Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-27
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 juin 1922 27 juin 1922
Description : 1922/06/27 (N16402,A46). 1922/06/27 (N16402,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
LN « LANTERNE g DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE,
Le Numéro : 10 enea
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aux 3itreaux du Jcarrai
La Lanterne
46e ANNEE -- N° 16.402
MARDI
27
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Question
de principe
Lorsqu'un député ou un sénateur est
l'objet d'une demande en autorisation
de poursuites, la tradition s'établit qu il
doit lui-même conclure à la levée de
son « immunité ». Après qu'il a véhé-
mentement protesté de son innocence,
elle lui fait l'obligation idlogique de dé-
clarer qu'il n'a pas de plus ardent désir
que d'établir cette innocence devant les
juges, et que si on veut lui être agréable
on l'enverra au plus vite devant eux.
Assurément, c'est élégant. Mais ce
n'est là qu'une « attitude » et s'il est ex-
plicable que l'habitude en ait été prise
— nous adorons les attitudes ! — il est
assez curieux qu'on n'ait pas encore
songé à en montrer l'irrégularité essen-
tielle.
Si, dans tous les cas, le député ou le
sénateur mis en cause doit supplier
ses honorables collègues de l'envoyer
devant les juges, il est bien évident que
l'immunité parlementaire dont il est
couvert n'est qu'une illusion, une sima-
grée vaine et périmée, dont le seul effet
n'est plus que de paralyser momentané-
ment l'action de la Justice.
Mais précisément, cela ne provient
que d'une conception tout là fait erronée
de ce qu'est en réalité cette immunité
parlementaire.
On imagine volontiers que c'est un
privilège personnel qui s'attache à la
qualité de législateur, une sorte de sup-
plément moral ajouté à son traitement,
un petit profit assimilable, par exemple,
au libre parcours en chemin de fer, et
dont il est sans importance de le dé-
pouiller.
Mais tel n'est pas le cas len vente, et
l'immunité parlementaire constitution-
nelle procède d'un tout autre principe.
Elle a son origine dans le respect et la
sauvegarde de la volonté populaire ex-
primée par l'élection. Autrement dit
l'immunité n'est en aucune façon un
privilège de l'élu, c'est une garantie don-
née aux électeurs. Une garantie que
leur représentant ne pourra pas être
l'objet de manœuvres obliques ou seu-
lement mal fondées de l'exécutif ou du
judiciaire. Avec la manie intolérable et
qn'ofl. tolère cependant de faire durer
les instructions pendant 18 ou 24 mois,
voyez-vous qu'il suffise de la volonté du
gouvernement ou du caprice d'un juge
d'instruction pour mettre et maintenir
sn prison un député gênant ? Ce serait
ennuyeux pour le député ainsi logé à la
même enseigne que ses simples conci-
toyens — mais ce serait surtout et d'a-
bord ulne violation du droit de l'électeur
à être représenté de façon permanente
par qui il a voulu. Le suffrage universel
a, dans la pratique, commis tant d'er-
reurs qu'on peut comprendre qu'il ait
des détracteurs. Mais tant qu'il est, il
est. Et on peut dire que le suffrage uni-
versel sans l'immunité du représentant
est incomplet sinon annihilé.
Il suit de là que cette immunité n'é-
tant pas un avantage personnel accordé
à l'élu, celui-ci n'a pas, au sens juridi-
que étroit, la faculté d'y renoncer. Car
elle existe, peut-on dire, en dehors de
lui-même en ce qui le concerne. C'est
une notion d'ordre public dont la ri-
gueur s'exerce extérieurement à l'inté-
ressé.
Seule donc la majorité du corps au-
quel appartient le parlementaire a pou-
voir pour ordonner lies poursuites. Et il
est clair que ce pouvoir de décision com-
portant par définition faculté d'acquies-
cer ou de refuser, il y a danger grave
à le laisser s'émousser au point de ne
se plus manifester que par une forma-
lité d'enregistrement.
Pratiquement, il faut que le parle-
mentaire visé fournisse ses explications
à ses pairs et que ceux-ci décident en-
suite en toute souveraineté, et en toute
sérénité si possible, par un « oui » ou
un « non » qui n'a pas à être motivé.
>C'est exorbitant ? Pas plus qu'une dé-
cision de jury criminel ! Et il n'y a pas
de raison que cinq cents parlementaires
décident plus mal que douze jurés sou-
vent assez mal choisis.
Le jury, lui aussi, est une expression
de la souveraineté populaire, c'est une
institution détestable si elle se pervertit,
mais -elle est parfaite' dans son principe,
et donne d'excellents résultats quand
elle fonctionne dans le calme et en
dehors de la passion.
Ce qu'on en dit là est sans liaison
avec les cas actuellement soumis à la
Chambre et au Sénat. Il nous a seule-
ment paru opportun de rappeler, à leur
propos, que, malgré l'apparence con-
traire, le principe de l'immunité de l'élu
est une prérogative populaire et non
point un privilège personnel. La démo-
cratie vraie doit se méfier avant tout des
sophismes égalitaires et, si elle croit
avoir la vérité pour elle, ne jamais
craindre de pousser ses principes dans
leurs conséquences logiques.
Victor SNELL.
LIRE A LA TROISIEME PAGE :
LA SEMAINE MUSICALE
Wv
Respectons la sépulture
des morts au Panthéon
Trois ou quatre mille étrangers viennent
mensuellement visiter Paris.
En autos-car, on leur fait faire le clas-
sique « tour de' ville », qui commence au-
jourd'hui par une visite à Notre-Dame ou
l'ascension de la Tour Eiffel, se poursuit par
une excursion rapide sur les quais de la Sei-
ne, les couloirs interminables du Palais de
Justice, les Invalides et le tombeau de Na-
poléon, sans oublier le Panthéon.
Dans chacun de ces monuments, le gardien
classique, au lourd trousseau de clefs, les at-
tend. La visite du Panthéon est particulière-
ment typique à ce sujet. Après un rapide
coup d'œil, le cicerons casqueté emmène la
troupe des visiteurs vers les sous-sols du
monument, qu'il annonce d'un retentissant
« Caveaux ! Caveaux ! » poussé sur le ton
de « Tonneaux ! Tonneaux ! », qui retentit
parfois dans la rue voisine.
Dans l'obscurité de la crypte, le gardien se
croit obligé de faire pour chacun des grands
morts un panégyrique qui, certes, n'ajoute
rien à leur gloire, oraison funèbre débitée
sur le ton d'un élève de l'école primaire qui
sait bien sa leçon.
Certains visiteurs se croient autorisés ;par
le défaut de lumière à se livrer à des fa-
céties plus que douteuses.
Au vrai, cette visite des cryptes du Pan-
théon est la plus irrespectueuse qui soit ; et
il. n'est pas un étranger qui y assise qui
n'en soit choqué.
Le Panthéon, on .paraît trop l'oublier —
son gardien tout le premier — elt l'ittitnense
tombeau des grands hommes de la patrie.
On ne devrait y pénétrer qu'avec recueille-
ment. L'allure accélérée à laquelle s'effectuent
les visites est sacrilège. Les étrangers le sen-
tent tout aussi bien que nous. Certains mê-
mes ne dissimulent pas leur surprise de voir
traiter de si profane façon ceux .que la patrie
a voulu honorer. w M' ■
Cessons de troubler aussi bruyamment le
repos des morts qui ont reçu cette exception-
nelle sépulture. Si grande que soit la gloire
d'un tombeau, elle n'est rien sans le silence.
Et comme devant un tel spectacle, on com-
prend le mot de Marat : « Si je pensais
qu'on dût me porter au Panthéon, je préfé-
rerais ne jamais mourir ! » — R. D.
i —
la Bëpiipe allemande
Les libéraux de tous les pays alliés en ap-
prenant le meurtre de Rathenau ont eu tous
la même pensée : Il faut soutenir la « Répu-
blique allemande » contre le pangermanisme
qui fait appel à la terreur. -- Á-
Cette idée pourrait être féconde "si elle
était pratique, mais il est trop évident que la
République allemande sera l'oeuvre des Al-
lemands.
Que pouvons-nous ? Faire, au gouverne*
ment prétendu démocratique du Reich, des
concessions qui, par contre-coup, puissent lui
valoir une certaine popularité ? C'est une mé-
thode extrêmement dangereuse.
Déjà nous avons vu, au lendemain de l'ar-
mistice, s'organiser une sorte de chantage au
bolchevisme. Les troupes allemandes ne fu-
rent pas désarmées, sous le fallacieux prétexte
qu'il fallait tenir tête aux éléments révolu-
tionnaires. Nous avons vu ce que sont deve-
nues les forces de police de l'Empire.
Même jeu au moment des conférences de
Londres. Dès qu'il fut question de l'exécution
du traité ou du partage de la Haute-Silésie. le
ministère Wirth annonça, à divers reprises,
qu'il se verrait contraint de démissionner si
les résolutions prises n'étaient point confor-
mes aux vœux du peuple allemand.
