Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-23
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 juin 1922 23 juin 1922
Description : 1922/06/23 (N16398,A46). 1922/06/23 (N16398,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7512782s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
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tA * LANTERNE » DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
Le Numéro : 18 cm-
ABONNEMENTS lan (M. S m.
Seine et S.-et-O. « t 13 > T »
France et Ooho. 2S » li » T t"
Etranger 65 » 28 » 15 »
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La Lanterne
46' ANNEE - N" 16.398
VENDREDI
23
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
Lu manuscrite mon inséré*
ne sont pas rendus
Pour nos frères
Kabyles
Et voici le fait le plus inouï dans l'his-
toire de la France :
Des fils de vaincus reprennent con-
fiance dans le sein même de la nation
conquérante ; ils s'appliquent, ils se dé-
vouent, ils ne demandent qu'à vivre
dans l'ordre et la loi édictés par le vain-
queur ; grâce à leur esprit honnête, la-
borieux et économe, ils s'établissent
sous l'égide même du drapeau qui l'em-
portât sur le leur, ils renoncent à toute
intention de révolte en achetant des ter-
res et des maisons, et, pour en acheter
plus encore, ils deviennent davantage
industrieux, adversaires de tout ce qui
peut porter le trouble et causer la ruine,
ils se solidarisent ainsi de plus en plus
étroitement avec les fil-s de leurs vain-
queurs, — et ces fils de vainqueurs, au
lieu de s'enorgueillir de cette victoire
morale plus magnifique que toutes les
victoires de sang et de tueries, au lieu de
tendre la main pour une réconciliation
définitive et une œuvre commune de
paix et d'amour, s'indignent de voir ces
tfil-s de vaincus acheter des terres et des
maisons qu'eux-mêmes leur vendent,
Ils s'en plaignent à des ministres, ils
jettent des cris d'alarme, proclament
que, de par l'action de ces fils de vain-
cus, la souveraineté de la France est
mise dans le plus grave péril, l'écho en
arrive jusqu'au Parlement, et M. le sé-
nateur Maurice Ordinaire en entretient
la Commission des affaires étrangères
du Palais- du Luxemfbourg !
Oui, à l'heure actuelle, des Kabyles,
beaucoup de Kabyles achètent des terres
et des maisons, beaucoup de terres et de
maisons dans la Kabylie même.
Ah ! cette région où vivent les descen-
dants de Mas-sinissa, de Syphax et de
Jugurtha, ces montagnes héroïques et
légendaires qui, toujours, se dressèrent
en indomptable lutte contre les Césars
de Rome ! La noble et fière Kabylie fut
sans cesse jalouse de son indépendance;
sans cesse, a travers les siècles, elle ré-
sista 4 toutes les invasions, elle se consi-
dérait comme imprenable dans son fa-
rouche amour de la liberté, — mais la
France vint qui s'empara d'elle en 1857.
- Quelques années après, en 1871, la
•Kabylie espéra recouvrer son affran-
chissement, elle se révolta, mais dans
Une dignité qui force l'admiration miê-
me de l'histoire : tant que la FranceTut
en guerre avec l'Allemagne, elle ne vou-
lut faire entendre aucune revendication,
elle attendit la fin de la guerre qui se
déroulait en Europe pour lever l'éten-
dard de l'insurrection ; mais, encore uqe
fois, le -sort des armes devait être favo-
rable à notre pays, — et les Kabyles s'in-
clinèrent devant la fatalité.
Mais la France est la nation généreuse
par excellence, ses conquêtes ne sont
pas des conquêtes d'égoïsme et de proie ;
c'est l'honneur, c'est la gloire sublime
de la France de se montrer fraternelle
dans la victoire. Son drapeau flotte sur
toute la Kabylie, mais cette indépen-
dance dont les Kabyles furent, à tra-
vers les siècles, si jaloux pour leurs
belles montagnes, la France la respecte;
les Kabyles 'sont aujourd'hui, comme à
travers tous les temps, libres dans leurs
croyances morales, libres dans leur tra-
vail, libres dans leurs biens, — et c'est
là le plus splendide titre que, devant
leurs consciences, puisse établir notre
pays.
Et les Kabyles, dont l'intelligence est
aussi haute que l'âme, *l'ont compris.
Leur adhésion à la patrie ffançaise s'est
faite dans toute la noblesse, dans toute
l'élévation des -sentiments qui caracté-
risent leur peuple ; ils ont, de tout cœur
et de tout esprit, accepté notre langue et
notre instruction, — et les fils même de
ceux qui s'insurgèrent contre la France
en 1871 sont accourus, dans les tran-
chées et dans les usines, défendre leur
patrie adoptive contre l'agression alle-
mande.
Ils ont ainsi effacé le passé de révolte
et ils se sont ainsi grandis devant notre
conscience nationale.
Puisque les fils des vaincus par la
France en 1857 et en 1871, sont, eux aus-
si, devenus de nos jours les fils de la
France, ils ont, parmi nous, comme
nous, l'imprescriptible droit de cité; oui,
il faut le proclamer hautement, ils 'sont
nos frères et nos égaux.
Ah ! les ifrères admirables qui, sur
tout le parcours du Président de la Ré-
publique parmi eux, n'ont demandé
qu'une chose : l'instruction française
afin de devenir encore plus dignes de la
France !
A cette France, ils apportent toutes les
qualités que prônent nos éducateurs et
que nous magnifions dans toutes nos
écoles : l'amour du berceau natal, de la
terre nourricière, l'amour du travail, de
l'ordre, de l'économie, ils donnent
l'exemple du caractère le plus indus-
trieux qui soit au monde. Quand l'orage
fait écrouler la récolte attendue et jus-
qu'à la terre elle-même, quand tout sem-
ble achevé dans une suprême chute, mi-
racle dû seulement à l'amour de la mon-
tagne, du désastre final naît la résurrec-
tion même : les Kabyles descendent
pieusement d'ans le ravin fatal, repren-
nent la terre que leur ravit l'orage, la re-
portent et l'étendent sur le flanc dévaste
pour qu'y germe, à nouveau, la victoire
des champs.
Et des Français d'Algérie leur impu-
tent à crime d'acheter les habitations et
les campagnes dont leurs pères, de par
la loi de la guerre, furent dépossédés.
Et qui donc leur vend, — à bon prix, —
ces habitations et ces campagnes si co
m'est ces mêmes Français d'Algérie ?
Velle est cette ministre comédie où
l'on prétend mêler la souveraineté de la
France, souveraineté qui n'est mise en
question que pour satisfaire aux plus
bas motiifs d'une politique égoïste et
tendancieuse, souveraineté qui est im-
prescriptible et que nul ne conteste en
Kabylie même ?
Par le rayonnement qu'elle subit du
littoral méditerranéen, par sa proximité
des grandes villes où se développent les
progrès modernes et notre civilisation,
par l'instruction française qui s'y pro-
page et qui peut être propagée à l'infini,
la Kabylie devient une région essen-
tiellement française.
Devons-nous en chas'ser nos frères
Kabyles ? La France ne se déshonore
pas ainsi ! Devons-nous maintenir les
Kabyles dans un état d'esclavage ? La
France, encore une foi-s, ne se déshonore
pas ainsi !
Tout Kabyle qui achète un lopin de
terre est un révolté de moins, est un être
humain qui demande à vivre, avec sa
famille, dans l'ordre, dans le travail -<'
dans la paix ; il reconnaît par là-même
la prépondérance française dont il béné-
ficie, de par son propre bien-être ; il en
est jaloux, — et la confiance qu'il témoi-
gne ainsi à la France, la France doit
aus'si la lui témoigner.
Nous en avons assez de toutes ces
questions de race et de religion qui dé-
solent, qui divisent, qui meurtrissent no-
tre Algérie aimée ; l'Algérie a besoin
d'amour et de paix pour travailler et
prospérer ; tous ses fils, catholiques,
jui,fs ou musulmans, sont ses fils, et
tous ces fils, accomplissant les mêmes
devoirs, ont les mêmes droits.
Jean MELIA.
————————— ? CD.- ( —————————
La diffamation
Il ne suffit plus que M. Groussau, porte-pa-
role du Saint-Siège, demande des subventions
à l'Etat pour les écoles libres — c'est-à-dire
les écoles congréganistes; les droitiers, pous-
sant plus oultre, passent à la diffamation.
Hier un de ces députés élus dans la Haute-
Saône, par une singulière et redressable er-
reur du suffrage universel, entreprenait de
dresser le procès de l'école laïque.
Il fallut deux heures à M. Gay pour pro-
noncer le réquisitoire le plus ridicule que ja-
mais procureur ait jamais pu imaginer. Pé-
remptoire et d'ailleurs mensonger, ce bavard
intarissable stigmatisa l'immoralité de l'école
sajos JQieiir iLdénonça les instituteurs coupa-
bles de nous préparer une génération d'apa-
ches — le mot n'a pas été dit par ce bon apô-
tre - mais nous avons tous compris.
Mis en demeure de produire la preuve de
ses affirmations, M. Gay s'est souvenu de la
méthode d'Escobar, il s'est dérobé par l'er-
gotage le plus lamentable.
M. Léon Bérard a dû prendre la défense de
l'école laïque — fonction oblige — il a d'ail-
leurs constaté que les faits allégués par le dé-
puté clérical étaient pour le moins incontrôla-
bles, sinon totalement faux.
Evidemment on ne peut pas prendre au sé-
rieux le tort teausé à l'école laïque par les ca-
lomnies d'un paroissien comme M. Gay, mais
il faut retenir cette intervention grotesque à
titre d'indication. Ce n'est pas un tirailleur
isolé, un chevau-léger de l'Eglise qui entre en
ïice, c'est une campagne qui se développe; la
guerre est déclarée à l'école républicaine, c'est
à cet acte que devait aboutir la politique du
Bloc national.
