Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1923-10-09
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 octobre 1923 09 octobre 1923
Description : 1923/10/09 (A49,N16870). 1923/10/09 (A49,N16870).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7525759r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
Le Numéro : JOJC-"
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et S.-et-O. 25 » 13 » 7 >
r'rsnc? et Colon. 28 » 14 » 7 M
Etranger 55 » 28 » ÎS ».
Direction et Adminèstnatêoi» :
38, Boni de Strasbourg
Télép. : Nord 07-09
Apr. 23 h.; Roquette 84-98
Publicté et Annonces
aux Bureaux du Journal
* LANTERNE DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES X PARIS ET EN PROVINCE
498 ANNEE.. N" 16.870
MARDI
9
OCTOBRE 1923
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas renau*
LE POliypiTINT
Il faut s'y attacher chaque fois qu'on
en a l'occasion — car il s'agit d'une chose
essentielle, dont l'importance ne se me-
sure pas. Ne le voulût-on pas, que le
scandale trop souvent renouvel5 con-
traindrait d'y revenir.
Le pouvoir concédé à un homme — le
juge d'instruction — d'emprisonner un
autre homme, de fouiller sa maison, sa
vie, ses pensées, est un pouvoir formida-
ble, nécessaire on le veut bien, mais qui
ne peut être qu'exceptionnel. Or, on en
use comme de la chose la plus normale
qui soit ! On y voit un simple moyen, et
c'est un moven, en effet, mais on a ou-
blié "que son emploi doit être justifié par
des circonstances de fait, des précisions
matérielles, vérifiables et discutables.
Qu'un juge ait l'intuition que tel ou tel
individu donné a trempé dans l'affaire
qui l'occupe, cela peut— et encore avec
quelle prudence ! — justifier de sa part
quelque acte de procédure. Mais une ar-
restation, une voie de fait, une atteinte
à la liberté, à l'honneur ! Non, certes !
Ce qui se passe actuellement dans l'af-
faire Pillard est tout bonnement ef-
frayant — et les détails publiés par les
journaux d'hier donnent froid dans le
dos.
Le vieux Pillard est un jour trouvé
mort, tué d'un coup de fusil. M. le: juge
d'instruction Mimin, un doigt sur son
front pesant, fait aussitôt le tour de tou-
tes les hypothèses, ensuite de quoi il dé-
cide d'arrêter le fils Pillard, instituteur.
Contre l'invraisemblance fondamentale
de l'accusation, contre les invraisem-
blances circonstancielles dont elle s'ac-
compagne, deux faits majeurs sont in-,
voqués par ce juge : d'une part, le fils
Pillard prétend ne pas avoir entendu le
coup de feu qui a tué son père, alors que
de l'endroit où il était, il a dù cependant
l'entendre, et, d'autre part, il affirme que
de tel point déterminé il n'a pu voir la
direction prise par la voiture de son
père. ',.v". >. :
Cette double vérification matérielle
d'importance capitale selon le juge lui-
même — pouvait être faite en une heure,
avant même l'arrestation du fils Pillard.
M. le juge Mimin. qui avait son idée, a
attendu plus de huit jours avant d'y pro-
céder ! Elle a eu lieu avant-hier et elle
a été désastreuse pour l'accusation. Elle
a prouvé qu'un coup de feu pouvait être
tiré à tel endroit sans qu'on l'entendît de
tel autre, et prouvé que de tel point pré-
cis on ne pouvait voir la direction prise
par la voiture. Ces deux points essen-
tiels étant la base même de l'inculpation
— et d'ailleurs insuffisants pour justifier
une arrestation préventive — il semblait
qu'il n'y eût plus ainsi qu'une mesure à
prendre : l'élargissement provisoire du
fils Pillard.
Non ! M. le juge Mimin a fait recon-
duire « son » inculpé à la prison. Après
quoi il est allé dîner de bon appétit et,
s'il en a une, coucher tranquillement
avec sa femme.
C'est ce qu'on se permet de trouver
monstrueux — et dangereux pour l'or-
dre public.
En vérité, la double expérience qui
vient d'être faite ne démontre nullement
que le fils Pillard soit innocent. Mais ce
n'est pas la question. Il ne s'agit pas
même encore de savoir si Pillard est
coupable : il s'agit de savoir si on a
des motifs de le garder en prison.
Or, il est évident que non. M. le juge a
« son idée », mais son idée ou rien,
c'est la même chose, tant qu'il ne l'ap-
puie pas sur un fait. Je ne sais pas si le
fils Pillard n'est pas un parricide — mais
je sais que M. Mimin n'a rien contre lui
(ou alors ça se saurait) et que, dès lors,
ledit M. Mimin est bien près de consti-
tuer un danger pour tout le monde.
Car, au surplus, et c'est ce qu'il y a.
de terrible, il n'est pas seul en son genre.
Le hasard ne fit-il pas découvrir, na-
guère, les agissements de son effarant
collègue de Tulle, qui ne craignait pas
d'interroger, dans son propre cabinet,
des somnambules sur une affaire en
cours ? Ce dangereux maniaque n'a été
que déplacé — et il opère ailleurs. Qui
sait si M. Mimin n'est pas un type com-
me lui ? Il a peut-être découvert la cul-
pabilité de Pillard dans le marc de café,
et n'en démordra pas, dût l'autre en
mourir de honte ou en être déshonoré à
jamais.
En vérité, on n'a rien personnellement
contre M. Mimin - sauf qu'en la cir-
constance il nous apparaît comme re-
présentatif d'un abus épouvantable. Ce
qui est effrayant dans son cas, ce n'est
pas que M. Mimin soit en liberté — car
je comprends bien qu'on ne peut pas em-
prisonner celui qui est chargé de coffrer
les autres - ce qui glace d'épouvante,
c'est l'étendue des pouvoirs qu'il détient,
et surtout que ce magistrat est répété, en
France, à un trop grand nombre d'exem-
plaires. Si les journaux ne s'en étaient
mêlés, le malheureux continuerait sans
contrôle ses opérations. Et il en est des
juges comme des délinquants : pour un
qu'on pince, combien qu'on ne pince
pas ?
La question est haute et grave, et
quand même il serait démontré demain
que le fils Pillard est coupable, aucune
des considérations ci-dessus n'en serait
affaiblie.
Victor SNELL.
) <
PRÉLUDES
Le dernier dimanche a été particulière-
ment sonore d'une généreuse éloquence. Le
Président du Conseil, dans son commentaire
dominical des événements- de l'extérieur, a
parlé, par delà les frontières à nos « amis »
de Londres et à nos adversaires de Berlin. Il
a supplié les premiers de vouloir bien nous
comprendre pour que l'Entente ne soit pas un
vain mot; il a fixé pour le Reich le jour où
une conversation sera possible : celui qui ver-
ra la fin complète et loyale de la résistance
passive, en même temps que la reprise norma-
le des prestations. C'est le langage ferme qui
convient à l'expression de la politique réso-
lument adoptée par M. Poincaré.
Ce même jour, M. Painlevé, poursuivant
sa tournée de conférences, parlait à Carpen-
tras; il exprimait l'amer regret de n'avoir pu
constater le triomphe des grands principes de
fraternité humaine que l'atrocité d'une guerre
sans merci semblait devoir promettre à l'avenir.
L'orateur développant un thème splendidement
lyrique défendait ces principes immortels contre
les maladresses et les défaillances, sinon la
perversité des hommes. L'ancien Président du
Conseil appelle de tous ses vœux le moment de
la coopération amicale des peuples français
et allemand, quand les comptes « seront ré-
glés et justement réglés ». Hélas ! c'est peut-
être aussi le vœu de M. Poincaré, mais il faut
encore que Ludendorf et von Kahr consen-
tent à accepter que s'ouvre cette ère idyllique
d'or et de paix éternelle.
Cependant, M; Aristide Briand disait à
Guérande sa pensée sur la mission de ses suc-
cesseurs qu'il reconnaît ardue et de nature à
rallier toutes les bonnes volontés de la na-
tion. Devant les républicains de la Loire- In-
férieure, l'orateur jugea qu'il n'était pas trop
tôt pour donner, en vue des élections prochai-
nes, des directives à ses amis.
M. Briand dénonce aujourd'hui l'équivo-
que du Bloc national, il se prononce pour
une politique de clarté. La même peur mala-
dive du bolchévisme qui rendit incomplète no-
tre victoire militaire jeta la confusion dans
les rangs des républicains en 1919. Il faut son-
ger maintenant à un regroupement de nos
forces en vue d'un succès dont la significa-
tion soit précise aux regards du pays.
Sans se risquer à donner des limites pré-
cses: à son parti, l'ancien Président compte
sur les programmes pour déterminer la possi-
bilité ou l'impossibilité des alliances, et c'est
là sans doute un moyen plus sûr que la vaine
apparence des étiquettes, démenties trop sou-
vent par les actes.
Le discours de Guérande est une leçon pour
tous les républicains lassés des pactes et des
compromissions, il répond aux désirs de tous
ceux qui furent les dupes du mot national, ca-
mouflé par la réaction. Les élections de 1924
doivent se faire dans la lumière.
F. H.
——; >
Soixante blessés à Londres
dans une panique
Les chiens, les tehats et les oiseaux furent
aussi très éprouvés
Londres, 8 octobre. — Est-ce l'effet des pré-
dictions d'un de leurs savants compatriotes
sur l'imminence des plus terribles catastro-
phes ? Les habitants de Londres sont bien
nerveux.
Une panique s'est produite hier, dans un
quartier de l'Est de 'Londres, où se tenait un
marché aux oieeaux, sans qu'on puisse en
savoir la cause exacte : des gens fuyaient
un tremblement de terre, d'autres un cheval
emballé, d'autres parlaient de bandits et de
revolvers.
La foule, évaluée à 3 ou 4.000 personnes, se
mit à fuir en tous sens. Le résultat fut que
11 personnes durent être admises à l'hôpi-
tal, 50 blessées légèrement, et que pius de
2.000 oiseaux furent piétinés dans leurs cages,
ainsi que de nombreuse pièces de volailles:
enfin, une centaine de chiens et de chats fu-
rent écrasés.
La panique se répandit de rues en rues,
mais put être apaisée assez rapidement par
les policemen.
On pense qu'elle a été provoquée par la mal-
veillance.
—————————— :) ( ——————————
Un de nos détachements
est attaqué au Sahara
Le ministère des Colonies a reçu de Dakar
la nouvelle que le 29 septembre, un campe-
ment de Méharistes, à 90 kilomètres au nord
de Tombouctou, a été attaqué, en l'absence
de l'officier qui le commandait, par un rez-
zou de 300 fusils.
Après un combat qui dura sept heures, une
soixantaine de tirailleurs et un sergent indi-
gène sont restés sur le terrain.
Le gouverneur général de l'A.O.F. a pris les
dispositions nécessaires pour réduire les re-
belles et prévenir toute nouvelle surprise.
LA DICTATURE DE L'IMPOT
MONSIEUR LE MAIRE FISCAL
—————————————— ""+--E-
Soyez bons pour les eontribuables
»i« —
Je me refuse, en ce qui me concerne, à
m'associer aux vitupérations auxquelles sont,
de façon chronique, soumis les agents du fisc.
- Voilà des fonctionnaires auxquels les Parle-
ments successifs jettent tout à trac, comme
un paquet de sottises, un amas de textes mal
digérés et souvent contradictoires. Avec cela,
ils doivent se débrouiller, sans faire trop
crier. Car il faut de l'argent, beaucoup d'ar-
gent.
Les agents des contributions, directes ou
indirectes, font de leur mieux. Et ils le font
généralement, il faut le dire, avec une haute
conscience et une absolue probité.
Cependant, si attentifs qu'ils puissent être
à accomplir en conscience leurs fonctions, on
ne peut oublier qu'ils sont investis d'un pou-
voir considérable. Sans doute, y a-t-il des
tribunaux spécialisés pour redresser leurs
erreurs et leurs abus. Mais il est tels cas
où cette garantie ne suffit pas. Et il est excel-
lent alors que les victimes puissent aller en
appel devant l'opinion publique.
Nous nous trouvons en présence d',un de ces
cas avec l'affaire que les Parisiens appellent
déjà l'affaire de la contribution mobilière. •
A
La contribution mobilière est établie, oom-
me on sait, sur la valeur locative des apparte-
ments ou maisons, occupés par les assujettis.
(Loi du 21 avril 1832).
Pendant 90 ans, cette valeur locative fut,
en fait, déterminée par le montant des loyers
réellement payés. Le fisc vérifiait les baux,
les engagements de location, et taxait.
Telle était, à Paris notamment, la pratique.
Or, l'an dernier, les répartiteurs ont modi-
fié leurs procédés.
Il y a eu la guerre. Les loyers ont subi des
décalages extravagants. Dans la même maison,
on voit des appartements identiques payés à
des taux invraisemblablement différents, va-
riant du double au quadruple.
Alors quoi ? Un locataire est déjà étranglé
par son propriétaire : il paie 6.000 francs,
alors que son voisin en paie 2.000. Est-il juste
qu'il supporte encore une contribution mobi-
lière écrasante ?
Non, ont dit les répartiteurs. Et, d'autorité,
ils ont rehaussé, pour la taxe, le loyer du lo-
cataire le plus favorisé, abaissé — cela beau-
coup plus rarement ! - le loyer du locataire
sacrifié.
Cela partait, en somme, d'une préoccupa-
tion indéniable de justice distributive.
Mais avaient-ils le droit d'agir ainsi ?
D'après la lettre de la loi ,: oui. La presse
est inondée de communiqués officiels et of-
ficieux pour le prouver !
Mais, en fait et en justice vraie, les Pari-
siens avaient acquis, par tradition, par une
jurisprudence constante, par une sorte de
prescription à côté, le droit d'être taxés d'a-
près le loyer payé.
Qu'on modifie cette situation pour tenir
compte des conditions économiques présen-
tes : cela pouvait se soutenir.
Mais il eût été simplement honnête de les
avertir.
Voici un locataire qui payait 1.200 francs de
loyer. En novembre, son propriétaire le por-
te à 2.000. C'est lourd, mais où aller ? Il fait
le compte de ses contributions : pour 2.000
francs, il paiera à peu près 350 francs. Il se
serrera la ceinture, niais ne déménagera pas.
Or, le fisc, sur ces entrefaites, passe. Cet ap-
partement, dit-il, vaut bien 6.000 Et lorsque
« l'avertissement » arrive, le malheureux lo-
cataire se voit froidement réclamer : 1.180
francs î
Il proteste. Mettez-vous à sa place !
Il fallait donc avertir le contribuable.
Mais le Conseil municipal, l'affaire le re-
gardait bien un peu !
Comment ! On va modifier dans la bonne
ville de Paris les conditions d'application
d'un impôt aussi lourd que la mobilière et
on ne lui demande pas avis !
C'est, proprement, énorme.
Mais alors, qui est l'auteur de cette réfor-
me fiscale tout de même sérieuse ?
Un de nos confrères l'a découvert par ha-
sard.
Ce n'est pas M. de Lasteyrie, ce n'est même
pas M. le préfet de la Seine : C'est M. Boc-
quet !
M. Bocquet est président de la commission
chargée de la répartition des contributions
directes. Notre confrère allait, dans l'inno-
cence de son âme, lui demander quelques pré-
cisions techniques sur le fonctionnement des
impôts directs à Paris, lorsqu'il eut la stu-
peur de G'entendre, emphatiquement, affirmer
ceci :
— L'auteur de la réforme de la mobilière ?
C'est moi.
— Mais le préfet ?
- N'a rien à voir.
- Mais le Conseil municipal ?
- Encore moins ! Sachez que je suis le
maire fiscal de Paris et que je tiens mes pou-
voirs de la loi de Messidor an VII.
— Mais les instructions aux répartiteurs :
quelles sont-elles ? Sur quelles bases impo-
sent-ils ?
— Cela me regarde.
Telles sont, à peu près textuellement, les
propres paroles de ce fonctionnaire.
Ainsi, nous avons à Paris un maire fiscal,
poussé au grand soleil de Messidor, il y a
quelque 120 ans, et qui, en vieillissant, semble
avoir pris figure d'un Don Quichotte énervé.
C'est évidemment curieux, mais assez gra-
ve. Car enfin, les patients — je veux dire
les contribuables — ont tout de même le
droit de connaître les règlès qui président à
l'établissement de leurs impôts. Cela s'ensei-
gne à l'école : « L'impôt, a dit A. Smith, doit
être déterminé de façon certaine pour mettre
le contribuable à l'abri de l'arbitraire des
agents du fisc ».
Et comme il s'agit d'un impôt municipal,
il ne serait peut-être pas mauvais que les au-
torités municipales élues fussent consultéés
lorsqu'il s'agit d'en modifier l'assiette.
C'est évidemment faute de le connaîtra tjue
les contribuables parisiens avaient
d'honorer comme il convient leur maire fis-
cal.
Ce Moloch mécontent se venge en les bri-
mant, a dit Victor Hugo.
Ils sauront désormais qui maudire lorsque
leurs « avertissements » de contributions ne'
les satisferont pas.
Ils ne pourront cependant oublier que, no-
nobstant les vieux textes — si controversa-
bles ! - s'il est un coupable : M. le maire
fiscal, il n'est qu'un responsable.
Et c'est 'le préfet de la Seine. -
Pierre VARZY.
