Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-05-19
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mai 1922 19 mai 1922
Description : 1922/05/19 (N16363,A46). 1922/05/19 (N16363,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7512747b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
Le Numéro : 10 Cmet
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La Lanterne
46* ANNEE - N* 16.363
VENDREDI
19
MAI 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Un "J'accuse"
; bolcheviste
Une importante fraction du parti bolche-
viste russe s'adresse « aux travailleurs
du monde entier )) en accusant les chefs
bolcheviks de trahison à la Révolution.
On a déjà parlé plus d'une fois et de-
puis longtemps des brouilles et des dis-
sentiments dans le parti communiste
russe. Et nous-même, nous avons cité
ici, le 8 avril, une certaine adresse de
« l'opposition » bolcheviste à la « Confé-
rence » de la IIIe Internationale, qui s'est
tenue à Moscou en février, exprimant
des doléances et des accusations.
Mais, jusqu'ici, toutes ces choses se
passaient en famille.
Et c'est pour la première fois qu'une
fraction du parti bolcheviste, parti qui
est justement célèbre par sa discipline
toute jésuitique, s'adresse « aux masses
laborieuses de tous les pays ».
Tout homme de bon sens, après avoir
parcouru les citations ci-dessous, se dira
que naïfs seront ceux qui rêvent d'ex-
ploiter la Russie en escomptant une lon-
gue existence pour le bolchevisme'.
Les auteurs du manifeste, après un
court préambule où, en bolcheviks or-
thodoxes, ils font l'éloge de la révolution
bolcheviste et accusent le prolétariat
mondial de ne l'avoir pas soutenu à
temps, continuent ainsi :
Pour la première fois, dans les colonnes
de la presse prolétarienne (c'est-à-dire bol-
cheviste), apparaîtra le mot < imposture »,
à l'adresse des chefs des masses prolétarien-
nes. Ce terme est encore trop faible pour
faire sentir toute l'infamie de cette politique
de duplicité, dont nos camarades et nous-
mêmes sommes des victimes, nous tous, qui
nous sommes donnés loyalement au parti et au
komintern (Comité Exécutif de la IIIe Inter-
nationale).
Notre accusation se compose de deux par-
ties : il s'agit d'abord de la faute capitale
de nos chefs et ensuite « de leur fpurberie
consciente et de leur trahison aux inté-
rêts de la classe ouvrière ».
La faute capitale *
Après avoir exposé comment 1' « una-
nimité » qui régnait au début de la ré-
volution a fait place aux dissentiments
et à la haine, les auteurs affirment que
la population était contre la guerre ci-
vile, mais que les chefs, tant « blancs »
que « rouges », l'ont allumée et attisée
dans leur propre intérêt.
Le crime des blancs est évident. Mais, de
leur part, ce fut naturel : ils se défendaient.
Mais le crime des chefs de la révolution, qui
pouvaient prévenir l'épouvantable saignée en-
tre différentes fractions du peuple travailleur,
est bien plus terrible.
Ces chefs pouvaient élaborer un compromis.
Ils ont préféré le sang, un océan de sang.
Si les chefs patentés des masses ouvrières
agissent sous l'influence de leurs bas instincts
et sentiments, c'est un crime qualifié, car, d'a-
bord, ils font couler à flot le sang humain et,
ensuite, ils ruinent l'œuvre même qu'ills ont en.
treprise. La révolution a créé un poing de
fer. On peut justifier cela et le fait que ce
poing écrase ses ennemis. Mais si ce poing
commence à comprimer la pensée libre des
travailleurs ; si, avec la réaction,, il massacra
les meilleures formes de l'individualisme ré- -
volutionnaire, alors on se demande au nom de
ïjuoi il s'est abattu sur les têtes des ouvriers
et des paysans de la Russie soviétique. Qui
a besoin des nouvelles chaînes et muselières
dont on a gratifié le peuple de Russie ? Est-ce
lia révolution ou le pouvoir seulement ?
Qui est ce « pouvoir des ouvriers et des
paysans » dont ces ouvriers et paysans ont
rêvé si longtemps ? Ce sont les mêmes déma-
gogues qui ont tout détruit et qui sont incapa-
bles de créer quoi que ce soit. Et plus fort en-
core : toute manifestation de l'activité libre et
Créatrice du prolétariat russe est immédiate-
ment et implacablement étouffée par ce pou-
voir. La dictature du prolétariat s'est trans-
formée en celle d'une petite clique de déma-
gogues fortement liés par des intérêts com-
muns et qui ne défendent que leur propre pou-
voir. ce pouvoir qui devait être le levier de
la révolution mondiale. Oui, camarades, c'est
ainsi !
La fourberie et la. trahison
Pour se maintenir, cette clique est prête à
sacrifier tant l'idée de la révolution sociale
que cel'le du communisme. La tactique du
komintern et du parti sont au service du gou-
vernement.
Pour tout homme initié, tous ces congrès,
toutes ces conférences et résolutions ne sont
qu'autant de parades de foire ! Tout cela se
fabrique dans le Sornarkom et se fabrique ex-
clusivement pour étayer leur. dictature qui s'é.
croule.
Sont-ils nombreux, les membres de komin-
tern qui ont vu la réalité russe telle qu'elle
est ? On les mène à des meetings où tout est
préparé d'avance. Des orateurs bien dressés y
parlent et on leur dit que ce sont des ouvriers
russes ! Non ! Les délégués n'y voient pas
d'ouvriers russes.
L'ouvrier ruisse est maintenant plus subju-
gué qu'il ne fut sous le régime tsariste.
Ifcus. groupes de militants ouvriers, anciens
membres du parti communiste, au nom des
masses populaires russes, nous vous conjurons
de ne pas répéter nos fautes que nous expions
en ce moment !
Continuez la lutte sur de nouvelles bases
et ne vous fiez pas aux « généraux de la ré-
volution B qui se transforment vite en satra-
ipes et qui vous réduiront en esclavage !
N ousaccusons ouvertement les chefs
du parti communiste russe, qui sont, en
même temps, les chefs du gouvernement
russe, d'une trahison consciente et pré-
méditée de la Révolution. Nous les accu-
sons d'avoir sacrifié lesintérfJts du pro-
létariat à la jouissance du pouvoir. Nous
les accusons d'être protecteurs d'une
nouvelle bourgeoisie, plus rapace et plus
cruelle que l'ancienne, d'être les auteurs
des mesures les plus sanglantes contre
les ouvriers pour les exploiter.
Nous, ouvriers russes, privés du droit
de grève et de coalition, nous faisons ap-
pel à vous, camarades !. Que l'on fasse
une enquête sur notre situation ! Les
paroles nous manquent pour exprimer
les souffrances qu'ont endurées les tra-
vailleurs russes.
Par mandat du groupe de cama-
rades du parti communiste
russe : MIASSNIKOFF, BATOU-
RINE.
Moscou, le 14 mars 1922.
Nous n'avons que peu de chose à
ajouter. Les auteurs du manifeste sont
tous des anciens militants du bolche-
visme.
Ce n'est que tout récemment que ce
document a pénétré en Europe, car les
bolcheviks officiels ont tout fait pour
que le scandale n'éclatât pas pendant les
assises de Gênes.
Le Goloss Rossii, journal des socialis-
tes-révolutionnaires .russes, paraissant à
Berlin, qui publie entier ce manifeste,
dit : « Le parti communiste russe-est en
pleine décomposition. Les jours de son
pouvoir sont comptés. ».
Ceux qui désirent, malgré tout, « se
réconcilier » avec les bolcheviks (les bol-
cheviks officiels) feraient bien de se mé-
fier.
Le problème capital qui se pose, c'est
celui de la succession du bolchevisme,
de la liquidation du bolchevisme au
profit de la démocratie russe.
W. DRABOVITCH.
} —
L'avertissement
Chacun des pontifes du Bloc National a
mis ses lunettes pour examiner à loisir les ré-
sultats du scrutin du 14 mai, afin d'en tirer
des conséquences et des horoscopes. Il faut
croire que les conclusions ne se dégagent pas
avec clarté, car les avis diffèrent sensiblement.
« Rien de changé ! disent les optimistes,
nous restons sur nos positions ! »
M. André Tardieu, lui, dans une crise de
sincérité dont s'accommode parfaitement sa
politique alarmiste, n'hésite pas à reconnaître
que « les partis de gauche ont eu, aux der-
nières élections législatives, 29 0/0 des sièges,
tandis qu'ils réunissaient dimanche dernier
46 0/0 des suffrages exprimés ». Bien en-
tendu, notre N'Goko-National attribue ce dou-
loureux résultat à la capitulation des hommes
du B. N., qui abandonnèrent le pouvoir aux
hommes du Bloc de gauche. Tout eût été fort
différent « si » M. André Tardieu avait été
chargé de présider aux destinées de la Ré-
publique.
Le « si » de l'auteur du traité de Versail-
les n'a pas grande signification, l'hypothèse
d'un gouvernement Tardieu étant une de ces
fantaisies auxquelles nous ne sommes heu-
reusement pas réduits, mais les chiffres ont
une éloquence qui sonne comme le glas du
Bloc National.
