Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-24
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 juin 1922 24 juin 1922
Description : 1922/06/24 (N16399,A46). 1922/06/24 (N16399,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75127836
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
Le Numéro : 10 cm-
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aux Si treaux au Jouvrai
i
LÀ v LANTERNE » DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES 3S PARIS ET EN PROVINCE
La Lanterne
46' ANNEE - N° 16.399
SAMEDI
24
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en ch*f :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non intérêt
ne sont pas rendus
Où est donc
la justice?
Il faut poser cette question à M. Louis
Barthou : Y a-t-il encore une justice, de-
vant des fantaisies parlementaires ?
La Commission dite des poursuites, en
examinant le cas de M. Calary de La-
mazière, apprend qu'il existe un rap-
port où pourraient bien être révélés
quelques scandales, visant tels ou tels
députés et sénateurs. Aussitôt, la per-
sonnalité même de M. Calary disparaît,
il y a anguille sous roche, il faut fouiller
dans le rapport de l'expert Cruchon,
comme on a trifouillé dans les dossiers
de la B. I. C. Quelle chance si, d'aven-
ture, on peut compromettre un parti,
quelques hommes ou simplement jouer
une farce au gouvernement !
Dès le premier jour il fut question du
rapport de M Cruchon, le garde des
sceaux .fit observer qu'il s'agissait l'à
d'un document sans valeur juridique,
puisqu'il était unilatéral, ordonné* à la
demande d'un particulier et, au surplus,
contesté par les intéressés.
M. Mandel, ayant eu d'art d'amener Mi-
Calary de Lamazière à répondre : « Si
Tous voulez en savoir plus que je ne
peux vous en dire, voyez le rapport
Cruchon ! », c'en fut assez pour déter-
miner l'attitude d'un gaillard qui sait
tirer parti de toutes choses pour le pro-
fit d'une politique toujours tortueuse,
*
**
Donc, jeudi soir, on apprenait qu'à la
demande de M. Georges Mandel, et non
sans une discussion fort vive, la com-
mission des poursuites avait décidé de
publier, à la suite du rapport de M. Gui-
bal, le rapport très Darticulier de M. l'ex-
pert Cruchon.
Evidemment, M. Ignace, président de
ladite commission, et M. Mandel sont
poussés par un irrésistible besoin de
justice. Ils veulent tout savoir et tout
faire savoir. Il faut applaudir ces hom-
mes vertueux pour qui toutes considé-
rations disparaissent devant le rigide et
- impérieux souci du devoir.
Mais, il s'agit pourtant d'un document
qui n'a que la valeur d'une opinion, sans
qu'il s'y ajoute même l'estampille offi-
cielle ; il n'a point été établi sous ser-
ment et à la requête du parquet. Qu'im-
porte, il y a là des parlementaires dont
on a relevé les noms, il faut donc qu'ils
soient livrés au public ; et, par surcroît,
M. Barthou, ayant fait ses réserves, ap-
paraîtra comme le protecteur des per-
sonnages compromis. Le tour est de
choix et signé : Georges Mandel,
Edouard Ignace.
*
«
Cependant il est question dans le tra-
vail de M. Cruchon, non pas seulement
de MM. Henry Paté et Bluysen, mais
encore d'une affaire particulièrement
délicate : celle de la gestion de la Société
ocmmerciale et maritime du Pacifique,
Il y a des procès engagés, des poursuites
ordonnées, il y a des tiers dont on ap-
précie les -actes. Ne conviendrait-il pas
de ne donner la publicité officielle d'un
rapport parlementaire qu'à un docu-
ment contrôlé, et tout au moins soumis
à l'épreuve d'une contre-expertise, puis-
que certaines personnes visées se sont
inscrites en faux en y relevant des er-
reurs matérielles, formellement recon-
nues.
M. Doyen a été appeilé à départager M.
Cruchon et les intéressés, la commission
le sait ; elle ne s'en soucie pas ; elle dé-
clare qu'il faut publier, pour que la lu-
mière soit !
C'est 'à peu près comme si l'on éditait
au cours d'un procès le réquisitoire en
le donnant pour le jugement. M. Ignace.
qui est réputé jurisconsulte émérite. ne
s'embarrasse pas de tels soucis lorsque
le désir de M. Mandel est impératif. M.
Barthou, lui-même, devant un abus
aussi flagrant, n'élève pas la protesta-
tion qui semblait devoir inévitable-
ment se produire de tla part du ministre
de la justice.
Nous savions déjà qu'un député, du
haut de la tribune, avait le droit de ca-
lomnier à sa guise et sans risques, mais
nous n'avions pas encore trouvé, dans
un document parlementaire, un rapport
contesté dont la publication peut, de
toute évidence, avoir au cours même
d'une information, des conséquences in-
calculable®.
La politique en réalité se moque de la
justice, il n'y a plus de garanties contre
les excès d'une opposition passionnés
lorsqu'elle se saisit d'un dossier. Si C3
sont là les mœurs nouvelles que le Bloc
national clemenciste introduit dans le
y régime parlementaire, il faut résolu-
ment nier qu'il existe encore en France
l'apparence d'une justice.
Supposez que, demain, à la première
occasion, un groupe politique ait un in-
térêt quelconque à déshonorer tels ci-
toyens, il le peut à la faveur d'un papier
jeté sournoisement dans un dossier par
un compère. Le rapport Cruchon n'est
rien qu'un papier sans valeur juridique.
Peu nous importe les individus, parle-
mentaires ou hommes d'affaires, les
noms ne sont ici d'aucune importance,
lorsqu'il s'agit d'un principe manifeste-
ment violé. Si le législatif peut, 'à sa
guise, peser sur le judiciaire en toute
occasion — comme nous en voyons de
trop fréquents exemples — il y a quel-
que chose de cassé dans la machine ré-
publicaine. C'est là ce qu'il faut consta-
ter, non sans nous inquiéter des respon-
sabilités d'un krach aussi grave de la
justice, d'une atteinte aussi déloyale à
la sauvegarde de l'honneur des citoyens.
Pierre DIONNE.
11 ———.»■»—^ ||
Par l'assassinat
Tous ceux qui, chez nous, ont voué des
sympathies ardentes à la cause irlandaise ont
appris avec une pénible émotion l'assassinat
du maréchal Wilson. Le soldat nous était cher
parce qu'il avait combattu sur notre territoire
contre l'ennemi commun, mais le crime prend
à nos yeux un caractère plus douloureux en-
core puisque nous savons que Wilson fut tué
par des extrémistes du Sinn-F ein. ,
La cause de la Verte Erin ne peut être ser-
vie par le sang. Si le martyre volontaire d'un
homme comme le maire de Cork attestait de
Vant l'univers la puissance du patriotisme ir-
landais, l'assassinat du maréchal montre seu-
lement à quel degré de passion sanguinaire
peuvent se porter les fanatiques du parti Sinn-
Feiner.
Quel est le résultat d'un tel acte pour la
patrie qu'il prétend sans doute servir ? Le
meurtre était à peine connu dans le monde
entier que les Anglais en tiraient argument
pour démontrer qu'aucune conciliation n'est
possible entre la Grande-Bretagne et l'Irlande;
pas de concessions, pas de « Home Rule » qui
puisse calmer la fureur de surpatriotes exas-
pérés. M. Griffith, leader irlandais, désavoue
de tels crimes, mais on s'accorde à croire que
l'assassinat du maréchal Wilson fut un geste
de représailles, après l'échec de M. de Va-
lera; les extrémistes luttent d'émulation dans
la violence 1
Pour nous, Français, la disparition de Wil-
son est un coup droit, car il faut constater, fait
assez singulier, que les partisans de notre po-
litique en Angleterre sont précisément les
conservateurs. Wilson était conservateur,
c'est lui qui prononça, après la conférence de
Gênes, des paroles d'extrême sévérité contre
M. Uoyd George; c'est lui qui déclara que
le Premier « était un fléau pour l'empire bri-
tannique ».
Il est certain que le parti coalitionniste sera
renforcé par la mort d'un adversaire du pré-
sident du Conseil anglais. C'est donc M. Uoyd
George qui se trouve être, en dernier examen,
le bénéficiaire de l'assassinat d'un membre
influent de l'opposition.
Loin de nous la pensée d'insinuer une idée
odieuse, notre désir est seulement de noter
une conséquence trop évidente de la san-
glante tragédie organisée par les Sinn-F einer.
F. H.
— -t-TT f
BLOC-NOTES
Vers l'avenir eu vers le passé ?
w—9 i
Au cours d'une de ces discussions matina-
les, qui se poursuivent à l'Académie du quai
d'Orsay, un orateur rappela, mardi dernier,
avec à propos, que a les Grecs ne connaissaient
d'autre langue que la leur », et que « Platon,
dans sa jeunesse, n'avait jamais fait de ver-
sions ».