DICTATURE MITIGÉE il
M. STRESEMANN OBTIENT "PLEINS POUVOIRS"
DU CONSEIL D'EMPIRE >
- m ■ î ■
Mais ses ordonnances pourront être abrogées par le Reichstag
Berlin, 8 octobre. —Le Conseil d'Empire
a approuvé, à la majorité requise par la Cons-
titution, le projet de loi octroyant les pleins
pouvoirs au gouvernement. Ce projet est ainsi
conçu :
Article premier. — Le gouvernement du
Reich est autorisé à prendre, dans les domai-
nes financier, économique et social, les rne-
sures qu'il estime nécessaires et urgentes. Il
peut, pour cela, s'écarter du droit de la Cons-
titution du Reich.
Cette autorisation ne s'étend pas à la régle-
mentation de la durce du travail, ni à, la ré-
duction des rentes et allocations servies aux
assurés ou pensionnés de l'assurance sociale,
ainsi qu'aux petits rentiers.
Les ordonnances qui seront prises devront
être immédiatement portées à. la connaissan-
ce du Reichstag et du Conseil d'Empire. Elles
devront être abrogées si le Reichstag le dési-
re- - Cette loi entre en vigueur le
Article 2. - Cette loi entre en vigueur le
jour de sa publication. Elle sera abrogée par
le dél)art du ministère actuel et, en tout cas,
ait plus tard le 31 mars 1924.
A Dusseldorf M. Stinnes
poursuit les négociations
Les négociations poursuivies à Dusseldorf
par le général Degoutte avec les représentants
de deux groupes (d'une part Stinnes, Vogler.
Kloechner, von Feljen, d'autre part Otto Wolff,
Carp et von Flisingen) sont en bonne 'voie.
Naturellement, avant qu'un accord inter.
vienne, les gouvernements français et belge
seront appelés à se prononcer, bien que leurs
représentants là-bas aient été munis, par eux,
de directives. Et l'on annonce également Que.
pour le rétablissement des prestations en na-
ture, la Commission des Réparations sera
saisie.
Au sujet de ces négociations, le Lokal An-
seioer publie les quelques lignes suivantes.
provenant d'une source officieuse :
« Dans les dépêches de Paris, il a été dit
que les industriels allemands avaient négo
cié avec le général Degoutte au nom du gou-
vernement allemand, et avaient même reçu
des instructions précises de M. 'Stresemann.
« Ceci est complètement inexact. Le chance-
lier n'a pas reçu les industriels et ne leur a
pas donné d'instructions. Stinnes et consorts
ont agi de leur propre initiative. »
Ainsi le docteur Stresemann dégage offi-
ciellement sa responsabilité, résolu à profi-
ter de la situation si elle prend par hasard
une tournure favorable et à désavouer les i»-
dustriels, si les choses tournent mal.
Le travail reprend dans les mines contrôlées
En attendant le travail reprend dans les
mines contrôlées, après un accord entre la
commission de contrôle et les ouvriers.
Le représentant de la M. I. C. U. M. à Her-
ne a reçu un grand nombre de demander
d'.embauchage d'ouvriers allemands.
A Gelsenkirchen, la direction de la mine
Consolidation a mis deux équipes de vingt
ouvriers à la disposition de l'entrepreneur
français de déstockage.
Les « betriebsraete » des mines Ickern à
Rauxel, qui sont exploitées directement par
la mission des ingénieurs, sont venus trouver
les directeurs français pour savoir sous quel-
les conditions ils pourraient reprendre le tra-
vail.
Il a été répondu aux « betriebsraete » :
1° Le « betriebsraete » conservera ses droits
de surveillancé ;
2° Les ouvriers expulsés pourront revenir
en territoires occupés ;
3° La loi des conseils d'exploitation reste-
ra en vigueur dans les mines ;
4° Les maisons des ouvriers seront remi-
ses à leur disposition ;
3° La valeur des effets laissés par les ou-
vriers dans la mine lors de l'occupation leur
sera remboursée ;
6° Les mineurs recevront le charbon né-
cessaire à leur chauffage (deputatkohlen) ;
70 Les mi ne 3 ne seront pas occupées mi-
litairement ;
Par contre, on a fait savoir aux « betriebs-
fete » qu'on était dans l'impossibilité d'ac-
cueillir les deux autres garanties qu'ils
avaient demandée§ : la levée des arrêtés d'ex-
pulsion concernant les directeurs et le ren-
voi -des ouvriers étrangers à la mine.
Les ouvriers ont manifesté l'intention de
reprendre le travail aux conditions fixées par
la M. I. C. U. M. (mission interalliée de con-
trôle des usines et des mines).
Mais il y a encore des saboteurs
Dusseldorf, 8 octobre. — Un acte de sabo-
tage a été commis dans la nuit du 5 au >6 oc-
tobre à proximité de la gare de Griesheim.
Des fils télégraphiques et téléphoniques ont
été coupés sur une longueur de plusieurs mè-
tres. La gendarmerie procède à une enquête.
Le 3 octobre, des pierres ont été lancée®
par des inconnus sur une locomotive à proxi-
mité de la mine Westhausen, à GelscnkLr-
chen.
Les autorités allemandes ont reçu l'ordre
d'avoir à livrer les coupables. La police alig.
mande, après enquête, a pu arrêter et remet*
tre les coupables entre les mains du com-
mandant d'armes de Castrop.
La situation du cabinet
Berlin, 8 octobre. — Les débats du Reichs-
tag commenceront aujourd'hui et se termi-
neront évidemment, à moins d'un coup de
théâtre tout à fait improbable, par un vote
de confiance. Le nouveau cabinet nommé aura
cependant la vie assez dure par l'opposition
farouche des extrémistes de droite. La pro-
pagande communiste, facilitée par l'augmen-
tation du chômage, et les approches de l'hi-
ver, s'intensifiera.
Les intrigues de l'aile droite du parti po-
puliste contre l'ex-leader de cette fraction, M.
Stresemann, continuent. Dans les milieux so-
cialistes, on reproche au chancelier de s'être
élevé trop fortement, à la fin -de son discours,
contre les comhaunistes, en éveillant l'idée
que c'était à cause d'eux que l'état de siège
avait été proclamé, et qu'il était uniquement
dirigé contre eux.
De même, en ce qui concerne la journée de
8 heures, M. Stresemann a exposé des vues
qui lie correspondaient pas complètement au
comprcmié conclu entre- Tes socialistes et les
autres partis. On excuse M. Stresemann en
affirmant que contrairement à ses prédéces-
seurs, l il n'écrit pas entièrement ses discours
avant de les. prononcer ; il se contente de
préndre des notes. Les interpellations de ses
adversaires l'amènent parfois à détailler et
à aiguiller' sur une direction fausse. Il lui
faut alors corriger le compte rendu sténo-
graphique de ses discours: C'est ce qui ad-
vintcètte fois encore sur cèrtains points.
En général, on ne se montre guère opti-
miste ,sur la; durée du nouveau cabinet.
"'-:-' ) ')..8;: (
LE DISCOURS DE LORD CURZOH
prevoquera-t-il nue crise à Londres ?
Londres, 8 octobre. - La discussion par
la conférence impériale des déclarations fai-
tes par lprd Curzon le 5 octobre a commen-
cé aujourd'hui. Elle durera vraisemblable-
ment plusieurs jours.
Les milieux politiques croient discerner
un rapprochement entre le général Smuts et
lord Curzon contre le reste, de leurs collè-
gues. On ne serait pas surpris s'il en résul-
tait des événements politiques de la plus
grande importance. ;
Les partisans de'M. ;Baldwin - ne cachent
pas leur inquiétude au sujet des intentions
de lord Curzon.
Le « Daily écrit :
Le < Daily Mail écrit :
« Nous ne comprenons pas réellement
dans quelles mesures ce discours a été une
manifestation personnelle ou une démons-
tration calculée contre le supérieur titu-
laire de lord Curzon. C'est une question qui
éveille la plus vive curiosité et l'intérêt des
amis et' partisane de M. Baldwin. Qu'en
pense le parti conservateur ? »
Le « Times éditorial, eJprime l'espoir
que les peuples britanniques sauront agir
au lieu d'attendre les ~énëmMW.~n MM-
faudra, écrit ce journal, étudier le projet
de règlement final etrles garanties d'exécu-
tion à imposer à l'Allemagne.
« Nous croyons fermement, déclare le
« Times >, que si la conférence décide qu'il
lui faut prendre l'initiative, elle sera éga-
lement capable de présenter un projet de
règlement tel qu'il puisse être universelle-
ment accepté. »
Le « Daily Telegraph » se plaint de
« l'injusticé » avec laquelle on a critiqué le
discours de lord Curzon et souligne , qu'il
était du devoir du chef du Foreign Office
de présenter les faits aux premiers minis-
tres des Dominions. « Lord Curzon, dit cet
organe, - se rend parfaitement compte -que
l'accord entre les-gouvernements alliés est
le seul moyen de ,trouver une solution au
problème des réparations et que le maintien
d'un état d'esprit, amical est essentiel. »
En concluant, le « Daily Telegraph » dé-
clare que la conférence impériale ne de-
yra .pas durer plus de six semaines et qu'il
sera d'un intérêt capital de recevoir à
temps les propositions françaises, afin qu'el-
les puissent être étudiées en conseil avant
la clôture des séances.
