureau.
M. Galmoii a été élu président; MM. Feray
et Bernal'J; vice-présidents ; MM. Dauphin
etliuguet. secrétaires; M. Dauphipot,qu3s-
teur. -
Un incident intéressant a marqué la
séance. M. le généraliRifînult, qui était du
groupe constitutionnel a demandé à faire
partie désarmais chr centre gauche. La
réunion a voté son admission et le général
Riffault a été introduit immédiatement aux
applaudissements de l?asaemblée..
«as*
A VERSAI LLES
Au revoir, messieurs les sénateurs !
messieurs les députés, au revoir! Les
Chambres sont en vacances : cHas re-
viendront après le jour d" l'an.
On s'est dépêché, aujourd'hui, d'ex-
pédier les lois essentielles : le Sénat a
voté les deux douzièmes. On annonçait,
à celle occasion, une vivo opposition
du fameux Buffet; tout s'est borné à
une petite protestation, lue par M. Lu-
cien Brun.
Jusqu'ici, c'est par la mennce du re-
fus du budget qu'on a réduit à capi-
tuler le pouvoir pcrsoauei; ea Angle-
terre comme en France, en 1830 comme
eii 1877. Mais le refus du budget peut-
bien avoir pour lui l'histoire; ii a con-
tre lui M. Brun (Lucien). On s'y rési-
gnera sans peine. M. Laboulaye a ré-
pondu brièvement et en excellents ter-
mes au légitimiste. Puis l'on a passé
outre.
On a examiné ensuite dans les bu-
reaux. puis à la Chambre, la loiproro-
geant les pouvoirs du conseil général
de la Seine. On s'est réuni dans les bu-
reaux; la droite a essayé quelques chi-
canes; MM. Delsol et Venlavon condui-
saient la campagne : quand on revint
en séance, et que M. Eugène Pelletan
présenta son rapport, il n'y eut plus d'op-
position que celle du fantasque Gavar-
die, et la loi fut votée.
A la Chambre, M. Dufaure dépose un
projet (tout à fait indispensable) d'am-
nistie pour les « dBlits» de parole et de
presse condamnés depuis le 16 mai;
puis on lut le décret de prorogation, et
chacun prit le train pour son conseil !
général.
«S
Ai-je besoin de dire qu'on s'occupait
surtout des premiers actes du ministère ?
Les couloirs étaient remplis des préfets 1
et des sous-préfets de demain. Les dé-
putés discutaient fort les nominations.
Celle de M. Albert Gigot, le nouveau 1
pt'éfcL'do police, n'élait pas, je dois !e
dire, reçue favorablement : non que M.
Albert Gigot ne soit nn homme fort
honnête et fort estimable; mais on se
demandait pourquoi on avuit choisi
pour de semblables fonctions un homme
de nuance politique tout à fait effacée
et connu pour ses sympathies ciéri-
caies.
Mais surtout, il n'y avait qu'une voix
sur la compensation donnée à son pré-
décesseur, M. Voisin, jadis membre du
contre gauche, puis rallié au centre
droit, puis homme de confiance de M.
Buffet quand M. Léon Renault fut sa-
crifié; on aurait voulu connaître la vé-
rité sur certain pli cacheté qui aurait,
dit-on, été remis à tous les commis-
saires de police en prévision d'une
éventualité dramatique, il y a environ
un mois.
Je ne parle pas des bruits qui cou-
raient sur le prochain mouvement; at-
tendons l'Officiel; il sera temps demain
de nous prononcer on connaissance de
cause. Nous espérons que les républi-
cains auront les satisfactions auxquel-
les ils ont droit..
Aucun des prôiets compromis dans
la coupable aventure du 16 mai ne
peut évidemment rester en place. Si-les
républicains n'étaient pas aussi indul-
gents, on ne se serait peut-être pas
borné à destituer des fonctionnaires
complices zélés d'une agression sans
exemple contre la liberté et la sincérité
du vote. propagateurs des calomnies
les plus infâmes contre les représen-
tants du pays, engagés dans un com-
plot centre la souveraineté nationale.
Mais si un seul département, en Fran-
ce, pouvait encore voir à sa tète l'hom-
me qui faisait afficher, l'été dernier, le
Bulletin des communes, il aurait assu-
rément de la peine à croire que l'aven-
turc du 16 mai est finie.
