Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-16
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 juin 1922 16 juin 1922
Description : 1922/06/16 (N16391,A46). 1922/06/16 (N16391,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
Le Numéro: 10 ces
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- aux 3ureaux du Jcurral
LA « LANTERNE » OOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
46' ANNEE - Na 16.391
VENDREDI
16
JUIN 1922-
Directeur-Rédacteur en ch»f :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non inséru
ne sont vas rendus
LA B.I.C. DEVANT LA JUSTICE
~jtrM~r~e
Joseph Pernotte a été arrêté le 13 fé-
VHer dernier, après de longs mois d'une
istruction sévère, à la veille du grand
débat soulevé à la tribune du Sénat. On
tlvait- demandé des sanctions, le gouver-
- nement les avait promises, il tenait pa-
role.., -',
Aujourd'hui, on va juger M. Joseph
Pernotte et, dans quelques jours, la « ré-
pression impitoyable » ayant commen-
cé, on va proposer au Parlement d'ac-
cepter le projet définitif du renfloue-
ment de la Banque Industrielle de Chine.
Peut-on dire que l'œuvre de justice soit
un but ou un moyen ?
Il est surabondamment démontré, par
l'examen du marché -mondial, que la
crise de la B. I. C. était due bien plus aux
conditions déplorables du trafic en 1919-
1920 qu'à des erreurs de gestion que l'on
pourrait aisément trouver dans des éta-
blissements dont le crédit paraît aujour-
d'hui de première valeur. ',.
Si les causes initiales de l'écroulement
d'une maison de crédit jeune et trop ra-
pidement prospère sont connues, 'celles
de sa chute ne peuvent pas être dissimu-
lées. La B. I. C. pouvait subir victorieu-
sément une terrible épreuve, 'si elle n'a-
vait pas déchaîné contre elle la fureur
de ses rivales et tout particulièrement
l'implacable antagonisme de la Banque
de TIndo-Chine. La part de M. Thion de
La Chaume, directeur de la B. I., dans un
désastre d'une portée nationale, est in-
finiment plus grande que celle de l'hom-
me qui va répondre aujourd'hui devant
la justice, non pas d'avoir provoqué un
cataclysme financier, mais d'avoir fait
des efforts désespérés pour l'éviter.
., **
Joseph Pernotte est inculpé d'abus de
confiance, escroqueries et complicité.
L'accusation lui reproche :
1° D'avoir, à Paris, en 1919, 1920 et 1921,
fi-aud,uleusement détourné au préjudice des
portews de bons 6 0/0 de la Société maritime
et commerciale du Pacifique qui en étaient
propriétaires, des sommes d'argent qui ne lui
avaient été remises qu'à titre de dépôt ;
2° De s'être, à PorM,des-rianîçjivres frauduleuses pour persuader
~Têxisté'nce de fausses entreprises et d'un 'cré-
dit imaginaire, fait remettre des fonds par les
souscripteurs de bons 6 0/0 âe ià Société du
Pacifique, et d'avoirt par ces moyens, escroqué
totalité ou partie de la fortune d'autrui.
A lire ces textes, il semblerait que
l'ancien directeur général de la B. I. C.
-s'est enrichi des dépouilles des porteurs
de bons 6 0/0 ; or, le Parquet ne prouve-
ra pas Cela, il ne tentera pas de le prou-
ver ; sa tâche — d'ailleurs fort difficile
— sera d'établir que l'administration de
la B.. I. C., en l'espèce son directeur, a or-
ganisé-rémission de 12 millions de bons
hypothécaires de 6 0/0 de la S. P., dans
le but de diminuer de pareille somme les
avances qu'elle avait faites à la Société
Maritime du Pacifique. -
Pernotte apparaît ainsi, non plus com-
me un voleur, mais comme un chef
d'entreprise coupable d'avoir. tenté une
opération prétendue frauduleuse dans
le but de sauver d'une débâcle prochaine
l'exploitation dont il avait la charge.
M^is encore faudra-t-il prouver que
l'opération !fut réellement illicite.
- *
**
En septemlbre 1919, à l'époque où la
Pacifique, d'accord avec sa créancière,
la B. I. C., émit des bons hypothécaires
à 6 0/0, elle avait des navires : trois bâti-
ments en acier, neufs, jaugeant ensem-
ble 12.000 tonnes, et deux vapeurs en
bois, jaugeant 6.000 tonnes. La garantie
des bons existait donc et l'émission avait
une base réelle ; la même société avait
en outre sur chantier, en Chine, plu-
sieurs navires, sur lesquels elle avait
avancé" une quinzaine de millions de
francs.
L'accusation trouve l'escroquerie dans
un fait précis : La B. I. C., banque émet-
trice, aux termes de ses engagements,
devait -garder intact les souscriptions
jusqu'à la réalisation des hypothèques ;
or, on l'àccuse d'avoir crédité la Pacifi-
que afin de diminuer de plus de 11 mil-
lions le chiffre considérable des avan-
ces qu'elle lui avait consenties.
L'ensemble de l'opération n'avait pas,
d'autre portée, le délit serait de n'avoir
point attendu les longues (formalités, ., de
la nationalisation des navires acquis à
l'étrange'r. Ah ! si la B. I. C. n'avait pas
été torpillée, tout était au mieux, et si
la Pacifique n'avait pas été sabotée, les
porteurs de bons auraient encore un
gage sérieux.
La Banque et la Société maritime ont
sauté, les navires sont désarmés dans le
port de Marseille, et les porteurs de bons
se plaignent. Il faut bien que quelqu'un
paye de son argent ou de son honneur ;
il faut que la justice frappe quelqu'un
pour que la politique se déclare satis-
faite : voici Pernotte au banc des accu-
sés.
Ce n'est pas tout. Il y a aussi une vi-
laine affaire de francs changés en taëls
et de taëls changés en francs. Excellente
aubaine pour l'accusation. Voici pris, la
main dans le sac, le directeur général,
convaincu d'avoir touché un million,
tandis que son conseil ne lui avait voté"
aue 200.000 francs de gratification-
On connaît cet a.f.freux scandale et
comment Pernotte aurait fait virer
200.000 francs à Pékin en taëls, au taux
fixe de 3 francs, pour se le-s faire réex-
pédier à Paris, au cours de 9 francs. Le
cas, cette fois, apparaît pendable, il y a
détournement, dit l'accusation. C'est- en
vain qu'on lui expliquera que l'usage
constant des banques anglaises autorise
de telles pratiques ; quelques adminis-
trateurs viendront peut-être déclarer
qu'ils ont voté 200.000 francs et rien de
plus ; et pourtant il est admis que le bé-
néfice du change constitue un profit ex-
ceptionnel compensant l'exil et le prix
de la vie en Extrême-Orient pour les em-
ployés expatriés. Dans cette formidable
affaire d'un krach de neuf cent millions,
la justice relève cette histoire de taëls et
l'opération des bons. Mais voyez-vous
quel nouveau scandale, pire que tous les
autres, si un tribunal, en toute équité,
allait dire que Pernotte n'est pas un es-
croc.
Pierre DIONNE.
—— —————— ? — c. — ( —————————
La Commission des réparations
a adressé une nouvelle note
au chancelier Wirlh
iLa Commission des réparations a adressé
mercredi une nouvelle note au chancelier
Wirth.
Cette communication a trait à l'emprunt
forcé, au budget des chemins de fer et des
poètes et à l'autonomie de la Reichsbank.
En ce. qui concerne cette dernière question,
l'a note indique comment l'indépendance de la
Banque peut être obtenue. Elle ajoute :
Tant que la Reichsbank sera autôrisêe à
émettre des billets contre des bons du Tré-
sor, on ne saurait guère s'attendre à voir son
autonomie s'exercer d'une manière effective à
ce sujet.. - f~
La Commission reconnaît que toute restric-
tion de la circulation fiduciaire doit être précé-
dée par la couverture des dépenses publiques
au moyen de recettes, réelles provenant des im-
pôts et des emprunts intérieurs, à l'exclusion
des Bons du Trésor escomptés directement ou
indirectement par la Reiohsbank. Elle ne con-
teste pas qu'il serait actuellement prématuré
de tenter de rétablir purement et simplement
la limitation de l'émission abolie par les lois
modifiant la loi de 1875, qui ont été votées de-
puis 1914, sans avoir préalablement remis de
l'ordre dans les finances de l'Etat. Mais elle
estime que le gouvernement allemand doit pré-
parer dès maintenant les mesures qu'il sera
nécessaire d'introduire ultérieurement pour ré-
tablir une limitation raisonnable du droit d'é-
mission de la Banque et faire d'une manière
continue de sérieux efforts pour en réaliser pro-
gressivement 1 application, aussitôt et à mesu-
re que les circonstances le permettront. :
Faute- d'agir ainsi, il serait fort ^erafofffe
que les sacrifices qui sont actuellement deman-
dés au peuple, allemand pour arrêter l'accrois-
sement de la dette flottante n'atteignent 'pas le
but visé.
"—*———*"——— 1 III 1tW|r J
Le colloque de Londres
M. Poincaré part aujourd'hui pour l'An-
gleterre. Nous sommes en droit de penser qu'il
a quelque chose à dire à M. Lloyd George
avec lequel il ne s'est pas entretenu depuis
le fiasco magistral de la Conférence d4, Gênes.
Il y avait — il y a encore — deux politi-
ques en présence. Celle de l'Angleterre et celle
de là France.
On a peut-être trop parlé d'isolement,
même ces jours passés, lorsque le désaccord
s affirmait à la Commission des Réparations,
entre M. Dubois et les commissaires alliés. :
Dans les pays dont les gouvernements ont
marqué un assez vif mécontentement contre
la France, il existe une opinion qui nous rend
justice. te serait une grave erreur de croire
que le Royaume-Uni tout entier est groupé
derrière Lloyd George, lorsqu'il préconise l'ac-
cord, coûte que icoûte, avec les Soviets et le
Reich.
Avant le débat qui va s'engager à La Haye,
il n'est pas sans intérêt que les chefs des gou-
vernements de Paris et de Londres s'efforceht
de trouver les grandes lignes d'un front uni-
que; puisque aussi bien nous sommes encore
résolus à faire, à la nécessité de nos allian-
ces, tous les sacrifices compatibles avec notre
dignité et nos intérêts vitaux.
Depuis Gênes, le Premier a - pu connaître
avec exactitude les conséquences de sa poli-
tique ; or, il est trop habile pour s'obstiner
dans l'erreur.
Une démonstration au moins est faite; l'im-
possibilité de traiter honnêtement avec le gou-
vernement bolcheviste dont le déclin, à de
multiples indices, s'annonce proche.
D'autre part, le grand projet d'un emprunt
international en faveur de l'Allemagne vient
d'échouer, dans des conditions telles que la
tentative ne saurait être renouvelée d'ici
longtemps. L'idée, vastê mais impraticable,
de la reconstruction de l'Europe sans priorité
pour la France, n'a pas abouti et ne saurait
aboutir.
Si, par une de ces chances, qui sont les
meilleurs atouts des hommes d'Etat, le sovié-
tisme succombe, il faudra reconnaître que M.
Poincaré n'avait pas tort.
F. H.
>
L'échéance allemande d'hier
Nous avons annoncé, d'après les journaux
allemands, que le paiement de l'échéance
d'hier de 50 millions de marks or était as-
suré par ,1e gouvernement allemand. La Com-
mission des réparations en a, en effet, reçu
l'avis officiel de Berlin. Il est vrai que la noti-
fication des banques chargées d'effectuer le
paiement n'est pas encore parvenue à Pai^is,
mais on estime qu'elle ne saurait tarder. vv
LA PARENTE PAUVRE DE GÊNES
S#* —♦ r— r—
,. uA COnfÉREnCE DE liA nAYE
s'est ouverte sans bruit et sans éelat
Des vérités y triompheront-elles au moins ?
En attendant, les journalistes ont été laissés dans
la coulisse et n'ont pu assister aux débats
La Haye, 15 juin. — La séance d'inaugura-
tion de la Conférence de La Haye — séance
qu'il ne faut pas confondre, d'ailleurs, avec
la séance solennelle qui va avoir lieu le 26
juin — n'a pas revêtu un caractère de solen-
nité extraordinaire.
Alors qu'à Gênes, la ville avait été pavoi-
sée et qu'un grand nombre de carabiniers, ve-
nus des différents points de l'Italie, assuraient
dans les rues, et notamment aux abords du
palais royal, du palais Saint-Georges et des
hôtels où se trouvaient les légations, le ser-
vice d'ordre, La Haye, au contraire, semble
n'avoir, pour cette première séance de la Con-
férence, rien changé à ses habitudes.
Plusieurs Etats sont représentés par leur
ministre habituel à La Haye., D'autred ont
envoyé des délégations, parmi lesquelles, * as-
surément, la délégation britannique et la dé-
légation italienne peuvent être signalées
comme les plus denses.
Les délégués siègent par ordre alphabétique
autour des trois grandes tables disposées dans
la salle de Justice, qui se trouve au rez-de-
chaussée du palais de la Paix, et l'on ne songe
pas, sans se livrer à des réflexions variées,
au souvenir du malheureux tsar de Russie,
dont l'initiative fut une des causes détermi-
nantes de l'érection de ce palais historique.
Le ministre des affaires étrangères hollan-
dais, M. Van Karnebeek, prend place au fau-
teuil présidentiel et déclare ouverte la réu-
nion préliminaire de la Conférence. Son al-
locution consiste simplement à saluer les re-
présentants des divers Etats, en évoquant Jes
souvenirs de La Haye, ville du droit et de la
justice, par les institutions qui, dans le sein
de la cité néerlandaise, ont pour objet d'as-
surer le triomphe du., droit et de la vérité à
travers le monde. Après quoi, M. Van Kar-
nebeek rappelle brièvement l'objet des déli-
bérations et propose que l'on se mette au
travail.
Les journalistes n'ont pas été admis
Au moment où la conférence allait coin.
mencer, des journalistes pénétrèrent dans le
Palais de la Paix et se disposaient à se ren-
dre à la salle de la Justice où. a lieu la con-
férence, M. Van .Karnebek intervint alors et
pria les journalistes de- se re±iretr -eii .4écl&v
raru qu'îl ne pouvait leur offrir de places,
car la séance n'était point, publique. Les jour-
nalistes insistèrent, demandant à' ce au:on
leur-permit tout. au moins de se tenir dans le
vestibule. Mais M. Van Karnebek s'adressant
à eux en français déclara encore ne pouvoir
faire droit à leur désir:
Avant de quitter le vestibule, M. Van Kar-
nebek pria, une fois de plus, les journalistes
de se retirer. Malgré cela, ceux-ci restèrent et
attendirent que la réunion eût pris fin. *
Le communiqué officiel
La Haye, 15 juin. — Le secrétariat de la.
conférence publie le bulletin officiel suivant :
La réunion préliminaire, convoquée par le
gouvernement italien d'accord avec le gouver-
nement néerlandais en vue de préparer la con-
férence, s'est réunie aujourd'hui pour la pre-
mière fois dans la grande salle du Palais de
la paix de deux heures et demie à trois heures
et demie.
Le Jonkheer Van Karnebeek, ministre néer-
landais des Affaires étrangères, a prononcé le
discours d'ouverture. Divers délégués ont ré-
pondu en remerciant le gouvernement néer-
landais de son hospitalité et en exprimant les
meilleurs vœux pour l'œuvre de la conférence.
Ensuite, la conférence a procédé à l'élection
du président.
; A l'unanimité, il a été décidé que le jonkheer
Van Karnebeek serait maintenu définitivement
dans les fonctions de président des réunions
préliminaires, fonctions qu'il avait asstimées
jusqu'ici à titre provisoire. M. Van Karnebeek
a accepté la nomination.
Sur la proposition du. président, la séance
a été renvoyée à demain matin.
Autour de la Conférence
Aucune animation extraordinaire n'a pré-
sidé à cette première séance et l'atmosphère,
faite de calme, semble tout à fait favorable
à des travaux profitables.
Dans les milieux de la Conférence, où l'on
n'a pas encore eu trop le temps de prendre
contact, les conversations commencent à s'é-
changer. L'impression d'ensemble est que les
Russes, lorsque la Conférence s'abouchera
avec eux le 26 courant, viendront avec un
plan de travail et des propositions plus posi-
tives qu'ils ne semblent l'avoir voulu faire à
Gênes. Il est probable, d'ailleurs, — c'est du
moins l'opinion que quelqu'un exprimait ce
matin — que M. Rakowsky, qui doit faire par-
tie de la délégation soviétique, laquelle aura
cette fois pour chef M. Icffe, ne trouvera pas
à La Haye, pour son développement et son
exposé économique ou politique, l'écho reten-
tissant que ses paroles avaient trouvé à Gênes.
Une interpellation au Sénat
MM. François Albert et Henri de Jouvenel
ont fait connaître au président du Conseil leur
intention de l'interpeller à, la. plus prochaine
séance sur les conditions/dans lesquelles il
entend poursuivre tant à La Haye que dans
les divers entretiens avec/les Alliés la poli-
tique française de réparation et de reconstruc-
tion européenne.
La réponse italienne
au mémorandum du 2 juin
Le comte Sforza a remis, mercredi soir, au
ministère des affaires étrangères, ,1a réponse
de son gouvernement au mémorandum fran-
çais du 2 juin, relatif à la Conférence de La
Haye. Ce document, qui est'assez court, se
borne à enregistrer le point de vue français,
tout en estimant qu'il n'y a pas lieu de mo-
difier les conditions dans lesquelles doit sié-
ger cette réupion d'experts.
M. Poincaré part ce soir
pour Londres'
..M. Poincaré, président du Conseil, quittera
Paris cet après-midi, à 15 h. 45, pour se ren-
dre à Londres, où il arrivera à 22 h. 45.
POUR VNE FÉDÉRATION DES PEUPLES
COMMENT NOS DÉLÉGUÉS
devraient représenter la France
—-———————————-~<=-.—
Le gouvernement de M. Poincaré osera-t-il prendre
une initiative aussi nettement républicaine ?
Gênes est déjà loin, en arrière, et nous
voici à La Haye ! D'aucuns peuvent dé-
plorer le système des grandes conférences
internationales * nous pensons, quant à
nous, que c'est là un moyen pratique, et
quoiqu'on dise, efficace, pour aboutir à une
entente entre les divers nations européen-
nes et mondiales.
Ce que l'on peut et doit regretter, c'est
que, précisément, ce ne soit pas la société
des Nations, elle-même, qui soit chargée de
ces travaux! ",
Aujourd'hui, nos hommes d'Etat, comme
aussi ceux des autres puissances, doivent
être guidés, non pas par l'idée de nouveaux
conflits, mais bien par la volonté d'assurer
la consolidation pacifique et l'organisation
de la paix. N'est-ce pas le moment, en vérité,
d'organiser cette Fédération des Etats de
l'Europe ? Ne faut-il pas rappeler à ce pro-
pos, les paroles fameuses que prononçait, en
1849, Victor Hugo, en face de Richard Col-
den et au cours desquelles il lança, pour la
première fois, l'idée des Etats-Unis d'Europe?
Les peuples, désormais, veulent savoir vers
quels buts on les conduit! Ils ne veulent nul-
lement être le jouet de quelques grands in-
térêts particuliers, dont les buts et les ambi'
tions sont si différents de la sécurité et de
la tranquillité de la Nation! Ils ne veulent
plus de conflits dont les origines sont confu-
ses : ce qu'ils veulent, c'est — et c'est le
cas du peuple français — le respect du droit,
et la paix dans le monde.
Car la paix, n'est-ce pas là, la source mer-
veilleuse de la richesse par le travail ?
*
* *
Mais, pour organiser cette Fédération -des
peuples, il nous faut être réalistes, et utili-
ser, dans ce but, tous les moyens pratiques
en notre pouvoir.
Ce n'est pas une seconde Société des Na-
tions que nous entendons créer, mais bien
une «Ligue des Peuples Ii! Si, à la Société
des Nations; ce sont les gouvernements qui
sont représentés, dans une Fédération des
Peuples, telle que nous la préconisons, ce
sont les peuples qui délégueront leurs repré-
sentants, pris dans leurs Parlements respec-
tifs.
Et ce sera l'ensemble de ces délégués, qui
réunis, constituera le « Parlement interna-
tional », qui sera seul compétent pour liqui-
der et résoudre toutes les questions et les
problèmes d'ordre international. Ce « Par-
lement internationale, par le fait même de
sa composition, ne sera plus sous la tutelle
étroite -des gouvernements, mais ce serait,
au contraire, ces derniers qui ne pourront li-
brement agir les uns contre les autres, sans
approbation préalable de ce « Parlement in-
ternational ». Muni d'une force internatio-
nale, le « Parlement international » rempla-
cerait, avec succès, toutes nos conférences
passées et à venir. Mais sa tâche serait plus
féconde, parce que cet organisme serait per-
manent, et muni de pleins pouvoirs.
Ce serait donc ce «Parlement internatio-
nal» qui serait chargé, avant tout autre tra-
vail, de préparer le désarmement général du
monde, en commançant par les nations dont
la hardiesse est à craindre. Désarmer, c'est
éviter la guerre, et c'est dégrever les bud-
gets des nations. (
Dans l'ordre économique, la tâche du « Par-
lement international e sera encore plus
vaste.
Afin d'éviter de nouveaux conflits entre
les nations, il y aurait lieu de préparer, par
des étapes préparatoires, 1 asuppression de
toutes les barrières douanières, derrière les-
quelles se manifestent toutes sortes de na-
tionalismes étroits.
Tout celà ne contribué d'ailleurs, qu'à
augmenter le coût de la vie, et empêche une
plus large interpénétration entre les peu-
ples.
Mais, pour arriver à ce résultat, au libre-
échange, il importera, et ce sera aussi l'œu-
vre, très difficile il est vrai, du «Parlement
international», de limiter, par une entente
générale entre les nations, la production
chez les Etats qui produisent trop, au détri-
ment des moins producteurs.
- *
!t!*
Telles sont les quelques considérations qui,
selon nous, militent en faveur d'une fédé-
ration des peuples.
Nous espérons qu'à La Haye, la France
tiendra le langage que lui commande son
passé révolutionnaire, qu'elle fera entendre
sa voix de la paix, car c'est par la paix que
nous pourrons mettre la République et la
France à l'abri des plus difficiles lendemains!
r- FERDINAND-LOP.
LES MYSTÈRES DE LA VIE CHÈRE
Le poissi Irop peu pp
au pêcheur
Mh cher au cinsomialar
Une expérience de vente directe au public
a donné d'excellents résultats
Il est un fait assez curieux pour la période
de chaleurs que nous traversons. Si le
Ijifteck par la grâce de M. Chéron, coûte
horriblement cher, le poisson, malgré son
abondance, malgré la nécessité qu'il y a à le
vendre prômptement et. la presque impossibi-
lité de le « resserrer », demeure, lui aussi, à
des prix relativement élevés.
Il se produit encore cette autre bizarrerie:
c'est que si la pêche est abondante, elle ne
trouve pas à s'écouler, parce que les acheteurs
font défaut.
Ainsi d'une part, le consommateur ne peut
en somme ce défendre comme il le souhaite-
rait contre les prix prohibitifs de la viande;
et, d'autre part, le producteur — le pêcheur
en l'espèce — est le plus souvent contraint de
vendre à des cours extrêmement ba's le poisson
qu'il ramène par très grosse quantités. Entre
l'un et l'autre — le producteur et le consom-
mateur — la marchandise reste invendue et
se perd sans que les prix en subissent de sen-
sibles fléchissements.
Cette situation a incité certains propriétai-
res de chalutiers à tenter une expérience de
vente directe au public. Cette expérience a
pleinement réussi. C'est à Angers qu'elle a été
menée à bien avec une facilité qui, sans doute,
encouragera à la renouveler.
A Angers, malgré l'affaiblissement des prix
sur les lieux mêmes de pêche, les armateurs
dont il s'agit avaient constaté que la demande
des marchands de marée n'augmentait pas.
Ils voulurent se rendre compte par eux-mêmes
de la cause de cette anomalie. Ils expédièrent
donc trois tonnes de merlus vidés dans la cité
angevine et les offrirent eux-mêmes aux habi-
tants, à un prix qui était exactement la moitié
de celui des détaillants de la place. Tout le
poisson fut enlevé en un clin d'œil, à la satis-
faction des pêcheurs, et la preuve fut faite
que si le consommateur jusqu'alors avait bou-
dé, c'est qu'on était trop exigeant à son égard.
Il serait à souhaiter que semblables expé-
riences fussent tentées sur une large échelle
et dans tous les grands centres de consomma-
tion. L'intermédiaire serait alors amené à se
contenter d'un bénéfice plus raisonnable. Et
tout le monde s'en trouverait bien.
La parole est à M. Chéron, puisque, selon
lui, c'est l'intermédiaire le seul coupable.
L. L. -
■ —^ ——
La carte pos'ale à deux sous l'
Mais, envoyer des cartes postales, n'est-ce pas
déjà une coutume désuète ?
Pour nos vacances, la Chambre nous a voté
la carte postale à deux sous. S'il plaît aux
sénateurs, nous pourront ainsi économiser
pendant notre villégiature, quelques décimes
sur notre correspondance. On sait que l'on
n'est jamais aussi paresseux que lorsqu'on
n'a rien à faire, et la carte postale est la mis-
sive préférée de tous ceux qui goûtent les
joies de la mer ou de la campagne.
La nouvelle est bonne, mais sans rien de
plus. Elle a cependant mis dans la joie tous
les marchands de cartes postales
— Notre commerce, nous ont-ils dit, est mort
depuis l'application des nouvelles taxes pos-
tales. Il avait particulièrement souffert de
la guerre. L'augmentation des tarifs entra-
vait la reprise des affaires que nous étions en
droit d'escompter.
— Le public est si économe, qu'il n'envoie
pas une carte, parce qu'il doit l'affranchir à
vingt centimes au lieu de dix ?
— La chose est certaine, il serait facile de
le prouver par des chiffres. L'administration
des P. T. T. ne peut non plus en douter.
L'abaissement du tarif ne diminuera pas les
recettes, au contraire !
Laissons les marchands de cartes postales
à leur joie. Nous croyons du reste, comme
eux, qu'une augmentation de tarifs, ne se tra-
duit pas toujours et forcément, par une aug-
mentation de recettes. Bien plus, en procé-
dant de cette façon, l'Administration ne fait-
elle pas un peu comme ce paysan de la fable'
qui tua la poule aux œufs d'or ?
Il me semble bien que nous nous sommes
quelque peu déshabitués d'envoyer à nos amis,
ces collections de cartes postales des lieux de
notre villégiature, comme nous ne man-
quions pas de le faire jadis. La chose était
au demeurant assez puérile. Les cartes que
nous recevions traînaient un peu partout sur
les tables. Nous répondions cependant de
même façon, par pure politesse.
Nous avons reçu moins de cartes et nous
n'en avons plus envoyé. Par souci d'écono-
mie ? Peut-être ; mais surtout parce que la
guerre a vieilli bien des coutumes .et que la
carte postale est allée rejoindre dans les
modes désuètes, la carte de visite !
L'affranchissement à dix centimes fera-t-
il revivre ce genre de correspondance ?
R. D.
4.- r
Pa mi les roses de Bagatelle
« L'Eviva Aramayo » a obtenu la médaille d'or
Hier, dans la roseraie de Bagatelle, une
conférence internationale s'est tenue.
Internationale est bien le mot, puisqu'il y
avait là deux Anglais, deux Hollandais et un
Italien, sans parler des personnalités françai-
ses, qui étaient de qualité : Mme Millerand.
Mme Autrand, épouse du préfet de la-Seine.
M. Chérioux., conseiller municipal et pépinié^
riste distingué.
L'objet de cette conférence ? Décerner la
médaille d'or de Bagatelle à la plus jolie rose
de l'année.
Hélas, l'orage est passé dans la roseraie,
effeuillant les jolies fleurs, pourpre, or, nuit
ou vermeil. La palette d'un peintre ne suffi-
rait pas à exprimer la multitude des couleurs
de ces somptueux parterres.
Après une longue visite, s'arrêtant à cha-
que pied de rcsier, après une longue délibé-
ration autour d'une table à tapis vert, le jury
s'est mis d'accord pour couronner une rose
hollandaise, la rose Elvira Aramayo, où le
rouge s'allie si heureusement au jaune, qu'on
se prend à douter en le voyant, de sa réalité
même.
LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES
DesnéBociants allemands
dtniiirientau commères français
des marchandises
pour leu s sentes russes
Ils ont, disent-ils, une « vaste organi-
sation » en pays soviétiques.
Quelles que soient les clauses, avouées
ou secrètes, du traité de RapalHo, ce qu'il
y a de certain, c'est que, - comme nous
l'avions laissé prévoir dans un article pu-
blié ici à la veille de la Conférence de Gê-
nes, un grand courant commercial et in-
dustriel s'est établi entre l'Allemagne et la
Russie. * v
Nous en avons aujourd'hui une preuve in-
directe et assez curieuse. On trouvera, en
effet, ci-dessous, un document qui démon-
tre que certains ALlemands cherchent à.
commercer avec la France. pour pouvoir
tout simplement « refiler » aux Russes les
marchandises dont, manque la Germanie et
qu'elle sollicite de nos nationaux.
Plusieurs négociants importants de l'ali-
mentation parisienne ont, en effet, reçu, il
y a quelques jours, la circulaire suivante de
MM. Dr Kern, Hans Ostwald et Co :
Messieurs,
Nous nous permettons de vous informer qu..
notre maison dispose d'une organisation assez
vaste dans les différents pays de la Russie, et
que nous y suivons. aussi des relations étroites
avec les gouvernements et les importateurs
(coopératifs).
Nos succursales russes (Ukraine) nous de-
mandent de grandes quantités de vivres, et
nous vous prions de bien vouloir nous soumet-
tre vos prix pour les marchandises que-vous
pouvez nous offrir. (Nous serions acheteurs de
céréales, conserves, viandes frigorifiées, lait
condensé, thé, cacao, chocolat, etc.). Les prix
devraient s'entendre; çif. port de la mer Noire-,
En ce qui concerne le mode de paiemènt.
veuillez nous dire quel en est le plus favora-
ble, car il faut que nous vous disions qu'il sera
indispensable d'accorder des crédits de 60, 90
jours, contre garanties de banques. Dans lt
délai indiqué, il serait bien possible de se pro-
curer des devises, moyennant la vente de pro-
duits russes.
Il nous serait très agréable que vous exami-
niez à fond notre proposition, afin que nous
arrivions au pliS vite à une affaire.
Au plaisir de vous lire, nous vous présen-
tons. Messieurs, nos salutations bien empres-
sées. ?
MM. Kern, Hans Ostwald et Co; qui sont
à la tête d'une société commerciale d'expor-
tations de l'Est, et qui ont leur maison prin-
cipale à Ç.erjlin, font -d'aiilleurs connaître,
par l'entête de leurs lettrés, qu'ils possè-
dent des succursales et magasins à « Pé-
tersbourg », Moscou, Odessa, Omsk, Riga,
Reval, Kowno. Leur organisation, étend
donc son réseau dans les grands centres
russes et mêmes lettons ou esthoniens. La
question russe est déjà pour eux régflée ;
ils font des affaires avec les coopératives
soviétistes sans se soucier des questions
politiques que la Conférence de Gênes n'a.
pas réglées
Le plus joli, c'est qu'ils s'offrent com-
me intermédiaires et comme « revendeurs »
entre le négoce français et les coopérati-
ves bolchevistes. Peut-être nos nationaux
songeront-ils à tirer la moralité de cette
offre de service qui a le mérite de la crâ-
nerie. - ou -du cynisme, comme l'on vou-
dra. Ils penseront sans doute qu'ils n'ont
pas absolument besoin des Allemands pour
traiter des marchés avec les Russes et qu'il
y aurait intérêt pour eux à se passer de
commissionnaires boches interposés.
Seulement, Ils feraient bien, aussi, de s8
presser. Car la clientèle que leur offrent
par ricochet MM. Kern, Hans Ostwald et Ce
serait capable de leur échapper compûète-
ment le jour où elle aura pris l'habitude de
s adresser à ces derniers et surtout lorsque
ceux-ci n'auront plus besoin de s'adresser
à nous pour trouver les marchandises qui
leur font aujourd'hui défaut.
P. V.
; ..-
L'AFFAIRE BASSARABO
UNE AUDIENCE
mouvementée
A propos d'un témoignage favorable à Hers
Myrtel, de violents incidents éclatent entre
l'avocat général et la défense
Ce n'est pas toujours drôle d'être témou.
aux assises.
« Avec qui avez-vous passé la nuit du
1er janvier ? » demande-t-on à l'un. « Votre
grand-père n'a-t-il pas été condamné pour ban.
queroute ? » dit-on à l'autre.. r
Etes-vous témoin de l'accusation ? l'avocat
général vous couvre, de fleurs et le défenseur
vous engu.irlande.
Si vous 'êtes favorable à la défense, c'est le
contraire exactement qui se produit, avec tou-
tefois cette différence que l'aütotité- de la
robe rouge donne aux sarcasmes du repré-
sentant de la vindicte publique une particu-
lière importance.
Alors, la conscience la plus pure s'émeut,
et, tremblants d'attirer sur eux la colère d'un
homme disposant d'un pouvoir si redouta-
ble, les témoins hésitent et se taisent.
Ce n'est pas: évidemment là le moyen d'é-
clairer la justice, non plus que de faire avan-
cer le procès, car fatalement des incidents
surgissent.
Il y en eut hier plusieurs, maij aucun n'eut
un tel caractère de gravité que celui qui se
produisit vers la fin de l'audience, au cours
de la déposition de Mme Mac Kenty, citée à
la requête de Mme Bassarabo.
- Mme Mac Kenty, qui a conservé de ses re-
lations- avec Hera Myrtel le plus doux souve-
nir, fait un vibrant éloge de celle qu'elle -ap-
pelle « son adorable sœur en idéal ». ,.'
Comme Mme Bassarabo, le témoin cultive
les lettres et de quelle manière. L'avocat gé-
néral Mancel ne peut résister au désir de don-
ner aux jurés un échantillon, de son savoir-
faire.
C'est une lettre dans laquelle, après avoir
exprimé en termes lyriques sa joie d'avoir été
admise au nombre des suivantes de la dame
du square Labruyère, Mme Mac Kenty décria
enfin :
Je remercie Dieu de m'avoir donné la jote
de contempler la femme, celle qui est lllsig
ABONNEMENTS 1 an 6m. 8m.
Seine et S.-et-O. 25 » 13 » 1 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 60
Etranger 65 » 28 » 15 »
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LA « LANTERNE » OOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
46' ANNEE - Na 16.391
VENDREDI
16
JUIN 1922-
Directeur-Rédacteur en ch»f :
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non inséru
ne sont vas rendus
LA B.I.C. DEVANT LA JUSTICE
~jtrM~r~e
Joseph Pernotte a été arrêté le 13 fé-
VHer dernier, après de longs mois d'une
istruction sévère, à la veille du grand
débat soulevé à la tribune du Sénat. On
tlvait- demandé des sanctions, le gouver-
- nement les avait promises, il tenait pa-
role.., -',
Aujourd'hui, on va juger M. Joseph
Pernotte et, dans quelques jours, la « ré-
pression impitoyable » ayant commen-
cé, on va proposer au Parlement d'ac-
cepter le projet définitif du renfloue-
ment de la Banque Industrielle de Chine.
Peut-on dire que l'œuvre de justice soit
un but ou un moyen ?
Il est surabondamment démontré, par
l'examen du marché -mondial, que la
crise de la B. I. C. était due bien plus aux
conditions déplorables du trafic en 1919-
1920 qu'à des erreurs de gestion que l'on
pourrait aisément trouver dans des éta-
blissements dont le crédit paraît aujour-
d'hui de première valeur. ',.
Si les causes initiales de l'écroulement
d'une maison de crédit jeune et trop ra-
pidement prospère sont connues, 'celles
de sa chute ne peuvent pas être dissimu-
lées. La B. I. C. pouvait subir victorieu-
sément une terrible épreuve, 'si elle n'a-
vait pas déchaîné contre elle la fureur
de ses rivales et tout particulièrement
l'implacable antagonisme de la Banque
de TIndo-Chine. La part de M. Thion de
La Chaume, directeur de la B. I., dans un
désastre d'une portée nationale, est in-
finiment plus grande que celle de l'hom-
me qui va répondre aujourd'hui devant
la justice, non pas d'avoir provoqué un
cataclysme financier, mais d'avoir fait
des efforts désespérés pour l'éviter.
., **
Joseph Pernotte est inculpé d'abus de
confiance, escroqueries et complicité.
L'accusation lui reproche :
1° D'avoir, à Paris, en 1919, 1920 et 1921,
fi-aud,uleusement détourné au préjudice des
portews de bons 6 0/0 de la Société maritime
et commerciale du Pacifique qui en étaient
propriétaires, des sommes d'argent qui ne lui
avaient été remises qu'à titre de dépôt ;
2° De s'être, à PorM,
~Têxisté'nce de fausses entreprises et d'un 'cré-
dit imaginaire, fait remettre des fonds par les
souscripteurs de bons 6 0/0 âe ià Société du
Pacifique, et d'avoirt par ces moyens, escroqué
totalité ou partie de la fortune d'autrui.
A lire ces textes, il semblerait que
l'ancien directeur général de la B. I. C.
-s'est enrichi des dépouilles des porteurs
de bons 6 0/0 ; or, le Parquet ne prouve-
ra pas Cela, il ne tentera pas de le prou-
ver ; sa tâche — d'ailleurs fort difficile
— sera d'établir que l'administration de
la B.. I. C., en l'espèce son directeur, a or-
ganisé-rémission de 12 millions de bons
hypothécaires de 6 0/0 de la S. P., dans
le but de diminuer de pareille somme les
avances qu'elle avait faites à la Société
Maritime du Pacifique. -
Pernotte apparaît ainsi, non plus com-
me un voleur, mais comme un chef
d'entreprise coupable d'avoir. tenté une
opération prétendue frauduleuse dans
le but de sauver d'une débâcle prochaine
l'exploitation dont il avait la charge.
M^is encore faudra-t-il prouver que
l'opération !fut réellement illicite.
- *
**
En septemlbre 1919, à l'époque où la
Pacifique, d'accord avec sa créancière,
la B. I. C., émit des bons hypothécaires
à 6 0/0, elle avait des navires : trois bâti-
ments en acier, neufs, jaugeant ensem-
ble 12.000 tonnes, et deux vapeurs en
bois, jaugeant 6.000 tonnes. La garantie
des bons existait donc et l'émission avait
une base réelle ; la même société avait
en outre sur chantier, en Chine, plu-
sieurs navires, sur lesquels elle avait
avancé" une quinzaine de millions de
francs.
L'accusation trouve l'escroquerie dans
un fait précis : La B. I. C., banque émet-
trice, aux termes de ses engagements,
devait -garder intact les souscriptions
jusqu'à la réalisation des hypothèques ;
or, on l'àccuse d'avoir crédité la Pacifi-
que afin de diminuer de plus de 11 mil-
lions le chiffre considérable des avan-
ces qu'elle lui avait consenties.
L'ensemble de l'opération n'avait pas,
d'autre portée, le délit serait de n'avoir
point attendu les longues (formalités, ., de
la nationalisation des navires acquis à
l'étrange'r. Ah ! si la B. I. C. n'avait pas
été torpillée, tout était au mieux, et si
la Pacifique n'avait pas été sabotée, les
porteurs de bons auraient encore un
gage sérieux.
La Banque et la Société maritime ont
sauté, les navires sont désarmés dans le
port de Marseille, et les porteurs de bons
se plaignent. Il faut bien que quelqu'un
paye de son argent ou de son honneur ;
il faut que la justice frappe quelqu'un
pour que la politique se déclare satis-
faite : voici Pernotte au banc des accu-
sés.
Ce n'est pas tout. Il y a aussi une vi-
laine affaire de francs changés en taëls
et de taëls changés en francs. Excellente
aubaine pour l'accusation. Voici pris, la
main dans le sac, le directeur général,
convaincu d'avoir touché un million,
tandis que son conseil ne lui avait voté"
aue 200.000 francs de gratification-
On connaît cet a.f.freux scandale et
comment Pernotte aurait fait virer
200.000 francs à Pékin en taëls, au taux
fixe de 3 francs, pour se le-s faire réex-
pédier à Paris, au cours de 9 francs. Le
cas, cette fois, apparaît pendable, il y a
détournement, dit l'accusation. C'est- en
vain qu'on lui expliquera que l'usage
constant des banques anglaises autorise
de telles pratiques ; quelques adminis-
trateurs viendront peut-être déclarer
qu'ils ont voté 200.000 francs et rien de
plus ; et pourtant il est admis que le bé-
néfice du change constitue un profit ex-
ceptionnel compensant l'exil et le prix
de la vie en Extrême-Orient pour les em-
ployés expatriés. Dans cette formidable
affaire d'un krach de neuf cent millions,
la justice relève cette histoire de taëls et
l'opération des bons. Mais voyez-vous
quel nouveau scandale, pire que tous les
autres, si un tribunal, en toute équité,
allait dire que Pernotte n'est pas un es-
croc.
Pierre DIONNE.
—— —————— ? — c. — ( —————————
La Commission des réparations
a adressé une nouvelle note
au chancelier Wirlh
iLa Commission des réparations a adressé
mercredi une nouvelle note au chancelier
Wirth.
Cette communication a trait à l'emprunt
forcé, au budget des chemins de fer et des
poètes et à l'autonomie de la Reichsbank.
En ce. qui concerne cette dernière question,
l'a note indique comment l'indépendance de la
Banque peut être obtenue. Elle ajoute :
Tant que la Reichsbank sera autôrisêe à
émettre des billets contre des bons du Tré-
sor, on ne saurait guère s'attendre à voir son
autonomie s'exercer d'une manière effective à
ce sujet.. - f~
La Commission reconnaît que toute restric-
tion de la circulation fiduciaire doit être précé-
dée par la couverture des dépenses publiques
au moyen de recettes, réelles provenant des im-
pôts et des emprunts intérieurs, à l'exclusion
des Bons du Trésor escomptés directement ou
indirectement par la Reiohsbank. Elle ne con-
teste pas qu'il serait actuellement prématuré
de tenter de rétablir purement et simplement
la limitation de l'émission abolie par les lois
modifiant la loi de 1875, qui ont été votées de-
puis 1914, sans avoir préalablement remis de
l'ordre dans les finances de l'Etat. Mais elle
estime que le gouvernement allemand doit pré-
parer dès maintenant les mesures qu'il sera
nécessaire d'introduire ultérieurement pour ré-
tablir une limitation raisonnable du droit d'é-
mission de la Banque et faire d'une manière
continue de sérieux efforts pour en réaliser pro-
gressivement 1 application, aussitôt et à mesu-
re que les circonstances le permettront. :
Faute- d'agir ainsi, il serait fort ^erafofffe
que les sacrifices qui sont actuellement deman-
dés au peuple, allemand pour arrêter l'accrois-
sement de la dette flottante n'atteignent 'pas le
but visé.
"—*———*"——— 1 III 1tW|r J
Le colloque de Londres
M. Poincaré part aujourd'hui pour l'An-
gleterre. Nous sommes en droit de penser qu'il
a quelque chose à dire à M. Lloyd George
avec lequel il ne s'est pas entretenu depuis
le fiasco magistral de la Conférence d4, Gênes.
Il y avait — il y a encore — deux politi-
ques en présence. Celle de l'Angleterre et celle
de là France.
On a peut-être trop parlé d'isolement,
même ces jours passés, lorsque le désaccord
s affirmait à la Commission des Réparations,
entre M. Dubois et les commissaires alliés. :
Dans les pays dont les gouvernements ont
marqué un assez vif mécontentement contre
la France, il existe une opinion qui nous rend
justice. te serait une grave erreur de croire
que le Royaume-Uni tout entier est groupé
derrière Lloyd George, lorsqu'il préconise l'ac-
cord, coûte que icoûte, avec les Soviets et le
Reich.
Avant le débat qui va s'engager à La Haye,
il n'est pas sans intérêt que les chefs des gou-
vernements de Paris et de Londres s'efforceht
de trouver les grandes lignes d'un front uni-
que; puisque aussi bien nous sommes encore
résolus à faire, à la nécessité de nos allian-
ces, tous les sacrifices compatibles avec notre
dignité et nos intérêts vitaux.
Depuis Gênes, le Premier a - pu connaître
avec exactitude les conséquences de sa poli-
tique ; or, il est trop habile pour s'obstiner
dans l'erreur.
Une démonstration au moins est faite; l'im-
possibilité de traiter honnêtement avec le gou-
vernement bolcheviste dont le déclin, à de
multiples indices, s'annonce proche.
D'autre part, le grand projet d'un emprunt
international en faveur de l'Allemagne vient
d'échouer, dans des conditions telles que la
tentative ne saurait être renouvelée d'ici
longtemps. L'idée, vastê mais impraticable,
de la reconstruction de l'Europe sans priorité
pour la France, n'a pas abouti et ne saurait
aboutir.
Si, par une de ces chances, qui sont les
meilleurs atouts des hommes d'Etat, le sovié-
tisme succombe, il faudra reconnaître que M.
Poincaré n'avait pas tort.
F. H.
>
L'échéance allemande d'hier
Nous avons annoncé, d'après les journaux
allemands, que le paiement de l'échéance
d'hier de 50 millions de marks or était as-
suré par ,1e gouvernement allemand. La Com-
mission des réparations en a, en effet, reçu
l'avis officiel de Berlin. Il est vrai que la noti-
fication des banques chargées d'effectuer le
paiement n'est pas encore parvenue à Pai^is,
mais on estime qu'elle ne saurait tarder. vv
LA PARENTE PAUVRE DE GÊNES
S#* —♦ r— r—
,. uA COnfÉREnCE DE liA nAYE
s'est ouverte sans bruit et sans éelat
Des vérités y triompheront-elles au moins ?
En attendant, les journalistes ont été laissés dans
la coulisse et n'ont pu assister aux débats
La Haye, 15 juin. — La séance d'inaugura-
tion de la Conférence de La Haye — séance
qu'il ne faut pas confondre, d'ailleurs, avec
la séance solennelle qui va avoir lieu le 26
juin — n'a pas revêtu un caractère de solen-
nité extraordinaire.
Alors qu'à Gênes, la ville avait été pavoi-
sée et qu'un grand nombre de carabiniers, ve-
nus des différents points de l'Italie, assuraient
dans les rues, et notamment aux abords du
palais royal, du palais Saint-Georges et des
hôtels où se trouvaient les légations, le ser-
vice d'ordre, La Haye, au contraire, semble
n'avoir, pour cette première séance de la Con-
férence, rien changé à ses habitudes.
Plusieurs Etats sont représentés par leur
ministre habituel à La Haye., D'autred ont
envoyé des délégations, parmi lesquelles, * as-
surément, la délégation britannique et la dé-
légation italienne peuvent être signalées
comme les plus denses.
Les délégués siègent par ordre alphabétique
autour des trois grandes tables disposées dans
la salle de Justice, qui se trouve au rez-de-
chaussée du palais de la Paix, et l'on ne songe
pas, sans se livrer à des réflexions variées,
au souvenir du malheureux tsar de Russie,
dont l'initiative fut une des causes détermi-
nantes de l'érection de ce palais historique.
Le ministre des affaires étrangères hollan-
dais, M. Van Karnebeek, prend place au fau-
teuil présidentiel et déclare ouverte la réu-
nion préliminaire de la Conférence. Son al-
locution consiste simplement à saluer les re-
présentants des divers Etats, en évoquant Jes
souvenirs de La Haye, ville du droit et de la
justice, par les institutions qui, dans le sein
de la cité néerlandaise, ont pour objet d'as-
surer le triomphe du., droit et de la vérité à
travers le monde. Après quoi, M. Van Kar-
nebeek rappelle brièvement l'objet des déli-
bérations et propose que l'on se mette au
travail.
Les journalistes n'ont pas été admis
Au moment où la conférence allait coin.
mencer, des journalistes pénétrèrent dans le
Palais de la Paix et se disposaient à se ren-
dre à la salle de la Justice où. a lieu la con-
férence, M. Van .Karnebek intervint alors et
pria les journalistes de- se re±iretr -eii .4écl&v
raru qu'îl ne pouvait leur offrir de places,
car la séance n'était point, publique. Les jour-
nalistes insistèrent, demandant à' ce au:on
leur-permit tout. au moins de se tenir dans le
vestibule. Mais M. Van Karnebek s'adressant
à eux en français déclara encore ne pouvoir
faire droit à leur désir:
Avant de quitter le vestibule, M. Van Kar-
nebek pria, une fois de plus, les journalistes
de se retirer. Malgré cela, ceux-ci restèrent et
attendirent que la réunion eût pris fin. *
Le communiqué officiel
La Haye, 15 juin. — Le secrétariat de la.
conférence publie le bulletin officiel suivant :
La réunion préliminaire, convoquée par le
gouvernement italien d'accord avec le gouver-
nement néerlandais en vue de préparer la con-
férence, s'est réunie aujourd'hui pour la pre-
mière fois dans la grande salle du Palais de
la paix de deux heures et demie à trois heures
et demie.
Le Jonkheer Van Karnebeek, ministre néer-
landais des Affaires étrangères, a prononcé le
discours d'ouverture. Divers délégués ont ré-
pondu en remerciant le gouvernement néer-
landais de son hospitalité et en exprimant les
meilleurs vœux pour l'œuvre de la conférence.
Ensuite, la conférence a procédé à l'élection
du président.
; A l'unanimité, il a été décidé que le jonkheer
Van Karnebeek serait maintenu définitivement
dans les fonctions de président des réunions
préliminaires, fonctions qu'il avait asstimées
jusqu'ici à titre provisoire. M. Van Karnebeek
a accepté la nomination.
Sur la proposition du. président, la séance
a été renvoyée à demain matin.
Autour de la Conférence
Aucune animation extraordinaire n'a pré-
sidé à cette première séance et l'atmosphère,
faite de calme, semble tout à fait favorable
à des travaux profitables.
Dans les milieux de la Conférence, où l'on
n'a pas encore eu trop le temps de prendre
contact, les conversations commencent à s'é-
changer. L'impression d'ensemble est que les
Russes, lorsque la Conférence s'abouchera
avec eux le 26 courant, viendront avec un
plan de travail et des propositions plus posi-
tives qu'ils ne semblent l'avoir voulu faire à
Gênes. Il est probable, d'ailleurs, — c'est du
moins l'opinion que quelqu'un exprimait ce
matin — que M. Rakowsky, qui doit faire par-
tie de la délégation soviétique, laquelle aura
cette fois pour chef M. Icffe, ne trouvera pas
à La Haye, pour son développement et son
exposé économique ou politique, l'écho reten-
tissant que ses paroles avaient trouvé à Gênes.
Une interpellation au Sénat
MM. François Albert et Henri de Jouvenel
ont fait connaître au président du Conseil leur
intention de l'interpeller à, la. plus prochaine
séance sur les conditions/dans lesquelles il
entend poursuivre tant à La Haye que dans
les divers entretiens avec/les Alliés la poli-
tique française de réparation et de reconstruc-
tion européenne.
La réponse italienne
au mémorandum du 2 juin
Le comte Sforza a remis, mercredi soir, au
ministère des affaires étrangères, ,1a réponse
de son gouvernement au mémorandum fran-
çais du 2 juin, relatif à la Conférence de La
Haye. Ce document, qui est'assez court, se
borne à enregistrer le point de vue français,
tout en estimant qu'il n'y a pas lieu de mo-
difier les conditions dans lesquelles doit sié-
ger cette réupion d'experts.
M. Poincaré part ce soir
pour Londres'
..M. Poincaré, président du Conseil, quittera
Paris cet après-midi, à 15 h. 45, pour se ren-
dre à Londres, où il arrivera à 22 h. 45.
POUR VNE FÉDÉRATION DES PEUPLES
COMMENT NOS DÉLÉGUÉS
devraient représenter la France
—-———————————-~<=-.—
Le gouvernement de M. Poincaré osera-t-il prendre
une initiative aussi nettement républicaine ?
Gênes est déjà loin, en arrière, et nous
voici à La Haye ! D'aucuns peuvent dé-
plorer le système des grandes conférences
internationales * nous pensons, quant à
nous, que c'est là un moyen pratique, et
quoiqu'on dise, efficace, pour aboutir à une
entente entre les divers nations européen-
nes et mondiales.
Ce que l'on peut et doit regretter, c'est
que, précisément, ce ne soit pas la société
des Nations, elle-même, qui soit chargée de
ces travaux! ",
Aujourd'hui, nos hommes d'Etat, comme
aussi ceux des autres puissances, doivent
être guidés, non pas par l'idée de nouveaux
conflits, mais bien par la volonté d'assurer
la consolidation pacifique et l'organisation
de la paix. N'est-ce pas le moment, en vérité,
d'organiser cette Fédération des Etats de
l'Europe ? Ne faut-il pas rappeler à ce pro-
pos, les paroles fameuses que prononçait, en
1849, Victor Hugo, en face de Richard Col-
den et au cours desquelles il lança, pour la
première fois, l'idée des Etats-Unis d'Europe?
Les peuples, désormais, veulent savoir vers
quels buts on les conduit! Ils ne veulent nul-
lement être le jouet de quelques grands in-
térêts particuliers, dont les buts et les ambi'
tions sont si différents de la sécurité et de
la tranquillité de la Nation! Ils ne veulent
plus de conflits dont les origines sont confu-
ses : ce qu'ils veulent, c'est — et c'est le
cas du peuple français — le respect du droit,
et la paix dans le monde.
Car la paix, n'est-ce pas là, la source mer-
veilleuse de la richesse par le travail ?
*
* *
Mais, pour organiser cette Fédération -des
peuples, il nous faut être réalistes, et utili-
ser, dans ce but, tous les moyens pratiques
en notre pouvoir.
Ce n'est pas une seconde Société des Na-
tions que nous entendons créer, mais bien
une «Ligue des Peuples Ii! Si, à la Société
des Nations; ce sont les gouvernements qui
sont représentés, dans une Fédération des
Peuples, telle que nous la préconisons, ce
sont les peuples qui délégueront leurs repré-
sentants, pris dans leurs Parlements respec-
tifs.
Et ce sera l'ensemble de ces délégués, qui
réunis, constituera le « Parlement interna-
tional », qui sera seul compétent pour liqui-
der et résoudre toutes les questions et les
problèmes d'ordre international. Ce « Par-
lement internationale, par le fait même de
sa composition, ne sera plus sous la tutelle
étroite -des gouvernements, mais ce serait,
au contraire, ces derniers qui ne pourront li-
brement agir les uns contre les autres, sans
approbation préalable de ce « Parlement in-
ternational ». Muni d'une force internatio-
nale, le « Parlement international » rempla-
cerait, avec succès, toutes nos conférences
passées et à venir. Mais sa tâche serait plus
féconde, parce que cet organisme serait per-
manent, et muni de pleins pouvoirs.
Ce serait donc ce «Parlement internatio-
nal» qui serait chargé, avant tout autre tra-
vail, de préparer le désarmement général du
monde, en commançant par les nations dont
la hardiesse est à craindre. Désarmer, c'est
éviter la guerre, et c'est dégrever les bud-
gets des nations. (
Dans l'ordre économique, la tâche du « Par-
lement international e sera encore plus
vaste.
Afin d'éviter de nouveaux conflits entre
les nations, il y aurait lieu de préparer, par
des étapes préparatoires, 1 asuppression de
toutes les barrières douanières, derrière les-
quelles se manifestent toutes sortes de na-
tionalismes étroits.
Tout celà ne contribué d'ailleurs, qu'à
augmenter le coût de la vie, et empêche une
plus large interpénétration entre les peu-
ples.
Mais, pour arriver à ce résultat, au libre-
échange, il importera, et ce sera aussi l'œu-
vre, très difficile il est vrai, du «Parlement
international», de limiter, par une entente
générale entre les nations, la production
chez les Etats qui produisent trop, au détri-
ment des moins producteurs.
- *
!t!*
Telles sont les quelques considérations qui,
selon nous, militent en faveur d'une fédé-
ration des peuples.
Nous espérons qu'à La Haye, la France
tiendra le langage que lui commande son
passé révolutionnaire, qu'elle fera entendre
sa voix de la paix, car c'est par la paix que
nous pourrons mettre la République et la
France à l'abri des plus difficiles lendemains!
r- FERDINAND-LOP.
LES MYSTÈRES DE LA VIE CHÈRE
Le poissi Irop peu pp
au pêcheur
Mh cher au cinsomialar
Une expérience de vente directe au public
a donné d'excellents résultats
Il est un fait assez curieux pour la période
de chaleurs que nous traversons. Si le
Ijifteck par la grâce de M. Chéron, coûte
horriblement cher, le poisson, malgré son
abondance, malgré la nécessité qu'il y a à le
vendre prômptement et. la presque impossibi-
lité de le « resserrer », demeure, lui aussi, à
des prix relativement élevés.
Il se produit encore cette autre bizarrerie:
c'est que si la pêche est abondante, elle ne
trouve pas à s'écouler, parce que les acheteurs
font défaut.
Ainsi d'une part, le consommateur ne peut
en somme ce défendre comme il le souhaite-
rait contre les prix prohibitifs de la viande;
et, d'autre part, le producteur — le pêcheur
en l'espèce — est le plus souvent contraint de
vendre à des cours extrêmement ba's le poisson
qu'il ramène par très grosse quantités. Entre
l'un et l'autre — le producteur et le consom-
mateur — la marchandise reste invendue et
se perd sans que les prix en subissent de sen-
sibles fléchissements.
Cette situation a incité certains propriétai-
res de chalutiers à tenter une expérience de
vente directe au public. Cette expérience a
pleinement réussi. C'est à Angers qu'elle a été
menée à bien avec une facilité qui, sans doute,
encouragera à la renouveler.
A Angers, malgré l'affaiblissement des prix
sur les lieux mêmes de pêche, les armateurs
dont il s'agit avaient constaté que la demande
des marchands de marée n'augmentait pas.
Ils voulurent se rendre compte par eux-mêmes
de la cause de cette anomalie. Ils expédièrent
donc trois tonnes de merlus vidés dans la cité
angevine et les offrirent eux-mêmes aux habi-
tants, à un prix qui était exactement la moitié
de celui des détaillants de la place. Tout le
poisson fut enlevé en un clin d'œil, à la satis-
faction des pêcheurs, et la preuve fut faite
que si le consommateur jusqu'alors avait bou-
dé, c'est qu'on était trop exigeant à son égard.
Il serait à souhaiter que semblables expé-
riences fussent tentées sur une large échelle
et dans tous les grands centres de consomma-
tion. L'intermédiaire serait alors amené à se
contenter d'un bénéfice plus raisonnable. Et
tout le monde s'en trouverait bien.
La parole est à M. Chéron, puisque, selon
lui, c'est l'intermédiaire le seul coupable.
L. L. -
■ —^ ——
La carte pos'ale à deux sous l'
Mais, envoyer des cartes postales, n'est-ce pas
déjà une coutume désuète ?
Pour nos vacances, la Chambre nous a voté
la carte postale à deux sous. S'il plaît aux
sénateurs, nous pourront ainsi économiser
pendant notre villégiature, quelques décimes
sur notre correspondance. On sait que l'on
n'est jamais aussi paresseux que lorsqu'on
n'a rien à faire, et la carte postale est la mis-
sive préférée de tous ceux qui goûtent les
joies de la mer ou de la campagne.
La nouvelle est bonne, mais sans rien de
plus. Elle a cependant mis dans la joie tous
les marchands de cartes postales
— Notre commerce, nous ont-ils dit, est mort
depuis l'application des nouvelles taxes pos-
tales. Il avait particulièrement souffert de
la guerre. L'augmentation des tarifs entra-
vait la reprise des affaires que nous étions en
droit d'escompter.
— Le public est si économe, qu'il n'envoie
pas une carte, parce qu'il doit l'affranchir à
vingt centimes au lieu de dix ?
— La chose est certaine, il serait facile de
le prouver par des chiffres. L'administration
des P. T. T. ne peut non plus en douter.
L'abaissement du tarif ne diminuera pas les
recettes, au contraire !
Laissons les marchands de cartes postales
à leur joie. Nous croyons du reste, comme
eux, qu'une augmentation de tarifs, ne se tra-
duit pas toujours et forcément, par une aug-
mentation de recettes. Bien plus, en procé-
dant de cette façon, l'Administration ne fait-
elle pas un peu comme ce paysan de la fable'
qui tua la poule aux œufs d'or ?
Il me semble bien que nous nous sommes
quelque peu déshabitués d'envoyer à nos amis,
ces collections de cartes postales des lieux de
notre villégiature, comme nous ne man-
quions pas de le faire jadis. La chose était
au demeurant assez puérile. Les cartes que
nous recevions traînaient un peu partout sur
les tables. Nous répondions cependant de
même façon, par pure politesse.
Nous avons reçu moins de cartes et nous
n'en avons plus envoyé. Par souci d'écono-
mie ? Peut-être ; mais surtout parce que la
guerre a vieilli bien des coutumes .et que la
carte postale est allée rejoindre dans les
modes désuètes, la carte de visite !
L'affranchissement à dix centimes fera-t-
il revivre ce genre de correspondance ?
R. D.
4.- r
Pa mi les roses de Bagatelle
« L'Eviva Aramayo » a obtenu la médaille d'or
Hier, dans la roseraie de Bagatelle, une
conférence internationale s'est tenue.
Internationale est bien le mot, puisqu'il y
avait là deux Anglais, deux Hollandais et un
Italien, sans parler des personnalités françai-
ses, qui étaient de qualité : Mme Millerand.
Mme Autrand, épouse du préfet de la-Seine.
M. Chérioux., conseiller municipal et pépinié^
riste distingué.
L'objet de cette conférence ? Décerner la
médaille d'or de Bagatelle à la plus jolie rose
de l'année.
Hélas, l'orage est passé dans la roseraie,
effeuillant les jolies fleurs, pourpre, or, nuit
ou vermeil. La palette d'un peintre ne suffi-
rait pas à exprimer la multitude des couleurs
de ces somptueux parterres.
Après une longue visite, s'arrêtant à cha-
que pied de rcsier, après une longue délibé-
ration autour d'une table à tapis vert, le jury
s'est mis d'accord pour couronner une rose
hollandaise, la rose Elvira Aramayo, où le
rouge s'allie si heureusement au jaune, qu'on
se prend à douter en le voyant, de sa réalité
même.
LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES
DesnéBociants allemands
dtniiirientau commères français
des marchandises
pour leu s sentes russes
Ils ont, disent-ils, une « vaste organi-
sation » en pays soviétiques.
Quelles que soient les clauses, avouées
ou secrètes, du traité de RapalHo, ce qu'il
y a de certain, c'est que, - comme nous
l'avions laissé prévoir dans un article pu-
blié ici à la veille de la Conférence de Gê-
nes, un grand courant commercial et in-
dustriel s'est établi entre l'Allemagne et la
Russie. * v
Nous en avons aujourd'hui une preuve in-
directe et assez curieuse. On trouvera, en
effet, ci-dessous, un document qui démon-
tre que certains ALlemands cherchent à.
commercer avec la France. pour pouvoir
tout simplement « refiler » aux Russes les
marchandises dont, manque la Germanie et
qu'elle sollicite de nos nationaux.
Plusieurs négociants importants de l'ali-
mentation parisienne ont, en effet, reçu, il
y a quelques jours, la circulaire suivante de
MM. Dr Kern, Hans Ostwald et Co :
Messieurs,
Nous nous permettons de vous informer qu..
notre maison dispose d'une organisation assez
vaste dans les différents pays de la Russie, et
que nous y suivons. aussi des relations étroites
avec les gouvernements et les importateurs
(coopératifs).
Nos succursales russes (Ukraine) nous de-
mandent de grandes quantités de vivres, et
nous vous prions de bien vouloir nous soumet-
tre vos prix pour les marchandises que-vous
pouvez nous offrir. (Nous serions acheteurs de
céréales, conserves, viandes frigorifiées, lait
condensé, thé, cacao, chocolat, etc.). Les prix
devraient s'entendre; çif. port de la mer Noire-,
En ce qui concerne le mode de paiemènt.
veuillez nous dire quel en est le plus favora-
ble, car il faut que nous vous disions qu'il sera
indispensable d'accorder des crédits de 60, 90
jours, contre garanties de banques. Dans lt
délai indiqué, il serait bien possible de se pro-
curer des devises, moyennant la vente de pro-
duits russes.
Il nous serait très agréable que vous exami-
niez à fond notre proposition, afin que nous
arrivions au pliS vite à une affaire.
Au plaisir de vous lire, nous vous présen-
tons. Messieurs, nos salutations bien empres-
sées. ?
MM. Kern, Hans Ostwald et Co; qui sont
à la tête d'une société commerciale d'expor-
tations de l'Est, et qui ont leur maison prin-
cipale à Ç.erjlin, font -d'aiilleurs connaître,
par l'entête de leurs lettrés, qu'ils possè-
dent des succursales et magasins à « Pé-
tersbourg », Moscou, Odessa, Omsk, Riga,
Reval, Kowno. Leur organisation, étend
donc son réseau dans les grands centres
russes et mêmes lettons ou esthoniens. La
question russe est déjà pour eux régflée ;
ils font des affaires avec les coopératives
soviétistes sans se soucier des questions
politiques que la Conférence de Gênes n'a.
pas réglées
Le plus joli, c'est qu'ils s'offrent com-
me intermédiaires et comme « revendeurs »
entre le négoce français et les coopérati-
ves bolchevistes. Peut-être nos nationaux
songeront-ils à tirer la moralité de cette
offre de service qui a le mérite de la crâ-
nerie. - ou -du cynisme, comme l'on vou-
dra. Ils penseront sans doute qu'ils n'ont
pas absolument besoin des Allemands pour
traiter des marchés avec les Russes et qu'il
y aurait intérêt pour eux à se passer de
commissionnaires boches interposés.
Seulement, Ils feraient bien, aussi, de s8
presser. Car la clientèle que leur offrent
par ricochet MM. Kern, Hans Ostwald et Ce
serait capable de leur échapper compûète-
ment le jour où elle aura pris l'habitude de
s adresser à ces derniers et surtout lorsque
ceux-ci n'auront plus besoin de s'adresser
à nous pour trouver les marchandises qui
leur font aujourd'hui défaut.
P. V.
; ..-
L'AFFAIRE BASSARABO
UNE AUDIENCE
mouvementée
A propos d'un témoignage favorable à Hers
Myrtel, de violents incidents éclatent entre
l'avocat général et la défense
Ce n'est pas toujours drôle d'être témou.
aux assises.
« Avec qui avez-vous passé la nuit du
1er janvier ? » demande-t-on à l'un. « Votre
grand-père n'a-t-il pas été condamné pour ban.
queroute ? » dit-on à l'autre.. r
Etes-vous témoin de l'accusation ? l'avocat
général vous couvre, de fleurs et le défenseur
vous engu.irlande.
Si vous 'êtes favorable à la défense, c'est le
contraire exactement qui se produit, avec tou-
tefois cette différence que l'aütotité- de la
robe rouge donne aux sarcasmes du repré-
sentant de la vindicte publique une particu-
lière importance.
Alors, la conscience la plus pure s'émeut,
et, tremblants d'attirer sur eux la colère d'un
homme disposant d'un pouvoir si redouta-
ble, les témoins hésitent et se taisent.
Ce n'est pas: évidemment là le moyen d'é-
clairer la justice, non plus que de faire avan-
cer le procès, car fatalement des incidents
surgissent.
Il y en eut hier plusieurs, maij aucun n'eut
un tel caractère de gravité que celui qui se
produisit vers la fin de l'audience, au cours
de la déposition de Mme Mac Kenty, citée à
la requête de Mme Bassarabo.
- Mme Mac Kenty, qui a conservé de ses re-
lations- avec Hera Myrtel le plus doux souve-
nir, fait un vibrant éloge de celle qu'elle -ap-
pelle « son adorable sœur en idéal ». ,.'
Comme Mme Bassarabo, le témoin cultive
les lettres et de quelle manière. L'avocat gé-
néral Mancel ne peut résister au désir de don-
ner aux jurés un échantillon, de son savoir-
faire.
C'est une lettre dans laquelle, après avoir
exprimé en termes lyriques sa joie d'avoir été
admise au nombre des suivantes de la dame
du square Labruyère, Mme Mac Kenty décria
enfin :
Je remercie Dieu de m'avoir donné la jote
de contempler la femme, celle qui est lllsig
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