Quand la Chambre du B. N. exigea, selon
le pacte signé par les républicains défaillants,
le rétablissement des relations avec le Vati-
can, nous avons vu fclairement qu'il s'agis-
sait là d'un commencement. le plan total
s'exécute. L'ambassade auprès du Saint-Siège
est rétablie, mais les messieurs prêtres ne veu-
lent pas que le Bloc national soit quitte à ce
prix. Il leur faut la R. P. scolaire qui dégrè-
vera leur budget de quelques millions, les-
quels deviendront disponibles pour leurs cais-
ses électorales; ils veulent l'abrogation des
lois contre les moines d'affaires et les moines
ligueurs, etc., etc.
Très bien! l'épreuve est excellente, nous
aurons bientôt l'occasion de compter les ré-
publicains du Parlement.
F. H.
1 > — E ——————————————..
Le procès des fusillés de Flirey
ne sera pas révisé
Le 19 août 1915, à Flirey, une défaillance
s'étant produite parmi quelques éléments du
63* régiment d'infanterie au moment de par-
tir à l'attaque, quelques hommes arbitraire-
ment désignés pour servir d'exemple, furent
traduits devant la Cour martiale pour refus
d'obéissance devant l'ennemi et passés par
les armes. C'étaient le caporal Antoine Mo-
range, et les soldats Félix Baudy, François
Fontaneaud et Henri Prebost.
En vertu de la loi d'amnistie de 1921, la
Cour de Cassation était .saisie hier d'une pro-
cédure de revision en faveur de ces victimes
de la justice militaira.,
Mais sur le rapport du conseiller Courtin,
et malgré la plaidoirie de M* Nicolai. la Cour
Suprême a déclaré qu'il n'v avait pas lieu à
révision
Son arrêt est basé sur les aveux des qua-
tre soldats qui auraient reconnu avoir reçu
l'ordre de quitter la tranchée et n'avoir pas
obéi.
La Cour ajoute en substance que le fait
qu'une sélection ait été faite entre les cou-
pables n'enlève rien à la régularité de la
sentence qui a frappé ceux qui ont été choi-
sis pour l'expiation.
LIRE TOUS LES LUNDIS
Le Courrier des Loyers
et des
Habitations à bon marché
-
LES MYSTÈRES DE LA VIE CHÈRE
UNE MP!PTP MNH!? ni! !t~
UNE mîiui i in
de dififeade à ses aelioBnaif es
Est-c? pour cela que la chaussure
est à un prix si élevé ?
Oui, la vie chère a de bien étranges mys-
tères.
On sait que M. Desvaux, conseiller muni-
cipal de Paris, qui a la spécialité de dénoncer
les scandales des bénéfices exagérés, doit, à la
prochaine réunion des édiles parisiens, adres-
ser à M. le préfet de police une question con-
cernant « une société qui s'occupe de fabrica-
tion et de ventè de chaussures et qui aurait,
pour son dernier exercice, distribué à ses
actionnaires un dividende de 900 francs par
action de 1.000 francs, ce qui, à son avis, cons-
tituerait le délit de bénéfice illicite ». M. Des-
vaux n'a point nommé la société en question ;
mais elle avait été déjà désignée en toutes let-
tres non seulement par certains organes finan-
ciers, mais encore par une grande agence d'in-
formations, dans une sorte de « communiqué »
qui ressemblait fort à un bulletin de victoire.
destiné aux heureux actionnaires appelés à
toucher du 90 0/0.
Il s'agit simplement de la Société des chaus-
sures Raoul.
Décidément, depuis que la Raffinerie Say a
dcnné l'exemple (à propos, où en est donc
l'instruction ouverte sur les agissementsfcûes
sucriers ?) la mode tend à se répandre sui-
vant laquelle une société réalise des bénéfices
égaux — ou presque — à son capital, quand
ils ne le dépassent pas. Ce que noua avons dit
ici du sucre, nous pouvons le répéter pour la
chaussure. Si la maison Raoul distribue 900
'fr.. de dividende pour 1.000 fr. de capital, le
prix des souliers n'aurait-il pas été enflé dans
des proportions formidablement excessives
.pour In arriverà un résultat financier aussi
« brillant » ou même aussi « stupéfiant »,
comme on dit à la Say ?
On poursuit tous les jours de petits com-
merçants coupables d'avoir vendu avec 30 ou
40 0/0 de 'bénéfice. Il serait peut-être plus
intéressant que M. Leullier — puisque c'est à
lui que M. Desvaux s'est adressé — regardât
de près (avssi bien que le fisc d'ailleurs) dans
les comptes profits et pertes qui se soldent
par des gains tout simplement fantastiques.
Pour parer à l'impression désastreuse qu'ont
produite ses décrets, M. Chéron, lui-même, a
annoncé qu'il rechercherait et s'efforcerait
d'atteindre la spéculation où qu'elle se trouvât.
Il serait temps vraiment qu'il mît en branle
l'action publique.
Le plus fort d'ailleurs, si l'on en croit la
Vie financière, c'est qu'au cours de l'assem-
blée générale de la Société des Chaussures
françaises, qui possède 260 sur 300 des actions
Raoul, un actionnaire aurait demandé à con-
naître le bilan des chaussures Raoul et se
serait vu opposer par le conseil d'administra-
'.tion une fin de non recevoir formelle.
Il est à espérer du moins que la communi-
cation souhaitée par cet actionnaire ne sera
pas refusée à Qui-de-droit et que la curiosité
ide M. Desvaux sera pleinement satisfaite d'ici
peu. Après quoi, en attendant mieux, on aura
le droit de souhaiter une baisse du prix de la
chaussure, même si le bénéfice de 90 0/0 doit
s'en ressentir.
P. V.
> —————.————
LA CONFÉRENCE DE LA HAYE
C'est la procédure française
qui sera suivie
pour discuter avec les Russes
La Haye, 22 juin. — Les experts ont réglé
à La Haye la procédure à suivre pour le
travail des sous-commissions qui se réunis-
sent aujourd'hui.
Chaque expert délégué à une des trois sous-
commissions de crédit, de dettes et des biens
privés sera invité à adresser au président
de ces sous-commissions les questions d'or-
dre public qu'il désirera faire.
Quand les experts non russes se réuniront
avec les experts russes, on enregistrera les
réponses de ceux-ci aux questions ainsi po-
sées ; puis les experts non russes examine-
ront entre eux si de ces réponses peuvent
se dégager des bases de discussion. Enfin,
le principe a été admis de ne soumettre aux
experts russes que Jes questions sur les-
quelles les autres experts seront tombés d'ac-
cord au préalable. -,
Ainsi se trouve institué l'examen préalable
par les experts non russes des questions à
soumettre aux experts russes et reconnue la
nécesité d'un accord également préalable
des experts non russes sur ces questions.
Il est à remarquer que c'est la procédure
préconisée dans .le mémorandum du gouver-
nement français qui obtient ainsi satisfac-
tion.
Le point de vue de Moscou
Moscou, 22 juin. — La Pravda a publié
dans les numéros du 13 et du 19 juin deux
articles qui indiquent quel doit être à La
Haye le point de vue de la délégation russe.
On y lit notamment que le mémorandum
russe du 11 mai constitue la charte des droits
imprescriptibles du prolétariat russe, droits
que ne saurait effacer aucune revendication.
Les capacités de paiement de la Russie sont
en raison directe de son relèvement écono-
mique, lequel est lié à l'aide technique et
financière qui lui sera accordée par les puis-
sances occidentales. La Rus^e proportion.
r.era ses concessions aux crédits qui lui se-
ront offerts.
Le départ des délégués des Soviets
Riga, 22 juin. — Les délégués bolchevistes
à la Conférence de La Haye, Krassine, Lit-
vinoff, Rakowsky, ont quitté Riga pour Ber-
lin, d'où ils se rendront à La Haye.
Une déclaration de Litvinoff
Moscou, 22 juin. — Les Izvestia publient
une déclaration de Litvinoff, chef de la délé-
gation russe à la conférence de La Haye, au
sujet de cette conférence. Celle-ci, d'après son
opinion, n'aurait de succès que lorsque les
puissances occidentales auront consenti à con-
clure un accord avec Ces Soviets au sujet de
la question des crédits et de reconnaître la
souveraineté de la Russie aussi bien que de
son gouvernement actuel. La délégation russe
se rend à La Haye avec le ferme dessein de
défendre les conquêtes de la révolution et la
souveraineté du gouvernement soviétique.
« La Russie a affirmé Litvinoff, se réta-
blit peu â peu et, au besoin, saura se passer
des crédits étrangers si on lui demande. de
trop grands sacrifices pour l'obtenir. ».
LE RENFLOUEMENT DE LA B.I.C.
LE SYSTÈME
DE LA SOCIÉTÉ
DE GÉRANCE
Nos lecteurs savent les bases du projet
Porte que nous leur avons fait connaître, aus-
sitôt qu'elles ont pu être divulguées. Notre
confrère la « Liberté » signalant la réunion
de la commission interministérielle dont nous
avons donné la composition, ajoute les dé-
tails suivants:
c Cette Société de gérance assumera plu-
sieurs rôles bien définis: 1° elle interviendra
comme gérante agissant en son nom et sous
sa Responsabilité pour poursuivre les opéra-
tions de la B. I. C. au siège et dans toutes
les agences qui seront maintenues; 2o elle
sera constituée comme mandataire à l'effet
de gérer certains éléments de l'actif, pour-
suivre le recouvrement des comptes débi-
teurs dont le solde aura été reconnu, négo-
cier tous règlements des comptes débiteurs
non reconnus, et faire tous arrangements
sous réserves de l'agrément de la B. I. C.
Toutefois, cet agrément ne serait pas néces-
saire pour les prolongations n'excédant pas
deux années.
c La Société de gérance se réservera, lors
de rétablissement de l'inventaire, le droit
de n'accepter ledit mandat qu'en ce qui con-
cerne les opérations concordant avec son ob-
jet propre, les éléments d'un caractère pu-
rement contentieux ou présentant des diffi-
cultés particulières seront retenus par l'an-
cienne société de la B. I. C., dont le Conseil
d'administration continuerait la gestion.
c La Société de gérance conserverait dans
toute la mesure du possible le Dersonnel de
la B. I. C. Le fonds de roulement serait cons-
titué par un prélèvement de 50 millions sur
les disponibilités de la B. I. C. lors de la
mise en vigueur du contrat.
« La rémunération de la gérance se ferait:
lo AU moven d'une commission à détermi-
ner lors de l'établissement du contrat défini-
tif (vraisemblablement 1 pour 100 sur les
recouvrements.) : 2° par une rémunération
forfaitaire représentant un intérêt de 8 pour
100 sur lè montant versé sur son capital ac-
tions, soit à l'origine, 200.000 francs du pré-
lèvement annuel qui se ferait sur le solde
créditeur éventuel du compte profits et per-
tes de la gérance. Dans le cas où ce solde
serait débiteur, la gérance retiendrait cette
rémunération sur le produit du compte réa-
lisations.
« La répartition des bénéfices se ferait de
la façon suivante: Io 5 pour 100 2u la réser-
ve; 2° commission forfaitaire à la -Société de
eérance: 3o réserve spéciale jusqu'à concur-
rence de 10 millions. Sur le solde, 95 pour 100
reviendraient à la B. I. C., et 5 pour 100 à la
Société de gérance à titre de rémunération
supplémentaire.
« Le règlement du passif s'effectuera de
la manière suivante: lo on offrira aux créan-
ciers un paiement en espèces de 100 pour
100 du principal, sans, intérêt, en vingt-cinq
années, à partir de l'expiration du premier
exercice suivant l'homologation du règle-
ment transactionnel; 2° il leur sera réservé,
en outro, une option sur les parts bénéficiai-
res, donnant droit annuellement à l'attribu-
tion d'une partie des encaissements effec-
tués par la B. I. C., chaque part correspon-
dant à une créance de 500 francs. Il sera
créé un marché sur ces parts. En ce qui con-
cerne les créances d'Extrême-Orient, elles
seraient remboursées par l'émis.sion de bons
6 pour 100 or provenant du monnayage de la
créance de l'Etat français sur la Chine, re-
présentant l'indemnité des Boxers.
« Enfin, en ce qui concerne la libération
des actions de la B. I. C. dont la deuxième
moitié reste due par les souscripteurs, leur
!paiement deviendrait aisé par suite de la
Teprise des cours, qui atteindraient vraisem-
'blablement le montant restant dû. La libéra-
tion des titres souscrits par le gouvernement
chinois serait effectuée au moyen de la re-
mise par la B. I. C. de bons prélevés sur le
monnayage de l'indemnité des Boxers ».
Ce projet est, comme nous l'avons dit
d'une remarquable ingéniosité, mais encore
faut-il qu'il ne soit pas combattu par M. Par-
mentier, dont la toute- puissance peut faire
échec à toutes les combinaisons. M. Thion
veille au grain! et le.s administrateurs con-
cussionnaires de la Banque de llndo-Chine
font une neuvaine, sous la direction de M. de
Montplanet.
Pierre DIONNE.
r
La Société de gérance de la B. I. C.
est créée
Un accord de principe est intervenu hier
soir, au sein de la Commission interminis-
térielle, chargée de se prononcer sur le pro-
jet présenté par M. Porte, président du Tri-
bunal de Commerce et juge délégué au rè-
glement de la B. I. C.
Quelques points de détail restant encore à
régler, ce n'est qu'après une dernière réunion
qui se tiendra ce matin au ministère des Fi-
nances que l'accord définitif sera conclu. La
nouveau projet comporte la création d'uno
société de gérance chargée d'assurer l'ex-
ploitation des agences de l'ancienne banque
Le chiffre du capital qui sera d'un mini-
mum de 10 millions n'est pas encore fixé.
Cette société sera dirigée par un conseil
d'administration de 7 ou 8 membres, tous
Français, dont la désignation sera faite très
prochainement.
Ajoutons qu'à la fin de la journée d'hier,
M. de Lasteyrie, ministre des Finances a con-
voqué M. Griollet, administrateur général de
la Banque de Paris et des Pays-Bas, dont l'é-
tablissement financier est à la base du re-
lèvement de la B. I. C., et lui a fait part de
la décision de la Commission-
Le rapport Cruchon sera publié
La commission chargée de statuer sur la
demande de levée de l'immunité parlemen-
taire de M. Calary de La;mazière, s'est, réunie
hier sous la présidence de M. Ignace et a
commencé l'examen du rapport de M. Guibal.
Elle a décidé, par 6 voix contre 1 et 1 abs-
tention, de publier, en annexe au rapport, la
sténographie des déclarations de M. Calary et
du garde des sceaux ainsi que le procès-verbal
de l'interrogatoire de M. Cruchon par le
substitut du procureur de la République, lors
de la remise à celui-ci de son rapport.
En outre, la commission a décidé par 5 voix
contre 2 et 1 abstention la publication du rap-
port Cruchon.
Elle a enfin résolu de s'ajourner là aujour-
d'hui.
Adoutons que M. Calary avait demandé à
être entendu de nouveau hier par la commis-
sion. Il le sera aujourd'hui.
CRIME POLITIQUE A LONDRES
LE FELB-MilîâL WILSON
est assise par fes Irlandais
Il fut abatfu à coups de revolver
en rentrant chez lui
Londres, 22 juin. — Le feld-maréchal sir
Henry Hughes Wilson a été assassiné cet
après-midi à Londres. Les détails manquent
jusqu'à présent. On sait seulement que le
feld-maréchal Wilson a été frappé au moment
où il sortait de son domicile. Le meurtrier
serait un Irlandais.
Détails sur le crime
Londres, 22 juin. — Le maréchal sir Henry
Wilson, qui a été assassiné à Londres cet
aorès-midi, a été frappé par les sinn-feiners.
T.e crime a été commis vers 14 h. 40. Le ma-
réchal, qui venait de présider à l'inaugura-
tion d'une plaquette commémorative à la mé-
moire des employés de la Great Eastern Rail-
way C°, rentrait à son domicile, 36, Eaton
Place, dans le voisinage de la gare de Victo-
ria. Comme H descendait de voiture et allait
pénétrer chez lui, deux hommes descendirent
brusquement, revolver au poing, d'un taxi ar-
rêté juste en face et ouvrirent le feu sur lui.
Le maréchal, encore sur le seuil de sa porte,
fut atteint par les projectiles, et tué net. On
le vit tomber de son long sur le trottoir.
Le coup était prémédité
De nombreuses versions du crime circulent
déjà dans Londres. Toutes s'accordent à cons-
tater que le maréchal a été victime d'un coun
prémédité. Le taxi, dans lequel avaient pris
place les assassins, faisait depuis quelque
temps déjà la navette dans la'rue où se trouva
située la demeure du maréchal et les meur-
triers guettaient manifestement l'arrivée de
leur victime.
La poursuite des assassins
Le premier moment de ftupeur passé, le
taxi des assassins avait déjà disparu. On vit
un agent, le visage ensanglanté, se mettre à la
poursuite du véhicule et tâcher de ne pas
perdre sa trace. iBentôt, un détective, attiré
sur les lieux par le bruit des détonations, se
joignit à lui, ainsi que des ouvriers qui tra-
vaillaient dans le voisinage et un certain nom-
bre de passants.
Arrestation des assassins
La chasse 'aux bandits fut menée avec vi-
gueur, et les meurtriers, serrés de près, firent
ta nouveau usage de leurs revolvers. Un des
agents tom'ba frappé d'une balle à la poi-
trine. Le détective également fut blessé d'une
balle à la cuisse. Mais l'alarme avait été don-
née, et bientôt, d'un poste de police voisin,
tous les agents qui se trouvaient là sortirent,
armes en main, et dans la tenue où ils étaient
au moment même. Un certain nombre étaient
en manches de chemise. Réquisitionnant autos
et taxis, ils précipitèrent la poursuite et parvin-
rent à cerner les assassins. Ils eurent ensuite
de grandes difficultés à les arrêter, et sur-
tout à les protéger, une fois qu'ils s'en furent
emparé, contre la foule qui voulait les lyn-
cher
Les meurtriers étaient couverts de sang lors-
qu'ils arrivèrent à la station de police, où un
«reporter déclara les avoir vus étendus sur
le parquet.
En outre des deux agents plus haut signa-
lés, un civil a été également blessé. Tous trois
sont à l'hôpital
Leurs noms
Daus un communiqué officiel, Scotland Yard
dit que les assassins sont des Irlandais d'ori-
gine, nommés O'Brien ou *Mac Brien, et James
Connolly. Les revolvers trouvés en leur pos-
session étaient du modèle usité dans l'armée.
L'émotion à la Chambre des communes
Londres, 22 juin. — La nouvelle connue
cet après-midi à la Chambre des communes,
a provoqué une émotion profonde. M. Lloyd
George, qui était particulièrement affecté
par ce meurtre, ne put répondre à une ques-
tion qui lui était posée.
M. Asquith prononça quelques paroles et
traduisit les sentiments éprouvés par tous
les membres des Communes, en présence de
cet attentat. L'orateur retraça, en termes
émus, la carrière du feld-maréchal Wilson,
« un des plus grands généraux du monde,
lâchement assassiné ».
M. Chamberlain, après avoir donné les dé-
tails de l'attentat, rappelle ensuite que le
maréchal Wilson fut l'un des hommes qui
contribuèrent le plus puissamment à la vic-
toire, dans la dernière guerre.
M. Chamberlain conclut :
« J'ai été honoré de son amitié pendant
de nombreuses années et tous les députés de
cette Chambre qui se souviennent de sa car-
rière éminente dans un autre domaine, qui
l'ont accueilli dans cette enceinte et qui ont
écouté ses paroles auront, comme moi, le sen-
timent que ce n'est pas là seulement un
deuil national; mais pour nous, en tant que
membres de cette Chambre, c'est un deuil
personnel.
« J'espère que c'est le désir général de la
Chambre, quels que soient les précédents,
que, dans les circonstances spéciales actuel-
les la Chambre lève sa séance en signe de
profond respect pour notre collègue et de
sympathie profonde pour sa veuve. »
La séance est alors levée.
*
**
Le feld-maréchal Wilson est né au mois de
mai 1864 en Irlande. Vingt ans après, en 18S4,
il entrait au régiment Royal Irlandais. L'année
suivante il était envoyé aux Indes et prenait
part à la campagne qui se développait alors
dans cette contrée. Il y resta jusqu'en 1892. En
1894, on le voit capitaine et il fait partie, jus-
qu'en 1S97, de l'Etat-major où il est affecté au
service des informations. De 189'9 à 1900, il est
en Afrique où il prend part à. la campagne du
Sud-Africain.
Dans la suite, il occupe successivement plu-
sieurs postes importants dans la direction de
l'armée britannique et, notamment, de 1910 à
1914 il est directeur des opérations militaires
au quartier général.
La guerre mondiale éclate et durant la pre-
mière année des hostilités, le maréchal Wil-
son sert dans une unité britannique. Il est nom-
mé alors grand-officier de la Légion d'hon-
neur. Lorsque le Conseil supérieur de guerre
interallié se forme au mois de novembre 1917,
il y est nommé comme représentant du gouver-
nement britannique. En février 1918, il est nom-
mé chef d'Etat-major général en remplacement
du maréchal William Robertson. Il fut l'un des
créateurs du Conseil, de Versailles et reçut en
juillet' 1919 son titre de feld-maréchal.
Les opérations de l'armée britannique en Ir-
lande dans lesquelles le feid-maréchal Wilson
avait une grande responsabilité, n'avaient pas
peu contribué à lui aliéner certains milieux
irlandais. Les opérations de Pettigoe avaient
encore exalté certains esprits. Il est possible,
également, que les polémiques auxquelles ont
donné lieu les élections aient contribué à cette
exaspération qui a armé le bras du meurtrier.
LES ETONNEMENTS DE NOS HOTES
CE QU'IL FAUT
RETENIR
D'UNE VISITE
Les municipalités de Stockholm et de Co
penhague nous ont quittés hier soir. La Suède
et le Danemark passent pour des pays fort
civilisés, plus que le nôtre peut-être. Aussi les
compliments et l'admiration qu'ont témoignés
les hôtes de la Ville de Paris, au cours de leur
visite dans la capitale, nous sont-ils agréables.
Mais les reproches sont souvent plus utiles
que les complimente. C'est de ces reproches,
qui se sont exprimés par de l'étonnement, que
j'entends parler.
Qu'est-ce qui a le plus .surpris les édiles sué-
dois et danois au cours de la visite qu'ils vien-
nent de faire ? M. Œsterberg, secrétaire de la
délégation danoise, l'a déclaré avec sincérité :
« On ne voit pas assez, dans Paris, de fenê-
tres ouvertes et d'enfants jouant sur les pla-
ces publiques. »
Un grand concours pour le développement,
en France, de la natalité, est ouvert. Je pro-
pose aux concurrents cette observation comme
un sujet de dissertation. Il est certain que
nous avons beaucoup à apprendre sur le ter-
rain de l'hygiène, que nous ne faisons pas as-
sez de places pour les ébats des tout petits, et
que ceci influe grandement sur la natalité.
Autre sujet d'étonnement : le téléphoné.
— Tout le monde est abonné au téléphone à
Copenhague, dit M. Œsterberg. Notre annuaire
est beaucoup plus gros que celui de Paris.
« On vous réveille le matin, on vous donne
l'heure quand votre montre est arrêtée ; on
inscrit et on vous réserve les communications
laites en votre absence, et les bambins qui
font leurs devoirs, en rentrant de l'école, grim-
pent sur une chaise, décrochent le Técepteur
et demandent à un camarade quel résultat il a
trouvé au bout de son problème. »
Il est fort probable que l'abonnement au té-
léphone est, à Copenhague, moins cher qu'à
Paris. Ici s'opposent deux conceptions commer-
ciales. L'une — celle qui nous régit — qui
consiste à faire, par l'importance du prix de-
mandé, une sélection d'abonnés, qui paraît
penser qu'il y en a toujours trop. L'autre -
celle pratiquée au Danemark — qui veut, au
contraire, grouper le plus d'abonnés possible
et qui, pour cela, fait payer le moins cher pos*
sible.
Quelle est, de ces deux conceptions, la meil-
leure ? L'expérience est faite. Avoir le télé-
phone à Paris constitue un véritable luxe, et
les usagers sont mal servis. Au Danemark,
comme en Suède et Norvège du reste, télépho-
ner devient en comparaison un véritable plai-
sir, et les demoiselles préposées à la surveil-
lance dets standards croient de leur devoir
strict de vous prévenir que M. un tel vous a té-
léphoné en votre absence et vous proposent de
l'appeler au bout du fil.
Allez donc demander à. Guten-berg ou 4
Passy si on vous a sonné pendant que vous
n'étiez pas l'à ! Il n'en faudrait fpas plus pour
vous faire traiter de fou ou de provincial..
M. Paul Laffont devrait bien aller faire un
petit voyage dans ce royaume du téléphone
que constitue la Scandinavie. Il ne manquerait
pas d'y faire des comparaisons, sinon là notré
avantage, mais qui pourraient du moins nous
être avantageuses.
Peut-être après pourrions-nous espérer voir
passer le téléphone du rayon des objets de
luxe à celui des appareils d'utilité publi-
que. — R. D. 1
—————————— , - ..- (
Le Bey de Tunis va uij peu mieux
Tunis, 22 juin. — L'état de santé de
S. A. le bey de Tunis, donnait depuis quel-
ques jours de vives inquiétudes. Le bruit de
sa mort a mémo couru en ville. Il n'en est
rien ; bien au contraire, on constatait au-
jourd'hui une légère amélioration. Le bey
souffre d'urémie et il est très affaibli. Con-
trairement à ce qu'ont pu faire croire cer-
taines informations, en cas de décès du sou-
verain, sa succession ne donnerait lieu àt
aucune difficulté. Cette succession est ré-
glée par un décret du 26 avril 1881. L'hé-
ritier présomptif actuel, le bey du Camp,
tel est son titre, prendrait naturellement la
possession du trône de son cousin germain.
Le bey du Camp s'appelle Mahamed-el-
Habib, et ses bons sentiments à l'égard de
la France sont connus.
————————— > -a lm m- < ——————————
L'AFFAIRE JOBIN
t
LES ASSASSINS DU SOIDIELIER
DEVANT LE JURY
I
Burger accuse sa maîtresse
de l'avoir poussé au crime
a Si tu étais un homme, tu m'aurais déjà
débarrassé de lui », aurait dit un jour la fem- °\
me Jobin à son amant Burger. « Lui », c'était g
le mari de cette douce créature. Et Burger, :
pour montrer cu'il était un homme, tua l'in-
fortuné Jobin et fort proprement dépeça son
cadavre.
Mais devant le jury, c'est bien vrai que ce
n'est plus un homme. C'est un loque, un être
plus odieux encore par sa lâcheté que par la
grandeur de son crime. La femme ne vaut °,
pas mieux et c'est entre eux une lutte bestiale
pour savoir qui se sauvera au détriment de
l'autre.
Tout dans cette affaire est du reste fait
pour donner le haut de cœur aux assistants
jusqu'à l'étalage sur la table des pièces à
conviction d'un bocal d'alcool dans lequel sont
conservées 1-s deux mains de la victime.
Avant d'en arriver au récit du crime, le :
président Drioux retrace l'existence des deux |
accu < et les circonstances de leur liaison.
Agée aujourd'hui de 36 ans, Estelle Harlet
a épousée en 1907, Gustave-Charles Jobin, un r
Suisse naturalisé français. Avant son mariage, ?
la femme avait eu des amants et ensuite sa con-
duite est loin d'être édifiante. En 1918, les l
époux donnent l'hospitalité à Charles Burger, ,
employé comme Jobin au Grand-Hôtel. Veuf, |
Charles Burger avait avec lui une petite fille,
Sonia, qui fut également recueillie par les
Jobin. Or, pour récompenser le pauvre Jobin
de son hospitalité, Burger commence par lui
prendre sa femme.
Il est vrai que. dans son interrogatoire, il
assure aujourd'hui qu'il a été séduit, presque
pris. de force par sa complice.
Mais après l'échec de sa vertueuse résis-
tance, il se donna tout entier à sa passion.
Elle exerçait sur lui une extraordinaire in-
fluence. Un seul des regards de sa maîtresse
suffisait à lui faire perdre toute volonté. C'est
pourquoi à l'instruction, pour dire la vôritâ^
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La Lanterne
46' ANNEE - N" 16.398
VENDREDI
23
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en chef :
FELIX HAUTFORT
Lu manuscrite mon inséré*
ne sont pas rendus
Pour nos frères
Kabyles
Et voici le fait le plus inouï dans l'his-
toire de la France :
Des fils de vaincus reprennent con-
fiance dans le sein même de la nation
conquérante ; ils s'appliquent, ils se dé-
vouent, ils ne demandent qu'à vivre
dans l'ordre et la loi édictés par le vain-
queur ; grâce à leur esprit honnête, la-
borieux et économe, ils s'établissent
sous l'égide même du drapeau qui l'em-
portât sur le leur, ils renoncent à toute
intention de révolte en achetant des ter-
res et des maisons, et, pour en acheter
plus encore, ils deviennent davantage
industrieux, adversaires de tout ce qui
peut porter le trouble et causer la ruine,
ils se solidarisent ainsi de plus en plus
étroitement avec les fil-s de leurs vain-
queurs, — et ces fils de vainqueurs, au
lieu de s'enorgueillir de cette victoire
morale plus magnifique que toutes les
victoires de sang et de tueries, au lieu de
tendre la main pour une réconciliation
définitive et une œuvre commune de
paix et d'amour, s'indignent de voir ces
tfil-s de vaincus acheter des terres et des
maisons qu'eux-mêmes leur vendent,
Ils s'en plaignent à des ministres, ils
jettent des cris d'alarme, proclament
que, de par l'action de ces fils de vain-
cus, la souveraineté de la France est
mise dans le plus grave péril, l'écho en
arrive jusqu'au Parlement, et M. le sé-
nateur Maurice Ordinaire en entretient
la Commission des affaires étrangères
du Palais- du Luxemfbourg !
Oui, à l'heure actuelle, des Kabyles,
beaucoup de Kabyles achètent des terres
et des maisons, beaucoup de terres et de
maisons dans la Kabylie même.
Ah ! cette région où vivent les descen-
dants de Mas-sinissa, de Syphax et de
Jugurtha, ces montagnes héroïques et
légendaires qui, toujours, se dressèrent
en indomptable lutte contre les Césars
de Rome ! La noble et fière Kabylie fut
sans cesse jalouse de son indépendance;
sans cesse, a travers les siècles, elle ré-
sista 4 toutes les invasions, elle se consi-
dérait comme imprenable dans son fa-
rouche amour de la liberté, — mais la
France vint qui s'empara d'elle en 1857.
- Quelques années après, en 1871, la
•Kabylie espéra recouvrer son affran-
chissement, elle se révolta, mais dans
Une dignité qui force l'admiration miê-
me de l'histoire : tant que la FranceTut
en guerre avec l'Allemagne, elle ne vou-
lut faire entendre aucune revendication,
elle attendit la fin de la guerre qui se
déroulait en Europe pour lever l'éten-
dard de l'insurrection ; mais, encore uqe
fois, le -sort des armes devait être favo-
rable à notre pays, — et les Kabyles s'in-
clinèrent devant la fatalité.
Mais la France est la nation généreuse
par excellence, ses conquêtes ne sont
pas des conquêtes d'égoïsme et de proie ;
c'est l'honneur, c'est la gloire sublime
de la France de se montrer fraternelle
dans la victoire. Son drapeau flotte sur
toute la Kabylie, mais cette indépen-
dance dont les Kabyles furent, à tra-
vers les siècles, si jaloux pour leurs
belles montagnes, la France la respecte;
les Kabyles 'sont aujourd'hui, comme à
travers tous les temps, libres dans leurs
croyances morales, libres dans leur tra-
vail, libres dans leurs biens, — et c'est
là le plus splendide titre que, devant
leurs consciences, puisse établir notre
pays.
Et les Kabyles, dont l'intelligence est
aussi haute que l'âme, *l'ont compris.
Leur adhésion à la patrie ffançaise s'est
faite dans toute la noblesse, dans toute
l'élévation des -sentiments qui caracté-
risent leur peuple ; ils ont, de tout cœur
et de tout esprit, accepté notre langue et
notre instruction, — et les fils même de
ceux qui s'insurgèrent contre la France
en 1871 sont accourus, dans les tran-
chées et dans les usines, défendre leur
patrie adoptive contre l'agression alle-
mande.
Ils ont ainsi effacé le passé de révolte
et ils se sont ainsi grandis devant notre
conscience nationale.
Puisque les fils des vaincus par la
France en 1857 et en 1871, sont, eux aus-
si, devenus de nos jours les fils de la
France, ils ont, parmi nous, comme
nous, l'imprescriptible droit de cité; oui,
il faut le proclamer hautement, ils 'sont
nos frères et nos égaux.
Ah ! les ifrères admirables qui, sur
tout le parcours du Président de la Ré-
publique parmi eux, n'ont demandé
qu'une chose : l'instruction française
afin de devenir encore plus dignes de la
France !
A cette France, ils apportent toutes les
qualités que prônent nos éducateurs et
que nous magnifions dans toutes nos
écoles : l'amour du berceau natal, de la
terre nourricière, l'amour du travail, de
l'ordre, de l'économie, ils donnent
l'exemple du caractère le plus indus-
trieux qui soit au monde. Quand l'orage
fait écrouler la récolte attendue et jus-
qu'à la terre elle-même, quand tout sem-
ble achevé dans une suprême chute, mi-
racle dû seulement à l'amour de la mon-
tagne, du désastre final naît la résurrec-
tion même : les Kabyles descendent
pieusement d'ans le ravin fatal, repren-
nent la terre que leur ravit l'orage, la re-
portent et l'étendent sur le flanc dévaste
pour qu'y germe, à nouveau, la victoire
des champs.
Et des Français d'Algérie leur impu-
tent à crime d'acheter les habitations et
les campagnes dont leurs pères, de par
la loi de la guerre, furent dépossédés.
Et qui donc leur vend, — à bon prix, —
ces habitations et ces campagnes si co
m'est ces mêmes Français d'Algérie ?
Velle est cette ministre comédie où
l'on prétend mêler la souveraineté de la
France, souveraineté qui n'est mise en
question que pour satisfaire aux plus
bas motiifs d'une politique égoïste et
tendancieuse, souveraineté qui est im-
prescriptible et que nul ne conteste en
Kabylie même ?
Par le rayonnement qu'elle subit du
littoral méditerranéen, par sa proximité
des grandes villes où se développent les
progrès modernes et notre civilisation,
par l'instruction française qui s'y pro-
page et qui peut être propagée à l'infini,
la Kabylie devient une région essen-
tiellement française.
Devons-nous en chas'ser nos frères
Kabyles ? La France ne se déshonore
pas ainsi ! Devons-nous maintenir les
Kabyles dans un état d'esclavage ? La
France, encore une foi-s, ne se déshonore
pas ainsi !
Tout Kabyle qui achète un lopin de
terre est un révolté de moins, est un être
humain qui demande à vivre, avec sa
famille, dans l'ordre, dans le travail -<'
dans la paix ; il reconnaît par là-même
la prépondérance française dont il béné-
ficie, de par son propre bien-être ; il en
est jaloux, — et la confiance qu'il témoi-
gne ainsi à la France, la France doit
aus'si la lui témoigner.
Nous en avons assez de toutes ces
questions de race et de religion qui dé-
solent, qui divisent, qui meurtrissent no-
tre Algérie aimée ; l'Algérie a besoin
d'amour et de paix pour travailler et
prospérer ; tous ses fils, catholiques,
jui,fs ou musulmans, sont ses fils, et
tous ces fils, accomplissant les mêmes
devoirs, ont les mêmes droits.
Jean MELIA.
————————— ? CD.- ( —————————
La diffamation
Il ne suffit plus que M. Groussau, porte-pa-
role du Saint-Siège, demande des subventions
à l'Etat pour les écoles libres — c'est-à-dire
les écoles congréganistes; les droitiers, pous-
sant plus oultre, passent à la diffamation.
Hier un de ces députés élus dans la Haute-
Saône, par une singulière et redressable er-
reur du suffrage universel, entreprenait de
dresser le procès de l'école laïque.
Il fallut deux heures à M. Gay pour pro-
noncer le réquisitoire le plus ridicule que ja-
mais procureur ait jamais pu imaginer. Pé-
remptoire et d'ailleurs mensonger, ce bavard
intarissable stigmatisa l'immoralité de l'école
sajos JQieiir iLdénonça les instituteurs coupa-
bles de nous préparer une génération d'apa-
ches — le mot n'a pas été dit par ce bon apô-
tre - mais nous avons tous compris.
Mis en demeure de produire la preuve de
ses affirmations, M. Gay s'est souvenu de la
méthode d'Escobar, il s'est dérobé par l'er-
gotage le plus lamentable.
M. Léon Bérard a dû prendre la défense de
l'école laïque — fonction oblige — il a d'ail-
leurs constaté que les faits allégués par le dé-
puté clérical étaient pour le moins incontrôla-
bles, sinon totalement faux.
Evidemment on ne peut pas prendre au sé-
rieux le tort teausé à l'école laïque par les ca-
lomnies d'un paroissien comme M. Gay, mais
il faut retenir cette intervention grotesque à
titre d'indication. Ce n'est pas un tirailleur
isolé, un chevau-léger de l'Eglise qui entre en
ïice, c'est une campagne qui se développe; la
guerre est déclarée à l'école républicaine, c'est
à cet acte que devait aboutir la politique du
Bloc national.
Quand la Chambre du B. N. exigea, selon
le pacte signé par les républicains défaillants,
le rétablissement des relations avec le Vati-
can, nous avons vu fclairement qu'il s'agis-
sait là d'un commencement. le plan total
s'exécute. L'ambassade auprès du Saint-Siège
est rétablie, mais les messieurs prêtres ne veu-
lent pas que le Bloc national soit quitte à ce
prix. Il leur faut la R. P. scolaire qui dégrè-
vera leur budget de quelques millions, les-
quels deviendront disponibles pour leurs cais-
ses électorales; ils veulent l'abrogation des
lois contre les moines d'affaires et les moines
ligueurs, etc., etc.
Très bien! l'épreuve est excellente, nous
aurons bientôt l'occasion de compter les ré-
publicains du Parlement.
F. H.
1 > — E ——————————————..
Le procès des fusillés de Flirey
ne sera pas révisé
Le 19 août 1915, à Flirey, une défaillance
s'étant produite parmi quelques éléments du
63* régiment d'infanterie au moment de par-
tir à l'attaque, quelques hommes arbitraire-
ment désignés pour servir d'exemple, furent
traduits devant la Cour martiale pour refus
d'obéissance devant l'ennemi et passés par
les armes. C'étaient le caporal Antoine Mo-
range, et les soldats Félix Baudy, François
Fontaneaud et Henri Prebost.
En vertu de la loi d'amnistie de 1921, la
Cour de Cassation était .saisie hier d'une pro-
cédure de revision en faveur de ces victimes
de la justice militaira.,
Mais sur le rapport du conseiller Courtin,
et malgré la plaidoirie de M* Nicolai. la Cour
Suprême a déclaré qu'il n'v avait pas lieu à
révision
Son arrêt est basé sur les aveux des qua-
tre soldats qui auraient reconnu avoir reçu
l'ordre de quitter la tranchée et n'avoir pas
obéi.
La Cour ajoute en substance que le fait
qu'une sélection ait été faite entre les cou-
pables n'enlève rien à la régularité de la
sentence qui a frappé ceux qui ont été choi-
sis pour l'expiation.
LIRE TOUS LES LUNDIS
Le Courrier des Loyers
et des
Habitations à bon marché
-
LES MYSTÈRES DE LA VIE CHÈRE
UNE MP!PTP MNH!? ni! !t~
UNE mîiui i in
de dififeade à ses aelioBnaif es
Est-c? pour cela que la chaussure
est à un prix si élevé ?
Oui, la vie chère a de bien étranges mys-
tères.
On sait que M. Desvaux, conseiller muni-
cipal de Paris, qui a la spécialité de dénoncer
les scandales des bénéfices exagérés, doit, à la
prochaine réunion des édiles parisiens, adres-
ser à M. le préfet de police une question con-
cernant « une société qui s'occupe de fabrica-
tion et de ventè de chaussures et qui aurait,
pour son dernier exercice, distribué à ses
actionnaires un dividende de 900 francs par
action de 1.000 francs, ce qui, à son avis, cons-
tituerait le délit de bénéfice illicite ». M. Des-
vaux n'a point nommé la société en question ;
mais elle avait été déjà désignée en toutes let-
tres non seulement par certains organes finan-
ciers, mais encore par une grande agence d'in-
formations, dans une sorte de « communiqué »
qui ressemblait fort à un bulletin de victoire.
destiné aux heureux actionnaires appelés à
toucher du 90 0/0.
Il s'agit simplement de la Société des chaus-
sures Raoul.
Décidément, depuis que la Raffinerie Say a
dcnné l'exemple (à propos, où en est donc
l'instruction ouverte sur les agissementsfcûes
sucriers ?) la mode tend à se répandre sui-
vant laquelle une société réalise des bénéfices
égaux — ou presque — à son capital, quand
ils ne le dépassent pas. Ce que noua avons dit
ici du sucre, nous pouvons le répéter pour la
chaussure. Si la maison Raoul distribue 900
'fr.. de dividende pour 1.000 fr. de capital, le
prix des souliers n'aurait-il pas été enflé dans
des proportions formidablement excessives
.pour In arriverà un résultat financier aussi
« brillant » ou même aussi « stupéfiant »,
comme on dit à la Say ?
On poursuit tous les jours de petits com-
merçants coupables d'avoir vendu avec 30 ou
40 0/0 de 'bénéfice. Il serait peut-être plus
intéressant que M. Leullier — puisque c'est à
lui que M. Desvaux s'est adressé — regardât
de près (avssi bien que le fisc d'ailleurs) dans
les comptes profits et pertes qui se soldent
par des gains tout simplement fantastiques.
Pour parer à l'impression désastreuse qu'ont
produite ses décrets, M. Chéron, lui-même, a
annoncé qu'il rechercherait et s'efforcerait
d'atteindre la spéculation où qu'elle se trouvât.
Il serait temps vraiment qu'il mît en branle
l'action publique.
Le plus fort d'ailleurs, si l'on en croit la
Vie financière, c'est qu'au cours de l'assem-
blée générale de la Société des Chaussures
françaises, qui possède 260 sur 300 des actions
Raoul, un actionnaire aurait demandé à con-
naître le bilan des chaussures Raoul et se
serait vu opposer par le conseil d'administra-
'.tion une fin de non recevoir formelle.
Il est à espérer du moins que la communi-
cation souhaitée par cet actionnaire ne sera
pas refusée à Qui-de-droit et que la curiosité
ide M. Desvaux sera pleinement satisfaite d'ici
peu. Après quoi, en attendant mieux, on aura
le droit de souhaiter une baisse du prix de la
chaussure, même si le bénéfice de 90 0/0 doit
s'en ressentir.
P. V.
> —————.————
LA CONFÉRENCE DE LA HAYE
C'est la procédure française
qui sera suivie
pour discuter avec les Russes
La Haye, 22 juin. — Les experts ont réglé
à La Haye la procédure à suivre pour le
travail des sous-commissions qui se réunis-
sent aujourd'hui.
Chaque expert délégué à une des trois sous-
commissions de crédit, de dettes et des biens
privés sera invité à adresser au président
de ces sous-commissions les questions d'or-
dre public qu'il désirera faire.
Quand les experts non russes se réuniront
avec les experts russes, on enregistrera les
réponses de ceux-ci aux questions ainsi po-
sées ; puis les experts non russes examine-
ront entre eux si de ces réponses peuvent
se dégager des bases de discussion. Enfin,
le principe a été admis de ne soumettre aux
experts russes que Jes questions sur les-
quelles les autres experts seront tombés d'ac-
cord au préalable. -,
Ainsi se trouve institué l'examen préalable
par les experts non russes des questions à
soumettre aux experts russes et reconnue la
nécesité d'un accord également préalable
des experts non russes sur ces questions.
Il est à remarquer que c'est la procédure
préconisée dans .le mémorandum du gouver-
nement français qui obtient ainsi satisfac-
tion.
Le point de vue de Moscou
Moscou, 22 juin. — La Pravda a publié
dans les numéros du 13 et du 19 juin deux
articles qui indiquent quel doit être à La
Haye le point de vue de la délégation russe.
On y lit notamment que le mémorandum
russe du 11 mai constitue la charte des droits
imprescriptibles du prolétariat russe, droits
que ne saurait effacer aucune revendication.
Les capacités de paiement de la Russie sont
en raison directe de son relèvement écono-
mique, lequel est lié à l'aide technique et
financière qui lui sera accordée par les puis-
sances occidentales. La Rus^e proportion.
r.era ses concessions aux crédits qui lui se-
ront offerts.
Le départ des délégués des Soviets
Riga, 22 juin. — Les délégués bolchevistes
à la Conférence de La Haye, Krassine, Lit-
vinoff, Rakowsky, ont quitté Riga pour Ber-
lin, d'où ils se rendront à La Haye.
Une déclaration de Litvinoff
Moscou, 22 juin. — Les Izvestia publient
une déclaration de Litvinoff, chef de la délé-
gation russe à la conférence de La Haye, au
sujet de cette conférence. Celle-ci, d'après son
opinion, n'aurait de succès que lorsque les
puissances occidentales auront consenti à con-
clure un accord avec Ces Soviets au sujet de
la question des crédits et de reconnaître la
souveraineté de la Russie aussi bien que de
son gouvernement actuel. La délégation russe
se rend à La Haye avec le ferme dessein de
défendre les conquêtes de la révolution et la
souveraineté du gouvernement soviétique.
« La Russie a affirmé Litvinoff, se réta-
blit peu â peu et, au besoin, saura se passer
des crédits étrangers si on lui demande. de
trop grands sacrifices pour l'obtenir. ».
LE RENFLOUEMENT DE LA B.I.C.
LE SYSTÈME
DE LA SOCIÉTÉ
DE GÉRANCE
Nos lecteurs savent les bases du projet
Porte que nous leur avons fait connaître, aus-
sitôt qu'elles ont pu être divulguées. Notre
confrère la « Liberté » signalant la réunion
de la commission interministérielle dont nous
avons donné la composition, ajoute les dé-
tails suivants:
c Cette Société de gérance assumera plu-
sieurs rôles bien définis: 1° elle interviendra
comme gérante agissant en son nom et sous
sa Responsabilité pour poursuivre les opéra-
tions de la B. I. C. au siège et dans toutes
les agences qui seront maintenues; 2o elle
sera constituée comme mandataire à l'effet
de gérer certains éléments de l'actif, pour-
suivre le recouvrement des comptes débi-
teurs dont le solde aura été reconnu, négo-
cier tous règlements des comptes débiteurs
non reconnus, et faire tous arrangements
sous réserves de l'agrément de la B. I. C.
Toutefois, cet agrément ne serait pas néces-
saire pour les prolongations n'excédant pas
deux années.
c La Société de gérance se réservera, lors
de rétablissement de l'inventaire, le droit
de n'accepter ledit mandat qu'en ce qui con-
cerne les opérations concordant avec son ob-
jet propre, les éléments d'un caractère pu-
rement contentieux ou présentant des diffi-
cultés particulières seront retenus par l'an-
cienne société de la B. I. C., dont le Conseil
d'administration continuerait la gestion.
c La Société de gérance conserverait dans
toute la mesure du possible le Dersonnel de
la B. I. C. Le fonds de roulement serait cons-
titué par un prélèvement de 50 millions sur
les disponibilités de la B. I. C. lors de la
mise en vigueur du contrat.
« La rémunération de la gérance se ferait:
lo AU moven d'une commission à détermi-
ner lors de l'établissement du contrat défini-
tif (vraisemblablement 1 pour 100 sur les
recouvrements.) : 2° par une rémunération
forfaitaire représentant un intérêt de 8 pour
100 sur lè montant versé sur son capital ac-
tions, soit à l'origine, 200.000 francs du pré-
lèvement annuel qui se ferait sur le solde
créditeur éventuel du compte profits et per-
tes de la gérance. Dans le cas où ce solde
serait débiteur, la gérance retiendrait cette
rémunération sur le produit du compte réa-
lisations.
« La répartition des bénéfices se ferait de
la façon suivante: Io 5 pour 100 2u la réser-
ve; 2° commission forfaitaire à la -Société de
eérance: 3o réserve spéciale jusqu'à concur-
rence de 10 millions. Sur le solde, 95 pour 100
reviendraient à la B. I. C., et 5 pour 100 à la
Société de gérance à titre de rémunération
supplémentaire.
« Le règlement du passif s'effectuera de
la manière suivante: lo on offrira aux créan-
ciers un paiement en espèces de 100 pour
100 du principal, sans, intérêt, en vingt-cinq
années, à partir de l'expiration du premier
exercice suivant l'homologation du règle-
ment transactionnel; 2° il leur sera réservé,
en outro, une option sur les parts bénéficiai-
res, donnant droit annuellement à l'attribu-
tion d'une partie des encaissements effec-
tués par la B. I. C., chaque part correspon-
dant à une créance de 500 francs. Il sera
créé un marché sur ces parts. En ce qui con-
cerne les créances d'Extrême-Orient, elles
seraient remboursées par l'émis.sion de bons
6 pour 100 or provenant du monnayage de la
créance de l'Etat français sur la Chine, re-
présentant l'indemnité des Boxers.
« Enfin, en ce qui concerne la libération
des actions de la B. I. C. dont la deuxième
moitié reste due par les souscripteurs, leur
!paiement deviendrait aisé par suite de la
Teprise des cours, qui atteindraient vraisem-
'blablement le montant restant dû. La libéra-
tion des titres souscrits par le gouvernement
chinois serait effectuée au moyen de la re-
mise par la B. I. C. de bons prélevés sur le
monnayage de l'indemnité des Boxers ».
Ce projet est, comme nous l'avons dit
d'une remarquable ingéniosité, mais encore
faut-il qu'il ne soit pas combattu par M. Par-
mentier, dont la toute- puissance peut faire
échec à toutes les combinaisons. M. Thion
veille au grain! et le.s administrateurs con-
cussionnaires de la Banque de llndo-Chine
font une neuvaine, sous la direction de M. de
Montplanet.
Pierre DIONNE.
r
La Société de gérance de la B. I. C.
est créée
Un accord de principe est intervenu hier
soir, au sein de la Commission interminis-
térielle, chargée de se prononcer sur le pro-
jet présenté par M. Porte, président du Tri-
bunal de Commerce et juge délégué au rè-
glement de la B. I. C.
Quelques points de détail restant encore à
régler, ce n'est qu'après une dernière réunion
qui se tiendra ce matin au ministère des Fi-
nances que l'accord définitif sera conclu. La
nouveau projet comporte la création d'uno
société de gérance chargée d'assurer l'ex-
ploitation des agences de l'ancienne banque
Le chiffre du capital qui sera d'un mini-
mum de 10 millions n'est pas encore fixé.
Cette société sera dirigée par un conseil
d'administration de 7 ou 8 membres, tous
Français, dont la désignation sera faite très
prochainement.
Ajoutons qu'à la fin de la journée d'hier,
M. de Lasteyrie, ministre des Finances a con-
voqué M. Griollet, administrateur général de
la Banque de Paris et des Pays-Bas, dont l'é-
tablissement financier est à la base du re-
lèvement de la B. I. C., et lui a fait part de
la décision de la Commission-
Le rapport Cruchon sera publié
La commission chargée de statuer sur la
demande de levée de l'immunité parlemen-
taire de M. Calary de La;mazière, s'est, réunie
hier sous la présidence de M. Ignace et a
commencé l'examen du rapport de M. Guibal.
Elle a décidé, par 6 voix contre 1 et 1 abs-
tention, de publier, en annexe au rapport, la
sténographie des déclarations de M. Calary et
du garde des sceaux ainsi que le procès-verbal
de l'interrogatoire de M. Cruchon par le
substitut du procureur de la République, lors
de la remise à celui-ci de son rapport.
En outre, la commission a décidé par 5 voix
contre 2 et 1 abstention la publication du rap-
port Cruchon.
Elle a enfin résolu de s'ajourner là aujour-
d'hui.
Adoutons que M. Calary avait demandé à
être entendu de nouveau hier par la commis-
sion. Il le sera aujourd'hui.
CRIME POLITIQUE A LONDRES
LE FELB-MilîâL WILSON
est assise par fes Irlandais
Il fut abatfu à coups de revolver
en rentrant chez lui
Londres, 22 juin. — Le feld-maréchal sir
Henry Hughes Wilson a été assassiné cet
après-midi à Londres. Les détails manquent
jusqu'à présent. On sait seulement que le
feld-maréchal Wilson a été frappé au moment
où il sortait de son domicile. Le meurtrier
serait un Irlandais.
Détails sur le crime
Londres, 22 juin. — Le maréchal sir Henry
Wilson, qui a été assassiné à Londres cet
aorès-midi, a été frappé par les sinn-feiners.
T.e crime a été commis vers 14 h. 40. Le ma-
réchal, qui venait de présider à l'inaugura-
tion d'une plaquette commémorative à la mé-
moire des employés de la Great Eastern Rail-
way C°, rentrait à son domicile, 36, Eaton
Place, dans le voisinage de la gare de Victo-
ria. Comme H descendait de voiture et allait
pénétrer chez lui, deux hommes descendirent
brusquement, revolver au poing, d'un taxi ar-
rêté juste en face et ouvrirent le feu sur lui.
Le maréchal, encore sur le seuil de sa porte,
fut atteint par les projectiles, et tué net. On
le vit tomber de son long sur le trottoir.
Le coup était prémédité
De nombreuses versions du crime circulent
déjà dans Londres. Toutes s'accordent à cons-
tater que le maréchal a été victime d'un coun
prémédité. Le taxi, dans lequel avaient pris
place les assassins, faisait depuis quelque
temps déjà la navette dans la'rue où se trouva
située la demeure du maréchal et les meur-
triers guettaient manifestement l'arrivée de
leur victime.
La poursuite des assassins
Le premier moment de ftupeur passé, le
taxi des assassins avait déjà disparu. On vit
un agent, le visage ensanglanté, se mettre à la
poursuite du véhicule et tâcher de ne pas
perdre sa trace. iBentôt, un détective, attiré
sur les lieux par le bruit des détonations, se
joignit à lui, ainsi que des ouvriers qui tra-
vaillaient dans le voisinage et un certain nom-
bre de passants.
Arrestation des assassins
La chasse 'aux bandits fut menée avec vi-
gueur, et les meurtriers, serrés de près, firent
ta nouveau usage de leurs revolvers. Un des
agents tom'ba frappé d'une balle à la poi-
trine. Le détective également fut blessé d'une
balle à la cuisse. Mais l'alarme avait été don-
née, et bientôt, d'un poste de police voisin,
tous les agents qui se trouvaient là sortirent,
armes en main, et dans la tenue où ils étaient
au moment même. Un certain nombre étaient
en manches de chemise. Réquisitionnant autos
et taxis, ils précipitèrent la poursuite et parvin-
rent à cerner les assassins. Ils eurent ensuite
de grandes difficultés à les arrêter, et sur-
tout à les protéger, une fois qu'ils s'en furent
emparé, contre la foule qui voulait les lyn-
cher
Les meurtriers étaient couverts de sang lors-
qu'ils arrivèrent à la station de police, où un
«reporter déclara les avoir vus étendus sur
le parquet.
En outre des deux agents plus haut signa-
lés, un civil a été également blessé. Tous trois
sont à l'hôpital
Leurs noms
Daus un communiqué officiel, Scotland Yard
dit que les assassins sont des Irlandais d'ori-
gine, nommés O'Brien ou *Mac Brien, et James
Connolly. Les revolvers trouvés en leur pos-
session étaient du modèle usité dans l'armée.
L'émotion à la Chambre des communes
Londres, 22 juin. — La nouvelle connue
cet après-midi à la Chambre des communes,
a provoqué une émotion profonde. M. Lloyd
George, qui était particulièrement affecté
par ce meurtre, ne put répondre à une ques-
tion qui lui était posée.
M. Asquith prononça quelques paroles et
traduisit les sentiments éprouvés par tous
les membres des Communes, en présence de
cet attentat. L'orateur retraça, en termes
émus, la carrière du feld-maréchal Wilson,
« un des plus grands généraux du monde,
lâchement assassiné ».
M. Chamberlain, après avoir donné les dé-
tails de l'attentat, rappelle ensuite que le
maréchal Wilson fut l'un des hommes qui
contribuèrent le plus puissamment à la vic-
toire, dans la dernière guerre.
M. Chamberlain conclut :
« J'ai été honoré de son amitié pendant
de nombreuses années et tous les députés de
cette Chambre qui se souviennent de sa car-
rière éminente dans un autre domaine, qui
l'ont accueilli dans cette enceinte et qui ont
écouté ses paroles auront, comme moi, le sen-
timent que ce n'est pas là seulement un
deuil national; mais pour nous, en tant que
membres de cette Chambre, c'est un deuil
personnel.
« J'espère que c'est le désir général de la
Chambre, quels que soient les précédents,
que, dans les circonstances spéciales actuel-
les la Chambre lève sa séance en signe de
profond respect pour notre collègue et de
sympathie profonde pour sa veuve. »
La séance est alors levée.
*
**
Le feld-maréchal Wilson est né au mois de
mai 1864 en Irlande. Vingt ans après, en 18S4,
il entrait au régiment Royal Irlandais. L'année
suivante il était envoyé aux Indes et prenait
part à la campagne qui se développait alors
dans cette contrée. Il y resta jusqu'en 1892. En
1894, on le voit capitaine et il fait partie, jus-
qu'en 1S97, de l'Etat-major où il est affecté au
service des informations. De 189'9 à 1900, il est
en Afrique où il prend part à. la campagne du
Sud-Africain.
Dans la suite, il occupe successivement plu-
sieurs postes importants dans la direction de
l'armée britannique et, notamment, de 1910 à
1914 il est directeur des opérations militaires
au quartier général.
La guerre mondiale éclate et durant la pre-
mière année des hostilités, le maréchal Wil-
son sert dans une unité britannique. Il est nom-
mé alors grand-officier de la Légion d'hon-
neur. Lorsque le Conseil supérieur de guerre
interallié se forme au mois de novembre 1917,
il y est nommé comme représentant du gouver-
nement britannique. En février 1918, il est nom-
mé chef d'Etat-major général en remplacement
du maréchal William Robertson. Il fut l'un des
créateurs du Conseil, de Versailles et reçut en
juillet' 1919 son titre de feld-maréchal.
Les opérations de l'armée britannique en Ir-
lande dans lesquelles le feid-maréchal Wilson
avait une grande responsabilité, n'avaient pas
peu contribué à lui aliéner certains milieux
irlandais. Les opérations de Pettigoe avaient
encore exalté certains esprits. Il est possible,
également, que les polémiques auxquelles ont
donné lieu les élections aient contribué à cette
exaspération qui a armé le bras du meurtrier.
LES ETONNEMENTS DE NOS HOTES
CE QU'IL FAUT
RETENIR
D'UNE VISITE
Les municipalités de Stockholm et de Co
penhague nous ont quittés hier soir. La Suède
et le Danemark passent pour des pays fort
civilisés, plus que le nôtre peut-être. Aussi les
compliments et l'admiration qu'ont témoignés
les hôtes de la Ville de Paris, au cours de leur
visite dans la capitale, nous sont-ils agréables.
Mais les reproches sont souvent plus utiles
que les complimente. C'est de ces reproches,
qui se sont exprimés par de l'étonnement, que
j'entends parler.
Qu'est-ce qui a le plus .surpris les édiles sué-
dois et danois au cours de la visite qu'ils vien-
nent de faire ? M. Œsterberg, secrétaire de la
délégation danoise, l'a déclaré avec sincérité :
« On ne voit pas assez, dans Paris, de fenê-
tres ouvertes et d'enfants jouant sur les pla-
ces publiques. »
Un grand concours pour le développement,
en France, de la natalité, est ouvert. Je pro-
pose aux concurrents cette observation comme
un sujet de dissertation. Il est certain que
nous avons beaucoup à apprendre sur le ter-
rain de l'hygiène, que nous ne faisons pas as-
sez de places pour les ébats des tout petits, et
que ceci influe grandement sur la natalité.
Autre sujet d'étonnement : le téléphoné.
— Tout le monde est abonné au téléphone à
Copenhague, dit M. Œsterberg. Notre annuaire
est beaucoup plus gros que celui de Paris.
« On vous réveille le matin, on vous donne
l'heure quand votre montre est arrêtée ; on
inscrit et on vous réserve les communications
laites en votre absence, et les bambins qui
font leurs devoirs, en rentrant de l'école, grim-
pent sur une chaise, décrochent le Técepteur
et demandent à un camarade quel résultat il a
trouvé au bout de son problème. »
Il est fort probable que l'abonnement au té-
léphone est, à Copenhague, moins cher qu'à
Paris. Ici s'opposent deux conceptions commer-
ciales. L'une — celle qui nous régit — qui
consiste à faire, par l'importance du prix de-
mandé, une sélection d'abonnés, qui paraît
penser qu'il y en a toujours trop. L'autre -
celle pratiquée au Danemark — qui veut, au
contraire, grouper le plus d'abonnés possible
et qui, pour cela, fait payer le moins cher pos*
sible.
Quelle est, de ces deux conceptions, la meil-
leure ? L'expérience est faite. Avoir le télé-
phone à Paris constitue un véritable luxe, et
les usagers sont mal servis. Au Danemark,
comme en Suède et Norvège du reste, télépho-
ner devient en comparaison un véritable plai-
sir, et les demoiselles préposées à la surveil-
lance dets standards croient de leur devoir
strict de vous prévenir que M. un tel vous a té-
léphoné en votre absence et vous proposent de
l'appeler au bout du fil.
Allez donc demander à. Guten-berg ou 4
Passy si on vous a sonné pendant que vous
n'étiez pas l'à ! Il n'en faudrait fpas plus pour
vous faire traiter de fou ou de provincial..
M. Paul Laffont devrait bien aller faire un
petit voyage dans ce royaume du téléphone
que constitue la Scandinavie. Il ne manquerait
pas d'y faire des comparaisons, sinon là notré
avantage, mais qui pourraient du moins nous
être avantageuses.
Peut-être après pourrions-nous espérer voir
passer le téléphone du rayon des objets de
luxe à celui des appareils d'utilité publi-
que. — R. D. 1
—————————— , - ..- (
Le Bey de Tunis va uij peu mieux
Tunis, 22 juin. — L'état de santé de
S. A. le bey de Tunis, donnait depuis quel-
ques jours de vives inquiétudes. Le bruit de
sa mort a mémo couru en ville. Il n'en est
rien ; bien au contraire, on constatait au-
jourd'hui une légère amélioration. Le bey
souffre d'urémie et il est très affaibli. Con-
trairement à ce qu'ont pu faire croire cer-
taines informations, en cas de décès du sou-
verain, sa succession ne donnerait lieu àt
aucune difficulté. Cette succession est ré-
glée par un décret du 26 avril 1881. L'hé-
ritier présomptif actuel, le bey du Camp,
tel est son titre, prendrait naturellement la
possession du trône de son cousin germain.
Le bey du Camp s'appelle Mahamed-el-
Habib, et ses bons sentiments à l'égard de
la France sont connus.
————————— > -a lm m- < ——————————
L'AFFAIRE JOBIN
t
LES ASSASSINS DU SOIDIELIER
DEVANT LE JURY
I
Burger accuse sa maîtresse
de l'avoir poussé au crime
a Si tu étais un homme, tu m'aurais déjà
débarrassé de lui », aurait dit un jour la fem- °\
me Jobin à son amant Burger. « Lui », c'était g
le mari de cette douce créature. Et Burger, :
pour montrer cu'il était un homme, tua l'in-
fortuné Jobin et fort proprement dépeça son
cadavre.
Mais devant le jury, c'est bien vrai que ce
n'est plus un homme. C'est un loque, un être
plus odieux encore par sa lâcheté que par la
grandeur de son crime. La femme ne vaut °,
pas mieux et c'est entre eux une lutte bestiale
pour savoir qui se sauvera au détriment de
l'autre.
Tout dans cette affaire est du reste fait
pour donner le haut de cœur aux assistants
jusqu'à l'étalage sur la table des pièces à
conviction d'un bocal d'alcool dans lequel sont
conservées 1-s deux mains de la victime.
Avant d'en arriver au récit du crime, le :
président Drioux retrace l'existence des deux |
accu < et les circonstances de leur liaison.
Agée aujourd'hui de 36 ans, Estelle Harlet
a épousée en 1907, Gustave-Charles Jobin, un r
Suisse naturalisé français. Avant son mariage, ?
la femme avait eu des amants et ensuite sa con-
duite est loin d'être édifiante. En 1918, les l
époux donnent l'hospitalité à Charles Burger, ,
employé comme Jobin au Grand-Hôtel. Veuf, |
Charles Burger avait avec lui une petite fille,
Sonia, qui fut également recueillie par les
Jobin. Or, pour récompenser le pauvre Jobin
de son hospitalité, Burger commence par lui
prendre sa femme.
Il est vrai que. dans son interrogatoire, il
assure aujourd'hui qu'il a été séduit, presque
pris. de force par sa complice.
Mais après l'échec de sa vertueuse résis-
tance, il se donna tout entier à sa passion.
Elle exerçait sur lui une extraordinaire in-
fluence. Un seul des regards de sa maîtresse
suffisait à lui faire perdre toute volonté. C'est
pourquoi à l'instruction, pour dire la vôritâ^
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