Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-20
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 20 juin 1922 20 juin 1922
Description : 1922/06/20 (N16395,A46). 1922/06/20 (N16395,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
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46' ANNEE - N* 16.395
MARDI
20
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Les élections
vertes
L'impuissance de l'Académie à élire
un successeur à M. Jean Aicard est
chose presque aussi bouffonne que d'a-
voir jadis désigné celui-ci.
Bouffonne, certes, mais d'une bouf-
fonnerie teintée d'ironie et de quelque
Vistesse.
Pour qui connaît tant soit peu la litté-
rature dramatique contemporaine, il est
4ors conteste que M. Georges de Porto-
Riche mérite dix fois d'être élu, en
valeur absolue — et cent fois quand on
le compare à l' « écrivain » d'arrière-
rang dont la malechance a voulu qu'il
revendiquât le fauteuil.
De même, d'ailleurs, pour ML. Abel
Hermant. On peut n'aimer pas le monde
frelaté décrit dans ses trop nombreux
« Gourpière », et trouver parfois bien
fuligineuses ses « Via à Paris ? du
Temps, il n'en reste pas moins que son
oiici- de bien écrire, son affectation
même à n'user que d'une langue châtiée
et savoureusement archaïque, méritaient
un autre accueil. Tout d'ailleurs est re-
latif. On voit bien un Renan ou un Ana-
tole France disant à un Abel Hermant :
« Attendez un peu, jeune homme ».
Mais quand on jauge les mérites litté-
raires, ou même seulement académiques
(ce n'est pas synonyme) de ceux qui
font tant de chichis pour l'admettre à
s'asseoir 'à côté d'eux, la farce semble
Un peu amère !
'Comprendre l'élection de M. Goyau, et
même celle de M. de Nolhac n'empêche
pas de regretter l'espèce d'injure faite à
deux écrivains évidemment supérieurs
à la plupart de ceux dont ils sollicitent
le suffrage.
Que le scrutin ait eu lieu à la fois pour
les trois sièges vacants et non séparé-
ment, les résultats finaux pouvaient être
tout différents. Mais il a paru piquant
aux vieux messieurs de faire échec à
Porto-Biche par le moyen d'Abel Her-
mant, et de repousser Abel Hermant en
se servant de Porto-Riche. C'est assuré-
ment mesquin, et une fois de plus on a
.occasion de déplorer le mode périmé
d'élection auquel l'Académie est atta-
chée.
Le principe de la cooptation est tou-
jours dangereux. Encore peut-il s'ad-
jnettre pour ce corps de nature spéciale
comme l'Académique. Mais à la condi-
tion toutefois que sa souveraineté même
ne soit pas limitée par des contingences
de pur hasard.
Supposez une triple vacance. A deux
des fauteuils ne se-présentent que des
médiocres ; au troisième deux hommes
de génie, égaux en mérite. Que se passe-
ra-t-il ? Il se passe que les uns ou les
autres des médiocres seront élus, cepen-
dant que les deux génies se feront échec
mutuellement et resteront à la porte.
Cette espèce est purement imaginaire
et sans allusion rétrospective aux dési-
gnations qui viennent de se faire ou de
ne pas se faire. Mais elle fait toucher
les inconvénients, les injustices d'un
système vermoulu. Pour les atténuer, il
suffirait que les candidats fussent can-
didats « à l'Académie » et non à tel ou
tel fauteuil nommément désigné. Mais
allez donc proposer pareille révolution?
Il faudrait admettre aussi que, dans sa
souveraineté, l'Académie pût élire spon-
tanément qui elle en juge digne. Nous
avons bien eu dans cet ordre d'idée Fé-
lection saugrenue du maréchal Joffre
qu'on tira de son sommeil pour lui faire
signe du bout du pont. Encore le con-
traignit-on 'à écrire un billet de candi-
dature, et ce fut tout à fait ridicule.
En procédant elle-même à certaines
désignations, l'Académie pourrait corri-
ger la situation qui résulte pour elle du
fait de l'indigence de certaines candida-
tures ou du hasard qui les règle. M. Du-
pont se présentant contre M. Durand, on
voit très bien l'Académie, les écartant
l'un et l'autre, désignant spontanément
un écrivain comme Pierre Mille - que
je ne sais quelle ironique modestie a
tenu jusqu'à présent écarté du tournoi.
On dit Pierre Mille, par exemple, mais
il en est trois ou quatre autres (mettons
cinq) qui, par scrupule ou dédain, ne
se « présentent » pas à l'Académie et
qui manquent à sa gloire si elle ne man-
que pas à la leur.
Mais sur ce point comme sur l'autre,
Inutile1 de proposer un changement,
vous vous feriez appeler boloheviste. Et
l'Académie est attachée à prouver que
l'absurde est en effet ce qui ne change
jamais.
Victor SNELL
1 ; .- 1(
Le ministère des Pensions et l'hôtel
populaire de la rue de Ctyaronne
Rue de Charonne, dans le vaste bâtiment
d'un hôtel populaire, le ministre des pen-
sions a, en 1919, établi une annexe.
Un hôtel populaire, surtout installé
d'une façon aussi moderne que celui de la
rue de Charonne, aurait été particulière-
ment précieux, alors que sévit la crise du
logement et la misère accrue par la vie
chère. Mais, un ministère se souicie bien de
pelaï Il a d'innombrables paperasses, la plu-
part inutiles, il faut les caser. Il a pris l'im-
meuble de la rue de 'Charonne et, non con-
tent de le détourner de ce pourquoi il avait
été créé, il ne l'a même pas entretenu.
L'hôtel populaire menace ruine aujour-
d'hui. Une large crevasse s'est formée dans
le mur extérieur. Tout peut s'effondrer d'un
jour à l'autre.
Qui sera responsable ? Personne, assuré-
ment. Le ministère des pensions doit quit-
ter la rue de Charonne en octobre prochain.
Laissera-t-il l'hôtel tdes miséreux dans l'état
où il se trouve ?
—————————— p -'t'a (
Les Allemands
et la Haute-Silésie
Après l'échec du Conseil suprême qui ne
parvint pas à établir le jugement de Salomon
qu'on lui demandait après les résultats du plé-
biscite de Haute-Silésie, l'affaire fut portée
devant la Société des Nations. Elle décida,
dans sa haute autorité; les Allemands firent
alors le geste de s'incliner.
Le gouvernement de Berlin accepta, mais
l'Orgesch tint le partage pour nul. L'agitation
avait cessé du côté polonais, elle continua
dans les groupes allemands par des troubles
incessants. On assassina le commandant Mon-
talègre, on mit à mal des sous-officiers fran-
çais et d'innombrables Polonais.
Or, hier, en conformité des accords offi-
ciels, les autorités représentant la Pologne eu-
rent l'audace de prendre possession des terri-
toires qui leur étaient attribués, y fcompris les
chemins de fer dont ils sont pourvus. Aussi-
tôt bagarres, coups de feu, etc.; les Boches
inscrivent quatre morts à leur tableau de
chasse.
Par la manière dont ils ont exécuté le
traité de Versailles, nous pouvions imaginer
comment serait exécutée la sentence de Ge-
nève relative à la Haute-Silésie. Devant de
tels faits nous sommes tenus à la plus grande
circonspection : ou bien le gouvernement de
Berlin est de mauvaise foi lorsqu'il signe un
acte diplomatique; ou bien il n'a pas l'auto-
rité suffisante pour en assurer l'application.
Ce que l'on appelle outre-Rhin la politique
« exécutionniste » est une simple farce. On
nous fera difficilement croire que le président
Wirth est dans l'incapacité de réprimer les
méfaits des bandes dont il prétend déplorer
les violences. On n'a pas puni les assassins
du commandant Montalègre, on vient d'ac-
quitter les assassins de l'« exécutionniste »
Erzberger. Ces deux faits sont parfaitement
caractéristiques.
II est impossible que la République fran-
çaise ne tienne pas compte de la mentalité
allemande, lorsqu'elle apparaît avec une pa-
reille netteté. Sans doute, nous ne pouvons
pas être indéfiniment les gendarmes de l'Eu-
rope. Mais si nous devons réduire notre force
militaire, obtenons au moins que, selon les
traités, l'Allemagne soit désarmée. MM. Lloyd
George et Schanzer ne voudront peut-être pas
contester cette absolue nécessité.
F. H.
■ .i y ««♦m» "t 1 1
BLOC-NOTES
Pour que la justice
soit éclairée
L'autre jour, devant le tribunal correction-
nel, l'ancien directeur d'une grande banque,
poursuivi à propos de sa gestion, et discutant
avec le ministère public, qui ne paraissait pas
le comprendre, s'écria : « C'est terrible de
lutter contre l'ignorance. » Là-dessus, le subs-
titut se fâcha très fort et le morigéna sévè-
rement. En apparence celui-ci avait raison,
mais l'autre n'avait pas tout à fait tort ; et
en réalité il y avait entre eux un malentendu.
