Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-21
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 juin 1922 21 juin 1922
Description : 1922/06/21 (N16396,A46). 1922/06/21 (N16396,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
tW , « LANTERNE s DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
,
Le Numéro: 10 cmél
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aux Mgreaux du Jcurral
46' ANNEE - N* 16.396
MERCREDI
21
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en ch«f :
FELIX HAUTFORT
bea manuscrits non inséré*
M sont pas rendus
Les murs parlants
Un de ces murs qui ont des oreilles
pour entendre et un visage parlant,
vient de disparaître, à Montmartre : le
mur de la rue des Rosiers (devenue la
rue de La Barre), contre lequel furent
poussés et fusillés, le 18 mars 1871, les
généraux Lecomte et Clément Thomas.
Je garde précieusement un souvenir
de cette journée historique. Un vieillard
auquel j'avais rendu quelques petits ser-
vices et qui ne savait comment me té-
moigner sa gratitude m'apporta un
jour, il y a vingt ans, une branche de
pêcher coupée en fleurs à l'espalier où
s'appuyait la tête de Clément Thomas,
peu de temps après sa mort. Le mur
n'est plus.; la petite branche reste dans
ma bibliothèque, au creux d'un moulage
de la main de Louise Michel. A chacun
ses commémorations.
On a beaucoup reproché, on reproche
souvent encore à la Commune, le meur-
tre des deux généraux. On oublie ou l'on
ne veut pas savoir que la Commune, le
18 mars, n'existait pas. A la garde na-
tionale provoquée, Thiers avait voulu
reprendre ses canons, les canons payés
par elle. La troupe — le SS8 de ligne —
fit cause commune avec les gardes na-
tionaux, mit la crosse en l'air et s'assura
du général de brigade Lecomte, qu'elle
avait pour Vinoy. Elle le conduisit. au
Château-Rouge et l'y enferma. Les hom-
mes de la Commune ne prirent part à
l'affaire que pour essayer de sauver
Lecomte. A Genève, où plusieurs se re-
trouvèrent, trois mois plus tard, pros-
crits et traqués, Massenet de Maran-
court, frère du compositeur de Manon,
racontait devant mon vieil ami Maxime
,Vuillaume la scène, les scènes dont il
avait été témoin. Car avant de rencontrer
le général Lecomte à Montmartre, près
de la Tour de Solfériiio, Léon Massenet
avait fait sa connaissance pendant la
guerre, là Charleville, où, colonel d'un
régiment de marche, il venait de receT
voir le commandement d'une brigade
dans le Midi.
A Massenet, il disait alors : « Je suis
bien heureux de quitter le' service actif.
Je me sens fatigué. J'ai cinq enfants. Je
suis numismate, bibliophile ; j'aime les
beaux-arts. Voilà de quoi m'occuper.»
Et Massenet le retrouvait au milieu
d'une foule excitée, hurlante.
— Donnez l'ordre d'évacuer les Buttes,
mon général, et l'on vous rendra la li-
berté.
Lecomte signa l'ordre écrit de sa main
et se fit servir à déjeuner ; mais il eut
la fatale inspiration, dans l'après-midi,
de se faire transférer au poste de la rue
des Rosiers où il comptait voir les mem-
bres du Comité central. Ce fut sa perte.
Il avait moins à craindre des fédérés
jque de ses propres soldats. Ceux-ci, lors-
qu'on leur amena le général Clément
[Thomas, que la population parisienne
exécrait depuis 1848, fusillèrent ensem-
ble le vieux général et le jeune. Ils
avaient pris toutefois la précaution de
retourner leur képi, afin d'en cacher le
numéro qui eût pu les dénoncer. Maxi-
me Vuillaume tenait ce détail d'un au-
tre témoin digne de foi.
Le rôle de la Commune dans tout
eela ?
La vérité, c'est que la guerre, le Siège,
ia capitulation de Paris, une défense
nationale mal organisée, Trochu, Du-
crot, Thiers, et tous les Jules, de Favre à
Simon, avaient exaspéré Paris. Il ne
fallait qu'une étincelle pour mettre le
feu aux poudres : l'enlèvement des ca-
pons fut l'étincelle.
Il y a une trentaine d'années, M. An-
flré Gide, l'auteur de Saul et de La porte
étroite, fondait sa réputation, au quar-
tier Latin, avec ce vers :
",es capitaines vainqueurs ont une odeur
[forte.
'— Les vaincus aussi, lui fit douce-
ment observer Curnonsky, songeant
peut-être aux généraux sans prestige
de l'Année terrible.
'C'est envers ceux-là que la foule, mi-
litaires et civils .fraternisant, fut impi-
toyable le 18 mars 1871, rue des Rosiers.
On n'allait guère en pèlerinage au
mur qui vient d'être abattu. Il était
abandonné. Un asile, qui occupe l'em-
placement de l'ancienne maison démo-
lie, y avait aménagé ses water-closets !
On va davantage au mur de la rue
Haxo, sur les hauteurs de Belleville, où
tombèrent les otages, au nombre de cin-
quante.
Il ne manque pas de murs, dans Pa-
ris, que les défenseurs de la Commune
éclaboussèrent de plus de sang, if y a
les murs de l'Ecole militaire et de la
caserne Lobau ; il y a les murs-de' l'ari-
cienne Ecole d'état-major de la rue de
Grenelle ; il y a les marches du Pan-
théon. sur lesquelles fut fusillé le brave
Millière, et le piédestal du lion de pierre
qui avoisine le bassin du Luxembourg,
piédestal contre lequel fut adossé l'inno-
cent docteur Tony Moilin. Il y a, dans
chaque quartier, encore debout, des
murs qui eurent des oreilles pour enten-
dre siffler les balles et qui sont devenus
sourds pour s'en souvenir.
Mais ce n'est point le cas pour le Mur
par excellence, le Mur tout court, enfin
le Mur du Père-Lachaise. C'est peut-
être celui le long duquel on a le moins
fusillé ; mais il fait figure de symbole
et ce sont les autres, tous les autres qu'il
rappelle, aux vieilles têtes penchées
vers lui.
Lucien DESCAVES.
., (
La morale et l'école
M. Groussau, fidèle, éternellement, à sa
doctrine, a fait hier, dans sa manière, qui est
modérée, le procès de l'école « sans Dieu ».
On connaît l'antienne : Pas de morale sans
Dieu! D'où il suit que nous devons rétablir
l'enseignement religieux dans les écoles de la
République, si nous ne voulons pas former
une génération de citoyens dépourvus de mo-
ralité.
Bien entendu, cette thèse n'a pas manqué
de soulever les protestations des républicains
qui prétendent qu'un libre penseur n'est pas
fatalement un homme de sac et de corde. La
voix de M. Herriot s'est élevée contre les al-
légations calomniatrices de M. Groussau.
Cependant, le porte-parole de la Sainte
Eglise est allé plus avant dans ses préten-
tions; fort des déclarations de M. Ferdinand
Buisson, dont nous avions trop bien prévu
l'utilisation par nos adversaires, il a demandé
lui aussi, la R. P. scolaire, c'est-à-dire la ré-
partition des ressources de l'Etat entre tous
les élèves de toutes les écoles, mêmes confes-
sionnelles, au prorata de leur nombre.
Cette requête est, assurément, insoutenable,
et l'exemple donné par l'orateur catholique,
celui de la Hollande, ne saurait être pris en
considération. Il n'y a pas d'écoles publiques
aux Pays-Bas, l'école y est protestante ou ca-
tholique, dès lors la question que soulève
chez nous M. Groussau ne saurait être posée
dans ce pays.
M. Léon Bérard qui, certes, n'est pas sus-
pect de partialité en faveur de l'école laïque,
n'a pas cru pouvoir accepter l'argumentation
de M. Groussau, tant elle contredit la pensée
et la loi républicaines. Il a invoqué l'autorité
de Montalembert qui, lui, ne demandait que
la liberté.
Il semble que ces messieurs du Tiers Ordre
comme M. Groussau, moine en redingote,
Mettent la charrue devant les bœufs. Il existe
encore une loi, celle de 1905, qui stipule,
dans son article premier, que la République
ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte.
II faut être logique; si l'on veut attribuer les
fonds des collectivités à une école confession-
nelle, c'est-à-dire subventionner indirectement
un culte, ou une institution pour une cause re-
ligieuse, il faut, au préalable, abolir la loi de
séparation.
Que M. Groussau demande et obtienne
l'abrogation des lois laïques, alors nous pour-
rons parler de la R. P. scolaire. F. H.
F. H.
- —————— y — < v
BLOC-NOTES
Le noble sport
J'ai oui. dire que les pêcheurs qui firent
dimanche dernier l'ouverture étaient moins
nombreux et moins enthousiastes que les an-
nées précédentes. J'lespère que. le mauvais
temps fut la cause de leur abstention, car
la décadence de ce noble sport manifesterait
ou annoncerait la décadence même du pays.
Sa pratique exige, en effet, et donne les ver-
tus individuelles ou sociales les plus rares
et les plus précieuses.
