Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-30
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 juin 1922 30 juin 1922
Description : 1922/06/30 (N16405,A46). 1922/06/30 (N16405,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
Le Numéro : 10 C""
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1
468 ANNEE - N° 16.405
VENDREDI
30
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur fen chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
MM!ttp
Le Roman
de la Rivière"
Quel est le pêcheur à la ligne qui a vu,
d'un regard aigu, le monde de la rivière
en laissant flotter dans le courant des
eaux le bouchon, symbole de notre vie
parmi les remous de la destinée ?.Quel
philosophe, lassé des villes, a scruté les
mystères des eaux tranquilles ou tumul-
tueuses, asile trop souvent violé de mille
petits et gros êtres vivants, pourvus de
vices, de passions, de vertus et repré-
sentatifs à s'y méprendre d'une société
de bipèdes pensants ? Ce pêcheur assez
hardi pour arracher à .la nature aquati-
que quelques-uns des secrets dont elle
est jalouse, c'est notre cher, notre char-
mant Georges Ponsot !
Nous, attendions ce Roman de la Ri-
vière qu'il nous avait conté avec une
verve nonchalante ; nous savions qu'il
serait, pour tous ceux qui savent lire,
lia enchantement. Georges Ponsot ^ne
trompe pas son monde, il tient parole ;
nous avons son livre qui nous offre une
face encore trop peu connue de son ta-
lent.
Le bon La Fontaine a fait parler les
bêtes pour nous enseigner la sagesse,
Edmond Rostand a fait chanter aux oi-
seaux des poèmes de gloire et d'amour,
Kipling a traduit dans le 'langage des
hommes les rugissements des fauves,
jaais nul avant notre ami n'avait abais-
sé les bésicl-es d'un homme de lettres
sur la petite rivière Seulette qui chemine
dans les prés parmi les peupliers et les
saules ; Buffon lui-même n'a jamais
risqué de mouiller les dentelles de ces
manchettes dans ces ondes, dédaignées.
- V. ♦
♦ •
Ponsot ne parle pas des poissons,com-
me un aveugle des couleurs, ou comme
un prêtre des anges du Paradis ; il. les
a vus, il les a guettés, il les a pris au
bout de sa ligne, dans sa nasse, sous
son - épervier. II est l'homme de la Ri-
vière. , * '-••-'•T r — -f
Le sot.ne fait pas de différence, hor-
mi dans son assiette, entre un goujon
ou une ablette ; entre une carpe et une
tanche, une perche ou une anguille.
Pour notre clairvoyant ami, il y a entre
un brochet et un véron la différence que
l'on peut constater entre un banquier et
un actionnaire, l'un gobant l'autre et le
faisant servir à sa prospérité.
Il y a donc, à vraiment parler, une
psychologie de la gent qui nage sous
l'eau- Il 'fallait Paudace d'un homme
d'une merveilleuse virtuosité pour se ns-
quer 'à nous présenter, dans une affa-
bulation'poétique et théâtrale tout ce
monde, avec ses attributs spéciaux, évo-
luant dans le drame de la vie avec ses
instincts de voracité et de carnage.
Le cadre est d'un peintre ; l'action
d'un dramaturge et il faut bien dire
qu'en outre un naturaliste fort avisé a
aiflé de ses lumières les deux artistes
unis dans l'auteur du Roman de la Ri-
yière. y *
Le roi Clé qui règne sur les brochets
mange le fretin qui trouve son sort peu
enviable sans doute, mais qui se sait
marqué par la fatalité ; le ,brocheton
Narcisse, est kronprinz dans cet empire
de proie. L'anguille Kiss, astucieuse et
maligne, sait vivre et bien dire, elle s'ac-
commode de l'air et de l'eau. Il y a une
reine des carpes nommée Dam, fort im-
portante par son poids ; il y a aussi
Zébrée, la princesse des perches ; Arc-
en-ciel, la duchesse des truites, élégante
et alerte ; on trouve même. dans le gra-
tin un inabécile, Janot, vicomte, fils de
Jean le Gros, seigneur des chevesnes.
Pour le reste c'est 'le peuple, le bon peu-
ple sans titre, la racaille des goujons,
des ablettes, des vérons, la chair à pâté,
ce que les rois des humains nomment,
quand ils font la guerre, la chair à ca-
non — le matériel !
* ,-
*•
itren âe superficiel. Notre auteur
plonge dans les abîmes, ou se tient entre
deux eaux ; il séjourne sous les racines
des viornes, dort sur île sable ou sur les
pierres plates, selon les évolutions de
ses modèles. Il suit la truite dans ses es-
capades et ses plongeons dans l'air ; il
accompagne le brochet dans ses chasses ;
il est de toutes les fêtes et de toutes les
batailles. Au fil du courant, quand sur-
vient le cataclysme de l'inondation, ou
la menace d'une entreprise hydroélec-
trique, il passe avec l'exode des « réfu-
giés », de la rivière Seulette dans le
grand Dubius, aux prétentions de fleu-
ve..
)u'il y ait dans ce livre de la Rivière
UB représentation de notre furieuse hu-
mité. rien de plus certain ; mais te
poète n'a certes pas voulu être un mora-
liste et s'il est quelque peu philosophé,
au long de ces pages, c'est avec la séré-
nité d'un pêcheur à la ligne au bord de
l'eau.
C'est pour cette innocente candeur
qu'il faut aimer l'ouvrage de Georges
Ponsot. L'enfant y trouvera-son plaisir
devant les bestioles, ou les monstres ap-
parus comme dans un rêve fantastique;
l'Homme y distinguera son image, car
il y a toujours un miroir dans les livres
que ,1e penseur écrit, en regardant la
nature et les êtres qui la peuplent.
Félix HAUTFORT.
Faire payer l'Allemagne
A quelques jours des vacances, il était dé-
sirable. il était nécessaire que la France indi-
quât, pour l'opinion européenne, sa position
définitive devant le problème des réparations.
Cette nécessité apparaissait urgente, après la
conférence des banquiers et pendant les pour-
parlers de La Haye.
Les interpellations de MM. Henry de Jou-
venel et François Albert, développées toutes
deux dans le même sens avec une grande
abondance d'arguments, et de faits, devaient
donner à M. Poincaré l'occasion de répon-
dre à cette question, trop souvent posée en
vain :, Comment faire payer l'Allemagne ?
Le prés;dent du Conseil a été précis dans
son exposé; catégorique dans ses conclusions;
si les actes suivent, il faudra reconnaître qu'il
a bien mérité de son pays.
Le tableau de l'Allemagne d'après guerre
est celui d'une nation qui organise son in-
solvabilité d'Etat en multipliant la richesse de
ses particuliers. M. Poincaré a donné des chif-
fres, cité des noms, dénombré les bateaux ac-
quis par les Allemands depuis l'armistice, si-
gnalé le développement projeté de l'outillage
du Reich.
Nous nous trouvons donc dans la situation
de créanciers impayés qui regardent s'enri-
chir des débiteurs insolemment prospères. Or,
et c'est le point sur lequel avait insisté M.
François AlBert, nous avons la force, mais
nous riè l'aurons que durant un espace de
temps limité; si nous voulons -l'utiliser, il n'y
a pas un moment à perdre.
C'est aussi l'avis de M. Poincaré. Il est inad-
missible que les vaincus puissent de nouveau
prétendre à l'hégémonie économique, tandis
que leurs créanciers victorieux sont réduits à
se faire leurs banquiers dans des conditions
désastreuses.
Les remèdes ? La Commission des répara-
tions les a trouvés : Equilibrer le budget et
percevoir régulièrement les impôts; mettre un
terme à l'inflation fiduciaire, contrôler les ex-
portations.
Les sanctions ? Occupation de nouveaux
territoires, mainmise sur cette partie du capi-
tal allemand.
En lisant le discours prononcé hier par M.
Poincaré à la tribune du Sénat, les dirigeants
du Reich comprendront peut-être que nous ne
sommes pas décidés à être leurs dupes, après
avoir été leurs victimes.
) P. D.
BLOC-NOTES,
t
Couronnes de carton
Elle est tout à fait navrante l'histoire de
cette pauvre petite dactylo devenue, par les
hasards de l'élection. « reine des reines »,
qui voulut prolonger au théâtre son règne
éphémère, et aujourd'hui, congédiée par son
directeur, risque de n'être pas reprise par
son patron et peut-être de glisser le long de
la pente qui s'ouvre sous les pas des jolies
filles déclassées. Ce sort lui est, du reste,
commun avec beaucous de ses collègues en
royauté.~
Il ne saurait, en effet, en être autrement ;
.et comment ces enfants, que l'on grise: d'adu-
lations et de champagne, que, juchées sur
un char triomphal, on promène au milieu
des acclamations, auxquelles préfet, conseil-
lers municipaux, députés, voire minis-
tres et président de la République, appor-
tent d'apparents hommages, ne perdraient-
elles pas la tête et ne confondraient-elles pas
la mascarade avec la réalité ?