Londre3, 8 octobre. — Dans un discours
qu'il a prononcé, hier soir, M. ;Dayi4son, di-
recteur des services de la presse à-la confé-
rence impériale, a1 souligné, combien il était
injuste et faux de prétendre qu'il y ait des'
divergences d'opinion, soit entre le gouver-
nement .anglais et. les dominions, soit entre
M. Baldwin et lord Curzon.
> M. Davidson a fait également remarquer,
que c'eût été-manquer de tact que de pu-
blier l'exposé de 'lord Curzon. avant que les
premiers ministres, à qui seuls, l'exposé était
destiné, aient eu l'occasion d'exprimer leur
avis.
Les pommes de terre. très bien
mais la viande?
On sait qu'à partir d'aujourd'hui, les pom-
mes de terre ne pourront plus sortir de Fran-
ce. Le décret du ministre de l'agriculture
s'imposait en raison de la médiocrité, de la
récolte de cette année. Un seul regret, c'est
que le ministre déclare que seules les pom-
mes de terre embarquées à la date du S oc-
tobre pourront,quitter la !France, et que de-
puis trois Jours le décret est connu, ce nui
peut permettre l'évasion d'une certaine quan-
tité de tubercules.
Les pommes de terre cette année sont ma-
lades en beaucoup de régions ; elles sont at-
teintes d'une sorte de lèpre, qui attaque plus
ou moins profondément. Le printemps, ex-
ceptionnellement pluvieux serait cause de cet-
te maladie. La sécheresse a sévi ensuite, em-
pêchant le développement normal du tuber-
cule.
Si le décret interdisant l'exportation de«
pommes de terre, peut noue permettre d'es-
pérer cet hiver des prix abordables pour eet
te année, pareille mesure serait "désirable
quant à la viande, dont la consommation tend
à devenir un véritable luxe. Une côtelette
de deux francs est aujourd'hui portion d'en-
tant ; et nous sommes cependant à une p>
riode de l'année ou la viande n'est habituelle-
ment pas le plus cher.
On sait que l'importation du bétail vivant
a été interdite par M. Chéron, pour cause
d'épizootie, de sorte que l'exportation donnes
par lui d'exporter, n'avait plus ni sa contre
partie, ni sa compensation. Nous vivons sur
notre cheptel. Cela ne manque pas de devenir
inquiétant, notre troupeau bovin aurait di-
minué de près d'un million de tétes. Les prix
ne manquent pas de s'en ressentir.
Si pareil régime continu à être appliqué,
si l'importation n'est pas permise à nouveau,
ou si tout au moins l'exportation n'est pag
interdite, la viande sera cet hiver maborda-
ble aux petites bourses.
L'ETATISME ONEREUX
LA FLOTTE D'ÉTAT
eoûii Ér aux Américains
Le plus triste, c'est qu'on ne peut
la « liquider »!
Décidément TEtatisme, en matière de marine
marchande, ne semble pas avoir mieux réussi à
l'étranger que chez nous. La preuve vient de nous
en être encore fournie par l'Amérique.
Déjà, il y a quelque temps, ia Lanterne a sou-
ligné les résultats lamentables de l'exploitation d<
la flotte d'Etat en Australie.
Les Etats-Unis, à leur tour, sont bien embar-
rassés des navires appartenant au Shipping Board
dont la gestion est des plus onéreuses. Le gou-
vernement américain voudrait donc — tout comnM
il a été fait en France — « liquider « son annada.
Mais l'affaire ne va pas toute seule, car il
y a des difficultés qui tiennent à la législation clef
Etats-U nis. On avait projeté de transférer lei
navires de commerce dont il s'agit à un certain
nombre d'organismes privés qui seraient soumit
simplement au coutrôle du Shipping Board. Seu-
lement, cette proposition s'est heurtée à un vete
juridique, formulé par l'attorney général, M.
Daugherthy. Le président Cocge loi-même, à
qui il en a été référé, n'en peut mais. La loi amé-
ricaine, en effet, n'autorise la cession des naviret
de l'Etat qu'au comptant et au moyen de paie-
ments échelonnés sur quinze années au plus. Or,
les armateurs américains ne se soucient pas d'as-
sumer une si grosse charge — avec tous les ris..
ques qu'elle comporte même en assurant une ges-
tion plus économique que celle de l'Etat. Le plu!
joli de l'histoire d'ailleurs, c'est l'aveu qu'ont
fait à la suite de l'essai de vente dont nous ve-
nons de parler, les membres du Shipping Board:
.« On ne peut, ont-ils déclaré, en l'état actuel
de la législation, que s'efforcer de réduire au
minimum les pertes, quel que soit le mode d'ex-
ploitaùon.
Autrement dit, l'Etat américain, de toutes fa-
çons, est obligé de perdre de l'argent avec ses
bateaux. Le mieux que l'on ait à tenter, c'est de
limiter le déficit; puisqu'il n'y a pas moyen de
bazarder une flotte qui est et restera coûteuse au
Trésor. Comme consolation, les Américains ont
celle. de pouvoir, en y étant de leur poche.,
concurrencer les lignes et les compagnies de na-
vigation étrangères.
Belle consolation, n'est-ce pas ? Gageons que
les Américains, même au prix d'une petite bIer
sure d'amour-propre, s'en passeraient fort bien.
Paul SEILOGE.
——— ~«~<~'<———————
DANS LEST EUROPEEN"—"
PROISSEMENT s
entre Prague et Varsovie
Varsovie, octobre. — Le consulat de la Ré-
publique tchécoslovaque à Varsovie a décidé
de demander chaque fois l'autorisation du mi-
nistère des Affaires étrangères à Prague,
avant de délivrer un visa à' un citoyen polo-
nais déGireux de se rendre en Tchécoslovaquie.
Cette mesure a provoqué un vif mécontente-
ment dans les journaux polonais qui protes-
tent contre les difficultés créées par le gou-
vernement de Prague. Alors que de nombreux
citoyens tchèques peuvent se rendre facile-
ment en Pologne, et même y trouver du tra-
vail, il en est autrement en ce qui concerne
les Polonais obligés de traverser la Tchécoslo-
vaquie.
La mesure, qui vient d'être prise par le
Consulat de cette dernière, dit la Gazeta Po
ranna, aura ppur résultat de rendre encore
plus difficiles les relations entre Varsovie et
Prague.
IL FAUT SECOURIR
les victimes
des policiers prussiens
Un appel de la Ligue franco-rhénane
- Les massacrés de Dusseldorf ont soulevi
l'indignation. de tous les cœurs français. te
courage des séparatistes. sans armes en fact
des fusils-mitrailleurs des shupos. leur mi
sère (lès familles de plusieurs victimes on*.
été trop pauvres pour payer les cercueils oi
leurs martyrs devaient reposer), ne peuvent
manquer d'éveiller ici de douloureuses sym j
pathies. C'est parce qu'ils réclamaient leur in
dépendance, mais aussi parce qu'ils nous of
frent leur amitié que ces Rhénans ont étf
nargués et assassinés par les brutes de Ber
lin. Nul doute que nos lecteurs ne réserven;
un accueil favorable à l'appel que la Ligut
franco-rhénane viçnt de lancer en, faveur de4
victimes.
C'est de tout cœur que nous nous permettont
de le leur demander. — M. Duxiîeb.
Appel de la Ligne franco-rhénane
La Prusse vient de se livrer une fois d<
plus à une de ces lâches et sanglantes agrei
sions dont elle est coutumière.
Sans aucune provocation et suivant 1D
plan sagement préparé, elle a fait tirer se
policiers sur une foule paisible qui manifei
tait seulements on désir de s'affranchir d'u:
joug détesté.
Ni femmes, ni vieillards, ni enfants n'on
été épargnés; on compte aujourd'hui plus d.
30 morts et des blessés par centaines.
La Ligue franco-rhénane proteste soler
nellement contre cet attentat criminel qi
doit soulever l'indignation du monde civilist
Elle fait appel à la France, lui demandas
de ne pas hésiter plus longtemps à prendr
la main que lui tend loyalement le peupl
rhénan.
La France ne saurait, sans compromettr
gravement ses intérêts, son prestige et sa si
curité dans les territoires occupés, traite
sur un pied d'égalité les nationalistes prui
siens et les séparatistes- rhénans.
Elle doit établir une différence entre se
amis et ses irréconciliables ennemis, entr
les victimes et les bourreaux.
Les massacres de Dusseldorf prouvent qu
la Prusse considère les Rhénans comme no
amis et nos alliés.
Que ila France accepte cette amitié et cett
alliance.
La Ligue franco-rhénane 'ouvre "une sou
:.-:..:.:.-=:-- ----=---=.::--:::::":'=::===--_.-
ibos>*m«nts lan 6m. 3 m.
et S.-et-O. 25 » 13 » 7 >
r'rsnc? et Colon. 28 » 14 » 7 M
Etranger 55 » 28 » ÎS ».
Direction et Adminèstnatêoi» :
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Télép. : Nord 07-09
Apr. 23 h.; Roquette 84-98
Publicté et Annonces
aux Bureaux du Journal
* LANTERNE DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES X PARIS ET EN PROVINCE
498 ANNEE.. N" 16.870
MARDI
9
OCTOBRE 1923
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas renau*
LE POliypiTINT
Il faut s'y attacher chaque fois qu'on
en a l'occasion — car il s'agit d'une chose
essentielle, dont l'importance ne se me-
sure pas. Ne le voulût-on pas, que le
scandale trop souvent renouvel5 con-
traindrait d'y revenir.
Le pouvoir concédé à un homme — le
juge d'instruction — d'emprisonner un
autre homme, de fouiller sa maison, sa
vie, ses pensées, est un pouvoir formida-
ble, nécessaire on le veut bien, mais qui
ne peut être qu'exceptionnel. Or, on en
use comme de la chose la plus normale
qui soit ! On y voit un simple moyen, et
c'est un moven, en effet, mais on a ou-
blié "que son emploi doit être justifié par
des circonstances de fait, des précisions
matérielles, vérifiables et discutables.
Qu'un juge ait l'intuition que tel ou tel
individu donné a trempé dans l'affaire
qui l'occupe, cela peut— et encore avec
quelle prudence ! — justifier de sa part
quelque acte de procédure. Mais une ar-
restation, une voie de fait, une atteinte
à la liberté, à l'honneur ! Non, certes !
Ce qui se passe actuellement dans l'af-
faire Pillard est tout bonnement ef-
frayant — et les détails publiés par les
journaux d'hier donnent froid dans le
dos.
Le vieux Pillard est un jour trouvé
mort, tué d'un coup de fusil. M. le: juge
d'instruction Mimin, un doigt sur son
front pesant, fait aussitôt le tour de tou-
tes les hypothèses, ensuite de quoi il dé-
cide d'arrêter le fils Pillard, instituteur.
Contre l'invraisemblance fondamentale
de l'accusation, contre les invraisem-
blances circonstancielles dont elle s'ac-
compagne, deux faits majeurs sont in-,
voqués par ce juge : d'une part, le fils
Pillard prétend ne pas avoir entendu le
coup de feu qui a tué son père, alors que
de l'endroit où il était, il a dù cependant
l'entendre, et, d'autre part, il affirme que
de tel point déterminé il n'a pu voir la
direction prise par la voiture de son
père. ',.v". >. :
Cette double vérification matérielle
d'importance capitale selon le juge lui-
même — pouvait être faite en une heure,
avant même l'arrestation du fils Pillard.
M. le juge Mimin. qui avait son idée, a
attendu plus de huit jours avant d'y pro-
céder ! Elle a eu lieu avant-hier et elle
a été désastreuse pour l'accusation. Elle
a prouvé qu'un coup de feu pouvait être
tiré à tel endroit sans qu'on l'entendît de
tel autre, et prouvé que de tel point pré-
cis on ne pouvait voir la direction prise
par la voiture. Ces deux points essen-
tiels étant la base même de l'inculpation
— et d'ailleurs insuffisants pour justifier
une arrestation préventive — il semblait
qu'il n'y eût plus ainsi qu'une mesure à
prendre : l'élargissement provisoire du
fils Pillard.
Non ! M. le juge Mimin a fait recon-
duire « son » inculpé à la prison. Après
quoi il est allé dîner de bon appétit et,
s'il en a une, coucher tranquillement
avec sa femme.
C'est ce qu'on se permet de trouver
monstrueux — et dangereux pour l'or-
dre public.
En vérité, la double expérience qui
vient d'être faite ne démontre nullement
que le fils Pillard soit innocent. Mais ce
n'est pas la question. Il ne s'agit pas
même encore de savoir si Pillard est
coupable : il s'agit de savoir si on a
des motifs de le garder en prison.
Or, il est évident que non. M. le juge a
« son idée », mais son idée ou rien,
c'est la même chose, tant qu'il ne l'ap-
puie pas sur un fait. Je ne sais pas si le
fils Pillard n'est pas un parricide — mais
je sais que M. Mimin n'a rien contre lui
(ou alors ça se saurait) et que, dès lors,
ledit M. Mimin est bien près de consti-
tuer un danger pour tout le monde.
Car, au surplus, et c'est ce qu'il y a.
de terrible, il n'est pas seul en son genre.
Le hasard ne fit-il pas découvrir, na-
guère, les agissements de son effarant
collègue de Tulle, qui ne craignait pas
d'interroger, dans son propre cabinet,
des somnambules sur une affaire en
cours ? Ce dangereux maniaque n'a été
que déplacé — et il opère ailleurs. Qui
sait si M. Mimin n'est pas un type com-
me lui ? Il a peut-être découvert la cul-
pabilité de Pillard dans le marc de café,
et n'en démordra pas, dût l'autre en
mourir de honte ou en être déshonoré à
jamais.
En vérité, on n'a rien personnellement
contre M. Mimin - sauf qu'en la cir-
constance il nous apparaît comme re-
présentatif d'un abus épouvantable. Ce
qui est effrayant dans son cas, ce n'est
pas que M. Mimin soit en liberté — car
je comprends bien qu'on ne peut pas em-
prisonner celui qui est chargé de coffrer
les autres - ce qui glace d'épouvante,
c'est l'étendue des pouvoirs qu'il détient,
et surtout que ce magistrat est répété, en
France, à un trop grand nombre d'exem-
plaires. Si les journaux ne s'en étaient
mêlés, le malheureux continuerait sans
contrôle ses opérations. Et il en est des
juges comme des délinquants : pour un
qu'on pince, combien qu'on ne pince
pas ?
La question est haute et grave, et
quand même il serait démontré demain
que le fils Pillard est coupable, aucune
des considérations ci-dessus n'en serait
affaiblie.
Victor SNELL.
) <
PRÉLUDES
Le dernier dimanche a été particulière-
ment sonore d'une généreuse éloquence. Le
Président du Conseil, dans son commentaire
dominical des événements- de l'extérieur, a
parlé, par delà les frontières à nos « amis »
de Londres et à nos adversaires de Berlin. Il
a supplié les premiers de vouloir bien nous
comprendre pour que l'Entente ne soit pas un
vain mot; il a fixé pour le Reich le jour où
une conversation sera possible : celui qui ver-
ra la fin complète et loyale de la résistance
passive, en même temps que la reprise norma-
le des prestations. C'est le langage ferme qui
convient à l'expression de la politique réso-
lument adoptée par M. Poincaré.
Ce même jour, M. Painlevé, poursuivant
sa tournée de conférences, parlait à Carpen-
tras; il exprimait l'amer regret de n'avoir pu
constater le triomphe des grands principes de
fraternité humaine que l'atrocité d'une guerre
sans merci semblait devoir promettre à l'avenir.
L'orateur développant un thème splendidement
lyrique défendait ces principes immortels contre
les maladresses et les défaillances, sinon la
perversité des hommes. L'ancien Président du
Conseil appelle de tous ses vœux le moment de
la coopération amicale des peuples français
et allemand, quand les comptes « seront ré-
glés et justement réglés ». Hélas ! c'est peut-
être aussi le vœu de M. Poincaré, mais il faut
encore que Ludendorf et von Kahr consen-
tent à accepter que s'ouvre cette ère idyllique
d'or et de paix éternelle.
Cependant, M; Aristide Briand disait à
Guérande sa pensée sur la mission de ses suc-
cesseurs qu'il reconnaît ardue et de nature à
rallier toutes les bonnes volontés de la na-
tion. Devant les républicains de la Loire- In-
férieure, l'orateur jugea qu'il n'était pas trop
tôt pour donner, en vue des élections prochai-
nes, des directives à ses amis.
M. Briand dénonce aujourd'hui l'équivo-
que du Bloc national, il se prononce pour
une politique de clarté. La même peur mala-
dive du bolchévisme qui rendit incomplète no-
tre victoire militaire jeta la confusion dans
les rangs des républicains en 1919. Il faut son-
ger maintenant à un regroupement de nos
forces en vue d'un succès dont la significa-
tion soit précise aux regards du pays.
Sans se risquer à donner des limites pré-
cses: à son parti, l'ancien Président compte
sur les programmes pour déterminer la possi-
bilité ou l'impossibilité des alliances, et c'est
là sans doute un moyen plus sûr que la vaine
apparence des étiquettes, démenties trop sou-
vent par les actes.