Le pêcheur à la ligne, dans notre époque
névrosée, doit dompter ses nerfs au milieu
de nos mœurs trépidantes, il demeure calme
et immobile, attendant sans impatience le
moment opportun, pour,- ce moment venu,
agir avec énergie et décision. Les échecs suc-
cessifs ne le découragent pas, assuré qu'il
est que la persévérance conduit toujours au
succès ; et il se prépare ainsi à supporter
impavide, et confiant dans les futures re-
vanches, les coups de la destinée.
comme le grand chef, qui fixe dans son
esprit le champ die bataille où il remportera
la victoire, il choisit, d'un œil sûr et avec
une intuition prompte, la place favorable.
comme le commerçant habile, qui consent
des sacrifices pour attirer la clientèle, il ap-
pâte la veille. Comme le diplomate ou l'hom-
me d'affaires, qui varient les arguments ou
les artifices suivant le caractère des person-
nes avec qui ils ont affaire, il assortit son
appât avec la nature du poisson fu'il veut
prendre. Comme l'homme d'Etat, dont l'effort
continu vient à bout des plus violentes résis-
tances, il réussit avec un fil et un roseau
flexible à noyer et à lever les plus grosses
pièces.
Il est un honnête homme, car, seul, l'hon-
nête homme peut rester de longues heures
face à face avec sa conscience ; U est un
sage, car il a le goût des plaisirs simples ;
il est un philosophe, car le calme de la na-
ture lui inspire des pensées profondes et no-
bles. Enfin, dans notre siècle d'agitation sté-
rile et de vains bavardages, il sait rester im-
mobile et se taire.
Aussi, jeunes filles, préférez comme époux,
car il ne vous trompera pas, et il a un bel
avenir, - lecteurs, prenez pour anti, car vous
pouvez avoir confiance en lui, — banquiers,
acceptez comme caissier, car il n'emportera
pas votre caisse, — ministres, choisissez pour
les négociations difficiles, car il les conduira
avec prudence ; — électeurs, nommez dé-
puté, car il a toutes les qualités de l'homme
politique,.., lepêcheur à la ligne.
Petit Jean.
L'EUROPE NOUVELLE
La Haute-Silésie
est enfin libérée
Les troupes interalliées évacuent les ter-
ritoires qui reviennent à la Pologne
et la remise des pouvoirs permet
à nos amis d'acclamer l'armée
française
Kattowitz, 20 juin. — Les troupes fran-
çaises ont quitté Kattowitz hier. La popu-
lation polonaise a organisé une grande ma-
nifestation de sympathie en leur faveur.
Les troupes interalliées ont quitté, hier
matin, la première zone, c'est-à-dire la ville
et le district de Kattowitz après une solen-
nelle cérémonie d'adieux, à laquelle M. Ry-
mer, le voyvode polonais, ainsi que le dé-
puté Korfanty ont pris part.
Le transfert des pouvoirs a été effectué
par la signature de soixante procès-verbaux
concernant toutes les affaires administrati-
ves du pays.
,Le commandant français Saleroux, ainsi
que le commandant Danvic, ont prononcé des
discours auxquels MM. Rymer et Korfanty
ont répandu en termes émus. Les honneurs
ont été ensuite rendus aux drapeaux alliés,
qui ont été retirés de l'édifice de la commis-
sion et quelques instants après le drapeau
polonais a été hissé à leur place. L'assis-
tance entière a salué le drapeau polonais
avec enthousiasme. Les troupes françaises
ont quitté la ville aux cris de la foule de :
« Vive la France ! »; les soldats ont été cou-
verts de fleurs.
Le voyvode Rymer a donné un réception
en l'honneur des autorités alliées quittant
Kattowitz. Le commandant Saleroux et le
docteur Goroki ont prononcé de chaleureuses
allocutions célébrant l'amitié traditionnelle
des deux pays.
La ville de Kattowitz prépare pour aujour-
d'hui une réception grandiose aux troupes
polonaises. De nombreux arcs de triomphe
les attendent, érigés par la commune, les
syndicats ouvriers, les sociétés locales, etc.
Le général Szeptyoki, commandant en chef
des troupes polonaises, est arrivé hier à Kat-
towitz. Il a été salué à la gare par le maire
de la ville.
Dans la partie polonaise de la Haute-,
Silésie, la presse tout entière salue avec en-
thousiasme la journée' historique appelant
la Pologne la mère de la Haute-Silésie, sans
laquelle son peuple languissait perpétuelle-
ment. De leur côté, les journaux allemands
expriment la satisfaction que leur cause la
suppression de la censure dès que les pou-
voirs ont été remis à la Pologne.
L'administration Polonaise commence
de fonctionner
Oppeln, 20 juin. — Les troupes françaises
qui ont quitté Kattowitz sont actuellement
à Kœnig^hutte et à Pless. Les troupes ita-
liennes sont arrivées à Oppeln.
L'administration des douanes polonaises a
commence à fonctionner. La remise des che-
mins de fer allemands et polonais se pour-
suit graduellement. On signale un vif en-
thousiasme parmi les habitants du cercle de
Kattowitz, qui vient d'être remis à la Po-
logne. Par contre, dans les cercles qui de-
meurent à l'Allemagne, seuls ont été arbo-
rés sur les monuments publics des drapeaux
impériaux et prussiens.
—————————— > -.- Ç-
L'ALLIANCE ECONOMIQUE
Les relations commerciales
de la Pologne avec la France
Varsovie, 19 juin. — Le gouvernement
polonais vient de mander à Varsovie
M. François Delezal, conseiller de la lé-
gation de Pologne à Paris, afin de se
concerter avec lui au sujet de l'application
des traités commerciaux franco-polonais
récemment ratifiés par la Diète.
Interviewé par le « Courrier de Varso-
vie », M. Delezal a déclaré que les rap-
ports économiiques franco-polonais vont
désormais jouer un rôle important dans les
relations entre les deux pays.
« Les exportations de la Pologne en
France, dit-il, augmentent sans cesse. Nos
produits sont bien vus par les acheteurs
français. Grâce à l'amélioration considé-
rable de la situation économique et indus-
trielle française, les importations de la Po-
logne peuvent trouver sur le marché fran-
çais un excellent débouché ; à ce point de
vue, les conventions commerciales ratifiées
le mois dernier prévoient toutes sortes de
facilités aussi bien pour les exportateurs,
que pour les importateurs, et il ne tient
qu'à eux de profiter des excellentes dispo-
sitions contenues dans ces conventions. »
Au sujet des exportations françaises en
Pologne, M. Delezal a déclaré ce qui suit :
« Jusqu'à ces derniers temps, elles
étaient fort restreintes, mais elles devien-
nent presque chaque jour plus intenses. Le
monde d'affaires polonais doit tenir compte
de ce que la France a cessé d'être un pays
qui produit exclusivement des articles de
luxe. Ce commerce est maintenant relégué
au second plan, alors que l'industrie mé-
tallurgique, chimique, textile, etc., se range
au premier plan de la balance commerciale
française. La France peut être fière des
progrès réalisés dans la fabrication des
automobiles, des aéroplanes, des machines
de toutes sortes, etc. Les articles français
sont connus par leur solidité et élégance et
il convient d'ajouter que les prix baissent ;
ainsi, l'acier et le fer que l'on fabrique en
France sont d'excellente qualité et de 10 à
15 0/0 meilleur marché qu'en Allemagne.
La Pologne peut beaucoup importer de la
France, notamment des engrais chimiques,
des voitures automobiles, des machines
agricoles et autres, des produite de l'in-
dustrie électrique et de caoutchouc, etc.
L'importation de tous ces articles est fa-
cilitée par les traités de commerce franco-
polonais, aussi est-il certain que les rap-
ports économiques entre la France et la
Pologne occuperont encore cette année,
dans le commerce des deux pays, une place
des plus importantes. >
M. Delezal a conclu en disant que la
France pourra largement user du transit
polonais en vue du commerce avec la Russie
et il a vivement encouragé le monde d'af-
faires de Pologne d'éviter les Intermé-
avec les grandes maisons et firmes fran-
çaises.
LES ADMINISTRATIONS CONTRE LE PARLEMENT
Depuis 1918, le MlailH
réelle à la Mire
415.000 francs qu'où persiste
à loi refuser
La Commission des finances ne
peut obtenir des sanctions
Encore une petite « facture » en retard,
qui va être présentée aux Chambres. Il s'agit
du projet portant ouverture de crédits spé-
ciaux d'exercices clos et d'exercices périmés.
La note, d'après les chiffres du gouvernement,
s'élève à 1,337,1585,89 fr. 19. Elle a été rame-
née par la commission des finances de la Cham-
bre à 863,733,984 fr. 84. Une « paille », comme
on voit !
Le rapport de M. Bokanowski, où sont exa-
minés dans 'le détail ces crédits, contient en
raccourci toute l'histoire du désordre de nos
finances, de la négligence de nos grandes' ad-
ministrations et. de la rébellion tenace de
notre bureaucratie contre le Parlement. Il s'y
trouve, plus spécialement, deux exemples qui
sont à épingler.
Ainsi," pour les intérêts de la dette flottante
du Trésor, le ministre des finances demandait,
pour l'exercice 1'919, 918,215,000 francs. Fina-
'lement, après explications et examen appro-
fondi, les services de la rue de Rivoli ont re-
connu qu'ils ne s'étaient trompés que de 444
millions. En trop, heureusement ! Mais ce
simple fait donne une idée ou de la confusion
qui règne dans notre comptabilité ou de la
légèreté avec laquelle on demande aux Cham-
bres les crédits les plus énormes. On n'en est
plus à une erreur d'un demi-milliard près !
Mais l'histoire du ravitaillement est plus
significative encore, bien qu'il ne s'agisse cette
fois que d'un demi-million.
Le ministère du commerce, qui a pris la suc-
cession du ravitaillement, sollicite 300,200 fr.
au titre de l'exercice 1917 et 115,750 fr. au ti-
tre de l'exercice 1918, soit en tout 416,950 fr.
pour la location et l'installation des services
dudit ravitaillement dans les immeubles des
rues Pauquet et Bassano, où ils furent un cer-
tain temps hospitalisés.
'Ces crédits avaient été réclamés, en partie,
dès le 1er février 1918 par M. Boret, ministre
du ravitaillement, en régularisation des dépen-
ses engagées pour l'occupation, depuis le 1er
juillet 1917, des locaux de la rue Bassano et
de la rue Pauquet par l'administration de son
prédécesseur M. Viollette. La commission des
finances de la Chambre refusa son approba-
tion, parce que l'argent avait été dépensé sans
l'autorisation du Parlement ; le 7 mai 1918,
elle repoussait à nouveau une nouvelle de-
mande de M. Boret et bien que celui-ci, par
trois fois, d'août 1918 là février 1919, eût in-
sisté pour le vote des crédite, la commission
des finances demeurait intraitable. Le 3 mars
1919, M. Louis Marin, rapporteur, demandait
au ministre des finances quelles sanctions
avaient été prises contre ceux qui avaient en-
gagé, sans autorisation régulière, les dépenses
dont U s'agissait. 'Le 17 mai 1919, M. Boret. in-
sistait pour le vote des crédits qui, entre temps,
s'étaient augmentés.
Le 31 mai 1919, puis le 11 juin 1319, la com-
mission rappelait au ministre des finances
qu'elle attendait toujours sa réponse au sujet
des sanctions.
Le 21 août 1919, M. Noulens, qui était de-
venu -ministre du ravitaillement, reconnais-
sait l'irrégularité des dépenses de la rue Pau-
quet et de la rue Bassano, mais ne soufflait
toujours mot des sanctions.
En décembre 1919, la commission des finan-
ces persistait dans son refus formel de voter
Ses crédits parce qu'on ne lui avait point don-
né les satisfactions qu'elle exigeait.
Le 5 août 1920, M. Thoumyre revenait à la
charge et n'obtenait pas plus de succès que ses
prédécesseurs.
En 192'2, le gouvernement, estimant sans
doute qu'on avait, au bout d'une longue pério-
de, réussi 'à « noyer le poisson oo, retourne de-
vant la commission des finances avec sa « fac-
ture » de 415,1950 fr. La commission, avec une
ténacité des plus louables, a de nouveau inter-
rogé M. de Lasteyrie pour savoir si « les res-
ponsabilités ont été dégagées et des sanctions
prises ». Comme M. de Lasteyrie a suivi la
tangente dans sa réponse, et comme il n'est
même pas question d'enquête, la commission
a rejeté, encore une Tois, 'les crédits.
Ainsi, depuis quatre ans, le Parlement, par
la voix de sa commission du budget, a expri-
mé, à plusieurs reprises, sa volonté formelle
de savoir qui a dépensé 415,950 fr. sans son
assentiment et si on songe è, réprimer pareil
agissement. Et, depuis quatre ans aussi, une
administration qui considère que la volonté
de la Chambre n'a pas autrement d'importan-
ce, réplique par le silence et, avec une insis-
tance qui ressemble à une bravade, se contente
de. prier le Parlement de payer — sans plus.
Il sera intéressant de savoir comment se
terminera ce conflit et de voir qui cédera en
cette affaire : ou la Chambre qui est souverai-
ine, ou la bureaucratie qui se Loo de ses déci-
sions.
Louis LE PAGE.
: , <;
La signature du traité
franco-espagnol est imminente
Madrid, 20 juin. — Nous avons pu inter-
viewer M. Serruys, expert français, qui, de-
puis plusieurs mois, négocie à Madrid les clau-
ses de l'accord commercial franco-espagnol et
qui, après avoir pris part à la Conférence de
Gênes, est retourné à Madrid pour parache-
ver l'œuvre qu'il y avait déjà commencée.
M. Serruys nous a déclaré que le traité fran-
co-espagnol sera paraphé dès demain soir. La
signature définitive aura lieu quelques jours
après.
L'expert français pense que le nouveau trai-
té entrera en vigueur le 2 juillet.
M. Serruys partira pour Paris demain soir.
—————————— , <5
La délégation française
à la Conférence de La Haye
On sait. que la Conférence de Gênes avait
fixé, à deux par puissance le nombre des ex-
perts à nommer à la Conférence de La Haye.
Le gouvernement français, ayant décidé de
prendre- part aux travaux de la Conférence,
a fait connaître au président qu'il avait dési-
gné MM. Alphand et de Lapradelle en qua-
lité d'experts proprement dits.
Les autres membres de la délégation fran-
çaise, actuellement à La Haye, assisteront
MM. Alphand et de Lapradelle comme con-
seils techniques. Les noms de nos experts
seront communiqués au gouvernement bol-
chevique, et compris dans la liste générale
des experts internationaux.
LES PROCEDES DE LA B. l
Une diffamation
contre la Chine
~-- 1
Dans 'le seul bot de lutter contre le
renflouement de la B. 1. C., M. Thion
de La Chaume fait faire une déposi-
tion tendancieuse et mensongère
au procès Pernotte
Au dernier Conseil des ministres, M. de Las-
teyrie a entretenu ses collègues du renfloue-
ment de la Banque Industrielle de Chine. Le
gouvernement a décidé de donner des instruc-
tions à notre ministre à Pékin pour négocier
le transfert de l'indemnité dite des Boxers.
C'est fort bien, mais M. Parmentier, direc-
teur du mouvement des fonds, n'a-t-il pas dé-
claré péremptoirement que « la B. I. C. ne
serait pas renflouée » ? Ne savons-nous pas
que ni le ministre des affaires étrangères ni
le président du Conseil ne peuvent rien con-
tre les décisions sans appel des bureaux du
ministère des finances ? M. Briand a capitulé,
de même capitulera M. Poincaré. Rien à faire
contre les aspirants concussionnaires alléchés
par le sieur Thion de la Chaume (200.000 fr.
de rentes viagères).
*
1 * *
Pour mesurer le cynisme et la violence des
haines de la Banque de l'Indo-Chine contre
sa rivale abattue, il fallait être samedi à l'au-
dience du procès Pernotte.
Nous avons vu apparaître à la barre un cer-
tain personnage nommé Saint-Pierre, ce saint-
là porte sans doute les dés du trésor, sinon
celles du Paradis. Le témoin confus, falot,
honteux manifestement du rôle qu'on lui fai-
sait jouer, n'osa point répéter publiquement
ce qu'il avait déclaré sur l'ordre de M. Thion
de la Chaume, dont il est le salarié. Le prési-
dent dut relire sa déposition devant M. Ri-
chaud.
ILe témoin, ancien directeur de l'agence de
la B. I. à Pékin, osa déclarer à l'instruction
que le gouvernement chinois n'a ni crédit ni
budget, il se permit d'affirmer que les conces-
sions données à la B. I. C. par la Chine sont
de nulle importance, etc., etc. *•
Or, tout aussitôt, on appela M. Tsang-Ou,
ingénieur et notable chinois chargé de mis-
sions en France, qui chiffra, en technicien, la
valeur de ces mêmes concessions, donnant
ainsi un démenti formel aux diffamations de
la Banque de l'Indo-Chine.
Que dire d'un établissement financier qui
aspire au monopole des affaires françaises en
Extrême-Orient, et qui se livre, dans un but
de pure polémique malfaisante contre la
B. I. C., à de telles manœuvres contre un Etat
étranger ?
Nous voyons trop bien que M. Thion de la
Chaume entend provoquer le mécontentement
de Pékin, au moment même où notre ministre
reçoit l'ordre de négocier avec le gouverne-
ment chinois. afin de provoquer l'échec des
pourparlers en cours.
Nous le demandons à M. Poincaré, nous le
demandons au Parlement, est-ce là le rôle
d'une banque privilégiée, le rôle d'un direc-
teur nommé par un décret du gouvernement
français ?
Ce n'est pas là le moindre scandale de cette
déplorable bataille de banques !
Pierre DIONNE.
—————————— ) - -.- - ( ——————————..
NOTES PARISIENNES
Le supplice du bruit
Un conseiller municipal de Paris a dé-
posé, il y a quelque trois ans, une proposi-
tion tendant à rechercher et à supprimer
les bruits inutiles dans les rues et sur les
lignes de chemins de fer.
Je promets môn obole au comité qui élè-
vera un jour une statue à ce philanthrope,
car si son projet n'a pas encore connu la
discussion, son idée généreuse chemine.
C'est d'elle que s'est inspiré, par exem-
ple, le code de la route, en interdisant l'u-
sage des trompes à certains véhicules.
Il nous est donc permis d'imaginer, grâ-
ce à lui, une vie meilleure, où l'infortuné
Parisien ne sera plus en proie au tourment
du bruit, qui a été décrit sous une forme
adoucie dans le « Jardin des supplices »,
et n'aura plus les nerfs usés par le vacarme
sans répit des rues parisiennes.
Puisque les méthodes préconisées pour
relever la natalité, n'ont fait jusqu'ici que
la preuve de leur impuissance, il ne faut
pas négliger un seul des moyens suscepti-
bles de prolonger la vie humaine. Les pro-
cédés de rajeunissement ne paraissant pas
encore au point, il ne nous reste qu'à es-
sayer de ne pas vieillir trop vite; et c'est,
en somme à cela, que nous convie notre tu-
télaire édile.
Je ne me bornerai pas à le louer. Je veux
collaborer à son œuvre. Je l'invite à rani-
mer son zèle en venant passer la soirée de
jeudi sur mon balcon, qui donne sur un
square charmant. Aux quatre coins de ce
rectangle de verdure, est installé un ma-
nège de chevaux de bois doté d'un orgue
puissant, qui beuglera ce jour-là de deux
heures de relevée à onze heures du soir.
Et, de neuf à onze, une fanfare du quar-
tier installée sous le kiosque du square,
luttera de tous ses cuivres contre les or-
gues barbares déchaînées.
Je ne sais pas si nous pourrons échanger
d'abondants propos, mais je crois que nous
nous comprendrons tout de même, et que,
vers minuit, nous sentirons tout le prix de
la « liberté de penser ».
Robert LAU LAN.
—————————— ,J - ..- ( -
Le denier de saint Pierre est en baisse
et le Vatican fait des économies !
Milan, 20 juin. — On mande de Rome au
Secolo, que le pontife réorganise activement
tous les bureaux et services des palais apos-
toliques et ne néglige pas le problème finan-
cier du Vatican, qui traverse une période de
gêne à cause des conditions des pays d'où
venaient jadis les plus fortes offrandes des
catholiques au dernier de saint Pierre.
Ainsi Pie XI a établi un contrôle spécial
sur les dépenses du bureau technique, du
fourrier et du maître du palais, dans le but
d'éviter des gaspillages inutiles dont on se
baignait autrefois. Le nouveau pape a don-
né l'ordre qu'aucune dépense extraordinaire
dépassant 500 lire ne soit faite sans l'auto-
risation préalable d'une commission compo-
sée des cardinaux Gasparri, Merry del Val,
De Lai et Sbarretti. Ces innovations du pape
ont provoqué de mauvaises humeurs et ont
rencontré quelque résistance, mais on est
certain qu'elles seront scrupuleusement ef-
fectuées.
CONTRE L'ABANDON DE LA LAIQUE
LES « ST AGI AIRES »
de renseignement primaire
demeurent des «parias»
Aucune satisfaction ne leur a été
accordée jusqu'ici
Nous avons déjà signalé ici la situation
vraiment digne d'intérêt des instituteurs-sta-
giaires, à laquelle d'ailleurs le dilettantisme
dédaigneux de M. Léon Bérard ne semble pas
prêter autrement attention. Le Réveil Ensei-
gnant, organe de la Fédération nationale des
stagiaires de l'enseignement primaire, publie
dans son dernier numéro au sujet de ces
« parias » de l'école publique un article où
est douloureusement exposée une misère à la-
quelle un Parlement républicain se devrait
de mettre fin au plus tôt. Nous détachons de
cet article ce passage significatif :
Il est bien évident que la situation du sta-
giaire se trouve dans un état d'infériorité très
marqué par rapport à celle des autres travail-
leurs, même de ceux dont la profession n'exige
ni culture, ni vocation.
En général, à Paris, un employé de la ville
(arroseur, balayeur, paveur, wattman, recè-
veur de tramway, etc.) gagne 500 francs par
mois. La journée du terrassier, du maçon, du
charpentier est de 25 à 30 francs (voir pour
plus de précision les ouvrages édités pour cha-
que corporation).
D'autre part, à la campagne, le petit pâtre
qui sort de l'école a une situation de beaucoup
supérieure à la nôtre. Il est, en effet, la plupart
dû temps, nourri, logé, etc., et reçoit encore une
gratification mensuelle de 80 à 100 francs, qui
constitueront ses économies. A Paris, une bonne
à tout faire reçoit, en plus de tous ces avanta-
ges, 150 à 200 francs par mois.
Certes, je ne jalouse pas — loin de là — les
autres fonctionnaires, mais l'on peut constater
aisément que leurs traitements et leur mode
d'avancement sont bien meilleurs que les nô-
tres. Le stage à perpétuité et la perpétuelle mi-
sère n'existent que dans l'Enseignement.
Un candidat admis au concours des P. T. T.,
le même qui parfois a échoué à celui de l'école
normale ou à l'examen du B. E. (un député l'a.
dit dernièrement lors de la discussion du bud-
get) est nommé immédiatement surnuméraire,
peu de temps après : commis. Ensuite, tou-
jours sans autre examen, il passe contrôleur,
puis receveur. A Paris et dans les grandes vil-
les, cette dernière situation est bien supérieure
à celle d'un inspecteur primaire.
Les a stagiaires » finiront-ils par apitoyer
les pouvoirs publics et par obtenir justice ?
Espérons-le ; demandons une fois de plus aux
républicains de la .Chambre de ne pas les
abandonner à leur malheureux sort.
Qu'on leur facilite déjà — c'est la première
revendication à accueillir favorablement — la
titularisation, en supprimant, même pour ceux
qui ne compteront pas cinq ans de service en
1923, l'épreuve écrite du certificat d'aptitude
pédagogique, dont l'obligation est, nous
l'avons démontré, une véritable absurdité.
Qu'on ne les maintienne point stagiaires à
perpétuité. Ce sera une œuvre de justice
d'abord. Le recrutement des maîtres ne pour-
ra ensuite que s'en mieux trouver. Ce n'est
pas au moment où le Bloc 'national se déchaî-
ne contre la « laïque » qu'il convient d'ag-
graver encore une crise dangereuse pour
l'avenir de l'école publique.
P. V.
—————————— ,
Un grave accident de cljemii) de fer
en Italie
Trois morts, vingt blessés
Turin, 20 juin. — Un voyageur ayant été
écrasé au passage de l'express Turin-Cunéo
(Coni), le train stoppa immédiatement. On
oublia d'informer la gare de Turin de cet
arrêt. Aussi, quelques instants après, l'express
de Rome arrivant à toute vitesse, heurta le
convoi précédent, écrasant trois wagons. On
a retiré jusqu'ici des décombres trois morts
et une vingtaine de blessés.
—————————— > - ..e..- C ——————————.
L'AFFAIRE BASSARABO
LE PROCWE FINIRA
01A11J0URD Hlll
---- ':
Au cours de sa plaidoirie, Me de Moro-
Giafferri envisage diverses hypo-
thèses, même celle.
du suicide!
Le merveilleux talent oratoire de M* de
Moro-Giafferri ne connait pas d'obstacle.
Pendant cinq heures, hier, il a parlé sans
fatigue apparente, battant le record. de du-
rée de M. l'avocat général Mancel.
Se mouvant au milieu du champ des
hypothèses avec une souplesse extraordi-
naire, exploitant avec adresse tout ce qui
demeure de trouble dans cette affaire, ti-
rant argument même des contradictions de
sa cliente, le défenseur a déployé un admi-
rable effort pour faire naître le doute dans
l'esprit des jurés. Y aura-t-il réussi? Nous
ne le saurons qu'aujourd'hui, car faisant
droit au désir exprimé par le jury lui-mé-
me, le président a décidé qu'il y aurait une
ultime audience consacrée à la plaidoirie
de M* Raymond Hubert pour Paule Jac-
ques, a'.x explications « in extremis » des
accusé s et au verdict.
Il .l'est point facile de résumer la plai-
doirie de Me de Moro-Giafferri. Comment
rendre en effet avec une parfaite exacti-
tude aussi bien l'enchaînement des argu-
ments opposés à l'accusation et la beauté
des envolées oratoires?
L'avocat avait défendu la veille Hera
Myrtel contre l'injurieux soupçon d'avoir
été pour quelque chose dans la mort de son
premier mari et il en avait profité pour
faire des vertus domestiques de sa cliente
le plus vibrant éloge.
Cette première partie de sa tache ache-
vée, Il ne restait qu'à s'occuper du second *
mari. Faut-U dire que devant M* de Moro"
ftiafferri, le joyeux$Passa » et see deos
,
Le Numéro: 10 cmél
ABONNEMENTS lan e m. 3 m.
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aux Mgreaux du Jcurral
46' ANNEE - N* 16.396
MERCREDI
21
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en ch«f :
FELIX HAUTFORT
bea manuscrits non inséré*
M sont pas rendus
Les murs parlants
Un de ces murs qui ont des oreilles
pour entendre et un visage parlant,
vient de disparaître, à Montmartre : le
mur de la rue des Rosiers (devenue la
rue de La Barre), contre lequel furent
poussés et fusillés, le 18 mars 1871, les
généraux Lecomte et Clément Thomas.
Je garde précieusement un souvenir
de cette journée historique. Un vieillard
auquel j'avais rendu quelques petits ser-
vices et qui ne savait comment me té-
moigner sa gratitude m'apporta un
jour, il y a vingt ans, une branche de
pêcher coupée en fleurs à l'espalier où
s'appuyait la tête de Clément Thomas,
peu de temps après sa mort. Le mur
n'est plus.; la petite branche reste dans
ma bibliothèque, au creux d'un moulage
de la main de Louise Michel. A chacun
ses commémorations.
On a beaucoup reproché, on reproche
souvent encore à la Commune, le meur-
tre des deux généraux. On oublie ou l'on
ne veut pas savoir que la Commune, le
18 mars, n'existait pas. A la garde na-
tionale provoquée, Thiers avait voulu
reprendre ses canons, les canons payés
par elle. La troupe — le SS8 de ligne —
fit cause commune avec les gardes na-
tionaux, mit la crosse en l'air et s'assura
du général de brigade Lecomte, qu'elle
avait pour Vinoy. Elle le conduisit. au
Château-Rouge et l'y enferma. Les hom-
mes de la Commune ne prirent part à
l'affaire que pour essayer de sauver
Lecomte. A Genève, où plusieurs se re-
trouvèrent, trois mois plus tard, pros-
crits et traqués, Massenet de Maran-
court, frère du compositeur de Manon,
racontait devant mon vieil ami Maxime
,Vuillaume la scène, les scènes dont il
avait été témoin. Car avant de rencontrer
le général Lecomte à Montmartre, près
de la Tour de Solfériiio, Léon Massenet
avait fait sa connaissance pendant la
guerre, là Charleville, où, colonel d'un
régiment de marche, il venait de receT
voir le commandement d'une brigade
dans le Midi.
A Massenet, il disait alors : « Je suis
bien heureux de quitter le' service actif.
Je me sens fatigué. J'ai cinq enfants. Je
suis numismate, bibliophile ; j'aime les
beaux-arts. Voilà de quoi m'occuper.»
Et Massenet le retrouvait au milieu
d'une foule excitée, hurlante.
— Donnez l'ordre d'évacuer les Buttes,
mon général, et l'on vous rendra la li-
berté.
Lecomte signa l'ordre écrit de sa main
et se fit servir à déjeuner ; mais il eut
la fatale inspiration, dans l'après-midi,
de se faire transférer au poste de la rue
des Rosiers où il comptait voir les mem-
bres du Comité central. Ce fut sa perte.
Il avait moins à craindre des fédérés
jque de ses propres soldats. Ceux-ci, lors-
qu'on leur amena le général Clément
[Thomas, que la population parisienne
exécrait depuis 1848, fusillèrent ensem-
ble le vieux général et le jeune. Ils
avaient pris toutefois la précaution de
retourner leur képi, afin d'en cacher le
numéro qui eût pu les dénoncer. Maxi-
me Vuillaume tenait ce détail d'un au-
tre témoin digne de foi.
Le rôle de la Commune dans tout
eela ?
La vérité, c'est que la guerre, le Siège,
ia capitulation de Paris, une défense
nationale mal organisée, Trochu, Du-
crot, Thiers, et tous les Jules, de Favre à
Simon, avaient exaspéré Paris. Il ne
fallait qu'une étincelle pour mettre le
feu aux poudres : l'enlèvement des ca-
pons fut l'étincelle.
Il y a une trentaine d'années, M. An-
flré Gide, l'auteur de Saul et de La porte
étroite, fondait sa réputation, au quar-
tier Latin, avec ce vers :
",es capitaines vainqueurs ont une odeur
[forte.
'— Les vaincus aussi, lui fit douce-
ment observer Curnonsky, songeant
peut-être aux généraux sans prestige
de l'Année terrible.
'C'est envers ceux-là que la foule, mi-
litaires et civils .fraternisant, fut impi-
toyable le 18 mars 1871, rue des Rosiers.
On n'allait guère en pèlerinage au
mur qui vient d'être abattu. Il était
abandonné. Un asile, qui occupe l'em-
placement de l'ancienne maison démo-
lie, y avait aménagé ses water-closets !
On va davantage au mur de la rue
Haxo, sur les hauteurs de Belleville, où
tombèrent les otages, au nombre de cin-
quante.
Il ne manque pas de murs, dans Pa-
ris, que les défenseurs de la Commune
éclaboussèrent de plus de sang, if y a
les murs de l'Ecole militaire et de la
caserne Lobau ; il y a les murs-de' l'ari-
cienne Ecole d'état-major de la rue de
Grenelle ; il y a les marches du Pan-
théon. sur lesquelles fut fusillé le brave
Millière, et le piédestal du lion de pierre
qui avoisine le bassin du Luxembourg,
piédestal contre lequel fut adossé l'inno-
cent docteur Tony Moilin. Il y a, dans
chaque quartier, encore debout, des
murs qui eurent des oreilles pour enten-
dre siffler les balles et qui sont devenus
sourds pour s'en souvenir.
Mais ce n'est point le cas pour le Mur
par excellence, le Mur tout court, enfin
le Mur du Père-Lachaise. C'est peut-
être celui le long duquel on a le moins
fusillé ; mais il fait figure de symbole
et ce sont les autres, tous les autres qu'il
rappelle, aux vieilles têtes penchées
vers lui.
Lucien DESCAVES.
., (
La morale et l'école
M. Groussau, fidèle, éternellement, à sa
doctrine, a fait hier, dans sa manière, qui est
modérée, le procès de l'école « sans Dieu ».
On connaît l'antienne : Pas de morale sans
Dieu! D'où il suit que nous devons rétablir
l'enseignement religieux dans les écoles de la
République, si nous ne voulons pas former
une génération de citoyens dépourvus de mo-
ralité.
Bien entendu, cette thèse n'a pas manqué
de soulever les protestations des républicains
qui prétendent qu'un libre penseur n'est pas
fatalement un homme de sac et de corde. La
voix de M. Herriot s'est élevée contre les al-
légations calomniatrices de M. Groussau.
Cependant, le porte-parole de la Sainte
Eglise est allé plus avant dans ses préten-
tions; fort des déclarations de M. Ferdinand
Buisson, dont nous avions trop bien prévu
l'utilisation par nos adversaires, il a demandé
lui aussi, la R. P. scolaire, c'est-à-dire la ré-
partition des ressources de l'Etat entre tous
les élèves de toutes les écoles, mêmes confes-
sionnelles, au prorata de leur nombre.
Cette requête est, assurément, insoutenable,
et l'exemple donné par l'orateur catholique,
celui de la Hollande, ne saurait être pris en
considération. Il n'y a pas d'écoles publiques
aux Pays-Bas, l'école y est protestante ou ca-
tholique, dès lors la question que soulève
chez nous M. Groussau ne saurait être posée
dans ce pays.
M. Léon Bérard qui, certes, n'est pas sus-
pect de partialité en faveur de l'école laïque,
n'a pas cru pouvoir accepter l'argumentation
de M. Groussau, tant elle contredit la pensée
et la loi républicaines. Il a invoqué l'autorité
de Montalembert qui, lui, ne demandait que
la liberté.
Il semble que ces messieurs du Tiers Ordre
comme M. Groussau, moine en redingote,
Mettent la charrue devant les bœufs. Il existe
encore une loi, celle de 1905, qui stipule,
dans son article premier, que la République
ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte.
II faut être logique; si l'on veut attribuer les
fonds des collectivités à une école confession-
nelle, c'est-à-dire subventionner indirectement
un culte, ou une institution pour une cause re-
ligieuse, il faut, au préalable, abolir la loi de
séparation.
Que M. Groussau demande et obtienne
l'abrogation des lois laïques, alors nous pour-
rons parler de la R. P. scolaire. F. H.
F. H.
- —————— y — < v
BLOC-NOTES
Le noble sport
J'ai oui. dire que les pêcheurs qui firent
dimanche dernier l'ouverture étaient moins
nombreux et moins enthousiastes que les an-
nées précédentes. J'lespère que. le mauvais
temps fut la cause de leur abstention, car
la décadence de ce noble sport manifesterait
ou annoncerait la décadence même du pays.
Sa pratique exige, en effet, et donne les ver-
tus individuelles ou sociales les plus rares
et les plus précieuses.
Le pêcheur à la ligne, dans notre époque
névrosée, doit dompter ses nerfs au milieu
de nos mœurs trépidantes, il demeure calme
et immobile, attendant sans impatience le
moment opportun, pour,- ce moment venu,
agir avec énergie et décision. Les échecs suc-
cessifs ne le découragent pas, assuré qu'il
est que la persévérance conduit toujours au
succès ; et il se prépare ainsi à supporter
impavide, et confiant dans les futures re-
vanches, les coups de la destinée.
comme le grand chef, qui fixe dans son
esprit le champ die bataille où il remportera
la victoire, il choisit, d'un œil sûr et avec
une intuition prompte, la place favorable.
comme le commerçant habile, qui consent
des sacrifices pour attirer la clientèle, il ap-
pâte la veille. Comme le diplomate ou l'hom-
me d'affaires, qui varient les arguments ou
les artifices suivant le caractère des person-
nes avec qui ils ont affaire, il assortit son
appât avec la nature du poisson fu'il veut
prendre. Comme l'homme d'Etat, dont l'effort
continu vient à bout des plus violentes résis-
tances, il réussit avec un fil et un roseau
flexible à noyer et à lever les plus grosses
pièces.
Il est un honnête homme, car, seul, l'hon-
nête homme peut rester de longues heures
face à face avec sa conscience ; U est un
sage, car il a le goût des plaisirs simples ;
il est un philosophe, car le calme de la na-
ture lui inspire des pensées profondes et no-
bles. Enfin, dans notre siècle d'agitation sté-
rile et de vains bavardages, il sait rester im-
mobile et se taire.
Aussi, jeunes filles, préférez comme époux,
car il ne vous trompera pas, et il a un bel
avenir, - lecteurs, prenez pour anti, car vous
pouvez avoir confiance en lui, — banquiers,
acceptez comme caissier, car il n'emportera
pas votre caisse, — ministres, choisissez pour
les négociations difficiles, car il les conduira
avec prudence ; — électeurs, nommez dé-
puté, car il a toutes les qualités de l'homme
politique,.., lepêcheur à la ligne.
Petit Jean.
L'EUROPE NOUVELLE
La Haute-Silésie
est enfin libérée
Les troupes interalliées évacuent les ter-
ritoires qui reviennent à la Pologne
et la remise des pouvoirs permet
à nos amis d'acclamer l'armée
française
Kattowitz, 20 juin. — Les troupes fran-
çaises ont quitté Kattowitz hier. La popu-
lation polonaise a organisé une grande ma-
nifestation de sympathie en leur faveur.
Les troupes interalliées ont quitté, hier
matin, la première zone, c'est-à-dire la ville
et le district de Kattowitz après une solen-
nelle cérémonie d'adieux, à laquelle M. Ry-
mer, le voyvode polonais, ainsi que le dé-
puté Korfanty ont pris part.
Le transfert des pouvoirs a été effectué
par la signature de soixante procès-verbaux
concernant toutes les affaires administrati-
ves du pays.
,Le commandant français Saleroux, ainsi
que le commandant Danvic, ont prononcé des
discours auxquels MM. Rymer et Korfanty
ont répandu en termes émus. Les honneurs
ont été ensuite rendus aux drapeaux alliés,
qui ont été retirés de l'édifice de la commis-
sion et quelques instants après le drapeau
polonais a été hissé à leur place. L'assis-
tance entière a salué le drapeau polonais
avec enthousiasme. Les troupes françaises
ont quitté la ville aux cris de la foule de :
« Vive la France ! »; les soldats ont été cou-
verts de fleurs.
Le voyvode Rymer a donné un réception
en l'honneur des autorités alliées quittant
Kattowitz. Le commandant Saleroux et le
docteur Goroki ont prononcé de chaleureuses
allocutions célébrant l'amitié traditionnelle
des deux pays.
La ville de Kattowitz prépare pour aujour-
d'hui une réception grandiose aux troupes
polonaises. De nombreux arcs de triomphe
les attendent, érigés par la commune, les
syndicats ouvriers, les sociétés locales, etc.
Le général Szeptyoki, commandant en chef
des troupes polonaises, est arrivé hier à Kat-
towitz. Il a été salué à la gare par le maire
de la ville.
Dans la partie polonaise de la Haute-,
Silésie, la presse tout entière salue avec en-
thousiasme la journée' historique appelant
la Pologne la mère de la Haute-Silésie, sans
laquelle son peuple languissait perpétuelle-
ment. De leur côté, les journaux allemands
expriment la satisfaction que leur cause la
suppression de la censure dès que les pou-
voirs ont été remis à la Pologne.
L'administration Polonaise commence
de fonctionner
Oppeln, 20 juin. — Les troupes françaises
qui ont quitté Kattowitz sont actuellement
à Kœnig^hutte et à Pless. Les troupes ita-
liennes sont arrivées à Oppeln.
L'administration des douanes polonaises a
commence à fonctionner. La remise des che-
mins de fer allemands et polonais se pour-
suit graduellement. On signale un vif en-
thousiasme parmi les habitants du cercle de
Kattowitz, qui vient d'être remis à la Po-
logne. Par contre, dans les cercles qui de-
meurent à l'Allemagne, seuls ont été arbo-
rés sur les monuments publics des drapeaux
impériaux et prussiens.
—————————— > -.- Ç-
L'ALLIANCE ECONOMIQUE
Les relations commerciales
de la Pologne avec la France
Varsovie, 19 juin. — Le gouvernement
polonais vient de mander à Varsovie
M. François Delezal, conseiller de la lé-
gation de Pologne à Paris, afin de se
concerter avec lui au sujet de l'application
des traités commerciaux franco-polonais
récemment ratifiés par la Diète.
Interviewé par le « Courrier de Varso-
vie », M. Delezal a déclaré que les rap-
ports économiiques franco-polonais vont
désormais jouer un rôle important dans les
relations entre les deux pays.
« Les exportations de la Pologne en
France, dit-il, augmentent sans cesse. Nos
produits sont bien vus par les acheteurs
français. Grâce à l'amélioration considé-
rable de la situation économique et indus-
trielle française, les importations de la Po-
logne peuvent trouver sur le marché fran-
çais un excellent débouché ; à ce point de
vue, les conventions commerciales ratifiées
le mois dernier prévoient toutes sortes de
facilités aussi bien pour les exportateurs,
que pour les importateurs, et il ne tient
qu'à eux de profiter des excellentes dispo-
sitions contenues dans ces conventions. »
Au sujet des exportations françaises en
Pologne, M. Delezal a déclaré ce qui suit :
« Jusqu'à ces derniers temps, elles
étaient fort restreintes, mais elles devien-
nent presque chaque jour plus intenses. Le
monde d'affaires polonais doit tenir compte
de ce que la France a cessé d'être un pays
qui produit exclusivement des articles de
luxe. Ce commerce est maintenant relégué
au second plan, alors que l'industrie mé-
tallurgique, chimique, textile, etc., se range
au premier plan de la balance commerciale
française. La France peut être fière des
progrès réalisés dans la fabrication des
automobiles, des aéroplanes, des machines
de toutes sortes, etc. Les articles français
sont connus par leur solidité et élégance et
il convient d'ajouter que les prix baissent ;
ainsi, l'acier et le fer que l'on fabrique en
France sont d'excellente qualité et de 10 à
15 0/0 meilleur marché qu'en Allemagne.
La Pologne peut beaucoup importer de la
France, notamment des engrais chimiques,
des voitures automobiles, des machines
agricoles et autres, des produite de l'in-
dustrie électrique et de caoutchouc, etc.
L'importation de tous ces articles est fa-
cilitée par les traités de commerce franco-
polonais, aussi est-il certain que les rap-
ports économiques entre la France et la
Pologne occuperont encore cette année,
dans le commerce des deux pays, une place
des plus importantes. >
M. Delezal a conclu en disant que la
France pourra largement user du transit
polonais en vue du commerce avec la Russie
et il a vivement encouragé le monde d'af-
faires de Pologne d'éviter les Intermé-
avec les grandes maisons et firmes fran-
çaises.
LES ADMINISTRATIONS CONTRE LE PARLEMENT
Depuis 1918, le MlailH
réelle à la Mire
415.000 francs qu'où persiste
à loi refuser
La Commission des finances ne
peut obtenir des sanctions
Encore une petite « facture » en retard,
qui va être présentée aux Chambres. Il s'agit
du projet portant ouverture de crédits spé-
ciaux d'exercices clos et d'exercices périmés.
La note, d'après les chiffres du gouvernement,
s'élève à 1,337,1585,89 fr. 19. Elle a été rame-
née par la commission des finances de la Cham-
bre à 863,733,984 fr. 84. Une « paille », comme
on voit !
Le rapport de M. Bokanowski, où sont exa-
minés dans 'le détail ces crédits, contient en
raccourci toute l'histoire du désordre de nos
finances, de la négligence de nos grandes' ad-
ministrations et. de la rébellion tenace de
notre bureaucratie contre le Parlement. Il s'y
trouve, plus spécialement, deux exemples qui
sont à épingler.
Ainsi," pour les intérêts de la dette flottante
du Trésor, le ministre des finances demandait,
pour l'exercice 1'919, 918,215,000 francs. Fina-
'lement, après explications et examen appro-
fondi, les services de la rue de Rivoli ont re-
connu qu'ils ne s'étaient trompés que de 444
millions. En trop, heureusement ! Mais ce
simple fait donne une idée ou de la confusion
qui règne dans notre comptabilité ou de la
légèreté avec laquelle on demande aux Cham-
bres les crédits les plus énormes. On n'en est
plus à une erreur d'un demi-milliard près !
Mais l'histoire du ravitaillement est plus
significative encore, bien qu'il ne s'agisse cette
fois que d'un demi-million.
Le ministère du commerce, qui a pris la suc-
cession du ravitaillement, sollicite 300,200 fr.
au titre de l'exercice 1917 et 115,750 fr. au ti-
tre de l'exercice 1918, soit en tout 416,950 fr.
pour la location et l'installation des services
dudit ravitaillement dans les immeubles des
rues Pauquet et Bassano, où ils furent un cer-
tain temps hospitalisés.
'Ces crédits avaient été réclamés, en partie,
dès le 1er février 1918 par M. Boret, ministre
du ravitaillement, en régularisation des dépen-
ses engagées pour l'occupation, depuis le 1er
juillet 1917, des locaux de la rue Bassano et
de la rue Pauquet par l'administration de son
prédécesseur M. Viollette. La commission des
finances de la Chambre refusa son approba-
tion, parce que l'argent avait été dépensé sans
l'autorisation du Parlement ; le 7 mai 1918,
elle repoussait à nouveau une nouvelle de-
mande de M. Boret et bien que celui-ci, par
trois fois, d'août 1918 là février 1919, eût in-
sisté pour le vote des crédite, la commission
des finances demeurait intraitable. Le 3 mars
1919, M. Louis Marin, rapporteur, demandait
au ministre des finances quelles sanctions
avaient été prises contre ceux qui avaient en-
gagé, sans autorisation régulière, les dépenses
dont U s'agissait. 'Le 17 mai 1919, M. Boret. in-
sistait pour le vote des crédits qui, entre temps,
s'étaient augmentés.
Le 31 mai 1919, puis le 11 juin 1319, la com-
mission rappelait au ministre des finances
qu'elle attendait toujours sa réponse au sujet
des sanctions.
Le 21 août 1919, M. Noulens, qui était de-
venu -ministre du ravitaillement, reconnais-
sait l'irrégularité des dépenses de la rue Pau-
quet et de la rue Bassano, mais ne soufflait
toujours mot des sanctions.
En décembre 1919, la commission des finan-
ces persistait dans son refus formel de voter
Ses crédits parce qu'on ne lui avait point don-
né les satisfactions qu'elle exigeait.
Le 5 août 1920, M. Thoumyre revenait à la
charge et n'obtenait pas plus de succès que ses
prédécesseurs.
En 192'2, le gouvernement, estimant sans
doute qu'on avait, au bout d'une longue pério-
de, réussi 'à « noyer le poisson oo, retourne de-
vant la commission des finances avec sa « fac-
ture » de 415,1950 fr. La commission, avec une
ténacité des plus louables, a de nouveau inter-
rogé M. de Lasteyrie pour savoir si « les res-
ponsabilités ont été dégagées et des sanctions
prises ». Comme M. de Lasteyrie a suivi la
tangente dans sa réponse, et comme il n'est
même pas question d'enquête, la commission
a rejeté, encore une Tois, 'les crédits.
Ainsi, depuis quatre ans, le Parlement, par
la voix de sa commission du budget, a expri-
mé, à plusieurs reprises, sa volonté formelle
de savoir qui a dépensé 415,950 fr. sans son
assentiment et si on songe è, réprimer pareil
agissement. Et, depuis quatre ans aussi, une
administration qui considère que la volonté
de la Chambre n'a pas autrement d'importan-
ce, réplique par le silence et, avec une insis-
tance qui ressemble à une bravade, se contente
de. prier le Parlement de payer — sans plus.
Il sera intéressant de savoir comment se
terminera ce conflit et de voir qui cédera en
cette affaire : ou la Chambre qui est souverai-
ine, ou la bureaucratie qui se Loo de ses déci-
sions.
Louis LE PAGE.
: , <;
La signature du traité
franco-espagnol est imminente
Madrid, 20 juin. — Nous avons pu inter-
viewer M. Serruys, expert français, qui, de-
puis plusieurs mois, négocie à Madrid les clau-
ses de l'accord commercial franco-espagnol et
qui, après avoir pris part à la Conférence de
Gênes, est retourné à Madrid pour parache-
ver l'œuvre qu'il y avait déjà commencée.
M. Serruys nous a déclaré que le traité fran-
co-espagnol sera paraphé dès demain soir. La
signature définitive aura lieu quelques jours
après.
L'expert français pense que le nouveau trai-
té entrera en vigueur le 2 juillet.
M. Serruys partira pour Paris demain soir.
—————————— , <5
La délégation française
à la Conférence de La Haye
On sait. que la Conférence de Gênes avait
fixé, à deux par puissance le nombre des ex-
perts à nommer à la Conférence de La Haye.
Le gouvernement français, ayant décidé de
prendre- part aux travaux de la Conférence,
a fait connaître au président qu'il avait dési-
gné MM. Alphand et de Lapradelle en qua-
lité d'experts proprement dits.
Les autres membres de la délégation fran-
çaise, actuellement à La Haye, assisteront
MM. Alphand et de Lapradelle comme con-
seils techniques. Les noms de nos experts
seront communiqués au gouvernement bol-
chevique, et compris dans la liste générale
des experts internationaux.
LES PROCEDES DE LA B. l
Une diffamation
contre la Chine
~-- 1
Dans 'le seul bot de lutter contre le
renflouement de la B. 1. C., M. Thion
de La Chaume fait faire une déposi-
tion tendancieuse et mensongère
au procès Pernotte
Au dernier Conseil des ministres, M. de Las-
teyrie a entretenu ses collègues du renfloue-
ment de la Banque Industrielle de Chine. Le
gouvernement a décidé de donner des instruc-
tions à notre ministre à Pékin pour négocier
le transfert de l'indemnité dite des Boxers.
C'est fort bien, mais M. Parmentier, direc-
teur du mouvement des fonds, n'a-t-il pas dé-
claré péremptoirement que « la B. I. C. ne
serait pas renflouée » ? Ne savons-nous pas
que ni le ministre des affaires étrangères ni
le président du Conseil ne peuvent rien con-
tre les décisions sans appel des bureaux du
ministère des finances ? M. Briand a capitulé,
de même capitulera M. Poincaré. Rien à faire
contre les aspirants concussionnaires alléchés
par le sieur Thion de la Chaume (200.000 fr.
de rentes viagères).
*
1 * *
Pour mesurer le cynisme et la violence des
haines de la Banque de l'Indo-Chine contre
sa rivale abattue, il fallait être samedi à l'au-
dience du procès Pernotte.
Nous avons vu apparaître à la barre un cer-
tain personnage nommé Saint-Pierre, ce saint-
là porte sans doute les dés du trésor, sinon
celles du Paradis. Le témoin confus, falot,
honteux manifestement du rôle qu'on lui fai-
sait jouer, n'osa point répéter publiquement
ce qu'il avait déclaré sur l'ordre de M. Thion
de la Chaume, dont il est le salarié. Le prési-
dent dut relire sa déposition devant M. Ri-
chaud.
ILe témoin, ancien directeur de l'agence de
la B. I. à Pékin, osa déclarer à l'instruction
que le gouvernement chinois n'a ni crédit ni
budget, il se permit d'affirmer que les conces-
sions données à la B. I. C. par la Chine sont
de nulle importance, etc., etc. *•
Or, tout aussitôt, on appela M. Tsang-Ou,
ingénieur et notable chinois chargé de mis-
sions en France, qui chiffra, en technicien, la
valeur de ces mêmes concessions, donnant
ainsi un démenti formel aux diffamations de
la Banque de l'Indo-Chine.
Que dire d'un établissement financier qui
aspire au monopole des affaires françaises en
Extrême-Orient, et qui se livre, dans un but
de pure polémique malfaisante contre la
B. I. C., à de telles manœuvres contre un Etat
étranger ?
Nous voyons trop bien que M. Thion de la
Chaume entend provoquer le mécontentement
de Pékin, au moment même où notre ministre
reçoit l'ordre de négocier avec le gouverne-
ment chinois. afin de provoquer l'échec des
pourparlers en cours.
Nous le demandons à M. Poincaré, nous le
demandons au Parlement, est-ce là le rôle
d'une banque privilégiée, le rôle d'un direc-
teur nommé par un décret du gouvernement
français ?
Ce n'est pas là le moindre scandale de cette
déplorable bataille de banques !
Pierre DIONNE.
—————————— ) - -.- - ( ——————————..
NOTES PARISIENNES
Le supplice du bruit
Un conseiller municipal de Paris a dé-
posé, il y a quelque trois ans, une proposi-
tion tendant à rechercher et à supprimer
les bruits inutiles dans les rues et sur les
lignes de chemins de fer.
Je promets môn obole au comité qui élè-
vera un jour une statue à ce philanthrope,
car si son projet n'a pas encore connu la
discussion, son idée généreuse chemine.
C'est d'elle que s'est inspiré, par exem-
ple, le code de la route, en interdisant l'u-
sage des trompes à certains véhicules.
Il nous est donc permis d'imaginer, grâ-
ce à lui, une vie meilleure, où l'infortuné
Parisien ne sera plus en proie au tourment
du bruit, qui a été décrit sous une forme
adoucie dans le « Jardin des supplices »,
et n'aura plus les nerfs usés par le vacarme
sans répit des rues parisiennes.
Puisque les méthodes préconisées pour
relever la natalité, n'ont fait jusqu'ici que
la preuve de leur impuissance, il ne faut
pas négliger un seul des moyens suscepti-
bles de prolonger la vie humaine. Les pro-
cédés de rajeunissement ne paraissant pas
encore au point, il ne nous reste qu'à es-
sayer de ne pas vieillir trop vite; et c'est,
en somme à cela, que nous convie notre tu-
télaire édile.
Je ne me bornerai pas à le louer. Je veux
collaborer à son œuvre. Je l'invite à rani-
mer son zèle en venant passer la soirée de
jeudi sur mon balcon, qui donne sur un
square charmant. Aux quatre coins de ce
rectangle de verdure, est installé un ma-
nège de chevaux de bois doté d'un orgue
puissant, qui beuglera ce jour-là de deux
heures de relevée à onze heures du soir.
Et, de neuf à onze, une fanfare du quar-
tier installée sous le kiosque du square,
luttera de tous ses cuivres contre les or-
gues barbares déchaînées.
Je ne sais pas si nous pourrons échanger
d'abondants propos, mais je crois que nous
nous comprendrons tout de même, et que,
vers minuit, nous sentirons tout le prix de
la « liberté de penser ».
Robert LAU LAN.
—————————— ,J - ..- ( -
Le denier de saint Pierre est en baisse
et le Vatican fait des économies !
Milan, 20 juin. — On mande de Rome au
Secolo, que le pontife réorganise activement
tous les bureaux et services des palais apos-
toliques et ne néglige pas le problème finan-
cier du Vatican, qui traverse une période de
gêne à cause des conditions des pays d'où
venaient jadis les plus fortes offrandes des
catholiques au dernier de saint Pierre.
Ainsi Pie XI a établi un contrôle spécial
sur les dépenses du bureau technique, du
fourrier et du maître du palais, dans le but
d'éviter des gaspillages inutiles dont on se
baignait autrefois. Le nouveau pape a don-
né l'ordre qu'aucune dépense extraordinaire
dépassant 500 lire ne soit faite sans l'auto-
risation préalable d'une commission compo-
sée des cardinaux Gasparri, Merry del Val,
De Lai et Sbarretti. Ces innovations du pape
ont provoqué de mauvaises humeurs et ont
rencontré quelque résistance, mais on est
certain qu'elles seront scrupuleusement ef-
fectuées.
CONTRE L'ABANDON DE LA LAIQUE
LES « ST AGI AIRES »
de renseignement primaire
demeurent des «parias»
Aucune satisfaction ne leur a été
accordée jusqu'ici
Nous avons déjà signalé ici la situation
vraiment digne d'intérêt des instituteurs-sta-
giaires, à laquelle d'ailleurs le dilettantisme
dédaigneux de M. Léon Bérard ne semble pas
prêter autrement attention. Le Réveil Ensei-
gnant, organe de la Fédération nationale des
stagiaires de l'enseignement primaire, publie
dans son dernier numéro au sujet de ces
« parias » de l'école publique un article où
est douloureusement exposée une misère à la-
quelle un Parlement républicain se devrait
de mettre fin au plus tôt. Nous détachons de
cet article ce passage significatif :
Il est bien évident que la situation du sta-
giaire se trouve dans un état d'infériorité très
marqué par rapport à celle des autres travail-
leurs, même de ceux dont la profession n'exige
ni culture, ni vocation.
En général, à Paris, un employé de la ville
(arroseur, balayeur, paveur, wattman, recè-
veur de tramway, etc.) gagne 500 francs par
mois. La journée du terrassier, du maçon, du
charpentier est de 25 à 30 francs (voir pour
plus de précision les ouvrages édités pour cha-
que corporation).
D'autre part, à la campagne, le petit pâtre
qui sort de l'école a une situation de beaucoup
supérieure à la nôtre. Il est, en effet, la plupart
dû temps, nourri, logé, etc., et reçoit encore une
gratification mensuelle de 80 à 100 francs, qui
constitueront ses économies. A Paris, une bonne
à tout faire reçoit, en plus de tous ces avanta-
ges, 150 à 200 francs par mois.
Certes, je ne jalouse pas — loin de là — les
autres fonctionnaires, mais l'on peut constater
aisément que leurs traitements et leur mode
d'avancement sont bien meilleurs que les nô-
tres. Le stage à perpétuité et la perpétuelle mi-
sère n'existent que dans l'Enseignement.
Un candidat admis au concours des P. T. T.,
le même qui parfois a échoué à celui de l'école
normale ou à l'examen du B. E. (un député l'a.
dit dernièrement lors de la discussion du bud-
get) est nommé immédiatement surnuméraire,
peu de temps après : commis. Ensuite, tou-
jours sans autre examen, il passe contrôleur,
puis receveur. A Paris et dans les grandes vil-
les, cette dernière situation est bien supérieure
à celle d'un inspecteur primaire.
Les a stagiaires » finiront-ils par apitoyer
les pouvoirs publics et par obtenir justice ?
Espérons-le ; demandons une fois de plus aux
républicains de la .Chambre de ne pas les
abandonner à leur malheureux sort.
Qu'on leur facilite déjà — c'est la première
revendication à accueillir favorablement — la
titularisation, en supprimant, même pour ceux
qui ne compteront pas cinq ans de service en
1923, l'épreuve écrite du certificat d'aptitude
pédagogique, dont l'obligation est, nous
l'avons démontré, une véritable absurdité.
Qu'on ne les maintienne point stagiaires à
perpétuité. Ce sera une œuvre de justice
d'abord. Le recrutement des maîtres ne pour-
ra ensuite que s'en mieux trouver. Ce n'est
pas au moment où le Bloc 'national se déchaî-
ne contre la « laïque » qu'il convient d'ag-
graver encore une crise dangereuse pour
l'avenir de l'école publique.
P. V.
—————————— ,
Un grave accident de cljemii) de fer
en Italie
Trois morts, vingt blessés
Turin, 20 juin. — Un voyageur ayant été
écrasé au passage de l'express Turin-Cunéo
(Coni), le train stoppa immédiatement. On
oublia d'informer la gare de Turin de cet
arrêt. Aussi, quelques instants après, l'express
de Rome arrivant à toute vitesse, heurta le
convoi précédent, écrasant trois wagons. On
a retiré jusqu'ici des décombres trois morts
et une vingtaine de blessés.
—————————— > - ..e..- C ——————————.
L'AFFAIRE BASSARABO
LE PROCWE FINIRA
01A11J0URD Hlll
---- ':
Au cours de sa plaidoirie, Me de Moro-
Giafferri envisage diverses hypo-
thèses, même celle.
du suicide!
Le merveilleux talent oratoire de M* de
Moro-Giafferri ne connait pas d'obstacle.
Pendant cinq heures, hier, il a parlé sans
fatigue apparente, battant le record. de du-
rée de M. l'avocat général Mancel.
Se mouvant au milieu du champ des
hypothèses avec une souplesse extraordi-
naire, exploitant avec adresse tout ce qui
demeure de trouble dans cette affaire, ti-
rant argument même des contradictions de
sa cliente, le défenseur a déployé un admi-
rable effort pour faire naître le doute dans
l'esprit des jurés. Y aura-t-il réussi? Nous
ne le saurons qu'aujourd'hui, car faisant
droit au désir exprimé par le jury lui-mé-
me, le président a décidé qu'il y aurait une
ultime audience consacrée à la plaidoirie
de M* Raymond Hubert pour Paule Jac-
ques, a'.x explications « in extremis » des
accusé s et au verdict.
Il .l'est point facile de résumer la plai-
doirie de Me de Moro-Giafferri. Comment
rendre en effet avec une parfaite exacti-
tude aussi bien l'enchaînement des argu-
ments opposés à l'accusation et la beauté
des envolées oratoires?
L'avocat avait défendu la veille Hera
Myrtel contre l'injurieux soupçon d'avoir
été pour quelque chose dans la mort de son
premier mari et il en avait profité pour
faire des vertus domestiques de sa cliente
le plus vibrant éloge.
Cette première partie de sa tache ache-
vée, Il ne restait qu'à s'occuper du second *
mari. Faut-U dire que devant M* de Moro"
ftiafferri, le joyeux$Passa » et see deos
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