Cette voie est donc pleine dé^éril*. Les
Allemands, prompts à croire à notre faiblesse
et à l'exploiter, ne manqueront pas de$ttt à
chaque concession nouvelle qu'il suffit dé te-
nir bon pour avoir raison. i
Il est fort possible qu'un gouvernement qui
pourrait dire au Reichstag qu'il a obtenu des
Alliés la remise de la dette allemande serait
fort applaudi; mais cette solution n'est cer-
tes pas compatible avec les besoins vitaux
de notre pays, et il n'est pas un gouvernement
français qui pourrait l'examiner un seul ins-
tant.
La République s'installera en Allemagne si
les Allemands prennent goût à la liberté et
s'ils veulent vraiment un régime de paix dé-
mocratique. Cet événement ne dépend pas de
nous. :,
Au surplus, le pangermanisme ne serait nul-
lement étouffé par les concessions faites à une
prétendue République, car le parti du kaiser
aura toujours l'audace de prétendre qu'il eût
fait plus et mieux.
F. H.
———————————— > «»»*■ < -
LA MADELEINE
ne veut pas de piscine !
On sait que dans les projets du Conseil mu-
nicipal une vaste piscine doit être érigée en
sous-sol de la place de la Madeleine.
Les cent cinquante locataires de la Sôciété
Immobilière du marché de la Madeleine de-
viendront, dans le projet municipal, locatai-
res de la Ville de Paris, et seront expulsés
très vraisemblablement.
Ils s'inquiètent de cette menace et une réu-
nion a été tenue hier par les intéressés.
« Les 470 boutiques du marché de la Made-
leine sont indispensables à la vie économi-
que, non seulement du quartier, mais- encore
des quartiers voisins.
« La population des environs de la Madelei-
ne est riche, et n'éprouve pas le besoin ur-
gent d'être dotée d'une piscine.
« Enfin, où irons-nous loger ? »
Ces protestations ont leur valeur, cepen-
dant il ne faut pas oublier que la création à
Paris, et même dans tes quartiers centraux,
de nombreuse piscines est une nécessite j;
UNE REPUBLIQUE NOIRE ?
LE PAN-AFRICANISME AMÉRICAIN
La propagande des noirs américains se propage
activement et tend à la création d'une puissance noire
-———————- o ——————-——
Ce n'est pas pour rien que les noirs ont
versé leur sang sur les champs de bataille
français, il n'est pas de plus efficace propa-
gande que la victoire ! Depuis l'armistice, le
mouvement du pan-nigrisme ou pan-africa-
nisme a fait d'immenses progrès, non pas seu-
lement en Europe, mais en Amérique.
L'année dernière on a fait grand bruit au-
tour du Congrès des nègres tenu à Londres,
Paris et Bruxelles, on y a vu les mutilés de
l'Afrique occidentale,septentrionale et australe
et même ceux des Antilles, sans oublier une
délégation de vingt-cinq nègres des Etats-Unis.
Il est à remarquer que le mouvement du
,pan-africanisme se développe tout particuliè-
rement au nouveau monde où il compte des
représentants d'une grande valeur de propa-
gandiste, parmi lesquels on cite : W.-E. Bur-
ghardt du Bois et Marcus Garvey, ce dernier
venu des Antilles anglaises.
Il y a maintenant en France une littéra-
ture nègre inaugurée par M. René Maran, mais
il existe à l'étranger et notamment en Amé-
rique des apôtres noirs, le moins remarquable
n'est assurément pas du Bois lauréat de l'Uni-
versité d'Harward, écrivain, publiciste et ora-
teur fort elegant. Cei. homme est une sortit de
leader de Is race noire, mais il est impossible
de le comparer aux agitateurs, en raison de
la supériorité de sa culture. -
Garvey, qui n'a pas certes les dons de son
émule du Bois, a pourtant su acquérir, en peu
d'années, une influence prépondérante dans
les milieux nègres du monde entier ; fort ha-
bile, conducteur d'hommes, Garvey a fondé la
Universal Negro Improvment Association, ou
« Société universelle pour l'amélioration de la
race noire » qui, dit-on, ne compterait pas
moins de quatre millions d'adhérents, dont
la moitié aux Etats-Unis. C'est ce groupement
qui a lancé le cri : « L'Afrique aux Afri-
cains ! », c'est lui qui rêve d'une vaste Répu-
blique noire.
Les blancs ont appelé les noirs pour les
défendre et les voici mis en demeure de leur
accorder certaines libertés et des droits poli-
tiqus, c'est, en vérité, surtout en Amérique,
une véritable révolution, mais on a peine à
imaginer une vaste nation indépendante jouis-
sant d'un self government et groupant les
noirs du monde entier. Le « garvéisme » ap-
paraît donc comm une formidable utopie,
tout au plus un admirable thème à discours
sonores et à propagande illusoire.
Garvey se préoccupe fort de conserver le
type noir très pur, il est l'ennemi des croise-
ments qui font les « gens de couleur » diffi-
ciles à classer puisqu'ils ne sont en réalité
ni tout à fait noirs, ni tout à fait blancs ;
il a le mépris du mulâtre, du créoïle et du
quarteron. Le rénovateur semble bien com-
mettre une erreur grave en ne tenant pas
compte de la situation particulière des Etats-
Unis où la division-des races est presque ab-
solue. Il existe d'autres régions où l'assimi-
lation se produit et donne ces « sang mêlés »
dont l'existence, indéniable, lui est si pénible
à constater.
C'est pourtant plus qu'un préjugé, oette idée
de race que Garvey ne veut d'ailleurs pas abo-
lir, mais renforcer. Les Français donnent vo-
lontiers des droits civiques aux coloniaux
noirs, sans consi'dération de races, depuis l'ad-
mirable campagne de Schœlcher, mais la ques-
tion d'un gouvernement de race ne s'est pas
encore posée chez eux. Le*problème prend une
acuité douloureuse quand noirs et blancs sont
en nombre à peu près égal sur un territoire
déterminé, comme cela peut arriver en Amé-
rique.
Chaque race use de sa force, les blancs
contraignent les noirs à voyager dans des
wagons spéciaux ou à demeurer parqués dans
des quartiers délimités. IH y a en Amérique
de nombreux hôtels où un nègre n'aurait pas
la moindre chance d'être admis. Le lynchage
d'un seul Japonais en Californie pourrait oc-
casionner une guerre, tandis que l'on peut mas-
sacrer, brûler, pendre des douzaines de nègres
sans grands risques. Il y a là des excès incon-
cevables dans un pays civilisé qui justifient
dans une certaine mesure les revendications
furieuses de Garvey.
Il s'agit, en quelque mesure, d'une sorte de
spartakisme, puisque d'anciens esclaves af-
franchis se préoccupent de recouvrer tous
les droits des hommes libres, y compris celui
de se constituer un gouvernement. Le senti-
ment de défense est trop humain pour qu'on
puisse l'interdire aux nègres. Il n'y a pas
moins de dix millions de nègres et mulâtres
aux Etats-Unis, c'est-à-dire à peu près le
dixième, de la population. Peu à peu, certains
d'entre eux sortent de l'ignorance et de la pau-
vreté, ils demandent des droits politiques qui,
pratiquement, leur sont déniés. Ces nègres
sont moralement supérieurs à ceux de plu-
sieurs pays africains, il est donc fort naturel
que l'Amérique du Nord ait été le berceau
de l'apostolat pan-africain. Nous pouvons d'ail-
leurs remarquer que le sionisme, dont le but
n'est pas sensiblement différent, est parti du
même pays.
Si l'on compare, aux Etats-Unis, la situation
des Chinois et des Japonais à celle des nègres,
on s'aperçoit immédiatement que la différence
est notable. Les Jaunes appartiennent non
seulement à une race, mais aussi à des nations
dont ils peuvent se réclamer ; or, il n'y a pas
d'entité politique nègre, hormis Haïti et Li-
béria, groupements sans grande importance
dans l'immensité du monde.
ILe rêve de Garvey n'est sans doute pas à
la veille de la réalisation, mais il n'est pas
un blanc qui n'y puisse reconnaître, en un
, moment de sincérité, une grande idée de
justice.
D. S. M.
LES RÉPARATIONS
Un programme de travaux publics
à exécuter par l'Allemagne
M. Yves Le Trocquer, ministre des travaux pubhcs,
nous en expose les grandes lignes
Dans le discours qu'il a prononcé dimanche
à Eu, M. Yves Le Trocquer, ministre des Tra-
vauv publics, a évoqué la prospérité actuelle
de l'Allemagne, qui trouve des milliards pour
faire surgir partout les richesses de son sous-
sol et développer son outillage, alors qu'elle
se refuse à nous verser des légitimes indemni-
tés. ILa déclaré qu'il Aillait que la formule du
traité\)bligeant le RaÊh à créer sur notre ter-
ritoire les moyens de produire qu'il développe
sur le sien, devienne une réalité.
Nous nous somms rendus au ministère des
Travaux publics où M. Yves Le TrocquKr nous
a donné sur la question les précisions suivan-
tes:
« J'ai cru, en effet, pouvoir faire allusion,
dans mon discours d'hier, à une idée à la réa-
lisation de laquelle je me 1 suis attaché depuis
plusieurs mois déjà, et il m'est d'autant plus
agréable de vous donner des précisions que la
matière — vous'le comprenez — est complexe,
et qu'il faut éviter dans l'opinion française
des malentendus susceptibles de se dresser con-
tre un plan qui est l'un des moyens efficaces
d'obtenir de l'Allemagne les réparations aux-
quelles nous avons droit.
Les ifaits que vous signalez ne m'ont pas
échappé, pas plus qu'ils ne peuvent échapper
à nos alliés. Mes services ont suivi jour par
jour les programmes des travaux publics ef-
fectués avec une prodigalité inouïe par l'Alle-
magne. Mais précisément parce que j'ai pensé
qu'il était de juste justice que le pays vaincu,
au lieu, pour .se dérober au paiement, d'en-
fouir de la richesse qui peut lui apurer dans
quelques années -une supériorité économique
nouvelle, alors que le pays victorieux en est
réduit à faire l'avance de la réparation de ses
régions dévastées et devient par suite incapa-
ble de faire l'effort énorme que demande l'ou-
tillage moderne d'un grand pays, — qu'il était,
dis-je, de toute justice que ce pays commence
par travailler pour le pays qu'il a systémati-
quement ruiné et dévasté.
Il y a, évidemment, des objections qui m'ont
frappé tout de suite. Mais je suis de ceux qui
pensent que isi l'on commence par peser les
objections, on n'aboutit jamais là rien. La pre-
mière chose là faire était d'établir un program-
me général dfe tous les travaux qui, en s'ins-
pirant d'une ou deux idées directrices, pour-
raient être exécutés par l'Allemagne, sauf à
déterminer ensuite l'ordre de réalisation pra-
tique ».
- Quelles sont, monsieur le Ministre, ces
idées directrices? -
« En premier lieu, le § 19 de l'annexe 2 du
traité de paix prévoit la possibilité de l'em-
ploi de la main-d'œuvre et des matériaux alle-
mands pour tous travaux destinés à permet-
tre à l'une quelconque des puissances alliées
ou associées de procéder au développement de
sa vie industrielle ou économique, ceci après
approbation de la commission des réparations.
Il suit de là que l'Allemagne ne saurait pré-
tendre auè sou devoir de réparer est limité à
l'intérieur de la zone dévastée par elle et que
nous avons le droit d'exiger d'elle des tra-
vaux en dehors de ceux des régions libérées,
travaux destinés à enrichir économiquement
notre pays et sur lesquels il sera possible de
gager des emprunts : capital ou revenus
iraient, bien entendu, en premier lieu, à la
réparation de nos régions libérées.
« La deuxième idée est destinée, dans mon
esprit, à répondre à l'objection que certains
risquent d'élever contre la venue en France
d'équipes .de travailleurs allemands.
« La main-d'œuvre allema-nde ne serait pas
disséminée sur le territoire, mais serait em-
ployée dans de grands chantiers. Il ne peut
donc s'agir que de grands travaux publics,
construits en des points déterminés, à l'aide
de fortes équipes rassemblées.
« Enfin, même dans cette mesure, et pour
des raisons que vous comprendrez, j'ai, bien
entendu, cru devoir laisser à mon collègue,
M. le ministre des régions libérées, le soin
de déterminer dans quelles conditions spé-
ciales, il pourrait être fait appel à la main-
d'œuvre allemande dans nos départements du
Nord et 'du Nord-Est. De même mes services
n'ont pas cru devoir prévoir l'introduction de
la main-d'œuvre allemande dans nos régions
reconquises.
« Le programme de travaux publics déter-
miné d'après ces directives a été dressé par
mes différents services des chemins de fer,
des forces hydrauliques, des ports maritimes
et de la navigation intérieure.
« C'est un programme d'ensemble, et il ne
saurait être question d'envisager la réalisa-
tion immédiate et simultanée de tous ces tra-
vaux.
Le ministre parle ensuite de l'aménage-
ment de nos forces hydrauliques, de la dis-
trrbution d'énergie électrique, de la cons-
,truction de nouvelles lignes de chemins de
.fer, du tunnel sous. la Manche, des ports
maritimes et de notre navigation intérieure.
La réalisation de ce programme coûtera
une somme de 18.419.000.000 de francs,
d'après les évaluations
Mais, dans ce chiffre, tout ne saurait être
fourni par l'Allemagne. En effet, le total
se décompose en 6 milliards de main-d'œu-
vre' environ, 7 milliards 1/2 d'objets fa-
briqués, matériaux et matières premières,
1 milliard de terrains et 5 milliards de
frais généraux, intérêts intercalaires et di-
vers. Les terrains ne peuvent être fournis
que par le possesseur futur de l'ouvrage et
et il en va de même des frais généraux s'il
y a lieu. Le total est de 2 milliards envi-
ron. Restent donc les travaux proprement
dits.
D'autre part, en ce qui concerne la main-
d'œuvre, comme pour les fournitures, compte
doit être tmu des possibilités de l'entre-
prise et de l'industrie française, de maniè-
de fc ne par. réduire l'appel qui, normale-
ment, en tenant compte des seules disponi-
bilités budgétaires, eût été fait à leur cqn-
cews, Lg programme que j'ai envisagé don-
ne tous apaisements à cet égard; je n'ai,
d'ailleurs, pas-manqué de procéder préala-
blement à une enquête officieuse auprès des
personnalités et des groupements l £ S plus
qualifiés.
Pour conclure, tel que ce projet a été ainsi
établi, il me paraît de nature à pouvoir as-
surer à la France une partie intéressante
des réparations auxquelles elle a droit.
Le président du conseil en a saisi la délé-
gation française à la Commission des répa-
rations. Actuellement, une commission inter-
ministérielle — où sont représentés mes col-
lègues des finances, des régions libérées, des
colonies, du commerce et du travail — exa-
mine le projet sous la présidence de M. Col-
rat, sous-secrétaire d'Etat à la présidence du
conseil.
La question doit être examinée dans son
ensemble et le projet ressortira probable-
ment complété, notamment par des program-
mes de fournitures concernant les colonies.
Voulant d'ailleurs aboutir et estimant que,
dans ce but, il faut sans retard soumettre à
la Commission des réparations les plans dé-
taillés et concrets d'opérations déterminées,
j'ai, prêts à l'heure actuelle, les dossiers con-
cernant un premier groupe de travaux sur
lesquels je ne doute pas que l'accord ne se
fasse immédiatement, permettant ainsi une
première série de réalisations.
>. ««CB—C
LES INCURSIONS DES BANDES
BOLCHEVISTES EN POLOGNE
Varsovie, 26 juin. — Le chargé d'affaires
des Soviets à Varsovie vient d'informer le gou-
vernement polonais que les autorités bolche-
vistes ont pris les mesures nécessaires pour
mettre fin aux incursions des 'bandes armées
sur le territoire de la République de Pologne.
On mande, d'autre part, d;e. Mocou que la
commission d'arbitrage poloiio^rsés^ chargée
de modifier en quetiqueg endro tracé de
la frontière, s'est mise d'accord pour rectifier,
en faveur de la Russie, la ligne frontière dans
le secteur Nieswiecz-Minsk et en faveur de la
Polôgne celle du secteur de .Wolhynie.
—————————— ~e~ f—————————
Les autos qui empoisonnent
Les gaz mal brûlés des moteurs font mourir
les arbres des boulevards et attaquent
nos poumons
Les marronniers des boulevards agonisent.
Boulevard Saint-Germain, ils offrent aux re-
gards, leurs branches qui ne portent plus que
de minuscules feuilles jaunes. Boulevard Ma-
genta, ils sont des ombres de maronniers Sur
les grands boulevards, les feuilles se dessè-
chent avant d'avoir atteint leur développe-
ment normal. Nous avons déjà signalé -.la dé-
tresse des arbres parisiens. Depuis la guerre,
ils ne sont plus piochés, le sol n'est pas aéré
à leur base, le tonneau d'eau municipal ne
vient plus leur rendre visite. Cet abandon
où on les laisse, est une cause de leur ago-
nie, mais ce n'est pas la seule.
M. Kling, directeur du laboratoire munici-
pal, vient de démontrer que les gaz carburants
qui sortent par le tuyau d'échappement des
automobiles, contiennent une proportion
d'oxyde de carbone telle, qu'ils sont nocifs et
asphyxient lentement, non seulement les ar-
bres des voies pibliques, mais encore tous les
Parisiens.
L'air que nous respirons peut être assez
bien comparé à celui d'une pièce dont le
tuyau du poêle serait crevé. Les fleurs se fane-
raient rapidement dans cette chambre, les gens
qui l'habiteraient seraient plus ou moins in-
commodés. L'atmosphère de Paris contient les
mêmes gaz délétères, mais comme le cube
d'air est plus grand, l'intoxication est plus
lente, voilà tout.
Le Conseil municipal, dans une de ses der-
nières séances, s'est soucié de la santé de nos
arbres. Il a décidé de remplacer les marron-
niers trop délicats par des platanes ou des
ormes plus robustes.
Je me demande si le temp4rament des Pari-
siens et des Parisiennes est plus robuste que
celui des marronniers. :
On a démontré, par les statistiques, que si
la province ne fournissait pas chaque année à
Paris un fort contingent d'individus, la race
des Parisiens serait appelée à disparaître au
bout de quelques générations : trois ou qua-
tre au maximum. Ce qui prouverait que nous
ne sommes guère plus résistants que les mar-
ronniers.
(L'échappement libre des automobiles nous
tue, comme il fait mourir les arbres. Le pro-
blème est d'importance en raison de la circu-
lation qui ne cesse pas d'augmenter.
Qu'on ^mette des platanes à la place des mar-
ronniers, fort bien ; mais il faut convenir
que ce n'est pas là le remède.
Il faut interdire aux automobiles l'échap-
pement libre, il faut faciliter l'extension de
Paris, il faut Mais tout ceci est du ressort
de l'Hôtel de Ville. Chacun son travail.— R. D.
-—————————— > -.--+--
MORT DU PRINCE DE MONACO
Le prince de Monaco, qui avait subi récem-
ment une opération dans une clinique pari-
sienne, est mort hier après-midi à 17 heures.
*
* *
Le prince Albert de Monaco, descendant de
la famille Grimaldi, était né à Paris, le 13 no-
vembre 1848. Il était donc dans sa 74e année.
Il avait succédé à son père, le prince Char-
les III, en 1889.
Le prince Albert a régné pendant 33 années
en plein accord avec le gouvernement de la
République française. A maintes reprises, et en
particulier au cours de la guerre, il manifesta
les sentiments d'amitié profonds qu'il éprouvait
pour notre pays.
Le prince Albert était membre de l'Institut
et membre de l'Académie de médecine.
On se souvient que l'an dernier le prince Al-
bert avait subi à Font-Romeu une grave opéra-
tion dont on avait espéré le complet rétablisse-
ment de sa santé. Cependant, il y a quelques
jours, il dut de nouveau se prêter à une nou-
velle intervention chirurgicale qui fut pratiquée
dans une olinique de la rue Bizet. C'est aux
suites de cette opération que le prince a suc-
combé.
Le nouveau prince de Monaco
C'est le prince Louis qui est appelé à succé-
der à son père. Il -est llgé de 52 ans. La Fran-
ce trouvera également en lui un ami fidèle.
Le prince Louis fit toute la derniers guerre
dans les rangs de l'armée française où il ob-
tint le grade de lieutenant-colonel du 1" régi-
ment étranger après une très brillante con-
duite au feu. Il fut attaché, après l'armistice,
,à l'état-major de Varmée de Met-
L'EUROPE ET LA RUSSIE
Les délégués des Soviets
sor)t
arrivés hier a La Haye
La Haye, 26 juin. La délégation sovié-
tique est arrivée aujourd'hui à La Haye à.
13. h. 50, venant de Berlin. Elle n'était pas
tout à fait au complet. Litvinoff, Krestins-
ky, Sokolnikoff et les secrétaires qui les ac-
compagnent ont immédiatement gagné Sche-
veningue, sans sortir de la gare et sans quit-
ter le wagon-lit qui les avait amenés jusqu'à
La Haye.
Arrivés à Scheveriingue, les délégués rus-
ses et leur suite ont parcouru à pied les
quelque cent mètres qui séparent la sta-
tion de l'hôtel d'Orange où ils seront logés.
M. Cachin, député communiste français,
attendait les représentants des Soviets, avec
deux députés communistes hollandais.
Rakowsky, qui doit faire partie de la délé-
gation, n'arrivera que dans quelques jours,
et Krassine est attendu pour un peu plus
tard.
Déclarations de Litvinoff
La Haye, 26 juin. — Il est probable qu'on
ne vas pas tardeT à: être fixé sur les inten-
t'ions des Soviets et sur l'attitude que leurs
délégués entendent prendre au cours des dis-
cussions qui vont suivre.
Rn effet, interrogé dès son arivée, par de
nombreux journalistes qui étaient venus at-
tendre la délégation russe à , la gare, Litvi-
noff a déclaré qu'il n'avait, pour le moment,
rien à leur dire, mais qu'il, communiquerait
dans la soirée, à la presse, une note dans
laquelle seront exposées les intentions d& la
délégation russe.
La Conférence de La Haye entre donc dès
aujourd'hui dans sa période d'activité com-
plète, tout ce que l'on'a fait jusqu'ici n'ayant
eu pour objet que de déterminer les métho-
des de travail que se proposait de suivre la
commission non russe.
C'est .demain que s'ouvrira, à proprement
parler, la Conférence de La Haye, et que les
délégués des Soviets prendront contact offi-
ciellement avec la commission non russe et
les présidents des trois sous-commissions
déjà désignées.
La délégation soviétique a pris contact
avec M. Patyn
La Haye, 26 juin. - Après avoir passé quel.
gîtes heures à l'hôtel d'Orange, à Schevenvn~
gen, les délégués russes ont pris contact cet
après-midi avec M. Patyn, président de la com-
mission non russe.
Krestinsky et Sakalmikof accompagnaient
leur chef, Litvinoff.
A l'issue de cette entrevue, on communiqué
la note suivante :
Les présidents des deux commissions sont
tombés d'accord sur la meilleure manière d'or-
ganiser les travaux. La commission russe, com-
prcttaKf trois .iriétftvbres, dont Litvinoff, a dé.
claré qu'il était impossible et inutile de diviser
en trois les sous-commissoris.
Le premier contact sera pris dans les sous-
commissions. Litvinoff a exprimé, le désir que
la sous-commission des crédits se réunisse la
première.
Les présidents des deux commissiOtts Ont em*
porté une impression satisfaisante de leur pre.
mière entrevue. v , , •
Litvinoff expose ses ptojets aux journalistes
La Haye, 2'6 juin. — Le secret n'aura, pas
été tenu longtemps autour de la Conférence
de La Haye ët .'les premières paroles de Litvi-
noff ont rompu-le (fragile cordon tendu au.
tour du programme des travaux.
Cinq heures après son arrivée, Je chef de la
délégation soviétique a reçu les membres de
la presse et leur a 'fait part de ses intentions.
Litvinoff refusé "d'accepter les décisions pri.
ses par les autres gouvernements touchant
l'abstention politique. Il s'en tient au mémo-
randum du 11 mah
« Nous sommes venus, déclare Litvinoff,
pour écouter ce qu'offrent les nations comme
crédits à Moscou. II'ne saurait 'être question
d'autre chose si nous n'obtenons pAo, de
crédits. *
« Nous ne demandons pas beaucoup, d'ar-
gent comptant, mais seulement des ouvertures
de crédit. Cet argent sera remis au gouverne-
ment des Soviets , qui l'emploiera comme il
voudra. Telles sont nos conditions; si elles ne
sont pas acceptées, il ne sera pas facile de
discuter les autres questions et nous rESterons
sur nos positions, 'car ce que nous réclamons
est inférieur encore à ce qu'on nous réclame ».
LEMPERIR D'ANNAM
à Paris
Du « Poilu inconnu » en passant par
l'Elysée, le souverain est allé rendre
hommage à ses sujets morts
pour la France
L'empereur d'Annam, accompagné de M.
Albert Sarraut et de M. Maurice Long, s'est
rendu, hier matin, à 10 heures, à Nogent-sur-
Marne où il a assisté à une cérémonie orga-
nisée par le Souvenir indôchinois: alïtemple et
au monument commémoratifs élevés dans le
parc de l'Institut national d'agronomie colo-
niale. Il a été reçu par M. Gourdôn, président
du Souvenir indochinois, et M. Prud'homme,
directeur de l'Institut national, tandis que
retentissait la sonnerie aux champs, qu'une
musique militaire jouait la Marseillaise et que
le 6. dragons et le 23° d'infanterie coloniale
rendaient les. honneurs.
Parmi les personnalités présentes on re-
marquait : le maréchal Joffre ; M. Autrand,
préfet de .la Seine ; M. Marin, président du
Conseil général ; M. César Caire, président du
Conseil municipal' le général Berdoulat, gou-
verneur de Paris .: le général Lagrue, com-
mandant le département de là Sèine ; M. Ou.
trey député de Cochinchine ; M. Reynaud,
député, président du groupe colonial de la
Chambre ; M. Archimbaud, député, rappor-
teur du budget des colonies ; M. Soulier, dé-
puté de la Seine ; M. Bartholoni, député de
la Haute-Savoie ; MM. Robaglia et Brisson,
conseillers généraux, etc.
Le cortège se forma et se rendit à une estra-
de dressée en- face du monument élevé aux
soldats coloniaux. L'empereur prit place sur
l'estrade, ayant à sa droite M. Sarraut, le ma-
réchal Joffre, M. Maurice Long ; à sa gauche,
le préfet de la Seine, son premier ministre, et
M. le résident supérieur Pasquier.
M. Gourdon, président du SOjÇflWir indo-
chinois, prononça un éloquent toBbes souc
Le Numéro : 10 enea
ABONNEMENTS -1 aD 8 m. 8m.
Seine et S.-«t-0. S5 » 13 » T »
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aux 3itreaux du Jcarrai
La Lanterne
46e ANNEE -- N° 16.402
MARDI
27
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Question
de principe
Lorsqu'un député ou un sénateur est
l'objet d'une demande en autorisation
de poursuites, la tradition s'établit qu il
doit lui-même conclure à la levée de
son « immunité ». Après qu'il a véhé-
mentement protesté de son innocence,
elle lui fait l'obligation idlogique de dé-
clarer qu'il n'a pas de plus ardent désir
que d'établir cette innocence devant les
juges, et que si on veut lui être agréable
on l'enverra au plus vite devant eux.
Assurément, c'est élégant. Mais ce
n'est là qu'une « attitude » et s'il est ex-
plicable que l'habitude en ait été prise
— nous adorons les attitudes ! — il est
assez curieux qu'on n'ait pas encore
songé à en montrer l'irrégularité essen-
tielle.
Si, dans tous les cas, le député ou le
sénateur mis en cause doit supplier
ses honorables collègues de l'envoyer
devant les juges, il est bien évident que
l'immunité parlementaire dont il est
couvert n'est qu'une illusion, une sima-
grée vaine et périmée, dont le seul effet
n'est plus que de paralyser momentané-
ment l'action de la Justice.
Mais précisément, cela ne provient
que d'une conception tout là fait erronée
de ce qu'est en réalité cette immunité
parlementaire.
On imagine volontiers que c'est un
privilège personnel qui s'attache à la
qualité de législateur, une sorte de sup-
plément moral ajouté à son traitement,
un petit profit assimilable, par exemple,
au libre parcours en chemin de fer, et
dont il est sans importance de le dé-
pouiller.
Mais tel n'est pas le cas len vente, et
l'immunité parlementaire constitution-
nelle procède d'un tout autre principe.
Elle a son origine dans le respect et la
sauvegarde de la volonté populaire ex-
primée par l'élection. Autrement dit
l'immunité n'est en aucune façon un
privilège de l'élu, c'est une garantie don-
née aux électeurs. Une garantie que
leur représentant ne pourra pas être
l'objet de manœuvres obliques ou seu-
lement mal fondées de l'exécutif ou du
judiciaire. Avec la manie intolérable et
qn'ofl. tolère cependant de faire durer
les instructions pendant 18 ou 24 mois,
voyez-vous qu'il suffise de la volonté du
gouvernement ou du caprice d'un juge
d'instruction pour mettre et maintenir
sn prison un député gênant ? Ce serait
ennuyeux pour le député ainsi logé à la
même enseigne que ses simples conci-
toyens — mais ce serait surtout et d'a-
bord ulne violation du droit de l'électeur
à être représenté de façon permanente
par qui il a voulu. Le suffrage universel
a, dans la pratique, commis tant d'er-
reurs qu'on peut comprendre qu'il ait
des détracteurs. Mais tant qu'il est, il
est. Et on peut dire que le suffrage uni-
versel sans l'immunité du représentant
est incomplet sinon annihilé.
Il suit de là que cette immunité n'é-
tant pas un avantage personnel accordé
à l'élu, celui-ci n'a pas, au sens juridi-
que étroit, la faculté d'y renoncer. Car
elle existe, peut-on dire, en dehors de
lui-même en ce qui le concerne. C'est
une notion d'ordre public dont la ri-
gueur s'exerce extérieurement à l'inté-
ressé.
Seule donc la majorité du corps au-
quel appartient le parlementaire a pou-
voir pour ordonner lies poursuites. Et il
est clair que ce pouvoir de décision com-
portant par définition faculté d'acquies-
cer ou de refuser, il y a danger grave
à le laisser s'émousser au point de ne
se plus manifester que par une forma-
lité d'enregistrement.
Pratiquement, il faut que le parle-
mentaire visé fournisse ses explications
à ses pairs et que ceux-ci décident en-
suite en toute souveraineté, et en toute
sérénité si possible, par un « oui » ou
un « non » qui n'a pas à être motivé.
>C'est exorbitant ? Pas plus qu'une dé-
cision de jury criminel ! Et il n'y a pas
de raison que cinq cents parlementaires
décident plus mal que douze jurés sou-
vent assez mal choisis.
Le jury, lui aussi, est une expression
de la souveraineté populaire, c'est une
institution détestable si elle se pervertit,
mais -elle est parfaite' dans son principe,
et donne d'excellents résultats quand
elle fonctionne dans le calme et en
dehors de la passion.
Ce qu'on en dit là est sans liaison
avec les cas actuellement soumis à la
Chambre et au Sénat. Il nous a seule-
ment paru opportun de rappeler, à leur
propos, que, malgré l'apparence con-
traire, le principe de l'immunité de l'élu
est une prérogative populaire et non
point un privilège personnel. La démo-
cratie vraie doit se méfier avant tout des
sophismes égalitaires et, si elle croit
avoir la vérité pour elle, ne jamais
craindre de pousser ses principes dans
leurs conséquences logiques.
Victor SNELL.
LIRE A LA TROISIEME PAGE :
LA SEMAINE MUSICALE
Wv
Respectons la sépulture
des morts au Panthéon
Trois ou quatre mille étrangers viennent
mensuellement visiter Paris.
En autos-car, on leur fait faire le clas-
sique « tour de' ville », qui commence au-
jourd'hui par une visite à Notre-Dame ou
l'ascension de la Tour Eiffel, se poursuit par
une excursion rapide sur les quais de la Sei-
ne, les couloirs interminables du Palais de
Justice, les Invalides et le tombeau de Na-
poléon, sans oublier le Panthéon.
Dans chacun de ces monuments, le gardien
classique, au lourd trousseau de clefs, les at-
tend. La visite du Panthéon est particulière-
ment typique à ce sujet. Après un rapide
coup d'œil, le cicerons casqueté emmène la
troupe des visiteurs vers les sous-sols du
monument, qu'il annonce d'un retentissant
« Caveaux ! Caveaux ! » poussé sur le ton
de « Tonneaux ! Tonneaux ! », qui retentit
parfois dans la rue voisine.
Dans l'obscurité de la crypte, le gardien se
croit obligé de faire pour chacun des grands
morts un panégyrique qui, certes, n'ajoute
rien à leur gloire, oraison funèbre débitée
sur le ton d'un élève de l'école primaire qui
sait bien sa leçon.
Certains visiteurs se croient autorisés ;par
le défaut de lumière à se livrer à des fa-
céties plus que douteuses.
Au vrai, cette visite des cryptes du Pan-
théon est la plus irrespectueuse qui soit ; et
il. n'est pas un étranger qui y assise qui
n'en soit choqué.
Le Panthéon, on .paraît trop l'oublier —
son gardien tout le premier — elt l'ittitnense
tombeau des grands hommes de la patrie.
On ne devrait y pénétrer qu'avec recueille-
ment. L'allure accélérée à laquelle s'effectuent
les visites est sacrilège. Les étrangers le sen-
tent tout aussi bien que nous. Certains mê-
mes ne dissimulent pas leur surprise de voir
traiter de si profane façon ceux .que la patrie
a voulu honorer. w M' ■
Cessons de troubler aussi bruyamment le
repos des morts qui ont reçu cette exception-
nelle sépulture. Si grande que soit la gloire
d'un tombeau, elle n'est rien sans le silence.
Et comme devant un tel spectacle, on com-
prend le mot de Marat : « Si je pensais
qu'on dût me porter au Panthéon, je préfé-
rerais ne jamais mourir ! » — R. D.
i —
la Bëpiipe allemande
Les libéraux de tous les pays alliés en ap-
prenant le meurtre de Rathenau ont eu tous
la même pensée : Il faut soutenir la « Répu-
blique allemande » contre le pangermanisme
qui fait appel à la terreur. -- Á-
Cette idée pourrait être féconde "si elle
était pratique, mais il est trop évident que la
République allemande sera l'oeuvre des Al-
lemands.
Que pouvons-nous ? Faire, au gouverne*
ment prétendu démocratique du Reich, des
concessions qui, par contre-coup, puissent lui
valoir une certaine popularité ? C'est une mé-
thode extrêmement dangereuse.
Déjà nous avons vu, au lendemain de l'ar-
mistice, s'organiser une sorte de chantage au
bolchevisme. Les troupes allemandes ne fu-
rent pas désarmées, sous le fallacieux prétexte
qu'il fallait tenir tête aux éléments révolu-
tionnaires. Nous avons vu ce que sont deve-
nues les forces de police de l'Empire.
Même jeu au moment des conférences de
Londres. Dès qu'il fut question de l'exécution
du traité ou du partage de la Haute-Silésie. le
ministère Wirth annonça, à divers reprises,
qu'il se verrait contraint de démissionner si
les résolutions prises n'étaient point confor-
mes aux vœux du peuple allemand.
Cette voie est donc pleine dé^éril*. Les
Allemands, prompts à croire à notre faiblesse
et à l'exploiter, ne manqueront pas de$ttt à
chaque concession nouvelle qu'il suffit dé te-
nir bon pour avoir raison. i
Il est fort possible qu'un gouvernement qui
pourrait dire au Reichstag qu'il a obtenu des
Alliés la remise de la dette allemande serait
fort applaudi; mais cette solution n'est cer-
tes pas compatible avec les besoins vitaux
de notre pays, et il n'est pas un gouvernement
français qui pourrait l'examiner un seul ins-
tant.
La République s'installera en Allemagne si
les Allemands prennent goût à la liberté et
s'ils veulent vraiment un régime de paix dé-
mocratique. Cet événement ne dépend pas de
nous. :,
Au surplus, le pangermanisme ne serait nul-
lement étouffé par les concessions faites à une
prétendue République, car le parti du kaiser
aura toujours l'audace de prétendre qu'il eût
fait plus et mieux.
F. H.
———————————— > «»»*■ < -
LA MADELEINE
ne veut pas de piscine !
On sait que dans les projets du Conseil mu-
nicipal une vaste piscine doit être érigée en
sous-sol de la place de la Madeleine.
Les cent cinquante locataires de la Sôciété
Immobilière du marché de la Madeleine de-
viendront, dans le projet municipal, locatai-
res de la Ville de Paris, et seront expulsés
très vraisemblablement.
Ils s'inquiètent de cette menace et une réu-
nion a été tenue hier par les intéressés.
« Les 470 boutiques du marché de la Made-
leine sont indispensables à la vie économi-
que, non seulement du quartier, mais- encore
des quartiers voisins.
« La population des environs de la Madelei-
ne est riche, et n'éprouve pas le besoin ur-
gent d'être dotée d'une piscine.
« Enfin, où irons-nous loger ? »
Ces protestations ont leur valeur, cepen-
dant il ne faut pas oublier que la création à
Paris, et même dans tes quartiers centraux,
de nombreuse piscines est une nécessite j;
UNE REPUBLIQUE NOIRE ?
LE PAN-AFRICANISME AMÉRICAIN
La propagande des noirs américains se propage
activement et tend à la création d'une puissance noire
-———————- o ——————-——
Ce n'est pas pour rien que les noirs ont
versé leur sang sur les champs de bataille
français, il n'est pas de plus efficace propa-
gande que la victoire ! Depuis l'armistice, le
mouvement du pan-nigrisme ou pan-africa-
nisme a fait d'immenses progrès, non pas seu-
lement en Europe, mais en Amérique.
L'année dernière on a fait grand bruit au-
tour du Congrès des nègres tenu à Londres,
Paris et Bruxelles, on y a vu les mutilés de
l'Afrique occidentale,septentrionale et australe
et même ceux des Antilles, sans oublier une
délégation de vingt-cinq nègres des Etats-Unis.
Il est à remarquer que le mouvement du
,pan-africanisme se développe tout particuliè-
rement au nouveau monde où il compte des
représentants d'une grande valeur de propa-
gandiste, parmi lesquels on cite : W.-E. Bur-
ghardt du Bois et Marcus Garvey, ce dernier
venu des Antilles anglaises.
Il y a maintenant en France une littéra-
ture nègre inaugurée par M. René Maran, mais
il existe à l'étranger et notamment en Amé-
rique des apôtres noirs, le moins remarquable
n'est assurément pas du Bois lauréat de l'Uni-
versité d'Harward, écrivain, publiciste et ora-
teur fort elegant. Cei. homme est une sortit de
leader de Is race noire, mais il est impossible
de le comparer aux agitateurs, en raison de
la supériorité de sa culture. -
Garvey, qui n'a pas certes les dons de son
émule du Bois, a pourtant su acquérir, en peu
d'années, une influence prépondérante dans
les milieux nègres du monde entier ; fort ha-
bile, conducteur d'hommes, Garvey a fondé la
Universal Negro Improvment Association, ou
« Société universelle pour l'amélioration de la
race noire » qui, dit-on, ne compterait pas
moins de quatre millions d'adhérents, dont
la moitié aux Etats-Unis. C'est ce groupement
qui a lancé le cri : « L'Afrique aux Afri-
cains ! », c'est lui qui rêve d'une vaste Répu-
blique noire.
Les blancs ont appelé les noirs pour les
défendre et les voici mis en demeure de leur
accorder certaines libertés et des droits poli-
tiqus, c'est, en vérité, surtout en Amérique,
une véritable révolution, mais on a peine à
imaginer une vaste nation indépendante jouis-
sant d'un self government et groupant les
noirs du monde entier. Le « garvéisme » ap-
paraît donc comm une formidable utopie,
tout au plus un admirable thème à discours
sonores et à propagande illusoire.
Garvey se préoccupe fort de conserver le
type noir très pur, il est l'ennemi des croise-
ments qui font les « gens de couleur » diffi-
ciles à classer puisqu'ils ne sont en réalité
ni tout à fait noirs, ni tout à fait blancs ;
il a le mépris du mulâtre, du créoïle et du
quarteron. Le rénovateur semble bien com-
mettre une erreur grave en ne tenant pas
compte de la situation particulière des Etats-
Unis où la division-des races est presque ab-
solue. Il existe d'autres régions où l'assimi-
lation se produit et donne ces « sang mêlés »
dont l'existence, indéniable, lui est si pénible
à constater.
C'est pourtant plus qu'un préjugé, oette idée
de race que Garvey ne veut d'ailleurs pas abo-
lir, mais renforcer. Les Français donnent vo-
lontiers des droits civiques aux coloniaux
noirs, sans consi'dération de races, depuis l'ad-
mirable campagne de Schœlcher, mais la ques-
tion d'un gouvernement de race ne s'est pas
encore posée chez eux. Le*problème prend une
acuité douloureuse quand noirs et blancs sont
en nombre à peu près égal sur un territoire
déterminé, comme cela peut arriver en Amé-
rique.
Chaque race use de sa force, les blancs
contraignent les noirs à voyager dans des
wagons spéciaux ou à demeurer parqués dans
des quartiers délimités. IH y a en Amérique
de nombreux hôtels où un nègre n'aurait pas
la moindre chance d'être admis. Le lynchage
d'un seul Japonais en Californie pourrait oc-
casionner une guerre, tandis que l'on peut mas-
sacrer, brûler, pendre des douzaines de nègres
sans grands risques. Il y a là des excès incon-
cevables dans un pays civilisé qui justifient
dans une certaine mesure les revendications
furieuses de Garvey.
Il s'agit, en quelque mesure, d'une sorte de
spartakisme, puisque d'anciens esclaves af-
franchis se préoccupent de recouvrer tous
les droits des hommes libres, y compris celui
de se constituer un gouvernement. Le senti-
ment de défense est trop humain pour qu'on
puisse l'interdire aux nègres. Il n'y a pas
moins de dix millions de nègres et mulâtres
aux Etats-Unis, c'est-à-dire à peu près le
dixième, de la population. Peu à peu, certains
d'entre eux sortent de l'ignorance et de la pau-
vreté, ils demandent des droits politiques qui,
pratiquement, leur sont déniés. Ces nègres
sont moralement supérieurs à ceux de plu-
sieurs pays africains, il est donc fort naturel
que l'Amérique du Nord ait été le berceau
de l'apostolat pan-africain. Nous pouvons d'ail-
leurs remarquer que le sionisme, dont le but
n'est pas sensiblement différent, est parti du
même pays.
Si l'on compare, aux Etats-Unis, la situation
des Chinois et des Japonais à celle des nègres,
on s'aperçoit immédiatement que la différence
est notable. Les Jaunes appartiennent non
seulement à une race, mais aussi à des nations
dont ils peuvent se réclamer ; or, il n'y a pas
d'entité politique nègre, hormis Haïti et Li-
béria, groupements sans grande importance
dans l'immensité du monde.
ILe rêve de Garvey n'est sans doute pas à
la veille de la réalisation, mais il n'est pas
un blanc qui n'y puisse reconnaître, en un
, moment de sincérité, une grande idée de
justice.
D. S. M.
LES RÉPARATIONS
Un programme de travaux publics
à exécuter par l'Allemagne
M. Yves Le Trocquer, ministre des travaux pubhcs,
nous en expose les grandes lignes
Dans le discours qu'il a prononcé dimanche
à Eu, M. Yves Le Trocquer, ministre des Tra-
vauv publics, a évoqué la prospérité actuelle
de l'Allemagne, qui trouve des milliards pour
faire surgir partout les richesses de son sous-
sol et développer son outillage, alors qu'elle
se refuse à nous verser des légitimes indemni-
tés. ILa déclaré qu'il Aillait que la formule du
traité\)bligeant le RaÊh à créer sur notre ter-
ritoire les moyens de produire qu'il développe
sur le sien, devienne une réalité.
Nous nous somms rendus au ministère des
Travaux publics où M. Yves Le TrocquKr nous
a donné sur la question les précisions suivan-
tes:
« J'ai cru, en effet, pouvoir faire allusion,
dans mon discours d'hier, à une idée à la réa-
lisation de laquelle je me 1 suis attaché depuis
plusieurs mois déjà, et il m'est d'autant plus
agréable de vous donner des précisions que la
matière — vous'le comprenez — est complexe,
et qu'il faut éviter dans l'opinion française
des malentendus susceptibles de se dresser con-
tre un plan qui est l'un des moyens efficaces
d'obtenir de l'Allemagne les réparations aux-
quelles nous avons droit.
Les ifaits que vous signalez ne m'ont pas
échappé, pas plus qu'ils ne peuvent échapper
à nos alliés. Mes services ont suivi jour par
jour les programmes des travaux publics ef-
fectués avec une prodigalité inouïe par l'Alle-
magne. Mais précisément parce que j'ai pensé
qu'il était de juste justice que le pays vaincu,
au lieu, pour .se dérober au paiement, d'en-
fouir de la richesse qui peut lui apurer dans
quelques années -une supériorité économique
nouvelle, alors que le pays victorieux en est
réduit à faire l'avance de la réparation de ses
régions dévastées et devient par suite incapa-
ble de faire l'effort énorme que demande l'ou-
tillage moderne d'un grand pays, — qu'il était,
dis-je, de toute justice que ce pays commence
par travailler pour le pays qu'il a systémati-
quement ruiné et dévasté.
Il y a, évidemment, des objections qui m'ont
frappé tout de suite. Mais je suis de ceux qui
pensent que isi l'on commence par peser les
objections, on n'aboutit jamais là rien. La pre-
mière chose là faire était d'établir un program-
me général dfe tous les travaux qui, en s'ins-
pirant d'une ou deux idées directrices, pour-
raient être exécutés par l'Allemagne, sauf à
déterminer ensuite l'ordre de réalisation pra-
tique ».
- Quelles sont, monsieur le Ministre, ces
idées directrices? -
« En premier lieu, le § 19 de l'annexe 2 du
traité de paix prévoit la possibilité de l'em-
ploi de la main-d'œuvre et des matériaux alle-
mands pour tous travaux destinés à permet-
tre à l'une quelconque des puissances alliées
ou associées de procéder au développement de
sa vie industrielle ou économique, ceci après
approbation de la commission des réparations.
Il suit de là que l'Allemagne ne saurait pré-
tendre auè sou devoir de réparer est limité à
l'intérieur de la zone dévastée par elle et que
nous avons le droit d'exiger d'elle des tra-
vaux en dehors de ceux des régions libérées,
travaux destinés à enrichir économiquement
notre pays et sur lesquels il sera possible de
gager des emprunts : capital ou revenus
iraient, bien entendu, en premier lieu, à la
réparation de nos régions libérées.
« La deuxième idée est destinée, dans mon
esprit, à répondre à l'objection que certains
risquent d'élever contre la venue en France
d'équipes .de travailleurs allemands.
« La main-d'œuvre allema-nde ne serait pas
disséminée sur le territoire, mais serait em-
ployée dans de grands chantiers. Il ne peut
donc s'agir que de grands travaux publics,
construits en des points déterminés, à l'aide
de fortes équipes rassemblées.
« Enfin, même dans cette mesure, et pour
des raisons que vous comprendrez, j'ai, bien
entendu, cru devoir laisser à mon collègue,
M. le ministre des régions libérées, le soin
de déterminer dans quelles conditions spé-
ciales, il pourrait être fait appel à la main-
d'œuvre allemande dans nos départements du
Nord et 'du Nord-Est. De même mes services
n'ont pas cru devoir prévoir l'introduction de
la main-d'œuvre allemande dans nos régions
reconquises.
« Le programme de travaux publics déter-
miné d'après ces directives a été dressé par
mes différents services des chemins de fer,
des forces hydrauliques, des ports maritimes
et de la navigation intérieure.
« C'est un programme d'ensemble, et il ne
saurait être question d'envisager la réalisa-
tion immédiate et simultanée de tous ces tra-
vaux.
Le ministre parle ensuite de l'aménage-
ment de nos forces hydrauliques, de la dis-
trrbution d'énergie électrique, de la cons-
,truction de nouvelles lignes de chemins de
.fer, du tunnel sous. la Manche, des ports
maritimes et de notre navigation intérieure.
La réalisation de ce programme coûtera
une somme de 18.419.000.000 de francs,
d'après les évaluations
Mais, dans ce chiffre, tout ne saurait être
fourni par l'Allemagne. En effet, le total
se décompose en 6 milliards de main-d'œu-
vre' environ, 7 milliards 1/2 d'objets fa-
briqués, matériaux et matières premières,
1 milliard de terrains et 5 milliards de
frais généraux, intérêts intercalaires et di-
vers. Les terrains ne peuvent être fournis
que par le possesseur futur de l'ouvrage et
et il en va de même des frais généraux s'il
y a lieu. Le total est de 2 milliards envi-
ron. Restent donc les travaux proprement
dits.
D'autre part, en ce qui concerne la main-
d'œuvre, comme pour les fournitures, compte
doit être tmu des possibilités de l'entre-
prise et de l'industrie française, de maniè-
de fc ne par. réduire l'appel qui, normale-
ment, en tenant compte des seules disponi-
bilités budgétaires, eût été fait à leur cqn-
cews, Lg programme que j'ai envisagé don-
ne tous apaisements à cet égard; je n'ai,
d'ailleurs, pas-manqué de procéder préala-
blement à une enquête officieuse auprès des
personnalités et des groupements l £ S plus
qualifiés.
Pour conclure, tel que ce projet a été ainsi
établi, il me paraît de nature à pouvoir as-
surer à la France une partie intéressante
des réparations auxquelles elle a droit.
Le président du conseil en a saisi la délé-
gation française à la Commission des répa-
rations. Actuellement, une commission inter-
ministérielle — où sont représentés mes col-
lègues des finances, des régions libérées, des
colonies, du commerce et du travail — exa-
mine le projet sous la présidence de M. Col-
rat, sous-secrétaire d'Etat à la présidence du
conseil.
La question doit être examinée dans son
ensemble et le projet ressortira probable-
ment complété, notamment par des program-
mes de fournitures concernant les colonies.
Voulant d'ailleurs aboutir et estimant que,
dans ce but, il faut sans retard soumettre à
la Commission des réparations les plans dé-
taillés et concrets d'opérations déterminées,
j'ai, prêts à l'heure actuelle, les dossiers con-
cernant un premier groupe de travaux sur
lesquels je ne doute pas que l'accord ne se
fasse immédiatement, permettant ainsi une
première série de réalisations.
>. ««CB—C
LES INCURSIONS DES BANDES
BOLCHEVISTES EN POLOGNE
Varsovie, 26 juin. — Le chargé d'affaires
des Soviets à Varsovie vient d'informer le gou-
vernement polonais que les autorités bolche-
vistes ont pris les mesures nécessaires pour
mettre fin aux incursions des 'bandes armées
sur le territoire de la République de Pologne.
On mande, d'autre part, d;e. Mocou que la
commission d'arbitrage poloiio^rsés^ chargée
de modifier en quetiqueg endro tracé de
la frontière, s'est mise d'accord pour rectifier,
en faveur de la Russie, la ligne frontière dans
le secteur Nieswiecz-Minsk et en faveur de la
Polôgne celle du secteur de .Wolhynie.
—————————— ~e~ f—————————
Les autos qui empoisonnent
Les gaz mal brûlés des moteurs font mourir
les arbres des boulevards et attaquent
nos poumons
Les marronniers des boulevards agonisent.
Boulevard Saint-Germain, ils offrent aux re-
gards, leurs branches qui ne portent plus que
de minuscules feuilles jaunes. Boulevard Ma-
genta, ils sont des ombres de maronniers Sur
les grands boulevards, les feuilles se dessè-
chent avant d'avoir atteint leur développe-
ment normal. Nous avons déjà signalé -.la dé-
tresse des arbres parisiens. Depuis la guerre,
ils ne sont plus piochés, le sol n'est pas aéré
à leur base, le tonneau d'eau municipal ne
vient plus leur rendre visite. Cet abandon
où on les laisse, est une cause de leur ago-
nie, mais ce n'est pas la seule.
M. Kling, directeur du laboratoire munici-
pal, vient de démontrer que les gaz carburants
qui sortent par le tuyau d'échappement des
automobiles, contiennent une proportion
d'oxyde de carbone telle, qu'ils sont nocifs et
asphyxient lentement, non seulement les ar-
bres des voies pibliques, mais encore tous les
Parisiens.
L'air que nous respirons peut être assez
bien comparé à celui d'une pièce dont le
tuyau du poêle serait crevé. Les fleurs se fane-
raient rapidement dans cette chambre, les gens
qui l'habiteraient seraient plus ou moins in-
commodés. L'atmosphère de Paris contient les
mêmes gaz délétères, mais comme le cube
d'air est plus grand, l'intoxication est plus
lente, voilà tout.
Le Conseil municipal, dans une de ses der-
nières séances, s'est soucié de la santé de nos
arbres. Il a décidé de remplacer les marron-
niers trop délicats par des platanes ou des
ormes plus robustes.
Je me demande si le temp4rament des Pari-
siens et des Parisiennes est plus robuste que
celui des marronniers. :
On a démontré, par les statistiques, que si
la province ne fournissait pas chaque année à
Paris un fort contingent d'individus, la race
des Parisiens serait appelée à disparaître au
bout de quelques générations : trois ou qua-
tre au maximum. Ce qui prouverait que nous
ne sommes guère plus résistants que les mar-
ronniers.
(L'échappement libre des automobiles nous
tue, comme il fait mourir les arbres. Le pro-
blème est d'importance en raison de la circu-
lation qui ne cesse pas d'augmenter.
Qu'on ^mette des platanes à la place des mar-
ronniers, fort bien ; mais il faut convenir
que ce n'est pas là le remède.
Il faut interdire aux automobiles l'échap-
pement libre, il faut faciliter l'extension de
Paris, il faut Mais tout ceci est du ressort
de l'Hôtel de Ville. Chacun son travail.— R. D.
-—————————— > -.--+--
MORT DU PRINCE DE MONACO
Le prince de Monaco, qui avait subi récem-
ment une opération dans une clinique pari-
sienne, est mort hier après-midi à 17 heures.
*
* *
Le prince Albert de Monaco, descendant de
la famille Grimaldi, était né à Paris, le 13 no-
vembre 1848. Il était donc dans sa 74e année.
Il avait succédé à son père, le prince Char-
les III, en 1889.
Le prince Albert a régné pendant 33 années
en plein accord avec le gouvernement de la
République française. A maintes reprises, et en
particulier au cours de la guerre, il manifesta
les sentiments d'amitié profonds qu'il éprouvait
pour notre pays.
Le prince Albert était membre de l'Institut
et membre de l'Académie de médecine.
On se souvient que l'an dernier le prince Al-
bert avait subi à Font-Romeu une grave opéra-
tion dont on avait espéré le complet rétablisse-
ment de sa santé. Cependant, il y a quelques
jours, il dut de nouveau se prêter à une nou-
velle intervention chirurgicale qui fut pratiquée
dans une olinique de la rue Bizet. C'est aux
suites de cette opération que le prince a suc-
combé.
Le nouveau prince de Monaco
C'est le prince Louis qui est appelé à succé-
der à son père. Il -est llgé de 52 ans. La Fran-
ce trouvera également en lui un ami fidèle.
Le prince Louis fit toute la derniers guerre
dans les rangs de l'armée française où il ob-
tint le grade de lieutenant-colonel du 1" régi-
ment étranger après une très brillante con-
duite au feu. Il fut attaché, après l'armistice,
,à l'état-major de Varmée de Met-
L'EUROPE ET LA RUSSIE
Les délégués des Soviets
sor)t
arrivés hier a La Haye
La Haye, 26 juin. La délégation sovié-
tique est arrivée aujourd'hui à La Haye à.
13. h. 50, venant de Berlin. Elle n'était pas
tout à fait au complet. Litvinoff, Krestins-
ky, Sokolnikoff et les secrétaires qui les ac-
compagnent ont immédiatement gagné Sche-
veningue, sans sortir de la gare et sans quit-
ter le wagon-lit qui les avait amenés jusqu'à
La Haye.
Arrivés à Scheveriingue, les délégués rus-
ses et leur suite ont parcouru à pied les
quelque cent mètres qui séparent la sta-
tion de l'hôtel d'Orange où ils seront logés.
M. Cachin, député communiste français,
attendait les représentants des Soviets, avec
deux députés communistes hollandais.
Rakowsky, qui doit faire partie de la délé-
gation, n'arrivera que dans quelques jours,
et Krassine est attendu pour un peu plus
tard.
Déclarations de Litvinoff
La Haye, 26 juin. — Il est probable qu'on
ne vas pas tardeT à: être fixé sur les inten-
t'ions des Soviets et sur l'attitude que leurs
délégués entendent prendre au cours des dis-
cussions qui vont suivre.
Rn effet, interrogé dès son arivée, par de
nombreux journalistes qui étaient venus at-
tendre la délégation russe à , la gare, Litvi-
noff a déclaré qu'il n'avait, pour le moment,
rien à leur dire, mais qu'il, communiquerait
dans la soirée, à la presse, une note dans
laquelle seront exposées les intentions d& la
délégation russe.
La Conférence de La Haye entre donc dès
aujourd'hui dans sa période d'activité com-
plète, tout ce que l'on'a fait jusqu'ici n'ayant
eu pour objet que de déterminer les métho-
des de travail que se proposait de suivre la
commission non russe.
C'est .demain que s'ouvrira, à proprement
parler, la Conférence de La Haye, et que les
délégués des Soviets prendront contact offi-
ciellement avec la commission non russe et
les présidents des trois sous-commissions
déjà désignées.
La délégation soviétique a pris contact
avec M. Patyn
La Haye, 26 juin. - Après avoir passé quel.
gîtes heures à l'hôtel d'Orange, à Schevenvn~
gen, les délégués russes ont pris contact cet
après-midi avec M. Patyn, président de la com-
mission non russe.
Krestinsky et Sakalmikof accompagnaient
leur chef, Litvinoff.
A l'issue de cette entrevue, on communiqué
la note suivante :
Les présidents des deux commissions sont
tombés d'accord sur la meilleure manière d'or-
ganiser les travaux. La commission russe, com-
prcttaKf trois .iriétftvbres, dont Litvinoff, a dé.
claré qu'il était impossible et inutile de diviser
en trois les sous-commissoris.
Le premier contact sera pris dans les sous-
commissions. Litvinoff a exprimé, le désir que
la sous-commission des crédits se réunisse la
première.
Les présidents des deux commissiOtts Ont em*
porté une impression satisfaisante de leur pre.
mière entrevue. v , , •
Litvinoff expose ses ptojets aux journalistes
La Haye, 2'6 juin. — Le secret n'aura, pas
été tenu longtemps autour de la Conférence
de La Haye ët .'les premières paroles de Litvi-
noff ont rompu-le (fragile cordon tendu au.
tour du programme des travaux.
Cinq heures après son arrivée, Je chef de la
délégation soviétique a reçu les membres de
la presse et leur a 'fait part de ses intentions.
Litvinoff refusé "d'accepter les décisions pri.
ses par les autres gouvernements touchant
l'abstention politique. Il s'en tient au mémo-
randum du 11 mah
« Nous sommes venus, déclare Litvinoff,
pour écouter ce qu'offrent les nations comme
crédits à Moscou. II'ne saurait 'être question
d'autre chose si nous n'obtenons pAo, de
crédits. *
« Nous ne demandons pas beaucoup, d'ar-
gent comptant, mais seulement des ouvertures
de crédit. Cet argent sera remis au gouverne-
ment des Soviets , qui l'emploiera comme il
voudra. Telles sont nos conditions; si elles ne
sont pas acceptées, il ne sera pas facile de
discuter les autres questions et nous rESterons
sur nos positions, 'car ce que nous réclamons
est inférieur encore à ce qu'on nous réclame ».
LEMPERIR D'ANNAM
à Paris
Du « Poilu inconnu » en passant par
l'Elysée, le souverain est allé rendre
hommage à ses sujets morts
pour la France
L'empereur d'Annam, accompagné de M.
Albert Sarraut et de M. Maurice Long, s'est
rendu, hier matin, à 10 heures, à Nogent-sur-
Marne où il a assisté à une cérémonie orga-
nisée par le Souvenir indôchinois: alïtemple et
au monument commémoratifs élevés dans le
parc de l'Institut national d'agronomie colo-
niale. Il a été reçu par M. Gourdôn, président
du Souvenir indochinois, et M. Prud'homme,
directeur de l'Institut national, tandis que
retentissait la sonnerie aux champs, qu'une
musique militaire jouait la Marseillaise et que
le 6. dragons et le 23° d'infanterie coloniale
rendaient les. honneurs.
Parmi les personnalités présentes on re-
marquait : le maréchal Joffre ; M. Autrand,
préfet de .la Seine ; M. Marin, président du
Conseil général ; M. César Caire, président du
Conseil municipal' le général Berdoulat, gou-
verneur de Paris .: le général Lagrue, com-
mandant le département de là Sèine ; M. Ou.
trey député de Cochinchine ; M. Reynaud,
député, président du groupe colonial de la
Chambre ; M. Archimbaud, député, rappor-
teur du budget des colonies ; M. Soulier, dé-
puté de la Seine ; M. Bartholoni, député de
la Haute-Savoie ; MM. Robaglia et Brisson,
conseillers généraux, etc.
Le cortège se forma et se rendit à une estra-
de dressée en- face du monument élevé aux
soldats coloniaux. L'empereur prit place sur
l'estrade, ayant à sa droite M. Sarraut, le ma-
réchal Joffre, M. Maurice Long ; à sa gauche,
le préfet de la Seine, son premier ministre, et
M. le résident supérieur Pasquier.
M. Gourdon, président du SOjÇflWir indo-
chinois, prononça un éloquent toBbes souc
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