Le premier voulait simplement dire que la
personnalité éminente, en qui s'incarnait la
vindicte sociale, ne connaissait rien aux ques-
tions en litige ; et la seconde, savant juriste à
coup sûr, ne prétendait certainement pas avoir
acquis, en revêtant sa robe, une science qui
lui était tout à fait étrangère. Il y a là la
manifesation d'un vice de notre organisation
pénale.
Le législateur reconnaît que les juges civils
ne sauraient sainement apprécier les espèces
commerciales ou financières, et il a institué
pour celles-ci des tribunaux spéciaux. Mais la
loi pénale n'admet pas cette distinction d'une
évidente logique ; et les mêmes magistrats
incompétents pour juger les litiges de ce gen-
re, lorsque des intérêts pécuniaires sont seuls
en jeu, le deviennent au contraire, si, par
l'effet du roulement, ils passent d'une cham-
bre oivUe à une chambre correctionnelle, et
quand il s'agit de l'honneur et de la liberté
des individus.
Cette situation pouvait ne pas avoir de grar
ves inconvénients il y a un siècle, quand tes
affaires étaient simples, et qu'il suffisait pour
les juges d'impartialité, de bon sens et d'éru-
dition.Il n'en saurait être de même aujourd'hui,
alors qu'elles présentent une extrême com-
plexité et que l'on ne saurait découvrir la
vérité, par exemple dans le maquis d'un litige
financier, si l'on n'est pas soi-même quelque
peu financier..
Mais, me direz-vous, les parquets et les tri-
bunaux ont pour se guider les rapports de
l'expert. Sans doute. Mais cet expert, choisi
par un magistrat incapable de se rendre
compte de sa valeur professionnelle, et qui
devient ainsi juge unique et souverain, statue
en dehors de toutes les garanties prévues par
le code d'instruction criminelle. Il y a là une
violation, sinon de la lettre, ou moins 'de l'es-
prit de la loi.
Il semblerait donc nécessaire, dans toutes
les affaires correctionnelles présentant un ca-
ractère technique, de faire intervenir une ju-
ridiction pénale particulière, et comprenant,
tant pour l'instruction que pour le jugement,
des techniciens. C'est là le seul moyen d'ob-
tenir, sur un domaing où les erreurs judi-
ciaires peuvent avoir de fâcheuses conséquen-
ces pour la prospérité économique du pays,
une justice éclairée.
Petit Jean.
REDUIRA-T-ON NOTRE CREANCE ?
UN PROJET ANGLO-ITALIEN
SUR LES RÉPARATIONS
—» i ■ ■ 1 ■ 1
Son adoption serait dangereuse
pour les intérêts de la France
—————— & ——————
La dette allemantde sera-t-elle réduite ? Le
Comité des banquiers vient de pencher vers
l'affirmative. Et voici que les milieux écono-
miques anglais et italiens viennent d'établir
un projet intitulé « projet d'assainissement
de la situation N, qui sera soumis aux déli-
bérations de La Haye, et dont nous avons pu
connaître la teneur.
Ce plan de reconstruction a été élaboré par
le contrôleur anglais des finances sir Basil
Blackett et par l'expert financier italien Gian-
nini.
Les 110 milliards que l'Allemagne a à payer,
d'après ce plan, sont partagés en deux tran-
ches, la première de 65 milliards que l'Alle-
magne est tenue de payer si un ides créanciers
alliés devait exiger à un débiteur allié le paie-
ment de ses dettes de guerre. De plus, l'Angle-
terre est la France s'engagent à n'exiger ce
qui leur est dû que si l'Amérique ne renonce
pas à son avoir.
Des 45 milliards restant, 5 dormi? êàe
transformés en un emprunt anglais productif
d'un intérêt de 5 0/0 trois ans après l'émis-
sion. Les autres 40 milliards doivent être
payés en termes de 6 mois suivant le mode
adopté à Spa.
Entre temps idevra avoir lieu pour l'Alle-
magne un emprunt international de 30 mil-
liards remboursables par termes de 4 mois.
Les Alliés devront s'engager à réduire les frais
d'occupation au minimum, tandis que l'Alle-
magne donnerait les garanties suivantes :
1 ° Pendant l'année 1924, les budgets alle-
mands doivent être établis à tout prix ;
2° Les déficits existants doivent être cou-
verts par des emprunts intérieurs et non
pas par des nouvelles émissions de papier-
monnaie ;
3° La Reichsbank doit recouvrer son indé-
pendance ;
4° L'émission de papier-monnaie ne doit pas
dépasser une certaine limite ;
5° Le prix intérieur du charbon pour l'Alle-
magne ne doit pas être moindre que les trois-
quarts du prix du marché mondial.
Ce plan mérite quelques commentaires, car
il remet en question le paiement des dettes
interalliées en particulier. D'après les com-
mentaires des revues financières italiennes et
allemandes, la clause ayant trait aux échéan-
ces des dettes serait l'œuvre de l'Angleterre.
Celle-ci de par sa situation de créancière eu-
ropéenne, pourrait influencer la politique de
ses débiteurs. Or, au 1er mars 1922, voici quel-
les étaient les dettes des différents alliés en-
vers l'Angleterre :
Dettes au moment Dettes
de l'armistice actuelles Augment.
France 425.671.000 572.524.500 146.853.000
Russie 567.892.000 567.892.000
Italie 355.050.000 502.074.952 147.024.952
Reconstruction
de ila Belgique — 9.000.000 9.000.000
Congo Belge 2.251.00 3.550.000 1.299.000
Roumanie.. 15.710.000 22.112.500 6.402.000
Grèce. 500.000 7.710.350 7.210.350
Portugal 8.992.000 13.472.000 9.480.000
D'autre part, il y a lieu de souligner la
clause qui fait dépendre le paiement de la
dette allemande vis-fà-vie de la France de la
bonne volonté de l'Amérique. Or celle-ci vient
d'entrer en négociations avec l'Allemagne. Il
s'agit de la remise si longtemps demandée par
l'Allemagne des propriétés allemandes d'avant-
guerre aux Etats-Unis. Il y a lieu de se rap-
peler que ces biens allemands ont servi de
bases à un emprunt effectué avec l'aide des
groupements germanophiles américains. Par
suite, l'intérêt des Etats-Unis est que la puis-
sance financière des Allemands soit la plus
forte possib'e. D'autant plus qu'elle ne sau-
rait gêner les Américains. Ces derniers ont
vu leurs disponibilités en numéraire augmen-
ter considérablement, ce qui fait que la situa-
tion économique américaine peut se résumer
ainsi : « Riche en numéraire, pauvre en dé-
bouchés ». Une politique conciliante vis à vis
de l'Allemagne permettrait dès lors de s'assu-
rer l'immense entrepôt qu'elle constitue.
En somme, ce plan peut se résumer ainsi :
participation financière anglaise et américaine
dans les affaires allemandes, diminution de la
dette allemande. à nos dépens.
Voilà ce qu'on va nous proposer à La Haye.
Nous ferions bien d'y prendre garde.
Georges BEROT.
LA CONFÉRENCE DE LA HAYE
Les experts français prendront part
aux pourparlers avec les Russes
-%
M. Charles Benoist précise le sens de la collaboration de nos délégués
et réserve leur attitude suivant celle prise par les Soviets
Il se confirme que le gouvernement fran- ;
çais a décidé de maintenir à La Haye les ex-
perts qui représentent actuellement la France
à la Conférence préparatoire, chargée de dé.
blayer le terrain avant l'ouverture de celle à
laquelle les représentants bolcheviks seront
admis à partir du 2,6 juin.
Les délégués français prendront donc part
& celle-ci. Cette décision semble inspirée par
le désir qu'éprouve le gouvernement français
de ne pas risquer d'encourir le reproche d'a-
voir empêché par son absence la possibilité
d'une entente technique avec la Russie, n'i de
se refuser à examiner les moyens d'y par-
venir.
Les acceptations de 22 Etats
La. Haye, lâ juin. — A midi, 22 -Etats au-
raient accepté de participer à la commission
non russe, et, parmi eux, la Belgique.
Aux termes du procès-verbal de la villa Al-
bertis, la commission, comprenant la majorité
des Etats, serait en mesure, d'ores et déjà, de
siéger.
Pourquoi on a restreint la publicité
de la Conférence
La Haye, 19 tiuin. — L'envoyé spécial de
l'agence Havas croit pouvoir fournir la véri-
table explication des mesures prises pour res-
treindre autant que possible la publicité de 5a
Conférence. 'Il a acquis l'assurance, tant au-
près des délégations que des organisateurs
de la Conférence, qu'il n'a jamais été dans la
pensée de personne de brimer la presse en lui
refusant systématiquement les moyens habi-
tuels d'information.
Les mesures inaugurées &, La Haye répon-
dent à un dessein politique qui fut, avant mê-
me que la Conférence se réunît, de changer ra-
dicalement le caractère des réunions interna-
tionales. Teille fut la pensée de M. van Karne-
beek, qui a reçu l'encouragement des igouver.
nements étrangem.