II est absurde de dire à cette heure, tout
fut mauvais parce que l'Entente démocrati-
que n'a pas gouverné ; elle était la majorité,
il lui appartenait donc de prendre le pou-
voir. M. Arago et ses amis en ont laissé la
responsabilité à des personnalités qui n'ap-
partenaient point à leur parti, ils ne peuvent
en tirer argument auprès du suffrage uni-
versel.
De bons apôtres, sentant venir la catas-
trophe inévitable, font la somme des voix ob-
tenues par les républicains de gauche et les
radicaux-socialistes, afin de trouver là cette
forte majorité qui représente à leurs yeux la
France républicaine. L'erreur de compte est
manifeste, et nous n'en sommes plus à ac-
cepter le mensonge des étiquettes. Deux ques-
tions : la religieuse et la fiscale, permettent
une discrimination loyale. Il ne faut pas con-
fondre droite et gauche, ni chercher, pour
les besoins d'une politique hybride de conser-
vation sociale, à marier la chèvre du Bloc
National avec le choux du Bloc républicain.
F. H.
— -m & m>—^ -——————
Nos ministres se préoccupent
du conjM du pain
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat se
sont réunis hier matin, en conseil de cabinet,
(tU. ministère des affaires étrangères, sous la
présidence de M. Poincaré.
Le ministre de l'agriculture a mis le conseil
au courant de la procédure suivie sur le re-
cours des boulangers, relatif à l'arrêté de
taxation du pain. Il ne prendra de décision
qu'après avoir reçu l'avis de la commission
consultative.
Le conseil s'est ensuite entretenu des me-
naces d'abandon du travail formulées dans
une récente réunion des patrons boulangers
le la région parisienne.
Les ministre de la guerre et de l'intérieur
ont fait savoir que, pour le cas où une pa-
reille éventualité se produirait, ils avaient ar-
rêté toutes les mesures nécessaires pour as-
surer l'approvisionnement en pain de la po-
pulation.
La commission
La commission, chargée de donner son avis
sur le recours du syndicat de la boulangerie,
s'est réunie hier après-midi, au ministère de
L'agriculture.
Le délégué de la chambre syndicale de la
aoulangerie ayant manifesté le désir de lui ap-
porter un certain nombre de documents, la
séance a été renvoyée à samedi matin.
La baisse des farines
Un projet de loi, tendant à autoriser le gou-
vernement à taxer les farines, a été déposé
par M. Chéron sur le bureau de la Chambre.
Ce projet sera, dit-on, discuté dès la rentrée.
Ne conviendrait-il pas, avant d'abaisser le
barif douanier sur les blés d'importation, com-
me nous cessons de le demander.
AU BORD PU FOSSÉ.
ON A PRÉPARÉ A GÊNES
Lfl CULBUTE VERS Lfl HAVE
»»)Ot
Les délégués français et belges n'ont pas assisté aux délibérations
-————————————— fe,
LA DERNIÈRE SÉANCE PUBLIQUE A LIEU CE MATIN
———————— 3K
Gênes, 18 mai. — La commission n* 1, dite
politique, s'est réunie ce matin, à 11 h. 20,
sous la présidence de M. Facta. Toutes les
puissances invitées à Gênes et qui font partie
de cette commission étaient représentées à
cette séance, à l'exception de la France, de la
Belgique et de l'Allemagne.
M. Schanzer a lu iûi rapport expliquant
dans quelles conditions avaient été adoptées
les résolutions soumises à la délégation russe,
le 15 mai, et qui furent ratifiées par la com-
mission.
En voici le texte définitif :
I. — Les puissances ci-dessus mentionnées
acceptent qu'une commission soit nommée en
vue d'examiner encore les divergences existant
entre le gouvernement soviétique russe et les
autres gouvernements en vue de se rencontrer
avec une commission russe ayant le même man-
dat.
II. — Au plus tard le 20 juin, la désignation
des puissances représentées dans la commission
russe avec les noms des membres de cette com-
mission sera communiquée au gouvernement
soviétique et réciproquement les noms des mem-
bres de la commission russe seront commu-
niqués aux autres gouvernements.
III. — Les questions a traiter par ces_com-
missions comprendront toutes les questions de
la propriété privée et des crédits.
IV. — Les membres des deux Commissions
devront se trouver à La aHye le 26 juin 1922.
V. — Les deux commissions s'efforceront d'ar-
river à des recommandations conjointes sur les
questions visées à la clause III.
VI. — En vue de permettre au travail des
commissions de se poursuivre en toute tranquil-
lité et en vue de rétablir la confiance mutuelle,
des engagements seront conclus entre le gou-
vernement soviétique russe et les gouverne-
ments actuellement alliés du gouvernement so-
viétique russe d'une part, et, d'autre part, les
autres gouvernements qui y seront partie, à
l'effet de s'abstenir de tous actes d'agression
contre leurs territoires respectifs et de s'abs-
tenir de toute propagande subversive.
L'engagement de s'abstenir de tous actes
d'agression sera basé sur l'observation du statu
quo actuel et restera en vigueur pendant une
période de quatre mois après la clôture des tra-
vaux de quatre mois après la, clôture des tra-
vaux des commissions.
L'engagement concernant la propagande obli-
gera les gouvernements A n'intervenir d'aucu-
ne façon dans les affaires intérieures des au-
tres Etats; à ne pas aider financièrement ou par
quelque autre moyen, les organisations politi-
ques dans les autres pays et à supprimer sur
leur territoire les tentatives tendant à. fomenter
des actes de violences dans les autres Etats ou
tendant à troubler le statu quo territorial et
politique.
"~,~t~ Le pacte de non-agression
Le délégué de la Lithuanie, M. Calvanaus-
kas, demanda alors si le pacte de non-agres-
sion liait seulement la Russie, d'une part, et
les autres Etats signataires, d'autre part, ou
bien s'il obligeait également toutes les puis-
sances participantes à ne pas s'attaquer en-
tre elles.
« Par exemple, dit-i'I, il est bien entendu
que la Pologne ne doit pas attaquer la Russie
et inversement ; mais en supposant, par im-
possible, que la Pologne veuille attaquer la Li-
thuanie, le pacte de non-agression le lui inter-
dit-il ? »
Le délégué de la Pologne, M. Skirmunt, ré-
pondit que la Pologne et la Lithuanie avaient
échangé devant la S. D. N., le 13 janvier der-
nier, des assurances pacifiques et que la Polo-
gne entendait bien s'y conformer.
Le délégué de l'Esthonie déclare que son pays
avait traité déjà avec la Russie, et qu'il en-
tretenait des relations cordiales avec elle. Ce-
pendant, par esprit de solidarité, il prendra
part à la réunion de La Haye. Mais il tienl
à préciser qu'une conférence ne peut modifieI
l'état de fait qui existe entre la Russie e1
l'Esthonie.
La Hollande et les Soviets
Le délégué néerlandais confirme que les re.
présentants des Soviets jouiront des mêmes
garanties que les représentants des autree
puissances, et qu'ils seront traités sur le pied
de parfaite égalité. C'est une quetsion d'hon-
neur pour la Hollande. Il espère, d'ailleurs,
pouvoir en donner l'assurance officielle de-
main, à la séance publique.
M. Tchitchérine répond alors aux observa-
tions précédemment présentées.
Selon lui, le pacte de non-agression lie tous
les Etats envers la Russie, comme il impose
à ces mêmes Etats de ne pas s'attaquer entre
eux.
Le pacte ne s'applique pas seulement aux
Etats limitrophes de la Russie, mais aussi à
tous ceux qui ont un traité avec la Russie.
M. Facta remercie alors le gouvernement
hollandais de son acceptation, ainsi que M.
Lloyd George.
Le Premier britannique émet alors une pro-
position d'ordre pratique. Le président de la
Conférence de Gênes sera chargé de se mettre
en rapports avec le gouvernement hollandais
pour tout ce qui concerne l'organisation de la
Conférence.
Le délégué hollandais et M. Facta acceptent
la motion de M. Lloyd George.
La séance est alors levée.
La dernière séance publique de la Confé-
rence aura lieu demain matin, à 9 heures.
*
**
La délégation française quittera Gênes, pour
Paris, samedi matin, à 10 h. 55.
Entretien Wirth-Lloyd George
Gênes, 18 mai. — Le chancelier Wirth a
conféré cet après-midi avec M. Lloyd George.
Le Premier anglais quittera Gênes demain
après-midi, à 15 h. 30.
M. Barrère retourne à Rome
Gênes, 18 mai. — M. Barrère, ambassa-
deur de France à Rome et délégué à la Con-
férence, quittera Gênes ce soir pour rentrer
à Rome.
Déclarations de Tchitcherine
Gênes, 18 mai. — L'un des envoyés spéciaux
de l'Agence Havas lui ayant posé un certain
nombre de questions, M. Tchitcherine lui a
déclaré entre autres choses :
« Nous avons toujours considéré la Con-
férence de Gênes comme une fin, et c'est pour-
quoi, dès les premiers jours, nous avons pro-
posé de remettre les questions litigieuses aux
soins d'une commission d'experts qui en au-
rait poursuivi l'étude dans l'avenir. L'événe-
ment justifiait notre demande. Dans l'état
actuel du monde et tant que la Russie sera
menacée d'un nouveau blocus, nous ne pour-
rons laisser pénétrer en Russie aucune com-
mission d'enquête économique.
« Pour examiner les affaires russes (ré-
clamations, crédits, bien privés), les condi-
tions suivantes sont nécessaires : D'abord,
une atmosphère tranquille dans laquelle tous
les problèmes ne seront pas jetés à la fois:
ensuite un délai convenable pendant lequel
un ultimatum ne sera pas envoyé toutes les
cinq minutes. »
Et M. Tchitcherine s'est ensuite répandu
en de vives attaques contre la France en la-
quelle il veut voir, et affirme que le peuple
russe voit comme lui, le principal adversaire
de la Russie.
LES EXPÉDIENTS FINANCIERS
Le système de l'emprunt forcé
j~<~>———————————————————— : ———
Comment la Grèce l'a réalisé en coupant le billet de banque
par moitié et ce qu'il en est résulté
Athènes, 17 mai. — Il n'est pas sans inté-
rêt d'examiner les résultats de l'expérience,
encore unique au monde, que vient de réa-
liser le gouvernement hellène par son em-
prunt forcé.
La conception en est d'une extraordinaire
simplicité : les billets de banque de 5, 10, 25,
100, 500 et 1.000 drachmes, ont perdu, par dé-
cision législative, 'la moitié de leur valeur
monétaire. Les possesseurs de ces papiers
doivent les couper en deux parties égales,
celle 'de gauche qui porte l'effigie de Georges
Stavros, fondateur de la Banque nationale,
conserve son caractère libératoire et continue
à circuler, avec une valeur réduite à 50 0/0 de
la valeur du billet entier. La partie gauche,
qui porte le dessin d'une couronne, n'a plus
aucun caractère monétaire, mais elle revêt
celui de titre de l'emprunt, pour une valeur
égale à celle que conserve l'autre moitié. Elle
peut être cédée avec un intérêt de 7 0/0 à la
Banque Nationale, laquelle peut en escompter
la moitié, c'est-à-dire un quart de la valeur
totale du billet, en monnaie courante. L'em-
prunt est au taux de 7 0/0.
Pour les dépôts, ropération a été des plus
simples. Au jour du vote de la loi, ils furent
divisés en deux parties égales : l'une a été
remboursée en papier-monnaie, l'autre trans-
formée automatiquement en titres de l'em-
prunt, avec escompte facultatif de la moitié.
Par ce système ingénieux, tous les rapports
juridiques, commerciaux et économiques ont
été strictement conservés dans les opérations
de la vie courante.
*
**
En fin de compte, la conséquence de la loi
a été de réduire de moitié les sommes liquides
que possédaient les citoyens grecs. Certaines
dispositions légales ont été prévues pour les
étrangers. Leurs dépôts ne furent point tou-
chés, mais les propriétaires d'immeubles fu-
rent contraints d'accepter pendant trois mois.
en paiement de leurs loyers, le titre dit « cou-
ronne ».
On a Drévu une nériode transitoire et le
gouvernement est autorisé à émettre de nou-
velles coupures pour retirer de la circulation
les anti-esthétiques demi-billets.
Lorsque le projet fut présenté, ce fut la
panique; la Bourse ferma, les banques d'affai-
res cessèrent leurs opérations, plusieurs
grands négociants et industriels pensèrent
perdre la tête. La presse fit partout de son
mieux pQur maintenir la confiance.
Ce mouvement .de désarroi fut bref et les
affaires reprirent bientôt avec une grande
activité ; le public avait en effet compris que
son argent n'était pas perdu, mais seulement
versé pour un quart dans les caisses de l'Etat,
et porterait d'ailleurs intérêt à 7 0/0. Aujour-
d'hui, tout va de telle sorte que les « couron-
nes » se négocient à 90 et même à 95 0/0 de
leur valeur nominale. Le Grec, qui est un
spéculateur de race, a bien vite compris qu'il
y avait là une affaire à réaliser.
Le ministre des Finances avait justifié l'ex-
pédient financier en ces termes :
« Si la loi sur l'emprunt forcé n'est pas
votée, le gouvernement sera contraint à émet-
tre du papier pour plus de 2 milliards. Cette
émission fera tomber le drachme sur tous les
marchés étrangers et nous finirons par payer
le double ou le triple du prix normal les
objets que nous devons importer ».
L'assemblée comprit et la majorité réunit,
pour une fois, gounaristes et vénizélistes.
Le seul motif sérieux de mécontentement
fut l'exonération accordée aux propriétaires
de biens immobiliers ; mais il est d'ores et
déjà entendu qu'à la rentrée du Parlement, les
propriétaires seront invités à donner au fisc
une taxe proportionnelle à leurs biens. S'ils
ne paient pas, la Banque Nationale sera auto-
risée à prendre hypothèque pour la somme
due.
Le jour qui suivit le vote du projet, la
Grèce célébrait le 101e anniversaire de sa
libération du joug des Turcs et tandis que
l'on tirait des salves d'artillerie, le peuple eut
l'idée de célébrer à la fois une très ancienne
et une toute récente victoire.
G. C.
L'ALLIANCE FRANCO-POLONAISE
NOTRE FRONT DE L'EST
Varsovie, 18 mai. — La presse continue à
commenter la séance mémorable de la Diète
où furent ratifiés à l'unanimité tous les ac-
cords et conventions que le gouvernement po-
lonais a conclus avec la France. Le Journal
de Pologne publie à cette occasion un impor-
tant article de son directeur politique, M. Fré-
déric Delagneau, dont voici la conclusion :
« La Diète, par son vote unanime ratifiant
les accords commerciaux et politiques, signés
entre la France et la Pologne, par la tenue de
cette séance, par les applaudissements dont
elle a accueilli les discours de MM. Grabski et
de Rosset ; par les acclamations dont elle a
salué au moment du scrutin le représentant
de la France, invité spécialement pour la cir-
constance, a manifesté d'une manière écla-
tante l'attachement de la Pologne tout entiè-
re à sa politique séculaire d'alliance avec la
France. Ce vote est un pont reliant le passé à
l'avenir.
« Pour l'édific-ation de cet avenir, nulle
base meilleure d'une paix durable ne peut être
trouvée que l'alliance effective de la France
avec la Pologne, s'appuyant aussi sur les
puissances de la Petite Entente, si pleines
d'une jeune énergie.
« La Pologne, avec cette intuition qu'inspire
le vrai patriotisme, a compris le danger qui
se cache sous les avances intermittentes de
ses deux voisins de l'ouest et de l'est, sur
lesquels elle a reconquis son propre territoire.
« Cette affirmation solennelle de 'l'attache-
ment du peup'le polonais, tout entier à l'al-
liance française, arrive à son heure. La Polo-
gne et la France unies, appuyées sur la Bel-
gique et la Petite Entente, voilà la force nou-
velle et le rouage moteur de demain de la
Grande Entente, cette Grande Entente qui a
su gagner la guerre et qui a maintenant la
lourde tâche de maintenir dans toute son in-
tégrité et toutes ses conséquences la paix
qu'elle a dictée. »
-—————————— ) m—* ——————————
La tenliene veut aiwer Paris
Et, un notable banlieusard nous dit pourquoi
On a coutume d'écrire que Paris est « con-
gestionné », que la ville étouffe dans sa cein-
ture trop étroite. Cette congestion cause la
crise du logement, d'autres maux encore.
Il convient d'opérer, au plus tôt, la saignée
nécessaire. Le Conseil général s'en occupera
au cours de sa prochaine session, et le préfet
de la Seine soumettra à l'assemblée un plan
d'extension de Paris.
On en connaît déjà les grandes lignes :
amélioration de la zone et prolongement des
jïnoyens de transports en commun au delà des
fortifications.
C'est un peu annexer la banlieue, qui n'est
du reste qu'un faubourg de. Paris. Les fortifi-
cations supprimées, le métropolitain allant
jusqu'à Colombes ou Montrouge, la proche
banlieue deviendra rapidement des quartiers
de Paris.
Et certains parlent même d'annexer admi-
nistrativement, c'est à dire de faire de Paris
tout le département de la Seine.
J'avais cru, dans ma naïveté de Parisien,
que les banlieusards devaient se montrer heu-
reux, voire un tantinet flattés de ce
projet d'annexion.
Il n'en n'est rien, et un de mes amis banlieu-
sard ne m'a pas, à ce sujet, caché son indi-
gnation.
— Annexer la banlieue de Paris, quelle
folie, m'a-t-il dit. C'est Paris qui doit être
annexé à la banlieue.
- Vous voulez rire ?
— Nullement. Nous avons tout à perdre et
rien à gagner dans cette affaire. Paris est
la commune de France la plus mal adminis-
trée qui soit ; ses finances sont difficiles, et
il serait véritablement trop heureux de s'ap-
proprier les riches communes de banlieue.
Celles-ci paieraient pour la Capitale et se Ver-
raient refuser les crédits nécessaires. Voyez-
vous le Grand-Montrouge administré par le
Conseil municipal de Paris ? C'est impossi-
ble ! L'Hôtel de Ville a déjà à s'occuper des
Champs-Elysées et de Bellevnle et de la Porte-
Maillot. C'est plus que suffisant pour vos édi-
les débordés et il n'est nul besoin d'ajouter à
leur travail.
« Le remède est le contraire, l'annexion de
Paris à la banlieue. Qu'on prolonge les moyens
de transports en commun, très bien, mais que
les municipalités gardent leur indépendance.
Le protectorat des banlieusards, car nous ne
voulons sur Paris qu'un simple protectorat,
ne traduira pas la création de municipalités
parisiennes, municipalités qui existent, mais
auxquelles il convient de donner de véritables
pouvoirs.
L'Hôtel ide Ville ne sera pas supprimé, mais
il ne sera plus que le siège du Conseil général
du département ; le Préfet de la Seine gar-
dant ses fonctions.
— C'est tout un plan de réorganisation
administrative ?
— Le seul qui puisse donner de bons résul-
tats. Chaque arrondissement saura mieux s'ad.
ministrer que ne le fait actuellement le Con-
seil municipal. Voyez les communes de ban-
lieue, elles vous sent un exemple ! » — Ro-
bert DUBABD.
'-————————
L'esprit de fête
L'esprit de fête n'est pas mort. Il vit, à vrai
dire, d'une vie un peu végétative, mais il vit,
et c'est là le principal. Il n'a pas jusqu'à ce
jour enfanté des créations bien nouvelles, dev
idées très drôles, susceptibles d'amuser une
foule, mais un nouveau comité vient d'être
nommé et nous attendons sans perdre espoir.
Je rêverais, si j'étais du Comité, d'une fête
qui soit véritablement une fête, rien qu'une
fête. On me dira qu'il faut de l'argent pour
l'organiser. Sans doute. Mais il s'agit de trou-
ver les généreux mécènes qui paieront les
premiers frais ou de récolter par souscrip-
tion, dans le quartier où la fête sera donnée,
les fonds nécessaires.
Vous verriez comme la foule sait être gaie,
quand elle n'a pas à défendre son portemon-
naie.
Et puis une fête n'est vraiment jolie, que
par beau temps. La Mi-Carême est trop sou-
vent gâtée de ce fait. Supposez une mascarade
sur les Champs-Elysées le soir d'un beau jour
d'été, avec des lanternes vénitiennes dans les
arbres. Quel autre cadre que celui des boule-
vards en février.
Il faut encore songer aux fêtes champêtres.
On n'y pense pas assez. Le bois de Boulogne
se prêterait merveilleusement à cela. Voyez
une fête sportive au Pré-Catelan, avec des
danses rythmées, un orchestre à cordes, pro-
gramme calqué sur les jeux grecs ou romains,
une course de chars ; pourquoi pas ? — Robert
DUBABD.
L'EU Ml
monopolise les iris inconnus
du Mflrlois
Une vigoureuse protestation de la Fédération
Nationale des Combattants républicains
Le Comité central de la Fédération natio-
nale des Combattants républicains a adressé
au Président du Conseil et au Ministre de
l'Intérieur la lettre suivante :
Monsieur le Ministre,
Nous sommes informés que doit avoir lieu,
le 21 mai 1922, sur le plateau de Lorette, la
bénédiction de l'ossuaire renfermant « les
restes glorieux de soldats inconnus du front
d'Artois ». Au programme, nous lisons :
« A 15 heures 30, défilé des Sociétés ; béné-
diction de l'ossuaire. absoute par S. Em.
Monseigneur Ceretti, allocution du maré
chai Foch ».
Nous sommes profondément étonnés qui
« les restes glorieux de soldats inconnus dt
front d'Artois » soient monopolisés par la re-
ligion catholique.
Ayant fait effectivement la guerre dans le..
tranchées, nous savons que l'immense majo-
rité de nos coinpagons d'armes ne prati-
quaient aucune religion, nous savons égale-
ment que leurs cadavres ont presque toujours
été enterrés sans le secours d'aucune reli-
gion parce que les aumôniers préféraient la
sécurité des P. C. de Division aux dangers
de la première ligne.
Nous espérons qu'il aura suffi de eignalet
ce fait à votre attention, pour que vous épar
gniez, « aux restes glorieux » de nos cama
rades libres penseurs qui se sont battus poui
la Liberté et pour le Droit, l'outrage de ser
vir de prétexte à une manifestation religieu
se et cléricale.
Partisans de la liberté de conscience, nou&
nous opposerions à ce que des entraves soien
apportées à la volonté des familles qui dé-
sireraient donner à leurs parents morts pour
la France une sépulture religieuse. Mais
nous nous refusons d'une façon absolue à ce
que les morts non identifiés soient acaparés
plutôt par telle religion que par telle autre.
Nous envoyons la copie de cette proposi
tion :
A nos présidents d'honneur ; au Comif
central de la Ligue des Droits de l'Homme ;
au Président du Conseil de l'Ordre du Granc
Orient de France ; au Grand Maître de la
Grande Loge de France ; au Grand Maître di
la Grande Loge Mixte ; au président de la
Fédération de la Libre Pensée ; au président
ou au secrétaire des groupes parlementaira
suivants : ,
Gauche démocratique du Sénat — groupe
radical et radical-socialiste — groupe commu-
niste — groupe socialiste — groupe des Ré-
publicains de. gauche — groupe de !la gau.
che républicaine démocratique — groupe des
républicains socialistes.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'ei
pression de ma haute considération.
Le président : Fonteny.
Le secrétaire général : André Grisoni.
> -M + Co-.4.-
UNE EPIDEMIE
Les pierres de Paris ont la lèpre
Savez-vous que les pierres de Paris sont
malades ? Elles sont rongées par une sorte
de lèpre et tombent en poussière.
De savants praticiens, M. Kling, directeur
du laboratoire, M. Florentin, sont penchés au
chevet de nos pierres. L'état est si grave, qu'ilt -
ne peuvent encore se prononcer.
Même de toutes jeunes pierres, comme celles
du monument aux morts du Père-Lachaise,
sont atteintes par cette terrible épidémie.
Elles dépérissent à vue d'œil. La pierre de-
vient d'un gris sale, se boursoufle, formant en
quelque sorte des pustules, qui s'effritent sous
le doigt.
Les victimes sont déjà nombreuses. On cit<
parmi les plus notables, les statues de Notre
Dame, les colonnades de la Trinité, les ogive1
de la Sainte-Chapelle.
Les praticiens n'ont pu encore préciser le
nature exacte du mal. Ils croient à une « sul
fatation » due aux fumées corrosives.
— 'Le remède ?
— Il est, hélas ! impossible à appliquer
Il faudrait que nos pierres parisiennes ai]
lent se reposer au grand air de la campagne.
—————————— > «t» <
La Ligue de la République
- et
les victimes de la guerre
Un meeting au Palais de la Mutualité
Le quatrième meeting de la Ligue de la
République n'a pas été moins réussi que les
précédents, mais il avait attiré un public un
peu plus spécial et moins animé : il s'agissait
en effet des victimes de la guerre.
M. le sénateur Debierre présidait. Son dis-
cours, qu'il prononça le dernier, mérite ce-
pendant d'être cité avant les autres,, car il
fut un exposé des principes de la Ligue :
« A temps nouveaux, politique nouvelle,
c'est la pensée des promoteurs de la Ligue
Elle n'est pas un parti, mais une association
où l'on recherche la vérité pour la faire ser-
vir à la cause du droit et de la justice so
ciale, où l'on étudie objectivement, comme
ce soir, les événements pour les utiliser ai
bien public.
« Voilà pourquoi la Ligue considère l'ins-
truction comme la pierre angulaire de la Ré-
publique. Sans l'éducation du peuple, le suf-
frage universel n'est qu'un moyen de gou-
vernement. >
M. Debierre, parlant du problème des ré-
parations, objet de là réunion, est amené à
parler de la Conférence de Gênes :
« Il est inconcevable que l'on ait placé à
la base de cette conférence, destinée à re-
construire l'Europe, la condition qu'on ne
parlerait ni des réparations ni du désarme-
ment. C'est un défi au bon sens et à la raison.
La Conférence en est morte. »
Et l'orateur, très applaudi, parle de la vo.
lonté de paix qui anime la France. Il souhaite,
en terminant, le rapprochement des peuples
dans le droit et dans la liberté.
LE DISCOURS DE M, JOUHAUX
M. Chavagnes, secrétaire général de la Li-
gue, donne lecture du discours de M. Jou-
haux, parti en tournée de propagande.
La politique de réparations suivie par le
Bloc National, dit M. Jouhaux, n'a obtenu
abonnements 1 an 6 m. 8 m.
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19
MAI 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Un "J'accuse"
; bolcheviste
Une importante fraction du parti bolche-
viste russe s'adresse « aux travailleurs
du monde entier )) en accusant les chefs
bolcheviks de trahison à la Révolution.
On a déjà parlé plus d'une fois et de-
puis longtemps des brouilles et des dis-
sentiments dans le parti communiste
russe. Et nous-même, nous avons cité
ici, le 8 avril, une certaine adresse de
« l'opposition » bolcheviste à la « Confé-
rence » de la IIIe Internationale, qui s'est
tenue à Moscou en février, exprimant
des doléances et des accusations.
Mais, jusqu'ici, toutes ces choses se
passaient en famille.
Et c'est pour la première fois qu'une
fraction du parti bolcheviste, parti qui
est justement célèbre par sa discipline
toute jésuitique, s'adresse « aux masses
laborieuses de tous les pays ».
Tout homme de bon sens, après avoir
parcouru les citations ci-dessous, se dira
que naïfs seront ceux qui rêvent d'ex-
ploiter la Russie en escomptant une lon-
gue existence pour le bolchevisme'.
Les auteurs du manifeste, après un
court préambule où, en bolcheviks or-
thodoxes, ils font l'éloge de la révolution
bolcheviste et accusent le prolétariat
mondial de ne l'avoir pas soutenu à
temps, continuent ainsi :
Pour la première fois, dans les colonnes
de la presse prolétarienne (c'est-à-dire bol-
cheviste), apparaîtra le mot < imposture »,
à l'adresse des chefs des masses prolétarien-
nes. Ce terme est encore trop faible pour
faire sentir toute l'infamie de cette politique
de duplicité, dont nos camarades et nous-
mêmes sommes des victimes, nous tous, qui
nous sommes donnés loyalement au parti et au
komintern (Comité Exécutif de la IIIe Inter-
nationale).
Notre accusation se compose de deux par-
ties : il s'agit d'abord de la faute capitale
de nos chefs et ensuite « de leur fpurberie
consciente et de leur trahison aux inté-
rêts de la classe ouvrière ».
La faute capitale *
Après avoir exposé comment 1' « una-
nimité » qui régnait au début de la ré-
volution a fait place aux dissentiments
et à la haine, les auteurs affirment que
la population était contre la guerre ci-
vile, mais que les chefs, tant « blancs »
que « rouges », l'ont allumée et attisée
dans leur propre intérêt.
Le crime des blancs est évident. Mais, de
leur part, ce fut naturel : ils se défendaient.
Mais le crime des chefs de la révolution, qui
pouvaient prévenir l'épouvantable saignée en-
tre différentes fractions du peuple travailleur,
est bien plus terrible.
Ces chefs pouvaient élaborer un compromis.
Ils ont préféré le sang, un océan de sang.
Si les chefs patentés des masses ouvrières
agissent sous l'influence de leurs bas instincts
et sentiments, c'est un crime qualifié, car, d'a-
bord, ils font couler à flot le sang humain et,
ensuite, ils ruinent l'œuvre même qu'ills ont en.
treprise. La révolution a créé un poing de
fer. On peut justifier cela et le fait que ce
poing écrase ses ennemis. Mais si ce poing
commence à comprimer la pensée libre des
travailleurs ; si, avec la réaction,, il massacra
les meilleures formes de l'individualisme ré- -
volutionnaire, alors on se demande au nom de
ïjuoi il s'est abattu sur les têtes des ouvriers
et des paysans de la Russie soviétique. Qui
a besoin des nouvelles chaînes et muselières
dont on a gratifié le peuple de Russie ? Est-ce
lia révolution ou le pouvoir seulement ?
Qui est ce « pouvoir des ouvriers et des
paysans » dont ces ouvriers et paysans ont
rêvé si longtemps ? Ce sont les mêmes déma-
gogues qui ont tout détruit et qui sont incapa-
bles de créer quoi que ce soit. Et plus fort en-
core : toute manifestation de l'activité libre et
Créatrice du prolétariat russe est immédiate-
ment et implacablement étouffée par ce pou-
voir. La dictature du prolétariat s'est trans-
formée en celle d'une petite clique de déma-
gogues fortement liés par des intérêts com-
muns et qui ne défendent que leur propre pou-
voir. ce pouvoir qui devait être le levier de
la révolution mondiale. Oui, camarades, c'est
ainsi !
La fourberie et la. trahison
Pour se maintenir, cette clique est prête à
sacrifier tant l'idée de la révolution sociale
que cel'le du communisme. La tactique du
komintern et du parti sont au service du gou-
vernement.
Pour tout homme initié, tous ces congrès,
toutes ces conférences et résolutions ne sont
qu'autant de parades de foire ! Tout cela se
fabrique dans le Sornarkom et se fabrique ex-
clusivement pour étayer leur. dictature qui s'é.
croule.
Sont-ils nombreux, les membres de komin-
tern qui ont vu la réalité russe telle qu'elle
est ? On les mène à des meetings où tout est
préparé d'avance. Des orateurs bien dressés y
parlent et on leur dit que ce sont des ouvriers
russes ! Non ! Les délégués n'y voient pas
d'ouvriers russes.
L'ouvrier ruisse est maintenant plus subju-
gué qu'il ne fut sous le régime tsariste.
Ifcus. groupes de militants ouvriers, anciens
membres du parti communiste, au nom des
masses populaires russes, nous vous conjurons
de ne pas répéter nos fautes que nous expions
en ce moment !
Continuez la lutte sur de nouvelles bases
et ne vous fiez pas aux « généraux de la ré-
volution B qui se transforment vite en satra-
ipes et qui vous réduiront en esclavage !
N ousaccusons ouvertement les chefs
du parti communiste russe, qui sont, en
même temps, les chefs du gouvernement
russe, d'une trahison consciente et pré-
méditée de la Révolution. Nous les accu-
sons d'avoir sacrifié lesintérfJts du pro-
létariat à la jouissance du pouvoir. Nous
les accusons d'être protecteurs d'une
nouvelle bourgeoisie, plus rapace et plus
cruelle que l'ancienne, d'être les auteurs
des mesures les plus sanglantes contre
les ouvriers pour les exploiter.
Nous, ouvriers russes, privés du droit
de grève et de coalition, nous faisons ap-
pel à vous, camarades !. Que l'on fasse
une enquête sur notre situation ! Les
paroles nous manquent pour exprimer
les souffrances qu'ont endurées les tra-
vailleurs russes.
Par mandat du groupe de cama-
rades du parti communiste
russe : MIASSNIKOFF, BATOU-
RINE.
Moscou, le 14 mars 1922.
Nous n'avons que peu de chose à
ajouter. Les auteurs du manifeste sont
tous des anciens militants du bolche-
visme.
Ce n'est que tout récemment que ce
document a pénétré en Europe, car les
bolcheviks officiels ont tout fait pour
que le scandale n'éclatât pas pendant les
assises de Gênes.
Le Goloss Rossii, journal des socialis-
tes-révolutionnaires .russes, paraissant à
Berlin, qui publie entier ce manifeste,
dit : « Le parti communiste russe-est en
pleine décomposition. Les jours de son
pouvoir sont comptés. ».
Ceux qui désirent, malgré tout, « se
réconcilier » avec les bolcheviks (les bol-
cheviks officiels) feraient bien de se mé-
fier.
Le problème capital qui se pose, c'est
celui de la succession du bolchevisme,
de la liquidation du bolchevisme au
profit de la démocratie russe.
W. DRABOVITCH.
} —
L'avertissement
Chacun des pontifes du Bloc National a
mis ses lunettes pour examiner à loisir les ré-
sultats du scrutin du 14 mai, afin d'en tirer
des conséquences et des horoscopes. Il faut
croire que les conclusions ne se dégagent pas
avec clarté, car les avis diffèrent sensiblement.
« Rien de changé ! disent les optimistes,
nous restons sur nos positions ! »
M. André Tardieu, lui, dans une crise de
sincérité dont s'accommode parfaitement sa
politique alarmiste, n'hésite pas à reconnaître
que « les partis de gauche ont eu, aux der-
nières élections législatives, 29 0/0 des sièges,
tandis qu'ils réunissaient dimanche dernier
46 0/0 des suffrages exprimés ». Bien en-
tendu, notre N'Goko-National attribue ce dou-
loureux résultat à la capitulation des hommes
du B. N., qui abandonnèrent le pouvoir aux
hommes du Bloc de gauche. Tout eût été fort
différent « si » M. André Tardieu avait été
chargé de présider aux destinées de la Ré-
publique.
Le « si » de l'auteur du traité de Versail-
les n'a pas grande signification, l'hypothèse
d'un gouvernement Tardieu étant une de ces
fantaisies auxquelles nous ne sommes heu-
reusement pas réduits, mais les chiffres ont
une éloquence qui sonne comme le glas du
Bloc National.
II est absurde de dire à cette heure, tout
fut mauvais parce que l'Entente démocrati-
que n'a pas gouverné ; elle était la majorité,
il lui appartenait donc de prendre le pou-
voir. M. Arago et ses amis en ont laissé la
responsabilité à des personnalités qui n'ap-
partenaient point à leur parti, ils ne peuvent
en tirer argument auprès du suffrage uni-
versel.
De bons apôtres, sentant venir la catas-
trophe inévitable, font la somme des voix ob-
tenues par les républicains de gauche et les
radicaux-socialistes, afin de trouver là cette
forte majorité qui représente à leurs yeux la
France républicaine. L'erreur de compte est
manifeste, et nous n'en sommes plus à ac-
cepter le mensonge des étiquettes. Deux ques-
tions : la religieuse et la fiscale, permettent
une discrimination loyale. Il ne faut pas con-
fondre droite et gauche, ni chercher, pour
les besoins d'une politique hybride de conser-
vation sociale, à marier la chèvre du Bloc
National avec le choux du Bloc républicain.
F. H.
— -m & m>—^ -——————
Nos ministres se préoccupent
du conjM du pain
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat se
sont réunis hier matin, en conseil de cabinet,
(tU. ministère des affaires étrangères, sous la
présidence de M. Poincaré.
Le ministre de l'agriculture a mis le conseil
au courant de la procédure suivie sur le re-
cours des boulangers, relatif à l'arrêté de
taxation du pain. Il ne prendra de décision
qu'après avoir reçu l'avis de la commission
consultative.
Le conseil s'est ensuite entretenu des me-
naces d'abandon du travail formulées dans
une récente réunion des patrons boulangers
le la région parisienne.
Les ministre de la guerre et de l'intérieur
ont fait savoir que, pour le cas où une pa-
reille éventualité se produirait, ils avaient ar-
rêté toutes les mesures nécessaires pour as-
surer l'approvisionnement en pain de la po-
pulation.
La commission
La commission, chargée de donner son avis
sur le recours du syndicat de la boulangerie,
s'est réunie hier après-midi, au ministère de
L'agriculture.
Le délégué de la chambre syndicale de la
aoulangerie ayant manifesté le désir de lui ap-
porter un certain nombre de documents, la
séance a été renvoyée à samedi matin.
La baisse des farines
Un projet de loi, tendant à autoriser le gou-
vernement à taxer les farines, a été déposé
par M. Chéron sur le bureau de la Chambre.
Ce projet sera, dit-on, discuté dès la rentrée.
Ne conviendrait-il pas, avant d'abaisser le
barif douanier sur les blés d'importation, com-
me nous cessons de le demander.
AU BORD PU FOSSÉ.
ON A PRÉPARÉ A GÊNES
Lfl CULBUTE VERS Lfl HAVE
»»)Ot
Les délégués français et belges n'ont pas assisté aux délibérations
-————————————— fe,
LA DERNIÈRE SÉANCE PUBLIQUE A LIEU CE MATIN
———————— 3K
Gênes, 18 mai. — La commission n* 1, dite
politique, s'est réunie ce matin, à 11 h. 20,
sous la présidence de M. Facta. Toutes les
puissances invitées à Gênes et qui font partie
de cette commission étaient représentées à
cette séance, à l'exception de la France, de la
Belgique et de l'Allemagne.
M. Schanzer a lu iûi rapport expliquant
dans quelles conditions avaient été adoptées
les résolutions soumises à la délégation russe,
le 15 mai, et qui furent ratifiées par la com-
mission.
En voici le texte définitif :
I. — Les puissances ci-dessus mentionnées
acceptent qu'une commission soit nommée en
vue d'examiner encore les divergences existant
entre le gouvernement soviétique russe et les
autres gouvernements en vue de se rencontrer
avec une commission russe ayant le même man-
dat.
II. — Au plus tard le 20 juin, la désignation
des puissances représentées dans la commission
russe avec les noms des membres de cette com-
mission sera communiquée au gouvernement
soviétique et réciproquement les noms des mem-
bres de la commission russe seront commu-
niqués aux autres gouvernements.
III. — Les questions a traiter par ces_com-
missions comprendront toutes les questions de
la propriété privée et des crédits.
IV. — Les membres des deux Commissions
devront se trouver à La aHye le 26 juin 1922.
V. — Les deux commissions s'efforceront d'ar-
river à des recommandations conjointes sur les
questions visées à la clause III.
VI. — En vue de permettre au travail des
commissions de se poursuivre en toute tranquil-
lité et en vue de rétablir la confiance mutuelle,
des engagements seront conclus entre le gou-
vernement soviétique russe et les gouverne-
ments actuellement alliés du gouvernement so-
viétique russe d'une part, et, d'autre part, les
autres gouvernements qui y seront partie, à
l'effet de s'abstenir de tous actes d'agression
contre leurs territoires respectifs et de s'abs-
tenir de toute propagande subversive.
L'engagement de s'abstenir de tous actes
d'agression sera basé sur l'observation du statu
quo actuel et restera en vigueur pendant une
période de quatre mois après la clôture des tra-
vaux de quatre mois après la, clôture des tra-
vaux des commissions.
L'engagement concernant la propagande obli-
gera les gouvernements A n'intervenir d'aucu-
ne façon dans les affaires intérieures des au-
tres Etats; à ne pas aider financièrement ou par
quelque autre moyen, les organisations politi-
ques dans les autres pays et à supprimer sur
leur territoire les tentatives tendant à. fomenter
des actes de violences dans les autres Etats ou
tendant à troubler le statu quo territorial et
politique.
"~,~t~ Le pacte de non-agression
Le délégué de la Lithuanie, M. Calvanaus-
kas, demanda alors si le pacte de non-agres-
sion liait seulement la Russie, d'une part, et
les autres Etats signataires, d'autre part, ou
bien s'il obligeait également toutes les puis-
sances participantes à ne pas s'attaquer en-
tre elles.
« Par exemple, dit-i'I, il est bien entendu
que la Pologne ne doit pas attaquer la Russie
et inversement ; mais en supposant, par im-
possible, que la Pologne veuille attaquer la Li-
thuanie, le pacte de non-agression le lui inter-
dit-il ? »
Le délégué de la Pologne, M. Skirmunt, ré-
pondit que la Pologne et la Lithuanie avaient
échangé devant la S. D. N., le 13 janvier der-
nier, des assurances pacifiques et que la Polo-
gne entendait bien s'y conformer.
Le délégué de l'Esthonie déclare que son pays
avait traité déjà avec la Russie, et qu'il en-
tretenait des relations cordiales avec elle. Ce-
pendant, par esprit de solidarité, il prendra
part à la réunion de La Haye. Mais il tienl
à préciser qu'une conférence ne peut modifieI
l'état de fait qui existe entre la Russie e1
l'Esthonie.
La Hollande et les Soviets
Le délégué néerlandais confirme que les re.
présentants des Soviets jouiront des mêmes
garanties que les représentants des autree
puissances, et qu'ils seront traités sur le pied
de parfaite égalité. C'est une quetsion d'hon-
neur pour la Hollande. Il espère, d'ailleurs,
pouvoir en donner l'assurance officielle de-
main, à la séance publique.
M. Tchitchérine répond alors aux observa-
tions précédemment présentées.
Selon lui, le pacte de non-agression lie tous
les Etats envers la Russie, comme il impose
à ces mêmes Etats de ne pas s'attaquer entre
eux.
Le pacte ne s'applique pas seulement aux
Etats limitrophes de la Russie, mais aussi à
tous ceux qui ont un traité avec la Russie.
M. Facta remercie alors le gouvernement
hollandais de son acceptation, ainsi que M.
Lloyd George.
Le Premier britannique émet alors une pro-
position d'ordre pratique. Le président de la
Conférence de Gênes sera chargé de se mettre
en rapports avec le gouvernement hollandais
pour tout ce qui concerne l'organisation de la
Conférence.
Le délégué hollandais et M. Facta acceptent
la motion de M. Lloyd George.
La séance est alors levée.
La dernière séance publique de la Confé-
rence aura lieu demain matin, à 9 heures.
*
**
La délégation française quittera Gênes, pour
Paris, samedi matin, à 10 h. 55.
Entretien Wirth-Lloyd George
Gênes, 18 mai. — Le chancelier Wirth a
conféré cet après-midi avec M. Lloyd George.
Le Premier anglais quittera Gênes demain
après-midi, à 15 h. 30.
M. Barrère retourne à Rome
Gênes, 18 mai. — M. Barrère, ambassa-
deur de France à Rome et délégué à la Con-
férence, quittera Gênes ce soir pour rentrer
à Rome.
Déclarations de Tchitcherine
Gênes, 18 mai. — L'un des envoyés spéciaux
de l'Agence Havas lui ayant posé un certain
nombre de questions, M. Tchitcherine lui a
déclaré entre autres choses :
« Nous avons toujours considéré la Con-
férence de Gênes comme une fin, et c'est pour-
quoi, dès les premiers jours, nous avons pro-
posé de remettre les questions litigieuses aux
soins d'une commission d'experts qui en au-
rait poursuivi l'étude dans l'avenir. L'événe-
ment justifiait notre demande. Dans l'état
actuel du monde et tant que la Russie sera
menacée d'un nouveau blocus, nous ne pour-
rons laisser pénétrer en Russie aucune com-
mission d'enquête économique.
« Pour examiner les affaires russes (ré-
clamations, crédits, bien privés), les condi-
tions suivantes sont nécessaires : D'abord,
une atmosphère tranquille dans laquelle tous
les problèmes ne seront pas jetés à la fois:
ensuite un délai convenable pendant lequel
un ultimatum ne sera pas envoyé toutes les
cinq minutes. »
Et M. Tchitcherine s'est ensuite répandu
en de vives attaques contre la France en la-
quelle il veut voir, et affirme que le peuple
russe voit comme lui, le principal adversaire
de la Russie.
LES EXPÉDIENTS FINANCIERS
Le système de l'emprunt forcé
j~<~>———————————————————— : ———
Comment la Grèce l'a réalisé en coupant le billet de banque
par moitié et ce qu'il en est résulté
Athènes, 17 mai. — Il n'est pas sans inté-
rêt d'examiner les résultats de l'expérience,
encore unique au monde, que vient de réa-
liser le gouvernement hellène par son em-
prunt forcé.
La conception en est d'une extraordinaire
simplicité : les billets de banque de 5, 10, 25,
100, 500 et 1.000 drachmes, ont perdu, par dé-
cision législative, 'la moitié de leur valeur
monétaire. Les possesseurs de ces papiers
doivent les couper en deux parties égales,
celle 'de gauche qui porte l'effigie de Georges
Stavros, fondateur de la Banque nationale,
conserve son caractère libératoire et continue
à circuler, avec une valeur réduite à 50 0/0 de
la valeur du billet entier. La partie gauche,
qui porte le dessin d'une couronne, n'a plus
aucun caractère monétaire, mais elle revêt
celui de titre de l'emprunt, pour une valeur
égale à celle que conserve l'autre moitié. Elle
peut être cédée avec un intérêt de 7 0/0 à la
Banque Nationale, laquelle peut en escompter
la moitié, c'est-à-dire un quart de la valeur
totale du billet, en monnaie courante. L'em-
prunt est au taux de 7 0/0.
Pour les dépôts, ropération a été des plus
simples. Au jour du vote de la loi, ils furent
divisés en deux parties égales : l'une a été
remboursée en papier-monnaie, l'autre trans-
formée automatiquement en titres de l'em-
prunt, avec escompte facultatif de la moitié.
Par ce système ingénieux, tous les rapports
juridiques, commerciaux et économiques ont
été strictement conservés dans les opérations
de la vie courante.
*
**
En fin de compte, la conséquence de la loi
a été de réduire de moitié les sommes liquides
que possédaient les citoyens grecs. Certaines
dispositions légales ont été prévues pour les
étrangers. Leurs dépôts ne furent point tou-
chés, mais les propriétaires d'immeubles fu-
rent contraints d'accepter pendant trois mois.
en paiement de leurs loyers, le titre dit « cou-
ronne ».
On a Drévu une nériode transitoire et le
gouvernement est autorisé à émettre de nou-
velles coupures pour retirer de la circulation
les anti-esthétiques demi-billets.
Lorsque le projet fut présenté, ce fut la
panique; la Bourse ferma, les banques d'affai-
res cessèrent leurs opérations, plusieurs
grands négociants et industriels pensèrent
perdre la tête. La presse fit partout de son
mieux pQur maintenir la confiance.
Ce mouvement .de désarroi fut bref et les
affaires reprirent bientôt avec une grande
activité ; le public avait en effet compris que
son argent n'était pas perdu, mais seulement
versé pour un quart dans les caisses de l'Etat,
et porterait d'ailleurs intérêt à 7 0/0. Aujour-
d'hui, tout va de telle sorte que les « couron-
nes » se négocient à 90 et même à 95 0/0 de
leur valeur nominale. Le Grec, qui est un
spéculateur de race, a bien vite compris qu'il
y avait là une affaire à réaliser.
Le ministre des Finances avait justifié l'ex-
pédient financier en ces termes :
« Si la loi sur l'emprunt forcé n'est pas
votée, le gouvernement sera contraint à émet-
tre du papier pour plus de 2 milliards. Cette
émission fera tomber le drachme sur tous les
marchés étrangers et nous finirons par payer
le double ou le triple du prix normal les
objets que nous devons importer ».
L'assemblée comprit et la majorité réunit,
pour une fois, gounaristes et vénizélistes.
Le seul motif sérieux de mécontentement
fut l'exonération accordée aux propriétaires
de biens immobiliers ; mais il est d'ores et
déjà entendu qu'à la rentrée du Parlement, les
propriétaires seront invités à donner au fisc
une taxe proportionnelle à leurs biens. S'ils
ne paient pas, la Banque Nationale sera auto-
risée à prendre hypothèque pour la somme
due.
Le jour qui suivit le vote du projet, la
Grèce célébrait le 101e anniversaire de sa
libération du joug des Turcs et tandis que
l'on tirait des salves d'artillerie, le peuple eut
l'idée de célébrer à la fois une très ancienne
et une toute récente victoire.
G. C.
L'ALLIANCE FRANCO-POLONAISE
NOTRE FRONT DE L'EST
Varsovie, 18 mai. — La presse continue à
commenter la séance mémorable de la Diète
où furent ratifiés à l'unanimité tous les ac-
cords et conventions que le gouvernement po-
lonais a conclus avec la France. Le Journal
de Pologne publie à cette occasion un impor-
tant article de son directeur politique, M. Fré-
déric Delagneau, dont voici la conclusion :
« La Diète, par son vote unanime ratifiant
les accords commerciaux et politiques, signés
entre la France et la Pologne, par la tenue de
cette séance, par les applaudissements dont
elle a accueilli les discours de MM. Grabski et
de Rosset ; par les acclamations dont elle a
salué au moment du scrutin le représentant
de la France, invité spécialement pour la cir-
constance, a manifesté d'une manière écla-
tante l'attachement de la Pologne tout entiè-
re à sa politique séculaire d'alliance avec la
France. Ce vote est un pont reliant le passé à
l'avenir.
« Pour l'édific-ation de cet avenir, nulle
base meilleure d'une paix durable ne peut être
trouvée que l'alliance effective de la France
avec la Pologne, s'appuyant aussi sur les
puissances de la Petite Entente, si pleines
d'une jeune énergie.
« La Pologne, avec cette intuition qu'inspire
le vrai patriotisme, a compris le danger qui
se cache sous les avances intermittentes de
ses deux voisins de l'ouest et de l'est, sur
lesquels elle a reconquis son propre territoire.
« Cette affirmation solennelle de 'l'attache-
ment du peup'le polonais, tout entier à l'al-
liance française, arrive à son heure. La Polo-
gne et la France unies, appuyées sur la Bel-
gique et la Petite Entente, voilà la force nou-
velle et le rouage moteur de demain de la
Grande Entente, cette Grande Entente qui a
su gagner la guerre et qui a maintenant la
lourde tâche de maintenir dans toute son in-
tégrité et toutes ses conséquences la paix
qu'elle a dictée. »
-—————————— ) m—* ——————————
La tenliene veut aiwer Paris
Et, un notable banlieusard nous dit pourquoi
On a coutume d'écrire que Paris est « con-
gestionné », que la ville étouffe dans sa cein-
ture trop étroite. Cette congestion cause la
crise du logement, d'autres maux encore.
Il convient d'opérer, au plus tôt, la saignée
nécessaire. Le Conseil général s'en occupera
au cours de sa prochaine session, et le préfet
de la Seine soumettra à l'assemblée un plan
d'extension de Paris.
On en connaît déjà les grandes lignes :
amélioration de la zone et prolongement des
jïnoyens de transports en commun au delà des
fortifications.
C'est un peu annexer la banlieue, qui n'est
du reste qu'un faubourg de. Paris. Les fortifi-
cations supprimées, le métropolitain allant
jusqu'à Colombes ou Montrouge, la proche
banlieue deviendra rapidement des quartiers
de Paris.
Et certains parlent même d'annexer admi-
nistrativement, c'est à dire de faire de Paris
tout le département de la Seine.
J'avais cru, dans ma naïveté de Parisien,
que les banlieusards devaient se montrer heu-
reux, voire un tantinet flattés de ce
projet d'annexion.
Il n'en n'est rien, et un de mes amis banlieu-
sard ne m'a pas, à ce sujet, caché son indi-
gnation.
— Annexer la banlieue de Paris, quelle
folie, m'a-t-il dit. C'est Paris qui doit être
annexé à la banlieue.
- Vous voulez rire ?
— Nullement. Nous avons tout à perdre et
rien à gagner dans cette affaire. Paris est
la commune de France la plus mal adminis-
trée qui soit ; ses finances sont difficiles, et
il serait véritablement trop heureux de s'ap-
proprier les riches communes de banlieue.
Celles-ci paieraient pour la Capitale et se Ver-
raient refuser les crédits nécessaires. Voyez-
vous le Grand-Montrouge administré par le
Conseil municipal de Paris ? C'est impossi-
ble ! L'Hôtel de Ville a déjà à s'occuper des
Champs-Elysées et de Bellevnle et de la Porte-
Maillot. C'est plus que suffisant pour vos édi-
les débordés et il n'est nul besoin d'ajouter à
leur travail.
« Le remède est le contraire, l'annexion de
Paris à la banlieue. Qu'on prolonge les moyens
de transports en commun, très bien, mais que
les municipalités gardent leur indépendance.
Le protectorat des banlieusards, car nous ne
voulons sur Paris qu'un simple protectorat,
ne traduira pas la création de municipalités
parisiennes, municipalités qui existent, mais
auxquelles il convient de donner de véritables
pouvoirs.
L'Hôtel ide Ville ne sera pas supprimé, mais
il ne sera plus que le siège du Conseil général
du département ; le Préfet de la Seine gar-
dant ses fonctions.
— C'est tout un plan de réorganisation
administrative ?
— Le seul qui puisse donner de bons résul-
tats. Chaque arrondissement saura mieux s'ad.
ministrer que ne le fait actuellement le Con-
seil municipal. Voyez les communes de ban-
lieue, elles vous sent un exemple ! » — Ro-
bert DUBABD.
'-————————
L'esprit de fête
L'esprit de fête n'est pas mort. Il vit, à vrai
dire, d'une vie un peu végétative, mais il vit,
et c'est là le principal. Il n'a pas jusqu'à ce
jour enfanté des créations bien nouvelles, dev
idées très drôles, susceptibles d'amuser une
foule, mais un nouveau comité vient d'être
nommé et nous attendons sans perdre espoir.
Je rêverais, si j'étais du Comité, d'une fête
qui soit véritablement une fête, rien qu'une
fête. On me dira qu'il faut de l'argent pour
l'organiser. Sans doute. Mais il s'agit de trou-
ver les généreux mécènes qui paieront les
premiers frais ou de récolter par souscrip-
tion, dans le quartier où la fête sera donnée,
les fonds nécessaires.
Vous verriez comme la foule sait être gaie,
quand elle n'a pas à défendre son portemon-
naie.
Et puis une fête n'est vraiment jolie, que
par beau temps. La Mi-Carême est trop sou-
vent gâtée de ce fait. Supposez une mascarade
sur les Champs-Elysées le soir d'un beau jour
d'été, avec des lanternes vénitiennes dans les
arbres. Quel autre cadre que celui des boule-
vards en février.
Il faut encore songer aux fêtes champêtres.
On n'y pense pas assez. Le bois de Boulogne
se prêterait merveilleusement à cela. Voyez
une fête sportive au Pré-Catelan, avec des
danses rythmées, un orchestre à cordes, pro-
gramme calqué sur les jeux grecs ou romains,
une course de chars ; pourquoi pas ? — Robert
DUBABD.
L'EU Ml
monopolise les iris inconnus
du Mflrlois
Une vigoureuse protestation de la Fédération
Nationale des Combattants républicains
Le Comité central de la Fédération natio-
nale des Combattants républicains a adressé
au Président du Conseil et au Ministre de
l'Intérieur la lettre suivante :
Monsieur le Ministre,
Nous sommes informés que doit avoir lieu,
le 21 mai 1922, sur le plateau de Lorette, la
bénédiction de l'ossuaire renfermant « les
restes glorieux de soldats inconnus du front
d'Artois ». Au programme, nous lisons :
« A 15 heures 30, défilé des Sociétés ; béné-
diction de l'ossuaire. absoute par S. Em.
Monseigneur Ceretti, allocution du maré
chai Foch ».
Nous sommes profondément étonnés qui
« les restes glorieux de soldats inconnus dt
front d'Artois » soient monopolisés par la re-
ligion catholique.
Ayant fait effectivement la guerre dans le..
tranchées, nous savons que l'immense majo-
rité de nos coinpagons d'armes ne prati-
quaient aucune religion, nous savons égale-
ment que leurs cadavres ont presque toujours
été enterrés sans le secours d'aucune reli-
gion parce que les aumôniers préféraient la
sécurité des P. C. de Division aux dangers
de la première ligne.
Nous espérons qu'il aura suffi de eignalet
ce fait à votre attention, pour que vous épar
gniez, « aux restes glorieux » de nos cama
rades libres penseurs qui se sont battus poui
la Liberté et pour le Droit, l'outrage de ser
vir de prétexte à une manifestation religieu
se et cléricale.
Partisans de la liberté de conscience, nou&
nous opposerions à ce que des entraves soien
apportées à la volonté des familles qui dé-
sireraient donner à leurs parents morts pour
la France une sépulture religieuse. Mais
nous nous refusons d'une façon absolue à ce
que les morts non identifiés soient acaparés
plutôt par telle religion que par telle autre.
Nous envoyons la copie de cette proposi
tion :
A nos présidents d'honneur ; au Comif
central de la Ligue des Droits de l'Homme ;
au Président du Conseil de l'Ordre du Granc
Orient de France ; au Grand Maître de la
Grande Loge de France ; au Grand Maître di
la Grande Loge Mixte ; au président de la
Fédération de la Libre Pensée ; au président
ou au secrétaire des groupes parlementaira
suivants : ,
Gauche démocratique du Sénat — groupe
radical et radical-socialiste — groupe commu-
niste — groupe socialiste — groupe des Ré-
publicains de. gauche — groupe de !la gau.
che républicaine démocratique — groupe des
républicains socialistes.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'ei
pression de ma haute considération.
Le président : Fonteny.
Le secrétaire général : André Grisoni.
> -M + Co-.4.-
UNE EPIDEMIE
Les pierres de Paris ont la lèpre
Savez-vous que les pierres de Paris sont
malades ? Elles sont rongées par une sorte
de lèpre et tombent en poussière.
De savants praticiens, M. Kling, directeur
du laboratoire, M. Florentin, sont penchés au
chevet de nos pierres. L'état est si grave, qu'ilt -
ne peuvent encore se prononcer.
Même de toutes jeunes pierres, comme celles
du monument aux morts du Père-Lachaise,
sont atteintes par cette terrible épidémie.
Elles dépérissent à vue d'œil. La pierre de-
vient d'un gris sale, se boursoufle, formant en
quelque sorte des pustules, qui s'effritent sous
le doigt.
Les victimes sont déjà nombreuses. On cit<
parmi les plus notables, les statues de Notre
Dame, les colonnades de la Trinité, les ogive1
de la Sainte-Chapelle.
Les praticiens n'ont pu encore préciser le
nature exacte du mal. Ils croient à une « sul
fatation » due aux fumées corrosives.
— 'Le remède ?
— Il est, hélas ! impossible à appliquer
Il faudrait que nos pierres parisiennes ai]
lent se reposer au grand air de la campagne.
—————————— > «t» <
La Ligue de la République
- et
les victimes de la guerre
Un meeting au Palais de la Mutualité
Le quatrième meeting de la Ligue de la
République n'a pas été moins réussi que les
précédents, mais il avait attiré un public un
peu plus spécial et moins animé : il s'agissait
en effet des victimes de la guerre.
M. le sénateur Debierre présidait. Son dis-
cours, qu'il prononça le dernier, mérite ce-
pendant d'être cité avant les autres,, car il
fut un exposé des principes de la Ligue :
« A temps nouveaux, politique nouvelle,
c'est la pensée des promoteurs de la Ligue
Elle n'est pas un parti, mais une association
où l'on recherche la vérité pour la faire ser-
vir à la cause du droit et de la justice so
ciale, où l'on étudie objectivement, comme
ce soir, les événements pour les utiliser ai
bien public.
« Voilà pourquoi la Ligue considère l'ins-
truction comme la pierre angulaire de la Ré-
publique. Sans l'éducation du peuple, le suf-
frage universel n'est qu'un moyen de gou-
vernement. >
M. Debierre, parlant du problème des ré-
parations, objet de là réunion, est amené à
parler de la Conférence de Gênes :
« Il est inconcevable que l'on ait placé à
la base de cette conférence, destinée à re-
construire l'Europe, la condition qu'on ne
parlerait ni des réparations ni du désarme-
ment. C'est un défi au bon sens et à la raison.
La Conférence en est morte. »
Et l'orateur, très applaudi, parle de la vo.
lonté de paix qui anime la France. Il souhaite,
en terminant, le rapprochement des peuples
dans le droit et dans la liberté.
LE DISCOURS DE M, JOUHAUX
M. Chavagnes, secrétaire général de la Li-
gue, donne lecture du discours de M. Jou-
haux, parti en tournée de propagande.
La politique de réparations suivie par le
Bloc National, dit M. Jouhaux, n'a obtenu
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