(Tétait évidemment le bon temps pour les
jeunes gens, qui ne connaissaient pas les sup-
plices infligés à ceux d'aujourd'hui sous pré-
texte de culture olassique. Leurs programmes
paraissaient, en effet, peu chargés. Quelques
éléments de géométrie et de calcul, de vagues
notions scientifiques, historiques et géographi-
ques qui se confondaient avec de jolies et poé-
tiques légendes ; les vers d'Homère, dont ils
sentaient pleine-ment l'éternelle beauté et ap-
prenaient par cœur avec plaisir, sans atoir be-
soin de se mettre le cerveau à la torture, voilà
ce qui représentait pour eux l'enseignement
primaire et secondaire. QUant à l'enseigne-
ment supérieur, il était constitué par des pro-
menades sous les ombrages des jardins d'A-
cadémos, où ils écoutaient les disputes des so-
phistes et les leçons des philosophes.
Au demeurant, et comme le disait l'autre
jour M. Aussoleil, à la grande indignation de
M. Bérard, le plus instruit d'entre eux en sa-
vait infiniment moins sur les phénomènes na-
turels et la constitution du monde qu'un can-
didat au certificat d'études.
CeUa n'a pas empêché Ses cités grecques d'ê-
tre des foyers intellectuels et artistiques, dont
après plus de vingt siècles le rayonnement
n'est pas éteint, puisque, s'il faut en croire le
ministre de l'instruction publique, M. Bracke
et leur docte cabale, le génie français ne sau-
rait vivre en dehors de lui et s'étiolemit.
Mais si ces derniers avaient raison, si mal-
gré de longues et glorieuses lignées de grands
philosophes, d'admirables écrivains et de splen-
dides artistes, malgré ces magnifiques décou-
vertes qui. ont .démesurément élargi le domaine
de nos investigations et la puissance de notre
action, la pensée moderne devait encore s'ali-
menter à la pensée antique sous peine de dé-
cadence et de mort, qu'en faudrait-il conclure,
sinon que la vérité et la beauté sont, non pas
dans l'avenir, mais dans le passé, et que le pro-
grès est une infecte blague ? — C'est ainsi que
se pose le problème que la Chambre du Bloc
national, particulièrement qualifiée, paraît-il,
en cette matière, aura à résoudre la semaine
prochaine.
Petit Jean.
LIRE TOUS LES LUNDIS
Le Courrier des Loyers
et des
Habitations à bon marché
APRES L'ACCORD CONCLU A MADRID
Le commerce franco-espagnol
va enfin pouvoir
iM&t M loii'e litalé
Une intéressante interview de M. Serruys
qui fut un des négociateurs de l'accord
M. Serruys, directeur au ministère du com-
merce, qui, avec M. Defrance, ambassadeur de
France à Madrid, vient de négocier le nouvel
accord commercial franco-espagnol, nous a fait
les déclarations suivantes :
« Les deux pays ont renoncé à la clause de
la nation la plus favorisée pour prendre
comme base de l'accord le principe de la réci-
procité. C'est là le point essentiel.
« Nos négociations, au lieu de porter leur
effort sur tous les articles, a porté sur les vins,
qui représentent pour l'Espagne 45 0/0 -de son
exportation, les oranges, agrumés, citrons, le
liège, ses minerais de plomb, de fer, de man-
ganèse, cuivre, etc.
« Pour nous, il s'agit surtout des automobi-
les, puis de la sidérurgie, la mécanique, les
produits chimiques. Par conséquent, nous
avons porté nos avantages et nos concessions
réciproques sur des pourcentages équivalents
de notre industrie quels que soient les pro-
duits.
ç « Nous avons opéré, non pas en jurées,
mais en hommes d'affaires. La préparation de
l'accord a été faite en liaison intime avec les
industriels et les commerçants, et au cours
même des négociations, nous n'avons pas
cessé de leur demander leur opinion.
« Je vous ai exposé notre principe, notre
méthode, passons aux résultats.
« En réalité, nous obtenons en Espagne
presque le tarif minimum intégral.
« Sur les vins français, le dégrèvement sera
de 56 0/0 et ainsi le droit est plus bas que
celui que nous payions en 1918. Nous avons
payé jusqu'ici 50 pesetas or, nous n'en payons
maintenant que 24.
« Les vins en bouteilles payent 50 centimes
par bouteilles.
« Les champagnes : droits en décembre
10 fr., actuellement 3 fr.
« Pour les automobiles, les droits qui étaient
de 25 0/0, sont réduîts actuellement à 15 0/0
ad valorem, pour des automobiles à prix bas.
Pour de plus hauts prix, les droits varient en-
tre 18 0/0, 20 0/0. Pour celles qui dépassent
80.000 fr., jusqu'ici c'était 25 à 30 0/0, main-
tenant nous varions entre 15 et 20 0/0.
« Pour toute la soierie française, nous avons
des dégrèvements qui varient entre 25, 31,
19, 20 en moyenne 40 0/0. Pour la chapellerie
par exemple, les droits sont de 70 0/0 du droit
minimum ; dégrèvement également sur les
laines et tous les articles ; lins, tous les arti-
cles de lin.
« Seuls les cotons ne sont pas dégrevés.
« J'ai obtenu par exemple des dégrèvements
considérables pour les aciers spéciaux, fonte
brute, traversants de fer, voies de chemins
de fer, toutes les pièces de fer, fer forgé, etc.,
câbles en fer, mécanique, moteurs pour bicy-
clettes, locomotives de toutes sortes, etc., tout
ce qui est machines pour l'industrie, machi-
nes agricoles, machines à papier, à imprimer,
toutes machines non dénommées, machines
pour l'électricité, conduites à eau, toute la mé-
canique en un mot. Tous ces articles béné-
ficient du dégrèvement.
« J'ai porté mon principal effort là-dessus.
« L'accord contient quelques lacunes volon-
taires. Nous nous sommes rigoureusement
abstenus de demander pour des catégories des
Avantages que d'autres demanderaient.
« Il a fallu voir la question avec un sens
très réaliste et tenir compte de tous les cou-
vrants d'affaires, tant locaux que généraux.
« A l'heure actuelle, dit M. Serruys, en con-
cluant, que résulte-t-il de l'accord ?
« Le handicap qui pesait sur la France, et
qui était la taxe compensatoire de l'écart des
changes, ne pèse plus. sur nous.
« D'autre part, tous nos produits essentiels
ont obtenu un dégrèvement sur le tarif mini-
mum, c'est-à-dire que nous pouvons retrouver
le marché espagnol dans des conditions inté-
ressantes.
« Sans avoir la clause de la nation la plus
tavorisée, nous l'avons pour 1.400 numéros
sur 1.500.
« L'Espagne a des avantages d'autre nature,
parce qu'elle est surtout une nation agricole
plutôt qu'une nation industrielle proprement
dite ».
Ttr < —————————.
Les chauffeurs de taxis
et l'impôt sur les salaires
Un meeting de protestation a eu lieu
hier soir salle Wagram
n n'est pas d'impôt plus impopulaire que
celui que le fisc prélève sur les salaires.
L'homme qui vit de son travail ne peut com-
prendre qu'il doit payer sur son gain journa-
lier, gain qui, le plus souvent, couvre à peine
les dépenses indispensables à son ménage.
S'il est bon ouvrier, s'il travaille plus qu'un
autre, il paiera plus. Cela lui paraît proton-
dément injuste. Il faut convenir qu'il est as-
sez difficile de lui démontrer le contraire.
C'est justement .parce que l'impôt sur les
salaires n'a jamais pu être justifié devant l'o-
pinion publique qu'il provoque de continuels
incidents.
Le budget est en déficit : cette taxe n'a pas
d'autre raison. Mais cela n'en parait pis une
au travailleur.
— Demandez l'argent à ceux qui en ont en
superflu, argue-t-il dans son simple bon sens.
Et c'est un ouvrier de la porte des Lilas qui
fait appel à son syndicat pour lui demander
de le défendre contre les huissiers du fisc.
C'étaient, hier soir, les chauffeurs de taxi,
qui ont abandonné leurs voitures pour protes-
ter publiquement en un meeting, organisé salle
Wagram.
Qu'on ne se 'fasse pas illusion. La protesta-
tion des chauffeurs de taxi n'intéresse pas que
cette seule corporation. Le monde des travail-
leurs, de -tous les travailleurs manuels ou in-
tellectuels, est avec eux.
Les gros salaires de la guerre ont vécu. La
vie est chère pour tous. Si chère même, que
l'indemnité dite de « cherté de vie » n'a pu,
comme on le pensait, être supprimée. Pour
les fonctionnaires, elle est maintenue, tout au
moins jusqu'en décembre prochain ; dans cer-
taines administrations particulières, elle a été
réduite : le budget de ces ménages en souffre
grandement. On comprend alors la mauvaise
humeur qua leur cause un impôt prélevé sur
un salaire qu'ils jugent insuffisant.
Une contribution qui n'est pas acceptée ne
peut donner le rendement qu'on en attend.
L'impopularité dont jouit l'impôt sur le sa-
laire suifit à le condamner. — R. D.
BATTU. ET PAS CONTENT
Pour consoler M. Ajam
précisons
qu'il fut l'ami de Bolo
N'étaienf-ils pas tous les deux
en Champagne lors des troubles ?
M. Ajam, député du Bloc national, ne se
console pas d'avoir été blackboulé aux élec-
tions du conseil générai dans la Sarthe, par
les amis de M. Caillaux (il y en a quelques-
uns dans ce département et même ailleurs).
On se souvient qu'au lendemain de sa dé-
faite, il s'en prit aigrement à notre con-
frère le « Bonhomme Sarthois y, qui avait eu
l'audace de dire que c'était bien fait pour
l'ancien radical passé au Bloc national et
pour l'ancien protégé de M. Caillaux, oublieux
de ses premières amitiés.
Le «Bonhomme Sarthois », à son tour, ri-
posta à cette provocation par une réplique
sévère où il était rappelé à M. Ajam que
c'était lui qui avait mis Bolo en relations
avec M. Caillaux. Le même journal évoquait
encore le souvenir d'une affaire «d'arbitra-
ge » au Venezuela, que Bolo avait confiée à
M. Ajam, moyennant de forts honoraires.
M. Ajam, après huit jours de réflexion, a
envoyé au « Bonhomme Sarthois » une recti-
fication qui ne rectifie pas grand' chose. En
ce qui concerne l'affaire du Venezuela, il dé-
clare « qu'elle rentrait absolument dans
l'exercice de sa profession d'avocat », et,
pour Bolo, il affirme que ce n'est pas lui,
mais le président Monier qui le présenta à
M. Caillaux.
Notre confrère, après avoir souligné que
M. Ajam essaie « d'équivoquer piteusement »
en disant qu'il n'a présenté Bolo à M. Cail-
laux que « par personne interposée », ajoute :
Mais à quoi bon discuter Monsieur Ajam ?
Il y a des pièces — vous le savez bien. —
n y a des lettres de vous à Boilo datées de
1911 et qui projettent une clarté aveuglante
sur le personnage que vous avez rempli. Il y a
vos dépositions, devant le sénateur Pérès tur
l'arbitrage vénézuélien, dont les avocats de M.
Caillaux ont certainement gardé copie.
Pourquoi discutailler petitement des éviden-
ces que nous n'avons soulignées que parce
que vous aviez outragé ?
Pourquoi ergoter ? Nous avons simplement
voulu montrer tout ce qu'il y avait de mons-
trueux (encore sommes-nous modérés) de votre
part à reprocher à M. Caillaux des relations
dont vous étiez responsable, puisque vous les
aviez suscitées.
Que vous ayez été trompé, mais cela va de
soi. Nous l'avons dit, nous le répétons.
Vous avez été trompé comme beaucoup d'au-
tres. Vous l'avez été d'autant plus facilement
qu'on vous avait tendu un hameçon doré au-
quel vous vous étiez empressé de mordre.
Nous attendons avec curiosité le « débal-
lage» des lettres auxquelles il est fait allu-
sion.
Nous pouvons au reste ajouter un détail à
ceux qu'a donnés le « Bonhomme Sarthois ».
C'est que, durant les troubles de Champagne,
en 1911, M. Ajam se rendit à Epernay en
compagnie de Bolo. Il y eut même à l'époque
des gens qui se demandaient ce que l'un et
l'autre venaient faire parmi les vignerons.
9 J. G.
UNE « CATASTROPHE »
Le beurre est à 1 fr. 50 la livre
Mais c'est en Angleterre !
Nous l'avons dit, il y a quelques jours, selon
les amis et admirateurs de M. Chéron, c'eût
été une « catastrophe » que le « cochon de
payant » pût acheter son beurre à deux francs
la livre.
Un de nos correspondants, qui habite-en
Angleterre, et qui est de retour en France de-
puis quelques jours, nous signale en effet quel-
ques prix intéressants (intéressants pour le
consommateur) qui sont pratiqués couram-
ment de l'autre côté de la Manche. Les voici :
Beurre * 1 50 le demi-kilo
Gigot de mouton 1 25 —
Gigot d'agneau 150 —
Tomate fraîche 0 40 —
Les autres denrées ou aliments sont à l'ave-
nant. En un mot, la vie est environ quatre
fois moins chère dans la patrie de M. Lloyd
George que dans la nôtre. Comme toutes les
statistiques d'ailleurs se plaisent à le signa-
ler, elle tend de plus en plus, chez les Britan-
niques, à revenir aux prix d'avant-guerre, dont
elle se rapproche beaucoup actuellement.
Mais nous y pensons : s'il en est ainsi, les
Anglais vont devenir de grands exportateurs
de beurre et de denrées alimentaires dans no-
tre pays.
Aussi ne reste-t-il à M. Chéron qu'un parti
à prendre. Pour protéger les Normands, à leur
tour envahis par les Anglais, il est de toute
urgence qu'il prenne un autre petit décret, ma-
jorant encore les droits de douanes. Si le con-
sommateur n'est pas content, il n'aura bien
entendu, qu'à s'en prendre à ces maudits
étrangers qui viennent faire à nos produc-
teurs un concurrence déloyale et qui, malgré
la hausse du change, trouvent moyen d'es-
sayer d'amener la baisse - sans renoncer pour
cela à leur petit bénéfice.
—————————— } — a.- ( ———————-r.——
LE DROIT DE PEAGE
dans le parc de Saint-Cloud
Le droit de péage n'est pas mort ! Savez-
vous que pour traverser le parc de Saint-
Cloud autrement qu'à pied, il faut payer. Il
faut payer quand on est cycliste, cavalier ou
automobiliste. Payer, chaque fois que vous
empruntez une allée du parc ou à l'année si
vous y passez quCtidiennement.
La chose peut se comprendre quand il s'agit
de touristes. Et encore.
Mais les habitants de Marnes-la-Coquette,
petite localité située en plein parc de Saint-
Cloud, ne se promènent pas toujours pour
leur plaisir. Ils ne peuvent quitter leur com-
mune sans pénétrer dans le parc. Qu'ils aillent
prendre le train à Garches, il faut qu'ils tra-
versent une partie du parc. Marnes est à un
kilomètre de la gare, une bicyclette peut donc
être jugée indispensable. Mais cela leur coû-
tera 50 francs par 'an.
Il y a là une injustice. Pourquoi faire payer
aux habitants de Marnes, un impôt qu'ils se-
ront seuls à subir. Quelque chose est à modi-
fier ; il semble bien que ceux qui usent par
nécessité des allées de ce 'beau parc, devraient
être exemptés de ce droit de péage, qui paraît
peu médiéval. — R. D.
L'ASSASSINAT DU MARECHAL WILSON
Les constquBnces palpes
du crime de Londres
paal êlre ? plus ps
La presse anglaise rend hommage
au disparu et flétrit ses assassins
La presse anglaise tout entière rend un
hommage ému au maréchal Wilson et, en par-
ticulier, à ses qualités militaires. Elle rap-
pelle son amitié avec le maréchal Foch et le
rôle de premier plan qu'il joua pendant la
guerre. Il s'agit d'un attentat politique où l'on
retrouve l'éternelle question d'Irlande.
Le Moming Post écrit :
aLa mort de sir Henry Wilson est une perte
presque aussi grande pour la France que pour
l'Angleterre. La France n'a jamais eu dans no-
tre pays d'ami plus sympathique ni qui ait
vécu avec elle en aussi bonne intelligence. »
Parlant des qualités de ce soldat anglais,
qui consacra les plus belles années de sa vie
à la préparation de la grande lutte, et des re-
lations amicales, qu'il a eues avec le maréchal
Foch. ce journal ajoute :
« Les Français pleureront sa mort comme
celle d'un des leurs. »
Le correspondant du Times à Belfast télé-
graphie : 7 -'- j
« S'il est prouvé que cet assassinat est im-
putable aux extrémistes du Sinn-Fein, la si-
tuation peut devenir rapidement très grave et
échapper au contrôle de sir James Craig. Déjà,
au cours des derniers mois, le gouvernement
4u Nord avait été impuissant à prévenir les
représailles d'attentats commis sur des oran-
gistes sans notoriété. Il est à craindre que
l'assassinat du maréchal Wilson, universelle-
ment respecté et admiré par les unionistes, ne
provoque des vengeances exaspérées, dont les
catholiques de l'Ulster seront victimes. »
D'après le Daily News, « il est Vraisembla-
ble que c'est au nom des sinn-feiners que le
"rime a été commis. Il est vrai que les diri-
geants des deux factions qui se trouvent aux
prises en Irlande n'ont pas trempé directe-
ment dans le crime, mais ils sont responsa-
bles des idées qu'ils ont semées, des eenti-
ments qu'ils ont soulevés ».
'Le Daily Telegraph croit que « le meurtre
du maréchal est un geste des extrémistes ir-
landais rendus furieux par leur échec aux
dernières élections ».
Les assassins devant le tribunal
Londres, 23 juin. — En conformité de la
procédure anglaise, les deux individus arrêtés
hier et auteurs présumés de l'assassinat du
maréchal Wilson ont comparu dans la mati-
née devant le tribunal de police de Westmins-
ter. Ils sont inculpés de meurtre avec prémé-
ditation sur la personne du maréchal Wil-
son et de tentative de meurtre contre deux
agents de police et un civil.
Les deux inculpés avaient la tête envelqp-
pée de pansements et leurs visage portait la
trâce des coups reçus hier.
Le ministère public fait savoir qu'il sera
peut-être nécessaire de demander au tribunal
d'empêcher la publication des noms et adres-
ses des témoins et certainement d'empêcher
que des photographies soient prises.
Après lecture de l'acte d'inculpation établi
par la police, les deux accusés se sont infor-
més de l'état des blessés. En apprenant qu'il
était aussi satisfaisant qu'on pouvait l'eftpê-
rer. ils ont exprimé leur satisfaction.
L'audience a été renvoyée à huitaine.
Au cours des perquisitions
on aurait découvert tout un complot
Londres, 23 juin. — Les perquisitions opé-
rées au cours de la nuit dernière, dans les
milieux irlandais de Londres, se sont pour-
suivies une partie de la journée d'aujourd'hui.
Seize personnes, dont une femme, ont été
arrêtées et conduites à Scotland Yard pour y
être interrogées. Toutes ces personnes auraient
été remises en liberté, à l'exception de la
femme, au domicile de laquelle, dit-on, on a
découvert une bombe incendiaire, des armes
à feu et des documents compromettants.
De source semi-officielle, on donne à enten-
dre que, parmi les documents saisis par la po-
lice, s'en trouve un qui révèle tout un com-
plot. ayant pour but l'assassinat de certaines
personnalités et, de façon générale, pour ins-
tituer en Angleterre une campagne terroriste.
La brigade volante de Scotland Yard s'est re-
mise en campagne aujourd'hui, pour recher-
cher les individus dont les noms se trouvent
dans les documents saisis.
La Chambre des Communes s'occupera lundi
de la question irlandaise
Londres, 23 juin. — A l'ouverture de la
séance d'aujourd'hui, à la Chambre des Com-
munes, M. Austen Chamberlain et M. Shortt,
secrétaire d'Etat au Home Office, ont été as-
saillis de questions au sujet de la tragédie
d'hier. La plupart de ces' questions avaient
trait à la négligence des autorités, qui ne
prennent pas suffisamment de précautions
pour empêcher des actes terroristes irlandais,
et ce, en dépit des avertissements qui leur
auraient été fournis.
Plusieurs députés se plaignirent de l'absen-
ce de M. Lloyd George. M." Austen Chamber-
lain leur expliqua que le premier ministre
assistait à une conférence importante. Il dé-
clara que la journée de lundi pourrait être
consacrée à un débat complet sur les affaires
irlandaises, si l'assemblée le désirait.
M. Chamberlain ajouta qu'il ne croyait pas
qu'il était opportun de répondre aujourd'hui
aux questions posées, les éléments de répon-
se manquant encore pour plusieurs cas.
Les condoléances officielles
Le président de la République a adressé le
télégramme suivant au roi d'Angleterre, à l'oc-
casion de l'assassinat du maréchal Wilson :
J'apprends avec une vive émotion l'assassi-
nat du field" marschall sir Henry Wilson et je
tiens à assurer Votre Majesté de ma doulou-
reuse sympathie
La mort si tragique de ce glorieux soldat
sera profondément ressentie par tous les Fran-
çais, qui n'oublieront jamais les sentiments
qu'il manifesta en tant d'occasions pour notre
pays et le rôle admirable qu'il y joua dans l'or-
ganisation de la victoire.
A. MILLEBA:-tD.
Le roi Albert de Belgique a également té-
légraphié au roi d'Angleterre pour lui expri-
mer l'indignation avec laquelle il a appris l'as-
sassinat du maréchal Wilson, qui a rendu de
si éminents services à la cause des Alliés, et
pour témoigner de la part qu'il prend du deuil
de la nation britannique.
Les souverains belges ont également télê-
graphié leurs condoléances à lady Wilson.
LA CONFÉRENCE DES EXPERTS
La délégation russe
arrivera
aujourd'hui à La Haye
I£tassine est retenu à Moscou
par la maladie de Lénine
La Haye, 23 juin. — Des nouvelles reçues
de Berlin dans la journée annoncent que la
délégation russe est partie pour La Haye.
Seul, Krassine, retenu à Moscou par la ma-
ladie de Lénine et par la réunion des com-
missaires du peuple pour les affaires exté-
rieures qui doit avoir lieu dans cette ville,
n'accompagne pas les délégués.
La délégation russe est attendu à La Haye
samedi soir entre 9 et 10 heures. Elle arri-
vera par train spécial à la gare de Schevv
ningue et gagnera immédiatement l'hôtel d'O
range où des appartements lui ont été réser.
vés.
Négociations italo-russes
et préparation d'un nouveau traité
Nous apprenons, de source sûre, que la
commandeur Giannini, délégué italien, a
quitté La Haye pour se rendre à Rome, por-
teur d'un, pouveau projet de traité italo-so.
viétique.
Ce nouveau traité serait établi sur les mô-
mes bases que le trait6 conclu entre les So
viets et la Tchécoslovaquie.
On se souvient que M. Giannini, dont il fut
beaucoup question à Gênes et qui est à la.
Consulta le bras droit de M. Schanzer, minis-
tre des affaires étrangères, avait déjà négo-
cié, de concert avec ce dernier, le premier
traité - auquel Tchitchérine avait donné son
approbation, mais dont le texte fut rejet6
par le gouvernement de Moscou.
M. Giannini aurait eu à La Haye une en-
trevue avec Ioffe dont la présence dans la
cité hollandaise est signalée depuis une hui-
taine de jours, mais dont la résidence a ét6
tenue, jusqu'à présent, secrète.
La délégation soviétique
demande une garde de police
La. délégation soviétique a fait demander
au gouvernement des Pays-Bas de mettre à
sa disposition, pendant son séjour à La Haye
un certain nombre de policiers spéciaux. Le
gouvernement néerlandais a répondu hier &
cette demande, en déclarant qu'il était dans
l'impossibilité de donner satisfaction à la re-
quête des délégués russes.
Le colonel Boyle à La Haye
On se souvient du colonel Boyle, représen-
tant de la compagnie pétrolifère Royal Dutch
Shell, et dont la présence à Gênes donna lieu
à de nombreuses rumeurs et vraisemblable-
ment à diverses tractations privées avec les
délégués des Soviets. Le colonel Boyle est
arrivé à La Haye, sans doute, pour continuer
avec les Soviets les pourparlers qui durent
déjà depuis un certain temps et qu'il avait
espérer mener à une conclusion décisive 4
Gênes.
'————————— ') c
LA REFORME DE L'ENSEIGNEMENT
Dans un beau discours
M. Herriot défend
la culture française
« Le Génie Grec, le Génie Latin et lo
Génie Français, dit-il, se complètent »
Une chaleureuse et presque unanime ova,
tion. à laquelle s'associa la Chambre presque
unanime, salua M. Herriot quand il descendit,
hier matin, de la tribune.
C'était justice, car, parmi tant d'excèllenta
discours prononcés au cours de cette discus-
sion, le sien fut certainement le meilleur,
moins peut-être par l'éloquence raffinée et sou-
ple de la phrase, ou même par la noblesse et
la générosité d'idées exprimées en de saisis-
santes formules, que parce que, plus que tous
les autres, il saisissait la question, la présen-
tait sous son véritable jour et la traitait dans
son ensemble sans se perdre dans les nuée* ni
descendre aux vulgarités de la polémique.
Il fit du décret une critique courtoise mais
serrée ; et si la logique doit l'emporter. M.
Léon Bérard devra, soit accepter une transac-
tion. soit renoncer à son décret. — Oui, mis
il y a à la Chambre tant de députés qui se éé-
elarent partisans enragés du latin pour faire
croire qu'ils le savent.
LA SÉ-AJSTOE
Le dix-huitième orateur, M. Herriot, est un
défenseur de l'enseignement moderne et un
adversaire du système ministériel. Après avoir
déclaré que, se renfermant dans les limites
du sujet en discussion, il ne parlera que de
la réforme de l'enseignement secondaire, il
précise le caractère de l'organisation univer-
sitaire actuelle. M. Bergeret, dit-il. l'a dunie
en quelques phrases très précises : « Il a com.
paré l'université à une architecture composite
compliquée dont le fronton de style empire
repose sur un portique jésuite, qui possède
des galeries de rocaille, des colonnades comme
J" Louvre, des escaliers Renaissance, une
caJle gothique, une crypte romane et des ron.
dements dans lesquels on pourrait retrouver
l'opus spicatum et le ciment des Romains ».
A maintes reprises, poursuit l'orateur; on
a tenté de mettre plus d'harmonie dans cette
"onstruction. La dernière réforme, celle de
1902. mrécédée d'une longue enquête, fut una-
nimement approuvée par les intéressés. Ea
«era-t-il de même de celle conçue par le mi-
nistre ? Il n'y paratt guère, car, tour à tour.
les professeurs de lycées, ceux de la Soxbomw
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46' ANNEE - N° 16.399
SAMEDI
24
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en ch*f :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non intérêt
ne sont pas rendus
Où est donc
la justice?
Il faut poser cette question à M. Louis
Barthou : Y a-t-il encore une justice, de-
vant des fantaisies parlementaires ?
La Commission dite des poursuites, en
examinant le cas de M. Calary de La-
mazière, apprend qu'il existe un rap-
port où pourraient bien être révélés
quelques scandales, visant tels ou tels
députés et sénateurs. Aussitôt, la per-
sonnalité même de M. Calary disparaît,
il y a anguille sous roche, il faut fouiller
dans le rapport de l'expert Cruchon,
comme on a trifouillé dans les dossiers
de la B. I. C. Quelle chance si, d'aven-
ture, on peut compromettre un parti,
quelques hommes ou simplement jouer
une farce au gouvernement !
Dès le premier jour il fut question du
rapport de M Cruchon, le garde des
sceaux .fit observer qu'il s'agissait l'à
d'un document sans valeur juridique,
puisqu'il était unilatéral, ordonné* à la
demande d'un particulier et, au surplus,
contesté par les intéressés.
M. Mandel, ayant eu d'art d'amener Mi-
Calary de Lamazière à répondre : « Si
Tous voulez en savoir plus que je ne
peux vous en dire, voyez le rapport
Cruchon ! », c'en fut assez pour déter-
miner l'attitude d'un gaillard qui sait
tirer parti de toutes choses pour le pro-
fit d'une politique toujours tortueuse,
*
**
Donc, jeudi soir, on apprenait qu'à la
demande de M. Georges Mandel, et non
sans une discussion fort vive, la com-
mission des poursuites avait décidé de
publier, à la suite du rapport de M. Gui-
bal, le rapport très Darticulier de M. l'ex-
pert Cruchon.
Evidemment, M. Ignace, président de
ladite commission, et M. Mandel sont
poussés par un irrésistible besoin de
justice. Ils veulent tout savoir et tout
faire savoir. Il faut applaudir ces hom-
mes vertueux pour qui toutes considé-
rations disparaissent devant le rigide et
- impérieux souci du devoir.
Mais, il s'agit pourtant d'un document
qui n'a que la valeur d'une opinion, sans
qu'il s'y ajoute même l'estampille offi-
cielle ; il n'a point été établi sous ser-
ment et à la requête du parquet. Qu'im-
porte, il y a là des parlementaires dont
on a relevé les noms, il faut donc qu'ils
soient livrés au public ; et, par surcroît,
M. Barthou, ayant fait ses réserves, ap-
paraîtra comme le protecteur des per-
sonnages compromis. Le tour est de
choix et signé : Georges Mandel,
Edouard Ignace.
*
«
Cependant il est question dans le tra-
vail de M. Cruchon, non pas seulement
de MM. Henry Paté et Bluysen, mais
encore d'une affaire particulièrement
délicate : celle de la gestion de la Société
ocmmerciale et maritime du Pacifique,
Il y a des procès engagés, des poursuites
ordonnées, il y a des tiers dont on ap-
précie les -actes. Ne conviendrait-il pas
de ne donner la publicité officielle d'un
rapport parlementaire qu'à un docu-
ment contrôlé, et tout au moins soumis
à l'épreuve d'une contre-expertise, puis-
que certaines personnes visées se sont
inscrites en faux en y relevant des er-
reurs matérielles, formellement recon-
nues.
M. Doyen a été appeilé à départager M.
Cruchon et les intéressés, la commission
le sait ; elle ne s'en soucie pas ; elle dé-
clare qu'il faut publier, pour que la lu-
mière soit !
C'est 'à peu près comme si l'on éditait
au cours d'un procès le réquisitoire en
le donnant pour le jugement. M. Ignace.
qui est réputé jurisconsulte émérite. ne
s'embarrasse pas de tels soucis lorsque
le désir de M. Mandel est impératif. M.
Barthou, lui-même, devant un abus
aussi flagrant, n'élève pas la protesta-
tion qui semblait devoir inévitable-
ment se produire de tla part du ministre
de la justice.
Nous savions déjà qu'un député, du
haut de la tribune, avait le droit de ca-
lomnier à sa guise et sans risques, mais
nous n'avions pas encore trouvé, dans
un document parlementaire, un rapport
contesté dont la publication peut, de
toute évidence, avoir au cours même
d'une information, des conséquences in-
calculable®.
La politique en réalité se moque de la
justice, il n'y a plus de garanties contre
les excès d'une opposition passionnés
lorsqu'elle se saisit d'un dossier. Si C3
sont là les mœurs nouvelles que le Bloc
national clemenciste introduit dans le
y régime parlementaire, il faut résolu-
ment nier qu'il existe encore en France
l'apparence d'une justice.
Supposez que, demain, à la première
occasion, un groupe politique ait un in-
térêt quelconque à déshonorer tels ci-
toyens, il le peut à la faveur d'un papier
jeté sournoisement dans un dossier par
un compère. Le rapport Cruchon n'est
rien qu'un papier sans valeur juridique.
Peu nous importe les individus, parle-
mentaires ou hommes d'affaires, les
noms ne sont ici d'aucune importance,
lorsqu'il s'agit d'un principe manifeste-
ment violé. Si le législatif peut, 'à sa
guise, peser sur le judiciaire en toute
occasion — comme nous en voyons de
trop fréquents exemples — il y a quel-
que chose de cassé dans la machine ré-
publicaine. C'est là ce qu'il faut consta-
ter, non sans nous inquiéter des respon-
sabilités d'un krach aussi grave de la
justice, d'une atteinte aussi déloyale à
la sauvegarde de l'honneur des citoyens.
Pierre DIONNE.
11 ———.»■»—^ ||
Par l'assassinat
Tous ceux qui, chez nous, ont voué des
sympathies ardentes à la cause irlandaise ont
appris avec une pénible émotion l'assassinat
du maréchal Wilson. Le soldat nous était cher
parce qu'il avait combattu sur notre territoire
contre l'ennemi commun, mais le crime prend
à nos yeux un caractère plus douloureux en-
core puisque nous savons que Wilson fut tué
par des extrémistes du Sinn-F ein. ,
La cause de la Verte Erin ne peut être ser-
vie par le sang. Si le martyre volontaire d'un
homme comme le maire de Cork attestait de
Vant l'univers la puissance du patriotisme ir-
landais, l'assassinat du maréchal montre seu-
lement à quel degré de passion sanguinaire
peuvent se porter les fanatiques du parti Sinn-
Feiner.
Quel est le résultat d'un tel acte pour la
patrie qu'il prétend sans doute servir ? Le
meurtre était à peine connu dans le monde
entier que les Anglais en tiraient argument
pour démontrer qu'aucune conciliation n'est
possible entre la Grande-Bretagne et l'Irlande;
pas de concessions, pas de « Home Rule » qui
puisse calmer la fureur de surpatriotes exas-
pérés. M. Griffith, leader irlandais, désavoue
de tels crimes, mais on s'accorde à croire que
l'assassinat du maréchal Wilson fut un geste
de représailles, après l'échec de M. de Va-
lera; les extrémistes luttent d'émulation dans
la violence 1
Pour nous, Français, la disparition de Wil-
son est un coup droit, car il faut constater, fait
assez singulier, que les partisans de notre po-
litique en Angleterre sont précisément les
conservateurs. Wilson était conservateur,
c'est lui qui prononça, après la conférence de
Gênes, des paroles d'extrême sévérité contre
M. Uoyd George; c'est lui qui déclara que
le Premier « était un fléau pour l'empire bri-
tannique ».
Il est certain que le parti coalitionniste sera
renforcé par la mort d'un adversaire du pré-
sident du Conseil anglais. C'est donc M. Uoyd
George qui se trouve être, en dernier examen,
le bénéficiaire de l'assassinat d'un membre
influent de l'opposition.
Loin de nous la pensée d'insinuer une idée
odieuse, notre désir est seulement de noter
une conséquence trop évidente de la san-
glante tragédie organisée par les Sinn-F einer.
F. H.
— -t-TT f
BLOC-NOTES
Vers l'avenir eu vers le passé ?
w—9 i
Au cours d'une de ces discussions matina-
les, qui se poursuivent à l'Académie du quai
d'Orsay, un orateur rappela, mardi dernier,
avec à propos, que a les Grecs ne connaissaient
d'autre langue que la leur », et que « Platon,
dans sa jeunesse, n'avait jamais fait de ver-
sions ».
(Tétait évidemment le bon temps pour les
jeunes gens, qui ne connaissaient pas les sup-
plices infligés à ceux d'aujourd'hui sous pré-
texte de culture olassique. Leurs programmes
paraissaient, en effet, peu chargés. Quelques
éléments de géométrie et de calcul, de vagues
notions scientifiques, historiques et géographi-
ques qui se confondaient avec de jolies et poé-
tiques légendes ; les vers d'Homère, dont ils
sentaient pleine-ment l'éternelle beauté et ap-
prenaient par cœur avec plaisir, sans atoir be-
soin de se mettre le cerveau à la torture, voilà
ce qui représentait pour eux l'enseignement
primaire et secondaire. QUant à l'enseigne-
ment supérieur, il était constitué par des pro-
menades sous les ombrages des jardins d'A-
cadémos, où ils écoutaient les disputes des so-
phistes et les leçons des philosophes.
Au demeurant, et comme le disait l'autre
jour M. Aussoleil, à la grande indignation de
M. Bérard, le plus instruit d'entre eux en sa-
vait infiniment moins sur les phénomènes na-
turels et la constitution du monde qu'un can-
didat au certificat d'études.
CeUa n'a pas empêché Ses cités grecques d'ê-
tre des foyers intellectuels et artistiques, dont
après plus de vingt siècles le rayonnement
n'est pas éteint, puisque, s'il faut en croire le
ministre de l'instruction publique, M. Bracke
et leur docte cabale, le génie français ne sau-
rait vivre en dehors de lui et s'étiolemit.
Mais si ces derniers avaient raison, si mal-
gré de longues et glorieuses lignées de grands
philosophes, d'admirables écrivains et de splen-
dides artistes, malgré ces magnifiques décou-
vertes qui. ont .démesurément élargi le domaine
de nos investigations et la puissance de notre
action, la pensée moderne devait encore s'ali-
menter à la pensée antique sous peine de dé-
cadence et de mort, qu'en faudrait-il conclure,
sinon que la vérité et la beauté sont, non pas
dans l'avenir, mais dans le passé, et que le pro-
grès est une infecte blague ? — C'est ainsi que
se pose le problème que la Chambre du Bloc
national, particulièrement qualifiée, paraît-il,
en cette matière, aura à résoudre la semaine
prochaine.
Petit Jean.
LIRE TOUS LES LUNDIS
Le Courrier des Loyers
et des
Habitations à bon marché
APRES L'ACCORD CONCLU A MADRID
Le commerce franco-espagnol
va enfin pouvoir
iM&t M loii'e litalé
Une intéressante interview de M. Serruys
qui fut un des négociateurs de l'accord
M. Serruys, directeur au ministère du com-
merce, qui, avec M. Defrance, ambassadeur de
France à Madrid, vient de négocier le nouvel
accord commercial franco-espagnol, nous a fait
les déclarations suivantes :
« Les deux pays ont renoncé à la clause de
la nation la plus favorisée pour prendre
comme base de l'accord le principe de la réci-
procité. C'est là le point essentiel.
« Nos négociations, au lieu de porter leur
effort sur tous les articles, a porté sur les vins,
qui représentent pour l'Espagne 45 0/0 -de son
exportation, les oranges, agrumés, citrons, le
liège, ses minerais de plomb, de fer, de man-
ganèse, cuivre, etc.
« Pour nous, il s'agit surtout des automobi-
les, puis de la sidérurgie, la mécanique, les
produits chimiques. Par conséquent, nous
avons porté nos avantages et nos concessions
réciproques sur des pourcentages équivalents
de notre industrie quels que soient les pro-
duits.
ç « Nous avons opéré, non pas en jurées,
mais en hommes d'affaires. La préparation de
l'accord a été faite en liaison intime avec les
industriels et les commerçants, et au cours
même des négociations, nous n'avons pas
cessé de leur demander leur opinion.
« Je vous ai exposé notre principe, notre
méthode, passons aux résultats.
« En réalité, nous obtenons en Espagne
presque le tarif minimum intégral.
« Sur les vins français, le dégrèvement sera
de 56 0/0 et ainsi le droit est plus bas que
celui que nous payions en 1918. Nous avons
payé jusqu'ici 50 pesetas or, nous n'en payons
maintenant que 24.
« Les vins en bouteilles payent 50 centimes
par bouteilles.
« Les champagnes : droits en décembre
10 fr., actuellement 3 fr.
« Pour les automobiles, les droits qui étaient
de 25 0/0, sont réduîts actuellement à 15 0/0
ad valorem, pour des automobiles à prix bas.
Pour de plus hauts prix, les droits varient en-
tre 18 0/0, 20 0/0. Pour celles qui dépassent
80.000 fr., jusqu'ici c'était 25 à 30 0/0, main-
tenant nous varions entre 15 et 20 0/0.
« Pour toute la soierie française, nous avons
des dégrèvements qui varient entre 25, 31,
19, 20 en moyenne 40 0/0. Pour la chapellerie
par exemple, les droits sont de 70 0/0 du droit
minimum ; dégrèvement également sur les
laines et tous les articles ; lins, tous les arti-
cles de lin.
« Seuls les cotons ne sont pas dégrevés.
« J'ai obtenu par exemple des dégrèvements
considérables pour les aciers spéciaux, fonte
brute, traversants de fer, voies de chemins
de fer, toutes les pièces de fer, fer forgé, etc.,
câbles en fer, mécanique, moteurs pour bicy-
clettes, locomotives de toutes sortes, etc., tout
ce qui est machines pour l'industrie, machi-
nes agricoles, machines à papier, à imprimer,
toutes machines non dénommées, machines
pour l'électricité, conduites à eau, toute la mé-
canique en un mot. Tous ces articles béné-
ficient du dégrèvement.
« J'ai porté mon principal effort là-dessus.
« L'accord contient quelques lacunes volon-
taires. Nous nous sommes rigoureusement
abstenus de demander pour des catégories des
Avantages que d'autres demanderaient.
« Il a fallu voir la question avec un sens
très réaliste et tenir compte de tous les cou-
vrants d'affaires, tant locaux que généraux.
« A l'heure actuelle, dit M. Serruys, en con-
cluant, que résulte-t-il de l'accord ?
« Le handicap qui pesait sur la France, et
qui était la taxe compensatoire de l'écart des
changes, ne pèse plus. sur nous.
« D'autre part, tous nos produits essentiels
ont obtenu un dégrèvement sur le tarif mini-
mum, c'est-à-dire que nous pouvons retrouver
le marché espagnol dans des conditions inté-
ressantes.
« Sans avoir la clause de la nation la plus
tavorisée, nous l'avons pour 1.400 numéros
sur 1.500.
« L'Espagne a des avantages d'autre nature,
parce qu'elle est surtout une nation agricole
plutôt qu'une nation industrielle proprement
dite ».
Ttr < —————————.
Les chauffeurs de taxis
et l'impôt sur les salaires
Un meeting de protestation a eu lieu
hier soir salle Wagram
n n'est pas d'impôt plus impopulaire que
celui que le fisc prélève sur les salaires.
L'homme qui vit de son travail ne peut com-
prendre qu'il doit payer sur son gain journa-
lier, gain qui, le plus souvent, couvre à peine
les dépenses indispensables à son ménage.
S'il est bon ouvrier, s'il travaille plus qu'un
autre, il paiera plus. Cela lui paraît proton-
dément injuste. Il faut convenir qu'il est as-
sez difficile de lui démontrer le contraire.
C'est justement .parce que l'impôt sur les
salaires n'a jamais pu être justifié devant l'o-
pinion publique qu'il provoque de continuels
incidents.
Le budget est en déficit : cette taxe n'a pas
d'autre raison. Mais cela n'en parait pis une
au travailleur.
— Demandez l'argent à ceux qui en ont en
superflu, argue-t-il dans son simple bon sens.
Et c'est un ouvrier de la porte des Lilas qui
fait appel à son syndicat pour lui demander
de le défendre contre les huissiers du fisc.
C'étaient, hier soir, les chauffeurs de taxi,
qui ont abandonné leurs voitures pour protes-
ter publiquement en un meeting, organisé salle
Wagram.
Qu'on ne se 'fasse pas illusion. La protesta-
tion des chauffeurs de taxi n'intéresse pas que
cette seule corporation. Le monde des travail-
leurs, de -tous les travailleurs manuels ou in-
tellectuels, est avec eux.
Les gros salaires de la guerre ont vécu. La
vie est chère pour tous. Si chère même, que
l'indemnité dite de « cherté de vie » n'a pu,
comme on le pensait, être supprimée. Pour
les fonctionnaires, elle est maintenue, tout au
moins jusqu'en décembre prochain ; dans cer-
taines administrations particulières, elle a été
réduite : le budget de ces ménages en souffre
grandement. On comprend alors la mauvaise
humeur qua leur cause un impôt prélevé sur
un salaire qu'ils jugent insuffisant.
Une contribution qui n'est pas acceptée ne
peut donner le rendement qu'on en attend.
L'impopularité dont jouit l'impôt sur le sa-
laire suifit à le condamner. — R. D.
BATTU. ET PAS CONTENT
Pour consoler M. Ajam
précisons
qu'il fut l'ami de Bolo
N'étaienf-ils pas tous les deux
en Champagne lors des troubles ?
M. Ajam, député du Bloc national, ne se
console pas d'avoir été blackboulé aux élec-
tions du conseil générai dans la Sarthe, par
les amis de M. Caillaux (il y en a quelques-
uns dans ce département et même ailleurs).
On se souvient qu'au lendemain de sa dé-
faite, il s'en prit aigrement à notre con-
frère le « Bonhomme Sarthois y, qui avait eu
l'audace de dire que c'était bien fait pour
l'ancien radical passé au Bloc national et
pour l'ancien protégé de M. Caillaux, oublieux
de ses premières amitiés.
Le «Bonhomme Sarthois », à son tour, ri-
posta à cette provocation par une réplique
sévère où il était rappelé à M. Ajam que
c'était lui qui avait mis Bolo en relations
avec M. Caillaux. Le même journal évoquait
encore le souvenir d'une affaire «d'arbitra-
ge » au Venezuela, que Bolo avait confiée à
M. Ajam, moyennant de forts honoraires.
M. Ajam, après huit jours de réflexion, a
envoyé au « Bonhomme Sarthois » une recti-
fication qui ne rectifie pas grand' chose. En
ce qui concerne l'affaire du Venezuela, il dé-
clare « qu'elle rentrait absolument dans
l'exercice de sa profession d'avocat », et,
pour Bolo, il affirme que ce n'est pas lui,
mais le président Monier qui le présenta à
M. Caillaux.
Notre confrère, après avoir souligné que
M. Ajam essaie « d'équivoquer piteusement »
en disant qu'il n'a présenté Bolo à M. Cail-
laux que « par personne interposée », ajoute :
Mais à quoi bon discuter Monsieur Ajam ?
Il y a des pièces — vous le savez bien. —
n y a des lettres de vous à Boilo datées de
1911 et qui projettent une clarté aveuglante
sur le personnage que vous avez rempli. Il y a
vos dépositions, devant le sénateur Pérès tur
l'arbitrage vénézuélien, dont les avocats de M.
Caillaux ont certainement gardé copie.
Pourquoi discutailler petitement des éviden-
ces que nous n'avons soulignées que parce
que vous aviez outragé ?
Pourquoi ergoter ? Nous avons simplement
voulu montrer tout ce qu'il y avait de mons-
trueux (encore sommes-nous modérés) de votre
part à reprocher à M. Caillaux des relations
dont vous étiez responsable, puisque vous les
aviez suscitées.
Que vous ayez été trompé, mais cela va de
soi. Nous l'avons dit, nous le répétons.
Vous avez été trompé comme beaucoup d'au-
tres. Vous l'avez été d'autant plus facilement
qu'on vous avait tendu un hameçon doré au-
quel vous vous étiez empressé de mordre.
Nous attendons avec curiosité le « débal-
lage» des lettres auxquelles il est fait allu-
sion.
Nous pouvons au reste ajouter un détail à
ceux qu'a donnés le « Bonhomme Sarthois ».
C'est que, durant les troubles de Champagne,
en 1911, M. Ajam se rendit à Epernay en
compagnie de Bolo. Il y eut même à l'époque
des gens qui se demandaient ce que l'un et
l'autre venaient faire parmi les vignerons.
9 J. G.
UNE « CATASTROPHE »
Le beurre est à 1 fr. 50 la livre
Mais c'est en Angleterre !
Nous l'avons dit, il y a quelques jours, selon
les amis et admirateurs de M. Chéron, c'eût
été une « catastrophe » que le « cochon de
payant » pût acheter son beurre à deux francs
la livre.
Un de nos correspondants, qui habite-en
Angleterre, et qui est de retour en France de-
puis quelques jours, nous signale en effet quel-
ques prix intéressants (intéressants pour le
consommateur) qui sont pratiqués couram-
ment de l'autre côté de la Manche. Les voici :
Beurre * 1 50 le demi-kilo
Gigot de mouton 1 25 —
Gigot d'agneau 150 —
Tomate fraîche 0 40 —
Les autres denrées ou aliments sont à l'ave-
nant. En un mot, la vie est environ quatre
fois moins chère dans la patrie de M. Lloyd
George que dans la nôtre. Comme toutes les
statistiques d'ailleurs se plaisent à le signa-
ler, elle tend de plus en plus, chez les Britan-
niques, à revenir aux prix d'avant-guerre, dont
elle se rapproche beaucoup actuellement.
Mais nous y pensons : s'il en est ainsi, les
Anglais vont devenir de grands exportateurs
de beurre et de denrées alimentaires dans no-
tre pays.
Aussi ne reste-t-il à M. Chéron qu'un parti
à prendre. Pour protéger les Normands, à leur
tour envahis par les Anglais, il est de toute
urgence qu'il prenne un autre petit décret, ma-
jorant encore les droits de douanes. Si le con-
sommateur n'est pas content, il n'aura bien
entendu, qu'à s'en prendre à ces maudits
étrangers qui viennent faire à nos produc-
teurs un concurrence déloyale et qui, malgré
la hausse du change, trouvent moyen d'es-
sayer d'amener la baisse - sans renoncer pour
cela à leur petit bénéfice.
—————————— } — a.- ( ———————-r.——
LE DROIT DE PEAGE
dans le parc de Saint-Cloud
Le droit de péage n'est pas mort ! Savez-
vous que pour traverser le parc de Saint-
Cloud autrement qu'à pied, il faut payer. Il
faut payer quand on est cycliste, cavalier ou
automobiliste. Payer, chaque fois que vous
empruntez une allée du parc ou à l'année si
vous y passez quCtidiennement.
La chose peut se comprendre quand il s'agit
de touristes. Et encore.
Mais les habitants de Marnes-la-Coquette,
petite localité située en plein parc de Saint-
Cloud, ne se promènent pas toujours pour
leur plaisir. Ils ne peuvent quitter leur com-
mune sans pénétrer dans le parc. Qu'ils aillent
prendre le train à Garches, il faut qu'ils tra-
versent une partie du parc. Marnes est à un
kilomètre de la gare, une bicyclette peut donc
être jugée indispensable. Mais cela leur coû-
tera 50 francs par 'an.
Il y a là une injustice. Pourquoi faire payer
aux habitants de Marnes, un impôt qu'ils se-
ront seuls à subir. Quelque chose est à modi-
fier ; il semble bien que ceux qui usent par
nécessité des allées de ce 'beau parc, devraient
être exemptés de ce droit de péage, qui paraît
peu médiéval. — R. D.
L'ASSASSINAT DU MARECHAL WILSON
Les constquBnces palpes
du crime de Londres
paal êlre ? plus ps
La presse anglaise rend hommage
au disparu et flétrit ses assassins
La presse anglaise tout entière rend un
hommage ému au maréchal Wilson et, en par-
ticulier, à ses qualités militaires. Elle rap-
pelle son amitié avec le maréchal Foch et le
rôle de premier plan qu'il joua pendant la
guerre. Il s'agit d'un attentat politique où l'on
retrouve l'éternelle question d'Irlande.
Le Moming Post écrit :
aLa mort de sir Henry Wilson est une perte
presque aussi grande pour la France que pour
l'Angleterre. La France n'a jamais eu dans no-
tre pays d'ami plus sympathique ni qui ait
vécu avec elle en aussi bonne intelligence. »
Parlant des qualités de ce soldat anglais,
qui consacra les plus belles années de sa vie
à la préparation de la grande lutte, et des re-
lations amicales, qu'il a eues avec le maréchal
Foch. ce journal ajoute :
« Les Français pleureront sa mort comme
celle d'un des leurs. »
Le correspondant du Times à Belfast télé-
graphie : 7 -'- j
« S'il est prouvé que cet assassinat est im-
putable aux extrémistes du Sinn-Fein, la si-
tuation peut devenir rapidement très grave et
échapper au contrôle de sir James Craig. Déjà,
au cours des derniers mois, le gouvernement
4u Nord avait été impuissant à prévenir les
représailles d'attentats commis sur des oran-
gistes sans notoriété. Il est à craindre que
l'assassinat du maréchal Wilson, universelle-
ment respecté et admiré par les unionistes, ne
provoque des vengeances exaspérées, dont les
catholiques de l'Ulster seront victimes. »
D'après le Daily News, « il est Vraisembla-
ble que c'est au nom des sinn-feiners que le
"rime a été commis. Il est vrai que les diri-
geants des deux factions qui se trouvent aux
prises en Irlande n'ont pas trempé directe-
ment dans le crime, mais ils sont responsa-
bles des idées qu'ils ont semées, des eenti-
ments qu'ils ont soulevés ».
'Le Daily Telegraph croit que « le meurtre
du maréchal est un geste des extrémistes ir-
landais rendus furieux par leur échec aux
dernières élections ».
Les assassins devant le tribunal
Londres, 23 juin. — En conformité de la
procédure anglaise, les deux individus arrêtés
hier et auteurs présumés de l'assassinat du
maréchal Wilson ont comparu dans la mati-
née devant le tribunal de police de Westmins-
ter. Ils sont inculpés de meurtre avec prémé-
ditation sur la personne du maréchal Wil-
son et de tentative de meurtre contre deux
agents de police et un civil.
Les deux inculpés avaient la tête envelqp-
pée de pansements et leurs visage portait la
trâce des coups reçus hier.
Le ministère public fait savoir qu'il sera
peut-être nécessaire de demander au tribunal
d'empêcher la publication des noms et adres-
ses des témoins et certainement d'empêcher
que des photographies soient prises.
Après lecture de l'acte d'inculpation établi
par la police, les deux accusés se sont infor-
més de l'état des blessés. En apprenant qu'il
était aussi satisfaisant qu'on pouvait l'eftpê-
rer. ils ont exprimé leur satisfaction.
L'audience a été renvoyée à huitaine.
Au cours des perquisitions
on aurait découvert tout un complot
Londres, 23 juin. — Les perquisitions opé-
rées au cours de la nuit dernière, dans les
milieux irlandais de Londres, se sont pour-
suivies une partie de la journée d'aujourd'hui.
Seize personnes, dont une femme, ont été
arrêtées et conduites à Scotland Yard pour y
être interrogées. Toutes ces personnes auraient
été remises en liberté, à l'exception de la
femme, au domicile de laquelle, dit-on, on a
découvert une bombe incendiaire, des armes
à feu et des documents compromettants.
De source semi-officielle, on donne à enten-
dre que, parmi les documents saisis par la po-
lice, s'en trouve un qui révèle tout un com-
plot. ayant pour but l'assassinat de certaines
personnalités et, de façon générale, pour ins-
tituer en Angleterre une campagne terroriste.
La brigade volante de Scotland Yard s'est re-
mise en campagne aujourd'hui, pour recher-
cher les individus dont les noms se trouvent
dans les documents saisis.
La Chambre des Communes s'occupera lundi
de la question irlandaise
Londres, 23 juin. — A l'ouverture de la
séance d'aujourd'hui, à la Chambre des Com-
munes, M. Austen Chamberlain et M. Shortt,
secrétaire d'Etat au Home Office, ont été as-
saillis de questions au sujet de la tragédie
d'hier. La plupart de ces' questions avaient
trait à la négligence des autorités, qui ne
prennent pas suffisamment de précautions
pour empêcher des actes terroristes irlandais,
et ce, en dépit des avertissements qui leur
auraient été fournis.
Plusieurs députés se plaignirent de l'absen-
ce de M. Lloyd George. M." Austen Chamber-
lain leur expliqua que le premier ministre
assistait à une conférence importante. Il dé-
clara que la journée de lundi pourrait être
consacrée à un débat complet sur les affaires
irlandaises, si l'assemblée le désirait.
M. Chamberlain ajouta qu'il ne croyait pas
qu'il était opportun de répondre aujourd'hui
aux questions posées, les éléments de répon-
se manquant encore pour plusieurs cas.
Les condoléances officielles
Le président de la République a adressé le
télégramme suivant au roi d'Angleterre, à l'oc-
casion de l'assassinat du maréchal Wilson :
J'apprends avec une vive émotion l'assassi-
nat du field" marschall sir Henry Wilson et je
tiens à assurer Votre Majesté de ma doulou-
reuse sympathie
La mort si tragique de ce glorieux soldat
sera profondément ressentie par tous les Fran-
çais, qui n'oublieront jamais les sentiments
qu'il manifesta en tant d'occasions pour notre
pays et le rôle admirable qu'il y joua dans l'or-
ganisation de la victoire.
A. MILLEBA:-tD.
Le roi Albert de Belgique a également té-
légraphié au roi d'Angleterre pour lui expri-
mer l'indignation avec laquelle il a appris l'as-
sassinat du maréchal Wilson, qui a rendu de
si éminents services à la cause des Alliés, et
pour témoigner de la part qu'il prend du deuil
de la nation britannique.
Les souverains belges ont également télê-
graphié leurs condoléances à lady Wilson.
LA CONFÉRENCE DES EXPERTS
La délégation russe
arrivera
aujourd'hui à La Haye
I£tassine est retenu à Moscou
par la maladie de Lénine
La Haye, 23 juin. — Des nouvelles reçues
de Berlin dans la journée annoncent que la
délégation russe est partie pour La Haye.
Seul, Krassine, retenu à Moscou par la ma-
ladie de Lénine et par la réunion des com-
missaires du peuple pour les affaires exté-
rieures qui doit avoir lieu dans cette ville,
n'accompagne pas les délégués.
La délégation russe est attendu à La Haye
samedi soir entre 9 et 10 heures. Elle arri-
vera par train spécial à la gare de Schevv
ningue et gagnera immédiatement l'hôtel d'O
range où des appartements lui ont été réser.
vés.
Négociations italo-russes
et préparation d'un nouveau traité
Nous apprenons, de source sûre, que la
commandeur Giannini, délégué italien, a
quitté La Haye pour se rendre à Rome, por-
teur d'un, pouveau projet de traité italo-so.
viétique.
Ce nouveau traité serait établi sur les mô-
mes bases que le trait6 conclu entre les So
viets et la Tchécoslovaquie.
On se souvient que M. Giannini, dont il fut
beaucoup question à Gênes et qui est à la.
Consulta le bras droit de M. Schanzer, minis-
tre des affaires étrangères, avait déjà négo-
cié, de concert avec ce dernier, le premier
traité - auquel Tchitchérine avait donné son
approbation, mais dont le texte fut rejet6
par le gouvernement de Moscou.
M. Giannini aurait eu à La Haye une en-
trevue avec Ioffe dont la présence dans la
cité hollandaise est signalée depuis une hui-
taine de jours, mais dont la résidence a ét6
tenue, jusqu'à présent, secrète.
La délégation soviétique
demande une garde de police
La. délégation soviétique a fait demander
au gouvernement des Pays-Bas de mettre à
sa disposition, pendant son séjour à La Haye
un certain nombre de policiers spéciaux. Le
gouvernement néerlandais a répondu hier &
cette demande, en déclarant qu'il était dans
l'impossibilité de donner satisfaction à la re-
quête des délégués russes.
Le colonel Boyle à La Haye
On se souvient du colonel Boyle, représen-
tant de la compagnie pétrolifère Royal Dutch
Shell, et dont la présence à Gênes donna lieu
à de nombreuses rumeurs et vraisemblable-
ment à diverses tractations privées avec les
délégués des Soviets. Le colonel Boyle est
arrivé à La Haye, sans doute, pour continuer
avec les Soviets les pourparlers qui durent
déjà depuis un certain temps et qu'il avait
espérer mener à une conclusion décisive 4
Gênes.
'————————— ') c
LA REFORME DE L'ENSEIGNEMENT
Dans un beau discours
M. Herriot défend
la culture française
« Le Génie Grec, le Génie Latin et lo
Génie Français, dit-il, se complètent »
Une chaleureuse et presque unanime ova,
tion. à laquelle s'associa la Chambre presque
unanime, salua M. Herriot quand il descendit,
hier matin, de la tribune.
C'était justice, car, parmi tant d'excèllenta
discours prononcés au cours de cette discus-
sion, le sien fut certainement le meilleur,
moins peut-être par l'éloquence raffinée et sou-
ple de la phrase, ou même par la noblesse et
la générosité d'idées exprimées en de saisis-
santes formules, que parce que, plus que tous
les autres, il saisissait la question, la présen-
tait sous son véritable jour et la traitait dans
son ensemble sans se perdre dans les nuée* ni
descendre aux vulgarités de la polémique.
Il fit du décret une critique courtoise mais
serrée ; et si la logique doit l'emporter. M.
Léon Bérard devra, soit accepter une transac-
tion. soit renoncer à son décret. — Oui, mis
il y a à la Chambre tant de députés qui se éé-
elarent partisans enragés du latin pour faire
croire qu'ils le savent.
LA SÉ-AJSTOE
Le dix-huitième orateur, M. Herriot, est un
défenseur de l'enseignement moderne et un
adversaire du système ministériel. Après avoir
déclaré que, se renfermant dans les limites
du sujet en discussion, il ne parlera que de
la réforme de l'enseignement secondaire, il
précise le caractère de l'organisation univer-
sitaire actuelle. M. Bergeret, dit-il. l'a dunie
en quelques phrases très précises : « Il a com.
paré l'université à une architecture composite
compliquée dont le fronton de style empire
repose sur un portique jésuite, qui possède
des galeries de rocaille, des colonnades comme
J" Louvre, des escaliers Renaissance, une
caJle gothique, une crypte romane et des ron.
dements dans lesquels on pourrait retrouver
l'opus spicatum et le ciment des Romains ».
A maintes reprises, poursuit l'orateur; on
a tenté de mettre plus d'harmonie dans cette
"onstruction. La dernière réforme, celle de
1902. mrécédée d'une longue enquête, fut una-
nimement approuvée par les intéressés. Ea
«era-t-il de même de celle conçue par le mi-
nistre ? Il n'y paratt guère, car, tour à tour.
les professeurs de lycées, ceux de la Soxbomw
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