Titre : La Lanterne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-05-13
Contributeur : Flachon, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328051026
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 86207 Nombre total de vues : 86207
Description : 13 mai 1922 13 mai 1922
Description : 1922/05/13 (N16357,A46). 1922/05/13 (N16357,A46).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7512741v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-54
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
LA" « LANTERNE »-.. DOIT ETRE VENDUE DIX CENTIMES A PARIS ET EN PROVINCE
Le Numéro : 10 Cmel
ABONNEMENTS 1 an 6 m. 8 m.
- - -
Seine et S.-et-O. 25 » 18 » 7 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 50
Etranger 65 » 28 » 1B »
Direction et Administration
24, Bd Poissonnière (9e)
Tél.: GUTENB. 01-99
Ap. 23 h. : Roquette 84-93
Publicité et Annonces
aux Bureaux du Jourral
46' ANNEE - N* 16.357
— SAMEDI
13
MAI 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Mots d'écrit
L'exposition des œuvres de Prud'hon
n'ajoutera rien à la gloire du second
professeur de l'Impératrice. Vraiment, la
commémoration des centenaires est re-
doutable entreprise, et l'épreuve du
temps, terrible pour les talents de second
plan.
Autour de Prud'hon flottait une légen-
de. Il était le précurseur de la peinture
moderne ; il avait été sacrifié par David ;
c'était figure mélancolique de grand
homme ayant vécu injustement dans
- l'ombre.
Les légendes deviennent de l'histoire.
L'œuvre de Prud'hon était disséminée.
ta voici rassemblée. C'est un petit ar-
tiste, un amateur précieux à côté du
'grand David qui fut le plus vigoureux
ide nos portraitistes ; d'un mot, il man-
que de force, et sa palette est celle d'un
enfant pauvre et prétentieux. Il apparaît
itrès inférieur même au baron Gros.
Son port-rait de Talleyrand est plat.
Dans toute cette exposition, il n'est que
deux bonnes toiles : les portraits de
Musaxd et du directeur de l'Ecole des
Beaux-Arts de Dijon. Le reste est mina-
jjle, sorti du même pot de couleurs.
Le seul intérêt de cette rétrospective
ést le côté décoration. Prud'hon fut sur-
tout, un décorateur. Ses projets d'enca-
drements de glaces pour l'impératrice
sont de qualité. Son berceau du roi de
Rome est un chef-d'œuvre du style Em-
pire. Il serait même un chef-d'œuvre
tout court, dans la plénitude de ses li-
gnes, si une fâcheuse et banale Victoire
ne se dressait à l'arrière de la nef com-
me l'ange de RebouL
Après avoir regardé' ces fadeurs, on
éprouve le besoin de se réconforter au-
près de Gustave Courbet. Le Petit-Palais
a fait large place à l'œuvre du maître
id'Ornans. Ses Demoiselles au bord de la
Seine ont tout de même un peu plus de
langueur dans les yeux que les déesses
du Premier Empire, portraiturées 'à l'eau
de rose et de lavande, par le second
peintre de l'Impératrice.
*
**
Enfin, Mme Jane Marnac retrouve son
Cellier. Je ne me sens plus de joie à cette
nouvelle, et finis par croire à la justice.
;• L'affaire de ce petit collier est moins
(romanesque que celle du grand, au dix-
huitième siècle. Décidément les Rohan
avaient plus d'allure. L'histoire de Mme
Marnac est de la toute petite histoire.
Les principaux personnages sont, sa-
voir :
M. Moch,
M. Tom,
M. Bloch,
D'une part,
et Mlle Mayer,
D'autre part.
Mlle Mayer (Marnac pour les mes-
sieurs du théâtre) avait confié ses perles
à M. Moch, qui les transmit à M. Tom,
lequel les passa à M. Bloch. Il y a com-
me ça un évangile du saint jour de Pâ-
ques dans lequel Azor genuit Manassé,
Manassé genuit Ezechiel, Ezechiel genuit
Cahen, ou un seigneur dans ce genre-là;
il la fin, tout s'arrange.
M. Moch est exquis. Il raconte qu'il
s'en fut consulter une tireuse de cartes
qui vit dans ses tarots « un temple ren-
versé, celui de Salomon ». C'est, paraît-
il, bon signe.
Cette aventure a occupé la France en-
tière pendant deux semaines.
*
f*
M. Ernest Laffont avait reçu, dans
une manifestation, un bon coup de ma-
traque sur la tête. La Chambre des ap-
pels correctionnels vient de décider
qu'aucun être vivant n'avait frappé le
député de la Loire.
M. Ernest Laffont est probablement
Victime d'une vengeance céleste.
Et puis, pourquoi est-il socialiste com-
muniste ?
*
**
Les belles vertus refleurissent ce prin-
temps. Le salon des maréchaux nous of-
fre ses souvenirs doux et idylliques. Ils
y sont, tous, les maréchaux, tous, ceux
qui portèrent leurs armes contre la
France, contre leur roi, comme les au-
tres, ceux qu'on fusilla, ceux qu'on con-
damna. La même gloire de dorure les
illustre.
Bon enseignement.
Georges PONSOT.
) - — ç —————————
UNE SOLUTION
à la crise du logement
Voie! des appartements tout neufs,
mais disposez-vous de dix mille francs ?
On eait que les propriétaires de maisons
demeurées inachevées du fait de la guerre,
s'étaient groupés en une sorte de ligue, pour
obtenir des pouvoirs publics l'aide nécessaire
au parachèvement de leurs immeubles.
Il paraît que cette association in'a pas
obtenu les résultats pour 'lesquels elle s'était
fondée. n est encore un peu partout dans Pa-
ris, des maisons auxquelles il manque un ou
deux étages et qui attendent depuis près de
huit ans, qu'on veuille bien penser à elles.
'C'est autant de logements de moins pour les
milliers de candidats locataires ; et c'est tout
eu moins fâcheux.
Aussi convient-il de signaller l'initiative
Intéressante de quelques-uns de ces demi-pro-
priétaires. Ceux-cL n'ayant vas l'argent Ré-,
cessaire pour retourner chez l'entrepreneur
et désirant, cependant, par tous les moyens,
faire mettre un toit à leur maison, ont pensé
à se servir de la crise du logement pour
demander l'aide de leurs futurs locataires.
Leur raisonnement ne manque pas de bon
sens.
— Vous désirez un appartement et vous ne
puovez pas en trouver, disent-ils aux candi-
dats. Je vous en offre un dans mon immeu-
ble, à la condition que vous m'aidiez à le
faire finir.
Je vous rembourserai votre avance, qui
sera consentie pour dix ans, en. diminution du
terme, et je vous paierai 6 0/0 de l'intérêt de
votre argent.
Pour les personnes disposant d'un petit ca-
pital, c'est là la solution de la crise du loge-
ment.
Ne vaut-il pas mieux, en effet, avancer dix
mille francs, avoir un bail de douze ans, un
appartement neuf, dix mille francs au reste
qui vous sont remboursés, que de payer dix
mlile francs un mobilier qui n'en vaut pas
deux mille.
Il n'y a qu'un mais, c'est que la majorité
des candidats-locataires n'ont pas dix mille
francs disponibles. — R. D.
;ti '«B8 t < .— ■■
Demain, la province, cette bonne province
où se réfugie le bon sens lorsqu'il est chassé
de Paris, va nommer ses représentants aux
assemblées départementales.
Cette consultation du suffrage universel of-
fre un intérêt capital, en raison de la suppres-
sion des élections législatives partielles, que
crut devoir décréter la majorité du bloc na-
tionaliste parlementaire. La fameuse « voix
du peuple » ne peut plus se faire entendre sur
quelques points de notre territoire, au hasard
des vacances qui se produisent au Palais-
Bourbon ; dès lors le scrutin du 14 mai a
l'intérêt d'une manifestation populaire sur la
politique du moment.
Malgré que le collège cantonal soit d'or-
dinaire accessible à l'influence des gros pro-
priétaires, il faut pourtant prévoir, pour les
républicains des groupes de gauche, une re-
vanche significative. Depuis le 16 novembre
1919, il s'est passé quelques événements mé-
morables, nous avons assisté à la faillite to-
tale du programme des candidats de Clemen-
ceau : Le Boche n'a pas payé, la paix reste
précaire, la crise est partout, les impôts crois-
sent fantastiquement, et le cataclysme finan-
cier est imminent.
Devant de tels résultats, les électeurs se
rendent compte qu'ils ont commis en 1,919
une erreur qu'il est grand temps de redres-
ser ; sans doute ils ne le feront pas demain,
mais encore peuvent-ils préparer la revanche
nécessaire.
Le mécontentement grandissant pour d'in-
nombrables causes donne, dans quelques ré-
gions, un important appoint au parti commu-
niste. Mais si les républicains doivent recon-
naître leurs adversaires de droite en dépit du
mensonge des étiquettes, ils commettraient
une faute en tombant dans l'excès d'un com-
munisme présenté sous les apparences les plus
bénignes.
