Titre : Gil Blas / dir. A. Dumont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-11-03
Contributeur : Dumont, Auguste (1816-1885). Directeur de publication
Contributeur : Gugenheim, Eugène (1857-1921). Directeur de publication
Contributeur : Mortier, Pierre (1882-1946). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 novembre 1886 03 novembre 1886
Description : 1886/11/03 (A8,N2542). 1886/11/03 (A8,N2542).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-209
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/07/2012
HUITIÈME ANNÉE — NUMÉRO 2542.-
Un Numéro : Paris, 15 cent. ; Départements, SO cent.
MERCREDI 3 NOVEMBRE 1886.
B. D'DUDEBT, Directeur
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manuscrits téposes.
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Amuser les gens qui passent, leur plaire aujourd'hui et recommencer
le lendemain. — J. JANIN, préface de Gil Blas.
A. DUNONT, Fondateur
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DépARTEMENTcS S mOlS.. 10 »
t 12 — oo f
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: GET, 20, Hambla del Centro; à St-Péters»
bourg, au bureau de poste, et chez VIOL-
W père, 10, canal Catherine, pont de
Cazan; à Londres, chez MM. yzi.
DAVŒS ET G1*, t, Finch Lane, Gornhill.
Dans le numéro qui paraîtra à Paris
samedi matin, portant la date du diman-,
che 7 novembre, Gil Blas commencera
la publication en feuilleton du roman :
; TOUSSAINT GALABRU
PAR
FERDINAND FABRE
Cette œuvre nouvelle de l'auteur si ap
précié des Courbezon, de Julien Savignàc,
de Monsieur Jean, est une peinture très
exacte et très saisissante de la vie rusti-
que aux Cévennes. De la première à la
dernière page, les lecteurs seront inté-
ressés, émus, captivés par les aventures
galantes du beau Galabru, sorcier de son
état, et séducteur irrésistible.
L'auteur qui, dans son enfance, a connu
ce personnage étrange, le fait revivre
dans son roman avec cette vigueur de
.style et cette puissance d'évocation qui
caractérisent son grand talent.
Gil Blas publiera successivement un
roman de notre collaborateur
GUY DE MAUPASSANT
et un roman de
i HECTOR MALOT
deux écrivains de premier ordre qui ont
fait depuis longtemps leurs preuves et
dont les succès littéraires ne se comp-
tent plus.
SOMMAIRE
UNE ALTESSE IMPÉRIALE. - Nestor.
NOUVELLES ET ÉCHOS. — Le Diable Boiteux.
EN PLEINE FANTAISIE. — Armand Silvestre.
LA TRISTESSE DE MARIUS. — Joseph Montel.
INFORMATIONS. — Georges Duret.
ALLIANCES ET CHIMÈRES. — Ange Morrc.
« GIL BLAS » A AMIENS. — X.
LA CURIOSITÉ. — Paul Ginisty,
LETTRE DE BELGIQUE. — Sicard.
PEINTRES ET SCULPTEURS. — Paul de Katow.
FAITS DIVERS. — Jean Patlwels.
TOUR DU MONDE. — Louis Rozier.
JOURNAUX ET REVUES — El Correo.
(BPORT. — The Fariner.
COURRIER DES THÉATRES. — Fernand Bourgeat.
PASSE-TEMPS QUOTIDIEN. - E. Framery.
SPECTACLES DU JOUR.
FEUILLETON : MADAME ROBERT. - Théodore
de Banville.
UNE ALTESSE IMPÉRIALE
Je transcris, sans y changer rien, le
titre du livre dont je veux parler. Car
c'est, à dire vrai, ce titre qui fait du
roman d'Ary Ecilaw quelque chose de
plus qu'un roman, une page d'histoire se-
crète, pamphlet ou réquisitoire, qui ne sau-
rait passer inaperçue. Déjà l'auteur, dont
le nom, le sexe, la qualité sont restés incon-
nus pour moi, mais qui a fait montre et
preuve d'un grand talentnious avait raconf
té, dans Roland et le Roi de Thessalie, de
singulières aventures de maisons royales.
Cette fois-ci, il s'agit d'un drame sombre,
qui se serait passé sur les marches du trôné
du plus grand empire du monde. Jadis, ce
n'est qu'en tremblant que, lorsqu'on avait
pénétré les secrets des familles royales,
on osait les confier au papier des mé-
moires secrets, gardés sous une triple
serrure. Aujourd'hui, il n'en est plus de
même. Le contrôle de l'opinion ne s'ar-
rête devant rien. Un sentiment, assez
juste au fond, et que je discuterai bientôt,
veut que les familles souveraines appar-
tiennent au jugement des hommes, même
dans les actes de leur vie privée. C'est l^i
comme une compensation aux privilèges
de la naissance. Le jugement des hommes
s'exerce sur toutes, plus redoutable pour
les indignes que la mort même,
Dont la garde qui veille aux barrières du Louvre
Ne défend pas les rois.
C'est une terrible histoire que nous dit
aujourd'hui Ary Ecilaw, histoire mêlée
de fiction, mais dont le fond est véridir
que, s'il faut en croire les hommes qui
ont eu la triste fortune d'y être mêlés i
Peut-être la fiction était-elle nécessaire
pour donner au livre son passe-partout
dans le monde ? Pour moi, je la regrette
presque, et j'ai comme une idée que le
procès-verbal d'une grande infortune eût
suffi pour nous émouvoir. Car, quelles que
soient nos idées d'égalité démocratique)
rien n'empêche que les malheurs qui s'a-
battent sur les hautes maisons impériales
et royales n'aient à nos yeux quelque
chose de plus que les infortunes ordinai-
res, ne serait-ce que par le contraste de
la toute puissance avec les misères com-
znunes aux pauvres gens. Et le récit que
je viens de lire met en scène, — l'auteur
ne le dissimule guère sous quelques pré-
çautions qu'on pourrait trouver puériles,
si on ne se rendait pas compte des né-
cessités qui les ont imposées-les princes
de cette grande et mystérieuse race des
Romanoff qui, rois et prêtres, gouvernent
le monde des confins glacés de la mer
polaire jusqu'aux frontières de l'Inde, et,
bientôt, aux rivages de l'océan Indien.
, Ivan Petrowitch est un des princes de
cette maison. Il est devenu amoureux,
comme le deviennent les Slaves, dans un
emportement fou de désir, de la princesse
Aline des Balkans. La princesse est de
grande race, mais pauvre. Cela importe
peu à Ivan. Il la demande en mariage; il
l'épouse. Elle a seize ans, et elle entre
dans la vie pleine d'illusions et d'espé-
rances, Mais, dès le jour de ses noces, le
drame commence, un drame effroyable.
La princesse Aline est enceinte !
Comment se' fit la chose ? Ary Ecilaw
nous raconte que la pauvre femme, inno-
cente et ignorante, aété la victime d'un
crime et que, endormie par un narcoti-
que, elle a été possédée à son insu par le
pope chargé de l'instruire dans la foi or-
thodoxe. Cette aventure ,.. de mélodrame
trouvera des incrédules et beaucoup croi-
ront que la princesse a pu être victime
de quelque violence plus simple, de quel-
que séduction, moins compliquée. Peut-
être même pensera-t-on que la princesse
était mère déjà quand elle s'est mariée et
qu'Ivan connaissait sa situation ? Le
drame, en tout cas, est dans la conduite
que va tenir le mari. Aimant et généreux,
il peut pardonner. Ayant plus d'orgueil
que de tendresse, il peut se retirer avec
dignité. Mais ni l'une ni l'autre de ces
solutions ne s'impose à l'âme d'Ivan. Il
reste l'époux de sa femme ; et il le reste
pour se venger. Tout d'abord, il s'empare
de l'enfant de sa femme, qu'elle avait
réussi à dérober à sa colère, grâce au
dévouement d'une sœur naturelle, sa
dame d'honneur, et il le fait disparaître,
on ne sait où. Puis, il se jette dans les
plaisirs bruyants de la vie de garçon,
s'affichant avec des maîtresses, rappor-
tant jusqu'à la chambre conjugale les
ivresses des soupers trop joyeux. Enfin,
pour satisfaire au caprice d'une courti-
sane, il force sa femme à venir dîner avec
elle, en partie de débauche, lui promet-
tant, en échange de ce sacrifice de sa di-
gnité, de lui rendre son enfant. Et, le sa-
crifice achevé, Ivan manque à sa parole.
Désespérée, l'aveu aux lèvres, la mal-
heureuse mère se jette aux genoux de
l'impératrice. de Tartarie, haute figure
du devoir,.i lui répond que les femmes
de sang royal sont vouées, dès leur nais-
sance, à la résignation orgueilleuse qui
suffit à son âme. Elle implore du czar un
ordre de divorce, qui lui est refusé. C'est
alors, au dire du romancier, - qui, je
crois, entre ici à pleines voiles dans la
fiction, - que la sœur de la princesse
Aline s'abouche avec un chef du parti ni-
hiliste, qui l'aime, et le charge de retrou-
ver l'enfant disparu. Dimitri réussit, mais
paye son dévouement de la vie. Et le li-
vre se termine sur son supplice.
Qu'y a-t-il de vrai dans ce récit et qu'y;
a-t-il d'ajouté par le romancier ? J'ai es-
sayé d'indiquer à peu près comment ce
décompte pourrait se faire. Il ne serait
pas convenable d'y insister. Une seule
chose est à retenir. C'est qu'une tragédie
domestique a éclaté dans la maison im-
périale ; c'est que d'une femme, coupable
ou non, pardonnée ou non, il ne reste plus
qu'une mère de vingt ans, abreuvée
d'épreuves et ne demandant plus rien au
monde que de savoir où vit son enfant ;
c'est, enfin, que ce secret terrible, long-
temps caché derrière les murailles du
palais, n'en est plus un aujourd'hui.
Ainsi que je le disais en commençant,
le mystère n'est plus possible pour les
maisons royales. 11 n'en est pas une, en
Europe, dont les secrets ne soient jetés
à tous les vents par le livre et par le
journal. Moi-même, j'ai blâmé parfois et
récemmentencore les indiscrétions, quand
elles ne sont motivées par rien de sé-
rieux, quand elles ne sont que comméra-
ges, quand elles portent sur des petits
faits sans importance et sur des faiblesses
excusables. Mais il n'en est pas de même
quand il s'agit d'un cri de désespoir ou
d'un appel suprême à la justice et à la
pitié! L'Europe monarchique elle-même
n'est plus l'Europe d'autrefois. Un chef
d'Etat même autocrate, même aimé dé
ses sujets, comme le czar, ne peut rester
sourd à la voix de l'opinion. Le pouvoir
suprême n'est plus un simple privilège :
il impose des devoirs, et, au premier
rang, des devoirs de justicier.
Je ne suis pas de ceux qui croient que
le monde européen soit mûr pour la fé-
dération républicaine, rêvée pour l'ave-
nir. En Russie, particulièrement, le czar,
chef religieux en même temps que chef
politique et militaire, est, comme ils di-
sent là-bas, le a petit père » de son peu-
ple. Nous sommes, en France, particu-
lièrement pleins de respect pour cette
haute puissance,qui civilise l'Asie, donne
à réfléchir à l'insolence anglaise, et dont
nous fûmes les adversaires en Crimée
sans être restés ses ennemis. Nous sonir
mes liés avec la Russie par des intérêts
communs, et, ce qui est plus fort que les
intérêts, par des sympathies profondes.
Cette grande race slave, qui s'est tant
assimilé de choses venant de nous, ne
nous inqirète pas-. Nous n'oublions pas
que, par deux fois, vaincus, menacés par
l'Europe coalisée ou par l'Allemagne, on
a dit sur la Neva cette grande et juste;
parole : « Il faut une France au monde ! »;
Et c'est justement à cause de ces vives;
et grandes sympathies qui, au lendemain
même de Sébastopol, faisaient se serrer
les mains françaises et russes, que nous;
verrions avec ennui tout ce qui diminue-
rait le prestige de la maison impériale.:
Les attentats nihilistes nous ont remplis
d'horreur, si leur répression parfois OUi
trée nous a remplis de tristesse. Le vœu
de notre cœur, c'est la Russie marchant
sans révolution dans la-voie du progrès,
et, libre de tout embarras intérieur, exer-
çant sur le monde une action qui ne peut
que nous être bonne.
Mais, je le répète, si les peuples obéis-
sent, ils jugent aussi leurs maîtres. Les
palais impériaux ne sont plus et ne peu-
vent plus être des forteresses dont la
terreur défend les approches. Ils doivent
être des maisons de verre. Et les chefs
d'Etat, en même temps qu'ils sont les
conducteurs des peuples, doivent être les
chefs de leur race et lui imposer une se-
vère ^discipline. Il est nécessaire que les
peuples puissent respecter, non seule-
ment le pouvoir d'une façon abstraite,
mais encore les hommes qui l'exercent et
tous ceux qui les touchent de près.
Quand un scandale éclate dans une cour,
comme il est bien certain qu'on ne pourra
plus le dissimuler, il reste au chef de la
maison à le faire cesser, en agissant en
maître suprême et en exerçant, dans un
esprit d'impartiale justice, cette magis-
trature paternelle qui, au temps de
Louis XIV, modèle de tradition monar-
chique, s'étendait du roi jusqu'aux plus
simples gentilshommes. ;
Le sombre livre d'Une Altesse Impériale
s'ouvre par une idylle charmante, le récit
de l'arrivée de la jeune princesse des
Balkans dans l'empire de Russie. La
foule se porte au-devant d'elle, ac-
clame sa grâce et sa beauté. Et ce
n'est pas le sentiment de la curiosité
qui pousse ainsi le peuple russe au-de-
vant de ses souverains. C'est un sen-
timent bien plus haut d'affection et d'es-
pérance. Les Slaves ont je ne sais quel
pressentiment sacré que l'heure est ve-
nue, pour leur race, de grandes et nobles
destinées. Grandeur extérieure , sage
liberté à l'intérieur, ils comptent sur cet
avenir riant, malgré les tragédies effroya-
bles du jour. Et cet avenir n'a, pour eux.
au moins pour l'immense majorité d'entre
eux, d'autre instrument possible que les
czars. Quels immenses devoirs incombent
à ceux-ci ! Et quelles admirables espéran-
ces leur sont permises ! On comprend
cependant que je ne sais quel vertige
puisse frapper l'esprit de ces maîtres de la
moitié du monde. Beaux, soldats intrépi.
des, il arrive parfois qu'ils éprouvent cer-
tains entraînements des passions, suivis
de mélancolies profondes. Mais le a Père
du peuple » est là, et c'est son rôle d'être,
pour les siens, grands et petits, celui qui
accueille toutes les plaintes et, sans co-
lère comme sans faiblesse, garde aussi
bien l'honneur de sa maison que celui de
sa nation !
NESTOR.
fi|» -
Nouvelles &. Echos
AUJOURD'HUI
A une heure trente minutes, courses à
Vincennes. Pronostics de Gil Blas :
Prix d'automne : Emidoff.
Coupe du demi-sang : Espérance.
Prix de novembre : Ellora.
Prix de clôture : Falbala.
Omnium des trotteurs : Thesea II.
Prix de la Saint-Hubert : Archipel.
La comédie est décidément toujours
fort en honneur. C'est elle qui ouvre la
saison. Avant-hier on a joué l'Etincelle
chez Mme de Beauchamps. Les artistes
amateurs qui ont prêté leur concours à
cette fête ont été excellents, et l'on en
souhaiterait de semblables à nos meil-
leures scènes.
Le théâtre avait été organisé dans le
beau salon de la rue de Berry, et la soi-
rée, animée par la grâce souriante de la
maîtresse de la maison et de ses deux
charmantes filles, s'est prolongée fort
tard.
Grande soirée également chez Mme
Gardon, qui inaugurait son bel hôtel de'
l'avenue du Rou e. Il y avait foule dans
les salons somptueusement décorés, dont
la charmante mistress Gordon faisait les
honneurs avec une grâce parfaite.
Très brillant rendez-vous de chasse
hier au château de Maurevert. Le châte-
lain, M. Savart, qui est un chasseur émé
rite, avait convié à cette fête cynégétique,
à laquelle assistaient plusieurs de nos
confrères, des fusils de premier ordre.
Rien n'est mieux disposé et aménagé
que les bois de Maurevert pour la chasse
à tir. Tout est savamment ordonné, les
enceintes bien délimitées assurent le
succès des battues. Aussi a-t-on fait une
véritable hécatombe de lièvres et de la-
pins.
Le soir, excellent dîner au château,
présidé par Mme Savart qui en faisait les
honneurs avec une grâce et une amabilité
parfaites.
X
Très belle réunion également dans les
bois de Bonne, chez M. Gaston de la
Barre, un de nos plus fins tireurs. Le
châtelain de Montigny a fait une ouver-
ture de bois des plus intéressantes, et au
tableau on comptait un nombre considé-
rable de faisans, de lièvres et de lapins.
Les chevreuils ; et les sangliers ont été
épargnés, sans cela le tableau aurait été
plus brillant encore.
Un congrès d'astronomes aura lieu dès
le commencement de l'année prochaine à
l'Observatoire de Paris.
C'est l'amiral Mouchez qui a pris l'ini-
tiative de cette réunion, et déjà il a reçu
l'adhésion de tous les directeurs d'obser-
vatoires, non seulement de l'Europe, mais
,du mondé entier.
Il s'agit de reconstituer en commun la
carte du ciel d'après les découvertes si
curieuses de la photographie appliquée à
l'astronomie, et dont le principal hon-
neur revient à la France.
Don Francisco Medina, le sympathique
ministre de Nicaragua à Paris, s'est em-
barqué samedi à Saint-Nazaire, pour Ma-
nagua.
Pendant son absence, qui sera de trois
ou quatre mois, la légation sera gérée
par M. P. de Mateus, ministre de Colom-
bie à Paris.
-
Nouvelles vélocipédiques ; M. de Civry
a été le héros des courses de Nantes,
battant facilement tous ses concurrents.
Du reste, voici le compte rendu des
courses :
Intenrationale bicycle
1 F. de Civry, Paris ; 2 LaUlan, Bor-
deaux ; 3 Charron, Angers ; 4 Ch. Ter-
ront, Rayonne.
19 partants.
Internationale tricyle
1 F. de Civry, Paris ; 2 Charron, An-
gers ; Laulan, Bordeaux.
8 parUntâ.
Petit courrier de Belgique : -
Les bals de la cour auront lieu les 2, 9
et 16 février.. ,,' .,,'
Les salons du comte de Flandre, fer-
mes par suite de la mort du prince de
Hohenzollern, se rouvriront cet hiver.
On parle de l'entrée dans le monde du
prince Baudoin, de la princesse Henriette
qui serait, paraît il, prochainement fian-
cée au prince royal d'Italie.
On annonce des fêtes brillantes aux
ambassades du Brésil, d'Angleterre, de
France et de Russie.
La fille de M. de Moreau, ministre de
l'agriculture, fera, cet hiver, son entrée
dans le monde, ainsi que Mlles de Bauer,
Graux, Morren, Urbons, Kenneus, Al-
lard, Peltzer.
Mariage v'ian.
C'est avant-hier qu'a été célébré, en
l'église Notre-Dame de Lorette, le ma-
riage de Mlle Blanche Cabral, très con-
nue dans le monde galant sous le nom
d'Henriette de Solanges, avec un garçon
coiffeur des boulevards extérieurs.
A la sortie de l'église, un murmure
s'est élevé. Les bonnes petites amies,
trouvant que la mariée avait trop prodi-
gué la fleur d'oranger, le lui reprochèrent
en termes amers.
Les nouveaux époux sont partis passer
leur lune de miel au Havre. Cette ville
possède, dit-on, un fort bel aquarium.
Grand banquet le 6 novembre au ren-
dez-vous de chasse des fils Ménier à
Villers-Cotterets, à l'occasion de la prise
de leur centième cerf.
L'équipage .fêtera en même temps la
fête de Saint-Hubert et chassera en forêt
de Retz. Rendez-vous à onze heures et
demie au saut du cerf.
Il y a promesse de mariage entre Mlle
Caroll, une jeune et jolie Américaine,
dont le père a été longtemps gouverneur
de Maryland, et le comte Jean de Ker-
gorlay, officier au 14e régiment de dra-
gons.
Le mariage sera célébré à la fin de
l'année, en l'église de Cannes où la fa-
mille de la jeune fiancée a l'habitude de
passer l'hiver.
***%.
Brillante réunion d'hiver au Racing,
hier, à une heure. Malgré la fraî-
cheur de la température, beaucoup de
femmes et d'élégantes Parisiennes. En
tête Mme Napoléon Ney, qui a tenu à
venir apporter elle-même au Racing une
dépêche du président, le commandant
Ney, actuellement au Niagara, et qui en-
voie ses vœux à son cher club. Mme Ney1
porte une toilette d'automne des plus
réussies : robe de laine mordorée à raies
rouges, veste de loutre, chapeau rond aile
rouge; puis Mme de Saint-Clair, très élé-
gante également; puis Mme de Labor-
derie, Mme Maigien, Mme Devès, etc.,
Succès complet pour ce genre de sport
auquel nous souhaitons longue vie et;
prospérité. J
0 progrès, voilà de tes coups !
La petite ville de Sisteron, en Pro-
vence, patrie de notre excellent ami Paul
Arène, sera, dans quelques mois, éclairée
à l'électricité.
La municipalité vient de traiter avec
une Compagnie, et les travaux vont com-
mencer immédiatement.
,. Déjà les habitants commencent à parler
avec quelque dédain de Paris et de son
gaz. t..t. 1 .è 't 1 !
Sisteron, cité lumière, je te salue !
Le vent qui souffle des bords du beau
Danube bleu apporte au Git Blas, qui a
l'oreille fine, l'écho d'un gros scandale
viennois.
Un baron de promotion très récente et
de première force aux échecs vient d'en
subir un rude dans son ménage.
s Ce gentilhomme, qui peut dire que son
titre est bien à lui, car il l'a payé à beaux
deniers comptants à un principicule d'Al-
lemagne, a surpris sa dame au moment
où elle le faisait mat de concert avec un
pion qu'elle avait engagé pour se perfec-
tionner dans la langue française. Le mari
qui, du reste, a laissé de chers « souvenirs
aux clients parisiens» qui l'ont connu à l'é-
poque où il faisait ro-urièrement de la fi-
nance dans les parages de la rue du Qua-
tre-Septembre, le mari a mené grand
bruit. il y a eu scène de pugilat non sui-
vie d'envoi de témoins, et finalement ex-
pulsion de la coupable épouse hors du
domicile conjugal.
Que fera la blonde et grasse enfant ?
Ce n'est pas son professeur de langue
qui pourra remplacer l'hôtel de la ***
strasse, la villa sur le Kahleriberg, le
coupé armorié, la loge à l'Opéra et tous
les accessoires auxquels elle s'était ha-
bituée. On assure que la pauvre péche-
resse songe sérieusement à utiliser cer-
tains talents de chanteuse légère qu'on
lui reconnaît. Qui sait, après la princesse
Pignatelli, les habitués des beuglants
viennois pourront peut-être applaudir
Mme la baronne de Z.
A peine le nouveau roman d'Hector
Malot, Zyte, vient il de paraître, que l'on
eii voit pointer le quatorzième mille.
Ce succès rend Gil Blas d'autant plus
heureux, qu'il va offrir à ses lecteurs la
primeur du prochain roman de l'éminent
écrivain.
NOUVELLES A LA MAIN
Entre médecins :
— Figurez-vous que j'ai dans ma clien-
tèle un castrés intéressant!. Un jeune
homme auquel il pousse deux petites
cornes sur le front !. Cet accident vient
cor [1 es sur le froiit 1
de faire rompre un projet de mariage.
— Comment?. Jl est célibataire? C'est
très grave. On peut le poursuivre pour
port illégal de décoration.
0°0
Un bon Normand prend son café dans
un estaminet des boulevards :
- Tiens 1. dit-il au garçon, comme
vos morceaux de sucre sont petits !. Ils
sont bien plus gros à Lisieux.
- C'est bien possible, monsieur. Mais,
à Paris, nous dédaignons ce genre do
charlatanisme!.. ','
; LE DIABLE BOITEUX.
-. v ; ♦ ,. •• V !
EN PLEINE FANTAISIE
VARIATIONS MÉLANCOLIQUES
Qui de nous se pourrait ou se voudrait
vanter d'échapper, en ce jour mortuaire,
à la détresse des souvenirs désespérés ?
En est-il un de nous qui n'ait quelque
tombe où le ramène sa pensée, sinon sa
course, avec des fleurs dans l'âme, sinon
dans les mains ? Ne portez pas à vos morts
de chrysanthèmes. Cette fleur sans par-
fum est un emblème sans beauté. Le
moindre bouquet de violettes vaut mieux.
Les violettes ont un arome fugitif et pé-
nétrant qui dit bien mieux le rapide et
caressant retour de votre mémoire vers
les absents, et qui monte vers le ciel. Ne
cherchez pas un symbole durable à une
impression sans durée. Demain, la vie
vous aura pris tout entiers après ce ccurt
voyage dans le pays des morts.
Ne les allez pas trouver non plus avec
des visages trop tristes. Si leurs lèvres
inertes vous pouvaient parler sous le dou-
ble. poids qui les ferme, celui du temps et
celui de la terre accumulée, ils vous di-
raient sans doute que le repos est doux
dans le grand silence où le vent seul se
lamente autour des saules et des cyprès.
C'est notre sublime et redoutable mytho-
logie chrétienne, avec ses rumeurs d'en-
fer dans les ténèbres de l'avenir qui nous
a fait le trépas si redoutable et plein de
sinistres images. Des peuples plus noble-
ment spiritualistes que nous transfor-
maient les funérailles en fêtes et les san-
glots en chants de délivrance.
Sommes-nous bien sûrs, d'ailleurs, que
ce soit sur nos morts que nous pleurions
et non pas sur nous-mêmes, qu'amoin-
drit chaque affection qui nous tombe du
cœur en en arrachant un lambeau ?
*
Ces fils de notre cœur et ces fils de nos flancs,
Les morts, s'ils n'emportaient, sous leurs suaires blancs,
Que l'avare trésor de nos larmes amères,
L'oubli consolerait les amants et les mères.
Plus longtemps que leur spectre insaisissable et doux,
Ce qu'un regret cruel et lâche pleure en nous,
C'est la part de notre être en leur être perdue,
Que de nous ils tenaient et qu'ils n'ont pas rendue ;
C'est la force d'aimer moins vivace en nos seins;
Nos rêves envolés dont les vagues essaims
S'effarouchent au bruit des funérailles lentes;
C'est notre espoir moins ferme en nos mains plus trem-
- j blantes ;
O'est nous, c'est nous tout seuls qu'ils ont abandonnés,
Nus sur un sol aride et pareils aux damnés
Que hante le regret de la vie écoulée 1
— Cet égoïste effroi de l'âme inconsolée.
C'est le mien, et j'en sais la honte et le remords.
Car, détournant de moi le deuil lourd de mon être,
Je fouille le secret interdit de renaître,
Ainsi qu'un or maudit, dans la cendre des morts.
Et, penché sur le sol, silencieux, j'épie
Dans les tressaillements de ta matière impie
IJa lointaine chaleur et le rythme perdu
De mon cœur dans la Mort avant moi descendu !