Voyez-vous un préfet qui accepterait
de servir M. de Marcère, après avoir
répété sur lui les diffamations officielles
au sujet des 363, après avoir fait affi-
cher que soir ministre d'aujourd'hui
voulait détruire l'armée et renverser
tous les principes sociaux? Je me de-
inandg ce qu'il faudrait alors le plus
admirer, ou de la honte du préfet de-
venu le docile instrument de l'homme
qu'iLinsullqit ainsi il y.a quelques mois,
ou de la faiblesse dérisoire du ministre
qui se ferait servir par son insulteur.
Mais ccla ne peut pas être, cela ne
sera pas, et Y Officiel de ce matin nous
rassurera à cet égard.
CAMILLE PELLETAN.
---..
Une chose principalement indigne les
cléricaux dans le ministère du 14 décem-
bre : c'est' que le ministre des affaires
étrangères soit un protestant.
Quoi! au moment où le pape va mourir,
le ministre qui .sera chargé de nos rela-
tions avec l'Italie ne sera pas un vatica-
nard ! Est-ce possible! Ce ne sera pas un
homme qui sera pour le Va'ican contre
Rome, pour le pouvoir temporel contra la
nationalité italienne! Ce ne sera pas un
homme capable, pour la plus grande gloire
du Syllabes, de-mettre la France en guerre
avec l'Italie — et avec la Prtissel
Où allons-nous? s'écrie désespérément
l'évèquc de la ville dont la Pucelle a été
brûlée par des évêques. Où allons-nous?
Et il se signe avec de l'encre bénite.
Nous comprenons d'autant plus le dé-
sespoir et l'indignation de M. Dapanloup'
que cela l'empêchera probablement d'al-
teindre ce chapeau de cardinal qu'il
croyait enfin tenir et qui se remet à lui
j );ier l'infâme tour que le chastre joue au
chasseur marseillais.
U.i ministre des affaire; étrangères pro-
testant! On n'avait pa"i vu cela depuis
M. Guizot!
Nous n'avons jamais eu, personnelle-
ment, pour M. Guizot qu'un de ces en-
thousiasmes qui descendent plus aisément
au dessous de zéro qu'ils ne montent au
dessus; mais nous ne nous figurions pas
qu'une ressemblance avec M-. Guizot fût
une
catholiques, ni même auprès des nltra-
montains. Ce que nous espérons pour no-
tre part, c'est que M. Waddington ne sera
pas prol'-it »nt à la manière de M. Guizot
dont 1 • protestantisme consistait surtout à
êlre r-aidste.
'1 Do liMa jS de M. Guizot, cela n'avait qu'un
inconvénient secondaire. Mais à l'heure
qu'il esL, la Fl'dnce, affaiblie et démem-
brée par b dernière monarchie — qui sera
la dernière, nous le jurons! - doit faire
attention à ses ministres, et surtout à son
ministre des affaires étrangères. Après les
mandements furibonds de ses évêques,
après les cantiques du Sacré-Cœur :
Sauvons nome!. après toute la croi-
sade pour le pauvre prisonnier du Va-
tican, on ne pouvait faire une chose
plus sage et plus patriotique que de char-
ger de nos relations avec le dehors un
homme dont la religion seule écartait d'a-
vance tout soupçon d'arrière-pensée ul-
tramoiWîriTîo et de croisade syllabusonne.
C'est pourquoi les cléricaux ont le droit
de s'irriter du choix d'un protestant pour
ministre des affaires étrangères ; et c'est
pourquoi le pays, lui, a le droit de s'en
féliciter.
Les légitimistes font une assç*
gênée entre l'Univers qui les iti
le Moniteul' qui répond pour eux.
1,' Univers est curieux. Il voudrait (futt-,"
Y Uni m « fit connaître en termes plus''
précis et à l'aide de noms propres le pro-4j
gramme et le personnel de résistance que?
les 'royalistes ont offerts au maréchal »i|
Réponse de YUnio'n : « Nous sommes jugQy
de la réserve que nous entendons garder.
et nous n'en sortirons pas. encore au-'5'
jourd'hui ». Je serais étonné que l'Univers
se contentât de cet éclaircissemen t.
Mais pendant que l'Union se tait, Id"
Moniteur parle. A en croire le journal derf
constitutionnels, « Y Union a conseillé auf
maréchal de prendre le parti qu'elles
blâme ». Alors, l'Union n'y tient plus, et
essaye une justification, qui reste vague.
Il n'est pas vrai, dit-elle, que les légitimis-
tes aient conseillé au maréchal de s i enten-e
dre avec le centre gauche. C'est-à-dire qUel
les légitimistes ont conseillé au maréchaF
de s'entendre avec le centre gauche, mais
parce qu'ils avaient conseillé au maréchal
« une politique, de résistance calculée et
réfléchie », et que le maréchal « s'était
refusé à suivre cotte politique ». Alors, les
légitimistes ont conseillé l'entente avec loi
centre gauche, sans la conseiller : ont parlé comme d'un fait qui était la con-
séquence de l'attitude prise par le prési-
dent », et ils. l'ont si peu conseillée, en J&r
conseillant, qu' « ils ont indiqué dan^
quelles limites ils entendaient qu'elle s&
fit ».
Les indications des légitimistes ont ob-
tenu ce succès que « toutes les limites po-
sées par eux aux négociations ont été
franchies ».
Ce qui s'entrevoit dans ce brouillard oùé:
le parti du drapeau blanc essaye de dis-
paraître, c'est que les légitimistes ont en-
gagé le maréchal à aller « jusqu'au bout »,
à la condition que le bout serait Frohs-
dorff", mais que, lorsqu'ils ont vu l'effet
qu'ils produisaient en demandant sérieu-
sement la résurrection du droit divin, ils.
ont rengawié leur appel aux coups d'Eiat.
C'est que les royalistes se prêteraient vo-
lontiers à un attentat contre la loi, au vio&
de la Constitution et à l'étr.mglement de
la souveraineté nationale, si ces crimes se
commettaient à leur profit, mais qu'il leur
reste cette honnêteté qui n'assassine pas.
pour les autres.
LES ON-DIT
Dans quelques jours, la direction fran-
çaise de l'Exposition universelle ira s'ins-'
taller dans le pavillon affecté aux services
administratifs, avenue La Bourdonnaie; ;
afin de distribuer les emplacements à cha-
que exposant.
A partir du 1er janvier, il sera délivré des
cartes spéciales aux exposants pour entrer,
soit au Champ-do-Mars, soit au TrocaW
déro.
⁂
M. Welchc, ancien ministre, est arrivé ài
Nancy, appelé subitement auprès de son
frère qui, frappé d'une attaque d'appo.,
plexie, est dans un état alarmant.
s?
&
Nouvelles des beaux-arts.
M. Jobbé-Duval vient de terminer le ta-
bleau symbolisant l'octroi de Paris qu'ils
avait été chargé d'exécuter pour la sallei
du conseil d'administration de l'octroi; j
bâtiment annexe de la préfecture de la.;
Seine.
M. Gaston Mélingue exécute en ce mo-r
ment, pour le Salon, un grand tableau.(
historique représentant Mlle de Montpen-
sier faisant tirer les canons de la Bastille'
sur l'armée royale.
⁂
L'Officiel annonce que les réceptions 3%
l'Elysée sont reprises à partir de demain
jeudi. !
⁂ -0
Les élections pour le renouvellement
partiel du tribunal de commerce de Ia{
Seine auront lieu le samedi 22 dé*!
cembre. ':,:
Le scrutiri sera ouvert au tribunal derj
commerce, de 9 heures à 4 heures.
Feuilleton du RAPPEL
DU i8 DÉCEMBRE
>- - ; :
U
LA
PILLE DU TAILLEUR
CHAPITRE XVI
Pauvre iiaiitiii !
(Suite)
; Le médecin ne pouvait passer son jour
le Noël en visite, ni surtout en consulta-
lion philosophique. Il avait probablement
aussi quitté sa table servie.
>' Il OUÏ rit la porte et sortit en redissant :
.v..AaQ-spiiv ~,
Paupe, resté seul, se redressa, passa la
Reproduction interdite. v
Voir 9 novembre au.17
y - v , ,.:..
main dans ses cheveux pour y éteindre le
pétillement d'une fièvre qu'il voulait con-
jurer.
Il promena autour de lui un regard hai-
noux, cherchant un ennemi pour l'injurier;
pub il alla vers la chambre du fond re-
joindre eu fllle.
Lnn passant tout près do la table, il
heurta quelque chose du pied, regarda, se
hâlasa, et reconnut 10 pantin que Mar-
chmild avait arraché des mains de Maximi-
lien, au premier symptôme de convulsiqn.
Lâ tfiiitaur le ramassa pour le porter au
pauvre malade; mais il se ravisa tout à
aoug, la froissa avec colère, 10 broya dans
aeâ moins ; et comme û ce n'était pas assez,
le jeta à terre, acheva de l'écraser sous
son talon ; puis, sortit de la boutique avec
un « ahî » do triomphe et de colère.
L40 U Diane étaient dans l'angle pro-
fond de la cheminée, serrés l'un contre
l'autre, lss pieds dans la cendre, à la place
où les petits messages de Noel avaient
été û Joyeusement recueillie
Diane était transis cbûrcoL Ldo était
J~~J~§~ ~a~tan~'HRR -
lution hardie. Il sertit de sa retraite, avec
sa sœur, et, la prenant par la main, l'en-
traîna jusqu'à la porte de la rue. Mais là il
s'arrêta. Il venait d'entendre la voix de
Marcienne.
Il ramena vivement Diane au milieu de
la boutique; -et comme il se trouvait devant
les débris du pantin, il les ramassa, les
contempla, et s'écria :
— Pauvre pantin!
Après cette oraison funèbre, il lança de
loin, dans les cendres, la loque déchirée et
maculée par les gros souliers de M. Paupe.
Personne n'était là pour compa: er cette
mélancolie enfantine, à l'ironie ù'Hamlet,
et ce pauvre pantin au pauvre Yorickl
CHAPITRE XVII
Pauvre AS usinai lies»!
l
Marcienne sortait de la chambre- du
fond.
TSUr était envelappée d'an- mantelot
espuchon, sorte de limousine, qui lui ser-
~~J~M lies ûiauxas,j^islisjk
Elle vint aux deux enfants :
— Monsieur Léo, lui dit-elle, et vous,
mademoiselle Diane, vous ne pouvez pas
rester ici. ,
t
Elle parlait d'un ton-de commandement,
adouci par une immense tristesse. Elle
n'en avait que plus d'autorité.
— Vous nous chassez? demanda Léo.
Marcienne n'avait pas le loisir de discu-
ter. L'accent de révolte de Léo ajoutait à
sa peine, mais elle s'expliquerait, plus
tard. I.lle agissait et voulait agir vite.
Elle courut à l'établi, reprit les man- J
teaux, les gants fourrés, les coiffures que
les enfants avaient mis le malin pour aller
à la messe. Elle habilla Diane.
Léo parut se refuser à obéir sans une
explication :
— Où allons-nous? demanda-t.-il encore.
— Je vous conduis chez Mme Gautier.
Elle eut la force d'ajouter: - Chez Il
Rose. Gautier.
Diana commença un geste d'applaudis-
sement, que la mine sérieuse de son frëpo
interrompit ; olle regarda sa poupée
çjl'tillo n'avait pila qulttde, ek l'aveitit
1 ainsi, par un sourire rapide, des joies qui
les attendaient dans la compagnie de
Rose.
- Nous vous gènons, n'est-ce pas? dit
Léo.
* Marcienne ne lui répliqua pas; elle
achevait de ganter la petite fille.
— Dites-moi donc que c'est vrai, que
nous sommes un embarras? continua Léo
en frappant le sol du pied.
— C'est mal, monsieur Léo, reprit
tristement Marcienne, d'ajouter à mon
chagrin !
- C'est mal à vous, mademoiselle Mar-
cienne, de m'éloigner parce que vous avez
de la peine. Mais ce n'est pas vous qui le
voulez. Oh! je le sais bien !
Il y avait un accent de rancune, de co-
lère dans la voix de Léo.
Marcienne jeta un regard du côté de la
chambre du fond; puis, avançant avec
Diane vers la porte de la rue :
- C'est moi, dit-elle, c'est moi seule,
qui vous prie de passer la journée chez
Mme Gautier. Je vais être si occupée..,
- Jo" youaBurais, ûidte}
1
— Et puis, ajouta-t-elle en tremblant, j&
ne veux pas que vous soyez là si.
Elle hésita; mais son regard agrandi
plana autour d'elle, pour s'assurer que lâ(
mort n'était pas encore entrée. «
— Nous reviendrons ce soir? demandai
Léo.
— Sans doute; vous passerez la journéjef
avec Roge; la journée seulement. Vous*
l'aimez bien, Uose?
Pourquoi cut-elle l'idée d'une pareille;
question, en un pareil moment? pour ajouà(
ter à ses sacrifices ? ou pour faciliter aUX4
enfants leur séjour chez la couturière ?
- J'aimerais mieux, aujourd'hui, pleuJ
rer avec vous que d'entendre Rose ehanJ
ter, dit Léo.
Marcienne pâlit et n'osa remercier Léd&
Elle se baissa, sous le prétexte d'arranger'
un ruban de la coiffure de Diane, et mit uni
long baiser sur le front de la petite fille.
Léo ne résista plus.
LOUIS ULBACUL.
(A swiiT<|
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