Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1893-10-04
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 04 octobre 1893 04 octobre 1893
Description : 1893/10/04 (A17,N6010). 1893/10/04 (A17,N6010).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7524159c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/08/2012
La Lanterne
.ADMINISTRATION, RÉDACTION ET ANNONCES
A PARIS -
18 — Rue Bicher — 18
Les articles non insérés ne seront pas rendus
ABONNEMENTS
PARIS
UN MOIS. 2 FR.
TROIS MOIS. 5 FR.
SIX MOIS 9 FR.
UN AN. 18 FR.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
PARIS ET DÉPARTEMENTS
Le Numéro : 5 centimes
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
UN MOIS 2 FR.
TROIS MOIS 6 FR.
SIX MOIS. 11 FR.
UN AN. 20 FR.
DIX-SEPTIÈME ANNÉE - NUMÉRO 6010
a MERCREDI 4 OCTOBRE 1893 ~S~
8 14 VENDÉMIAIRE — AN 102 0
DANS QUELQUES JOURS
La Lanterne
COMMENCERA LA PUBLICATION
D'UN
NOUVEAU GRAND ROMAN
i
FANTAISIES TUDESQUES
M. de Cassagnac n'est pas et n'a ja-
mais été royaliste, bien qu'il ait quel-
quefois travaillé pour le roi de Prusse
;en travaillant pour le comte de Paris.
Mais, tout en demeurant plébiscitaire
au fond de l'âme, M. de Cassagnac, au-
jourd'hui, se résignerait à la restaura-
tion de la monarchie en la personne de
Philippe VII. Même il se résigne sans
douleur, avec empressement, voire avec
enthousiasme. M. le comte de Paris lui
plaît étant homme « à ne reculer de-
vant rien n, pas même devant la dé-
pense, comme s'il n'appartenait pas à
la famille d'Orléans. Bref, si nous vou-
lons en croire M. de Cassagnac — qui
n'est point royaliste — la royauté de
M. le comte de Paris est le seul espoir
de la France.
Il paraît, si nous en croyons M. de
Cassagnac, que le comte de Paris est
vraiment un prince, un très grand
grince, un homme très supérieur et
même tout-à-fait providentiel, que M. de
Cassagnac recevrait « à genoux » bien
qu'il ne soit pas royaliste.
Cette déclaration n'a rien de flatteur
pour ce pauvre prince Victor qui, pa-
raît-il, n'est point providentiel, ni même
supérieur et ne figure même pas pour
mémoire dans les espérances de M. de
Gassagnac ; bien que, juste le jour où
M. de Cassagnac lève des mains sup-
pliantes vers le comte de Paris, le Fi-
garo constate la proche parenté de ce
pauvre Victor avec le dernier Roy légi-
time de France. Il est vrai que cette
parenté vient par les femmes et que la
loi salique est encore en vigueur au
dire des royalistes.
v Mais il y a une cause à la conver-
sion de M. de Cassagnac — qui cepen-
dant demeure plébiscitaire tout en adop-
tant le roi Philippe VII. Cette cause
C'est « l'amitié que témoigne le tsar au
comte de Paris ». Ça, paraît-il, c'est dé-
eisif.
- A première vue, on ne comprend pas
très bien comment l'amitié du tsar suf-
firait à faire monter le comte de Paris
sur un trône que la France ne paraît
pas très disposée à rétablir. Sans
doute, le tsar Alexandre, en 1814, a
beaucoup aidé à faire Louis XVIII roi
(le France. Mais ce n'est pa$, évidem-
ment, par le même procédé que lé comte
de Paris pourrait être intronisé.
La solution de ce problème, fort dif-
ficile pour des Français, paraît, cepen-
dant, toute simple aux imaginations
allemandes et M. de Cassagnac est,
là-dessus, en parfaite communion d'i-
lj-éesavec les journaux de Vienne et de
perlin.
On lit, par exemple dans, le Wiener
Tagblatt :
On nous mande de Berlin :
a La sympathie particulière que le tsar té-
moigne à la famille d'Orléans, et qui vient de
se manifester à nouveau d'une manière si re-
marquée, n'a pas de quoi surprendre les cer-
cles bien informés de la capitale allemande.
» Un grand dignitaire russe, qui a passé ré-
cemment à Berlin et qui a été en contact
avec les hautes sphères berlinoises, a déclaré
sans ambages que le tsar ne ferait jamais,
comme allié de la France, la guerre à l'Alle-
magne.
» Si, en cas de guerre avec cette puissance,
la France venait à réclamer l'aide du tsar,
celui-ci exigerait, comme condition sine qua
non de son appui, des concessions de la Ré-
publique envers la famille d'Orléans. »
L'idée n'est-elle pas charmante et
digne en tous points d'un cerveau tu-
desque? Ces bons Allemands ont, vrai-
ment, une conception remarquablement
haute de la loyauté, de la convenance,
du sens politique et même du sens mo-
ral des souverains. Le tsar, à coup sûr,
ne peut manquer d'être flatté qu'on lui
attribue des projets d'une semblable
délicatesse.
Mais si nous convenons que ces belles
imaginations paraissent toutes natu-
relles à des reptiles berlinois, nous
avons peine à croire qu'elles aient pu
convenir à Miee Cassagnac. M. de Cas-
sagnac qui, demeure bonapartiste, de-
vrait avoir peu de goût pour les souve-
rains « revenus dans les fourgons de
l'étranger » comme en 1815. Et puis,
quel est l'esprit assez prévenu pour
croire que, même dans une nécessité
pressante,, la France pût avoir la fai-
blesse de permettre à un allié de s'im.
miscer dans ses affaires intérieures?
Mais l'esprit de parti comme le
comte de Paris — ne recule devant
rien. L'invraisemblance, les impossibi-
lités ne l'arrêtent pas ; encore moins
l'honneur et la dignité de la France.
Heureusement que la France n'est
point telle que M. de Cassagnac veut
bien se la représenter. Certes l'alliance
russe lui peut être précieuse. Mais
cette alliance ne peut être basée que
sur une égalité parfaite et sur une par-
faite réciprocité. Les deux nations
échangent une égale amitié, se ren-
dent un égal service et chacune d'elles
respecte les droits et la dignité de
l'autre.
Oui certes, la France tient à la paix
et à l'alliance russe qni est une garan-
tie de la paix. Mais il ne faudrait pas
croire qu'elle ne tienne pas, autant
qu'à son existence même, à son hon-
neur et à sa dignité. La France est pa-
cifique, mais sans peur et sans fai-
blesse.
Par le temps qui court, il est bon de
le rappeler.
UNE APPRECIATION MALHEUREUSE
L'incartade du général de Cools
On sait avec quel empressement les ré-
servistes de tout âge et de tout grade sa-
tisfont aux obligations que leur impose la
loi militaire, quelque gêne qu'ils doivent
en éprouver.
Cette constatation, consolante pour
notre patriotisme qui voit dans ce dévoue-
ment une garantie précieuse pour la sécu-
rité du pays, tous les ministres de la
guerre qui se sont succédé depuis que
notre nouvelle organisation militaire a
commencée à fonctionner, se sont plu à
la faire.
Pas une période d'exercices ou de gran-
des manœuvres ne prend fin sans que les
chefs qui ont vu à l'œuvre ces troupes
qu on pourrait croire improvisées ne ren-
dent nommage à leur entrain, à leur
bonne volonté, à leur belle allure sur le
terrain.
Il vient de se trouver un général, et non
des moindres puisqu'il est inspecteur d'ar-
mée et membre du Conseil supérieur de
la guerre, pour s'inscrire publiquement en
faux contre ces appréciations, tout au
moins en ce qui concerne les officiers de
réserve.
Voici, en effet, au dire d'un journal
militaire, l'Armée territoriale, les paroles
qu'aurait prononcées le général de Cools
à l'issue des manœuvres du 5e corps :
J'ai constaté, au cours des manoeuvres, l'in-
suffisance complète des officiers de réserve.
Aussi conviendrait-il d'étudier une combinai-
son permettant de remplacer, à la tête des sec-
tions, ces semi-bourgeois qui ne se font nom-
mer officiers que pour porter le costume et ne
rien faire, par des sous-oitlciers de choix qui
passeraient adjudants de réserve 1000s de leur
libération, de vrais fils du peuple ceux-là, ex-
périmentés, habitués au commandement et
qui encadreront solidement leurs hommes
pendant qu'on laissera les lieutenants et sous-
lieutenants de réseroe dans les dépôts.
Il est probable, il est assez naturel que
les offieiers de réserve, dont la plupart
n'ont au maximum que trois années de
service, n'apportent pas dans les manœu-
vres le même degré de préparation et
d'expérience que leurs collègues de l'ar-
mée active, rompus ,au métier par un en-
traînement de tous les jours. Ce n'est pas
une raison pour les accabler sous la cons-
tatation d'une infériorité qui ne provient
ni d'un défaut de zèle, ni d'un défaut de
bonne volonté.
Ce n'est pas surtout une raison pour éta-
blir publiquement, officiellement entre
eux et les camarades à côté desquels ils
sont appelés à combattre plus tard, une
distinction caractérisée par un qualifi-
catif à dessein méprisant.
Ce n'est pas ainsi qu'on préparera l'ac-
cord de tous les cœurs et de toutes les vo-
lontés, si nécessaire au jour du danger, et
le général de Cools, en tenant ce langage,
a manqué au premier devoir d'un chef,
qui consiste à inspirer à ses subordonnés
confiance en eux-mêmes et en leurs offi-
ciers.
Aussi l'opinion publique en est-elle dou-
loureusement émue. Elle admettrait dif-
ficilement qu'une attitude aussi fâcheuse,
beaucoup plus grave au point de vue de la
discipline et des intérêts généraux du
pays et de l'armée que l'incartade du ser-
gent Huss, restât impunie.
Nous ne demandons pas cinq ans de
travaux publics pour le général de Cools ;
mais le moins que le ministre de la guerre
doive à la natiun et aux braves gens qui
viennent de subir cette injure publique et
gratuite, c'est d'enlever à ce chef mala-
droit, brutal et injuste les hautes fonc-
tions dont il vient de faire un attus indigne
et révoltant.
INFORMATIONS
Pas de cumul
M. Gaussorgues, député du Vigan, a adressé
au préfet sa démission de conseiller général
du canton de Sommières.
Cette décision est la suite d'un vœu émis
dans le congrès qui avait patronné sa candi-
dature aux dernières élections législatives.
M. Gaussorgues était vice-président du Con-
seil général du Var.
Tous les cumulards devraient bien suivre
l'exemple de M. Gaussorgues et tous les co-
mités électoraux devraient bien imposer aux
candidats l'obligation de ne remplir qu'un
mandat. Les affaires publiques seraient bien
mieux gérées.
Maladie de M. Albert Grévy
Mont-sous-Vaudrey, 2 octobre. — M. Albert
Grévy, sénateur inamovible, est malade depuis
quelques jours et son état inspire des inquié-
tudes à sa famille.
Les chefs de gare
Sur la demande du ministre des travaux
publics, M. Terrier, ministre du commerce, a
pris la décision suivante :
Les chefs de gare sont autorisés a corres-
pondre en franchise par la voie télégraphique
avec le procureur de la République de leur
arrondissement pour l'aviser de tentatives
criminelles commises sur les chemins de fer.
TRAITE AVEC LE Slftld
FIN DU CONFLIT FRANCO-SIAMOIS
Signature du traité et de la conven-
tion.- Les clauses de l'ultimatum
et les garanties complémen-
taires. — M. Le Myre de
Vilers. —L'exécution du
traité.
Un télégramme de M. Le Myre de Vi-
lers, parvenu cette nuit au ministère des
affaires étrangères, annonce l'heureuse
issue des négociations que notre efivoyé
extraordinaire poursuivait depuis quel-
ques semaines avec le gouvernement du
Siam.
Hier, 1er octobre, ont été signés, par les
plénipotentiaires français e, siamois, un
traité et une convention sanctionnant les
clauses de l'ultimatum et les garanties
complémentaires telles que le Siam les
avait déjà acceptées, et en réglant exé-
cution.
Les parties contractantes y prévoient
l'établissement prochain d'un régime doua-
nier plus favorable aux relations commer-
ciales entre nos possessions et les terri-
toires limitrophes. -
Le gouvernement siamois s'engage à
assurer toutes les facilités nécessaires aux
travaux que la navigation du Mékong ren-
drait nécessaires sur la rive droite du
fleuve. -
La France continuera à occuper Chan-
taboum jusqu'à la complète exécution des
stipulations et notamment jusqu'à l'éva-
cuation pacifique de la rive gauche du
Mékong par les Siamois.
Les avantages résultant de ce traité
donnent complète satisfaction aux récla-
mations qu'avait formulées le gouverne-
ment franç .is.
Voici le texte du traité franco-siamois:
Le traité
Article premier. — Le gouvernement sia-
mois renonce à toute prétention sur l'ensem-
ble des territoires de la rive gauche du Mé-
kong et sur les îles du fleuve.
Art. 2. - Le gouvernement siamois s'in-
terdit d'entretenir ou de faire circuler des
embarcations ou bâtiments armés sur les
eaux du Grand Lac, du Mékong et de leurs
affluents situés dans les territoires visés à
l'article suivant.
Art. 3. — Le gouvernement siamois ne
construira aucun poste fortifié ou établisse-
ment militaire dans les provinces de Battam-
bang et de Sien-Reap et dans un rayon de
vingt-cinq kilomètres sur la rive droite du
Mékong.
Art. 4. — Dans les zones visées par l'arti-
cle 3, la police sera exercée selon l'usage par
les autorités locales avec les contingents
strictement nécessaires. Il n'y sera entretenu
aucune force armée régulière ou irrégulière.
Art. b. - Le gouvernement siamois s engage
à ouvrir dans le délai de six mois des négo-
ciations avec le gouvernement français en
vue du règlement du régime douanier etcom-
mercial des territoires visés à l'article 3 et
de la revision du traité de 1856. Jusqu'à la
conclusion de cet accord, il ne sera pas établi
de droit de douane dans la zone visée par
l'article 3. La réciprocité continuera à être
accordée par le gouvernement français aux
produits de ladite zone.
Art. 6. — Le développement de la naviga-
tion du Mékong pouvant rendre nécessaires
sur la rive droite certains travaux ou l'éta-
blissement de relais de batellerie et de dépôts
de bois et de charbon, le gouvernement sia-
mois s'engage à donner, sur la demande du
gouvernement français, toutes les facilités né-
cessaires à cet effet.
Art. 7. — Les citoyens, sujets ou ressortis-
sants français, pourront librement circuler,
commencer dans les territoires visés à l'arti-
cle 3, munis d'une passe délivrée par les au-
torités françaises. La réciprocité sera accor-
dée aux habitants desdites zones.
Art. 8. — Le gouvernement français se ré-
Art. d'ét iblir des consulats où il le jugera
serve
convenable dans l'intérêt de ses citoyens, su-
jets ou ressortissants et nota ninent à Korab
et à Nuang-Nam. Le gouvernement siamois
concédera les terrains nécessaires pour l'ins-
tallation des dits consulats.
Art. 9. — En cas de difficultés, le texte fran-
çais fer,} seul foi.
Art. 10. — Le présent traité devra être rati-
fié dans un délai de quatre mois à partir du
jour de la signature.
La convention
Les postes militaires siamois établis sur la
rive gauche du Mékong et dans les îles du
fleuve devront être évacués dans le délai d'un
mois à dater de la signature de la présente
convention. Ceux situés dans les provinces
d'Angkor et de Battambang et sur la rive
droite du fleuve dans un rayon, de vingt-cinq
kilomètres, devront être évacués à la même
époque et les fortifications rasées. -.
Les auteurs des attentats de Tong Xît ig
Khan et de Kammon seront jugés par les au"
torités siamoises. Un représentant de la France
assistera au jugement et veillera à l'exécu-
tion des peines prononcées.
Lé gouvernement français s 3 réserve le droit
d'apprécier si les condamnations sont suffi-
santes et le cas échéant de réclamer un juge-
ment devant un tribunal mixte dont il fixera
la composition.
Le gouvernement siamois devra remettre à
la disposition du ministre de France à Bang-
kok ou des autorités françaises do la frontière
tous les sujets français, annamites, cambod-
giens, laotiens de la rive gauche détenus à
un titre quelconque ; il ne mettra aucun obs-
tacle au retour sur la rive gauche, des an-
ciens habitants de cette région.
Le Ban-Bien de Tong-Xieng-Khan et sa
suite seront amenés par un délégué du mi-
nistre des affaires étrangères à la délégation
de France, ainsi que les armes et le pavillon
français saisis par les autorités siamoises.
Le gouvernement français continuera à oc-
cuper Chantaboun jusqu'à l'exécution des sti-
pulations de la présente convention et notam-
ment jusqu'à la complète et pacifique évacua-
tion des postes siamois établis tant sur la
rive gauche du Mékong et dans les îles du
fleuve, que dans les provinces de Battambang
et de Sien-Reap et dans un rayon de vingt-
cinq kilomètres sur la rive droite du Mé-
kong.
Les incidents, d'après le « Times »
Londres, 2 octobre. — Le Times se fait
adresser de Bangkok, sur la signature de
la convention franco-siamoise, les dépê-
ches suivantes que nous donnons dans
leur texte intégral :
10 h. 30. — L'article du projet français du
traité « lequel permettrait à la France le vol
illimité de terrains dans la zone de la rive
droite du Mékong » a été retiré.
Un article nouveau remplace celui qui avait
rapport aux agences françaises et aux conces-
sions gratuites de terrains et demande sim-
plement des facilités pour l'exécution de tra-
vaux relatifs à la navigation.
« La convention annexe du traité semble
avoir été élaborée pour être réjetée, les ter-
mes de cette convention excédant ceu& de
l'ultimatum ou y étant contraires. »
L'article 6 déclare que la France continuera
à occuper Ghantaboun après l'exécution de la
convention jusqu'à l'évacuation et la pacifica-
tion de la rive gauche du Mékong et de la zone
réservée.
Les Siamois ont déjà évacué pacifiquement
la rive gauche. « Les Français devraient donc
évacuer Ghantaboun ; mais ils s'y fortifient. »
10 h. 50. —L'Aspic est en train d'appareiller.
La décision du Siam est encore iuconnue.
Il paraît que M. Le Myre de Vilers a re-
noncé à l'article qui demandait que l'on ex-
pulsât ou que l'on traitât en criminels les offi-
ciers danois.
Un c oiseur américain est arrivé au large
de la barre.
5 h. 29. — « Sous la pression extrême de
l'envoyé françafs, « le Siam accepte le traité
et la convention. Celle-ci est précédée de la
déclaration que ladite convention règle défi-
nitivemant toutes les stipulations de l'ulti-
matum.
Le procès-verbal réitère les déclarations de
M. Le Myre de Vilers, à savoir que la France
évacuera Chantaboun aussitôt que possible à
cause des frais d occupation incombant au
Siam.
Parmi les motifs qui ont décidé le Siam à
accepter cette convention on signale l'aban-
don habile, par M. Le Myre de Vilers, de la
clause sacrifiant les officiers danois, que le
roi déclarait ne vouloir accepter sous aucun
prétexte.
Succès de la France
Ce traité et la convention qui l'accom-
pagne ne sont, à quelques différences in-
signifiantes près, que la reproduction pure
et simple de l'ultimatum et des garanties
complémentaires stipulées parle ministre
des affaires étrangères.
La volonté et les droits de la France pré-
valent sur tous les points et la mauvaise
foi britannique elle même est obligée de
s'incliner devant la parfaite correction
avec laquelle, quoi qu'en eussent dit les
journaux anglais, notre diplomatie s'est
renfermée dans les limites qu'elle avait
tracées elle-même dès le début des négo-
ciations et a résisté à la tentation facile
d'imposer au Siam des exigences nouvel-
les et plus lourdes.
Il reste maintenant à veiller à l'exécu-
tion des conditions acceptées par le Siam,
et à triompher des obstacles que la dupli-
cité asiatique ne manquera pas d'y appor-
ter, avec le concours des suggestions et
ter, l'influence anglaise.
Ce ne sera pas lit la partie la moins dé-
licate de la tâche de nos représentants à
Bangkok et on peut dire, tout en se féli-
citant d une solution qui termine heureu-
sement la période aiguë du conflit franco-
siamois, que l'ère des difficultés n'est pas
encore finie.
ENCORE LUI !
M. Zola, c'est la paix
M. Zola continue le cours de ses boni-
ments.
Après s'être couvert de gloire dans le
double rôle de phénomène et de Barnum,
l'un présentant l'autre, le « représentant
de toute la littérature française. » vient
de s'essayer dans l'emploi d'oracle poli-
tique.
Du premier coup d'aile, il s'est élevé à
des hauteurs inconnues jusqu'ici.
M. Zola ne croit pas à la guerre et il a
d'excellentes raisons pour cela.
D'abord, M. Carnot et ses successeurs
probables, MM. Casimir Perier ou Challe-
mel-Lacour — on voit que l'oracle opire
aussi pour la politique intérieure — sont
gens d'humeur pacifique. Le pays et le
ministère ne sont pas moins fermement
attachés à la paix.
Mais ce ne serait là encore évidemment
que des garanties insuffisantes.
Heureusement, aux dispositions pacifi-
ques du pays, du cabinet et du président
de la République, viennent s'ajouter celles
de M. Zola lui-même.
C'est lui qui le déclare en propres ter-
mes : « Nous ne voulons pas la guerre, ni
moi, ni les ministres, ni le peuple ».
L'Europe peut dormir tranquille.
Napoléon III disait: l'empire, c'est la
paix!
On sait ce qu'il en a été. -.
Mais il n'en sera pas de même aujour-
d'hui que M. Zola en personne reprend à
son compte cette parole ravssurante ; Zola,
c'est la paix 1
Oui, mais s'il venait à mourir !
UN SYMPTOME
La liste civile en Italie
Aprè» avoir constaté le déplorable état
des finances italiennes englouties dans-le
gouffre de la Triplice, le Secolo de Milan
ajoute :
- Dans une aussi cruelle extrémité, il peut
être utile et édifiant de comparer la liste ci-
vile anglaise à l'italienne afin que, dans l'es-
prit public surgisse la conviction qu'une cer-
taine réduction est nécessaire et nonnête, et
qu'une campagne commence pour y arriver.
Les Anglais paient pour la liste civile et les
apanages 40,000 francs par chaque million
d'habitants. Nous, Italiens, nous payons
500,000 francs par million d'habitants. C'est-à-
dire que la charge pour les Anglais est à la
charge des Italiens comme 40 est à 500.
Comme c'est instructif, les chiffres !
Quand de pareilles comparaisons se pu-
blient avec de pareils commentaires, les
temps commencent à se faire durs et les
événements menaçants pour les dynas-
ties. -
LES TRIPOTS
L'affaire Schwob-Bertrand
Nous faisions remarquer, il y a quelques
jours, avec quel mystère était conduite
l'instruction de l'affaire des tripots Schwob-
Bertrand; pas la plus petite indiscrétion;
pourtant on a dû faire de bien curieuses
découvertes.
Nous avons aujourd'hui l'explication : il
paraît que les tenanciers des diverses
maisons de jeu, et notamment les propres
frères de Charles Bertrand, exercent une
vive pression sur celui-ci pour qu'il retire
la plainte qu'il a portée contre Schwob,
plainte qui a attiré l'attention publique
sur les agissements du Betting en parti-.
culier et des autres tripots, en général.
Une réunion des intéressés a eu lieu
hier, rue de Provence. On craint des ré-
vélations qui pourraient être faites à l'au-
dience, révélations à la suite desquelles
la préfecture, bon gré mal gré, se verrait
obligée de fermer la plupart des maisons
tte jeu
FRANC-MAÇONNERIE
NOUVEAU PROGRAMME D'ÉTUDES
MAÇONNIQUES
* Création d'un « bulletin maçonniqie ».
- Réponse aux calomnies. — Indi-
cation du convent. — Le socia-
lisme pratique.-A l'avant-
garde
A partir d'aujourd'hui, la Lanterne pu-
fa iera régulièrement, sous la rubrique :
Bulletin maçonnique, un exposé sommaire
des travaux les plus importants dans l'or-
dre économique, social et philosophique,
qui s'effectuent dans les ateliers des di-
verses obédiences reconnues.
La franc-maçonnerie doit toujours res-
ter une société fermée et dont l'accès
n'est ouvert qu'aux hommes qui en sont
dignes par la correction de leur vie publi-
que et privée et par la fermeté de leurs
principes, mais il n'y a plus de raison au-
jourd'hui pour qu'elle travaille dans le
mystère et dans le secret, comme elle a
dû le faire sous les gouvernements d'au-
torité et de réaction qui ont précédé la
République.
La meilleure réponse que la franc-ma-
çonnerie puisse faire aux calomnies de
ses adversaires est précisément de mon-
trer à 1 opinion publique quelles sont ses
véritables tendances, quel est son but, et
surtout quel est son esprit.
C'est uu fond de nos loges, au siècle
dernier, qu'est sortie l'admirable trilogie :
Liberté, Egalité, Fraternité qui est deve-
nue la devise même de la démocratie ré-
publicaine. C'est dans nos ateliers qu'ont
été tout d'abord préparés, étudiés et, pour
ainsi dire, mis au point le projet relatif
à renseignement obligatoire et laïque,
ainsi que celui du service militaire obli-
gatoire pour tous.
Les questions sociales
A l'heure présente, c'est sur le terrain
des questions sociales que la franc-maçon-
nerie doit surtout porter son activité la-
borieuse; sa méthode et son esprit d'ub-
servation.
Autrefois, dans la dernière période de
l'Empire et pendant les premiers temps
de la République de 1870, elle s'est appli-
quée sans relâche ni trêve à tenter d'ar-
racher au pouvoir les libertés qu'il refu-
sait de donner au pays.
Mais à des temps nouveaux il faut une
tâche nouvelle. Celle de l'époque actuelle
est d'autant plus délicate qu'elle est une
tâche d'organisation et, si l'on veut, d'é.
quilibreinent des éléments si divers et si
complexes de la société.
Au convent dernier, le Grand-Orient de
France a franchement indiqué la voie
dans laquelle il entendait marcher. Le
programme d'études que les loges fran-
çaises auront à étudier a un caractère de
socialisme pratique qui frappera, dans
le monde des travailleurs, tous les esprits
qui ne sont pas aveuglés par le parti
pris.
La propriété
La question même de la forme de la pro-
priété n'a point effrayé l'assemblée géné-
rale du Grand-Orient et les loges sont,
dès maintenant, invitées à aborder, dans
leurs travaux, le problème si épineux de
la propriété collective et la propriété in-
dividuelle.
On dira peut-être encore dans le monde
des énergumènes du socialisme chétien
que les francs-maçons sont des bourgeois
égoïstes, mais peu importe. L'essentiel,
c'est que les ouvriers indépendants et non
cléricaux soient convaincus que la maçon-
nerie n'est ni bourgeoise, ni égoïste et
qu'elle est résolue de marcher à l'avant.
garde du socialisme comme elle a tou-
jours marché au premier rang de la
Libre-Pensée.
Après avoir chassé, de notre démocra-
tie, l'ignorançe qui est la misère de l'es-
prit, elle s'efforce maintenant de détruire
a misère du corps en réformant les insti-
tutions sociales dans un sens conforme
aux lois de la justice et de l'égalité.
Notre bulletin
Voilà ce qu'il est nécessaire que le pu-
blic sache bien ; c'eit pourquoi la Lan-
terne se propose de l'insiruire sur ce point,
tout en se renfermant, bien entendu, et
très strictement, dans les limites de la
discrétion maçonnique la plus étroite.
Nous publierons les ordres du jour des
tenues les plus intéressantes ; mais nous
ne donnerons jamais les noms dès candi-
dats à l'initiation.
Nous insérerons le compte rendu des
grandes fêtes blanches qui sont, pour
l'ordre maçonnique, un élément si fécond
de propagande; en un mot, nous aiderons
de notre mieux au triomphe des principes
maçonniques, qui ne sont autre chose que
les principes mêmes de la République.
Les vénérables ou les secrétaires qui
nous enverront leurs convocations sont
priés de nous les faire parvenir quarante-
huit heures avant la réunion.
Enfin, la Lanterne se fera un devoir de
répondre à toutes les correspondances
d'ordre maçonnique qui auront un carac-
tère vraiment sérieux.
CONVOCATIOM
Ce soir mardi, à huit heures et demie, tenue
solennelle de la L,'. la Fédération universelle,
41, avenue de la Bourdonnais.
Ordre du jour : Initiation. — Compte-rendu
du Convent par le vén.-. délégué.
A MADAGASCAR
La mort de l'explorateur Muller
Nous avons annoncé hier la mort de
l'explorateur Muller. Voici, d'après les
journaux de la Réunion, quelques détails
sur les circonstances dans lesquelles il a
été assassiné :
M. Muller se trouvait sur le territoire
de la fameuse concession accordée à King.
don, à l'ouest de Manddintsara.
Il marchait dans les hautes herbes à
une assez grande distance en avant de sa
suite, lorsque tout à coup des détonations
retentirent autour de lui aussitôt il se
trouva en présence d'une bande de Faha-
valos, tous armés de sagaies et de fusils,,
qui tiraient, affirment deux de ses por-
teurs, comme des forcenés.
Une balle l'atteignit à rabdomen, Il al-
lait tomber, lorsque, se sentant encore
assez de ., force; il épaula sa carabine et
fit feu sur les assaillants, dont deux tomJ
bèrent mortellement frappés.
Mais le cercle, autour de lui, se resser-
rant, il fut littéralement criblé de coups
de sagaies, et succomba. Aussitôt sa tête
fut coupée, et pendant que la plupart de
ses porteurs et sa suite étaient massacrés
comme lui, on faisait main basse sur tous
ses effets.
En dépit de toutes les recherches, la
tête du malheureux explorateur n'a pu
être retrouvée. Son corps a été transporté
a Tananarive, où l'inhumation doit avoir
lieu par les soins de la résidence géné-
rale.
EN SERBIE
Arrestation d'un Français
On télégraphie de Palanka :
Le 15 septembre dernier, deux négo-
ciants dont un Français MM. Legendre et
Christitch qui voyageaient pour leurs
affaires, étaient arbitrairement arrêtés à
Palanka.
Introduits violemment dans une voiture
et accompagnés d'un homme en armes.
ils furent conduits, malgré leurs protes-
tations, à Mégotin, chef lieu du départe-
ment.
MM. Legendre et Christitch sont de-
imeurés pendant trois jours à Négocia, en
liberté relative, avec défense de quitter
a ville, et njont recouvré leur entiere li-
berté que sur l'intervention du ministre,
de France à Belgrade, qui, sur la plainte
télégraphiée par M. Legendre, s'était oc,
cupé très activement de cette affaire.
A leur retour à Palanka, les deux né-
gociants ont été mis en demeure par le
masrc de payer les frais de leur transport
forcé à Negutin; ils s'y sont refusés.
Le maire les a alors assignés, bien que
ce fût un dimanche, à comparaître immé-
diatement devant lui, et comme MM. Le-
gen Jre et Christich n'ont comparu que le
lendemain, ils se sont vu condamner à dix
jours de prison pour ce seul retard.
Inutile d'ajouter que les deux négo-
ciants protestent énergiquement et font
appel de ce singulier jugement.
LES AFFAIRES D'ANDORRE
Tranquillité des habitants .;,
Perpignan. 2 octobre. — Le viguier frra~aMÉfe
çais en Andorre vient de télégraphier
préfet de Perpignan que, malgré les 0011'"
seils de l'évêque d'Urgel, les populations
andorranes sont tranquilles et décidées à
respecter la ligne télégraphique construite
par la Francè.
Des troubles ne sont pas à craindre.
L'excellent évêque de la Seo d'Urgel en
sera pour ses frais de déclaration da
guerre.
LES FETES FRAHCfrRUSSES
Le Comité de la Presse chez M. Carnot
Le président de la République a reçu
hier matin, à onze heures, le bureau du
Comité exécutif de la Presse pour les
fêtes franco-russes : MM. Raoul Canivet,
président du Comité; MM. Gaston Cal-
mettes Figaro, Edouard Hervé Soleil, Eu-
gène Mayer Lanterne, Arthur Meyer Gau-
lois, Valentin Simond Echo de Paris, Fer-
nand Xau Journal, vice-présidents; M.
Georges Rouy, trésorier, etMM. Raymond
Cavalié Gaulois, et Alfred Delilia Paris,,
secrétaires.
M. Carnot a félicité le Comité du pro-
gramme des fêtes qu'il a conçu ; il lui a
donné son entière approbation, ajoutant
que ces fêtes laisseraient dans l'esprit
des marins russes un souvenir ineffaça-
ble.
Le président de la République a ter-
miné en assurant au Comité qu il se ferait
un plaisir d'assister à la représentation
de gala à l'Opéra.
Un télégramme du tsar
L'ambassadeur de Russie a rendu visite
au président du Conseil.
M. de Mohrenheim venait donner lec-
ture à M. Dupuy d'un télégramme par le-
quel l'empereur de Russie le chargeait de
faire savoir combien il était touche et sin*
cèreinent reconnaissant des témoignages
de sympathie dont l'expression lui avait
été adressée par le président de la Répu-
blique et par le gouvernement français à
l'occasion du naufrage de la Roussalka.
Agents provocateurs
Bruxelles, 2 octobre. — Suivant des ren-
seignements parvenus de différents côtés,
on a acquis ici la conviction qu'un certain
nombre d'agents provocateurs se trouve-
raient bientôt à Toulon et à Paris, dans
le but d'essayer d'exciter les manifesta-
tions exagérées d'un chauvinisme irréflé-
chi et de créer des incidents qu'exploite-
raient ensuite les journaux de la Triple
alliance.
Les Sociétés musicales
La commission du groupement des So-
ciétés musicales de la Seine a eu samedi
sa deuxième entrevue avec le Comité de
la Presse, chargé de l'organisation des
fêtes données en l'honneur de la réception
des marins russes.
Il a été décidé qu'une haie sera formée
par toutes les Sociétés sur le parcours que
traverseront les officiers russes le di-
manche 22 octobre, pour se rendre du
ministère de la guerre au palais des Ma-
chines et que tous les points de détails de
cette manifestation seront réglés définiti-
vement, de concert avec la commission,
le mercredi 4 octobre.
Pour obtenir l'effet grandiose d'ensem-
ble que devra avoir cette manifestation,
la commission fait appel à toutes les So-
ciétés qui n'ont pas encore envoyé leur
adhésion et de l'adresser sans retard au
secrétaire de la commission M. G. Frédé-
ric, 55, rue de Seine, Paris.
Les vétérans
La société « Les Vétérans des armées de
terre,et de mer 1870-1871 » s'est réunie hier en
assemblée générale extraordinaire au conser-
vatoire des Arts-et-Métiers,
Elle a décidé à l'unanimité des membres
présents d'offrir au chef de l'escadre russe un
objet d'art « Patrie » du groupe du général ;
Ghanzy au Mans, par notre grand artiste
Croisy. Sur le socle seront gravées les armee
«t ht devise de la société : a Oublier. Jfc-
mai,s t.
.ADMINISTRATION, RÉDACTION ET ANNONCES
A PARIS -
18 — Rue Bicher — 18
Les articles non insérés ne seront pas rendus
ABONNEMENTS
PARIS
UN MOIS. 2 FR.
TROIS MOIS. 5 FR.
SIX MOIS 9 FR.
UN AN. 18 FR.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
PARIS ET DÉPARTEMENTS
Le Numéro : 5 centimes
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS
UN MOIS 2 FR.
TROIS MOIS 6 FR.
SIX MOIS. 11 FR.
UN AN. 20 FR.
DIX-SEPTIÈME ANNÉE - NUMÉRO 6010
a MERCREDI 4 OCTOBRE 1893 ~S~
8 14 VENDÉMIAIRE — AN 102 0
DANS QUELQUES JOURS
La Lanterne
COMMENCERA LA PUBLICATION
D'UN
NOUVEAU GRAND ROMAN
i
FANTAISIES TUDESQUES
M. de Cassagnac n'est pas et n'a ja-
mais été royaliste, bien qu'il ait quel-
quefois travaillé pour le roi de Prusse
;en travaillant pour le comte de Paris.
Mais, tout en demeurant plébiscitaire
au fond de l'âme, M. de Cassagnac, au-
jourd'hui, se résignerait à la restaura-
tion de la monarchie en la personne de
Philippe VII. Même il se résigne sans
douleur, avec empressement, voire avec
enthousiasme. M. le comte de Paris lui
plaît étant homme « à ne reculer de-
vant rien n, pas même devant la dé-
pense, comme s'il n'appartenait pas à
la famille d'Orléans. Bref, si nous vou-
lons en croire M. de Cassagnac — qui
n'est point royaliste — la royauté de
M. le comte de Paris est le seul espoir
de la France.
Il paraît, si nous en croyons M. de
Cassagnac, que le comte de Paris est
vraiment un prince, un très grand
grince, un homme très supérieur et
même tout-à-fait providentiel, que M. de
Cassagnac recevrait « à genoux » bien
qu'il ne soit pas royaliste.
Cette déclaration n'a rien de flatteur
pour ce pauvre prince Victor qui, pa-
raît-il, n'est point providentiel, ni même
supérieur et ne figure même pas pour
mémoire dans les espérances de M. de
Gassagnac ; bien que, juste le jour où
M. de Cassagnac lève des mains sup-
pliantes vers le comte de Paris, le Fi-
garo constate la proche parenté de ce
pauvre Victor avec le dernier Roy légi-
time de France. Il est vrai que cette
parenté vient par les femmes et que la
loi salique est encore en vigueur au
dire des royalistes.
v Mais il y a une cause à la conver-
sion de M. de Cassagnac — qui cepen-
dant demeure plébiscitaire tout en adop-
tant le roi Philippe VII. Cette cause
C'est « l'amitié que témoigne le tsar au
comte de Paris ». Ça, paraît-il, c'est dé-
eisif.
- A première vue, on ne comprend pas
très bien comment l'amitié du tsar suf-
firait à faire monter le comte de Paris
sur un trône que la France ne paraît
pas très disposée à rétablir. Sans
doute, le tsar Alexandre, en 1814, a
beaucoup aidé à faire Louis XVIII roi
(le France. Mais ce n'est pa$, évidem-
ment, par le même procédé que lé comte
de Paris pourrait être intronisé.
La solution de ce problème, fort dif-
ficile pour des Français, paraît, cepen-
dant, toute simple aux imaginations
allemandes et M. de Cassagnac est,
là-dessus, en parfaite communion d'i-
lj-éesavec les journaux de Vienne et de
perlin.
On lit, par exemple dans, le Wiener
Tagblatt :
On nous mande de Berlin :
a La sympathie particulière que le tsar té-
moigne à la famille d'Orléans, et qui vient de
se manifester à nouveau d'une manière si re-
marquée, n'a pas de quoi surprendre les cer-
cles bien informés de la capitale allemande.
» Un grand dignitaire russe, qui a passé ré-
cemment à Berlin et qui a été en contact
avec les hautes sphères berlinoises, a déclaré
sans ambages que le tsar ne ferait jamais,
comme allié de la France, la guerre à l'Alle-
magne.
» Si, en cas de guerre avec cette puissance,
la France venait à réclamer l'aide du tsar,
celui-ci exigerait, comme condition sine qua
non de son appui, des concessions de la Ré-
publique envers la famille d'Orléans. »
L'idée n'est-elle pas charmante et
digne en tous points d'un cerveau tu-
desque? Ces bons Allemands ont, vrai-
ment, une conception remarquablement
haute de la loyauté, de la convenance,
du sens politique et même du sens mo-
ral des souverains. Le tsar, à coup sûr,
ne peut manquer d'être flatté qu'on lui
attribue des projets d'une semblable
délicatesse.
Mais si nous convenons que ces belles
imaginations paraissent toutes natu-
relles à des reptiles berlinois, nous
avons peine à croire qu'elles aient pu
convenir à Miee Cassagnac. M. de Cas-
sagnac qui, demeure bonapartiste, de-
vrait avoir peu de goût pour les souve-
rains « revenus dans les fourgons de
l'étranger » comme en 1815. Et puis,
quel est l'esprit assez prévenu pour
croire que, même dans une nécessité
pressante,, la France pût avoir la fai-
blesse de permettre à un allié de s'im.
miscer dans ses affaires intérieures?
Mais l'esprit de parti comme le
comte de Paris — ne recule devant
rien. L'invraisemblance, les impossibi-
lités ne l'arrêtent pas ; encore moins
l'honneur et la dignité de la France.
Heureusement que la France n'est
point telle que M. de Cassagnac veut
bien se la représenter. Certes l'alliance
russe lui peut être précieuse. Mais
cette alliance ne peut être basée que
sur une égalité parfaite et sur une par-
faite réciprocité. Les deux nations
échangent une égale amitié, se ren-
dent un égal service et chacune d'elles
respecte les droits et la dignité de
l'autre.
Oui certes, la France tient à la paix
et à l'alliance russe qni est une garan-
tie de la paix. Mais il ne faudrait pas
croire qu'elle ne tienne pas, autant
qu'à son existence même, à son hon-
neur et à sa dignité. La France est pa-
cifique, mais sans peur et sans fai-
blesse.
Par le temps qui court, il est bon de
le rappeler.
UNE APPRECIATION MALHEUREUSE
L'incartade du général de Cools
On sait avec quel empressement les ré-
servistes de tout âge et de tout grade sa-
tisfont aux obligations que leur impose la
loi militaire, quelque gêne qu'ils doivent
en éprouver.
Cette constatation, consolante pour
notre patriotisme qui voit dans ce dévoue-
ment une garantie précieuse pour la sécu-
rité du pays, tous les ministres de la
guerre qui se sont succédé depuis que
notre nouvelle organisation militaire a
commencée à fonctionner, se sont plu à
la faire.
Pas une période d'exercices ou de gran-
des manœuvres ne prend fin sans que les
chefs qui ont vu à l'œuvre ces troupes
qu on pourrait croire improvisées ne ren-
dent nommage à leur entrain, à leur
bonne volonté, à leur belle allure sur le
terrain.
Il vient de se trouver un général, et non
des moindres puisqu'il est inspecteur d'ar-
mée et membre du Conseil supérieur de
la guerre, pour s'inscrire publiquement en
faux contre ces appréciations, tout au
moins en ce qui concerne les officiers de
réserve.
Voici, en effet, au dire d'un journal
militaire, l'Armée territoriale, les paroles
qu'aurait prononcées le général de Cools
à l'issue des manœuvres du 5e corps :
J'ai constaté, au cours des manoeuvres, l'in-
suffisance complète des officiers de réserve.
Aussi conviendrait-il d'étudier une combinai-
son permettant de remplacer, à la tête des sec-
tions, ces semi-bourgeois qui ne se font nom-
mer officiers que pour porter le costume et ne
rien faire, par des sous-oitlciers de choix qui
passeraient adjudants de réserve 1000s de leur
libération, de vrais fils du peuple ceux-là, ex-
périmentés, habitués au commandement et
qui encadreront solidement leurs hommes
pendant qu'on laissera les lieutenants et sous-
lieutenants de réseroe dans les dépôts.
Il est probable, il est assez naturel que
les offieiers de réserve, dont la plupart
n'ont au maximum que trois années de
service, n'apportent pas dans les manœu-
vres le même degré de préparation et
d'expérience que leurs collègues de l'ar-
mée active, rompus ,au métier par un en-
traînement de tous les jours. Ce n'est pas
une raison pour les accabler sous la cons-
tatation d'une infériorité qui ne provient
ni d'un défaut de zèle, ni d'un défaut de
bonne volonté.
Ce n'est pas surtout une raison pour éta-
blir publiquement, officiellement entre
eux et les camarades à côté desquels ils
sont appelés à combattre plus tard, une
distinction caractérisée par un qualifi-
catif à dessein méprisant.
Ce n'est pas ainsi qu'on préparera l'ac-
cord de tous les cœurs et de toutes les vo-
lontés, si nécessaire au jour du danger, et
le général de Cools, en tenant ce langage,
a manqué au premier devoir d'un chef,
qui consiste à inspirer à ses subordonnés
confiance en eux-mêmes et en leurs offi-
ciers.
Aussi l'opinion publique en est-elle dou-
loureusement émue. Elle admettrait dif-
ficilement qu'une attitude aussi fâcheuse,
beaucoup plus grave au point de vue de la
discipline et des intérêts généraux du
pays et de l'armée que l'incartade du ser-
gent Huss, restât impunie.
Nous ne demandons pas cinq ans de
travaux publics pour le général de Cools ;
mais le moins que le ministre de la guerre
doive à la natiun et aux braves gens qui
viennent de subir cette injure publique et
gratuite, c'est d'enlever à ce chef mala-
droit, brutal et injuste les hautes fonc-
tions dont il vient de faire un attus indigne
et révoltant.
INFORMATIONS
Pas de cumul
M. Gaussorgues, député du Vigan, a adressé
au préfet sa démission de conseiller général
du canton de Sommières.
Cette décision est la suite d'un vœu émis
dans le congrès qui avait patronné sa candi-
dature aux dernières élections législatives.
M. Gaussorgues était vice-président du Con-
seil général du Var.
Tous les cumulards devraient bien suivre
l'exemple de M. Gaussorgues et tous les co-
mités électoraux devraient bien imposer aux
candidats l'obligation de ne remplir qu'un
mandat. Les affaires publiques seraient bien
mieux gérées.
Maladie de M. Albert Grévy
Mont-sous-Vaudrey, 2 octobre. — M. Albert
Grévy, sénateur inamovible, est malade depuis
quelques jours et son état inspire des inquié-
tudes à sa famille.
Les chefs de gare
Sur la demande du ministre des travaux
publics, M. Terrier, ministre du commerce, a
pris la décision suivante :
Les chefs de gare sont autorisés a corres-
pondre en franchise par la voie télégraphique
avec le procureur de la République de leur
arrondissement pour l'aviser de tentatives
criminelles commises sur les chemins de fer.
TRAITE AVEC LE Slftld
FIN DU CONFLIT FRANCO-SIAMOIS
Signature du traité et de la conven-
tion.- Les clauses de l'ultimatum
et les garanties complémen-
taires. — M. Le Myre de
Vilers. —L'exécution du
traité.
Un télégramme de M. Le Myre de Vi-
lers, parvenu cette nuit au ministère des
affaires étrangères, annonce l'heureuse
issue des négociations que notre efivoyé
extraordinaire poursuivait depuis quel-
ques semaines avec le gouvernement du
Siam.
Hier, 1er octobre, ont été signés, par les
plénipotentiaires français e, siamois, un
traité et une convention sanctionnant les
clauses de l'ultimatum et les garanties
complémentaires telles que le Siam les
avait déjà acceptées, et en réglant exé-
cution.
Les parties contractantes y prévoient
l'établissement prochain d'un régime doua-
nier plus favorable aux relations commer-
ciales entre nos possessions et les terri-
toires limitrophes. -
Le gouvernement siamois s'engage à
assurer toutes les facilités nécessaires aux
travaux que la navigation du Mékong ren-
drait nécessaires sur la rive droite du
fleuve. -
La France continuera à occuper Chan-
taboum jusqu'à la complète exécution des
stipulations et notamment jusqu'à l'éva-
cuation pacifique de la rive gauche du
Mékong par les Siamois.
Les avantages résultant de ce traité
donnent complète satisfaction aux récla-
mations qu'avait formulées le gouverne-
ment franç .is.
Voici le texte du traité franco-siamois:
Le traité
Article premier. — Le gouvernement sia-
mois renonce à toute prétention sur l'ensem-
ble des territoires de la rive gauche du Mé-
kong et sur les îles du fleuve.
Art. 2. - Le gouvernement siamois s'in-
terdit d'entretenir ou de faire circuler des
embarcations ou bâtiments armés sur les
eaux du Grand Lac, du Mékong et de leurs
affluents situés dans les territoires visés à
l'article suivant.
Art. 3. — Le gouvernement siamois ne
construira aucun poste fortifié ou établisse-
ment militaire dans les provinces de Battam-
bang et de Sien-Reap et dans un rayon de
vingt-cinq kilomètres sur la rive droite du
Mékong.
Art. 4. — Dans les zones visées par l'arti-
cle 3, la police sera exercée selon l'usage par
les autorités locales avec les contingents
strictement nécessaires. Il n'y sera entretenu
aucune force armée régulière ou irrégulière.
Art. b. - Le gouvernement siamois s engage
à ouvrir dans le délai de six mois des négo-
ciations avec le gouvernement français en
vue du règlement du régime douanier etcom-
mercial des territoires visés à l'article 3 et
de la revision du traité de 1856. Jusqu'à la
conclusion de cet accord, il ne sera pas établi
de droit de douane dans la zone visée par
l'article 3. La réciprocité continuera à être
accordée par le gouvernement français aux
produits de ladite zone.
Art. 6. — Le développement de la naviga-
tion du Mékong pouvant rendre nécessaires
sur la rive droite certains travaux ou l'éta-
blissement de relais de batellerie et de dépôts
de bois et de charbon, le gouvernement sia-
mois s'engage à donner, sur la demande du
gouvernement français, toutes les facilités né-
cessaires à cet effet.
Art. 7. — Les citoyens, sujets ou ressortis-
sants français, pourront librement circuler,
commencer dans les territoires visés à l'arti-
cle 3, munis d'une passe délivrée par les au-
torités françaises. La réciprocité sera accor-
dée aux habitants desdites zones.
Art. 8. — Le gouvernement français se ré-
Art. d'ét iblir des consulats où il le jugera
serve
convenable dans l'intérêt de ses citoyens, su-
jets ou ressortissants et nota ninent à Korab
et à Nuang-Nam. Le gouvernement siamois
concédera les terrains nécessaires pour l'ins-
tallation des dits consulats.
Art. 9. — En cas de difficultés, le texte fran-
çais fer,} seul foi.
Art. 10. — Le présent traité devra être rati-
fié dans un délai de quatre mois à partir du
jour de la signature.
La convention
Les postes militaires siamois établis sur la
rive gauche du Mékong et dans les îles du
fleuve devront être évacués dans le délai d'un
mois à dater de la signature de la présente
convention. Ceux situés dans les provinces
d'Angkor et de Battambang et sur la rive
droite du fleuve dans un rayon, de vingt-cinq
kilomètres, devront être évacués à la même
époque et les fortifications rasées. -.
Les auteurs des attentats de Tong Xît ig
Khan et de Kammon seront jugés par les au"
torités siamoises. Un représentant de la France
assistera au jugement et veillera à l'exécu-
tion des peines prononcées.
Lé gouvernement français s 3 réserve le droit
d'apprécier si les condamnations sont suffi-
santes et le cas échéant de réclamer un juge-
ment devant un tribunal mixte dont il fixera
la composition.
Le gouvernement siamois devra remettre à
la disposition du ministre de France à Bang-
kok ou des autorités françaises do la frontière
tous les sujets français, annamites, cambod-
giens, laotiens de la rive gauche détenus à
un titre quelconque ; il ne mettra aucun obs-
tacle au retour sur la rive gauche, des an-
ciens habitants de cette région.
Le Ban-Bien de Tong-Xieng-Khan et sa
suite seront amenés par un délégué du mi-
nistre des affaires étrangères à la délégation
de France, ainsi que les armes et le pavillon
français saisis par les autorités siamoises.
Le gouvernement français continuera à oc-
cuper Chantaboun jusqu'à l'exécution des sti-
pulations de la présente convention et notam-
ment jusqu'à la complète et pacifique évacua-
tion des postes siamois établis tant sur la
rive gauche du Mékong et dans les îles du
fleuve, que dans les provinces de Battambang
et de Sien-Reap et dans un rayon de vingt-
cinq kilomètres sur la rive droite du Mé-
kong.
Les incidents, d'après le « Times »
Londres, 2 octobre. — Le Times se fait
adresser de Bangkok, sur la signature de
la convention franco-siamoise, les dépê-
ches suivantes que nous donnons dans
leur texte intégral :
10 h. 30. — L'article du projet français du
traité « lequel permettrait à la France le vol
illimité de terrains dans la zone de la rive
droite du Mékong » a été retiré.
Un article nouveau remplace celui qui avait
rapport aux agences françaises et aux conces-
sions gratuites de terrains et demande sim-
plement des facilités pour l'exécution de tra-
vaux relatifs à la navigation.
« La convention annexe du traité semble
avoir été élaborée pour être réjetée, les ter-
mes de cette convention excédant ceu& de
l'ultimatum ou y étant contraires. »
L'article 6 déclare que la France continuera
à occuper Ghantaboun après l'exécution de la
convention jusqu'à l'évacuation et la pacifica-
tion de la rive gauche du Mékong et de la zone
réservée.
Les Siamois ont déjà évacué pacifiquement
la rive gauche. « Les Français devraient donc
évacuer Ghantaboun ; mais ils s'y fortifient. »
10 h. 50. —L'Aspic est en train d'appareiller.
La décision du Siam est encore iuconnue.
Il paraît que M. Le Myre de Vilers a re-
noncé à l'article qui demandait que l'on ex-
pulsât ou que l'on traitât en criminels les offi-
ciers danois.
Un c oiseur américain est arrivé au large
de la barre.
5 h. 29. — « Sous la pression extrême de
l'envoyé françafs, « le Siam accepte le traité
et la convention. Celle-ci est précédée de la
déclaration que ladite convention règle défi-
nitivemant toutes les stipulations de l'ulti-
matum.
Le procès-verbal réitère les déclarations de
M. Le Myre de Vilers, à savoir que la France
évacuera Chantaboun aussitôt que possible à
cause des frais d occupation incombant au
Siam.
Parmi les motifs qui ont décidé le Siam à
accepter cette convention on signale l'aban-
don habile, par M. Le Myre de Vilers, de la
clause sacrifiant les officiers danois, que le
roi déclarait ne vouloir accepter sous aucun
prétexte.
Succès de la France
Ce traité et la convention qui l'accom-
pagne ne sont, à quelques différences in-
signifiantes près, que la reproduction pure
et simple de l'ultimatum et des garanties
complémentaires stipulées parle ministre
des affaires étrangères.
La volonté et les droits de la France pré-
valent sur tous les points et la mauvaise
foi britannique elle même est obligée de
s'incliner devant la parfaite correction
avec laquelle, quoi qu'en eussent dit les
journaux anglais, notre diplomatie s'est
renfermée dans les limites qu'elle avait
tracées elle-même dès le début des négo-
ciations et a résisté à la tentation facile
d'imposer au Siam des exigences nouvel-
les et plus lourdes.
Il reste maintenant à veiller à l'exécu-
tion des conditions acceptées par le Siam,
et à triompher des obstacles que la dupli-
cité asiatique ne manquera pas d'y appor-
ter, avec le concours des suggestions et
ter, l'influence anglaise.
Ce ne sera pas lit la partie la moins dé-
licate de la tâche de nos représentants à
Bangkok et on peut dire, tout en se féli-
citant d une solution qui termine heureu-
sement la période aiguë du conflit franco-
siamois, que l'ère des difficultés n'est pas
encore finie.
ENCORE LUI !
M. Zola, c'est la paix
M. Zola continue le cours de ses boni-
ments.
Après s'être couvert de gloire dans le
double rôle de phénomène et de Barnum,
l'un présentant l'autre, le « représentant
de toute la littérature française. » vient
de s'essayer dans l'emploi d'oracle poli-
tique.
Du premier coup d'aile, il s'est élevé à
des hauteurs inconnues jusqu'ici.
M. Zola ne croit pas à la guerre et il a
d'excellentes raisons pour cela.
D'abord, M. Carnot et ses successeurs
probables, MM. Casimir Perier ou Challe-
mel-Lacour — on voit que l'oracle opire
aussi pour la politique intérieure — sont
gens d'humeur pacifique. Le pays et le
ministère ne sont pas moins fermement
attachés à la paix.
Mais ce ne serait là encore évidemment
que des garanties insuffisantes.
Heureusement, aux dispositions pacifi-
ques du pays, du cabinet et du président
de la République, viennent s'ajouter celles
de M. Zola lui-même.
C'est lui qui le déclare en propres ter-
mes : « Nous ne voulons pas la guerre, ni
moi, ni les ministres, ni le peuple ».
L'Europe peut dormir tranquille.
Napoléon III disait: l'empire, c'est la
paix!
On sait ce qu'il en a été. -.
Mais il n'en sera pas de même aujour-
d'hui que M. Zola en personne reprend à
son compte cette parole ravssurante ; Zola,
c'est la paix 1
Oui, mais s'il venait à mourir !
UN SYMPTOME
La liste civile en Italie
Aprè» avoir constaté le déplorable état
des finances italiennes englouties dans-le
gouffre de la Triplice, le Secolo de Milan
ajoute :
- Dans une aussi cruelle extrémité, il peut
être utile et édifiant de comparer la liste ci-
vile anglaise à l'italienne afin que, dans l'es-
prit public surgisse la conviction qu'une cer-
taine réduction est nécessaire et nonnête, et
qu'une campagne commence pour y arriver.
Les Anglais paient pour la liste civile et les
apanages 40,000 francs par chaque million
d'habitants. Nous, Italiens, nous payons
500,000 francs par million d'habitants. C'est-à-
dire que la charge pour les Anglais est à la
charge des Italiens comme 40 est à 500.
Comme c'est instructif, les chiffres !
Quand de pareilles comparaisons se pu-
blient avec de pareils commentaires, les
temps commencent à se faire durs et les
événements menaçants pour les dynas-
ties. -
LES TRIPOTS
L'affaire Schwob-Bertrand
Nous faisions remarquer, il y a quelques
jours, avec quel mystère était conduite
l'instruction de l'affaire des tripots Schwob-
Bertrand; pas la plus petite indiscrétion;
pourtant on a dû faire de bien curieuses
découvertes.
Nous avons aujourd'hui l'explication : il
paraît que les tenanciers des diverses
maisons de jeu, et notamment les propres
frères de Charles Bertrand, exercent une
vive pression sur celui-ci pour qu'il retire
la plainte qu'il a portée contre Schwob,
plainte qui a attiré l'attention publique
sur les agissements du Betting en parti-.
culier et des autres tripots, en général.
Une réunion des intéressés a eu lieu
hier, rue de Provence. On craint des ré-
vélations qui pourraient être faites à l'au-
dience, révélations à la suite desquelles
la préfecture, bon gré mal gré, se verrait
obligée de fermer la plupart des maisons
tte jeu
FRANC-MAÇONNERIE
NOUVEAU PROGRAMME D'ÉTUDES
MAÇONNIQUES
* Création d'un « bulletin maçonniqie ».
- Réponse aux calomnies. — Indi-
cation du convent. — Le socia-
lisme pratique.-A l'avant-
garde
A partir d'aujourd'hui, la Lanterne pu-
fa iera régulièrement, sous la rubrique :
Bulletin maçonnique, un exposé sommaire
des travaux les plus importants dans l'or-
dre économique, social et philosophique,
qui s'effectuent dans les ateliers des di-
verses obédiences reconnues.
La franc-maçonnerie doit toujours res-
ter une société fermée et dont l'accès
n'est ouvert qu'aux hommes qui en sont
dignes par la correction de leur vie publi-
que et privée et par la fermeté de leurs
principes, mais il n'y a plus de raison au-
jourd'hui pour qu'elle travaille dans le
mystère et dans le secret, comme elle a
dû le faire sous les gouvernements d'au-
torité et de réaction qui ont précédé la
République.
La meilleure réponse que la franc-ma-
çonnerie puisse faire aux calomnies de
ses adversaires est précisément de mon-
trer à 1 opinion publique quelles sont ses
véritables tendances, quel est son but, et
surtout quel est son esprit.
C'est uu fond de nos loges, au siècle
dernier, qu'est sortie l'admirable trilogie :
Liberté, Egalité, Fraternité qui est deve-
nue la devise même de la démocratie ré-
publicaine. C'est dans nos ateliers qu'ont
été tout d'abord préparés, étudiés et, pour
ainsi dire, mis au point le projet relatif
à renseignement obligatoire et laïque,
ainsi que celui du service militaire obli-
gatoire pour tous.
Les questions sociales
A l'heure présente, c'est sur le terrain
des questions sociales que la franc-maçon-
nerie doit surtout porter son activité la-
borieuse; sa méthode et son esprit d'ub-
servation.
Autrefois, dans la dernière période de
l'Empire et pendant les premiers temps
de la République de 1870, elle s'est appli-
quée sans relâche ni trêve à tenter d'ar-
racher au pouvoir les libertés qu'il refu-
sait de donner au pays.
Mais à des temps nouveaux il faut une
tâche nouvelle. Celle de l'époque actuelle
est d'autant plus délicate qu'elle est une
tâche d'organisation et, si l'on veut, d'é.
quilibreinent des éléments si divers et si
complexes de la société.
Au convent dernier, le Grand-Orient de
France a franchement indiqué la voie
dans laquelle il entendait marcher. Le
programme d'études que les loges fran-
çaises auront à étudier a un caractère de
socialisme pratique qui frappera, dans
le monde des travailleurs, tous les esprits
qui ne sont pas aveuglés par le parti
pris.
La propriété
La question même de la forme de la pro-
priété n'a point effrayé l'assemblée géné-
rale du Grand-Orient et les loges sont,
dès maintenant, invitées à aborder, dans
leurs travaux, le problème si épineux de
la propriété collective et la propriété in-
dividuelle.
On dira peut-être encore dans le monde
des énergumènes du socialisme chétien
que les francs-maçons sont des bourgeois
égoïstes, mais peu importe. L'essentiel,
c'est que les ouvriers indépendants et non
cléricaux soient convaincus que la maçon-
nerie n'est ni bourgeoise, ni égoïste et
qu'elle est résolue de marcher à l'avant.
garde du socialisme comme elle a tou-
jours marché au premier rang de la
Libre-Pensée.
Après avoir chassé, de notre démocra-
tie, l'ignorançe qui est la misère de l'es-
prit, elle s'efforce maintenant de détruire
a misère du corps en réformant les insti-
tutions sociales dans un sens conforme
aux lois de la justice et de l'égalité.
Notre bulletin
Voilà ce qu'il est nécessaire que le pu-
blic sache bien ; c'eit pourquoi la Lan-
terne se propose de l'insiruire sur ce point,
tout en se renfermant, bien entendu, et
très strictement, dans les limites de la
discrétion maçonnique la plus étroite.
Nous publierons les ordres du jour des
tenues les plus intéressantes ; mais nous
ne donnerons jamais les noms dès candi-
dats à l'initiation.
Nous insérerons le compte rendu des
grandes fêtes blanches qui sont, pour
l'ordre maçonnique, un élément si fécond
de propagande; en un mot, nous aiderons
de notre mieux au triomphe des principes
maçonniques, qui ne sont autre chose que
les principes mêmes de la République.
Les vénérables ou les secrétaires qui
nous enverront leurs convocations sont
priés de nous les faire parvenir quarante-
huit heures avant la réunion.
Enfin, la Lanterne se fera un devoir de
répondre à toutes les correspondances
d'ordre maçonnique qui auront un carac-
tère vraiment sérieux.
CONVOCATIOM
Ce soir mardi, à huit heures et demie, tenue
solennelle de la L,'. la Fédération universelle,
41, avenue de la Bourdonnais.
Ordre du jour : Initiation. — Compte-rendu
du Convent par le vén.-. délégué.
A MADAGASCAR
La mort de l'explorateur Muller
Nous avons annoncé hier la mort de
l'explorateur Muller. Voici, d'après les
journaux de la Réunion, quelques détails
sur les circonstances dans lesquelles il a
été assassiné :
M. Muller se trouvait sur le territoire
de la fameuse concession accordée à King.
don, à l'ouest de Manddintsara.
Il marchait dans les hautes herbes à
une assez grande distance en avant de sa
suite, lorsque tout à coup des détonations
retentirent autour de lui aussitôt il se
trouva en présence d'une bande de Faha-
valos, tous armés de sagaies et de fusils,,
qui tiraient, affirment deux de ses por-
teurs, comme des forcenés.
Une balle l'atteignit à rabdomen, Il al-
lait tomber, lorsque, se sentant encore
assez de ., force; il épaula sa carabine et
fit feu sur les assaillants, dont deux tomJ
bèrent mortellement frappés.
Mais le cercle, autour de lui, se resser-
rant, il fut littéralement criblé de coups
de sagaies, et succomba. Aussitôt sa tête
fut coupée, et pendant que la plupart de
ses porteurs et sa suite étaient massacrés
comme lui, on faisait main basse sur tous
ses effets.
En dépit de toutes les recherches, la
tête du malheureux explorateur n'a pu
être retrouvée. Son corps a été transporté
a Tananarive, où l'inhumation doit avoir
lieu par les soins de la résidence géné-
rale.
EN SERBIE
Arrestation d'un Français
On télégraphie de Palanka :
Le 15 septembre dernier, deux négo-
ciants dont un Français MM. Legendre et
Christitch qui voyageaient pour leurs
affaires, étaient arbitrairement arrêtés à
Palanka.
Introduits violemment dans une voiture
et accompagnés d'un homme en armes.
ils furent conduits, malgré leurs protes-
tations, à Mégotin, chef lieu du départe-
ment.
MM. Legendre et Christitch sont de-
imeurés pendant trois jours à Négocia, en
liberté relative, avec défense de quitter
a ville, et njont recouvré leur entiere li-
berté que sur l'intervention du ministre,
de France à Belgrade, qui, sur la plainte
télégraphiée par M. Legendre, s'était oc,
cupé très activement de cette affaire.
A leur retour à Palanka, les deux né-
gociants ont été mis en demeure par le
masrc de payer les frais de leur transport
forcé à Negutin; ils s'y sont refusés.
Le maire les a alors assignés, bien que
ce fût un dimanche, à comparaître immé-
diatement devant lui, et comme MM. Le-
gen Jre et Christich n'ont comparu que le
lendemain, ils se sont vu condamner à dix
jours de prison pour ce seul retard.
Inutile d'ajouter que les deux négo-
ciants protestent énergiquement et font
appel de ce singulier jugement.
LES AFFAIRES D'ANDORRE
Tranquillité des habitants .;,
Perpignan. 2 octobre. — Le viguier frra~aMÉfe
çais en Andorre vient de télégraphier
préfet de Perpignan que, malgré les 0011'"
seils de l'évêque d'Urgel, les populations
andorranes sont tranquilles et décidées à
respecter la ligne télégraphique construite
par la Francè.
Des troubles ne sont pas à craindre.
L'excellent évêque de la Seo d'Urgel en
sera pour ses frais de déclaration da
guerre.
LES FETES FRAHCfrRUSSES
Le Comité de la Presse chez M. Carnot
Le président de la République a reçu
hier matin, à onze heures, le bureau du
Comité exécutif de la Presse pour les
fêtes franco-russes : MM. Raoul Canivet,
président du Comité; MM. Gaston Cal-
mettes Figaro, Edouard Hervé Soleil, Eu-
gène Mayer Lanterne, Arthur Meyer Gau-
lois, Valentin Simond Echo de Paris, Fer-
nand Xau Journal, vice-présidents; M.
Georges Rouy, trésorier, etMM. Raymond
Cavalié Gaulois, et Alfred Delilia Paris,,
secrétaires.
M. Carnot a félicité le Comité du pro-
gramme des fêtes qu'il a conçu ; il lui a
donné son entière approbation, ajoutant
que ces fêtes laisseraient dans l'esprit
des marins russes un souvenir ineffaça-
ble.
Le président de la République a ter-
miné en assurant au Comité qu il se ferait
un plaisir d'assister à la représentation
de gala à l'Opéra.
Un télégramme du tsar
L'ambassadeur de Russie a rendu visite
au président du Conseil.
M. de Mohrenheim venait donner lec-
ture à M. Dupuy d'un télégramme par le-
quel l'empereur de Russie le chargeait de
faire savoir combien il était touche et sin*
cèreinent reconnaissant des témoignages
de sympathie dont l'expression lui avait
été adressée par le président de la Répu-
blique et par le gouvernement français à
l'occasion du naufrage de la Roussalka.
Agents provocateurs
Bruxelles, 2 octobre. — Suivant des ren-
seignements parvenus de différents côtés,
on a acquis ici la conviction qu'un certain
nombre d'agents provocateurs se trouve-
raient bientôt à Toulon et à Paris, dans
le but d'essayer d'exciter les manifesta-
tions exagérées d'un chauvinisme irréflé-
chi et de créer des incidents qu'exploite-
raient ensuite les journaux de la Triple
alliance.
Les Sociétés musicales
La commission du groupement des So-
ciétés musicales de la Seine a eu samedi
sa deuxième entrevue avec le Comité de
la Presse, chargé de l'organisation des
fêtes données en l'honneur de la réception
des marins russes.
Il a été décidé qu'une haie sera formée
par toutes les Sociétés sur le parcours que
traverseront les officiers russes le di-
manche 22 octobre, pour se rendre du
ministère de la guerre au palais des Ma-
chines et que tous les points de détails de
cette manifestation seront réglés définiti-
vement, de concert avec la commission,
le mercredi 4 octobre.
Pour obtenir l'effet grandiose d'ensem-
ble que devra avoir cette manifestation,
la commission fait appel à toutes les So-
ciétés qui n'ont pas encore envoyé leur
adhésion et de l'adresser sans retard au
secrétaire de la commission M. G. Frédé-
ric, 55, rue de Seine, Paris.
Les vétérans
La société « Les Vétérans des armées de
terre,et de mer 1870-1871 » s'est réunie hier en
assemblée générale extraordinaire au conser-
vatoire des Arts-et-Métiers,
Elle a décidé à l'unanimité des membres
présents d'offrir au chef de l'escadre russe un
objet d'art « Patrie » du groupe du général ;
Ghanzy au Mans, par notre grand artiste
Croisy. Sur le socle seront gravées les armee
«t ht devise de la société : a Oublier. Jfc-
mai,s t.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.51%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.51%.
- Collections numériques similaires Lemonnier Camille Lemonnier Camille /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Lemonnier Camille" or dc.contributor adj "Lemonnier Camille")
- Auteurs similaires Lemonnier Camille Lemonnier Camille /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Lemonnier Camille" or dc.contributor adj "Lemonnier Camille")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7524159c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7524159c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7524159c/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7524159c/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7524159c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7524159c
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7524159c/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest