Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-06-11
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 juin 1922 11 juin 1922
Description : 1922/06/11 (N16386,A46). 1922/06/11 (N16386,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
Le Numéro : 10 cm-
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46' ANNEE - N° 16.386
DIMANCHE
Il
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérié
M sont pas rendus
Mots d'écrit
Vous avez lu dans les gazettes que le
Sénat avait voté, après vingt-sept an-
nées d'études, une loi sur le secret des
Jettres. J'aime ces longs espoirs et ces
vastes pensées qui, pendant plus d'un
quart de siècle, animent le législateur.
Une disposition législative ne doit point
être livrée aux hasards des improvisa-
tions. Ainsi, si nos députés du Bloc na-
tional avaient suivi l'exemple du Sénat,
la taxe sur le chiffre d'affaires qui ruine
le commerce et n'enrichit pas le Trésor,
dormirait encore dans les cartons.
Mais, à la fin des fins, tout arrive. Et
la Haute-Assemblée gratifie d'une peine
de six jours à un mois d'emprisonne-
ment et de 16 à 500 francs d'amende les
concierges, les femmes de chambre, les
amis et les amies qui ouvrent des lettres
qui ne leur sont point adressées.
Que les dieux soient loués à jamais
d'avoir inspiré aux sénateurs cette bon-
ne pensée !
Cette loi aura pour effet de précipiter
dans l'angoisse un certain nombre d'a-
gents du ministère de l'intérieur, de la
préfecture de police, et de ce monument
impérissable qu'on appelle la Tour-
Pointue.
Vous n'ignorez pas que des êtres stu-
dieux sont préposés à l'ouverture de la
correspondance des hommes politiques
de qualité, des journalistes notoires et
généralement des mauvais esprits. Le
populaire a même situé leurs exercices
dans un local qu'il a coutume de nom-
mer « le cabinet noir ». Vous entendez-
bien que ce cabinet n'est pas noir, mais
parfaitement éclairé par la préfecture
et aussi par certains financiers. Mais le
souvenir de la police napoléonienne est
si persistant que la vieille expression a
toujours droit de cité dans l'île du même
nom.
Je demande au rapporteur de la loi
si son texte vise les policiers qui dé-
pouillent la correspondance des tiers. A
mon .avis, aucun doute. Ils sont passibles
de six jours à un an d'emprisonnement.
Aussi, se sont-ils déjà réunis, et ont-
ils décidé de solliciter de l'augmentation.
Rien ne m'apparaît plus juste et plus
honnête.
*
**
L'exposition du « Décor de la vie sous
le Second Empire » au Pavillon de Mar-
san est intéressante, bien que des criti-
ques dits d'art aient écrit le contraire.
Elle donne un aperçu du mauvais goût
qu'imposa à la France Eugénie de Mon-
tijo qu'on appela « Louis XVI impéra-
trice ». Les meubles d'appui en bois noir
ornés de bronze et incrustés de pierres
de couleur, les secrétaires et chaises éga-
iement en bois noir incrusté de nacre,
(es lourdes imitations de Boulle, les ca-
napés capitonnés piqués de boutons, les
énormes candélabres à .chaînettes sup-
portés par des nègres à boucles d'oreille
en cuivre doré furent exécutés d'après
les indications de cette Espagnole qui
voulait unir à son amour du clinquant
le culte de l'art de Marie-Antoinette. Oui.
Mais Marie-Antoinette vivait dans le
plus joli moment de la France, où cha-
que artisan avait de l'esprit jusqu'au
bout des doigts, et savait assouplir l'aca-
jou et le bois de rose à la gracieuseté
des courbes lentes. L'Autrichienne héri-
tait tout l'esprit du siècle le plus ai-
mable et le plus galant ; dans le plus
humble atelier du faubourg Antoine, le
menuisier tournait une console avec au-
tant de légèreté qu'un abbé d'alcôve, un
madrigal. L'Espagnole venait très tard
après Louis-Philippe qui embourgeoisa
l'art et la politique ; elle voulut doter
son règne d'un style ; elle ne put que
pasticher le Louis XVI.
Je ne reproche pas du tout, comme
l'ont fait les critiques dits d'art, aux or-
ganisateurs de cette exposition de n'a-
voir pas réuni l'œuvre de Corot, de Cour-
bet, qui fut si importante à cette époque.
Corot et Courbet ne furent pas des pein-
tres de l'Empire, mais des artistes de
tous les temps, de tous les pays. Celui
qui caractérise la manière de la Cour
impériale est bien Winterhalter auquel
on a fait, au Pavillon de Marsan, une
large place, et qui fut le courtisan céré-
monieux et aimable d'Eugénie de Mon-
tijo et de ses dames d'honneur. C'est
aussi le délicat Faustin Besson, portrai-
tiste des actrices de la Comédie-Fran-
çaise en 1855, et le précis et distingué
Alfred de Dreux, peintre des chevaux
noirs, des amazones et des hobereaux.
- A côté d'eux, que dis-jp, au-dessus
d'eux, cet extraordinaire Constantin
Guys, cet ancien adjudant devenu l'égal
de Daumier et qui fait défiler toute la
comédie humaine de Saint-Cloud, des
Tuileries et du Bois.
Au fait, je vois que nous avions tort
de nous moquer du style du Second Em-
pire, dans le désert artistique où nous
vivons. - -- - -
Il y a quelques années, il était coutu-
me de railler le style Fallières. Je crois
que les styles Poincaré et Millerand ne
sont pas des modèles de goût.
Connaissez-vous un mobilier Mille-
rand ?
Du moins, le Second Empire fit un
effort dans la recherche d'un art. Au-
jourd'hui, le néant.
Car c'est bien le néant, le style du
Pont Alexandre III, celui du Grand-Pa-
lais, et les canapés en or que la Républi-
que offre au sultan du Maroc et à l'em-
pereur de Siam pour apprendre à ces
barbares héritiers de tant de siècles de
goût l'incomparable beauté du style
Bloc-National.
Georges PONSOT.
tes conseilleurs el les payeurs
Les banquiers, après avoir longuement dis-
cuté, nous laissent des conseils - les con-
seilleurs ne sont pas les payeurs.
Les représentants de la Haute-Finance amé-
ricaine, en demandant une réduction de 50
milliards sur la créance de 132 milliards que
les alliés possèdent sur l' Allemagne, n'ont pas
dit un mot sur la possibilité d'une réduction
correspondante des dettes contractées par les
alliés, au cours de la guerre, envers les Etats-
Unis. Dès lors ils proposaient un marché de
dupes, ils en ont eu conscience et ils ont com-
pris que leur tâche était impossible.
On a déjà réduit, dans une conférence te-
nue à Londres, la créance fixée par le traité
de Versailles; en continuant à couper la poire
en deux — la poire c'est nous — on finirait
assurément par libérer l'Allemagne sans qu'elle
ait rien à décaisser. C'est précisément cette
solution à laquelle le gouvernement français
,se refusera, sachant trop bien quel est, à cet
égard, le sentiment du pays.
Les hommes de bonne foi, qu'ils soient ci-
toyens de l'Ancien ou du Nouveau Monde,
reconnaissent volontiers qu'il est de toute jus-
tice, s'il s'agit de reconstruire l'Europe, de
commencer par ce qui a été sauvagement dé-
truit. Le programme de reconstruction doit
donc logiquement commencer par nos régions
libérées.
Les médecins de finances ne voient pas les
choses ainsi, ils admettent que la moitié du
produit de l'emprunt à réaliser serait attribuée
à l'Allemagne, mais ils ne prescrivent pas que
les dettes du Reich seront couvertes par l'au-
tre moitié. Néanmoins ils ont la prétention de
s'emparer des gages qui pourront, le cas
échéant, garantir notre dû. Faire de telles pro-
positions, c'est courir à l'échec sans même
masquer honnêtement la retraite.
Le temps du grand emprunt que les experts
de banque jugent indispensable n'est pas en-
core venu. Les Anglo-Saxons n'en sont point
encore à l'heure des sacrifices. Quand ils au-
ront compris qu'ils ne peuvent retrouver leurs
marchés européens avant d'avoir loyalement
désintéressé la France, la question de l'émis-
sion internationale pour le règlement complet
sera près de la solution.
Nous n'en sommes pas là.
F. H.
! BLOC-NOTES
La conscience 'professionnelle
J'ai assisté Vautre jour à un émouvant spec-
tacle. Deux hommes se disputaient avec une
véhémence, dont les éclats emplissaient de
bruit la pièce où ils se trouvaient. Il ne s'a-
gissait cependant entre eux, ni du comité des
banquiers, ni de la politique de M. Poincaré,
ni de qa situation en Russie, ni même de l'af-
faire Bessarabo., mais simplement de savoir
s'il fallait ou non placer un accent sur un a.
L'un d'eux, l'auteur, n'en voulait pas; Vau-
tre, le correcteur, entendait le mettre, et af-
firmait que son opinion devait prévaloir. Il
ne faut pas croire, en effet que les correcteurs
aient aujourd'hui simplement pour mission
de veiiïïler à ce que le texte imprimé reproduise
exactement le manuscrit. Le besoin créant l'or-
gane, ils sont par surcroît devenus les fil-
tres chargés d'arrêter au passage les fautes
d'orthographe échappées à l'étourderie ou à
l'ignorance de l'écrivain.
Or, donc, celui de mon histoire se refusait
à admettre ce qu'à tort ou à raison il consi-
dérait comme un dévergondage grammatical;
et à toutes les supplications, aussi bien qu'à
tous les arguments de son contradicteur, il
opposait d'énergiques verboten!
J'ai trouvé ce-la fort beau. En effet, en l'es-
pèce, que l'accent y fût ou n'y fût pas, cela
ne pouvait avoir pour lui aucune importance
pratique, et nul lecteur ne s'en fût aperçu. Sa
résistance n'avait donc sa source que dans
cette.. conscience professionnelle; par l'effet de
laquelle les travailleurs de l'intelligence ou
de la' main, en dehors de toute question per-
sonnelle, 'tiennent à ce que leur' tâche ou
leur oeuvre, grande ou mo.deste, soit exempte
de toute tare, alors même que cette tare de-
vrait être ignorée de tous.
Ce sentiment qui fit jadis l'honneur de nos
magistrats, la gloire de nos littérateurs et de
nos artistes, aussi bien que ila réputation de
nos artisans, tend à disparaître dans tous les
domaines, pour faire place aU je m'enfichisme,
père de la tribu des camelotes: camelote po-
litique, camelote parlementaire, camelote ar-
tistielue, camelote littéraire, camelote commer-
ciale et industrioUe. Dans ces conditions. com-
me il devient bien rare de Je rencontrer, je
m'empresse de le saluer bien bas; et je re-
grette de ne pas être ministre, car mon pre-
mier geste serait de décorer ce débris des
temps passés: — un travailleur consciencieux.
Petit -tean.
LES MILLIARDS FUGITIFS
LE COMITÉ DES BANQUIERS
se sépare sans avoir réalisé
l'emprunt extérieur allemand
■ ■
Il a adressé hier son rapport
à la Commission des Réparations
c ■
Le Comité international des banquiers,
chargé par la commission des réparations
d'étudier les conditions dans lesquelles pour-
raient être émis un ou plusieurs emprunts
extérieurs allemands, dont le produit serait
destiné au rachat, partiel ou total, en ca-
pital de la dette-réparations, a achevé, hier
matin, la rédaction de son rapport à l'a-
dresse de la commission.
Cette dernière séance a duré une heure, de
11 heures à midi. Les termes du rapport, qui
est long et très complet, avaient été discu-
tés longuement la veille. Il ne restait plus
qu'à procéder à une dernière lecture et à
approuver définitivement le texte de ce do-
cument. C'est ce qui a été fait. Après quoi,
les. membres du comité se sont séparés. En
particulier, M. Pierpont Morgan a quitté Pa-
ris hier soir même, se rendant à Londres,
d'où il regagnera l'Amérique.
La commission des réparations, réunie hier
après-midi, à 3 heures, a pris connaissance
du rapport 'du comité des banquiers.
Le rapport
La Commission des réparations a communi-
qué dans la soirée le texte du rapport du Co-
mité de l'Emprunt.
En voici les principaux passages:
Le Comité désire, avant tout, éviter que
l'on se fasse une idée fausse de sa situa-
tion et de son attitude.
Ses membres ont été invités, par déci-
sion unanime de la Commission des répara-
tions, à se réunir à Paris en vue de donner
un avis technique en leur qualité de ban-
quiers sur les conditions dans lesquelles le
gouvernement allemand pourrait contracter
un emprunt à l'étranger. Ils n'ont à aucun
moment éprouvé le désir d'élargir indû-
ment leur mandat. Ils n'ont jamais cessé
d'avoir pleinement le sentiment que leur
avis technique, une fois donné, ne consti-
tuerait qu'un facteur du problème que la
Commission des réparations et les gouver-
nements alliés ont seuls à résoudre. Dès
leur première séance, les banquiers faisant
partie du Comité ont été unanimes à recon-
naître que, pour des raisons diverses, dans
les limites de leur mandat strictement in-
terprété, il ne leur était pas possible d'en-
visager un emprunt extérieur.
Certains d'entre eux- toutefois, ont es-
timé que si la Commission ou les gouverne-
ments précisaient davantage quels sont les
paiements annuels qu'ils ont l'intention
d'exiger de l'Allemagne, un tel emprunt
pourrait être envisagé favorablement. S'ils
avaient reçu une invitation unanime à in-
diquer les limitations de ces paiements qui
leur paraissent être la condition nécessaire
de l'emprunt extérieur, ces mêmes ban-
quiers auraient volontiers donné cette in-
dication. Ces limitations n'auraient toute-
fois été recommandées que dans le cas où
l'on désirerait recourir à un emprunt et
comme conditions de cet emprunt. Elles
n'auraient impliqué aucun avis au sujet des
sommes que la Commission pourrait ou de-
vrait exiger si les gouvernements se con-
tentaient d'attendre les paiements annuels.
sans les mobiliser par anticipation au
moyen d'un emprunt. La Commission ou les
gouvernements, même s'ils avaient trouvé
juste l'avis du Comité, n'en auraient pas
moins été entièrement libres de décider
qu'ils préféraient continuer à étudier cha-
que année la capacité de l'Allemagne et à
fixer les paiements en conséquence. En
d'autres termes, les chiffres indiqués au-
raient reflété un avis, non au sujet de la
,capacité maxima probable de l'Allemagne,
mais au sujet des personnes que le grand
public des prêteurs se formant une opinion
au milieu des incertitudes actuelles, croi-
rait certainement être bien dans les limites
de la capacité de l'Allemagne.
Les paiements, même estimés aussi pru-
demment, demeureraient encore très impor-
tants : le Comité reconnaît que les gouver-
nements alliés pourraient néanmoins dési-
rer conserver, même au prix d'un renonce-
ment à l'emprunt, l'entière liberté d'exiger
les paiements annuels plus considérables
que le développement de la capacité de l'Al-
lemagne pourrait rendre ultérieurement
possibles. Les gouvernements auraient, non
seulement été entièrement libres de pren-
dre une telle décision, mais encore, s'ils
l'avaient prise, cette décision n'aurait nul-
lement été incompatible avec 'l'avis tech-
nique du Comité. Toutefois, si cet avis avait
été formulé, une décision aurait pu être
prise en présence d'alternatives nettement
indiquées. -
L'avis du Comité est défavorable à l'emprunt
—————~g~ç.j~—————
Mais il laisse à l'Allemagne des espérances pour l'avenir
Le rapport après avoir examiné les diffi-
cultés qui s'opipoeent à la réalisation de l'em-
prunt déclare:
Ayant senti ces difficultés, -et d'autres en-
core, et estimant qu'ils ne doivent pas recom-
mander un emprunt alors qu'ils n'auraient pas
confiance en le succès de l'émission de cet em-
prunt sur leurs marchés respectifs, les mem-
bres du Comité sont, à leur grand regret, arri-
vés à la conclusion qu'étant données les condi-
tions actuelles, il ne leur est pas possible de
donner un avis favorable à un emprunt exté-
rieur.
Les conditions d'un emprunt
Toutefois en tenant compte de cette condi-
tion négative, et tout en estimant qu'il est
dans l'impossibilité d'accepter l'invitation de
la majorité de la Commission tendant à lui
faire examiner en détail le problème plus lar-
ge, le Comité considère cependant qu'il peut
utilement ajouter les observations générales
suivantes sur ce problème:
a) La condition essentielle d'un emprunt ex-
'térieur à n'importe quel moment est que le pu-
blic ait le sentiment que l'Allemagne fait elle-
même un effort réel et important pour établir
ses finances publiques sur une base sta'ble.
Il est de la plus grande importance que par
là garantie technique qu'elle doit donner et
par le rétablissement de sa situation finan-
cière, l'Allemagne montre clairement son dé-
sir de remplir ses obligations dans l'espoir
qu'en les remplissant elle rétablira son crédit.
b) La seconde condition essentielle est celle
dont il est question en*détail ci-dessus, à sa-
voir, la disparition de l'incertitude présente
en ce qui concerne l'obligation de réparation.
La plupart des membres du Comité n'igno-
ront pas que tout avis de sa part n'aurait pas
pu assurer la réalisation de ces conditions j
bien qu'il y eût peut-être contribué. Ils com-
prennent très bien, par exemple, que, s'ils re-
commandaient comme conditions essentielles
d'un emprunt une limitation des paiements
annuels de l'Allemagne, les pays intéressés de-
vraient en examinant le retentissement d'une
telle réduction sur leur situation financière,
ise préoccuper de leur propre dette extérieure.
Conclusions optimistes
Et, après avoir passé en revue les différen-
tes modalités d'un emprunt, le rapport con-
clut ainsi :
En conclusion, bien que le Comité ait été
dans l'obligation d'exprimer un avis défa-
vorable quant aux possibilités d'un emprunt
dans la situation actuelle du crédit de l'Alle-
magne, il désire être non moins catégorique
en affirmant sa conviction que, si les condi-
tions nécessaires à la renaissance du crédit
de l'Allemagne étaient réalisées, on pourrait
émettre des emprunts importants sur tous
les principaux marchés du monde. Les condi-
tions purement financières sont maintenant
nettement favorables à l'émission de tels em-
prunts, plus même qu'à n'importe quel autre
moment depuis la g-uerre. Le Comité tient à
assurer la-Commission qu'il a le vif désir de
faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider
à l'émission de tels emprunts, si les condi-
tions qu'il a indiquées peuvent être remplies.
Il se. rend parfaitement compte de l'aide im-
mense au rétablissement économique du
monde entier, qui serait fournie par la con-
version graduelle de la dette de l'Allemagne
envers les gouvernements en une dette de
l'Allemagne envers des prêteurs privés, ba-
sée comme les autres dettes publiques, non
pas sur des sanctions extérieures, mais sur
le crédit général du pays débiteur. Il croit
en effet que la reprise des conditions norma-
les des échanges entre les pays, et la stabilisa-
tion des changes sont impossibles sans une
solution définitive des paiements de répara-
tions aussi bien que des autres dettes publi-
ques extérieures. Si par conséquent à un mo-
ment donné la Commission se trouve en me-
sure de renouveler, par une décision unani-
me, l'invitation qui vient d'être faite à la ma-
jorité, le Comité sera heureux de se réunir
de nouveau et de reprendre l'étude actuelle-
ment interrompue. Il ignore si les gouverne-
ments alliés accepteront les conditions indis-
pensables, mais dans l'affirmative il réitère
l'expressio-n de son espoir en la possibilité
d'émettre des emprunts importants.
Enfin, le Comité désire faire observer que,
d'ici-là et même dans l'intervalle entre cette
invitation renouvelée et la conclusion des né-
gociations qui en résulteraient, la situation
financière de l'Allemagne pourrait évidem-
ment être menacée d'un danger sérieux : des
négociations prolongées pour un grand em-
prunt à longue échéance pourraient aboutir
trop tard, si elles ne sont. pas précédées d'une
aide immédiate.. Si, cependant, le problème
est examiné à nouveau, dans les circonstan-
ces meilleures qui ont été indiquées et dans
la perspective réelle d'un règlement définitif,
le Comité pense que les obstacles qui s'oppo-
sent pour le moment à un emprunt provisoire
ne seraient alors probablement pas insur-
montables. Avefl le véritable espoir d'un rè-
glement définitif dans un délai raisonnable,
il serait beaucoup plus facile de combiner un
emprunt garanti et à plus court terme suf-
fisant pour sauver le crédit de l'Allemagne
de l'effondrement pendant la période de né-
gociations. Le Comité pense qu'il est à peine
besoin d'ajouter que, dans ces conditions, il
serait heureux de fournir toute l'aide possible
en ce qui concerne un emprunt restreint de
ce genre, aussi bien qu'en ce qui concerne le
problème plus vaste et plus important.
10 juin 1922.
Léon DELACROIX ; M. D'AMELIO ;
J: P. MOBGAN; R. M. KINDERSLEY;
E. VlSSERIKG ; C. BERGMANÎï.
Une protestation de M. Sergent
M. Sergent ne peut se rallier aux conclu-
sions qui précèdent ni à diverses déclarations
et suggestions contenues dans le présent rap-
port. Se référant aux nombreuses observa-
tions qu'il a faites au cours des délibérations
du Comité, il déclare d'une manière générale
que pour faciliter un emprunt il ne peut pas
envisager de nouvelles limitations des obli-
gations de l'Allemagne qui ne lui paraissent
pas justifiées, ni une diminution quelconque
des droits reconnus à la France par le traité.
Avec le délégué de la France à la Commis-
sion des réparations, il considère qu'il n'était
pas de la compétence du Comité des ban-
quiers d'étudier des modifications aux obli-
gations du gouvernement allemand telles
qu'elles sont définies par le traité de Ver-
sailles, et en particulier par l'état des paye-
ments du 5 mâi'-1921.
Ci. SERGENT. -
Rendons à César.
Nous avons dit avant-hier que M. Ro-
bert de Baudus avait renversé deux per-
sonnes à Issy-les-Moulineaux, où il passait
en automobile ; que l'une d'elles, un étu-
diant chinois, avait été tuée et l'autre griè-
vement blessée. Nous ajoutions que M. Ro-
bert de Baudus était maire de Villemon-
ble, alors qu'en réalité il est maire de Mil-
lemont (Seine-et-Oise). La confusion est
due à une mauvaise communication télé-
phonique.
LA « SEASON » ANGLAISE
CE QUËl AI VU
au «Derby d'Epsom»
Londres, juin. — « Quiconque veut saisir
l'âme britannique et la considérer, telle qu'elle
est, doit aller au Derby d'Epsom. » On me
l'avait dit et je l'avais cru, il me fallait donc
me rendre sur le fameux hippodrome.
J'ai fait le trajet par le train, comme les
neuf dixièmes des trois cent mille citoyens
de la libre Angleterre qui vont ce jour-là sur
le turf. Mon convoi n'avait pas moins de vingt-
cinq wagons et il était suivi, de dix en dix
minutes, par un autre convoi semblable —
tous s'arrêtaient devant le même quai et se
conformaient à un horaire parfaitement ré-
glé.
Le jour du Derby, tout le monde joue, de-
puis le roi George jusqu'au débardeur du port,
des sommes variables entre mille livres ster-
ling et un shilling. Bien entendu, il ne s'agit
pour personne de se livrer au hasard ; cha-
cun a son calcul avec lequel il compte bien
défier la mauvaise chance. Il fut parié, hier,
au Derby, plus d'un million de livres, c'est-
à-dire près de cinquante millions de francs !
*
#♦
Arrivé à Epsom, je me suis trouvé comme
un bouchon dans un torrent, j'étais porté par
une marée humaine, dans une direction qui ne
pouvait être que la bonne. Il faut signaler là
une des qualités essentielles de la foule an-
glaise, elle est disciplinée, elle réfrène l'im-
pétuosité individuelle, je me trouvais parmi
les autres, sûr d'aller où il fallait, selon le
plan d'une police invisible qui, depuis * un
mois, a étudié et résolu le grave problème de
la circulation pour 300.000 personnes se di-
rigeant à la même heure vers le même champ
de courses. La même précision s'impose aux
piétons, aux chevaux, aux automobiles. Il y a
une voie pour les attelages, une autre pour
les autos lourdes, une troisième pour les au-
tos légères — tous les véhicules circulant
dans la même direction sur trois ou quatre
files. Ce fourmillement est surveillé du haut
des airs par un avion policier. Il y avait, hier,
à Epsom, quarante mille automobiles et tou-
tes ces voitures ont pu franchir en moins
d'une heure et demie les soixante kilomètres
qui séparent Londres de la grande réunion
sportive.
Le terrain, célèbre dans les fastes hippiques
depuis plus d'un siècle, est encaissé comme
une cuvette dans un amphithéâtre de collines
dénudées nommées Downs. Cela est horrible,
contourné, tout en montées et en descentes,
avec un coude nommé Tottenham Corner. Les
Anglais apprécient cette piste qu'ils estiment
propre à mettre en valeur les qualités de tous
les chevaux, et à procurer quelques surprises
particulièrement agréables à un peuple aussi
méthodique.
Lorsque j'atteignis le but, il me fut impos-
sible de savoir si nous foulions une prairie,
car l'herbe était invisible, tant la foule était
dense, elle était d'ailleurs calme et presque
recueillie, comme dans une solennité natio-
nale ; il ne s'agissait pas pour elle d'une
fête joyeuse, mais bien d'un rite qu'elle ac-
complissait d'un cœur sévère et non, certes,
avec le goût d'une émotion provoquée par le
risque, gain ou perte.
Il est vrai que l'on pourrait prétendre que
ce peuple était en quelque sorte « narcotisé »
par l'éclat du soleil, car le thermomètre mar-
que trente-sept degrés à l'ombre. C'est dans
de telles épreuves que se révèle l'endurance
britannique ; l'idée ne venait à personne d'en-
lever son faux-col ou de se mettre en bras de
chemise. Il n'y avait que de très rares indi-
vidus, et sans doute des étrangers, dont l'ex-
trême chaleur avait modifie la tenue décente
et correcte.
*
**
Dans le Grand Stand, que nous appellerions
le « pesage », les hommes étaient coiffés du
« tube » et en redingote ; ils suaient stoïque-
ment. On ne pouvait pas constater là le moin-
dre souci de coquetterie, tout le monde étant
en uniforme. Dans la tribune du Jockey-Clwb,
voisine de celle du roi, il n'y avait pas dix
sportswomen que l'on. pût regarder un mo-
ment avec plaisir.
Le. Derby n'est pas une réunion élégante,
car tout Londres s'y donne rendez-vous. Le
coin le moins pittoresque du Grand Stand
n'est certes pas celui où se tiennent les in-
nombrables bookmakers, qu'il faut admirer
dans l'exercice de leurs fonctions. Ceux-ci ont
toute honte bue, ils sont en manches de che-
mise, il font un vacarme de tous les diables,
et apparaissent vraiment à cette heure comme
une nuée de démons du jeu. On peut d'ail-
leurs voir cette même scène) Ascot et à
Goodwood, qui sont renommés pour leur élé-
gance dans tout le Royaume-Uni.
Il importe d'observer que des hippodromes
anglais ne sont pas des lieux de plaisirs esthé-
tiques, mais bien de jouissances spéculatives.
Rien de commun avec les réunions d'Auteuil
et de Longchamp.
Le moment de la grande épreuve est impres-
sionnant. Pendant un quart d'heure, trois
cent mille poitrines retiennent leur souffle,
mais lorsque le vainqueur a passé le poteau,
c'est le hourvari formidable de ceux qui ont
ponté ferme sur la solidité de ses jambes ;
mais il s'agit moins pour eux du gain, que de
l'orgeuil d'avoir résolu le problème sportif.
Dix minutes après, les éditions spéciales
des journaux apprennent la grande nouvelle
à Londres, et dans une demi-heure les résul-
tats sont affichés à Calcutta, à Melbourne, à
Capetown, à Montréal, c'est-à-dire dans tout
l'immense Empire. L'événement n'est pas
seulement national, il est mondial.
James WITNESS.
Kronstadt entre les mains des Allemands
Varsovie, 10 juin. - Suivant les rensei-
gnenients parvenus au « Courrier de Var-
sovie », les bolcheviks auraient déjà termi-
né le plan de la reconstruction complète
des anciennes forteresses russes. En pre-
mier lieu figurent celle de Kronstadt et cel-
le de la redoute fortifiée, Krasnaïa Gorka,
située, dans la baie de Kronstadt. La re-
construction de ces deux forteresses aurait
été confiée aux. Allemands. Des ingénieurs
allemands sont, d'ailleurs, déjà arrivés sur
place et ont demandé à Trotzky, afin que
les travaux puissent être poussés active-
ment, d'évacuer au préalable la population
civile. Le « Courrier de Varsovie » apprend,
d'autre part, que le commandement des na-
vires russes se. trouvant à Kronstadt, a été
également confié à des officiers allemands.
NOUS PUBLIERONS DEMAIN :
LE COURRIER DES LOYERS
ET DES HABITATIONS A BON MARCHE
CONTRE LES ECIMEURS DE LA PETITE EPARGNE
Il esl temps de voler le projet
inldisnl la venle à gril -
des taletirs à loi;
La Commission de prévoyance sociale
de la Chambre
s'est prononcée pour cette interdiction
Nous avons signalé ici en son temps le dé-
pôt du projet de loi « interdisant la vente à
tempérament des valeurs à lots ». Parmi les
textes législatifs utiles et qui peuvent être
votés rapidement et sans discussion, celui-là
est intéressant au premier chef. M. Tapon-
nier, chargé du rapport, a fait connaître en
effet les conclusions de la commission d'as-
surance et de prévoyance sociales, qui sont
nettement favorables à son adoption.
Il s'agit, en effet, lie. mettre fin à une es-
croquerie couramment pratiquée par les écu-
meurs de la petite épargne, ou tout au moins.
dans l'hypothèse la moins défavorable, d'em.
pêcher un commerce où le gain illicitement
pratiqué par des trafiquants ou des financiers
plus ou moins véreux n'est généralement pas
inférieur à 100 0/0. : -
Très loyalement, M. Taponnier a, dans son
rapport, exposé à la fois les arguments des
partisans de la vente à crédit des valeurs à
lot et les critiques très sérieuses qui leur sont
opposées.
Selon les premiers, en somme, en vendant,
même bien plus cher qu'au cours de la bour-
se, des valeurs qui sont payées par versements
échelonnés et qui ont pour les humbles l'at-
trait du billet de loterie, on favorise la pe-
tite épargne. L'essentiel est, d'une part, que
l'opération soit régulière, que, dès le premier
versement, l'acheteur devienne propriétaire du
titre et des avantages, comme des intérêts
qui y sont attachés, et que, d'autre part, Ip
"marge de gain du banquier, qui ne reçoit que
des acomptes espacés sur une durée assez lon-
gue soit limitée à un pourcentage raisonna-
ble. Seul, selon ceux qui soutiennent cette
thèse, le marché clandestin et frauduleux des
valeurs à lots achetées à tempérament serait
repréhensible et mériterait d'être formellement
défendu.
Mais, selon les adversaires de la vente à
crédit des valeurs dont il s'agit, rares sont
les maisons sérieuses et honnêtes qui la pra-
tiquent, tandis qu'au contraire la tolérance ob-
servée jusqu'ici a provoqué une floraison ex-
traordinaire de mercantis sans scrupules, qui
revêtent faussement la qualité de banquiers
et, qui s'abritent derrière des étiquettes des-
tinées à leur attirer la confiance du petit pu-
blic, en jouant des mots « crédit, épargne,
prêvoyancef économie », etc. -
Surtout, il arrive de plus en plus que les
acheteurs qui, au bout d'un certain nombre
de versements sont défaillants, sont littéra-
lement dépouillés des sommes qu'ils ont eu
la naïveté de débourser. M. Gillërin, substitut
du procureur de la République à Paris, a
fourni à ce sujet une documentation vérita-
blement impressionnante et sans réplique pos-
sible. Pour ne citer que le trop célèbre Zucco,
il n'a pas demandé à l'épargne moins de 1 mil-
lion 27.814 francs, sans compter les opéra,
tions faites pour son compte à Genève au mé-
pris des lois françaises. Or, contre ceux qui
pratiquent cette rafle, la loi de 1900 — qu'ils
se gardent .bien d'enfreindre — laisse le par.
quet désarmé.
Souhaitons du moins que la Chambre suive
sa commission d'assurances et de prévoyance
sociales, qui propose de supprimer radicale-
ment une escroquerie à la fois facile et fruc-
tueuse. Il y. aura toujours des gens pour se
laisser gruger par les aigrefins. Mais, en in-
terdisant l'un des procédés que ceux-ci prati-
quent .sur la plus large échelle, on sauvera
tout au moins quelques-unes des économies si
péniblement amassées et si légèrement con.
fiées à ceux qui font luire aux yeux des épar-
gnants crédules le mirage de là loterie et ddj
la fortune.
"Louis LE PAGE.
L t a faire Bassarabo
devant le jury
Paule Jacques garde toujours son secret
et remet ses révélations à la fin du procès
Les premiers témoignages.
Ceux qui, troublée par les incidents émou-
vants de la précédente audience, s'attendaient
hier à quelque impressionnante révélation
ront éprouvé une déception.
C'est en vain, en effet, que M. le président
Gilbert, avec une constance digne d'un meil-
leur sort tenta de faire sortir Paule Jacques
de son silence obstiné, en vain que réalisant
une menace faite la veille, dans l'espoir de
romipre le fatal enchaînement qui paraissait
peser cur la volonté de la jeune fille, il l'in-
terrogea hors de la présence de sa mèHÉ.
Paule Jacques n'a point fait connaître son
secret.
Quand, obéissant à regret à l'ordre du pré-
sident, Mme Bassarabo eut quitté la salle, Ip
dialogue suivant s'engagea:
— Hier, vous avez prononcé des paroles fort
graves. Vous avez parlé d'un mystère, vouf
avez parlé d'un secret.
— J'ai demandé à ma mère de parler.
— Quand?
— Hier.
- Vous ne comprenez donc pas la gravite
de votre attitude?
— Si ma mère veut parler.
— Vous ne voulez pas répondre? Faites
bien attention, messieurs les jurés apprécie-
ront.
— C'était à la gare Saint-Lazare, on croyait
que j'allais mourir; ma mère m'a dit la vérité.
Je la dirai à la fin des assises.
— Il serait trop tard. Vous ferez ce que youq
voudrez, mais il est de mon devoir de vous
dire que c'est maintenant qu'il faut le dire.
Me de Moro Giafferri joint ses efforts à ceux
du président:
— .S'il y a un secret, ce n'est pas aprèls l'ef-
fort de la défense qu'il ifaudra le dire.
Paule Jacques. — Ma mère ne veut pas que
je parle.
Le président. — Vous n'avez pas l'air da
comprendre l'importance de votre 6ilence.
Pour la dernière fois, voulez"vous parler?
— Je ne le peux pas.
Paule Jacques là-dessus, se rassied.
Mme Bassarabo est ramenée et le président
conformément à la loi, la met au courant de
l'incident.
Le président. - Votre fille nous a dit qu'il y
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46' ANNEE - N° 16.386
DIMANCHE
Il
JUIN 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérié
M sont pas rendus
Mots d'écrit
Vous avez lu dans les gazettes que le
Sénat avait voté, après vingt-sept an-
nées d'études, une loi sur le secret des
Jettres. J'aime ces longs espoirs et ces
vastes pensées qui, pendant plus d'un
quart de siècle, animent le législateur.
Une disposition législative ne doit point
être livrée aux hasards des improvisa-
tions. Ainsi, si nos députés du Bloc na-
tional avaient suivi l'exemple du Sénat,
la taxe sur le chiffre d'affaires qui ruine
le commerce et n'enrichit pas le Trésor,
dormirait encore dans les cartons.
Mais, à la fin des fins, tout arrive. Et
la Haute-Assemblée gratifie d'une peine
de six jours à un mois d'emprisonne-
ment et de 16 à 500 francs d'amende les
concierges, les femmes de chambre, les
amis et les amies qui ouvrent des lettres
qui ne leur sont point adressées.
Que les dieux soient loués à jamais
d'avoir inspiré aux sénateurs cette bon-
ne pensée !
Cette loi aura pour effet de précipiter
dans l'angoisse un certain nombre d'a-
gents du ministère de l'intérieur, de la
préfecture de police, et de ce monument
impérissable qu'on appelle la Tour-
Pointue.
Vous n'ignorez pas que des êtres stu-
dieux sont préposés à l'ouverture de la
correspondance des hommes politiques
de qualité, des journalistes notoires et
généralement des mauvais esprits. Le
populaire a même situé leurs exercices
dans un local qu'il a coutume de nom-
mer « le cabinet noir ». Vous entendez-
bien que ce cabinet n'est pas noir, mais
parfaitement éclairé par la préfecture
et aussi par certains financiers. Mais le
souvenir de la police napoléonienne est
si persistant que la vieille expression a
toujours droit de cité dans l'île du même
nom.
Je demande au rapporteur de la loi
si son texte vise les policiers qui dé-
pouillent la correspondance des tiers. A
mon .avis, aucun doute. Ils sont passibles
de six jours à un an d'emprisonnement.
Aussi, se sont-ils déjà réunis, et ont-
ils décidé de solliciter de l'augmentation.
Rien ne m'apparaît plus juste et plus
honnête.
*
**
L'exposition du « Décor de la vie sous
le Second Empire » au Pavillon de Mar-
san est intéressante, bien que des criti-
ques dits d'art aient écrit le contraire.
Elle donne un aperçu du mauvais goût
qu'imposa à la France Eugénie de Mon-
tijo qu'on appela « Louis XVI impéra-
trice ». Les meubles d'appui en bois noir
ornés de bronze et incrustés de pierres
de couleur, les secrétaires et chaises éga-
iement en bois noir incrusté de nacre,
(es lourdes imitations de Boulle, les ca-
napés capitonnés piqués de boutons, les
énormes candélabres à .chaînettes sup-
portés par des nègres à boucles d'oreille
en cuivre doré furent exécutés d'après
les indications de cette Espagnole qui
voulait unir à son amour du clinquant
le culte de l'art de Marie-Antoinette. Oui.
Mais Marie-Antoinette vivait dans le
plus joli moment de la France, où cha-
que artisan avait de l'esprit jusqu'au
bout des doigts, et savait assouplir l'aca-
jou et le bois de rose à la gracieuseté
des courbes lentes. L'Autrichienne héri-
tait tout l'esprit du siècle le plus ai-
mable et le plus galant ; dans le plus
humble atelier du faubourg Antoine, le
menuisier tournait une console avec au-
tant de légèreté qu'un abbé d'alcôve, un
madrigal. L'Espagnole venait très tard
après Louis-Philippe qui embourgeoisa
l'art et la politique ; elle voulut doter
son règne d'un style ; elle ne put que
pasticher le Louis XVI.
Je ne reproche pas du tout, comme
l'ont fait les critiques dits d'art, aux or-
ganisateurs de cette exposition de n'a-
voir pas réuni l'œuvre de Corot, de Cour-
bet, qui fut si importante à cette époque.
Corot et Courbet ne furent pas des pein-
tres de l'Empire, mais des artistes de
tous les temps, de tous les pays. Celui
qui caractérise la manière de la Cour
impériale est bien Winterhalter auquel
on a fait, au Pavillon de Marsan, une
large place, et qui fut le courtisan céré-
monieux et aimable d'Eugénie de Mon-
tijo et de ses dames d'honneur. C'est
aussi le délicat Faustin Besson, portrai-
tiste des actrices de la Comédie-Fran-
çaise en 1855, et le précis et distingué
Alfred de Dreux, peintre des chevaux
noirs, des amazones et des hobereaux.
- A côté d'eux, que dis-jp, au-dessus
d'eux, cet extraordinaire Constantin
Guys, cet ancien adjudant devenu l'égal
de Daumier et qui fait défiler toute la
comédie humaine de Saint-Cloud, des
Tuileries et du Bois.
Au fait, je vois que nous avions tort
de nous moquer du style du Second Em-
pire, dans le désert artistique où nous
vivons. - -- - -
Il y a quelques années, il était coutu-
me de railler le style Fallières. Je crois
que les styles Poincaré et Millerand ne
sont pas des modèles de goût.
Connaissez-vous un mobilier Mille-
rand ?
Du moins, le Second Empire fit un
effort dans la recherche d'un art. Au-
jourd'hui, le néant.
Car c'est bien le néant, le style du
Pont Alexandre III, celui du Grand-Pa-
lais, et les canapés en or que la Républi-
que offre au sultan du Maroc et à l'em-
pereur de Siam pour apprendre à ces
barbares héritiers de tant de siècles de
goût l'incomparable beauté du style
Bloc-National.
Georges PONSOT.
tes conseilleurs el les payeurs
Les banquiers, après avoir longuement dis-
cuté, nous laissent des conseils - les con-
seilleurs ne sont pas les payeurs.
Les représentants de la Haute-Finance amé-
ricaine, en demandant une réduction de 50
milliards sur la créance de 132 milliards que
les alliés possèdent sur l' Allemagne, n'ont pas
dit un mot sur la possibilité d'une réduction
correspondante des dettes contractées par les
alliés, au cours de la guerre, envers les Etats-
Unis. Dès lors ils proposaient un marché de
dupes, ils en ont eu conscience et ils ont com-
pris que leur tâche était impossible.
On a déjà réduit, dans une conférence te-
nue à Londres, la créance fixée par le traité
de Versailles; en continuant à couper la poire
en deux — la poire c'est nous — on finirait
assurément par libérer l'Allemagne sans qu'elle
ait rien à décaisser. C'est précisément cette
solution à laquelle le gouvernement français
,se refusera, sachant trop bien quel est, à cet
égard, le sentiment du pays.
Les hommes de bonne foi, qu'ils soient ci-
toyens de l'Ancien ou du Nouveau Monde,
reconnaissent volontiers qu'il est de toute jus-
tice, s'il s'agit de reconstruire l'Europe, de
commencer par ce qui a été sauvagement dé-
truit. Le programme de reconstruction doit
donc logiquement commencer par nos régions
libérées.
Les médecins de finances ne voient pas les
choses ainsi, ils admettent que la moitié du
produit de l'emprunt à réaliser serait attribuée
à l'Allemagne, mais ils ne prescrivent pas que
les dettes du Reich seront couvertes par l'au-
tre moitié. Néanmoins ils ont la prétention de
s'emparer des gages qui pourront, le cas
échéant, garantir notre dû. Faire de telles pro-
positions, c'est courir à l'échec sans même
masquer honnêtement la retraite.
Le temps du grand emprunt que les experts
de banque jugent indispensable n'est pas en-
core venu. Les Anglo-Saxons n'en sont point
encore à l'heure des sacrifices. Quand ils au-
ront compris qu'ils ne peuvent retrouver leurs
marchés européens avant d'avoir loyalement
désintéressé la France, la question de l'émis-
sion internationale pour le règlement complet
sera près de la solution.
Nous n'en sommes pas là.
F. H.
! BLOC-NOTES
La conscience 'professionnelle
J'ai assisté Vautre jour à un émouvant spec-
tacle. Deux hommes se disputaient avec une
véhémence, dont les éclats emplissaient de
bruit la pièce où ils se trouvaient. Il ne s'a-
gissait cependant entre eux, ni du comité des
banquiers, ni de la politique de M. Poincaré,
ni de qa situation en Russie, ni même de l'af-
faire Bessarabo., mais simplement de savoir
s'il fallait ou non placer un accent sur un a.
L'un d'eux, l'auteur, n'en voulait pas; Vau-
tre, le correcteur, entendait le mettre, et af-
firmait que son opinion devait prévaloir. Il
ne faut pas croire, en effet que les correcteurs
aient aujourd'hui simplement pour mission
de veiiïïler à ce que le texte imprimé reproduise
exactement le manuscrit. Le besoin créant l'or-
gane, ils sont par surcroît devenus les fil-
tres chargés d'arrêter au passage les fautes
d'orthographe échappées à l'étourderie ou à
l'ignorance de l'écrivain.
Or, donc, celui de mon histoire se refusait
à admettre ce qu'à tort ou à raison il consi-
dérait comme un dévergondage grammatical;
et à toutes les supplications, aussi bien qu'à
tous les arguments de son contradicteur, il
opposait d'énergiques verboten!
J'ai trouvé ce-la fort beau. En effet, en l'es-
pèce, que l'accent y fût ou n'y fût pas, cela
ne pouvait avoir pour lui aucune importance
pratique, et nul lecteur ne s'en fût aperçu. Sa
résistance n'avait donc sa source que dans
cette.. conscience professionnelle; par l'effet de
laquelle les travailleurs de l'intelligence ou
de la' main, en dehors de toute question per-
sonnelle, 'tiennent à ce que leur' tâche ou
leur oeuvre, grande ou mo.deste, soit exempte
de toute tare, alors même que cette tare de-
vrait être ignorée de tous.
Ce sentiment qui fit jadis l'honneur de nos
magistrats, la gloire de nos littérateurs et de
nos artistes, aussi bien que ila réputation de
nos artisans, tend à disparaître dans tous les
domaines, pour faire place aU je m'enfichisme,
père de la tribu des camelotes: camelote po-
litique, camelote parlementaire, camelote ar-
tistielue, camelote littéraire, camelote commer-
ciale et industrioUe. Dans ces conditions. com-
me il devient bien rare de Je rencontrer, je
m'empresse de le saluer bien bas; et je re-
grette de ne pas être ministre, car mon pre-
mier geste serait de décorer ce débris des
temps passés: — un travailleur consciencieux.
Petit -tean.
LES MILLIARDS FUGITIFS
LE COMITÉ DES BANQUIERS
se sépare sans avoir réalisé
l'emprunt extérieur allemand
■ ■
Il a adressé hier son rapport
à la Commission des Réparations
c ■
Le Comité international des banquiers,
chargé par la commission des réparations
d'étudier les conditions dans lesquelles pour-
raient être émis un ou plusieurs emprunts
extérieurs allemands, dont le produit serait
destiné au rachat, partiel ou total, en ca-
pital de la dette-réparations, a achevé, hier
matin, la rédaction de son rapport à l'a-
dresse de la commission.
Cette dernière séance a duré une heure, de
11 heures à midi. Les termes du rapport, qui
est long et très complet, avaient été discu-
tés longuement la veille. Il ne restait plus
qu'à procéder à une dernière lecture et à
approuver définitivement le texte de ce do-
cument. C'est ce qui a été fait. Après quoi,
les. membres du comité se sont séparés. En
particulier, M. Pierpont Morgan a quitté Pa-
ris hier soir même, se rendant à Londres,
d'où il regagnera l'Amérique.
La commission des réparations, réunie hier
après-midi, à 3 heures, a pris connaissance
du rapport 'du comité des banquiers.
Le rapport
La Commission des réparations a communi-
qué dans la soirée le texte du rapport du Co-
mité de l'Emprunt.
En voici les principaux passages:
Le Comité désire, avant tout, éviter que
l'on se fasse une idée fausse de sa situa-
tion et de son attitude.
Ses membres ont été invités, par déci-
sion unanime de la Commission des répara-
tions, à se réunir à Paris en vue de donner
un avis technique en leur qualité de ban-
quiers sur les conditions dans lesquelles le
gouvernement allemand pourrait contracter
un emprunt à l'étranger. Ils n'ont à aucun
moment éprouvé le désir d'élargir indû-
ment leur mandat. Ils n'ont jamais cessé
d'avoir pleinement le sentiment que leur
avis technique, une fois donné, ne consti-
tuerait qu'un facteur du problème que la
Commission des réparations et les gouver-
nements alliés ont seuls à résoudre. Dès
leur première séance, les banquiers faisant
partie du Comité ont été unanimes à recon-
naître que, pour des raisons diverses, dans
les limites de leur mandat strictement in-
terprété, il ne leur était pas possible d'en-
visager un emprunt extérieur.
Certains d'entre eux- toutefois, ont es-
timé que si la Commission ou les gouverne-
ments précisaient davantage quels sont les
paiements annuels qu'ils ont l'intention
d'exiger de l'Allemagne, un tel emprunt
pourrait être envisagé favorablement. S'ils
avaient reçu une invitation unanime à in-
diquer les limitations de ces paiements qui
leur paraissent être la condition nécessaire
de l'emprunt extérieur, ces mêmes ban-
quiers auraient volontiers donné cette in-
dication. Ces limitations n'auraient toute-
fois été recommandées que dans le cas où
l'on désirerait recourir à un emprunt et
comme conditions de cet emprunt. Elles
n'auraient impliqué aucun avis au sujet des
sommes que la Commission pourrait ou de-
vrait exiger si les gouvernements se con-
tentaient d'attendre les paiements annuels.
sans les mobiliser par anticipation au
moyen d'un emprunt. La Commission ou les
gouvernements, même s'ils avaient trouvé
juste l'avis du Comité, n'en auraient pas
moins été entièrement libres de décider
qu'ils préféraient continuer à étudier cha-
que année la capacité de l'Allemagne et à
fixer les paiements en conséquence. En
d'autres termes, les chiffres indiqués au-
raient reflété un avis, non au sujet de la
,capacité maxima probable de l'Allemagne,
mais au sujet des personnes que le grand
public des prêteurs se formant une opinion
au milieu des incertitudes actuelles, croi-
rait certainement être bien dans les limites
de la capacité de l'Allemagne.
Les paiements, même estimés aussi pru-
demment, demeureraient encore très impor-
tants : le Comité reconnaît que les gouver-
nements alliés pourraient néanmoins dési-
rer conserver, même au prix d'un renonce-
ment à l'emprunt, l'entière liberté d'exiger
les paiements annuels plus considérables
que le développement de la capacité de l'Al-
lemagne pourrait rendre ultérieurement
possibles. Les gouvernements auraient, non
seulement été entièrement libres de pren-
dre une telle décision, mais encore, s'ils
l'avaient prise, cette décision n'aurait nul-
lement été incompatible avec 'l'avis tech-
nique du Comité. Toutefois, si cet avis avait
été formulé, une décision aurait pu être
prise en présence d'alternatives nettement
indiquées. -
L'avis du Comité est défavorable à l'emprunt
—————~g~ç.j~—————
Mais il laisse à l'Allemagne des espérances pour l'avenir
Le rapport après avoir examiné les diffi-
cultés qui s'opipoeent à la réalisation de l'em-
prunt déclare:
Ayant senti ces difficultés, -et d'autres en-
core, et estimant qu'ils ne doivent pas recom-
mander un emprunt alors qu'ils n'auraient pas
confiance en le succès de l'émission de cet em-
prunt sur leurs marchés respectifs, les mem-
bres du Comité sont, à leur grand regret, arri-
vés à la conclusion qu'étant données les condi-
tions actuelles, il ne leur est pas possible de
donner un avis favorable à un emprunt exté-
rieur.
Les conditions d'un emprunt
Toutefois en tenant compte de cette condi-
tion négative, et tout en estimant qu'il est
dans l'impossibilité d'accepter l'invitation de
la majorité de la Commission tendant à lui
faire examiner en détail le problème plus lar-
ge, le Comité considère cependant qu'il peut
utilement ajouter les observations générales
suivantes sur ce problème:
a) La condition essentielle d'un emprunt ex-
'térieur à n'importe quel moment est que le pu-
blic ait le sentiment que l'Allemagne fait elle-
même un effort réel et important pour établir
ses finances publiques sur une base sta'ble.
Il est de la plus grande importance que par
là garantie technique qu'elle doit donner et
par le rétablissement de sa situation finan-
cière, l'Allemagne montre clairement son dé-
sir de remplir ses obligations dans l'espoir
qu'en les remplissant elle rétablira son crédit.
b) La seconde condition essentielle est celle
dont il est question en*détail ci-dessus, à sa-
voir, la disparition de l'incertitude présente
en ce qui concerne l'obligation de réparation.
La plupart des membres du Comité n'igno-
ront pas que tout avis de sa part n'aurait pas
pu assurer la réalisation de ces conditions j
bien qu'il y eût peut-être contribué. Ils com-
prennent très bien, par exemple, que, s'ils re-
commandaient comme conditions essentielles
d'un emprunt une limitation des paiements
annuels de l'Allemagne, les pays intéressés de-
vraient en examinant le retentissement d'une
telle réduction sur leur situation financière,
ise préoccuper de leur propre dette extérieure.
Conclusions optimistes
Et, après avoir passé en revue les différen-
tes modalités d'un emprunt, le rapport con-
clut ainsi :
En conclusion, bien que le Comité ait été
dans l'obligation d'exprimer un avis défa-
vorable quant aux possibilités d'un emprunt
dans la situation actuelle du crédit de l'Alle-
magne, il désire être non moins catégorique
en affirmant sa conviction que, si les condi-
tions nécessaires à la renaissance du crédit
de l'Allemagne étaient réalisées, on pourrait
émettre des emprunts importants sur tous
les principaux marchés du monde. Les condi-
tions purement financières sont maintenant
nettement favorables à l'émission de tels em-
prunts, plus même qu'à n'importe quel autre
moment depuis la g-uerre. Le Comité tient à
assurer la-Commission qu'il a le vif désir de
faire tout ce qui est en son pouvoir pour aider
à l'émission de tels emprunts, si les condi-
tions qu'il a indiquées peuvent être remplies.
Il se. rend parfaitement compte de l'aide im-
mense au rétablissement économique du
monde entier, qui serait fournie par la con-
version graduelle de la dette de l'Allemagne
envers les gouvernements en une dette de
l'Allemagne envers des prêteurs privés, ba-
sée comme les autres dettes publiques, non
pas sur des sanctions extérieures, mais sur
le crédit général du pays débiteur. Il croit
en effet que la reprise des conditions norma-
les des échanges entre les pays, et la stabilisa-
tion des changes sont impossibles sans une
solution définitive des paiements de répara-
tions aussi bien que des autres dettes publi-
ques extérieures. Si par conséquent à un mo-
ment donné la Commission se trouve en me-
sure de renouveler, par une décision unani-
me, l'invitation qui vient d'être faite à la ma-
jorité, le Comité sera heureux de se réunir
de nouveau et de reprendre l'étude actuelle-
ment interrompue. Il ignore si les gouverne-
ments alliés accepteront les conditions indis-
pensables, mais dans l'affirmative il réitère
l'expressio-n de son espoir en la possibilité
d'émettre des emprunts importants.
Enfin, le Comité désire faire observer que,
d'ici-là et même dans l'intervalle entre cette
invitation renouvelée et la conclusion des né-
gociations qui en résulteraient, la situation
financière de l'Allemagne pourrait évidem-
ment être menacée d'un danger sérieux : des
négociations prolongées pour un grand em-
prunt à longue échéance pourraient aboutir
trop tard, si elles ne sont. pas précédées d'une
aide immédiate.. Si, cependant, le problème
est examiné à nouveau, dans les circonstan-
ces meilleures qui ont été indiquées et dans
la perspective réelle d'un règlement définitif,
le Comité pense que les obstacles qui s'oppo-
sent pour le moment à un emprunt provisoire
ne seraient alors probablement pas insur-
montables. Avefl le véritable espoir d'un rè-
glement définitif dans un délai raisonnable,
il serait beaucoup plus facile de combiner un
emprunt garanti et à plus court terme suf-
fisant pour sauver le crédit de l'Allemagne
de l'effondrement pendant la période de né-
gociations. Le Comité pense qu'il est à peine
besoin d'ajouter que, dans ces conditions, il
serait heureux de fournir toute l'aide possible
en ce qui concerne un emprunt restreint de
ce genre, aussi bien qu'en ce qui concerne le
problème plus vaste et plus important.
10 juin 1922.
Léon DELACROIX ; M. D'AMELIO ;
J: P. MOBGAN; R. M. KINDERSLEY;
E. VlSSERIKG ; C. BERGMANÎï.
Une protestation de M. Sergent
M. Sergent ne peut se rallier aux conclu-
sions qui précèdent ni à diverses déclarations
et suggestions contenues dans le présent rap-
port. Se référant aux nombreuses observa-
tions qu'il a faites au cours des délibérations
du Comité, il déclare d'une manière générale
que pour faciliter un emprunt il ne peut pas
envisager de nouvelles limitations des obli-
gations de l'Allemagne qui ne lui paraissent
pas justifiées, ni une diminution quelconque
des droits reconnus à la France par le traité.
Avec le délégué de la France à la Commis-
sion des réparations, il considère qu'il n'était
pas de la compétence du Comité des ban-
quiers d'étudier des modifications aux obli-
gations du gouvernement allemand telles
qu'elles sont définies par le traité de Ver-
sailles, et en particulier par l'état des paye-
ments du 5 mâi'-1921.
Ci. SERGENT. -
Rendons à César.
Nous avons dit avant-hier que M. Ro-
bert de Baudus avait renversé deux per-
sonnes à Issy-les-Moulineaux, où il passait
en automobile ; que l'une d'elles, un étu-
diant chinois, avait été tuée et l'autre griè-
vement blessée. Nous ajoutions que M. Ro-
bert de Baudus était maire de Villemon-
ble, alors qu'en réalité il est maire de Mil-
lemont (Seine-et-Oise). La confusion est
due à une mauvaise communication télé-
phonique.
LA « SEASON » ANGLAISE
CE QUËl AI VU
au «Derby d'Epsom»
Londres, juin. — « Quiconque veut saisir
l'âme britannique et la considérer, telle qu'elle
est, doit aller au Derby d'Epsom. » On me
l'avait dit et je l'avais cru, il me fallait donc
me rendre sur le fameux hippodrome.
J'ai fait le trajet par le train, comme les
neuf dixièmes des trois cent mille citoyens
de la libre Angleterre qui vont ce jour-là sur
le turf. Mon convoi n'avait pas moins de vingt-
cinq wagons et il était suivi, de dix en dix
minutes, par un autre convoi semblable —
tous s'arrêtaient devant le même quai et se
conformaient à un horaire parfaitement ré-
glé.
Le jour du Derby, tout le monde joue, de-
puis le roi George jusqu'au débardeur du port,
des sommes variables entre mille livres ster-
ling et un shilling. Bien entendu, il ne s'agit
pour personne de se livrer au hasard ; cha-
cun a son calcul avec lequel il compte bien
défier la mauvaise chance. Il fut parié, hier,
au Derby, plus d'un million de livres, c'est-
à-dire près de cinquante millions de francs !
*
#♦
Arrivé à Epsom, je me suis trouvé comme
un bouchon dans un torrent, j'étais porté par
une marée humaine, dans une direction qui ne
pouvait être que la bonne. Il faut signaler là
une des qualités essentielles de la foule an-
glaise, elle est disciplinée, elle réfrène l'im-
pétuosité individuelle, je me trouvais parmi
les autres, sûr d'aller où il fallait, selon le
plan d'une police invisible qui, depuis * un
mois, a étudié et résolu le grave problème de
la circulation pour 300.000 personnes se di-
rigeant à la même heure vers le même champ
de courses. La même précision s'impose aux
piétons, aux chevaux, aux automobiles. Il y a
une voie pour les attelages, une autre pour
les autos lourdes, une troisième pour les au-
tos légères — tous les véhicules circulant
dans la même direction sur trois ou quatre
files. Ce fourmillement est surveillé du haut
des airs par un avion policier. Il y avait, hier,
à Epsom, quarante mille automobiles et tou-
tes ces voitures ont pu franchir en moins
d'une heure et demie les soixante kilomètres
qui séparent Londres de la grande réunion
sportive.
Le terrain, célèbre dans les fastes hippiques
depuis plus d'un siècle, est encaissé comme
une cuvette dans un amphithéâtre de collines
dénudées nommées Downs. Cela est horrible,
contourné, tout en montées et en descentes,
avec un coude nommé Tottenham Corner. Les
Anglais apprécient cette piste qu'ils estiment
propre à mettre en valeur les qualités de tous
les chevaux, et à procurer quelques surprises
particulièrement agréables à un peuple aussi
méthodique.
Lorsque j'atteignis le but, il me fut impos-
sible de savoir si nous foulions une prairie,
car l'herbe était invisible, tant la foule était
dense, elle était d'ailleurs calme et presque
recueillie, comme dans une solennité natio-
nale ; il ne s'agissait pas pour elle d'une
fête joyeuse, mais bien d'un rite qu'elle ac-
complissait d'un cœur sévère et non, certes,
avec le goût d'une émotion provoquée par le
risque, gain ou perte.
Il est vrai que l'on pourrait prétendre que
ce peuple était en quelque sorte « narcotisé »
par l'éclat du soleil, car le thermomètre mar-
que trente-sept degrés à l'ombre. C'est dans
de telles épreuves que se révèle l'endurance
britannique ; l'idée ne venait à personne d'en-
lever son faux-col ou de se mettre en bras de
chemise. Il n'y avait que de très rares indi-
vidus, et sans doute des étrangers, dont l'ex-
trême chaleur avait modifie la tenue décente
et correcte.
*
**
Dans le Grand Stand, que nous appellerions
le « pesage », les hommes étaient coiffés du
« tube » et en redingote ; ils suaient stoïque-
ment. On ne pouvait pas constater là le moin-
dre souci de coquetterie, tout le monde étant
en uniforme. Dans la tribune du Jockey-Clwb,
voisine de celle du roi, il n'y avait pas dix
sportswomen que l'on. pût regarder un mo-
ment avec plaisir.
Le. Derby n'est pas une réunion élégante,
car tout Londres s'y donne rendez-vous. Le
coin le moins pittoresque du Grand Stand
n'est certes pas celui où se tiennent les in-
nombrables bookmakers, qu'il faut admirer
dans l'exercice de leurs fonctions. Ceux-ci ont
toute honte bue, ils sont en manches de che-
mise, il font un vacarme de tous les diables,
et apparaissent vraiment à cette heure comme
une nuée de démons du jeu. On peut d'ail-
leurs voir cette même scène) Ascot et à
Goodwood, qui sont renommés pour leur élé-
gance dans tout le Royaume-Uni.
Il importe d'observer que des hippodromes
anglais ne sont pas des lieux de plaisirs esthé-
tiques, mais bien de jouissances spéculatives.
Rien de commun avec les réunions d'Auteuil
et de Longchamp.
Le moment de la grande épreuve est impres-
sionnant. Pendant un quart d'heure, trois
cent mille poitrines retiennent leur souffle,
mais lorsque le vainqueur a passé le poteau,
c'est le hourvari formidable de ceux qui ont
ponté ferme sur la solidité de ses jambes ;
mais il s'agit moins pour eux du gain, que de
l'orgeuil d'avoir résolu le problème sportif.
Dix minutes après, les éditions spéciales
des journaux apprennent la grande nouvelle
à Londres, et dans une demi-heure les résul-
tats sont affichés à Calcutta, à Melbourne, à
Capetown, à Montréal, c'est-à-dire dans tout
l'immense Empire. L'événement n'est pas
seulement national, il est mondial.
James WITNESS.
Kronstadt entre les mains des Allemands
Varsovie, 10 juin. - Suivant les rensei-
gnenients parvenus au « Courrier de Var-
sovie », les bolcheviks auraient déjà termi-
né le plan de la reconstruction complète
des anciennes forteresses russes. En pre-
mier lieu figurent celle de Kronstadt et cel-
le de la redoute fortifiée, Krasnaïa Gorka,
située, dans la baie de Kronstadt. La re-
construction de ces deux forteresses aurait
été confiée aux. Allemands. Des ingénieurs
allemands sont, d'ailleurs, déjà arrivés sur
place et ont demandé à Trotzky, afin que
les travaux puissent être poussés active-
ment, d'évacuer au préalable la population
civile. Le « Courrier de Varsovie » apprend,
d'autre part, que le commandement des na-
vires russes se. trouvant à Kronstadt, a été
également confié à des officiers allemands.
NOUS PUBLIERONS DEMAIN :
LE COURRIER DES LOYERS
ET DES HABITATIONS A BON MARCHE
CONTRE LES ECIMEURS DE LA PETITE EPARGNE
Il esl temps de voler le projet
inldisnl la venle à gril -
des taletirs à loi;
La Commission de prévoyance sociale
de la Chambre
s'est prononcée pour cette interdiction
Nous avons signalé ici en son temps le dé-
pôt du projet de loi « interdisant la vente à
tempérament des valeurs à lots ». Parmi les
textes législatifs utiles et qui peuvent être
votés rapidement et sans discussion, celui-là
est intéressant au premier chef. M. Tapon-
nier, chargé du rapport, a fait connaître en
effet les conclusions de la commission d'as-
surance et de prévoyance sociales, qui sont
nettement favorables à son adoption.
Il s'agit, en effet, lie. mettre fin à une es-
croquerie couramment pratiquée par les écu-
meurs de la petite épargne, ou tout au moins.
dans l'hypothèse la moins défavorable, d'em.
pêcher un commerce où le gain illicitement
pratiqué par des trafiquants ou des financiers
plus ou moins véreux n'est généralement pas
inférieur à 100 0/0. : -
Très loyalement, M. Taponnier a, dans son
rapport, exposé à la fois les arguments des
partisans de la vente à crédit des valeurs à
lot et les critiques très sérieuses qui leur sont
opposées.
Selon les premiers, en somme, en vendant,
même bien plus cher qu'au cours de la bour-
se, des valeurs qui sont payées par versements
échelonnés et qui ont pour les humbles l'at-
trait du billet de loterie, on favorise la pe-
tite épargne. L'essentiel est, d'une part, que
l'opération soit régulière, que, dès le premier
versement, l'acheteur devienne propriétaire du
titre et des avantages, comme des intérêts
qui y sont attachés, et que, d'autre part, Ip
"marge de gain du banquier, qui ne reçoit que
des acomptes espacés sur une durée assez lon-
gue soit limitée à un pourcentage raisonna-
ble. Seul, selon ceux qui soutiennent cette
thèse, le marché clandestin et frauduleux des
valeurs à lots achetées à tempérament serait
repréhensible et mériterait d'être formellement
défendu.
Mais, selon les adversaires de la vente à
crédit des valeurs dont il s'agit, rares sont
les maisons sérieuses et honnêtes qui la pra-
tiquent, tandis qu'au contraire la tolérance ob-
servée jusqu'ici a provoqué une floraison ex-
traordinaire de mercantis sans scrupules, qui
revêtent faussement la qualité de banquiers
et, qui s'abritent derrière des étiquettes des-
tinées à leur attirer la confiance du petit pu-
blic, en jouant des mots « crédit, épargne,
prêvoyancef économie », etc. -
Surtout, il arrive de plus en plus que les
acheteurs qui, au bout d'un certain nombre
de versements sont défaillants, sont littéra-
lement dépouillés des sommes qu'ils ont eu
la naïveté de débourser. M. Gillërin, substitut
du procureur de la République à Paris, a
fourni à ce sujet une documentation vérita-
blement impressionnante et sans réplique pos-
sible. Pour ne citer que le trop célèbre Zucco,
il n'a pas demandé à l'épargne moins de 1 mil-
lion 27.814 francs, sans compter les opéra,
tions faites pour son compte à Genève au mé-
pris des lois françaises. Or, contre ceux qui
pratiquent cette rafle, la loi de 1900 — qu'ils
se gardent .bien d'enfreindre — laisse le par.
quet désarmé.
Souhaitons du moins que la Chambre suive
sa commission d'assurances et de prévoyance
sociales, qui propose de supprimer radicale-
ment une escroquerie à la fois facile et fruc-
tueuse. Il y. aura toujours des gens pour se
laisser gruger par les aigrefins. Mais, en in-
terdisant l'un des procédés que ceux-ci prati-
quent .sur la plus large échelle, on sauvera
tout au moins quelques-unes des économies si
péniblement amassées et si légèrement con.
fiées à ceux qui font luire aux yeux des épar-
gnants crédules le mirage de là loterie et ddj
la fortune.
"Louis LE PAGE.
L t a faire Bassarabo
devant le jury
Paule Jacques garde toujours son secret
et remet ses révélations à la fin du procès
Les premiers témoignages.
Ceux qui, troublée par les incidents émou-
vants de la précédente audience, s'attendaient
hier à quelque impressionnante révélation
ront éprouvé une déception.
C'est en vain, en effet, que M. le président
Gilbert, avec une constance digne d'un meil-
leur sort tenta de faire sortir Paule Jacques
de son silence obstiné, en vain que réalisant
une menace faite la veille, dans l'espoir de
romipre le fatal enchaînement qui paraissait
peser cur la volonté de la jeune fille, il l'in-
terrogea hors de la présence de sa mèHÉ.
Paule Jacques n'a point fait connaître son
secret.
Quand, obéissant à regret à l'ordre du pré-
sident, Mme Bassarabo eut quitté la salle, Ip
dialogue suivant s'engagea:
— Hier, vous avez prononcé des paroles fort
graves. Vous avez parlé d'un mystère, vouf
avez parlé d'un secret.
— J'ai demandé à ma mère de parler.
— Quand?
— Hier.
- Vous ne comprenez donc pas la gravite
de votre attitude?
— Si ma mère veut parler.
— Vous ne voulez pas répondre? Faites
bien attention, messieurs les jurés apprécie-
ront.
— C'était à la gare Saint-Lazare, on croyait
que j'allais mourir; ma mère m'a dit la vérité.
Je la dirai à la fin des assises.
— Il serait trop tard. Vous ferez ce que youq
voudrez, mais il est de mon devoir de vous
dire que c'est maintenant qu'il faut le dire.
Me de Moro Giafferri joint ses efforts à ceux
du président:
— .S'il y a un secret, ce n'est pas aprèls l'ef-
fort de la défense qu'il ifaudra le dire.
Paule Jacques. — Ma mère ne veut pas que
je parle.
Le président. — Vous n'avez pas l'air da
comprendre l'importance de votre 6ilence.
Pour la dernière fois, voulez"vous parler?
— Je ne le peux pas.
Paule Jacques là-dessus, se rassied.
Mme Bassarabo est ramenée et le président
conformément à la loi, la met au courant de
l'incident.
Le président. - Votre fille nous a dit qu'il y
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