Le discours de Guérande est une leçon pour
tous les républicains lassés des pactes et des
compromissions, il répond aux désirs de tous
ceux qui furent les dupes du mot national, ca-
mouflé par la réaction. Les élections de 1924
doivent se faire dans la lumière.
F. H.
——; >
Soixante blessés à Londres
dans une panique
Les chiens, les tehats et les oiseaux furent
aussi très éprouvés
Londres, 8 octobre. — Est-ce l'effet des pré-
dictions d'un de leurs savants compatriotes
sur l'imminence des plus terribles catastro-
phes ? Les habitants de Londres sont bien
nerveux.
Une panique s'est produite hier, dans un
quartier de l'Est de 'Londres, où se tenait un
marché aux oieeaux, sans qu'on puisse en
savoir la cause exacte : des gens fuyaient
un tremblement de terre, d'autres un cheval
emballé, d'autres parlaient de bandits et de
revolvers.
La foule, évaluée à 3 ou 4.000 personnes, se
mit à fuir en tous sens. Le résultat fut que
11 personnes durent être admises à l'hôpi-
tal, 50 blessées légèrement, et que pius de
2.000 oiseaux furent piétinés dans leurs cages,
ainsi que de nombreuse pièces de volailles:
enfin, une centaine de chiens et de chats fu-
rent écrasés.
La panique se répandit de rues en rues,
mais put être apaisée assez rapidement par
les policemen.
On pense qu'elle a été provoquée par la mal-
veillance.
—————————— :) ( ——————————
Un de nos détachements
est attaqué au Sahara
Le ministère des Colonies a reçu de Dakar
la nouvelle que le 29 septembre, un campe-
ment de Méharistes, à 90 kilomètres au nord
de Tombouctou, a été attaqué, en l'absence
de l'officier qui le commandait, par un rez-
zou de 300 fusils.
Après un combat qui dura sept heures, une
soixantaine de tirailleurs et un sergent indi-
gène sont restés sur le terrain.
Le gouverneur général de l'A.O.F. a pris les
dispositions nécessaires pour réduire les re-
belles et prévenir toute nouvelle surprise.
LA DICTATURE DE L'IMPOT
MONSIEUR LE MAIRE FISCAL
—————————————— ""+--E-
Soyez bons pour les eontribuables
»i« —
Je me refuse, en ce qui me concerne, à
m'associer aux vitupérations auxquelles sont,
de façon chronique, soumis les agents du fisc.
- Voilà des fonctionnaires auxquels les Parle-
ments successifs jettent tout à trac, comme
un paquet de sottises, un amas de textes mal
digérés et souvent contradictoires. Avec cela,
ils doivent se débrouiller, sans faire trop
crier. Car il faut de l'argent, beaucoup d'ar-
gent.
Les agents des contributions, directes ou
indirectes, font de leur mieux. Et ils le font
généralement, il faut le dire, avec une haute
conscience et une absolue probité.
Cependant, si attentifs qu'ils puissent être
à accomplir en conscience leurs fonctions, on
ne peut oublier qu'ils sont investis d'un pou-
voir considérable. Sans doute, y a-t-il des
tribunaux spécialisés pour redresser leurs
erreurs et leurs abus. Mais il est tels cas
où cette garantie ne suffit pas. Et il est excel-
lent alors que les victimes puissent aller en
appel devant l'opinion publique.
Nous nous trouvons en présence d',un de ces
cas avec l'affaire que les Parisiens appellent
déjà l'affaire de la contribution mobilière. •
A
La contribution mobilière est établie, oom-
me on sait, sur la valeur locative des apparte-
ments ou maisons, occupés par les assujettis.
(Loi du 21 avril 1832).
Pendant 90 ans, cette valeur locative fut,
en fait, déterminée par le montant des loyers
réellement payés. Le fisc vérifiait les baux,
les engagements de location, et taxait.
Telle était, à Paris notamment, la pratique.
Or, l'an dernier, les répartiteurs ont modi-
fié leurs procédés.
Il y a eu la guerre. Les loyers ont subi des
décalages extravagants. Dans la même maison,
on voit des appartements identiques payés à
des taux invraisemblablement différents, va-
riant du double au quadruple.
Alors quoi ? Un locataire est déjà étranglé
par son propriétaire : il paie 6.000 francs,
alors que son voisin en paie 2.000. Est-il juste
qu'il supporte encore une contribution mobi-
lière écrasante ?
Non, ont dit les répartiteurs. Et, d'autorité,
ils ont rehaussé, pour la taxe, le loyer du lo-
cataire le plus favorisé, abaissé — cela beau-
coup plus rarement ! - le loyer du locataire
sacrifié.
Cela partait, en somme, d'une préoccupa-
tion indéniable de justice distributive.
Mais avaient-ils le droit d'agir ainsi ?
D'après la lettre de la loi ,: oui. La presse
est inondée de communiqués officiels et of-
ficieux pour le prouver !
Mais, en fait et en justice vraie, les Pari-
siens avaient acquis, par tradition, par une
jurisprudence constante, par une sorte de
prescription à côté, le droit d'être taxés d'a-
près le loyer payé.
Qu'on modifie cette situation pour tenir
compte des conditions économiques présen-
tes : cela pouvait se soutenir.
Mais il eût été simplement honnête de les
avertir.
Voici un locataire qui payait 1.200 francs de
loyer. En novembre, son propriétaire le por-
te à 2.000. C'est lourd, mais où aller ? Il fait
le compte de ses contributions : pour 2.000
francs, il paiera à peu près 350 francs. Il se
serrera la ceinture, niais ne déménagera pas.
Or, le fisc, sur ces entrefaites, passe. Cet ap-
partement, dit-il, vaut bien 6.000 Et lorsque
« l'avertissement » arrive, le malheureux lo-
cataire se voit froidement réclamer : 1.180
francs î
Il proteste. Mettez-vous à sa place !
Il fallait donc avertir le contribuable.
Mais le Conseil municipal, l'affaire le re-
gardait bien un peu !
Comment ! On va modifier dans la bonne
ville de Paris les conditions d'application
d'un impôt aussi lourd que la mobilière et
on ne lui demande pas avis !
C'est, proprement, énorme.
Mais alors, qui est l'auteur de cette réfor-
me fiscale tout de même sérieuse ?
Un de nos confrères l'a découvert par ha-
sard.
Ce n'est pas M. de Lasteyrie, ce n'est même
pas M. le préfet de la Seine : C'est M. Boc-
quet !
M. Bocquet est président de la commission
chargée de la répartition des contributions
directes. Notre confrère allait, dans l'inno-
cence de son âme, lui demander quelques pré-
cisions techniques sur le fonctionnement des
impôts directs à Paris, lorsqu'il eut la stu-
peur de G'entendre, emphatiquement, affirmer
ceci :
— L'auteur de la réforme de la mobilière ?
C'est moi.
— Mais le préfet ?
- N'a rien à voir.
- Mais le Conseil municipal ?
- Encore moins ! Sachez que je suis le
maire fiscal de Paris et que je tiens mes pou-
voirs de la loi de Messidor an VII.
— Mais les instructions aux répartiteurs :
quelles sont-elles ? Sur quelles bases impo-
sent-ils ?
— Cela me regarde.
Telles sont, à peu près textuellement, les
propres paroles de ce fonctionnaire.
Ainsi, nous avons à Paris un maire fiscal,
poussé au grand soleil de Messidor, il y a
quelque 120 ans, et qui, en vieillissant, semble
avoir pris figure d'un Don Quichotte énervé.
C'est évidemment curieux, mais assez gra-
ve. Car enfin, les patients — je veux dire
les contribuables — ont tout de même le
droit de connaître les règlès qui président à
l'établissement de leurs impôts. Cela s'ensei-
gne à l'école : « L'impôt, a dit A. Smith, doit
être déterminé de façon certaine pour mettre
le contribuable à l'abri de l'arbitraire des
agents du fisc ».
Et comme il s'agit d'un impôt municipal,
il ne serait peut-être pas mauvais que les au-
torités municipales élues fussent consultéés
lorsqu'il s'agit d'en modifier l'assiette.
C'est évidemment faute de le connaîtra tjue
les contribuables parisiens avaient
d'honorer comme il convient leur maire fis-
cal.
Ce Moloch mécontent se venge en les bri-
mant, a dit Victor Hugo.
Ils sauront désormais qui maudire lorsque
leurs « avertissements » de contributions ne'
les satisferont pas.
Ils ne pourront cependant oublier que, no-
nobstant les vieux textes — si controversa-
bles ! - s'il est un coupable : M. le maire
fiscal, il n'est qu'un responsable.
Et c'est 'le préfet de la Seine. -
Pierre VARZY.
DICTATURE MITIGÉE il
M. STRESEMANN OBTIENT "PLEINS POUVOIRS"
DU CONSEIL D'EMPIRE >
- m ■ î ■
Mais ses ordonnances pourront être abrogées par le Reichstag
Berlin, 8 octobre. —Le Conseil d'Empire
a approuvé, à la majorité requise par la Cons-
titution, le projet de loi octroyant les pleins
pouvoirs au gouvernement. Ce projet est ainsi
conçu :
Article premier. — Le gouvernement du
Reich est autorisé à prendre, dans les domai-
nes financier, économique et social, les rne-
sures qu'il estime nécessaires et urgentes. Il
peut, pour cela, s'écarter du droit de la Cons-
titution du Reich.
Cette autorisation ne s'étend pas à la régle-
mentation de la durce du travail, ni à, la ré-
duction des rentes et allocations servies aux
assurés ou pensionnés de l'assurance sociale,
ainsi qu'aux petits rentiers.
Les ordonnances qui seront prises devront
être immédiatement portées à. la connaissan-
ce du Reichstag et du Conseil d'Empire. Elles
devront être abrogées si le Reichstag le dési-
re- - Cette loi entre en vigueur le
Article 2. - Cette loi entre en vigueur le
jour de sa publication. Elle sera abrogée par
le dél)art du ministère actuel et, en tout cas,
ait plus tard le 31 mars 1924.
A Dusseldorf M. Stinnes
poursuit les négociations
Les négociations poursuivies à Dusseldorf
par le général Degoutte avec les représentants
de deux groupes (d'une part Stinnes, Vogler.
Kloechner, von Feljen, d'autre part Otto Wolff,
Carp et von Flisingen) sont en bonne 'voie.
Naturellement, avant qu'un accord inter.
vienne, les gouvernements français et belge
seront appelés à se prononcer, bien que leurs
représentants là-bas aient été munis, par eux,
de directives. Et l'on annonce également Que.
pour le rétablissement des prestations en na-
ture, la Commission des Réparations sera
saisie.
Au sujet de ces négociations, le Lokal An-
seioer publie les quelques lignes suivantes.
provenant d'une source officieuse :
« Dans les dépêches de Paris, il a été dit
que les industriels allemands avaient négo
cié avec le général Degoutte au nom du gou-
vernement allemand, et avaient même reçu
des instructions précises de M. 'Stresemann.
« Ceci est complètement inexact. Le chance-
lier n'a pas reçu les industriels et ne leur a
pas donné d'instructions. Stinnes et consorts
ont agi de leur propre initiative. »
Ainsi le docteur Stresemann dégage offi-
ciellement sa responsabilité, résolu à profi-
ter de la situation si elle prend par hasard
une tournure favorable et à désavouer les i»-
dustriels, si les choses tournent mal.
Le travail reprend dans les mines contrôlées
En attendant le travail reprend dans les
mines contrôlées, après un accord entre la
commission de contrôle et les ouvriers.
Le représentant de la M. I. C. U. M. à Her-
ne a reçu un grand nombre de demander
d'.embauchage d'ouvriers allemands.
A Gelsenkirchen, la direction de la mine
Consolidation a mis deux équipes de vingt
ouvriers à la disposition de l'entrepreneur
français de déstockage.
Les « betriebsraete » des mines Ickern à
Rauxel, qui sont exploitées directement par
la mission des ingénieurs, sont venus trouver
les directeurs français pour savoir sous quel-
les conditions ils pourraient reprendre le tra-
vail.
Il a été répondu aux « betriebsraete » :
1° Le « betriebsraete » conservera ses droits
de surveillancé ;
2° Les ouvriers expulsés pourront revenir
en territoires occupés ;
3° La loi des conseils d'exploitation reste-
ra en vigueur dans les mines ;
4° Les maisons des ouvriers seront remi-
ses à leur disposition ;
3° La valeur des effets laissés par les ou-
vriers dans la mine lors de l'occupation leur
sera remboursée ;
6° Les mineurs recevront le charbon né-
cessaire à leur chauffage (deputatkohlen) ;
70 Les mi ne 3 ne seront pas occupées mi-
litairement ;
Par contre, on a fait savoir aux « betriebs-
fete » qu'on était dans l'impossibilité d'ac-
cueillir les deux autres garanties qu'ils
avaient demandée§ : la levée des arrêtés d'ex-
pulsion concernant les directeurs et le ren-
voi -des ouvriers étrangers à la mine.
Les ouvriers ont manifesté l'intention de
reprendre le travail aux conditions fixées par
la M. I. C. U. M. (mission interalliée de con-
trôle des usines et des mines).
Mais il y a encore des saboteurs
Dusseldorf, 8 octobre. — Un acte de sabo-
tage a été commis dans la nuit du 5 au >6 oc-
tobre à proximité de la gare de Griesheim.
Des fils télégraphiques et téléphoniques ont
été coupés sur une longueur de plusieurs mè-
tres. La gendarmerie procède à une enquête.
Le 3 octobre, des pierres ont été lancée®
par des inconnus sur une locomotive à proxi-
mité de la mine Westhausen, à GelscnkLr-
chen.
Les autorités allemandes ont reçu l'ordre
d'avoir à livrer les coupables. La police alig.
mande, après enquête, a pu arrêter et remet*
tre les coupables entre les mains du com-
mandant d'armes de Castrop.
La situation du cabinet
Berlin, 8 octobre. — Les débats du Reichs-
tag commenceront aujourd'hui et se termi-
neront évidemment, à moins d'un coup de
théâtre tout à fait improbable, par un vote
de confiance. Le nouveau cabinet nommé aura
cependant la vie assez dure par l'opposition
farouche des extrémistes de droite. La pro-
pagande communiste, facilitée par l'augmen-
tation du chômage, et les approches de l'hi-
ver, s'intensifiera.
Les intrigues de l'aile droite du parti po-
puliste contre l'ex-leader de cette fraction, M.
Stresemann, continuent. Dans les milieux so-
cialistes, on reproche au chancelier de s'être
élevé trop fortement, à la fin -de son discours,
contre les comhaunistes, en éveillant l'idée
que c'était à cause d'eux que l'état de siège
avait été proclamé, et qu'il était uniquement
dirigé contre eux.
De même, en ce qui concerne la journée de
8 heures, M. Stresemann a exposé des vues
qui lie correspondaient pas complètement au
comprcmié conclu entre- Tes socialistes et les
autres partis. On excuse M. Stresemann en
affirmant que contrairement à ses prédéces-
seurs, l il n'écrit pas entièrement ses discours
avant de les. prononcer ; il se contente de
préndre des notes. Les interpellations de ses
adversaires l'amènent parfois à détailler et
à aiguiller' sur une direction fausse. Il lui
faut alors corriger le compte rendu sténo-
graphique de ses discours: C'est ce qui ad-
vintcètte fois encore sur cèrtains points.
En général, on ne se montre guère opti-
miste ,sur la; durée du nouveau cabinet.
"'-:-' ) ')..8;: (
LE DISCOURS DE LORD CURZOH
prevoquera-t-il nue crise à Londres ?
Londres, 8 octobre. - La discussion par
la conférence impériale des déclarations fai-
tes par lprd Curzon le 5 octobre a commen-
cé aujourd'hui. Elle durera vraisemblable-
ment plusieurs jours.
Les milieux politiques croient discerner
un rapprochement entre le général Smuts et
lord Curzon contre le reste, de leurs collè-
gues. On ne serait pas surpris s'il en résul-
tait des événements politiques de la plus
grande importance. ;
Les partisans de'M. ;Baldwin - ne cachent
pas leur inquiétude au sujet des intentions
de lord Curzon.
Le « Daily écrit :
Le < Daily Mail écrit :
« Nous ne comprenons pas réellement
dans quelles mesures ce discours a été une
manifestation personnelle ou une démons-
tration calculée contre le supérieur titu-
laire de lord Curzon. C'est une question qui
éveille la plus vive curiosité et l'intérêt des
amis et' partisane de M. Baldwin. Qu'en
pense le parti conservateur ? »
Le « Times éditorial, eJprime l'espoir
que les peuples britanniques sauront agir
au lieu d'attendre les ~énëmMW.~n MM-
faudra, écrit ce journal, étudier le projet
de règlement final etrles garanties d'exécu-
tion à imposer à l'Allemagne.
« Nous croyons fermement, déclare le
« Times >, que si la conférence décide qu'il
lui faut prendre l'initiative, elle sera éga-
lement capable de présenter un projet de
règlement tel qu'il puisse être universelle-
ment accepté. »
Le « Daily Telegraph » se plaint de
« l'injusticé » avec laquelle on a critiqué le
discours de lord Curzon et souligne , qu'il
était du devoir du chef du Foreign Office
de présenter les faits aux premiers minis-
tres des Dominions. « Lord Curzon, dit cet
organe, - se rend parfaitement compte -que
l'accord entre les-gouvernements alliés est
le seul moyen de ,trouver une solution au
problème des réparations et que le maintien
d'un état d'esprit, amical est essentiel. »
En concluant, le « Daily Telegraph » dé-
clare que la conférence impériale ne de-
yra .pas durer plus de six semaines et qu'il
sera d'un intérêt capital de recevoir à
temps les propositions françaises, afin qu'el-
les puissent être étudiées en conseil avant
la clôture des séances.
Londre3, 8 octobre. — Dans un discours
qu'il a prononcé, hier soir, M. ;Dayi4son, di-
recteur des services de la presse à-la confé-
rence impériale, a1 souligné, combien il était
injuste et faux de prétendre qu'il y ait des'
divergences d'opinion, soit entre le gouver-
nement .anglais et. les dominions, soit entre
M. Baldwin et lord Curzon.
> M. Davidson a fait également remarquer,
que c'eût été-manquer de tact que de pu-
blier l'exposé de 'lord Curzon. avant que les
premiers ministres, à qui seuls, l'exposé était
destiné, aient eu l'occasion d'exprimer leur
avis.
Les pommes de terre. très bien
mais la viande?
On sait qu'à partir d'aujourd'hui, les pom-
mes de terre ne pourront plus sortir de Fran-
ce. Le décret du ministre de l'agriculture
s'imposait en raison de la médiocrité, de la
récolte de cette année. Un seul regret, c'est
que le ministre déclare que seules les pom-
mes de terre embarquées à la date du S oc-
tobre pourront,quitter la !France, et que de-
puis trois Jours le décret est connu, ce nui
peut permettre l'évasion d'une certaine quan-
tité de tubercules.
Les pommes de terre cette année sont ma-
lades en beaucoup de régions ; elles sont at-
teintes d'une sorte de lèpre, qui attaque plus
ou moins profondément. Le printemps, ex-
ceptionnellement pluvieux serait cause de cet-
te maladie. La sécheresse a sévi ensuite, em-
pêchant le développement normal du tuber-
cule.
Si le décret interdisant l'exportation de«
pommes de terre, peut noue permettre d'es-
pérer cet hiver des prix abordables pour eet
te année, pareille mesure serait "désirable
quant à la viande, dont la consommation tend
à devenir un véritable luxe. Une côtelette
de deux francs est aujourd'hui portion d'en-
tant ; et nous sommes cependant à une p>
riode de l'année ou la viande n'est habituelle-
ment pas le plus cher.
On sait que l'importation du bétail vivant
a été interdite par M. Chéron, pour cause
d'épizootie, de sorte que l'exportation donnes
par lui d'exporter, n'avait plus ni sa contre
partie, ni sa compensation. Nous vivons sur
notre cheptel. Cela ne manque pas de devenir
inquiétant, notre troupeau bovin aurait di-
minué de près d'un million de tétes. Les prix
ne manquent pas de s'en ressentir.
Si pareil régime continu à être appliqué,
si l'importation n'est pas permise à nouveau,
ou si tout au moins l'exportation n'est pag
interdite, la viande sera cet hiver maborda-
ble aux petites bourses.
L'ETATISME ONEREUX
LA FLOTTE D'ÉTAT
eoûii Ér aux Américains
Le plus triste, c'est qu'on ne peut
la « liquider »!
Décidément TEtatisme, en matière de marine
marchande, ne semble pas avoir mieux réussi à
l'étranger que chez nous. La preuve vient de nous
en être encore fournie par l'Amérique.
Déjà, il y a quelque temps, ia Lanterne a sou-
ligné les résultats lamentables de l'exploitation d<
la flotte d'Etat en Australie.
Les Etats-Unis, à leur tour, sont bien embar-
rassés des navires appartenant au Shipping Board
dont la gestion est des plus onéreuses. Le gou-
vernement américain voudrait donc — tout comnM
il a été fait en France — « liquider « son annada.
Mais l'affaire ne va pas toute seule, car il
y a des difficultés qui tiennent à la législation clef
Etats-U nis. On avait projeté de transférer lei
navires de commerce dont il s'agit à un certain
nombre d'organismes privés qui seraient soumit
simplement au coutrôle du Shipping Board. Seu-
lement, cette proposition s'est heurtée à un vete
juridique, formulé par l'attorney général, M.
Daugherthy. Le président Cocge loi-même, à
qui il en a été référé, n'en peut mais. La loi amé-
ricaine, en effet, n'autorise la cession des naviret
de l'Etat qu'au comptant et au moyen de paie-
ments échelonnés sur quinze années au plus. Or,
les armateurs américains ne se soucient pas d'as-
sumer une si grosse charge — avec tous les ris..
ques qu'elle comporte même en assurant une ges-
tion plus économique que celle de l'Etat. Le plu!
joli de l'histoire d'ailleurs, c'est l'aveu qu'ont
fait à la suite de l'essai de vente dont nous ve-
nons de parler, les membres du Shipping Board:
.« On ne peut, ont-ils déclaré, en l'état actuel
de la législation, que s'efforcer de réduire au
minimum les pertes, quel que soit le mode d'ex-
ploitaùon.
Autrement dit, l'Etat américain, de toutes fa-
çons, est obligé de perdre de l'argent avec ses
bateaux. Le mieux que l'on ait à tenter, c'est de
limiter le déficit; puisqu'il n'y a pas moyen de
bazarder une flotte qui est et restera coûteuse au
Trésor. Comme consolation, les Américains ont
celle. de pouvoir, en y étant de leur poche.,
concurrencer les lignes et les compagnies de na-
vigation étrangères.
Belle consolation, n'est-ce pas ? Gageons que
les Américains, même au prix d'une petite bIer
sure d'amour-propre, s'en passeraient fort bien.
Paul SEILOGE.
——— ~«~<~'<———————
DANS LEST EUROPEEN"—"
PROISSEMENT s
entre Prague et Varsovie
Varsovie, octobre. — Le consulat de la Ré-
publique tchécoslovaque à Varsovie a décidé
de demander chaque fois l'autorisation du mi-
nistère des Affaires étrangères à Prague,
avant de délivrer un visa à' un citoyen polo-
nais déGireux de se rendre en Tchécoslovaquie.
Cette mesure a provoqué un vif mécontente-
ment dans les journaux polonais qui protes-
tent contre les difficultés créées par le gou-
vernement de Prague. Alors que de nombreux
citoyens tchèques peuvent se rendre facile-
ment en Pologne, et même y trouver du tra-
vail, il en est autrement en ce qui concerne
les Polonais obligés de traverser la Tchécoslo-
vaquie.
La mesure, qui vient d'être prise par le
Consulat de cette dernière, dit la Gazeta Po
ranna, aura ppur résultat de rendre encore
plus difficiles les relations entre Varsovie et
Prague.
IL FAUT SECOURIR
les victimes
des policiers prussiens
Un appel de la Ligue franco-rhénane
- Les massacrés de Dusseldorf ont soulevi
l'indignation. de tous les cœurs français. te
courage des séparatistes. sans armes en fact
des fusils-mitrailleurs des shupos. leur mi
sère (lès familles de plusieurs victimes on*.
été trop pauvres pour payer les cercueils oi
leurs martyrs devaient reposer), ne peuvent
manquer d'éveiller ici de douloureuses sym j
pathies. C'est parce qu'ils réclamaient leur in
dépendance, mais aussi parce qu'ils nous of
frent leur amitié que ces Rhénans ont étf
nargués et assassinés par les brutes de Ber
lin. Nul doute que nos lecteurs ne réserven;
un accueil favorable à l'appel que la Ligut
franco-rhénane viçnt de lancer en, faveur de4
victimes.
C'est de tout cœur que nous nous permettont
de le leur demander. — M. Duxiîeb.
Appel de la Ligne franco-rhénane
La Prusse vient de se livrer une fois d<
plus à une de ces lâches et sanglantes agrei
sions dont elle est coutumière.
Sans aucune provocation et suivant 1D
plan sagement préparé, elle a fait tirer se
policiers sur une foule paisible qui manifei
tait seulements on désir de s'affranchir d'u:
joug détesté.
Ni femmes, ni vieillards, ni enfants n'on
été épargnés; on compte aujourd'hui plus d.
30 morts et des blessés par centaines.
La Ligue franco-rhénane proteste soler
nellement contre cet attentat criminel qi
doit soulever l'indignation du monde civilist
Elle fait appel à la France, lui demandas
de ne pas hésiter plus longtemps à prendr
la main que lui tend loyalement le peupl
rhénan.
La France ne saurait, sans compromettr
gravement ses intérêts, son prestige et sa si
curité dans les territoires occupés, traite
sur un pied d'égalité les nationalistes prui
siens et les séparatistes- rhénans.
Elle doit établir une différence entre se
amis et ses irréconciliables ennemis, entr
les victimes et les bourreaux.
Les massacres de Dusseldorf prouvent qu
la Prusse considère les Rhénans comme no
amis et nos alliés.
Que ila France accepte cette amitié et cett
alliance.
La Ligue franco-rhénane 'ouvre "une sou
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