Lorsqu'ils sont dans leurs congrès, les mem-
bres du parti S.F.I.C. lèvent haut le drapeau
de Moscou; lorsqu'ils quémandent les suffra-
ges des électeurs, ils se proclament audacieu-
sement partisans de la « petite » propriété,
cette même propriété, dont le principe reconnu
irréductible par Tchitcherine, fait échouer la
Conférence de Gênes.
N'y aurait-il donc pas un immense parti
français entre la réaction éternelle et le com-
munisme qui nous revient comme une vieille
nouveauté ? Les électeurs le diront demain.
F. H.
———————— — ç ————————
BLOC-NOTES
Nous voulons
être préférés
Non sans amertume, M. Lloyd George s'est
plaint l'autre jour de ce que la France ait
paru préférer l'amitié de la Belgique à celle
de l'Angleterre. Je n'ai pas à rechercher si ce
reproche d'amoureux, du reste immérité et
contre lequel M. Barthou protesta avec élo-
quence, est bien conforme aux usages diplo-
matiques, de telle sorte qu'une nation puisse
rompre avec une autre si celle-ci a un béguin,
même platonique, pour une troisième ; mais il
est en tout cas profondément humain.
Il ne suffit pas, en effet, à l'homme d'être
aimé ; il entend être préféré. Dans nos ad-
mirations, nos affections et nos prétentions, le
relatif l'emporte sur l'absolu, et le meilleur
nous intéresse plus que l'excellent. Foms flat-
terez beaucoup moins une femme en lui disant
qu'elle est très belle qu'en la proclamant la
plus belle ; et un écrivain, un artiste ou mé.
me notre tailleur se soucierait peu de vos élo-
ges si ces éloges ne les plaçaient pas au-des-
sus de leurs rivaux.
Cette manie de la comparaison nous incite
à créer des prix de beauté, qui ne sont pas une
institution nouvelle, puisque le premier i-e.
monte aux mythologies antiques et fut décer-
n-é par Paris à Vénus, qu'il préfera à Junon et
à Palla-s.
Nous lui devons également ce régime des
concours, qui fait le tourment de l'enfant sur
les bancs de l'école primaire, asservit sa jeu-
nesse, l'accompagne sous des formes diverses
tout le long de son existence, et s'applique wié.
me, aux légumes ainsi qu'aux animaux gras.
Grâce à elle, notre vie est constituée par des
séries de courses, dans lesquelles nous nous
soucions moins d'avancer nous-mêmes que de
devancer les autres.
Elle est la source des rivalités, des jalousies
ou des haines, risque de troubler les amitiés
les plus solides et parfois même de dis-
loquer les aUiances que la communauté des hé.
roïsmes et des sacrifices devrait cependant
rendre sacrées. Peut-être toutefois est-elle né-
cessaire pour assurer les émulations fécondes
indispensables au progrès.
Aussi j'ignore si la susceptibilité de M. Lloy(l
George fut bien d'un homme d'Etat ; mais je
sais qu'elle est celle d'un homme, et c'est pour
cela que, même quand elle heurte nos inté-
rêts, nous devons la considérer avec quelque
iavdulgence^
- Petit Jean,
LA LUTTE CONTRE -LA VIE CHERE
Le Préfet de la Seine a taxé le pain
A UN FRANC LE KILO
■ -.<3»©«î>
Les boulangers voulaient augmenter leurs prix parce
que les intermédiaires réalisent des bénéfices scandaleux
QUELQUES EXEMPLES ET QUELQUES CHIFFRES
,
Le Préfet de la Seine a pris hier soir l'ar-
rêté suivant :
« Vu la loi des 17 et 22 juillet 1791, vu le
décret du 10 octobre 1859, arrête :
« Article 1". — Le taux que ne peut dépas-
ser le prix du pain à Paris est fixé à 1 fr. le
kilo.
« Article 2. — Le présent arrêté, qui aura
son effet à partir du 15 mai 1922 et jusqu'à
nouvelle disposition, sera affiché et en outre
inséré au recueil ides actes administratifs. »
Il est à remarquer que c'est en qualité de
maire de Paris que 'le préfet a pris son arrêté.
L'exemple peut donc être suivi par tous l'es
maires du ;département.
*
**
Le pain reste donc à 1 fr. le kilo, malgré
que la plupart des .boulangers l'aient vendu
hier à raison de 1 fr. 05.
Il faut savoir pourquoi le pain est cher,
pourquoi les 'boulangers voulaient nous infli-
ger une nouvelle hausse.
Dans le rapport qu'il adressait au Prési-
dent de la République pour motiver le décret
relatif à la constatation officielle des prix des
denrées à la production et à la. consomma-
tion, M. Chéron déclarait que l'écart souvent
considérable qui se manifeste entre les prix
à la production et les prix de vente au détail
des diverses denrées, motive de légitimes ré-
clamations de la part des' consommateurs.,
Parmi les denrées alimentaires, le prix
élevé du pain en particulier suscite de vives
et légitimes critiques.
On s'accoutume à dire que le producteur
agricole est un mercanti. Malgré des exemples
individuels nombreux il ne faut pas générali-
ser, il faut s'en remettre à des faits et à des
chiffres. Lisez ce tableau :
Prix des 100 kilos 1913 1922
Blé 27 43 70
Farine 38 56 91
Pain 39 ._- 100
Ecart entre le prix du pain
et le prix du blé 11 57 30
Soit 0/0 41 42 7
Ecart entre le prix du pain
et le prix de la farine.. 0 44 9
Soit 0/0 1 13 9 8
Ces chiffres se dispensent de tout commen-
taire. Et il ne faut pas oublier qu'en France,
le pain est l'étalon des prix.
Il est à noter, d'ailleurs, que le prix du blé
pourrait être encore abaissé, si les Pouvoirs
publics réprimaient un trafic auquel personne
ne semble songer : celui des fournisseurs de
blé dit de semence. Il mérite d'être signalé.
Un agriculteur de Normandie achetait ré-
cemment un lot de ce blé au prix de 155 fr.
les 100 kilos, vendu par une maison de Paris,
agence d'une maison du Nord. En outre, notre
agriculteur avait à sa charge les frais de
transport depuis Orchies jusqu'à son village.
On conçoit dès lors le prix élevé du 'blé, prix
qui résulte tout simplement d'une spéculation
honteuse.
Ce blé, vendu par une firme du Nord à son
agence de Paris, provient d'une localité de la
Loire-Inférieure. Il a été acheté 90 francs les
100 kilos ; ;le transport de cent quintaux a
coûté 525 francs, d'où un prix de revient pour
Un quintal rendu dans le Nord de 95 fr 25.
Là, le blé subit une préparation spéciale,
préparation qui, jointe aux frais généraux,
augmente sa valeur de 20 francs par quintal
(1/5 tout simplement).
— *
**
Voilà notre blé prêt à être expédié au prix
minimum de 105 fr. 25.
Reste à trouver l'acquéreur. L'agence pari-
sienne intervient alors. Ce n'est qu'un simple
bureau de transmission, qui a sous ses ordres
des équipes nie courtiers.
Dans chaque région, un agent général re-
cueille des chefs d'équipe dirigeant eux-mê-
mes des intermédiaires. Chacun de ces per-
sonnages touche des commissions qui varient
selon l'importance de l'agent, mais qui sont
presque toujours en raison inverse du tra-
vail fourni.
Les principaux chefs reçoivent des primes
de 5 francs, les auxiliaires des primes moyen-
nes de 15 francs aux 100 kilos, qui constituent
pour ces derniers leur seule rémunération.
Si on veut maintenant connattre le résultat
et expliquer le prix de vente au cultivateur,
il n'y a plus qu'à faire la petite addition sui-
vante :
Prix de revient du blé : Maison du
Nord 105 25
Bénéfice réalisé par cette maison.. 15 »
Bénéfice réalisé par l'agence de Paris 12 »
Commission de l'agent régional. 5 »
» du chef d'équipe 6 »
» du courtier 15 »
Total 154 25
Ne pourrait-on pas sévir contre ces intermé-
diaires ? Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls.
Nous montrerons prochainement les béné-
fices réalisés aux dépens du producteur, sous
le couvert du warrantage agricole.
Georges BEROT.
LE FIASCO DE GÊNES SE PRÉCISE
La Conférence se terminerait par la constitution
d'une Commission d'experts
• ■— —————
C'est ainsi que MM. Lloyd George et Schanzer espéraient
« sauver la face » après la réponse des Soviets
G<ênes, 12 mai (De notre envoyé spécial). -
Vous souvenez-voue de -ces chirurgiens qui,
s'apercevant qu'ils ont tué leur patient en
cours de travail, disent : « Finissons tou-
jours. pour la famille ! » Eh bien ; c'est l'é-
tat d'esprit qui domine aujourd'hui parmi les
groupes anglais et italiens. Ils veulent aller
jusqu'au bout, clore sans éclat. pour la fa-
mille européenne, où il y a, hélas ! tant de
frères ennemis.
M. Lloyd George n'est pas et ne peut pas
être satisfait de la réponse russe, car il sait
(bien que la City n'y trouvera pas son compte ;
mais il est d'accord avec M. Schanzer pour
s'écrier : « Périsse (plutôt la propriété que la
paix du monde ! »
A quoi, bon nombre de délégués répondent :
« Si on sauvait à la fois la paix et ce vieux
monde qui s'accommode encore du capitalis-
me ! »
La grande préoccupation du moment est de
savoir comment « ça finira ». On nomme des
commissions qui sont en vérité destinées aux
pompes funèbres. En guise de fleurs et de cou-
ronnes, on jettera sur la Conférence défunte
quelques-uns de ces vœux qui sont de. tous les
temps ou de tous les pays. Peut-être même
un vote de principe sera-t-il enlevé par M.
Lloyd George sur le pacte de non-agression.
Sans doute, ce serait l'a une victoire paci-
fiste notable, mais les camarades bolcheviks
font la sourde oreille. Ils ne veulent pas s'en-
gager à ne point mobiliser contre leurs voi-
sins de l'Est. Encore qu'un engagement pour
eux ne compte guère.
Nous saurons bientôt ce que les pompiers
pourront sauver parmi les épaves du grand
bateau de Gênes.
fi. D.
Gênes, 12 mai. — Hier soir, — mais on ne
l'a su que ce matin, — la réponse russe a été
l'objet d'un examen, qui a eu lieu à l'hôtel
Miramar, entre MM. Lloyd George, Schanzer
et Barthou. M. Lloyd George était accompa-
gné de ses ministres et de ses secrétaires ;
M. Barthou avait avec lui MM. Picard et Ca-
raerlinck, et M. Schanzer, le marquis Visconti.
Les délégués anglais et italiens ont reconnu,
au cours de cet examen, que, quoique défa-
vorable, la réponse russe exigeait une contre-
réponse de la part des signataires du mémo-
randum du 2 mai. Ils tombèrent égaillent
d'accord pour déclarer que la proposition ten-
dant à renvoyer à une commission technique
l'étude plus complète des rapports financiers
entre la Russie et le reste de l'Europe, faisait
entrevoir la possibilité d'uns solution favo-
rable.
M. Barthou s'est empressé de faire remar-
quer que la réponse faite par les Russes justi-
fiait le pessimisme de la délégation et du gou-
vernement français. Il a constaté que, dans
tous les cas, il ne reste plus maintenant qu'à
définir exactement la ligne à suivre.
La déclaration contenue dans la conclusion
du document russe ?t affirmant, que les Rus-
ses n'avaient nulle intention de rompre, per-
met-elle aux puissances signataires du mémo-
randum de prendre la responsabilité d'une
rupture nette et intransigeante ? M. Barthou
déclara ne pouvoir .prendre à ce sujet aucun
engagement avant d'avoir reçu des instructions
de Paris.
La sous-commission des affaires russes
s'est ajournée à aujourd'hui
Gênes, 12 mai. — La séance de la sous-com-
mission des affaires russes, qui devait se te-
nir cet après-midi en vue d'examiner la suite
à donner à la réponse des Soviets, est remise
à demain samedi, à 11 heurea.
La position de la France dans le débat est
maintenant très nette. N'ayant pas s:gné le
mémorandum du 2 mai, la délégation françai-
se ne continuera sans doute à intervenir, com-
me la Belgique, qu'à titre officieux.
Il est probable que son chef se bornera à
faire une déclaration en faveur de l'ajourne-
ment de la Conférence et ne s'opposera pas en
vue de la continuation de l'examen du pro-
blème russe, à la constitution d'une ou plu-
sieurs commissions d'experts qui se réuniront
ultérieurement dans une ville à désigner et
seront composés de représentants des puissan-
ces alliées ot neutres.
Quand leurs travaux seront suffisamment
avancés pour qu'on puisse espérer des résul-
tats pratiques d'une reprise de la conversa-
tion avec les Soviets, leurs représentants se-
raient à nouveau convoqués.
Il est probable qu'on insistera du côté fran-
çais pour que la Conférence tienne, lundi ou
mardi, une dernière séance plénière. Dans les
milieux britanniques de la Conférence, tout en
étant d'accord en principe pour ne pas pour-
suivre à Gênes la discussion avec les Soviets,
on estime toutefois que; si l'on confie le soin
de poursuivre l'examen du problème russe à
des commissions d'experts, il conviendrait de
fixer le programme de leur action. On pense
que plusieurs jours de sérieuses discussion.
seraient nécessaires pour arriver à se mettre
d'accord sur les bases du travail des experts.
La même opinion règne ce matin dans les
cercles italiens.
Plusieurs délégués, au contraire, seraient
hostiles â cette procédure préparatoire, et
craignent, à la faveur d'une résolution d'un
caractère trop vague ou trop large comme
celles de Cannes, de se laisser entraîner dans
des négociations dont l'issue 'leur paraît trop
incertaine.
Certaines puissances, comme la Belgique,
joLcsujre-trtCUL, refuseraient jnfeue d'adihérar à la.
création d'une commission d'experts.
En ce qui concerne le pacte de non-agres-
sion, il semble que plusieurs délégations y
soient opposées, même s'il était réduit à la
durée des travaux des experts. Elles estiment,
en effet, que si les experte n'aboutissaient
pas, les Soviets pourraient se croire alors au-
torisés à se livrer à une action contre les
frontières litigieuses.
Les entretiens de M. Schanzer
Gênes, 12 mai. — M. Schanzer a eu ce
matin des entretiens successifs : 1° avec M.
Jaspar, ministre des affaires étrangères de
Belgique, puis avec M. Bratiano, président du
Conseil de Roumanie, enfin avec M. Nin-
tchitch, ministre des affaires étrangères you-
go-slave.
Au cours de ces différentes conversations, il
a été question de l'attitude à prendre vis-à-
ivis de la réponse des Soviets et, principale-
ment, de savoir s'il y a lieu de prendre en
sérieuse considération la protestation russe
de constituer une commission d'experts.
Le point de vue de l'Italie
Dans les milieux autorisés italiens, on
prend position devant la réponse des Soviets.
Voici, à l'heure actuelle, le point de vue de
la délégation italienne :
Sans doute, l'Italie aurait préféré qu'une
paix rapide fût conclue avec la Russie. Tou-
tefois, comme cela paraît pour le moment
impossible, l'Italie se rallie à la proposition
avancée dans la réponse des délégués sovié-
tiques concernant la constitution d'une nou-
velle commission d'experts, dont les travaux
se poursuivraient en vue d'arriver à une so-
lution sur les questions russes pendantes.
On pense, parmi les délégulés italiens,
que la commission d'experts travaillant
ainsi, a des chances d'aboutir à de bons ré-
sultats. Cette commission serait mixte et,
toujours d'après le point de vue italien, les
Russes seraient admis à en faire partie.
On ne précise pas le lieu où se réunirait
la commission d'experts ainsi désignés,
afin d'y poursuivre ses travaux. Cette crm-
mission serait, enfin, munie de pouvoirs
très clairs et précis et devrait tenir compte
des résultats déjà acquis par la Conférence
de Gênes, ipour autant que ces résultats sont
vraiment obtenus.
Le point de vue britannique
Dans les milieux britanniques, dont bien
souvent les. milieux italiens ont été l'écho
fidèle, on partage cette manière de voir.
M. Lloyd George, tout d'abord abattu par
la réponse russe, dont il avait, cependant,
les principaux éléments en mains, avant
qu'elle ne fut communiquée, s'est ressaisi
au cours de la nuit dernière et envisage-
rait, lui aussi, la possibilité d'arriver à une
solution relative des difficultés russes, en
constituant sans retard une commission
mixte.
Une proposition anglaise
Londres, 12 mai. — L'agence Reuter re-
çoft de Gênes la dépêche suivante : -
La délégation britannique a proposé une
trêve sur la base des frontières « de facto »
jusqu'à la conclusion d'un accord précis
avec la Russie.
La réponse russe et l'opinion allemande
Berlin, 12 mai. — Le correspondant du Ta-
geblatt à Gênes télégraphie, au sujet de la ré-
ponse russe :
« Cette réponse est loin d'être la meilleure
parmi toutes les notes russes ; elle manqae
d'uniformité, mais son ton est moins agres-
sif et la conclusion en est conciliante. Le rai-
sonnement des délégués russes est qu'il a fallu
renoncer à essayer de retenir la France. La
réponse russe prend raisonnablement position
dans la conclusion des clauses franco-belges.
Elle paraît se rapporter à une situation qui
peut se réaliser demain ou aiprès-demain : la
Coniférence sans la France. »
M. Georges Bernhardt écrit, dans la Gazette
de Voss :
« Celui qui s'attendait à ce que le contenu
de la réponse russe fût sensationnel sera for-
tement déçu, car la note ressemble davantage
à un document d'agitation qu'à une note di-
plomatique. M. Georges Bernhardt conclut
que la question russe est devenue la question
politique de toutes les conférences et qu'on a
négligé à Gênes d'autres questions, notam-
ment celle des zones, comment il faudrait en-
treprendre la reconstitution de la Russie et
d'après quelles méthodes industrielles et com-
merciales il faut travailler en Russie. »
Suivant la Gazette Générale de l'Allemagne
t'opinion de la délégation allemande à Gênes
est que la réponse russe rend possibles de nou-
velles nfgaciations.
Le Vorwaerts écrit :
« On ne peut trouver dans la note russe ni
un oui ni un non .précis ; elle ne ferme au-
cune porte, mais n'indique pas non plus la
voie de règlements prochains. Pour le Vor-
waerts, il n'est (pas impassible que la proposi-
tion de créer une nouvelle COmmi!Bt .,11 pour
les affaires russes ait été introduite dans la
réponse au su de M. Lloyd George. »
—————————— > IM- + no ( -
Pendant que le Pape
traite avec les Soviets
Les Bolcheviks pillent les églises catholiques
en Podolie
Varsovie, 10 mai. — D'après les nouvelles
parvenues ici d'au delà de la frontière de
l'est, les bolcheviks ont commis en Podolie
une série d'actes de violence dans les églises
catholiques, notamment dans la cathédrale
de Kamieniec. Le trésor, qui avait déjà été
inventorié par les bolcheviks quelque temps
auparavant, vient d'être enlevé par ordre des
Soviets. La population avait adressé aux So-
viets une protestation suivie de quelques cen-
taines de signatures demandant qu'au moins
les objets indispensables au culte soient res-
pectés. L'adresse rappelait le don d'un mil-
lion de lire que fit le pape Benoît XV en
faveur des affamés de Russie, offrait en échan-
ge des objets de culte, de l'argent et du blé,
se réclamait des droits du peuple hautement
proclamés par les bolcheviks. Rien n'y fit
Des scènes violentes eurent lieu, accompa-
gnées de coups, de fusillades, d'arrestations.
Elles se sont répétées partout où furent opé-
rées des réquisitions dans les églises. Il y a
partout des morts et des blessés.
———————— ———
Carpeniier rencontrera Dempsey
dans un nouveau malch
Londres, 12 mai. — M.. Kars, manager de
Dempsey, annonce qu'il a signé avec M. Des-
camps un accord pour un nouveau match en-
tre son « poulain » et Georges Carpentier.
'Ce match aurait lieu en Europe au mois
de juin, 1923. ou *îrpftme avant cette dateâ
BEAUTÉS ADMINISTRATIVES
Les retards de MMeh)
et les sollicitudes
des caissiers du Trésor
pour le public
- - -
Epinglons soigneusement deux beautés aai
ministratives.
Le voyage de 'M. Millerand en Afrique dt
nord a soulevé un petit problème de taxes te*
légraphiques. Le président était accompagné
de nombreux représentants des journaux pari*
siens. Or, le tarif des télégrammes de presse,
en temps normal, n'est point le même pour
Tunisie et le Maroc qu'à l'intérieur de la
France. On a jugé, avec raison d'ailleurs, qu'à
l'occasion de la randonnée présidentielle, on
pouvait appliquer exceptionnellement aux dé-
pêches adressées par nos confrères à leurs
journaux respectifs ou par les journaux à
leurs envoyés spéciaux les mêmes taxes qui
sont perçues sur le territoire de la métrpole.
.Le Journal officiel a donc publié un décret
légalisant cette faveur momentanée et limite
tant sa durée du 4 au 16 avril.
Or, ledit décret a paru. le dimanche 2 mai
dernier, quinze jours après qu'il était devenu
sans objet. Si nos confrères avaient dû atten-
dre qu'il fût promulgué pour bénéficier du
tarif qui leur était accordé, ils n'auraient
jamais donné de leurs nouvelles.
*
ff
Dans certaines localités des régions lib&
rées. ainsi qu'il ressort d'une question écrite
posée par M. Couteaux, député, des receveurs
des Caisses publiques refusent les versements
effectués en coupures de 2 francs, 1 franc, cin-
quante et vingt-cinq centimes. Les intéressés
ne trouvant point à proximité de leur rési-
dence d'établissement de crédit où ils puis-
sent échanger leurs coupures, on volt la dit.
ficultéqui s'ensuit pour eux.
A auoi le ministre des finances a répondu
« qu'en principe » — ah ! le principe ! —'
les receveurs des caisses publiques ne doivent
point se refuser à accepter les paiements effec-
tués en petites coupures émises dans la cir*
conscriotion du comptable. Mais il faut que
ces courmres soient présentées dans des condi-
tions qui facilitent leur comptage, « aJln de
ne pas soumettre le public présent au guichet
à une trop longue attente susceptible de pro-
voquer de sa part des réclamations justi-
fiées ». -
Comment ! les caissiers du Trésor ont pour
le « cochon de payant » une telle sollicitude
qu'ils ne veulent point leur imposer de faire
le pied de grue au guichet pendant de lon-
gues heures ? Voilà qui est nouveau — et tout
à fait rassurant. Car jusquici le public n'avait
pas été haibitué à se voir plaindre quand il lui
arrivait (c'était la règle générale) de « poi-
reauter » indéfiniment avant de pouvoir ver-
ser son argent au fisc.
Louis LE PAGE.
.— y
La place- Seint-Sulpice déguisée.
La place Saint-Sulpice, avec sa. fontaine 1i
niehes d'évêques, avait un air très comme U
faut, très bien pensant, très province. Aujour-
d'hui, on ne sait plus trop à quoi elle res,
semble, un petit coin de foire pour baraques
pauvres, des tréteaux pour étudiants qui s'a-
musent. Elle est toute drôle, toute dépaysée
cette place d'ordinaire si benoîte, avec ses
grandes bâches vertes qui lui font une cein-
ture, ses oripeaux de toile peinte qui cachent
à demi les évêques des niches, ses minuscu-
les baraques qui font cercle autour de la fon-
taine, ses quelques marchands qui semblent
une troupe de comédiens égarés sous la pluie.
Quand vous avez passé le tourniquet de l'en-
trée, vous pouvez fort bien vous figurer sur
les boulevards à la veille de Noël. Les mêmes
baraques, mais avec des bondieuseries, des
fleurs, quelques jolies filles.
Tout cela veut être médiéval, rappeler la
foire Saint-Germain. C'est minuscule et puis,
il pleut î — R. D.
—————————— ;) -.- ( —————————.
PARMI LES CROIX DE BOIS
le roi d'Angleterre a visité hier
le plaleau
de notre-Dame-de-Lorette
Il a été reçu et guidé par le maréchal Foch
Hier, le roi George V a rendu visite aux
cimetières du front. Après avoir passé la nuit
dans son train spécial en gare de Vimy, il est
arrivé en automobile à 10 heures, au plateau
de Notre-Dame-de-Lorette où le maréchal
Foch l'a précédé, accompagné du général
Weygand, son chef d'état-major, du général
Lachapelle, commandant le 1er corps d'ar-
mée, et de M. Cauzel, préfet du Pas-de-Ca-
lais.
La suite du roi est. assez nombreuse et
composée notamment, des officiers de sa
maison militaire, du maréchal comte Douglas
Haig, ainsi que du général Fabian Ware, qui
dirigea pendant la guerre le service anglais
des tombes et préside actuellement la Com.
mission Impériale des sépultures, chargée de
l'aménagement et de l'entretien de tous les
cimetières militaires britannique-s.
Le souverain, qui porte la tenue de cam-
pagne de maréchal anglais, est reçu à l'entréé
du cimetière sobrement décoré de drapeaux
français et anglais, par le maréchal Foch, au.
quel il serre affectueusement la main.
Après la présentation des personnalités, le
roi passe en revue le détachement de troupes
qui rend les honneurs.
Il parcourt ensuite la vaste nécropole où
sont alignées près de 6.000 tombes françaises
et qui, lorsqu'elle sera complètement achevée*
en contiendra près de 18.000.
L'inspection terminée, le roi s'arrête au
pied du grand mât surmonté du pavillon fran-
çais qui marque l'emplacement où sera érigé
le monument commémoratif et s'adressant
au maréchal Foch, il dit :
« Je suis heureux, monsieur le maréchal,
que vous vous trouviez aujourd'hui à mes cO,
tés au moment où je viens déposer cette cou-
ronne pour rendre l'hommage qu'ils méritent
aux héroïques soldats de la France. »
Le souverain, très ému, met alors en place,
au pied du socle, la couronne faite de paLmef
et de roses rouges. Puis a lieu l'émouvaata
cérémonie du salut aux morts. Pendant deux
Le Numéro : 10 Cmel
ABONNEMENTS 1 an 6 m. 8 m.
- - -
Seine et S.-et-O. 25 » 18 » 7 »
France et Colon. 28 » 14 » 7 50
Etranger 65 » 28 » 1B »
Direction et Administration
24, Bd Poissonnière (9e)
Tél.: GUTENB. 01-99
Ap. 23 h. : Roquette 84-93
Publicité et Annonces
aux Bureaux du Jourral
46' ANNEE - N* 16.357
— SAMEDI
13
MAI 1922
Directeur-Rédacteur en chef:
FELIX HAUTFORT
Les manuscrits non insérés
ne sont pas rendus
Mots d'écrit
L'exposition des œuvres de Prud'hon
n'ajoutera rien à la gloire du second
professeur de l'Impératrice. Vraiment, la
commémoration des centenaires est re-
doutable entreprise, et l'épreuve du
temps, terrible pour les talents de second
plan.
Autour de Prud'hon flottait une légen-
de. Il était le précurseur de la peinture
moderne ; il avait été sacrifié par David ;
c'était figure mélancolique de grand
homme ayant vécu injustement dans
- l'ombre.
Les légendes deviennent de l'histoire.
L'œuvre de Prud'hon était disséminée.
ta voici rassemblée. C'est un petit ar-
tiste, un amateur précieux à côté du
'grand David qui fut le plus vigoureux
ide nos portraitistes ; d'un mot, il man-
que de force, et sa palette est celle d'un
enfant pauvre et prétentieux. Il apparaît
itrès inférieur même au baron Gros.
Son port-rait de Talleyrand est plat.
Dans toute cette exposition, il n'est que
deux bonnes toiles : les portraits de
Musaxd et du directeur de l'Ecole des
Beaux-Arts de Dijon. Le reste est mina-
jjle, sorti du même pot de couleurs.
Le seul intérêt de cette rétrospective
ést le côté décoration. Prud'hon fut sur-
tout, un décorateur. Ses projets d'enca-
drements de glaces pour l'impératrice
sont de qualité. Son berceau du roi de
Rome est un chef-d'œuvre du style Em-
pire. Il serait même un chef-d'œuvre
tout court, dans la plénitude de ses li-
gnes, si une fâcheuse et banale Victoire
ne se dressait à l'arrière de la nef com-
me l'ange de RebouL
Après avoir regardé' ces fadeurs, on
éprouve le besoin de se réconforter au-
près de Gustave Courbet. Le Petit-Palais
a fait large place à l'œuvre du maître
id'Ornans. Ses Demoiselles au bord de la
Seine ont tout de même un peu plus de
langueur dans les yeux que les déesses
du Premier Empire, portraiturées 'à l'eau
de rose et de lavande, par le second
peintre de l'Impératrice.
*
**
Enfin, Mme Jane Marnac retrouve son
Cellier. Je ne me sens plus de joie à cette
nouvelle, et finis par croire à la justice.
;• L'affaire de ce petit collier est moins
(romanesque que celle du grand, au dix-
huitième siècle. Décidément les Rohan
avaient plus d'allure. L'histoire de Mme
Marnac est de la toute petite histoire.
Les principaux personnages sont, sa-
voir :
M. Moch,
M. Tom,
M. Bloch,
D'une part,
et Mlle Mayer,
D'autre part.
Mlle Mayer (Marnac pour les mes-
sieurs du théâtre) avait confié ses perles
à M. Moch, qui les transmit à M. Tom,
lequel les passa à M. Bloch. Il y a com-
me ça un évangile du saint jour de Pâ-
ques dans lequel Azor genuit Manassé,
Manassé genuit Ezechiel, Ezechiel genuit
Cahen, ou un seigneur dans ce genre-là;
il la fin, tout s'arrange.
M. Moch est exquis. Il raconte qu'il
s'en fut consulter une tireuse de cartes
qui vit dans ses tarots « un temple ren-
versé, celui de Salomon ». C'est, paraît-
il, bon signe.
Cette aventure a occupé la France en-
tière pendant deux semaines.
*
f*
M. Ernest Laffont avait reçu, dans
une manifestation, un bon coup de ma-
traque sur la tête. La Chambre des ap-
pels correctionnels vient de décider
qu'aucun être vivant n'avait frappé le
député de la Loire.
M. Ernest Laffont est probablement
Victime d'une vengeance céleste.
Et puis, pourquoi est-il socialiste com-
muniste ?
*
**
Les belles vertus refleurissent ce prin-
temps. Le salon des maréchaux nous of-
fre ses souvenirs doux et idylliques. Ils
y sont, tous, les maréchaux, tous, ceux
qui portèrent leurs armes contre la
France, contre leur roi, comme les au-
tres, ceux qu'on fusilla, ceux qu'on con-
damna. La même gloire de dorure les
illustre.
Bon enseignement.
Georges PONSOT.
) - — ç —————————
UNE SOLUTION
à la crise du logement
Voie! des appartements tout neufs,
mais disposez-vous de dix mille francs ?
On eait que les propriétaires de maisons
demeurées inachevées du fait de la guerre,
s'étaient groupés en une sorte de ligue, pour
obtenir des pouvoirs publics l'aide nécessaire
au parachèvement de leurs immeubles.
Il paraît que cette association in'a pas
obtenu les résultats pour 'lesquels elle s'était
fondée. n est encore un peu partout dans Pa-
ris, des maisons auxquelles il manque un ou
deux étages et qui attendent depuis près de
huit ans, qu'on veuille bien penser à elles.
'C'est autant de logements de moins pour les
milliers de candidats locataires ; et c'est tout
eu moins fâcheux.
Aussi convient-il de signaller l'initiative
Intéressante de quelques-uns de ces demi-pro-
priétaires. Ceux-cL n'ayant vas l'argent Ré-,
cessaire pour retourner chez l'entrepreneur
et désirant, cependant, par tous les moyens,
faire mettre un toit à leur maison, ont pensé
à se servir de la crise du logement pour
demander l'aide de leurs futurs locataires.
Leur raisonnement ne manque pas de bon
sens.
— Vous désirez un appartement et vous ne
puovez pas en trouver, disent-ils aux candi-
dats. Je vous en offre un dans mon immeu-
ble, à la condition que vous m'aidiez à le
faire finir.
Je vous rembourserai votre avance, qui
sera consentie pour dix ans, en. diminution du
terme, et je vous paierai 6 0/0 de l'intérêt de
votre argent.
Pour les personnes disposant d'un petit ca-
pital, c'est là la solution de la crise du loge-
ment.
Ne vaut-il pas mieux, en effet, avancer dix
mille francs, avoir un bail de douze ans, un
appartement neuf, dix mille francs au reste
qui vous sont remboursés, que de payer dix
mlile francs un mobilier qui n'en vaut pas
deux mille.
Il n'y a qu'un mais, c'est que la majorité
des candidats-locataires n'ont pas dix mille
francs disponibles. — R. D.
;ti '«B8 t < .— ■■
Demain, la province, cette bonne province
où se réfugie le bon sens lorsqu'il est chassé
de Paris, va nommer ses représentants aux
assemblées départementales.
Cette consultation du suffrage universel of-
fre un intérêt capital, en raison de la suppres-
sion des élections législatives partielles, que
crut devoir décréter la majorité du bloc na-
tionaliste parlementaire. La fameuse « voix
du peuple » ne peut plus se faire entendre sur
quelques points de notre territoire, au hasard
des vacances qui se produisent au Palais-
Bourbon ; dès lors le scrutin du 14 mai a
l'intérêt d'une manifestation populaire sur la
politique du moment.
Malgré que le collège cantonal soit d'or-
dinaire accessible à l'influence des gros pro-
priétaires, il faut pourtant prévoir, pour les
républicains des groupes de gauche, une re-
vanche significative. Depuis le 16 novembre
1919, il s'est passé quelques événements mé-
morables, nous avons assisté à la faillite to-
tale du programme des candidats de Clemen-
ceau : Le Boche n'a pas payé, la paix reste
précaire, la crise est partout, les impôts crois-
sent fantastiquement, et le cataclysme finan-
cier est imminent.
Devant de tels résultats, les électeurs se
rendent compte qu'ils ont commis en 1,919
une erreur qu'il est grand temps de redres-
ser ; sans doute ils ne le feront pas demain,
mais encore peuvent-ils préparer la revanche
nécessaire.
Le mécontentement grandissant pour d'in-
nombrables causes donne, dans quelques ré-
gions, un important appoint au parti commu-
niste. Mais si les républicains doivent recon-
naître leurs adversaires de droite en dépit du
mensonge des étiquettes, ils commettraient
une faute en tombant dans l'excès d'un com-
munisme présenté sous les apparences les plus
bénignes.
Lorsqu'ils sont dans leurs congrès, les mem-
bres du parti S.F.I.C. lèvent haut le drapeau
de Moscou; lorsqu'ils quémandent les suffra-
ges des électeurs, ils se proclament audacieu-
sement partisans de la « petite » propriété,
cette même propriété, dont le principe reconnu
irréductible par Tchitcherine, fait échouer la
Conférence de Gênes.
N'y aurait-il donc pas un immense parti
français entre la réaction éternelle et le com-
munisme qui nous revient comme une vieille
nouveauté ? Les électeurs le diront demain.
F. H.
———————— — ç ————————
BLOC-NOTES
Nous voulons
être préférés
Non sans amertume, M. Lloyd George s'est
plaint l'autre jour de ce que la France ait
paru préférer l'amitié de la Belgique à celle
de l'Angleterre. Je n'ai pas à rechercher si ce
reproche d'amoureux, du reste immérité et
contre lequel M. Barthou protesta avec élo-
quence, est bien conforme aux usages diplo-
matiques, de telle sorte qu'une nation puisse
rompre avec une autre si celle-ci a un béguin,
même platonique, pour une troisième ; mais il
est en tout cas profondément humain.
Il ne suffit pas, en effet, à l'homme d'être
aimé ; il entend être préféré. Dans nos ad-
mirations, nos affections et nos prétentions, le
relatif l'emporte sur l'absolu, et le meilleur
nous intéresse plus que l'excellent. Foms flat-
terez beaucoup moins une femme en lui disant
qu'elle est très belle qu'en la proclamant la
plus belle ; et un écrivain, un artiste ou mé.
me notre tailleur se soucierait peu de vos élo-
ges si ces éloges ne les plaçaient pas au-des-
sus de leurs rivaux.
Cette manie de la comparaison nous incite
à créer des prix de beauté, qui ne sont pas une
institution nouvelle, puisque le premier i-e.
monte aux mythologies antiques et fut décer-
n-é par Paris à Vénus, qu'il préfera à Junon et
à Palla-s.
Nous lui devons également ce régime des
concours, qui fait le tourment de l'enfant sur
les bancs de l'école primaire, asservit sa jeu-
nesse, l'accompagne sous des formes diverses
tout le long de son existence, et s'applique wié.
me, aux légumes ainsi qu'aux animaux gras.
Grâce à elle, notre vie est constituée par des
séries de courses, dans lesquelles nous nous
soucions moins d'avancer nous-mêmes que de
devancer les autres.
Elle est la source des rivalités, des jalousies
ou des haines, risque de troubler les amitiés
les plus solides et parfois même de dis-
loquer les aUiances que la communauté des hé.
roïsmes et des sacrifices devrait cependant
rendre sacrées. Peut-être toutefois est-elle né-
cessaire pour assurer les émulations fécondes
indispensables au progrès.
Aussi j'ignore si la susceptibilité de M. Lloy(l
George fut bien d'un homme d'Etat ; mais je
sais qu'elle est celle d'un homme, et c'est pour
cela que, même quand elle heurte nos inté-
rêts, nous devons la considérer avec quelque
iavdulgence^
- Petit Jean,
LA LUTTE CONTRE -LA VIE CHERE
Le Préfet de la Seine a taxé le pain
A UN FRANC LE KILO
■ -.<3»©«î>
Les boulangers voulaient augmenter leurs prix parce
que les intermédiaires réalisent des bénéfices scandaleux
QUELQUES EXEMPLES ET QUELQUES CHIFFRES
,
Le Préfet de la Seine a pris hier soir l'ar-
rêté suivant :
« Vu la loi des 17 et 22 juillet 1791, vu le
décret du 10 octobre 1859, arrête :
« Article 1". — Le taux que ne peut dépas-
ser le prix du pain à Paris est fixé à 1 fr. le
kilo.
« Article 2. — Le présent arrêté, qui aura
son effet à partir du 15 mai 1922 et jusqu'à
nouvelle disposition, sera affiché et en outre
inséré au recueil ides actes administratifs. »
Il est à remarquer que c'est en qualité de
maire de Paris que 'le préfet a pris son arrêté.
L'exemple peut donc être suivi par tous l'es
maires du ;département.
*
**
Le pain reste donc à 1 fr. le kilo, malgré
que la plupart des .boulangers l'aient vendu
hier à raison de 1 fr. 05.
Il faut savoir pourquoi le pain est cher,
pourquoi les 'boulangers voulaient nous infli-
ger une nouvelle hausse.
Dans le rapport qu'il adressait au Prési-
dent de la République pour motiver le décret
relatif à la constatation officielle des prix des
denrées à la production et à la. consomma-
tion, M. Chéron déclarait que l'écart souvent
considérable qui se manifeste entre les prix
à la production et les prix de vente au détail
des diverses denrées, motive de légitimes ré-
clamations de la part des' consommateurs.,
Parmi les denrées alimentaires, le prix
élevé du pain en particulier suscite de vives
et légitimes critiques.
On s'accoutume à dire que le producteur
agricole est un mercanti. Malgré des exemples
individuels nombreux il ne faut pas générali-
ser, il faut s'en remettre à des faits et à des
chiffres. Lisez ce tableau :
Prix des 100 kilos 1913 1922
Blé 27 43 70
Farine 38 56 91
Pain 39 ._- 100
Ecart entre le prix du pain
et le prix du blé 11 57 30
Soit 0/0 41 42 7
Ecart entre le prix du pain
et le prix de la farine.. 0 44 9
Soit 0/0 1 13 9 8
Ces chiffres se dispensent de tout commen-
taire. Et il ne faut pas oublier qu'en France,
le pain est l'étalon des prix.
Il est à noter, d'ailleurs, que le prix du blé
pourrait être encore abaissé, si les Pouvoirs
publics réprimaient un trafic auquel personne
ne semble songer : celui des fournisseurs de
blé dit de semence. Il mérite d'être signalé.
Un agriculteur de Normandie achetait ré-
cemment un lot de ce blé au prix de 155 fr.
les 100 kilos, vendu par une maison de Paris,
agence d'une maison du Nord. En outre, notre
agriculteur avait à sa charge les frais de
transport depuis Orchies jusqu'à son village.
On conçoit dès lors le prix élevé du 'blé, prix
qui résulte tout simplement d'une spéculation
honteuse.
Ce blé, vendu par une firme du Nord à son
agence de Paris, provient d'une localité de la
Loire-Inférieure. Il a été acheté 90 francs les
100 kilos ; ;le transport de cent quintaux a
coûté 525 francs, d'où un prix de revient pour
Un quintal rendu dans le Nord de 95 fr 25.
Là, le blé subit une préparation spéciale,
préparation qui, jointe aux frais généraux,
augmente sa valeur de 20 francs par quintal
(1/5 tout simplement).
— *
**
Voilà notre blé prêt à être expédié au prix
minimum de 105 fr. 25.
Reste à trouver l'acquéreur. L'agence pari-
sienne intervient alors. Ce n'est qu'un simple
bureau de transmission, qui a sous ses ordres
des équipes nie courtiers.
Dans chaque région, un agent général re-
cueille des chefs d'équipe dirigeant eux-mê-
mes des intermédiaires. Chacun de ces per-
sonnages touche des commissions qui varient
selon l'importance de l'agent, mais qui sont
presque toujours en raison inverse du tra-
vail fourni.
Les principaux chefs reçoivent des primes
de 5 francs, les auxiliaires des primes moyen-
nes de 15 francs aux 100 kilos, qui constituent
pour ces derniers leur seule rémunération.
Si on veut maintenant connattre le résultat
et expliquer le prix de vente au cultivateur,
il n'y a plus qu'à faire la petite addition sui-
vante :
Prix de revient du blé : Maison du
Nord 105 25
Bénéfice réalisé par cette maison.. 15 »
Bénéfice réalisé par l'agence de Paris 12 »
Commission de l'agent régional. 5 »
» du chef d'équipe 6 »
» du courtier 15 »
Total 154 25
Ne pourrait-on pas sévir contre ces intermé-
diaires ? Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls.
Nous montrerons prochainement les béné-
fices réalisés aux dépens du producteur, sous
le couvert du warrantage agricole.
Georges BEROT.
LE FIASCO DE GÊNES SE PRÉCISE
La Conférence se terminerait par la constitution
d'une Commission d'experts
• ■— —————
C'est ainsi que MM. Lloyd George et Schanzer espéraient
« sauver la face » après la réponse des Soviets
G<ênes, 12 mai (De notre envoyé spécial). -
Vous souvenez-voue de -ces chirurgiens qui,
s'apercevant qu'ils ont tué leur patient en
cours de travail, disent : « Finissons tou-
jours. pour la famille ! » Eh bien ; c'est l'é-
tat d'esprit qui domine aujourd'hui parmi les
groupes anglais et italiens. Ils veulent aller
jusqu'au bout, clore sans éclat. pour la fa-
mille européenne, où il y a, hélas ! tant de
frères ennemis.
M. Lloyd George n'est pas et ne peut pas
être satisfait de la réponse russe, car il sait
(bien que la City n'y trouvera pas son compte ;
mais il est d'accord avec M. Schanzer pour
s'écrier : « Périsse (plutôt la propriété que la
paix du monde ! »
A quoi, bon nombre de délégués répondent :
« Si on sauvait à la fois la paix et ce vieux
monde qui s'accommode encore du capitalis-
me ! »
La grande préoccupation du moment est de
savoir comment « ça finira ». On nomme des
commissions qui sont en vérité destinées aux
pompes funèbres. En guise de fleurs et de cou-
ronnes, on jettera sur la Conférence défunte
quelques-uns de ces vœux qui sont de. tous les
temps ou de tous les pays. Peut-être même
un vote de principe sera-t-il enlevé par M.
Lloyd George sur le pacte de non-agression.
Sans doute, ce serait l'a une victoire paci-
fiste notable, mais les camarades bolcheviks
font la sourde oreille. Ils ne veulent pas s'en-
gager à ne point mobiliser contre leurs voi-
sins de l'Est. Encore qu'un engagement pour
eux ne compte guère.
Nous saurons bientôt ce que les pompiers
pourront sauver parmi les épaves du grand
bateau de Gênes.
fi. D.
Gênes, 12 mai. — Hier soir, — mais on ne
l'a su que ce matin, — la réponse russe a été
l'objet d'un examen, qui a eu lieu à l'hôtel
Miramar, entre MM. Lloyd George, Schanzer
et Barthou. M. Lloyd George était accompa-
gné de ses ministres et de ses secrétaires ;
M. Barthou avait avec lui MM. Picard et Ca-
raerlinck, et M. Schanzer, le marquis Visconti.
Les délégués anglais et italiens ont reconnu,
au cours de cet examen, que, quoique défa-
vorable, la réponse russe exigeait une contre-
réponse de la part des signataires du mémo-
randum du 2 mai. Ils tombèrent égaillent
d'accord pour déclarer que la proposition ten-
dant à renvoyer à une commission technique
l'étude plus complète des rapports financiers
entre la Russie et le reste de l'Europe, faisait
entrevoir la possibilité d'uns solution favo-
rable.
M. Barthou s'est empressé de faire remar-
quer que la réponse faite par les Russes justi-
fiait le pessimisme de la délégation et du gou-
vernement français. Il a constaté que, dans
tous les cas, il ne reste plus maintenant qu'à
définir exactement la ligne à suivre.
La déclaration contenue dans la conclusion
du document russe ?t affirmant, que les Rus-
ses n'avaient nulle intention de rompre, per-
met-elle aux puissances signataires du mémo-
randum de prendre la responsabilité d'une
rupture nette et intransigeante ? M. Barthou
déclara ne pouvoir .prendre à ce sujet aucun
engagement avant d'avoir reçu des instructions
de Paris.
La sous-commission des affaires russes
s'est ajournée à aujourd'hui
Gênes, 12 mai. — La séance de la sous-com-
mission des affaires russes, qui devait se te-
nir cet après-midi en vue d'examiner la suite
à donner à la réponse des Soviets, est remise
à demain samedi, à 11 heurea.
La position de la France dans le débat est
maintenant très nette. N'ayant pas s:gné le
mémorandum du 2 mai, la délégation françai-
se ne continuera sans doute à intervenir, com-
me la Belgique, qu'à titre officieux.
Il est probable que son chef se bornera à
faire une déclaration en faveur de l'ajourne-
ment de la Conférence et ne s'opposera pas en
vue de la continuation de l'examen du pro-
blème russe, à la constitution d'une ou plu-
sieurs commissions d'experts qui se réuniront
ultérieurement dans une ville à désigner et
seront composés de représentants des puissan-
ces alliées ot neutres.
Quand leurs travaux seront suffisamment
avancés pour qu'on puisse espérer des résul-
tats pratiques d'une reprise de la conversa-
tion avec les Soviets, leurs représentants se-
raient à nouveau convoqués.
Il est probable qu'on insistera du côté fran-
çais pour que la Conférence tienne, lundi ou
mardi, une dernière séance plénière. Dans les
milieux britanniques de la Conférence, tout en
étant d'accord en principe pour ne pas pour-
suivre à Gênes la discussion avec les Soviets,
on estime toutefois que; si l'on confie le soin
de poursuivre l'examen du problème russe à
des commissions d'experts, il conviendrait de
fixer le programme de leur action. On pense
que plusieurs jours de sérieuses discussion.
seraient nécessaires pour arriver à se mettre
d'accord sur les bases du travail des experts.
La même opinion règne ce matin dans les
cercles italiens.
Plusieurs délégués, au contraire, seraient
hostiles â cette procédure préparatoire, et
craignent, à la faveur d'une résolution d'un
caractère trop vague ou trop large comme
celles de Cannes, de se laisser entraîner dans
des négociations dont l'issue 'leur paraît trop
incertaine.
Certaines puissances, comme la Belgique,
joLcsujre-trtCUL, refuseraient jnfeue d'adihérar à la.
création d'une commission d'experts.
En ce qui concerne le pacte de non-agres-
sion, il semble que plusieurs délégations y
soient opposées, même s'il était réduit à la
durée des travaux des experts. Elles estiment,
en effet, que si les experte n'aboutissaient
pas, les Soviets pourraient se croire alors au-
torisés à se livrer à une action contre les
frontières litigieuses.
Les entretiens de M. Schanzer
Gênes, 12 mai. — M. Schanzer a eu ce
matin des entretiens successifs : 1° avec M.
Jaspar, ministre des affaires étrangères de
Belgique, puis avec M. Bratiano, président du
Conseil de Roumanie, enfin avec M. Nin-
tchitch, ministre des affaires étrangères you-
go-slave.
Au cours de ces différentes conversations, il
a été question de l'attitude à prendre vis-à-
ivis de la réponse des Soviets et, principale-
ment, de savoir s'il y a lieu de prendre en
sérieuse considération la protestation russe
de constituer une commission d'experts.
Le point de vue de l'Italie
Dans les milieux autorisés italiens, on
prend position devant la réponse des Soviets.
Voici, à l'heure actuelle, le point de vue de
la délégation italienne :
Sans doute, l'Italie aurait préféré qu'une
paix rapide fût conclue avec la Russie. Tou-
tefois, comme cela paraît pour le moment
impossible, l'Italie se rallie à la proposition
avancée dans la réponse des délégués sovié-
tiques concernant la constitution d'une nou-
velle commission d'experts, dont les travaux
se poursuivraient en vue d'arriver à une so-
lution sur les questions russes pendantes.
On pense, parmi les délégulés italiens,
que la commission d'experts travaillant
ainsi, a des chances d'aboutir à de bons ré-
sultats. Cette commission serait mixte et,
toujours d'après le point de vue italien, les
Russes seraient admis à en faire partie.
On ne précise pas le lieu où se réunirait
la commission d'experts ainsi désignés,
afin d'y poursuivre ses travaux. Cette crm-
mission serait, enfin, munie de pouvoirs
très clairs et précis et devrait tenir compte
des résultats déjà acquis par la Conférence
de Gênes, ipour autant que ces résultats sont
vraiment obtenus.
Le point de vue britannique
Dans les milieux britanniques, dont bien
souvent les. milieux italiens ont été l'écho
fidèle, on partage cette manière de voir.
M. Lloyd George, tout d'abord abattu par
la réponse russe, dont il avait, cependant,
les principaux éléments en mains, avant
qu'elle ne fut communiquée, s'est ressaisi
au cours de la nuit dernière et envisage-
rait, lui aussi, la possibilité d'arriver à une
solution relative des difficultés russes, en
constituant sans retard une commission
mixte.
Une proposition anglaise
Londres, 12 mai. — L'agence Reuter re-
çoft de Gênes la dépêche suivante : -
La délégation britannique a proposé une
trêve sur la base des frontières « de facto »
jusqu'à la conclusion d'un accord précis
avec la Russie.
La réponse russe et l'opinion allemande
Berlin, 12 mai. — Le correspondant du Ta-
geblatt à Gênes télégraphie, au sujet de la ré-
ponse russe :
« Cette réponse est loin d'être la meilleure
parmi toutes les notes russes ; elle manqae
d'uniformité, mais son ton est moins agres-
sif et la conclusion en est conciliante. Le rai-
sonnement des délégués russes est qu'il a fallu
renoncer à essayer de retenir la France. La
réponse russe prend raisonnablement position
dans la conclusion des clauses franco-belges.
Elle paraît se rapporter à une situation qui
peut se réaliser demain ou aiprès-demain : la
Coniférence sans la France. »
M. Georges Bernhardt écrit, dans la Gazette
de Voss :
« Celui qui s'attendait à ce que le contenu
de la réponse russe fût sensationnel sera for-
tement déçu, car la note ressemble davantage
à un document d'agitation qu'à une note di-
plomatique. M. Georges Bernhardt conclut
que la question russe est devenue la question
politique de toutes les conférences et qu'on a
négligé à Gênes d'autres questions, notam-
ment celle des zones, comment il faudrait en-
treprendre la reconstitution de la Russie et
d'après quelles méthodes industrielles et com-
merciales il faut travailler en Russie. »
Suivant la Gazette Générale de l'Allemagne
t'opinion de la délégation allemande à Gênes
est que la réponse russe rend possibles de nou-
velles nfgaciations.
Le Vorwaerts écrit :
« On ne peut trouver dans la note russe ni
un oui ni un non .précis ; elle ne ferme au-
cune porte, mais n'indique pas non plus la
voie de règlements prochains. Pour le Vor-
waerts, il n'est (pas impassible que la proposi-
tion de créer une nouvelle COmmi!Bt .,11 pour
les affaires russes ait été introduite dans la
réponse au su de M. Lloyd George. »
—————————— > IM- + no ( -
Pendant que le Pape
traite avec les Soviets
Les Bolcheviks pillent les églises catholiques
en Podolie
Varsovie, 10 mai. — D'après les nouvelles
parvenues ici d'au delà de la frontière de
l'est, les bolcheviks ont commis en Podolie
une série d'actes de violence dans les églises
catholiques, notamment dans la cathédrale
de Kamieniec. Le trésor, qui avait déjà été
inventorié par les bolcheviks quelque temps
auparavant, vient d'être enlevé par ordre des
Soviets. La population avait adressé aux So-
viets une protestation suivie de quelques cen-
taines de signatures demandant qu'au moins
les objets indispensables au culte soient res-
pectés. L'adresse rappelait le don d'un mil-
lion de lire que fit le pape Benoît XV en
faveur des affamés de Russie, offrait en échan-
ge des objets de culte, de l'argent et du blé,
se réclamait des droits du peuple hautement
proclamés par les bolcheviks. Rien n'y fit
Des scènes violentes eurent lieu, accompa-
gnées de coups, de fusillades, d'arrestations.
Elles se sont répétées partout où furent opé-
rées des réquisitions dans les églises. Il y a
partout des morts et des blessés.
———————— ———
Carpeniier rencontrera Dempsey
dans un nouveau malch
Londres, 12 mai. — M.. Kars, manager de
Dempsey, annonce qu'il a signé avec M. Des-
camps un accord pour un nouveau match en-
tre son « poulain » et Georges Carpentier.
'Ce match aurait lieu en Europe au mois
de juin, 1923. ou *îrpftme avant cette dateâ
BEAUTÉS ADMINISTRATIVES
Les retards de MMeh)
et les sollicitudes
des caissiers du Trésor
pour le public
- - -
Epinglons soigneusement deux beautés aai
ministratives.
Le voyage de 'M. Millerand en Afrique dt
nord a soulevé un petit problème de taxes te*
légraphiques. Le président était accompagné
de nombreux représentants des journaux pari*
siens. Or, le tarif des télégrammes de presse,
en temps normal, n'est point le même pour
Tunisie et le Maroc qu'à l'intérieur de la
France. On a jugé, avec raison d'ailleurs, qu'à
l'occasion de la randonnée présidentielle, on
pouvait appliquer exceptionnellement aux dé-
pêches adressées par nos confrères à leurs
journaux respectifs ou par les journaux à
leurs envoyés spéciaux les mêmes taxes qui
sont perçues sur le territoire de la métrpole.
.Le Journal officiel a donc publié un décret
légalisant cette faveur momentanée et limite
tant sa durée du 4 au 16 avril.
Or, ledit décret a paru. le dimanche 2 mai
dernier, quinze jours après qu'il était devenu
sans objet. Si nos confrères avaient dû atten-
dre qu'il fût promulgué pour bénéficier du
tarif qui leur était accordé, ils n'auraient
jamais donné de leurs nouvelles.
*
ff
Dans certaines localités des régions lib&
rées. ainsi qu'il ressort d'une question écrite
posée par M. Couteaux, député, des receveurs
des Caisses publiques refusent les versements
effectués en coupures de 2 francs, 1 franc, cin-
quante et vingt-cinq centimes. Les intéressés
ne trouvant point à proximité de leur rési-
dence d'établissement de crédit où ils puis-
sent échanger leurs coupures, on volt la dit.
ficultéqui s'ensuit pour eux.
A auoi le ministre des finances a répondu
« qu'en principe » — ah ! le principe ! —'
les receveurs des caisses publiques ne doivent
point se refuser à accepter les paiements effec-
tués en petites coupures émises dans la cir*
conscriotion du comptable. Mais il faut que
ces courmres soient présentées dans des condi-
tions qui facilitent leur comptage, « aJln de
ne pas soumettre le public présent au guichet
à une trop longue attente susceptible de pro-
voquer de sa part des réclamations justi-
fiées ». -
Comment ! les caissiers du Trésor ont pour
le « cochon de payant » une telle sollicitude
qu'ils ne veulent point leur imposer de faire
le pied de grue au guichet pendant de lon-
gues heures ? Voilà qui est nouveau — et tout
à fait rassurant. Car jusquici le public n'avait
pas été haibitué à se voir plaindre quand il lui
arrivait (c'était la règle générale) de « poi-
reauter » indéfiniment avant de pouvoir ver-
ser son argent au fisc.
Louis LE PAGE.
.— y
La place- Seint-Sulpice déguisée.
La place Saint-Sulpice, avec sa. fontaine 1i
niehes d'évêques, avait un air très comme U
faut, très bien pensant, très province. Aujour-
d'hui, on ne sait plus trop à quoi elle res,
semble, un petit coin de foire pour baraques
pauvres, des tréteaux pour étudiants qui s'a-
musent. Elle est toute drôle, toute dépaysée
cette place d'ordinaire si benoîte, avec ses
grandes bâches vertes qui lui font une cein-
ture, ses oripeaux de toile peinte qui cachent
à demi les évêques des niches, ses minuscu-
les baraques qui font cercle autour de la fon-
taine, ses quelques marchands qui semblent
une troupe de comédiens égarés sous la pluie.
Quand vous avez passé le tourniquet de l'en-
trée, vous pouvez fort bien vous figurer sur
les boulevards à la veille de Noël. Les mêmes
baraques, mais avec des bondieuseries, des
fleurs, quelques jolies filles.
Tout cela veut être médiéval, rappeler la
foire Saint-Germain. C'est minuscule et puis,
il pleut î — R. D.
—————————— ;) -.- ( —————————.
PARMI LES CROIX DE BOIS
le roi d'Angleterre a visité hier
le plaleau
de notre-Dame-de-Lorette
Il a été reçu et guidé par le maréchal Foch
Hier, le roi George V a rendu visite aux
cimetières du front. Après avoir passé la nuit
dans son train spécial en gare de Vimy, il est
arrivé en automobile à 10 heures, au plateau
de Notre-Dame-de-Lorette où le maréchal
Foch l'a précédé, accompagné du général
Weygand, son chef d'état-major, du général
Lachapelle, commandant le 1er corps d'ar-
mée, et de M. Cauzel, préfet du Pas-de-Ca-
lais.
La suite du roi est. assez nombreuse et
composée notamment, des officiers de sa
maison militaire, du maréchal comte Douglas
Haig, ainsi que du général Fabian Ware, qui
dirigea pendant la guerre le service anglais
des tombes et préside actuellement la Com.
mission Impériale des sépultures, chargée de
l'aménagement et de l'entretien de tous les
cimetières militaires britannique-s.
Le souverain, qui porte la tenue de cam-
pagne de maréchal anglais, est reçu à l'entréé
du cimetière sobrement décoré de drapeaux
français et anglais, par le maréchal Foch, au.
quel il serre affectueusement la main.
Après la présentation des personnalités, le
roi passe en revue le détachement de troupes
qui rend les honneurs.
Il parcourt ensuite la vaste nécropole où
sont alignées près de 6.000 tombes françaises
et qui, lorsqu'elle sera complètement achevée*
en contiendra près de 18.000.
L'inspection terminée, le roi s'arrête au
pied du grand mât surmonté du pavillon fran-
çais qui marque l'emplacement où sera érigé
le monument commémoratif et s'adressant
au maréchal Foch, il dit :
« Je suis heureux, monsieur le maréchal,
que vous vous trouviez aujourd'hui à mes cO,
tés au moment où je viens déposer cette cou-
ronne pour rendre l'hommage qu'ils méritent
aux héroïques soldats de la France. »
Le souverain, très ému, met alors en place,
au pied du socle, la couronne faite de paLmef
et de roses rouges. Puis a lieu l'émouvaata
cérémonie du salut aux morts. Pendant deux
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Collections numériques similaires Fonds régional : Languedoc-Roussillon Fonds régional : Languedoc-Roussillon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "LangRous1"Déclaration... qui révoque les aliénations faites des droits de 10 sols manuels sur chaque minot de sel, dans les greniers des provinces de Languedoc, Roussillon et Lyonnois... Registrée en la Chambre des Comptes et Cour des Aydes [les 5 août et 6 octobre 1716] /ark:/12148/bd6t54204125p.highres Édit... portant suppression de plusieurs offices et droits dans les gabelles de France, Lyonnois, Dauphiné, Provence, Languedoc et Roussillon... Registré en Parlement [le 8 janvier 1717] /ark:/12148/bd6t54204196r.highres
- Auteurs similaires Fonds régional : Languedoc-Roussillon Fonds régional : Languedoc-Roussillon /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "LangRous1"Déclaration... qui révoque les aliénations faites des droits de 10 sols manuels sur chaque minot de sel, dans les greniers des provinces de Languedoc, Roussillon et Lyonnois... Registrée en la Chambre des Comptes et Cour des Aydes [les 5 août et 6 octobre 1716] /ark:/12148/bd6t54204125p.highres Édit... portant suppression de plusieurs offices et droits dans les gabelles de France, Lyonnois, Dauphiné, Provence, Languedoc et Roussillon... Registré en Parlement [le 8 janvier 1717] /ark:/12148/bd6t54204196r.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7512741v/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7512741v/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7512741v/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7512741v/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7512741v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7512741v
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7512741v/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest