Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1887-10-09
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 09 octobre 1887 09 octobre 1887
Description : 1887/10/09 (N171). 1887/10/09 (N171).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7525280f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/07/2012
1 1 NI, 171
JIBONRE MCffTS SUPPLÉfflEHT
PARIS
Trolamois. 1 (r. »
Six mois. 1 aso
Un an » M
5 - le N ,
ri cent. le 'N"
Là Lanterne
.,' .t.,. l~ i,'
f'.
, SUPPLÉMENT LITTÉRAIRE
PA.I:\.A:I'SSANT TOUS LES VENDREDIS
9 Octobre 1'887!
1
mmmmi SUPPLÉWHT
DÉPARTEMENTS ,
Trois mois i fr. »
Six moIs. 2 »
Unan. 3 KO
5 cent.1e NI 1
SOMMAIRE
Chronique S £ p4?HZif.
Un Fou i G.pç MAUpAftfAWT
La mère Cadet EUG. HÉHO?.
Un diner de Noce au XV. siècle. J. LEDEUIL.
L'Esprit des Autres. D. Cizos.
L'Amour noir J. MAUVUAC.
Les Derviches tourneurs JEAN SIGAUX.
Bibliographie. *"*
Problèmes et Jeux d'Esprit. HlX.
Feuilleton :
Mamzelle Lisbeth. HENRI TESSIEB.
CHRONIQUE
Un Journal comme on en voit peu.
Certes oui, c'est d'un journal comme
on en voit peu, et d'un rédacteur en chef
comme on n'en voit pas que je" veux vous
parler aujourd'hui !
Jugez-en.
Narguant la loi, l'un ne fit jamais la
déclaration du titre de l'autre à aucun
ministère !
,E"core- moins se préoccupait-il de dé-
poser le cautionnement exigé, alors, pour
les organes politiques !
Alors que ses congénères s'enquièrent
avec une ardeur fiévreuse d'un local bien
sit ..?, - en vue,— tirant l'œil et appelant
l't -^nné, — afin d'y installer leurs bu-
reaux;.
Qu'ils passent, avec une imprimerie en
vogue, un traité qui leur assure un tirage
à heure fixe, et, autant que possible, en
avance de quelques minutes sur leurs
rivaux;.
Qu'ils usent toute leur diplomatie à
s'assurer une ferme d'annonces, un con-
trat financier pour l'exploitation de leur
bulletin de bourse, — et une rédaction
où les noms en vedette puissent étinceler
-sur de rutilantes, affiches;.
Alors, enfin, qu'ils maculent tous les
murs de la capitale de placards prolixes,
de promesses sur papier ardent et en let-
tres d'un demi-pied;.
, Le directeur de la feuille en question se
borna, tout bonnement, à acheter une
rame de papier, - suppléant à toutes les
formalités préalables; — une boîte de
plumes, — représentant ses rédacteurs ;—
une bouteille d'encre, - destinée à rem-
placer avantageusement les presses Mari-
uoni, considérées comme inutiles!.
Puis, s'asseyant devant une table quel-
conque, il écrivit, en majuscules aussi
audacieuses qu'une déclaration de guerre,
ce vocable singulier et inédit :
LA PLÈBE
JOURNAL HEBDOMADAIRE
J'ai plusieurs des numéros de cette
curieuse publication sous les yeux.
Ils sont écrits en anglaise élégante,
ponctuée et orthographiée avec soin, —
éparée par des filets tirés à la règle, — et
leurs quatre pages in-quarto représentent
douze colonnes d'un texte aussi serré que
le style en est rieryeux, net, 'naturaliste et
sans ambiguïtés !
Je n'affirme pas que ce soit d'un fran-
çais châtié, - ni d'un atticisme à prendre
comme modèle! aussi n'est-ce pas au point
de vue littéraire que LA PLÈBE mérite
qu'on s'occupe d'elle comme je le fais!
Ce qui lui vaut cet honneur particulier,
c'est d'abord les noms des collaborateurs
qu'elle se donnait, et, qui ne sont rien
moins que :
Mant, Fotirier, Fouquier - Tinville ,
Robespierre frètes, et, comme secrétaire
de la rédaction : Camille Desmoulins.
Puis. — ces pseudonymes cachant, au
demeurant, des personnalités inconnues,
- l'endroit où elle se confectionnait et
les bizarreries dont son tirage et sa distri-
bùtion furent l'objet, ne manquent pas
d'un certain piquant.
LA PLÈBE se publiait à la Grande Ro-
quette!
Le rédacteur était un àétenu,- inconnu
naturellement,des surveillants et des gar-
diens !
Les copistes, eux aussi, gémissaient
sous les verroux !
Et, tant qu'elle parut, — bien qu'on en
soupçonnât l'auteur, — quoi qu'on ait
tenté, quelques mesures qu'aient prises
la préfecture et la police de la prison, rien
n'a pu mettre sur la trace de cette officine
littéraire !
Nul des intéressés ni des lecteurs ne
mangea le morceau.
Et LA PLÈBE se publia régulièrement
toutes les semaines!—au nez et à là barbe
de l'administration aux abois, — pendant
trois mois 1
Elle était reproduite à douze ou quinze
exemplaires, dont le premier parvenait,
par la poste, au préfet de police!!! — le
second au directeur de la Grande Ro-
quettelli et leg troisième d M. Lepère,
alors ministre de l'intérieur.
Et ceci dura du 8 février 1880. - jour
de l'apparition du premier numéro, —
jusque dans les premiers jours d'avril,
époque où, probablement, l'audacieux
créateur de cette surprenante publication
fut transféré dans une maison centrale.
Ne-croyez pas que j'invente, au moins !
La Plèbe a réellement existé, — elle se
confectionnait ainsi que je l'ai dit,— sor-
tait de la Roquette je ne sais comment, et
était jetée dans les boîtes de la poste,
tantôt dans un endroit, tantôt dans un
autre. *
Dans la prison, les numéros - destinés
aux détenus circulaient, dans chaque sec-
tion, avec une régularité et une exactitude
chronométriques !
Inutile d'ajouter, je pense, qu'ort se les
disputait, qu'on les lisaii, — je ne saurais
dire où, — mais de façon à défier les yeux
d'Argus.
Enfin, que ce curieux journal vous
avait des allures, des « premier-Paris »,
des articles critiques et jusqu'à des nou-
velles à la main, absolument comme ses
confrères du grand et du petit format.
Je ne résiste pas au désir de reproduire
quelques échantillons des numéros que
j'ai eu la bonne fortune de parcourir.
NUMERO SPÉCIMEN. — 8 FÉVRIER 1880
Alea jacta est!
Ami lecteur, ne t'épouvante pas. Nous ne
voulons pas te faire une profession de foi.
Nous savons, aussi bien que toi, ce qu'elles
valent, par ce temps de démoralisation!
Jous ceux qui ont escaladé le pouvoir ont
menti à la leur!
Le parjure est à l'ordre du jour!
Nous, nous n'avons qu'un but : les démas-
quer! Déshabiller ces ventrus, ces repus de
nos sueurs!
Surmonte ton dégoût, lorsque nous te mon-
trerons certaines personnalités nues.
C'est une lecon d'anatomie à laquelle nous
te convions !
Nous voulons et nous sommes à la recher-
che du vrai 1 du beau! et du bien! et nous ar-
riverons à cette proposition géométriquement
par l'analyse de l'absurde !
Souvenez-vous que c'est un détenu qui
écrit celai
Qu'en dites-vous, lecteurs!
Et, après trois colonnes sur ce ton, il
> conclut :
Serrons les rangs, armons-nous des lois et
fouettons ces gredins! — Nous avons des
moyens de coaction. — Allons, Plèbe, sus à
ces vampires !
MARAT.
--- Se croirait-on' à la Roquette, dites?
NUMÉRO DU 15 FÉVRIER 1880
Avis. - Notre numéro spécimen, publié la
semaine dernière, a eu un si grand succès que
l'administration ne peut satisfaire aux de-
mandes qui lui sont adressées.
Le public a enlevé tout le tirage, la préfec-
ture n'a pas eu le temps de le saisir 1
Elle est si vive, la police!
Avis divers. — Cuisine : La viande allouée
aux détenus doit leur être donnée sans os, et
pesant cent vingt-cinq grammes; — qu'on se
le dise.
Le cuisinier ne doit pas donner de coup de
pouce à la cuiller, surtout quand il s'agit du
bouillon qu'il dit gras.
*
* *
L'abondance- des matières nous oblige à
renvoyer au prochain numéro notre feuille-
ton : Les deux Jumelles. t
NUMÉRO DU 29 FÉVRIER
Nous formons un comité de résistance,
ayant pour but de protéger la liberté indivi-
duelle (!) - base fondamentale de toute so-
ciété bien organisée, — contre les abus de
pouvoir, les séquestrations arbitraires, les
longues persécutions, @ et, surtout, les mau-
vais traitements infligés aux prisonniers.
Nous sommes des formalistes, et exigeons
que l'on exécute ce qui est écrit dans la loi !.
Le comité est chargé de poursuivre les ini-
quités commises partout et surtout dans les
prisons.
N'est-ce pas complet? et cela est signé
Fouquier- Tinville !
Plus loin, je lis, sous la signature Ma-
rat :
Mille pardons, mais c'est encore à vous que
je m'adresse pour un petit renseignement,
monsieur de 1 Intérieur! C'est relatif a remploi
que vous faites de l'argent que les prisonnier,
soht obligés de laisser à la masse.
Et il fait un calcul, tendant à prou- :
ver que ces masses s'élèvent, — pour les,
seize maisons centrales, - et en cinq
années minimum des peines, — à DIX-HUIT
MILLIONS DE FRANCS ! dont il conteste l'emer ,
ploi et le remboursement 1
Enfin, à côté de ces articles de fond, il!
y a, dans ces feuilles, des chroniques'
d'actualité locale et extérieure, - des
diatribes, naturellement, — contre les
ministres, les préfets, - des appréciations
politiques, des faits divers relatifs aux
prisons, à la poste, à la nourriture, au!
chauffage, voire un courrier fantaisiste des-
théâtres ! !
Rien ne manquait, comme vous voyez, »
à ce journal des prisonniers ; — et, en le.
lisant, on eût facilement pu supposer'
qu'il émanait d'un politicien quelconque,
plutôt que d'un voleur, d'un faussaire ou.
d'un assassin !
Toujours est-il qu'à l'heure qu'il es*
la police serait certes très empêchée
de donner le nom de l'écrivain fantaisiste,
— et à coup. sûr intelligent, — de qui
émanaient ces élucubrations fallacieuses f
Et nous avons la prétention, — à côté
de beaucoup d'autres ! — de posséder la
première police du monde 1
Que sont donc celles des pays voisins ?
SÉRAPHIN.
i UN' FOU
Il était mort chef d'un haut tribunal;
magistrat intègre dont la vie irréprochable
était citée dans toutes les cours de France.
Les avocats, les jeunes conseillers, les
juges saluaient en s'inclinant très bas, par
marque d'un profond respect, sa grande
figure blanche et maigre qu'éclairaient
deux yeux brillants et profonds. ,
Il avait passé sa vie à poursuivre le
crime et à protéger les faibles. Les escrocs
et les meurtriers n'avaient point eu d'en-
nemi plus redoutable, car il semblait lire
au fond de leurs âmes, leurs pensées se-
crètes, et démêler, d'un coup d'œil, tous
les mystères de leurs intentions.
Il était donc mort à l'âge de quatre-vingt"
deux ans, entouré d'hommages et pour-à
suivi par les regrets de tout un peuple.
Des soldats en culotte rouge l'avaient es-,
corté jusqu'à sa tombe, et des hommes en
cravate blanche avaient répandu sur son
cercueil des paroles désolées et des larmes
qui semblaient vraies.
Or, voici l'étrange papier que le no.,
taire, éperdu, découvrit dans le secrétaire
où il avait coutume de serrer les dossiers ;
des grands criminels. <
FEUILLETON DU 9 OCTOBRE 1887
(5)
Mamzelle Lisbeth
PAR
Henri TËSSIER
Wilhelm posa lestement son fusil contre
l'un des faisceaux.
— Ah! fit-il avec un soupir de soulage-
ment, voilà la garde finie 1 allions voir. le
père Dietrich!
— Et Lisbeth! ajouta Prosper, en dessi-
nant un entrechat.
Remarquant, alors, que l'ex-garçon de
salle bourrait ses poches de plusieurs
paquets qu'il extrayait de son sac, le Pari-
sien lui dit en lui prenant le bras :
— Qu'est-ce que c'est que tout ce fourbi-
ià, conscrit t
— Rien de fameux, va 1 répliqua sour-
noisement l'Alsacien, en allongeant le pas.
*
* «
Elle était bien triste, la belle brasserie
de l'aurore/
Mein Herr Dietrich, s'étant eng_. ans
les Vétérans, ne faisait que de rarejÉàùpa-
ritions à son immeuble — son pa me
le poussant à remplacer tous les impotents
de sa compagnie ! — et mamzelle Lisbeth,
aidée seulement d'un adolescent boiteux,
suffisait, au-delà, aux besoins du service.
Car les consommateurs devenaient rares !
Le bombardement de la ville rendait les
rues dangereuses, les incendies se multi-
pliaient d'une façon inquiétante, et, en
outre, la faim, — cette funeste visiteuse !
— commençait à franchir les seuils les
mieux approvisionnés, à pâlir les visages
les plus robustes !
Lorsque Wilhelm et Prosper entrèrent
dans la brasserie, le père Dietrich y arri-
vait.
Il savait déjà, — car il était à l'affût de
tout ce qui touchait ses protégés! — la
belle conduite de Wilhelm et le félicita
avec chaleur.
Lisbeth, toute rougissante, quitta son
comptoir et vint l'embrasser sur les deux
joues!
— Hein ! mon gaillard ! fit le Parisien
gaiement, je gage que tu recommencerais.
au même p?)Y,
— Sans doute, répondit l'Alsacien, avec
une gravita singulière.
— Voyons, mes enfants, intervint le père
Dietrich, il s'agit, à présent, de savoir si on
déjeune aujourd'hui?
Je suis à jeun depuis hier, et le pain
administratif est intolérable et insuffisant.
- Reste-t-il quelque chose à la cave,
Lisbeth?
— Hélas, rien, monsieur!
— Rien !
— Et depuis longtemps, déjà, allez, père
Dietrich ! fit Wilhelm avec une vivacité
colère. — J'y suis descendu, à la cave,il y
a trois jours! — J'avais vu les joues de
mamzelle Lisbeth toutes pâlottes,-- et je
m'étais dit.
— Wilhelm.
— Eh bien, manzelle, c'est généreux de
cacher sa faim à ceux qui vous aiment!
faut pas en avoir honte! — J'étais sûr
qu'elle ne mangeait pas à son appétit,
cette chère brebis du bon Dieu!. Et, en
effet, pas traces de vivres !. Du vilain
pain noir. et rien avec! Ah! ça m'a fendu
le cœur!
- C'est vrai, ça, Lisbeth? demanda le
Parisien tout ému. Et vous ne disiez rien!
— Etes-vous plus favorisé quemoi,Pros-
per? Ne souffrez-vous pas de la même
souffrance't Vous qui vous battez tous les
jours?
— Bon ! des hommes ! s'écria philosophi.
quement le père Dietrich — ça a la peau
dure ?
— Enfin, reprit Wilhelm avec un sourire
plein de mystère , je m'étais juré que
mamzelle Lisbeth et papa Dietrich feraient
un bon repas chaque fois que noua sor-
tirions! .Nous sommes sortis cette nuit.
et on mangera son soûl ce matin, — voilât
— Comment cela, conscrit? demanda
Prosper tout surpris.
— Et aux frais des Prussiens, encore;
acheva gaiement l'Alsacien, en faisant
sortir.- avec peine — des poches de sa
mauresque, le fourbi qui avait tant intri-
gué son ami.
Et, développant les paquets,, il en tira,
aux cris de joie de la jeune fille, de Pros-
per et du père Dietrich, plusieurs saucis-
sons aux pois, une petite boite de bœuf
séché et trois demi-pains de munition.
- Ah! Wilhelm! .mon brave enfant !.
murmura le cafetier en essuyant une lar-
me, — pendant que mamzelle Lisbeth
rembrassait le colosse, qui rougissait et
pâlissait à la fois.
— M'avoir sauvé des griffes des Prus-
siens, c'était bien! conclut le zouave avec
une énergie émue ; mais avoir eu le sang-
froid de se rappeler, au milieu des balles,
que nos amis avaient faim 'Çaestbeau !.
c'est d'un lapin. d'un crâne fapin !
— Déjeunons doirç, mes enfants, dit le
père Dietrich ; - i! y a encore de la bonne
JIBONRE MCffTS SUPPLÉfflEHT
PARIS
Trolamois. 1 (r. »
Six mois. 1 aso
Un an » M
5 - le N ,
ri cent. le 'N"
Là Lanterne
.,' .t.,. l~ i,'
f'.
, SUPPLÉMENT LITTÉRAIRE
PA.I:\.A:I'SSANT TOUS LES VENDREDIS
9 Octobre 1'887!
1
mmmmi SUPPLÉWHT
DÉPARTEMENTS ,
Trois mois i fr. »
Six moIs. 2 »
Unan. 3 KO
5 cent.1e NI 1
SOMMAIRE
Chronique S £ p4?HZif.
Un Fou i G.pç MAUpAftfAWT
La mère Cadet EUG. HÉHO?.
Un diner de Noce au XV. siècle. J. LEDEUIL.
L'Esprit des Autres. D. Cizos.
L'Amour noir J. MAUVUAC.
Les Derviches tourneurs JEAN SIGAUX.
Bibliographie. *"*
Problèmes et Jeux d'Esprit. HlX.
Feuilleton :
Mamzelle Lisbeth. HENRI TESSIEB.
CHRONIQUE
Un Journal comme on en voit peu.
Certes oui, c'est d'un journal comme
on en voit peu, et d'un rédacteur en chef
comme on n'en voit pas que je" veux vous
parler aujourd'hui !
Jugez-en.
Narguant la loi, l'un ne fit jamais la
déclaration du titre de l'autre à aucun
ministère !
,E"core- moins se préoccupait-il de dé-
poser le cautionnement exigé, alors, pour
les organes politiques !
Alors que ses congénères s'enquièrent
avec une ardeur fiévreuse d'un local bien
sit ..?, - en vue,— tirant l'œil et appelant
l't -^nné, — afin d'y installer leurs bu-
reaux;.
Qu'ils passent, avec une imprimerie en
vogue, un traité qui leur assure un tirage
à heure fixe, et, autant que possible, en
avance de quelques minutes sur leurs
rivaux;.
Qu'ils usent toute leur diplomatie à
s'assurer une ferme d'annonces, un con-
trat financier pour l'exploitation de leur
bulletin de bourse, — et une rédaction
où les noms en vedette puissent étinceler
-sur de rutilantes, affiches;.
Alors, enfin, qu'ils maculent tous les
murs de la capitale de placards prolixes,
de promesses sur papier ardent et en let-
tres d'un demi-pied;.
, Le directeur de la feuille en question se
borna, tout bonnement, à acheter une
rame de papier, - suppléant à toutes les
formalités préalables; — une boîte de
plumes, — représentant ses rédacteurs ;—
une bouteille d'encre, - destinée à rem-
placer avantageusement les presses Mari-
uoni, considérées comme inutiles!.
Puis, s'asseyant devant une table quel-
conque, il écrivit, en majuscules aussi
audacieuses qu'une déclaration de guerre,
ce vocable singulier et inédit :
LA PLÈBE
JOURNAL HEBDOMADAIRE
J'ai plusieurs des numéros de cette
curieuse publication sous les yeux.
Ils sont écrits en anglaise élégante,
ponctuée et orthographiée avec soin, —
éparée par des filets tirés à la règle, — et
leurs quatre pages in-quarto représentent
douze colonnes d'un texte aussi serré que
le style en est rieryeux, net, 'naturaliste et
sans ambiguïtés !
Je n'affirme pas que ce soit d'un fran-
çais châtié, - ni d'un atticisme à prendre
comme modèle! aussi n'est-ce pas au point
de vue littéraire que LA PLÈBE mérite
qu'on s'occupe d'elle comme je le fais!
Ce qui lui vaut cet honneur particulier,
c'est d'abord les noms des collaborateurs
qu'elle se donnait, et, qui ne sont rien
moins que :
Mant, Fotirier, Fouquier - Tinville ,
Robespierre frètes, et, comme secrétaire
de la rédaction : Camille Desmoulins.
Puis. — ces pseudonymes cachant, au
demeurant, des personnalités inconnues,
- l'endroit où elle se confectionnait et
les bizarreries dont son tirage et sa distri-
bùtion furent l'objet, ne manquent pas
d'un certain piquant.
LA PLÈBE se publiait à la Grande Ro-
quette!
Le rédacteur était un àétenu,- inconnu
naturellement,des surveillants et des gar-
diens !
Les copistes, eux aussi, gémissaient
sous les verroux !
Et, tant qu'elle parut, — bien qu'on en
soupçonnât l'auteur, — quoi qu'on ait
tenté, quelques mesures qu'aient prises
la préfecture et la police de la prison, rien
n'a pu mettre sur la trace de cette officine
littéraire !
Nul des intéressés ni des lecteurs ne
mangea le morceau.
Et LA PLÈBE se publia régulièrement
toutes les semaines!—au nez et à là barbe
de l'administration aux abois, — pendant
trois mois 1
Elle était reproduite à douze ou quinze
exemplaires, dont le premier parvenait,
par la poste, au préfet de police!!! — le
second au directeur de la Grande Ro-
quettelli et leg troisième d M. Lepère,
alors ministre de l'intérieur.
Et ceci dura du 8 février 1880. - jour
de l'apparition du premier numéro, —
jusque dans les premiers jours d'avril,
époque où, probablement, l'audacieux
créateur de cette surprenante publication
fut transféré dans une maison centrale.
Ne-croyez pas que j'invente, au moins !
La Plèbe a réellement existé, — elle se
confectionnait ainsi que je l'ai dit,— sor-
tait de la Roquette je ne sais comment, et
était jetée dans les boîtes de la poste,
tantôt dans un endroit, tantôt dans un
autre. *
Dans la prison, les numéros - destinés
aux détenus circulaient, dans chaque sec-
tion, avec une régularité et une exactitude
chronométriques !
Inutile d'ajouter, je pense, qu'ort se les
disputait, qu'on les lisaii, — je ne saurais
dire où, — mais de façon à défier les yeux
d'Argus.
Enfin, que ce curieux journal vous
avait des allures, des « premier-Paris »,
des articles critiques et jusqu'à des nou-
velles à la main, absolument comme ses
confrères du grand et du petit format.
Je ne résiste pas au désir de reproduire
quelques échantillons des numéros que
j'ai eu la bonne fortune de parcourir.
NUMERO SPÉCIMEN. — 8 FÉVRIER 1880
Alea jacta est!
Ami lecteur, ne t'épouvante pas. Nous ne
voulons pas te faire une profession de foi.
Nous savons, aussi bien que toi, ce qu'elles
valent, par ce temps de démoralisation!
Jous ceux qui ont escaladé le pouvoir ont
menti à la leur!
Le parjure est à l'ordre du jour!
Nous, nous n'avons qu'un but : les démas-
quer! Déshabiller ces ventrus, ces repus de
nos sueurs!
Surmonte ton dégoût, lorsque nous te mon-
trerons certaines personnalités nues.
C'est une lecon d'anatomie à laquelle nous
te convions !
Nous voulons et nous sommes à la recher-
che du vrai 1 du beau! et du bien! et nous ar-
riverons à cette proposition géométriquement
par l'analyse de l'absurde !
Souvenez-vous que c'est un détenu qui
écrit celai
Qu'en dites-vous, lecteurs!
Et, après trois colonnes sur ce ton, il
> conclut :
Serrons les rangs, armons-nous des lois et
fouettons ces gredins! — Nous avons des
moyens de coaction. — Allons, Plèbe, sus à
ces vampires !
MARAT.
--- Se croirait-on' à la Roquette, dites?
NUMÉRO DU 15 FÉVRIER 1880
Avis. - Notre numéro spécimen, publié la
semaine dernière, a eu un si grand succès que
l'administration ne peut satisfaire aux de-
mandes qui lui sont adressées.
Le public a enlevé tout le tirage, la préfec-
ture n'a pas eu le temps de le saisir 1
Elle est si vive, la police!
Avis divers. — Cuisine : La viande allouée
aux détenus doit leur être donnée sans os, et
pesant cent vingt-cinq grammes; — qu'on se
le dise.
Le cuisinier ne doit pas donner de coup de
pouce à la cuiller, surtout quand il s'agit du
bouillon qu'il dit gras.
*
* *
L'abondance- des matières nous oblige à
renvoyer au prochain numéro notre feuille-
ton : Les deux Jumelles. t
NUMÉRO DU 29 FÉVRIER
Nous formons un comité de résistance,
ayant pour but de protéger la liberté indivi-
duelle (!) - base fondamentale de toute so-
ciété bien organisée, — contre les abus de
pouvoir, les séquestrations arbitraires, les
longues persécutions, @ et, surtout, les mau-
vais traitements infligés aux prisonniers.
Nous sommes des formalistes, et exigeons
que l'on exécute ce qui est écrit dans la loi !.
Le comité est chargé de poursuivre les ini-
quités commises partout et surtout dans les
prisons.
N'est-ce pas complet? et cela est signé
Fouquier- Tinville !
Plus loin, je lis, sous la signature Ma-
rat :
Mille pardons, mais c'est encore à vous que
je m'adresse pour un petit renseignement,
monsieur de 1 Intérieur! C'est relatif a remploi
que vous faites de l'argent que les prisonnier,
soht obligés de laisser à la masse.
Et il fait un calcul, tendant à prou- :
ver que ces masses s'élèvent, — pour les,
seize maisons centrales, - et en cinq
années minimum des peines, — à DIX-HUIT
MILLIONS DE FRANCS ! dont il conteste l'emer ,
ploi et le remboursement 1
Enfin, à côté de ces articles de fond, il!
y a, dans ces feuilles, des chroniques'
d'actualité locale et extérieure, - des
diatribes, naturellement, — contre les
ministres, les préfets, - des appréciations
politiques, des faits divers relatifs aux
prisons, à la poste, à la nourriture, au!
chauffage, voire un courrier fantaisiste des-
théâtres ! !
Rien ne manquait, comme vous voyez, »
à ce journal des prisonniers ; — et, en le.
lisant, on eût facilement pu supposer'
qu'il émanait d'un politicien quelconque,
plutôt que d'un voleur, d'un faussaire ou.
d'un assassin !
Toujours est-il qu'à l'heure qu'il es*
la police serait certes très empêchée
de donner le nom de l'écrivain fantaisiste,
— et à coup. sûr intelligent, — de qui
émanaient ces élucubrations fallacieuses f
Et nous avons la prétention, — à côté
de beaucoup d'autres ! — de posséder la
première police du monde 1
Que sont donc celles des pays voisins ?
SÉRAPHIN.
i UN' FOU
Il était mort chef d'un haut tribunal;
magistrat intègre dont la vie irréprochable
était citée dans toutes les cours de France.
Les avocats, les jeunes conseillers, les
juges saluaient en s'inclinant très bas, par
marque d'un profond respect, sa grande
figure blanche et maigre qu'éclairaient
deux yeux brillants et profonds. ,
Il avait passé sa vie à poursuivre le
crime et à protéger les faibles. Les escrocs
et les meurtriers n'avaient point eu d'en-
nemi plus redoutable, car il semblait lire
au fond de leurs âmes, leurs pensées se-
crètes, et démêler, d'un coup d'œil, tous
les mystères de leurs intentions.
Il était donc mort à l'âge de quatre-vingt"
deux ans, entouré d'hommages et pour-à
suivi par les regrets de tout un peuple.
Des soldats en culotte rouge l'avaient es-,
corté jusqu'à sa tombe, et des hommes en
cravate blanche avaient répandu sur son
cercueil des paroles désolées et des larmes
qui semblaient vraies.
Or, voici l'étrange papier que le no.,
taire, éperdu, découvrit dans le secrétaire
où il avait coutume de serrer les dossiers ;
des grands criminels. <
FEUILLETON DU 9 OCTOBRE 1887
(5)
Mamzelle Lisbeth
PAR
Henri TËSSIER
Wilhelm posa lestement son fusil contre
l'un des faisceaux.
— Ah! fit-il avec un soupir de soulage-
ment, voilà la garde finie 1 allions voir. le
père Dietrich!
— Et Lisbeth! ajouta Prosper, en dessi-
nant un entrechat.
Remarquant, alors, que l'ex-garçon de
salle bourrait ses poches de plusieurs
paquets qu'il extrayait de son sac, le Pari-
sien lui dit en lui prenant le bras :
— Qu'est-ce que c'est que tout ce fourbi-
ià, conscrit t
— Rien de fameux, va 1 répliqua sour-
noisement l'Alsacien, en allongeant le pas.
*
* «
Elle était bien triste, la belle brasserie
de l'aurore/
Mein Herr Dietrich, s'étant eng_. ans
les Vétérans, ne faisait que de rarejÉàùpa-
ritions à son immeuble — son pa me
le poussant à remplacer tous les impotents
de sa compagnie ! — et mamzelle Lisbeth,
aidée seulement d'un adolescent boiteux,
suffisait, au-delà, aux besoins du service.
Car les consommateurs devenaient rares !
Le bombardement de la ville rendait les
rues dangereuses, les incendies se multi-
pliaient d'une façon inquiétante, et, en
outre, la faim, — cette funeste visiteuse !
— commençait à franchir les seuils les
mieux approvisionnés, à pâlir les visages
les plus robustes !
Lorsque Wilhelm et Prosper entrèrent
dans la brasserie, le père Dietrich y arri-
vait.
Il savait déjà, — car il était à l'affût de
tout ce qui touchait ses protégés! — la
belle conduite de Wilhelm et le félicita
avec chaleur.
Lisbeth, toute rougissante, quitta son
comptoir et vint l'embrasser sur les deux
joues!
— Hein ! mon gaillard ! fit le Parisien
gaiement, je gage que tu recommencerais.
au même p?)Y,
— Sans doute, répondit l'Alsacien, avec
une gravita singulière.
— Voyons, mes enfants, intervint le père
Dietrich, il s'agit, à présent, de savoir si on
déjeune aujourd'hui?
Je suis à jeun depuis hier, et le pain
administratif est intolérable et insuffisant.
- Reste-t-il quelque chose à la cave,
Lisbeth?
— Hélas, rien, monsieur!
— Rien !
— Et depuis longtemps, déjà, allez, père
Dietrich ! fit Wilhelm avec une vivacité
colère. — J'y suis descendu, à la cave,il y
a trois jours! — J'avais vu les joues de
mamzelle Lisbeth toutes pâlottes,-- et je
m'étais dit.
— Wilhelm.
— Eh bien, manzelle, c'est généreux de
cacher sa faim à ceux qui vous aiment!
faut pas en avoir honte! — J'étais sûr
qu'elle ne mangeait pas à son appétit,
cette chère brebis du bon Dieu!. Et, en
effet, pas traces de vivres !. Du vilain
pain noir. et rien avec! Ah! ça m'a fendu
le cœur!
- C'est vrai, ça, Lisbeth? demanda le
Parisien tout ému. Et vous ne disiez rien!
— Etes-vous plus favorisé quemoi,Pros-
per? Ne souffrez-vous pas de la même
souffrance't Vous qui vous battez tous les
jours?
— Bon ! des hommes ! s'écria philosophi.
quement le père Dietrich — ça a la peau
dure ?
— Enfin, reprit Wilhelm avec un sourire
plein de mystère , je m'étais juré que
mamzelle Lisbeth et papa Dietrich feraient
un bon repas chaque fois que noua sor-
tirions! .Nous sommes sortis cette nuit.
et on mangera son soûl ce matin, — voilât
— Comment cela, conscrit? demanda
Prosper tout surpris.
— Et aux frais des Prussiens, encore;
acheva gaiement l'Alsacien, en faisant
sortir.- avec peine — des poches de sa
mauresque, le fourbi qui avait tant intri-
gué son ami.
Et, développant les paquets,, il en tira,
aux cris de joie de la jeune fille, de Pros-
per et du père Dietrich, plusieurs saucis-
sons aux pois, une petite boite de bœuf
séché et trois demi-pains de munition.
- Ah! Wilhelm! .mon brave enfant !.
murmura le cafetier en essuyant une lar-
me, — pendant que mamzelle Lisbeth
rembrassait le colosse, qui rougissait et
pâlissait à la fois.
— M'avoir sauvé des griffes des Prus-
siens, c'était bien! conclut le zouave avec
une énergie émue ; mais avoir eu le sang-
froid de se rappeler, au milieu des balles,
que nos amis avaient faim 'Çaestbeau !.
c'est d'un lapin. d'un crâne fapin !
— Déjeunons doirç, mes enfants, dit le
père Dietrich ; - i! y a encore de la bonne
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