Depuis la réunion de la Conférence, l'ac-
cord du gouvernement néerlandais et des délé-
gations étrangères s'est trouvé confirmé, prin-
cipalement dans le but d'empêcher la déléga-
tion bolchevique de se servir de la Conférence
comme d'une tribune publique et d'un instru-
ment de propagande.
On se flatte de réussir dans cette voie en
élevant un mur entre la Conférence et la
presse.
On ajoute que, si les bolcheviks ne consen-
taient pas 'à se soumettre à la discipline gé-
nérale, le gouvernement néerlandais n'hésite-
rait pas à intervenir énergiqueanent pour les
mettre en demeure de se soumettre ou de
partir. -- -
La séance d'hier
La Haye, 19 juin. — La Conférence pré-
liminaire devait reprendre aujourd'hui dans
l'après-midi ses séances commencées le 15 juin
et terminées le vendredi 16 après-midi. Le sa-
medi et le dimanche ont été très calmes, bien
que de nombreuses conversations particuliè-
res aient eu lieu de différents côtés.
Dans l'ensemble, cependant, l'atmosphère
est loin de ressembler à celle de Gènes, qui
était fiévreuse et lourde d'événements, prin-
cipalement politiques.
L'ajournement de la séance d'aujourd'hui
avait été envisagé par suite die l'absence de
la réponse de la France. Celle-ci est parve-
nue § la fin de la matinée à M. Charles Be-
noist qui s'est rendu aussitôt auprès de M.
Karnebeek, président de la conférence.
Dans ces conditions, la séance a eu lieu
à 15 heures, au Palais de la Paix, en présence
de tous les délégués.
M. Charles Benoist a immédiatement de-
mandé la parole et a lu la déclaration sui-
vante :
« J'ai ta satisfaction de faire au nom du
gouvernement français la communication sui-
vante à la conférence : Par ondre du gou-
vernement de la R'éipiubiique, j'ai l'honireur
de faire connaître que la France se fera re-
présenter à la réunion du 26 juin. En me
chargeant de cette notification, le gouver-
nement français tient à rappeler qu'il ne s'a-
git que d'une réunion d'experts, ad referen-
dum, que toute question politique sera éli-
minée des délibérations et que le gouverne-
ment français garde sa liberté de retirteir à
tout moment ses experts s'il s'y voit obligé,
notamment par l'attitude des soviets. >
M. Alphand, au nom de la délégation fran-
çaise, a commenté ensuite, en la précisant,
la communication de son gouvernement spé-
cifiant notamment le caractère « ad référen-
dum » des actes da tous les délégués et le
fait que les points de vue passés et futurs
des divers gouvernements ne seraient pas af-
fectés par les travaux de la commission à La
Haye. Ces réserves faites, la délégation fran-
çaise sera heii-ieuse (le collaborer de tout
cœur au travail commun.
M. Cattier, pour la Belgique, a acquiescé
à ces paroles et marqué sa satisfaction.
La Commission non-russe est constituée
Le président a annoncé que, dès lors, tous
les pays représentés à la Conférence préli-
minaire, l'Albanie exceptée, font partie de la
commission non-russe désormais constituée.
En outre, par suitç d'accords intervenus entre
les délégations, les sous-commissions sont com-
posées comme suit :
1° Biens privés : Belgique, Finlande, Fran-
ce, Angleterre, Italie, Japon, Norvège, Hol-
lande, Roumanie, Suède, Suisse;
2° Dettes : Belgique, Danemark, Espagne,
France, Angleterre, Italie, Japon, Lithuanie,
Hollande, Serbie, Suisse ;
3° Crédits : Belgique, Italie, Bulgarie, Es-
thonie, France, Angleterre, Grèce, Japon, Let-
tonie, Pologne, Tchécoslovaquie.
Afin de ne pas dépasser le nombre de onze
membres à la commission des crédits, la
Hollande n'y prendra part que dans le cas
pù ses intérêts particuliers seraient en jeu.
M. Van Karnebeek a déclaré qu'il consi-
dérait la tâche présidentielle comme termi-
née et qu'il conviendrait que la commis-
sion non-russe se réunisse avant le 26 juin
pour élire un président et les présidents des
sous-commissions. Il a proposé, pour assu-
rer l'unité du travail et régler la question
de procédure, que tous les présidents de
commission constituent une sorte de comi-
té de direction.
Sir Lloyd Gream a remercié M. Van Kar-
nebeek et l'a félicité d'avoir fait rapide-
ment d'excellente besogne. Il a fait décider
que la commission non-russe siégerait mer-
credi matin.
M. Van Karnebeek a été proclamé prési-
dent d'honneur au milieu des applaudisse-
monts una&iiMA.
UN NOUVEAU JOUET AMÉRICAIN
LA RAQEÔTELEPHONIE
pour tous
L'Amérique fabrique et vend des
appareils par centaines de mille.
Combinaison d'agrément et
d'affaires énormes.
New-York, 13 juin. (D. N. C. P.). — Les
Américains qui sont, malgré certaines appa-
rences des enfants terribles, viennent de
trouver un nouveau jeu et ils s'y livrent avec
une passion frénétique.
Durant ées six derniers mois, il a été ven-
du aux Etats-Unis, de deux à trois cent mille
appareils récepteurs pour la téléphonie sans
fil. Il s'est créé, dans toute l'étendue de l'U-
nion de nombreuses stations centrales « dis-
tribuant > les concerts, les conférences, les
nouvelles du jour. Le son des instruments,
la voix des artistes, la parole des conféren-
ciers ou :de,s journalistes sont immédiatement
lancés dans l'espace et recueillis par les in-
nombrables récepteurs placés dans le champ
de la station émettrice.
Le trafic aérien ainsi créé qui était inexis-
tant, il n'y a pas plus d'une année, a pris
une telle intensité que le gouvernement doit
se préoccuper d'élaborer un règlement qui
sauvegarde les communications officielles ou
commerciales c-ontre la fantaisie toujours
plus envahissante des amateurs. Une confé-
rence tecJhnique vient de se réunir à Wa-
shington pour la solution de ce terrible pro-
blème.
*
m*
Pour avoir une idée de l'extension que
prennent aux Etats-Unis le's installations de
T. S. F., il suffit de savoir que l'on vient de
créer sur le toit d'un gratte-ciel de New-York
un appareil de transmission, compliqué et
coûteux, destiné à être loué aux particuliers
ou aux sociétés qui, dans un but de publi-
cité, auront à TépandTe une information quel-
conque rapidement et dans un vaste rayon.
Faut-il croire que nous sommes à la veille
d'une -révolution dans nos usages, comparable
à celles qui furent déterminées par le télé-
phone ou l'automobile? Il semble assez im-
probable que la radiotéléphonie exerce, de
longtemps, une influence aussi considérable
que les progrès que nous tentons de lui com-
paTer. On n'imagine pas encore qu'elle puis-
se entrer en concurrence sérieuse avec la té-
légraphie ou la téléphonie utilisant la trans-
mission métallique. L'emploi de la T. S. F.
paraît surtout sf imposer dian-s tous les cas
ou le fil ne peut être placé, comme en haute
mer entre deux navires, entre deux îles, en-
tre deux aéronefs-, etc.
Dès que le trafic est fixe et assez impor-
tant pour permettre l'amortissement d'une
ligne métallique, il n'y a pas dfhésitation pos-
sible entre les deux systèmes.
Sans vouloir prophétiser, contentons-nous
pour le présent de noter que r AmériqThe in-
dustrialise formidablement la diffusion de l'a
T.S.F. Dans ce genre ûfexploitation, les éta-
blissements Westinhouse font des merveil-
les, ils ont des appareils pour toutes les bour-
ses, depuis cinquante, jusque deux cents dol-
lars et plus.
Les fabricants ont créé des stations émet-
trices destinées à leurs essais-, elles ont un
personnel varié: des solistes instrumentis-
tes, des conférenciers, des chanteurs, des
publicistes. Voici, par exemple, le program-
me d'une journée à la station de Newark,
près de New-York:
11 h. — Musique. Prévisions atmosphériques
d'après l'Office météorologique de Washington.
12 h. — Nouvelles variées, rapport agricole
quotidien.
13 et 14. h. — Musique et nouvelles variées.
14 h. 30. — Arrivées et départs de vapeurs,
nouvelles financières.
1'5 h., 17 h., 18 h. — Clôture de la Bourse,
nouvelles diverses, musique.
19 h. — Histoires pour les enfants.
20 h., 21 h., 22 h. — Conférences, chansons,
monologues.
On conçoit que des milliers de pei-sonnea
doivent à la fois bénéficier d'un tel program-
me qui peut .être 'goûté, par exemple, dans
des exploitations éloignées, dont les exploi-
tants n'ont qu'& de longs intervalles la pos-
sibilité de se rendre à la ville; songez aussi
aux malades de certains hôpitaux et là mille
autres utilisations possibles de l'a transmis-
sion du son à de longues distances. Retenez
aussi qu'il est possible d'adapter ides porte-
voix aux appareils récepteurs, de telle sorte
que toute une assemblée puisse jouir à la
fois de la même audition.
L'inépuisable charité américaine a trouvé
dans cet ordtre dfidées un excellent et fruc-
tueux champ dfaction. Beaucoup de jour-
naux organisent des souscriptions en vue de
munir d'appareils de -radiotéléphonie des hos-
pices et des hôpitaux, etc.
Le sens commercial n'a pas perdu ses
droits d-eivant une telle aubaine. Une réclame
prodigieuse s'est mise en ceuivre, une armée
de vendeurs et de placiers s'occupe de lan-
cer et de vendre les nouveaux joujoux. Et
voici une nouvelle branche d'industrie qui
prend des proportions gigantesques. Les
journaux américains bénéficient largement
de l'engouement actuel, caT leurs colonnes
sont largement ouvertes aux annonces rela-
tives à la téléphonie sans fil.
C'est le boom d'un départ sensationnel,
mais il reste à savoir ce qufll y aura de so-
lide après le bluff. En attendant, les affai-
res sont mirifiques et les yankees en fièvre.
D. S. lM.
-————————— > -.- ( —————————.
La remise des territoires
hauts-silésiens, et les procédés
des Allemands
Kattowitz, 19 juin. — Tandis que, dans
le district de Kattowitz, la remise des ter-
ritoires s'effectue dans un ordre exemplaire
et que les Allemands qui y restent jouissent
de la pleine liberté et sécurité, dans la par-
tie allemande de la Haute-Silésie, les vio-
lences exercées contre les Polonais conti-
nuent de plus belle. On compte déjà envi-
ron 15.000 familles polonaises qui ont dû se
réfugier dans la région de Kattowitz et lais-
ser tout leur avoir à la merci du sort. La
chasse aux Polonais se poursuit d'ailleurs
méthodiquement. Les premières victimes
ont été des Intellectuels et des patriotes
dont un très grand nombre, hélas ! a été
massacré et les autres ont dû fuir. Vint
ensuite le tour des employés polonais, que
les Allemands pourchassèrent avec une ri-
gueur implacable. En dernier lieu, la fu-
reur pangermaniste s'exerce surtout con-
tre les mineurs et les ouvriers agricoles qui,
eux aussi, pour ne pas être massacrés, doi-
vent tout abandonner et chercher abri
dans la partie polonaise de la Haute-Silé-
sie.
LES AVATARS DE LA B. I. C.
Va-t-on renflouer ?
Notre confrère M. Favier, du Journal, qui
a suivi avec vigilance les péripéties de la lutte
pour le sauvetage de la B. 1. C., écrit:
Le 27 janvier dernier, au cours d'un débat
parlementaire sur la Banque industrielle de
Chine, M. de Lasteyrie fit, à la tribune, la
déclaration suivante : « Nos représentants à,
l'étranger et, spécialement, le très distingué
diplomate qui est notre ministre à Pékin, ont
insisté, à maintes reprises, sur la nécessité
et sur l'urgence d'une solution. » Le ministre
des finances ajoutait, en levant les bras au
ciel : « Voici quinze mois que la question
de la Banque industrielle de Chine est posée.
Voici six mois que cet établissement a dû ré-
clamer le bénéfice du règlement transaction-
nel. Il en est résulté en Extrême-Orient un
très grave préjudice pour le prestige de la
France. »
Impressionné par ce discours, le Parlement,
à la presque unanimité, vota le texte de loi
déposé par le gouvernement qui autorisait
l'ouverture de négociations avec la Chine, au
sujet de l'utilisation des fameuses annuités
boxers.
Six nouveaux mois se sont écoulés depuuf
le vote, et la question de la Banque indus-
trielle de Chine en est tuojours au même
point. Mieux que cela, le ministère des finan-
ces n'a pas encore jugé opportun d'entameri
des pourparlers avec le cabinet de Pékin !
Sans admettre, comme certains le préten-
dent, que M. de Lasteyrie n'avait, en la cir-
constance, d'autre but que d'endormir l'im-
puissance de l'opinion, il faut bien convenir
qu'il y a entre les paroles du ministre et l'at-
titude de son entourage une contradiction inex-
plicable. Si le renflouement de la Banque de
Chine est une nécessité nationale, comme l'af.
firment, à la suite de tous les Français
d'Orient, notre ministre, M. de Fleuriau, Mgr
de Guébriant, le maréchal Joffre, M. Maurice
Long, gouverneur général de l'Indochine, il
est véritablement étrange que la rue de Ri-
voli ne tienne pas plus compte de cette néces-
sité impérieuse que des votes du Parlement.
Il n'y a sans doute pas d'autre pays au mondtf
où les bureaux pourraient ainsi tenir tête a
l'autorité de l'opinion et des Chambres et at-
tendre dans une immobilité narquoise que
vienne le jour où il sera définitivement trop
tard pour tenter quoi que ce soit.
Cependant, et malgré l'empressement mé-
diocre qu'il a rencontré au ministère des
finances, M. Porte, président du tribunal de
commerce, a mis au point un projet qui ipour.
rait, en attendant le règlement définitif, per-
mettre la réouverture provisoire des guichets
de la Banque de Chine. Ce projet comporte
la création d'une société de gérance au ca.
pital de 10 millions, société qui fonctionne-
rait comme une banque ordinaire et entre-
prendrait toutes les opérations utiles à l'in-
térêt général aussi bien qu'aux intérêts parti-
culiers des actionnaires et des créanciers. La
formule de M. Porte ne soulève, paraît-il, au-
cune objection ; elle a obtenu le concours,
empressé des grands établissements de crédit*
en premier lieu de la Banque de Paris et des'
Pays-Bas. Il ne lui manque, pour aboutir, que
la volonté du gouvernement de la soumettra,
sans retard à l'approbation des Chambres.
Il faut en finir. A l'heure où s'évanouis-
sent les espérances fondées sur la Russie, où
le Japon, l'Amérique et l'Allemagne jettent
des regards de convoitise sur les marchés de
la Chine, allons-nous sacrifier aux intérêts
particuliers et aux rancunes personnelles re-
présentées par les bureaux, le merveilleux
débouché d'un pays de trois cents millions
d'habitants ?
*
**
Oui, sans doute, tout cela est juste, tout
cela serait à faire dans un pays où l'on aurait
le sens de l'intérêt national. Mais ne vient-
on pas de nommer encore une commission
« administrative » de la B.I.C., composée
d'un représentant des affaires étrangères, un
des colonies, un de la justice et. trois des
finances : MM. Parmentier, directeur du mou-
vement des fonds ; Leclerc, du cabinet de M.
de Lasteyrie, et X.
Or, n'est-ce pas M. Parmentier qui déclara
à l'un de nos confrères, avec un geste éner-
gique : La B.I.C. ne sera pas renflouée !
Faut-il voir là des naufrageurs ou des 8au..
veteurs ?
P. D.
-————————— J — - < ———.—————'
FRANCE ET ANGLETERRE
1. Poincaré el Llojd George
ont eu
ir nne lonpe enlrep
La conversation, dit-on,
fut des plus cordiales
L'entrevue de M. Poincaré et de M. Lloyd
George a eu lieu hier après-midi, à Downinc
Street.
Auparavant, le président du Conseil, ac-
compagné de M. Grignon, chef de son cabi-
net, s'était rendu à l'abbaye de Westminster
où il a déposé une gerbe de fleurs portant
sur un ruban tricolore l'inscription suivante:'
« Le président du Conseil français au Soldat
britannique inconnu. »
A une heure, M. Lloyd George recevait â;
déjeuner son collègue français. Le maréchal
Pétain, ainsi que les membres du cabinet bri-
tannique, étaient au nombre des convives.
Après avoir signé le Livre d'or de lAb-
baye, M Poincaré a été invité par l'évêque-
doyen de Westminster à prendre la parole.
Il s'est exprimé en ces termes :
« Au nom de l'armée française et du peu-
ple français tout entier, j'exiprime respec-
tueusement l'admiration et la reconnaissan-
ce de notre pays au Soldat britannique in-
connu et, en sa personne, à toute l'armée
britannique. Jamais la France n'oubliera la
fraternité d'armes qui a uni nos deux pays
pendant de si longues années et pout la-
quelle la France conserve à l'Angleterre et
à l'Empire britannique une inaltérable ami..
tié. »
Plus de 300 fidèles se pressaient dans la
nef. Ils ont écouté avec recueillement les
paroles de l'ancien président de la Républi"
que, qu'ils ont escorté jusqu'au parvis.
L'entrevue des deux chefs d'Etat
La conversation que M. Poincaré a eue
avec M. Lloyd George, commencée au court
du déjeuner que lui offrait le premier mi-
nistre britannique, s'est prolongée jusqu'à
5 heures. Elle fut, dès le premier abord;
amicale, et poursuivie dans un esprit de
cordialité qui était & l'unisson avec les mai
Le Numéro : 10 Cmes
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46' ANNEE - N* 16.395
MARDI
20
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Les élections
vertes
L'impuissance de l'Académie à élire
un successeur à M. Jean Aicard est
chose presque aussi bouffonne que d'a-
voir jadis désigné celui-ci.
Bouffonne, certes, mais d'une bouf-
fonnerie teintée d'ironie et de quelque
Vistesse.
Pour qui connaît tant soit peu la litté-
rature dramatique contemporaine, il est
4ors conteste que M. Georges de Porto-
Riche mérite dix fois d'être élu, en
valeur absolue — et cent fois quand on
le compare à l' « écrivain » d'arrière-
rang dont la malechance a voulu qu'il
revendiquât le fauteuil.
De même, d'ailleurs, pour ML. Abel
Hermant. On peut n'aimer pas le monde
frelaté décrit dans ses trop nombreux
« Gourpière », et trouver parfois bien
fuligineuses ses « Via à Paris ? du
Temps, il n'en reste pas moins que son
oiici- de bien écrire, son affectation
même à n'user que d'une langue châtiée
et savoureusement archaïque, méritaient
un autre accueil. Tout d'ailleurs est re-
latif. On voit bien un Renan ou un Ana-
tole France disant à un Abel Hermant :
« Attendez un peu, jeune homme ».
Mais quand on jauge les mérites litté-
raires, ou même seulement académiques
(ce n'est pas synonyme) de ceux qui
font tant de chichis pour l'admettre à
s'asseoir 'à côté d'eux, la farce semble
Un peu amère !
'Comprendre l'élection de M. Goyau, et
même celle de M. de Nolhac n'empêche
pas de regretter l'espèce d'injure faite à
deux écrivains évidemment supérieurs
à la plupart de ceux dont ils sollicitent
le suffrage.
Que le scrutin ait eu lieu à la fois pour
les trois sièges vacants et non séparé-
ment, les résultats finaux pouvaient être
tout différents. Mais il a paru piquant
aux vieux messieurs de faire échec à
Porto-Biche par le moyen d'Abel Her-
mant, et de repousser Abel Hermant en
se servant de Porto-Riche. C'est assuré-
ment mesquin, et une fois de plus on a
.occasion de déplorer le mode périmé
d'élection auquel l'Académie est atta-
chée.
Le principe de la cooptation est tou-
jours dangereux. Encore peut-il s'ad-
jnettre pour ce corps de nature spéciale
comme l'Académique. Mais à la condi-
tion toutefois que sa souveraineté même
ne soit pas limitée par des contingences
de pur hasard.
Supposez une triple vacance. A deux
des fauteuils ne se-présentent que des
médiocres ; au troisième deux hommes
de génie, égaux en mérite. Que se passe-
ra-t-il ? Il se passe que les uns ou les
autres des médiocres seront élus, cepen-
dant que les deux génies se feront échec
mutuellement et resteront à la porte.
Cette espèce est purement imaginaire
et sans allusion rétrospective aux dési-
gnations qui viennent de se faire ou de
ne pas se faire. Mais elle fait toucher
les inconvénients, les injustices d'un
système vermoulu. Pour les atténuer, il
suffirait que les candidats fussent can-
didats « à l'Académie » et non à tel ou
tel fauteuil nommément désigné. Mais
allez donc proposer pareille révolution?
Il faudrait admettre aussi que, dans sa
souveraineté, l'Académie pût élire spon-
tanément qui elle en juge digne. Nous
avons bien eu dans cet ordre d'idée Fé-
lection saugrenue du maréchal Joffre
qu'on tira de son sommeil pour lui faire
signe du bout du pont. Encore le con-
traignit-on 'à écrire un billet de candi-
dature, et ce fut tout à fait ridicule.
En procédant elle-même à certaines
désignations, l'Académie pourrait corri-
ger la situation qui résulte pour elle du
fait de l'indigence de certaines candida-
tures ou du hasard qui les règle. M. Du-
pont se présentant contre M. Durand, on
voit très bien l'Académie, les écartant
l'un et l'autre, désignant spontanément
un écrivain comme Pierre Mille - que
je ne sais quelle ironique modestie a
tenu jusqu'à présent écarté du tournoi.
On dit Pierre Mille, par exemple, mais
il en est trois ou quatre autres (mettons
cinq) qui, par scrupule ou dédain, ne
se « présentent » pas à l'Académie et
qui manquent à sa gloire si elle ne man-
que pas à la leur.
Mais sur ce point comme sur l'autre,
Inutile1 de proposer un changement,
vous vous feriez appeler boloheviste. Et
l'Académie est attachée à prouver que
l'absurde est en effet ce qui ne change
jamais.
Victor SNELL
1 ; .- 1(
Le ministère des Pensions et l'hôtel
populaire de la rue de Ctyaronne
Rue de Charonne, dans le vaste bâtiment
d'un hôtel populaire, le ministre des pen-
sions a, en 1919, établi une annexe.
Un hôtel populaire, surtout installé
d'une façon aussi moderne que celui de la
rue de Charonne, aurait été particulière-
ment précieux, alors que sévit la crise du
logement et la misère accrue par la vie
chère. Mais, un ministère se souicie bien de
pelaï Il a d'innombrables paperasses, la plu-
part inutiles, il faut les caser. Il a pris l'im-
meuble de la rue de 'Charonne et, non con-
tent de le détourner de ce pourquoi il avait
été créé, il ne l'a même pas entretenu.
L'hôtel populaire menace ruine aujour-
d'hui. Une large crevasse s'est formée dans
le mur extérieur. Tout peut s'effondrer d'un
jour à l'autre.
Qui sera responsable ? Personne, assuré-
ment. Le ministère des pensions doit quit-
ter la rue de Charonne en octobre prochain.
Laissera-t-il l'hôtel tdes miséreux dans l'état
où il se trouve ?
—————————— p -'t'a (
Les Allemands
et la Haute-Silésie
Après l'échec du Conseil suprême qui ne
parvint pas à établir le jugement de Salomon
qu'on lui demandait après les résultats du plé-
biscite de Haute-Silésie, l'affaire fut portée
devant la Société des Nations. Elle décida,
dans sa haute autorité; les Allemands firent
alors le geste de s'incliner.
Le gouvernement de Berlin accepta, mais
l'Orgesch tint le partage pour nul. L'agitation
avait cessé du côté polonais, elle continua
dans les groupes allemands par des troubles
incessants. On assassina le commandant Mon-
talègre, on mit à mal des sous-officiers fran-
çais et d'innombrables Polonais.
Or, hier, en conformité des accords offi-
ciels, les autorités représentant la Pologne eu-
rent l'audace de prendre possession des terri-
toires qui leur étaient attribués, y fcompris les
chemins de fer dont ils sont pourvus. Aussi-
tôt bagarres, coups de feu, etc.; les Boches
inscrivent quatre morts à leur tableau de
chasse.
Par la manière dont ils ont exécuté le
traité de Versailles, nous pouvions imaginer
comment serait exécutée la sentence de Ge-
nève relative à la Haute-Silésie. Devant de
tels faits nous sommes tenus à la plus grande
circonspection : ou bien le gouvernement de
Berlin est de mauvaise foi lorsqu'il signe un
acte diplomatique; ou bien il n'a pas l'auto-
rité suffisante pour en assurer l'application.
Ce que l'on appelle outre-Rhin la politique
« exécutionniste » est une simple farce. On
nous fera difficilement croire que le président
Wirth est dans l'incapacité de réprimer les
méfaits des bandes dont il prétend déplorer
les violences. On n'a pas puni les assassins
du commandant Montalègre, on vient d'ac-
quitter les assassins de l'« exécutionniste »
Erzberger. Ces deux faits sont parfaitement
caractéristiques.
II est impossible que la République fran-
çaise ne tienne pas compte de la mentalité
allemande, lorsqu'elle apparaît avec une pa-
reille netteté. Sans doute, nous ne pouvons
pas être indéfiniment les gendarmes de l'Eu-
rope. Mais si nous devons réduire notre force
militaire, obtenons au moins que, selon les
traités, l'Allemagne soit désarmée. MM. Lloyd
George et Schanzer ne voudront peut-être pas
contester cette absolue nécessité.
F. H.
■ .i y ««♦m» "t 1 1
BLOC-NOTES
Pour que la justice
soit éclairée
L'autre jour, devant le tribunal correction-
nel, l'ancien directeur d'une grande banque,
poursuivi à propos de sa gestion, et discutant
avec le ministère public, qui ne paraissait pas
le comprendre, s'écria : « C'est terrible de
lutter contre l'ignorance. » Là-dessus, le subs-
titut se fâcha très fort et le morigéna sévè-
rement. En apparence celui-ci avait raison,
mais l'autre n'avait pas tout à fait tort ; et
en réalité il y avait entre eux un malentendu.
Le premier voulait simplement dire que la
personnalité éminente, en qui s'incarnait la
vindicte sociale, ne connaissait rien aux ques-
tions en litige ; et la seconde, savant juriste à
coup sûr, ne prétendait certainement pas avoir
acquis, en revêtant sa robe, une science qui
lui était tout à fait étrangère. Il y a là la
manifesation d'un vice de notre organisation
pénale.
Le législateur reconnaît que les juges civils
ne sauraient sainement apprécier les espèces
commerciales ou financières, et il a institué
pour celles-ci des tribunaux spéciaux. Mais la
loi pénale n'admet pas cette distinction d'une
évidente logique ; et les mêmes magistrats
incompétents pour juger les litiges de ce gen-
re, lorsque des intérêts pécuniaires sont seuls
en jeu, le deviennent au contraire, si, par
l'effet du roulement, ils passent d'une cham-
bre oivUe à une chambre correctionnelle, et
quand il s'agit de l'honneur et de la liberté
des individus.
Cette situation pouvait ne pas avoir de grar
ves inconvénients il y a un siècle, quand tes
affaires étaient simples, et qu'il suffisait pour
les juges d'impartialité, de bon sens et d'éru-
dition.Il n'en saurait être de même aujourd'hui,
alors qu'elles présentent une extrême com-
plexité et que l'on ne saurait découvrir la
vérité, par exemple dans le maquis d'un litige
financier, si l'on n'est pas soi-même quelque
peu financier..
Mais, me direz-vous, les parquets et les tri-
bunaux ont pour se guider les rapports de
l'expert. Sans doute. Mais cet expert, choisi
par un magistrat incapable de se rendre
compte de sa valeur professionnelle, et qui
devient ainsi juge unique et souverain, statue
en dehors de toutes les garanties prévues par
le code d'instruction criminelle. Il y a là une
violation, sinon de la lettre, ou moins 'de l'es-
prit de la loi.
Il semblerait donc nécessaire, dans toutes
les affaires correctionnelles présentant un ca-
ractère technique, de faire intervenir une ju-
ridiction pénale particulière, et comprenant,
tant pour l'instruction que pour le jugement,
des techniciens. C'est là le seul moyen d'ob-
tenir, sur un domaing où les erreurs judi-
ciaires peuvent avoir de fâcheuses conséquen-
ces pour la prospérité économique du pays,
une justice éclairée.
Petit Jean.
REDUIRA-T-ON NOTRE CREANCE ?
UN PROJET ANGLO-ITALIEN
SUR LES RÉPARATIONS
—» i ■ ■ 1 ■ 1
Son adoption serait dangereuse
pour les intérêts de la France
—————— & ——————
La dette allemantde sera-t-elle réduite ? Le
Comité des banquiers vient de pencher vers
l'affirmative. Et voici que les milieux écono-
miques anglais et italiens viennent d'établir
un projet intitulé « projet d'assainissement
de la situation N, qui sera soumis aux déli-
bérations de La Haye, et dont nous avons pu
connaître la teneur.
Ce plan de reconstruction a été élaboré par
le contrôleur anglais des finances sir Basil
Blackett et par l'expert financier italien Gian-
nini.
Les 110 milliards que l'Allemagne a à payer,
d'après ce plan, sont partagés en deux tran-
ches, la première de 65 milliards que l'Alle-
magne est tenue de payer si un ides créanciers
alliés devait exiger à un débiteur allié le paie-
ment de ses dettes de guerre. De plus, l'Angle-
terre est la France s'engagent à n'exiger ce
qui leur est dû que si l'Amérique ne renonce
pas à son avoir.
Des 45 milliards restant, 5 dormi? êàe
transformés en un emprunt anglais productif
d'un intérêt de 5 0/0 trois ans après l'émis-
sion. Les autres 40 milliards doivent être
payés en termes de 6 mois suivant le mode
adopté à Spa.
Entre temps idevra avoir lieu pour l'Alle-
magne un emprunt international de 30 mil-
liards remboursables par termes de 4 mois.
Les Alliés devront s'engager à réduire les frais
d'occupation au minimum, tandis que l'Alle-
magne donnerait les garanties suivantes :
1 ° Pendant l'année 1924, les budgets alle-
mands doivent être établis à tout prix ;
2° Les déficits existants doivent être cou-
verts par des emprunts intérieurs et non
pas par des nouvelles émissions de papier-
monnaie ;
3° La Reichsbank doit recouvrer son indé-
pendance ;
4° L'émission de papier-monnaie ne doit pas
dépasser une certaine limite ;
5° Le prix intérieur du charbon pour l'Alle-
magne ne doit pas être moindre que les trois-
quarts du prix du marché mondial.
Ce plan mérite quelques commentaires, car
il remet en question le paiement des dettes
interalliées en particulier. D'après les com-
mentaires des revues financières italiennes et
allemandes, la clause ayant trait aux échéan-
ces des dettes serait l'œuvre de l'Angleterre.
Celle-ci de par sa situation de créancière eu-
ropéenne, pourrait influencer la politique de
ses débiteurs. Or, au 1er mars 1922, voici quel-
les étaient les dettes des différents alliés en-
vers l'Angleterre :
Dettes au moment Dettes
de l'armistice actuelles Augment.
France 425.671.000 572.524.500 146.853.000
Russie 567.892.000 567.892.000
Italie 355.050.000 502.074.952 147.024.952
Reconstruction
de ila Belgique — 9.000.000 9.000.000
Congo Belge 2.251.00 3.550.000 1.299.000
Roumanie.. 15.710.000 22.112.500 6.402.000
Grèce. 500.000 7.710.350 7.210.350
Portugal 8.992.000 13.472.000 9.480.000
D'autre part, il y a lieu de souligner la
clause qui fait dépendre le paiement de la
dette allemande vis-fà-vie de la France de la
bonne volonté de l'Amérique. Or celle-ci vient
d'entrer en négociations avec l'Allemagne. Il
s'agit de la remise si longtemps demandée par
l'Allemagne des propriétés allemandes d'avant-
guerre aux Etats-Unis. Il y a lieu de se rap-
peler que ces biens allemands ont servi de
bases à un emprunt effectué avec l'aide des
groupements germanophiles américains. Par
suite, l'intérêt des Etats-Unis est que la puis-
sance financière des Allemands soit la plus
forte possib'e. D'autant plus qu'elle ne sau-
rait gêner les Américains. Ces derniers ont
vu leurs disponibilités en numéraire augmen-
ter considérablement, ce qui fait que la situa-
tion économique américaine peut se résumer
ainsi : « Riche en numéraire, pauvre en dé-
bouchés ». Une politique conciliante vis à vis
de l'Allemagne permettrait dès lors de s'assu-
rer l'immense entrepôt qu'elle constitue.
En somme, ce plan peut se résumer ainsi :
participation financière anglaise et américaine
dans les affaires allemandes, diminution de la
dette allemande. à nos dépens.
Voilà ce qu'on va nous proposer à La Haye.
Nous ferions bien d'y prendre garde.
Georges BEROT.
LA CONFÉRENCE DE LA HAYE
Les experts français prendront part
aux pourparlers avec les Russes
-%
M. Charles Benoist précise le sens de la collaboration de nos délégués
et réserve leur attitude suivant celle prise par les Soviets
Il se confirme que le gouvernement fran- ;
çais a décidé de maintenir à La Haye les ex-
perts qui représentent actuellement la France
à la Conférence préparatoire, chargée de dé.
blayer le terrain avant l'ouverture de celle à
laquelle les représentants bolcheviks seront
admis à partir du 2,6 juin.
Les délégués français prendront donc part
& celle-ci. Cette décision semble inspirée par
le désir qu'éprouve le gouvernement français
de ne pas risquer d'encourir le reproche d'a-
voir empêché par son absence la possibilité
d'une entente technique avec la Russie, n'i de
se refuser à examiner les moyens d'y par-
venir.
Les acceptations de 22 Etats
La. Haye, lâ juin. — A midi, 22 -Etats au-
raient accepté de participer à la commission
non russe, et, parmi eux, la Belgique.
Aux termes du procès-verbal de la villa Al-
bertis, la commission, comprenant la majorité
des Etats, serait en mesure, d'ores et déjà, de
siéger.
Pourquoi on a restreint la publicité
de la Conférence
La Haye, 19 tiuin. — L'envoyé spécial de
l'agence Havas croit pouvoir fournir la véri-
table explication des mesures prises pour res-
treindre autant que possible la publicité de 5a
Conférence. 'Il a acquis l'assurance, tant au-
près des délégations que des organisateurs
de la Conférence, qu'il n'a jamais été dans la
pensée de personne de brimer la presse en lui
refusant systématiquement les moyens habi-
tuels d'information.
Les mesures inaugurées &, La Haye répon-
dent à un dessein politique qui fut, avant mê-
me que la Conférence se réunît, de changer ra-
dicalement le caractère des réunions interna-
tionales. Teille fut la pensée de M. van Karne-
beek, qui a reçu l'encouragement des igouver.
nements étrangem.
Depuis la réunion de la Conférence, l'ac-
cord du gouvernement néerlandais et des délé-
gations étrangères s'est trouvé confirmé, prin-
cipalement dans le but d'empêcher la déléga-
tion bolchevique de se servir de la Conférence
comme d'une tribune publique et d'un instru-
ment de propagande.
On se flatte de réussir dans cette voie en
élevant un mur entre la Conférence et la
presse.
On ajoute que, si les bolcheviks ne consen-
taient pas 'à se soumettre à la discipline gé-
nérale, le gouvernement néerlandais n'hésite-
rait pas à intervenir énergiqueanent pour les
mettre en demeure de se soumettre ou de
partir. -- -
La séance d'hier
La Haye, 19 juin. — La Conférence pré-
liminaire devait reprendre aujourd'hui dans
l'après-midi ses séances commencées le 15 juin
et terminées le vendredi 16 après-midi. Le sa-
medi et le dimanche ont été très calmes, bien
que de nombreuses conversations particuliè-
res aient eu lieu de différents côtés.
Dans l'ensemble, cependant, l'atmosphère
est loin de ressembler à celle de Gènes, qui
était fiévreuse et lourde d'événements, prin-
cipalement politiques.
L'ajournement de la séance d'aujourd'hui
avait été envisagé par suite die l'absence de
la réponse de la France. Celle-ci est parve-
nue § la fin de la matinée à M. Charles Be-
noist qui s'est rendu aussitôt auprès de M.
Karnebeek, président de la conférence.
Dans ces conditions, la séance a eu lieu
à 15 heures, au Palais de la Paix, en présence
de tous les délégués.
M. Charles Benoist a immédiatement de-
mandé la parole et a lu la déclaration sui-
vante :
« J'ai ta satisfaction de faire au nom du
gouvernement français la communication sui-
vante à la conférence : Par ondre du gou-
vernement de la R'éipiubiique, j'ai l'honireur
de faire connaître que la France se fera re-
présenter à la réunion du 26 juin. En me
chargeant de cette notification, le gouver-
nement français tient à rappeler qu'il ne s'a-
git que d'une réunion d'experts, ad referen-
dum, que toute question politique sera éli-
minée des délibérations et que le gouverne-
ment français garde sa liberté de retirteir à
tout moment ses experts s'il s'y voit obligé,
notamment par l'attitude des soviets. >
M. Alphand, au nom de la délégation fran-
çaise, a commenté ensuite, en la précisant,
la communication de son gouvernement spé-
cifiant notamment le caractère « ad référen-
dum » des actes da tous les délégués et le
fait que les points de vue passés et futurs
des divers gouvernements ne seraient pas af-
fectés par les travaux de la commission à La
Haye. Ces réserves faites, la délégation fran-
çaise sera heii-ieuse (le collaborer de tout
cœur au travail commun.
M. Cattier, pour la Belgique, a acquiescé
à ces paroles et marqué sa satisfaction.
La Commission non-russe est constituée
Le président a annoncé que, dès lors, tous
les pays représentés à la Conférence préli-
minaire, l'Albanie exceptée, font partie de la
commission non-russe désormais constituée.
En outre, par suitç d'accords intervenus entre
les délégations, les sous-commissions sont com-
posées comme suit :
1° Biens privés : Belgique, Finlande, Fran-
ce, Angleterre, Italie, Japon, Norvège, Hol-
lande, Roumanie, Suède, Suisse;
2° Dettes : Belgique, Danemark, Espagne,
France, Angleterre, Italie, Japon, Lithuanie,
Hollande, Serbie, Suisse ;
3° Crédits : Belgique, Italie, Bulgarie, Es-
thonie, France, Angleterre, Grèce, Japon, Let-
tonie, Pologne, Tchécoslovaquie.
Afin de ne pas dépasser le nombre de onze
membres à la commission des crédits, la
Hollande n'y prendra part que dans le cas
pù ses intérêts particuliers seraient en jeu.
M. Van Karnebeek a déclaré qu'il consi-
dérait la tâche présidentielle comme termi-
née et qu'il conviendrait que la commis-
sion non-russe se réunisse avant le 26 juin
pour élire un président et les présidents des
sous-commissions. Il a proposé, pour assu-
rer l'unité du travail et régler la question
de procédure, que tous les présidents de
commission constituent une sorte de comi-
té de direction.
Sir Lloyd Gream a remercié M. Van Kar-
nebeek et l'a félicité d'avoir fait rapide-
ment d'excellente besogne. Il a fait décider
que la commission non-russe siégerait mer-
credi matin.
M. Van Karnebeek a été proclamé prési-
dent d'honneur au milieu des applaudisse-
monts una&iiMA.
UN NOUVEAU JOUET AMÉRICAIN
LA RAQEÔTELEPHONIE
pour tous
L'Amérique fabrique et vend des
appareils par centaines de mille.
Combinaison d'agrément et
d'affaires énormes.
New-York, 13 juin. (D. N. C. P.). — Les
Américains qui sont, malgré certaines appa-
rences des enfants terribles, viennent de
trouver un nouveau jeu et ils s'y livrent avec
une passion frénétique.
Durant ées six derniers mois, il a été ven-
du aux Etats-Unis, de deux à trois cent mille
appareils récepteurs pour la téléphonie sans
fil. Il s'est créé, dans toute l'étendue de l'U-
nion de nombreuses stations centrales « dis-
tribuant > les concerts, les conférences, les
nouvelles du jour. Le son des instruments,
la voix des artistes, la parole des conféren-
ciers ou :de,s journalistes sont immédiatement
lancés dans l'espace et recueillis par les in-
nombrables récepteurs placés dans le champ
de la station émettrice.
Le trafic aérien ainsi créé qui était inexis-
tant, il n'y a pas plus d'une année, a pris
une telle intensité que le gouvernement doit
se préoccuper d'élaborer un règlement qui
sauvegarde les communications officielles ou
commerciales c-ontre la fantaisie toujours
plus envahissante des amateurs. Une confé-
rence tecJhnique vient de se réunir à Wa-
shington pour la solution de ce terrible pro-
blème.
*
m*
Pour avoir une idée de l'extension que
prennent aux Etats-Unis le's installations de
T. S. F., il suffit de savoir que l'on vient de
créer sur le toit d'un gratte-ciel de New-York
un appareil de transmission, compliqué et
coûteux, destiné à être loué aux particuliers
ou aux sociétés qui, dans un but de publi-
cité, auront à TépandTe une information quel-
conque rapidement et dans un vaste rayon.
Faut-il croire que nous sommes à la veille
d'une -révolution dans nos usages, comparable
à celles qui furent déterminées par le télé-
phone ou l'automobile? Il semble assez im-
probable que la radiotéléphonie exerce, de
longtemps, une influence aussi considérable
que les progrès que nous tentons de lui com-
paTer. On n'imagine pas encore qu'elle puis-
se entrer en concurrence sérieuse avec la té-
légraphie ou la téléphonie utilisant la trans-
mission métallique. L'emploi de la T. S. F.
paraît surtout sf imposer dian-s tous les cas
ou le fil ne peut être placé, comme en haute
mer entre deux navires, entre deux îles, en-
tre deux aéronefs-, etc.
Dès que le trafic est fixe et assez impor-
tant pour permettre l'amortissement d'une
ligne métallique, il n'y a pas dfhésitation pos-
sible entre les deux systèmes.
Sans vouloir prophétiser, contentons-nous
pour le présent de noter que r AmériqThe in-
dustrialise formidablement la diffusion de l'a
T.S.F. Dans ce genre ûfexploitation, les éta-
blissements Westinhouse font des merveil-
les, ils ont des appareils pour toutes les bour-
ses, depuis cinquante, jusque deux cents dol-
lars et plus.
Les fabricants ont créé des stations émet-
trices destinées à leurs essais-, elles ont un
personnel varié: des solistes instrumentis-
tes, des conférenciers, des chanteurs, des
publicistes. Voici, par exemple, le program-
me d'une journée à la station de Newark,
près de New-York:
11 h. — Musique. Prévisions atmosphériques
d'après l'Office météorologique de Washington.
12 h. — Nouvelles variées, rapport agricole
quotidien.
13 et 14. h. — Musique et nouvelles variées.
14 h. 30. — Arrivées et départs de vapeurs,
nouvelles financières.
1'5 h., 17 h., 18 h. — Clôture de la Bourse,
nouvelles diverses, musique.
19 h. — Histoires pour les enfants.
20 h., 21 h., 22 h. — Conférences, chansons,
monologues.
On conçoit que des milliers de pei-sonnea
doivent à la fois bénéficier d'un tel program-
me qui peut .être 'goûté, par exemple, dans
des exploitations éloignées, dont les exploi-
tants n'ont qu'& de longs intervalles la pos-
sibilité de se rendre à la ville; songez aussi
aux malades de certains hôpitaux et là mille
autres utilisations possibles de l'a transmis-
sion du son à de longues distances. Retenez
aussi qu'il est possible d'adapter ides porte-
voix aux appareils récepteurs, de telle sorte
que toute une assemblée puisse jouir à la
fois de la même audition.
L'inépuisable charité américaine a trouvé
dans cet ordtre dfidées un excellent et fruc-
tueux champ dfaction. Beaucoup de jour-
naux organisent des souscriptions en vue de
munir d'appareils de -radiotéléphonie des hos-
pices et des hôpitaux, etc.
Le sens commercial n'a pas perdu ses
droits d-eivant une telle aubaine. Une réclame
prodigieuse s'est mise en ceuivre, une armée
de vendeurs et de placiers s'occupe de lan-
cer et de vendre les nouveaux joujoux. Et
voici une nouvelle branche d'industrie qui
prend des proportions gigantesques. Les
journaux américains bénéficient largement
de l'engouement actuel, caT leurs colonnes
sont largement ouvertes aux annonces rela-
tives à la téléphonie sans fil.
C'est le boom d'un départ sensationnel,
mais il reste à savoir ce qufll y aura de so-
lide après le bluff. En attendant, les affai-
res sont mirifiques et les yankees en fièvre.
D. S. lM.
-————————— > -.- ( —————————.
La remise des territoires
hauts-silésiens, et les procédés
des Allemands
Kattowitz, 19 juin. — Tandis que, dans
le district de Kattowitz, la remise des ter-
ritoires s'effectue dans un ordre exemplaire
et que les Allemands qui y restent jouissent
de la pleine liberté et sécurité, dans la par-
tie allemande de la Haute-Silésie, les vio-
lences exercées contre les Polonais conti-
nuent de plus belle. On compte déjà envi-
ron 15.000 familles polonaises qui ont dû se
réfugier dans la région de Kattowitz et lais-
ser tout leur avoir à la merci du sort. La
chasse aux Polonais se poursuit d'ailleurs
méthodiquement. Les premières victimes
ont été des Intellectuels et des patriotes
dont un très grand nombre, hélas ! a été
massacré et les autres ont dû fuir. Vint
ensuite le tour des employés polonais, que
les Allemands pourchassèrent avec une ri-
gueur implacable. En dernier lieu, la fu-
reur pangermaniste s'exerce surtout con-
tre les mineurs et les ouvriers agricoles qui,
eux aussi, pour ne pas être massacrés, doi-
vent tout abandonner et chercher abri
dans la partie polonaise de la Haute-Silé-
sie.
LES AVATARS DE LA B. I. C.
Va-t-on renflouer ?
Notre confrère M. Favier, du Journal, qui
a suivi avec vigilance les péripéties de la lutte
pour le sauvetage de la B. 1. C., écrit:
Le 27 janvier dernier, au cours d'un débat
parlementaire sur la Banque industrielle de
Chine, M. de Lasteyrie fit, à la tribune, la
déclaration suivante : « Nos représentants à,
l'étranger et, spécialement, le très distingué
diplomate qui est notre ministre à Pékin, ont
insisté, à maintes reprises, sur la nécessité
et sur l'urgence d'une solution. » Le ministre
des finances ajoutait, en levant les bras au
ciel : « Voici quinze mois que la question
de la Banque industrielle de Chine est posée.
Voici six mois que cet établissement a dû ré-
clamer le bénéfice du règlement transaction-
nel. Il en est résulté en Extrême-Orient un
très grave préjudice pour le prestige de la
France. »
Impressionné par ce discours, le Parlement,
à la presque unanimité, vota le texte de loi
déposé par le gouvernement qui autorisait
l'ouverture de négociations avec la Chine, au
sujet de l'utilisation des fameuses annuités
boxers.
Six nouveaux mois se sont écoulés depuuf
le vote, et la question de la Banque indus-
trielle de Chine en est tuojours au même
point. Mieux que cela, le ministère des finan-
ces n'a pas encore jugé opportun d'entameri
des pourparlers avec le cabinet de Pékin !
Sans admettre, comme certains le préten-
dent, que M. de Lasteyrie n'avait, en la cir-
constance, d'autre but que d'endormir l'im-
puissance de l'opinion, il faut bien convenir
qu'il y a entre les paroles du ministre et l'at-
titude de son entourage une contradiction inex-
plicable. Si le renflouement de la Banque de
Chine est une nécessité nationale, comme l'af.
firment, à la suite de tous les Français
d'Orient, notre ministre, M. de Fleuriau, Mgr
de Guébriant, le maréchal Joffre, M. Maurice
Long, gouverneur général de l'Indochine, il
est véritablement étrange que la rue de Ri-
voli ne tienne pas plus compte de cette néces-
sité impérieuse que des votes du Parlement.
Il n'y a sans doute pas d'autre pays au mondtf
où les bureaux pourraient ainsi tenir tête a
l'autorité de l'opinion et des Chambres et at-
tendre dans une immobilité narquoise que
vienne le jour où il sera définitivement trop
tard pour tenter quoi que ce soit.
Cependant, et malgré l'empressement mé-
diocre qu'il a rencontré au ministère des
finances, M. Porte, président du tribunal de
commerce, a mis au point un projet qui ipour.
rait, en attendant le règlement définitif, per-
mettre la réouverture provisoire des guichets
de la Banque de Chine. Ce projet comporte
la création d'une société de gérance au ca.
pital de 10 millions, société qui fonctionne-
rait comme une banque ordinaire et entre-
prendrait toutes les opérations utiles à l'in-
térêt général aussi bien qu'aux intérêts parti-
culiers des actionnaires et des créanciers. La
formule de M. Porte ne soulève, paraît-il, au-
cune objection ; elle a obtenu le concours,
empressé des grands établissements de crédit*
en premier lieu de la Banque de Paris et des'
Pays-Bas. Il ne lui manque, pour aboutir, que
la volonté du gouvernement de la soumettra,
sans retard à l'approbation des Chambres.
Il faut en finir. A l'heure où s'évanouis-
sent les espérances fondées sur la Russie, où
le Japon, l'Amérique et l'Allemagne jettent
des regards de convoitise sur les marchés de
la Chine, allons-nous sacrifier aux intérêts
particuliers et aux rancunes personnelles re-
présentées par les bureaux, le merveilleux
débouché d'un pays de trois cents millions
d'habitants ?
*
**
Oui, sans doute, tout cela est juste, tout
cela serait à faire dans un pays où l'on aurait
le sens de l'intérêt national. Mais ne vient-
on pas de nommer encore une commission
« administrative » de la B.I.C., composée
d'un représentant des affaires étrangères, un
des colonies, un de la justice et. trois des
finances : MM. Parmentier, directeur du mou-
vement des fonds ; Leclerc, du cabinet de M.
de Lasteyrie, et X.
Or, n'est-ce pas M. Parmentier qui déclara
à l'un de nos confrères, avec un geste éner-
gique : La B.I.C. ne sera pas renflouée !
Faut-il voir là des naufrageurs ou des 8au..
veteurs ?
P. D.
-————————— J — - < ———.—————'
FRANCE ET ANGLETERRE
1. Poincaré el Llojd George
ont eu
ir nne lonpe enlrep
La conversation, dit-on,
fut des plus cordiales
L'entrevue de M. Poincaré et de M. Lloyd
George a eu lieu hier après-midi, à Downinc
Street.
Auparavant, le président du Conseil, ac-
compagné de M. Grignon, chef de son cabi-
net, s'était rendu à l'abbaye de Westminster
où il a déposé une gerbe de fleurs portant
sur un ruban tricolore l'inscription suivante:'
« Le président du Conseil français au Soldat
britannique inconnu. »
A une heure, M. Lloyd George recevait â;
déjeuner son collègue français. Le maréchal
Pétain, ainsi que les membres du cabinet bri-
tannique, étaient au nombre des convives.
Après avoir signé le Livre d'or de lAb-
baye, M Poincaré a été invité par l'évêque-
doyen de Westminster à prendre la parole.
Il s'est exprimé en ces termes :
« Au nom de l'armée française et du peu-
ple français tout entier, j'exiprime respec-
tueusement l'admiration et la reconnaissan-
ce de notre pays au Soldat britannique in-
connu et, en sa personne, à toute l'armée
britannique. Jamais la France n'oubliera la
fraternité d'armes qui a uni nos deux pays
pendant de si longues années et pout la-
quelle la France conserve à l'Angleterre et
à l'Empire britannique une inaltérable ami..
tié. »
Plus de 300 fidèles se pressaient dans la
nef. Ils ont écouté avec recueillement les
paroles de l'ancien président de la Républi"
que, qu'ils ont escorté jusqu'au parvis.
L'entrevue des deux chefs d'Etat
La conversation que M. Poincaré a eue
avec M. Lloyd George, commencée au court
du déjeuner que lui offrait le premier mi-
nistre britannique, s'est prolongée jusqu'à
5 heures. Elle fut, dès le premier abord;
amicale, et poursuivie dans un esprit de
cordialité qui était & l'unisson avec les mai
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