Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-13
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 juin 1922 13 juin 1922
Description : 1922/06/13 (N16388,A46). 1922/06/13 (N16388,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7512772d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
Le Numéro : 10 ClIlel
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Seine et S.-et-O. 26 > 13 » 1 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 60
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Publiaitt et Annonces
aux Sureaux du Jourral
V J
LA \« LANTERNE)) DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
46' ANNEE - ? 16.388 1
MARDI
13
JUIN 1922
D1 recteur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non inséré*
M BOAt pas rendua
1
L'argument
démagogique
J.e me permets — m.ans c'est par mo-
idestie — de commencer ce bref article
par le haïs-saible « Je ». pour dire que
je ne suis pas d'accord, — oh ! mais
pas du tout. — avec ce que M. Félix
Hautfort disait hier à cette place
même.
En vérité, je ne pense pas que le la-
tin et le grec soient nécessaires pour
scier du fboâs ou 'balayer un bureau,
mais j'attends encore qu'on mie dé-
m-ontre qu'ils y soient un empêche-
ment.
Et s'ils n'y constituent pas un empê-
chement, je me permets de demander
aux détenteurs de ce latin qui en font
fi : « de quel droit prétendez-vous en
priver les autres ? »
Le dikimime est, d'ailleurs, d'une
simplicité de tenailles :
« Ou 'bien vous ne savez pas ce que
c'est que les humanités et vous n'avez,
moralement, pas le droit d'en parler ».
« Ou bien, vous savez ce que c'est et
on vous demande sur quoi vous vous
frasez pour en refuser le bénéfice à au-
jfcrui ? »
Il est prodigieux que la « guerre au
fatin » ait pu, un instant, avoir l'appa-
rence d'une attitude démocratique —
alors que c'est au contraire « le latin
pour tous » qui, seul, pouvait être un
programme et un centre de ralliement.
On admet que Révolution et Répu-
blique signifient tout d'abord « aboli-
tion des privilèges ». Soit ! Mais alors,
(Comment justifier le 'maintien de cet
exorbitant privilège classique qui
est (c'est incontestable en fait) le pri-
vilège des joies supérieures de l'esprit,
de la .politesse intellectuelle, et de la
bonne tenue civique ?
Car il est bien entendu, n'est-ce pas,
qu'on n'est pas assez fou pour songer
à abolir lie trésor des lettres gréco-lati-
nes ? Biles sont et elles demeureront en
Idépit de ceux qui les ignorent ou les mé-
connaissent. Et si le privilège en doit
subsister, pourquoi en limiter le béné-
fice à des élus de plus en plus rares —
qui sont les élus de la naissance et de
l'argent
(Savez-vous - ce -qui serait explicable
et normal ? C'est que tous les « pos-
sédants », les rétrogrades, les réaction-
maires, fussent partisans poldtique-
Sment de la diminution des études clas-
siques pour s'en réserver île privilège
'{clérical (ce imot étant pris dans son
sens vrai étymologique et qu'inver-
sement tous les démocrates en revendi-
quent franchement l'extension pour
tous.
Force est bien de reconnaître que la
réalité se maniiifeste en sens contraire
- et c'est déconcertant, et je n'en suis
pas fier.
Dire qu'on n'a pas besoin de latin
pour enfiler son caleçon et cirer ses
frottes, c'est de la démagogie : car c'est
arracher trop facilement une approba-
tion 'à ceux qui, obscurément (et légi-
timement 'sans doute) envient ceux qui,
par fortune, jouissent précisément de
ce qui leur manque.
L'excellent discours die Bracke à
la Chambre est doublement excellent
a mes yeux. En lui-même, d'abord, et
ensuite parce qu'il émane d'un socia-
liste, et d'un socialiste doctrinaire et
hautement intransigeant.
Il fallait que, pour sauver l'honneur,
junc voix s'élevât de l'extrême-gauche
et montrât ainsi qu'on n'est plus dupe
pu faux argument, démocratique, et qui
n'est, à vrai dire que démagogique.
J,e suis de ceux qui pensent que dans
^immense trésor de l'Humanité, la
langue française et la pensée fran-
çaise qu'elle expritae, sont parmi les
plus nobles, les plus belles, les plus
précieuses intrinsèquement. Les con-
naître, les pénétrer, c'est une joie per-
manente, continue, sans cesse aug-
mentée. Mais comme toutes les pures
joies, elle veut impérieusement être
partagée, elle appelle la communion.
Comment voudriez-vous que celui qui
en goûte le bienfait ne cède pas au sen-
timent généreux de le faire partager ?
Or, je vous le dis en vérité, il n'est
pas de vraie langue française, il n'est
pas de totale pensée française, sans
culture classique préalable, même ou-
bliée,, même méconnue. »
Il y a des exceptions, je sais. De no-
tariés exceptions. Mais de même que
tout le monde ne peut pas être orphe-
Lin, tout le monde ne peut pas être ex-
ceptionnel. C'est une règle qu'il s'agit
d'établir.
Il n'y a pas d'exception pour la ca-
serne qui est une servitude. Pourquoi
y en aurait-il pour le droit de s'abreu-
ver aux sources — qui est une gran-
id eur ?
Victor SNELL.
■ > —> a»»6^»
Les meublés en banlieue
On se préoccupe actuellement de combat-
tre l'épidémie de meublés à Paris, qui est
une des raisons de la crise du logement. Mais,
que dire des meublés dans les petits agglo-
mération de banlieue. Il n'est pas en certains
de ces endroits un locataire qui ne sous-loue
en partie son pavillon. Les demandes des Pa-
risiens défassent encore l'offre des banlieu-
sards, aussi le prix des rares meublés qui
restent encore disponibles dépassent-ils tout
ce que l'on peut imaginer. On demande, sur
la ligne du Nord, jusqu'à une demi-heure de
Paris, de 2.500 à 3.500 pour un appartement
de quatre pièces dans une villa. Ceci pour la
saison, c'est-à-dire pour quatre mois.
Les chambres se louent de 150 à 200 francs
par mois. Encore les propriétaires ont-ils tou-
tes les exigences. Nous en connaissons une
qui spécifie que ses sous-locataires ne devront
recevoir personne.
— 'Cela fait de la saleté, dit-elle.
Un petit pavillon loué 800 francs par an,
à Saint-Leu, est sous-doué 3.000 francs.
De nombreux propriétaires se réservent les
sous-sols, louant pendant la belle saison toute
leur maison. Ils en tirent un revenu appré-
ciable. Ces personnes ne paient aucune taxe.
La sous-location est toujours clandestine,
tout au moins pour le fisc, car dans la loca-
lité on n'en ignore rien. Il y a là un abus,
contre lequel les municipalités sont impuis-
santes. Devrait-on arriver à la taxation des
meublés ?
—————————— ? — -.- - ç ——————————
Les versements de VAllemagne
Contrairement à ce que laisse entendre un
journal étranger, rien ne permet de suppo-
ser que le gouvernement allemand n'effec-
tuera pas le 15 juin le versement de 50 mil-
lions de marks or en devises étrangères pres-
crit par le moratoire du 21 mars, confirmé le
31 mai.
La Berliner Montag Post écrit :
« Le gouvernement ne songe nullement à
suspendre les payements pour le compte des
réparations, mais il lui est impossible, à la
suite du refus provisoire d'accorder un em-
prunt à l'Allemagne, de renoncer à l'émission
de nouveaux billets de banque. »
Le Comité des garanties à Berlin
C'est à la fin de .la semaine que le comité
des garanties se transportera à Berlin pour
y organiser le service de contrôle prévu par
les arrangements du 31 mai. Les mesures de
contrôle sur les recettes et dépenses du Reich
doivent en effet faire « l'objet de délibérations
détaillées avec le comité des garanties ».
Celui-ci est composé des délégués adjoints
à la commission des réparations et des chefs
du service financier de chaque délégation. Il
est présidé par M. Mauclère.
Le séjour à Berlin du comité des garanties
sera d'au moins quinze jours.
————————— , .- - * -
France et Allemagne
Répondant à l'invitation du « Bund neues
Vaterland », la Ligue Française des Droits de
l'Homme envoya quelques-uns de ses lea-
ders à Berlin. MM. Ferdinand Buisson, Renau-
del et Basch ont parlé dans la salle des séan-
ces du Reichstag.
Des paroles de grande générosité ont été
prononcées par nos compatriotes, elles furent
écoutées avec satisfaction pas quelques Alle-
mands, pacifistes loyaux; mais il serait naïf
de supposer qu'il en puisse résulter un chan-
gement, si léger soit-il, dans nos relations
avec le Reich.
Si nous avions un doute à ce sujet, il se-
rait dissipé par les commentaires de la presse
berlinoise. Le mot d'ordre est : Pas d'entente
avec la France!
Les plus modérément gallophobes posent
leurs conditions! Ils demandent d'abord l'é-
vacuation des territoires encore occupés, et
l'occasion paraît bonne pour les pangerma-
nistes de protester contre « la loi de la force »
imposée par les alliés.
Il s'est pourtant trouvé dans ces réunions
d'hommes de bonne volonté des Allemands
pour reconnaître le droit de la France aux ré-
parations, mais la voix de ces « minoritaires »
fut promptement étouffée par les clameurs in-
dignées des nationalistes teutons.
« Une hirondelle ne fait pas le printemps,
a dit von Gerlach, mais elle en annonce le re-
tour » Rien de plus vrai pour l'hirondelle,
mais quelle colombe apportera aux peuples
le rameau d'olivier ?
Certes, s'il n'y avait que des Français com-
me Ferdinand Buisson et des Allemands com-
me Gerlach, il est à croire que l'on trouverait
le secret de la vraie paix; mais le pacifisme
n'est encore qu'une religion dont le culte est
célébré dans de petites chapelles, et c'est par
une exception sensationnelle qu'il a pu dé-
ployer ses pompes au Reichstag.
Est-ce à dire que des discours comme ceux
qui furent prononcés dimanche à Berlin
soient des harangues dans le désert ? Certes
non! Il est nécessaire que de telles choses
soient dites, mais ne nous berçons pas du fol
espoir que les actes puissent suivre demain de
telles pensées. Retenons seulement, pour nos
apaisements, que l'accord est complet sur un
point : l'impossibilité d'une. nouvelle guerre
avant longtemps! C'est là le pacifisme par
nécessité devant lequel les forcenés ravageurs
s'inclinent.
F. H.
———————————
ISflancjeons des légumes
Les médecins nous recommandent, en pa-
reille saison, de préférer les végétaux à la
viande.
Vous pensez réaliser une économie en adop-
tant le régime végétarien, tout en vous con-
servant en, bonne santé. Si cela est vrai,
ce n'est qu'une espérance vaine. « La lé-
gume » est, en dépit du temps propice à la
culture maraîchère, chère, horriblement chère.
Seuls lès oignons ont baissé. Mais les salades,
les haricots verts, tous les légumes de la sai-
son, se maintiennent à des prix vraiment
prohibitifs.
Les fruits sont de même inabordables aux
petites bourses. Combien de ménages pari-
siens qui n'ont pas encore mangé de fraises,
bien que nous entrions en pleine saison.
Les prix pratiqués au détail sont double-
ment excessifs, car ils ne correspondent même
pas aux prix de gros du marché des Halles.
En voulez-vous un exemple : la salade, qui
cote aux Halles 0 fr. 0'5 à 0 fr. 30, se vend
couramment ehes les fruitiers 0 fr. 75 et même
1 f r. la. têt§-
UN NOUVEAU PANAMA ?
Les PARLEMENTAIRES
et la Société du Pacifique
i 1 f -
Quelques éclaircissements avant les révélations
sensationnelles que la Commission de la Chambre
attend de M. Calary de Lamazière
a ———————
La commission de la Chambre chargée de
statuer sur la demande en autorisation d'e
poursuites présentée par le Parquet contre M.
Calary de Lamazière, député, se réunira au-
jourd'hui. Elle entendra le garde des Sceaux,
mais elle aura aussi l'occasion de demander
au député de la Seine mis en cause, des préci-
sions qu'il n'a pas cru devoir fournir mardi
dernier.
Interrogé par un membre de la commission
sur les raisons pour* lesquelles il quitta la
Société du Pacifique, dont il avait quelques
mois assumé la gestion, M. Calary de Lama-
zière répondit :
« En présence de certains agissements qui
m'ont paru suspects, j'ai donné ma démis-
sion. je ne comprends d'ailleurs pas*qu<*.?e
procureur général me poursuive seul, alors que
d'autres parlementaires.».
Ces paroles ne pouvaient manquer de surex-
citer vivement la curiosité de la commission,
mais M. Calary se contenta de déclarer que le
rapport tfait par l'expert Cruchon sur les affai-
res de la Société du Pacifique suffisaient à
éclairer ses collègues.
*
* #
C'était en dire trop ou trop peu. M. Calary
de Lamazière connaît bien mal les assemblées
parlementaires s'il a pu croire un seul instant
qu'il ne serait pas amené à préciser ses insi-
nuations : « Les noms ! les noms ! », disait-
on à Jules Delahaye dans les tumultueuses
séances consacrées à l'affaire du Panama. Si
l'ancien administrateur de la B. I. C. et de la
Pacifique a pensé qu'il ferait reculer la com-
mission et la Chambre devant l'énormité d'un
scandale mystérieux, il s'est grossièrement
trompé. De qui a-t-il voulu parler ? Les parle-
mentaires compromis, fussent-ils cent quatre,
doivent être démasqués. à moins qu'il n'y
ait ni cent quatre, ni même quatre coupables,
mais seulement une manœuvre dont il n'est
pas impossible de mesurer le but et la portée.
Nous en sommes, quant à présent, réduits
aux suppositions. A qui M. Calary de Lama-
zière a-t-il fait allusion ?
Est-ce à M. Paul Bluysen, député, qui fut en
effet' administrateur de la Société maritime
du Pacifique, dont le sort n'était d'ailleurs
pas indifférent aux intérêts dont il a la charge
en sa qualité de représentant de l'Inde fran-
çaise ?
Est-ce de M. Henry Paté, député de Paris ?
On a beaucoup parlé des prétendues opérations
de l'ancien commissaire aux effectifs et à l'édu-
cation physique ; 'elles se réduisent, nous affir-
me-t-on, à un débit en compte-courant à la
suite d'un aval qu'il avait donné. Rien là de
mystérieux, ni surtout de délictueux.
Enfin, il a été question d'un chèque de
600.000 francs. Le bénéficiaire n'en serait au-
tre qu'un député de la majorité dont la noto-
riété suffisait à stimul-er les imaginations et
à déchaîner les polémiques. Or, il n'y a pas
eu le moindre chèque de 600.000 fr. et cela ré-
sulte d'une enquête faite à la requête du dé-
puté intéressé par le procureur général lui-
même. Rien ! absolument rien qu'un racontar
dont on ne parvient pas à retrouver la source.
Voilà ce que nous savons ; mais il reste à
entendre les révélations sensationnelles de M.
Calary de Lamazière.
*
**
En l'absence de M. Galusser, ancien admi-
nistrateur délégué de la Pacifique, parti pour
Londres, nous avons pu joindre un des prin-
cipaux actionnaires de la S. M. P., dont nous,
résumons ci-dessous les déclarations :
« C'est durant l'été de 1920 que, sur les ins-
tances d'un administrateur de la Pacifique,
son ami personnel, M. Calary de Lamazière,
a été pressé d'entrer dans le Conseil. Immédia-
tement après les vacances, le député de la
Seine prit une part très active dans l'admi-
nistration de cette affaire importante et déli-
cate, malgré qu'aucune compétence spéciale
l'eût désigné. Il demanda et obtint que l'an-
cien administrateur disparut et il prit lui-
même le commandement d'un « Comité de
Direction » avec un autre représentant de la
B. I. C. M. Calary, vers novembre 1920, exer-
çait tous les pouvoirs, 20, rue de la Boétie ;
c'est à lui qu'incombe la responsabilité de lour-
des erreurs, comme par exemple certains
achats de bateaux dans des conditions désas-
treuses et malgré les avis autorisés qui lui
furent donnés.
« C'EST M. CALARY DE LAMAZIÈRE QUI FIT NOM-
MER DIRECTEUR UN CERTAIN JASSON QUI, PENDANT
SON RÈGNE DE QUELQUES SEMAINES, AURAIT TROU-
VÉ iLE MOYEN DE FAIRE GAGNER A L'UN DE SES
ASSOCIÉS, SUR DES SPÉCULATIONS DE SUCRE, UNE
SOMME D'ENVIRON 800.000 FR. ».
Le Comité Calary dura environ quatre mois,
durant lesquels l'avoir d'une société que l'on
pouvait parfaitement remettre à flot a été
définitivement compromis dans des conditions
que la justice peut aisément connaître.
« Quant au rapport de M. Cruchon, il faut
savoir comment il a été établi. C'est bien M.
Calary qui a provoqué l'enquête, mais il en
avait d'avance précisé le résultat. L'expert
a été orienté de telle façon, que les intéressés,
relevant des erreurs matérielles, demandèrent
une contre-expertise et le jugement d'un tiers
arbitre qui fut, je crois, M. Doyen. La com-
mission parlementaire, si elle cherche la lu-
mière rians_lp. rapport que M. Cruchon a fait
certainement -en toute conscience, ne sera
éclairée que par la lanterne de M. Calary.
Pour me résumer, je puis dire que la remise
du comité de direction de la S. M. P. aux
m'ains du député contre lequel on demande
actuellement des poursuites a été une faute
grave, avant d'être pour l'intéressé lui-même
un redoutable péril ».
Tels sont les renseignements que nous avons
pu recueillir d'une source autorisée. Il n'est
pas sans intérêt de rappeler que M. Jasson,
dont il est question plus haut, est un client
de la Banque de l'Indo-Chine et le précieux
auxiliaire de M. Thion de la Chaume dans
certaines combinaisons d'affaires. Cette liai-
son explique, semble-t-il, les résultats de la
gestion du directeur choisi par M. Calary.
Enfoncer la Pacifique, c'était hâter le nau-
frage de la B. I. C. — ainsi le mystère se dis-
sipe.
Pierre DIONNE.
AVANT D'ALLER A LA HAYE
M. POINCARÉ POLÉMIQUE
AVEC M. LLOYD GEORGE
■ i ! — .■■■ !■ i i.ni r ————^
La restauration de la Russie, dit-il, ne sera possible qu'avec
la bonne volonté du gouvernement russe, quel qu'il soit. n
■ 1 -
Nous avons publié hier matin les gran-
des lignes de la réponse du gouvernement
britannique au mémorandum français du 2
juin relatif à la Conférence de La Haye.
M. Poincaré a tenu à répliquer à M. Lloyd
George et de sa meilleure encre il a écrit
hier une réponse qui a été remise dans la
soirée à l'ambassade d'Angleterre à Paris, et
communiquée aux puissances invitées à la
conférence de La Haye à l'exception de la
Russie. En voici les passages essentiels :
« En présentant aux gouvernements qui
avaient participé à la conférence de Gênes
sa' note du 2 juin, le gouvernement français
s'est efforcé de dissiper les obscurités que les
discussions et les procês-verbaux de cette réu-
nion ont laissé subsister dans l'esprit de la
plupart de ceux qui y ont assisté. Il a cher-
ché, en outre, à permettre à la réunion proje-
tée de travailler suivant des méthodes claires
et pratiques, tout en se conformant aux résolu-
tions de Cannes, trop souvent oubliées à Gê-
nes.
« Puisque la difficulté qu'a eue le gouver-
nement britannique à répondre rapidement à
notre note ne provenait pas de la force des
arguments invoqués, il eût été désirable qu'il
donnât quelque preuve de cette confusion dans
les pensées et de cette ignorance du sujet dont
il parle dans la réponse remise au ministère
des affaires étrangères le 11 juin. Il s'est bor-
né à appeler l'attention sur quelques points du
mémorandum du 2 juin qui lui ont paru être
traités d'une manière peu conforme aux -éso-
lutions de Cannes et aux conclusions de Gê-
nes, ma-is les observations qu'il a présentées
à ce sujet sont la conséquence de méprises ou
de malentendus ».
Le programme de La Haye
Y aura-t-il à La Haye des « représentants »
ou experts, ou des diplomates ?
« Dans l'esprit du gouvernement de Sa Ma-
jesté, cette conférence préliminaire de « re-
présentants », que semblait envisager le pro-
cès-verbal du 14 mai, ne devrait donc pas exis-
ter. Il s'agirait seulement d'une première réu-
nion d'experts à l'exclusion des exaexta nui-
ses, pour fixer, d'abord les règles de procé-
dure sans toucher aux questions de fond ni
en droit ni en fait o).
« Mais le 25 juin, les experts se réuni-
raient tous, ceux des Russes compris, pour
s'occuper non pas de questions de principe
dont la .discussion fournirait .«uiement une
occasion favorable à la propaSande soviétique,
mais des moyens pratillUes de rétablir, entre
la Russie et le.° autres pays intéressés des
rp.'ations nomades. ®
Or, il n'y a pas accord entre les puissances
sur les propositions d'ordre pratique à pré-
senter aux Russes. [Plusieurs d'entre elles
n'interprètent pas la situation comme le gou-
vernement britannique.
Après avoir évoqué sa demande de retrait
du, mémorandum russe du 11 mai, M. Poin-
caré ajoute : « Le gouvernement français
avait réservé sa liberté d'action pleine et en-
tière et il n'est tenu par aucun engagement »,
et il estime que les révolutions de Cannes de-
vaient, le cas échéant, servir de règle impé-
rative à la Haye.
La propriété privée en Russie
« En ce qui concerne la propriété privée,
le gouvernement français s'est borné à rap-
peler les principes posés dans le rapport de
Londres, rédigé par les experts des gouver-
nements alliés. Le gouvernement français re-
connaît parfaitement le droit de réquisition
dont il a usé lui-même, mais à la condition
formelle d'une juste et préalable indemnité
que le gouvernement des Soviets, dans sa si-
tuation actuelle, n'est pas en mesure d'aesu-
rer, sauf peut-être dans quelques cas limités.
Toute compensation offerte dans ces - condi-
tions serait illusoire pour l'intéressé ou rui-
neuse pour la Russie. Aussi, pour éviter
d'aboutir à un arrangement qui serait une
duperie, la restitution de la propriété doit-
elle êtse la règle et la compensation l'excep-
tion.
« Le gouvernement français n'a nullement
l'intention d'imposer au gouvernement russe,
contrairement au principe de la souveraineté,
l'introduction de tel ou tel principe dans sa
législation, mais les états étrangers, qui sont
également souverains, ont le droit et le de-
voir de se réserver la liberté de ne point trai-
ter avec un pays qui n'accorde pas à leurs
ressortissants les garanties sur lesquelles ils
peuvent compter dans tout pays civilisé. »
Les Soviets ont d'ailleurs renoncé à leurs
doctrines et à leur législation intérieure, en
traitant avec certaines puissances.
La restauration de la Russie
« n ne faut pas se méprendre sur la façon
dont le gouvernement français entend l'éta-
blissement d'un plan de restauration de la
Russie. »
La France désire lte relèvement de la Rus-
sie, mais elle veut un programme positif.
L'attitude de la délégation russe à Gênes n'a
pas permis que la situation fût étudiée avec
elle. C'est cette étude qu'il faudra reprendre,
surtout en 'procédant à des enquêtes sur
place.
La restauration de la Russie ne sera pos-
sible qu'avec 'la bonne volonté du gouverne-
ment russe, quel qu'il soit.
Pas de politique à. La Haye
« Le gouvernement français voudrait, ei la
réunion de La Haye a lieu, qu'on en bannît
toute discussion politique pour s'en tenir
à l'étude des moyens pratiques de régler en
fait la question des dettes, la question de la
propriété privée et la question des crédits,
mais il persiste à recommander un examen
préalable, en dehors des Russes, des propo-
sitions alors présentées d'un commun ac-
cord..»
Les dettes russes
Ea ce qui concerne les dettes de la Rus-
sie, Je gouvernement français ne peut que se
référer à son mémorandum du 1er juin. Il
lui est impossible d'accepter dès maintenant
une réduction quelconque de sa créance de
guerre sur la Russie. La délégation française
l'a déclaré à Gênes. La délégation britanni-
que s'est dite d'accord et a accepté un texte
rédigé par les experts et inséré dans le mé-
morandum du 2 mai.
« Quant aux emprunts russes d'avant-
guerre, le gouvernement français tient es-
sentiellement à ce que les droits des por-
teurs soient reconnus et respectés et à ce
que des garanties effectives, soient données par
les Soviets.
« A l'égard des crédits, il paraît au gou-
vernement français comme au gouverne-
ment britannique que la Russie n'en trou-
vera que si elle offre des conditions qui sa-
tisfassent les prêteurs. Le gouvernement
français a indiqué quelques-unes de ces con-
ditions.
Si la Russie était livrée au pillage.
Le gouvernement britannique laisse entre-
voir que si les trois questions qui doivent
être soumises aux experts de La Haye ne
reçoivent pas de solution satisfaisante, la
Mussie sera livrée aux chasseurs de conces-
sions, c'est-à-dire en fait au pillage et que
les gouvernements étrangers n'auront aucun
moyen d'empêcher un tel mouvement. Si le
gouvernement britannique entend par là que
propriétaires ou concessionnaires légitimes
pourraient être dépossédés et remplacés par
d'autres, une telle spoliation, comme il a été
exposé dans le mémorandum français du 1er
juin, soulèverait la réprobation unanime des
nations civilisées et rendrait Impossible la
reprise de relations normales avec la Russie.
Elle conduirait fatalement à des mesures de
représailles contre les ressortissants des
Etats qui n'auraient pas interdit à leurs na-
tionaux ou auraient encouragé des spécula-
tions aussi coupables.
Pour éviter de si déplorables conséquences,
les nations qui enverront des experts à La
Haye doivent, de toute évidence, se mettre
d'accord sur quelques idées directrices. Si-
non, il est à craindre que la prochaine réu-
nion n'aboutisse pas plus que la conférence
de Gênes.
—————————— > - CI." - ( ———————————
Le droit d'auteur
chez les cuisiniers
La création d'un plat nouveau, demande-
t-il à son auteur moins de talent ou de gé-
nie, suivant la saveur et la nouveauté du
mets, que toute autre invention ?
Nous ne pensons pas.
Certains cuisiniers sont de véritables ar-
tistes. Non pas, comme on peut l'entendre
couramment, artiste en leur profession, ce
qui peut se dire d'un bon artisan, mais ar-
tiste dans le sens actuel du mot, artiste
comme un peintre, un écrivain peuvent
l'être.
La cuisine est un art, qui s'adresse à un
sens : le goût, comme la beauté architec-
turale s'adresse à la vue. Et le goût n'est
pas un sens inférieur. Il sait comprendre
la multitUfde des nuances comme la vue
peut apprécier la multitude des formes.
Pour un palais éduqué, il est de ces
nuances qui sont de purs chefs-d'œuvre.
Chefs-d'œuvre élaborés avec patience et
amoureusement cuisinés. Chefs-d'œuvre qui
ne sauraient le .céder en aucun point, sur
ceux de n'importe quel autre art.
Ces chefs-d'œuvre, fruits d'une vie de
labeur, sont des chefs-d'œuvre anonymes.
Qui connaît aujourd'hui le nom du maî-
tre-coq qui a inventé le civet ? Pour le
bonheur du genre humain, ce génial cuisi-
nier n'a-t-il pas fait plus que bien des pe-
tits poètes dont vous trouverez la biogra-
phie dans le Petit Larousse ? On aimerait
à connaître sa vie, à savoir comment il est
arrivé à allier si judicieusement tous les
ingrédients qui composent la sauce. On
ignore même son nom !
Le droit d'auteur chez les cuisiniers ?
Mais pourquoi pas ? Certains le récla-
ment aujourd'hui, il n'est nulle raison pour
le leur refuser.
Un droit d'auteur qui ne pourrait peut-
être pas être celui que les hommes de let-
tres ou que les auteurs dramatiques perçoi-
vent ; mais un droit d'auteur tout de mê-
me quand ce ne serait que pour l'honneur,
pour rendre aux cuisiniers ce qui est bien
à eux ; un droit de paternité officiellement
reconnu, un grand livre d'or des artistes
culinaires. Et sur ce grand livre d'or, je
voudrais que l'on note non seulement les
créations contemporaines, mais toutes celles
aussi qui ont fait de la cuisine française
la première cuisine du monde.
H est parmi les cuisiniers des éruidits.
Ceux-là se chargeraient d'élaborer cette
longue liste rétrospective et peut-être, grâ-
ce à ce livre d'or, le nom de l'auteur du
civet (je' tiens à mon exemple) serait-il tiré
de l'oubli ; tout au moins d'autres noms
seraient, comme ils le méritent, légués à la
reconnaissance des générations futures.
Robert DUBARD.
LIRE A LA TROISIEME PAGE :
LA SEMAINE MUSICALE
de Louis Yuillemia
LES RELATIONS DIFFICILES
LaRépiililiqueEl le Vatican
Où l'on voit les conséquences de l'épitre
germanophile du Pape à
l'archevêque de Gênes.
Rome, 11 juin (D. N. C. P.). — L'accord
entre la République et le Vatican que
croyait avoir si bien établi M. Briand en en-
voyant M. Jonnart à Rome paraît aujour
d'hui singulièrement précaire. L'ambassa-
deur dont on disait merveille a été complè-
tement impuissant a tourner au profit des
intérêts français cette « présence à Rome >
réclamée par des hommes qui se disaient af-
franchis du sentiment clérical. Le fiasco est
complet; nous en sommes à un premier in-
cident qui ne saurait manquer d'être suivi
par beaucoup d'autres, car le cardinal Rati
que l'on disait ami de la France s'est affir-
mé, depuis qu'il est pape, germanophile ar-
dent.
L'affaire dont le président du Conseil a dû
entretenir récemment la commission sénato-
riale présidée par M. Doumergue, est née de
la lettre écrite par le. Pape à l'archevêque de
Gênes au moment de l'ouverture de la Confé-
rence. Nous avons relevé en son temps la
phrase dans laquelle le Pape, prêchant la
paix des âmes, faisait allusion au désarme-
ment et à l'attitude belliqueuse de la France.
Les applaudissements de l'Allemagne de-
vaient donner immédiatement sa véritable
portée à l'épître pontificale, manifestement
dirigée contre notre pays.
M. Poincaré fit connaître à la Commission
que le gouvernement avait immédiatement
protesté contre l'attitude du Saint Siège,
mais il ne semble pas qu'il ait jusqu'ici ob-
tenu la moindre satisfaction. Le Vatican se
réfugie en effet dans la casuistique.
« Le Pape, dit-il, n'a pas donné à sa lettre
une forme diplomatique, elle est un acte de
Pontife à évêque, d'ordre purement aposto-
lique et qui d'ailleurs ne vise pas un seul
état, mais tous les états, invités à baser leur
confiance bien plus sur la pacification que
sur le sort des armes ».
Cette réponse ne pouvait pas satisfaire le
gouvernement français qui, dit-on à Rome,
souleva en guise de représaille la question
de la préséance 'du nonce dans les cérémo-
nies d'un caractère non religieux.
Bien entendu, le Saint Siège affecte de ne
voir là qu'un acte inamical, car il allègue fla
tradition et protocole qui fait du nonce le
doyen du corps diplomatique. En outre, on
rappelle dans l'entourage du Pape que M.
Ceretti, l'un des plus éminents diplomates
romains, ne peut se voir contester le droit de
représenter le Saint-Siège politiquement.
On remarque enfin que, si une observation
avait dû être faite à ce sujet, on pouvait en
trouver l'occasion, quand le nonce, parlant à
Reims,' il y a quelques sema-ines n'hésita pas
à formuler un jugement sur la guerre, dé-
clarant que « la France avait combattu pour
la justice ». On estime, ici, que ce langage
ne pouvait être approuvé par la Seerétaire-
rie d'Etat, puisque durant toute la guerre
elle n'avait cessé de proclamer « qu'elle n'a-
vait pas des éléments suffisants pour se pro-
noncer en faveur de l'un ou de l'autre des
deux partis belligérants ».
On voit que l'embarras est grand à Rome,
mais M. Poincar-é aura lui-même besoin de
toute sa force de dialectique pour soutenir
un point de vue profondément juste au nom,
du sentiment national français.
Il n'entre certainement pas dans l'-esprit
du président du Conseil de chercher une
mauvaise querelle, pour prendre oblique-
ment une revanche, mais H ne pouvait lais-
ser passer sans protester une manifestation
pontificale aussi nettement favorable b noe
adversaires que celle à laquelle se livre
Pie XI, en écrivant à l'archevêque de Gênes
une lettre qui constituait une censure de la
politique française. — L. R.
N. D. L. R. — On a communiqué hier aux
agences un démenti des commentaires parus
dans différents journaux sur les incidents
dont il est question ci-dessus. Le démenti est
conçu dans une forme si peu précise qu'il ap.
paraît bien comme un acte de simple cour.
toisie.
L'AFFAIRE BASSARABO
devant le jury
Suite des témoignages
Héra Myrtel a pardonné à ses rivales
Aussi infatigable que Landru, Mme Bassa-
rabo a passé, .paraît-il, sa journée de dimanche
à relire son dossier et à prendre des notes.
Sans doute aussi a-t-elle fait quelques ré-
flexions sur l'opportunité de certaines attitu-
des, car on a pu noter dans son allure un
heureux changement. Plus de longues tirades,
d'éclats de voix. Avec une grande douceur, elle
se contente de rectifier les témoignages qui lui
sont par trop défavorables, mais il n'y a dan*
son ton aucune animosité.
On pouvait craindre que sa confrontation
avec les amies de son mari ne .se passerait
pas sans orage. Il n'en fut rien, et les efforts
de l'accusation qui avait tout à espérer d'un
choc un peu violent d'où aurait pu jaillir quel-
que étincelle révélatrice, ne parvinrent point
à faire sortir Héra Myrtel de son calme angé-
lique. Même, dans un .beau geste qui ne parut
cependant pas toucher le cœur de 'l'auditoire.
elle étendit la main vers la plus jeune de ses
rivales en lui assurant qu'elle lui avait par-
donné !
f
Parmi les dépositions entendues hier, il faut
citer celle de M. Signoret, pharmacien à Lyon,
à qui M. Jacques, premier mari d'Héra Myrtel,
avait confié sa crainte d'être empoisonné.
Le docteuT Paul, médecin légiste, émit l'opi.
nion que M. Bassarabo avait dû être tué pen-
dant son sommeil.
Défilèrent ensuite un certain nombre d'ex-
perts. ,
Pour le docteur Roubinovitch, qui a pro-
cédé à l'examen mental de Mme Bassarabo,
i!l tfest pas douteux que celle-ci est en pleina
possession de ses facultés.
Pour MM. Laforest, Rigaud et Lamaron, ex-
perts en écritures, il n'est pas douteux non
plus que le fameux billet bleu par lequel 'M.
Bassarabo incitait sa femme à expédier la
malle à Nancy est un faux, aussi bien que la
signature du pouvoir que Mme Bassarabo pré-
tend lui avoir été remis par son mari.
C'est Paule Jacques, d'après fies experts, qui
aurait écrit le billet bleu.
« Le reconnaissez-vous ? » questionne la
président.
Moine disposée encore aux confidences ouà
abonnements 1 an 6 m. 3 m.
Seine et S.-et-O. 26 > 13 » 1 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 60
Etranger 65 » 28 » 15 «
Direction et Administration
24, Bd Poissonnière (9°)
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Publiaitt et Annonces
aux Sureaux du Jourral
V J
LA \« LANTERNE)) DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
46' ANNEE - ? 16.388 1
MARDI
13
JUIN 1922
D1 recteur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non inséré*
M BOAt pas rendua
1
L'argument
démagogique
J.e me permets — m.ans c'est par mo-
idestie — de commencer ce bref article
par le haïs-saible « Je ». pour dire que
je ne suis pas d'accord, — oh ! mais
pas du tout. — avec ce que M. Félix
Hautfort disait hier à cette place
même.
En vérité, je ne pense pas que le la-
tin et le grec soient nécessaires pour
scier du fboâs ou 'balayer un bureau,
mais j'attends encore qu'on mie dé-
m-ontre qu'ils y soient un empêche-
ment.
Et s'ils n'y constituent pas un empê-
chement, je me permets de demander
aux détenteurs de ce latin qui en font
fi : « de quel droit prétendez-vous en
priver les autres ? »
Le dikimime est, d'ailleurs, d'une
simplicité de tenailles :
« Ou 'bien vous ne savez pas ce que
c'est que les humanités et vous n'avez,
moralement, pas le droit d'en parler ».
« Ou bien, vous savez ce que c'est et
on vous demande sur quoi vous vous
frasez pour en refuser le bénéfice à au-
jfcrui ? »
Il est prodigieux que la « guerre au
fatin » ait pu, un instant, avoir l'appa-
rence d'une attitude démocratique —
alors que c'est au contraire « le latin
pour tous » qui, seul, pouvait être un
programme et un centre de ralliement.
On admet que Révolution et Répu-
blique signifient tout d'abord « aboli-
tion des privilèges ». Soit ! Mais alors,
(Comment justifier le 'maintien de cet
exorbitant privilège classique qui
est (c'est incontestable en fait) le pri-
vilège des joies supérieures de l'esprit,
de la .politesse intellectuelle, et de la
bonne tenue civique ?
Car il est bien entendu, n'est-ce pas,
qu'on n'est pas assez fou pour songer
à abolir lie trésor des lettres gréco-lati-
nes ? Biles sont et elles demeureront en
Idépit de ceux qui les ignorent ou les mé-
connaissent. Et si le privilège en doit
subsister, pourquoi en limiter le béné-
fice à des élus de plus en plus rares —
qui sont les élus de la naissance et de
l'argent
(Savez-vous - ce -qui serait explicable
et normal ? C'est que tous les « pos-
sédants », les rétrogrades, les réaction-
maires, fussent partisans poldtique-
Sment de la diminution des études clas-
siques pour s'en réserver île privilège
'{clérical (ce imot étant pris dans son
sens vrai étymologique et qu'inver-
sement tous les démocrates en revendi-
quent franchement l'extension pour
tous.
Force est bien de reconnaître que la
réalité se maniiifeste en sens contraire
- et c'est déconcertant, et je n'en suis
pas fier.
Dire qu'on n'a pas besoin de latin
pour enfiler son caleçon et cirer ses
frottes, c'est de la démagogie : car c'est
arracher trop facilement une approba-
tion 'à ceux qui, obscurément (et légi-
timement 'sans doute) envient ceux qui,
par fortune, jouissent précisément de
ce qui leur manque.
L'excellent discours die Bracke à
la Chambre est doublement excellent
a mes yeux. En lui-même, d'abord, et
ensuite parce qu'il émane d'un socia-
liste, et d'un socialiste doctrinaire et
hautement intransigeant.
Il fallait que, pour sauver l'honneur,
junc voix s'élevât de l'extrême-gauche
et montrât ainsi qu'on n'est plus dupe
pu faux argument, démocratique, et qui
n'est, à vrai dire que démagogique.
J,e suis de ceux qui pensent que dans
^immense trésor de l'Humanité, la
langue française et la pensée fran-
çaise qu'elle expritae, sont parmi les
plus nobles, les plus belles, les plus
précieuses intrinsèquement. Les con-
naître, les pénétrer, c'est une joie per-
manente, continue, sans cesse aug-
mentée. Mais comme toutes les pures
joies, elle veut impérieusement être
partagée, elle appelle la communion.
Comment voudriez-vous que celui qui
en goûte le bienfait ne cède pas au sen-
timent généreux de le faire partager ?
Or, je vous le dis en vérité, il n'est
pas de vraie langue française, il n'est
pas de totale pensée française, sans
culture classique préalable, même ou-
bliée,, même méconnue. »
Il y a des exceptions, je sais. De no-
tariés exceptions. Mais de même que
tout le monde ne peut pas être orphe-
Lin, tout le monde ne peut pas être ex-
ceptionnel. C'est une règle qu'il s'agit
d'établir.
Il n'y a pas d'exception pour la ca-
serne qui est une servitude. Pourquoi
y en aurait-il pour le droit de s'abreu-
ver aux sources — qui est une gran-
id eur ?
Victor SNELL.
■ > —> a»»6^»
Les meublés en banlieue
On se préoccupe actuellement de combat-
tre l'épidémie de meublés à Paris, qui est
une des raisons de la crise du logement. Mais,
que dire des meublés dans les petits agglo-
mération de banlieue. Il n'est pas en certains
de ces endroits un locataire qui ne sous-loue
en partie son pavillon. Les demandes des Pa-
risiens défassent encore l'offre des banlieu-
sards, aussi le prix des rares meublés qui
restent encore disponibles dépassent-ils tout
ce que l'on peut imaginer. On demande, sur
la ligne du Nord, jusqu'à une demi-heure de
Paris, de 2.500 à 3.500 pour un appartement
de quatre pièces dans une villa. Ceci pour la
saison, c'est-à-dire pour quatre mois.
Les chambres se louent de 150 à 200 francs
par mois. Encore les propriétaires ont-ils tou-
tes les exigences. Nous en connaissons une
qui spécifie que ses sous-locataires ne devront
recevoir personne.
— 'Cela fait de la saleté, dit-elle.
Un petit pavillon loué 800 francs par an,
à Saint-Leu, est sous-doué 3.000 francs.
De nombreux propriétaires se réservent les
sous-sols, louant pendant la belle saison toute
leur maison. Ils en tirent un revenu appré-
ciable. Ces personnes ne paient aucune taxe.
La sous-location est toujours clandestine,
tout au moins pour le fisc, car dans la loca-
lité on n'en ignore rien. Il y a là un abus,
contre lequel les municipalités sont impuis-
santes. Devrait-on arriver à la taxation des
meublés ?
—————————— ? — -.- - ç ——————————
Les versements de VAllemagne
Contrairement à ce que laisse entendre un
journal étranger, rien ne permet de suppo-
ser que le gouvernement allemand n'effec-
tuera pas le 15 juin le versement de 50 mil-
lions de marks or en devises étrangères pres-
crit par le moratoire du 21 mars, confirmé le
31 mai.
La Berliner Montag Post écrit :
« Le gouvernement ne songe nullement à
suspendre les payements pour le compte des
réparations, mais il lui est impossible, à la
suite du refus provisoire d'accorder un em-
prunt à l'Allemagne, de renoncer à l'émission
de nouveaux billets de banque. »
Le Comité des garanties à Berlin
C'est à la fin de .la semaine que le comité
des garanties se transportera à Berlin pour
y organiser le service de contrôle prévu par
les arrangements du 31 mai. Les mesures de
contrôle sur les recettes et dépenses du Reich
doivent en effet faire « l'objet de délibérations
détaillées avec le comité des garanties ».
Celui-ci est composé des délégués adjoints
à la commission des réparations et des chefs
du service financier de chaque délégation. Il
est présidé par M. Mauclère.
Le séjour à Berlin du comité des garanties
sera d'au moins quinze jours.
————————— , .- - * -
France et Allemagne
Répondant à l'invitation du « Bund neues
Vaterland », la Ligue Française des Droits de
l'Homme envoya quelques-uns de ses lea-
ders à Berlin. MM. Ferdinand Buisson, Renau-
del et Basch ont parlé dans la salle des séan-
ces du Reichstag.
Des paroles de grande générosité ont été
prononcées par nos compatriotes, elles furent
écoutées avec satisfaction pas quelques Alle-
mands, pacifistes loyaux; mais il serait naïf
de supposer qu'il en puisse résulter un chan-
gement, si léger soit-il, dans nos relations
avec le Reich.
Si nous avions un doute à ce sujet, il se-
rait dissipé par les commentaires de la presse
berlinoise. Le mot d'ordre est : Pas d'entente
avec la France!
Les plus modérément gallophobes posent
leurs conditions! Ils demandent d'abord l'é-
vacuation des territoires encore occupés, et
l'occasion paraît bonne pour les pangerma-
nistes de protester contre « la loi de la force »
imposée par les alliés.
Il s'est pourtant trouvé dans ces réunions
d'hommes de bonne volonté des Allemands
pour reconnaître le droit de la France aux ré-
parations, mais la voix de ces « minoritaires »
fut promptement étouffée par les clameurs in-
dignées des nationalistes teutons.
« Une hirondelle ne fait pas le printemps,
a dit von Gerlach, mais elle en annonce le re-
tour » Rien de plus vrai pour l'hirondelle,
mais quelle colombe apportera aux peuples
le rameau d'olivier ?
Certes, s'il n'y avait que des Français com-
me Ferdinand Buisson et des Allemands com-
me Gerlach, il est à croire que l'on trouverait
le secret de la vraie paix; mais le pacifisme
n'est encore qu'une religion dont le culte est
célébré dans de petites chapelles, et c'est par
une exception sensationnelle qu'il a pu dé-
ployer ses pompes au Reichstag.
Est-ce à dire que des discours comme ceux
qui furent prononcés dimanche à Berlin
soient des harangues dans le désert ? Certes
non! Il est nécessaire que de telles choses
soient dites, mais ne nous berçons pas du fol
espoir que les actes puissent suivre demain de
telles pensées. Retenons seulement, pour nos
apaisements, que l'accord est complet sur un
point : l'impossibilité d'une. nouvelle guerre
avant longtemps! C'est là le pacifisme par
nécessité devant lequel les forcenés ravageurs
s'inclinent.
F. H.
———————————
ISflancjeons des légumes
Les médecins nous recommandent, en pa-
reille saison, de préférer les végétaux à la
viande.
Vous pensez réaliser une économie en adop-
tant le régime végétarien, tout en vous con-
servant en, bonne santé. Si cela est vrai,
ce n'est qu'une espérance vaine. « La lé-
gume » est, en dépit du temps propice à la
culture maraîchère, chère, horriblement chère.
Seuls lès oignons ont baissé. Mais les salades,
les haricots verts, tous les légumes de la sai-
son, se maintiennent à des prix vraiment
prohibitifs.
Les fruits sont de même inabordables aux
petites bourses. Combien de ménages pari-
siens qui n'ont pas encore mangé de fraises,
bien que nous entrions en pleine saison.
Les prix pratiqués au détail sont double-
ment excessifs, car ils ne correspondent même
pas aux prix de gros du marché des Halles.
En voulez-vous un exemple : la salade, qui
cote aux Halles 0 fr. 0'5 à 0 fr. 30, se vend
couramment ehes les fruitiers 0 fr. 75 et même
1 f r. la. têt§-
UN NOUVEAU PANAMA ?
Les PARLEMENTAIRES
et la Société du Pacifique
i 1 f -
Quelques éclaircissements avant les révélations
sensationnelles que la Commission de la Chambre
attend de M. Calary de Lamazière
a ———————
La commission de la Chambre chargée de
statuer sur la demande en autorisation d'e
poursuites présentée par le Parquet contre M.
Calary de Lamazière, député, se réunira au-
jourd'hui. Elle entendra le garde des Sceaux,
mais elle aura aussi l'occasion de demander
au député de la Seine mis en cause, des préci-
sions qu'il n'a pas cru devoir fournir mardi
dernier.
Interrogé par un membre de la commission
sur les raisons pour* lesquelles il quitta la
Société du Pacifique, dont il avait quelques
mois assumé la gestion, M. Calary de Lama-
zière répondit :
« En présence de certains agissements qui
m'ont paru suspects, j'ai donné ma démis-
sion. je ne comprends d'ailleurs pas*qu<*.?e
procureur général me poursuive seul, alors que
d'autres parlementaires.».
Ces paroles ne pouvaient manquer de surex-
citer vivement la curiosité de la commission,
mais M. Calary se contenta de déclarer que le
rapport tfait par l'expert Cruchon sur les affai-
res de la Société du Pacifique suffisaient à
éclairer ses collègues.
*
* #
C'était en dire trop ou trop peu. M. Calary
de Lamazière connaît bien mal les assemblées
parlementaires s'il a pu croire un seul instant
qu'il ne serait pas amené à préciser ses insi-
nuations : « Les noms ! les noms ! », disait-
on à Jules Delahaye dans les tumultueuses
séances consacrées à l'affaire du Panama. Si
l'ancien administrateur de la B. I. C. et de la
Pacifique a pensé qu'il ferait reculer la com-
mission et la Chambre devant l'énormité d'un
scandale mystérieux, il s'est grossièrement
trompé. De qui a-t-il voulu parler ? Les parle-
mentaires compromis, fussent-ils cent quatre,
doivent être démasqués. à moins qu'il n'y
ait ni cent quatre, ni même quatre coupables,
mais seulement une manœuvre dont il n'est
pas impossible de mesurer le but et la portée.
Nous en sommes, quant à présent, réduits
aux suppositions. A qui M. Calary de Lama-
zière a-t-il fait allusion ?
Est-ce à M. Paul Bluysen, député, qui fut en
effet' administrateur de la Société maritime
du Pacifique, dont le sort n'était d'ailleurs
pas indifférent aux intérêts dont il a la charge
en sa qualité de représentant de l'Inde fran-
çaise ?
Est-ce de M. Henry Paté, député de Paris ?
On a beaucoup parlé des prétendues opérations
de l'ancien commissaire aux effectifs et à l'édu-
cation physique ; 'elles se réduisent, nous affir-
me-t-on, à un débit en compte-courant à la
suite d'un aval qu'il avait donné. Rien là de
mystérieux, ni surtout de délictueux.
Enfin, il a été question d'un chèque de
600.000 francs. Le bénéficiaire n'en serait au-
tre qu'un député de la majorité dont la noto-
riété suffisait à stimul-er les imaginations et
à déchaîner les polémiques. Or, il n'y a pas
eu le moindre chèque de 600.000 fr. et cela ré-
sulte d'une enquête faite à la requête du dé-
puté intéressé par le procureur général lui-
même. Rien ! absolument rien qu'un racontar
dont on ne parvient pas à retrouver la source.
Voilà ce que nous savons ; mais il reste à
entendre les révélations sensationnelles de M.
Calary de Lamazière.
*
**
En l'absence de M. Galusser, ancien admi-
nistrateur délégué de la Pacifique, parti pour
Londres, nous avons pu joindre un des prin-
cipaux actionnaires de la S. M. P., dont nous,
résumons ci-dessous les déclarations :
« C'est durant l'été de 1920 que, sur les ins-
tances d'un administrateur de la Pacifique,
son ami personnel, M. Calary de Lamazière,
a été pressé d'entrer dans le Conseil. Immédia-
tement après les vacances, le député de la
Seine prit une part très active dans l'admi-
nistration de cette affaire importante et déli-
cate, malgré qu'aucune compétence spéciale
l'eût désigné. Il demanda et obtint que l'an-
cien administrateur disparut et il prit lui-
même le commandement d'un « Comité de
Direction » avec un autre représentant de la
B. I. C. M. Calary, vers novembre 1920, exer-
çait tous les pouvoirs, 20, rue de la Boétie ;
c'est à lui qu'incombe la responsabilité de lour-
des erreurs, comme par exemple certains
achats de bateaux dans des conditions désas-
treuses et malgré les avis autorisés qui lui
furent donnés.
« C'EST M. CALARY DE LAMAZIÈRE QUI FIT NOM-
MER DIRECTEUR UN CERTAIN JASSON QUI, PENDANT
SON RÈGNE DE QUELQUES SEMAINES, AURAIT TROU-
VÉ iLE MOYEN DE FAIRE GAGNER A L'UN DE SES
ASSOCIÉS, SUR DES SPÉCULATIONS DE SUCRE, UNE
SOMME D'ENVIRON 800.000 FR. ».
Le Comité Calary dura environ quatre mois,
durant lesquels l'avoir d'une société que l'on
pouvait parfaitement remettre à flot a été
définitivement compromis dans des conditions
que la justice peut aisément connaître.
« Quant au rapport de M. Cruchon, il faut
savoir comment il a été établi. C'est bien M.
Calary qui a provoqué l'enquête, mais il en
avait d'avance précisé le résultat. L'expert
a été orienté de telle façon, que les intéressés,
relevant des erreurs matérielles, demandèrent
une contre-expertise et le jugement d'un tiers
arbitre qui fut, je crois, M. Doyen. La com-
mission parlementaire, si elle cherche la lu-
mière rians_lp. rapport que M. Cruchon a fait
certainement -en toute conscience, ne sera
éclairée que par la lanterne de M. Calary.
Pour me résumer, je puis dire que la remise
du comité de direction de la S. M. P. aux
m'ains du député contre lequel on demande
actuellement des poursuites a été une faute
grave, avant d'être pour l'intéressé lui-même
un redoutable péril ».
Tels sont les renseignements que nous avons
pu recueillir d'une source autorisée. Il n'est
pas sans intérêt de rappeler que M. Jasson,
dont il est question plus haut, est un client
de la Banque de l'Indo-Chine et le précieux
auxiliaire de M. Thion de la Chaume dans
certaines combinaisons d'affaires. Cette liai-
son explique, semble-t-il, les résultats de la
gestion du directeur choisi par M. Calary.
Enfoncer la Pacifique, c'était hâter le nau-
frage de la B. I. C. — ainsi le mystère se dis-
sipe.
Pierre DIONNE.
AVANT D'ALLER A LA HAYE
M. POINCARÉ POLÉMIQUE
AVEC M. LLOYD GEORGE
■ i ! — .■■■ !■ i i.ni r ————^
La restauration de la Russie, dit-il, ne sera possible qu'avec
la bonne volonté du gouvernement russe, quel qu'il soit. n
■ 1 -
Nous avons publié hier matin les gran-
des lignes de la réponse du gouvernement
britannique au mémorandum français du 2
juin relatif à la Conférence de La Haye.
M. Poincaré a tenu à répliquer à M. Lloyd
George et de sa meilleure encre il a écrit
hier une réponse qui a été remise dans la
soirée à l'ambassade d'Angleterre à Paris, et
communiquée aux puissances invitées à la
conférence de La Haye à l'exception de la
Russie. En voici les passages essentiels :
« En présentant aux gouvernements qui
avaient participé à la conférence de Gênes
sa' note du 2 juin, le gouvernement français
s'est efforcé de dissiper les obscurités que les
discussions et les procês-verbaux de cette réu-
nion ont laissé subsister dans l'esprit de la
plupart de ceux qui y ont assisté. Il a cher-
ché, en outre, à permettre à la réunion proje-
tée de travailler suivant des méthodes claires
et pratiques, tout en se conformant aux résolu-
tions de Cannes, trop souvent oubliées à Gê-
nes.
« Puisque la difficulté qu'a eue le gouver-
nement britannique à répondre rapidement à
notre note ne provenait pas de la force des
arguments invoqués, il eût été désirable qu'il
donnât quelque preuve de cette confusion dans
les pensées et de cette ignorance du sujet dont
il parle dans la réponse remise au ministère
des affaires étrangères le 11 juin. Il s'est bor-
né à appeler l'attention sur quelques points du
mémorandum du 2 juin qui lui ont paru être
traités d'une manière peu conforme aux -éso-
lutions de Cannes et aux conclusions de Gê-
nes, ma-is les observations qu'il a présentées
à ce sujet sont la conséquence de méprises ou
de malentendus ».
Le programme de La Haye
Y aura-t-il à La Haye des « représentants »
ou experts, ou des diplomates ?
« Dans l'esprit du gouvernement de Sa Ma-
jesté, cette conférence préliminaire de « re-
présentants », que semblait envisager le pro-
cès-verbal du 14 mai, ne devrait donc pas exis-
ter. Il s'agirait seulement d'une première réu-
nion d'experts à l'exclusion des exaexta nui-
ses, pour fixer, d'abord les règles de procé-
dure sans toucher aux questions de fond ni
en droit ni en fait o).
« Mais le 25 juin, les experts se réuni-
raient tous, ceux des Russes compris, pour
s'occuper non pas de questions de principe
dont la .discussion fournirait .«uiement une
occasion favorable à la propaSande soviétique,
mais des moyens pratillUes de rétablir, entre
la Russie et le.° autres pays intéressés des
rp.'ations nomades. ®
Or, il n'y a pas accord entre les puissances
sur les propositions d'ordre pratique à pré-
senter aux Russes. [Plusieurs d'entre elles
n'interprètent pas la situation comme le gou-
vernement britannique.
Après avoir évoqué sa demande de retrait
du, mémorandum russe du 11 mai, M. Poin-
caré ajoute : « Le gouvernement français
avait réservé sa liberté d'action pleine et en-
tière et il n'est tenu par aucun engagement »,
et il estime que les révolutions de Cannes de-
vaient, le cas échéant, servir de règle impé-
rative à la Haye.
La propriété privée en Russie
« En ce qui concerne la propriété privée,
le gouvernement français s'est borné à rap-
peler les principes posés dans le rapport de
Londres, rédigé par les experts des gouver-
nements alliés. Le gouvernement français re-
connaît parfaitement le droit de réquisition
dont il a usé lui-même, mais à la condition
formelle d'une juste et préalable indemnité
que le gouvernement des Soviets, dans sa si-
tuation actuelle, n'est pas en mesure d'aesu-
rer, sauf peut-être dans quelques cas limités.
Toute compensation offerte dans ces - condi-
tions serait illusoire pour l'intéressé ou rui-
neuse pour la Russie. Aussi, pour éviter
d'aboutir à un arrangement qui serait une
duperie, la restitution de la propriété doit-
elle êtse la règle et la compensation l'excep-
tion.
« Le gouvernement français n'a nullement
l'intention d'imposer au gouvernement russe,
contrairement au principe de la souveraineté,
l'introduction de tel ou tel principe dans sa
législation, mais les états étrangers, qui sont
également souverains, ont le droit et le de-
voir de se réserver la liberté de ne point trai-
ter avec un pays qui n'accorde pas à leurs
ressortissants les garanties sur lesquelles ils
peuvent compter dans tout pays civilisé. »
Les Soviets ont d'ailleurs renoncé à leurs
doctrines et à leur législation intérieure, en
traitant avec certaines puissances.
La restauration de la Russie
« n ne faut pas se méprendre sur la façon
dont le gouvernement français entend l'éta-
blissement d'un plan de restauration de la
Russie. »
La France désire lte relèvement de la Rus-
sie, mais elle veut un programme positif.
L'attitude de la délégation russe à Gênes n'a
pas permis que la situation fût étudiée avec
elle. C'est cette étude qu'il faudra reprendre,
surtout en 'procédant à des enquêtes sur
place.
La restauration de la Russie ne sera pos-
sible qu'avec 'la bonne volonté du gouverne-
ment russe, quel qu'il soit.
Pas de politique à. La Haye
« Le gouvernement français voudrait, ei la
réunion de La Haye a lieu, qu'on en bannît
toute discussion politique pour s'en tenir
à l'étude des moyens pratiques de régler en
fait la question des dettes, la question de la
propriété privée et la question des crédits,
mais il persiste à recommander un examen
préalable, en dehors des Russes, des propo-
sitions alors présentées d'un commun ac-
cord..»
Les dettes russes
Ea ce qui concerne les dettes de la Rus-
sie, Je gouvernement français ne peut que se
référer à son mémorandum du 1er juin. Il
lui est impossible d'accepter dès maintenant
une réduction quelconque de sa créance de
guerre sur la Russie. La délégation française
l'a déclaré à Gênes. La délégation britanni-
que s'est dite d'accord et a accepté un texte
rédigé par les experts et inséré dans le mé-
morandum du 2 mai.
« Quant aux emprunts russes d'avant-
guerre, le gouvernement français tient es-
sentiellement à ce que les droits des por-
teurs soient reconnus et respectés et à ce
que des garanties effectives, soient données par
les Soviets.
« A l'égard des crédits, il paraît au gou-
vernement français comme au gouverne-
ment britannique que la Russie n'en trou-
vera que si elle offre des conditions qui sa-
tisfassent les prêteurs. Le gouvernement
français a indiqué quelques-unes de ces con-
ditions.
Si la Russie était livrée au pillage.
Le gouvernement britannique laisse entre-
voir que si les trois questions qui doivent
être soumises aux experts de La Haye ne
reçoivent pas de solution satisfaisante, la
Mussie sera livrée aux chasseurs de conces-
sions, c'est-à-dire en fait au pillage et que
les gouvernements étrangers n'auront aucun
moyen d'empêcher un tel mouvement. Si le
gouvernement britannique entend par là que
propriétaires ou concessionnaires légitimes
pourraient être dépossédés et remplacés par
d'autres, une telle spoliation, comme il a été
exposé dans le mémorandum français du 1er
juin, soulèverait la réprobation unanime des
nations civilisées et rendrait Impossible la
reprise de relations normales avec la Russie.
Elle conduirait fatalement à des mesures de
représailles contre les ressortissants des
Etats qui n'auraient pas interdit à leurs na-
tionaux ou auraient encouragé des spécula-
tions aussi coupables.
Pour éviter de si déplorables conséquences,
les nations qui enverront des experts à La
Haye doivent, de toute évidence, se mettre
d'accord sur quelques idées directrices. Si-
non, il est à craindre que la prochaine réu-
nion n'aboutisse pas plus que la conférence
de Gênes.
—————————— > - CI." - ( ———————————
Le droit d'auteur
chez les cuisiniers
La création d'un plat nouveau, demande-
t-il à son auteur moins de talent ou de gé-
nie, suivant la saveur et la nouveauté du
mets, que toute autre invention ?
Nous ne pensons pas.
Certains cuisiniers sont de véritables ar-
tistes. Non pas, comme on peut l'entendre
couramment, artiste en leur profession, ce
qui peut se dire d'un bon artisan, mais ar-
tiste dans le sens actuel du mot, artiste
comme un peintre, un écrivain peuvent
l'être.
La cuisine est un art, qui s'adresse à un
sens : le goût, comme la beauté architec-
turale s'adresse à la vue. Et le goût n'est
pas un sens inférieur. Il sait comprendre
la multitUfde des nuances comme la vue
peut apprécier la multitude des formes.
Pour un palais éduqué, il est de ces
nuances qui sont de purs chefs-d'œuvre.
Chefs-d'œuvre élaborés avec patience et
amoureusement cuisinés. Chefs-d'œuvre qui
ne sauraient le .céder en aucun point, sur
ceux de n'importe quel autre art.
Ces chefs-d'œuvre, fruits d'une vie de
labeur, sont des chefs-d'œuvre anonymes.
Qui connaît aujourd'hui le nom du maî-
tre-coq qui a inventé le civet ? Pour le
bonheur du genre humain, ce génial cuisi-
nier n'a-t-il pas fait plus que bien des pe-
tits poètes dont vous trouverez la biogra-
phie dans le Petit Larousse ? On aimerait
à connaître sa vie, à savoir comment il est
arrivé à allier si judicieusement tous les
ingrédients qui composent la sauce. On
ignore même son nom !
Le droit d'auteur chez les cuisiniers ?
Mais pourquoi pas ? Certains le récla-
ment aujourd'hui, il n'est nulle raison pour
le leur refuser.
Un droit d'auteur qui ne pourrait peut-
être pas être celui que les hommes de let-
tres ou que les auteurs dramatiques perçoi-
vent ; mais un droit d'auteur tout de mê-
me quand ce ne serait que pour l'honneur,
pour rendre aux cuisiniers ce qui est bien
à eux ; un droit de paternité officiellement
reconnu, un grand livre d'or des artistes
culinaires. Et sur ce grand livre d'or, je
voudrais que l'on note non seulement les
créations contemporaines, mais toutes celles
aussi qui ont fait de la cuisine française
la première cuisine du monde.
H est parmi les cuisiniers des éruidits.
Ceux-là se chargeraient d'élaborer cette
longue liste rétrospective et peut-être, grâ-
ce à ce livre d'or, le nom de l'auteur du
civet (je' tiens à mon exemple) serait-il tiré
de l'oubli ; tout au moins d'autres noms
seraient, comme ils le méritent, légués à la
reconnaissance des générations futures.
Robert DUBARD.
LIRE A LA TROISIEME PAGE :
LA SEMAINE MUSICALE
de Louis Yuillemia
LES RELATIONS DIFFICILES
LaRépiililiqueEl le Vatican
Où l'on voit les conséquences de l'épitre
germanophile du Pape à
l'archevêque de Gênes.
Rome, 11 juin (D. N. C. P.). — L'accord
entre la République et le Vatican que
croyait avoir si bien établi M. Briand en en-
voyant M. Jonnart à Rome paraît aujour
d'hui singulièrement précaire. L'ambassa-
deur dont on disait merveille a été complè-
tement impuissant a tourner au profit des
intérêts français cette « présence à Rome >
réclamée par des hommes qui se disaient af-
franchis du sentiment clérical. Le fiasco est
complet; nous en sommes à un premier in-
cident qui ne saurait manquer d'être suivi
par beaucoup d'autres, car le cardinal Rati
que l'on disait ami de la France s'est affir-
mé, depuis qu'il est pape, germanophile ar-
dent.
L'affaire dont le président du Conseil a dû
entretenir récemment la commission sénato-
riale présidée par M. Doumergue, est née de
la lettre écrite par le. Pape à l'archevêque de
Gênes au moment de l'ouverture de la Confé-
rence. Nous avons relevé en son temps la
phrase dans laquelle le Pape, prêchant la
paix des âmes, faisait allusion au désarme-
ment et à l'attitude belliqueuse de la France.
Les applaudissements de l'Allemagne de-
vaient donner immédiatement sa véritable
portée à l'épître pontificale, manifestement
dirigée contre notre pays.
M. Poincaré fit connaître à la Commission
que le gouvernement avait immédiatement
protesté contre l'attitude du Saint Siège,
mais il ne semble pas qu'il ait jusqu'ici ob-
tenu la moindre satisfaction. Le Vatican se
réfugie en effet dans la casuistique.
« Le Pape, dit-il, n'a pas donné à sa lettre
une forme diplomatique, elle est un acte de
Pontife à évêque, d'ordre purement aposto-
lique et qui d'ailleurs ne vise pas un seul
état, mais tous les états, invités à baser leur
confiance bien plus sur la pacification que
sur le sort des armes ».
Cette réponse ne pouvait pas satisfaire le
gouvernement français qui, dit-on à Rome,
souleva en guise de représaille la question
de la préséance 'du nonce dans les cérémo-
nies d'un caractère non religieux.
Bien entendu, le Saint Siège affecte de ne
voir là qu'un acte inamical, car il allègue fla
tradition et protocole qui fait du nonce le
doyen du corps diplomatique. En outre, on
rappelle dans l'entourage du Pape que M.
Ceretti, l'un des plus éminents diplomates
romains, ne peut se voir contester le droit de
représenter le Saint-Siège politiquement.
On remarque enfin que, si une observation
avait dû être faite à ce sujet, on pouvait en
trouver l'occasion, quand le nonce, parlant à
Reims,' il y a quelques sema-ines n'hésita pas
à formuler un jugement sur la guerre, dé-
clarant que « la France avait combattu pour
la justice ». On estime, ici, que ce langage
ne pouvait être approuvé par la Seerétaire-
rie d'Etat, puisque durant toute la guerre
elle n'avait cessé de proclamer « qu'elle n'a-
vait pas des éléments suffisants pour se pro-
noncer en faveur de l'un ou de l'autre des
deux partis belligérants ».
On voit que l'embarras est grand à Rome,
mais M. Poincar-é aura lui-même besoin de
toute sa force de dialectique pour soutenir
un point de vue profondément juste au nom,
du sentiment national français.
Il n'entre certainement pas dans l'-esprit
du président du Conseil de chercher une
mauvaise querelle, pour prendre oblique-
ment une revanche, mais H ne pouvait lais-
ser passer sans protester une manifestation
pontificale aussi nettement favorable b noe
adversaires que celle à laquelle se livre
Pie XI, en écrivant à l'archevêque de Gênes
une lettre qui constituait une censure de la
politique française. — L. R.
N. D. L. R. — On a communiqué hier aux
agences un démenti des commentaires parus
dans différents journaux sur les incidents
dont il est question ci-dessus. Le démenti est
conçu dans une forme si peu précise qu'il ap.
paraît bien comme un acte de simple cour.
toisie.
L'AFFAIRE BASSARABO
devant le jury
Suite des témoignages
Héra Myrtel a pardonné à ses rivales
Aussi infatigable que Landru, Mme Bassa-
rabo a passé, .paraît-il, sa journée de dimanche
à relire son dossier et à prendre des notes.
Sans doute aussi a-t-elle fait quelques ré-
flexions sur l'opportunité de certaines attitu-
des, car on a pu noter dans son allure un
heureux changement. Plus de longues tirades,
d'éclats de voix. Avec une grande douceur, elle
se contente de rectifier les témoignages qui lui
sont par trop défavorables, mais il n'y a dan*
son ton aucune animosité.
On pouvait craindre que sa confrontation
avec les amies de son mari ne .se passerait
pas sans orage. Il n'en fut rien, et les efforts
de l'accusation qui avait tout à espérer d'un
choc un peu violent d'où aurait pu jaillir quel-
que étincelle révélatrice, ne parvinrent point
à faire sortir Héra Myrtel de son calme angé-
lique. Même, dans un .beau geste qui ne parut
cependant pas toucher le cœur de 'l'auditoire.
elle étendit la main vers la plus jeune de ses
rivales en lui assurant qu'elle lui avait par-
donné !
f
Parmi les dépositions entendues hier, il faut
citer celle de M. Signoret, pharmacien à Lyon,
à qui M. Jacques, premier mari d'Héra Myrtel,
avait confié sa crainte d'être empoisonné.
Le docteuT Paul, médecin légiste, émit l'opi.
nion que M. Bassarabo avait dû être tué pen-
dant son sommeil.
Défilèrent ensuite un certain nombre d'ex-
perts. ,
Pour le docteur Roubinovitch, qui a pro-
cédé à l'examen mental de Mme Bassarabo,
i!l tfest pas douteux que celle-ci est en pleina
possession de ses facultés.
Pour MM. Laforest, Rigaud et Lamaron, ex-
perts en écritures, il n'est pas douteux non
plus que le fameux billet bleu par lequel 'M.
Bassarabo incitait sa femme à expédier la
malle à Nancy est un faux, aussi bien que la
signature du pouvoir que Mme Bassarabo pré-
tend lui avoir été remis par son mari.
C'est Paule Jacques, d'après fies experts, qui
aurait écrit le billet bleu.
« Le reconnaissez-vous ? » questionne la
président.
Moine disposée encore aux confidences ouà
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