Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1918-10-09
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 octobre 1918 09 octobre 1918
Description : 1918/10/09 (N15052,A42). 1918/10/09 (N15052,A42).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/08/2012
42* ANNEE. — N.i5.(~'
10 cont Le Numéro
RÉDACTION et ADMINISTRATION
24, Boulevard Poinonnière. Paris (9*)
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE : LANTERNE-PAMS
TÉLÉPHONE : GUTENBERG
01-09
43-93 (après-minuit)
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24f Boulevard Poissonnière.
Directeur-Rédacteur en Chef : FÉLIX HAUTFORT.
.MM'EDM 0 OCTOBRE (1918,
10cont. Le Numéro
ABONNEMENTS
MM frais dans tous les bureau de pottt
1 AN 6 MOIS 3 MOIS tlfOM
Paris Seine
et Seine-et-Oise
18fr. 9fr. 4 50 150
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et Colonies
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Etranger
Union postale
36 fr. 18fr. 9 fr. a lI.
hes propositions
de l'Allemagne
L'Allemagne vient de s'associer à
l'Autriche-Hongrie et à la Turquie pour
faire parvenir à M. le Président Wil-
son - par des voies différentes, il est
vrai — des propositions pour un ar-
mistice général immédiat et l'ouvertu-
re de négociations de paix.
Nous ne savons pas encore la répon-
se. Washington, d'accord avec l'En-
tente, fera à ce « papier », qui, de la
part de l'Allemagne tout au moins,
semble, vis-à-vis du Président des
Etats-Unis, plus un appel de « média-
tion » qu'un acte de belligérant à bel-
ligérant. Mais, de façon, générale, la
presse alliée est unanime dans ces sen-
timents de réserve et de méfiance.
« Reddition sans conditions, disent
même la plupart des journaux améri-
cains. »
-Cet accueil n'est pas pour étonner
quand on considère la sauvage agres-
sion de l'Allemagne en 1914, ses pro-
jets de domination universelle, son
mépris des traités et du droit des gens.
la bairbarie de ce qu'elle appelle ses
méthodes de guerre et la situation en
laquelle se trouvent aujourd'hui, elle
et ses alliés.
La 'Bulgarie a dû lâcher pied. La
Turauie l'Autriche sont à bout de tor-
ces et celle-ci est fort mal venue à pré-
tendre dans une « note explicative »
qu'il ne faut pas « interpréter sa dé-
marche de paix comme une suite des
événements militaires. »
Elle en est la conséquence immédiate
et certaine.
L'Allemagne, qui a assumé la con-
duite de la guerre à Vienne et Gons-
tantinople comme à Berlin, est en bon-
ne placé pour en juger et l'avoue im-
plicitement, lorsque, dans sa procla-
mation à l'armée et à la flotte, le Kai-
ser jette ce ori ; « L'heure est grave L.
Le front d'Orient s'eflfondre. Le vôtre
n'est pas brisé. Il ne le sera pas. »
Vaine consolation, dont nous discu-
terons tout à l'heure et qui témoigne
4e l'isolement où se sent déjà l'Alle-
magne. L'orient s'effondre, parce que, à
la défection bulerare. Autriche et Tur-
sont impuissantes à suppléer et
qu'elles n'ont plus qu'un désir : se sou-
mettre, dussent-elles même renier leur
Maître de Postdam.
:' - Depuis ces j.ours de juillet et d août,
-où nous avons dissipé à coups de ca-
non la légende de l'invincibilité alle-
mande, l'alliance des Centraux se dis-
socie et aujourd'hui chacun d'eux va.
où l'appelle ses propres intérêts. La
proie promise échappe à jamais. On ?e
gare !
Demain, l'Allemagne sera seule en
face de nous, Français, Anglais, Amé-
ricains et combien d'autres, « le dos
au mur. la mort devant soi » comme
le disait tragiquement le Vorwaerts
Elle voudrait nous refaire le coup de
Juin 1813, obtenir un nouvel armistice
de Pleiwitz, la réunion d'un nouveau
congrès de Prague, se donner le temps
de se reconstituer, de rattraper notre
avance industrielle en armements, de
chercher à semer dans l'Entente des
germes de trouble, de se soustraire en
un mot à la bataille « sans répit » que
lui impose le haut commandement in-
terallié.
Et, maladroitement, elle laisse lire
dans son jeu.
Alors qu'elle déclare accepter, som-
me bases, les conditions de la pyix
wilsonienne, elle y contredit, sur do
nombreux points et particulièrement
sur la question d'Alsace-Lorraine, par
la voie de son nouveau chancelier, -Max
de Bade, s'adressant solennellement au
Reichstag.
Alors qu'elle fait appel à l'humanité,
pom la cessation des massacres que
sa folie de domination a provoqués,
elle jalonne d'incendies et de désastres
ses routes de retraite et aggrave ses
odieux forfaits du mensonge de leur
néetssité militaire !
Quelles garanties obtenir de sa dupli-
cité, autres que l'évacuation immédia-
te des territoires qu'elle occupe enco-
re ? Sincère, elle comprendrait. Car,
çes chefs ne peuvent ignorer que, bat-
tus sur le front d'Occident, qu'ils ont
eux-mêmes, justement qualifié de dé-
cisif, ils sont impuissants à échapper
dorénavant à de noueylles défaites.
***
Quand Ludendorff réussit à attein-
dre, sur ce front, le premier et solide
echelon du système Hindenburg — ta
ligne Siegfried, Wotan, Alberich —
comme un refuge d'où ses forces re-
constituées pourraient quelque jour re-
prendre l'offensive, l'Allemagne entiè-
re en accueillit la nouvelle, comme cel-
le d'une victoire. « Maintenant, écri-
vait la Gazette de Francfort, nous dé-
fions toutes les attaques. »
Où sont ces espérances et ces illu-
sions ?
La ligne i. nexpugnable s'est émiettée
sous nos coups. Il n'en reste plus de-
bout que quelques pans, comme en la
région du saillant entre Guise, et Oise.
Et encore celui-ci est si étroitement
enser.ré par notre avance de Saint-
Quentin, La Fère là l'ouest, de l'Ailette
et du Canal de l'Aisne au sud, que sa
chute ne peut tarder.
Ailleurs, l'ennemi a dà se retirer,
poursuivi par nos armées, sur le se-
cond échelon, la ligne Hunding-Brûne-
hilde, qui va du sud de Lille au sud .de
Dun-sur-Meuse par 'Guise, Rethel et
Vouziers et, dans ses retraites forcées,
il a laissé entre nos mains, outre des
positions capitales, comme celles de
^mbiaLi^j^aint-Quentin^ du fort de Brh,
î mont, de la région nord de Reims, de
celles des Monts fameux du Cornillet
i et de IMoronvillers, un butin énorme et
plus de 250.000 prisonniers. ,
Des armées, soumises à de tels ef-
forts et subissant de telles pertes, ne
peuvent ne pas être profondément at-
teintes en leur moral, en leur énergie,
Et c'est en cela, en la diminution mo-
rale et matérielle de ses défenseurs,
que le front ennemi est brisé, contrai-
rement à ce que le Kaiser affirme Im-
pudemment. Des lignes ne peuvent être
rompues, puisque, automatiquement,
elles se reforment sur celles préparées
en arrière. Mais, elles ne valent que
par la qualité des occupants. Quel pro-
dige du bon vieux Dieu allemand pour-
rait rendre aujourd'hui aux effeètifs de
Ludendorff le nombre et la valeur qui
lui seraient nécessaires i
« Pourvu que nous tenions ! » écri-
vent à la fois le Vorwaerts et la Ga-
zette de Voss.
Et « tenir » ce n'est pas qu'arrêter
nos attaques frontales. C'est, avant
tout, s'opposer à la grandiose, manœu-
vre d'encerclement que j'ai montrée,
dans une dernière chronique, comme
se développant sur les deux ailes en-
nemies, en Champagne-Argonne et
dans le Nord de la France, où nous
sommes, sur le canal de la Deule d'une
part, à hauteur de la trouée de Grand-
Pré de l'autre, au contact immédiat de
la ligne Brunehilde.
J'ai dit combien était redoutée de l'Al-
lemagne cette opération du Nord, qui
se développe de l'Yser à rEscaut, avec
ses possibilités d'actions de flanc ou
même die -revers sur Lille et le point de
soudure des lignes du système Hinden-
burg, au sud de -cette ville. Les atta-
ques anglaises entre Cambrai et Saint-
Quentin viennent heureusement de la
prolonger jusqu'à la. Sambre, dont le
cours ouvre une nouvelle voie d'accès
vers les objectifs de notre manœuvre.
« La campagne du nord de la Fran-
ce, écrit le général von Ardenne dans
le Berliner Tageblatt, crée une situa-
tion des plus sérieuses », une situa-
tion, devrait-il dire, qui pourrait en-
traîner l'effondrement de tous , l'en-
semble. 1
Comment oser proclamer, après ce-
la, que les négociations actuelles ne
sont pas la suite des événements mili-
taires ? C'est le sentiment du danger
croissant qui a amené l'Allemagne à
une première démarche insincère.
Continuons à la frapper, sans répit
et impitoyablement, suivant le mot du
maréchal Foch, et nous la verrons se
soumettre docilement aux conditions
qui sont celles du Droit et de la Justice.
GÉNÉRAL * * *
— <
Impérialisme
Nous savons qu'il existe un impérialisme
allemand ; nous le savons même trop. Nous
ignorions encore qu'il existait, malgré notre
régime apparemment républicain, un impé-
rialisme français.
De curieuses révélations nous furent fai-
tes au Congrès socialiste où nous avons en-
tendu un ancien ministre de la Défense Na-
tionale dégager avec véhémence sa respon-
sabilité, dans toutes les velléités impéria-
listes du gouvernement français.
M. Albert Thomas a fait allusion hier, de-
vant ses camarades socialistes, à des « docu-
ments Doumergue », dont il aurait pris con-
naissance au cours de son voyage en Russie.
Il fut allé jusqu'à rompre sa collaboration
avec M. Ribot, s'il ne lui avait été formel-
lement déclaré que le « Traité Doumergue »
devait être considéré comme inexistant.
Qu'étaient donc ces documents mysté-
rieux ? Nous pouvons seulement le deviner
en nous souvenant que, au cours d'un ban-
quet, M. Doumergue, notre envoyé extraor-
dinaire à Pétrograd, risqua le néologisme
trop prématuré de m Tsargrad ». Et c'est
tout 1
Y avait-il là véritablement une tentative
impérialiste, dans laquelle les ambitions
françaises marchaient de concert avec les
vastes appétits russes ? C'est ce que nous
saurons sans doute un jour, lorsque nous
pourrons librement parler de notre diploma-
tie de guerre.
Où finit l'intérêt d'un pays ? Où commen-
ce ce désir de conquête ou d'expansion dé-
raisonnable qui constitue le pangermanisme,
le panslavisme ou le pangallicisme ? La li-
mite en est difficile à déterminer et sans
doute à cet égard le point de vue de Jean
Longuet n'est-il pas celui de M. Clemen-
ceau.
L'incident du Congrès socialiste nous obli-
ge à réfléchir sur ces choses, tandis que
nous attendons encore la réponse du Prési-
dent Wilson, qui peut nous acheminer vers
la paix.
Nous trouvons là une preuve nouvelle de
la nécessité de définir explicitement nos buts
de guerre, afin que nul ne puisse un jour
prétendre qu'une pensée d'impérialisme, in-
compatible avec la pensée démocratique, a
reculé d'une heure le moment de la paix.
Mais nous n'avons aucune raison de dou-
ter que M. Wilson saura garder sa sagesse
jusque dans la victoire. — W.
Démission du Cabinet Espagnol
Madrid, 8 octobre. — On mande de Saint-
Sébastien : -.'
M. Maura, président du conseil, a remis
au roi, cet aprè-midi, sa démission et celle
de tous ses collègues.
Les ministres ont pris cette décision en
présence de la situation que créait la démis-
sion de M. Alba, ministre de l'instruction
publique.
Dans les milieux politiques, on est d'avis
que le roi chargera M. Maura de former le
nouveau ministère et que la crise se limitera
au remplacement du mjnistre de l'instruc-
tion publique.
1.5288e JOUR DE LA GUERRE
■> — » MhHW ♦ -
L'OFFENSIVE LE
A.
Les troupes franco-anglo-américaines, attaquant de Cambrai à la Meuse,
réalisent d'importants progrès, faisant plusieurs milliers de prisonniers.
Communiqués français
8 octobre, d'artillerie dans la région au nord
nuit, lutte d'artillerie dans la région au nord
de Saint-Quentin.
Sur le front de la Suippe, nos troupes ont
atteint les abords de Condé, ont pénétré
dans Isles-sur-Suippe et se sont emparées
de Bazancourt, en dépit de très violentes
contre-attaques ennemies qui sont restées
vaines.
23 heures. — Au nord-est de Saint-Quen- ,
tin, nos troupes, en liaison avec l'armée
britannique, ont attaqué, ce matin, sur un
front de dix kilomètres. Malgré jme résis-
tance opiniâtre, nous avons pénétré dans
les fortes positions de l'ennemi et réalisé
de sérieux progrès. Fontaine-Uterte et la
ferme Bellecour sont entre nos mains. Nous
avons porté nos lignes aux lisières sud et
ouest d'Essigny-le-Petit. conquis les bois à
l'est de Tilloy, la cote 134, ainsi que le vil-
lage de Rouvroy.
Jusqu'ici, plus de douze cents prisonniers
sont signalés, dont cinq cents environ pris
dans la ferme Bellecour.
Sur le front de la Suippe, les combats ont
continué toute la journée. Les Allemands ont
fait de puissants efforts pour nous rejeter
des positions que nous avons conquises sur
la rive nord. Leurs contre-attaques sur la
tête de pont d'Orainville et de Pont-Givart
ont été repoussées. Plus à l'est, l'ennemi,
à plusieurs reprises, a essayé de nous re-
jeter de Bazancourt, sans y parvenir.
Au nord de l'Arnes, les troupes franco-
américaines ont remporté de nouveaux suc-
cès. Appuyées par des chars d'assaut, elles
ont refoulé l'ennemi jusqu'à plus de trois
kilomètres au nord de Saint-Pierre-à-Arnes.
Sur la rive droite de l'Aisne, nous avons
enlevé le plateau au nord-est d'Autry et at-
teint les abords sud de Lançon, faisant de
nombreux prisonniers.
—————
Communiqué américain
18 octobre, 21 heures. - Nous avons pris
Cornay et, en dépit d'une résistance obsti-
née, poursuivi notre avance dans la fo-
rêt de l'Argonne.
A l'est de la Meuse, les troupes françai-
ses et américaines, faisant partie de la pre-
mière armée, ont fait une brillante attaque
dans le voisinage du bois des Caures et du
bois d'Haumont. Les villages de Consen-
voye, de Crabant, d'Haumont et de Beau-
mont ont été occupés et l'ennemi repousse
bien au delà.
Sur les deux rives de la Meuse, nos pro-
pres troupes et les Français sont mainte-
nant en train de rejeter l'ennemi des en-
droits où s'est déroulée la lutte désespérée
pour Verdun.;
Le nombre des prisonniers, pris dans les
opérations de ce jour, dépasse trois mille.
Plus de mille six cents d'entre eux ont été
pris par des unités françaises à l'est de la
Meuse..
Ceci élève le chiffre total des prisonniers
faits par l'ensemble de ces troupes, dans
ces derniers iours, à plus de quatre mille
Les Français ont également pris dix-huit
mortiers de gros calibre et d'autre maté-
riel.
---.
Communiqué officiel belge
8 octobre. — Au cours de la nuit, tirs d'ar-
tillerie ennemis assez violents sur nos pre-
mières lignes, aux abords de Roulers. Des
coups de main effectués par les Allemands,
dans cette région, ont complètement échoué ;
ils nous ont valu la capture de plusieurs
prisonniers.
Pendant la journée, l'ennemi a bombarde
Nieuport, les zones de Clercken, de Wes-
troosedeke, ainsi que nos communications de
la zone arrière. L'aviation allemande, très
active, a mitraillé nos premières lignes et
nos routes vers Noorslede et Passchendaële.
A PROPOS D'UN INCIDENT
A la suite d'un incident d'ordre intérieur
dans lequel nous n'avons nullement à nous
immiscer, M.. Pierre Renaudel, député, mit
en cause, avant-hier, à la séance du Con-
grès socialiste, le JournaL du Peuple et son
directeur, M. Henri Fabre.
- On en vint, semble-t-il, à se demander
qiuels journaux pouvaient être suspects de
subir les influences « capitalistes » dans
Leurs critiques contre le parti ou les élus
socialistes.
Le Journal du Peuple, dans une inten-
tion défensive dont nous devinons mal la
portée, publia hier sur sa manchette, les
noms de diverses personnalités, avec en
regard les titres de certains organes répu-
blicains. La Lanterne figure sur cette liste
et celui qui la dressa y joignit le nom de
« M. Berthelot »..
C'est un honneur que nous nous gade
rons de dédaigner ; l'amitié. de M. Anare
Berthelot nous est précieuse. Le fils du
grand savant et rationaliste Marcellin Bec-
f,helot s'est toujours placé à l'avant-garae
du parti républicain. Il n'est rien dans sa
carrière politique, dans ses discours et
dans ses écrits qui n'atteste le dévouement
le plus absolu à la cause démocratique.
Mais nous devons à la vérité de reconnaître
que M. André Berthelot, bien qu il nous
ait donné, trop rarement, de remarquables
articles, n'appartient ni à la rédaction ni à
l'administration de La Lànterne.
Au surplus, nous nous efforçons vaine-
ment de découvrir en quoi le nom de M.
André Berthelot indiquerait une ingérance
d'ordre capitaliste dans un journal qui gax-
de la plus grandie indépendance sur toutes
les questions économiques et qui le prou-
ve chaque matin. »
F.H.
Nos opérations se poursuivent sur toutes
les parties actives dit front, et elles nous
ont déjà valu des gains importants. — En
Champagne, après avoir enlevé Berry-au-
Bac, gui a joué dans l'histoire de cette guer-
re un rôle, que l'on n'a pas oublié, nos
troupes, en s'emparant de Condé-sur-Suip-
pe, débordent la ligne de la Suippe, déjà
forcée d'Aguilcourt à Aumenatlcourt-le-Pe-
lit. — La prise de Mazancourt, où passe le
chemin de fer de Paris à Mézières, et celle
d'Isles-sur-Suippe, sur la grande route de
Rethel à Reims, ferment à l'ennemi les
plus importantes de ses voies de ravitaille-
ment sur le front champenois.
D'autre part, les troupes américaines et
anglaises ont entamé hier matin, entre
Saint-Quentin ei. Cambrai, une offensive,
dont les débuts sont pleins de promesses.
Mais tout cela parait n'être que l'ultime
amorce d'opérations plus importantes. Les
coups de bélier et les persistants chemine-
ments de ces jours derniers auraient cons-
titué, affirme-t-on, la préparation d'opéra-
lions plus amples qui, malgré le temps dé.
lavorable, se développeraient, heureusement
sur une partie importante du front. — Le
communiqué de cette nuit, que nous ne
connaissons pas encore au momerti où ces
lignes sont écrites, nous tixera sans doute
à ce sujet.
Nos troupes ont attaqué sur un front de
dix kilomètres et voici enfoncées les lignes
ennemies au nord-est de Saint-Quentin.
Tous les îlots de résistance sont emportés,
et il arrive comme à Bellecourt que les re-
tardataires sont cueillis en masse.
Notre poussée en direction de BoKain
s'a.nnonce victorieuse, malgré des contre-at-
taques qui évidemment couvrent la retraite
ennemie. Gouraud marche toujours et s'ap-
proche de Vouziers.
Re leur côté, les Anglais ont attaqué sur
un front de 25 kilomètres. La concentration v
des troupes a pu se faire à l'est de la ligne
Hindenburg, et l'ennemi a partout cédé des
positions devenues intenables. Nous en
sommes encore à une énumération de
bourgs, bientôt nous aurons à parler des
villes.
En Lorraine Français et Amé cains,
rivalisant d'ardeur, donnent une suite à
l'épopée de Verdun et poursuivent l'enne-
mi sur les deux rives et à l'est de la Meu-
se. Enregistrons. avec la prise du bois des
Caures et de Consenvoie, trois mille nou-
veaux prisonniers.
On voit par ce coup d'œil trop rapide que
la manœuvre générale s'accomplit métho-
diquement sur tout le front et vise à pré-
cipiter le vaste repli que les stratèges en-
nemis font prévoir aux Allemands.
***
A noter, sur les fronts orientaux, l'entrée
dans le port de Beyryouth, au milieu de l'en-
thousiasme de la population, de la division
navale française de Syrie.
Cette opération complète les effets de la
prise de Damas par les troupes franco-bri-
tanniques. Les 'Alliés se trouvent ainsi à
un bien petit nombre d'étapes de la ligne
de Bagdad, et les ambitions allemandes en
Orient se trouvent du coup brisées.
Notons encore la triste situation des for-
ces impériales én Serbie et en Albanie. —
En Serbie, les contingents austro-allemands
qui y restaient encore se replient précipi-
tamment, en laissant derrière eux plusieurs
milliers de prisonniers ainsi que leur artil
lérie, leurs approvisionnements et leur ma
tériel de guerre. — La situation est la mê-
me pour les Autrichiens qui se trouvent en
Albanie et que pourchassent nos alliés ita-
liens. — Les temps sont durs pour les Em-
pires du Centre.
-
LE BOCHE PRIS A LA GORGE
- ■ ♦ - t ——————
La bataille de la Suippe
Lorsque le commandement allemand dé-
cida d'évacuation de là" région des Monts
menacée de débordement par l'avance de
,l'armée Gouraud, son intention était de
s'arrêter sur la li'gne de la Suippe, depuis
l'Aisne, à Condé-sur-Suippe, jusqu'à l'Ar-
nes, à Bellheniville. Les rapides dispositions
de notre état-major, devançant l'exécution
de la * rétraite ennemie, jetèrent un grandi
tr.ou.'ble dans le dispositif adverse.
Dès samedi après-midi, les éléments de
surveillance de la 5e armée, après une série
de vifs engagements livrés à de fortes ar-
rière-gardes ennemies, atteignirent la
Suippe à Orainville et surprirent les Alle-
mands en train de passer la rivière sur des
ponts de bateaux.
Malgré une infériorité numérique mar-
quée, nos détachements livrèrent combat à
l'ennemi. La résolution et l'audace de nos
soldats s'affirmèrent victorieusement. Char-
geant les colonnes qui S'apprêtaient à pas-
ser sur l'autre rive, ils les bousculèrent et
s'engagèrent à leur suite sur les ponts de
bateaux construits par le génie allemand.
En moins d'une heure, le passage de la
Suippe était force, et les groupes de mi-
trailleurs, embusqués sur la rive opposée,
rapidement mis en fuite ou exterminés.
Profitant du désarroi de l'ennemi, nos
troupes continuèrent à avancer. S'élançant
à la poursuite des unités dliargées de cou-
vrir la retraite, elles les rejoignirent aux
abords de Bertricourt. La lutte fut achar.
née. Les Allemands, très irenforcés, résis-
tèrent avec une grande énergie, mais ne
purent empêcher nos soldats de s'établir
aux lisières du village, malgré de violents
retours offensifs.
Un peu plus tard, nous nous assurions
près du cimetière de 'Pont-Givard une se-
conde tête de pont que nous réussissions à'
garder en dépit de furieuses contre-atta-
ques. 'd l, - , 'ff. à
Depuis deux jours, l'ennemi s'efforce de
nous rejeter sur la rive sud de la Suippe.
Il n'y parviendra pas. Le glorieux passé de
la division qui se bat à Bertricourt réipond
de l'avenir, et des deux adversaires, c'est
le Boche qui reculera.
.D'autres mouvements. T- *-
On a pu écrice hier matin :
« A l'aile droite de l'armée Gouraud, nos
troupes attendent sans -doute que d'autres
mouvements soient en cours d'exécution
pour menacer davantage encore toute lai
partie sud-ouest de Vouziers. »
Communiqué italien
Rome, 8 octobre. — Par des tirs de des-
truction, nos batteries ont visiblement epi.
dommagé les organisations défensives enne-
mies dans le Giudicarie, dans le val Laga-
rina et dans la région du Grappa ; ces tirs
ont provoqué des explosions dans le bois de
Gallio.
L'artillerie ennemie a été, par intermit-
tence, plus active le long de la Piave.
Sur le plateau d'Asiago, une de nos recon-
naissances, au cours d'une rencontre avldo
un déachement ennemi supérieur en nombre,
l'a mis en fuite par une attaque résolue.
D'autres rencontres de patrouilles dans le
val Frenzela nous ont été favorables.
La nuit dernière, nos dirigeables, quoi
que entravés par un vent violent, ont bom-
bardé efficacement des champs d'aviation et
des centres vitaux ennemis dans le Trentin
et dans la plaine vénitienne.
ALBANIE. — Dans la journée du 6, pour-
suivant des éléments de couverture ennemis,
nos troupes ont atteint le Skumbi, aux en-
virons dù pont de Nova et dans la région de
Murikiani (sud), à l'ouest d'El-Bassan,
4. "* :
La bataille des Flandres
Londres, 8 octobre. — Le correspondant
du « Times » il la Haye télégraphie :
« Je suis informé par un de mes corres-
pondants de la frontière de la Flandre hol-
landaise que les réfugiés déclarent qu'une
ligne de défense très solide est actuellement
construite ipar les Allemands. Cette ligne
part du sud d'Ostende et va dans la direc-
tion de Thourout. Les Allemands forcent
les habitants à travailler à ces défenses.
'Quelques kilomètres plus au nord, une se-
conde ligne est presque terminée. Elle a
pour objet de ,protéger la ligne de retraite
allemande de Bruges à Zeebrugge.
« Cette ligne traverse près de Ruysselede
la -route allant de Tlhielt dans la direction
du nord-est. -"
« On travaille également très activement
aux défenses de Bruges et de Zeebrugtge
où les Allemands envoient l'artillerie lourde
qu'ils peuvent transporter et de l'artillerie
de campagne, pour remplacer les canons
de postes fixes. fA Zeebruigge, un croiseur
'est .sous pression constante pour partir et
gagner la haute mer. n
Les Allemands déportent la population
Le Havre, 8 .octobre. — Suivant le « Te-
legraal », d'Amsterdam, les Allemands dé4-
portent les hommes valides de Mœrker!lce,
Lapsdheure, Cotskerk, Heyst, Blankeniber-
ghe, iDudzeele, Nisseweghe. A 'Bruges, les
déportations continuent. Lundi, un groupe
de déportés de Knocke et Westcappelle fut
dirigé vers l'est. Les vieillards et les jeunes
gens mêlés chantaient la « Brabançonne ».
Plus tard, six cents jeunes gens furent pu-
nis, qiui devaient tirer des chariots et des
charrettes chargées, alors que-les chevaux
et les bœufs marchaient librement derrière
le convoi.
IDes hommes, punis pour avoir cherché la
veille à s'échapper, furent repris par une
patrouille et traités comme des bêtes de
somme.
Les Allemands emmènent le (bétail. Les
déportés ne peuvent emporter que quelques
effets, une couverture et la nourriture pour
trois jours. -
Les déportés de Mœrkerke durent d'abord
céder le bétail et les chevaux, puis furent
renvoyés dans leur village et déportés à
nouveau le lendamain matin.
■ ■ ♦ i
L'offensive des Britanniques
Le correspondant de l'Agence Reuter au
iront britannique télégraphie ;
Ce matin, à 2 h. 30, les troisième et qua-
trième armées britanniques ont déclenché
une violente attaque sur toute la longueur
de leur front, depuis un point situé immé-
diatement au sud de Cambrai jusqu'au
point de liaison avec l'aile gauche françai-
se près de Saint-Quentin.
Les troupes américaines ont pris part à
cette bataille. La canonnade a éclaté sou-
dainement sur plus de trente kilomètres.
La concentration des troupes d'assaut
avait pu se faire à l'est de la ligne Hinden-
burg, et le rassemblement de ces masses
d,'thommes au travers d'un système fortifié,
de tranchées démolies, en pleine obscu-mé,
a été une tâche extrêmement difficile, mais
elle s'est opérée d'une façon satisfaisante
avant l'heure de l'attaque.
Une seconde phase de la bataille a com-
mencé à 4 heures 30 et une troisième un
quart d'heure plus tard:
Les premiers rapports reçus sont, comme
d'habitude très brefs, mais, en somme, très
encourageants.
Nous aurions pris Belaise et Lesdain. La
riposte de l'artillerie ennemie à Bas barra- 1
«ses & tailla-
Conunnniqués anglais
8 octobre, après-midi. - Au cours d'opé-
rations locales exécutées hier aux environs
de Montbrehain et au nord de Beaurevoir,
des troupes américaines et anglaises ont
fait deux cent trente prisonniers. -
Ce matin, un peu avant l'aube, des trou-
pes britanniques et américaines ont lanc
une attaque entre Saint-Quentin et Cam-
brai.
Malgré la pluie battante qui a commencé
la nuit dernière et continue encore les pre.
miers comptes rendus annoncent un pro.
grès satisfaisant.
Soir. — Ce matin, entre quatre heures
trente et cinq heures dix, les troisième et
quatrième armées ont attaqué, sur un front
d'environ vingt milles, entre Saint-Quentin
et Cambrai. Elles ont avancé sur toute l'éten-
due du front d'attaque, sur une profondeur
moyenne d'environ trois milles.
La nuit avait été orageuse et la concentra.
tion des troupes avait été difficile. L'attaque
a été lancée sous une averse violente. A me-
sure que l'attaque a progressé le tempt
s'est éclairci. favorisant le développement
des opérations qui, dès le commencement,
ont obtenu un plein succès.
A l'extrême droite de l'attaque britannique
la sixième division et les troupes d'une autre
division anglaise ont chassé l'ennemi de la
crête au sud-est et à l'est de Montbrehain et
se sont emparées du hameau de Beaure-
garde Au centre droit, la trentième division
américaine, comprenant des troupes de la
Carolina du Nord et du Sud et de Tennessee
sous le commandement du général Lewis a
enlevé Brancourt, après des combats achar-
nés. Plus au Nord, elle s'est emparée de Tre-
mont, effectuant ainsi une avance heureuse
de plus de trois milles. Au cours de cette
avance, elle a chassé l'ennemi de nombreux
bois et fermes A leur gauche, des troupes
anglaises, écossaises et irlandaises des 2*
et 66e divisions, ont réalisé, de bonne heure
dans la journée, un progrès égal, enlevant
le village de Servais. Au centre, des trou-
pes anglaises et galloises des 38e et 21e divi.
sions ont brisé le système défensif allemand
Beaurevoir-Manières. Elles ont pris Malen-
court et la ligne de tranchées à l'ouest de
Malencourt.
De forts détachements de mitrailleurs en-
nemis ont opposé une résistance opiniâtre
dans Villers-Outréaux. Après une période de,
durs combats, des troupes galloises se sont
emparées de ce village. Au centre gauche,
la 37e division et la division néo-zélandaise
ont éga ement brisé la ligne Beaurevoir-Mas-
nieres et ont progressé profondément à l'est
de cette ligne. De bonne heure ce matin les
troupes néo-zélandaises ont enlevé de haute
lutte Lasam et, poussant en avant, se sont
emparées de Esnes. A la gauche de l'attaque,
les troupes des 2", 3e et 63e divisions ont sou-
tenu de durs combats dans le voisinaqe de
Seranvillers et Niergnies, et le long de la
ligne de la route Esnes-Cambrai. Dans ce
secteur, l'ennemi a violemment contre-atta-
qué, se servant de tanks pour soutenir son
infanterie. Après avoir légèrement refoulé
nos troupes, l'attaque a été arrêtée et les
tanks ennemis ont été mis hors de combat.
Nos troupes ont enlevé Seranvil ers et Nier-
gnies et ont repris leur avance.
Au nord de la Scarpe, nous avons achevé
la prise du système de tranchées allemandes
de la ligne Fresnes-Rouvroy, depuis la Scar-
pe jusqu'au delà d'Oppy. Nous nous som-
mes emparés de Fresnes-lez-Montauban et
de Neuvireuil.
Au cours de ces heureuses opérations
nous avons pris plusieurs milliers de nri^
sonniers et de nombreux canons.
Nous avons continué de progresser sur-
toute l'étendue du front.
LA LUTTE CONTRE LA VIE CHERE
La coopération
culinaire
- «♦«
A la condition de se garder des conceptions
chimériques, la préparation collective
des aliments peut constituer un pal-
liatif à la vie chère.
Le projet que Ton prête &'
M. Boret, et qui ne tendrait
à rien moins qu'à instituer
une gigantesque cuisine na-
tionale, susceptible d'atimen.
ter, ne fût-ce que partielle-
ment, non seulement l'ar-
mée, mais encore la" population civile, nous
paraît ifiniment trop vaste pour pouvoir
être utilement réalisé ; et, sans la condam-
ner (t a priori », nous restons fortement
sceptiques à son égard.
Sans doute, le ministre pourrait trouver
un précédent à sa conception dans l'histoire
de la République Spartiate, qui fournissait
aux citoyens une nourriture uniforme cons-
tituée par le brouet noir, ragoûï de porc et
de vin, qui apparaîtrait aujourd'hui comme
un aliment de grand luxe, étant donné la
prix auxquels se vendent Je vin et le porc.
Mais on ne saurait évidemment comparée
l'alimentation d'un pays, dont l'étendue ne
dépassait pas celle d'un petit canton, avec
l'alimentation de nos populations.
Théoriquement, on peut admettre qu'il y
aurait des avantages à cuisiner industrielle-
ment nos repas ; mais, pratiquement, M
fonctionnement d'un organisme, qui devrai
fournir quotidiennement des millions de por4
lions, se heurterait, pour la préparation et
la distribution, à des difficultés telles qu'é-
tant données nos mœurs administratives;,
on peut les considérer comme insurmon-
tables.
Dans ces conditions, si M. Boret donna
10 cont Le Numéro
RÉDACTION et ADMINISTRATION
24, Boulevard Poinonnière. Paris (9*)
ADRESSE TÉLÉGRAPHIQUE : LANTERNE-PAMS
TÉLÉPHONE : GUTENBERG
01-09
43-93 (après-minuit)
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24f Boulevard Poissonnière.
Directeur-Rédacteur en Chef : FÉLIX HAUTFORT.
.MM'EDM 0 OCTOBRE (1918,
10cont. Le Numéro
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Etranger
Union postale
36 fr. 18fr. 9 fr. a lI.
hes propositions
de l'Allemagne
L'Allemagne vient de s'associer à
l'Autriche-Hongrie et à la Turquie pour
faire parvenir à M. le Président Wil-
son - par des voies différentes, il est
vrai — des propositions pour un ar-
mistice général immédiat et l'ouvertu-
re de négociations de paix.
Nous ne savons pas encore la répon-
se. Washington, d'accord avec l'En-
tente, fera à ce « papier », qui, de la
part de l'Allemagne tout au moins,
semble, vis-à-vis du Président des
Etats-Unis, plus un appel de « média-
tion » qu'un acte de belligérant à bel-
ligérant. Mais, de façon, générale, la
presse alliée est unanime dans ces sen-
timents de réserve et de méfiance.
« Reddition sans conditions, disent
même la plupart des journaux améri-
cains. »
-Cet accueil n'est pas pour étonner
quand on considère la sauvage agres-
sion de l'Allemagne en 1914, ses pro-
jets de domination universelle, son
mépris des traités et du droit des gens.
la bairbarie de ce qu'elle appelle ses
méthodes de guerre et la situation en
laquelle se trouvent aujourd'hui, elle
et ses alliés.
La 'Bulgarie a dû lâcher pied. La
Turauie l'Autriche sont à bout de tor-
ces et celle-ci est fort mal venue à pré-
tendre dans une « note explicative »
qu'il ne faut pas « interpréter sa dé-
marche de paix comme une suite des
événements militaires. »
Elle en est la conséquence immédiate
et certaine.
L'Allemagne, qui a assumé la con-
duite de la guerre à Vienne et Gons-
tantinople comme à Berlin, est en bon-
ne placé pour en juger et l'avoue im-
plicitement, lorsque, dans sa procla-
mation à l'armée et à la flotte, le Kai-
ser jette ce ori ; « L'heure est grave L.
Le front d'Orient s'eflfondre. Le vôtre
n'est pas brisé. Il ne le sera pas. »
Vaine consolation, dont nous discu-
terons tout à l'heure et qui témoigne
4e l'isolement où se sent déjà l'Alle-
magne. L'orient s'effondre, parce que, à
la défection bulerare. Autriche et Tur-
sont impuissantes à suppléer et
qu'elles n'ont plus qu'un désir : se sou-
mettre, dussent-elles même renier leur
Maître de Postdam.
:' - Depuis ces j.ours de juillet et d août,
-où nous avons dissipé à coups de ca-
non la légende de l'invincibilité alle-
mande, l'alliance des Centraux se dis-
socie et aujourd'hui chacun d'eux va.
où l'appelle ses propres intérêts. La
proie promise échappe à jamais. On ?e
gare !
Demain, l'Allemagne sera seule en
face de nous, Français, Anglais, Amé-
ricains et combien d'autres, « le dos
au mur. la mort devant soi » comme
le disait tragiquement le Vorwaerts
Elle voudrait nous refaire le coup de
Juin 1813, obtenir un nouvel armistice
de Pleiwitz, la réunion d'un nouveau
congrès de Prague, se donner le temps
de se reconstituer, de rattraper notre
avance industrielle en armements, de
chercher à semer dans l'Entente des
germes de trouble, de se soustraire en
un mot à la bataille « sans répit » que
lui impose le haut commandement in-
terallié.
Et, maladroitement, elle laisse lire
dans son jeu.
Alors qu'elle déclare accepter, som-
me bases, les conditions de la pyix
wilsonienne, elle y contredit, sur do
nombreux points et particulièrement
sur la question d'Alsace-Lorraine, par
la voie de son nouveau chancelier, -Max
de Bade, s'adressant solennellement au
Reichstag.
Alors qu'elle fait appel à l'humanité,
pom la cessation des massacres que
sa folie de domination a provoqués,
elle jalonne d'incendies et de désastres
ses routes de retraite et aggrave ses
odieux forfaits du mensonge de leur
néetssité militaire !
Quelles garanties obtenir de sa dupli-
cité, autres que l'évacuation immédia-
te des territoires qu'elle occupe enco-
re ? Sincère, elle comprendrait. Car,
çes chefs ne peuvent ignorer que, bat-
tus sur le front d'Occident, qu'ils ont
eux-mêmes, justement qualifié de dé-
cisif, ils sont impuissants à échapper
dorénavant à de noueylles défaites.
***
Quand Ludendorff réussit à attein-
dre, sur ce front, le premier et solide
echelon du système Hindenburg — ta
ligne Siegfried, Wotan, Alberich —
comme un refuge d'où ses forces re-
constituées pourraient quelque jour re-
prendre l'offensive, l'Allemagne entiè-
re en accueillit la nouvelle, comme cel-
le d'une victoire. « Maintenant, écri-
vait la Gazette de Francfort, nous dé-
fions toutes les attaques. »
Où sont ces espérances et ces illu-
sions ?
La ligne i. nexpugnable s'est émiettée
sous nos coups. Il n'en reste plus de-
bout que quelques pans, comme en la
région du saillant entre Guise, et Oise.
Et encore celui-ci est si étroitement
enser.ré par notre avance de Saint-
Quentin, La Fère là l'ouest, de l'Ailette
et du Canal de l'Aisne au sud, que sa
chute ne peut tarder.
Ailleurs, l'ennemi a dà se retirer,
poursuivi par nos armées, sur le se-
cond échelon, la ligne Hunding-Brûne-
hilde, qui va du sud de Lille au sud .de
Dun-sur-Meuse par 'Guise, Rethel et
Vouziers et, dans ses retraites forcées,
il a laissé entre nos mains, outre des
positions capitales, comme celles de
^mbiaLi^j^aint-Quentin^ du fort de Brh,
î mont, de la région nord de Reims, de
celles des Monts fameux du Cornillet
i et de IMoronvillers, un butin énorme et
plus de 250.000 prisonniers. ,
Des armées, soumises à de tels ef-
forts et subissant de telles pertes, ne
peuvent ne pas être profondément at-
teintes en leur moral, en leur énergie,
Et c'est en cela, en la diminution mo-
rale et matérielle de ses défenseurs,
que le front ennemi est brisé, contrai-
rement à ce que le Kaiser affirme Im-
pudemment. Des lignes ne peuvent être
rompues, puisque, automatiquement,
elles se reforment sur celles préparées
en arrière. Mais, elles ne valent que
par la qualité des occupants. Quel pro-
dige du bon vieux Dieu allemand pour-
rait rendre aujourd'hui aux effeètifs de
Ludendorff le nombre et la valeur qui
lui seraient nécessaires i
« Pourvu que nous tenions ! » écri-
vent à la fois le Vorwaerts et la Ga-
zette de Voss.
Et « tenir » ce n'est pas qu'arrêter
nos attaques frontales. C'est, avant
tout, s'opposer à la grandiose, manœu-
vre d'encerclement que j'ai montrée,
dans une dernière chronique, comme
se développant sur les deux ailes en-
nemies, en Champagne-Argonne et
dans le Nord de la France, où nous
sommes, sur le canal de la Deule d'une
part, à hauteur de la trouée de Grand-
Pré de l'autre, au contact immédiat de
la ligne Brunehilde.
J'ai dit combien était redoutée de l'Al-
lemagne cette opération du Nord, qui
se développe de l'Yser à rEscaut, avec
ses possibilités d'actions de flanc ou
même die -revers sur Lille et le point de
soudure des lignes du système Hinden-
burg, au sud de -cette ville. Les atta-
ques anglaises entre Cambrai et Saint-
Quentin viennent heureusement de la
prolonger jusqu'à la. Sambre, dont le
cours ouvre une nouvelle voie d'accès
vers les objectifs de notre manœuvre.
« La campagne du nord de la Fran-
ce, écrit le général von Ardenne dans
le Berliner Tageblatt, crée une situa-
tion des plus sérieuses », une situa-
tion, devrait-il dire, qui pourrait en-
traîner l'effondrement de tous , l'en-
semble. 1
Comment oser proclamer, après ce-
la, que les négociations actuelles ne
sont pas la suite des événements mili-
taires ? C'est le sentiment du danger
croissant qui a amené l'Allemagne à
une première démarche insincère.
Continuons à la frapper, sans répit
et impitoyablement, suivant le mot du
maréchal Foch, et nous la verrons se
soumettre docilement aux conditions
qui sont celles du Droit et de la Justice.
GÉNÉRAL * * *
— <
Impérialisme
Nous savons qu'il existe un impérialisme
allemand ; nous le savons même trop. Nous
ignorions encore qu'il existait, malgré notre
régime apparemment républicain, un impé-
rialisme français.
De curieuses révélations nous furent fai-
tes au Congrès socialiste où nous avons en-
tendu un ancien ministre de la Défense Na-
tionale dégager avec véhémence sa respon-
sabilité, dans toutes les velléités impéria-
listes du gouvernement français.
M. Albert Thomas a fait allusion hier, de-
vant ses camarades socialistes, à des « docu-
ments Doumergue », dont il aurait pris con-
naissance au cours de son voyage en Russie.
Il fut allé jusqu'à rompre sa collaboration
avec M. Ribot, s'il ne lui avait été formel-
lement déclaré que le « Traité Doumergue »
devait être considéré comme inexistant.
Qu'étaient donc ces documents mysté-
rieux ? Nous pouvons seulement le deviner
en nous souvenant que, au cours d'un ban-
quet, M. Doumergue, notre envoyé extraor-
dinaire à Pétrograd, risqua le néologisme
trop prématuré de m Tsargrad ». Et c'est
tout 1
Y avait-il là véritablement une tentative
impérialiste, dans laquelle les ambitions
françaises marchaient de concert avec les
vastes appétits russes ? C'est ce que nous
saurons sans doute un jour, lorsque nous
pourrons librement parler de notre diploma-
tie de guerre.
Où finit l'intérêt d'un pays ? Où commen-
ce ce désir de conquête ou d'expansion dé-
raisonnable qui constitue le pangermanisme,
le panslavisme ou le pangallicisme ? La li-
mite en est difficile à déterminer et sans
doute à cet égard le point de vue de Jean
Longuet n'est-il pas celui de M. Clemen-
ceau.
L'incident du Congrès socialiste nous obli-
ge à réfléchir sur ces choses, tandis que
nous attendons encore la réponse du Prési-
dent Wilson, qui peut nous acheminer vers
la paix.
Nous trouvons là une preuve nouvelle de
la nécessité de définir explicitement nos buts
de guerre, afin que nul ne puisse un jour
prétendre qu'une pensée d'impérialisme, in-
compatible avec la pensée démocratique, a
reculé d'une heure le moment de la paix.
Mais nous n'avons aucune raison de dou-
ter que M. Wilson saura garder sa sagesse
jusque dans la victoire. — W.
Démission du Cabinet Espagnol
Madrid, 8 octobre. — On mande de Saint-
Sébastien : -.'
M. Maura, président du conseil, a remis
au roi, cet aprè-midi, sa démission et celle
de tous ses collègues.
Les ministres ont pris cette décision en
présence de la situation que créait la démis-
sion de M. Alba, ministre de l'instruction
publique.
Dans les milieux politiques, on est d'avis
que le roi chargera M. Maura de former le
nouveau ministère et que la crise se limitera
au remplacement du mjnistre de l'instruc-
tion publique.
1.5288e JOUR DE LA GUERRE
■> — » MhHW ♦ -
L'OFFENSIVE LE
A.
Les troupes franco-anglo-américaines, attaquant de Cambrai à la Meuse,
réalisent d'importants progrès, faisant plusieurs milliers de prisonniers.
Communiqués français
8 octobre, d'artillerie dans la région au nord
nuit, lutte d'artillerie dans la région au nord
de Saint-Quentin.
Sur le front de la Suippe, nos troupes ont
atteint les abords de Condé, ont pénétré
dans Isles-sur-Suippe et se sont emparées
de Bazancourt, en dépit de très violentes
contre-attaques ennemies qui sont restées
vaines.
23 heures. — Au nord-est de Saint-Quen- ,
tin, nos troupes, en liaison avec l'armée
britannique, ont attaqué, ce matin, sur un
front de dix kilomètres. Malgré jme résis-
tance opiniâtre, nous avons pénétré dans
les fortes positions de l'ennemi et réalisé
de sérieux progrès. Fontaine-Uterte et la
ferme Bellecour sont entre nos mains. Nous
avons porté nos lignes aux lisières sud et
ouest d'Essigny-le-Petit. conquis les bois à
l'est de Tilloy, la cote 134, ainsi que le vil-
lage de Rouvroy.
Jusqu'ici, plus de douze cents prisonniers
sont signalés, dont cinq cents environ pris
dans la ferme Bellecour.
Sur le front de la Suippe, les combats ont
continué toute la journée. Les Allemands ont
fait de puissants efforts pour nous rejeter
des positions que nous avons conquises sur
la rive nord. Leurs contre-attaques sur la
tête de pont d'Orainville et de Pont-Givart
ont été repoussées. Plus à l'est, l'ennemi,
à plusieurs reprises, a essayé de nous re-
jeter de Bazancourt, sans y parvenir.
Au nord de l'Arnes, les troupes franco-
américaines ont remporté de nouveaux suc-
cès. Appuyées par des chars d'assaut, elles
ont refoulé l'ennemi jusqu'à plus de trois
kilomètres au nord de Saint-Pierre-à-Arnes.
Sur la rive droite de l'Aisne, nous avons
enlevé le plateau au nord-est d'Autry et at-
teint les abords sud de Lançon, faisant de
nombreux prisonniers.
—————
Communiqué américain
18 octobre, 21 heures. - Nous avons pris
Cornay et, en dépit d'une résistance obsti-
née, poursuivi notre avance dans la fo-
rêt de l'Argonne.
A l'est de la Meuse, les troupes françai-
ses et américaines, faisant partie de la pre-
mière armée, ont fait une brillante attaque
dans le voisinage du bois des Caures et du
bois d'Haumont. Les villages de Consen-
voye, de Crabant, d'Haumont et de Beau-
mont ont été occupés et l'ennemi repousse
bien au delà.
Sur les deux rives de la Meuse, nos pro-
pres troupes et les Français sont mainte-
nant en train de rejeter l'ennemi des en-
droits où s'est déroulée la lutte désespérée
pour Verdun.;
Le nombre des prisonniers, pris dans les
opérations de ce jour, dépasse trois mille.
Plus de mille six cents d'entre eux ont été
pris par des unités françaises à l'est de la
Meuse..
Ceci élève le chiffre total des prisonniers
faits par l'ensemble de ces troupes, dans
ces derniers iours, à plus de quatre mille
Les Français ont également pris dix-huit
mortiers de gros calibre et d'autre maté-
riel.
---.
Communiqué officiel belge
8 octobre. — Au cours de la nuit, tirs d'ar-
tillerie ennemis assez violents sur nos pre-
mières lignes, aux abords de Roulers. Des
coups de main effectués par les Allemands,
dans cette région, ont complètement échoué ;
ils nous ont valu la capture de plusieurs
prisonniers.
Pendant la journée, l'ennemi a bombarde
Nieuport, les zones de Clercken, de Wes-
troosedeke, ainsi que nos communications de
la zone arrière. L'aviation allemande, très
active, a mitraillé nos premières lignes et
nos routes vers Noorslede et Passchendaële.
A PROPOS D'UN INCIDENT
A la suite d'un incident d'ordre intérieur
dans lequel nous n'avons nullement à nous
immiscer, M.. Pierre Renaudel, député, mit
en cause, avant-hier, à la séance du Con-
grès socialiste, le JournaL du Peuple et son
directeur, M. Henri Fabre.
- On en vint, semble-t-il, à se demander
qiuels journaux pouvaient être suspects de
subir les influences « capitalistes » dans
Leurs critiques contre le parti ou les élus
socialistes.
Le Journal du Peuple, dans une inten-
tion défensive dont nous devinons mal la
portée, publia hier sur sa manchette, les
noms de diverses personnalités, avec en
regard les titres de certains organes répu-
blicains. La Lanterne figure sur cette liste
et celui qui la dressa y joignit le nom de
« M. Berthelot »..
C'est un honneur que nous nous gade
rons de dédaigner ; l'amitié. de M. Anare
Berthelot nous est précieuse. Le fils du
grand savant et rationaliste Marcellin Bec-
f,helot s'est toujours placé à l'avant-garae
du parti républicain. Il n'est rien dans sa
carrière politique, dans ses discours et
dans ses écrits qui n'atteste le dévouement
le plus absolu à la cause démocratique.
Mais nous devons à la vérité de reconnaître
que M. André Berthelot, bien qu il nous
ait donné, trop rarement, de remarquables
articles, n'appartient ni à la rédaction ni à
l'administration de La Lànterne.
Au surplus, nous nous efforçons vaine-
ment de découvrir en quoi le nom de M.
André Berthelot indiquerait une ingérance
d'ordre capitaliste dans un journal qui gax-
de la plus grandie indépendance sur toutes
les questions économiques et qui le prou-
ve chaque matin. »
F.H.
Nos opérations se poursuivent sur toutes
les parties actives dit front, et elles nous
ont déjà valu des gains importants. — En
Champagne, après avoir enlevé Berry-au-
Bac, gui a joué dans l'histoire de cette guer-
re un rôle, que l'on n'a pas oublié, nos
troupes, en s'emparant de Condé-sur-Suip-
pe, débordent la ligne de la Suippe, déjà
forcée d'Aguilcourt à Aumenatlcourt-le-Pe-
lit. — La prise de Mazancourt, où passe le
chemin de fer de Paris à Mézières, et celle
d'Isles-sur-Suippe, sur la grande route de
Rethel à Reims, ferment à l'ennemi les
plus importantes de ses voies de ravitaille-
ment sur le front champenois.
D'autre part, les troupes américaines et
anglaises ont entamé hier matin, entre
Saint-Quentin ei. Cambrai, une offensive,
dont les débuts sont pleins de promesses.
Mais tout cela parait n'être que l'ultime
amorce d'opérations plus importantes. Les
coups de bélier et les persistants chemine-
ments de ces jours derniers auraient cons-
titué, affirme-t-on, la préparation d'opéra-
lions plus amples qui, malgré le temps dé.
lavorable, se développeraient, heureusement
sur une partie importante du front. — Le
communiqué de cette nuit, que nous ne
connaissons pas encore au momerti où ces
lignes sont écrites, nous tixera sans doute
à ce sujet.
Nos troupes ont attaqué sur un front de
dix kilomètres et voici enfoncées les lignes
ennemies au nord-est de Saint-Quentin.
Tous les îlots de résistance sont emportés,
et il arrive comme à Bellecourt que les re-
tardataires sont cueillis en masse.
Notre poussée en direction de BoKain
s'a.nnonce victorieuse, malgré des contre-at-
taques qui évidemment couvrent la retraite
ennemie. Gouraud marche toujours et s'ap-
proche de Vouziers.
Re leur côté, les Anglais ont attaqué sur
un front de 25 kilomètres. La concentration v
des troupes a pu se faire à l'est de la ligne
Hindenburg, et l'ennemi a partout cédé des
positions devenues intenables. Nous en
sommes encore à une énumération de
bourgs, bientôt nous aurons à parler des
villes.
En Lorraine Français et Amé cains,
rivalisant d'ardeur, donnent une suite à
l'épopée de Verdun et poursuivent l'enne-
mi sur les deux rives et à l'est de la Meu-
se. Enregistrons. avec la prise du bois des
Caures et de Consenvoie, trois mille nou-
veaux prisonniers.
On voit par ce coup d'œil trop rapide que
la manœuvre générale s'accomplit métho-
diquement sur tout le front et vise à pré-
cipiter le vaste repli que les stratèges en-
nemis font prévoir aux Allemands.
***
A noter, sur les fronts orientaux, l'entrée
dans le port de Beyryouth, au milieu de l'en-
thousiasme de la population, de la division
navale française de Syrie.
Cette opération complète les effets de la
prise de Damas par les troupes franco-bri-
tanniques. Les 'Alliés se trouvent ainsi à
un bien petit nombre d'étapes de la ligne
de Bagdad, et les ambitions allemandes en
Orient se trouvent du coup brisées.
Notons encore la triste situation des for-
ces impériales én Serbie et en Albanie. —
En Serbie, les contingents austro-allemands
qui y restaient encore se replient précipi-
tamment, en laissant derrière eux plusieurs
milliers de prisonniers ainsi que leur artil
lérie, leurs approvisionnements et leur ma
tériel de guerre. — La situation est la mê-
me pour les Autrichiens qui se trouvent en
Albanie et que pourchassent nos alliés ita-
liens. — Les temps sont durs pour les Em-
pires du Centre.
-
LE BOCHE PRIS A LA GORGE
- ■ ♦ - t ——————
La bataille de la Suippe
Lorsque le commandement allemand dé-
cida d'évacuation de là" région des Monts
menacée de débordement par l'avance de
,l'armée Gouraud, son intention était de
s'arrêter sur la li'gne de la Suippe, depuis
l'Aisne, à Condé-sur-Suippe, jusqu'à l'Ar-
nes, à Bellheniville. Les rapides dispositions
de notre état-major, devançant l'exécution
de la * rétraite ennemie, jetèrent un grandi
tr.ou.'ble dans le dispositif adverse.
Dès samedi après-midi, les éléments de
surveillance de la 5e armée, après une série
de vifs engagements livrés à de fortes ar-
rière-gardes ennemies, atteignirent la
Suippe à Orainville et surprirent les Alle-
mands en train de passer la rivière sur des
ponts de bateaux.
Malgré une infériorité numérique mar-
quée, nos détachements livrèrent combat à
l'ennemi. La résolution et l'audace de nos
soldats s'affirmèrent victorieusement. Char-
geant les colonnes qui S'apprêtaient à pas-
ser sur l'autre rive, ils les bousculèrent et
s'engagèrent à leur suite sur les ponts de
bateaux construits par le génie allemand.
En moins d'une heure, le passage de la
Suippe était force, et les groupes de mi-
trailleurs, embusqués sur la rive opposée,
rapidement mis en fuite ou exterminés.
Profitant du désarroi de l'ennemi, nos
troupes continuèrent à avancer. S'élançant
à la poursuite des unités dliargées de cou-
vrir la retraite, elles les rejoignirent aux
abords de Bertricourt. La lutte fut achar.
née. Les Allemands, très irenforcés, résis-
tèrent avec une grande énergie, mais ne
purent empêcher nos soldats de s'établir
aux lisières du village, malgré de violents
retours offensifs.
Un peu plus tard, nous nous assurions
près du cimetière de 'Pont-Givard une se-
conde tête de pont que nous réussissions à'
garder en dépit de furieuses contre-atta-
ques. 'd l, - , 'ff. à
Depuis deux jours, l'ennemi s'efforce de
nous rejeter sur la rive sud de la Suippe.
Il n'y parviendra pas. Le glorieux passé de
la division qui se bat à Bertricourt réipond
de l'avenir, et des deux adversaires, c'est
le Boche qui reculera.
.D'autres mouvements. T- *-
On a pu écrice hier matin :
« A l'aile droite de l'armée Gouraud, nos
troupes attendent sans -doute que d'autres
mouvements soient en cours d'exécution
pour menacer davantage encore toute lai
partie sud-ouest de Vouziers. »
Communiqué italien
Rome, 8 octobre. — Par des tirs de des-
truction, nos batteries ont visiblement epi.
dommagé les organisations défensives enne-
mies dans le Giudicarie, dans le val Laga-
rina et dans la région du Grappa ; ces tirs
ont provoqué des explosions dans le bois de
Gallio.
L'artillerie ennemie a été, par intermit-
tence, plus active le long de la Piave.
Sur le plateau d'Asiago, une de nos recon-
naissances, au cours d'une rencontre avldo
un déachement ennemi supérieur en nombre,
l'a mis en fuite par une attaque résolue.
D'autres rencontres de patrouilles dans le
val Frenzela nous ont été favorables.
La nuit dernière, nos dirigeables, quoi
que entravés par un vent violent, ont bom-
bardé efficacement des champs d'aviation et
des centres vitaux ennemis dans le Trentin
et dans la plaine vénitienne.
ALBANIE. — Dans la journée du 6, pour-
suivant des éléments de couverture ennemis,
nos troupes ont atteint le Skumbi, aux en-
virons dù pont de Nova et dans la région de
Murikiani (sud), à l'ouest d'El-Bassan,
4. "* :
La bataille des Flandres
Londres, 8 octobre. — Le correspondant
du « Times » il la Haye télégraphie :
« Je suis informé par un de mes corres-
pondants de la frontière de la Flandre hol-
landaise que les réfugiés déclarent qu'une
ligne de défense très solide est actuellement
construite ipar les Allemands. Cette ligne
part du sud d'Ostende et va dans la direc-
tion de Thourout. Les Allemands forcent
les habitants à travailler à ces défenses.
'Quelques kilomètres plus au nord, une se-
conde ligne est presque terminée. Elle a
pour objet de ,protéger la ligne de retraite
allemande de Bruges à Zeebrugge.
« Cette ligne traverse près de Ruysselede
la -route allant de Tlhielt dans la direction
du nord-est. -"
« On travaille également très activement
aux défenses de Bruges et de Zeebrugtge
où les Allemands envoient l'artillerie lourde
qu'ils peuvent transporter et de l'artillerie
de campagne, pour remplacer les canons
de postes fixes. fA Zeebruigge, un croiseur
'est .sous pression constante pour partir et
gagner la haute mer. n
Les Allemands déportent la population
Le Havre, 8 .octobre. — Suivant le « Te-
legraal », d'Amsterdam, les Allemands dé4-
portent les hommes valides de Mœrker!lce,
Lapsdheure, Cotskerk, Heyst, Blankeniber-
ghe, iDudzeele, Nisseweghe. A 'Bruges, les
déportations continuent. Lundi, un groupe
de déportés de Knocke et Westcappelle fut
dirigé vers l'est. Les vieillards et les jeunes
gens mêlés chantaient la « Brabançonne ».
Plus tard, six cents jeunes gens furent pu-
nis, qiui devaient tirer des chariots et des
charrettes chargées, alors que-les chevaux
et les bœufs marchaient librement derrière
le convoi.
IDes hommes, punis pour avoir cherché la
veille à s'échapper, furent repris par une
patrouille et traités comme des bêtes de
somme.
Les Allemands emmènent le (bétail. Les
déportés ne peuvent emporter que quelques
effets, une couverture et la nourriture pour
trois jours. -
Les déportés de Mœrkerke durent d'abord
céder le bétail et les chevaux, puis furent
renvoyés dans leur village et déportés à
nouveau le lendamain matin.
■ ■ ♦ i
L'offensive des Britanniques
Le correspondant de l'Agence Reuter au
iront britannique télégraphie ;
Ce matin, à 2 h. 30, les troisième et qua-
trième armées britanniques ont déclenché
une violente attaque sur toute la longueur
de leur front, depuis un point situé immé-
diatement au sud de Cambrai jusqu'au
point de liaison avec l'aile gauche françai-
se près de Saint-Quentin.
Les troupes américaines ont pris part à
cette bataille. La canonnade a éclaté sou-
dainement sur plus de trente kilomètres.
La concentration des troupes d'assaut
avait pu se faire à l'est de la ligne Hinden-
burg, et le rassemblement de ces masses
d,'thommes au travers d'un système fortifié,
de tranchées démolies, en pleine obscu-mé,
a été une tâche extrêmement difficile, mais
elle s'est opérée d'une façon satisfaisante
avant l'heure de l'attaque.
Une seconde phase de la bataille a com-
mencé à 4 heures 30 et une troisième un
quart d'heure plus tard:
Les premiers rapports reçus sont, comme
d'habitude très brefs, mais, en somme, très
encourageants.
Nous aurions pris Belaise et Lesdain. La
riposte de l'artillerie ennemie à Bas barra- 1
«ses & tailla-
Conunnniqués anglais
8 octobre, après-midi. - Au cours d'opé-
rations locales exécutées hier aux environs
de Montbrehain et au nord de Beaurevoir,
des troupes américaines et anglaises ont
fait deux cent trente prisonniers. -
Ce matin, un peu avant l'aube, des trou-
pes britanniques et américaines ont lanc
une attaque entre Saint-Quentin et Cam-
brai.
Malgré la pluie battante qui a commencé
la nuit dernière et continue encore les pre.
miers comptes rendus annoncent un pro.
grès satisfaisant.
Soir. — Ce matin, entre quatre heures
trente et cinq heures dix, les troisième et
quatrième armées ont attaqué, sur un front
d'environ vingt milles, entre Saint-Quentin
et Cambrai. Elles ont avancé sur toute l'éten-
due du front d'attaque, sur une profondeur
moyenne d'environ trois milles.
La nuit avait été orageuse et la concentra.
tion des troupes avait été difficile. L'attaque
a été lancée sous une averse violente. A me-
sure que l'attaque a progressé le tempt
s'est éclairci. favorisant le développement
des opérations qui, dès le commencement,
ont obtenu un plein succès.
A l'extrême droite de l'attaque britannique
la sixième division et les troupes d'une autre
division anglaise ont chassé l'ennemi de la
crête au sud-est et à l'est de Montbrehain et
se sont emparées du hameau de Beaure-
garde Au centre droit, la trentième division
américaine, comprenant des troupes de la
Carolina du Nord et du Sud et de Tennessee
sous le commandement du général Lewis a
enlevé Brancourt, après des combats achar-
nés. Plus au Nord, elle s'est emparée de Tre-
mont, effectuant ainsi une avance heureuse
de plus de trois milles. Au cours de cette
avance, elle a chassé l'ennemi de nombreux
bois et fermes A leur gauche, des troupes
anglaises, écossaises et irlandaises des 2*
et 66e divisions, ont réalisé, de bonne heure
dans la journée, un progrès égal, enlevant
le village de Servais. Au centre, des trou-
pes anglaises et galloises des 38e et 21e divi.
sions ont brisé le système défensif allemand
Beaurevoir-Manières. Elles ont pris Malen-
court et la ligne de tranchées à l'ouest de
Malencourt.
De forts détachements de mitrailleurs en-
nemis ont opposé une résistance opiniâtre
dans Villers-Outréaux. Après une période de,
durs combats, des troupes galloises se sont
emparées de ce village. Au centre gauche,
la 37e division et la division néo-zélandaise
ont éga ement brisé la ligne Beaurevoir-Mas-
nieres et ont progressé profondément à l'est
de cette ligne. De bonne heure ce matin les
troupes néo-zélandaises ont enlevé de haute
lutte Lasam et, poussant en avant, se sont
emparées de Esnes. A la gauche de l'attaque,
les troupes des 2", 3e et 63e divisions ont sou-
tenu de durs combats dans le voisinaqe de
Seranvillers et Niergnies, et le long de la
ligne de la route Esnes-Cambrai. Dans ce
secteur, l'ennemi a violemment contre-atta-
qué, se servant de tanks pour soutenir son
infanterie. Après avoir légèrement refoulé
nos troupes, l'attaque a été arrêtée et les
tanks ennemis ont été mis hors de combat.
Nos troupes ont enlevé Seranvil ers et Nier-
gnies et ont repris leur avance.
Au nord de la Scarpe, nous avons achevé
la prise du système de tranchées allemandes
de la ligne Fresnes-Rouvroy, depuis la Scar-
pe jusqu'au delà d'Oppy. Nous nous som-
mes emparés de Fresnes-lez-Montauban et
de Neuvireuil.
Au cours de ces heureuses opérations
nous avons pris plusieurs milliers de nri^
sonniers et de nombreux canons.
Nous avons continué de progresser sur-
toute l'étendue du front.
LA LUTTE CONTRE LA VIE CHERE
La coopération
culinaire
- «♦«
A la condition de se garder des conceptions
chimériques, la préparation collective
des aliments peut constituer un pal-
liatif à la vie chère.
Le projet que Ton prête &'
M. Boret, et qui ne tendrait
à rien moins qu'à instituer
une gigantesque cuisine na-
tionale, susceptible d'atimen.
ter, ne fût-ce que partielle-
ment, non seulement l'ar-
mée, mais encore la" population civile, nous
paraît ifiniment trop vaste pour pouvoir
être utilement réalisé ; et, sans la condam-
ner (t a priori », nous restons fortement
sceptiques à son égard.
Sans doute, le ministre pourrait trouver
un précédent à sa conception dans l'histoire
de la République Spartiate, qui fournissait
aux citoyens une nourriture uniforme cons-
tituée par le brouet noir, ragoûï de porc et
de vin, qui apparaîtrait aujourd'hui comme
un aliment de grand luxe, étant donné la
prix auxquels se vendent Je vin et le porc.
Mais on ne saurait évidemment comparée
l'alimentation d'un pays, dont l'étendue ne
dépassait pas celle d'un petit canton, avec
l'alimentation de nos populations.
Théoriquement, on peut admettre qu'il y
aurait des avantages à cuisiner industrielle-
ment nos repas ; mais, pratiquement, M
fonctionnement d'un organisme, qui devrai
fournir quotidiennement des millions de por4
lions, se heurterait, pour la préparation et
la distribution, à des difficultés telles qu'é-
tant données nos mœurs administratives;,
on peut les considérer comme insurmon-
tables.
Dans ces conditions, si M. Boret donna
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