Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-15
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 15 juin 1922 15 juin 1922
Description : 1922/06/15 (N16390,A46). 1922/06/15 (N16390,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75127747
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
vi
ES1 i« LANTERNES DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
Le Numéro : 10 ClDel
ABONNEMENTS 1 an 6m. 3a
Seine et S.-et-O. 25 » 13 » 7 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 60
Etranger 65 » 28 » 15 »
Direction et Administration
24, Bd Poissonnière (9e)
Tél. : GUTENB. 01-99
Ap. 23 h. : Roquette 84-93
Publicité et Annonces
aux 3ureaux du Jourrat
46' ANNEE - N° 16.390
JËUDI
15
JUIN 1922 -
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Mois d'écrit
~ttN. -. -
.M. Lucien Descaves, avec l'autorité qui
s'attache à son passé d'écrivain, d'hom-
me libre et de républicain, nous contait,
hier, la navrante histoire d'un institu-
teur qui n'attendait plus du gouver-
nement aide et protection à l'école lai
que. Dans tous les villages de la France,
vous rencontreriez les mêmes tristesses
et des découragements pareils.
M. Léon Bérard est un homme intelli-
gent de sa carrière ; il suit la majorité
du Bloc national, en faisant mille com-
pliments aux radicaux et aux socialistes,
car le secret de l'arriviste arrivé au cen-
tre est de n'être attaqué ni à droite ni à
gauche. C'est le droit de M. Léon Bérard
de conduire sa vie à sa guise ou à sa
fantaisie. Il ne manque point de talent,
je suis certain qu'il prononcera dans la
discussion du projet sur l'enseignement
secondaire un discours (fort intéressant,
nourri de tout le suc des belles-lettres la-
tines et grecques qu'il' veut protéger con-
tre les barbares de la Faculté. Il fut, il
est un excellent ministre des beaux-arts.
Il ne remplit pas sa charge de grand
maître de l'Université de France, puis-
qu'il ne défend pas la cause de l'école
neutre.
Je sais qu'il est un homme politique,
élu ou prisonnier du Bloc national, et
qu'il se doit à son parti. Soit. Mais peut-
on lui rappeler que les lois Ferry et
Paul Bert ne sont point encore abrogées,
que je sache, par l'aragouin, et que son
devoir élémentaire consiste à les appli-
quer et à les préserver de toute atteinte.
Il n'accomplit pas -ce devoir. Sa ten-
dresse est vouée à l'école libre, ou, pour
parler net, à la congrégation enseignan-
-te. Je ne fais pas de l'anticléricalisme. Je
dis ce qui est.
M. Léon Bérard a tort. Il ne joue pas
le franc jeu.
Lorsqu'on a pris la charge de l'Uni-
versité de France, on ne travaille pas
contre elle.
Tout simplement.
*
**
'Aujourd'hui, des hommes de lettres et
d'autres qui n'en ont pas vivront dans
l'angoisse. Ces gens sont candidats à
l'Académie française. Vous me direz
* -qu'ils nourrissent dans leur âme de sin-
gulières préoccupations, et que l'idée de
revêtir le même uniforme vert que M.
Henry Bordeaux ne vous serait jamais
venue. Vous êtes un homme de sens.
- Dire qu'il est des êtres, qui, toute une
vie jusqu'à leur retour en enfance, qué-
mandent des voix, -se livrent à toutes les
bassesses pour entrer dans la Compa-
gnie. On dit que ce pauvre monsieur
Léon Bourgeois est dans la désespérance
parce que, peut-être, il ne sera jamais
académicien. Et, pourtant, M. Raymond
Poincaré, avant son élection à la prési-
dence delà République, lui avait promis
l'épée à poignée de nacre. Je 'serais bien
content, si, ce soir, j'apprenais que notre
radical si athénien, apôtre du solida-
risme, était admis à l'immortalité. Vrai-
ment, ce serait un grand honneur pour
mon parti qui, entre nous, manque un
peu d'hommes distingués, et ne compte
même pas parmi ses membres Henry
Chéron.
*-
**
Nous connaissons maintenant le dis-
cours que M. Kees van Dongen prononça
lors de l'inauguration de l'Exposition
Monticelli.
Ce Hollandais indiqua, que l'œuvre
d'un des plus grands peintres de notre
France ne l'intéressait pas. D'après lui,
« Monticelli était un type qui peignait
avec des râclures de palette, et des râ-
clures de bitume », et il n'en parla pas
plus avant ; il se livra à des plaisante-
ries d'assez mauvais goût sur Marseille,
les toilettes des femmes, et la crise des
domestiques. Le Gaulois reproduit ces
laborieuses facéties.
J'espère que l'administration des
beaux-arts ou la Ville de Paris organi-
seront cet hiver, soit au Jeu de Paume,
soit au Petit-Palais, une exposition de
l'œuvre monticellienne.
M. Kees von Dongen pourrait, dans
une salle voisine, accrocher « sa fameu-
se peinture claire ».
Les honnêtes gens de la Cour et de
la Ville passeraient un bon moment.
«
**
La mode est aux poursuites contre dé-
putés.
Voici -maintenant M. Boisneuf qu'on
veut priver de son immunité parle-
mentaire parce qu'il a rossé, parait-il,
un nègre de la Guadeloupe. Pauvre M.
Boisneuf ! Pourquoi n'est-il point d'ac-
cord avec les grands coloniaux !
Dans ces exercices judiciaires contre
les membres des deux assemblées, le
gouvernement n'intervient jamais. Au
contraire.
*
* *
La seule loi votée par le Bloc national
fut celle de l'impôt sur le chiffre d'af-
faires. En deux ans et demi, c'est un re-
cord.
Il semble que les députés de la majo-
rité devraient être fiers de leur œuvre
unique. Des poètes défièrent les âges
avec un seul sonnet sans défaut.
) Nous nous disions : « Evidemment,
le Bloc national n'est Das fécond ; mais
il n'a pas accouché d'une souris, quand
il s'est reproduit. »
- Hélas ! Le voici qui veut étrangler son
enfant. Une interpellation est déposée
pour supprimer l'unique loi votée par
l'Entente. Il est vrai qu'elle avait fait son
plein d'impopularité, et qu'elle avait réu-
ni contre elle patrons, ouvriers, indus-
triels, commerçants, consommateurs et
agents du fisc.
Comme l'a dit à ses amis M. Arago,
au banquet du Bloc national : « Il est
temps de nous mettre sérieusement au
travail. »
Pour commencer, après trente' mois
d'efforts surhumains pour mettre debout
un texte fiscal, ils le jettent bas, et le
portent au grand collecteur.
Vraiment, la .fortune et la destinée de
la France sont entre des mains intelli-
gentes et laborieuses.
Georges PONSOT.
-—.—————— .» - -.- t —————————
Les aragouins
mangent et parlent
Les aragouins comme les pingouins ont ac-
coutumé de tenir périodiquement conseil,
après manger et boire. Ils se sont dor4c réu-
nis mardi pour festoyer sous l'excellent pré-
texte de célébrer le glorieux anniversaire de
la fondation de leur société: L'action natio-
nale républicaine.
La chair fut bonne et les breuvages de
choix, mais il fallut subir au dessert le grand
discours du Père Pingouin — je veux dire
M. Arago, inventeur des Aragouins.
Les feuilles dévouées au feu Bloc Natio-
nal devenu A. N. R. ont découvert, dans cette
harangue, une « substantifique moëlle »,
mais hélas! nous n'y pouvons trouver que
viande creuse. Que dire lorsque M. Arago
rejetant dédaigneusement les étiquettes se
proclame « républicain-tout-court » — dans
une somptueuse redingote? Comme s'il se
trouvait encore sur le territoire français, à
part les camelots de M. Daudet — un seul
politicien qui ne se dise pas fermement « ré-
publicain »!
Le président de l'A. N. R. a découvert, il
est vrai, que le problème financier est lié au
problème des réparations. Il préfère payer
avec l'argent boche, et thésauriser le sien.
Rien de plus légitime, mais cetterévélatioh
ne saurait vraiment prendre la valeur d'un
manifeste.
Tout ceci est bien gentil, bien anodin, pour-
tant le seigneur aragouin a glissé une malice
dans son speech. Pour être républicain-tout-
couTt, le président n'en est pas moins dési-
reux de gagner, au profit de son parti, les
faveurs officielles: « Il va falloir, affirme-t-il,
s'assurer de l'impartialité des préfets ».
Il s'agit bien d'impartialité! Avez-vous ja-;
mais vu un préfet qui manque « d'instruc-
tions » dès qu'il doit présider à une consul-
tation électorale? Naturellement ce que veu-
lent ces messieurs du Bloc c'est la candida-
ture officielle à leur profit. Ils l'on eue sous
le règne de M. Mandel, il la leur faut en-
core, il n'y a pas de victoire pour eux sans
cette bénédiction.
Ceci, voyez-vous, n'indique pas une foi ro-
buste dans l'avenir. J'ai comme une idée que
le Bloc est fêlé — c'est peut-être pour cela
qu'il s'est débaptisé. Mais qu'importe le nom,
les électeurs connaissent la chose.
F. H.
——————— ") 'y *
Ji ue, toi-même
Sous une rubrique spéciale, un journal du
soir fournit quotidiennement à ses lecteurs
un moyen nouveau de faire fortune. Celui,
qu'il leur indiquait lundi dernier se résumait
en cette tragique formule : « Tue toi-même. »
Disons bien vite que notre confrère ne con-
seillait nullement à ses lecteurs, comme on
serait tenté de le croire au premier abord,
d'estourbir personnellement, pàur les dévali-
ser, de vieilles rentières.
L'opération préconisée était morale ; il s'a-
gissait simplement, pour mille personnes, de
s'associer en vue d'acheter des animaux de
boucherie, de les faire abattre et de s'en par-
tager la viande. L'auteur de l'article affirme
que, de la sorte, les associés paieraient la
noix de veau 6 francs an licu de 9 francs. Ce
n'est sans doute pas là la fortune ; mais c'est
en tout cas l'économie, mère de la fortune.
Seulement, comment se ferait la répartition
des bêtes abattues ? Question grave, car, sous
un aspect particulier, c'est en somme celle du
communisme qui se trouve ainsi posée. Dans
tout animal, comme au surplus dans toutes
les productions sociales, il y a des morceaux
de choix et des bas morceaux. Qui recevrait
les filets et à qui écherraient les bajoues ?
Consulterait-on les goûts de chacun ? Dans ce
cas, il est à craindre que tout le monde se dis-
pute le meilleur, tandis que personne ne vou-
drait du plus mauvais.
On pourrait, me direz-vous, établir des prix
différentiels ; mais, pour que ces prix soient
tels qu'ils décident certaines ménagères à se
contenter de la « nourrice » et des ftéchets,
ils devraient être très bas ; et, dans ce cas,
il faudrait par compensation faire subir au
neste de fortes majorations, de telle sorte que
j'ai grand'peur que la « noix ds veau » don-
née comme exemple ne se vende plus de
6 francs. Puis, s'il y avait tout de même cer-
taines parties de la bête que l'on n'aurait pas
réussi à caser, qu'en ferait-on ?
Sans doute se. trouverait-on amené à assu-
rer statutairement la répartition ; et alors,
comme il y aurait des gens Pour accuser les
administrateurs de se réserver les meilleures
parts, les mécontentements se manifesteraient
avec violence, et le groupement ne tarderait
pas à péricliter et à se disloquer.
C'est à cause de considérations de ce genre
que je ne suis pas communiste, préférant me
résigner aux iniquités du régime capitaliste ;
et, pour la même raison, j'estime qu'il vaut
encore mieux subir les hauts prix du bou-
cher, chez qui au moins on a la liberté du
choix, que de « tuer soi-même ».
Petit Jean.
LA « JUSTICE » ROUGE
-
LES OUVRIERS DE IIOSCOU
voudraient assister
au procès des socialistes
Mais l'Exécutif a refusé l'autorisation
et leurs représentants « avertissent »
et menacent les Dictateurs
Térioki, .14 juin. —-Les représentants
des ouvriers des usines Goujon, Goper,
Dobrof, Nobgoly et des ateliers des che-
mins de fer du réseau de Moscou avaient
exprimé Je désir d'assister au procès des
socialistes révolutionnaires. Leur demande
ayant été refusée, sous prétexte de manque
de places, les ouvriers ont adressé une dé-
claration écrite au président du tribunal.
'Les signataires exigent leur admission
dans la salle des séances du tribunal « dans
l'intérêt même du pouvoir soviétique et du
parti communiste ». Ils proclament qu'un
nouveau refus confirmera l'opinion que la
majorité des ouvriers de Moscou se sont
déjà faite du procès intenté aux socialisas
révolutionnaires dès .le premier jour et
amènera prochainement des conséquences
graves aussi bien pour le parti bolcheviste
que pour ses chefs.
Un télégramme de M. Arthur Wauters
Bruxelles, 14 juin. — Le « Peuple » a
reçu de M. Arthur Wauters, l'un des avo-
cats belges défenseurs des accusés au pro-
cès de Moscou, le télégramme suivant :
« Le procès a commencé dans le calme.
Le déploiement des forces militaires est im-
portant.
« Dès le début de la séance, les accusés
ont récusé leurs juges, et la défense, y
compris Vandervelde et Rosenfeld, invo-
quant l'accord des trois Internationales à
Berlin, a protesté parce que le défenseur
de 'Liébert n'était pas admis au procès. La
même protestation a été émise pour les té-
moins écartés.
« Le tribunal a ensuite déclaré ne pas
être lié par l'engagement pris à Berlin par
l'Internationale communiste, ce à quoi la
défense a répondu par une vigoureuse at-
taque qui provoqua de vifs incidents.
« Nous avons télégraphié à Anatole
France en insistant vivement sur l'utilité
de sa présence au procès.
« Nous rentrerons vers le 1er juillet, com-
me convenu. >
————————— >--09 ç .———————
La Conférence des Ambassadeurs
s'occupe de la Haute-Silésie
et des finances autrichiennes
La Conférence des ambassadeurs, réunie
hier matin, a poursuivi l'examen de la ques-
tion du règlement des dépenses engagées
par la haute-commission interalliée de
Haute-Silésie pour les frais d'administra-
tion du territoire plébiscitaire.
Elle a décidé d'intervenir auprès des
gouvernements créanciers de l'Autriche
pour obtenir leur renonciation pendant 20
ans à - leur privilège, a'fin de permettre
l'application du système de crédits envisa-
gé pour le relèvement de l'Autriche.
- > — <
L'AFFAIRE DE LA B. C.
M. Barthou et le rapport Cruchon.
La commission statuera probablement
aujourd'hui
La commission chargée d'examiner la de-
mande en autorisation de poursuites contre
M. Calary de Lamazière, s'est réunie hier pour
entendre de nouveau M. Barthou.
iGelui-ci a fourni là la 'Commission des ex-
plications complémentaires sur le réquisitoire
introductif d'instance du-procureur 'Lescouvé,
ainsi que sur le rapport de M. Cruchon, expert
comptable près le parquet de la Seine, relatif
aux opérations de la B. I. C. et de la 'Société
du Pacifique.
On sait que M. Calary de Lamazière aurait
dit que, dans ce document, figurent les noms
d'autres parlementaires compromis dans la
même affaire.
Le garde des sceaux a déclaré qu'il ne pou-
vait faire état de ce rapport à cause de son
caractère privé.
Après le départ du ministre, la commission
a entendu M. 'Calary de Lamazière, à qui elle
a communiqué les déclarations du garde des
sceaux.
Elle se reunira de nouveau aujourd'hui afin
de continuer cette audition et de statuer, on
l'espère, définitivement.
————————— ) < o~————— —————
L'assainissement des finances
allemandes
La Commission des réparations arrêtera
aujourd'hui les termes de la communication
supplémentaire au gouvernement du Reich
qu'elle avait annoncée par sa décision du
31 mai et qui est relative au règlement de
certaines mesures d'assainissement finan-
cier : autonomie de la Reichsb'ank, protec-
tion contre l'évasion des capitaux, etc.
La Comité des garanties, que préside M.
Mauclère. partira samedi pour Berlin, où
il va présider à l'organisation des services
de contrôle sur les recettes et les dépenses
du Reich, prévus par les arrangements du
31 mai.
L'emprunt international et la presse belge
Bruxelles, 14 'juin. — L' « Indépendance
Belge », commentant les travaux de la réu-
nion des banquiers à Paris, écrit :
< Nous touchons ici à des problèmes
d'une importance vitale pour tous les pays
intéressés. Il convient donc d'écarter d'un
tel débat toute tendance à la polémique ou
h. la critique systématique. Il faut considé-
rar froidement les choses et ne faire appel
qu'à l'appoint de la saine et claire raison.
« Et c'est pourquoi on a été un peu vite
en besogne, selon nous, en interprétant
abusivement la consultation technique
qu'on avait sollicitée du Comité des ban-
aniers et qui n'avait d'autre but que d'ob-
tenir un peu de lumière pour s'orienter
dans des voies obscures, lesquelles récla-
ment de ceux qui doivent les parcourir, de
puissantes ressources de bon sens et sur-
tout de sanff-îroid. »
, M. CHERON ET LA VIE CHERE
** -
Le ben^e à édi fraoes la livre
il ? un faire
Ce sont les électeurs du ministre
de l'agriculture qui l'affirment
en le félicitant
M. Chéron est certainement le ministre le
plus impopulaire de France. La presse a, pour
ainsi dire, été unanime non seulement à si-
gnaler 'les conséquences nélfastesdes décrets
promulgués par de ministre de l'agriculture,
mais encore à s'indigner contre l'hypocrisie de
cet ancien rapporteur général du budget au
Sénat qui, après avoir, en une occasion mémo-
rable, dénoncé les bouchers comme des « (cri-
minels », s'est employé de son mieux, depuis
qu'il est au pouvoir, là organiser une hausse
de la viande telle que l'on n'en avait point
connu encore.