La responsabilité incombe en la circons-
tance aux représentants des pouvoirs pu-
blics, qui, en participant avec elles à ces pa-
vades de carnaval, leur ont. permis de croire
que c'était arrivé, et que le hasard les arra-
chait à leur situation modeste pour les haus-
ser à un rang supérieur.
C'est donc à eux qu'il appartiendrait de
sauvegarder l'avenir de ces malheureuses et
de veiller à ce Qu'elles aient le courage de
déposer leur couronne de carton, pour reve-
nir le lendemain sans regrets au bureau ou
à l'atelier. Naguère, lorsqu'un dominicain
rentrait à son couvent, après avoir prêché
à la Cour, il était, la semaine suivante, em-
ployé à l'épluchage des légumes.
N'y aurait-il pas lieu de faire quelque chose
d'analogue pour les triomphatrices de la mi-
carême, en exigeant, qu'une fois, les fêtes
passées, elles. soient contraintes de repren-
dre assidûment leur, travail, sous peine de
perdre tous les dons qui leur furent offerts
et ne leur seraient remis qu'un an après.
Peut-être, au surplus, vaudrait-il mieux-de
supprimer simplement toutes ccs manifesta-
tions, qui, sous prétexte d'honorer le travail
et la beauté, ne font que les tourner en déri-
sion. S'il faut à la population parisienne des
cavalcades, que l'on n'y laisse figurer que
des profesponnelles,car on n'a pas le droit
de sacrifier l'avenir de pures et vaillantes
jeunes, filles aux amusements populaires.
petit Jean.
APRÈS LE VOTE DU SÉNAT ,.
Vers l'abandon
du Proche Orient
L'intérêt que nous pouvions trouver à nous maintenir en
Syrie a disparu du jour où nous avons évacué la Cilicie
Au cours de la discussion sur les crédits de
l'armée du Levant, à la Chambre, M. Boka-
nowski, rapporteur général, après avoir rap-
pelé — ou plutôt appris à la plupart de ses
collègues stupéfaits — que la France a déjà
dépensé 2 milliards 400 millions en Syrie, a
insinué qu'il conviendrait peut-être à un pays
aux finances obérées comme les nôtres, de faire
désormais la politique de ses moyens, et non
pas celle de ses sentiments.
On ne réfute pas un axiome. Aussi, le pré-
sident du Conseil n'a-t-il pas même tenté de
le faire, et s'est-il borné à poser la question
da confiance au sujet du vote 'des 107 millions
demandés pour l'entretien des troupes en
Svrie, pendant un seul trimestre de l'année
1922.
Il lui faudra recommencer devant le Sppa~
dont la commission des finances a réduit les
crédits de 10 millions, et a failli adopter un
amendement (9 voix pour, 9 voix contre et
M abstentions) tendant à l'évacuation totale
.ci Q la Syrie par nos troupes.
Quoi qu'il en soit. l'idée de l'évacuation de
la Syrie est en marche rapide, sous la triple
influence d'un sentiment enfin précis des né-
cessités de notre politique" financière : des
tendances qui se sont manifestées à la Cham.
bre des .Lords touchant l'abandon du mandat
sur la Palestine ; et d.'une notion enfin exacte,
qui se propage, de la valeur réelle de la Syrie,
et de nos intérêts au Levant. Si chères que
puissent nous être nos traditions dans cette
partie du bassin de la Méditerranée, et si
légitime que paraisse notre désir de rayonne-
ment, rien ne saurait justifier le maintien
d'une méthode qui a eu pour résultat de nous
faire dépenser 2 milliards 1/2 en deux ans
et. demi, et qui nous entraîne à des débours
annuels de plusieurs centaines de millions,
sans aucun espoir de récupérer ces sommes ;
alors que nous avons sur notre sol des ruines
qui ne sont pas relevées, que nos mutilés su-
bissent, par ordre, des réductions sur le taux de
leurs pensions, et que notre dette intérieurs
s'enfle chaque année de quelques dizaines de
milliards -
Notre prestige et'notre rayonnement dans le
Levant n<î sont pas liés du reste a l'occupa-,
tion militaire et à la tutelle administrative dp
ce pays. Les œuvres admirables de propagande
française que iLuu6 a. 'vous'ï&"bns' ~n's~tg'nant~?*'
on hospitalières, n'ont pas attendu l'arrivée
du général Gouraud pour s'installer dans te
pays et y faire aimer la France, ni les Syrien"
M. dé Caix pour se mettre à apprendre le fra-
sais et à acheter nos livres.
Il peut paraître paradoxal, mais il est strie
tement exact, que notre propagande n'a pas
bénéficié de l'occupation française. Nos sub-
ventions aux hôpitaux et aux écoles, ont été
à peine augmentées depuis 1914, parce que
l'armée du Levant et l'administration civile
absorbaient tous les crédits. Je pourrais citer
un établissement hospitalier de Beyrouth qui
recevait 12.000 francs de subvention avant la
guerre et qui touchait la même somme l'année
dernière, alors que le prix de la vie dans cette
ville a presque décuplé depuis huit ans.
Faute d'argent, malgré leur renommée deux
ou trois fois centenaire,' nos établissements
soutiennent difficilement la concurrencé des
organisations américaines, partout où celles-ci
sont venues s'installer. Or, dans un pays
comme celui-là, nous ne pouvons avoir de
meilleur moyen de propagande que le main-
tien et le développement de nos hôpitaux, de
nos orphelinats et de ncs écoles.
Ce n'est certes pas notre tutelle adminis-
trative. ingrate par essence, propre à éveiller
les susceptibilités, et souvent peu heureuse
dans ses actes, qui peut noui gagner des sym-
pathies. Il est beaucoup de Syriens, pour pen-
ser maintenant que la France était bien belle
sous l'empire. turc. Ils ne nous voient plus
que par nos petits côtés, comme il arrive en-
tre gens qui se fréquentent trop.
Il faut le dire : l'intérêt que nous pouvions
trouver à nous maintenir en Syrie, a disparu
du jeur où nous avons évacué la Cilicie, cette
petite Egypte, riche en céréales, en coton, en
productions tropicales, cette noix de gigot,
dont la Syrie n'est que l'os, selon le pro-
verbe arabe.
Amputée de la Cilicie. privée de la région
pétrolifère de Mossoul et des riches terres à
blé du sud attribuées à la Palestine ; entou-
rée des.ennemis que sont les Bédouins de la
Haute-Mésopotamie, l'émir Abdallah en Trans-
jordamie et l'émir Fayçal en Irak, la Syrie,
pays pauvre, délaissé chaque année par dea
dizaines de milliers de ses habitants, qui ne
trouvant à y vivre, émigrent vers l'Egypte et
les Amériques, est une charge inutile, surtout
pour nos forces. actuelles. Notre réussite en
i la *v ne -signi-
fie pas que nous ne nous soyons pas trom-
pés, cette fojs. Et comme nous n'avons pas-le
-y,fflyrr-Itr'ftire des placements à fonds oer-
dus, il est temps -de reconnaître une erreur.
La Chambre des Lords nous a donné l'exem-
ple : suivons-le.
, Robert LAULAN.
Ancien Conseiller des Services écono-
miques de l'Etat du Grand-Liban.
LE CCNGRÈS OUVRIER DE SAINT-ÉTIENNE
LES SYNDICALISTES UNITAIRES
----——' SE DÉFENDENT —
CONTRE L'EMPRISE DE MOSCOU
©C®—
Les communistes ont fait donner hier !a « garde », en la personne
de Losowsky, secrétaire de l'Internationale syndicale rouge
« ■ -
Le. Congrès de la C. G. T. dite «unitaire ».
— parce qu'elle s'est créée sur l'ordre de Mos-
cou et s'oppose à l'ancienne C. G. T, qui a son
siège rue Lafayette — se poursuit à Saint-
Etienns dans le heurt des tendances qui met-
tent aux prises les syndicalistes révolutionnai-
res ou anarchiste-s et les communistes.
La nuit dernière, au cours d'une séance très
mouvementée qui lie prit fin qu'à 1 h. 15 du
matin, M. Barthes (des terrassiers) .donne
rendez-vous à. M. Froasard devant le peuple.
de Paris.
M. Lecoin reprocha aux communistes d'a-
voir fait une réunion à ipart et d'avoir nommé
une commission pour suivre le congrès. Le
brouhaha fut alors à son comble. C'est faux !
disaient les uns. La Tchéka ! disaient d'au-
tres.
Le président, à force d'agiter sa sonnette,
parvient 'à lire une lettre de M. Arnaud, se-
crétaire de la Bourse de Saint-Etienne, qui'
préaida la réunion du parti et qui donne de-
vant le congrès sa démission du parti commu-
niste. Le bruit augmenta encore.
M. Mayoux, des Bouches-du-Rhône, critique
ensuite le iparti conamiuniste.
« 11 est le même, dit-il, que l'ancien parti
socialiste, il est composé de politiciens dange-
reux. Une différence pourtant : on n'y est pas
libre. Moscou surveille ;. on y exclut jusqu'au
Journal du Peuple. Ces ordres et ces exclu-
sions, croit M. Mayoux, si l'autonomie du
mouvement syndical international n'est pas
respectée, la C. G. T. lès subira en allant à
Moscou. » » .,
Finalement, M. Tommasi vient détendre la
révolution russe attaquée de tous côtés.
La séance d'hier matin
Saint-Etienne, 29 juin. — M. Dupuy (du Vi-
nieu) préside. Tout de suite, il demande que le
calme soit plus parfait et qu'on ne l'oblige
pas à casser sa sonnette. MM. Girard, gréviste
de Lille, et Roylud l'assistent. M. Carpentier,
des comédiens cégétistes, a la parole. C'est
une déclaration unitaire qu'il fait.
M. Pierreton, après M. Carpentier, vient ap-
porter une précision au sujet de la. commis-
sion de surveillance chargée de désigner les
orateurs de la tendance communiste. M. Le-
coin veut démentir, mais le bruit recommence.
Les communistes rectifient. f
Après un peu de tumulte autour de diver-
ses- propositions, M. Vidil, secrétaire de la Fé-
dération d.e l'alimentation, reprend la discus-
sion sur l'orientation syndicale.Il s'affirme
pour la motion Besnard" Pourtant, contraire-
ment à M. Lecoin, il croit quo l'Internationale
révolutionnaire syndicale çouge est une Inter-
nationale révolutionnaire.
« Mais, dit M. Vidil, nous voulops l'autono-
mie internationale sans laquele l'autonomie na-
tionale n'est pas possible. »
M. Boudoux succède là M. Vidil, comme in-
dépendant. Pour lui, il n'y a qu'une lutte en.
tre le centralisme et le fédéralisme.
« Si" vous étiquetez le syndicalisme d'une
couleur quelconque, vous ne pourrez plus re-
cruter parmi tous les travailleurs. »
Arrivée de Losowsky, délégué russe
M. Cadeau annonce l'arrivée de M. Dridzo
Losowsky, secrétaire de l'Internationale syn-
dicale 'rouge, qui arrive de Moscou malgré la
police. L'émotion est grande.
M. Losowsky, plus connu en France sous le
nom de Dridzo, fut longtemps militant syndi-
caliste en France et fonda le syndicat des cas-
quettiers. Au moment de la révolution russe,
il fut successivement expulsé de France et
d'Allemagne. Retourné -en Russie, il participa
activement à la révolution bolcheviste et s'oc-
cuipa particulièrement des syndicats. Il fut
secrétaire de la C. G. Ts russe. Il est mainte-
nant secrétaire de l'Internationale. syndicale
rouge. 'C'est au nom de cette organisation qu'il
venait. On l'attendait tel qu'on l'avait tou-
jours -connu, avec une grande barb-3 blonde, à
laquelle il tenait beaucoup. Il l'a rasée pour
n'être pas reconnu par la police.
Dès son entrée, une 'partie de la salle du
congrès applaudit, puis chante l'Internationale.
.M. Content, anarchiste, s'écrie : « A bas les
dictateurs ! »
M. Cadeau demande qu'on entende Losows-
ky dans le plus profond silence. Le silence se
fait -et Losowsky, sans geste d'orateur, avec
un débit calme, d'une voix qu'une connaissan-
ce limitée du français rend parfois mal assu-
rée, sera écouté avec calme.
Un exposé de la Révolution russe
'11 v a huit ans. commence M. Lozowsky,
j'étais à Paris. C'était en 1914. avec MoDatte
et Rosmer, je bataillais dans vos rangs con-
tre la guerre. J'ai donc un peu le droit de
'parler ici. Le capitalisme va à sa mort; Nous
devons trouver contre lui tous les révolution-
naires. On nous a critiqués, on a dit que nous
voulions vous obliger à faire une révolution
à la russe. Peu nous importe, que vous fas-
siez une révolution à la française, à l'ita-
lienne ou à l'espagnole, pourvu que vous la
fassiez. » Et M. Lozowsky aborde « l'histoi-
re » de la révolution russe pour en extraire
les faits qui prouvent en faveur de la thèse
communiste contre la thèse anarchiste.
« En Russie, poursuit l'orateur, nous
avons fait en 5 ans toutes lès révolutions
françaises : celle de 89. celle de 93. celle de
48 et celle de la Commune. Toutes les puis-
sances nous sont tombées dessus. En 1920,
les délégués de 19 puissances sont venus nous
demander do respecter les biens de leurs na-
tionaux. Dans les usines que nous avons pri-
ses, il y avait des usines belges, françaises,
etc. et la révolution ne .faisait; pas plaisir
aux propriétaires. C'est alors qu'on nous a
déclaré la guerre et nous avons dû nous dé-
fendre. On nous a donc coupé la région de la
Volga, la région de Bakou et la Sibérie. On
nous attaquait avec des armées organisées
scientifiquement et nous nous sommes dé-
fendus ayec une armée scientifiquement orga-
nisée. Mais la bourgeoisie internationale
n'était pas seule contre nous, il y avait aussi
des démocrates, des réformistes,
« La première voulait l'argent, les autres
criaient : « A bas la dictature ! » Il y avait
braqués contre nous, deux canons, l'un por-
tait ces mots : « De l'argent ! » et l'autre
« A bas la, dictature ! ». Nous avons répon-
du parce qu'il fallait sauver la révolution par
quatre canons. Nous avons, c'est vrai, froissé
des sentiments démocratiques et pourtant,
avant là révolution, j'étais moi-même démo-
crate. En Russie, nous avions aussi des
chants. Je suis heureux de vous entendre
chanter la révolution, chantez-la, et , faites-
la aussi. »
Et M. Lozowsky rappelle qu'à une époque,
en Espagne comme en France, les syndica-
listes révolutionnaires voulaient adhéref à la
troisième Internationale politique
Le secrétaire de l'Internationale de Moscou
donne ensuite devant son auditoire mi-sym-
pathique et mi-hostile, mais silencieux, des
détails circonstanciés sùr les statuts de
l'I. S. R. et il insiste particulièrement sur
l'autonomie des C. G. T. qui y adhèrent déjà.
M. Losowsky termine en critiquant la
C. A. de la C. G. T. U., en disant qu'elle a
voté un ordre du jour contre le gouvernement
des Soviets. Il achève par un appel en fa-
veur du communisme et sort du Congrès. A
la porte, des commissaires spéciaux sont là
pour l'arrêter, mais il parvient à disparaître.
T Des répliques
M. Totti, secrétaire de la C. G. T. U., prend
ensuite la parole et reproche à M. Lozowsky
de n'avoir pas respecté la souveraineté du
Congrès en s'attaquant à la C. G. T. U.
« Je. le dis au nom de la dignité de la C. A.,
ajoute M. Totti, dont il a critiqué la gestion
sans en avoir le droit. »
naires. « Il n'a pas répondu, dit M. Barthes,
des terrassiers, déclare qu'il a passé un mot
à M. Lozowsky pour lui demander si les syn-
dicalistes purs étaient des contre-révolution-
Une partie du Congrès proteste. M. Barthes,
j'enregistre sa carence. » Il y a du bruit et
M. Monmousseau vient déclarer que le Con-
grès doit placer ses débats au-dessus des re-
proches de M. TottL
La séance est levée à )13 heures. M. Lo-
zowsky a parlé pendant deux heures.
La séance de l'après-midi
La séance fut occupée entièrement par les
délégués étrangers. M. Borghi, de l'Union
syndicale italienne, critique le gouvernement
des Soviets. Il lui reprocha de mettre en pri-
son des travailleurs qui arrivent cinq minu-
tes en retard à leur travail et d'avoir suppri-
mé toute liberté. Il ne veut; pas suivre Lénine,
qui risque de remplacer le tzar. D'aucune fa-
çon, il ne peut admettre l'adhésion à Moscou.
, M. Diaz, représentant de la C. G. T. révolu-
tionnaire espagnole conclut de la même façon
et souhaite l'adhésion à une internationale
de Berllin, purement syndicaliste. ,-
Le délégué yougo-slave vient dire ensuite
les misères des travailleurs yougo-slaves et la
séance est levée à 19 heures, sans que la
diMaaaicB 'strr-t*oriH!ïtnMun SyntMca.ïe ?oînër-
minée.-
Reine ou fée.
De l'esprit de fête. - Dimanche à St-Germain
Les fêtes communales, sont toutes sœurs.
Cette monotomie dans le programme, ce
manque d'imagination, dont font preuve la
plupart des organisateurs- de fêtes-populai-
res, nuisent à l'intérêt, du spectacle. - 1
i Vraiment, ceux qui disent qu'on ne sait
plus s'amuser, pourraient avoir raison, si
le bon public, spectateur assidu de ces sor-
tes d'attractions, n'était fermement décidé
à s'égayer coûte que coûte, quoiqu'on lui
propose et où. il se trouve.
Et puis aussi, les plaisirs les plus com-
muns, ceux, par exemple, qu'on retrouve
dans toutes les fêtes foraines, sont peut-
être ceux encore qui amusent encore le
plus. Avez-vous remarqué la gaîté des gens
dans les foires de quartier, où rien cepen-
dant n'est imprévu. Les organisateurs de
fêtes lodales suivent la tradition, ils n'é-
tonnent pas, peut-être le veulent-ils ainsi.
L'imprévu, la trouvaille, sont le souci de
l'artiste. Aussi bien, qu'on ne" nous parle
pas d'art dans ces sortes de fêtes. Elles
n'en nécessitent nullement. La tradition, le
programme de la commune voisine, gros-
sièrement recopié, c'est mieux ainsi, et le
succès est 'plus certain.
Certains pensent que Saint-Germain, qui
est inscrit pour dimanche prochain sur le
calendrier des fêtes, a fait une trouvaille
qui mérite d'être notée, en élisant une fée.
Une fée? Il se peut bien que celle - de
Saint-Germain soit la première. Mais
quelle soit dénommée muse, reine ou fée, la
chose est un peu semblable.
Saint-Germain fêtera dimanche le chè-
l, vre-feuille. Uns fête de plus au tableau!
R. D.
Arrestation des assassins
du Dr Rathenau
terlin. 29 juin. — Le nommé Techow, na-
tif de Berlin et y résidant ces temr* derniers,
était désigné, dès hier, par la police, comme
un des auteurs de l'assassinat de, M. Rathe-
nau. Techow conduisait l'automobile dans la-
quelle se trouvait, les autres assassins.
Ce personnage, dont la police suivait la
trace depuis vendredi soir, et qui avait cher-
ché un refuge, d'abord à Halle, et ensuite
chez son oncle, près de Francfort-sur-l'Oder,
v:ent d'être arrêté.
Killinger arrêté de nouveau
Le lieutenant von Kiîlinger, inculpé, com-
me on le sait, dé coipplicité dans l'assassi-
nat d'Erzberger, et relâché ces temps dEn
niers par les juges allemands de Charlotte
hourg, qui ne l'avaient pas estimé coupable
vient d'être arrêté de nouveau, dans une sta-
tion balnéaire de la Baltique. On sait quo
Kellinger faisait partie de la fameuse orga-
nisation « Consul », qui ce- trouve, une fois
de plus, compromise dans l'assassinat de M
Walter Rathenau.
On murmure, d'autre part, que la police
est sur la piste d'un autre assassin, mais
on observe, jusqu'à Drésent. la plus grands
discrétion à ce sujet.
LIRE TOUS LES LUNDIS
Le Sourrier des Loyers
et des
Habitations - à bon marché
PART-IL OU NE PART-IL PAS ?
M. Parmentier s'en irait
demain aux Etats-Unis
—-———' >
Il serait suppléé, durant son absence.
par son "alter ego"
Décidément, part-il ou ne part-il en Amért
que ?
— De qui s'agit-il ? -
— Mais de M. Parmentier, parbléu, le direc-
teur du « Mouvement » de ces fonds où l'on
s'est aperçu (la Lanterne signalait cette
« truffe » dès le 21 juin dernier) qu'on s'était
seulement trompé de sept milliards dans l'é-
valuation des Bons de la Défense nationale
émis par le Trésor.
On a, en effet, annoncé récemment que M.
Parmentier n'irait pas à New-York discuter la
question de notre dette a l'égard des Etats-
Unis. Cette nouvelle avait même été accueillie
avec une certaine satisfaction. Apres quoi,
on a appris que M. Parmentier serait décidé-
ment chargé dé la mission qui lui avait été
(primitivement confiée et qu'il s'embarquerait.
samedi prochain pour le Nouveau Monde.
On demeure vraiment stupéfait; ainsi que
l'indiquait il y a quelques jours notre confrère
l'Homme Libre, en constatant la faveurs per-
sistante qui brave à la fois le gouvernement
et le Parlement et à qui ni son ministre ni
le président du Conseil n'osent toucher, mal-
gré tous les griefs qu'il a accumulés contre lui.
Ainsi, le naufrageur opiniâtre de la Banque
Industrielle de Chine représentera la France
en Amérique dans un débat particulièrement
délicat, grave et difficile. N'auraît-on pu- vrai-
ment envoyer à nos amis des Etats-Unie un
« missionnaire'» dont l'autorité et le presti-
ge — nous ne disons même pas la compé-
tence - soient un peu moins discutables et
moins discutés ? ■
Mais ce n'est point tout. M. Parmentier a
pris le soin que, pendant son absence, l'inté-
rim de la direction du Mouvement des fonds,
, fût confié à un collaborateur sûr, à son alter
ego M. de Mouy. Même lorsqu'il sera loin, c'est
toujours lui qui-sera le « pàtron » au-minis-
tère des finances ; c'est son esprit — si l'on
peut dire — qui y inspirera les décisions que
M. de Lasteyrie n'a- pas l'énergie de pren-
-dre lui-même. « L'entourage » continuera-à
« chambrer » le ministre, & lui forcer la main,
à narguer l'exécutif et le législatif.
Clemenceau: se plaignait un jour de l'affai-
blissement des caractères. Jamais ce jugement
n'a été aussi douloureusement justifié que par
les événements et par les hommes d'aujour-
d'hui.
i : p. S.
Les bûcherons sont venus trop tôt.
,
-On abat les arbres de fortifications, tout
l'ornement de cette zone sévère. A la porte
de Versailles, c'est un immense chantier de
bûcherons.
Les grands arbres, frappés par la cognée,
tombent dans le linceul vert de leurs feuilles;
les enfants du quartier sont désolés. Ils n;a,,:
vaient d'autre terrain de jeu, d'autre jardin
public que ce coin ombragé. Ilg y prenaient
leurs ébats en toute liesse, aucun garde. ,pour
les gourmander ; Mis pouvaient courir, jouer
au ballon, ils étaient vraiment-bien là chez
eux. Ce n'est - plus aujourd'hui, qu'un chan-
tier de démolition. -,
, — Il fallait, dit-on, abattre cès arbres,
pour poursuivre les travaux de démolition.
Peut-être. Mais ces travaux ne sont. pas si
avancés pour que, semble-t-il, on'n'ait pu
attendre la fin de l'été.
Les terrassiers auraient parachevé leur
œuvre avant que les- bûcherons n'intervien-
nent. - J.,
1 -- R. D.
INTERPELLETIONS AU SÉNAT
sur la politique
des « réparations »
Après de bénignes critiques de MM. de
Jouvenel et François Albert, la
Haute-Assemblée entend M.
Poincaré et lui fait
confiance.
C'était hier grande séance au Luxembourg,
et les tribunes, d'ordinaire garnies d'un pu-
blic assez clairsemé, étaient; pleines à. cra-
quer.
C'est cependant au milieu d'un profond S;,
lence que M. Bourgeois, qui présidait, pro-
nonça l'éloge funèbre de M. Lucien Cornet,
sénateur de l'Yonne.
Mais l'attention, qui avait fléchi tandis que
l'on votait sans débat le projet de loi sur
le statut du Danube internationalisé, redou-
bla quand M. de Jouvenel monta à la tri-
bune pour développer l'interpellation qu'il
avait déposée, de concert avec M. FrançQis
Albert, « sur les conditions dans lesquelles
le gouvernement entende poursuivie, tant à
La Haye que dans ses divers entretiens avec
les Alliés, la politique de réparations fran-
çaises et de reconstruction européenne ».
Discours de M. de Jouvenel
« Ce n'est pas dans un esprit d'hostilité
contre le gouvernement, déclare M. de Jou-
venel, que - cette inérpellation est déposée,
mais dans un but de collaboration..Nous vou-
lons apporter des-idées et' des suggestions.
Au mois d'octobre tombe la première échéan-
ce des dettes interalliées. Il faut dire ce
que nous voulons.
« Quand on nous entend nous plaindre sans
cesse, nos Alliés, les neutres, les adversaires
se disent : « Mais enfin, que veut la. Fran-
ce ? » Et tous pensent, en nous voyant mi-
litairement forts : si la France savait ce
Qu'elle voulait, elle l'obtiendrait. Mais avant
de savoir ce que nous voulons, il faut savoir
ce que nous ne voulons pas ; il y a .deux
i ,o ù lons
choses Que nous ne, voulons pas : c'est yoir
diminuer sa Créance, sur. l'Allemagne et ne
pas laisser fonder la reconstruction de l'Eu-
rope sur celle de la Russie. (Très bien !)
« Les coquetteries de M, Lloyd George avec
la Russie ont laissé croire'à celleci qu'elle
était indispensable à là reconstruction de
l'Europe. Elle a pris la pitié qu'on avait en-
vers des enfants-affamés nour une approba-
tion de sa politique. Les Russes se sont cru.
les maîtres du monde. L'AMemagne, encou-
ragée. a signé le traité de Rapallo. La Con-
férence de Gênes n'a rien donné, La France
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468 ANNEE - N° 16.405
VENDREDI
30
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur fen chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
MM!ttp
Le Roman
de la Rivière"
Quel est le pêcheur à la ligne qui a vu,
d'un regard aigu, le monde de la rivière
en laissant flotter dans le courant des
eaux le bouchon, symbole de notre vie
parmi les remous de la destinée ?.Quel
philosophe, lassé des villes, a scruté les
mystères des eaux tranquilles ou tumul-
tueuses, asile trop souvent violé de mille
petits et gros êtres vivants, pourvus de
vices, de passions, de vertus et repré-
sentatifs à s'y méprendre d'une société
de bipèdes pensants ? Ce pêcheur assez
hardi pour arracher à .la nature aquati-
que quelques-uns des secrets dont elle
est jalouse, c'est notre cher, notre char-
mant Georges Ponsot !
Nous, attendions ce Roman de la Ri-
vière qu'il nous avait conté avec une
verve nonchalante ; nous savions qu'il
serait, pour tous ceux qui savent lire,
lia enchantement. Georges Ponsot ^ne
trompe pas son monde, il tient parole ;
nous avons son livre qui nous offre une
face encore trop peu connue de son ta-
lent.
Le bon La Fontaine a fait parler les
bêtes pour nous enseigner la sagesse,
Edmond Rostand a fait chanter aux oi-
seaux des poèmes de gloire et d'amour,
Kipling a traduit dans le 'langage des
hommes les rugissements des fauves,
jaais nul avant notre ami n'avait abais-
sé les bésicl-es d'un homme de lettres
sur la petite rivière Seulette qui chemine
dans les prés parmi les peupliers et les
saules ; Buffon lui-même n'a jamais
risqué de mouiller les dentelles de ces
manchettes dans ces ondes, dédaignées.
- V. ♦
♦ •
Ponsot ne parle pas des poissons,com-
me un aveugle des couleurs, ou comme
un prêtre des anges du Paradis ; il. les
a vus, il les a guettés, il les a pris au
bout de sa ligne, dans sa nasse, sous
son - épervier. II est l'homme de la Ri-
vière. , * '-••-'•T r — -f
Le sot.ne fait pas de différence, hor-
mi dans son assiette, entre un goujon
ou une ablette ; entre une carpe et une
tanche, une perche ou une anguille.
Pour notre clairvoyant ami, il y a entre
un brochet et un véron la différence que
l'on peut constater entre un banquier et
un actionnaire, l'un gobant l'autre et le
faisant servir à sa prospérité.
Il y a donc, à vraiment parler, une
psychologie de la gent qui nage sous
l'eau- Il 'fallait Paudace d'un homme
d'une merveilleuse virtuosité pour se ns-
quer 'à nous présenter, dans une affa-
bulation'poétique et théâtrale tout ce
monde, avec ses attributs spéciaux, évo-
luant dans le drame de la vie avec ses
instincts de voracité et de carnage.
Le cadre est d'un peintre ; l'action
d'un dramaturge et il faut bien dire
qu'en outre un naturaliste fort avisé a
aiflé de ses lumières les deux artistes
unis dans l'auteur du Roman de la Ri-
yière. y *
Le roi Clé qui règne sur les brochets
mange le fretin qui trouve son sort peu
enviable sans doute, mais qui se sait
marqué par la fatalité ; le ,brocheton
Narcisse, est kronprinz dans cet empire
de proie. L'anguille Kiss, astucieuse et
maligne, sait vivre et bien dire, elle s'ac-
commode de l'air et de l'eau. Il y a une
reine des carpes nommée Dam, fort im-
portante par son poids ; il y a aussi
Zébrée, la princesse des perches ; Arc-
en-ciel, la duchesse des truites, élégante
et alerte ; on trouve même. dans le gra-
tin un inabécile, Janot, vicomte, fils de
Jean le Gros, seigneur des chevesnes.
Pour le reste c'est 'le peuple, le bon peu-
ple sans titre, la racaille des goujons,
des ablettes, des vérons, la chair à pâté,
ce que les rois des humains nomment,
quand ils font la guerre, la chair à ca-
non — le matériel !
* ,-
*•
itren âe superficiel. Notre auteur
plonge dans les abîmes, ou se tient entre
deux eaux ; il séjourne sous les racines
des viornes, dort sur île sable ou sur les
pierres plates, selon les évolutions de
ses modèles. Il suit la truite dans ses es-
capades et ses plongeons dans l'air ; il
accompagne le brochet dans ses chasses ;
il est de toutes les fêtes et de toutes les
batailles. Au fil du courant, quand sur-
vient le cataclysme de l'inondation, ou
la menace d'une entreprise hydroélec-
trique, il passe avec l'exode des « réfu-
giés », de la rivière Seulette dans le
grand Dubius, aux prétentions de fleu-
ve..
)u'il y ait dans ce livre de la Rivière
UB représentation de notre furieuse hu-
mité. rien de plus certain ; mais te
poète n'a certes pas voulu être un mora-
liste et s'il est quelque peu philosophé,
au long de ces pages, c'est avec la séré-
nité d'un pêcheur à la ligne au bord de
l'eau.
C'est pour cette innocente candeur
qu'il faut aimer l'ouvrage de Georges
Ponsot. L'enfant y trouvera-son plaisir
devant les bestioles, ou les monstres ap-
parus comme dans un rêve fantastique;
l'Homme y distinguera son image, car
il y a toujours un miroir dans les livres
que ,1e penseur écrit, en regardant la
nature et les êtres qui la peuplent.
Félix HAUTFORT.
Faire payer l'Allemagne
A quelques jours des vacances, il était dé-
sirable. il était nécessaire que la France indi-
quât, pour l'opinion européenne, sa position
définitive devant le problème des réparations.
Cette nécessité apparaissait urgente, après la
conférence des banquiers et pendant les pour-
parlers de La Haye.
Les interpellations de MM. Henry de Jou-
venel et François Albert, développées toutes
deux dans le même sens avec une grande
abondance d'arguments, et de faits, devaient
donner à M. Poincaré l'occasion de répon-
dre à cette question, trop souvent posée en
vain :, Comment faire payer l'Allemagne ?
Le prés;dent du Conseil a été précis dans
son exposé; catégorique dans ses conclusions;
si les actes suivent, il faudra reconnaître qu'il
a bien mérité de son pays.
Le tableau de l'Allemagne d'après guerre
est celui d'une nation qui organise son in-
solvabilité d'Etat en multipliant la richesse de
ses particuliers. M. Poincaré a donné des chif-
fres, cité des noms, dénombré les bateaux ac-
quis par les Allemands depuis l'armistice, si-
gnalé le développement projeté de l'outillage
du Reich.
Nous nous trouvons donc dans la situation
de créanciers impayés qui regardent s'enri-
chir des débiteurs insolemment prospères. Or,
et c'est le point sur lequel avait insisté M.
François AlBert, nous avons la force, mais
nous riè l'aurons que durant un espace de
temps limité; si nous voulons -l'utiliser, il n'y
a pas un moment à perdre.
C'est aussi l'avis de M. Poincaré. Il est inad-
missible que les vaincus puissent de nouveau
prétendre à l'hégémonie économique, tandis
que leurs créanciers victorieux sont réduits à
se faire leurs banquiers dans des conditions
désastreuses.
Les remèdes ? La Commission des répara-
tions les a trouvés : Equilibrer le budget et
percevoir régulièrement les impôts; mettre un
terme à l'inflation fiduciaire, contrôler les ex-
portations.
Les sanctions ? Occupation de nouveaux
territoires, mainmise sur cette partie du capi-
tal allemand.
En lisant le discours prononcé hier par M.
Poincaré à la tribune du Sénat, les dirigeants
du Reich comprendront peut-être que nous ne
sommes pas décidés à être leurs dupes, après
avoir été leurs victimes.
) P. D.
BLOC-NOTES,
t
Couronnes de carton
Elle est tout à fait navrante l'histoire de
cette pauvre petite dactylo devenue, par les
hasards de l'élection. « reine des reines »,
qui voulut prolonger au théâtre son règne
éphémère, et aujourd'hui, congédiée par son
directeur, risque de n'être pas reprise par
son patron et peut-être de glisser le long de
la pente qui s'ouvre sous les pas des jolies
filles déclassées. Ce sort lui est, du reste,
commun avec beaucous de ses collègues en
royauté.~
Il ne saurait, en effet, en être autrement ;
.et comment ces enfants, que l'on grise: d'adu-
lations et de champagne, que, juchées sur
un char triomphal, on promène au milieu
des acclamations, auxquelles préfet, conseil-
lers municipaux, députés, voire minis-
tres et président de la République, appor-
tent d'apparents hommages, ne perdraient-
elles pas la tête et ne confondraient-elles pas
la mascarade avec la réalité ?
La responsabilité incombe en la circons-
tance aux représentants des pouvoirs pu-
blics, qui, en participant avec elles à ces pa-
vades de carnaval, leur ont. permis de croire
que c'était arrivé, et que le hasard les arra-
chait à leur situation modeste pour les haus-
ser à un rang supérieur.
C'est donc à eux qu'il appartiendrait de
sauvegarder l'avenir de ces malheureuses et
de veiller à ce Qu'elles aient le courage de
déposer leur couronne de carton, pour reve-
nir le lendemain sans regrets au bureau ou
à l'atelier. Naguère, lorsqu'un dominicain
rentrait à son couvent, après avoir prêché
à la Cour, il était, la semaine suivante, em-
ployé à l'épluchage des légumes.
N'y aurait-il pas lieu de faire quelque chose
d'analogue pour les triomphatrices de la mi-
carême, en exigeant, qu'une fois, les fêtes
passées, elles. soient contraintes de repren-
dre assidûment leur, travail, sous peine de
perdre tous les dons qui leur furent offerts
et ne leur seraient remis qu'un an après.
Peut-être, au surplus, vaudrait-il mieux-de
supprimer simplement toutes ccs manifesta-
tions, qui, sous prétexte d'honorer le travail
et la beauté, ne font que les tourner en déri-
sion. S'il faut à la population parisienne des
cavalcades, que l'on n'y laisse figurer que
des profesponnelles,car on n'a pas le droit
de sacrifier l'avenir de pures et vaillantes
jeunes, filles aux amusements populaires.
petit Jean.
APRÈS LE VOTE DU SÉNAT ,.
Vers l'abandon
du Proche Orient
L'intérêt que nous pouvions trouver à nous maintenir en
Syrie a disparu du jour où nous avons évacué la Cilicie
Au cours de la discussion sur les crédits de
l'armée du Levant, à la Chambre, M. Boka-
nowski, rapporteur général, après avoir rap-
pelé — ou plutôt appris à la plupart de ses
collègues stupéfaits — que la France a déjà
dépensé 2 milliards 400 millions en Syrie, a
insinué qu'il conviendrait peut-être à un pays
aux finances obérées comme les nôtres, de faire
désormais la politique de ses moyens, et non
pas celle de ses sentiments.
On ne réfute pas un axiome. Aussi, le pré-
sident du Conseil n'a-t-il pas même tenté de
le faire, et s'est-il borné à poser la question
da confiance au sujet du vote 'des 107 millions
demandés pour l'entretien des troupes en
Svrie, pendant un seul trimestre de l'année
1922.
Il lui faudra recommencer devant le Sppa~
dont la commission des finances a réduit les
crédits de 10 millions, et a failli adopter un
amendement (9 voix pour, 9 voix contre et
M abstentions) tendant à l'évacuation totale
.ci Q la Syrie par nos troupes.
Quoi qu'il en soit. l'idée de l'évacuation de
la Syrie est en marche rapide, sous la triple
influence d'un sentiment enfin précis des né-
cessités de notre politique" financière : des
tendances qui se sont manifestées à la Cham.
bre des .Lords touchant l'abandon du mandat
sur la Palestine ; et d.'une notion enfin exacte,
qui se propage, de la valeur réelle de la Syrie,
et de nos intérêts au Levant. Si chères que
puissent nous être nos traditions dans cette
partie du bassin de la Méditerranée, et si
légitime que paraisse notre désir de rayonne-
ment, rien ne saurait justifier le maintien
d'une méthode qui a eu pour résultat de nous
faire dépenser 2 milliards 1/2 en deux ans
et. demi, et qui nous entraîne à des débours
annuels de plusieurs centaines de millions,
sans aucun espoir de récupérer ces sommes ;
alors que nous avons sur notre sol des ruines
qui ne sont pas relevées, que nos mutilés su-
bissent, par ordre, des réductions sur le taux de
leurs pensions, et que notre dette intérieurs
s'enfle chaque année de quelques dizaines de
milliards -
Notre prestige et'notre rayonnement dans le
Levant n<î sont pas liés du reste a l'occupa-,
tion militaire et à la tutelle administrative dp
ce pays. Les œuvres admirables de propagande
française que iLuu6 a. 'vous'ï&"bns' ~n's~tg'nant~?*'
on hospitalières, n'ont pas attendu l'arrivée
du général Gouraud pour s'installer dans te
pays et y faire aimer la France, ni les Syrien"
M. dé Caix pour se mettre à apprendre le fra-
sais et à acheter nos livres.
Il peut paraître paradoxal, mais il est strie
tement exact, que notre propagande n'a pas
bénéficié de l'occupation française. Nos sub-
ventions aux hôpitaux et aux écoles, ont été
à peine augmentées depuis 1914, parce que
l'armée du Levant et l'administration civile
absorbaient tous les crédits. Je pourrais citer
un établissement hospitalier de Beyrouth qui
recevait 12.000 francs de subvention avant la
guerre et qui touchait la même somme l'année
dernière, alors que le prix de la vie dans cette
ville a presque décuplé depuis huit ans.
Faute d'argent, malgré leur renommée deux
ou trois fois centenaire,' nos établissements
soutiennent difficilement la concurrencé des
organisations américaines, partout où celles-ci
sont venues s'installer. Or, dans un pays
comme celui-là, nous ne pouvons avoir de
meilleur moyen de propagande que le main-
tien et le développement de nos hôpitaux, de
nos orphelinats et de ncs écoles.
Ce n'est certes pas notre tutelle adminis-
trative. ingrate par essence, propre à éveiller
les susceptibilités, et souvent peu heureuse
dans ses actes, qui peut noui gagner des sym-
pathies. Il est beaucoup de Syriens, pour pen-
ser maintenant que la France était bien belle
sous l'empire. turc. Ils ne nous voient plus
que par nos petits côtés, comme il arrive en-
tre gens qui se fréquentent trop.
Il faut le dire : l'intérêt que nous pouvions
trouver à nous maintenir en Syrie, a disparu
du jeur où nous avons évacué la Cilicie, cette
petite Egypte, riche en céréales, en coton, en
productions tropicales, cette noix de gigot,
dont la Syrie n'est que l'os, selon le pro-
verbe arabe.
Amputée de la Cilicie. privée de la région
pétrolifère de Mossoul et des riches terres à
blé du sud attribuées à la Palestine ; entou-
rée des.ennemis que sont les Bédouins de la
Haute-Mésopotamie, l'émir Abdallah en Trans-
jordamie et l'émir Fayçal en Irak, la Syrie,
pays pauvre, délaissé chaque année par dea
dizaines de milliers de ses habitants, qui ne
trouvant à y vivre, émigrent vers l'Egypte et
les Amériques, est une charge inutile, surtout
pour nos forces. actuelles. Notre réussite en
i la *v ne -signi-
fie pas que nous ne nous soyons pas trom-
pés, cette fojs. Et comme nous n'avons pas-le
-y,fflyrr-Itr'ftire des placements à fonds oer-
dus, il est temps -de reconnaître une erreur.
La Chambre des Lords nous a donné l'exem-
ple : suivons-le.
, Robert LAULAN.
Ancien Conseiller des Services écono-
miques de l'Etat du Grand-Liban.
LE CCNGRÈS OUVRIER DE SAINT-ÉTIENNE
LES SYNDICALISTES UNITAIRES
----——' SE DÉFENDENT —
CONTRE L'EMPRISE DE MOSCOU
©C®—
Les communistes ont fait donner hier !a « garde », en la personne
de Losowsky, secrétaire de l'Internationale syndicale rouge
« ■ -
Le. Congrès de la C. G. T. dite «unitaire ».
— parce qu'elle s'est créée sur l'ordre de Mos-
cou et s'oppose à l'ancienne C. G. T, qui a son
siège rue Lafayette — se poursuit à Saint-
Etienns dans le heurt des tendances qui met-
tent aux prises les syndicalistes révolutionnai-
res ou anarchiste-s et les communistes.
La nuit dernière, au cours d'une séance très
mouvementée qui lie prit fin qu'à 1 h. 15 du
matin, M. Barthes (des terrassiers) .donne
rendez-vous à. M. Froasard devant le peuple.
de Paris.
M. Lecoin reprocha aux communistes d'a-
voir fait une réunion à ipart et d'avoir nommé
une commission pour suivre le congrès. Le
brouhaha fut alors à son comble. C'est faux !
disaient les uns. La Tchéka ! disaient d'au-
tres.
Le président, à force d'agiter sa sonnette,
parvient 'à lire une lettre de M. Arnaud, se-
crétaire de la Bourse de Saint-Etienne, qui'
préaida la réunion du parti et qui donne de-
vant le congrès sa démission du parti commu-
niste. Le bruit augmenta encore.
M. Mayoux, des Bouches-du-Rhône, critique
ensuite le iparti conamiuniste.
« 11 est le même, dit-il, que l'ancien parti
socialiste, il est composé de politiciens dange-
reux. Une différence pourtant : on n'y est pas
libre. Moscou surveille ;. on y exclut jusqu'au
Journal du Peuple. Ces ordres et ces exclu-
sions, croit M. Mayoux, si l'autonomie du
mouvement syndical international n'est pas
respectée, la C. G. T. lès subira en allant à
Moscou. » » .,
Finalement, M. Tommasi vient détendre la
révolution russe attaquée de tous côtés.
La séance d'hier matin
Saint-Etienne, 29 juin. — M. Dupuy (du Vi-
nieu) préside. Tout de suite, il demande que le
calme soit plus parfait et qu'on ne l'oblige
pas à casser sa sonnette. MM. Girard, gréviste
de Lille, et Roylud l'assistent. M. Carpentier,
des comédiens cégétistes, a la parole. C'est
une déclaration unitaire qu'il fait.
M. Pierreton, après M. Carpentier, vient ap-
porter une précision au sujet de la. commis-
sion de surveillance chargée de désigner les
orateurs de la tendance communiste. M. Le-
coin veut démentir, mais le bruit recommence.
Les communistes rectifient. f
Après un peu de tumulte autour de diver-
ses- propositions, M. Vidil, secrétaire de la Fé-
dération d.e l'alimentation, reprend la discus-
sion sur l'orientation syndicale.Il s'affirme
pour la motion Besnard" Pourtant, contraire-
ment à M. Lecoin, il croit quo l'Internationale
révolutionnaire syndicale çouge est une Inter-
nationale révolutionnaire.
« Mais, dit M. Vidil, nous voulops l'autono-
mie internationale sans laquele l'autonomie na-
tionale n'est pas possible. »
M. Boudoux succède là M. Vidil, comme in-
dépendant. Pour lui, il n'y a qu'une lutte en.
tre le centralisme et le fédéralisme.
« Si" vous étiquetez le syndicalisme d'une
couleur quelconque, vous ne pourrez plus re-
cruter parmi tous les travailleurs. »
Arrivée de Losowsky, délégué russe
M. Cadeau annonce l'arrivée de M. Dridzo
Losowsky, secrétaire de l'Internationale syn-
dicale 'rouge, qui arrive de Moscou malgré la
police. L'émotion est grande.
M. Losowsky, plus connu en France sous le
nom de Dridzo, fut longtemps militant syndi-
caliste en France et fonda le syndicat des cas-
quettiers. Au moment de la révolution russe,
il fut successivement expulsé de France et
d'Allemagne. Retourné -en Russie, il participa
activement à la révolution bolcheviste et s'oc-
cuipa particulièrement des syndicats. Il fut
secrétaire de la C. G. Ts russe. Il est mainte-
nant secrétaire de l'Internationale. syndicale
rouge. 'C'est au nom de cette organisation qu'il
venait. On l'attendait tel qu'on l'avait tou-
jours -connu, avec une grande barb-3 blonde, à
laquelle il tenait beaucoup. Il l'a rasée pour
n'être pas reconnu par la police.
Dès son entrée, une 'partie de la salle du
congrès applaudit, puis chante l'Internationale.
.M. Content, anarchiste, s'écrie : « A bas les
dictateurs ! »
M. Cadeau demande qu'on entende Losows-
ky dans le plus profond silence. Le silence se
fait -et Losowsky, sans geste d'orateur, avec
un débit calme, d'une voix qu'une connaissan-
ce limitée du français rend parfois mal assu-
rée, sera écouté avec calme.
Un exposé de la Révolution russe
'11 v a huit ans. commence M. Lozowsky,
j'étais à Paris. C'était en 1914. avec MoDatte
et Rosmer, je bataillais dans vos rangs con-
tre la guerre. J'ai donc un peu le droit de
'parler ici. Le capitalisme va à sa mort; Nous
devons trouver contre lui tous les révolution-
naires. On nous a critiqués, on a dit que nous
voulions vous obliger à faire une révolution
à la russe. Peu nous importe, que vous fas-
siez une révolution à la française, à l'ita-
lienne ou à l'espagnole, pourvu que vous la
fassiez. » Et M. Lozowsky aborde « l'histoi-
re » de la révolution russe pour en extraire
les faits qui prouvent en faveur de la thèse
communiste contre la thèse anarchiste.
« En Russie, poursuit l'orateur, nous
avons fait en 5 ans toutes lès révolutions
françaises : celle de 89. celle de 93. celle de
48 et celle de la Commune. Toutes les puis-
sances nous sont tombées dessus. En 1920,
les délégués de 19 puissances sont venus nous
demander do respecter les biens de leurs na-
tionaux. Dans les usines que nous avons pri-
ses, il y avait des usines belges, françaises,
etc. et la révolution ne .faisait; pas plaisir
aux propriétaires. C'est alors qu'on nous a
déclaré la guerre et nous avons dû nous dé-
fendre. On nous a donc coupé la région de la
Volga, la région de Bakou et la Sibérie. On
nous attaquait avec des armées organisées
scientifiquement et nous nous sommes dé-
fendus ayec une armée scientifiquement orga-
nisée. Mais la bourgeoisie internationale
n'était pas seule contre nous, il y avait aussi
des démocrates, des réformistes,
« La première voulait l'argent, les autres
criaient : « A bas la dictature ! » Il y avait
braqués contre nous, deux canons, l'un por-
tait ces mots : « De l'argent ! » et l'autre
« A bas la, dictature ! ». Nous avons répon-
du parce qu'il fallait sauver la révolution par
quatre canons. Nous avons, c'est vrai, froissé
des sentiments démocratiques et pourtant,
avant là révolution, j'étais moi-même démo-
crate. En Russie, nous avions aussi des
chants. Je suis heureux de vous entendre
chanter la révolution, chantez-la, et , faites-
la aussi. »
Et M. Lozowsky rappelle qu'à une époque,
en Espagne comme en France, les syndica-
listes révolutionnaires voulaient adhéref à la
troisième Internationale politique
Le secrétaire de l'Internationale de Moscou
donne ensuite devant son auditoire mi-sym-
pathique et mi-hostile, mais silencieux, des
détails circonstanciés sùr les statuts de
l'I. S. R. et il insiste particulièrement sur
l'autonomie des C. G. T. qui y adhèrent déjà.
M. Losowsky termine en critiquant la
C. A. de la C. G. T. U., en disant qu'elle a
voté un ordre du jour contre le gouvernement
des Soviets. Il achève par un appel en fa-
veur du communisme et sort du Congrès. A
la porte, des commissaires spéciaux sont là
pour l'arrêter, mais il parvient à disparaître.
T Des répliques
M. Totti, secrétaire de la C. G. T. U., prend
ensuite la parole et reproche à M. Lozowsky
de n'avoir pas respecté la souveraineté du
Congrès en s'attaquant à la C. G. T. U.
« Je. le dis au nom de la dignité de la C. A.,
ajoute M. Totti, dont il a critiqué la gestion
sans en avoir le droit. »
naires. « Il n'a pas répondu, dit M. Barthes,
des terrassiers, déclare qu'il a passé un mot
à M. Lozowsky pour lui demander si les syn-
dicalistes purs étaient des contre-révolution-
Une partie du Congrès proteste. M. Barthes,
j'enregistre sa carence. » Il y a du bruit et
M. Monmousseau vient déclarer que le Con-
grès doit placer ses débats au-dessus des re-
proches de M. TottL
La séance est levée à )13 heures. M. Lo-
zowsky a parlé pendant deux heures.
La séance de l'après-midi
La séance fut occupée entièrement par les
délégués étrangers. M. Borghi, de l'Union
syndicale italienne, critique le gouvernement
des Soviets. Il lui reprocha de mettre en pri-
son des travailleurs qui arrivent cinq minu-
tes en retard à leur travail et d'avoir suppri-
mé toute liberté. Il ne veut; pas suivre Lénine,
qui risque de remplacer le tzar. D'aucune fa-
çon, il ne peut admettre l'adhésion à Moscou.
, M. Diaz, représentant de la C. G. T. révolu-
tionnaire espagnole conclut de la même façon
et souhaite l'adhésion à une internationale
de Berllin, purement syndicaliste. ,-
Le délégué yougo-slave vient dire ensuite
les misères des travailleurs yougo-slaves et la
séance est levée à 19 heures, sans que la
diMaaaicB 'strr-t*oriH!ïtnMun SyntMca.ïe ?oînër-
minée.-
Reine ou fée.
De l'esprit de fête. - Dimanche à St-Germain
Les fêtes communales, sont toutes sœurs.
Cette monotomie dans le programme, ce
manque d'imagination, dont font preuve la
plupart des organisateurs- de fêtes-populai-
res, nuisent à l'intérêt, du spectacle. - 1
i Vraiment, ceux qui disent qu'on ne sait
plus s'amuser, pourraient avoir raison, si
le bon public, spectateur assidu de ces sor-
tes d'attractions, n'était fermement décidé
à s'égayer coûte que coûte, quoiqu'on lui
propose et où. il se trouve.
Et puis aussi, les plaisirs les plus com-
muns, ceux, par exemple, qu'on retrouve
dans toutes les fêtes foraines, sont peut-
être ceux encore qui amusent encore le
plus. Avez-vous remarqué la gaîté des gens
dans les foires de quartier, où rien cepen-
dant n'est imprévu. Les organisateurs de
fêtes lodales suivent la tradition, ils n'é-
tonnent pas, peut-être le veulent-ils ainsi.
L'imprévu, la trouvaille, sont le souci de
l'artiste. Aussi bien, qu'on ne" nous parle
pas d'art dans ces sortes de fêtes. Elles
n'en nécessitent nullement. La tradition, le
programme de la commune voisine, gros-
sièrement recopié, c'est mieux ainsi, et le
succès est 'plus certain.
Certains pensent que Saint-Germain, qui
est inscrit pour dimanche prochain sur le
calendrier des fêtes, a fait une trouvaille
qui mérite d'être notée, en élisant une fée.
Une fée? Il se peut bien que celle - de
Saint-Germain soit la première. Mais
quelle soit dénommée muse, reine ou fée, la
chose est un peu semblable.
Saint-Germain fêtera dimanche le chè-
l, vre-feuille. Uns fête de plus au tableau!
R. D.
Arrestation des assassins
du Dr Rathenau
terlin. 29 juin. — Le nommé Techow, na-
tif de Berlin et y résidant ces temr* derniers,
était désigné, dès hier, par la police, comme
un des auteurs de l'assassinat de, M. Rathe-
nau. Techow conduisait l'automobile dans la-
quelle se trouvait, les autres assassins.
Ce personnage, dont la police suivait la
trace depuis vendredi soir, et qui avait cher-
ché un refuge, d'abord à Halle, et ensuite
chez son oncle, près de Francfort-sur-l'Oder,
v:ent d'être arrêté.
Killinger arrêté de nouveau
Le lieutenant von Kiîlinger, inculpé, com-
me on le sait, dé coipplicité dans l'assassi-
nat d'Erzberger, et relâché ces temps dEn
niers par les juges allemands de Charlotte
hourg, qui ne l'avaient pas estimé coupable
vient d'être arrêté de nouveau, dans une sta-
tion balnéaire de la Baltique. On sait quo
Kellinger faisait partie de la fameuse orga-
nisation « Consul », qui ce- trouve, une fois
de plus, compromise dans l'assassinat de M
Walter Rathenau.
On murmure, d'autre part, que la police
est sur la piste d'un autre assassin, mais
on observe, jusqu'à Drésent. la plus grands
discrétion à ce sujet.
LIRE TOUS LES LUNDIS
Le Sourrier des Loyers
et des
Habitations - à bon marché
PART-IL OU NE PART-IL PAS ?
M. Parmentier s'en irait
demain aux Etats-Unis
—-———' >
Il serait suppléé, durant son absence.
par son "alter ego"
Décidément, part-il ou ne part-il en Amért
que ?
— De qui s'agit-il ? -
— Mais de M. Parmentier, parbléu, le direc-
teur du « Mouvement » de ces fonds où l'on
s'est aperçu (la Lanterne signalait cette
« truffe » dès le 21 juin dernier) qu'on s'était
seulement trompé de sept milliards dans l'é-
valuation des Bons de la Défense nationale
émis par le Trésor.
On a, en effet, annoncé récemment que M.
Parmentier n'irait pas à New-York discuter la
question de notre dette a l'égard des Etats-
Unis. Cette nouvelle avait même été accueillie
avec une certaine satisfaction. Apres quoi,
on a appris que M. Parmentier serait décidé-
ment chargé dé la mission qui lui avait été
(primitivement confiée et qu'il s'embarquerait.
samedi prochain pour le Nouveau Monde.
On demeure vraiment stupéfait; ainsi que
l'indiquait il y a quelques jours notre confrère
l'Homme Libre, en constatant la faveurs per-
sistante qui brave à la fois le gouvernement
et le Parlement et à qui ni son ministre ni
le président du Conseil n'osent toucher, mal-
gré tous les griefs qu'il a accumulés contre lui.
Ainsi, le naufrageur opiniâtre de la Banque
Industrielle de Chine représentera la France
en Amérique dans un débat particulièrement
délicat, grave et difficile. N'auraît-on pu- vrai-
ment envoyer à nos amis des Etats-Unie un
« missionnaire'» dont l'autorité et le presti-
ge — nous ne disons même pas la compé-
tence - soient un peu moins discutables et
moins discutés ? ■
Mais ce n'est point tout. M. Parmentier a
pris le soin que, pendant son absence, l'inté-
rim de la direction du Mouvement des fonds,
, fût confié à un collaborateur sûr, à son alter
ego M. de Mouy. Même lorsqu'il sera loin, c'est
toujours lui qui-sera le « pàtron » au-minis-
tère des finances ; c'est son esprit — si l'on
peut dire — qui y inspirera les décisions que
M. de Lasteyrie n'a- pas l'énergie de pren-
-dre lui-même. « L'entourage » continuera-à
« chambrer » le ministre, & lui forcer la main,
à narguer l'exécutif et le législatif.
Clemenceau: se plaignait un jour de l'affai-
blissement des caractères. Jamais ce jugement
n'a été aussi douloureusement justifié que par
les événements et par les hommes d'aujour-
d'hui.
i : p. S.
Les bûcherons sont venus trop tôt.
,
-On abat les arbres de fortifications, tout
l'ornement de cette zone sévère. A la porte
de Versailles, c'est un immense chantier de
bûcherons.
Les grands arbres, frappés par la cognée,
tombent dans le linceul vert de leurs feuilles;
les enfants du quartier sont désolés. Ils n;a,,:
vaient d'autre terrain de jeu, d'autre jardin
public que ce coin ombragé. Ilg y prenaient
leurs ébats en toute liesse, aucun garde. ,pour
les gourmander ; Mis pouvaient courir, jouer
au ballon, ils étaient vraiment-bien là chez
eux. Ce n'est - plus aujourd'hui, qu'un chan-
tier de démolition. -,
, — Il fallait, dit-on, abattre cès arbres,
pour poursuivre les travaux de démolition.
Peut-être. Mais ces travaux ne sont. pas si
avancés pour que, semble-t-il, on'n'ait pu
attendre la fin de l'été.
Les terrassiers auraient parachevé leur
œuvre avant que les- bûcherons n'intervien-
nent. - J.,
1 -- R. D.
INTERPELLETIONS AU SÉNAT
sur la politique
des « réparations »
Après de bénignes critiques de MM. de
Jouvenel et François Albert, la
Haute-Assemblée entend M.
Poincaré et lui fait
confiance.
C'était hier grande séance au Luxembourg,
et les tribunes, d'ordinaire garnies d'un pu-
blic assez clairsemé, étaient; pleines à. cra-
quer.
C'est cependant au milieu d'un profond S;,
lence que M. Bourgeois, qui présidait, pro-
nonça l'éloge funèbre de M. Lucien Cornet,
sénateur de l'Yonne.
Mais l'attention, qui avait fléchi tandis que
l'on votait sans débat le projet de loi sur
le statut du Danube internationalisé, redou-
bla quand M. de Jouvenel monta à la tri-
bune pour développer l'interpellation qu'il
avait déposée, de concert avec M. FrançQis
Albert, « sur les conditions dans lesquelles
le gouvernement entende poursuivie, tant à
La Haye que dans ses divers entretiens avec
les Alliés, la politique de réparations fran-
çaises et de reconstruction européenne ».
Discours de M. de Jouvenel
« Ce n'est pas dans un esprit d'hostilité
contre le gouvernement, déclare M. de Jou-
venel, que - cette inérpellation est déposée,
mais dans un but de collaboration..Nous vou-
lons apporter des-idées et' des suggestions.
Au mois d'octobre tombe la première échéan-
ce des dettes interalliées. Il faut dire ce
que nous voulons.
« Quand on nous entend nous plaindre sans
cesse, nos Alliés, les neutres, les adversaires
se disent : « Mais enfin, que veut la. Fran-
ce ? » Et tous pensent, en nous voyant mi-
litairement forts : si la France savait ce
Qu'elle voulait, elle l'obtiendrait. Mais avant
de savoir ce que nous voulons, il faut savoir
ce que nous ne voulons pas ; il y a .deux
i ,o ù lons
choses Que nous ne, voulons pas : c'est yoir
diminuer sa Créance, sur. l'Allemagne et ne
pas laisser fonder la reconstruction de l'Eu-
rope sur celle de la Russie. (Très bien !)
« Les coquetteries de M, Lloyd George avec
la Russie ont laissé croire'à celleci qu'elle
était indispensable à là reconstruction de
l'Europe. Elle a pris la pitié qu'on avait en-
vers des enfants-affamés nour une approba-
tion de sa politique. Les Russes se sont cru.
les maîtres du monde. L'AMemagne, encou-
ragée. a signé le traité de Rapallo. La Con-
férence de Gênes n'a rien donné, La France
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