Oui, les morts sont les voleurs sans
merci qui emportent nos joies, ou mieux,
la seule joie qui soit au monde, celle d'ai-
mer 1 0 cercueil de jeune fille qui t'en vas
sous la candeur menteuse du grand drap
blanc dont les plis frissonnent et des lis
fauchés iniquement dans les jardins, tu
es plein de baisers, ravis pour jamais et
de caresses pour jamais dérobées à l'a-
mant furtif caché dans la foule des indif-
férents qui te suivent, à l'amant qui n'ose
pleurer et qu'étouffent ses sanglots. Ce
qu'il tient de délices perdues entre tes
quatre planches, c'est presque un infini ;
car nous ne connaissons l'infini que par
la ferveur de nos.- tendresses. Descends
vite, sous la terre, ô cercueil de jeune
fille ! Les baisers fleuriront sur d'autres
bouches et les caresses s'épanouiront en-
tre d'autres bras. Tu n'en es pas moins
un trésor qu'on enfouit, un lambeau de
bonheur qu'on écrase sous les pas rudes
des fossoyeurs et le poids des bouquets.
Je m'en veux de dire ainsi ce que notre
douleur contient d'égoïsme. Mais il est
une consolation au fond de ma pensée,
c'est que les morts n'ont pas besoin qu'on
les pleure tandis que le destin des vi-
vants comporte une plainte éternelle.
*
Vous seuls ave7 droit à nos larmes, ô
morts vivants qu'a faits l'oubli ! C'est à
vous que je pense surtout, à vous les aban-
données, à vous dont la main reste ten-
due vers une main fermée pour jamais.
Qui peut sans terreur regarder en ar-
rière sur le chemin de sa vie ? Que de
maîtresses délaissées ! Que d'amis laissés
en chemin ! Leurs yeux tristes nous regar-
dent encore, et leur sourire nous blesse
au cœur. Ah ! c'est là ! sur cette route
parcourue en semant les parj ures qu'est
le véritable cimetière ! Ce que je ressens
surtout, en ce jour, c'est:un immense be-
soin de pardon ! C'est que ceux-là, s'ils
se souviennent de nous, n'ont pas, comme
les autres trépassés, le repos silencieux
et le sommeil sans rêve ! Ils continuent
de s'agiter dans la vie que notre déser-
tion a faite plus vide autour d'eux. Le
même flot monotone les balance, mais
peut-être avons nous emporté la seule
étoile-de leur ciel!
0 doux fantômes de ma jeunesse, ô
tombes sans épitaphes , tombes dont je
connais seul les sentiers, c'est à vous que
je garde mes plus belles fleurs, fleurs
d'automne et fleurs de printemps tout en-
semble, comme la violette qui ramène en
octobre l'âme fugitive d'avril. Et ce n'est
pas un vain souvenir que je veus apporte,
mais l'offrande expiatoire d'une âme infi-
dèle et repentie. Car cette fragilité du
cœur est mon éternelle épouvante, et la
loi m'en semble plus cruelle cent fois que
celle qui nous condamne, après avoir souf-
fert, après avoir aimé, à la paix bienfai-
sante du tombeau !
ARMAND SILVESTRE.
»- ■ ■» ————.
LA TRISTESSE DE MARIUS
J'ai rencontré sur le boulevard Marius
Roucas, de Tarascon. Il était triste. Je
lui demandai pourquoi. Il me répondit :
Cela va mal au pays.
Il avait raison, trop raison. Cela allait
très mal par là-bas. C'était le jour où le
Rhône avait poussé sa plus forte crue, où
la Durance rompait ses digues, où la
; Sorgue elle-même avait pris des airs de
torrent. Les nouvelles arrivaient aux
journaux, d'heure en heure, si excessi-
ves qu'elles en paraissaient invraisem-
blables. Les quais d'Avignon inonJés, et,
dans la ville ces papes, les voitures rem-
placées par une flottille de bateaux ; un
ormeau séculaire de la place Crillon s'a-
battant et, dans sa chute, brisant un
malheureux fiacre abrité sous ses bran-
ches, comme un hanneton qu'écraserait
le pied d'un géant. Caumont, Cavaillon,
le Cheval-Blanc, Mérindol, Cadenet, Lau-
ris et Villelaure, toutes ces petites cités
aux noms sonores et lumineux évoquant
des visions de murailles blanches de so-
leil surgissant du sol dans un flamboie-
ment de clartés vibrantes, tous ces villa-
ges ceints comme d'un impalpablevêtement
par la chanson stridente des cigales,noyés
sous des nappes d'eau limoneuse où ne
surnage aucun bruit hors le clapotement
des flots pressés dans les crevasses des
murs et les troncs des arbres. (Pauvres
cigales, que deviennent-elles sous ce*
humide et froid linceul!.) La ligne d'A-
vignon à Pertuis coupée en plusieurs en-
droits ; coupée aussi la ligne entre l'Isle
et Cavaillon ; coupé encore le Pont des
Vaches, entre Avignon et Mazan, juste
au moment où passait la voiture publi-
que. Quelle série d'aventures, Dieu clé-
ment ! C'était à croire, pour un peu, que
Tat'tarin et Bompard, unis en un accès
de délire inventif, avaient pris possession
du télégraphe et donnaient, sur le cadran
des appareils, libre carrière à la fou-
gue de leurs imaginations déchaînées.
Rien n'était plus vrai, cependant. Vrai
encore le Coulon inondant la promenade
d'Apt, détruisant un moulin, engloutis-
sant son cavalier avec son cheval, et en-
traînant deux troupeaux dans ses tour-
billons. Vrai encore l'Auzon grondant
sous les murs étonnés de Carpentras et
emportant le pont des Tanneries comme
une plume. Vrai toujours, l'Ouvèze enle-
vant d'assaut le bourg de Bédarride, ren-
versant trois maisons et forçant la porte
de l'église paroissiale où ses flots torren-
tueux venaient, à deux mètres de hau-
teur, mouiller les pieds de la Vierge et
des daints stupéfaits.
Et Tartarin télégraphiait toujours, et
l'agence Havas, docile '- et comme médu-
sée, enregistrait ses dépêches sans-une
protestation. Et les prodiges s'accumu-
laient sur les prodiges, et les populations
du Nord, anxieuses, se préparaient à
chercher du regard, à l'horizon, la co-
lombe messagère qui viendrait, la der-
nière branche du dernier olivier au bec,
porter au reste du monde des nouvelles
du dernier Provençal réfugié dans la der-
nière gabarre du Rhône, renouvelant à la
cime du mont Ventoux la légende de
l'arche arrêtée au sommet de l'Ararat !
Et le plus triste, c'est que Tartarin, par
hasard, ne mentait pas d'une syllabe, et
que réellement la joyeuse et bonne terre
de Provence était ensevelie sous un nou-
veau déluge. Aussi, après une minute
de réflexion, n'eus-je pas de peine à m'ex-
pliquer la mélancolie de Marius Roucas
que j'avais rencontré sur le boulevard,
déambulant d'un air navré, le pas lent et
la tête basse, tandis que sous son chapeau,
baissé jusqu'aux yeux, les boucles de ses
cheveux noirs lui pendaient sur le nez,
comme les branches molles d'un saule
pleureur. -
Je compris le patriotique chagrin d;
cette âme méridionale frappée dans C;
qu'elle avait dé plus cher, et tâchai de lu
prouver, par une poignée de main énergi
que, la part sincère que j'y prenais.
— Pauvre ami, lui dis-je, on est bien
éprouvé chez vous !
Il secoua la tête.
— Bien éprouvé, vous pouvez le dire,
et c'est à travers un voile de larmes que
je vois l'image de mon pauvre pays ra-
vagé par cette inondation formidable,
tellement formidable qu'assurément celle
de Toulouse, où il y avait tant d'eau ce-
pendant, ne devait être rien à côté.
- Vous croyez ?
- J'en suis sûr. Je n'ai pas vu celle de
Toulouse, pas plus que je ne vois celle
de chez nous. Mais j'en suis aussi certain
que si je les avais toutes les deux ensem-
ble sous mes yeux, pour mieux faire la
différence. D'abord, vous savez bien qu'en-
tre la Garonne et le Rhône il n'y a pas de
comparaison à faire, n'est-ce pas ? Autant
vaudrait comparer Marseille à Bordeaux,
la Camargue aux Landes et le soleil de la
Provence à celui de la Gascogne.
Personne n'y pense, je suppose. Et
puis, pour que la Provence, cette terre
stoïque, ait poussé ce cri de détresse, il
faut que le cataclysme soit immense,
plus immense que les dépêches reçues à
Paris ue le font supposer. Par un scru-
pule de clémence* où je reconnais son
grand cœur, elle a voulu épargner au
reste de la France une émotion trop
forte.
— Hé, repris-je, qui sait ? Elle trouvera
peut-être une consolation dans l'excès
même de son malheur.
— Comment cela ?
— Sans doute. Etre d'un pays où de
pareils renversements des lois naturelles
sont possibles, et que les éléments dé-
chaînés choisissent entre tous pour être
le théâtre épique de leurs fureurs, pou-
voir dire, lorsque le monde, à peine se-
coué par les tremblements de terre qui
détruisent de ci de là quelques vines t
sera remis de l'alerte causée par le débor-
dement simultané de la Sorgue et du
Coulon : C'est chez nous qu'ont eti lieu
ces phénomènes désormais historiques,
— puis quand on en établira la légende,
pouvoir l'augmenter de tous l^s détails
surprenants qui en souligneront la gran*
diosa horreur, voilà, certes, une cause
d'orgueil légitime, et, pour peu qu'on
connaisse vos compatriotes, il n'est pas
interdit de croire qu'ils éprouveront quel-
que joie à prouver par d'abondantes para"
phrases la vérité du vers fameux :
A raconter .e. maux pirfoii 9a !« eo~!~
Un Numéro : Paris, 15 cent. ; Départements, SO cent.
MERCREDI 3 NOVEMBRE 1886.
B. D'DUDEBT, Directeur
ABONNEMENTS
PARII, I mois. 4 fr. 50
- S 13 .*€> ,.
DÉPARTEMENTS, 3 mois. I68
- 12 mois. 60
Etranger, frais de poste en plus !
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MM. DOLLINGEN FILS, Skcuy ET GJA
16» rue de la Grange-Batelière, 16
ET A L'ADMINISTRATION
IŒDACTION ET ADMINISTRATION
10, BOULEVARD DES CAPUCINES, 10
L'administration n'est pas responsable 40
manuscrits téposes.
-
Amuser les gens qui passent, leur plaire aujourd'hui et recommencer
le lendemain. — J. JANIN, préface de Gil Blas.
A. DUNONT, Fondateur
ABONNEMENTS
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DépARTEMENTcS S mOlS.. 10 »
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On s'abonne à Barcelona, chez A. PIA'
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bourg, au bureau de poste, et chez VIOL-
W père, 10, canal Catherine, pont de
Cazan; à Londres, chez MM. yzi.
DAVŒS ET G1*, t, Finch Lane, Gornhill.
Dans le numéro qui paraîtra à Paris
samedi matin, portant la date du diman-,
che 7 novembre, Gil Blas commencera
la publication en feuilleton du roman :
; TOUSSAINT GALABRU
PAR
FERDINAND FABRE
Cette œuvre nouvelle de l'auteur si ap
précié des Courbezon, de Julien Savignàc,
de Monsieur Jean, est une peinture très
exacte et très saisissante de la vie rusti-
que aux Cévennes. De la première à la
dernière page, les lecteurs seront inté-
ressés, émus, captivés par les aventures
galantes du beau Galabru, sorcier de son
état, et séducteur irrésistible.
L'auteur qui, dans son enfance, a connu
ce personnage étrange, le fait revivre
dans son roman avec cette vigueur de
.style et cette puissance d'évocation qui
caractérisent son grand talent.
Gil Blas publiera successivement un
roman de notre collaborateur
GUY DE MAUPASSANT
et un roman de
i HECTOR MALOT
deux écrivains de premier ordre qui ont
fait depuis longtemps leurs preuves et
dont les succès littéraires ne se comp-
tent plus.
SOMMAIRE
UNE ALTESSE IMPÉRIALE. - Nestor.
NOUVELLES ET ÉCHOS. — Le Diable Boiteux.
EN PLEINE FANTAISIE. — Armand Silvestre.
LA TRISTESSE DE MARIUS. — Joseph Montel.
INFORMATIONS. — Georges Duret.
ALLIANCES ET CHIMÈRES. — Ange Morrc.
« GIL BLAS » A AMIENS. — X.
LA CURIOSITÉ. — Paul Ginisty,
LETTRE DE BELGIQUE. — Sicard.
PEINTRES ET SCULPTEURS. — Paul de Katow.
FAITS DIVERS. — Jean Patlwels.
TOUR DU MONDE. — Louis Rozier.
JOURNAUX ET REVUES — El Correo.
(BPORT. — The Fariner.
COURRIER DES THÉATRES. — Fernand Bourgeat.
PASSE-TEMPS QUOTIDIEN. - E. Framery.
SPECTACLES DU JOUR.
FEUILLETON : MADAME ROBERT. - Théodore
de Banville.
UNE ALTESSE IMPÉRIALE
Je transcris, sans y changer rien, le
titre du livre dont je veux parler. Car
c'est, à dire vrai, ce titre qui fait du
roman d'Ary Ecilaw quelque chose de
plus qu'un roman, une page d'histoire se-
crète, pamphlet ou réquisitoire, qui ne sau-
rait passer inaperçue. Déjà l'auteur, dont
le nom, le sexe, la qualité sont restés incon-
nus pour moi, mais qui a fait montre et
preuve d'un grand talentnious avait raconf
té, dans Roland et le Roi de Thessalie, de
singulières aventures de maisons royales.
Cette fois-ci, il s'agit d'un drame sombre,
qui se serait passé sur les marches du trôné
du plus grand empire du monde. Jadis, ce
n'est qu'en tremblant que, lorsqu'on avait
pénétré les secrets des familles royales,
on osait les confier au papier des mé-
moires secrets, gardés sous une triple
serrure. Aujourd'hui, il n'en est plus de
même. Le contrôle de l'opinion ne s'ar-
rête devant rien. Un sentiment, assez
juste au fond, et que je discuterai bientôt,
veut que les familles souveraines appar-
tiennent au jugement des hommes, même
dans les actes de leur vie privée. C'est l^i
comme une compensation aux privilèges
de la naissance. Le jugement des hommes
s'exerce sur toutes, plus redoutable pour
les indignes que la mort même,
Dont la garde qui veille aux barrières du Louvre
Ne défend pas les rois.
C'est une terrible histoire que nous dit
aujourd'hui Ary Ecilaw, histoire mêlée
de fiction, mais dont le fond est véridir
que, s'il faut en croire les hommes qui
ont eu la triste fortune d'y être mêlés i
Peut-être la fiction était-elle nécessaire
pour donner au livre son passe-partout
dans le monde ? Pour moi, je la regrette
presque, et j'ai comme une idée que le
procès-verbal d'une grande infortune eût
suffi pour nous émouvoir. Car, quelles que
soient nos idées d'égalité démocratique)
rien n'empêche que les malheurs qui s'a-
battent sur les hautes maisons impériales
et royales n'aient à nos yeux quelque
chose de plus que les infortunes ordinai-
res, ne serait-ce que par le contraste de
la toute puissance avec les misères com-
znunes aux pauvres gens. Et le récit que
je viens de lire met en scène, — l'auteur
ne le dissimule guère sous quelques pré-
çautions qu'on pourrait trouver puériles,
si on ne se rendait pas compte des né-
cessités qui les ont imposées-les princes
de cette grande et mystérieuse race des
Romanoff qui, rois et prêtres, gouvernent
le monde des confins glacés de la mer
polaire jusqu'aux frontières de l'Inde, et,
bientôt, aux rivages de l'océan Indien.
, Ivan Petrowitch est un des princes de
cette maison. Il est devenu amoureux,
comme le deviennent les Slaves, dans un
emportement fou de désir, de la princesse
Aline des Balkans. La princesse est de
grande race, mais pauvre. Cela importe
peu à Ivan. Il la demande en mariage; il
l'épouse. Elle a seize ans, et elle entre
dans la vie pleine d'illusions et d'espé-
rances, Mais, dès le jour de ses noces, le
drame commence, un drame effroyable.
La princesse Aline est enceinte !
Comment se' fit la chose ? Ary Ecilaw
nous raconte que la pauvre femme, inno-
cente et ignorante, aété la victime d'un
crime et que, endormie par un narcoti-
que, elle a été possédée à son insu par le
pope chargé de l'instruire dans la foi or-
thodoxe. Cette aventure ,.. de mélodrame
trouvera des incrédules et beaucoup croi-
ront que la princesse a pu être victime
de quelque violence plus simple, de quel-
que séduction, moins compliquée. Peut-
être même pensera-t-on que la princesse
était mère déjà quand elle s'est mariée et
qu'Ivan connaissait sa situation ? Le
drame, en tout cas, est dans la conduite
que va tenir le mari. Aimant et généreux,
il peut pardonner. Ayant plus d'orgueil
que de tendresse, il peut se retirer avec
dignité. Mais ni l'une ni l'autre de ces
solutions ne s'impose à l'âme d'Ivan. Il
reste l'époux de sa femme ; et il le reste
pour se venger. Tout d'abord, il s'empare
de l'enfant de sa femme, qu'elle avait
réussi à dérober à sa colère, grâce au
dévouement d'une sœur naturelle, sa
dame d'honneur, et il le fait disparaître,
on ne sait où. Puis, il se jette dans les
plaisirs bruyants de la vie de garçon,
s'affichant avec des maîtresses, rappor-
tant jusqu'à la chambre conjugale les
ivresses des soupers trop joyeux. Enfin,
pour satisfaire au caprice d'une courti-
sane, il force sa femme à venir dîner avec
elle, en partie de débauche, lui promet-
tant, en échange de ce sacrifice de sa di-
gnité, de lui rendre son enfant. Et, le sa-
crifice achevé, Ivan manque à sa parole.
Désespérée, l'aveu aux lèvres, la mal-
heureuse mère se jette aux genoux de
l'impératrice. de Tartarie, haute figure
du devoir,.i lui répond que les femmes
de sang royal sont vouées, dès leur nais-
sance, à la résignation orgueilleuse qui
suffit à son âme. Elle implore du czar un
ordre de divorce, qui lui est refusé. C'est
alors, au dire du romancier, - qui, je
crois, entre ici à pleines voiles dans la
fiction, - que la sœur de la princesse
Aline s'abouche avec un chef du parti ni-
hiliste, qui l'aime, et le charge de retrou-
ver l'enfant disparu. Dimitri réussit, mais
paye son dévouement de la vie. Et le li-
vre se termine sur son supplice.
Qu'y a-t-il de vrai dans ce récit et qu'y;
a-t-il d'ajouté par le romancier ? J'ai es-
sayé d'indiquer à peu près comment ce
décompte pourrait se faire. Il ne serait
pas convenable d'y insister. Une seule
chose est à retenir. C'est qu'une tragédie
domestique a éclaté dans la maison im-
périale ; c'est que d'une femme, coupable
ou non, pardonnée ou non, il ne reste plus
qu'une mère de vingt ans, abreuvée
d'épreuves et ne demandant plus rien au
monde que de savoir où vit son enfant ;
c'est, enfin, que ce secret terrible, long-
temps caché derrière les murailles du
palais, n'en est plus un aujourd'hui.
Ainsi que je le disais en commençant,
le mystère n'est plus possible pour les
maisons royales. 11 n'en est pas une, en
Europe, dont les secrets ne soient jetés
à tous les vents par le livre et par le
journal. Moi-même, j'ai blâmé parfois et
récemmentencore les indiscrétions, quand
elles ne sont motivées par rien de sé-
rieux, quand elles ne sont que comméra-
ges, quand elles portent sur des petits
faits sans importance et sur des faiblesses
excusables. Mais il n'en est pas de même
quand il s'agit d'un cri de désespoir ou
d'un appel suprême à la justice et à la
pitié! L'Europe monarchique elle-même
n'est plus l'Europe d'autrefois. Un chef
d'Etat même autocrate, même aimé dé
ses sujets, comme le czar, ne peut rester
sourd à la voix de l'opinion. Le pouvoir
suprême n'est plus un simple privilège :
il impose des devoirs, et, au premier
rang, des devoirs de justicier.
Je ne suis pas de ceux qui croient que
le monde européen soit mûr pour la fé-
dération républicaine, rêvée pour l'ave-
nir. En Russie, particulièrement, le czar,
chef religieux en même temps que chef
politique et militaire, est, comme ils di-
sent là-bas, le a petit père » de son peu-
ple. Nous sommes, en France, particu-
lièrement pleins de respect pour cette
haute puissance,qui civilise l'Asie, donne
à réfléchir à l'insolence anglaise, et dont
nous fûmes les adversaires en Crimée
sans être restés ses ennemis. Nous sonir
mes liés avec la Russie par des intérêts
communs, et, ce qui est plus fort que les
intérêts, par des sympathies profondes.
Cette grande race slave, qui s'est tant
assimilé de choses venant de nous, ne
nous inqirète pas-. Nous n'oublions pas
que, par deux fois, vaincus, menacés par
l'Europe coalisée ou par l'Allemagne, on
a dit sur la Neva cette grande et juste;
parole : « Il faut une France au monde ! »;
Et c'est justement à cause de ces vives;
et grandes sympathies qui, au lendemain
même de Sébastopol, faisaient se serrer
les mains françaises et russes, que nous;
verrions avec ennui tout ce qui diminue-
rait le prestige de la maison impériale.:
Les attentats nihilistes nous ont remplis
d'horreur, si leur répression parfois OUi
trée nous a remplis de tristesse. Le vœu
de notre cœur, c'est la Russie marchant
sans révolution dans la-voie du progrès,
et, libre de tout embarras intérieur, exer-
çant sur le monde une action qui ne peut
que nous être bonne.
Mais, je le répète, si les peuples obéis-
sent, ils jugent aussi leurs maîtres. Les
palais impériaux ne sont plus et ne peu-
vent plus être des forteresses dont la
terreur défend les approches. Ils doivent
être des maisons de verre. Et les chefs
d'Etat, en même temps qu'ils sont les
conducteurs des peuples, doivent être les
chefs de leur race et lui imposer une se-
vère ^discipline. Il est nécessaire que les
peuples puissent respecter, non seule-
ment le pouvoir d'une façon abstraite,
mais encore les hommes qui l'exercent et
tous ceux qui les touchent de près.
Quand un scandale éclate dans une cour,
comme il est bien certain qu'on ne pourra
plus le dissimuler, il reste au chef de la
maison à le faire cesser, en agissant en
maître suprême et en exerçant, dans un
esprit d'impartiale justice, cette magis-
trature paternelle qui, au temps de
Louis XIV, modèle de tradition monar-
chique, s'étendait du roi jusqu'aux plus
simples gentilshommes. ;
Le sombre livre d'Une Altesse Impériale
s'ouvre par une idylle charmante, le récit
de l'arrivée de la jeune princesse des
Balkans dans l'empire de Russie. La
foule se porte au-devant d'elle, ac-
clame sa grâce et sa beauté. Et ce
n'est pas le sentiment de la curiosité
qui pousse ainsi le peuple russe au-de-
vant de ses souverains. C'est un sen-
timent bien plus haut d'affection et d'es-
pérance. Les Slaves ont je ne sais quel
pressentiment sacré que l'heure est ve-
nue, pour leur race, de grandes et nobles
destinées. Grandeur extérieure , sage
liberté à l'intérieur, ils comptent sur cet
avenir riant, malgré les tragédies effroya-
bles du jour. Et cet avenir n'a, pour eux.
au moins pour l'immense majorité d'entre
eux, d'autre instrument possible que les
czars. Quels immenses devoirs incombent
à ceux-ci ! Et quelles admirables espéran-
ces leur sont permises ! On comprend
cependant que je ne sais quel vertige
puisse frapper l'esprit de ces maîtres de la
moitié du monde. Beaux, soldats intrépi.
des, il arrive parfois qu'ils éprouvent cer-
tains entraînements des passions, suivis
de mélancolies profondes. Mais le a Père
du peuple » est là, et c'est son rôle d'être,
pour les siens, grands et petits, celui qui
accueille toutes les plaintes et, sans co-
lère comme sans faiblesse, garde aussi
bien l'honneur de sa maison que celui de
sa nation !
NESTOR.
fi|» -
Nouvelles &. Echos
AUJOURD'HUI
A une heure trente minutes, courses à
Vincennes. Pronostics de Gil Blas :
Prix d'automne : Emidoff.
Coupe du demi-sang : Espérance.
Prix de novembre : Ellora.
Prix de clôture : Falbala.
Omnium des trotteurs : Thesea II.
Prix de la Saint-Hubert : Archipel.
La comédie est décidément toujours
fort en honneur. C'est elle qui ouvre la
saison. Avant-hier on a joué l'Etincelle
chez Mme de Beauchamps. Les artistes
amateurs qui ont prêté leur concours à
cette fête ont été excellents, et l'on en
souhaiterait de semblables à nos meil-
leures scènes.
Le théâtre avait été organisé dans le
beau salon de la rue de Berry, et la soi-
rée, animée par la grâce souriante de la
maîtresse de la maison et de ses deux
charmantes filles, s'est prolongée fort
tard.
Grande soirée également chez Mme
Gardon, qui inaugurait son bel hôtel de'
l'avenue du Rou e. Il y avait foule dans
les salons somptueusement décorés, dont
la charmante mistress Gordon faisait les
honneurs avec une grâce parfaite.
Très brillant rendez-vous de chasse
hier au château de Maurevert. Le châte-
lain, M. Savart, qui est un chasseur émé
rite, avait convié à cette fête cynégétique,
à laquelle assistaient plusieurs de nos
confrères, des fusils de premier ordre.
Rien n'est mieux disposé et aménagé
que les bois de Maurevert pour la chasse
à tir. Tout est savamment ordonné, les
enceintes bien délimitées assurent le
succès des battues. Aussi a-t-on fait une
véritable hécatombe de lièvres et de la-
pins.
Le soir, excellent dîner au château,
présidé par Mme Savart qui en faisait les
honneurs avec une grâce et une amabilité
parfaites.
X
Très belle réunion également dans les
bois de Bonne, chez M. Gaston de la
Barre, un de nos plus fins tireurs. Le
châtelain de Montigny a fait une ouver-
ture de bois des plus intéressantes, et au
tableau on comptait un nombre considé-
rable de faisans, de lièvres et de lapins.
Les chevreuils ; et les sangliers ont été
épargnés, sans cela le tableau aurait été
plus brillant encore.
Un congrès d'astronomes aura lieu dès
le commencement de l'année prochaine à
l'Observatoire de Paris.
C'est l'amiral Mouchez qui a pris l'ini-
tiative de cette réunion, et déjà il a reçu
l'adhésion de tous les directeurs d'obser-
vatoires, non seulement de l'Europe, mais
,du mondé entier.
Il s'agit de reconstituer en commun la
carte du ciel d'après les découvertes si
curieuses de la photographie appliquée à
l'astronomie, et dont le principal hon-
neur revient à la France.
Don Francisco Medina, le sympathique
ministre de Nicaragua à Paris, s'est em-
barqué samedi à Saint-Nazaire, pour Ma-
nagua.
Pendant son absence, qui sera de trois
ou quatre mois, la légation sera gérée
par M. P. de Mateus, ministre de Colom-
bie à Paris.
-
Nouvelles vélocipédiques ; M. de Civry
a été le héros des courses de Nantes,
battant facilement tous ses concurrents.
Du reste, voici le compte rendu des
courses :
Intenrationale bicycle
1 F. de Civry, Paris ; 2 LaUlan, Bor-
deaux ; 3 Charron, Angers ; 4 Ch. Ter-
ront, Rayonne.
19 partants.
Internationale tricyle
1 F. de Civry, Paris ; 2 Charron, An-
gers ; Laulan, Bordeaux.
8 parUntâ.
Petit courrier de Belgique : -
Les bals de la cour auront lieu les 2, 9
et 16 février.. ,,' .,,'
Les salons du comte de Flandre, fer-
mes par suite de la mort du prince de
Hohenzollern, se rouvriront cet hiver.
On parle de l'entrée dans le monde du
prince Baudoin, de la princesse Henriette
qui serait, paraît il, prochainement fian-
cée au prince royal d'Italie.
On annonce des fêtes brillantes aux
ambassades du Brésil, d'Angleterre, de
France et de Russie.
La fille de M. de Moreau, ministre de
l'agriculture, fera, cet hiver, son entrée
dans le monde, ainsi que Mlles de Bauer,
Graux, Morren, Urbons, Kenneus, Al-
lard, Peltzer.
Mariage v'ian.
C'est avant-hier qu'a été célébré, en
l'église Notre-Dame de Lorette, le ma-
riage de Mlle Blanche Cabral, très con-
nue dans le monde galant sous le nom
d'Henriette de Solanges, avec un garçon
coiffeur des boulevards extérieurs.
A la sortie de l'église, un murmure
s'est élevé. Les bonnes petites amies,
trouvant que la mariée avait trop prodi-
gué la fleur d'oranger, le lui reprochèrent
en termes amers.
Les nouveaux époux sont partis passer
leur lune de miel au Havre. Cette ville
possède, dit-on, un fort bel aquarium.
Grand banquet le 6 novembre au ren-
dez-vous de chasse des fils Ménier à
Villers-Cotterets, à l'occasion de la prise
de leur centième cerf.
L'équipage .fêtera en même temps la
fête de Saint-Hubert et chassera en forêt
de Retz. Rendez-vous à onze heures et
demie au saut du cerf.
Il y a promesse de mariage entre Mlle
Caroll, une jeune et jolie Américaine,
dont le père a été longtemps gouverneur
de Maryland, et le comte Jean de Ker-
gorlay, officier au 14e régiment de dra-
gons.
Le mariage sera célébré à la fin de
l'année, en l'église de Cannes où la fa-
mille de la jeune fiancée a l'habitude de
passer l'hiver.
***%.
Brillante réunion d'hiver au Racing,
hier, à une heure. Malgré la fraî-
cheur de la température, beaucoup de
femmes et d'élégantes Parisiennes. En
tête Mme Napoléon Ney, qui a tenu à
venir apporter elle-même au Racing une
dépêche du président, le commandant
Ney, actuellement au Niagara, et qui en-
voie ses vœux à son cher club. Mme Ney1
porte une toilette d'automne des plus
réussies : robe de laine mordorée à raies
rouges, veste de loutre, chapeau rond aile
rouge; puis Mme de Saint-Clair, très élé-
gante également; puis Mme de Labor-
derie, Mme Maigien, Mme Devès, etc.,
Succès complet pour ce genre de sport
auquel nous souhaitons longue vie et;
prospérité. J
0 progrès, voilà de tes coups !
La petite ville de Sisteron, en Pro-
vence, patrie de notre excellent ami Paul
Arène, sera, dans quelques mois, éclairée
à l'électricité.
La municipalité vient de traiter avec
une Compagnie, et les travaux vont com-
mencer immédiatement.
,. Déjà les habitants commencent à parler
avec quelque dédain de Paris et de son
gaz. t..t. 1 .è 't 1 !
Sisteron, cité lumière, je te salue !
Le vent qui souffle des bords du beau
Danube bleu apporte au Git Blas, qui a
l'oreille fine, l'écho d'un gros scandale
viennois.
Un baron de promotion très récente et
de première force aux échecs vient d'en
subir un rude dans son ménage.
s Ce gentilhomme, qui peut dire que son
titre est bien à lui, car il l'a payé à beaux
deniers comptants à un principicule d'Al-
lemagne, a surpris sa dame au moment
où elle le faisait mat de concert avec un
pion qu'elle avait engagé pour se perfec-
tionner dans la langue française. Le mari
qui, du reste, a laissé de chers « souvenirs
aux clients parisiens» qui l'ont connu à l'é-
poque où il faisait ro-urièrement de la fi-
nance dans les parages de la rue du Qua-
tre-Septembre, le mari a mené grand
bruit. il y a eu scène de pugilat non sui-
vie d'envoi de témoins, et finalement ex-
pulsion de la coupable épouse hors du
domicile conjugal.
Que fera la blonde et grasse enfant ?
Ce n'est pas son professeur de langue
qui pourra remplacer l'hôtel de la ***
strasse, la villa sur le Kahleriberg, le
coupé armorié, la loge à l'Opéra et tous
les accessoires auxquels elle s'était ha-
bituée. On assure que la pauvre péche-
resse songe sérieusement à utiliser cer-
tains talents de chanteuse légère qu'on
lui reconnaît. Qui sait, après la princesse
Pignatelli, les habitués des beuglants
viennois pourront peut-être applaudir
Mme la baronne de Z.
A peine le nouveau roman d'Hector
Malot, Zyte, vient il de paraître, que l'on
eii voit pointer le quatorzième mille.
Ce succès rend Gil Blas d'autant plus
heureux, qu'il va offrir à ses lecteurs la
primeur du prochain roman de l'éminent
écrivain.
NOUVELLES A LA MAIN
Entre médecins :
— Figurez-vous que j'ai dans ma clien-
tèle un castrés intéressant!. Un jeune
homme auquel il pousse deux petites
cornes sur le front !. Cet accident vient
cor [1 es sur le froiit 1
de faire rompre un projet de mariage.
— Comment?. Jl est célibataire? C'est
très grave. On peut le poursuivre pour
port illégal de décoration.
0°0
Un bon Normand prend son café dans
un estaminet des boulevards :
- Tiens 1. dit-il au garçon, comme
vos morceaux de sucre sont petits !. Ils
sont bien plus gros à Lisieux.
- C'est bien possible, monsieur. Mais,
à Paris, nous dédaignons ce genre do
charlatanisme!.. ','
; LE DIABLE BOITEUX.
-. v ; ♦ ,. •• V !
EN PLEINE FANTAISIE
VARIATIONS MÉLANCOLIQUES
Qui de nous se pourrait ou se voudrait
vanter d'échapper, en ce jour mortuaire,
à la détresse des souvenirs désespérés ?
En est-il un de nous qui n'ait quelque
tombe où le ramène sa pensée, sinon sa
course, avec des fleurs dans l'âme, sinon
dans les mains ? Ne portez pas à vos morts
de chrysanthèmes. Cette fleur sans par-
fum est un emblème sans beauté. Le
moindre bouquet de violettes vaut mieux.
Les violettes ont un arome fugitif et pé-
nétrant qui dit bien mieux le rapide et
caressant retour de votre mémoire vers
les absents, et qui monte vers le ciel. Ne
cherchez pas un symbole durable à une
impression sans durée. Demain, la vie
vous aura pris tout entiers après ce ccurt
voyage dans le pays des morts.
Ne les allez pas trouver non plus avec
des visages trop tristes. Si leurs lèvres
inertes vous pouvaient parler sous le dou-
ble. poids qui les ferme, celui du temps et
celui de la terre accumulée, ils vous di-
raient sans doute que le repos est doux
dans le grand silence où le vent seul se
lamente autour des saules et des cyprès.
C'est notre sublime et redoutable mytho-
logie chrétienne, avec ses rumeurs d'en-
fer dans les ténèbres de l'avenir qui nous
a fait le trépas si redoutable et plein de
sinistres images. Des peuples plus noble-
ment spiritualistes que nous transfor-
maient les funérailles en fêtes et les san-
glots en chants de délivrance.
Sommes-nous bien sûrs, d'ailleurs, que
ce soit sur nos morts que nous pleurions
et non pas sur nous-mêmes, qu'amoin-
drit chaque affection qui nous tombe du
cœur en en arrachant un lambeau ?
*
Ces fils de notre cœur et ces fils de nos flancs,
Les morts, s'ils n'emportaient, sous leurs suaires blancs,
Que l'avare trésor de nos larmes amères,
L'oubli consolerait les amants et les mères.
Plus longtemps que leur spectre insaisissable et doux,
Ce qu'un regret cruel et lâche pleure en nous,
C'est la part de notre être en leur être perdue,
Que de nous ils tenaient et qu'ils n'ont pas rendue ;
C'est la force d'aimer moins vivace en nos seins;
Nos rêves envolés dont les vagues essaims
S'effarouchent au bruit des funérailles lentes;
C'est notre espoir moins ferme en nos mains plus trem-
- j blantes ;
O'est nous, c'est nous tout seuls qu'ils ont abandonnés,
Nus sur un sol aride et pareils aux damnés
Que hante le regret de la vie écoulée 1
— Cet égoïste effroi de l'âme inconsolée.
C'est le mien, et j'en sais la honte et le remords.
Car, détournant de moi le deuil lourd de mon être,
Je fouille le secret interdit de renaître,
Ainsi qu'un or maudit, dans la cendre des morts.
Et, penché sur le sol, silencieux, j'épie
Dans les tressaillements de ta matière impie
IJa lointaine chaleur et le rythme perdu
De mon cœur dans la Mort avant moi descendu !
Oui, les morts sont les voleurs sans
merci qui emportent nos joies, ou mieux,
la seule joie qui soit au monde, celle d'ai-
mer 1 0 cercueil de jeune fille qui t'en vas
sous la candeur menteuse du grand drap
blanc dont les plis frissonnent et des lis
fauchés iniquement dans les jardins, tu
es plein de baisers, ravis pour jamais et
de caresses pour jamais dérobées à l'a-
mant furtif caché dans la foule des indif-
férents qui te suivent, à l'amant qui n'ose
pleurer et qu'étouffent ses sanglots. Ce
qu'il tient de délices perdues entre tes
quatre planches, c'est presque un infini ;
car nous ne connaissons l'infini que par
la ferveur de nos.- tendresses. Descends
vite, sous la terre, ô cercueil de jeune
fille ! Les baisers fleuriront sur d'autres
bouches et les caresses s'épanouiront en-
tre d'autres bras. Tu n'en es pas moins
un trésor qu'on enfouit, un lambeau de
bonheur qu'on écrase sous les pas rudes
des fossoyeurs et le poids des bouquets.
Je m'en veux de dire ainsi ce que notre
douleur contient d'égoïsme. Mais il est
une consolation au fond de ma pensée,
c'est que les morts n'ont pas besoin qu'on
les pleure tandis que le destin des vi-
vants comporte une plainte éternelle.
*
Vous seuls ave7 droit à nos larmes, ô
morts vivants qu'a faits l'oubli ! C'est à
vous que je pense surtout, à vous les aban-
données, à vous dont la main reste ten-
due vers une main fermée pour jamais.
Qui peut sans terreur regarder en ar-
rière sur le chemin de sa vie ? Que de
maîtresses délaissées ! Que d'amis laissés
en chemin ! Leurs yeux tristes nous regar-
dent encore, et leur sourire nous blesse
au cœur. Ah ! c'est là ! sur cette route
parcourue en semant les parj ures qu'est
le véritable cimetière ! Ce que je ressens
surtout, en ce jour, c'est:un immense be-
soin de pardon ! C'est que ceux-là, s'ils
se souviennent de nous, n'ont pas, comme
les autres trépassés, le repos silencieux
et le sommeil sans rêve ! Ils continuent
de s'agiter dans la vie que notre déser-
tion a faite plus vide autour d'eux. Le
même flot monotone les balance, mais
peut-être avons nous emporté la seule
étoile-de leur ciel!
0 doux fantômes de ma jeunesse, ô
tombes sans épitaphes , tombes dont je
connais seul les sentiers, c'est à vous que
je garde mes plus belles fleurs, fleurs
d'automne et fleurs de printemps tout en-
semble, comme la violette qui ramène en
octobre l'âme fugitive d'avril. Et ce n'est
pas un vain souvenir que je veus apporte,
mais l'offrande expiatoire d'une âme infi-
dèle et repentie. Car cette fragilité du
cœur est mon éternelle épouvante, et la
loi m'en semble plus cruelle cent fois que
celle qui nous condamne, après avoir souf-
fert, après avoir aimé, à la paix bienfai-
sante du tombeau !
ARMAND SILVESTRE.
»- ■ ■» ————.
LA TRISTESSE DE MARIUS
J'ai rencontré sur le boulevard Marius
Roucas, de Tarascon. Il était triste. Je
lui demandai pourquoi. Il me répondit :
Cela va mal au pays.
Il avait raison, trop raison. Cela allait
très mal par là-bas. C'était le jour où le
Rhône avait poussé sa plus forte crue, où
la Durance rompait ses digues, où la
; Sorgue elle-même avait pris des airs de
torrent. Les nouvelles arrivaient aux
journaux, d'heure en heure, si excessi-
ves qu'elles en paraissaient invraisem-
blables. Les quais d'Avignon inonJés, et,
dans la ville ces papes, les voitures rem-
placées par une flottille de bateaux ; un
ormeau séculaire de la place Crillon s'a-
battant et, dans sa chute, brisant un
malheureux fiacre abrité sous ses bran-
ches, comme un hanneton qu'écraserait
le pied d'un géant. Caumont, Cavaillon,
le Cheval-Blanc, Mérindol, Cadenet, Lau-
ris et Villelaure, toutes ces petites cités
aux noms sonores et lumineux évoquant
des visions de murailles blanches de so-
leil surgissant du sol dans un flamboie-
ment de clartés vibrantes, tous ces villa-
ges ceints comme d'un impalpablevêtement
par la chanson stridente des cigales,noyés
sous des nappes d'eau limoneuse où ne
surnage aucun bruit hors le clapotement
des flots pressés dans les crevasses des
murs et les troncs des arbres. (Pauvres
cigales, que deviennent-elles sous ce*
humide et froid linceul!.) La ligne d'A-
vignon à Pertuis coupée en plusieurs en-
droits ; coupée aussi la ligne entre l'Isle
et Cavaillon ; coupé encore le Pont des
Vaches, entre Avignon et Mazan, juste
au moment où passait la voiture publi-
que. Quelle série d'aventures, Dieu clé-
ment ! C'était à croire, pour un peu, que
Tat'tarin et Bompard, unis en un accès
de délire inventif, avaient pris possession
du télégraphe et donnaient, sur le cadran
des appareils, libre carrière à la fou-
gue de leurs imaginations déchaînées.
Rien n'était plus vrai, cependant. Vrai
encore le Coulon inondant la promenade
d'Apt, détruisant un moulin, engloutis-
sant son cavalier avec son cheval, et en-
traînant deux troupeaux dans ses tour-
billons. Vrai encore l'Auzon grondant
sous les murs étonnés de Carpentras et
emportant le pont des Tanneries comme
une plume. Vrai toujours, l'Ouvèze enle-
vant d'assaut le bourg de Bédarride, ren-
versant trois maisons et forçant la porte
de l'église paroissiale où ses flots torren-
tueux venaient, à deux mètres de hau-
teur, mouiller les pieds de la Vierge et
des daints stupéfaits.
Et Tartarin télégraphiait toujours, et
l'agence Havas, docile '- et comme médu-
sée, enregistrait ses dépêches sans-une
protestation. Et les prodiges s'accumu-
laient sur les prodiges, et les populations
du Nord, anxieuses, se préparaient à
chercher du regard, à l'horizon, la co-
lombe messagère qui viendrait, la der-
nière branche du dernier olivier au bec,
porter au reste du monde des nouvelles
du dernier Provençal réfugié dans la der-
nière gabarre du Rhône, renouvelant à la
cime du mont Ventoux la légende de
l'arche arrêtée au sommet de l'Ararat !
Et le plus triste, c'est que Tartarin, par
hasard, ne mentait pas d'une syllabe, et
que réellement la joyeuse et bonne terre
de Provence était ensevelie sous un nou-
veau déluge. Aussi, après une minute
de réflexion, n'eus-je pas de peine à m'ex-
pliquer la mélancolie de Marius Roucas
que j'avais rencontré sur le boulevard,
déambulant d'un air navré, le pas lent et
la tête basse, tandis que sous son chapeau,
baissé jusqu'aux yeux, les boucles de ses
cheveux noirs lui pendaient sur le nez,
comme les branches molles d'un saule
pleureur. -
Je compris le patriotique chagrin d;
cette âme méridionale frappée dans C;
qu'elle avait dé plus cher, et tâchai de lu
prouver, par une poignée de main énergi
que, la part sincère que j'y prenais.
— Pauvre ami, lui dis-je, on est bien
éprouvé chez vous !
Il secoua la tête.
— Bien éprouvé, vous pouvez le dire,
et c'est à travers un voile de larmes que
je vois l'image de mon pauvre pays ra-
vagé par cette inondation formidable,
tellement formidable qu'assurément celle
de Toulouse, où il y avait tant d'eau ce-
pendant, ne devait être rien à côté.
- Vous croyez ?
- J'en suis sûr. Je n'ai pas vu celle de
Toulouse, pas plus que je ne vois celle
de chez nous. Mais j'en suis aussi certain
que si je les avais toutes les deux ensem-
ble sous mes yeux, pour mieux faire la
différence. D'abord, vous savez bien qu'en-
tre la Garonne et le Rhône il n'y a pas de
comparaison à faire, n'est-ce pas ? Autant
vaudrait comparer Marseille à Bordeaux,
la Camargue aux Landes et le soleil de la
Provence à celui de la Gascogne.
Personne n'y pense, je suppose. Et
puis, pour que la Provence, cette terre
stoïque, ait poussé ce cri de détresse, il
faut que le cataclysme soit immense,
plus immense que les dépêches reçues à
Paris ue le font supposer. Par un scru-
pule de clémence* où je reconnais son
grand cœur, elle a voulu épargner au
reste de la France une émotion trop
forte.
— Hé, repris-je, qui sait ? Elle trouvera
peut-être une consolation dans l'excès
même de son malheur.
— Comment cela ?
— Sans doute. Etre d'un pays où de
pareils renversements des lois naturelles
sont possibles, et que les éléments dé-
chaînés choisissent entre tous pour être
le théâtre épique de leurs fureurs, pou-
voir dire, lorsque le monde, à peine se-
coué par les tremblements de terre qui
détruisent de ci de là quelques vines t
sera remis de l'alerte causée par le débor-
dement simultané de la Sorgue et du
Coulon : C'est chez nous qu'ont eti lieu
ces phénomènes désormais historiques,
— puis quand on en établira la légende,
pouvoir l'augmenter de tous l^s détails
surprenants qui en souligneront la gran*
diosa horreur, voilà, certes, une cause
d'orgueil légitime, et, pour peu qu'on
connaisse vos compatriotes, il n'est pas
interdit de croire qu'ils éprouveront quel-
que joie à prouver par d'abondantes para"
phrases la vérité du vers fameux :
A raconter .e. maux pirfoii 9a !« eo~!~
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