Pourtant M. 'Chéron se console de son impo-
pularité en raison des couronnes que lui tres-
sent les grands exploitants de lia culture ou
les éleveurs. Ne vient-il pas, tout récemment,
de recevoir du (Syndicat des agriculteurs de
la Manche (15,000 membres, paraît-il) ou, tout
au moins, des gros bonnets de ce Syndicat,
réunis sous la présidence de M. Damecour, sé-
nateur, des félicitations particulièrement si-
gnificatives ?
L'ordre du jour dont il, s'agit est littérale-
ment à encadrer :
Considérant que depuis la fin des hostilités,
l'industrie et le commerce ont été protégés par
des tarifs deux, trois, quatre fois plus élevés
qu'avant guerre, et même décuplés pour cer-
tains produits, si bien que les prix sont en
moyenne majorés de 400 0/0 pour ce que l'agri-
culture achète ;
Considérant que cette élévation n'a fait dans
la presse, l'objet d'aucitnes critiques ni protes-
tations ;
Considérant ;,au contraire que chaque fois que
l'agriculture a obtenu des mesures protectri-
ces : 1° quatorze francs au lieu de sept francs
par quintal de blé, c'est-à-dire 100 0/0 d'avant
1914 ; 2° cinquante francs au lieu de vingt
francs pour l'importation. des beurres et fro-
mages, soit 150 0/0 'd'avant-guerre, les journaux
des villes, les Fédérations, citadines ont fait en-
tendre un « tolle » généi'al contre l'agricul-
ture ;
Considérant que les prix des produits agrico-
les ont baissé à la ferme de 40 à 50 0/0, c'est-
à-dire de moitié depuis un an. Que telle vache
qui valait 3.000 francs ne se vend plus que 12 à
1800 francs, que les porcs de 300 francs sont ré-
duits à une vente de 50 à 80 francs, etc., etc.
Voilà qui n'est déjlà pas ma'l. Il faut croire
que les journaux n'arrivent pas dans la Man-
che, ou qu'ils sont lus avec des lunettes spé-
ciales, pour que les électeurs et admirateurs
tle M. Chéron ignorent que la presse, depuis
trois ans, n'a cessé, dans son ensemble, de s'é-
lever contre la vie chère, quels qu'en aient* été
les responsables ou les auteurs. Mais conti-
nuons :
Considérant que cette baisse énorme ne s'est
presque pas fait sentir sur les marchés des
grandes villes et que cette différence a été en-
caissée par les intermédiaires, sans qu'on ait
exigé d'eux la diminution correspondante. (iNous
sommes d'accord en ce qui concerne les exagé-
rations des intermédiaires) ;
Considérant que cet état de choses dans les
villes, qui trouve des défenseurs dans là Presse,
constitue une injustice vis-à-vis de l'agricul-
ture ;
Considérant que l'agriculture, complètement
sacrifiée au bien des cités, avant la guerre, est
menacée de redevenir, non seulement la bête
de somme du fisc, mais aussi la bête de tra-
vail, n'ayant d'autre rémunération que de ga-
gner son pain à la sueur de son front, commie
çela s'est passé depuis, des siècles.
Nous ne savons pas si 'les ouvriers et, en gé-
néral, les gens qui ne vivent pas grassement
de Jeurs rentes, ne sont pas obligés, eux aussi.
de gagner leur pain là la sueur de leur front.
Mais prétendre que l'agricu'Iture est en train
de devenir ou de redevenir la bête de somme
du fisc, c'est tout d'3 même aller un peu fort.
Car on a idémontré bien des fois, chiffres en
mains, que si l'agriculture payait l'impôt dans
les mêmes proportions que le cammertee ou
l'industrie, Ile 'budget ne serait sans doute pas
en déficit. Et, du temps qu'il y était, le Syn-
dicat de la Manche aurait bien dû mettre en
comparaison ks sommes payées par ses adhé-
rents en fait de contribution sur les bénéfices
agricoles et celles déboursées par le commer-
ce du même 'département en ce qui concerne
les bénéfices commerciaux et industriels et la
taxe sur le chiffre d'affaires. Peut-être alors
le paragraphe (qu'on 'vient de 'lire eût-il été
amendé. ,
Et voici le bouquet :
Considérant que l'importation en France des
beurres et des fromages venant de différents
points du globe, a eu ce résultat que cet hiver,
la production de ces denrées coûtait plus que
leur prix de vente. Tel le beurre, qui était 'payé
6 francs, était obtenu grâce à une dépense va-
riant entre 7 et 9 francs ;
Considérant que cette importation a fait sor-
tir de France deux cents sept. millions depuis
le 1er janvier 1922 et que cet été, on était cer-
tain de voir le beurre à 2 Ir. la livre, ce qui eût
été un désastre.
Le heure fa.," deux francs la livre eût été un
désastre ! Sans ce boil M. iChéron, nous n'au-
rions pas évité cette. catastrophe !
Nous ne le faisons pas 'dire à ces messieurs
de la Manche qui, décidément, sont d'une fran-
chise à laquelle les Normands ? à tort ou à
raison — passaient pour ne pas être coutu-
miers.
Pierre VARZY.*
— — ■ — —/ <9^C6> — — »
La chute de la Gouronns hongroise
Budapest, 14 juin. — Interviewé par le
journal « A Nep », le ministre des finances,
M. Kallay, attribue la chute de la couron-
ne hongroise aux perspectives de la récolte
qui sont, du fait du manque de pluies, peu
favorables. Mais le ministre a déclaré que,
même si la récolte est peu satisfaisante, la
Hongrie sera en état d'exporter des quan-
tités considérables de blé et surtout de la
farine de première qualité qui est l'article
d'exportation hongrois par excellence. Il a
exprimé ensuite l'espoir de voir le gouver-
nement réussir,. dans quelques mois, à ré-
tablir l'équilibre du budget," ce qui contri-
buera beaucoup à améliorer le change.
< 11 se peut aussi, a-t-il dit, que la ner-
vosité qui se manifeste à l'étranger vis-à-vis
de l'Autriche du fait de sa situation finan-
cière précaire, soit étendue par suite du
proche voisinage à la Hongrie elle-même.
Mais cette assimilation ne saurait durei
lonetemus. a --
LA DIME SUR LE CONSOMMATEUR
M. É klcjrie s'esl expliqué
hisr i liimlttnirii
La taxe sur le chiffre d'affaires
fait réfléchir les membres
de la Commission
La commission des finances du Sénat a en-
tendu hier M. de Lasteyrie, relativement au
projet de loi portant modification de la taxe
sur le chiffre d'affaires et de la taxe de luxe
adoptée par la Chambre. *
M. MillièsJLacroix qui présidait, pria le mi-
nistre de préciser la portée des modifications
nouvelles et de la codification que le gouverne-
ment, par des dispositions récentes, propose
de substituer aux textes votés par la Cham-
bre.
M. de Lasteyrie a exposé que .selon lui, il
n'y avait pas antinomie entre le texte nou-
veau du gouvernement et celui de la Chambre.
Il lui a paru d'abord nécessaire de codifier mé-
thodiquement des textes qui sont actuellement
disséminés dans plusieurs lois. Adoptant cer-
taines dispositions nouvelles de la Chambre,
il estime pourtant qu'il y a lieu d'étendre le
forfait à diverses catégories très importantes
d'assujettis.
Après le départ du ministre des finances, la
commission a décidé d'examiner tout d'abord
l'article premier du projet voté au Palais-
Bourbon. iCe texte concerne les bénéfices com-
merciaux et industriels en ce qui touche les
artisans et ne s'applique pas à la taxe sur le
chiffre d'affaires.
Son rapporteur général devra lui présenter
un rapport sur cette question dont elle entend
faire un projet spécial.
jEnsuite, la commission étudiera les textes
de la Chambre et du gouvernement relatifs au
chiffre d'affaires proprement dit et & la taxe
de luxe.
—————————— ? CI.. ç
UN DESACCORD
POiNCARÉ-SARRAUT ?
Le président du Conseil se réserverait
d'importantes décisions
qui appartiennent au ministre des Colonies
Si nous en croyons notre confrère Les An-
nales coloniales, généralement bien informé
sur tout ce qui touche à l'administration de
nos colonies et de la rue Oudinot, les rap-
ports entre le président du Conseil et M. Sar-
raut, ministre des colonies, seraient plutôt
tendus depuis quelque temps. M. Poincaré, pré-
tendant, en sa qualité de Premier, intervenir
dans les décissions qui relèvent de l'-autorité
de son ministre.
Ainsi M. Sarraut aurait été invité à « liqui-
der » M. Angoulvant, commissaire général de
l'Exposition coloniale de 1925, les faits repro-
chés à l'ancien gouverneur de l'A.E.F. l'ayant,
paraît-il, vivement ému. Le commissaire gé-
néral aurait été prié de démissionner avant
que vienne à la Chambre l'interpellation
Georges Barthélemy et s'il n'obtempérait
point à cette « suggestion », M. Sarraut pren-
drait la décision exigée de lui à cet égard par
M. Poincaré.
D'autre parf, M. Poincaré entendrait en-
core se mêler activement de la nomination
des gouverneurs généraux de nos colonies. Il
aurait, il y a quelques jours, offert à M. René
Besnard, sénateur d'Indre-et-Loire, ancien mi-
nistre des colonies, qui se serait récusé, le
gouvernement général de l'A.O.F., qui n'est
pourtant pas encore vacant, puisque M. Mar-
tial Merlin est toujours en fonctions..
Ainsi M. Sarraut serait en quelque sorte
dépossédé — tout au moins en partie — de
ses pouvoirs ministériels. Si la chose —
comme il y a tout lieu de le croire — est
exacte, il y aurait là, au sein même du gou-
vernement, un conflit dont le développement
) +
Mars parlera-t-il
îe 18 juin ?
La mobilisation des lunettes
n'a même pas été décrétée pour cette date !
Dans trois jours, le 18 juin exactement, la
planète Mars sera cette année au point de
son orbite le plus proche de la Terre.
'Certains attendent de grandes choses —
comme une révélation — pour cette date.
On sait que la croyance populaire croit à
l'existence des Martiens, habitants de Mars.
Elle se les figure assez semblables à nous ;
elle croit même qu'ils ont un.tas de pouvoirs
que nous n'avons pas.
Mars, dit-on encore chez les spirites, est une
planète plus évoluée que la nôtre.
L'année dernière des ondes hertziennes sont
venues frapper aux antennes de T.S.F. des
signes incompréhensibles. Tandis que nos sa-
vants cherchaient à découvrir la cause de ce
phénomène, un public, avide de mystérieux,
s'était fait une opinion :
— C'est la planète Mars qui nous fait des
signaux !
Et certaines personnes l'assuraient avec
une telle autorité que les savants eux-mêmes
se prirent à douter.
— Après tout, pourquoi pas ?
Ils expliquent aujourd'hui ces « signaux »
beaucoup plus simplement ; plus vraisembla-
blement aussi.
Quoi qu'il en soit, certains crédules n'en
veulent pas démordre. Ils affirment que ces
signaux se reproduiront — ce qui est très
probable. S'ils sont reçus le 18 juin, ces gens
triompheront bruyamment.
Et cependant le monde de la science, le seul
qualifié pour parler, n'attend rien d'anormal
pour le 18 juin. La mobilisation des lunettes
n'a même pas été décrétée. La planète occu-
pera, en effet, une position tellement basse
sur l'horizon que, malgré sa proximité, l'ob-
servation sera très difficile. Il faudrait se ren-
dre en Afrique du Sud pour la bien observer.
Seul notre observatoire de Sétif, le plus mé-
ridional que nous possédions, observera le
phénomène.
On connaît de Mars à peu près tout de ce
que l'on peut espérer en connaître, et la pla-
nète s'est déjà trouvée plus près de la Terre,
de quelques millions de kilomètres, qu'elle
n'en sera le 18 juin. Mais la légende des Mar-
tiens, curieux de communiquer avec les Ter-
riens, n'aura pas vécue pour cela ! Elle égaye-
ra longtemps encore, sans doute, la chronique,
et je rappellerai à ce sujet la nouvelle « sen-
sationnelle » parue dans le journal le Pays,
sous le second Empire, de la découverte d'un
habitant de la planète Mars, enfoui dans l'in-
térieur d'un aérolithe trouvé au fond d'une
mine en Amérique. Le squelette d'un gigan-
tesaue canard ! — R. D.
D'ITALIE EN HOLLANDE
LE, TÀPIS IIERT DE Lii HÀII
réunira aujourd'hui
les diplomates de l'Europe
La mission française n'est pas encore
partie et c'est M. Charles Benoist qui
nous représentera en l'attendant
La Haye, 14 juin. — A la veille de la
Conférence qui doit reprendre les travaux
de Gênes pour essayer de les mener à bien,
la ville hollandaise, qui est habituée au
va-et-vient de personnalités internationa-
les, ne paraît point sortir de son calme ha-
bituel et continue à s'adonner tranquille-
ment à sa vie quotidienne. Il est certain que
l'atmosphère de La Haye n'est pas une at-
mosphère de nervosité. Les habitants de
La Haye en ont vu bien d'autres et ils n'en
sont pas à une conférence de plus ou de
moins.
Le gouvernement néerlandais ne tient
pas, du reste, à ce que l'on donne à la Con-
férence l'aspect d'assises extraordinaires.
Aussi faut-il s'attendre à ce que les débats
de la Conférence se déroulent dans une at-
mosphère de silence et de recueillement ;
c'est peut-être, d'ailleurs, le meilleur moyen
d'arriver à de bons résultats.
Les diplomates étrangers commencent à
arriver et on met la dernière main au Pa-
lais de la Paix, aux préparatifs de la Confé-
rence.
L'attitude de la France et de la Belgique
La Haye, 14 juin. — M. Charles Benoist,
ministre de France, représentant de la
France à la Conférence préliminaire de La
Haye, a déclaré qu'il assistera aux réu-
nions de demain et des jours suivants en
observateur et informateur du gouverne-
ment français. Il conformera son attitude
aux instructions qu'il a reçues et au mémo-
randum français du 2 juin:
M. Cattier, chef de la délégation belge,
est arrivé avec ses collègues, MM. Galopin
et Witmeur. Il a déclaré également qu'il
avait pour mission principale d'observer.
Les instructions du gouvernement de Bru-
xelles sont souples quant aux détails, mais
fermes quant aux principes sur lesquels la
Belgique n'a modifié aucunement son point
de vue depuis la Conférence de Gênes. Si
la Conférence préliminaire, conformément
à la thèse britannique, décidait d'écarter
dé la discussion générale les principes dé-
fendus par la Belgique, la délégation belge
ne refusera pas de continuer son concoure,,
mais elle se réservera d'évoquer l'observa-
tion des règles dont la Belgique s'honore
d'avoir fait sa règle dans les négociations
internationales.
M. Cattier a eu une entrevue avec M.
Charles Benoist. Les chefs des délégations
belge et française ont constaté la parfaite
communauté de vues de leurs gouverne-
ments.
La délégation française
La délégation française à la Conférence de
La Haye a reçu hier les instructions du gou-
vernement. On croit que son départ aura lieu
dès aujourd'hui.
Cette délégation est ainsi composée : affai-
res étrangères, MM. Alphand, de la Pradelle et
Massigli ; finances, M. Chasles.
Les délégations *
Budapest, 14 juin. — La Hongrie sera
représentée à la Conférence de La Haye
par le ministre plénipotentiaire Taby et le
conseiller de légation Vattstin.
Déclarations de « l'Œil de Lénine »
Moscou, 14 juin. — Le chef bolchevik
Preobrajensky, qui fut « l'Œil de Lénine »
à la délégation bolcheviste à Gênes, a fait,
dès son retour à Moscou, les déclarations
suivantes :
« Il serait plus que naïf de notre part de
reconnaître toutes nos dettes lorsque, à la
Bourse de Paris, les valeurs russes sont co-
tées de 12 à 15 0/0, cela d'autant plus
qu'un accord avec le gouvernement fran-
çais à La Haye est bien probable. La Fran-
ce sera obligée, en fin de compte, de s'as-
socier à Lloyd George et de fournir aux
Soviets une partie des crédits indispensa-
bles à la reconstruction de la Russie. >
—————————— ;) — -.- — <;——————————
L'AFFAIRE BASSARABO
De nouveau un peu
de mystère
Bassarabo était-il encore en vie
le 31 juillet ? Du moins, Hera Myrtel
cherche à le faire croire
»
De par l'habileté de Mme Bassarabo, prom-
pte à tirer parti des moindres incidents aui
peuvent lui être favorables, et aussi par suite
de l'attitude assez singulière de certains té-
moins, nous nous sommes trouvés de nou-
veau hier dans une atmosphère de mystère.
Ces témoins, pourtant cités par l'accusa-
tion, semblent d'ailleurs avoir été plutôt les
amis d'Héra Myrtel que ceux de son mari. Quoi
d'étonnant qu'elle essaye d'exploiter pour les
-besoins de sa défense leur bienveillance à son
égard. — ---
Voici d'abord M. Dauphin, ancien banquier.
Depuis 1919, le témoin était en relation avec
M. Bassarabo avec lequel il eut à s'occuper
de l'affaire des terrains pétrolifères.
Contrairement à ce qu'il aurait dit à l'ins-
truction, M. Dauphin assure, venant ainsi au
secours de la défense, qu'à'son avis Mme Bas-
sarabo n'a jamais cru que la commission pro-
mise à son mari serait payée à la fin de Juil-
let 1920.
Or, comme suivant la thèse de l'accusation,
ce serait pour s'emparer de cette commis-
sion que Mme Bassarabo aurait commis le
crime, on comprend le prix que l'accusée atta-
che à cette déclaration.
Aussi est-ce sur le ton le plus aimable qu'elle
fit appel aux souvenirs du témoin au sujet
des relations de bonne amitié qui existèrent
entre les deux ménages. Elle rappelle ce que
confirme M. Dauphin, que quelques jours
avant le drame, elle lui a demandé d'interve-
nir auprès de son mari nour la ramener
ES1 i« LANTERNES DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
Le Numéro : 10 ClDel
ABONNEMENTS 1 an 6m. 3a
Seine et S.-et-O. 25 » 13 » 7 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 60
Etranger 65 » 28 » 15 »
Direction et Administration
24, Bd Poissonnière (9e)
Tél. : GUTENB. 01-99
Ap. 23 h. : Roquette 84-93
Publicité et Annonces
aux 3ureaux du Jourrat
46' ANNEE - N° 16.390
JËUDI
15
JUIN 1922 -
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Mois d'écrit
~ttN. -. -
.M. Lucien Descaves, avec l'autorité qui
s'attache à son passé d'écrivain, d'hom-
me libre et de républicain, nous contait,
hier, la navrante histoire d'un institu-
teur qui n'attendait plus du gouver-
nement aide et protection à l'école lai
que. Dans tous les villages de la France,
vous rencontreriez les mêmes tristesses
et des découragements pareils.
M. Léon Bérard est un homme intelli-
gent de sa carrière ; il suit la majorité
du Bloc national, en faisant mille com-
pliments aux radicaux et aux socialistes,
car le secret de l'arriviste arrivé au cen-
tre est de n'être attaqué ni à droite ni à
gauche. C'est le droit de M. Léon Bérard
de conduire sa vie à sa guise ou à sa
fantaisie. Il ne manque point de talent,
je suis certain qu'il prononcera dans la
discussion du projet sur l'enseignement
secondaire un discours (fort intéressant,
nourri de tout le suc des belles-lettres la-
tines et grecques qu'il' veut protéger con-
tre les barbares de la Faculté. Il fut, il
est un excellent ministre des beaux-arts.
Il ne remplit pas sa charge de grand
maître de l'Université de France, puis-
qu'il ne défend pas la cause de l'école
neutre.
Je sais qu'il est un homme politique,
élu ou prisonnier du Bloc national, et
qu'il se doit à son parti. Soit. Mais peut-
on lui rappeler que les lois Ferry et
Paul Bert ne sont point encore abrogées,
que je sache, par l'aragouin, et que son
devoir élémentaire consiste à les appli-
quer et à les préserver de toute atteinte.
Il n'accomplit pas -ce devoir. Sa ten-
dresse est vouée à l'école libre, ou, pour
parler net, à la congrégation enseignan-
-te. Je ne fais pas de l'anticléricalisme. Je
dis ce qui est.
M. Léon Bérard a tort. Il ne joue pas
le franc jeu.
Lorsqu'on a pris la charge de l'Uni-
versité de France, on ne travaille pas
contre elle.
Tout simplement.
*
**
'Aujourd'hui, des hommes de lettres et
d'autres qui n'en ont pas vivront dans
l'angoisse. Ces gens sont candidats à
l'Académie française. Vous me direz
* -qu'ils nourrissent dans leur âme de sin-
gulières préoccupations, et que l'idée de
revêtir le même uniforme vert que M.
Henry Bordeaux ne vous serait jamais
venue. Vous êtes un homme de sens.
- Dire qu'il est des êtres, qui, toute une
vie jusqu'à leur retour en enfance, qué-
mandent des voix, -se livrent à toutes les
bassesses pour entrer dans la Compa-
gnie. On dit que ce pauvre monsieur
Léon Bourgeois est dans la désespérance
parce que, peut-être, il ne sera jamais
académicien. Et, pourtant, M. Raymond
Poincaré, avant son élection à la prési-
dence delà République, lui avait promis
l'épée à poignée de nacre. Je 'serais bien
content, si, ce soir, j'apprenais que notre
radical si athénien, apôtre du solida-
risme, était admis à l'immortalité. Vrai-
ment, ce serait un grand honneur pour
mon parti qui, entre nous, manque un
peu d'hommes distingués, et ne compte
même pas parmi ses membres Henry
Chéron.
*-
**
Nous connaissons maintenant le dis-
cours que M. Kees van Dongen prononça
lors de l'inauguration de l'Exposition
Monticelli.
Ce Hollandais indiqua, que l'œuvre
d'un des plus grands peintres de notre
France ne l'intéressait pas. D'après lui,
« Monticelli était un type qui peignait
avec des râclures de palette, et des râ-
clures de bitume », et il n'en parla pas
plus avant ; il se livra à des plaisante-
ries d'assez mauvais goût sur Marseille,
les toilettes des femmes, et la crise des
domestiques. Le Gaulois reproduit ces
laborieuses facéties.
J'espère que l'administration des
beaux-arts ou la Ville de Paris organi-
seront cet hiver, soit au Jeu de Paume,
soit au Petit-Palais, une exposition de
l'œuvre monticellienne.
M. Kees von Dongen pourrait, dans
une salle voisine, accrocher « sa fameu-
se peinture claire ».
Les honnêtes gens de la Cour et de
la Ville passeraient un bon moment.
«
**
La mode est aux poursuites contre dé-
putés.
Voici -maintenant M. Boisneuf qu'on
veut priver de son immunité parle-
mentaire parce qu'il a rossé, parait-il,
un nègre de la Guadeloupe. Pauvre M.
Boisneuf ! Pourquoi n'est-il point d'ac-
cord avec les grands coloniaux !
Dans ces exercices judiciaires contre
les membres des deux assemblées, le
gouvernement n'intervient jamais. Au
contraire.
*
* *
La seule loi votée par le Bloc national
fut celle de l'impôt sur le chiffre d'af-
faires. En deux ans et demi, c'est un re-
cord.
Il semble que les députés de la majo-
rité devraient être fiers de leur œuvre
unique. Des poètes défièrent les âges
avec un seul sonnet sans défaut.
) Nous nous disions : « Evidemment,
le Bloc national n'est Das fécond ; mais
il n'a pas accouché d'une souris, quand
il s'est reproduit. »
- Hélas ! Le voici qui veut étrangler son
enfant. Une interpellation est déposée
pour supprimer l'unique loi votée par
l'Entente. Il est vrai qu'elle avait fait son
plein d'impopularité, et qu'elle avait réu-
ni contre elle patrons, ouvriers, indus-
triels, commerçants, consommateurs et
agents du fisc.
Comme l'a dit à ses amis M. Arago,
au banquet du Bloc national : « Il est
temps de nous mettre sérieusement au
travail. »
Pour commencer, après trente' mois
d'efforts surhumains pour mettre debout
un texte fiscal, ils le jettent bas, et le
portent au grand collecteur.
Vraiment, la .fortune et la destinée de
la France sont entre des mains intelli-
gentes et laborieuses.
Georges PONSOT.
-—.—————— .» - -.- t —————————
Les aragouins
mangent et parlent
Les aragouins comme les pingouins ont ac-
coutumé de tenir périodiquement conseil,
après manger et boire. Ils se sont dor4c réu-
nis mardi pour festoyer sous l'excellent pré-
texte de célébrer le glorieux anniversaire de
la fondation de leur société: L'action natio-
nale républicaine.
La chair fut bonne et les breuvages de
choix, mais il fallut subir au dessert le grand
discours du Père Pingouin — je veux dire
M. Arago, inventeur des Aragouins.
Les feuilles dévouées au feu Bloc Natio-
nal devenu A. N. R. ont découvert, dans cette
harangue, une « substantifique moëlle »,
mais hélas! nous n'y pouvons trouver que
viande creuse. Que dire lorsque M. Arago
rejetant dédaigneusement les étiquettes se
proclame « républicain-tout-court » — dans
une somptueuse redingote? Comme s'il se
trouvait encore sur le territoire français, à
part les camelots de M. Daudet — un seul
politicien qui ne se dise pas fermement « ré-
publicain »!
Le président de l'A. N. R. a découvert, il
est vrai, que le problème financier est lié au
problème des réparations. Il préfère payer
avec l'argent boche, et thésauriser le sien.
Rien de plus légitime, mais cetterévélatioh
ne saurait vraiment prendre la valeur d'un
manifeste.
Tout ceci est bien gentil, bien anodin, pour-
tant le seigneur aragouin a glissé une malice
dans son speech. Pour être républicain-tout-
couTt, le président n'en est pas moins dési-
reux de gagner, au profit de son parti, les
faveurs officielles: « Il va falloir, affirme-t-il,
s'assurer de l'impartialité des préfets ».
Il s'agit bien d'impartialité! Avez-vous ja-;
mais vu un préfet qui manque « d'instruc-
tions » dès qu'il doit présider à une consul-
tation électorale? Naturellement ce que veu-
lent ces messieurs du Bloc c'est la candida-
ture officielle à leur profit. Ils l'on eue sous
le règne de M. Mandel, il la leur faut en-
core, il n'y a pas de victoire pour eux sans
cette bénédiction.
Ceci, voyez-vous, n'indique pas une foi ro-
buste dans l'avenir. J'ai comme une idée que
le Bloc est fêlé — c'est peut-être pour cela
qu'il s'est débaptisé. Mais qu'importe le nom,
les électeurs connaissent la chose.
F. H.
——————— ") 'y *
Ji ue, toi-même
Sous une rubrique spéciale, un journal du
soir fournit quotidiennement à ses lecteurs
un moyen nouveau de faire fortune. Celui,
qu'il leur indiquait lundi dernier se résumait
en cette tragique formule : « Tue toi-même. »
Disons bien vite que notre confrère ne con-
seillait nullement à ses lecteurs, comme on
serait tenté de le croire au premier abord,
d'estourbir personnellement, pàur les dévali-
ser, de vieilles rentières.
L'opération préconisée était morale ; il s'a-
gissait simplement, pour mille personnes, de
s'associer en vue d'acheter des animaux de
boucherie, de les faire abattre et de s'en par-
tager la viande. L'auteur de l'article affirme
que, de la sorte, les associés paieraient la
noix de veau 6 francs an licu de 9 francs. Ce
n'est sans doute pas là la fortune ; mais c'est
en tout cas l'économie, mère de la fortune.
Seulement, comment se ferait la répartition
des bêtes abattues ? Question grave, car, sous
un aspect particulier, c'est en somme celle du
communisme qui se trouve ainsi posée. Dans
tout animal, comme au surplus dans toutes
les productions sociales, il y a des morceaux
de choix et des bas morceaux. Qui recevrait
les filets et à qui écherraient les bajoues ?
Consulterait-on les goûts de chacun ? Dans ce
cas, il est à craindre que tout le monde se dis-
pute le meilleur, tandis que personne ne vou-
drait du plus mauvais.
On pourrait, me direz-vous, établir des prix
différentiels ; mais, pour que ces prix soient
tels qu'ils décident certaines ménagères à se
contenter de la « nourrice » et des ftéchets,
ils devraient être très bas ; et, dans ce cas,
il faudrait par compensation faire subir au
neste de fortes majorations, de telle sorte que
j'ai grand'peur que la « noix ds veau » don-
née comme exemple ne se vende plus de
6 francs. Puis, s'il y avait tout de même cer-
taines parties de la bête que l'on n'aurait pas
réussi à caser, qu'en ferait-on ?
Sans doute se. trouverait-on amené à assu-
rer statutairement la répartition ; et alors,
comme il y aurait des gens Pour accuser les
administrateurs de se réserver les meilleures
parts, les mécontentements se manifesteraient
avec violence, et le groupement ne tarderait
pas à péricliter et à se disloquer.
C'est à cause de considérations de ce genre
que je ne suis pas communiste, préférant me
résigner aux iniquités du régime capitaliste ;
et, pour la même raison, j'estime qu'il vaut
encore mieux subir les hauts prix du bou-
cher, chez qui au moins on a la liberté du
choix, que de « tuer soi-même ».
Petit Jean.
LA « JUSTICE » ROUGE
-
LES OUVRIERS DE IIOSCOU
voudraient assister
au procès des socialistes
Mais l'Exécutif a refusé l'autorisation
et leurs représentants « avertissent »
et menacent les Dictateurs
Térioki, .14 juin. —-Les représentants
des ouvriers des usines Goujon, Goper,
Dobrof, Nobgoly et des ateliers des che-
mins de fer du réseau de Moscou avaient
exprimé Je désir d'assister au procès des
socialistes révolutionnaires. Leur demande
ayant été refusée, sous prétexte de manque
de places, les ouvriers ont adressé une dé-
claration écrite au président du tribunal.
'Les signataires exigent leur admission
dans la salle des séances du tribunal « dans
l'intérêt même du pouvoir soviétique et du
parti communiste ». Ils proclament qu'un
nouveau refus confirmera l'opinion que la
majorité des ouvriers de Moscou se sont
déjà faite du procès intenté aux socialisas
révolutionnaires dès .le premier jour et
amènera prochainement des conséquences
graves aussi bien pour le parti bolcheviste
que pour ses chefs.
Un télégramme de M. Arthur Wauters
Bruxelles, 14 juin. — Le « Peuple » a
reçu de M. Arthur Wauters, l'un des avo-
cats belges défenseurs des accusés au pro-
cès de Moscou, le télégramme suivant :
« Le procès a commencé dans le calme.
Le déploiement des forces militaires est im-
portant.
« Dès le début de la séance, les accusés
ont récusé leurs juges, et la défense, y
compris Vandervelde et Rosenfeld, invo-
quant l'accord des trois Internationales à
Berlin, a protesté parce que le défenseur
de 'Liébert n'était pas admis au procès. La
même protestation a été émise pour les té-
moins écartés.
« Le tribunal a ensuite déclaré ne pas
être lié par l'engagement pris à Berlin par
l'Internationale communiste, ce à quoi la
défense a répondu par une vigoureuse at-
taque qui provoqua de vifs incidents.
« Nous avons télégraphié à Anatole
France en insistant vivement sur l'utilité
de sa présence au procès.
« Nous rentrerons vers le 1er juillet, com-
me convenu. >
————————— >--09 ç .———————
La Conférence des Ambassadeurs
s'occupe de la Haute-Silésie
et des finances autrichiennes
La Conférence des ambassadeurs, réunie
hier matin, a poursuivi l'examen de la ques-
tion du règlement des dépenses engagées
par la haute-commission interalliée de
Haute-Silésie pour les frais d'administra-
tion du territoire plébiscitaire.
Elle a décidé d'intervenir auprès des
gouvernements créanciers de l'Autriche
pour obtenir leur renonciation pendant 20
ans à - leur privilège, a'fin de permettre
l'application du système de crédits envisa-
gé pour le relèvement de l'Autriche.
- > — <
L'AFFAIRE DE LA B. C.
M. Barthou et le rapport Cruchon.
La commission statuera probablement
aujourd'hui
La commission chargée d'examiner la de-
mande en autorisation de poursuites contre
M. Calary de Lamazière, s'est réunie hier pour
entendre de nouveau M. Barthou.
iGelui-ci a fourni là la 'Commission des ex-
plications complémentaires sur le réquisitoire
introductif d'instance du-procureur 'Lescouvé,
ainsi que sur le rapport de M. Cruchon, expert
comptable près le parquet de la Seine, relatif
aux opérations de la B. I. C. et de la 'Société
du Pacifique.
On sait que M. Calary de Lamazière aurait
dit que, dans ce document, figurent les noms
d'autres parlementaires compromis dans la
même affaire.
Le garde des sceaux a déclaré qu'il ne pou-
vait faire état de ce rapport à cause de son
caractère privé.
Après le départ du ministre, la commission
a entendu M. 'Calary de Lamazière, à qui elle
a communiqué les déclarations du garde des
sceaux.
Elle se reunira de nouveau aujourd'hui afin
de continuer cette audition et de statuer, on
l'espère, définitivement.
————————— ) < o~————— —————
L'assainissement des finances
allemandes
La Commission des réparations arrêtera
aujourd'hui les termes de la communication
supplémentaire au gouvernement du Reich
qu'elle avait annoncée par sa décision du
31 mai et qui est relative au règlement de
certaines mesures d'assainissement finan-
cier : autonomie de la Reichsb'ank, protec-
tion contre l'évasion des capitaux, etc.
La Comité des garanties, que préside M.
Mauclère. partira samedi pour Berlin, où
il va présider à l'organisation des services
de contrôle sur les recettes et les dépenses
du Reich, prévus par les arrangements du
31 mai.
L'emprunt international et la presse belge
Bruxelles, 14 'juin. — L' « Indépendance
Belge », commentant les travaux de la réu-
nion des banquiers à Paris, écrit :
< Nous touchons ici à des problèmes
d'une importance vitale pour tous les pays
intéressés. Il convient donc d'écarter d'un
tel débat toute tendance à la polémique ou
h. la critique systématique. Il faut considé-
rar froidement les choses et ne faire appel
qu'à l'appoint de la saine et claire raison.
« Et c'est pourquoi on a été un peu vite
en besogne, selon nous, en interprétant
abusivement la consultation technique
qu'on avait sollicitée du Comité des ban-
aniers et qui n'avait d'autre but que d'ob-
tenir un peu de lumière pour s'orienter
dans des voies obscures, lesquelles récla-
ment de ceux qui doivent les parcourir, de
puissantes ressources de bon sens et sur-
tout de sanff-îroid. »
, M. CHERON ET LA VIE CHERE
** -
Le ben^e à édi fraoes la livre
il ? un faire
Ce sont les électeurs du ministre
de l'agriculture qui l'affirment
en le félicitant
M. Chéron est certainement le ministre le
plus impopulaire de France. La presse a, pour
ainsi dire, été unanime non seulement à si-
gnaler 'les conséquences nélfastesdes décrets
promulgués par de ministre de l'agriculture,
mais encore à s'indigner contre l'hypocrisie de
cet ancien rapporteur général du budget au
Sénat qui, après avoir, en une occasion mémo-
rable, dénoncé les bouchers comme des « (cri-
minels », s'est employé de son mieux, depuis
qu'il est au pouvoir, là organiser une hausse
de la viande telle que l'on n'en avait point
connu encore.
Pourtant M. 'Chéron se console de son impo-
pularité en raison des couronnes que lui tres-
sent les grands exploitants de lia culture ou
les éleveurs. Ne vient-il pas, tout récemment,
de recevoir du (Syndicat des agriculteurs de
la Manche (15,000 membres, paraît-il) ou, tout
au moins, des gros bonnets de ce Syndicat,
réunis sous la présidence de M. Damecour, sé-
nateur, des félicitations particulièrement si-
gnificatives ?
L'ordre du jour dont il, s'agit est littérale-
ment à encadrer :
Considérant que depuis la fin des hostilités,
l'industrie et le commerce ont été protégés par
des tarifs deux, trois, quatre fois plus élevés
qu'avant guerre, et même décuplés pour cer-
tains produits, si bien que les prix sont en
moyenne majorés de 400 0/0 pour ce que l'agri-
culture achète ;
Considérant que cette élévation n'a fait dans
la presse, l'objet d'aucitnes critiques ni protes-
tations ;
Considérant ;,au contraire que chaque fois que
l'agriculture a obtenu des mesures protectri-
ces : 1° quatorze francs au lieu de sept francs
par quintal de blé, c'est-à-dire 100 0/0 d'avant
1914 ; 2° cinquante francs au lieu de vingt
francs pour l'importation. des beurres et fro-
mages, soit 150 0/0 'd'avant-guerre, les journaux
des villes, les Fédérations, citadines ont fait en-
tendre un « tolle » généi'al contre l'agricul-
ture ;
Considérant que les prix des produits agrico-
les ont baissé à la ferme de 40 à 50 0/0, c'est-
à-dire de moitié depuis un an. Que telle vache
qui valait 3.000 francs ne se vend plus que 12 à
1800 francs, que les porcs de 300 francs sont ré-
duits à une vente de 50 à 80 francs, etc., etc.
Voilà qui n'est déjlà pas ma'l. Il faut croire
que les journaux n'arrivent pas dans la Man-
che, ou qu'ils sont lus avec des lunettes spé-
ciales, pour que les électeurs et admirateurs
tle M. Chéron ignorent que la presse, depuis
trois ans, n'a cessé, dans son ensemble, de s'é-
lever contre la vie chère, quels qu'en aient* été
les responsables ou les auteurs. Mais conti-
nuons :
Considérant que cette baisse énorme ne s'est
presque pas fait sentir sur les marchés des
grandes villes et que cette différence a été en-
caissée par les intermédiaires, sans qu'on ait
exigé d'eux la diminution correspondante. (iNous
sommes d'accord en ce qui concerne les exagé-
rations des intermédiaires) ;
Considérant que cet état de choses dans les
villes, qui trouve des défenseurs dans là Presse,
constitue une injustice vis-à-vis de l'agricul-
ture ;
Considérant que l'agriculture, complètement
sacrifiée au bien des cités, avant la guerre, est
menacée de redevenir, non seulement la bête
de somme du fisc, mais aussi la bête de tra-
vail, n'ayant d'autre rémunération que de ga-
gner son pain à la sueur de son front, commie
çela s'est passé depuis, des siècles.
Nous ne savons pas si 'les ouvriers et, en gé-
néral, les gens qui ne vivent pas grassement
de Jeurs rentes, ne sont pas obligés, eux aussi.
de gagner leur pain là la sueur de leur front.
Mais prétendre que l'agricu'Iture est en train
de devenir ou de redevenir la bête de somme
du fisc, c'est tout d'3 même aller un peu fort.
Car on a idémontré bien des fois, chiffres en
mains, que si l'agriculture payait l'impôt dans
les mêmes proportions que le cammertee ou
l'industrie, Ile 'budget ne serait sans doute pas
en déficit. Et, du temps qu'il y était, le Syn-
dicat de la Manche aurait bien dû mettre en
comparaison ks sommes payées par ses adhé-
rents en fait de contribution sur les bénéfices
agricoles et celles déboursées par le commer-
ce du même 'département en ce qui concerne
les bénéfices commerciaux et industriels et la
taxe sur le chiffre d'affaires. Peut-être alors
le paragraphe (qu'on 'vient de 'lire eût-il été
amendé. ,
Et voici le bouquet :
Considérant que l'importation en France des
beurres et des fromages venant de différents
points du globe, a eu ce résultat que cet hiver,
la production de ces denrées coûtait plus que
leur prix de vente. Tel le beurre, qui était 'payé
6 francs, était obtenu grâce à une dépense va-
riant entre 7 et 9 francs ;
Considérant que cette importation a fait sor-
tir de France deux cents sept. millions depuis
le 1er janvier 1922 et que cet été, on était cer-
tain de voir le beurre à 2 Ir. la livre, ce qui eût
été un désastre.
Le heure fa.," deux francs la livre eût été un
désastre ! Sans ce boil M. iChéron, nous n'au-
rions pas évité cette. catastrophe !
Nous ne le faisons pas 'dire à ces messieurs
de la Manche qui, décidément, sont d'une fran-
chise à laquelle les Normands ? à tort ou à
raison — passaient pour ne pas être coutu-
miers.
Pierre VARZY.*
— — ■ — —/ <9^C6> — — »
La chute de la Gouronns hongroise
Budapest, 14 juin. — Interviewé par le
journal « A Nep », le ministre des finances,
M. Kallay, attribue la chute de la couron-
ne hongroise aux perspectives de la récolte
qui sont, du fait du manque de pluies, peu
favorables. Mais le ministre a déclaré que,
même si la récolte est peu satisfaisante, la
Hongrie sera en état d'exporter des quan-
tités considérables de blé et surtout de la
farine de première qualité qui est l'article
d'exportation hongrois par excellence. Il a
exprimé ensuite l'espoir de voir le gouver-
nement réussir,. dans quelques mois, à ré-
tablir l'équilibre du budget," ce qui contri-
buera beaucoup à améliorer le change.
< 11 se peut aussi, a-t-il dit, que la ner-
vosité qui se manifeste à l'étranger vis-à-vis
de l'Autriche du fait de sa situation finan-
cière précaire, soit étendue par suite du
proche voisinage à la Hongrie elle-même.
Mais cette assimilation ne saurait durei
lonetemus. a --
LA DIME SUR LE CONSOMMATEUR
M. É klcjrie s'esl expliqué
hisr i liimlttnirii
La taxe sur le chiffre d'affaires
fait réfléchir les membres
de la Commission
La commission des finances du Sénat a en-
tendu hier M. de Lasteyrie, relativement au
projet de loi portant modification de la taxe
sur le chiffre d'affaires et de la taxe de luxe
adoptée par la Chambre. *
M. MillièsJLacroix qui présidait, pria le mi-
nistre de préciser la portée des modifications
nouvelles et de la codification que le gouverne-
ment, par des dispositions récentes, propose
de substituer aux textes votés par la Cham-
bre.
M. de Lasteyrie a exposé que .selon lui, il
n'y avait pas antinomie entre le texte nou-
veau du gouvernement et celui de la Chambre.
Il lui a paru d'abord nécessaire de codifier mé-
thodiquement des textes qui sont actuellement
disséminés dans plusieurs lois. Adoptant cer-
taines dispositions nouvelles de la Chambre,
il estime pourtant qu'il y a lieu d'étendre le
forfait à diverses catégories très importantes
d'assujettis.
Après le départ du ministre des finances, la
commission a décidé d'examiner tout d'abord
l'article premier du projet voté au Palais-
Bourbon. iCe texte concerne les bénéfices com-
merciaux et industriels en ce qui touche les
artisans et ne s'applique pas à la taxe sur le
chiffre d'affaires.
Son rapporteur général devra lui présenter
un rapport sur cette question dont elle entend
faire un projet spécial.
jEnsuite, la commission étudiera les textes
de la Chambre et du gouvernement relatifs au
chiffre d'affaires proprement dit et & la taxe
de luxe.
—————————— ? CI.. ç
UN DESACCORD
POiNCARÉ-SARRAUT ?
Le président du Conseil se réserverait
d'importantes décisions
qui appartiennent au ministre des Colonies
Si nous en croyons notre confrère Les An-
nales coloniales, généralement bien informé
sur tout ce qui touche à l'administration de
nos colonies et de la rue Oudinot, les rap-
ports entre le président du Conseil et M. Sar-
raut, ministre des colonies, seraient plutôt
tendus depuis quelque temps. M. Poincaré, pré-
tendant, en sa qualité de Premier, intervenir
dans les décissions qui relèvent de l'-autorité
de son ministre.
Ainsi M. Sarraut aurait été invité à « liqui-
der » M. Angoulvant, commissaire général de
l'Exposition coloniale de 1925, les faits repro-
chés à l'ancien gouverneur de l'A.E.F. l'ayant,
paraît-il, vivement ému. Le commissaire gé-
néral aurait été prié de démissionner avant
que vienne à la Chambre l'interpellation
Georges Barthélemy et s'il n'obtempérait
point à cette « suggestion », M. Sarraut pren-
drait la décision exigée de lui à cet égard par
M. Poincaré.
D'autre parf, M. Poincaré entendrait en-
core se mêler activement de la nomination
des gouverneurs généraux de nos colonies. Il
aurait, il y a quelques jours, offert à M. René
Besnard, sénateur d'Indre-et-Loire, ancien mi-
nistre des colonies, qui se serait récusé, le
gouvernement général de l'A.O.F., qui n'est
pourtant pas encore vacant, puisque M. Mar-
tial Merlin est toujours en fonctions..
Ainsi M. Sarraut serait en quelque sorte
dépossédé — tout au moins en partie — de
ses pouvoirs ministériels. Si la chose —
comme il y a tout lieu de le croire — est
exacte, il y aurait là, au sein même du gou-
vernement, un conflit dont le développement
) +
Mars parlera-t-il
îe 18 juin ?
La mobilisation des lunettes
n'a même pas été décrétée pour cette date !
Dans trois jours, le 18 juin exactement, la
planète Mars sera cette année au point de
son orbite le plus proche de la Terre.
'Certains attendent de grandes choses —
comme une révélation — pour cette date.
On sait que la croyance populaire croit à
l'existence des Martiens, habitants de Mars.
Elle se les figure assez semblables à nous ;
elle croit même qu'ils ont un.tas de pouvoirs
que nous n'avons pas.
Mars, dit-on encore chez les spirites, est une
planète plus évoluée que la nôtre.
L'année dernière des ondes hertziennes sont
venues frapper aux antennes de T.S.F. des
signes incompréhensibles. Tandis que nos sa-
vants cherchaient à découvrir la cause de ce
phénomène, un public, avide de mystérieux,
s'était fait une opinion :
— C'est la planète Mars qui nous fait des
signaux !
Et certaines personnes l'assuraient avec
une telle autorité que les savants eux-mêmes
se prirent à douter.
— Après tout, pourquoi pas ?
Ils expliquent aujourd'hui ces « signaux »
beaucoup plus simplement ; plus vraisembla-
blement aussi.
Quoi qu'il en soit, certains crédules n'en
veulent pas démordre. Ils affirment que ces
signaux se reproduiront — ce qui est très
probable. S'ils sont reçus le 18 juin, ces gens
triompheront bruyamment.
Et cependant le monde de la science, le seul
qualifié pour parler, n'attend rien d'anormal
pour le 18 juin. La mobilisation des lunettes
n'a même pas été décrétée. La planète occu-
pera, en effet, une position tellement basse
sur l'horizon que, malgré sa proximité, l'ob-
servation sera très difficile. Il faudrait se ren-
dre en Afrique du Sud pour la bien observer.
Seul notre observatoire de Sétif, le plus mé-
ridional que nous possédions, observera le
phénomène.
On connaît de Mars à peu près tout de ce
que l'on peut espérer en connaître, et la pla-
nète s'est déjà trouvée plus près de la Terre,
de quelques millions de kilomètres, qu'elle
n'en sera le 18 juin. Mais la légende des Mar-
tiens, curieux de communiquer avec les Ter-
riens, n'aura pas vécue pour cela ! Elle égaye-
ra longtemps encore, sans doute, la chronique,
et je rappellerai à ce sujet la nouvelle « sen-
sationnelle » parue dans le journal le Pays,
sous le second Empire, de la découverte d'un
habitant de la planète Mars, enfoui dans l'in-
térieur d'un aérolithe trouvé au fond d'une
mine en Amérique. Le squelette d'un gigan-
tesaue canard ! — R. D.
D'ITALIE EN HOLLANDE
LE, TÀPIS IIERT DE Lii HÀII
réunira aujourd'hui
les diplomates de l'Europe
La mission française n'est pas encore
partie et c'est M. Charles Benoist qui
nous représentera en l'attendant
La Haye, 14 juin. — A la veille de la
Conférence qui doit reprendre les travaux
de Gênes pour essayer de les mener à bien,
la ville hollandaise, qui est habituée au
va-et-vient de personnalités internationa-
les, ne paraît point sortir de son calme ha-
bituel et continue à s'adonner tranquille-
ment à sa vie quotidienne. Il est certain que
l'atmosphère de La Haye n'est pas une at-
mosphère de nervosité. Les habitants de
La Haye en ont vu bien d'autres et ils n'en
sont pas à une conférence de plus ou de
moins.
Le gouvernement néerlandais ne tient
pas, du reste, à ce que l'on donne à la Con-
férence l'aspect d'assises extraordinaires.
Aussi faut-il s'attendre à ce que les débats
de la Conférence se déroulent dans une at-
mosphère de silence et de recueillement ;
c'est peut-être, d'ailleurs, le meilleur moyen
d'arriver à de bons résultats.
Les diplomates étrangers commencent à
arriver et on met la dernière main au Pa-
lais de la Paix, aux préparatifs de la Confé-
rence.
L'attitude de la France et de la Belgique
La Haye, 14 juin. — M. Charles Benoist,
ministre de France, représentant de la
France à la Conférence préliminaire de La
Haye, a déclaré qu'il assistera aux réu-
nions de demain et des jours suivants en
observateur et informateur du gouverne-
ment français. Il conformera son attitude
aux instructions qu'il a reçues et au mémo-
randum français du 2 juin:
M. Cattier, chef de la délégation belge,
est arrivé avec ses collègues, MM. Galopin
et Witmeur. Il a déclaré également qu'il
avait pour mission principale d'observer.
Les instructions du gouvernement de Bru-
xelles sont souples quant aux détails, mais
fermes quant aux principes sur lesquels la
Belgique n'a modifié aucunement son point
de vue depuis la Conférence de Gênes. Si
la Conférence préliminaire, conformément
à la thèse britannique, décidait d'écarter
dé la discussion générale les principes dé-
fendus par la Belgique, la délégation belge
ne refusera pas de continuer son concoure,,
mais elle se réservera d'évoquer l'observa-
tion des règles dont la Belgique s'honore
d'avoir fait sa règle dans les négociations
internationales.
M. Cattier a eu une entrevue avec M.
Charles Benoist. Les chefs des délégations
belge et française ont constaté la parfaite
communauté de vues de leurs gouverne-
ments.
La délégation française
La délégation française à la Conférence de
La Haye a reçu hier les instructions du gou-
vernement. On croit que son départ aura lieu
dès aujourd'hui.
Cette délégation est ainsi composée : affai-
res étrangères, MM. Alphand, de la Pradelle et
Massigli ; finances, M. Chasles.
Les délégations *
Budapest, 14 juin. — La Hongrie sera
représentée à la Conférence de La Haye
par le ministre plénipotentiaire Taby et le
conseiller de légation Vattstin.
Déclarations de « l'Œil de Lénine »
Moscou, 14 juin. — Le chef bolchevik
Preobrajensky, qui fut « l'Œil de Lénine »
à la délégation bolcheviste à Gênes, a fait,
dès son retour à Moscou, les déclarations
suivantes :
« Il serait plus que naïf de notre part de
reconnaître toutes nos dettes lorsque, à la
Bourse de Paris, les valeurs russes sont co-
tées de 12 à 15 0/0, cela d'autant plus
qu'un accord avec le gouvernement fran-
çais à La Haye est bien probable. La Fran-
ce sera obligée, en fin de compte, de s'as-
socier à Lloyd George et de fournir aux
Soviets une partie des crédits indispensa-
bles à la reconstruction de la Russie. >
—————————— ;) — -.- — <;——————————
L'AFFAIRE BASSARABO
De nouveau un peu
de mystère
Bassarabo était-il encore en vie
le 31 juillet ? Du moins, Hera Myrtel
cherche à le faire croire
»
De par l'habileté de Mme Bassarabo, prom-
pte à tirer parti des moindres incidents aui
peuvent lui être favorables, et aussi par suite
de l'attitude assez singulière de certains té-
moins, nous nous sommes trouvés de nou-
veau hier dans une atmosphère de mystère.
Ces témoins, pourtant cités par l'accusa-
tion, semblent d'ailleurs avoir été plutôt les
amis d'Héra Myrtel que ceux de son mari. Quoi
d'étonnant qu'elle essaye d'exploiter pour les
-besoins de sa défense leur bienveillance à son
égard. — ---
Voici d'abord M. Dauphin, ancien banquier.
Depuis 1919, le témoin était en relation avec
M. Bassarabo avec lequel il eut à s'occuper
de l'affaire des terrains pétrolifères.
Contrairement à ce qu'il aurait dit à l'ins-
truction, M. Dauphin assure, venant ainsi au
secours de la défense, qu'à'son avis Mme Bas-
sarabo n'a jamais cru que la commission pro-
mise à son mari serait payée à la fin de Juil-
let 1920.
Or, comme suivant la thèse de l'accusation,
ce serait pour s'emparer de cette commis-
sion que Mme Bassarabo aurait commis le
crime, on comprend le prix que l'accusée atta-
che à cette déclaration.
Aussi est-ce sur le ton le plus aimable qu'elle
fit appel aux souvenirs du témoin au sujet
des relations de bonne amitié qui existèrent
entre les deux ménages. Elle rappelle ce que
confirme M. Dauphin, que quelques jours
avant le drame, elle lui a demandé d'interve-
nir auprès de son mari nour la ramener
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.42%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.42%.
- Collections numériques similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75127747/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75127747/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75127747/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75127747/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75127747
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75127747
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75127747/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest